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23/06/2008 – 2.093 candidats au baccalauréat

A Mayotte, ils sont cette année 2.093* candidats toutes séries confondues à se présenter, soit 15% de plus que l'année dernière, un chiffre qui va aller augmentant pendant encore longtemps. Cette année le cadet des candidats est âgé de 16 ans, le plus ancien de 33 ans.
"Les démocraties populaires et leur évolution (1948-1989)" pour l'histoire, "L'organisation du territoire des Etats-Unis" en géographie, l'anglais, les mathématiques… Les épreuves se poursuivent jusqu'au mardi 24 juin pour les 673 candidats au bac général et les 957 candidats des séries technologiques, jusqu'au vendredi 27 pour les 463 candidats aux séries professionnelles. Pour les deux premières catégories, les épreuves se déroulent aux lycées de Mamoudzou, Sada, Petite Terre, Kahani, Kawéni et à la Cité du Nord. Les candidats au bac pro se présentent dans leurs propres établissements.
105 enseignants pour les bacs généraux et 154 pour les technologiques sont mobilisés pour les corrections des épreuves, centralisées à Mamoudzou et Petite Terre, ce qui permettra, comme l'an dernier, de donner les résultats quelques jours avant la Métropole. Ils devraient être rendus publics samedi 28 juin après les délibérations.
 

Faire mieux que l'an dernier

L'an dernier, le taux de réussite de 52,7% était assez décevant car plus bas que les résultats de la cuvée 2006. Une baisse que le vice-recteur imputait en grande partie aux mauvais résultats du nouveau bac technologique STG, 39,6% d'admis contre 57% en 2006 pour son ancêtre le bac STT. Espérons que cette année enseignants et élèves seront mieux armés pour les épreuves de cette section. Le bac général était le seul en hausse avec un taux de réussite de 68,1% contre 63% l'année précédente. Le bac pro baissait de près de 4 points, à cause surtout du résultat très faible de la section vente : 21,4%.

A côté de nos deux mille candidats, 11.196 élèves de première se présentent aux épreuves anticipées de français et de biologie (pour les ES et L) et 3.651 au épreuves du brevet des collèges, qui aura lieu du 24 au 27 juin.

Hélène Ferkatadji

*Chiffre des inscrits et non des présents à l'examen

Examen jusqu'au soir

La plupart des lycéens passant le bac sont confiants pour les résultats finaux, ceux-ci paraîtront le 28 juin. Uniquement le matin, seulement l'après-midi et parfois lors des deux demi-journées, ils passent épreuve par épreuve, les matières qu'ils préparent depuis un an et plus.
"L'anglais, pour l'étudiant de Hajangua Saïd Rakibou, a été la matière la plus difficile pour le moment. Plusieurs de mes collègues disent la même chose." Son ami Absoirou Hardani, est sûr que "les révisions répétées au CDI vont payer. Pour l'instant tout se passe bien pour moi, je n'ai pas vraiment eu de surprises dans les épreuves que nous avons passées. Il y avait tout ce que j'ai révisé". Ces deux élèves de dix-huit ans, tout comme beaucoup d'autres étudiants, attendront impatiemment de voir les résultats.
"Nous savons à peu près ce que nous voulons faire par la suite, mais notre avenir dépendra entièrement de l'issue de notre examen". Jusqu'à la tombée de la nuit quelques fois, les étudiants profitent de tout le temps qui leur a été attribué pour répondre au mieux aux épreuves. Les transports scolaires arrivent à 19h et ramènent les élèves, il en sera ainsi jusqu'à la fin des épreuves.

Ichirac Mahafidhou

Le bac en 2007

1.820 candidats dont
618 en filière générale
882 en filière technologique
320 en filière professionnelle
52,7% de réussite

23/06/2008 – Les agents publics mobilisés pour être intégrés

Mardi matin dans l'hémicycle du conseil général, ce n'était pas les élus locaux mais les représentants syndicaux qui étaient à la tribune. Devant quelques 200 grévistes, les représentants du SE CGT Mayotte, du Sima Snudi FO, de la Cisma CFDT conseil général et de la CGTMa conseil général ont uni leurs voix pour demander aux pouvoirs publics une intégration plus rapide des agents de la fonction publique territoriale de Mayotte à la fonction publique de droit commun. Au cours de cette assemblée générale, il a également été question de la titularisation de tous les contractuels, de l'indexation des salaires à 2,15 et de la retraite des agents publics.
La loi-programme pour l'Outremer du 21 juillet 2003 a étendu à Mayotte les trois fonctions publiques de droit commun – hospitalière, territoriale et d'Etat – et précise qu'à l'horizon du 31 décembre 2010, l'ensemble des agents publics en activité seront intégrés ou titularisés dans l'une ou l'autre de ces trois fonctions publiques. Or, pour l'instant, les intégrations et les titularisations dans la fonction publique représentent moins de 10% des effectifs concernés, et l'intersyndicale estime que le 31 décembre 2010, il n'y aura pas plus de 30% des personnels qui seront intégrés ou titularisés.
"A ce jour, le conseil général ne dispose pas de plan d'intégration de ses agents, pas plus qu'il n'a engagé d'actions concrètes pour accompagner ceux-ci auprès du gouvernement", peut-on lire dans l'exposé des motifs des propositions de modification de la loi-programme signé par l'intersyndicale. "Bien que tout le monde reconnaisse la cherté de la vie à Mayotte, les conditions de travail et le pouvoir d'achat des personnels sont loin d'être les soucis premiers des pouvoirs publics, aussi bien nationaux que locaux".
 
 

4.000 agents au CG, seuls 5% sont intégrés…

Le principal problème demeure le fait que les agents recrutés après la loi Girardin du 21 juillet 2003 ne sont pas couverts par le texte. "Ces contractuels sont exclus du processus d'intégration car ils ne peuvent pas passer le concours professionnel interne, contrairement à leurs collègues d'avant 2003. Ils ne peuvent pas non plus passer le concours externe car ils doivent avoir un niveau supérieur au bac, ce qui n'est pas le cas pour la plupart d'entre eux", explique Kamiloudine Djanffar, secrétaire général adjoint de la CGTMa conseil général.
Sur les 4.000 agents qui relèvent du conseil général, 3.000 peuvent prétendre à l'intégration mais ils ne sont pour l'instant que 5% à être dans ce cas, ce qui pose un autre problème concernant les prochaines élections internes au CG. En effet, le 6 novembre 2008, toutes les collectivités territoriales élisent leurs représentants à la Commission administrative paritaire qui gère les carrières des agents, et au Comité technique paritaire qui organise le fonctionnement de l'administration.
"Il n'y aurait que 5% des agents qui pourraient voter. On refuse l'accès à la fonction publique de ces fonctionnaires", précise Issa Mohamed El Anrif, le secrétaire général de la Cisma CFDT conseil général. "Ce sont des "sous-fonctionnaires" car par rapport aux critères, leurs salaires autour de 1.000 euros les empêchent d'être intégrés".
L'intersyndicale réclame la prise en compte de la rémunération globale, et pas seulement de la rémunération brute, pour calculer l'indice qui permet d'entrer dans les cadres d'emploi et les grades. Dans l'exposé des motifs aux propositions de modification de la loi Girardin, on peut lire que "les conditions d'intégration et de titularisation (niveau minimum de rémunération, concours réservés, prise en compte partielle de l'ancienneté) imposées par les décrets d'application de la loi excluent du dispositif la grande majorité des agents de la Collectivité départementale et des communes et démotivent nombre de contractuels qui, une fois titularisés, voient leurs carrières gelées pour une moyenne de 10 ans".

 

Des retraites à 250 ou 300 euros

L'intersyndicale réclame également l'indexation des salaires à l'inflation, ce qui est le cas dans les collectivités territoriales d'Outremer… sauf Mayotte. "Les expatriés métropolitains bénéficiaient de cette indexation jusqu'en 2004 car le préfet avait le pouvoir exécutif. Elle demeure encore aujourd'hui, à hauteur de 24% de l'indice terminal du grade des administrateurs. Et les indemnités d'éloignement ou de déménagement sont aussi une indexation déguisée. Nous souhaitons que l'indexation des salaires à 2,15 soit généralisée à tous les agents publics de Mayotte", a déclaré M. El Anrif.

Enfin, les revendications de l'intersyndicale ont rejoint celles du mouvement de grève nationale concernant la retraite des fonctionnaires. Pour avoir une retraite à taux plein, il faut cotiser 40 ans et la pension versée représente 75% de la moyenne des 6 derniers mois de salaire. Mais à Mayotte, certaines personnes atteignent l'âge de la retraite avec une rémunération de 800 euros et n'ont pas forcément cotisé assez longtemps, ce qui explique qu'il y ait des retraites à 250 ou 300 euros.
"Nous souhaitons que soit fixé le même minimum garanti qu'à la Réunion, environ 700 euros, majoré de 50% sur le principe de l'indexation, ce qui fait une retraite minimum à 1.000 euros… Je pense que c'est raisonnable", estime M. El Anrif. Les différentes propositions de l'intersyndicale vont être transmises au président du CG, aux communes et au préfet dans les prochains jours.

Reste le coût d'une telle mesure, qui pour l'instant n'est pas évaluée, faute d'un véritable travail de fond sur la question. Comme le remarque M. El Anrif, "l'excellence administrative, pour reprendre le mot du président du CG, résulte de l'action concertée des agents publics. Nous devons les sensibiliser pour que notre combat soit compris et défendu. S'ils ne sont pas capables de se mobiliser pour leurs salaires, ils ne seront pas capables de se mobiliser pour l'action administrative".

Julien Perrot

UNE Mayotte Hebdo N°386 – Vendredi 20 juin 2008

UNE Mayotte Hebdo N°386 - Vendredi 20 juin 2008

Clandestins – Cannbis, Démentèlement d'un réseau. 3 violeurs en série arrêtés par la police

Trafics

 > Conseil Général – 4000 agents en attente d'intégration
 > Petit déjeuner Mayotte Hebdo – Vincent Dufau et Abdullah Hariti
 > Education – un lycée pour 800 élèves à chirongui

 

Juin 2008 – Archéologie – Des vestiges urbains du XIVe siècle

On passe devant sans jamais le remarquer, sans comprendre l'importance de ce qui semble être un reste de muret écroulé, le long de la CCD1. Pourtant, encastré dans la terre, se trouve à Acoua le vestige d'un ancien rempart de ce qu'était la cité d'Acoua. Selon les estimations, ce rempart date du XIVe/XVIe siècle. Découvert dans les années 90 lors de travaux dans le village, ce rempart a suscité l'intérêt de Martial Pauly, habitant d'Acoua et professeur d'Histoire à la Cité du Nord, mais avant tout archéologue de formation. Depuis, il n'a cessé de fouiller les environs et peut aujourd'hui affirmer que l'ancienne cité s'étendait sur 3 hectares, sans compter le village des esclaves. On trouve des restes du rempart tout au long du site, très bien préservé car enfoui sous une large couche de terre depuis bien longtemps. Derrière une maison, M. Pauly a retrouvé les vestiges d'une des portes de la cité. "Cette découverte permet de recueillir beaucoup d'informations sur les populations vivant ici entre le 13e et le 17e siècle, c'est le seul site qui délivre autant d'information" se réjouit l'archéologue qui pense qu'en retirant 20 à 30cm de terre un peu partout on trouverai encore plus de vestiges.
Un peu plus haut dans le village, au milieu des habitations, Martial Pauly, aidé de quelques uns de ses élèves motivés et intéressés, a découvert les vestiges d'une ancienne habitation, qu'il nous fait visiter. La largeur de chaque mur, une coudée, correspond aux techniques de maçonnerie universelles, issues du Moyen-Orient, la construction très sommaire renvoie complètement aux descriptions des maisons à Anjouan.

 

Les nobles habitaient des maisons en dur

Aubaine du chercheur, la latérite, cette terre rouge si présente sur l'île, a recouvert et protégé les pierres, gardant intactes les fondations de l'habitation. Les matériaux utilisés pour la construction sont des blocs de corail et de basalte, avec des enduits pour uniformiser le tout. A certains endroits, l'archéologue a retrouvé des restes de la toiture effondrée, une toiture plate qui tenait avec des chevrons en bois de palétuvier. Aux abords de l'habitation, deux sépultures qui indiquent le rang social des occupants des lieux : l'inhumation chez soi était un privilège aristocratique. Toute cette découverte apporte énormément à la recherche sur l'histoire de Mayotte. "Il y a encore quelques années, on pensait qu'il n'y avait jamais eu d'habitations personnelles en dur à Mayotte, rappelle Martial Pauly. Cette découverte remet beaucoup de choses en question."
Le chercheur a retrouvé de nombreux détails dans cette habitation, un four domestique, la fosse recouverte de chaux qui servait de latrines, les restes presque intactes d'un banc, un "baraza", appuyé contre un des murs de la cour,…il a aussi trouvé un fragment de tablette de corail qui servait à faire le m'sindzano, ce qui montre que c'est une pratique très ancienne. Maintenant que l'habitation a été presque entièrement dégagée, il s'est s'attaqué à la deuxième partie des fouilles : ce qu'il y a en dessous. L'équipe de Martial Pauly a déjà creusé à 150cm pour trouver des vestiges, ils y ont trouvé un autre niveau de sol avec des restes d'habitations en végétal et en sable, une découverte qui montre l'urbanisation progressive de la société. Là encore, la couche de latérite importée au 15e siècle pour niveler la cour à tout conservé. En dessous, on y trouve des vestiges de cases qui ont pu être datés du 14e siècle. Des charbons provenant d'un incendie, restés intactes, ont pu être datés au carbone 14 par le CNRS de Lyon, entre 1320 et 1410. Cette datation permet de montrer que le développement de l'urbanisation dans l'archipel s'est fait exactement en même temps que celui de la côte swahilie. "Ces techniques de constructions étaient inconnues des malgaches du 14e siècle, annonce le chercheur, c'était plutôt les bantous qui utilisaient le torchis."

 

Une cité dominée au 14e siècle par des malgaches islamisés

Entre les deux types d'architecture, l'équipe a retrouvé plusieurs céramiques, fruit du brassage de population que connaît Mayotte à partir du 13e siècle, plusieurs poteries sont très ressemblantes de celles faites sur les hauts plateaux malgaches aux 14e 15e siècles.
Les découvertes de M. Pauly se recoupent avec les légendes qui circulent encore au village. On sait par exemple qu'un chef du village avait pour nom Bakar Karuna Marona. Le prénom Bakar signale l'influence arabe, Karuna signifie "celui qui lit le Coran" et Marona vient du terme "Marinh", les trafiquants d'esclaves. L'aristocratie de la cité d'Acoua était donc composée de malgaches islamisés ayant prospéré grâce au commerce des esclaves. On appelait ces nobles qui régissaient l'île avant la mise en place du sultanat les "fani". L'enseignant en Histoire quitte Mayotte à la fin de l'année scolaire, il regrette qu'il n'y ait aucun suivi archéologique ici. "Le hasard de cette découverte (il habite à 50 mètres des vestiges de la cité) montre qu'il y a sûrement des dizaines de sites de ce type encore inconnus." Avant on départ il prépare avec la direction des affaires culturelles de la préfecture une exposition sur les techniques de construction anciennes en dur, éclairées par les fouilles d'Acoua. La préfecture l'a beaucoup soutenu en lui donnant toutes les autorisations nécessaires et en participant financièrement à ses fouilles, pour l'envoie des échantillons au laboratoire du CNRS de Lyon. Le chercheur rêve à la création d'un poste d'archéologue à Mayotte, qui lui permettrait de pousuivre ses fouilles sur les sites non explorés, notamment Tsingoni, l'ancienne capitale du sultanat aujourd'hui recouverte par les habitations modernes.

Hélène Ferkatadji

Chronologie du peuplement de Mayotte
VIIIe siècle. Premières traces d'occupation humaines à Mayotte et aux Comores. Migrations austronésiennes (malgaches) et apport en population bantoue. Deux possibilités évoquées : soit ils sont venus d'eux-mêmes sur l'île, soit les malgaches les ont fait venir, ce qu'ils font avec certitude au Xe siècle.
IXe – XIe siècle. Vestiges découverts à Dembéni. Principale production la métallurgie. Le fer est exporté jusqu'en Inde. Prend fin au XIIe siècle. A Partir du IXe siècle des marchands arabes et perses séjournent sur l'île, introduction de l'Islam. La plus ancienne évocation musulmane aux Comores vient de Al-Idrissi, un géographe arabe du XIIe siècle. Les populations qui dominent la société sont islamisées. La plus ancienne mosquée connue est à Anjouan dans la cité de Sima.
A partir du XIIIe siècle, arrivée de nouveaux groupes, création d'une nouvelle aristocratie, les "fani", essentiellement des malgaches islamisés, les "antalaotra", mais aussi des Swahilis, des arabes et des Omanais. L'architecture est d'ailleurs inspirée du sur de l'Arabie. "fani" désigne ceux qui ont le pouvoir. Epoque de la mise en place des réseaux de traite d'esclaves, des malgaches des hautes terres. Le pays est composé d'une multitude de petits royaumes toujours en guerre, les esclaves sont acheminés jusqu'à la côte Nord Ouest de Madagascar et de là sont envoyé sur la côte swahilie et vers les régions sud arabiques : Djedda, Oman, … Les Comores sont un jalon dans la traite, les esclaves y transitent et contribuent à la mise en valeur et au peuplement de l'île. Exemple, les poteries du XIVe siècle trouvée à Mayotte sont voisines de celles des hauts plateaux malgaches.
XIVe siècle. Grande prospérité de l'île. Constructions domestiques en dur, mosquées, maisons aisées. Processus d'urbanisation dure jusqu'au XVIIe siècle, donne naissance aux médinas qui ont subsisté dans les autres îles.
1498, Vasco de Gama explore l'Océan Indien, il est suivi des hollandais, des anglais, français,…
XVe siècle, instauration du sultanat dans les Comores.
XVIIIe déclin de Mayotte, plusieurs raisons évoquées : catastrophe naturelle, épidémie, … mais surtout, c'est l'époque des "sultans batailleurs". A partir de 1740 Anjouan tente régulièrement de s'emparer de Mayotte, affaiblie par de nombreuses querelles internes dans l'aristocratie mahoraise. A partir des années 1790, les Comores sont envahies par des pirates malgaches qui vident Mayotte de ses habitants. A l'arrivée des français en 1841, la population a été divisée par quatre, les témoignages mentionnent de nombreuses ruines. Le sultanat s'est isolé à Dzaoudzi après les razzias malgaches sur la capitale Tsingoni.

UNE Mayotte Hebdo N°385 – Vendredi 13 juin 2008

UNE Mayotte Hebdo N°385 - Vendredi 13 juin 2008

Découverte Archéologique

Acoua, an 1320

 > GTHN France-Comores – le président douchina raconte
 > Elections – 4 communes retournent aux urnes
 > Education – un sentier sous-marin pour découvrir le lagon
 > Mayotte Eco – 44 talents récompensés

13/06/2008 – Un sentier sous-marin pour découvrir le lagon

Ce sentier sous-marin destiné aux nageurs en palmes, masque et tuba est le fruit d'un travail réalisé tout au long de l'année par la classe, entraînée par le professeur d'EPS M. Pineda. L'objectif est de créer des ressources personnelles en relation avec leur projet de vie, et bien sûr faire découvrir le lagon et les merveilles qu'il renferme au plus grand nombre.
Chaque balise est une bouée remplie de béton qui sera posée par le fond sur le platier et sur le récif frangeant par une autre classe à la rentrée. Il a été décidé de les poser au fond pour ne pas gêner la pêche au djarifa, souvent pratiquée sur cette plage. Lors de randonnées palmées avec les élèves, les enseignants accrocheront sur chaque bouée une ficelle terminée par un flotteur, pour qu'elles soient visibles de la surface. Chacune d'elle signalera quelque chose de précis à voir : un poisson spécifique qui fréquente cette zone, des coraux remarquables, un milieu comme l'herbier, etc. Elles comporteront chacune un numéro, en prévision de la seconde partie du projet.
Cette seconde partie est le volet touristique du projet. L'année prochaine, les enseignants feront travailler une autre classe à la création de panneaux explicatifs sur la plage, peut-être d'un faré et surtout de plaquettes, plastifiées, pour être emportées lors de la nage et qui correspondront chacune à une balise.
 
 

Le soutien des"bulles solid'air"

Déjà élaborées par les 28 élèves de 3e2, les plaquettes ne sont pas encore réalisées. Toute l'année, la classe très motivée s'est scindée en plusieurs groupes de travail : un groupe photo dirigé par M. Prunier qui a réalisé un diaporama, un groupe vidéo piloté par un élève de Terminale, Mikidadi Chanfi, un groupe pour la création des balises et un autre pour la réalisation des plaquettes.
Ce projet d'action éducative a permis aux élèves de réaliser plusieurs sorties dans l'île, deux sessions de nage en palmes, masque et tuba à Sazilé et à M'tsanga fanou, ainsi qu'une sortie sur la formation de l'île de Mayotte avec balade au lac Dziani. Une partie des élèves a appris à nager lors de ces sorties. "Beaucoup d'entre eux ne connaissaient pas tous ces sites, ils ont découvert une autre vision du lagon, une autre utilité que la pêche", raconte M. Pineda.
Mercredi, en attendant l'heure du départ pour la plage, les 3e2 se sont répartis dans toutes les classes de 5ème pour leur présenter leur projet et discuter avec eux du lagon, du développement durable, de la pêche et des espèces protégées. Pour l'occasion, ils sont assistés de plusieurs visiteurs arborant tous le même t-shirt sur lequel on voit un hérisson fraterniser avec une tortue, sous l'inscription "bulles solid'air, Mayotte 2008".
Ces nouveaux venus qui vantent les merveilles du lagon de Mayotte appartiennent à l'association "Grand'air", qui regroupe des étudiants de l'université de la Réunion amateurs de sports de pleine nature. "Les membres de l'association partagent une passion pour les sports de nature avec un objectif de développement durable, de préservation de cette nature, explique Michel son fondateur. Il y a aussi une dimension conviviale, une volonté de partage. Nous aimons nous associer à des actions en cours. Nous avons eu connaissance du projet de sentier sous-marin par la cellule EPS, nous venons nous y associer en apportant du matériel et en aidant les élèves à communiquer auprès des 5èmes."

 

Un baptême de plongée pour couronner le projet

Les douze membres de l'association venus dans l'île pour 10 jours ont réalisé une première action en se joignant à Oulanga na nyamba pour une nuit de prévention du braconnage sur la plage de Papani. Aujourd'hui, ils emmènent les élèves du projet sentier sous-marin faire un baptême de plongée, grâce à du matériel prêté gratuitement par le club de plongée Rêve Bleu, leur partenaire depuis la première visite.
Ce sera l'occasion pour les étudiants de l'association de terminer leur niveau 1 ou 2 de plongée entamé à la Réunion avec l'association. Samedi, la veille du départ, le groupe ira à Ngouja, où ils étaient déjà allés l'an dernier, pour voir l'évolution de l'herbier, des tortues et le sentier mis en place par Oulanga na nyamba. Ils envisagent d'y venir une fois par an, pour suivre l'évolution de cette plage menacée par l'afflux de touristes s'il est incontrôlé.

Hélène Ferkatadji

13/06/2008 – GTHN franco-comorien – « C’était une opportunité qu’il ne fallait pas rater »

Mayotte Hebdo : Monsieur le président, pour la première fois des élus mahorais ont participé à des discussions diplomatiques entre la France et l'Union des Comores. Quelle est votre impression et quel est le rôle de ce GTHN ?
Ahamed Attoumani Douchina : Le GTHN a pour objectif essentiel de créer des conditions d'échanges entre Mayotte et les Comores. Dans le même esprit, il y a des échanges qui se font entre Mayotte et Madagascar et il y aura des échanges qui se feront entre notre île et Maurice. Tout cela se fait dans une dynamique de coopération régionale dans laquelle je m'inscris totalement. J'ai déjà eu l'occasion de dire que Mayotte vit dans un environnement géopolitique où il n'y a pas intérêt de s'isoler en ignorant la présence des autres et par conséquent d'être ignoré des autres. Le travail de ce groupe est de faciliter les échanges a priori difficiles entre les Comores et Mayotte. Vous remarquerez que je fais bien la distinction entre les deux entités et que je pose le préalable implicite d'une reconnaissance par nos interlocuteurs du choix de société que les Mahorais ont fait, à savoir notre appartenance à la France.
 
 
Mayotte Hebdo : Concrètement, comment les choses se sont passées ?
Ahamed Attoumani Douchina : La participation des Mahorais à ce GTHN était une opportunité qu'il ne fallait pas rater, parce que jusqu'alors les discussions entre l'état français et l'état comorien en termes de relations bilatérales et même en terme de coopération régionale se déroulaient sans nous. Notre participation à côté des représentants du gouvernement français et de notre diplomatie nous ont permis non seulement d'être témoins de ce qui pouvait se dire, mais aussi d'intervenir pour défendre la position de Mayotte.

Mayotte Hebdo : Quelle a été l'attitude des autorités comoriennes ? Dans quel climat se sont déroulées les discussions ?

Ahamed Attoumani Douchina : La réunion du 4 juin a permis de mettre en place des rencontres futures. Il y aura un groupe de tête comprenant une partie française et une partie comorienne. Celui-ci supervisera deux sous-groupes : un chargé des conditions de circulation des biens et des personnes entre les Comores et Mayotte et vice-versa, et l'autre chargé de la coopération entre les deux entités. Les groupes se rencontreront d'une manière plus ou moins fréquente, tantôt à Moroni, tantôt à Mayotte. Mon sentiment général de ce que j'ai vécu est le suivant. J'ai rencontré des interlocuteurs sérieux et soucieux d'établir des dialogues respectueux, responsables et surtout adultes. Dans ces conditions, les élus mahorais sont tout à fait disposés à dialoguer.

Mayotte Hebdo : La semaine dernière, Sarah Mouhoussoune regrettait dans nos colonnes le fait que vous soyez parti à Paris avec deux conseillers généraux sans avoir réuni l'ensemble des élus. Elle estimait que votre manière de procéder était incorrecte, quelle réaction cela vous inspire ?

Ahamed Attoumani Douchina : Le problème de Sarah Mouhoussoune est qu'elle pense être la seule habilitée, la seule compétente à représenter le conseil général dès qu'il s'agit de discuter avec les Comores. Je peux comprendre son engagement dans ce domaine bien précis. Mais je devais aller à Paris avec deux élus et je peux vous assurer qu'ils ne sont pas membres de mon parti puisque M'hamadi Abdou est du MDM et Ibrahim Aboubacar du PS. Je les ai choisis pour leur maturité et leur expérience et surtout pour leur vision objective.

Propos recueillis par Faïd Souhaïli

UNE Mayotte Hebdo N°384 – Vendredi 06 juin 2008

UNE Mayotte Hebdo N°384 - Vendredi 06 juin 2008

Ouverture régionale

Premier pas vers Maurice

 > Recours électoraux – 5 annulations recommandées
 > Société – les subventions ont-elles tué le bénévolat ?
 > Justice – un douanier et un transitaire accusés de corruption
 > Magazine – de l'escalade à Mayotte

 

06/06/2008 – Escalade – A l’assaut des montagnes

Tout a commencé en 2003, quand Steph Eugène a découvert la falaise de Boungoudravani, située sur la presqu'île de Bouéni, et a demandé à Marc Troussier, de la Fédération française de la montagne et de l'escalade (FFME), des fonds pour l'équiper. Steph a ainsi pu équiper 5 voies au tamponnoir. Après son départ, quatre amis décident de créer l'association et de s'atteler à une deuxième vague d'équipement à la fin du mois d'août 2006, en faisant une centaine de trous grâce à un groupe électrogène et un perforateur. Depuis janvier 2007, le site et ses 20 voies de 12 à 35 mètres, de difficulté 5a à 7a, a obtenu la convention de la FFME en tant que site sportif d'escalade.

 

Magnésie et torticolis

Pour accéder au site, il faut prendre le sentier qui part en face de la scierie, près de la base nautique d'Hagnoundrou, et monter à pied pendant environ une demi-heure. Dans une végétation luxuriante où résonnent les cris des makis, le contact des corps contre la pierre a une résonance très particulière où le dépassement de soi se conjugue avec le rapport direct à la nature. "Les efforts physiques sont intenses mais brefs. L'escalade demande beaucoup de sang-froid et une certaine technique qui demande beaucoup d'apprentissages. Par rapport aux parois artificielles, on développe des appuis dont on n'a pas l'habitude. Mais on progresse vite car il y a beaucoup d'échanges entre les grimpeurs et tout le monde se donne des conseils", explique Aurore, les mains pleines de magnésie.

Grâce aux chaussons anti-dérapants, et bien sûr l'assureur qui doit lutter contre le torticolis à force de relever la tête, l'escalade est plus facile qu'il n'y paraît, et on peut avoir une sensation de danger et de vide tout en ayant une certaine sécurité. C'est ce genre de sensations grisantes que recherche Mélanie Labeille, la vice-présidente de l'association : "L'escalade fait appel au sens de l'équilibre, et j'adore descendre en rappel !"

Julien Soria, grimpeur depuis un an et demi, monte souvent en tête, il passe le premier pour faire passer la corde au relais et permettre aux autres de grimper "en moulinette". Il précise qu'il existe des tas de pratiques différentes de la "falaise-école" de Boungoudravani : "Par exemple, le "terrain d'aventures" qui n'est pas équipé et où il faut des "coinceurs" pour remplacer les points d'ancrage et ne pas laisser de traces sur la montagne". A Mayotte, on peut aussi faire du bloc sur "la plage des Seychelles" à marée basse, des blocs pourraient également être ouverts à Acoua et Mtsangadoua, et même le mont Choungui serait équipable… Une subvention du conseil général a permis d'acheter le matériel, mais il manque des personnes capables d'équiper des parois.

Comme lors de la Fête de l'escalade qui a eu lieu les 16 et 17 juin 2007, quand Guillaume Schendiwann était président, Aurore aimerait faire venir un moniteur de la Réunion avec un brevet d'Etat pour faire un stage d'initiation d'une semaine au mois de juin. Et faire partager son expérience pour que l'escalade mahoraise continue de se développer.

Julien Perrot

Contact et tarifs : Aurore Baillavoine : 0639 29 17 26.
Licence découverte à 2 euros.
Licence à l'année : 75 euros, dont 35 euros pour l'association.

06/06/2008 – MR BRICOLAGE à Maurice -Le groupe Cananga investit dans la région

La Société des plantes à parfums de Mayotte, la SPPM, a su évoluer depuis son rachat il y a 50 ans par Fidahoussen Kakal, reprise par son fils Ismaël Kakal, puis son petit-fils Gamil Kakal et sa nouvelle dénomination, Cananga, en 2001. La transformation du riz avec la Rizomay, les outils et matériaux de construction avec Batimax, l'aménagement et la décoration de la maison avec Méga, le ciment en association avec le numéro 1 mondial, le français Lafarge, qui a permis la construction de 4 silos à Longoni en 2001 pour assurer l'approvisionnement aux normes européennes de ciment sur une île en travaux, l'embouteillage de gaz avec la Somagaz en 2008, aboutissant à la première entreprise aux normes Seveso 2, le magasin M. Bricolage enfin, dans la zone commerciale de Hamaha, qui devrait voir sa surface de vente augmenter de 80% prochainement… En tout ce sont 12 sociétés qui emploient 200 personnes.

Après 50 ans d'activités à Mayotte, le groupe dirigé par la famille Kakal réalise actuellement 50 M€ de chiffre d'affaires et figure parmi les 100 premières entreprises de l'océan indien. En 2008, l'objectif fixé par le président du directoire Gamil Kakal, titulaire d'un MBA d'HEC, est d'atteindre les 60 M€ de CA. La nouvelle activité à Maurice et le rachat d'une société mahoraise à la fin 2007, chargée de commercialiser différentes marques rassemblées sous l'appellation Distrimax, devrait y participer.

Cette entreprise, qui a su prendre le virage de la modernité sous la houlette de son jeune président, a toujours su s'investir dans la vie économique et sociale, de la fondation et la présidence du Groupement patronal de Mayotte (ancêtre du Medef Mayotte) au sponsoring de nombreuses manifestations, de la mise ne place d'une cantine très appréciée de ses salariés à des conditions de travail et salariales enviées sur la place, cette société a toujours su participer aux avancées sociales et économiques de l'île. Gamil Kakal, âgé d'une cinquantaine d'années, a d'ailleurs été élevé au grade de Chevalier de l’Ordre national du mérite français par le Président de la République le 25 juillet 2006.

 

Une étape pour l'économie mahoraise

Alors que l'on parle de plus en plus d'ouverture sur la région, cette semaine ce groupe mahorais a franchi une nouvelle étape. Le projet mûrissait depuis 5 ans. Il "témoigne, en premier lieu, de la confiance de ses actionnaires et de ses dirigeants dans la stabilité politique de Maurice dans une région qui a connu et connaît encore de fréquents soubresauts. Confiance également, Madame la ministre, dans la politique économique de votre gouvernement qui a su habilement attirer les investisseurs étrangers, tout en leur offrant un environnement propice à l’épanouissement de leurs projets", a déclaré Gamil Kakal à la ministre de l'économie Indira Seebun présente pour l'occasion, à la tribune installée devant le magasin situé dans le grand centre commercial à Trianon, au centre de Maurice. Une quarantaine de cadres du groupe, des partenaires et amis avaient fait le déplacement depuis Mayotte, mais on trouvait aussi les principales personnalités économiques mauriciennes, ainsi que réunionnaises, comme François Caillé ou Alain Foulon de l'Eco Austral.
Avec un associé mauricien (à 30%) important investisseur dans l'immobilier commercial en particulier, ce projet a pu voir le jour grâce à l'engagement de toute l'équipe de Cananga, dont des cadres ont quitté Mayotte pour en assurer la mise en place. C'est ainsi que Jean-Luc Le Run, précédemment à Mayotte, en assure la direction, sur place depuis un an, avec Sylvain Lannoy et 31 employés. L'objectif fixé était l'ouverture le vendredi 30 mai à 9h30 : "cet objectif a été tenu au prix d'un dépassement de soi", pour lequel Gamil Kakal a tenu à féliciter chaleureusement tous ses collaborateurs.

Dans les 5 ans à venir, il est prévu l'ouverture de 2 autres M. Bricolage à Maurice. La croissance économique de 6% par an depuis 10 ans dans ce pays voisin est un argument fort. Le groupe Cananga, au vu du succès de l'enseigne à Mayotte, a obtenu la carte pour Mayotte, mais aussi Maurice et les Seychelles.
Il s'agit de "porter haut les couleurs françaises" a conclu Gamil Kakal avant de remercier les nombreuses personnalités présentes, parmi lesquelles le président du conseil général de Mayotte Ahamed Attoumani Douchina, le député Abdoulatifou Aly, le sénateur Soibahaddine, le maire de Mamoudzou et plusieurs conseillers généraux qui ont profité de ce déplacement pour nouer des liens avec les autorités mauriciennes.

 

Une économie mauricienne en plein essor

La ministre de l'économie mauricienne Indira Seebun a salué dans cette inauguration "un signe encourageant et positif", montrant que "le désir d'ouverture de Maurice a trouvé un écho favorable dans un pays en pleine mutation". La ministre a mis en avant le fait que ce développement économique dégage des moyens financiers qui "permettent de lutter contre les précarités". "Le pessimisme présent pendant des années laisse la place à l'optimisme", a continué la ministre qui a rappelé que le PNB par habitant se situe désormais à 7.000 $ par an.
Les investissements étrangers se sont ainsi élevés à 15 milliards de roupies en 2007, dans les finances, le tourisme ou l'éducation. "L'île Maurice et la France ont des affinités culturelles et linguistiques", a rappelé la ministre dans un français impeccable, précisant tout de même que "la réussite économique demande une vigilance de tous les instants". Son espoir est que "les investisseurs étrangers et mauriciens puissent construire un avenir commun", a-t-elle conclu avant de couper le ruban et de visiter les 2.700 m2 de ce magasin, symbole d'une Mayotte française qui s'ouvre sur la région.

Laurent Canavate

M. Bricolage à Trianon

Cette ouverture a nécessité un investissement de 175 millions de roupies mauriciennes, soit près de 4,5 M€. 36.000 articles sont en rayon sur 2.700 m2 de surface de vente avec 600 m2 de réserve. On y trouve des rayons dédiés à la quincaillerie, à l'électricité, aux outils, à la décoration, à la plomberie, au bois, au jardinage, aux sanitaires et aux matériaux. 31 salariés y travaillent sous la direction de Jean-Luc Le Run.


Le groupe M. Bricolage

Yves Lafargue, dirigeant du conseil d'administration du groupe M. Bricolage et bon connaisseur de Maurice, a fait le déplacement. Il s'est rappelé, à la tribune, 10 ans en arrière, quand il était venu inaugurer et diriger l'entreprise MFD dans le port franc. 1.300 personnes y travaillent aujourd'hui.
Il a rappelé les 525 magasins de ce groupe français, sous les enseignes M. Bricolage et Catena, dont 60 répartis dans 13 pays et représentant 150.000 m2. Le groupe emploie 11.000 collaborateurs et réalise un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros, s'appuyant sur la centrale basée à Orléans. 90.000 m2 ont été ouverts en 2007 et 11 magasins devraient ouvrir en 2008, pour un total actuellement de 1,2 million de m2 de surface de vente à travers le monde.
Trois défis conditionnent le développement de ce groupe français. Tout d'abord fonder les décisions sur la satisfaction des clients. Ensuite travailler dans le cadre d'un "développement durable, calculé et progressif" avec par exemple des peintures sans solvant, des ampoules à économie d'énergie, des bois issus de forêts à gestion raisonnée. Et enfin la réussite des franchisés.
Personnalité reconnue du monde économique français, ancien dirigeant de différents grands groupes (Promodès, Groupe Bolloré), expert auprès de la Chambre d’arbitrage de la logistique, Yves Lafargue a tenu à saluer "le véritable entrepreneur, la réussite exceptionnelle et les expériences concluantes", enregistrées par le groupe Cananga et Gamil Kakal.

02/06/2008 – Lutte contre les arboviroses – Le plan Combi pour faire changer nos comportements

02/06/2008 – Lutte contre les arboviroses – Le plan Combi pour faire changer nos comportements

Le plan Combi veut d'une part faire prendre conscience à la population mahoraise qu'elle crée quotidiennement des situations favorables à la prolifération des moustiques, et d'autre part l'amener à supprimer elle-même les situations de risque qu'elle a créée. Différents partenaires escortent la Dass dans cette aventure, à savoir la préfecture, le conseil général, la caisse d'allocation familiale, le vice-rectorat, pour ne citer que les principaux.
Contrairement à ce que l'on peut imaginer, Combi est un plan simple et réaliste. Combi présente trois gestes très efficaces pour l'élimination des nids à moustique : "couvrir les réserves d'eau, vider les récipients inutiles contenant de l'eau, jeter systématiquement ces récipients à la poubelle." Ces trois gestes sont à accomplir une fois par semaine car il faut environ 7 jours pour qu'un œuf devienne un moustique.
 
 
Nous sommes tous des leaders d'opinion

Pour amener les individus à adopter les trois gestes précités, le plan Combi s'articule autour de cinq axes. Appelé "mobilisation administrative", le premier vise à sensibiliser tous les "leaders d'opinion". Le rôle des élus, des cadis, des chefs de service est jugé "capital" dans le plan Combi. On le sait bien, ils ne sont pas les seuls.
La "mobilisation communautaire", le second axe, vise à mobiliser la population. Le plan Combi s'accoudera sur toutes manifestations organisées dans les communes et en milieu scolaire, le secteur associatif étant "un relais important d'information et d'action auprès de la population". Dans ce sens, un jeu "Prévention des arboviroses" (encadré) qui commence ce dimanche 25 mai et qui s'étale jusqu'au 31 décembre 2008, sera organisé sur dix manifestations socioculturelles.

Lors de ces évènements, un stand de la Dass sera installé, tenu par des personnes formées pour informer et sensibiliser le public. Un concours "Quartier sans nids à moustiques" est organisé dans quatre communes : Labattoir, Acoua, Chiconi et Chirongui, respectivement les 31 mai, 7, 14 et 21 juin. La population sera fortement sensibilisée dans la période de retour des hadjs, les pèlerins de la Mecque. Enfin, dans le milieu scolaire, différents dispositifs pouvant faire des élèves des agents de communication auprès de leurs parents sont envisagés.

Des pictogrammes véhiculent les trois gestes

Les annonces publicitaires constituent le troisième axe du plan Combi. Elles sont visibles dans les différents supports médiatiques jusqu'à la fin de l'année. Pour que chacun puisse comprendre au premier regard le comportement à adopter, trois pictogrammes simplifiant les trois gestes ont été créés par l'agence Nautilus Ukia.
La "communication interpersonnelle" est la quatrième stratégie développée par Combi. Elle passe par des actions de terrain menées avec des agents de prévention, le personnel de terrain de la DSDS (Direction de la solidarité et du développement social) du CG, les agents contractuels de la Dass, les chefs d'équipes de la LAV (lutte anti-vectorielle), les responsables d'associations, etc. Ils se déplacent avec les nombreux dépliants d'information conçus pour cette occasion.

Le dernier axe n'est pas moindre et il s'accole avec les précédents. Les éducateurs de santé sont présents dans "les points services" qui sont les structures de soins ou de services pour propager notre sensible message. Aussi, les dépliants et brochures sont disponibles dans différents guichets de l'île, les structures jeunesse, les centres d'information et de documentation en milieu scolaire.
C'est avec l'effort de chacun que nous pouvons arriver à changer nos comportements et pour que les trois gestes simples et réalistes du plan Combi deviennent des réflexes.

Rafik

Qu'est-ce qu'une arbovirose ?

Le terme arbovirose vient de l'abréviation de l'anglais "arthropod born virus", c'est-à-dire "les virus transportés par des vecteurs". Autrement dit, ce sont les maladies virales transmises par des moustiques notamment. La liste des arboviroses est longue, en voici quelques exemples : le chikungunya, la dengue, la fièvre jeune, la fièvre de la Vallé du Rift…
Selon l'étude réalisée par la Cire Réunion-Mayotte en collaboration avec la Dass en novembre 2006, les arboviroses déjà connues à Mayotte sont :
– le chikungunya : 38% la population atteinte lors de l'épidémie de 2006. Nombre d'individus séropositifs à un moment donné pour un microbe et une population donnée.
– la dengue : 23% de la population garde une sérologie positive à cette maladie. Ce résultat montre que la dengue a existé à Mayotte les années passées.

En 1 mois, 2 moustiques donnent naissance à 200.000.000 !

L'évolution naturelle de la densité des moustiques est inquiétante, plus qu'impressionnante. Si pendant quatre semaines on laisse deux moustiques, un mâle et une femelle, dans un gîte larvaire dans notre environnement de vie, ces derniers peuvent donner naissance à 200.000.000 moustiques !
La lutte chimique réduit seulement le nombre de moustiques adultes dans l'air, mais ne casse pas la chaîne de reproduction. La vraie lutte pouvant détruire cette chaîne reste cependant l'élimination des gîtes, dans la mesure où on empêche les moustiques de se reproduire.
Le plan Combi proposé par la Dass nous incite à créer un obstacle à la ponte des femelles en couvrant l'eau et supprimant les lieux de ponte en les vidant avant la ponte et l'éclosion des larves et en jetant les récipients à la poubelle.
Le plan Combi présente moins de contraintes, de danger et de frais pour la société que l'épandage régulier de produits potentiellement nocifs pour notre santé aussi. Pour ceux qui se demandent si la lutte chimique n'est pas plus efficace et moins contraignante, les opérateurs de Combi on de vrais arguments :
– le coût : vider un récipient ne coûte rien, tandis que la lutte anti-vectorielle mobilise du personnel, des équipements, des produits, etc.
– la pénibilité : en période de forte chaleur, le travail de pulvérisation est pénible et les terrains parfois difficiles d'accès pour les agents.
– l'efficacité : l'élimination des lieux de ponte empêche les moustiques de se reproduire, on attaque le problème à la base.
– l'environnement : outre la protection du territoire, le changement de comportement permet également de limiter l'accumulation de déchets ménagers.

Quels sont les "quartiers sans nids à moustiques" ?

Le concours "Quartiers sans nids à moustiques" qu'a mis en place la Dass dans le cadre de la démarche Combi, se déroule dans les communes de Labattoir le 31 mai, Acoua le 7 juin, Chiconi le 14 juin et Chirongui le 21 juin, de 10 à 17h. En organisant ce concours, la Dass souhaite associer la population mahoraise dans la lutte contre les arboviroses. Cette action nécessite cependant le concours des élus, maires, conseillers municipaux et généraux, des associations villageoises et des Sivom.
Dans ce sens et au-delà de la sensibilisation de la population sur l'imminence du danger des maladies transmises par les moustiques, l'objectif principal du concours est d'inciter les gens à éliminer tous les gîtes larvaires présents dans les quartiers par l'adoption des trois gestes simples de Combi : "couvrir les réserves d'eau, vider les récipients inutiles contenant de l'eau, jeter systématiquement ces récipients à la poubelle".
Les inscriptions au concours "Quartiers sans nids à moustiques" sont gratuites et devront être faites auprès des services jeunesse des communes précitées. Chaque équipe sera composée au minimum de 5 personnes âgées de 16 ans à la date du concours. Ses autres membres peuvent avoir de 0 à 99 ans. Chaque groupe de participants nettoie le quartier dans lequel il réside. Un trophée, des diplômes "symboliques" et des tee-shirts leurs seront décernés à la fin de la journée. Les participants garderont surtout "la fierté d'avoir participé à une action citoyenne pour le bien et la santé de tous".

02/06/2008 – Bouyouni – Un pont qui bat tous les records

Ce vendredi, 76 tonnes d'acier sont attendues au port de Longoni, envoyées de Metz par l'entreprise métropolitaine Berthold qui conçoit cette charpente pour la SMTPC, en charge de l'ensemble du chantier. Débutés en septembre dernier, les travaux ont mobilisé une équipe permanente de quinze personnes, plus cinq autres pour les forages. D'un coût total de 3 millions d'euros, le pont sera livré mi octobre au lieu de fin septembre comme prévu initialement, un léger retard du aux longues intempéries de début d'année.
Partie la plus impressionnante de l'ouvrage, les forages et la mise en place des neuf pieux qui soutiennent ce pont constituent un record. Sous-traitant de la SMTPC, l'entreprise réunionnaise For in Tech, spécialiste des forages, fondations spéciales et reconnaissance des sols, a creusé jusqu'à 32,60 mètres pour certains pieux, à savoir une hauteur supérieure à celle de la grue. Pour réaliser cet exploit, l'entreprise a fait venir sur l'île une foreuse de 45 tonnes, machine exceptionnelle qui a connu bien des mésaventures. Partie de la Réunion en octobre, elle n'est arrivée qu'en décembre sur l'île, a été détériorée lors de son déchargement à Longoni et n'a pu entamer les travaux que fin janvier.
 
 

"Nous n'avons pas le droit à l'erreur"

Le 22 avril, les neuf pieux, trois pour chaque appui du pont, d'un mètre de diamètre chacun, étaient tous installés. La composition des sols et de l'ouvrage ont imposé une telle profondeur de forage jamais égalée à Mayotte. For in Tech Mayotte a employé une équipe de 5 personnes pour le forage, aidées par l'équipe de la SMTPC pour certaines phases comme le bétonnage des pieux.
A ouvrage exceptionnel, mesures exceptionnelles. Ainsi, tous les bétons du chantier sont produits par une centrale installée sur le site, une première pour un chantier de génie civil, due à une volonté d'avoir un béton de la meilleure qualité possible. "Il y a beaucoup de contraintes sur un ouvrage de ce type, nous n'avons pas le droit à l'erreur, souligne Louis-Marie Guyader, le conducteur de travaux. Il faut également faire très attention à l'environnement, à la rivière. Dans l'ensemble, les travaux se passent bien, pas de problème majeur, des délais respectés, être une petite équipe permet de travailler dans une bonne ambiance."
Le jeune ingénieur savoure le privilège de gérer un tel chantier, des relations avec l'architecte à la gestion financière, celle des hommes et du matériel, il est responsable de tout. Le pont de Bouyouni est son quatrième chantier depuis qu'il a commencé, le premier de génie civil, qui correspond à sa formation. "C'est différent du bâtiment, qui est très répétitif, le génie civil est différent à chaque fois."
Confirmation d'Emmanuel Legendre, son chef de chantier, le seul de la SMTPC à s'occuper de ce type de travaux et qui ne cèderait sa place pour rien au monde. Il s'est déjà occupé des ponts de Passamainty, Bandraboua, Dembéni. Son équipe reste la même, un noyau dur formé au fur et à mesure en interne aux permis Caces, à la direction d'équipe, la lecture de plans, au secourisme…
"Le travail en génie civil se fait en phasages, explique M. Guyader, c'est différent du bâtiment qui s'organise plutôt au quotidien, d’où le maintien d'une même équipe. Nous essayons de les impliquer au maximum dans la sécurité et la propreté du chantier."

 

Une sécurité maximum

Surveillé comme le lait sur le feu, le chantier est suivi en permanence par un agent de la DE, déléguée à la maîtrise d'œuvre par la mairie de Bandraboua. Il vérifie la qualité du béton et toutes les phases des travaux. L'entreprise Veritas est présente pour veiller à la sécurité du chantier, la police de l'eau s'assure du maintien de la qualité de la rivière. Un tri des déchets est mis en place, l'acier est récupéré par une personne qui les envoie vers l'Inde, le reste transmis à la Star ou à la décharge.
Une fois le nouveau pont construit, il faudra démolir l'actuel et casser la route pour la création d'embranchement sur chaque berge. Pour l'heure, on attend les 76 tonnes d'acier en espérant que le déchargement et le transport jusqu'au chantier ne posera pas de problème majeur. Berthold fournit quatre profilés métalliques de 46 mètres de long. Une fois posés ils accueilleront les 54 dalles de béton préfabriquées, puis l'enrobé fait par la Colas.
La foreuse reste pour l'instant à Mayotte, dans l'attente des chantiers des ponts de Kwalé et Dzoumogné, pour lesquels la SMTPC est candidate. La DE prévoit de réaliser un ouvrage de ce type par an. Quoi qu'il arrive, "le pont de Bouyouni est à la limite de ce qu'il est possible de réaliser à Mayotte", précise Louis-Marie.

Hélène Ferkatadji

UNE Mayotte Hebdo N°383 – Vendredi 30 mai 2008

UNE Mayotte Hebdo N°383 - Vendredi 30 mai 2008

Espèces menacées

Touche pas aux requins !

 > Bouyouni – un pont qui bat tous les records !
 > Société – un plan pour éliminer durablement les moustiques
 > Tounda – 14ème festival de l'image sous-marine

UNE Mayotte Hebdo N°382 – Vendredi 23 mai 2008

UNE Mayotte Hebdo N°382 - Vendredi 23 mai 2008

Développement durable

Ile en Danger

 > Diplomatie – nouvelles relations avec les comores
 > Education – nouvelle méthode de lecture
 > Grande Comores – chasse aux filles sexy

23/05/2008 – Relations France – Comores – Yves Jégo annonce « une nouvelle entente »

Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outremer n'avait plus assez de doigts pour citer tous les sujets abordés avec le président de l'Union des Comores Abdallah Sambi. Pendant deux heures, les deux hommes ont discuté d'un revirement à 180° de leurs relations. Même si le quai d'Orsay était représenté avec le secrétaire d'Etat à la Coopération Alain Joyandet, c'est bien un grand pas en avant qui a été effectué cette fin de semaine avec l'accueil du membre du gouvernement français responsable de Mayotte et non pas d'un représentant des Affaires étrangères.
Avec les "Accords de la case Rocher" entre l'Union africaine, l'Union des Comores et la France, c'est le deuxième signe d'une reconnaissance informelle du statut choisi par les Mahorais. Notons qu'en plus, le secrétaire d'Etat est venu de Mayotte pour rejoindre Moroni, puis est reparti vers Mayotte. Yves Jégo, entre ces deux visites expresses de 4 heures chacune jeudi puis vendredi, a du négliger la presse locale en ne lui offrant que quelques minutes d'un séjour express dans l'archipel. Ceci étant les informations qu'il avait à annoncer sont suffisamment importantes pour passer sur cette petite frustration.
La France envisage la fin du visa Balladur pour lui préférer des visas saisonniers, voire de très courte durée dans un cadre de visites familiales, beaucoup moins exigeants. En revanche, les règles resteront les mêmes par rapport à une volonté des Comoriens de s'installer à Mayotte. A ce propos, Yves Jégo a fait remarquer que l'immigration légale entre "les quatre îles sœurs", était passé de 200 personnes en 2006 à 300 en 2007.
Par ailleurs, deux grands axes de travail ont été envisagés. L'un correspond au groupe de travail de haut niveau qui se réunira à Paris le 4 juin avec des élus mahorais. Le second concerne la coopération avec la création d'une maternité à Anjouan et le développement de son agriculture afin d'importer ses fruits et légumes à Mayotte. La levée des restrictions appliquées par la DSV se rapproche. "Nous voulons mettre fin aux raisons qui poussent les Comoriens à immigrer à Mayotte", a insisté Yves Jégo.
 

"Mayotte est comme cette sœur qui a épousé quelqu'un que personne ne voulait dans sa famille"

"C'est une nouvelle entente. Nous tenons chacun les mêmes propos depuis 35 ans. Nous n'avons pas la volonté de les oublier mais de les surpasser. Mayotte est comme cette sœur qui a épousé quelqu'un que personne ne voulait dans sa famille. Des conflits naissent mais il va pourtant falloir s'entendre. A ce titre, nous avons évoqué la coopération économique avec la création d'une zone de libres échanges des marchandises, l'accord sur la libre circulation des personnes mais pas son libre stationnement. Nous voulons sortir d'une logique d'affrontement qui aboutit à des drames humains", analyse le tout nouveau secrétaire d'Etat à l'Outremer.
Dans une dernière réponse qui ne manquait pas de panache, Yves Jégo a expliqué que pour lui, quand l'Union des Comores voyait dans la migration de sa population vers Mayotte un exode rural et qu'en revanche les Français considéraient cette migration comme une immigration illégale, il fallait y voir "deux vérités comme un verre qui serait pour une partie à moitié vide et pour l'autre à moitié pleine. C'est la même chose".
Encore une fois, un secrétaire d'Etat est passé en coup de vent chez nous, mais cette fois-ci sa visite n'a pas été inutile et seulement symbolique. C'est une avancée courageuse que tente le gouvernement français. Cela ne veut pas dire que la France renonce à sa politique de coercition et à sa lutte sur le terrain contre l'immigration clandestine, mais elle développe une alternative aux reconduites à la frontière.

Gérôme Guitteau


Des relations bilatérales au beau fixe entre Moroni et Paris

Alain Joyandet et Ahmed Ben Saïd Jaffar, respectivement secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie et ministre des Relations extérieures des Comores, ont signé jeudi peu après 21 heures, deux conventions de financement dites "post-conflit et d’urgence".
La première convention, d’un montant de 410.820.000 FC (835.000 €) et la seconde de 147.600.000 FC (300.000 €), doivent permettre la relance rapide de la coopération. Très précisément, ce financement servira au paiement des arriérés de salaires des agents de l’Etat et autres fonctionnaires civils à Anjouan et au renforcement de l’administration publique dans l’île par l’achat de mobilier de bureau et de matériel informatique.

Dans le communiqué conjoint signé par les deux parties, il a été annoncé "la prochaine réouverture de l’antenne consulaire française sur l’île d’Anjouan", les signataires se félicitant "du climat amical ayant présidé à cette rencontre qui ouvre de nouvelles perspectives pour des relations séculaires entre les deux pays", les Comores et la France.
Au sujet des questions brûlantes de l’heure – Mayotte et Mohamed Bacar – le communiqué souligne un examen "de plusieurs sujets d’intérêt commun, notamment la question de Mayotte, la circulation des personnes et des biens entre les îles de l’archipel, le traitement réservé aux Comoriens des autres îles à Mayotte, ainsi que la demande d’extradition de Mohamed Bacar et ses affidés", prenant bien soin d’omettre de parler de "l’île comorienne de Mayotte".

23/05/2008 – Manuel scolaire – Azad et Laura vous apprennent à lire

"Ces livres marquent un tournant dans la politique du vice-rectorat." C'est sur cette affirmation très forte que le vice-recteur a présenté lundi matin les deux tomes de "J'apprends à lire avec Azad et Laura". Accompagnés de leurs cahiers d'exercices et du livret du professeur, ces ouvrages représentent la nouvelle méthode de lecture pour les élèves de CP, entièrement confectionnée à Mayotte par les équipes du vice-rectorat sous la houlette de Jean Villerot, adjoint au vice-recteur chargé du premier degré, et par le CDP dont le directeur n'est autre que le président Ahamed Attoumani Douchina.
Un "moment exceptionnel" pour M. Cirioni, que la sortie officielle de ces manuels, fruits d'une commande de l'inspection générale, qui sont en totale conformité avec les derniers textes et programmes officiels, tout en prenant en compte le contexte mahorais. Azad le petit mahorais et Laura la petite m'zungu entraînent ainsi les enfants de Mayotte à la pêche en pirogue, à la course de pneu, à la plage, voir les makis… "Enfin des livres dans lesquels on ne parle pas de neige à des enfants qui ne savent pas ce que c'est", a ironisé le président Douchina.
Mais "Azad et Laura", c'est bien plus que ça. Ce sont toutes les données pédagogiques des programmes légaux de la République française, avec la prise en compte de la culture de Mayotte et des îles en général. Une nouvelle méthode de lecture pour les dix années à venir, qui s'accompagnera d'une formation des enseignants. Ces manuels seront d'ailleurs un outil de la coopération régionale dont il est tant question en ce moment en servant à nos voisins des Comores et de Madagascar. C'est également pour le vice-rectorat un outil de sensibilisation à l'usage de la langue française.
 
 

"Les maires doivent jouer le jeu"

Les 4×3 publicitaires annonçant la sortie des ouvrages n'ont bien sûr pas vocation à vendre, mais plutôt à toucher un autre public que les scolaires. "Si ces publicités se trouvent à côté de celles pour les voitures et les téléphones portables, c'est bien pour montrer aux parents que le livre est aussi utile et important que la voiture ou le téléphone", expliquait M. Cirioni lundi aux enseignants, conseillers pédagogiques et maires présents. "Nous savons que le français est très peu pratiqué à la maison, c'est entre autre pour y remédier que nous avons mis en place l'école des parents avec la politique de la ville. En fin d'année, chaque parent reçoit un petit diplôme pour son travail. A partir de cette année ils recevront également un exemplaire d'Azad et Laura, pour mieux s'intéresser à l'apprentissage de leur enfant."
Auteurs de ces deux manuels, Maryvonne Klein, Jacqueline St Julien et Odile Villiers-Moriamé, respectivement conseillère pédagogique, chargée de mission pour la maîtrise de la langue et maître formateur, ont accepté d'abandonner leurs droits d'auteur, pour leur travail bénévole, au CDP, permettant de mettre en vente les manuels au faible prix de 6€, censé inciter les maires à les commander pour leurs écoles.
"Les maires doivent jouer le jeu, a averti M. Douchina. Ce livre doit être entre les mains de tous les élèves de CP à la rentrée prochaine." Le président s'est réjoui de l'évolution du CDP sous sa direction, "quand je suis arrivé à la tête du CDP nous ne faisions que de la reprographie, grâce au soutien du vice-rectorat nous avons pu embaucher un infographiste et proposer des manuels adaptés aux élèves mahorais."

 

D'autres livres scolaires "made in Mayotte"

Ces manuels 100% mahorais, il y en aura d'autres. Pour la rentrée 2008 un manuel d'Histoire pour l'école élémentaire doit sortir. En plus du programme officiel, chaque chapitre comportera une partie "pendant ce temps là à Mayotte…" afin de permettre aux élèves mahorais de suivre l'évolution de leur île et de leur région en même temps que celle du monde. Un livre de Géographie du même type, toujours pour les primaires, sortira pour la rentrée 2009. Ces manuels sont tous le fruit de la collaboration des équipes du vice-rectorat et du CDP, une pratique exceptionnelle : en métropole les livres scolaires sont conçus par des entreprises d'édition privées.
Lundi, les maires des 17 communes ont reçu un exemplaire des ouvrages, les tous premiers ont eux été transmis à… Xavier Darcos. Souhaitant qu'à leur lecture le ministre de l'Education Nationale soit autant pris de passion pour l'éducation des Mahorais que l'équipe qui a conçu "Azad et Laura".

Hélène Ferkatadji



La collection Maesha
 
En même temps qu'"Azad et Laura", le vice-rectorat et le CDP ont fêté la sortie du premier ouvrage de la nouvelle collection Maesha : "Ousnati et Dalifa". Cette collection d'albums de littérature jeunesse qui s'adresse à tous les cycles permet de compléter les manuels scolaires et d'accompagner les apprentissages fondamentaux. Ils sont tous conçus à partir de l'environnement de Mayotte. A la recherche d'une fleur blanche pour mettre dans leurs cheveux, Ousnati et Dalifa traversent la nature et rencontrent crabes et poissons de mangrove, makis et roussettes. Vendu 5€ au CDP, l'ouvrage s'accompagne d'un livret pédagogique (2€) qui offre des repères et des pistes d'exploitation de l'ouvrage en lien direct avec les programmes de l'école primaire. Les textes et le livret sont de Jean Villerot, les illustrations de Solen Cap, la maquette réalisée par le CDP.

Mai 2008 – Lieu dit – Hamaha, la ville nouvelle

Si jamais le paysage métropolitain, les immeubles vous manquent, une solution s'offre à vous : Hamaha, la ville nouvelle. En pénétrant dans cette zone au nord de Mamoudzou, à la frontière avec Koungou, quelle que soit l'entrée, la différence entre l'île tropicale que représente Mayotte et n'importe quel centre-ville de France est sans conteste. Le changement demeure radical. Plus de cocotier, plus de verdure, aucun signe d'eau de mer à l'horizon et encore moins d'animaux sauvages.
"Quand nous sommes en plein cœur de cette ville, on oublie qu'on est à Mayotte", affirment les passants qui n'ont jamais quitté l'île. En effet, tous les éléments qui reflètent l'image d'une île exotique disparaissent pour laisser place, instantanément, au béton. Bâtiments qui poussent, chantiers en marche ou en finition… La ville nouvelle est animée par ces multiples projets de constructions.
En journée, on y croise des architectes dirigeant les travaux, des maçons et des peintres, tous munis d'un bleu et d'un casque de sécurité. Des employés distinctement emportés dans leur élan pour certains, ou préoccupés à échanger les faits divers de leur village pour d'autres. En faisant le tour de la zone, plusieurs endroits constituent l'image de la ville nouvelle en dehors des heures de travail : clean et surtout apaisant. On perçoit dans chacune des rues – sans nom – des villas différentes et aussi admirables les unes que les autres. Ces allées n'ont de temps à autre aucune issue, à l'inverse d'autres chemins finissent sur la route principale. Une sorte de labyrinthe géant composé de résidences avec ou sans étage.
Lorsque la nuit tombe, les lumières des foyers et des rues accentuent la vision des lieux comparables à certaines localités françaises. Concernant l'activité, seuls le vidéo club et le M'biwi Café composent les établissements ouverts. Tout est calme : ni chat, ni maki, ni chauve-souris. Il s'agit, à cette période de la journée, de manger puis dormir, en tout cas dans l'apparence physique. Un comportement qui devrait changer selon les habitants de Hamaha, "d'ici deux à trois ans". La ville sera alors nettement plus animée qu'aujourd'hui.
Ceux qui souhaitent effectuer un voyage dans l'Hexagone et découvrir à quoi ressemblent les villes de France savent dorénavant où se rendre. Et ce ne sera qu'un aperçu, en attendant que Hamaha soit définitivement achevé.

Ichirac Mahafidhou
 

Trois questions à Christophe Limousin, concepteur du projet
"Il faut regarder le projet dans son ensemble"

Ancien de la Sim, l'architecte concepteur de ce gigantesque projet a depuis longtemps une vision précise de ce que doit devenir le quartier de Hamaha, quartier qu'il souhaite vivement voir pleinement intégré au village de Majicavo. Mixité sociale est le maître mot de cette ville nouvelle, pour laquelle chaque détail a été prévu à l'avance.

Mayotte Hebdo : En huit ans, votre projet a considérablement avancé. Aujourd'hui une bonne partie des logements sont occupés, l'évolution du quartier correspond-elle à ce que vous imaginiez ?
Christophe Limousin : Le quartier n'est absolument pas fini, il est impossible de tirer des conclusions maintenant, cependant l'évolution correspond à ce que je voulais en faire. L'important pour moi est de relier tous les quartiers pour favoriser l'échange, les voiries ont été conçues dans ce sens. Evidemment il y a des éléments en retard, comme le rond-point qui a été voté par le conseil général il y a quatre ans et que nous attendons toujours, ou les logements de la Sim… Il faut regarder le projet dans son ensemble, pas simplement ce qui existe actuellement, sinon ça ne colle pas. La zone va se remplir peu à peu, il faut toujours penser aux nouveaux éléments qui arrivent : il va y avoir du logement social, des administrations avec prochainement la CSSM, 6.000m² de bureaux, avec un rez-de-chaussée à vocation commerciale, un Shopi face au M'biwi café, un vendeur de fruits et légumes… Sans tout cela le quartier parait évidemment déséquilibré, avec trop de logements, mais c'est loin d'être fini, les voiries sont faites pour accueillir tous ces projets. Il faut voir plus loin dans le temps. J'ai également prévu un immeuble de commerces qui contiendra des locaux d'archivage, à disposition des privés comme les banques, cela manque cruellement pour l'heure. Bien sûr, j'aurai aimé que tout cela soit moins dense, mais la logique économique va à l'encontre de cette vision, c'est normal.

 

"Les espaces verts arriveront en temps voulu"

MH : Il y a eu des ratés, le parc de loisirs, le cinéma, plusieurs projets ont été annulés. On reproche aussi au quartier son manque d'espaces verts et son manque de vie…
Ch. L. : Je ne sais pas ce qu'il en est du projet de parc de loisirs, ni si un autre projet l'a remplacé. Mais si vous voulez des loisirs, il faut rappeler qu'un hôtel va naître sur la plage du pendu, à 5mn du lotissement, il n'y aura qu'à traverser la route. Cet hôtel va développer des terrains de sports, peut-être des activités nautiques, etc. Ces activités profiteront aux habitants de Hamaha. Le cinéma est une affaire compliquée. A l'époque du début des Trois Vallées, vers 2001, j'avais moi-même essayé de faire venir un cinéma. J'étais en contact avec un groupe de la Réunion pour cela. C'était l'époque ou le service culturel montait le cinéma de Mamoudzou, il a fait en sorte de décourager l'installation de ce cinéma privé. C'est bien dommage il y a largement la place pour plusieurs salles. Un projet beaucoup plus récent s'est cassé les dents pendant un an et demi sur le montage financier, il a abandonné. A la place, nous allons faire des logements avec une partie commerciale. Je ne sais pas ce qu'il en est du centre commercial prévu, mais quoi qu'il arrive cette zone est à vocation commerciale, il n'y aura pas de logements.
Les espaces verts arriveront en temps voulu. Si vous regardez bien, Mamoudzou n'en est pas particulièrement pourvue… Le logement est plus urgent. Dans les maisons les arbres vont pousser. Les arbres des premiers jardins commencent à sortir aux Trois Vallées. Il y a 5 hectares d'espaces verts prévus sur les terrains de la Sim, ce sera à eux ou à la mairie de s'en occuper. Il faut penser à l'entretien : si on fait des espaces verts dans les lotissements, il faut un syndic pour s'en occuper, il en faudra un de toute façon pour l'entretien de la voirie et l'éclairage public.

MH : Les logements sociaux de la mairie de Mamoudzou ne sont toujours pas sortis de terre, croyez-vous toujours à cette mixité sociale que vous promouviez en lançant le projet Hamaha ?
Ch. L. : Bien sûr, tout est prévu pour, le problème actuel c'est que personne ne se bouge. Le projet de la mairie a changé tellement de fois que je ne sais pas à quoi il va ressembler, mais il sortira un jour. Avec il y a aura des écoles, un plateau sportif, une mosquée… tout cela intégrera la population de Majicavo Lamir au quartier, le village aura une cohérence. La mixité, c'est créer des lieux de convergence entre les quartiers, toutes ces installations, de même que les commerces, vont organiser la vie du quartier. Les gens se croiseront aux mêmes endroits. Pour l'instant le M'biwi est le seul endroit où il y a de l'animation en extérieur, le bar est d'ailleurs très actif dans l'activité du quartier. La grande place qui est devant m'appartient toujours, elle a été titrée à part. J'attends que l'association des commerçants se monte, pour élaborer un cahier des charges avec eux pour l'organisation d'un marché hebdomadaire et d'autres animations, et ensuite je cèderai à l'association la place pour un euro symbolique.
Autre chose importante, les bâtiments de la Sim (mandatée par la mairie de Mamoudzou) doivent être en cohérence avec les immeubles alentours, être aux mêmes dimensions pour se fondre dans la zone. Les bâtiments doivent rester hauts du M'biwi au terrain de la mairie, pour la cohérence du paysage, plus loin on dilue vers des maisons à un ou deux étages, puis encore plus loin sur du plein pied et du plus grand standing. Si les logements de la Sim se fondent dans le décor il n'y aura pas de barrière sociale, tout le monde sera mélangé.

Propos recueillis par Hélène Ferkatadji
 
 

Visite guidée de la ville nouvelle de Hamaha

Les Trois Vallées

C'est le premier projet. La base de la future ville est sortie de terre en 2000. Les 6 hectares des Trois Vallées sont dédiés aux logements et à une zone de commerces de proximité avec une école. Cela correspond à l'avenue qui dépasse l'emplacement des supermarchés le long de l'avenue.

Les Hauts Vallons

Sorti de terre en avril 2005, le lotissement de 7 hectares des Hauts Vallons est le relais des Trois Vallées. "A partir du projet des Hauts Vallons on sort du simple lotissement pour concevoir une idée d'aménagement plus vaste", expliquait M. Limousin au lancement du projet. 7.000m² de bureaux, de commerces de proximité et d'activités périphériques aux grandes villes sont prévus en plus du locatif, des villas et du logement social. Au début du projet, la Sim devait acheter trois parcelles de terrains en plein cœur de la zone afin d'établir du locatif social. Des esquisses sont même réalisées mais plusieurs problèmes mettent fin au projet, c'est le secteur privé qui achète l'emplacement. La mairie de Mamoudzou possède 11 hectares, entre les châteaux d'eau et les Hauts Vallons, un espace qui doit être réservé à 300/350 logements sociaux et à des équipements publics.

Zone commerciale des Hauts Vallons

Cet espace referme les Trois Vallées et les Hauts Vallons jusqu'a la route nationale. Ils 'agit d'un aménagement de deux hectares à vocation de bureaux et de commerces de moyenne surface. La Sodifram compte s'y installer, peut-être en liaison avec le projet des trois B de Baobab Invest déjà évoqué dans nos colonnes. La Caisse de sécurité sociale de Mayotte y établit ses locaux. Une bonne chose que cet établissement montre l'exemple en se délocalisant du centre; le début du désengorgement de Mamoudzou.

Le Val fleuri

La seule vocation de ces 2,6 hectares est le logement. Villas, immeubles en location ou en accession à la propriété alimenteront les zones d'activités en amont. Les promoteurs habituels, locaux, ont réservé une bonne partie des terrains : Austral développement, Mayotte Immobilier, Baobab Invest…

 


Témoignages d'habitants

"Je fais tout à pied"

Sophie Boudigues est arrivée à Mayotte depuis bientôt deux ans. Elle ne s'attendait pas à voir autant d'immeubles, mais elle s'est vite adaptée à son lotissement des Trois Vallées. Elle apprécie au plus haut point le fait de se déplacer à pied et d'avoir quasiment tout à portée de main.

En débarquant à Mayotte au mois d'août 2006, Sophie Boudigues a été surprise de se retrouver dans un grand bâtiment à Majicavo. Elle n'a pas vraiment choisi son logement puisqu'il a été assigné par l'employeur de son mari, la Gendarmerie nationale. "J'ai vécu en Afrique noire. J'ai été étonnée de retrouver ces grands bâtiments, des constructions énormes. Je pensais retrouver des bâtiments coloniaux avec terrasse. Il y a une urbanisation massive qui ressemble aux nouveaux quartiers en France. Je n'imaginais pas ça à Mayotte", admet-elle.
Pourtant cette jeune maman qui travaille à l'école des Flamboyants en tant qu'animatrice du centre de loisirs s'est rapidement faite à ce quartier encore en construction. "C'est très très bien tombé. Je travaille à côté, l'école pour ma fille est à côté, pour une maman c'est le rêve ! Mes amis sont dans le quartier, je fais mes courses ici, on a tout sur place", dit-elle ravie. Preuve qu'elle se sent bien aux Trois Vallées, elle avoue ne pas utiliser sa voiture sur des périodes qui peuvent atteindre deux semaines ! Un véritable exploit pour les détenteurs d’automobile à Mayotte, sachant que d'habitude s'ils en arrivent à cette extrémité c'est que leur bolide est au garage.
"Si j'ai envie d'aller manger dehors, je vais au M'biwi Café. Habiter ici nous donne un réel gain de temps par rapport à certaines familles dont les enfants se lèvent très tôt. Pour nous, c'est un confort exceptionnel, un gros plus", concède-t-elle.

 

École et travail proche du domicile : le rêve pour une maman

Quand elle s'est installée aux Trois Vallées, il n'y avait pas de boulangerie, ni de M'biwi Café et seulement quelques commerces. Selon elle, le centre-ville s'est déplacé de Mamoudzou vers Majicavo. "Il ne manque que le docteur. Nous avons la pharmacie, Jumbo, le vidéo club où passent beaucoup de personnes. C'est un quartier très sympa, on peut faire des promenades à pied, ça ne roule pas vite, c'est très calme et pas bruyant en dehors de la période des travaux", affirme-t-elle.
Sophie Boudigues croise beaucoup ses voisins à l'école les Flamboyants. Rencontrer les parents des camarades de sa fille permet de faire connaissance. Quant au contact avec les Mahorais, il se fait surtout grâce à ses collègues mahoraises de l'école. "Aux Flamboyants on croise de tout et tout le monde. Beaucoup de Blancs, des Mahorais, des Malgaches, des Indiens, etc. Je n'ai pas le sentiment de vivre dans une bulle réservée aux Muzungu", exprime-t-elle avec conviction.
Toutes ces conditions font qu'elle se sent privilégiée. "Je fais tout à pied. Les commerces et les services sont à proximité. À Mayotte, les déplacements ne sont pas longs en distance, mais cela peut prendre beaucoup de temps pour se rendre d'ici à Mamoudzou. Quand on a la chance d'éviter ça, c'est vraiment du confort, ce n'est que du bonheur", conclut-elle.

Faïd Souhaïli
 

 


Témoignages

"On croise les voisins dans les escaliers, mais c'est tout"

Haïra* habite dans le lotissement des Hauts Vallons depuis bientôt un an. Si cela lui apporte beaucoup de confort, elle avoue que l'ambiance villageoise mahoraise lui manque un peu.

La galère des embouteillages aux entrées nord et sud de Mamoudzou avant et après le boulot, c'est fini pour Haïra. Cette jeune mahoraise qui travaille aux Trois Vallées a décidé d'habiter à cinq minutes à pied de son lieu de travail, dans le quartier des Hauts Vallons.
"Si nous avons décidé avec mon mari de s'installer ici, c'est pour nous rapprocher du boulot. Il travaille à Kawéni et cela lui fait gagner beaucoup de temps. Avant, on partait tous les matins du centre de l'île, on avait les bouchons entre Passamaïnty et Mamoudzou et à Kawéni. Cela nous permet aussi de venir manger à la maison entre midi et deux", confie-t-elle.
Propriétaire de son logement, elle a bénéficié comme tant d'autres des mesures de défiscalisation permettant à son ménage de payer moins d'impôts. Autre avantage d'habiter dans ce nouveau quartier : la consommation de carburant est en chute libre et elle s'en réjouit ! "Maintenant, je fais un plein toutes les trois semaines, alors qu'avant c'était toutes les semaines. Pour les courses, on a Jumbo tout près et je peux y aller après le boulot. Pour l'instant, les enfants vont à l'école à Mamoudzou et le trajet est moins fatigant pour eux, mais bientôt ils auront aux Flamboyants une école qui est toute proche. On ressent la différence et le gain de temps qui en découle", avoue-t-elle.
Bien sûr, toute chose a son revers de la médaille. Elle regrette l'éloignement de sa famille. Dans son village, sa mère était sa voisine et pouvait garder ses petits-enfants lorsque Haïra s'absentait. Désormais, une employée de maison s'en occupe. Haïra déplore également la distance la séparant de ses champs.

 

L'éloignement du village pèse pendant la semaine

"Ici, nous n'avons pas les bananes, le manioc, les fruits à portée de main. Dans notre village, il suffisait d'aller dans nos champs situés à proximité. Ou sinon, on pouvait demander à la famille ou aux amis. Ici, il faut acheter", reconnaît-elle.
Au début, les parents de Haïra ne comprenaient pas trop pourquoi leur fille allait s'installer à Mamoudzou alors qu'elle n'y avait aucune famille. Mais petit à petit, ils s'y sont fait et n'hésitent pas à venir lui rendre visite quand ils font le déplacement à Mamoudzou. "Ma sœur vient systématiquement quand elle est à Mamoudzou. De toutes façons, tous les week-ends on rentre dans notre village, pour nous on n'est pas si loin que ça, ce n'est pas comme si nous habitions en France", rappelle-t-elle.
Cette ambiance familiale mahoraise n'est pas ressentie aux Hauts Vallons. Tout d'abord, Haïra n'y connaît quasiment aucun Mahorais qui y habite. Ensuite, chacun fait sa vie dans son appartement ou sa villa. "On croise les voisins dans les escaliers, on se dit bonjour et c'est tout. On se rencontre oui, mais sympathiser, je ne sais pas. En tout cas, je n'ai pas d'amis qui habite ici", avoue-t-elle.
Haïra apprécie ce nouveau quartier, notamment la sécurité qui règne au sein de son grand bâtiment. Mais elle déplore le manque d'aires de jeux pour les enfants et aussi le chantier permanent depuis son installation. "La poussière s'élève jusqu'ici, le bruit ne s'arrête jamais. Quand un bâtiment ou une maison est finie, la construction reprend ailleurs. Mais une fois que le quartier sera définitivement construit, ça devrait être bien", espère-t-elle

Faïd Souhaïli

*Prénom d'emprunt


Témoignages commerçants

M'biwi café
"Les gens sont demandeurs d'animations"

Ouvert le 17 septembre dernier, le bar restaurant M'biwi café est le plus actif dans l'animation du nouveau quartier. Sa dernière création : le marché aux légumes du samedi matin. Pour l'instant un seul agriculteur y vient – il vend tout son stock à chaque fois – mais d'autres devraient suivre rapidement. "Dans le quartier il y a beaucoup de gens qui aimeraient que ça bouge plus. Du coup, à chaque fois qu'il se passe quelque chose tout le monde s'y précipite", explique Franck, le gérant du M'biwi. Venu une première fois en vacances deux ans auparavant, il a entendu parler de l'ouverture de ce bar par un ami sur place et est revenu en assurer la direction d'exploitation avec une équipe de métropole qui a déjà travaillé avec lui. Même la conception du bar et la déco sont l'œuvre d'amis.
Le bar organise de temps en temps des concerts, le dernier en date était celui du Bacar, qui a connu un fort succès. "Il y a du monde qui habite l'immeuble au dessus du bar, on fait très attention à la nuisance sonore. Pour les concerts je choisis l'option apéro-concert, de 19h à 22h en terrasse, ça ne dérange personne." Le M'biwi a autorisation d'ouverture jusqu'à 2h du matin, pour l'instant il ferme à minuit en semaine et 1 heure le week-end. A l'exception d'une bagarre entre deux clients trop alcoolisés un soir, il n'y a eu aucun problème, aucune plainte.

 

Un vide grenier le 24 mai avec animations et concerts

Petit à petit Franck parvient à animer la vie du quartier : un vide grenier est prévu pour le 24 mai, avec concerts de Daddy Happy, Family Skank, LTO, Eliasse et Dynamic. Une animation paintball et château gonflable pour les enfants, un accordéoniste qui se promènera dans les stands… La journée, organisée en raison de l'approche du départ de beaucoup de fonctionnaires, devrait être animée. Pour l'instant un peu plus de trente exposants sont prévus, la vente est ouverte à tous, résidents ou non de Hamaha.
Autre animation récente, un concours le mercredi 23 avril de …ski alpin, sur console Wii bien sûr. Franck envisage d'en organiser un par mois, avec à chaque fois un sport différent. Après un premier défilé de mode réussi, un deuxième devrait suivre en mai. "Quand il y a des concerts les gens sont tous à leurs terrasses, ces animations marchent bien. On pense aussi faire quelque chose pour la Fête de la musique. Les gens sont demandeurs de nouvelles choses, pour l'instant le quartier est un peu mort la semaine. J'espère voir bientôt l'ouverture de nouvelles boutiques, ça fera circuler les gens, le monde attire le monde."
Des contacts se sont noués avec le kinésithérapeute du quartier, pour l'instant il n'y a pas grand monde mais Franck entend bien monter une association de commerçants, comme souhaité par Christophe Limousin, pour organiser des choses à plusieurs sur la place devant le bar. "Il y aura bientôt une pizzeria, un Shopi, un centre commercial… Je pense qu'il faut attendre encore deux ans et le quartier ressemblera vraiment à quelque chose, il faut être patient."
La clientèle, en plus des gens du quartier, est composée des ouvriers et responsables des chantiers alentours, et d'autres "hommes d'affaires" qui viennent y prendre leur petit-déjeuner. Les familles mahoraises de Hamaha y viennent de plus en plus, se fondent parfaitement dans la clientèle. Jusqu'il y a peu de temps assez inconnu en dehors de la zone, le M'biwi acquiert une réputation et commence à voir du monde de toute l'île.

Hélène Ferkatadji
 

 


Témoignages de commerçants

Asie Mobilier
"C'est autre chose que la rue du Commerce"

"Les habitants du quartier nous ont apporté un surplus de clientèle, même si nous avions déjà une réputation un peu partout. Le développement du quartier est intéressant pour nous." Elle-même habitante de Hamaha, Floriane Gherardi gérante du magasin attend de le voir terminé pour juger.
"C'est un bon quartier, il se développe, on va voir d'autres commerçants arriver. Quand ça sera terminé ça sera bien. En attendant il est vrai qu'il manque de la vie, des restaurants, un cinéma, ce genre de choses. Et quand les travaux seront finis on vivra enfin sans poussière…" Le magasin, autrefois installé à Kawéni, a déménagé en septembre 2007 après son rachat. "Nous avons senti qu'il serait intéressant d'être implantés ici, c'est quand même autre chose que la rue du Commerce ! Avec les nouvelles construction nous allons gagner de la clientèle qui voudra se meubler."

Hodi vin
"Il faudrait faire un bar à vin"

Fournisseur d'une grande partie des restaurants de l'île et de beaucoup de particuliers, la cave à vin installée précédemment zone Nel a emménagé il y a tout juste quelques semaines aux Hauts Vallons. "D'ici un ou deux ans il y aura 6.000 personnes ici, ça fera encore plus de clientèle, même si nous n'en manquons pas. Nous avons déjà beaucoup de fidèles. Depuis que nous sommes installés ici on a vu pas mal d'habitants du quartier curieux entrer dans le magasin et nous avons fait une inauguration officielle avant-hier."
Pour Carlos, le gérant du magasin, la zone de Hamaha "c'est plus mélangé que les m'zunguland, d'ailleurs certaines familles mahoraises du quartier viennent acheter nos produits, le plus souvent ceux qui ont vécu en métropole. Mais tout de même il n'y a ni plage ni verdure, ça ne ressemble pas à Mayotte." Pour sa collègue résidente du quartier qu'elle qualifie pour le moment de "cité dortoir", il faut attendre un peu. "Le quartier va se développer et devenir vivant. Il manque encore des lieux de vie : des bars, des restaurants, un marché…" Le local à côté de la boutique leur appartient aussi, une pizzeria devrait s'y installer. "Moi je voyais bien un petit bar à tapas et à vin, regrette Carlos. Je suis sûr que ça marcherait bien ici, c'est justement ce qui manque."

Edily les Indes
"C'est l'école qui amène la clientèle"

La boutique de meubles, bijoux et vêtements venus de la région est une des plus anciennes ici. Elle s'y est installée il y a 4 ans, à l'époque il n'y avait presque rien. "Nous étions au courant de ce qui allait se passer ici, explique la patronne, Christophe Limousin nous a expliqué tout le projet de quartier, nous savions qu'il y aurait du monde un jour. En plus, à l'époque, le prix du terrain était bien plus bas qu'ailleurs."
Le magasin a une clientèle qui vient de toute l'île, mais elle constate quand même une petite différence maintenant que la zone est habitée. "C'est surtout l'école d'à côté qui amène de la clientèle. Les mamans viennent jeter un œil en allant chercher leurs enfants." Habitante de Majikavo-Koropa, elle s'installe bientôt à Hamaha. "Ce sont des endroits très différents ! Il y a le bruit des travaux, les gens sont un peu les uns sur les autres… Il manque encore beaucoup de choses pour que ce soit bien, comme un jardin pour les enfants par exemple. Mais quand tout sera construit, il y aura encore moins de place."

Propos recueillis par Hélène Ferkatadji
 

 


"À peine acheté, c'est loué"

Pierre Rey-Millet est le gérant de la société Mayotte Immobilier. Créée en 2001, cette société a pour objet principal la construction de bâtiments, la location et la vente des appartements et locaux commerciaux qui les composent. Depuis 2003, Mayotte Immobilier a construit 4 résidences et une 5e est en cours au Val Fleuri.

Tout le monde le sait, trouver un logement quand on arrive à Mayotte relève de la chasse au trésor. Il faut déjà repérer les habitations disponibles. Ensuite, seulement, on cherche à savoir si elles conviennent à la taille de la famille, au poids du porte-monnaie et à la qualité de vie recherchée. Depuis quelques années, la ville nouvelle de Majicavo voit des bâtiments tous neuf s'ériger au fil des mois et de nombreux habitants y résident désormais.
Pour Pierre Rey-Millet, promoteur immobilier et gérant de Mayotte Immobilier, le succès de la zone flambant neuve s'explique pour plusieurs raisons. Ces appartements et locaux commerciaux partent comme des petits pains. "Je construis des résidences selon des règles compliquées (par exemple la hauteur des constructions qui dépendent de l'altitude à laquelle se trouve le sol) définies par le lotisseur M. Limousin à qui j'ai acheté les différentes parcelles. Je respecte ces règles, cela coûte cher alors une partie du prix est répercutée sur les appartements. Mais comme je ne suis pas seul à faire ce métier, il faut proposer le meilleur produit au meilleur prix. La résidence Ravénéa qui est en cours de construction dans le lotissement du Val Fleuri est sur un magnifique terrain, tous les appartements auront vue sur la mer, les logements sont variés, avec parking individuel sécurisé", argumente le gérant de Mayotte Immobilier.
La plupart de ses clients sont des personnes à gros revenus imposables et qui souhaitent payer moins d'impôts en bénéficiant de la défiscalisation sur les constructions neuves. L'argent de leurs impôts est ainsi investi à Mayotte, ce qui permet de renouveler le parc immobilier de l'île et génère une importante activité pour le secteur du BTP qui serait autrement en grande difficulté.

"Tous les nouveaux arrivants veulent habiter ici"

"Ceux qui achètent sont des gens aisés, des avocats, des médecins, des chefs d'entreprise. Il y a beaucoup de Métropolitains, de Réunionnais et de plus en plus de Mahorais. Pour la résidence de l'Horloge, un tiers des propriétaires sont nés à Mayotte, un tiers sont des résidents et un tiers sont des gens habitant à l'extérieur", confie-t-il. Il rajoute que les propriétaires basés en dehors de Mayotte voient en ces appartements plus un produit défiscalisé leur permettant de payer moins d'impôt que de véritables biens immobiliers.
"Un seul sur dix fera le déplacement à Mayotte pour voir son appartement", confirme Pierre Rey-Millet. Selon le gérant de Mayotte Immobilier, 90% des logements sont loués. "Très peu de propriétaires vivant à Mayotte y résident", explique-t-il. La plupart des locataires sont de passage sur notre île. Et d'après Pierre Rey-Millet, ils ne tiennent pas vraiment à changer leurs habitudes acquises dans l'Hexagone ou dans les Dom.
"Tous les nouveaux arrivants veulent habiter ici. À peine acheté, c'est loué. J'ai déjà eu des appels pour la résidence Ravénéa qui sera terminée l'an prochain. Des gens m'appellent pour savoir si des logements sont libres et ils insistent même pour que je leur donne le nom des propriétaires afin qu'ils puissent réserver pour l'année prochaine. Les locataires sont à proximité de tout, notamment le centre commercial et ils souhaitent être dans quelque chose qui ressemble à ce qu'ils avaient en Métropole", reconnaît le promoteur immobilier.

Encore plus de demandes de logements depuis le 27 mars

Le phénomène a été accentué par les événements du 27 mars dernier. En effet, les immeubles de Majicavo donnent un sentiment de sécurité à leurs habitants. Avec des digicodes, des interphones, des parkings sécurisés, les habitations sont moins accessibles aux passants et aux éventuels cambrioleurs. Pour Pierre Rey-Millet, ces mesures ne semblent pas de trop puisque ce sont les clients qui les demandent. Et comme tout prestataire de services marchands, il accorde de l'importance à l'adage "Le client est roi".
"Je dois m'adapter aux besoins, à l'environnement et à la qualité de ce qui entoure mes constructions. Il faut que les locataires de mes clients soient heureux." Calme, sécurité, vue imprenable sur le lagon, tels sont les arguments qu'il développe pour vendre les 41 logements de sa future résidence. Nul doute qu'ils feront mouche.

Faïd Souhaïli
 

 


Les Flamboyants, pionniers du quartier

L'école laïque privée les Flamboyants est pour l'instant le seul établissement scolaire basé dans le nouveau quartier de Majicavo. Ce fut la première implantation dans ce qui est devenu une véritable ville nouvelle et l'école est désormais un des lieux de rencontre incontournable du coin.

L'école est l'un des derniers bastions républicains auquel on prête la croyance que tout est possible, quelle que soit son origine sociale. Toutefois à Mayotte, l'école élémentaire publique suscite beaucoup de méfiance de la part de parents d'élèves venant de l'Hexagone et des autres Dom, mais aussi des Mahorais. Réputé d'un niveau faible, ils lui préfèrent les écoles privées. C'est dans cette perspective que Dominique Arnold Baille a décidé de créer toute seule l'école laïque privée les Flamboyants aux Trois Vallées en 2001.
"Il y avait une très forte demande des parents pour une école privée. De plus, nous avons été les premiers à offrir la possibilité d'un repas à midi préparé par un traiteur et celle d'un centre de loisirs pour l'après-midi. Nous avons également des enseignants professionnels formés en Métropole, qui sont professeurs des écoles et c'est ce que demandent les parents. Pour ceux qui sont de passage, ils souhaitent que leurs enfants ne perdent pas leur niveau une fois rentrés en France", explique-t-elle. Mais les Flamboyants n'attirent pas seulement des gens de passage.
De plus en plus de personnes nées ou installées à Mayotte sur le long terme y mettent aussi leurs enfants. Évidemment, tout le monde ne peut pas payer 2040 € par an et par enfant (soit 170 € par mois et par enfant), mais les demandes affluent et Mme Arnold Baille est même obligée de refuser de nouvelles d'inscriptions.

 

La grève dans le public incite les parents à se diriger vers le privé

"Cette école ressemble à une école de centre-ville métropolitaine. Les parents s'arrêtent pour y déposer leurs enfants, puis viennent les reprendre à midi ou à la fin de la journée. Cet emplacement est idéal pour les gens du Nord qui viennent travailler à Mamoudzou. Toutes les autres écoles privées étaient situées au sud de Mamoudzou ou au centre-ville", affirme-t-elle.
Aujourd'hui, 300 élèves de la maternelle petite section au CM2 sont scolarisés aux Flamboyants. Des parents commencent à faire part de leur mécontentement quant à la difficulté d'y mettre leurs enfants. Beaucoup d'entre eux avaient mis leurs enfants à l'école publique, mais la longue grève des instituteurs les a incités à se diriger vers le privé. La directrice se refuse pourtant à vouloir augmenter les effectifs et donc à construire de nouvelles salles de classe.
"J'ai dû faire beaucoup de sacrifices dont la vente de ma maison en métropole pour faire fonctionner cette école. Contrairement aux autres écoles privées, les Flamboyants ne sont pas une école associative", concède-t-elle. Mme Arnold Baille reconnaît que la mixité sociale dans son école se fait moins ressentir qu'ailleurs puisque les parents sont aisés. En revanche, leur provenance géographique est très variée.

 

Des élèves en provenance de tous les secteurs géographiques

"La moitié provient de l'océan indien et le reste d'ailleurs. Beaucoup habitent le quartier et viennent à pied ou dans l'agglomération de Mamoudzou. Mais nous avons des élèves qui viennent de Sada, Iloni, Dzoumogné également", précise la directrice.
Au départ, l'école était au milieu de la brousse et beaucoup d'activités s'effectuaient sous les manguiers et autres arbres environnants. Désormais, c'est plutôt le béton qui entoure l'école et Dominique Arnold Baille se bat pour garder les deux manguiers de son établissement. De nombreuses activités parascolaires sont également organisées pour créer une convivialité et une atmosphère de découverte pour tous ces enfants, mais aussi pour leurs parents. Ce sont souvent grâce aux Flamboyants qu'ils apprennent à se connaître, puis à arranger des rencontres entre eux et animer leur quartier.

Faïd Souhaïli
 

 


"On a l'impression qu'on est chez les nantis"

Stéphane Groléas aime Mayotte. Après avoir quitté difficilement notre île il y a 8 ans, il y est revenu avec plaisir en septembre dernier. Il a emménagé sans le vouloir aux Trois Vallées, mais ne regrette pas du tout son choix par défaut.

La famille Groléas ne s'est pas installée en terrain inconnu à Mayotte il y a 8 mois. Du moins, c'est ce qu'elle croyait après avoir effectué un séjour de 4 ans jusqu'en 2000. Mais en arrivant aux Trois Vallées, Stéphane Groléas a découvert un nouveau quartier.
"Ici il n'y avait rien, c'était la brousse. Nous n'avons pas choisi de venir ici, nous avions demandé à la Sim (Société immobilière de Mayotte) un logement aux Jardins du Collège, comme lors de notre premier séjour. Toutefois nous n'avons pas obtenu de réponse cette fois-ci et nous avons demandé à une amie de nous trouver une maison et une école toute proche", explique ce papa au foyer. Résultat, il se retrouve dans une villa aux Trois Vallées, à 30 mètres de l'école laïque privée les Flamboyants.
"Mes enfants vont à l'école à pied. Aujourd'hui, Majicavo-Mamoudzou en voiture, c'est l'enfer, c'est quelque chose que l'on ne connaissait pas. Nous n'avons qu'une seule voiture et nous apprécions le fait de ne pas aller quotidiennement en ville", se réjouit Stéphane Groléas. Il avoue que le centre commercial n'est pas sa tasse de thé, mais qu'il en profite comme tous les habitants du quartier pour y faire quelques courses. Pour échapper aux bouchons, il utilise un scooter. La boulangerie, le bar à proximité amènent un peu de vie dans ce quartier qui apparaît très calme et sans animation.
"On a découvert que nous étions dans un Muzunguland. Finalement, ça ne change pas trop des Jardins du Collège. Là-bas, il y avait aussi beaucoup de fonctionnaires. En revanche, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup plus de gens installés à Mayotte qui y font leur vie", concède-t-il.

 

"On a découvert que nous étions dans un Muzunguland"

Cette proximité de son domicile et de l'école de ses filles est un gros avantage pour lui. Ses enfants rendent visite à leurs camarades du quartier et inversement. Ce quartier résidentiel ne génère pas trop de circulation et il s'y sent en sécurité. "Aux Jardins du Collège, nous avions fait appel à Sandragon. Ici, il y a peu de gardiens. Par contre il y a beaucoup d'alarmes qui se déclenchent, souvent par erreur, je pense", dit-il avec le sourire.
Selon lui, le fait que des gendarmes habitent dans le secteur pourrait éventuellement être un facteur sécurisant. Mais ce sont surtout leurs patrouilles qui dissuaderaient les éventuels fauteurs de troubles. "Ça patrouille au moins trois fois par jour, surtout depuis le 27 mars. Mais ce jour-là, il ne s'est rien passé ici. Pourtant, les Anjouanais ne sont pas loin, beaucoup habitent à Majicavo-Lamir à quelques mètres de chez nous", nous dit-il visiblement perplexe.
Quand on l'interroge sur les inconvénients de vivre aux Trois Vallées, la réponse fuse spontanément. "Les espaces verts manquent beaucoup. Il n'y a pas de balades pédestres possibles et aller voir des grues, ce n'est pas terrible. Mais en prenant la voiture, nous avons les plages pas trop loin. Il faudrait des endroits où l'on puisse se réunir avec les voisins et les amis sans pour autant être obligé de le faire chez l'un d'entre nous. Aux Jardins du Collège, on le faisait sur les marches d'escalier. On peut comprendre les promoteurs qui rentabilisent à mort le moindre mètre carré de parcelle. Encore, moi j'ai de la verdure dans mon jardin et autour de moi. Mais pour ceux qui sont dans les immeubles, ça doit être dur."

 

Un manque criant d'espaces verts

Les immeubles de plus de 3 étages ne l'enchantent pas, il pense qu'ils dénaturent le paysage malgré leur aspect neuf. En revanche, il apprécie le fait que tous les câbles électriques soient enterrés. "C'est sympa visuellement, c'est un développement intelligent", se félicite-t-il. En revanche, le chantier permanent qui l'entoure est dur à vivre. "C'est ponctuel, c'est le propre des quartiers en construction, mais vivement que ça s'arrête", s'impatiente-t-il.
Stéphane Groléas mesure la chance qu'il a d'habiter aux Trois Vallées. "On a l'impression d'être chez les nantis. En tout cas, c'est comme ça que les autres le ressentent quand je leur dis que j'habite ici. Je n'ai aucune idée des prix des loyers ailleurs, mais à moins de 1000 euros pour un T4, je ne pense pas être au-dessus ni en-dessous de ce qui se fait à Mamoudzou ou dans les autres localités", reconnaît-il.
Entre ses deux séjours mahorais, la famille Groléas a habité à Madagascar dans la ville de Toamasina (Tamatave). Là-bas, elle a vécu en pleine mixité sociale et culturelle. Aux Trois Vallées, ce sentiment n'est pas encore bien présent. La construction de logements sociaux de la Sim est prévue dans le secteur, en amont des Hauts Vallons pour justement apporter cette mixité sociale. Stéphane Groléas n'y est pas opposé, mais à condition que cela soit bien maîtrisé. "Quand je vois ce qu'est devenu M'gombani 8 ans plus tard, aïe, aïe, aïe ! L'idée est bonne, mais encore faut-il maîtriser tout ça !", suggère-t-il.

 

Avec le sport, pas de polémique possible

Pour lui, les maigres défauts qu'il trouve à son nouveau quartier sont loin de l'emporter sur les avantages. "Aujourd'hui, le ramassage des ordures se fait tous les deux jours. C'est super, pour certains ça paraît même évident. Il y a 8 ans, ce n'était pas le cas, ils faisaient ça au camion benne alors qu'aujourd'hui ce sont des compacteurs qui effectuent cette tâche. De même pour l'école. À partir du collège, personne ne se pose la question de savoir où vont les enfants. Mais avant si. À Madagascar, mes filles étaient dans un lycée français, il y avait un ou deux Vazahas (Muzungu, en malgache) par classe. Elles avaient de bonnes notes, mais arrivées aux Flamboyants, elles ont ramé pour être au niveau des autres. Autre chose, il n'y a plus de pannes d'électricité ou de coupures d'eau, sauf exception. Il y a 8 ans, on a connu ça, ainsi qu'à Madagascar. Quand on vient de là-bas, tout est moins difficile à Mayotte", révèle-t-il.
Stéphane Groléas a observé également un changement dans les attitudes des employés de maison. Auparavant, il avait l'habitude d'en recevoir plusieurs qui étaient à la recherche d'emploi. Depuis son arrivée en septembre, il se souvient d'avoir vu sonner seulement deux d'entre eux. En revanche, une chose n'a pas changé : la difficulté pour se faire des connaissances mahoraises. "Il y a des petits contacts sympas, mais qui ne permettent pas d'inviter ou de se faire inviter. Une fois que les enfants seront au collège, ça changera peut-être. Il n'y a qu'à travers le sport que je rencontre les Mahorais. Le sport, c'est neutre. C'est universel, on ne parle pas de Noirs, Blancs, catholiques, musulmans, il n'y a pas de polémique possible. Je ne travaille pas en ce moment, sinon la situation serait différente".

Faïd Souhaïli

 


"Tout le monde est venu d'un coup"

Gilles Baloukjy est l'une des personnes qui comptent dans le lotissement des Trois Vallées. Ce chef d'entreprise est le propriétaire de la boulangerie des Trois Vallées, de l'épicerie fine l'Alibi et de la société SCII, toutes logées dans un même bâtiment. Il nous raconte son implantation réussie dans ce quartier qui devrait devenir une énorme zone commerciale.

S'installer aux Trois Vallées n'était pas une évidence il y a quelques années. Pourtant aujourd'hui, Gilles Baloukjy a réussi son pari. Arrivé à Mayotte il y a bientôt 10 ans, cet homme d'affaires a vécu avec un œil attentif le développement de son nouveau quartier.
"Nous sommes excentrés de Mamoudzou et c'était un no man's land. Mais quand il n’y a personne, rien ne vous attire. Arriver trop tôt, ce n'était pas bon et il ne fallait pas non plus arriver trop tard", explique Gilles Baloukjy de sa voix grave. Preuve que l'homme a été prudent, il a acquis son terrain en 2002, mais n'a investi les locaux qu'en 2006. Auparavant, sa société informatique SCII était installée à Kawéni, dans les bâtiments occupés aujourd'hui par le service après-vente de SFR.
"Nous y étions vraiment à l'étroit. Ici, nous avons de l'espace pour stocker le matériel, on est content. Il n'y a pas les problèmes de circulation de Kawéni, il y a des places de stationnement. Mais nous craignions au départ que notre clientèle qui est composée de PME et de PMI ne nous suive pas. Ce n'est pas le cas puisqu'ils sont bien là. Mais notre développement n'est pas fini, nous sommes dans des années de transition", avance-t-il.
En effet, son bâtiment fait actuellement face à un terrain vague que les habitants du quartier utilisent pour leurs balades. Mais dans un avenir proche, il fera place à des projets de galerie commerciale. Ceux-ci devraient donc attirer des clients et de l'achalandage. Gilles Baloukjy espère que cette fréquentation aura une incidence positive sur ses différentes enseignes. "Je serai satisfait quand tout sera achevé dans un ou deux ans. Plus il y a de commerces, plus il y a de monde".
Il attend également la livraison de plus de 400 logements dans l'ensemble du quartier qui donnera un supplément de vie à cette ville nouvelle. Sa boulangerie des Trois Vallées est devenue un des passages incontournables de la zone, un véritable lieu de rencontre de l'ensemble des riverains. Toutefois, celui-ci regrette le manque d'espaces verts, de square et de promenades entretenues.
Habitant dans le quartier, il a de bonnes relations avec ses voisins. "Des amitiés se créent avec les voisins. On se rend des services mutuels, on va chez l'un puis on reçoit chez nous. Il y a une bonne ambiance, dans les îles c'est plutôt convivial vous savez", ne manque-t-il pas de nous dire. Et au rythme où marchent ses enseignes, il n'est pas prêt de partir de ce quartier où il se sent très bien.

Faïd Souhaïli

 



La commune de Mamoudzou veut un quartier mixte

Souvent qualifié de muzunguland, le quartier de Hamaha n'a pas vocation à se voir coller cette image. En effet, la mairie de Mamoudzou a pour ambition d'en faire un quartier mixte, aussi bien sur le plan social, économique qu'ethnique.

Actuellement, le secteur occupé par les Hauts Vallons, les Trois Vallées et le Val Fleuri rassemble principalement des Wazungu, d'où l'étiquette de muzunguland qui lui colle à la peau. Mais dans la tête du lotisseur Christophe Limousin et de la municipalité de Mamoudzou, il s'agissait d'éviter de reproduire un ghetto blanc à l'image de ce que sont les 100 Villas sur les hauteurs de Kavani.
Douze hectares coincés entre la route nationale 1 et les Hauts Vallons sont destinés à accueillir 271 logements, dont 80% de logements sociaux. Des commerces sont prévus, tout comme un groupe scolaire, une MJC, un plateau polyvalent, un parc et une mosquée. "Cela permettra de rééquilibrer le quartier et de réaliser une mixité sociale", explique-t-on du côté de la mairie. Une délibération a approuvé le projet de Zac le 5 février dernier, alors que le projet est dans les cartons depuis presque 10 ans. Il reste maintenant à trouver le financement et un éventuel mandataire ou concessionnaire pour faire débuter les travaux avant la fin de l'année.
Ce projet ne plaît pas forcément aux propriétaires privés des Hauts Vallons qui ont peur d'une part que leur appartement ou villa acquise au prix fort perde de la valeur, mais que ce projet social apporte plus de nuisances qu'autre chose. "Je ne suis pas contre une mosquée, mais il ne faudrait pas qu'elle réveille tout le monde à 4 heures du matin. Ce n'est pas ce que sont venus chercher les gens qui s'installent ici. Et le logement social, je veux bien, mais il ne faut pas que ça devienne comme M'gombani où les gens ont étendu leur maison n'importe comment", indique un riverain.

 

Des logements sociaux pas forcément vus d'un bon oeil

Pour la mosquée, la mairie a éloigné son emplacement de sa localisation initiale, qui se trouvait trop proche des Hauts Vallons. Elle n'a pas songé une seule fois à l'éliminer car un quartier mahorais sans mosquée, ça n'existe pas. Pour ce qui concerne les extensions désordonnées des logements sociaux individuels, la commune a trouvé la parade. Le lotissement sera aménagé de telle sorte que l'extension du logement ne dépasse pas la parcelle et que celui-ci soit aéré de deux côtés par des allées piétonnes.
Les urbanistes ont proposé ce concept et la mairie souhaite vraiment que ce quartier ait une qualité environnementale avec des voies larges et plantées. D'ailleurs, contrairement à ce qui se fait dans le secteur privé de Hamaha, des espaces verts seront créés pour que les enfants du quartier puissent s'y dégourdir les jambes et s'amuser en toute sécurité. Pour l'instant le coût et la date de la fin des travaux ne sont pas connus. Pour la viabilisation et les études pré-opérationnelles, dix millions d'euros sont prévus. Ce n'est qu'une fois tous ces logements sociaux destinés aux Mahorais achevés que l'on pourra réellement observer si la mixité sociale se réalise à Hamaha.

Faïd Souhaïli

 

UNE Mayotte Hebdo N°381 – Vendredi 16 mai 2008

UNE Mayotte Hebdo N°381 - Vendredi 16 mai 2008

Coopération Régionale

Mayotte au centre de l'Océan Indien

 > Mondialisation – le prix du riz s'envole
 > Hydrocarbures – interview du directeur de total
 > Dossier 3 pages – préparation aux examens

16/05/2008 – Une scène pour les jeunes talents

Peuvent participer à ce tremplin musical, les chanteurs ou chanteuses, compositeurs ou interprètent habitant à Mayotte, âgés de plus de 16 ans. Les intéressés peuvent s'inscrire à l'agence H2M*. Ces derniers devront séduire un public et un jury durant 3 soirées, les samedis 12, 19 et 26 juillet prochains au 5/5, pour avoir la chance d’enregistrer leur premier CD 2 titres et devenir le vainqueur de la "Scène des jeunes talents SFR 2008". Les trois soirées seront diffusées en direct sur RFO Télé Mayotte et les téléspectateurs pourront également voter pour leur candidat préféré… par SMS.

Les organisateurs prévoient une sélection des chanteurs en amont, à travers des annonces radios, un -pré-casting via trois émissions musicale sur RFO : Planète Jeune animé par Bouch, Le Hit de Naïma et Tapage Musik de Ben Mohamed. Un casting sera mis en place les 30 et 31 mai, durant lequel les participants devront interpréter une chanson au choix parmi celles proposées ou une chanson de leur répertoire a capella. Des répétitions seront mises en place en amont des soirées avec le groupe de musiciens attitrés, accompagnés d’un coach vocal pour préparer au mieux les participants au concours.

Un jury, composé de personnalités du monde culturel, de professeur de musique, d’artistes, d’un représentant de SFR et d’un invité surprise, émettra son avis sur les talents de chaque participant et procèdera à un choix pour l’élimination de chanteurs pour la prochaine soirée, sur la base du comportement scénique, de la qualité vocale et de l’interprétation de chaque participant.

* H2M, Immeuble Coralium Kawéni – Tél. 0269 612303 – Email : ab-h2m.mayotte@orange.fr

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes