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UNE Mayotte Hebdo N°371 – Vendredi 07 mars 2008

UNE Mayotte Hebdo N°371 - Vendredi 07 mars 2008

Elections

2.349 candidats

 > Elections – cantonales et municipales, aux urnes ce dimanche !
 > Société – le PADD validé in extremis
 >
Education – le CNAM devient centre régional
 > Région – un navire prend feu au port de Moroni

 

UNE Mayotte Hebdo N°370 – Vendredi 29 février 2008

UNE Mayotte Hebdo N°370 - Vendredi 29 février 2008

Elections cantonales et municipales

MOI – moi – moi

 > Elections – tous les candidats
 > Société – le droit du sol rediscuté par Estrosi
 >
Anjouan – echec de la mission de la dernière chance

29/02/2008 – Crise anjouanaise – L’ultime médiation a échoué

Sinon, il s’exposerait aux conséquences d’une intervention militaire de l’armée nationale qui semble bénéficier de l’appui de l’Union africaine et de certains pays amis. Lors de son récent séjour à Moroni, le ministre des affaires étrangères de la Tanzanienne, avait déjà clairement signifié les termes de cet “ultimatum”, en laissant aux autorités illégales d’Anjouan le choix entre la reddition aux forces de l’Union Africaine ou la résistance à l’assaut des troupes de l’armée comorienne et de l’UA.
Une option qui exposera l’ex-chef de l’exécutif d’Anjouan à sa capture et à sa traduction devant un tribunal pour crime de guerre, avait ajouté Bernard Kamillius Membe au cours de sa brève conférence de presse donnée à Moroni lundi dernier, après avoir rencontré son homologue Ahmed Ben Said Jaffar.
Après le séjour de Mutsamudu qui n’a duré que 3 heures, la délégation de la communauté internationale a regagné Moroni avec un sentiment de déception et d’inquiétude, craignant sans doute la suite des événements après cet énième revers diplomatique qu’elle vient d’essuyer.
Elle a été immédiatement reçue, en début de soirée, par le chef de l’Etat, Ahmed Abdallah Sambi, à qui ils ont rendu compte des résultats de leur initiative avortée. Par la voix de son ministre des relations extérieures, le gouvernement de l’Union “a pris acte” de ce nouvel échec, mais cette fois “il n’y a plus de temps à perdre”, dit-il, et les jours qui viennent seront décisifs car “nos partenaires extérieurs ont aujourd’hui compris que nous n’avons guère d’autres solutions que celle du recours à la force” pour rétablir l’autorité de l’Etat sur l’île d’Anjouan, en proie à une rébellion sécessionniste depuis 1997.
A sa sortie du palais de Beit Salam, l’envoyé spécial de l’UA, Francisco Madeira a déclaré à la presse que “bientôt vous verrez des preuves” de l’engagement de l’UA au coté du gouvernement comorien pour lui apporter son appui à la résolution définitive de la crise anjouanaise.
Pour sa part, le représentant de la Ligue des Etats arabes a affirmé à sa sortie de Beit-Salam le soutien de son organisation à la décision de l’Union africaine. “Nous avons offert à Mohamed Bacar deux possibilités pour une issue pacifique à la crise, mais il n’a pas entendu notre message. A présent la machine est marche et l’UA a entamé les préparatifs de cette opération” de rétablissement de l’ordre pour la tenue d’une élection organisée selon des normes acceptées par la communauté internationale, a-t-il ajouté.
Au vu de l’intransigeance manifeste et très médiatisée de la partie anjouanaise, les observateurs politiques s’interrogeaient encore sur les chances de succès de cette ultime médiation, décidée en marge du dernier sommet ordinaire de l’UA, tenu à Addis-Abeba du 31 janvier et 2 février, et au cours duquel le président Sambi avait officiellement annoncé sa décision de recourir à l’option militaire pour rétablir l’ordre à Anjouan.
M. Madeira a expliqué les deux propositions faites au colonel Bacar, notamment “la possibilité d’un exile à l’étranger”. Son acceptation permettrait le déploiement de l’AMISEC. Mais le refus des deux offres fermait la porte à toute nouvelle négociation, dit-il.
Et le diplomate de préciser que l’objectif est “de minimiser au maximum possible les dégâts et les effets collatéraux pour les populations civiles”. Quant au débarquement, “nos forces s’y préparent, et dans quelques jours vous les verrez débarquer à Moroni et Anjouan sera libérée”, conclut l’envoyé spécial.
Quatre pays de l'UA ont déjà promis un appui en troupes et logistiques (Sénégal, Tanzanie, Soudan et Libye), et la France aurait manifesté sa disponibilité à assurer leur acheminement vers l’archipel. Les préparatifs d’un probable débarquement militaire semblent par ailleurs “très avancés” selon le chef d’état-major de l’Armée nationale de développement qui attendait l’arrivée des hélicoptères pour boucler le dispositif.

El-Had Said Omar

UNE Mayotte Hebdo N°369 – Vendredi 22 février 2008

UNE Mayotte Hebdo N°369 - Vendredi 22 février 2008

Approvisionnement en carburant

La Totale

 > La Totale
 > Approvisionnement en carburant: la pénurie
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Elections – sada, mamoudzou, chiconi, tsingoni,…
 > Education – l'université prévue en 2010
 > Environnement – sept plages bientôt aménagées

 

22/02/2008 – Enseignement supérieur – L’université de Mayotte en 2010 ?

Conscient des difficultés rencontrées par nos étudiants en Métropole et du taux de réussite dix fois supérieur enregistré par l'IFM, le conseil général a choisi de faire de ce Puma une priorité et commandé un rapport sur sa création à François Marzat, ancien directeur du Greta. Son constat est simple : Mayotte possède tous les ingrédients nécessaires à la création d'une université. Il nous compare à la Guyane, proche de nous par sa population et qui affiche le même effectif que nous en collèges et lycées : elle a sa propre université depuis longtemps, de même que la Nouvelle Calédonie et la Polynésie qui ont ouvert des facs avec 1.500 étudiants au départ. La croissance démographique de Mayotte étant plus forte, on peut envisager un effectif de 3 à 4.000 étudiants d'ici 15 ans, la plus grosse université de l'Outremer serait alors celle de Mayotte.
 

Sciences du langage, Islam et biodiversité

Pour M. Marzat, la future université ne doit surtout pas se cantonner aux formations de base (licence), mais développer également des formations longues pour attirer les chercheurs, essentiels à la vie d'un pôle universitaire. Lettres, sciences humaines, mathématiques, sciences de la vie… une bonne partie des formations de licences sont déjà présentes via l'IFM ou le Cefsm, à l'exception des filières langues, type LEA, à rajouter. Il faut bien sûr réfléchir aussi en terme de débouchés sur l'île et envisager la création d'un IUT en continuité des sections STI, sciences et techniques de l'ingénieur. Pour des filières plus spécifiques, l'auteur du rapport préconise la création d'un vaste centre de recherches sur l'Islam. La spécificité de Mayotte, à 98% musulmane, qui fonctionne en partie sur le droit cadial, doit être exploitée en excluant bien entendu le côté théologique. Ce centre pourrait trouver des partenaires comme l'Institut du monde arabe à Paris.

Autres filières essentielles, celle des sciences du langage, déjà en partie existante au Cefsm de la licence au master, avec continuité à l'université de Rouen. Elle abrite un programme de recherche intitulé "Plurilinguisme et aménagement linguistique à Mayotte" qui réfléchit sur la place des langues, sur le rapport à l'écrit dans le contexte de l'échec scolaire. Le professeur Fouad Laroussi était dans l'île la semaine dernière. Ce centre de recherches a donné lieu à la soutenance d'une thèse en 2007, deux autres très prometteuses sont en préparation.
Enfin, les filières biodiversité et énergies renouvelables sont porteuses de développement et d'emplois pour l'avenir. Elles existent dans toutes les universités d'Outremer. La DEDD emploie d'ailleurs un thésard sur les énergies renouvelables, Ibrahim Bahedja, de même qu'un docteur et un doctorant en biologie marine, Mme Dhahabia Chanfi et Jérémy Kiszka.

 

La CDM, premier soutien des chercheurs

"L'écueil à éviter est la création d'une sous-université", avertit le rapport qui donne justement des pistes pour éviter ce danger. Le Puma doit profiter de l'expérience des autres universités d'Outremer, faire appel à la Réunion, qui dispose d'un responsable des constructions universitaires et diversifier ses financements. Quoi qu'il en soit, l'animal est attendu. Aujourd'hui plus de 50% des étudiants préféreraient suivre leurs études chez eux, mais le Cefsm s'est vu contraint d'en refuser 200 cette année, faute de place.
Autre doctorant employé par le conseil général, à la DSDS cette fois, Maoulana Andjilani propose lui des pistes à mettre en place dès maintenant pour l'amélioration des conditions de recherches à Mayotte. Il revient sur l'importance de mettre en valeur les deux atouts spécifiques de l'île : sa biodiversité exceptionnelle et ses spécificités culturelles-linguistiques-historiques.
"Le soutien financier de la CDM est exceptionnel par rapport aux autre régions", précise le jeune docteur en ingénierie médicale. Depuis 2003 elle finance 10 thèses de doctorat par an en moyenne, 15 en 2007. Le conseil général a également octroyé 51 bourses de master de recherche. "L'augmentation du nombre de chercheurs doit avoir des retombées sur le développement économique et social de Mayotte". Un avis partagé par le président du conseil général, très attentif lors de cette présentation de rapports.
Pour une meilleure structuration de la recherche, le rapport de Maoulana Andjilani propose aussi la mise en place d'un comité de pilotage pluridisciplinaire qui permettra de travailler en réseau et de coordonner les chercheurs. Gros manque pour les thésards : la documentation, c'est pourquoi il propose la création d'une maison de la recherche, qui regrouperait tous les travaux effectués sur Mayotte, donnant ainsi une base aux nouveaux chercheurs.

 

Effet d'annonce ou réel projet ?

Le comité de pilotage, associé aux élus, aurait à définir les thématiques de recherches prioritaires pour l'île et à valoriser le travail à l'extérieur, l'intégrer aux groupes de recherches régionaux. Jusqu'il y a peu, les pays voisins ne soupçonnaient pas l'existence de chercheurs à Mayotte. Notre image est en train de changer et nous collaborons maintenant aux colloques régionaux sur des sujets divers.
Effet d'annonce de campagne électorale ou réelle volonté politique ? Le pôle universitaire semble pour l'instant passionner nos élus, le président en tête, qui annonce avoir transmis ce rapport à la ministre de l'Enseignement supérieur, seule capable de décider de sa création. Il rappelle qu'université signifierait création de l'académie de Mayotte, donc d'un rectorat et d'un IUFM intégré… La CDM dépense chaque année 10 millions d'euros dans l'enseignement supérieur, si l'Etat lui emboitait le pas, le Puma sortirait de terre… d'ici deux ans ?

Hélène Ferkatadji

Sur la photo
Les docteurs et doctorants de Mayotte employés par le conseil général commencent à être nombreux. Parmi eux on trouve Dhahabia Chanfi, docteur en biologie marine qui travaille au service patrimoine naturel de la DEDD; Saïd Hachim, doctorant sur les risques naturels; Jérémy Kiszka, doctorant en biologie marine sur les grands prédateurs marins, chargé de mission à la DEDD; Ibrahim Bahedja, doctorant en géographie, qui fait une thèse sur les énergies renouvelables et travaille à la DEDD; Houlam Haladi, directeur du Cefsm et chercheur en sciences du langage.

 

22/02/2008 – Football – Une amitié de 40 ans

 
Daoud Albert était l'un des joueurs locaux et fondateurs à figurer au sein de cette équipe créée en 1965. Puis au fur et à mesure sont arrivés des joueurs Mahorais. Christian Novou fut le premier en 1966. "J'étais ingénieur de l'Equipement et un contremaître à Mayotte m'avait dit de signer là-bas. Puis quand je suis arrivé, j'ai vu que c'était une équipe de jeunes et j'avais envie de les aider", se souvient-il.
Puis d'autres Mahorais ont suivi, notamment les lycéens que Christian Novou et son frère Jean-Claude dirigeaient vers Papillon Bleu. A une époque, ils étaient même 8 sur 11 dans l'équipe titulaire. "Comme il y avait déjà des Mahorais, il y avait plus de sympathie pour ce club de la part des nouveaux qui arrivaient. Une amitié est née et depuis on ne s'oublie pas", explique Daoud Albert. Ainsi, des anciens joueurs se déplacent lors de grandes occasions où lors de funérailles pour rendre un dernier hommage à leurs amis.
 

4 doublés coupe-championnat entre 1970 et 1973

Des grandes figures de la scène footballistique locale sont passés à Papillon Bleu : Moutuidine Yahaya, Ahmed Subra, Julien Désiré Ramiandrisoa, Souhaïli Bahedja, Habibou Hassane pour ne citer que ceux-là. La période dorée du club moronien s'est déroulée entre 1970 et 1973. Quatre années pendant lesquelles Papillon Bleu a fait le doublé coupe-championnat sur l'île de Ngazidja. En 1972, la coupe inter-îles, ancêtre de la Concorde, est aussi remportée par Papillon Bleu face aux Anjouanais de Citadelle de Mutsamudu.
"On nous avait insulté et ça nous a motivé", se rappelle Souhaïli Bahedja. En effet, les lycéens originaires de Mayotte, Anjouan et Mohéli évoluant à Ngazidja avaient eu la possibilité d'intégrer l'équipe championne de leur île, si leur équipe n'était pas championne de Ngazidja.
Les Mohéliens et Anjouanais ont renforcé leur champion, ce que les Mahorais de Papillon Bleu ont refusé de faire. Cela avait été pris pour de la traîtrise, mais finalement les joueurs de Papillon Bleu s'en sont bien sortis. Aujourd'hui, Papillon Bleu est bien loin de son lustre d'antan. "Le club est en 3e division de Ngazidja, il est moribond", se désole Daoud Albert. Les vieilles gloires de Papillon Bleu se consolent donc avec leurs souvenirs, en attendant une hypothétique remontée vers les sommets de leur club chéri.

Faïd Souhaïli

 

UNE Mayotte Hebdo N°368 – Vendredi 15 février 2008

UNE Mayotte Hebdo N°368 - Vendredi 15 février 2008

Grenelle de l'environnement – l'outremer comme exemple. Projet de loi-programme pour l'Outremer. 10 ans de développement: Mayotte Eco – spécial 8 pages

L'avenir avec le lagon

 > Politique – le MDM s'explique
 > Fortes pluies – au secours, la route recule !
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Anjouan – derniers préparatifs pour le débarquement
 > Economie – rapport 2007 de l'IEDOM

15/02/2008 – Coupou coupou, l’éventail mahorais

Les gestes des demoiselles remuant l'éventail sont synchronisés, un balancement tantôt à gauche, un autre tantôt à droite, et en cadence, pondèrent l'avancée des pas du marié. Les impulsions des têtes se balancent identiques aux charmes des demoiselles serrant fermement le petit objet. Son doux élan rafraîchit vivement le marié et ses co-époux. Grâce à l'éventail et nonobstant la pesanteur du soleil, le trajet se révélera moins long.

Malgré l'entrée des Mahorais dans la société moderne, cet objet est l'un des rares qui se préserve au fil des générations. Plusieurs mamans motivées pour maintenir intactes les traditions du mariage local assurent la fabrication de cet éventail, à l'image de Ma M'hamadi domiciliée à Chiconi. Il est communément appelé en shimaoré ou kibuchi coupou coupou, "comme le coupe-coupe avec un ou", rigole la bouéni. La confection de cet éventail local est un art que Ma M'hamadi a acquis des anciens et qui se transmet de génération en génération. "Je ne suis pas allée à l'école, alors plutôt que de rester me coltiner les pouces à la maison, ma grand-mère m'a appris son métier."

 

"Je travaille comme m'a appris ma grand-mère"

L'éventail est fabriqué à l'aide de tissu et de fils de plusieurs couleurs. "Elle achète soit un rouleau entier de tissu qu'elle garde soigneusement à la maison, soit alors elle s'en achète au compte-goutte en fonction des besoins", observe sa fille.
"La bobine de fil me revient à 3 euros. Soit j'achète ici, soit je donne l'argent à des gens qui partent pour l'île Maurice et ils m'en procurent. Mais avec une bobine je peux créer jusqu'à 10 éventails", précise la maman. Le tissu s'achète à 2,50 euros le mètre. D'une coloration vive, bleue, blanche, rouge, verte, noire… tous les styles se mélangent. "Je n'ai pas vraiment une marque de fabrique. Je travaille comme m'a appris ma grand-mère. À l'exception qu'aujourd'hui je peux fabriquer plus d'éventails qu'avant, car le gros du travail se fait avec l'aide de la machine".
Plusieurs outils ramassés dans la nature sont essentiels à la confection de cet objet. Il y a le bois du m'vangati (le dattier local), il servira à fabriquer le manche de cet éventail. Le ouvanba, le coton local qui provient du kapokier, charge les objets secondaires accompagnant l'éventail comme le penpé m'fugui qui sert durant les mariages à accrocher l'or se rendant chez la mariée.
Le coupou coupou quant a lui, sa tête doit être solide. "Pour le corps de l'éventail on utilise un morceau de natte à raphia", précise l'artiste. Cette natte sera ensuite recouverte de tissus. Entourée par la suite de motifs travaillés à la main et le tout suspendu au bois de m'vangate qui sert de manche. "Le tissu est très important pour coudre le coupou coupou, mais la colle a aussi son rôle à jouer", explique la bouéni.
Des ornements se collent sur la face de l'objet pour le rendre encore plus pimpant. Une fois l'éventail fini, il est vendu 5 euros de nos jours, "avant il coûtait 15 francs", se souvient ma M'hamadi qui, à 40 ans, a déjà 20 ans de métier derrière elle.

 

Les gens se déplacent des quatre coins de l'île pour venir acheter ses éventails

Les autres ustensiles qui accompagnent ce coupou coupou coûtent quant à eux un peu plus cher. "C'est normal, ils demandent plus de travail. Par jour, je peux fabriquer jusqu'à trois éventails alors qu'il me faudra 3 jour pour confectionner un penpé m'fugui", témoigne ma M'hamadi. Chargés de feuilles de coco et de coton local, ces objets vont également accompagner la cérémonie du mariage. On y accrochera de l'or. On décorera le lit de la mariée.
"Auparavant, toute la décoration que l'on voit apparaître aujourd'hui dans les maisons provenant de Dubaï n'existait pas, alors nos parents confectionnaient eux-mêmes la décoration des époux", se rappelle très bien ma M'hamadi.
Fervente détentrice d'un savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération dans cette famille de Chiconi, ma M'hamadi travaille pour la fabrication des coupou coupou et des objets qui les accompagnent. La sœur de ma M'hamadi connaît également les filons du métier. Leur travail prend toute son utilité surtout en période de grands mariages (juillet et août) où les gens se déplacent des quatre coins de l'île pour venir acheter leurs éventails qui rafraîchiront les mariés.
En dehors de cette période, les clients se font rares, alors l'heure est à la débrouille pour nourrir la grande famille : "oui, oui, je vais à la campagne pour cultiver le manioc".

Denise Marie Harouna

15/02/2008 – Le coup de gueule de la semaine – « RFO peut rester en grève »

A la Réunion, il y a quelques années, une télé privée est apparue, Antenne Réunion. Avec moins de dix journalistes, cette chaîne qui ne coûtait rien au contribuable a réalisé des audiences supérieures à RFO Réunion qui comptait des centaines de salariés, grassement payés avec notre argent. Ils faisaient leur travail et ne ramenaient pas que 5 minutes d'infos par jour, certains jours, comme leurs collègues fonctionnaires.
Ici, les 35 heures, les RTT, les formations permanentes (à croire qu'ils ne sont vraiment pas formés !), offrent parfois une rédaction vide au visiteur impromptu… A part les "stagiaires" à qui l'on fait tout faire en attendant qu'ils soient "intégrés" et puissent se reposer… Sans oublier les déplacement syndicaux à Paris et autres séminaires dans le reste de l'Outremer. Il reste malheureusement peu de temps pour le travail… Les responsables doivent essayer de gérer cet état de fait, ce gaspillage de l'argent public, et surtout cette boutique hérissée de syndicats qui ont pris le contrôle de la structure et qui ne veulent surtout pas que ça change… On les comprendrait à moins que cela. Mais rapidement ils baissent les bras. Les plus vaillants à leur arrivée se laissent eux aussi emporter par ce rythme de travail frénétique… Le seul problème c'est que c'est avec notre argent qu'ils font tout cela, qu'ils roulent dans de grosses 4×4 qu'ils peuvent renverser dans un fossé sans souci… Il y en aura une nouvelle le lendemain. Ils peuvent partir sans vérifier leur matériel et arriver à leur reportage de la journée… sans batterie, et avec quelques minutes de retard, dans le meilleur des cas, attendus par tous les responsables que compte l'île pour commencer leur réunion.
Et après avoir mangé des millions d'euros d'argent public, ils ne veulent surtout pas perdre l'argent de la publicité. Car en plus du budget transmis par l'Etat, ils ponctionnent aussi les économies locales et assèchent le marché publicitaire, faisant une concurrence déloyale aux radios et télés locales qui souffrent faute de moyens, tuant les initiatives privées ou les maintenant dans un état végétatif. Fortes de leurs audiences historiques, les radios et télés de RFO raflent l'essentiel de la publicité des territoires concernés et empêchent toutes créations audiovisuelles indépendantes, toutes créations d'emplois privés (pas financés par des ponctions sur les salaires des citoyens !), toutes créations d'espaces de liberté, de diversité dans le paysage audiovisuel ultramarin. La publicité doit cesser très rapidement sur ces supports publics. C'est urgent ! Qu'ils se consacrent à du service public, et il y a de quoi faire, en terme d'éducation à la santé, d'éducation tout court, de défense de l'environnement, de débats de société… Ils n'ont pas besoin de la publicité pour ça, juste de travailler. Qu'ils restent en grève, ça fera des économies à l'Etat qui pourra utiliser cet argent à d'autres priorités.

Ahmed Abdou,
Un téléspectateur énervé
Vous avez un coup de gueule
Ecrivez-nous…
Exprimez-vous !

mayotte.hebdo@wanadoo.fr

 
A l'image du service public de l'audiovisuel, RFO Mayotte était en grève ce mercredi. Avec des salaires très corrects, indexés, près de 100 salariés, cette structure basée en Petite Terre pleure parce que le Président de la République a émis l'idée de supprimer la publicité qui passe sur ses antennes.

UNE Mayotte Hebdo N°367 – Vendredi 08 février 2008

UNE Mayotte Hebdo N°367 - Vendredi 08 février 2008

Réserve naturelle de l'îlot M'bouzi

600 makis cherchent repreneur(s)

 > Energie – Mayotte se met au solaire
 > Entretien – Mansour Kamardine dévoile sa stratégie
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Sport – Abdoulkarim, un tennisman en or

08/02/2008 – Tennis – Jeune champion cherche parrains

"Pour gagner des points, il faut disputer un maximum de tournois. Il arrive que cela se fasse en Italie, au Portugal et le faire depuis Mayotte est impossible, ça coûterait trop cher", explique Texxy Guengard. Celui-ci entraîne Abdoulkarim depuis ses débuts et entrevoit un gros potentiel pour son protégé. Pendant longtemps, le Tennis club de Doujani Mayotte (TCDM) a pu réunir les fonds pour lui faire disputer des compétitions dans la région et en France. Mais aujourd'hui de nombreux adhérents du TCDM sont partis, fatigués de voir que les infrastructures sur lesquelles ils évoluent ne s'améliorent pas.
"Pendant quelques années, nous avons eu 200 licenciés dans ce club. Le taux de délinquance juvénile a baissé quand le tennis s'est installé à Doujani, mais on attend depuis des années que le plateau soit refait. Ici les jeunes n'ont pas de foyer, ni de MJC, il n'y a rien à part ce plateau", se désole l'entraîneur d'Abdoulkarim Vélou.

 

La Fédération française de tennis impressionnée

Par ses propres moyens et quelques aides, il a bricolé pour redonner un aspect plus reluisant au court de tennis. Mais la tempête Fame a tout balayé. Malgré des conditions difficiles, Abdoulkarim obtient des résultats très probants. Son classement aurait pu lui permettre de disputer le tournoi des Petits As à Tarbes, réservé aux 12-14 ans, et qu'ont remporté en leur temps Richard Gasquet, Rafael Nadal et Martina Hingis. Alain Solvès de la direction technique nationale de la Fédération française de tennis est venu voir le garçon et a été impressionné. "Il m'a dit que si j'allais à Paris, je ne manquerai de rien", concède le garçon peu bavard.

Cette rencontre l'a renforcé dans sa volonté de devenir professionnel et Abdoulkarim est tellement motivé qu'il n'envisage pas une seule seconde l'échec. "Il est arrivé là par son sérieux et son travail, mais aussi grâce aux entreprises et aux époux Gherbi qui ont énormément apporté au club et aux jeunes de Doujani", affirme Texxy Guengard.
L'an dernier, Abdoulkarim Vélou a effectué trois tournées en métropole et cela a coûté au club 20.000 €. Mais aujourd'hui, celui-ci n'a pas les moyens d'appuyer le jeune tennisman, sa mère encore moins puisqu'elle est simple commerçante au marché de Mamoudzou. Il faudrait 11.000 euros pour qu'Abdoulkarim puisse partir à Pau, intégrer le collège privé Saint-Dominique et un centre d'entraînement privé d'où est sorti Nicolas Escudé afin de disputer de nombreux tournois pendant un an, nécessaires à sa progression.

Des qualités sportives incroyables et un mental de fer

"Il a les qualités athlétiques incroyables, mais ce qui manque c'est l'argent", résume le mentor. Son souhait serait de réunir les fonds avant la fin du mois pour qu'Abdoulkarim puisse disputer les tournois du printemps et commence à engranger des points le plus rapidement possible. Si Abdoulkarim réussit, il compte aider les jeunes de Doujani. Selon lui, beaucoup de ses amis pourraient faire de même si les conditions d'entraînement et d'encadrement étaient meilleures.
Abdoulkarim souhaite aussi donner une image positive de Doujani, un quartier mal réputé et dont les habitants ont le sentiment d'être délaissés par la mairie de Mamoudzou. "Souvent les enseignants disent aux jeunes qui rêvent de devenir sportifs professionnels qu'ils n'ont qu'une chance sur un million d'y arriver. On devrait les faire taire. Un million en rêvent, mais 100.000 transforment ce rêve en projet et une dizaine le concrétisent. Si cette dizaine n'y arrive pas, c'est qu'ils se sont égarés, blessés ou ont été mal orientés. On sait qu'il va réussir, mais il faut qu'il parte tout de suite", insiste Texxy Guengard. Pour qu'Abdoulkarim puisse avoir une chance de réaliser son rêve et devenir le nouveau Tsonga, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

 
Faïd Souhaïli  

08/02/2008 – Voyage scolaire – A la découverte du monde arabe

Créée l'an dernier, cette classe de 30 élèves suit 3 heures de cours d'arabe par semaine, en plus des 3 heures d'anglais.

C'est un succès chez les élèves mahorais qui y voient un lien avec l'Islam et découvrent dès les premiers cours que 30% du vocabulaire et des expressions en shimaore sont issues de l'arabe. C'est aussi un succès chez les m'zungus qui saisissent la chance d'étudier cette langue peu proposée par l'éducation nationale et pourtant parlée par des centaines de millions de personnes dans le monde. Véritable défi pour leur professeur Mme Romhdana Godeau, elle-même originaire de Tunisie, ce voyage scolaire a été préparé dès l'année dernière et validé par le vice-rectorat il y a à peine 15 jours.

"La Tunisie est un pays qui a conservé la francophonie, c'est un pays en majorité musulman. Il y a donc des ressemblances avec Mayotte, mais pas seulement, nous explique l'enseignante. C'est le pays le plus avancé du Maghreb, les femmes y sont libres, elles ne portent pas de voile, font des études et ont des postes à responsabilité. Je veux leur faire prendre conscience de toutes ces choses, leur montrer comment coexistent la tradition de l'Islam et la société moderne. Les jeunes mahorais sont perdus entre ces deux mondes. Ils verront aussi que les religions coexistent, le christianisme en minorité et surtout le judaïsme. Et puis il faut qu'ils voient les infrastructures, l'agriculture, l'artisanat…"

Des chameaux… et quoi d'autre ?

Un programme chargé pour un voyage qui sera le premier pour une partie des 24 jeunes voyageurs. S'ajoute bien sur la visite d'un collège local et peut-être d'un des lycées français, à la Marsa ou à Mutuelleville. Une fois déduite l'aide de la continuité territoriale, qui subventionne chaque année trois projets pour les écoles, trois pour les collèges et trois pour les lycées et paye ainsi la totalité de l'aller-retour Dzaoudzi/Marseille, le voyage revient à 700€ par personne, dont 400 sont pris en charge par le vice-rectorat, les 300 restants par les familles. L'an dernier, un dîner dansant et des ventes de gâteaux ont permis de récolter 1.700€ supplémentaires. Le collège a sollicité les services d'un organisme spécialisé dans les voyages scolaires pour l'organisation. Carthage, Sidi Bou Saïd, Tunis, Kairouan, Sousse, Nabeul, Hammamet, le Cap Bon et retour à Tunis, l'itinéraire couvre une bonne partie de la côte Est et va jusqu'au désert, là où tous espèrent découvrir des chameaux…

"Leur image du Maghreb est très négative, quand ils en ont une, déplore Mme Godeau, sinon le monde arabe ne leur évoque que l'Islam et le nom de l'Arabie Saoudite." Une image tellement floue que les jeunes ne savent pas ce qu'ils espèrent trouver là bas – à part des chameaux – mais ils restent persuadés que ce sera une fantastique expérience.
Autour de ce voyage scolaire, un PAE sur la Tunisie permettra d'approfondir le travail. Travail en français sur l'élaboration d'un carnet de voyage, en histoire/géo sur l'Islam et sa diffusion, sur la population maghrébine et son patrimoine, en arts plastiques sur l'art tunisien contemporain et la construction des mosquées et enfin, en arabe, apprentissage d'un minimum d'arabe tunisien pour se faire comprendre.

L'arabe, une langue essentielle

Au retour, le voyage et le PAE feront l'objet d'une grande exposition. L'occasion pour l'enseignante extrêmement motivée de prêcher pour sa paroisse. "L'apprentissage de l'arabe est très important pour les jeunes mahorais, ne serait-ce que pour comprendre leur religion. Même ceux qui vont à l'école coranique ne parlent pas un mot d'arabe. Leurs foundis leur font apprendre par cœur des textes qu'ils ne comprennent pas et leur livrent des interprétations parfois erronées du Coran. En parlant la langue ils pourraient comprendre par eux-mêmes et être des musulmans éclairés sur leur religion."

Cet argument n'est que le premier d'une longue liste : langue parlée et écrite par plus de 400 millions de personnes dans 23 pays, du Golfe à l'Océan, l'arabe se retrouve aussi dans le vocabulaire français, espagnol, turc et surtout swahili. Le monde arabe est le premier partenaire de la France après l'UE, les entreprises sont donc en recherche d'arabophones, et enfin apprendre la langue permet de découvrir une civilisation qui a donné le zéro, les chiffres, l'algèbre, l'astronomie, une architecture magnifique…
"Chaque année, je parcours les classes pour faire la promotion de l'arabe LV2 et de la classe bilingue et il y a des demandeurs. Les élèves sont plus intéressés que pour les langues européennes (anglais excepté, ndlr). Malheureusement ça ne fait pas partie de la politique locale. On créé plus de postes pour l'espagnol et l'allemand que pour l'arabe, alors qu'il apporterait bien plus aux élèves mahorais", tempête Mme Godeau qui quitte Mayotte à la fin de l'année, une année marquée tout de même par une victoire : la réalisation de ce voyage.

Hélène Ferkatadji

04/02/2008 – Tempête tropicale Fame – Plus de peur que de mal

"Dans l'ensemble, tout s'est bien passé, tout le monde a été sur le pont pendant 4 jours. Il faut féliciter les agents qui ont travaillé dans des conditions épouvantables, sous le vent et la pluie, pour avoir dégagé le réseau routier ou remis en état les réseaux électriques et téléphoniques", se réjouit Arnaud Gillet, directeur de la sécurité civile à la préfecture de Mayotte. En effet, le réseau routier a été praticable partout, au moins sur une voie, même si de temps à autre des glissements de terrain ont interrompu le trafic, notamment à M'tsagnougni, entre Sada et Chirongui.

La DE a été aux premières loges, EDM et France Télécom aussi, la Dass a été sollicitée pour l'évacuation d'une femme enceinte de Petite-Terre vers le CHM de Mamoudzou, avec l'aide de la gendarmerie nautique. Les pompiers ont dû faire de nombreuses interventions pour aider les sinistrés à évacuer les zones inondées, comme à Chiconi dans les environs de la place Sicotram. Dans cette même localité, un muret sur la digue a lâché et de nombreux commerces ont été inondés. D'ailleurs, le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Serge Castel, a écrit au président du conseil général Saïd Omar Oili pour lui demander de faire un geste pour les commerçants mahorais et plus particulièrement pour ceux de Chiconi.

A travers toute l'île, des murs de soutènement, des clôtures, mais aussi des toitures ont souffert des rafales de vent et de la pluie. A Koungou la mairie a été fermée une journée à cause de difficultés d'accès. Les vœux du président du conseil général ont été reportés vendredi dernier, sans que les invités aient été tous prévenus, ni même qu'une affiche ou une personne prévienne les invités qui se succédaient à l'entrée des jardins avant de repartir. Les rencontres sportives et de nombreuses manifestations ont aussi du être reportées.

Les agriculteurs ont également souffert, puisqu'une grande partie des champs ont été touchés. Les bananiers sont les arbres qui ont le moins résisté à Fame. Le président Oili qui s'est rendu sur place à Combani avec Dani Salim dès le lundi, a proposé de débloquer une aide d'urgence de 300.000 € pour les agriculteurs. La Chambre d'agriculture est en train de mettre en place un dispositif pour recenser les dégâts en collaboration avec la Daf. Les agriculteurs mahorais demandent à ce que la solidarité nationale joue, comme c'est le cas dans les Dom après un cyclone.

 

Chapeau pour les équipes techniques

La police et la gendarmerie, en collaboration avec le STM, ont dû procéder au renflouement d'un amphidrome échoué sur le platier des Badamiers et dont les amarres ont lâché en rade de Dzaoudzi.
Côté aérien, les vols de jeudi et de samedi de la compagnie Air Austral n'ont pu atterrir à Pamandzi, ce qui a conduit la compagnie à loger les passagers en correspondance à la Réunion et ceux qui n'avaient pas de famille à Mayotte. "Le temps est en cause, mais il nous a fallu tenir compte de l'interruption des barges. Les passagers de Grande-Terre n'auraient pas pu venir et ceux arrivés en Petite-Terre y seraient bloqués", explique Didier Salaün, directeur d'Air Austral à Mayotte.
Kenya Airways a pu faire atterrir son avion samedi, mais pour M. Salim, directeur de l'agence de la compagnie kenyane, cela n'aura pas forcément été une bonne opération. "Il n'y avait pas de barge, par conséquent le vol est reparti à vide. Les passagers ont été reroutés sur le vol de mardi et jeudi (hier)", affirme M. Salim.
Selon Arnaud Gillet, les glissements de terrain ont été observés sur l'ensemble du territoire. Les secteurs de Sada et M'tzamboro ont plus souffert des coupures d'électricité et de téléphone que les autres, mais les coupures n'ont jamais été de longues durées fait savoir le directeur de la sécurité civile. Celui-ci félicite aussi les Mahorais dans leur ensemble qui ont suivi les consignes de vigilance avant et pendant la tempête. "Cela prouve que les messages de prévention sont passés. Les consignes d'élagage d'EDM et France Télécom ont été suivies, les parents n'ont pas laissé leurs enfants près des cours d'eau, personne n'est sorti pendant la vigilance cyclonique et une seule personne a failli se noyer à Miréréni, mais des habitants l'ont sauvée", conclut Arnaud Gillet.
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Que d'eau, que d'eau

Les pluies qui ont précédé la grosse tempête de vendredi à samedi ont été plus qu'abondantes. Météo France a enregistré à divers endroits de l'île plus de 200 mm d'eau en 24 heures, ce qui correspond selon Noël Carton, chef de service de Météo France à un mois de précipitation en janvier.
"Janvier est le mois le plus pluvieux de l'année à Mayotte. Certains records ont été battus, notamment à Bandrélé et Dembéni où il n'avait pas autant plu depuis 1986 et 1994", explique M. Carton. Les équipes de Météo France ont été mobilisées pendant les quatre jours de tempête, faisant des points réguliers, matins et après-midis, mais aussi à tout moment, à la demande de la cellule de crise. Noël Carton se réjouit que les Mahorais n'aient pas pris de risques inconsidérés durant cette période et que le bilan humain ne compte aucune victime.

Faïd Souhalï

UNE Mayotte Hebdo N°366 – Vendredi 01 février 2008

UNE Mayotte Hebdo N°366 - Vendredi 01 février 2008

Entretien avec la Préfet: Départementalisation, Droit commun, Code de la consommation, Contrat de projet, PADD, Immigration clandestine

"Je veux être clair avec las Mahorais"

 > Intempéries – fame nous a bien arrosé !
 > Justice – agression sexuelle, 5 ans de prison
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Anjouan – dans l'attente du débarquement

UNE Mayotte Hebdo N°365 – Vendredi 25 janvier 2008

UNE Mayotte Hebdo N°365 - Vendredi 25 janvier 2008

Violences en Petite Terre

Des jeunes s'affrontent

 > Elections cantonales – nouveau code électoral
 > Lagon – un parc marin à l'horizon
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Déchets – où vont nos poubelles ?

25/01/2008 – Maalesh : « Je ne changerai pas pour être plus vendable »

Tounda : 2008 s'annonce comme une bonne année…
Maalesh : Peut-être même la meilleure depuis longtemps ! Elle commence à Mayotte, ce qui est toujours plaisant, et se poursuit à Zanzibar où je participe à un festival, du 8 au 11 février, en tant que tête d'affiche, aux côtés d'artistes de Tahiti, du Mali, de Mauritanie… C'est là que tout commence, que nous serons vraiment dans la tournée du prix Musiques océan indien. Ça me plait que Zanzibar soit le point de départ, c'est d'Afrique de l'Est que je viens puisque ma mère est Ougandaise. On y parle swahili et anglais, langues que je chante et que je parle.

Tounda : Après Zanzibar comment va s'organiser votre année ?
Maalesh : Après ce festival je retourne à Moroni, avant de m'envoler pour Nantes terminer le mixage de mon dernier album, "Yéléla" ("Flotter"), interrompu par mon voyage à la Réunion pour récupérer le prix. Je suis en train de faire la jaquette avec l'aide de Cécile (Pélourdeau, directrice de l'école de musique, ndlr). Nous traduisons en partie les chansons pour donner une idée de ce dont elles parlent. En avril je repars à la Réunion jouer au festival Arkenciel à St Gilles. J'y retournerai en mai pour Réunion en scène à St Leu. Ensuite ce sera la tournée des festivals en France : Musiques Métisses d'Angoulême, Francofolies de La Rochelle, et la Fiesta des Suds à Marseille. Puis ce seront les rencontres d'Astaffort, une sorte d'atelier.
A côté de tout ça il y a un gros travail de promotion qui est prévu, c'est ça dont j'ai le plus besoin. Jusqu'ici la notoriété du groupe et la vente des albums se sont toujours faits par le bouche à oreille. Mes tournées étaient beaucoup organisées par mon épouse Marie-Ange et par mes amis. J'espère avoir maintenant l'occasion de trouver un bon tourneur ou un manager, que ce prix m'ouvre les portes d'un monde que je ne maîtrise pas assez, fait de paperasses et de démarches diverses, d'internet, etc.… Je vois dans ce prix une réelle occasion d'élargir ma carrière, tout en restant moi-même, je ne changerai pas pour être plus "vendable".

Tounda : Qu'est ce qui vous a amené à postuler à ce prix ?
Maalesh : C'est Cécile qui m'a parlé de ce prix, je n'étais pas du tout au courant. Ce n'est pas la première fois que je gagne un prix, j'ai remporté en 1995 le prix de la découverte RFI, qui a été suivi d'une tournée en Europe l'année suivante. Mais comme je n'avais pas encore de CD, je n'avais rien à proposer au public à la fin des concerts. En 1998 au moment de la sortie de "Wassi Wassi" j'ai fait une grande tournée en Afrique de l'Est et Australe, mais je n'avais pas encore d'exemplaires du CD, j'étais toujours handicapé par ce manque, il me manquait quelqu'un pour gérer sa distribution. D'ailleurs, le label a fait faillite en 2001 et l'album a donc été très peu diffusé. La même année j'ai remporté un autre prix qui devait m'offrir une grande tournée au Canada, elle n'a jamais eu lieu et de là où j'étais, à Moroni, j'avais peu de moyen de réclamer mon dû. J'ai également été remarqué en 2003 lors d'un festival à Amsterdam. Tout ceci témoigne d'une reconnaissance de mon travail, mais il a toujours manqué quelque chose derrière, pour pérenniser ces victoires. Je pensais qu'un nouveau prix était inutile, d'autant que beaucoup s'adressent à des jeunes, comme si nous autres quadras étions déjà finis. Mais dans le dossier de candidature Cécile et Marie-Ange ont expliqué ma situation, mon besoin d'avoir quelqu'un pour organiser ma carrière, et à ma grande surprise, j'ai gagné (face à 93 autres candidatures, ndlr).
Je pense que cette victoire peut m'apporter ce qui me manque. En avril mon album devrait sortir, je pourrai donc enfin vendre quelque chose à la fin des concerts, c'est important pour rester dans la mémoire du public, et pour vivre aussi bien entendu. Je suis content car je vois le temps qui passe et je ne veux pas faire comme tous ceux qui partent vivre en France dans l'espoir de plus de débouchés. Je suis bien chez moi, je veux continuer à m'inspirer de mon pays et de mes rencontres pour travailler. J'ai besoin de moins d'argent que si je vivais en France, je peux m'occuper de mes enfants… Toutes ces choses sont importantes.

Tounda : Que nous promet le nouvel album ?
Maalesh : Plein de choses ! Des invités : un excellent flûtiste, un violoncelliste, une choriste… Une chanson pour la libération d'Anjouan, et je vous invite à découvrir le reste en avril…

25/01/2008 – Des élèves journalistes : une semaine de la presse pleine de promesses

Mayotte Hebdo est l’hebdomadaire de Mayotte qui a la vie la plus longue, huit ans en mars prochain. Il est pourtant difficile, ici comme en Métropole, de survivre car il faut affronter des difficultés économiques plus importantes encore ici, liées à un lectorat réduit, donc des frais d'impression très élevé, et un marché publicitaire limité et très sollicité par de nombreux supports : présence de gratuits envahissants et grands consommateurs de publicité, radio et télé publiques eux aussi très friands de publicité malgré les fonds publics conséquents dont ils disposent… La tâche est donc ardue pour les journaux afin de réussir à séduire un public peu enclin à la lecture, malgré son importance dans la vie de la démocratie et la vie économique et sociale locale ! L’enjeu de cette journée est donc de taille : aider les enseignants à sensibiliser leurs élèves à la lecture et à l’écriture journalistique.
 
 

Le module "Presse à Mayotte" : un outil précieux pour les enseignants

Armés d’un module "Presse à Mayotte" conçu par le coordinateur de l’action, Yves Busière, les enseignants pourront livrer bataille en faveur de ce média qui mérite une bien plus large attention et qui est un formidable outil pédagogique. Une vraie mine d’or pour une pédagogie active de la classe à partir de fiches pratiques déclinées en six thèmes de travail : connaître la presse en feuilletant des hebdomadaires de la presse à Mayotte, étudier la Une, comprendre la hiérarchisation de l’information, comprendre le rôle de l’image, découvrir la place et la composition d’un article… autant d’activités qui permettront aux élèves, futurs journalistes en herbe, de s’initier aux règles particulières de l’écriture journalistique.
Pour pouvoir travailler en groupes dans les classes, chaque enseignant stagiaire est reparti avec un paquet de plusieurs dizaines d’invendus de Mayotte Hebdo et du Mawana, tous deux partenaires de cette action.
"Les élèves doivent comprendre la manière dont l’information est traitée et dont un journal est conçu. Ils doivent savoir que des choix sont faits par la rédaction d’un journal. C’est un moyen de développer leur esprit critique", a déclaré Y. Busière au cours de la présentation du module, en début de matinée.
En effet, pendant plus de deux heures, chaque stagiaire s’est retrouvé en situation d’élève avec les conseils professionnels de Rafik, rédacteur en chef du Tounda. Mme Magoma, professeur de lettres au collège de Doujani, a pu faire part à ses collègues de son expérience de l’exploitation du module "Presse à Mayotte" au travers d’un projet d’action éducative (PAE) qu’elle mène actuellement avec deux classes de 4e.

 

Un dossier spécial pour les articles des élèves

En fin de matinée Soldat, directeur de la rédaction de Mayotte Hebdo, a éclairé les enseignants sur le fragile équilibre financier de la presse à Mayotte. "A Mayotte, les difficultés de la presse viennent de la petite taille du lectorat", a-t-il déclaré. L’absence de rotative sur l’île oblige les imprimeurs à utiliser un papier "de luxe", ce qui rend le coût de l'impression élevé. Les frais d'impression se montent ainsi à près de 50% des dépenses totales du journal, contre 20 à 30% en Métropole ou à la Réunion ! Le prix de vente du journal couvre ainsi tout juste la facture de l'imprimeur. Les ressources pour assurer les salaires des journalistes et toutes les autres dépenses proviennent donc essentiellement de la publicité, mais beaucoup d'autres entreprises essayent de capter ces investissements, fragilisant ainsi la presse locale.
Tout cet éclairage sur la situation de la presse à Mayotte a suscité l’intérêt de tous, a provoqué des questions et entraîné des débats.
Grâce à un partenariat entre la presse locale, le CDP et l'Education nationale, les articles que vont écrire les élèves pendant la Semaine de la presse seront édités par le CDP et feront l’objet d’un cahier spécial pour les 14 établissements engagés dans cette action : les lycées de Kahani, Mamoudzou, Petite Terre et Chirongui; les collèges de Chiconi, Doujani, Kani-Kéli, Labattoir, M’gombani, M'tsangamouji, Pamandzi, Sada, Tsimkoura et Tsingoni.
L’objectif de toutes les équipes est une publication pendant la 19ème Semaine de la presse dans l’école, prévue du 17 au 21 mars prochains. Le pari est lancé : savoir qu’ils vont être lus va motiver les élèves, les amener à des exigences d’écriture et les rendre acteurs de leurs apprentissages. Ce seront les lecteurs qui diront s’il a été gagné.

Les enseignants stagiaires
 

UNE Mayotte Hebdo N°364 – Vendredi 18 janvier 2008

UNE Mayotte Hebdo N°364 - Vendredi 18 janvier 2008

La poste en grève

Kavou courrier na colis

 > Elections cantonales – la relève à mamoudzou 3
 > Magazine – découverte d’un requin crocodile
 >
Justice – 12 ans de réclusion pour l’oncle tortionnaire
 > Croisières – le nouveau filon du tourisme mahorais

 

18/01/2008 – Les Léos de Mayotte rénovent une école malgache

Plus de 100 élèves par classes, odeurs de moisissures et d'eau croupie, pas d'éclairage, un manque cruel d'enseignants et aucune fourniture scolaire pour ces enfants qui viennent de famille extrêmement défavorisées. Malgré ces conditions inimaginables, le taux de réussite aux examens de fin d'année est de 90%, un résultat qui montre la détermination des enseignants et de leurs élèves.

Une situation qui n'a pas manqué d'émouvoir les Léos, d'autant que certains d'entre eux sont d'origine malgache. Le Club, qui regroupe 27 membres, lycéens pour la plupart, a donc pris contact avec le Léo Club de Tananarive pour faire établir un devis des travaux de réfection du bâtiment. Les frais s'élèvent à 12.000€.
"Dans un premier temps l'école va recevoir un chèque de 1.000€, somme que possède actuellement le Léo Club, pour l'achat de fournitures scolaires, annonce Jean-Louis Rigot, parrain du Club. Le 13 février je me rend avec d'autres Lions à Tananarive pour rencontrer notre président international, je leur remettrai la somme. Si nous avions obtenu une subvention j'aurai pu emmener avec moi 8 Léos."

 

Un concert pour collecter des fonds

Une subvention qui a été demandée il y a déjà 11 mois au conseil général, dans le but justement de faire des voyages qui permettront une collaboration entre Léo Clubs de la région. Passé de bureaux en bureaux, le dossier n'a toujours pas été examiné en commission. "Comment faire ressentir à ces jeunes le côté international du Lions Club s'ils n'ont pas la possibilité de se déplacer ?", se désole le parrain.
Pour atteindre la totalité de la somme requise, les jeunes organisent le 22 février un concert dans l'hémicycle du conseil général, mis à leur disposition gratuitement, qui regroupera chorales et artistes malgaches. D'autres évènements destinés à collecter des fonds seront mis en place les mois suivants.
Ils bénéficieront également de l'aide du Léo Club de Cannes, dont l'un des membres est le frère de la présidente des Léos de Mayotte, qui collecteront des fonds de leur côté. En mars, lors du congrès du Lions Club, plusieurs membres se rendront à Madagascar et donneront, si tout se passe bien, un nouveau chèque à l'école.
Fidèles à la devise du Lions Club, "we serve" ("nous servons"), les Léos de Mayotte espèrent collecter suffisamment de fonds pour permettre à ces enfants de travailler dans des conditions décentes d'ici quelques mois, et montrer les possibilités d'action de l'association qui est présente partout dans le monde.
Hélène Ferkatadji

 

18/01/2008 – Un requin crocodile à Mayotte !

La bête, d’un mètre de longueur environ, a été capturée accidentellement par Fabien Fridericci, pêcheur professionnel. Celui-ci a immédiatement alerté la direction de l'environnement du conseil général qui l'a récupéré. L'expertise de Jérémy Kiszka (chargé de recherche de la DEDD et doctorant de l’Université de La Rochelle) a permis de déterminer qu'il s'agissait d'un requin crocodile (Pseudocarcharias kamoharai), espèce rarissime dans le monde et dont les exemplaires sont très recherchés par les muséums d’histoire naturelle.

Il s’agit d’un requin vivant en eaux profondes, jusque 300 mètres environ, ce qui permet de comprendre les raisons de sa morphologie particulière, notamment la taille importante de ses yeux. Le requin crocodile capturé dans les eaux de Mayotte a été photographié puis placé en congélation pour examen plus complet ultérieur. La nouvelle a fait rapidement le tour de l'île : "je reçois chaque jour des appels de gens qui veulent le voir !", raconte M. Kiszka. Le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris a été contacté pour signaler la capture de cet animal. Le responsable du département d’ichtyologie, le Dr. Bernard Séret, a proposé que le spécimen leur soit envoyé pour sa mise en collection. Pour l’heure, le requin demeure dans les locaux du conseil général mais il est pratiquement sûr que le Muséum en héritera, après envoi à divers laboratoires d'échantillons pour étude.

 

Des particularités très utiles pour la médecine

Caractéristique intéressante de cet animal, la richesse de son foie en squalène, un lipide également présent dans le sébum humain, mais aussi par exemple dans l’huile d’olive, et très utile pour la diminution du cholestérol. Cette substance a des propriétés avérées dans la cicatrisation des plaies, dans le traitement de nombreuses maladies et de manière générale dans le renforcement du système immunitaire. L'étude approfondie de cet animal laisse ainsi entrevoir certaines perspectives intéressantes pour la médecine humaine.
La direction de l’environnement tient à souligner l'importance du partenariat entre professionnels de la mer (comme c’est le cas avec M. Fridericci), présents en permanence sur le terrain, et ses services pour une meilleure connaissance et pour la préservation de l’exceptionnel patrimoine naturel de Mayotte.

 

Caractéristiques du requin crocodile

Ordre des lamniformes
Famille des Pseudocarcharias (seule espèce)
Aspect : Son nom lui vient de ses dents proéminentes, étroites et cuspidées. Le requin crocodile est un animal océanique de petite taille, au corps fusiforme, aux yeux énormes. Le museau est allongé, pointu et conique, les mâchoires protractiles. Les fentes branchiales sont de grandes dimensions. Cet animal possède des fossettes précaudales et des carènes caudales latérales surbaissées. La nageoire caudale, asymétrique et courte, présente un lobe ventral de longueur modérée.
Taille : Longueur maximale d'environ un mètre.
Habitat : Surtout en plein océan et au large des eaux continentales.
Distribution : Par endroits, dans l'Atlantique est, dans l'océan Indien ouest, dans le Pacifique nord-ouest, dans le Pacifique central et Est.
Reproduction : Quatre jeunes par portée.
Alimentation : Poissons osseux pélagiques, calmars et crustacés.
Hélène Ferkatadji
Avec Jérémy Kiszka

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes