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05/09/2008 – Mission sénatoriale sur la départementalisation

 
Mayotte Hebdo : Quelles sont les grandes pistes de réflexions que vous allez poursuivre durant votre séjour ?
Jean-Jacques Hyest : La Commission des lois du Sénat suit avec beaucoup d'attention l'évolution des départements et collectivités d'Outremer. C'est une de ses missions. Nous nous déplaçons régulièrement dans ces collectivités, comme par exemple récemment en Polynésie pour le problème des statuts des communes.
Le bureau de la commission a jugé utile, dans la perspective de la départementalisation de Mayotte, et compte tenu de l'engagement du Président de la République et des perspectives, de venir faire le point sur place avec les élus et les représentants de l'État, où il est clair que nous apprendrons plus de choses qu'en restant à Paris.

MH : Parmi vous, lesquels sont déjà venus à Mayotte ?

Michèle André : Le président Hyest connaît bien Mayotte. Il est déjà venu quatre fois. Personnellement, j'en avais une connaissance, mais assez lointaine et sur un sujet très spécifique qui était la question du droit des femmes, puisque j'étais venue ici en 1990, lorsque j'étais secrétaire d'État du gouvernement de Michel Rocard, chargée du droit des femmes. Et j'avoue qu'aujourd'hui, je vois des choses qui me paraissent avoir bien évolué.

MH : En l'espace de 20 ans, quels changements avez-vous observé ?

Michèle André : De ce que j'ai pu voir, pour l'instant, les infrastructures, l'urbanisme, ce que j'ai vu à l'aéroport. Je n'ai rien reconnu, pour vous dire les choses simplement. Sur toute la question de l'état civil, même si nous y reviendrons, j'ai pris note d'une évolution favorable.
En tout cas nous sommes, tous les collègues de la Commission des lois, très attachés depuis des années, comme le disait M. le Président Hyest, aux débats des territoires et départements d'Outremer, qui sont contrairement à ce que certains pourraient penser, toujours très suivis, par beaucoup de collègues, et pas uniquement pour leur aspect exotique, mais bien pour mieux comprendre ces territoires et les problématiques de nos collègues parlementaires qui les représentent. Nous avons besoin de mieux maîtriser les aléas, les difficultés de ces territoires qui sont sans doute tous différents, pour mieux légiférer et trouver les meilleures réponses

"Il ne suffit pas de claquer des doigts pour devenir département. (…) Il y a de sérieuses conséquences et ce que nous voulons, c'est que ces conséquences soient bonnes"

MH : Peut-on connaître la teneur de vos discussions avec le président du conseil général et avec les représentants de l'État ?

Jean-Jacques Hyest : Le président nous a tenu informé à la fois du souhait de sa collectivité, qui est aussi régulièrement émis par tous les élus de Mayotte, et puis aussi bien entendu des initiatives prises. La résolution, bien sûr, qu'il a fait voter à l'unanimité par son conseil général et puis la commission qu'il a mise en place, pour préparer ce changement institutionnel, en fixant les mesures qui doivent être remplies pour que la Collectivité, comme département, fonctionne dans de bonnes conditions.
Pareillement du côté de l'État, il y a aussi la préparation de cette départementalisation. Il était important aussi que l'on sache, du point de vue de l'État, quelles étaient les difficultés rencontrées et les conditions à remplir. Il fallait également pointer les problèmes d'adaptation qui peuvent survenir une fois la décision prise, et la progressivité, éventuellement, de certaines mesures.

Changer de statut pour une collectivité territoriale, ce n'est pas une mince affaire, ça demande une préparation solide, ça demande également de savoir ce que l'on veut et comment le faire pour que ça fonctionne. Tout cela entraîne des changements non négligeables. Et pour les législateurs que nous sommes dans ce domaine, il est bien clair que ce n'est qu'en venant sur place et en discutant avec les uns et les autres pour voir la faisabilité de l'opération, que nous serons à même de voter la loi qui sera la meilleure possible pour Mayotte. C'est cela que nous cherchons à faire. Il ne suffit pas de claquer des doigts pour devenir département. Ça ne se fait pas comme ça. Il y a de sérieuses conséquences et ce que nous voulons, c'est que ces conséquences soient bonnes.

"Il faut aussi réfléchir à renforcer les capacités des communes, obligatoirement"

Jean-Jacques Hyest : Dans le cas de la Collectivité départementale de Mayotte, en ce qui concerne la structure institutionnelle, il y des cantons, il y a un conseil général, il y a des services… C'est donc moins un problème d'institutions que de compétences. Les compétences d'un département, qu'il soit d'outremer ou métropolitain, c'est très important. Il y a des compétences en matière sociale, qui sont extrêmement lourdes en terme de budget, comme l'aide aux familles, aux personnes handicapées, la formation professionnelle… Même si la Collectivité départementale de Mayotte assume déjà une partie de ces compétences, en matière routière par exemple, elle aura à gérer de nombreuses compétences. Parallèlement, il faut aussi réfléchir à renforcer les capacités des communes, obligatoirement. La base d'une collectivité, ça reste les communes, et aujourd'hui, hormis celle de Mamoudzou, elles restent sans gros moyens. Il faut donc déterminer quelles ressources, quels impôts, quelle fiscalité locale, pour que ces compétences soient assumées. Tout ça fait partie de la mise en oeuvre d'un département.

Il y a déjà des travaux menés à ce sujet au ministère de l'Outremer, avec M. Poncet, également le rapport établi par le conseil général, et puis aussi la préfecture bien sûr, qui réfléchit à cette perspective qui va arriver plus vite qu'on ne le pense… Et puis, une fois que ça sera fait, ça sera fait. Il faudra donc que l'on ait bien tout prévu pour que ça réussisse. Personne n'a le droit de se planter.

MH : Quels sont, selon vous, les obstacles importants subsistant face à cette évolution statutaire ?

Christian Cointat : L'état civil, le cadastre, c'est fondamental, le code général des impôts, la fiscalité, c'est nécessaire, et comme nous l'avons dit, la répartition des compétences entre les communes et le conseil général. Une fois qu'on aura réglé tout ça, le reste suivra. Même si nous devons reconnaître qu'il y a déjà eu des choses de faites, de gros efforts de fournis, peut-être que les procédures n'ont pas permis de réaliser plus, plus vite, mais il faut reconnaître que beaucoup de choses ont été faites depuis 2000.

MH : Si Mayotte devient département, deviendra-t-elle aussi de fait une région ultra-périphérique aux yeux de l'Union européenne ?

Christian Cointat : Ce n'est pas lié. Il faudra le négocier avec la Commission. Mais il est vrai qu'en étant département de plein exercice, la négociation se fera d'autant plus facilement.

MH : Est-ce que vous pouvez nous dire si M. Sarkozy viendra à Mayotte comme il l'avait annoncé ?

Jean-Jacques Hyest : Alors, je ne suis pas porte-parole du Président. La dernière fois que je l'ai vu, le lendemain de la révision constitutionnelle, je n'ai pas pensé à le lui demander. Mais je pense que oui, car il tient toujours ses engagements. Il ne fait jamais de promesses, mais il tient ses engagements.

François Macone

05/09/2008 – Comité sur la départementalisation

Et c’est devant un parterre de grands électeurs (maires, conseillers municipaux, conseillers généraux), de représentants des principaux partis politiques, syndicats, associations, chefs de services de l’Etat et du conseil général, le sous-préfet Christophe Peyrel, le Grand cadi Mohamed Hachim, les présidents et représentants des trois chambres consulaires, etc., que le comité a présenté ses travaux.
"Après trois mois et demi de fonction, le comité a tenu une dizaine de réunions, une quarantaine d’auditions à Mayotte et à Paris, une dizaine de contributions écrites, plusieurs déplacements dans les communes et rencontres avec quelques maires", a précisé le rapporteur du comité, le conseiller général de Sada Ibrahim Aboubacar. Il a fait "un état des lieux des dispositions statutaires conformément aux Accords signés rue Oudinot le 27 janvier 2000" et a exposé "la vision que les élus et responsables politiques ont de la transformation de Mayotte en région et département d’Outremer, conformément à la résolution du 18 avril 2008".
 
 

"Le gouvernement a bien avancé"

Grandement satisfait du travail déjà accompli et du respect des délais, le comité a tout de même précisé que la période qui s’ouvre, celle de la deuxième phase allant de septembre à décembre 2008, est l’une des plus importantes puisqu’une mission d’information de la Commission des lois du Sénat séjourne actuellement sur le territoire pour fixer le calendrier et les modalités législatives du référendum.

L’autre temps fort de cette seconde phase sera "la tenue d’un débat au Sénat avant le 15 novembre et des discussions avec le Gouvernement afin de parvenir à une union partagée dans la départementalisation de Mayotte", a ainsi précisé le sénateur Soibahaddine Ibrahim Ramadani. Des discussions à l’issue desquelles la troisième et dernière phase commencera, "celle de la consultation et de l’adoption de la loi". Cette période sera aussi celle de la transformation de ce groupe en "Comité de campagne", s’en réjoui déjà le sénateur.

Mais avant la campagne une longue période s’impose car des doutes subsistent toujours chez beaucoup de Mahorais, mais pas pour le sous-préfet Peyrel pour qui "le gouvernement, malgré un travail assez lourd de coordination, d’échanges et d’expertise de l’ensemble des services, a bien avancé (…)". " On franchit un moment démocratique particulier pour Mayotte et pour la France", s’est-il exclamé. Et pour Ibrahim Aboubacar, Mayotte aussi a bien avancé en présentant ce "rapport d’étape stabilisé, reflétant l’opinion de la majorité, de la totalité des membres, puisqu’adopté à l’unanimité".

 

"Les Mahorais attendent une question claire"

Dans son état des lieux, ce document présente les bilans des Accords du 27 janvier, de la loi du 11 juillet 2001, de la loi DSIOM du 21 février 2007 et de la Résolution du 18 avril 2008. Pour le rapporteur, cette période devrait marquer "la concrétisation des engagements de l’Etat" en référence aux promesses de 1976, de 1979, de 1984 et de 2000. Et de cette concrétisation, "les Mahorais, a-t-il dit, attendent une question claire car ce comité n’a pas travaillé pour l’évolution institutionnelle, mais uniquement sur la départementalisation (…)". "Nous avons travaillé exclusivement sur comment départementaliser Mayotte, un processus indépendant de toute pression extérieure, de politique intérieure et internationale."

Le comité suggère, si bien sur le résultat du référendum l’approuve, une "mise en œuvre rapide du statut par une loi organique" avec bien sur des adaptations, comme le permet l’article 73 de la Constitution, au régime législatif et à l’organisation administrative car pour Ibrahim Aboubacar, "rien ne s’oppose à ce que le régime du droit commun soit étendu à Mayotte (…)".
"Il n’y a pas d’obstacle juridique particulier s’opposant à cette adaptation". Ce dernier demande à ce que l’on s’approprie "l’outil administratif départemental" et que l’on adopte "l’organisation départementale telle qu’elle existe dans le Dom. Nous ne voulons pas être un département à part". Et cette impulsion devrait se prolonger jusqu’au niveau européen : "la présidence française de l’Union Européenne doit faire de la départementalisation de Mayotte et de sa transformation en Rup, une de ses priorités", a conclu Ibrahim Aboubacar.

 

"Nous voulons rester Français pour être égaux aux Français de France"

Concernant les questions relatives au développement économique et social, le comité par la voix de son rapporteur soutient qu’"il faut apporter une réponse politique aux questions sociales, permettre la formation des Hommes, adopter une politique foncière commune", en créant notamment, comme le soutient la conseillère économique et sociale Anziza Moustoifa, un établissement foncier.

L’objectif est de parvenir à "une vision partagée des patrimoines de l’Etat et de la CDM, apporter des réponses claires au sort des immigrés présents sur le territoire – un vrai problème pour le développement, à terme pour la paix sociale, être soucieux vis-à-vis de la préservation à l’environnement et du cadre de vie, un réel désenclavement aérien et numérique du territoire, accompagner les secteurs en mutation qui se battent pour prendre le virage du développement économique… avec pour objectif d'éviter l’assistanat !"
Mais l’une des priorités du comité, c’est aussi d’améliorer les services à la personne – "un gisement d’activités, un moyen d’éradiquer la clandestinité" –, "mettre au diapason les actes et les paroles" au niveau touristique, "exploiter le potentiel aquacole à grande vitesse…". Des propositions adoptées à l’unanimité des membres siégeant au comité et qui sont aujourd’hui soumises à réflexion aux diverses forces présentes, notamment les partis politiques.

Pour Néma, par la voix de Moussa Abdou, "une seule voix compte : celle de la départementalisation sans équivoque, sans ambiguïté", rappelant au passage que son parti a voté pour la résolution et soulignant par ailleurs que la demande d’admission au comité de Saïd Omar Oili en tant qu’ancien président du CG n’a été acceptée que le 22 août, alors que celle-ci avait été adressée dès le début des travaux. Néma considère que "le statut permettra à la France d’assurer la paix sociale, la sécurité des biens et des personnes" (…) "Nous avons besoin de cette France solidaire dans le territoire français où on a le plus d’analphabètes. Nous voulons rester Français pour être égaux aux Français de France. Néma, conclu Moussa Abdou, n’est pas favorable au statu quo".

 

Des doutes, du scepticisme et des interrogations

Mais certains ont affiché des doutes, notamment le président du Smiam Issihaka Abdillah, car pour lui "les auditions n’ont pas franchi les frontières de l’intercommunalité". Celui-ci a demandé où en était le bilan de la loi du 11 juillet 2001 puisque celle-ci prévoyait une réunion annuelle qui n’a eu lieu qu’une seule fois à Dzaoudzi sous le haut patronage de Brigitte Girardin. Il préconise un "retour sur les éléments déjà engagés depuis 1999". Ces doutes, le président du Smiam n’est pas le seul à les avoir exprimés.

Mieux encore, le sénateur Giraud a lui fait savoir qu’il était "encore sceptique" en interpellant directement le sous-préfet : "à qui doit servir ce statut que les Mahorais réclament depuis 1958 ? Quelles sont les raisons du refus du gouvernement" ? Pour le sénateur, rien n’est clair car "nous sommes trois à discuter : les Mahorais, le Gouvernement et les Comoriens. Le problème de Mayotte n’a rien à voir avec les discussions entre la France et les Comores. Je ne peux accepter le double langage de la France", a-t-il fait savoir, avant de surprendre quelques uns en annonçant qu’il n’est "pas sûr que les Mahorais voteront en grande majorité pour la départementalisation car le bilan de la loi du 11 juillet 2001 n’a pas été fait et son application, notamment les mesures sociales positives".

 

"Il y a un engagement extrêmement ferme et un choix totalement assumé"

Mais pour le sous-préfet Peyrel, "il faut éviter que se développent certaines idées trompeuses. Nous avons réalisé un bilan de tout ce qui a été fait à Mayotte depuis 2001". Pour lui, pas d’ambiguïté : "le statut sert aux Mahorais pour garder une stabilité politique dans un contexte régional et mondial pas si stable. Mayotte est une richesse pour la France, notamment dans la façon dont les Mahorais vivent l’Islam. Ce statut sert aussi à répondre à un engagement. Je n’ai pas de doutes sur le statut, a-t-il dit, même s’il y a eu des lenteurs. Il y a un engagement extrêmement ferme et un choix totalement assumé. On ne discute pas avec les Comoriens sur le département. Le GTHN n’est pas une machine pour ouvrir les frontières de Mayotte aux Comores. On discute avec eux dans le cadre du GTHN, sur l’immersion de Mayotte dans l’économie régionale et les moyens d’améliorer en amont la lutte contre l’immigration clandestine, en améliorant les contrôles et en contribuant au développement des Comores. La lutte policière ne suffit pas. On n’accepte pas n’importe quoi aux Comoriens. Quand ils franchissent les limites on leur dit, notamment le refus des parlementaires comoriens de se soumettre aux contrôles policiers à l’aéroport. La feuille de route du Gouvernement contiendra cette conjonction des flux".

Cette réunion de présentation des grandes lignes du travail du comité sur la départementalisation a eu pour mérite d’avoir réuni toutes les forces vives. "Un travail dense et riche, dans un esprit simple pour faire participer toute la société, personne n’a été exclu", se félicite le président du CG. Pour lui, "chacun doit s’approprier le contenu de ce travail. Il faut adopter une telle attitude pour faire adopter ce texte à la consultation. Il faut être de nature optimiste, a-t-il appelé dans un esprit d’"unité".

Il a également tenu à souligner au sous-préfet que "les Mahorais détestent l’incertitude du statut actuel, le désordre qui règne chez nos voisins. Ils adorent la démocratie, la stabilité. Les Mahorais détestent le mépris, ils ne sont non plus partisans de la pensée unique". Une manière bien ferme de démontrer qu’un demi-siècle s’est écoulé depuis 1958, mais que la détermination mahoraise reste, elle, intacte. La sera-t-elle le jour du référendum ?

R.T Charaffoudine Mohamed

UNE Mayotte Hebdo N°393 – Vendredi 29 août 2008

UNE Mayotte Hebdo N°393 - Vendredi 29 août 2008

Rentrée scolaire

12/20 Peut mieux faire …

 > Petit dÉjeuner de Mayotte Hebdo – Fahar-Eddine Cheick Ahmed et Alexandre Charambakis
 > Dugong – les dernières sirènes du lagon
 >
Comores – le président de Mohéli reconnait Mayotte française

29/08/2008 – Rentrée scolaire 2008-2009 – S’améliorer au niveau quantitatif et qualitatif

Après l'école primaire de Koungou plage, on passe au collège de Kawéni, où l'attend la toute nouvelle classe de Segpa, une filière spécifique existante depuis plusieurs année en Métropole, destinée à accueillir de la 6e à la 3e les élèves présentant de grosses difficultés scolaires (lire page Education). Les collèges de Dembéni et Tsingoni accueillent également cette nouveauté qui permettra de décharger en partie les PPF, pour lesquelles il a été décidé de ne plus augmenter les effectifs. Trois ou quatre autres Segpa devraient ouvrir dans les prochaines années. Devant les 12 élèves présents à Kawéni et les parents de plusieurs d'entre eux, le vice-recteur explique le fonctionnement et les objectifs de la Segpa et répond aux questions des mamans inquiètes.
Le café avalé on reprend la route, direction Dembéni, l'IFM où M. Cirioni a choisi de rencontrer la presse et surtout la nouvelle promotion d'instituteurs stagiaires, pour mieux marquer l'importance donnée à la formation des futurs maîtres, chevilles ouvrières de l'élévation du niveau scolaire de l'île. Le nombre de places au concours a d'ailleurs été augmenté de façon conséquente pour répondre à l'exigence de scolarisation de tous les enfants de 4 ans en 2009 et de ceux de 3 ans en 2010. "Avec cette augmentation des effectifs des instituteurs stagiaires, nous allons manquer de place pour les autres étudiants de l'IFM, il va donc falloir mettre en route rapidement le centre universitaire de Mayotte", précise le vice-recteur qui ajoute "avoir dépassé le stade du simple projet."
 
 

"Mayotte est un cas exceptionnel"

A ce même moment, les quelques 300 étudiants des 5 filières universitaires proposées par l'IFM se pressent dans les bureaux de l'administration pour compléter leurs inscriptions. L'occasion pour Françoise Nissen, responsable de l'orientation, de préciser que cette année le recrutement des étudiants de l'IFM a été sélectif pour éviter une "incohérence de parcours", à savoir laisser des étudiants choisir des filières qui ne leur conviennent pas, uniquement pour rester étudier dans l'île.

La sonnerie annonce 10 heures, l'amphithéâtre se remplit de la "nouvelle génération d'instituteurs", venus écouter leur futur patron leur parler du métier qu'ils ont choisi et des enjeux de l'éducation à Mayotte. "Mayotte est un cas exceptionnel", leur rappelle-t-il en annonçant les chiffres toujours plus impressionnants chaque année : 73.383 élèves de la maternelle au supérieur, 434 créations de postes d'enseignants dans le secondaire, 310 dans le primaire !… Puis il présente ce qu'il considère comme le "symbole de la rentrée" : le projet académique élaboré l'année dernière, qui met l'accent fort sur la maîtrise de la langue française.

"Le système éducatif de Mayotte n'est pas parfait mais il est en constante évolution, tant sur le plan qualitatif que quantitatif." En témoignent, sur le plan quantitatif, l'ouverture du nouveau lycée de Chirongui, actuellement en préfabriqués en attendant une construction en dur programmée d'ici 4 ou 5 ans (…), les extensions dans plusieurs établissements et l'ouverture de nouvelles écoles primaires. On compte actuellement 80 à 85% des élèves de 5 ans scolarisés en grande section de maternelle, 60% des 4 ans scolarisés en moyenne section et 40% des 3 ans en petite section. Les manques se situent essentiellement sur Mamoudzou, Koungou et Petite Terre.

 

25 élèves maximum par classe en CP

Sur le plan qualitatif, en plus du lancement des Segpa il est prévu cette année la limitation des effectifs de CP à 25 élèves par classe, qui devrait être effective pour 99% des classes cette année. Une structure particulière est mise en place dans chacune des neuf circonscriptions pour lutter contre l'échec scolaire. L'objectif est de cibler très rapidement les enfants qui présentent des difficultés à la lecture, pour éviter qu'ils n'arrivent en sixième avec des lacunes impossibles à combler. Conformément aux directives nationales, des heures de soutien seront mises en place au primaire dès la rentrée d'après Toussaint.

L'enseignement secondaire n'est pas en reste avec entre autres la généralisation de l'option MPI (math physique informatique, en 2de) dans tous les lycées pour éviter les déplacements d'élèves dans les établissements trop loin de chez eux. Enfin, M. Cirioni a tenu à féliciter les lauréats du concours d'instituteur présents devant lui, en précisant qu'ils ont un niveau des plus respectables, en témoignent les moyennes : 17,76 pour le major de la promo, 12,5 pour le dernier.

"Ce n'est pas parce qu'il manque un U à IFM que la formation des enseignants n'est pas la même qu'ailleurs", a-t-il martelé. Après un long entretien avec ces jeunes gens, le vice-recteur s'est envolé pour Paris, où il assistait à la conférence des recteurs mardi et mercredi.

Hélène Ferkatadji

29/08/2008 – Portrait de Deenice – Un nouveau studio de musique pour les artistes locaux

"La technique, le son, la musique m'ont toujours passionné". Une passion dont Deenice a décidé de faire son métier, lui qui a commencé à jouer au piano à l'âge de 4 ans et qui possédait un ordinateur quand il avait 10 ans, au tout début de l'informatique grand public des années 1980. C'est pourquoi, une fois son bac en poche, il décide de passer un BTS Audiovisuel option Son à l'Institut supérieur des techniques du son (ISTS) à Paris. Tout au long de sa carrière professionnelle, Deenice a su allier son activité d'ingénieur, pour accompagner des artistes sur scène ou en studio, et son goût pour la composition musicale dans de nombreux groupes.
Deenice a d'abord travaillé dans différents studios d'enregistrement pour la télévision où il faisait du bruitage, du mixage et du "sound design", c'est-à-dire des effets spéciaux sonores, en créant des sons pour des publicités par exemple. Au sein des studios Ramses et Bellx-1 à Paris, il a mixé et même composé des chansons pour une centaine de pubs de voitures, a mixé le long métrage Vidocq, fait l'habillage d'un clip d'Ophélie Winter, a travaillé sur la bande-son française des dessins animés Dragon Fly ou Rapido…
"Parallèlement à ça, je faisais partie de plusieurs groupes de musique. J'ai également accompagné de nombreux artistes sur scène, beaucoup de "world music" comme Alan Stivel, des aborigènes d'Australie, des groupes tziganes et de l'électro-jazz." Car Deenice n'est pas seulement un ingé son, c'est aussi un musicien professionnel qui a fait des concerts et qui a des notions sur quasiment tous les instruments, et surtout leur interface avec l'ordinateur. Il a participé à de nombreux concerts en Métropole, notamment des festivals de jazz, et continue d'être devant la table de mixage pour beaucoup de "live" à Mayotte.
Arrivé au début de cette année avec sa femme et sa fille, il a été très bien accueilli ici et a trouvé immédiatement du travail à Clap Production : "J'ai fait des concerts avec des musiciens et ça a un peu fait boule de neige". C'est surtout le fait qu'il soit à la fois musicien et ingé son qui a séduit tous les groupes avec qui il a travaillé.

"Contribuer à ce que les artistes d'ici s'exportent"

"J'ai travaillé avec tout le monde ici : des musiciens traditionnels, des artistes M'zungu, des entreprises privées et des institutions publiques, des associations…" Son expérience professionnelle est un atout à Mayotte, lui qui a déjà produit quelques groupes quand il habitait à Lille en 2006-2007 et qui a fait le son des pubs de clients prestigieux comme Cofidis, Décathlon ou Hollywood chewing gum. Deenice a décidé de créer son entreprise au mois de mai dernier, notamment grâce au dispositif de l'Accre (Aide aux chômeurs créant ou reprenant une entreprise) qui lui permet de bénéficier d'exonérations de charges sociales pendant un an.

Avec l'aide de la Boutique de gestion, il a pu monter un dossier qui lui a permis d'avoir son local qui était à l'abandon et qui a nécessité beaucoup de travaux. Et s'équiper en "matos", avec une régie de production audio et tout l'attirail des studios d'enregistrement de qualité. Ce local est également utilisé comme salle de répétition par les groupes Maoris et Daddy Happy, avec qui Deenice a créé une association appelée Nafassi ("Liberté"), qui vise à faire de ce local un lieu incontournable de la musique à Mayotte. Tom, le vice-président de l'association et batteur de Daddy Happy explique qu'"à terme, en parallèle de l'activité de Deenice, on aimerait en faire un lieu de résidence pour des artistes de l'extérieur".
Deenice a déjà enregistré de nombreux concerts et des maquettes pour Daddy Happy, Lathéral, Maoris. Il a aussi effectué le "mastering" du dernier album d'Eliasse et créé la bande-son du Ballet de Mayotte. Il a travaillé en post-production et enregistré un titre avec Patrick Millan de 100% Mayotte et c'est lui qui va "masteriser" la voix de Djazou, la gagnante du concours Jeunes talents SFR. Et il commence à produire des artistes locaux comme Trio, Bo'Houss ou Mafio.
"Je voudrais contribuer à ce que les artistes d'ici s'exportent. J'ai été vraiment super bien accueilli par les Mahorais et tous les gens du spectacle ici. Et sans vouloir être prétentieux, les musiciens me disent souvent que nous avons des rapports agréables car je suis musicien moi-même, ce qui me permet de mieux comprendre leurs attentes."
Deenice est en train de créer un site internet pour recenser tous les artistes mahorais : "J'ai eu beaucoup de mal à trouver des informations sur Mayotte avant de venir et je crois qu'il y a un problème au niveau de la communication. Je veux faire un site qui regroupera tous les groupes pour que Mayotte ait une vitrine à l'extérieur. C'est pourquoi je sollicite tous les artistes, sans aucune obligation commerciale bien sûr".
En attendant, Deenice fait un peu de mix-live à Koropa, prépare son prochain album qui sera du "trip hop rapide" et projette de remixer des chants et de la musique traditionnelles version "électro". Une bouffée d'oxygène bienvenue pour la scène musicale mahoraise.

Julien Perrot

29/08/2008 – Nouvelle centrale électrique de Longoni – 5 énormes moteurs dans leur écrins

C'est une centrale clef en main. Comme si vous achetiez un meuble à monter vous-même. La comparaison est osée, mais il y a de cela. En janvier 2007, EDM passe un contrat avec la société finlandaise Wärtsilä, spécialisée dans la conception de pièces, de mécanismes et de sites pour l'ingénierie pétrolière, gazière et électrique. Pour environ 30 millions d'euros, EDM paraphe le contrat et se dote officiellement d'une nouvelle centrale électrique qu'elle recevra en février 2008. Mais pas seulement. Le contrat inclut aussi tous les aménagements annexes : le réseaux de sécurité incendie, une réserve d'eau de plusieurs centaines de mètres cube, un atelier, un magasin pour stocker les pièces de rechanges et un bâtiment administratif.
D'août 2007 jusqu'au printemps de cette année, les grands travaux de terrassement ont mobilisé une centaine d'ouvriers, chefs d'équipes et de chantier, d'ingénieurs et autres conducteurs de travaux. Cette partie, qualifiée de génie civil, fut suivie avec une extrême attention. Ici, le moindre affaissement de terrain ou un mauvais drainage pourrait avoir des conséquences dramatiques. Evidement, les constructions répondent aux normes antisismiques et les risques inhérents à l'environnement climatique ont été pris en compte.
 
 

30 millions d'euros pour une centrale clef en main

En février 2007, les pièces de la centrale arrivent dans des dizaines de conteneurs. La société Wärtsilä livre les cinq moteurs capables de produire chacun une puissance de 8 MW et dépêche sur place une équipe de techniciens pour amorcer l'assemblage.
Aujourd'hui, sept mois plus tard, la structure en elle-même est impressionnante. Les moteurs sont situés dans cinq chambres juxtaposées, reposant chacun sur un châssis de quelques centaines de kilos, qui lui-même se stabilise sur des ressorts pour éviter que l'assemblage ne transmette des vibrations au sol. Chaque salle dispose d'équipements annexes et elles sont toutes parcourues par des énormes gaines permettant l'aspiration de l'air nécessaire à la combustion qui engendre les 16 cylindres de ces moteurs en V, tout autant que l'échappement des gaz. 

Reliés à la grande cheminée, ces tubes permettent aux fumées d'être recrachées à plus de 50 mètres, ce qui facilite leur dissolution dans l'atmosphère. Sur le toit, des dizaines de ventilateurs capturent l'air nécessaire pour refroidir les moteurs. Etrangement, cela ressemble à une champignonnière géante… Le courant produit est ensuite démultiplié en passant dans des transformateurs, avant d'être dirigé vers un centre de "dispatching", qui aiguillera l'énergie dans le réseau jusqu'au consommateur.

 

Cinq moteurs d'une puissance de 8 MW chacun

Au total, la nouvelle centrale de Longoni pourra assurer une puissance installée de 40 MW. Pourtant, la capacité d'utilisation devrait être limitée autour de 30 MW. En effet, au moins un moteur doit pouvoir prendre le relais en cas de panne ou de révision. De plus, la station historique des Badamiers viendra ajuster la production en offrant des compléments.
"C'est une logique d'économie d'énergie", affirme M. Bietrix, assistant maîtrise d'ouvrage, "pourquoi lancer un moteur qui produit 8 MW lorsque l'on a besoin que d'un ou deux mégawatts ? Les Badamiers peuvent jouer ce rôle de modérateur". La station de Kawéni sera elle bientôt démantelée. De plus son fonctionnement peut être assuré au quotidien par une équipe composée de seulement 4 ou 5 personnes.

Mais le grand atout de ce type de centrale reste financier, autant par la rapidité de son installation, que son fonctionnement et sa capacité à l'adapter aux besoins. On peut en effet mettre en fonctionnement des moteurs indépendamment les uns des autres, les éteindre rapidement, et en rajouter si nécessaire. Très répandues là où l'on ne trouve pas de réseau interconnecté, comme les îles ou les zones reculées, ces centrales sont également légions en chine.
Au début de l'ère industrialisante qu'a connu l'Empire du milieu, la question énergétique devait être solutionnée au plus tôt. Pas le temps d'attendre les centrales thermiques ou nucléaires, trop coûteuses et trop gourmandes en temps pour se dresser, au risque de voir passer le train de la croissance. La décision d'implanter des dizaines de centrales au gazole a permis de produire l'énergie nécessaire encore jusqu'à aujourd'hui, même si le pouvoir central privilégie désormais la construction de grandes centrales thermiques ou le nucléaire civil.

 

1,6 m³ de carburant par heure et par moteur

A l'heure où tout le monde ne jure plus que par les énergies renouvelables, on peut s'étonner, ou du moins s'interroger sur le choix d'une centrale dont chaque moteur consomme 1,6 mètre cube de carburant par heure.

"Les alternatives plus écologiques existent en effet, mais elle ne sont pas encore en mesure d'offrir des volumes de production équivalent. A titre d'exemple, une éolienne peut produire 1 MW au maximum de sa capacité. Il en faudrait 40 pour se substituer à cette centrale. De même, il faut un hectare de panneaux solaires pour produire un mégawatt. Et encore, la production reste aléatoire en fonction des conditions d'ensoleillement", explique M. Bietrix.

Le ballet des camions citerne qui approvisionneront les moteurs risque donc d'être aussi spectaculaire. Tout autant qu'éphémère. En effet, la proximité du nouveau site de dépôt d'hydrocarbure permettra la construction d'un pipeline qui alimentera directement la centrale en carburant. D'ici l'année prochaine, les deux édifices devraient être reliés par une conduite, souterraine ou aérienne, cela reste à décider.

François Macone

40 millions d'euros pour 40 mégawatts de plus

La production, le transport et la distribution d'énergie électrique sont assurés à Mayotte par EDM, société d'économie mixte créée en mai 1997. Cette société, dont les actionnaires sont la CDM (50%), EDF-EDEV (25%), Saur International (25%) et l'Etat (une part) employait, en 2007, plus de 150 personnes.
Il y a pour l'instant une centrale aux Badamiers (38,8 MW) et une centrale provisoire à Kawéni (11 MW). La nouvelle centrale de Longoni, qui représente un investissement de plus de 40 millions d'euros, disposera d'une capacité initiale de 40 MW extensible à 80 MW, permettant de doubler les capacités actuelles.

14% de croissance de la consommation par an

En 2007, la consommation facturée d'énergie s'est établie à plus de 172 millions de kWh, en progression de 14% en un an et de près de 60% par rapport à 2003. Cette hausse est majoritairement imputable aux clients industriels, dont la consommation a progressé de 180% en un an. Les particuliers (clients domestiques ou professionnels dont la puissance souscrite est inférieure ou égale à 120 kWh), qui représentent plus de 70% de l'électricité facturée, ont vu leur consommation augmenter de 14% en un an et de plus de 35% par rapport à 2004.
L'augmentation de la consommation électrique à Mayotte s'explique par la forte croissance démographique, la progression du taux d'équipement des ménages, ainsi que la hausse de l'activité économique des clients professionnels et industriels.


Les actions en faveur de l'énergie solaire

Actuellement, l'énergie électrique produite à Mayotte est exclusivement le résultat de la transformation de gazole en électricité. Pourtant, de par sa situation géographique, le nombre d'heures d'ensoleillement à Mayotte est considéré comme l'un des plus élevés du territoire français. Le potentiel dans la production d'énergie photovoltaïque est donc conséquent et doit être encouragé, dans la perspective de baisser la dépendance de Mayotte aux énergies non renouvelables.

Pour favoriser le développement de l'énergie solaire, la législation nationale a imposé une obligation d'achat de l'électricité produite par les installations utilisant l'énergie radiative du soleil par l'arrêté du 10 juillet 2006. Pour Mayotte, le tarif d'achat a été fixé le 1er janvier 2008 à 0,41561 euros par kWh, voire 55 cents si les équipements de production assurent également une fonction technique ou architecturale essentielle à l'acte de construction.

Ces mesures ont encouragé les acteurs publics et privés à faire installer des panneaux solaires. Une première centrale photovoltaïque expérimentale connectée au réseau d'EDM a été mise en service en mai 2007 sur le site EDM de Kawéni, pour produire un peu moins de 5 kW crête. De plus, le CG a fait installer des panneaux solaires sur le bâtiment de la DEDD (direction de l'environnement et du développement durable), d'une capacité de 8 kW crête, soit l'équivalent de la consommation annuelle de 15 foyers mahorais. Cette initiative a été imitée en début 2008 pour la nouvelle mairie de Mamoudzou ou la société Mayotte Equipement. Actuellement, deux entreprises réunionnaises se partagent le marché : Ténésol et SCEM. Si l'électricité produite par ces équipements est encore minime, d'autres projets sont en cours ou en consultation (établissements scolaires, entreprises, DE, nouveau marché de Mamoudzou, future centrale EDM de Longoni, futur terminal pétrolier de Total, etc.), ce qui permettra, à plus ou moins long terme, de réduire significativement la dépendance énergétique de Mayotte au pétrole. EDM estime à 900 MWh les prévisions de rachat d'électricité photovoltaïque pour 2008.

Source : Rapport 2008 de l'IEDOM (Institut d'émission des départements d'Outremer)

 

29/08/2008 – Une pièce d’Alain-Kamal Martial présentée dans 27 pays

Avant d'être chargé du département Littérature et Théâtre, puis de devenir directeur du service culturel, Alain-Kamal Martial est avant tout un brillant auteur et dramaturge contemporain. Il contribue beaucoup à la reconnaissance de son île dans le monde, à travers ses œuvres artistiques. Bien qu'il soit actuellement dans l'île, AKM ne manque jamais les grandes occasions nationales.
AKM est sélectionné pour représenter la France à Trait d'Union, un exceptionnel projet de théâtre décidé à l'occasion de Saison culturelle européenne qui se déroule jusqu'en décembre 2008, dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne. Trait d'Union consiste à sélectionner 27 pièces européennes contemporaines, une par pays membre de l'UE, qui seront traduites en langue française, éditées et présentées en lectures publiques.
Initié par Cultures France, l'opérateur délégué des ministères des Affaires étrangères et européennes et de la Culture et de la communication pour les échanges culturels internationaux, ce projet veut faire entendre la diversité et la richesse de l’écriture théâtrale contemporaine européenne, tout en faisant découvrir au public des auteurs de théâtre européens reconnus dans leurs pays, mais encore inédits en France.
 
 

"J'ai beaucoup d'espoir pour cette île. Ses jeunes sauront porter des choses grandes et s'affirmer dans la région et sur la scène internationale"

AKM a été choisi grâce à son texte "Les Veuves", avec lequel il était en tournée internationale dans les centres culturels français en 2007. En apprenant, en avril dernier, qu'il allait représenter le théâtre contemporain français et la langue de Molière dans 27 pays d'Europe, la première réaction que l'auteur mahorais a eu : "je ne croyais pas que ce soit un auteur d'un territoire qui n'est pas encore dans l'Union européenne qui ait été sélectionné pour représenter la France".

L'auteur avoue que cette réaction est presque la même qu'en 2002, lorsque lui a été décerné le 1er Prix du théâtre de l'océan indien pour "Zakia Madi, la chatouilleuse". Mais AKM, fondateur de la compagnie IstaMbul en 2000, ne peut que manifester "une joie et une fierté immense", surtout de voir qu'un auteur de l'Outremer, en l'occurrence lui, "arrive à être mis au centre de l'action gouvernementale". Pour lui, cette opération entre dans la politique française : "A l'occasion de sa présidence européenne, la France tient à rendre hommage à sa langue. Elle a surtout envie de marquer son empreinte et son identité, inscrites dans la pensée littéraire et contemporaine. Une façon de montrer ce qui fait sa grandeur, un pays de traditions littéraire et philosophique".

La participation d'AKM à cette manifestation littéraire d'envergure internationale montre en effet que le travail que les jeunes auteurs mahorais font et en lequel ils "croient" est remarquablement reconnu. "J'ai beaucoup d'espoir pour cette île. Ses jeunes sauront porter des choses grandes et s'affirmer dans la région et sur la scène internationale", est-il persuadé.

 

Au Festival d’Avignon et à l’Odéon, le Théâtre de l’Europe

Trait d'Union s'organise autour de trois cycles de lectures : au Festival d’Avignon, au Festival de la Mousson d’été et à l’Odéon, le Théâtre de l’Europe. Elles feront ainsi découvrir les 27 auteurs, traduits avec l’appui de la Maison Antoine Vitez, de l’Atelier européen de la traduction, publiés par les Editions théâtrales (Paris) et distribués dans les 27 pays membres de l’UE.
Créé par le metteur en scène Michel Didym en 1995, le 13ème Festival de la Mousson d'été commence ce vendredi 22 août. L'auteur mahorais est bien présent de par son œuvre "Les Veuves". Cette pièce sera, jusqu'à la fin du mois, confrontée au public : auteurs, éditeurs, acteurs, traducteurs, directeurs de structures théâtrales, responsables institutionnels, journalistes, universitaires, etc.

Du 11 au 15 septembre 2008, "Anéantissement", qui est un extrait de son dernier écrit "Organique", sera joué sur la scène nationale de Saint-Etienne. Commande de l'Ecole nationale supérieure du théâtre, cette pièce est mise en scène par Jean-Claude Barrouti, directeur de la scène nationale stéphanoise.

 

AKM au Musée du Louvre en novembre

Après "Epilogue des noyés" en 2006, "Epilogue d'une trottoire" d'AKM qui a été présentée en lecture lors du Festival d’Avignon en juillet 2007, sera jouée au CCM Jean Gagnant, les 29 et 30 septembre 2008, dans le cadre des 25èmes Francophonies en Limousin (du 23 septembre au 5 octobre). Plus de trente nations, du monde entier, prendront part à ce festival de théâtre, danse, musique et autres arts sur le thème de la francophonie dans le monde. Mise en scène par Thierry Bédard, artiste associé à Bonlieu, la scène nationale d’Annecy dans le cadre du Centre d’art et de création, avec Marie-Charlotte Biais et Joao Fernando Cabral, "Epilogue d'une trottoire" sera également présentée cet été au Festival d'Avigon puis à Cuba, avec une lecture de l'ensemble des "Epilogues". "Epilogue d'une trottoire" est à paraître aux éditions Acte Sud.

Enfin, l'auteur mahorais sera le 5 novembre prochain à la salle de l'auditorium du Musée du Louvre (Paris) et fera une lecture de ses textes au public.

Rafik

AKM, auteur du" théâtre des énergies"

Alain-Kamal Martial est né le 25 juillet 1974 à de M'zouazia, au sud de l'île. Après l'obtention de son baccalauréat, il se rend en France poursuivre ses études universitaires, notamment à Mulhouse, Bordeaux III, Avignon et à Cergy-Pontoise où il prépare une thèse de doctorat en littérature.

En 2000, AKM crée la compagnie de théâtre IstaMbul qui est aujourd'hui menée par des jeunes mahorais formés. Il a écrit et mis en scène plusieurs de ses pièces, dont "P'pa m'a suicideR", qui a été présentée au Centre dramatique de l’océan indien.

Il entame, depuis 2002, un travail de recherche et de collaboration avec des artistes de l’océan indien et de l’Afrique australe. Il travaille sur un "théâtre des énergies". Il a écrit depuis 2005 une série de textes intitulés "Les Épilogues", joués à la Réunion et en France. Il a progressivement acquis une réputation internationale et ses pièces ont été jouées dans 18 pays différents ces dernières années.

Ses dernières pièces : "17 millions d’enterrements pour une dépouille nationale", traduite en portugais par l’auteur mozambicain Mia Couto, a été jouée au Teatro Avenida de Maputo au Mozambique, "Les Veuves" en tournée internationale depuis 2007 dans les centres culturels français, l’ensemble de ses "Epilogues" sera présenté en lecture cet été au Festival d’Avignon. A la direction du Service culturel de la Collectivité départementale de Mayotte depuis janvier 2008, AKM préfère mettre provisoirement entre parenthèses sa carrière d'auteur.


Distinctions

2001 Premier Prix Défi-jeunes Mayotte 2001, pour "La rupture de chair".
2002 Premier Prix du théâtre de l'Océan Indien, pour "Zakia Madi, la chatouilleuse".
2002 Premier Prix du grand Concours littéraire de l'Océan Indien, pour "Zakia Madi, la chatouilleuse".
2005 Prix Arlequin d'or au 19ème Arlequin de Cholet, pour "P'pa m'a suicideR".
2005 Premier prix du jury littéraire du lycée de Sada, pour "La rupture de chair".

UNE Mayotte Hebdo N°392 – Vendredi 22 août 2008

UNE Mayotte Hebdo N°392 - Vendredi 22 août 2008

Dossier 4 pages

Je viens de …

 > Culture – Alain Kamal Martial représente la france en europe
 > Electricité – la nouvelle centrale à longoni
 >
Spectacle – théâtre & danse toute la semaine

 

Août 2008 – Société – Les « Je viens de… »

 
"Le 'Je viens de…' doit revenir avec un plus social"

La fin des grandes vacances approche et de nombreux "Je viens de…" s'apprêtent à retourner sur leur lieu de résidence habituel. L'anthropologue Mohamed M'trengouéni a bien voulu essayer de nous dresser le portrait-type du Mahorais vivant à l'extérieur et venant passer ses congés auprès des siens à Mayotte. Ces "expatriés" – installés durablement ou étudiant temporairement hors du territoire avec ou sans projet de revenir s'installer ici – ont parfois du mal à trouver leur place dans la vie villageoise et ont parfois une image décalée de leur île.

Mayotte Hebdo : Qui sont les "Je viens de…" ?
Mohamed M'trengouéni : Ce sont des Mahorais qui vivent à l'extérieur de Mayotte, principalement en France métropolitaine et à la Réunion. Deux raisons principales les poussent à partir là-bas. Tout d'abord, il y a ceux qui sont à la recherche d'une vie meilleure. Et puis il y a aussi ceux qui partent pour des raisons scolaires. En fonction de l'objet de leur départ, leur retour est perçu différemment.

Mayotte Hebdo : Quelles sont les raisons qui les amènent à revenir à Mayotte ?
Mohamed M'trengouéni : Je ferai une distinction entre les étudiants et les autres "Je viens de…". Pour la seconde catégorie, ils ne viennent pas simplement pour passer des vacances. Ils viennent pour se marier, ou assister à un mariage, construire leur maison. D'ailleurs, ils ne reviennent à Mayotte que s'ils ont les moyens financiers pour réaliser tout cela. Pour les étudiants en revanche, ils reviennent et essaient de s'écarter de toute la pression sociale qu'engendrent les mariages et les autres activités familiales et culturelles en allant à la plage et en faisant des voulés. Vous remarquerez qu'ils ne font pas des pique-niques mais des voulés, c'est leur façon à eux d'avoir une activité typiquement mahoraise qu'ils pourront raconter à leurs amis qui n'ont pas pu faire le déplacement.

Mayotte Hebdo : Quelle est la perception des "Je viens de…" par ceux qui sont restés à Mayotte ?
Mohamed M'trengouéni : Le "Je viens de…" doit revenir avec un plus social. On considère qu'il a acquis quelque chose en plus, même si là-bas il n'a pas amélioré sa situation professionnelle, il n'a pas suivi de formation. L'effet est symbolique, il a vu un autre monde, il peut le comparer au nôtre. S'il a ramené des diplômes ou amélioré sa situation sociale, cela rejaillit sur le prestige de la famille restée à Mayotte. Cela est d'autant plus vrai s'il réalise quelque chose de concret : une maison, un mariage. C'est une situation compliquée à gérer, car par la suite tout le monde s'attend à ce que ce capital social soit fructifié. De nombreux Mahorais restent deux mois ici puis repartent, car ils n'ont pas les moyens de valoriser leur capital. Pour ceux qui reviennent définitivement, si au bout d'un an ils n'ont rien fait, le jugement social que l'on a d'eux se déprécie. Il faut montrer que tu as fait quelque chose, sinon le prestige acquis se perd.

"Il faut participer aux activités collectives pour obtenir toutes les clés nécessaires à la compréhension de la société et avoir sa place au sein de la communauté"

Mayotte Hebdo : Comment les Mahorais qui ont vécu à l'extérieur font face à ces attentes de leur famille et de leur village ?
Mohamed M'trengouéni : Certains le vivent très mal et se sentent étrangers. Il y a une difficulté à être reconnu pour ce qu'ils ont fait. Ils ont l'impression d'être en retard par rapport à la société mahoraise. Le paradoxe, c'est que certains se disent qu'ils vont repartir pour rattraper ce retard, mais ils ne le pourront pas car pour être complètement intégrés, il faut se conformer aux usages culturels locaux. Ce n'est pas évident quand on a des repères d'ailleurs. Ici les gens ont envie de te connaître, il faut se raconter sur la place publique. La communication est collective, les gens se réfèrent à la communauté pour délivrer une opinion. L'individu n'existe pas en dehors du groupe, contrairement aux sociétés occidentales. L'exclusion commence par l'auto-exclusion. En fait, il faut participer aux activités collectives pour obtenir toutes les clés nécessaires à la compréhension de la société et avoir sa place au sein de la communauté. Cela prend du temps, surtout pour les personnes qui n'ont pas vécu à Mayotte entre l'âge de 10 et 25 ans.

Mayotte Hebdo : Ces deux mondes sont-ils irréconciliables ?
Mohamed M'trengouéni : On ne peut pas les mélanger. Chacun a ses institutions et son organisation. Mais pour moi, c'est un faux débat. Le phénomène des "Je viens de…" est un fait social. On en a une meilleure compréhension si on a vécu à Mayotte et à l'extérieur. D'ailleurs, les "Je viens de…" n'essaient même pas d'expliquer le fonctionnement du monde extérieur à ceux qui sont restés à Mayotte. Cela reviendrait ici à accepter une façon de faire extérieure à la culture mahoraise. Mais le fait d'avoir vécu ailleurs peut enrichir certaines pratiques endogènes. Auparavant, à l'occasion des mariages, il n'y avait pas d'invitation lors des manzaraka. Tout le monde venait préparer et manger. Aujourd'hui, sous l'influence des invitations pour les dîners dansants, il y a aussi des invitations pour les manzaraka. De nombreuses choses peuvent changer en 20 ou 30 ans.

Propos recueillis par Faïd Souhaïli
 

 


Alawa Maore

Littéralement, "Je viens de…" se traduirait "Tsi lawa" en shimaore. Une traduction qui nous fait immanquablement penser au tube de Lathéral "Alawa Maore" ("Il vient de Mayotte"). Dans cette chanson, le lauréat de 9 semaines et 1 jour raconte la vie à Mayotte des sans papiers anjouanais qui font croire à leur famille restée sur leur île natale que leur vie se déroule sans problème, alors qu'ils sont dans une galère totale, poursuivis par la Paf, accomplissant des travaux pénibles et s'entassant à 20 dans un banga.
Pour Mohamed M'trengouéni, le terme de "Je viens de…" traduit une autre réalité. "Il est vrai qu'à une certaine période, les Mahorais de l'extérieur renvoyaient une image décalée de leur vie quotidienne en France et l'enjolivaient. Mais si on devait traduire en shimaore, "Wami de mtru.." (je suis celui qui…, c'est moi qui…) serait plus approprié. En effet, "Je viens de…" est un terme ironique inventé par ceux qui sont restés à Mayotte pour caractériser la vantardise de ceux qui étaient partis et qui se donnaient de l'importance en disant tout connaître. Or aujourd'hui ce n'est plus vrai, avec la télé les Mahorais voient ce qui se passe en France. Tout le monde a la voiture, la maison, en fait ils n'ont plus d'argument pour se valoriser, ils n'apportent plus la bonne parole."

 


M'kaya Ali, 2ème dauphine de Miss Mayotte 2008
Ceux qui agissent et ceux qui traînent

À défaut de venir à Mayotte pour y rester, M'kaya Ali qui vient de la Réunion s'en est retournée mercredi dernier dans cette île où elle demeure depuis l'âge de cinq ans. "Je me sens bien ici !", s'est exclamée l'habitante de la ville du Port avant de partir, à propos du phénomène des "Je viens de…".

Cette année, le séjour de la native de Dzaoudzi n'a pas été tout à fait comme les autres, elle qui débarque sur son île d'origine assez régulièrement. La Mahoraise, inscrite par sa sœur, a vécu cet été la fameuse aventure de Miss Mayotte de l'intérieur en se portant candidate. Cerise sur le gâteau, c'est avec l'écharpe de deuxième dauphine qu'elle regagne la Réunion.
"C'était pour moi une aventure inoubliable où j'ai appris énormément. Une grande solidarité et beaucoup de rigueur de la part de tous les coachs m'ont marqué l'esprit et ont fait que le spectacle final a été une réussite", nous explique-t-elle. Pour commencer cette nouvelle semaine, la jolie fille de Labattoir a accepté de donner son avis au journal sur le phénomène des "Je viens de…", sans pour autant être vraiment certaine d'en faire partie…
"En voyageant on découvre toujours une autre culture, une autre socialisation que celle de la vie locale, donc je pense que c'est toujours bien de partir et de voir autre chose", affirme-t-elle. "Ce n'est pas pour autant que le "Je viens de…" doit se croire meilleur qu'un autre Mahorais, en particulier envers celui qui n'a jamais voyagé. Certains sont conscients de cette opportunité qui leur est donnée que de découvrir ou de vivre en France. Ils en profitent pour réaliser des choses bien. D'autres n'ont pas conscience de leurs chances. Ceux-là passent leur temps à ne rien faire là-bas et ce sont en général eux, à leur retour ou pendant leur séjour, qui se sentent au-dessus des autres", continue la toute nouvelle étudiante en BTS Tourisme.
Celle-ci répond sans hésitation lorsqu'on lui demande à quoi on peut les reconnaître : "leur tenue vestimentaire". Cependant, le vêtement métropolitain n'a plus de secret pour les Mahorais selon elle. "Moi par exemple, je suis habillée comme ça car c'est dans cette culture que j'ai grandi. Mais aujourd'hui, on peut trouver des personnes habillées de cette manière, sans pour autant qu'elles aient voyagé", conclut celle qui rêve d'ouvrir un atelier de confection.
Déjà auteur de quelques créations personnelles, M'kaya veut devenir styliste de mode à l'avenir. Repartie mercredi "avec regret", elle affirme que beaucoup de choses vont lui manquer, "surtout l'aspect naturel et relationnel qui est unique ici. Quand il y a un mariage par exemple, c'est tout le village qui se mobilise, c'est vraiment exceptionnel. Les voulés vont aussi beaucoup me manquer, ce sont des choses qu'on ne retrouve pas là-bas."

Ichirac Mahafidhou
 

 


Saturnin, 37 ans, fonctionnaire à Bourg en Bresse
Planifier un retour définitif à Mayotte

Ce jeune père de famille est originaire de Mayotte où vivent les membres de sa famille et ses proches. Afin de poursuivre ses études, il quitte son île en 1990 pour partir en Métropole et revient seulement en 2001 dans le but de travailler. En 2004, à l'occasion d'une formation il est renvoyé en France mais très vite la vie active lui manque et il intègre la fonction publique. Depuis, il travaille dans un lycée agricole à Bourg en Bresse.
S'il n'a pas l'intention de rentrer au pays pour l'instant à cause de ses ambitions professionnelles, il tient quand même à planifier son retour définitif en demandant une mutation à Mayotte. "Nous avons hâte de nous installer au bled pour y agrandir notre famille", ajoute sa femme, qui elle aussi veut réussir sur le plan professionnel avant de rentrer définitivement. S'ils vivent en France, leurs cœurs restent à Mayotte et ils suivent régulièrement l'actualité de l'île grâce à internet et aux chaînes du câble.
Ainsi, Saturnin note que Mayotte connaît des mutations, surtout sur le plan social comme par exemple avec l'évolution du Smic horaire qui se rapproche progressivement de celui de la Métropole ou encore les voyages, qui sont rentrés dans la culture mahoraise. "Aujourd'hui tout le monde voyage, que ce soient les jeunes ou les vieux". C'est en ce sens qu'il fait aussi remarquer que les mentalités des Mahorais changent "de manière positive mais aussi négative". Et pour cela il donne des exemples et nous dit que c'est à son grand regret qu'il constate que le système de "musada" (l'entraide) qui était le ciment de la société mahoraise, n'existe plus aujourd'hui.
Même si il se sent toujours chez lui à Mayotte, il a toujours une certaine "appréhension par rapport à l'évolution de l'île" et se dit déçu par l'impression qu'il a d'une "espèce de régression de certaines administrations de l'île". Toutefois, le Mahorais est très fier que Mayotte possède de plus en plus des infrastructures qui continuent à se développer sur l'île. D'ailleurs, il ajoute qu'en rentrant sur l'île dans un futur proche, il veut "contribuer au développement de l'île et lui rendre ainsi ce qu'elle m'a donné".

Fatihat Cheick-Ahmed
 

 


Soihadine, 24 ans, technicien informatique
"Je vois des constructions de maisons partout où je passe dans les villages"

Soihadine, natif de Mayotte a vécu à la Réunion pendant près de 14 ans. Parti dans l'île voisine à l'age de 9 ans pour des raisons familiales, il y grandit et fait ainsi toutes ses classes là bas, du primaire au supérieur. Titulaire d'un BTS, le jeune homme est rentré au mois de juin à Mayotte car il a obtenu un poste dans une entreprise locale et a vu ainsi son souhait de retour aux sources se réaliser.
Malgré tout il reste attaché à son ancienne île d'accueil car il avait l'impression de s'être bâti un foyer avec sa mère et ses frères et sœurs, parmi lesquels certains sont aussi rentrés pour travailler dans l'île natale. Soihadine ne connaît pas très bien son île d'origine car il n'est revenu que 2 fois en vacances (en 2002 et 2006) pour assister aux mariages de ses sœurs. Ce qui le marque beaucoup c'est de voir autant de bâtiments construits sur l'île et des infrastructures en tous genres.
"Je suis impressionné qu'en une dizaine d'années Mayotte ait connu un tel développement, par exemple pour les routes et il y a beaucoup plus de voitures ". De plus il remarque que l'immobilier est devenu la priorité des Mahorais : "je vois des constructions de maisons partout où je passe dans les villages". Toutefois il est surpris de la lenteur de l'administration dans l'île et remarque une communication inefficace auprès du public.
Il travaille depuis peu et se dit "dégoûté du comportement de certains patrons d'entreprises ou bien de responsables de services dans les administrations mahoraises", auprès desquels il doit souvent intervenir. "Ils vous traitent comme un moins que rien", nous dit-il avec un soupir. Il ajoute ironiquement à cela qu'il est choqué par la "courtoisie" des automobilistes à Mayotte.
Par ailleurs, il porte un regard critique sur les mentalités de la population mahoraise. "J'ai l'impression qu'il y a une perte d'identité, c'est-à-dire que surtout les jeunes essaient de s'approprier une culture qui n'est pas la leur et renient leurs traditions. Je trouve ça bien dommage." Ce qu'il regrette aussi c'est l'entraide entre les personnes qui existait sur l'île et dont il se souvient. "Les Mahorais sont devenus tellement individualistes."

Fatihat Cheick-Ahmed
 

 


Lattuf, 23 ans, étudiant en droit
Revenir sur l'île à long terme, avec des références et des expériences

Ce jeune homme originaire de Sada est venu à Mayotte pour passer ses vacances d'été auprès de sa famille. Après avoir obtenu son baccalauréat économique et social au lycée de Sada, il s'envole pour la ville de Bordeaux où il habite maintenant depuis bientôt 5 ans. Il connaît très bien l'île car il y a grandi et fait remarquer que Mayotte s'ouvre de plus en plus sur le monde et que c'est une excellente chose, "les Mahorais voyagent beaucoup".
Cet étudiant ambitieux envisage de devenir professeur de droit et revenir sur l'île à long terme, avec des références et des expériences. "Je ne veux pas être un novice mais un professionnel", déclare-t-il en rajoutant qu'il envisage de s'installer ici à long terme et d'y faire sa vie. Mais tout d'abord il a l'intention de poursuivre en 5ème année en droit des affaires et par la suite effectuer un séjour aux Etats-Unis dans le cadre de ses études "pour améliorer l'anglais".
Il constate que les Mahorais évoluent, notamment les jeunes. "J'ai l'impression que de plus en plus les jeunes ont conscience de leur île et veulent participer à son devenir". Mais il déplore que "le CG soit devenu la première entreprise de Mayotte".
Selon lui, les Mahorais devraient avoir beaucoup plus d'initiatives plutôt que de chercher à tout prix à travailler dans l'administration, d'autant qu'il souligne que "ça dort dans l'administration". Lattuf a la volonté de créer une sorte de parrainage pour les nouveaux étudiants qui débarquent en Métropole. L'idée serait que des volontaires les prennent sous leurs ailes pendant un certain temps pour les guider dans les démarches à effectuer à leur arrivée et les intégrer, car il déplore malheureusement que ces jeunes soient laissés pour compte et ne soient pas mieux accompagnés.

Fatihat Cheick-Ahmed
 

 


Opinions sur rue….
Que pensez vous des "Je viens de…"?

Allaoui Azhar Ben, 21 ans, animateur école privée, Pamandzi
"Je viens de…", c’est un terme qu’on emploie vu que quand les élèves partent faire des études en Métropole, ils reviennent en disant : "Je viens de Paris", "Je viens de Marseille"…, voilà. C’est un "truc" qu’on emploie mais ce sont des gens comme nous, ce sont des Mahorais et il n’y a rien qui change. Ils s’habillent comme des Métropolitains avec des marques de bas en haut et j’en passe. Leur hygiène de vie change, ils partent sales mais ils reviennent propres, ils changent de couleurs ou changent d’attitude, de caractère le plus souvent, ils sont autres, ils deviennent généreux pour la plupart. Mais certains ne changent même pas, ils reviennent avec le même caractère et comme on dit en shimaoré, les gens qui reviennent de la Métropole, ils deviennent "guédzé" ("ignorants", ndlr) !


Lavita, 17 ans, Première STC, Petite Terre

Les "Je viens de…", parfois ils sont un peu bizarre. Par exemple, si on se connaissait quand on était petit, en revenant ils se foutent un peu de notre gueule, ils font genre ils ne nous connaissent pas et là, ça nous fait trop la honte. Et leur façon de s’habiller, certaines s’habillent comme des p…, désolée de dire le mot mais c’est grave. Elles viennent ici pour voler les mecs des autres et ce n’est pas bien du tout. En revenant ici, ils font comme si ils étaient les stars de Mayotte.

Attoumani Tava, Pamandzi
Moi je pense que les "Je viens de…" sont des personnes qui se la pètent, pas tous mais la plupart d’entre eux ils se la pètent parce que quand ils partent de Mayotte ils oublient leurs racines. Ils se croient supérieurs à tout le monde, ils croient qu’ils sont les boss. Ils font comme s'ils te connaissent pas alors que ce sont des gars avec qui tu traînais avant… Leur façon de s’habiller, c’est amusant parce qu’on voit qu’à Mayotte il n’y a pas trop de trucs à acheter, alors qu’en Métropole il y a des trucs à acheter, moins chers.

Moussa Abchia, 20 ans, Pamandzi
Ce que je pense des "Je viens de…" ? C’est que dès qu’on arrive à Mayotte on sent que c’est différent de la Métropole. Les modes de vie changent, mais surtout la manière de s’habiller, il y a aussi une évolution dans leur hygiène. Mais c’est normal car Mayotte aussi s’est développée économiquement, les jeunes aussi ont évolué, voilà !

Ben Marouane, 18 ans, Pamandzi
Les "Je viens de…" pour moi, ça dépend. Ils ne sont pas tous pareils. Il y en a qui sont à l’aise parce que c’est leur pays natal, mais il y en a qui veulent se montrer comme quoi ils viennent d’arriver. Certains aussi oublient leurs racines. Au niveau de leur tenue vestimentaire, on sait bien qu’à Mayotte, en Métropole ou quelque soit le pays, on ne s’habille pas de la même manière. Ici aussi ça évolue mais ce n’est pas la même chose, quoi ! Donc quand ils viennent ici ils sont bien habillés, leur tenue s’améliore.

Mistoihi El-Dine, 17 ans, première S, Pamandzi
Le nom de "Je viens de…" pour nous c’est un truc nouveau, parce qu’on considère que si une personne a eu son bac ou est partie depuis longtemps de Mayotte… ce n’est pas une question qu’il se la pète, mais il y a une différence. C’est pour ça qu’on les appelle les "Je viens de…" parce qu’ils vont acheter des nouveaux trucs, des nouvelles fringues, c’est pourquoi on les remarque, en gros.

Saïd Naxies, 17 ans, BEP vente action marchande, Pamandzi
Les "Je viens de…", c’est simple. En fait, quand ils partent et qu’ils reviennent à Mayotte, on dirait qu’ils sont beaucoup plus vantards qu’avant, ils se la pètent de plus en plus et ils ne sont pas comme avant, c’est tout !

M'djassiri Ali Mohamadi dit Bamhé, Tsingoni, éducateur sportif
Il y a un peu plus de présence, plus d'animation dans le village quand ils sont là. Je trouve que les "Je viens de…" participent beaucoup aux activités culturelles et sportives. Ils sont aussi toujours présents dans les grands rendez-vous, comme les mariages. Ils sont engagés en fait, en dehors de quelques-uns qui font ce que les jeunes ne doivent pas copier. Je peux dire aussi qu'avant, les "Je viens de…" étaient bien accueillis quand ils arrivaient, mais ça a changé. Tout le monde peut se permettre de voyager aujourd'hui, c'est sûrement la raison de ce changement de comportement envers eux.

Abassi, 16 ans, Kavani, futur lycéen en 2nd sciences médico-sociales
Moi je m'en vais mardi en Métropole, dans la ville de Toulouse, et tout ce que j'espère c'est qu'on ne me dise jamais que je suis un "Je viens de…" quand je reviendrais. Ce nom à un sens très négatif pour moi. Je n'en serais pas un, c'est sûr. Ça me fait vraiment mal au cœur de voir comment ils se là pètent et se prennent pour ce qu'ils ne sont pas, c'est-à-dire meilleurs que tous. En achetant des habits chers en France, ils croient qu'ils valent mieux que les autres, alors qu'il n'y a aucune différence.

Saïd Fidèle, 16 ans, Kavani, entre en 1ère S au lycée de Mamoudzou
Les "Je viens de…" reviennent avec la grosse tête. Ils racontent leurs histoires, leurs aventures d'une manière… comme s'ils veulent provoquer ou nous blesser, comme s'ils veulent qu'on rêve d'être comme eux ou comme s'ils veulent qu'on les envie. Leur manière de se comporter avec les gens est mauvaise. Il y en a même, s'il fait chaud, qui mettent des pulls et des gros pantalons pour montrer qu'ils viennent de France, qu'ils ont acheté tout ça en France. En tout cas, si eux sont des "Je viens de…", moi je suis un "Je reste !", et bien sûr fier de l'être.

Abidi Moustadirane, 17 ans, Nyambadao, futur cuisinier
Je n'y pense pas vraiment à ces gens là, mais pour moi ils sont gentils. En tout cas ceux que je connais. Il n'y en a quelques-uns dans mon village et ils ont changé. C'était des bad boys avant de partir en France, maintenant ils sont tranquilles. Ils ont peut-être compris l'importance des études. C'est une bonne chose et ça me donne envie d'y aller. Il y a ma sœur à Paris, donc si j'ai l'occasion de faire ce voyage, surtout pour mes études, je n'hésiterais pas.

Assani Mohamed alias Daan, 20 ans, Chirongui, en terminal Bac pro à Sada
Comme la mentalité est différente et que les choses sont plus développées en France, quand les "Je viens de…" reviennent, ils se croient en avance, plus intelligents que ceux qui sont ici. S'il y a une organisation dans un village un peu ratée, ils se disent qu'on est à Mayotte donc c'est normal, c'est sauvage ici, on est encore loin… C'est le genre de propos qu'ils tiennent. Je pense que même si tu as été bien éduqué à Mayotte, tu apprends beaucoup de choses en allant en France, c'est une autre éducation. On reconnaît le "Je viens de…" parle son look et sa façon de s'exprimer. Souvent ça s'entend quand il parle.

Issouf Alidou, mécanicien, 18 ans, Majicavo
Très franchement, la plupart reviennent métamorphosés ! C'est fatal. Si vous en croisez un dans la rue, impossible de ne pas le reconnaître. Déjà ils portent tous des nouvelles fringues, et c'est un vrai plaisir de découvrir des nanas toujours plus sexy à chaque fois qu'elles reviennent. Puis les potes, pour ceux qui n'ont pas trop pris la grosse tête et qui n'ont pas oublié leurs copains d'enfance, il ont toujours un peu de monnaie pour allez boire un coup. Mais quand ils changent, c'est fatal. Surtout les filles ! La plupart se prennent pour des reines et ne vous adressent même plus la parole. Mais il y a quand même de bons cotés. Des fois la famille ramène des cadeaux, ou alors on peut passer commande aux collègues qui rentrent pour qu'ils nous ramènent des fringues ou des baladeurs…

Ahamadi Moussa, 17 ans, Cavani
C'est bizarre, mais dans ma famille, lorsqu'ils reviennent pour les vacances d'hiver, on remarque toujours un changement. Même moi qui ai vécu à la Réunion, j'ai du mal à m'expliquer ce phénomène, encore plus aux autres. Il est vrai que vivre loin de Mayotte, c'est s'éloigner de la tradition, de la famille, de la religion aussi parfois, mais cela n'explique pas tout. Beaucoup développent un complexe de supériorité et oublient leur passé. Je comprends que le fait de s'exiler fasse évoluer les mentalités, et je dirais même que c'est nécessaire car c'est toujours positif d'aller voir ailleurs ce qui se passe.

Salima 17 ans, élève de 2nde, Cavani
Ce que je pense des "Je viens de…" ? Simplement qu'ils se la "pètent" trop. Ils reviennent ici avec leurs nouveaux habits et leurs nouvelles idées, ne restent plus qu'entre eux et ils nous ignorent complètement. Comme si on n'avait jamais existé pour eux, alors qu'on à grandi ensemble. C'est un comportement marqué surtout chez les filles. Mon frère vit à la Réunion depuis 4 ans. Il est marié et a 26 ans. Heureusement lui n'a pas changé. Il est toujours aussi content de revenir à chaque fois qu'il le peut et il donne régulièrement des nouvelles. Si je dois partir un jour pour mes études, je ferais bien attention à suivre son exemple et surtout pas celui des trop nombreux anciens amis qui m'ont déçue.

"Ce sont des vantards, certains se croient supérieurs par rapport à ceux qui sont restés parce qu'ils ont voyagé et vu autre chose, c'est bien d'évoluer mais pas comme ça."

"Déjà il y a un énorme changement de mentalités. Il y en a qui se croient les rois du pays et qu'il faut qu'on leur lèche les bottes. Moi aussi je vais bientôt partir et j'espère ne pas devenir comme ça."

"Moi, les Je viens de… m'impressionnent car je les vois plus autonomes que nous et certains nous disent qu'à l'extérieur de Mayotte c'est beaucoup mieux qu'ici."

"Je suis un Je viens de… et j'en suis fier. De toute façon je m'affirme en tant que tel. D'ailleurs j'ai plus de succès auprès des filles qui sont impressionnées dès qu'elles me voient !"

"Un Je viens de… se voit tout de suite. Pour les filles ce sont des vêtements souvent très colorés avec des bijoux en tous genres et les cheveux avec des mèches ou des tissages. En ce qui concerne les garçons ce sont les grosses lunettes, les piercings sur les oreilles, la casquette à l'envers et bien sûr la démarche…"

"Je suis surpris de voir que certains font semblant d'avoir oublié nos habitudes ici à Mayotte. C'est comme s'ils reniaient leurs origines."

"Moi, en les voyant bien sapés et tout, ça me donne envie de partir aussi."

"Il y en a certains qui n'aiment pas te parler parce qu'ils considèrent que tu n'es pas à la hauteur par rapport à eux."

 
 

 


L’avis d’une "Je viens de…" sur les "Je viens de…"
Salima Charafoudine, 24 ans, Master 2 droit public fondamental à Toulouse, de Chiconi

Je trouve ça vraiment ridicule d’appeler les jeunes Mahorais ou les gens qui se déplacent et quand ils reviennent ici des "Je viens de…". C’est l’évolution de la société, on n’y peut rien. Les jeunes d'ici, quand ils partent en Métropole ils découvrent un autre territoire, un autre mode de vie, ils sont obligés de s’adapter. Ils ne peuvent pas débarquer avec leurs salouvas, leurs boubous et leurs chapeaux comme des extraterrestres, ce n’est pas possible. Déjà que c’est difficile pour un noir de s’intégrer dans un pays comme ça, on est mal vu, on est mal accueilli, c’est une réalité en France, alors que eux, les blancs, je suis désolée mais quand ils viennent ici on les accueille les bras ouverts.
Nous on doit faire beaucoup d’efforts pour s’adapter, pour qu’ils nous acceptent, qu’ils ne nous rejettent pas et c’est comme ça, on y peut rien. Les vêtements d’aujourd’hui ne sont pas les vêtements d’il y a 100 ans, donc on n’a pas le choix en fait. La société évolue comme ça. Et ce n’est pas parce qu’on se met en pantalon qu’on est moins bien élevé qu’une fille qui porte un salouva ou je ne sais quoi. Je veux dire par là que moi je suis en pantalon et t-shirt, mais je fais des études, je fais le Ramadan, je lis le Coran… Après c’est vrai qu’il y a des frimeurs, mais ça aussi c’est la vie, on n’y peut rien.

 


Yazidou Maandhui, étudiant en DEA Littérature anglaise à Toulouse
Un "Je viens de…" sportif, littéraire et engagé

Yazidou Maandhui est étudiant en DEA Littérature anglaise à Toulouse à la rentrée, auteur et dramaturge ayant déjà publié un recueil de poésie "Le palimpseste du silence ou le silence des Dieux" en 2005 aux Editions du Baobab. Il écrit aussi des pièces de théâtre comme "L’Evangile de l’espace et du temps", produite la même année; une commande d’écriture du conseil général ou encore "Epître aux lucioles", présentée cette semaine dans le cadre du festival La Passe en S, jouée par une troupe professionnelle de Toulouse, le Théâtre Extensible, composée de professionnels et de semi-professionnels.
Pour lui, ces quelques semaines de vacances ont été rythmées non pas par les voulés, les mariages ou le tourisme. Ce fut surtout une période dont il a profité pour mettre en avant ses productions artistiques.

Après sa terminale littéraire à Limoges, Yazidou a décroché son bac L dans la Ville rose avant de valider son Deug d’Anglais. Assoiffé de culture, il partira une année avec Erasmus au Pays de Galles d’où il devrait revenir avec une licence en poche. De retour à Limoges, son parcours le mènera jusqu’à décrocher son master, avant de tenter le concours du Capes. Très attiré par les voyages et la découverte, la Métropole et le Pays de Galle ne sont pas ses premières terres d’évasion.
Peu avant de gagner l’Hexagone, ce jeune pamandzien de 25 ans a vécu à l’île voisine de la Réunion où il a passé sa première L. Parallèlement à ses études, Yaz, comme l’appellent ses proches, suivait un cursus sportif en sport études au Creps (Centre régional d’études physiques et sportives) de Saint-Denis en intégrant le pôle espoir judo de l’île Bourbon. Sportivement, cette expérience lui a permis d’atteindre le niveau de champion régional puis d’intégrer le pôle espoir de Limoges.

"Très tôt, en 4ème, j’ai été attiré par l’écriture (…) un plaisir, une passion, une vocation"

Aujourd’hui, le sport demeure pour lui un simple plaisir car c’est surtout dans le domaine littéraire et artistique qu’il s’exprime, puisque "très tôt, en 4ème, j’ai été attiré par l’écriture", nous confie-t-il. Sa "crise d’adolescence" passée, il redécouvrira l’envie et le plaisir de la littérature en première. "On m’a initié à la poésie de Francis Ponge et j’ai découvert le courant postmoderne, alors je me suis remis à l’écriture. J’ai travaillé le style, j’ai essayé de découvrir un peu l’écriture, ce qui s’est soldé en 2005 par l’apparition de mon premier recueil", reconnaît-il aisément.
Pour moi, "l’écriture est devenu un plaisir, c’est plus qu’ une passion, c’est une vocation", dans la mesure où il fait cela parallèlement à ses études. Une gestion pas toujours facile, ce qui fait que Yaz prend son temps pour écrire. "La gestion est plus ou moins aisée, nous dit-il puisque je ne subis pas une quelconque pression, à moins que cela ne soit une commande d’écriture". Plein d’ambitions, il a envie de se faire un nom à travers son écriture en affinant son style pour que "Mayotte soit bien représentée".

Très à l’aise en Anglais où il "excelle", selon ses propres mots, Yaz se prépare au professorat alors que sa passion première voulait le mener à effectuer une seconde théâtre. Mais "une fois à la Réunion, la combinaison des deux était trop difficile". Du coup l’anglais a fini par l’emporter, même si aujourd’hui ces deux aspects se retrouvent avec ses engagements universitaires rythmés par la littérature anglaise et son amour pour le théâtre.
Mais dans ses projets, l’intérêt n’est pas tant de revenir à Mayotte ou de rester en Métropole : "l’important est de trouver ma voie. (…) On ne doit pas se priver d’aller ailleurs, que ce soit aux Etats-Unis ou en Angleterre". Mais il reconnaît tout de même que la culture pourrait le faire revenir à Mayotte "non pas par nationalisme mais pour être plus au contact avec la réalité du terrain".

Après tant d’années à l’extérieur, il constate que Mayotte s’est développée même s’il tient à souligner que beaucoup d’efforts restent à faire, notamment au niveau du renouvellement des générations dans le monde actif. C’est en cela qu’il remarque une "concurrence rude entre nous, jeune génération, qui partons et qui ambitionnons d’avoir le plus de diplômes possible, et l’ancienne génération ou ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller très loin dans les études, qui sont là depuis longtemps et qui comptent vraiment garder, qui s’agrippent à leurs places. Du coup, ceci crée un frottement, ce qui fait que les jeunes, on a du mal à s’intégrer".

"Il faut qu’il y ait déjà une clarté par rapport à la Dasu elle-même"

Mais comme tout jeune Mahorais, Yaz remarque ces efforts à faire aussi au niveau de la prise en charge des jeunes qui partent effectuer leurs études hors du territoire. Pour lui, "cet échec est quelque part lié à une mauvaise gestion" administrative. Son expérience réunionnaise lui a montré qu’il est plus facile de réussir à l’île Bourbon qu’en métropole où l’intégration reste difficile et où se débrouiller est un crédo pour des étudiants qui se retrouvent "livrer à eux-mêmes". Il constate par ailleurs un fort manque de communication et d’information : "il faut qu’il y ait déjà une clarté par rapport à la Dasu elle-même", mais pour lui "c’est la bourse souvent versée en retard qui pèse le plus, ainsi que le manque ou plutôt une mauvaise orientation pour des jeunes dont la plupart ne disposent pas de réel projet professionnel".
Pour cet étudiant, la mise en place progressive de formations universitaires ne doit pas permettre de "confiner, empêcher les élèves de partir car on a besoin de partir en Métropole pour aller découvrir. Les empêcher d’aller chercher là-bas et ramener ici serait une sorte de régression (…). Il faut partager la responsabilité de cet échec. Est-ce que les acteurs qui s’occupent des élèves ne participent pas, inconsciemment, à cet échec ?" Pour lui, la base de tout cela serait une réorganisation du dispositif administratif entre les responsabilités de la Dasu et celles du vice-rectorat ; "il faut revoir l’organisation, médiocre, de ces administrations", propose-t-il.

Mais Yaz n’exclue en rien la responsabilité des jeunes Mahorais qui, "une fois en Métropole, se sentent libérés de quelque chose, toujours dans l’outrance, car beaucoup tombent dans l’alcool et dans l’excès", ce qui ne garantit pas forcément le retour sur investissement dans lequel la Collectivité s’est engagée. Il propose aussi de "mettre en avant ceux qui réussissent et publier chaque année des statistiques pour savoir qui réussit, où, quelle filière marche et qu’est-ce qui ne marche pas. Au moins en mettant en avant ceux qui réussissent, on pourrait montrer l’exemple aux primo arrivants qui auraient peut-être plus d’ambition, mais à ceux-là on leur met toujours dans l’esprit qu’ils sont partis pour échouer".
Ce qui le pousse à dire que "quand les conditions sont réunies, quand l’élève a été pris en charge vraiment intelligemment et surtout quand il se prend en main, la réussite est assurée. Mais le dispositif est là justement pour aider ceux qui n’arrivent pas à se prendre en main". Un engagement que Yaz défend et qu’il dégage à chaque fois que l’occasion se présente. Un bon tremplin pour démontrer que la poésie, la littérature ou le théâtre restent aussi un moyen d’engagement et participent à éveiller les consciences.

R.T Charaffoudine Mohamed
 
 

Céline Ahmed Ben Ali, ancienne étudiante en assurance
Diplômée, à la recherche d'un emploi et déçue de Mayotte

Alors que certains rentrent en vacances pour se reposer, voir les familles ou participer aux mariages, d'autres demeurent toujours en Métropole et ont du mal à quitter leur quotidien métropolitain pour, ne serait-ce que venir constater ce qu'est devenu Mayotte. Mais quelques uns s'accrochent vaille que vaille et se laissent séduire par l'envie de rentrer au pays et de servir du peu qu'ils peuvent. Voici l'exemple d'une jeune fille qui, depuis plusieurs mois déjà, s'est décidée de rentrer après un brillant parcours. Mais l'absence d'opportunités professionnelles pourrait la faire retourner à Paris, une issue à laquelle elle n'a pas envie de penser, mais qui demeure toutefois comme l'ultime solution.

Agée de 24 ans, Céline Ahmed Ben Ali a quitté son Chirongui natal après son bac décroché en 2003. A Paris, elle a obtenu un BTS en Assurance avant de valider une licence professionnelle, toujours dans le même domaine. Et c'est avec fierté qu'elle vient de rentrer dans l'objectif de servir son île, surtout après avoir acquis une expérience de deux ans au sein d'un cabinet parisien.
Mais depuis son arrivée, Céline cherche et ne trouve toujours pas. Elle cherche bien sur à travailler dans le domaine des assurances, mais pas seulement : "d'autres domaines aussi m'intéressent, nous dit-elle, sachant qu'à Mayotte il n'y a que trois entreprises évoluant dans le domaine des assurances. Je recherche aussi dans les postes administratifs, juridiques", mais c'est un bilan plutôt décevant qu'elle nous dresse puisque jusqu'alors, sur toutes les demandes adressées, aucune de positive ne lui est revenue. De quoi tirer la sonnette d'alarme;
"Je compte rester jusqu'à janvier sinon je rentre à Paris". Là-bas, elle compte faire un master mais elle sera obligée de passer par une autre licence avant d'effectuer sa formation. "Vue la situation dans laquelle je suis ici, je serais obligée de partir dans cette perspective", à moins que la chance lui sourit d'ici janvier.

Beaucoup de points négatifs sur Mayotte

Sa galère de trouver un emploi lui fait dire que les dispositifs d'aides à la recherche d'emploi sont plutôt décevants : "il n'y a pas d'informations, on ne connaît que l'ANPE, il n'y a aucune structure pour aider les jeunes à trouver leur emploi. Je suis vraiment déçue car on m'a souvent dit que Mayotte a changé, ça a évolué. La famille t'encourage et te dit "ne t'inquiète pas, tu vas trouver car Mayotte est en développement, on cherche des gens qualifiés", alors que ce n'est pas du tout le cas. J'en ai bien la preuve : pour trouver un emploi il faut connaître du monde, mais je pense qu'il faut quand même persister et j'espère que d'ici janvier je trouverais quelque chose. Je me dirais ouf ! Je me serais déjà sortie d'un gouffre.
Sur Mayotte, son état actuel et son évolution, Céline ne voit "que des points négatifs". Quant à la religion, pour elle "l'Islam est compatible avec la République, mais c'est un peu compliqué parce qu'on a l'impression que l'Islam est très présent, mais seulement quand ça nous arrange. L'Islam à Mayotte n'est pas le même que l'Islam en Tunisie ou au Maroc. A Mayotte, c'est un peu particulier et des fois je trouve que c'est un peu hypocrite, notre façon de voir et de vivre l'Islam".
Malgré son pessimisme avoué, Céline conseille à ses concitoyens de "réfléchir à leur façon de contribuer au développement de l'île". Elle tient aussi à dénoncer certains déboires dans l'administration comme "aller cinq fois par jour à la préfecture pour une carte grise" ou les queues interminables à la BFC de Mamoudzou. Une situation "inadmissible" vu l'élan de développement auquel Mayotte aspire. Une conscience qui devrait sans aucun doute lui permettre, elle aussi, de trouver sa place dans cette société qui s'occidentalise et qui oublie souvent ses enfants.

R.T Charaffoudine Mohamed
 

 


Daniel Djadi, bachelor en relations internationales
"Le métier de diplomate me fascine beaucoup"

On parle souvent de l'échec cuisant des étudiants mahorais dans l'Hexagone, mais on parle moins de ceux qui réussissent et qui sont dans ce que le sénateur Soibahadine nomme "les pôles de l'excellence". Voici un exemple, ils se comptent sur les doigts de la main, mais ils existent bel et bien. Agé de 25 ans, Daniel Djadi prépare actuellement un bachelor en relations internationales niveau licence dans une école spécialisée, l'Institut libre d'études des relations internationales à Paris avant d'intégrer le master 1 Affaires internationales, stratégie et négociation.
Son parcours est "assez atypique", car avant les relations internationales Daniel a obtenu une maîtrise de philosophie et trois licences, notamment de philosophie et pluridisciplinaire en vue d'une préparation d'entrée aux écoles de journalisme et instituts d'études politiques. Sa fibre journalistique passée, ce Pamandzien aspire plutôt à évoluer dans les milieux de la diplomatie et des relations internationales. "Le métier de diplomate me fascine beaucoup". Parallèlement à sa dernière année de master 2 l'année prochaine, il préparera un concours organisé tous les ans par le ministère des Affaires étrangères de "secrétaire général cadre Orient", un concours administratif pour devenir diplomate, un milieu où la concurrence est très rude.
Actuellement, Daniel est en stage à la direction des Affaires européennes du conseil général "pour percevoir la réalité locale et pour connaître les besoins de l'économie et de la société mahoraise". Son premier constat est qu'il manque de spécialistes sur tout ce qui concerne les questions européennes. Pour lui, il est impératif de se spécialiser sur l'Europe "dans l'optique de contribuer à la gestion du Fed (Fonds européen de développement) dont Mayotte bénéficie". Il rentre "assez souvent, au moins une fois par an et à chaque fois que je rentre j'essaie toujours de travailler car c'est là qu'on se rend compte vraiment de ce que c'est que le monde du travail, car lorsqu'on est juste étudiant en vacances, on ne se rend pas vraiment compte de la réalité des choses".

"A Mayotte on a peur du mzungu car on ne le connaît pas assez"

Pour sa part, Daniel jette un regard assez morose sur le développement de l'île en constatant beaucoup d'inégalités notamment au niveau salarial : "90% des Mahorais ne gagnent pas bien leur vie, donc je pense qu'un jour ou l'autre ça va péter". Pour lui, ceux qu'on appelle les "Je viens de…" sont des "privilégiés" (…). "On leur accorde une certaine importance, mais quand ils viennent ici ils ont une position assez critique des choses car dans le domaine professionnel j'ai l'impression qu'on se méfie un peu d'eux. Ils sont vus comme une menace car peuvent concurrencer les anciens qui détiennent les postes à hautes responsabilités".
Face à un communautarisme de plus en plus fort des Mahorais vivant sur le territoire national, Daniel conseille aux compatriotes d'être plus ouverts notamment aux mzungus, car "à Mayotte on a peur du mzungu car on ne le connaît pas assez". Quant à l'échec scolaire, il considère que cela est avant tout une question de volonté personnelle, d'encadrement (…). Il n'y a que la persévérance et le combat de tous les jours qui peuvent donner aux gens les moyens de réussir".

R.T Charaffoudine Mohamed
 

 


Nasra, 20 ans, étudiante en communication, Chiconi
Nasra habite à Mayotte depuis 1994. Installée avec sa famille à Chiconi depuis, elle a obtenu son baccalauréat littéraire l'an dernier et a décidé de partir en France pour continuer ses études. Si elle est partie c'est parce que la filière Information communication est inexistante sur l'île. En effet, la jeune fille en stage à Télé Mayotte souhaiterait faire un master Journalisme pour ensuite revenir travailler à Mayotte.
Après un an à l'extérieur, l'étudiante remarque plusieurs petits changements dans l'île au lagon, comme par exemple la fin des travaux du marché de Mamoudzou et se demande quand il sera ouvert. "Par contre les vendeurs ambulants ont disparu", nous dit-elle avec un sourire. Mais pour Nasra il y a des choses dans l'île qui vont trop vite à son goût et craint que cela ait des répercussions négatives sur la société mahoraise : "aujourd'hui Mayotte est devenue une véritable société de consommation et on a tendance à délaisser certaines activités, notamment agricoles ou artisanales".
De plus elle déplore l'état de l'environnement de l'île aux parfums, même si elle note une nette amélioration à ce niveau : "on ne voit plus autant de détritus partout". D'ailleurs elle pense que le sujet de l'environnement devrait être la priorité des politiciens mahorais, car c'est l'écosystème que l'on est en train de détruire.
Elle conclue en nous disant qu'elle pense que Mayotte a encore beaucoup de "route à faire" avant d'atteindre certains de ses objectifs, comme par exemple le tourisme qui pourrait être un véritable secteur dynamique, développé, et qui générerait des emplois et des revenus importants pour la Collectivité.

 


Mina, 17 ans, nouvelle bachelière, M'ramadoudou
Cette jeune mahoraise est en vacances à Mayotte. Cela est devenu un rituel depuis qu'elle est partie en pension à l'âge de 14 ans à l'île de la Réunion. Cette bachelière a ainsi passé 3 ans dans un lycée réunionnais pour préparer un bac STL qu'elle vient d'obtenir avec mention bien.
Elle revient 2 fois par an en vacances pour rendre visite à sa famille : à Noël et en juillet. Elle se dit toujours un peu choquée lorsqu'elle rentre en vacances car elle constate les différences entre la Réunion et Mayotte par rapport aux infrastructures. "Mayotte évolue, mais trop lentement, on a un gros retard par rapport à la Réunion", déclare t-elle.
D'ailleurs elle regrette beaucoup que certains parcours scolaires n'existent pas sur l'île et que les élèves se retrouvent obligés de quitter leurs familles. Cependant, elle ajoute que "les voyages forment la jeunesse et partir m'a forgé dans la tête". Aujourd'hui elle se dit prête à repartir, mais cette fois ci à Lyon pour y préparer un DUT de génie biologique et biochimique.
L'adolescente rêve d'avoir un jour son propre laboratoire d'analyses à Mayotte, mais veut avant cela "voir le monde". Passionnée de chimie, elle veut faire de la recherche dans le domaine médical et pharmaceutique et pense que "Mayotte serait un excellent terrain de recherche car nous sommes dans une zone tropicale, donc avec certaines spécificités".
Sinon Mina est fière de constater que la réussite scolaire soit devenue une priorité pour beaucoup de jeunes mahorais. "Le taux de réussite au bac ne fait que progresser depuis quelques années" et remarque que "les étudiants sont nombreux à partir pour poursuivre leurs études à l'extérieur".

UNE Mayotte Hebdo N°390 – Vendredi 08 août 2008

UNE Mayotte Hebdo N°390 - Vendredi 08 août 2008

Rapport du Sénat. Le coût de l'immigration clandestine

62 millions d'euros par a

 > Exclusif – entretien avec Ahamed Attoumani Douchina – 3 pages

08/08/2008 – Une Mahoraise au pays des kangourous

Les étudiants français partent principalement en Angleterre, en Espagne, en Italie ou en Allemagne. Saïdat Subra, étudiante en deuxième année de l'École nationale supérieure d'ingénieurs de Limoges (ENSIL), spécialité eau et environnement, a choisi une destination beaucoup plus lointaine puisqu'elle effectue actuellement un stage de 3 mois à l'Université d'Adélaïde en Australie-Méridionale.
"J'étudie le développement de biofilms dans les canalisations d'adduction d'eaux brutes et leurs impacts sur les paramètres hydrauliques : baisse de débit dans les canalisations, pertes de charges engendrées, augmentation de la rugosité… C'est un projet de recherche pour lequel je dispose d'énormément d'autonomie. À vrai dire, cela me change beaucoup de la manière dont je travaille à l'ENSIL et ça ne peut être que bénéfique pour moi", concède cette Pamandzienne de 22 ans. En plus d'avoir un maître de stage qui essaie d'être le plus disponible possible, elle collabore avec une étudiante chinoise qui effectue un master en génie hydraulique.
 
 

Découvrir la culture aborigène, la faune et les énormes plages

Saïdat Subra n'a pas le fait voyage seule puisque quatre de ses amies de l'ENSIL effectuent également leur stage à Adélaïde. Mais le choix de l'Australie est surtout individuel et un rêve qu'elle caressait depuis longtemps.

"En deuxième année d’école, nous devons effectuer un stage obligatoire de 3 ou 4 mois. Les stages à l’étranger ne sont pas obligatoires, mais sont fortement conseillés au sein de l’ENSIL. Nous avons la chance d’avoir un réseau de contacts assez étendu et dans de nombreux pays. J’ai donc saisi l’opportunité de pouvoir partir a l’étranger et mon choix s’est porté sur l’Australie, car c’est tout simplement un pays qui me fait rêver depuis longtemps et que je voulais découvrir : la variété de ses paysages, leur culture, la culture aborigène, et toutes ces choses particulières à l’Australie que l’on voit à la télé et qui donnent envie d’être vues telles que les kangourous, les koalas, le diable de Tasmanie, leurs énormes plages, les surfeurs et les énormes villes à côté de tout ça.

Et l’autre point très important qui m’a fait choisir ce pays, c’est la langue ! Je voulais absolument aller dans un pays anglophone pour améliorer mon niveau d’anglais ! Je dois passer mon TOEIC l’année prochaine pour obtenir mon diplôme", explique cette ancienne élève de classes préparatoires du lycée Kléber de Strasbourg.
Son séjour ne se termine qu'à la mi-septembre, mais une grande partie de ses attentes a été déjà comblée. Tous les week-ends, elle en profite pour visiter les environs d'Adélaïde et de l'état d'Australie-Méridionale.

 

Les Wallabies ont mis KO les Bleus

Lors de son premier week-end de camping en forêt, elle a eu très froid puisque c'est actuellement l'hiver à Adélaïde. Mais en revanche, elle a perçu des kangourous sauvages et cela l'a vraiment impressionnée. "Je suis allée dans une grande réserve sauvage dans laquelle j'ai été servie question animaux : koalas, diable de Tasmanie, kangourous, wallaby, et autres… J’ai aussi passé un week-end à Sydney pour aller au match de rugby Australie-France dans le stade olympique. La France a largement perdu mais c’était génial. Enfin, j’ai vu plein de choses et ce n’est pas fini", se réjouit-elle.

Au début de son séjour, elle a été impressionnée par tout ce qu'elle voyait. "Tout me paraissait énorme: la ville (1,1 million d'habitants), les bâtiments (pourtant, il n'y a pas de building), les routes, les voitures. Mais quand je suis allée à Sydney (4,2 millions d'habitants étendus sur 12 000 km2), j’ai vite compris qu’en fait Adélaïde ce n’est pas grand du tout."
Ce côté un peu gigantesque de l'Australie ne la choque plus. En revanche, elle apprécie la gentillesse avec laquelle les Australiens ("du moins à Adélaïde, dans les villes comme Sydney, je ne sais pas trop") l'ont accueillie. "Ils te mettent vite à l’aise et sont tout de suite prêts à te faire découvrir et te montrer plein de choses. Même dans la rue ils prennent le temps de t’aider avec un grand sourire. J’ai aussi été surprise par la multitude d’accents différents que l’on rencontre. Je m’y attendais un peu bien sûr, mais bon quand même… Et puis c’est parfois tellement difficile à comprendre ! Et quand en plus ils utilisent l’argot australien, ça devient tout simplement incompréhensible", affirme-t-elle.

 

"Pourquoi se limiter à l'Union européenne quand on peut aller ailleurs ?"

Pour Saïdat, l'expérience d'un séjour international ne peut qu'être bénéfique et elle conseille vivement aux étudiants mahorais qui en ont l'opportunité de partir à l'étranger pour au moins un semestre. En ce qui concerne l'Australie, son conseil est surtout financier. "Je conseille de faire de bonnes économies avant de venir ! Parce que la vie ici est assez chère. Et puis encore plus quand on veut voir beaucoup de choses. Il faut aussi prévoir du temps, car l’Australie c’est énorme !"
En effet, pour relier Perth à Sydney (de l'extrémité occidentale à sa limite orientale), il faut 4 heures d'avion (en comparaison, Perth-Maurice dure 6 heures) et passer 3 fuseaux horaires différents. "Par contre, j’ai le regret d’annoncer que notre cher conseil général adoré refuse pour le moment de soutenir ce genre d’initiative ! Je veux dire que si l’on veut une aide financière du conseil général de Mayotte, il faut que le stage soit effectué dans un “pays non francophone de l’Union européenne”. Pourquoi devoir se restreindre à l’Union européenne quand il est possible d’aller ailleurs ? J’espère que leur politique à ce sujet changera dans un avenir très proche pour encourager les étudiants Mahorais à la mobilité et à entreprendre ce genre d’action."

Faïd Souhaïli

Découvrir l'Australie avec le visa vacances-travail

Le pays des kangourous est une immense île qui ne peut être parcourue en quelques semaines de congés. Depuis le 23 février 2004, la France et l’Australie ont signé un accord créant un programme "vacances-travail" destiné à permettre à de jeunes ressortissants (âgés de 18 à 30 ans) de chacun des deux pays de séjourner dans l’autre, à titre individuel, dans le but d’y passer des vacances, en ayant la possibilité d’y occuper une activité professionnelle salariée et de compléter ainsi les moyens financiers dont ils disposent.
Le visa vacances-travail a une validité de 12 mois maximum et peut être renouvelé une fois si vous avez travaillé dans une ferme pendant trois mois. Le visa vacances-travail ne permet de travailler au maximum que 6 mois chez le même employeur.
La formule est un vrai succès puisque plus de 100.000 visas sont délivrés chaque année aux ressortissants de 17 pays ayant des accords avec l'Australie. Si vous rencontrez un jeune Français dans le bush ou les grandes villes australiennes, il y a une chance sur deux qu'il ait obtenu le visa vacances-travail. Attention des conditions s'appliquent, notamment pouvoir justifier d'avoir la somme de 3.000 euros sur votre compte en banque quand vous arrivez en Australie.

Pour plus d'informations, consulter http:/www.france.embassy.gov.au/parifrancais/WHM%5ffr.html"
sur le site de l'ambassade d'Australie en France.

08/08/2008 – Grand écran à Tsararano

Les Rencontres cinématographiques de Tsararano permettent au public mahorais de découvrir de nombreux films d'Afrique et des îles et de connaître les cinéastes africains selon le thème et les films proposés à chaque édition. Depuis 1996, année à partir de laquelle la manifestation a été reprise par la FCJT, les Mahorais ont eu par cette belle initiative la visite dans leur île d'une dizaine de cinéastes, acteurs et réalisateurs africains et reconnus. "Original et convivial", présentent les jeunes de Tsararano, l'évènement connaît à chaque fois un grand succès, autant par l’organisation que par les visites. "En général le public cinéphile est satisfait de l’organisation car entre des courts, moyens et longs métrages très variés, il peut se restaurer sur place. Cette année encore le resto-banga proposera des brochettes, des plats traditionnels et des boisons à des prix bas."
Le foyer des jeunes de Tsararano sera pendant une semaine très animé. Des ateliers peintures et dessins seront proposés aux petits dans la matinée. La salle d'exposition sera ouverte les après-midi. Et cette année on propose aux visiteurs de découvrir les tableaux de l'artiste peintre Marcel Séjour. Les séances cinéma sont programmées 18h30 à 23h et les courts métrages seront projetés avant 20h. Une vingtaine de films sont à découvrir cette année. Le programme couvre un éventail très large – fictions, films d’animations et documentaires… – et il y en a vraiment pour tous les goûts, avec des découvertes agréables, surprenantes, réjouissantes à n'en pas douter.
L'ouverture des 12èmes Rencontres aura lieu ce samedi après-midi au foyer des jeunes de Tsararano, en présence de nombreux conseillers municipaux et généraux de l'île et de nombreux invités. Les danses traditionnelles seront au rendez-vous sans oublier l'artiste Langa, "le sage de la maison".
 
 

12 années de succès réjouissants

Les premières Rencontres du cinéma d'Afrique et des îles datent de 1994. Elles étaient organisées à Mamoudzou. Il ne s'est rien passé l'année suivante et la seconde édition n'a eu lieu qu'en 1996 à Tsararano, commune de Dembéni, reprise par la Formation culturelle des jeunes de Tsararano (FCJT). Pour marquer le coup et afficher leur enthousiasme pour le cinéma africain et des îles, la FCJT a invité Sarah Maldoror, cinéaste française d'origine guadeloupéenne, réalisatrice, et une des figures de proue du cinéma africain et du cinéma antillais. L'engouement était de mise et en 1997 la 3ème édition était honorée par le célèbre scénariste réalisateur congolais Balufu Bakupa-Kanyinda. Des jeunes motivés étaient invités pendant la durée des Rencontres à participer à la réalisation d'un court métrage avec le réalisateur, de l'écriture au tournage.
C'est à partir de la 4ème édition que les organisateurs ont commencé à thématiser les Rencontres. "Femmes d'Afrique", le premier thème introduit en 1998, était affirmé par la présence de deux femmes réalisatrices : Fanta Régina Nacro (Burkina Faso) et Anne-Laure Folly (Togo).
La 5ème édition en 1999 était elle organisée autour du thème "Cinéma et Jeunesse". Cette année là, les Mahorais ont eu l'occasion de rencontrer et échanger avec deux grandes figures du cinéma africain. Adama Rouamba (Burkina Faso), le premier, fait partie des réalisateurs les plus primés au Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou). Le second est le nigérian Moustapha Alassane, un des pionniers du cinéma africain. A la fois réalisateur, acteur et scénariste récompensé à la première édition du Fespaco en 1969, Moustapha Alassane est le réalisateur de "La Mort de Gandji" (1965), le premier dessin animé africain.

 

Un évènement qu'il faut pérenniser

En 2000, à la veille du nouveau millénaire, la FCJT organisait les 6èmes Rencontres autour du thème "Tranches de vie" avec le retour de l'écrivain et scénariste congolais Balufu Bakupa-Kanyinda qui avait honoré la 3ème édition en 1997. En 2001, la 7ème édition avait pour thème "Cinéma et réalités africaines". Pour des raisons financières, expliquent les membres de la FCJT, cette année-là il n'y a pas eu d'invité. Il faut dire que c'est cette association de Tsararano qui assure toute la manifestation, sa préparation, son organisation, avec le soutien de la population du village et de quelques partenaires, trop peu nombreux.

Il a fallu attendre la 8ème édition de 2002 qui avait pour thème "Films régionaux et d'animation" pour rencontrer Armand Dauphin, festivalier de cinéma à la Réunion qui est d'ailleurs le président de Ekwa, le nouveau festival sud-ékwatorial de cinéma qui s’est déroulé à la Réunion en juin dernier, et Alexander Abela, réalisateur anglais et auteur du film "Makibefo" (2001).
En 2003, l'aventure des jeunes de Tsararano s'est transformée à nouveau en cauchemar, comme en 2001. Pour le même motif financier, ils n'ont pas pu faire venir un invité à la 9ème édition des Rencontres cinématographiques qui avaient pour thème "Cinéma et Culture africaine". La formation des jeunes de Tsararano a fêté les 10 ans des rencontres en 2004. Ce fut l'occasion d'afficher les "Mémoires des Rencontres", le thème de la 10ème édition, et faire venir l'actrice camerounaise Wouassi Félicité. Malheureusement aucun invité n'est venu après elle.

Il faut dire que depuis 2001, la FCJT se bat dur auprès des institutions locales pour pérenniser cette manifestation et ce n'est pas tous les ans qu'elle est soutenue. C'est la raison pour laquelle en 2005 et 2007 nos rencontres cinématographiques n'ont pas eu lieu. La 11ème édition a eu lieu en 2006 sur le thème des "Arts et Réalités africaines". C'est grâce au soutien financier de la mairie de Dembéni, du conseil général et de quelques partenaires privés que les jeunes de Tsararano organisent cette 12ème édition.

 

Faire de Tsararano le fief du cinéma mahorais

Hamada Soihibou, le nouveau maire de Dembéni, présidait la FCJT avant d'être élu premier magistrat de cette commune en mars dernier. Il ne peut que féliciter les organisateurs des rencontres et l'ensemble des partenaires "qui oeuvrent pour la pérennité et la réussite de cette grande manifestation culturelle à Tsararano". "La volonté politique du conseil municipal est de continuer à soutenir cette manifestation par l'amélioration des conditions d'accueil", explique-t-il. Il souhaite pour l'avenir, "la création d'un centre culturel et cinématographique à Tsararano pour l'épanouissement de notre jeunesse".

En 2004, lors des 10 ans des rencontres cinématographiques, les jeunes de Tsararano avaient réalisé un court métrage sur le thème de la polygamie à Mayotte. Ce film a été projeté à Paris et a remporté le quatrième prix sur 120 films en compétition et sur 20 prix décernés. Président de la FCJT pendant des années et connaissant bien le tempérament passionné des jeunes de Tsararano pour le cinéma, Hamada Soihibou n'a pas tort de vouloir leur donner des atouts pour qu'ils s'épanouissent.

Dans l'objectif de sensibiliser la population mahoraise au cinéma, tous les premiers samedis du mois, à compter de septembre prochain, la dynamique Formation culturelle des jeunes de Tsararano a l'ambition de faire des projections à travers toute l'île. Pour atteindre cet objectif, ils veulent mettre en place des ateliers de réalisation et de montage de documents vidéo, des stages de sensibilisation et de formation aux métiers de l'image. Ils espèrent pouvoir organiser un grand festival à travers lequel seront présentés des films réalisés à Mayotte.
Mais en attendant la concrétisation de tous ces beaux projets, les jeunes de Tsararano espèrent accueillir de nombreux cinéphiles cette année. Alors ne manquez surtout pas cette occasion rare, celle de découvrir le cinéma d'Afrique et des îles sur grand écran. Rendez-vous à partir de ce samedi tous les soirs à partir de 18h30 à Tsararano, pour des séances en plein air… Prévoir un pull.

Rafik

PROGRAMME DES 12EMES RENCONTRES

SAMEDI 09 Août 2008
17H30 : SOIREE D’OUVERTURE,
18H30 : UN PAS DEUX PAS: fiction ; 2001 de Guy Désiré YAMEOGO (Burkina Faso),
18H45 : AU DELA DU TEMPS: fiction ; 1999, de Jean-Chris SEMUTAKIRWA (Rwanda)
19H15 : SAFI LA PETITE MERE: fiction ; 2004, de Raso GANEMTORE (Burkina Faso)
20H00 : PAUSE
20H45 : MADAME BROUETTE: Fiction ; 2002, de Moussa SENE ABASA (Sénégal)

DIMANCHE 10 Août 2008

18H30 : LE LOUP ET LA CIGOGNE (série : les fables de la fontaine) de Gaston KABORE (Burkina Faso)
18H40 : SENEGALAIS SENEGALAISE: Doc. 1999 ; de Laurence ATTALI (France)
20H45 : ALMODOU: fiction ; 2000 ; de Amadou THIOR (Sénégal)

LUNDI 11 Août 2008
18H30 : CHAMEAU ET LES BÂTONS (série : fable de la fontaine) de Abderrahmane SISSAKO (Mauritanie)
18H45 : VOYAGE À OUGA: fiction ; 1999, de Camille MOUYEKE (RDC)
20H45 : VIVA LADJERIE: fiction ; 2003, de Nadir MOKANECHE (Algérie)

MARDI 12 Août 2008
18H30 GRENOUILLE QUI VEUT SE FAIRE AUSSI GROSSE QUE LE BOEUF
(Série : fable de la fontaine) de Imunga IVANGA (Gabon)
18H40 : VENDREDI NOIR: fiction ; 2000, de Djingarey MAIGA (Niger)
20H45 : NUIT DE LA VERITE: fiction ; 2004, de Fanta Regina NACRO (Burkina Faso)

MERCREDI 13 Août 2008
18H30 : PRINCES NOIRS DE ST-GERMAIN-DES-PRÉS: fiction ; 1995 ; de Ben DIOGAYE BEYE (Sénégal)
19H00 : AIMÉ CÉSAIRE, LE MASQUE DES MOTS: Doc. 1987 ; de Sarah MALDOROR (France)
20H45 : COEUR ET RAISON: Doc. 1988, de Michel BRUNET (France)
21H10 : UNE MINUTE DE SOLEIL EN MOINS: fiction 2002 ; de Nabil AYOUCH (Maroc)

JEUDI 14 Août 2008
18h30 : ROUES LIBRES: Fiction ; 2001 de SIDIKI BAKABA (Côte d’ivoire)
20h45 : SAFI, LA PETITE MÈRE: Fiction ; 2004, de Raso GANEMTORE (Burkina Faso)
21h15 : VIE PLATINEE: Fiction 1987 ; de Claude CADIOU (France)

VENDREDI 15 Août 2008
18h30 : MADAME BROUETTE: Fiction, 2002 ; de Moussa SENE ABASA (Sénégal)
21h00 : Aimé Césaire, LE MASQUE DES MOTS: Doc. 1987 ; de Sarah MALDOROR (France)
21h40 : LA GENESE

Ce programme vous est communiqué sous toute réserve de modification *

Tarifs
Carte d’accès au foyer pour l’après-midi (avant 20 heures) : 2€ euros
Carte d’accès au foyer pour le soir (après 20 heures) : 2€
Carte d’accès au foyer pour les enfants (moins de 14 ans) : 1€
Carte d’accès pour toute la durée des rencontres : 20€

Formation culturelle des jeunes de Tsararano – FCJT – BP 31 – 97660 Dembéni
Tél. : 02 39 24 86 03 – Fax : 02 69 61 94 29 / 02 69 62 18 74

Juillet 2008 – Voyages – Ile Maurice

Caudan, le front de mer
L'antre de la consommation mauricienne

Depuis 1996, les Mauriciens se baladent sur un front de mer sublime dans leur capitale Port-Louis. Un lieu de villégiature piétonnier, ombragé, fleuri, où se croisent touristes et locaux venus remplir leurs sacs de vêtements de marques, voir un film au cinéma, tester une machine à sous au casino ou se promener entre amis ou en familles, avant de boire un jus de fruits frais, manger une glace ou dans l'un des innombrables restaurants.

Le Caudan, le front de mer de Port-Louis, vibre d'une frénésie intenable. Des milliers de personnes se bousculent auprès des centaines de magasins de vêtements, des bijouteries et autres commerces, formant une mêlée métissée originale. Indiens, Asiatiques, Européens, Africains, tous les descendants métissés ou pas de ces peuples qui sont passés puis restés dans l'île Maurice emplissent les rues de leur énergie. C'est le jour de la grande braderie au Caudan. La semaine prochaine, les modèles de la nouvelle saison arrivent des usines textiles situées plus dans le centre de l'île, au milieu des champs de canne. Alors tout doit partir et tout partira.
C'est une sorte de carnaval consumériste qui défile dans ces 9 hectares où prennent place six imposants bâtiments de trois étages. Les Mauriciens peuvent venir prendre une revanche sur ces établissements qui vendent des produits de marques à des prix quasiment égaux à ceux pratiqués à la Réunion, alors que le salaire de base mensuel ne dépasse pas les deux cents euros. Pendant la braderie, les prix tombent. Sept euros la chemise Cerruti, dix euros le pantalon de chez Harper's, des Nike dernière mode à 75 euros, etc.
"On se croirait à Monaco", s'enthousiasment des touristes à la vue de cet ensemble architectural. Les palmiers et autres arbres soigneusement entretenus, tout comme toutes ces fleurs colorées, ces bancs agréables, ces allées ombragées, ces patios, ces places et placettes, ces colonnades, ces galeries marchandes, ces fontaines donnent à l'endroit un cachet unique.
Le front de mer de Port-Louis est en effet sublime, d'une propreté et d'une organisation toutes britanniques. Des canons anciens visent l'horizon aujourd'hui pacifié, vestiges d'un passé où les marines européennes se battaient pour la domination des mers du globe. Des bancs ombragés accueillent les flâneurs un temps. Il y fait bon se promener sur la corniche en face du premier port de transbordement de l'ouest de l'océan Indien, déguster des plats du monde entier sous l'égide du père de la nation, le docteur Seewoosagur Ramgoolam, dont la statue orne une immense esplanade.
L'impression qui en ressort, hors de la beauté du site et du rêve de voir un jour une telle structure dominer le lagon mahorais, est celle d'une économie très dynamique qui crée des écarts importants au sein de la population. Pour s'en convaincre, à cinq cent mètres du Caudan, le marché pittoresque et historique de Port-Louis accueille des personnes bien plus modestes et propose des produits bien moins clinquants.

 

Exister aux yeux du monde, lui ressembler aussi

Le Caudan ne représente pas l'arbre qui cache la forêt pour autant, il est plus un marqueur de la volonté d'ouverture de l'île Maurice, de son ambition à s'élever économiquement, à exister aux yeux du monde, à lui ressembler aussi, en reprenant des codes "occidentaux" partagés pourtant aussi bien en Inde qu'au Japon ou au Trocadéro à Paris. Beaucoup de jeunes affichent des styles tirés non pas des derniers clips de rap, mais plutôt de ceux de musique électronique type tecktonic.
Les cheveux sont noyés sous des tonnes de gel, des crêtes iroquoises sont posées sur des têtes minces, les jeans serrés sont portés aussi bien par les filles que par les garçons. L'upper class (la haute bourgeoisie) se devine dans le port de sac Vuitton et des lunettes de soleil du dernier chic hiltonien*. Les talons des bottes ou bottines sont hauts, les chevilles minces pressent le pas, le sourire s'absente. Pour cette jeunesse, le Caudan est "the place to be", là où tout se joue, les amours, la sociabilité en marche, la popularité à acquérir ou à perdre.
Un curieux mélange si on y rajoute les nombreux touristes. Une cohabitation d'un genre nouveau où pour une fois les deux populations ont trouvé un terrain d'entente, celui de la consommation. Même si on est loin de l'authenticité mauricienne, il s'agit d'un vrai lieu d'échange entre touristes et Mauriciens. A ce titre, le Caudan possède une énergie et un intérêt plus grand que les Halles de Paris, ou Camden Town à Londres.
C'est une belle vitrine de l'économie mauricienne qui connaît une croissance ininterrompue de 6% par an depuis plus de dix ans. "Voilà l'effort d'une nation, d'un gouvernement qui a choisi de faire payer sa population en limitant les salaires, mais en investissant l'argent ainsi dégagé dans des infrastructures collectives d'envergure. Maintenant, les salaires vont pouvoir s'accroître. L'économie est plus stable, elle pourra supporter l'élévation des coûts et Maurice pourra continuer son développement. C'est encore une fois la récompense du travail et d'une volonté politique commune", s'enthousiasme un chroniqueur de Mayotte.
Pendant ce temps, les Mauriciens candidats à l'émigration se multiplient, désireux d'aller trouver du travail ailleurs et de rêver revenir au pays dans une à deux décades.

Gérôme Guitteau

* de Paris Hilton, l'héritière déjantée des hôtels Hilton.

 


 

Un peu d'histoire
Port-Louis est créée en 1775, ex-nihilo par Mahé de La Bourdonnais, gouverneur des Mascareignes, archipel comprenant la Réunion, l'île Maurice et Rodrigues. Il décide d'y établir la capitale de l'Isle de France (Maurice) et une structure administrative, des services publics, une église, le tout à l'abri de remparts. Il baptise sa capitale Port-Louis en hommage à Louis XV, roi régnant.
La capitale devient rapidement la cité majeure de l'océan Indien, mais une épidémie de malaria provoque alors l'émigration de ses élites et riches commerçants. La ville s'anime de nouveau après l'arrivée du chemin de fer Port-Louis/Mahébourg, dans la seconde moitié du XIXème siècle. Mais ce sont les activités portuaires de la Compagnie des Indes Orientales au XVIII° s. qui sont le moteur et non plus la vie fastueuse de la capitale.

Pourquoi le nom Caudan ?
Le nom du Caudan waterfront vient d'un personnage : celui de Jean Dominique Michel de Caudan, venu à l'ancienne Isle de France de son Languedoc natal. Saunier de métier, il créa une saline près d’une anse au sud-ouest de Port Louis, en 1726. Cet espace est connu actuellement comme le Jardin Robert Edward Hart, situé sur la route d'entrée au Caudan waterfront.
Lieu chargé d’histoire, l’actuelle péninsule appelée le Caudan fut créée autour d’un îlot corallien fossile, abritant au fil des 250 dernières années une poudrière, un observatoire météorologique et astronomique, des quais et chantiers maritimes, des entrepôts, des petites entreprises diverses et à présent un grand centre commercial, inauguré le 25 novembre 1996.
Il s'agit d'un ensemble architectural harmonieux. Quelques vieux murs en basalte ont été préservés. C'est notamment le cas de l'ancien bâtiment du bureau des docks, qui a été transformé en musée du timbre et du patrimoine. Les neuf hectares du Caudan waterfront comprennent six bâtiments : le Pavillon, regroupant des magasins, des cafés et le cinéma, l'Observatoire, englobant les espaces de restauration ; le Casino, à l'apparence originale d'un bateau pirate ; le Labourdonnais, hôtel de luxe et le Barkly wharf, bâtiment central, réunissant divers commerces (textiles, services, loisirs, marché artisanal). Il abrite aussi le comptoir d'information du Caudan.
Tous ces services sont pourvus d'importants parkings (environs 600 places). Navigateurs et plaisanciers peuvent accoster directement au Caudan, grâce à une marina. Les magasins du Caudan waterfront regroupent de grandes marques internationales du vêtement, de la chaussure et autres accessoires, mais aussi des produits et des collections originales de créateurs locaux. Le Craft market, propose l'artisanat local et régional en guise de souvenirs. Les braderies et expositions régulières ont acquis une forte popularité et contribuent à l'animation permanente qui règne au Caudan.
Le centre commercial vient d'ouvrir fin décembre 2007 une nouvelle aile de 55 magasins et une vingtaine de kiosques commerciaux, avec plus de 440 place de parkings. Des travaux visant à étendre encore cette zone d'activités sont en cours.

 


Shopping
Les bonnes affaires pour de bonnes marques

Le textile est peut-être en crise sur l'île Maurice, mais nous pouvons encore réaliser de bonnes affaires. Au centre de l'île, Floréal, Quatre bornes et Curepipe sont les trois villes qui bénéficient le plus de la présence des usines… et des magasins d'usines.

Armani, Dolce and Gabanna, Kenzo, Hugo Boss, Prada… Si vous voulez vous prendre pendant quelques instants pour une star faisant ses emplettes, sans (trop) vous ruiner, l'île Maurice s'y prête particulièrement. Floréal, Quatre bornes et Curepipe sont trois villes mitoyennes du centre de l'île, là où il pleut le plus. Tout autour, des usines textiles travaillent pour les grandes marques occidentales, du travail de qualité. Une partie, 5 à 10%, de la production est autorisée à la vente sur place.
Les usines ont installé à côté leurs magasins où les prix défient donc toutes catégories… par rapport à ceux pratiqués hors de l'île. En effet, il ne faut pas espérer obtenir un jean Armani pour 20 euros ou un polo D&G à 5 euros. Les prix correspondent à un shopping "normal" à la Réunion, mais là ce sont des marques prestigieuses que vous achetez avec la qualité qui va avec. Il existe peu de contrefaçons. Toutefois, il est de bon ton de se méfier. Vérifier que vos vêtements possèdent les étiquettes des composants. Ralph Lauren a connu quelques soucis sur l'île.
Pour obtenir des vêtements pas chers, il reste les marchés. Un ou deux jours par semaine, ils s'étendent dans les principales villes avec des centaines d'échoppes, comme le grand marché de Quatre bornes qui mêle textile et nourriture. Il y a aussi des galeries marchandes spécialisées dans les vêtements "hors taxe", sur les principaux axes, dans ces villes du centre de l'île. Il suffit de demander à votre chauffeur ou à l'hôtel.
Attention aussi aux vendeuses qui débordent de charme et de prévenance. Si vous rentrez dans un magasin vous sortirez obligatoirement avec quelque chose d'acheté, au pire il vous restera la possibilité de marchander. N'hésitez surtout pas ! La limite des magasins est très fluctuante : de moins 50% à moins 10%. Le passage par ces villes du centre mérite le détour. Les fringues présentées appartiennent à la saison la plus récente, ce sont les dernières productions, que l'on verra en vente dans les belles boutiques de Paris ou des capitales européennes et dans les pages de pub des magazines.
Le retour victorieux à Mayotte est assuré. Pour les hommes, même si vous ne connaissez pas Dolce & Gabanna, votre femme connaît et saura se montrer reconnaissante. Des personnes ont essayé avec des vêtements en cachemire, l'effet est le même. Reconnaissance absolue… au moins pour deux jours. Etant donné la proximité géographique et culturelle avec l'Inde, l'île Maurice possède aussi beaucoup de magasins qui proposent du pashmina* ou du cachemire**. Un textile particulièrement solide et soyeux : "Un pull en cachemire t'en achètes un, tu l'as pour dix ans", témoigne une mère de famille.
Dans le genre "achat qui dure", les diamants, qui sont éternels, du groupe Adamas dont l'usine de taille est à moins de deux kilomètres de Floréal, sont aussi une bonne occasion de cadeaux. Une petite exposition sur les diamants et une boutique Mont Blanc sont aussi à voir sur place. Bon, vu les prix, il faut être sûr de soi mais là encore de bonnes affaires sont à réaliser.

Gérôme Guitteau


* Pashmina, "la laine la plus légère et la plus chaude au monde", provenant des chèvres pashmina du Tibet.
** Cachemire, laine de poils très fins issus d'une race de chèvres de la région du Cachemire, entre le Pakistan, la Chine et l'Inde. Elle peut être produite ailleurs.

 


Casino
Pas royale, l'île Maurice

L'île Maurice est connue pour son lagon, ses hôtels, ses commerces et autres usines textiles et aussi ses casinos où se rencontrent des touristes riches à millions. Ce dernier côté de l'île franco-anglo-créole est loin d'atteindre sa réputation.

Les mains moites, le cœur qui palpite, la pupille qui se dilate, la fièvre du jeu prend petit à petit possession de quelques touristes dans l'avion. Les autres voyageurs regardent ces énergumènes surexcités avec joie, imaginant qu'ils sont comme eux impatients de goûter aux plages de sable blanc de l'île Maurice, de plonger dans les innombrables grottes du lagon des Mascareignes. Que nenni ! Plage, soleil, gorgones ne sont pas au programme de ces étranges passagers venus s'enfermer pendant quatre jours dans les casinos de l'île. Roulette, black jack, machines à sous… Voilà les mots qui font fantasmer nos touristes, rassérénés de vivre dans la seule île de l'océan Indien qui ne possède pas de casino : Mayotte.
Il existe six maisons de jeux à Maurice détenue chacune à 51% par l'Etat : à Curepipe, à Flic-en-Flac, le Grand casino du domaine à Pailles, le casino de Port-Louis sur le Caudan waterfront, à Poste de Flaq et à Trou aux Biches près de Grand baie. Franchement, il n'y en a qu'un qui vaille le déplacement : le Grand casino du domaine à Pailles.
Dans une ambiance de plantation coloniale : meubles rustiques, éclairages tamisés, accueil en calèche, luxe suranné, quatre très bons restaurants (italiens, chinois, créoles, indiens); vous êtes accueillis en prince. Les roulettes ne sont pas électroniques mais en bois, les croupières sont magnifiques. Tout pour passer une bonne soirée malgré une éventuelle déveine. La grosse déception de ce tourisme ludique concerne l'absence de tables de poker dans ce haut lieu du jeu. Alors que le monde entier est pris par ses différentes variantes, aucune n'a franchi la barrière de corail mauricienne, à part la version caraïbéenne surnommée ici "Oasis". Une telle variante ne mérite pas d'être évoquée plus longuement.
Didier Chabaud*, propriétaire des deux casinos Ti'Vegas basés à Grand baie et à Quatre bornes, beaucoup plus modestes que les six détenus par l'Etat, a senti le bon coup. Il vient d'ouvrir depuis juin, plus ou moins officiellement, les premières tables de cash en poker hold'em no limit. Avant cette ouverture, il a organisé un tournoi à 250 euros l'entrée afin de sensibiliser tout le monde aux règles de ce jeu.
La fine fleur de Maurice était présente. Une mixité joyeuse d'Indiens, de Chinois, de Corses et de touristes sud-africains a joué pendant plus de six heures pour 12.000 euros de gains attribués au gagnant. Le niveau de jeu n'est pas excellent, les gens jouent au poker comme aux autres jeux de casino. La technique, la lecture du jeu sont inexistantes. Une déception… qui se transforme en grande joie lors des parties de cash game**.Mais bon, l'île Maurice est loin d'être l'eldorado du joueur.
Les casinos réunionnais se sont mis au poker et offrent donc plus de diversité dans les jeux et dans les mises. Rappelons que la Réunion représente l'un des départements français où Porsche fait son plus gros chiffre d'affaires. De quoi faire rêver tous les joueurs amateurs, non ?

Gérôme Guitteau

* Rens : 00230 454 3220/8800
**Ce sont des parties où de l'argent est misé sur chaque donne.

 


Marchés mauriciens, "les soldes" au quotidien

Le magnifique jardin botanique de Pamplemousses, le centre-ville de Port-Louis et son front de mer, les hôtels luxueux de Flic-en-Flac et de Grand Baie ou encore les plages de sable blanc et ses couchers de soleil… L’île Maurice comporte de nombreux sites reconnus, à visiter. Mais s’il y a bien une chose à côté de laquelle il ne faut absolument pas passer, ce sont ses marchés. Mouvementés du matin au soir, il y fait bon à découvrir de nouveaux fruits et légumes et à y faire – certainement – les meilleures affaires de la région.

Lorsque l'on s'infiltre dans un marché mauricien, il est difficile d'en ressortir les mains vides tant les affaires sont intéressantes. Le prix et la qualité répondent à l'appel de – pratiquement – tous les produits alimentaires et vestimentaires. Un tour dans un marché nous apprend également le sens des affaires des commerçants des lieux. Ils se connaissent, s'entraident, s'arrangent entre eux, et font en sorte que le client de passage obtienne finalement ce qu'il désire. Quand un marchand ne détient pas la bonne taille ou la bonne couleur, il vous invite à patienter quelques instants, à vérifier si d'autres articles seraient susceptibles de vous intéresser et abandonne son espace… L'air de rien, son voisin le surveillera pour lui.
Quelques minutes, parfois quelques secondes plus tard, le temps de se faufiler à grands pas dans la foule quotidienne et le voilà de retour avec le bon article. C'est seulement après vous avoir emballé l'article en question dans un sachet souvent bleu ou jaune qu'il propose son prix, car pour lui, c'est déjà dans la poche, et ceci avant même que vous l'ayez salué. Pour les clients les plus "difficiles", les commerçants acceptent de négocier le prix. S'ensuivent de longues minutes d'échanges, de discussions, de négociations. En jugeant sur l'apparence du client et constatant qu'il n'est pas du coin, de la ville, voire du pays, et considérant donc qu'il est ici pour consommer, les marchands les plus malicieux jouent la carte du pouvoir d'achat, et un peu celle de l'émotion.

 

Le pouvoir d'achat des Mauriciens, la raison principale des bas prix

Toujours très poli, courtois, avenant, mais surtout intelligent pour la plupart, ils s'arrangent pour que vous ressortiez de ces quelques mètres carrés avec ce fameux sachet : "Allez, vous savez que c'est un bon prix. Là d'où vous venez, vous paieriez trois ou quatre fois plus cher, n'est-ce pas ? Quel que soit le coût, vous savez que vous faites une bonne affaire. Nous, nous n'avons pratiquement aucun bénéfice sur ce que l'on vend !", peuvent-ils déclarer en gardant le sourire.
Au final, les commerçants finissent généralement par céder à la somme imposée par le client, même si celui-ci demeure beaucoup moins cher que le prix initial. Les produits doivent partir, il leur faut vendre pour vivre. Et c'est ainsi tout au long de la virée au cœur des marchés. La différence des prix entre Maurice et Mayotte est vaste. La cause vient directement du salaire de base des Mauriciens qui tourne dans les 7000 roupies (120 euros). Sachant que le Smic à Mayotte vient d'augmenter depuis peu, le salaire de base mahorais lui est d'environ 900 euros, soit sept fois plus élevé.
Les commerçants de Maurice ne peuvent donc se permettre d'accroître le prix de vente de leurs marchandises, étant donné que leur clientèle reste très largement la population locale. Les marchés de Maurice, c'est avant tout une promenade à ne pas manquer tant les couleurs et les odeurs se mélangent, tant l'ambiance est bonne à vivre et tant les choses à découvrir sont nombreuses : produits locaux, textiles, mais aussi nombreux articles d'Inde, de Chine, fruits et légumes frais d'Afrique du Sud… C'est aussi, incessamment et incontestablement, les coins des bonnes affaires.

Ichirac Mahafidhou
 

Jardin de Pamplemousses
Au bonheur des botanistes

Si Maurice est connue partout dans le monde pour ses hôtels luxueux et ses magnifiques plages de sable blanc, un autre genre d'attraction contribue à la renommée de l'île et attire tous les jours touristes et résidents : le jardin botanique de Pamplemousses situé à une quinzaine de km au nord de Port-Louis. Un des plus riches jardins botaniques du monde par la quantité, la variété et l'âge de ses arbres.

Véritable havre de paix, contrastant entre l'agitation des marchés de Port-Louis ou de Quatre Bornes et des plages bondées de Flic en Flac, le jardin botanique de Pamplemousses est le lieu idéal pour vous ressourcer dans le calme à Maurice. Les Mauriciens y viennent en masse pour marcher tranquillement sous plus de 80 espèces de palmiers ou d'un nombre incalculable d'arbres tropicaux.
Les grandes personnalités tels que l'ex-président sud-africain Nelson Mandela ou la reine Elizabeth II ont planté le leur. Les origines du jardin remontent à 1736, lorsque l'un des premiers gouverneurs français Mahé de la Bourdonnais y installa son domaine et le nomma "Mon Plaisir". Mais c'est à l'intendant Pierre Poivre en 1767 que l'on doit l'introduction de nombreuses espèces végétales venant des quatre coins du monde. L'attraction la plus courue est le bassin des nénuphars. Des oiseaux s'y posent comme sur un plateau alors que les fleurs rose fushia renvoient des reflets rivalisant avec ceux du soleil. Mais on peut aussi flâner autour du grand bassin avec ses kiosques, du bassin aux lotus Il y a aussi les talipots, ces palmiers qui ne fleurissent qu'une fois tous les 35 à 70 ans… et meurent. Le coin des épices est aussi remarquable avec le giroflier et le muscadier, amenés là par Pierre Poivre en 1770 des Molluques, puis le cannelier de Ceylan et le 4 épices des Caraïbes.
Le jardin botanique comporte également un parc à cerfs et un parc à tortues qui raviront les enfants. Aujourd'hui, le jardin botanique porte le nom de Sir Seewoosagur Ramgoolam, le père de la nation mauricienne. Un monument funéraire a été édifié en son honneur au sein du parc où il a été incinéré.

Faïd Souhaïli
 

 


Histoire
Les historiens pensent que les premiers visiteurs de l'île Maurice furent les navigateurs phéniciens qui l’auraient abordée lors de la première circumnavigation autour du continent africain, commandité par le pharaon d’Égypte Néchao II, vers l’an 600. Les marins arabes visitèrent Maurice régulièrement à partir du Ve siècle et lui donnèrent le nom de Dina Arobi. Ce n'est qu'au début du XVIe siècle que des navigateurs portugais commencèrent à circuler dans la région.
Des Portugais s'y installèrent pour la première fois en 1505. Elle figure malgré tout sur des cartes arabes datant d'avant la découverte par les Portugais, sous le nom de Cirné. L'île est occupée puis colonisée par les Hollandais à partir de 1598. Elle est baptisée Maurice en l'honneur du prince hollandais Maurice de Nassau. Les Hollandais sont les premiers à introduire des esclaves sur l'île, les esclaves les plus nombreux sont amenés d'Afrique et de Madagascar. Leurs descendants, plus ou moins métissés, constituent la population dite créole. Il existait aussi dès cette époque des Indiens esclaves, présents dans l'île aux côtés des premiers Européens, et des Indiens libres de niveau social non négligeable. Les Hollandais apporteront aussi les cerfs de Java, qui sont aujourd'hui chassés.
En 1715, Maurice passe sous le contrôle de la France, quand Dufresne d'Arsel la revendique, et est renommée Île de France. L'île est prise par les Britanniques en décembre 1810 après une défense du gouverneur général Isidore Charles Decaen. En août de la même année eut lieu l'unique victoire navale de Napoleon : la bataille du Grand Port. L'île est officiellement rattachée à l'empire britannique en 1814, date à laquelle elle retrouve son ancien nom.
L'indépendance a été obtenue le 12 mars 1968 par le scrutin du 7 août 1967. Le pays est resté depuis membre du Commonwealth des nations, bien qu'il devînt une république le 12 mars 1992. Grâce à une démocratie relativement stable ponctuée d'élections libres et régulières et à un bilan positif au niveau des Droits de l'Homme, le pays a su attirer des investisseurs étrangers importants et dispose d'un des revenus par tête les plus importants d'Afrique.

Politique
L'île Maurice a un système juridique de droit mixte. S'y appliquent le droit d'origine française et notamment le code civil, et la common law anglaise. La procédure judiciaire correspond aux règles de procédure anglaise en grande partie, avec toutefois une certaine variante. La hiérarchie des tribunaux est ainsi du sommet au plus bas : le comité judiciaire du Conseil privé de la Reine, puis la cour suprême de Maurice (comprenant une juridiction de première instance et d'appel) et les tribunaux de magistrats.
Le système politique et institutionnel correspond à un régime parlementaire.
Le chef de l'État de Maurice est le Premier ministre. Le Président n'a pas de pouvoir décisionnel, mais symbolise à l'étranger la République de Maurice. Il est élu pour une période de cinq ans par l'Assemblée nationale. Le Parlement est constitué d'une unique chambre. Des 70 membres de l'assemblée, 62 sont élus directement par un scrutin populaire (3 pour chacune des 20 circonscriptions et 2 représentants de Rodrigues), tandis que 8 sont désignés pour représenter les minorités ethniques. Leur choix dépend des résultats des élections. Le Parlement est dirigé par le Premier ministre, chef de la majorité parlementaire et un conseil des ministres. Le régime fonctionne d'après le modèle britannique appelé "westministérien".
Le pays compte 225 prisonniers pour 100.000 habitants, soit un taux élevé au regard des autres taux constatés dans le monde.

Géographie
La formation de cet archipel résulte d'éruptions volcaniques sous-marines qui se sont produites il y a des millions d'années. L'île Maurice elle-même s'est formée autour d'un plateau central, dont le point le plus élevé, le Piton de la petite rivière noire, culmine à 828 mètres dans le sud-ouest. Autour de ce plateau, on distingue assez facilement le cratère Kanaka des nombreuses montagnes qui l'entourent.
Le climat, de type tropical, est tempéré par les alizés du sud-est. Il y a deux saisons : la saison sèche de mai à novembre – appelée également hivernage, et la saison humide de novembre à mai – appelée saison cyclonique.
Située dans le nord-ouest, Port-Louis est la capitale de l'île et la plus grande ville. Les autres villes importantes sont Curepipe (au centre), Vacoas-Phœnix, Quatre Bornes, Rose-Hill et Beau-Bassin. Mahébourg (au sud-est) n'est pas une grande ville, néanmoins c'est la plus proche de l'aéroport international de Plaisance-Sir Seewoosagur Ramgoolam.

Les districts de Maurice
L'île Maurice comprend 10 districts :
1. Rivière Noire
2. Flacq
3. Grand Port
4. Moka
5. Pamplemousses
6. Plaines Wilhems
7. Port-Louis
8. Rivière du Rempart
9. Savanne
10. Rodrigues

Rodrigues, les îles Agaléga et les écueils des Cargados Carajos (également appelés Saint-Brandon) constituent les dépendances de Maurice. L'archipel des Chagos (Diego Garcia) et l'île Tromelin sont revendiqués par Maurice.

Économie
Depuis son indépendance acquise en 1968, Maurice a connu une évolution économique fulgurante. L'île est passée d'un statut de pays à bas revenus, dont l'économie reposait sur l'agriculture (la canne à sucre), à un statut de pays dit émergent, aux revenus intermédiaires dont l'économie diversifiée repose sur des secteurs industriels et financiers en pleine croissance et sur le tourisme. Durant cette période, la croissance annuelle a été de l'ordre de 5% à 6%. Ce résultat remarquable se traduit par une amélioration de l'espérance de vie, une baisse de la mortalité infantile et un grand développement des infrastructures.
La canne à sucre est plantée sur 90% environ de la surface cultivée, et constitue 25% des revenus du commerce extérieur. Une sècheresse historique a cependant endommagé durement la récolte sucrière de 1999. La stratégie de développement du gouvernement est axée sur les investissements étrangers. Maurice a attiré plus de 9000 sociétés offshore, dont beaucoup se consacrent au commerce en Inde et en Afrique du Sud. Maurice est aussi un pavillon de complaisance. Le secteur bancaire a réalisé plus d'un milliard de dollars d'investissements. Les performances économiques dans la période 1991-99 sont restées fortes, avec un taux de chômage limité.
Cependant, l'économie mauricienne risque de recourir à une forte restructuration dans les années à venir. En effet, les réformes de l'Union européenne concernant le marché sucrier vont lourdement affecter l'exportation du pays. Ainsi, d'autres secteurs restent à développer pour constituer de nouveaux piliers de l'économie, les services informatiques avec notamment les centres d'appels.
L'île compte par ailleurs énormément sur l'industrie touristique pour générer davantage de richesses et créer des emplois. En 2006, l'île Maurice a accueilli 788.000 touristes, dont la majorité vient de France. Il existe actuellement 99 hôtels en opération dans le pays, dont 42 avec plus de 80 chambres. Pour attirer davantage de touristes, le pays a commencé à libéraliser l'accès aérien et des lignes comme Corsairfly peuvent maintenant desservir la destination. Prochainement, ce sera au tour de Virgin Atlantic.
La construction de villas de luxe vendues sous le Integrated Resort Scheme (IRS) est appelée à devenir un nouveau pôle de croissance économique. Grâce à ce nouveau type d'aménagement combiné à l'ouverture du pays aux étrangers, Maurice amorce une nouvelle ère de développement, qui porte déjà ses fruits en terme d'investissements étrangers directs et d'emplois créés et qui est appelé à changer la face du pays, à plus long terme.
L'IRS a bien vite suscité l’intérêt de dizaines de promoteurs locaux et étrangers ; pour preuve les autorités ont reçu plus d’une vingtaine de projets de ce type représentant des investissements de Rs 100 milliards et avec un potentiel de création de 12.000 emplois. Au total, rien qu’avec ces projets, plus de 1.700 villas de luxe devraient voir le jour dans les deux à cinq prochaines années.

Cybercité
Le développement de la Cybercité voulue par le gouvernement de Paul Bérenger, située à Ébene au sud de la capitale, doit permettre le développement du secteur des technologies de l'information. Le but final étant de faire de cette dernière une "Cyber île" et donc de trouver une alternative à l’activité sucrière menacée par les accords internationaux. Les activités possibles grâce au décalage horaire de GMT +4 ont ainsi permis l'émergence de centres d'appels et de sites de Disaster recovery.
Le câble sous-marin Safe devait offrir au projet son assise technique mais des dysfonctionnements au sein du BPML en charge de la Cybercité, suivis du manque d’un doublon tel que Maurisat (solution mutualisée satellite) sur le site et en général sur l’île Maurice pouvant sécuriser les connexions vers l’international ont réduit l’engouement de certaines sociétés intéressées par une délocalisation d’une partie de leurs activités à Maurice, d'autant qu'il y a eu de nombreuses pannes en 2006 imputées à Mauritius Telecom ou à ses fournisseurs.
Depuis 2006, avec la signature d’un accord pour le déploiement du câble sous-marin Eassy, Maurice est en passe de rattraper cette lacune mais repousse au minimum à 2008-2010 l’échéance sécuritaire du projet.

Démographie
La population de l'île Maurice est le résultat de plusieurs vagues d'immigration, d'abord les colons français, ensuite les esclaves venus d'Afrique, les Chinois comme commerçants et finalement les Indiens amenés de gré ou de force dans l'île pour travailler dans les champs de canne à sucre.
La constitution de Maurice ne mentionne aucune langue officielle pour le pays. Néanmoins l'anglais est utilisé par l'administration. Par contre, le français est le plus utilisé dans le monde des affaires. Teinté d'apports des deux langues européennes, le créole est la langue maternelle de plus de 90% de la population. Diverses langues orientales sont également parlées, parmi lesquelles le créole mauricien, le bhojpuri (mélange de créole et d'hindi), l'hindi, l'ourdou, le tamil et le hakka, un dialecte chinois.
Ces dernières langues sont parlées par les descendants des immigrants venus d'Inde et de Chine. La plupart des Indo-Mauriciens sont des hindous et constituent 70% de la population. Les autres religions pratiquées sont le christianisme, l'Islam et le bouddhisme. Le reste de la population est d'origine chinoise, africaine, française ou métisse.
Le français est en progression, mais le créole adopte de plus en plus de mots anglais.

Culture
La cuisine mauricienne est un mélange de cuisines indienne, créole, chinoise et européenne. De même, le séga mauricien est une musique aux influences diverses.
En 1847, Maurice devint le cinquième pays dans le monde à émettre des timbres postaux, après la Grande-Bretagne en 1840, la Suisse et le Brésil en 1843, les États-Unis en 1846. L’île Maurice aura été le troisième territoire au monde à émettre des timbres et le premier autorisé à le faire par l’empire britannique dont elle était une colonie en 1847. Les deux types de timbres, la série des Post office (le Red penny et le Blue penny), sont parmi les plus célèbres et les plus chers timbres du monde.
Au moment de sa découverte, l'île Maurice abritait une espèce d'oiseau dodu qui ne volait pas et était auparavant inconnu. Les Portugais l'appelèrent le dodo ("simplet"), en raison de son apparence nonchalante. Cependant, en 1680, pendant la période hollandaise, cette espèce avait complètement disparu. Dans les livres d'histoire la disparition du dodo a longtemps été attribuée aux abus des colons hollandais qui les attrapaient facilement et les mangeaient. Mais les études récentes démontrent plutôt que c'était dû aux prédateurs qui dévoraient leurs œufs. Le dodo est devenu l'emblème de Maurice.
Le 9 septembre, un pèlerinage rassemble chaque année entre 100.000 et 200.000 Mauriciens, pas seulement de foi catholique, au tombeau du bienheureux Jacques-Désiré Laval (1803-1864), à Sainte-Croix, dans la proche banlieue de Port-Louis.
Il existe une fameuse déclaration de Mark Twain, souvent citée pour décrire la beauté incomparable de l'île : "Dieu créa d'abord l'île Maurice, puis s'en inspira pour faire son paradis terrestre".

Principaux artistes et auteurs mauriciens
* Gaëtan de Rosnay
* Linley Marthe
* J.M.G Le Clezio
* Malcolm de Chazal
* Khal Torabully
* Loys Masson
* Edouard J. Maunick

UNE Mayotte Hebdo N°389 – Vendredi 11 juillet 2008

UNE Mayotte Hebdo N°389 - Vendredi 11 juillet  2008

Lamu – Tanzanie – Ouganda – Kenya – Maurice – Handréma …

Voyager

 > Internet haut débit – les câbles eassy et lions d'ici 2000
 > Loisirs – vol au dessus du lagon
 > Portraits – la mangrove, les padzas et l'ylang

UNE Mayotte Hebdo N°388 – Vendredi 04 juillet 2008

UNE Mayotte Hebdo N°388 - Vendredi 04 juillet  2008

Résultats du Baccalauréat

Star'Bac 2008

 > Session au Conseil Général – le président resserre les boulons
 > Athlétisme – hafidou au championnat du monde en pologne
 > 25e course de pneus ce samedi

UNE Mayotte Hebdo N°387 – Vendredi 27 juin 2008

UNE Mayotte Hebdo N°387 - Vendredi 27 juin 2008

Les 100 jours de Jégo – Entretien avec le secrétaire d'état: La consultation en avril 2009 – Pas de loi de programme pour Mayotte – La piste longue en 2012-2015

Mayotte aux fraises

 > Interview du député – "pour un département pur et dur"
 > Projet académique 2008-2011 – améliorer le niveau en français
 > Surfing day – tous les plaisirs de la glisse

27/06/2008 – Projet académique 2008-2011 – 1er objectif : améliorer le niveau en français

Il est sommairement baptisé "Le projet". Le document sur lequel repose les orientations pédagogiques du vice-rectorat pour les trois prochaines années est en passe d'être terminé après une année scolaire de réflexion et de travaux. Au mois de novembre dernier, un séminaire regroupant les cadres de l'académie à l'IFM avait amorcé les réflexions sur les quatre thèmes, quatre objectifs préalablement définis, appelés "ambitions".
"Faire progresser les résultats des élèves : au cœur des apprentissages, la maîtrise de la langue," est l'ambition la plus importante qui fait reposer toute la base de l'enseignement sur la maîtrise de la langue. C'est l'enjeu principal de l'éducation dans l'île. "Préparer les élèves à leur future citoyenneté," le 2ème thème, regroupe aussi bien les actions envers les parents d'élèves que les opérations d'éducation à la santé ou à l'environnement. "Rendre plus efficientes l’orientation et l’insertion des élèves dans un contexte insulaire", ou comment élever le niveau des élèves post-bac et leur assurer une insertion réussie dans le monde du travail. Et enfin "Développer les systèmes d'appui et de pilotage académiques," la partie qui concerne le projet d'une meilleure organisation générale.
Lors du séminaire de départ, un groupe par ambition s'est chargé de définir trois à quatre programmes d'action, ou mesures pour réaliser ces ambitions. Ces programmes ont été transmis à tous les établissements scolaires et écoles dans lesquels tous les personnels étaient appelés à élaborer des fiches actions, soit la traduction des programmes en actions concrètes de terrain, avec description de l'objectif, acteurs, publics visés, moyens nécessaires, source de financement, etc.
 
 

Des formations spécifiques pour l'enseignement du français

Au final, ce ne sont pas moins de 205 fiches qui sont remontées au vice-rectorat, qui se charge actuellement de les synthétiser pour n'en garder qu'une quarantaine. Ce n'est pas une surprise, 52% des fiches proposées correspondent à la 1ère ambition : la maîtrise de la langue. 26% concernent l'ambition 2, la citoyenneté. "J'ai choisi d'organiser cet évènement à l'école de Koungou Baobab pour montrer l'importance du terrain," explique M. Cirioni qui a tenu conférence de presse… au milieu d'une classe de CP en plein cours.
"La contribution de tous les acteurs de l'éducation permet de mettre en place un programme le plus efficace possible." Au-delà du monde enseignant, les responsables de la politique de la ville, les associations de parents d'élèves et tous les autres acteurs liés à l'éducation ont été conviés dans les groupes de réflexion.
Dans ce domaine très important de la maîtrise de la langue, l'équipe du vice-recteur a annoncé des formations spécifiques qui s'adresseront aussi bien aux enseignants venant à Mayotte qu'aux locaux. Elles porteront sur les techniques d'enseignement du français, qui s'inspirera du FLE (français langue étrangère) pour tenir compte du fait qu'il n'est pas la langue maternelle des élèves. "Elles concerneront tous les enseignants et pas seulement ceux de français et de lettres", précise le vice-recteur.
L'IFM prévoit également de former les futurs instituteurs à utiliser tous les supports et toutes les disciplines pour faire travailler le français, pour sortir des outils traditionnels, également de travailler avec les maîtres déjà en place pour renforcer leur niveau de français et d'enseignement du français.

 

Suivre les étudiants en Métropole

Dans le domaine de la réussite et de l'insertion des étudiants, le vice-rectorat travaille énormément sur l'orientation, pour envoyer les plus à même de réussir en Métropole. Des conventions existent déjà avec les académies de Nantes et Toulouse pour l'accueil et le suivi des étudiants mahorais, des conventions similaires doivent être signées avec Clermont-Ferrand, Rennes et Bordeaux.
Un travail est en cours pour la prise en charge des élèves qui échouent au bac professionnel. "Il est impossible de prendre ces élèves en redoublement car nous manquons cruellement de terrains de stages à Mayotte, nous sommes arrivés à saturation, explique M. Cirioni. Mais comme ils gardent leurs notes pendant 5 ans et n'ont que les domaines dans lesquels ils ont échoué à repasser, nous envisageons des formations pour qu'ils réussissent à terme."
De nombreuses autres propositions dans tous les domaines sont actuellement à l'étude, les fiches action seront efficientes dès la rentrée et guideront l'action de l'éducation nationale à Mayotte pour les trois prochaines années.

Hélène Ferkatadji

UNE Mayotte Hebdo N°387 – Vendredi 27 juin 2008

UNE Mayotte Hebdo N°387 - Vendredi 27 juin 2008

Les 100 jours de Jégo – Entretien avec le secrétaire d'état: La consultation en avril 2009 – Pas de loi de programme pour Mayotte – La piste longue en 2012-2015

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27/06/2008 – A propos de Mayotte – « L’Etat sera neutre dans la campagne électorale »

Pour notre île, le secrétaire d’Etat a rappelé que "le territoire a développé une demande de départementalisation" qui se ponctuera par le référendum d’avril 2009. "Nous avons nommé un ‘Monsieur Mayotte’ qui porte aujourd’hui la feuille de route de cette départementalisation parce que j’ai souhaité que nous ayons un discours clair vis-à-vis des Mahorais et que la départementalisation soit connue d’eux dans ses aspects positifs, mais aussi dans ses obligations nouvelles. C’est une révolution dans la vie politique de Mayotte que d’aller vers la départementalisation, que de créer un état civil, que de créer un droit du sol, que de mettre fin à un certain nombre de pratiques coutumières pour pouvoir prospérer dans le cadre de la départementalisation".
Il a aussi ajouté que "l’Etat sera neutre dans la campagne électorale, mais dira de façon claire les avantages et les obligations nouvelles qui vont peser sur le territoire pour que les Mahorais puissent choisir en toute connaissance de cause et que le calendrier d’application de cette départementalisation soit à la fois progressif et adapté et qu'il réponde aux besoins locaux. Mayotte est aussi frappée, a-t-il soutenu, par un phénomène migratoire lourd".
Yves Jégo n’a pas manqué d’évoquer sa récente visite aux Comores qu’il qualifie lui-même d’"assez originale", avec Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat à la Coopération. Une mission ayant permis d’installer le Groupe de travail de haut niveau qui s’est réuni début juin à Paris et qui "travaille sur un accord formel entre la France et l’Union des Comores pour que ces questions de coopération, ces questions de migration soient traitées d’une façon un peu différente".
 
 

"On devrait avoir à l’échelle 2012-2015 une piste d’aviation et un aéroport qui permettent ces liaisons directes"

Interrogé par nos soins sur la venue d’Air France dans la région avec un plan de desserte des îles de la zone sauf Mayotte, le secrétaire d’Etat à l’Outremer a souligné que "nous sommes dans une économie libre" et que "la compagnie Air France est soumise aux règles de la concurrence mondiale. (…) Mais il y a pour Mayotte un préalable, sur lequel j’ai apporté lors de mon dernier déplacement des réponses en signant le Contrat de projets de Mayotte, qui est l’extension de la piste qui aujourd’hui ne permet pas dans les conditions actuelles les liaisons Europe-Mayotte.

Ces travaux devraient débuter d’ici 2010 et donc on devrait avoir à l’échelle 2012-2015 une piste d’aviation et un aéroport qui permettent ces liaisons directes. Si dans le même temps les Mahorais se sont emparés de l’atout touristique pour en faire un atout fort – et je crois que c’est un des axes de son développement – on peut parier qu’il y aura des dessertes réelles directes, mais il y a un combat que nous menons là, qui est celui à la fois du prix des billets d’avion et le prix des billets d’avion est lié aux dessertes et au nombre de dessertes. Nous sommes persuadés que le seul moyen de faire baisser durablement les prix c’est de favoriser la concurrence.

Nous avons déjà pris un certain nombre de dispositions de suppression d’obligation de service public, de mobilisation de compagnies pour qu’on puisse faire de ce projet une réalité pour les habitants. Et ceci est un combat européen. Mayotte sera desservie quand la piste sera capable d’accueillir des avions qui viennent directement de la Métropole; ça c’est une réalité physique qu’on ne peut pas surmonter", a précisé Yves Jogo.

 

"Collectivité ou département ?", telle sera la question

Enfin, concernant la loi programme qui visiblement ne contiendra pas grand-chose pour Mayotte, le secrétaire d’Etat a une nouvelle fois rappelé qu’une loi spécifique à Mayotte sera adoptée, mais "attendons que les Mahorais se soient déjà prononcés. Si Mayotte devient un département, bien évidement la loi sera fondée sur les attributs d’un département. Si Mayotte choisit de rester Collectivité d’Outremer, il n’y pas d’autre choix. Qu’il n’y ait pas de confusion car le choix qui sera offert aux Mahorais est clair : ou on reste une Collectivité d’Outremer dans le cadre de la République française ou on devient un département français. Et évidemment selon le choix, la ‘Loi Mayotte’ viendra décliner un certain nombre de mesures qui seront différentes et ce sera certainement après le référendum et pas avant".

Et si certains ont toujours des doutes concernant des sujets clefs liés notamment au développement de l’île, ce jour de présentation du bilan des 100 jours d’Yves Jégo aura au moins permis de lever un autre doute, car nous avons ainsi la certitude que pour la première fois de leur histoire, les Mahorais seront appelés à se prononcer sur le statut de département d’Outremer. Nous aurons le choix entre ce nouveau statut et l’actuel. Certains s’y voient déjà mais encore faut-il que les Mahorais l’approuvent.

R.T Charaffoudine Mohamed

23/06/2008 – 2.093 candidats au baccalauréat

A Mayotte, ils sont cette année 2.093* candidats toutes séries confondues à se présenter, soit 15% de plus que l'année dernière, un chiffre qui va aller augmentant pendant encore longtemps. Cette année le cadet des candidats est âgé de 16 ans, le plus ancien de 33 ans.
"Les démocraties populaires et leur évolution (1948-1989)" pour l'histoire, "L'organisation du territoire des Etats-Unis" en géographie, l'anglais, les mathématiques… Les épreuves se poursuivent jusqu'au mardi 24 juin pour les 673 candidats au bac général et les 957 candidats des séries technologiques, jusqu'au vendredi 27 pour les 463 candidats aux séries professionnelles. Pour les deux premières catégories, les épreuves se déroulent aux lycées de Mamoudzou, Sada, Petite Terre, Kahani, Kawéni et à la Cité du Nord. Les candidats au bac pro se présentent dans leurs propres établissements.
105 enseignants pour les bacs généraux et 154 pour les technologiques sont mobilisés pour les corrections des épreuves, centralisées à Mamoudzou et Petite Terre, ce qui permettra, comme l'an dernier, de donner les résultats quelques jours avant la Métropole. Ils devraient être rendus publics samedi 28 juin après les délibérations.
 

Faire mieux que l'an dernier

L'an dernier, le taux de réussite de 52,7% était assez décevant car plus bas que les résultats de la cuvée 2006. Une baisse que le vice-recteur imputait en grande partie aux mauvais résultats du nouveau bac technologique STG, 39,6% d'admis contre 57% en 2006 pour son ancêtre le bac STT. Espérons que cette année enseignants et élèves seront mieux armés pour les épreuves de cette section. Le bac général était le seul en hausse avec un taux de réussite de 68,1% contre 63% l'année précédente. Le bac pro baissait de près de 4 points, à cause surtout du résultat très faible de la section vente : 21,4%.

A côté de nos deux mille candidats, 11.196 élèves de première se présentent aux épreuves anticipées de français et de biologie (pour les ES et L) et 3.651 au épreuves du brevet des collèges, qui aura lieu du 24 au 27 juin.

Hélène Ferkatadji

*Chiffre des inscrits et non des présents à l'examen

Examen jusqu'au soir

La plupart des lycéens passant le bac sont confiants pour les résultats finaux, ceux-ci paraîtront le 28 juin. Uniquement le matin, seulement l'après-midi et parfois lors des deux demi-journées, ils passent épreuve par épreuve, les matières qu'ils préparent depuis un an et plus.
"L'anglais, pour l'étudiant de Hajangua Saïd Rakibou, a été la matière la plus difficile pour le moment. Plusieurs de mes collègues disent la même chose." Son ami Absoirou Hardani, est sûr que "les révisions répétées au CDI vont payer. Pour l'instant tout se passe bien pour moi, je n'ai pas vraiment eu de surprises dans les épreuves que nous avons passées. Il y avait tout ce que j'ai révisé". Ces deux élèves de dix-huit ans, tout comme beaucoup d'autres étudiants, attendront impatiemment de voir les résultats.
"Nous savons à peu près ce que nous voulons faire par la suite, mais notre avenir dépendra entièrement de l'issue de notre examen". Jusqu'à la tombée de la nuit quelques fois, les étudiants profitent de tout le temps qui leur a été attribué pour répondre au mieux aux épreuves. Les transports scolaires arrivent à 19h et ramènent les élèves, il en sera ainsi jusqu'à la fin des épreuves.

Ichirac Mahafidhou

Le bac en 2007

1.820 candidats dont
618 en filière générale
882 en filière technologique
320 en filière professionnelle
52,7% de réussite

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes