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23/09/08 – Trafic de médicaments par kwassa

Vendredi dernier au matin, la gendarmerie a intercepté un kwassa au large de M'tzamboro transportant 8 passagers dont deux enfants. Le passeur a prétendu être mineur, déclaration contestée par l'examen osseux. Il fait l'objet d'une convocation au tribunal. Fait nouveau à Mayotte, ce kwassa transportait 500 boîtes de médicaments en provenance d'Inde. En tout 5.000 comprimés d'Ibucap, un anti douleur composé d'ibuprofène, de paracétamol et de caféine qui en font un anti douleur très puissant, interdit à la vente en France et classé comme produit stupéfiant par les douanes. Le médicament se vendrait un euro pièce selon la gendarmerie. Ce lundi, la gendarmerie a interpellé un autre kwassa qui contenait cette fois ci 32.500 comprimés d'Ibucap. Avec le retour du temps calme en mer, les arrivées de kwassa affluent. Ainsi, depuis mercredi dernier la gendarmerie à interpellé 5 kwassas entrant et un sortant. En tout 5 passeurs ont été présentés devant la justice ou font l'objet d'une convocation au tribunal.

19/09/2008 – GTHN – « Nous avons décidé de ne pas parler des questions qui fâchent »

"Les discussions ont été cordiales et franches, et c'est un message d'espoir pour l'avenir de nos populations, avec la perspective concrète d'un accord entre les deux Etats avant la fin de l'année". Philippe Leyssenne, ambassadeur de France délégué à la coopération régionale dans la zone de l'océan indien, a semblé très optimiste quant à l'évolution des négociations bilatérales entre la France et les Comores sur les deux dossiers que sont la coopération régionale et la circulation des biens et des personnes.
Le nouveau préfet Denis Robin a constaté que les travaux du GTHN permettront de "régler des problèmes humains difficiles" concernant l'immigration clandestine et que "le développement des flux économiques entre les îles peut être une solution aux problèmes d'approvisionnement avec des produits agricoles à moindre coût pour les Mahorais et des débouchés commerciaux pour les producteurs comoriens". Une démarche que Mohammed Soihili, chef de la délégation comorienne, a qualifiée de "gagnant-gagnant", soulignant que "dans le cadre globalisé actuel, l'avenir est aux grands ensembles économiques".
M. Soihili a affirmé que "ces négociations tracent une perspective vers l'avenir et non plus vers le passé avec des diatribes lancées aux uns et aux autres". Ahamed Attoumani Douchina, le président du conseil général, était ravi que les élus mahorais participent aux débats et a déclaré que "d'une manière implicite, on s'est reconnu en entités différentes. Nous avons pu aborder le problème de la circulation des personnes d'une manière franche et loyale, sans arrière-pensée. Je me réjouis qu'ils n'ont pas remis en cause le choix des Mahorais et leur avenir institutionnel". Pour M. Douchina, les différents échanges dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la culture ou de l'économie, qui existent déjà de manière informelle, seront grâce au GTHN plus "lisibles et transparents pour nos populations".
Pourtant, quand l'ambassadeur comorien a évoqué "la libre circulation des personnes" une fois l'objectif atteint de réduire l'écart de développement entre les Comores et Mayotte, cette "racine du mal" selon les mots de l'ambassadeur français, M. Douchina s'est porté en faux en déclarant que "faciliter la venue de nos voisins doit être l'occasion de freiner les entrées illégales et d'accompagner de manière digne les clandestins qui sont ici en ce moment".
Interrogé sur la reconnaissance de l'appartenance de Mayotte à la France, l'ambassadeur comorien a livré une réponse très ambiguë : "Nous avons décidé de ne pas parler des questions qui fâchent. Nous devons dépasser cette question de positionnement. Nos deux présidents ont dit qu'au lieu de se battre, il faut contribuer au rapprochement des quatre îles". M. Soihili a fait référence au rapprochement franco-allemand pour soutenir sa position, affirmant qu'il avait "confiance en la créativité de l'homme pour regarder vers l'avenir".

Julien Perrot

Bientôt quatre actions concrètes…

Le quatrième round de négociations en novembre sera l'occasion de la réalisation effective des premières actions, notamment : la réouverture de l'antenne consulaire d'Anjouan, la concrétisation d'une action de formation professionnelle à l'initiative du vice-rectorat de Mayotte, des premiers échanges, notamment de produits agricoles, entre les îles et la signature d'un protocole sur les évacuations sanitaires des Comores vers Mayotte.

19/09/2008 – GTHN – Douchina pose ses conditions

Mardi soir dans la villa de Kani-Kéli du conseiller général, tout ce que Mayotte compte de décideurs politiques et administratifs, ainsi que les 14 membres de la délégation comorienne et ceux de la délégation française composée de hautes personnalités de l'Etat proches du Président de la République Nicolas Sarkozy et des différents ministères se sont rencontrés en vue du 3e round du GTHN qui se réunit pour la première fois à Mayotte, après Paris (le 4 juin) et Moroni (les 10 et 11 juillet). Sous les nombreux drapeaux français et européens, les membres des deux délégations, les élus mahorais et les plus hauts représentants de l'administration française ont rompu le jeûne ensemble, avant d'écouter les discours d'Ahamed Attoumani Douchina le président du conseil général, et de Mohammed Soihili ambassadeur plénipotentiaire et chef de la délégation comorienne.
"Mayotte est une terre de paix où la population est attachée à sa liberté et à sa sécurité", a déclaré M. Douchina, qui a rappelé que la Collectivité est engagée dans une dynamique de coopération régionale avec tous ses voisins. "Ces négociations s'engagent dans un climat un peu particulier", a commencé M. Douchina, faisant allusion à la récente mise à l'ordre du jour de la question de Mayotte une nouvelle fois à l'assemblée générale des Nations-Unies qui s'est ouverte ce mercredi.
"Je voudrais rappeler à nos frères de l'Union des Comores que Mayotte a fait son choix en 1975 et qu'elle aimerait que l'Union des Comores respecte ce choix", ajoutant encore, pour être plus explicite : "Nous voudrions vous dire que nous tendons notre main, mais à une condition : que le choix de 1975 soit respecté. Les négociations doivent se faire sans l'arrière-pensée de récupérer Mayotte. Les Mahorais ne sont pas des marchandises, quelque chose que l'on peut négocier sans leur demander leur avis".
M. Douchina s'est dit prêt à discuter et voir dans quelles conditions l'Union des Comores et Mayotte pourront tirer profit de ces futurs échanges économiques et culturels, mais il a tenu à préciser à la délégation comorienne que "les élus de Mayotte ne trahiront jamais leur engagement pour la cause mahoraise, à savoir la marche vers la départementalisation. Si nous sentons une arrière-pensée chez nos amis comoriens, nous arrêterons les négociations et nous partirons", a-t-il menacé. S'excusant pour ce "langage assez rude et brutal, mais sincère", le président du CG a appelé les Comoriens à "dépasser ce petit conflit pour le bien de nos populations", espérant des "résultats concrets dans cette démarche entamée le 4 juin dernier à Paris".
M. Douchina a également fait allusion au fait qu'un élu comorien a récemment refusé de descendre de son avion à l'aéroport de Dzaoudzi pour se plier à un contrôle d'identité, considérant que Mayotte faisait partie de l'Etat comorien. "Jamais, nous, nous n'enfreindrons les lois qui sont les vôtres", a tenu à souligner le président du conseil général, rappelant "l'angoisse de la population mahoraise" au lendemain de l'inscription de Mayotte à l'ordre du jour des discussions à l'assemblée générale des Nations-Unies.
Le chef de la délégation comorienne Mohammed Soihili surnommé "Lamartine" (qui par ailleurs a été dans le même lycée que M. Douchina) a ensuite pris la parole pour déclarer que "nous sommes venus ici pour apporter le salut à nos frères et sœurs", rappelant que cette politique de rapprochement entre les deux pays a été initiée en 2007 par les présidents Sambi et Sarkozy.
"Comme l'Europe, nous devons tenir compte de l'Histoire : bien des nations ont été divisées ou en guerre puis se sont retrouvées", a-t-il rappelé, affirmant que la délégation venait avec "un message de paix pour redonner à l'Histoire une autre force, pour lever les barrières de l'Histoire par des hommes qui veulent la compréhension et l'entente".
Les négociations entre les deux groupes de tête des délégations et les sous-groupes "circulation des personnes et des biens" et "coopération régionale" se sont terminées ce jeudi soir.

Julien Perrot

19/09/2008 – Création de l’Observatoire mahorais de l’énergie

"L'homme ne peut qu'en proportion de ce qu'il sait". C'est par cet adage qu'Augusto Soares Dos Reis, le directeur d'EDM, a présenté les avantages de la création de l'OME, "un outil de savoir au service des décideurs publics et privés". Cette nouvelle structure a en effet pour vocation d'éclairer les acteurs de l'énergie sur l'approvisionnement (la diversité des sources d'énergies et la dépendance énergétique insulaire) et la consommation d'énergie grâce à un indicateur permettant de mettre en évidence le taux d'équipement des ménages et le développement économique de l'île.
Il est vrai qu'avec une croissance annuelle de 15% de la consommation en électricité, Mayotte est le territoire le plus dynamique de France (voir encadré sur le bilan énergétique 2007), signe évident du rattrapage en cours. Grâce à l'OME, l'impact socio-économique et environnemental de cette croissance vertigineuse pourra être évalué à l'aune de la politique énergétique voulue par l'Etat et le conseil général.
"Nos besoins en énergie, en forte croissance, sont uniquement couverts par le pétrole", a souligné M. Douchina, "le conseil général souhaite diversifier les sources naturelles d'approvisionnement et préconise le recours à grande échelle de l'énergie solaire, car il est impératif que Mayotte limite ses importations en hydrocarbures". Le président du conseil général a également souligné que "la mise en place du Plan climat énergie, qui conditionne le développement durable de Mayotte, se combinera à l'OME pour apprécier les politiques énergétiques et les améliorer".
 
 

"Le plus fort taux d'énergie solaire de France, à l'horizon de trois ans"

Les études de l'OME permettront en outre d'établir des synergies entre les différents acteurs sur les deux enjeux essentiels mis en avant par le directeur d'EDM : "favoriser la maîtrise de la demande en électricité et développer le mix énergétique". A ce propos, M. Soares Dos Reis a réaffirmé sa volonté de faire de Mayotte le territoire ayant "le plus fort taux d'énergie solaire de France, à l'horizon de trois ans". Il a toutefois rappelé que ce taux ne pourra pas dépasser 30% de la puissance appelée à un instant "t", car il pourrait y avoir un risque de délestage, voire de black-out, si un nuage passe…

Christophe Peyrel, secrétaire général à la préfecture, a lui aussi souligné "le besoin d'avoir ici une vision partagée sur l'économie d'énergie", mettant en exergue le fait que les solutions dans ce domaine sont très difficiles à trouver car une multitude de partenaires y intervient et la mise en œuvre des politiques "doivent réussir à concilier des intérêts privés et publics parfois contradictoires".

Au niveau de l'Etat, les études de l'OME permettront de "fédérer l'ensemble des services dans les domaines de leurs compétences, le but étant de faire converger l'ensemble de nos connaissances et de nos motivations". M. Peyrel a également rappelé que l'axe 5 du Contrat de projet consacrera 156 millions d'euros aux économies d'énergie, à l'assainissement et aux déchets pour la mise en place d'un développement durable de l'île.

Abdou Dahalani, le président du Conseil économique et social, est également intervenu pour préconiser des conseils de gestes économes chez les usagers particuliers, mais également chez les maîtres d'œuvre pour intégrer les économies d'énergie dans la conception des bâtiments. Il est vrai que la question énergétique, surtout depuis que la problématique du développement durable est devenue une priorité mondiale, doit avant tout réussir à s'intégrer dans l'évolution des mentalités et des habitudes des consommateurs. Nul doute que les études futures de l'OME contribueront à ce travail de longue haleine.

Julien Perrot

Le bilan énergétique de Mayotte en 2007

La première étude réalisée par l'OME est le bilan énergétique 2007 de Mayotte. Cette étude a été réalisée par l'Arer (Agence régionale de l'énergie de la Réunion) grâce au concours de tous les partenaires (Conseil général, Ademe, EDM, etc.). Une version papier tirée à 650 exemplaires sera disponible à partir du mois prochain auprès des partenaires de l'OME et des centres documentaires mahorais. Une version électronique sera également disponible sur les sites internet des membres de l'OME et des observatoires nationaux de l'énergie.

En 2007, la consommation primaire totale est de 88,2 ktep (kilo tonne-équivalent-pétrole), dont 92% provient des importations, qui sont en totalité d'origine fossile (essence, gazole, carburéacteur, etc.). Les importations en 2007 ont crû de 1,8% par rapport à 2006 et de près de 40% depuis 2002. Les 8% restant de la consommation primaire provient des ressources locales (98% de bois et 2% des huiles usagées et l'énergie solaire). Le taux de dépendance énergétique s'élève donc à 92,2% et la part renouvelable (à Mayotte, il s'agit du bois, du charbon de bois et de l'énergie solaire) de la consommation primaire totale s'élève à 7,8%.

En ce qui concerne la production d'électricité, la puissance totale à Mayotte en 2007 est de 49 MW, assurée à 99% par des systèmes de production utilisant le gazole (centrale des Badamiers et groupes de secours de Kawéni). En 2007, la production électrique livrée sur le réseau est de 196 GWh (17 ktep), soit une efficacité de 41% pour la transformation des produits fossiles en électricité. Entre 2006 et 2007, la croissance de la production d'électricité est de 14,7%. A titre indicatif, cette évolution est de 3,9% à la Réunion et elle est négative (-0,8%) en Métropole. Enfin, la consommation électrique en 2007 est de 172,4 GWh, soit une augmentation de 35% entre 2002 et 2007, et surtout 15% entre 2006 et 2007.

En ce qui concerne la consommation des carburants dans les transports, l'OME note une augmentation très importante, passant de 26.080 tep en 2002 à 34.560 tep en 2007. Une augmentation notamment due à l'augmentation du transport routier, passé de 20.996 tep en 2002 à 28.027 tep en 2007.


257.767 tonnes de CO2 rejetées

Au total pour 2007, le secteur énergétique a généré un total de 257.767 tonnes de CO2 rejetées dans l'atmosphère, soit 1.382 kg de CO2 par Mahorais par an. A titre indicatif, à la Réunion, ce chiffre est de 4.740 kg par habitant par an et de 6.190 en Métropole. Parmi ces 1.382 kg de CO2, 701 proviennent de la production d'électricité, 471 du transport terrestre, 66 de l'aérien, 44 du maritime, et 101 proviennent des secteurs résidentiels, tertiaires, industriels et agricoles. Une voiture moyenne essence qui parcourt 10.000 km par an émet 2,2 tonnes de CO2 : ainsi, l'ensemble du secteur énergétique mahorais rejette annuellement autant de CO2 que 117.167 voitures.

19/09/2008 – GTHN – « Nous avons décidé de ne pas parler des questions qui fâchent »

"Les discussions ont été cordiales et franches, et c'est un message d'espoir pour l'avenir de nos populations, avec la perspective concrète d'un accord entre les deux Etats avant la fin de l'année". Philippe Leyssenne, ambassadeur de France délégué à la coopération régionale dans la zone de l'océan indien, a semblé très optimiste quant à l'évolution des négociations bilatérales entre la France et les Comores sur les deux dossiers que sont la coopération régionale et la circulation des biens et des personnes.
Le nouveau préfet Denis Robin a constaté que les travaux du GTHN permettront de "régler des problèmes humains difficiles" concernant l'immigration clandestine et que "le développement des flux économiques entre les îles peut être une solution aux problèmes d'approvisionnement avec des produits agricoles à moindre coût pour les Mahorais et des débouchés commerciaux pour les producteurs comoriens". Une démarche que Mohammed Soihili, chef de la délégation comorienne, a qualifiée de "gagnant-gagnant", soulignant que "dans le cadre globalisé actuel, l'avenir est aux grands ensembles économiques".
M. Soihili a affirmé que "ces négociations tracent une perspective vers l'avenir et non plus vers le passé avec des diatribes lancées aux uns et aux autres". Ahamed Attoumani Douchina, le président du conseil général, était ravi que les élus mahorais participent aux débats et a déclaré que "d'une manière implicite, on s'est reconnu en entités différentes. Nous avons pu aborder le problème de la circulation des personnes d'une manière franche et loyale, sans arrière-pensée. Je me réjouis qu'ils n'ont pas remis en cause le choix des Mahorais et leur avenir institutionnel". Pour M. Douchina, les différents échanges dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la culture ou de l'économie, qui existent déjà de manière informelle, seront grâce au GTHN plus "lisibles et transparents pour nos populations".
Pourtant, quand l'ambassadeur comorien a évoqué "la libre circulation des personnes" une fois l'objectif atteint de réduire l'écart de développement entre les Comores et Mayotte, cette "racine du mal" selon les mots de l'ambassadeur français, M. Douchina s'est porté en faux en déclarant que "faciliter la venue de nos voisins doit être l'occasion de freiner les entrées illégales et d'accompagner de manière digne les clandestins qui sont ici en ce moment".
Interrogé sur la reconnaissance de l'appartenance de Mayotte à la France, l'ambassadeur comorien a livré une réponse très ambiguë : "Nous avons décidé de ne pas parler des questions qui fâchent. Nous devons dépasser cette question de positionnement. Nos deux présidents ont dit qu'au lieu de se battre, il faut contribuer au rapprochement des quatre îles". M. Soihili a fait référence au rapprochement franco-allemand pour soutenir sa position, affirmant qu'il avait "confiance en la créativité de l'homme pour regarder vers l'avenir".

Julien Perrot

Bientôt quatre actions concrètes…

Le quatrième round de négociations en novembre sera l'occasion de la réalisation effective des premières actions, notamment : la réouverture de l'antenne consulaire d'Anjouan, la concrétisation d'une action de formation professionnelle à l'initiative du vice-rectorat de Mayotte, des premiers échanges, notamment de produits agricoles, entre les îles et la signature d'un protocole sur les évacuations sanitaires des Comores vers Mayotte.

UNE Mayotte Hebdo N°396 – Vendredi 19 septembre 2008

UNE Mayotte Hebdo N°396 - Vendredi 19 septembre 2008Mayotte – France – Comores

Quel Avenir ?

 > Koungou – Une facture impressionnate
 > Faits divers – La braqueur de la Réunion arrêté
 >
Tourisme – Croisières, 3 millions d'euros en jeu
 > Yves Jégo à Mayotte – Changement de discours de l'Etat

19/09/2008 – GTHN – Douchina pose ses conditions

Mardi soir dans la villa de Kani-Kéli du conseiller général, tout ce que Mayotte compte de décideurs politiques et administratifs, ainsi que les 14 membres de la délégation comorienne et ceux de la délégation française composée de hautes personnalités de l'Etat proches du Président de la République Nicolas Sarkozy et des différents ministères se sont rencontrés en vue du 3e round du GTHN qui se réunit pour la première fois à Mayotte, après Paris (le 4 juin) et Moroni (les 10 et 11 juillet). Sous les nombreux drapeaux français et européens, les membres des deux délégations, les élus mahorais et les plus hauts représentants de l'administration française ont rompu le jeûne ensemble, avant d'écouter les discours d'Ahamed Attoumani Douchina le président du conseil général, et de Mohammed Soihili ambassadeur plénipotentiaire et chef de la délégation comorienne.
"Mayotte est une terre de paix où la population est attachée à sa liberté et à sa sécurité", a déclaré M. Douchina, qui a rappelé que la Collectivité est engagée dans une dynamique de coopération régionale avec tous ses voisins. "Ces négociations s'engagent dans un climat un peu particulier", a commencé M. Douchina, faisant allusion à la récente mise à l'ordre du jour de la question de Mayotte une nouvelle fois à l'assemblée générale des Nations-Unies qui s'est ouverte ce mercredi.
"Je voudrais rappeler à nos frères de l'Union des Comores que Mayotte a fait son choix en 1975 et qu'elle aimerait que l'Union des Comores respecte ce choix", ajoutant encore, pour être plus explicite : "Nous voudrions vous dire que nous tendons notre main, mais à une condition : que le choix de 1975 soit respecté. Les négociations doivent se faire sans l'arrière-pensée de récupérer Mayotte. Les Mahorais ne sont pas des marchandises, quelque chose que l'on peut négocier sans leur demander leur avis".
M. Douchina s'est dit prêt à discuter et voir dans quelles conditions l'Union des Comores et Mayotte pourront tirer profit de ces futurs échanges économiques et culturels, mais il a tenu à préciser à la délégation comorienne que "les élus de Mayotte ne trahiront jamais leur engagement pour la cause mahoraise, à savoir la marche vers la départementalisation. Si nous sentons une arrière-pensée chez nos amis comoriens, nous arrêterons les négociations et nous partirons", a-t-il menacé. S'excusant pour ce "langage assez rude et brutal, mais sincère", le président du CG a appelé les Comoriens à "dépasser ce petit conflit pour le bien de nos populations", espérant des "résultats concrets dans cette démarche entamée le 4 juin dernier à Paris".
M. Douchina a également fait allusion au fait qu'un élu comorien a récemment refusé de descendre de son avion à l'aéroport de Dzaoudzi pour se plier à un contrôle d'identité, considérant que Mayotte faisait partie de l'Etat comorien. "Jamais, nous, nous n'enfreindrons les lois qui sont les vôtres", a tenu à souligner le président du conseil général, rappelant "l'angoisse de la population mahoraise" au lendemain de l'inscription de Mayotte à l'ordre du jour des discussions à l'assemblée générale des Nations-Unies.
Le chef de la délégation comorienne Mohammed Soihili surnommé "Lamartine" (qui par ailleurs a été dans le même lycée que M. Douchina) a ensuite pris la parole pour déclarer que "nous sommes venus ici pour apporter le salut à nos frères et sœurs", rappelant que cette politique de rapprochement entre les deux pays a été initiée en 2007 par les présidents Sambi et Sarkozy.
"Comme l'Europe, nous devons tenir compte de l'Histoire : bien des nations ont été divisées ou en guerre puis se sont retrouvées", a-t-il rappelé, affirmant que la délégation venait avec "un message de paix pour redonner à l'Histoire une autre force, pour lever les barrières de l'Histoire par des hommes qui veulent la compréhension et l'entente".
Les négociations entre les deux groupes de tête des délégations et les sous-groupes "circulation des personnes et des biens" et "coopération régionale" se sont terminées ce jeudi soir.

Julien Perrot

19/09/2008 – Création de l’Observatoire mahorais de l’énergie

"L'homme ne peut qu'en proportion de ce qu'il sait". C'est par cet adage qu'Augusto Soares Dos Reis, le directeur d'EDM, a présenté les avantages de la création de l'OME, "un outil de savoir au service des décideurs publics et privés". Cette nouvelle structure a en effet pour vocation d'éclairer les acteurs de l'énergie sur l'approvisionnement (la diversité des sources d'énergies et la dépendance énergétique insulaire) et la consommation d'énergie grâce à un indicateur permettant de mettre en évidence le taux d'équipement des ménages et le développement économique de l'île.
Il est vrai qu'avec une croissance annuelle de 15% de la consommation en électricité, Mayotte est le territoire le plus dynamique de France (voir encadré sur le bilan énergétique 2007), signe évident du rattrapage en cours. Grâce à l'OME, l'impact socio-économique et environnemental de cette croissance vertigineuse pourra être évalué à l'aune de la politique énergétique voulue par l'Etat et le conseil général.
"Nos besoins en énergie, en forte croissance, sont uniquement couverts par le pétrole", a souligné M. Douchina, "le conseil général souhaite diversifier les sources naturelles d'approvisionnement et préconise le recours à grande échelle de l'énergie solaire, car il est impératif que Mayotte limite ses importations en hydrocarbures". Le président du conseil général a également souligné que "la mise en place du Plan climat énergie, qui conditionne le développement durable de Mayotte, se combinera à l'OME pour apprécier les politiques énergétiques et les améliorer".
 
 

"Le plus fort taux d'énergie solaire de France, à l'horizon de trois ans"

Les études de l'OME permettront en outre d'établir des synergies entre les différents acteurs sur les deux enjeux essentiels mis en avant par le directeur d'EDM : "favoriser la maîtrise de la demande en électricité et développer le mix énergétique". A ce propos, M. Soares Dos Reis a réaffirmé sa volonté de faire de Mayotte le territoire ayant "le plus fort taux d'énergie solaire de France, à l'horizon de trois ans". Il a toutefois rappelé que ce taux ne pourra pas dépasser 30% de la puissance appelée à un instant "t", car il pourrait y avoir un risque de délestage, voire de black-out, si un nuage passe…

Christophe Peyrel, secrétaire général à la préfecture, a lui aussi souligné "le besoin d'avoir ici une vision partagée sur l'économie d'énergie", mettant en exergue le fait que les solutions dans ce domaine sont très difficiles à trouver car une multitude de partenaires y intervient et la mise en œuvre des politiques "doivent réussir à concilier des intérêts privés et publics parfois contradictoires".

Au niveau de l'Etat, les études de l'OME permettront de "fédérer l'ensemble des services dans les domaines de leurs compétences, le but étant de faire converger l'ensemble de nos connaissances et de nos motivations". M. Peyrel a également rappelé que l'axe 5 du Contrat de projet consacrera 156 millions d'euros aux économies d'énergie, à l'assainissement et aux déchets pour la mise en place d'un développement durable de l'île.

Abdou Dahalani, le président du Conseil économique et social, est également intervenu pour préconiser des conseils de gestes économes chez les usagers particuliers, mais également chez les maîtres d'œuvre pour intégrer les économies d'énergie dans la conception des bâtiments. Il est vrai que la question énergétique, surtout depuis que la problématique du développement durable est devenue une priorité mondiale, doit avant tout réussir à s'intégrer dans l'évolution des mentalités et des habitudes des consommateurs. Nul doute que les études futures de l'OME contribueront à ce travail de longue haleine.

Julien Perrot

Le bilan énergétique de Mayotte en 2007

La première étude réalisée par l'OME est le bilan énergétique 2007 de Mayotte. Cette étude a été réalisée par l'Arer (Agence régionale de l'énergie de la Réunion) grâce au concours de tous les partenaires (Conseil général, Ademe, EDM, etc.). Une version papier tirée à 650 exemplaires sera disponible à partir du mois prochain auprès des partenaires de l'OME et des centres documentaires mahorais. Une version électronique sera également disponible sur les sites internet des membres de l'OME et des observatoires nationaux de l'énergie.

En 2007, la consommation primaire totale est de 88,2 ktep (kilo tonne-équivalent-pétrole), dont 92% provient des importations, qui sont en totalité d'origine fossile (essence, gazole, carburéacteur, etc.). Les importations en 2007 ont crû de 1,8% par rapport à 2006 et de près de 40% depuis 2002. Les 8% restant de la consommation primaire provient des ressources locales (98% de bois et 2% des huiles usagées et l'énergie solaire). Le taux de dépendance énergétique s'élève donc à 92,2% et la part renouvelable (à Mayotte, il s'agit du bois, du charbon de bois et de l'énergie solaire) de la consommation primaire totale s'élève à 7,8%.

En ce qui concerne la production d'électricité, la puissance totale à Mayotte en 2007 est de 49 MW, assurée à 99% par des systèmes de production utilisant le gazole (centrale des Badamiers et groupes de secours de Kawéni). En 2007, la production électrique livrée sur le réseau est de 196 GWh (17 ktep), soit une efficacité de 41% pour la transformation des produits fossiles en électricité. Entre 2006 et 2007, la croissance de la production d'électricité est de 14,7%. A titre indicatif, cette évolution est de 3,9% à la Réunion et elle est négative (-0,8%) en Métropole. Enfin, la consommation électrique en 2007 est de 172,4 GWh, soit une augmentation de 35% entre 2002 et 2007, et surtout 15% entre 2006 et 2007.

En ce qui concerne la consommation des carburants dans les transports, l'OME note une augmentation très importante, passant de 26.080 tep en 2002 à 34.560 tep en 2007. Une augmentation notamment due à l'augmentation du transport routier, passé de 20.996 tep en 2002 à 28.027 tep en 2007.


257.767 tonnes de CO2 rejetées

Au total pour 2007, le secteur énergétique a généré un total de 257.767 tonnes de CO2 rejetées dans l'atmosphère, soit 1.382 kg de CO2 par Mahorais par an. A titre indicatif, à la Réunion, ce chiffre est de 4.740 kg par habitant par an et de 6.190 en Métropole. Parmi ces 1.382 kg de CO2, 701 proviennent de la production d'électricité, 471 du transport terrestre, 66 de l'aérien, 44 du maritime, et 101 proviennent des secteurs résidentiels, tertiaires, industriels et agricoles. Une voiture moyenne essence qui parcourt 10.000 km par an émet 2,2 tonnes de CO2 : ainsi, l'ensemble du secteur énergétique mahorais rejette annuellement autant de CO2 que 117.167 voitures.

12/09/2008 – Délégation du Sénat sur la départementalisation

Il nous est apparu important de faire le point sur la situation de Mayotte au regard des exigences d'une départementalisation qui, je le rappelle, entraîne que la législation soit la même qu'en Métropole dans un certain nombre de domaines. Même si dans les collectivités d'Outremer, dans un certain nombre de domaines il peut y avoir spécialité législative – c'est le cas de Mayotte aujourd'hui – il va y avoir forcément une approche vers une identité législative avec le département de Métropole.
On mélange un petit peu, et c'est normal, comment la loi et les règlements s'appliquent dans une collectivité sur un territoire quelconque, et deuxièmement les compétences des collectivités. Ce n'est pas tout à fait la même chose. D'autant que, en ce qui concerne les compétences des collectivités, aujourd'hui avec les textes qui sont parus, la Collectivité départementale de Mayotte, à l'exception des routes et d'une autre attribution, a des attributions pratiquement d'un département de Métropole. Ce qui ne veut pas dire qu'elle peut l'exercer, parce que certains services sont encore ceux de l'Etat mais l'évolution du statut n'est pas liée au fait que tout se passe d'un seul coup et qu'on dise demain matin : "l'Etat se désintéresse de tout et vous devez exercer toutes vos compétences". Puisqu'il y a eu toujours dans l'histoire de la décentralisation, qui est quand même l'élément fédérateur depuis les lois de1982, il y en a eu avant mais c'est quand même à partir de 1982 les lois Deferre, on a bien vu que c'était progressif. Progressif… Cela veut dire que l'on sait où on aboutit. Si Mayotte est département, un jour Mayotte sera totalement responsable de ses routes.
 
 

"On connaît très bien le choix des Mahorais, mais on connaît aussi combien certains ne souhaitent pas que Mayotte devienne un département"

En ce qui concerne le passage au statut de département et région d'Outremer, pour les modalités, une assemblée ou deux assemblées, le temps viendra mais ce n'est pas cela le plus important. Les Mahorais souhaitent devenir département. Ils l'ont manifesté depuis très longtemps et à plusieurs reprises et je crois que pour la République, compte tenu des engagements pris par les uns et par les autres, il est temps de dire "oui", mais définitivement ! Et qu'on ne revienne plus dessus.

On connaît très bien le choix des Mahorais, mais on connaît aussi combien certains ne souhaitent pas que Mayotte devienne un département. Mayotte est dans la Constitution, je le rappelle, en tant que Collectivité départementale, mais il faudra bien qu'ils comprennent que Mayotte, département français, on ne peut avoir aucune revendication sur lui. Beaucoup de Mahorais nous ont expliqué que, bien sûr, c'était l'objectif principal.

A partir du moment où Mayotte est département, toutes les lois s'appliquent et notamment tout ce qui concerne l'état des personnes, les droits civils et politiques, les libertés publiques, l'égalité entre les hommes et les femmes. Je n'ai pas besoin de vous les décliner, mais c'est la loi de la République. Ce n'est pas une autre loi. C'est la loi de la République ! Et donc la justice de la République. Il n'y a pas d'échappatoire. On ne peut dire : "Ah non, on veut devenir département mais on veut garder notre système de justice, etc.". Non, ce n'est pas possible. Tous les citoyens français sont soumis aux mêmes lois, mais il y a le statut personnel qui est un problème.

 

Etat civil : "La situation actuelle n'est pas acceptable"

On n'a pas de conseils à donner à nos amis mahorais, ils sont assez grands pour gérer leurs affaires, nous ne sommes pas venus pour dire : "Voilà, on va vous donner la solution", puisque nous aurons notre avis à donner bien entendu comme commission des lois, le moment venu quand les projets suivront. Mais il nous est apparu important de voir les problèmes qui se posent, d'ailleurs qui ne sont pas tous liés à la départementalisation. Il nous est apparu globalement qu'il fallait régler d'urgence : numéro 1, le problème de l'état civil.

La situation actuelle n'est pas acceptable car en fin de compte elle enferme certains concitoyens nés à Mayotte : ils ne peuvent pas sortir car ils ne peuvent pas avoir de papiers ! Alors qu'elle était bien commencée, on en est toujours à la moitié du chemin. Et par exemple, si vous avez besoin demain de papiers pour aller faire des études à Paris, on vous dira : "Attendez, non, on ne peut pas vous donner de passeport parce que vous n'avez pas un état civil en règle".

Deuxième point qui nous paraît extrêmement important et qui concourt au développement économique et qui peut aussi avoir des incidences sur l'exercice des compétences par le département : c'est le problème du foncier. On ne conçoit pas qu'il n'y ait pas un foncier… Vous savez, le foncier c'est le cadastre, mais ce n'est pas seulement le parcellaire, c'est le fichier des personnes, savoir à qui appartient telle ou telle parcelle. Et quand il y a une succession, il faut un acte notarié pour dire : "Cette parcelle-là est attribuée à son fils ou sa fille". En passant, le droit civil s'applique et donc les droits de succession sont égalitaires, notamment entre les garçons et les filles. Le sexe ne peut pas être le critère selon lequel on fait des différences entre enfants. Il faut le rappeler car ce ne sont pas les lois qui ont été appliquées jusque-là obligatoirement à Mayotte.

Foncier, état civil et puis bien entendu la modernisation des infrastructures, parce que le désenclavement est une nécessité. Il y a le Contrat de projet qui a été voté et approuvé. Parmi la mise à niveau des uns et des autres, incontestablement le problème numéro un est celui de la formation : c'est une condition nécessaire pour le département. L'Etat souhaite renforcer ses efforts pour l'école élémentaire, mais aussi la scolarisation en maternelle. C'est extrêmement important pour l'acquisition de la langue française.

Il ne faut pas prendre de retard pour l'acquisition de la langue française et je crois qu'il faut faire un effort considérable dans ce domaine. Effort que doit faire l'Etat, mais effort aussi que doivent faire les collectivités pour la réalisation d'établissements dans des temps raisonnables parce que les statistiques d'augmentation de la population scolaire et les prévisions font que l'effort ne doit certainement pas être réduit mais en plus renforcé. Et considérablement, dans des proportions que nous on a du mal à imaginer vu d'un département métropolitain, avec une croissance démographique moyenne.

 

"Tous les efforts faits pour améliorer les infrastructures de santé et scolaires sont annihilés par l'immigration massive"

Alors bien sûr, il faut aussi évoquer la question de l'immigration clandestine : l'augmentation du nombre de personnes en situation irrégulière ne peut qu'avoir des conséquences économiques et sociales très graves puisque tous les efforts faits pour améliorer les infrastructures de santé et scolaires sont annihilés par l'immigration massive.

Si cela se rapportait à la Métropole, le nombre d'étrangers en situation irrégulière serait insupportable. Donc il y a un moment où les choses ne peuvent pas se poursuivre sans prendre des dispositions pour le bénéfice de la communauté. Alors c'est un problème très complexe. Il y a eu un renforcement de la lutte contre l'immigration, avec des moyens extrêmement importants donnés à la police de l'air et des frontières et à la gendarmerie, avec la collaboration d'autres services publics. Mais de toute façon. Ce n'est pas seulement comme ça que l'on résoudra le problème.

D'après ce qu'on nous dit, c'est difficile d'apprécier la population en situation irrégulière mais c'est par dizaines de milliers. Donc à partir de là, je crois que la Collectivité doit s'interroger sur la manière de traiter ceux qui sont sur le territoire et qui ont des raisons de ne pas vouloir partir. Certains sont là depuis longtemps, on connaît ça bien sûr dans tous les territoires de la République. En plus, ça n'est que dans une coopération étroite où on aura bien fait comprendre que ce n'est pas la peine de jouer avec Mayotte sur le grand échiquier international, qu'on pourra trouver une solution.

Donc on ne doit pas se dispenser, pour la France, d'une forte coopération régionale, mais d'abord il faut qu'ils le veuillent, bien sûr… Je crois que c'est significatif que le ministre de la Coopération soit allé à Moroni, et je crois que c'est aussi la condition indispensable pour que le flux migratoire soit fortement atténué, si ce n'est enrayé.

Nous admirons la force de la population mahoraise et la détermination pour rester Français et devenir un peu plus Français s'il était besoin. Il faut qu'on donne satisfaction à cette revendication de vouloir définitivement, sur les symboles, devenir Français et rester Français. C'est un immense travail pour que la Collectivité de Mayotte puisse prendre en charge aussi toutes les responsabilités qui incombent aux collectivités dans le cadre de la décentralisation.

Michèle André, vice-présidente du Sénat :
Il y aura aussi des compétences inévitablement dévolues aux communes, c'est un point qu'il faut préciser, parce qu'être un département, c'est aussi tout l'équilibre démocratique. En tant que commission, nous avons pu entendre beaucoup de choses, y compris la question de l'intégration des agents, les questions de fiscalité, les questions autour de l'espérance d'entrée en Rup (Région ultrapériphérique européenne), alors que certains en voient déjà les inconvénients avant même d'y être, donc je crois qu'il y a beaucoup de choses. C'était un formidable moment de rencontres et d'échanges que nous avons eu avec tout le monde. Nous en avons tiré le meilleur pour pouvoir fédérer nos collègues de Métropole de manière un peu plus aboutie.

Jean-Jacques Hyest : Il y a un élément important qu'il faut souligner, c'est que pour que ça réussisse, il faut que tout repose sur la responsabilité de tous les acteurs et au premier chef des élus, puisque c'est le conseil général qui sera au cœur véritablement de cette avancée.

Yves Detraigne, membre de la commission sénatoriale : J'ajouterai que la population, le corps électoral devra être appelé à se prononcer sur le souhait ou non de départementalisation au printemps prochain. Je crois qu'il est important de dire que l'ensemble du corps électoral ait toute l'information sur les conséquences d'un tel choix. Parce qu'évidemment on rêve, et c'est compréhensible, d'avoir les mêmes droits, les mêmes moyens qu'on imagine de la Métropole, mais la départementalisation c'est des droits nouveaux, mais aussi des obligations nouvelles, des choses à prendre en charge et à assumer pleinement. Donc il faut que tout cela soit dit, soit connu. Il y a des responsabilités nouvelles autant que des droits nouveaux.

4 questions à la Commission des lois


"Il faut déjà connaître le nom, le prénom des personnes, savoir à qui appartient telle parcelle, la valeur de cette parcelle, comment trouver les personnes, l'adressage…"

Visiblement, on est en train de transformer l'essai…

Jean-Jacques Hyest : On est dans un processus. Ce n'est pas nous qui décidons. Il est prévu qu'il y ait un débat au Parlement à ce sujet, enrichi d'ailleurs par tout ce que nous avons appris, pour dialoguer avec le Gouvernement, avec Christian Poncet (le président du Comité de pilotage de la départementalisation). Et puis il y a toutes les informations et le travail fourni par l'administration de l'Etat et des collectivités à Mayotte. Tout cela pour dire : "Attendez, on adapte les conditions, la mise en œuvre des textes, la progressivité". Vous savez que pour les départements métropolitains, la départementalisation a été progressive. En 1982, on a décidé que les conseils généraux seraient l'exécutif, avant c'était le préfet. On était exactement dans la situation dans laquelle on est aujourd'hui, et c'est pratiquement la situation de toutes les collectivités d'Outremer.

Il y a encore des collectivités où c'est le préfet qui est l'exécutif. Et donc la décision ne veut pas dire que demain : "Allez, tout va être comme dans un département métropolitain". Ca serait de la folie. L'Etat doit accompagner cette mise en œuvre d'une décentralisation réussie et je dirais même être plus présent, assez paradoxalement, à cette période pour permettre des transitions et pour permettre l'évolution. Mais cela suppose un investissement des élus et d'énormes responsabilités.

La fiscalité locale permettra-t-elle de faire face à ces nouvelles responsabilités ?

Christian Cointat, rapporteur pour avis des crédits de la mission "Outremer" : Il ne suffit pas de faire un impôt nouveau pour en remplacer un autre, il faut aussi être en mesure de faire le recouvrement de l'impôt. Il faut donc être adapté aux mentalités, être adapté aux structures du pays et ce n'est pas simple, c'est un travail considérable. On évoquait tout à l'heure le problème de l'état civil : il faut déjà connaître le nom, le prénom des personnes, savoir à qui appartient telle parcelle, la valeur de cette parcelle, comment trouver les personnes, l'adressage. Tout cela, c'est quelque chose d'énorme si on change les dispositions fiscales, ce qui sera nécessaire quand le Code général des impôts devra s'appliquer.

Jean-Jacques Hyest : Ce qu'on oublie de dire, c'est que pour les départements d'Outremer, il y a des choses qui ne demandent pas d'adaptation : le droit civil, la justice, etc., mais pour d'autres choses, il peut y avoir des adaptations, compte tenu des contraintes et des spécificités. Et la contrainte principale, évidemment, c'est l'éloignement géographique. C'est d'ailleurs ce que la République a fait pour la Corse, qui est un territoire français comme les autres, mais avec des spécificités fiscales et autres.

Yves Detraigne : Même en Métropole, il peut y avoir des ajustements fiscaux, comme par exemple les zones de revitalisation rurale où la fiscalité n'est pas la même que celle du droit commun. Il y aura certainement des mécanismes comme ça qui pourront être mis en œuvre ici.

Les tribunaux de cadis vont-ils disparaître ?

Jean-Jacques Hyest : Il n'y a qu'une seule justice, c'est la justice de la République. Les cadis peuvent conserver un rôle mais pas rendre des décisions en ce qui concerne les biens et les personnes, certainement pas. Pas plus d'ailleurs qu'en ce qui concerne l'acquisition ou la cession de titres de propriété et les droits de succession. Ce n'est pas notre problème, nous on dit : "Ecoutez, si on est département, je suis désolé, la loi, les lois importantes qui sont celles de la République s'appliquent". A la limite la loi fiscale est celle de la République, mais il peut y avoir des adaptations dans des tas de domaines. En revanche il n'y a pas d'adaptation en ce qui concerne l'état des personnes, en ce qui concerne l'exercice de la justice.

Christian Cointat : C'est la définition du département, on ne peut demander une chose et vouloir qu'elle soit différente. Le département, c'est l'égalité du droit. Il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus mais ça ne se fera pas non plus du jour au lendemain. Ce n'est pas au niveau de la décision de justice mais au niveau de l'auxiliariat de justice qu'il peut y avoir un compromis, le cadi conserverait alors son rôle de conciliateur.

Et en ce qui concerne les droits sociaux, vont-ils également s'appliquer à Mayotte ?
Jean-Jacques Hyest :
Là aussi, il y a progressivité. C'est très compliqué, car les gens ont souvent des statuts très particuliers, très différenciés… Il faudra que la solidarité nationale joue un peu, comme cela a été le cas avec la Corse pour créer un régime de cotisations sociales. A partir du moment où vous êtes département français, il y a la solidarité nationale et la montée en puissance d'un régime de cotisations pour avoir les mêmes droits, mais aussi les mêmes obligations. Ca ne se fait pas du jour au lendemain, mais il faut bien reconnaître aussi que la difficulté n'est pas mince compte tenu de la grande pauvreté d'un certain nombre de Mahorais.

Propos recueillis par Julien Perrot

12/09/2008 – Réinsérer l’élève en difficulté dans un cursus scolaire normal

La classe de 6e Segpa du collège de Kawéni est bien silencieuse ce mardi matin. Les 16 élèves se concentrent du plus qu'ils peuvent sur la traditionnelle évaluation de mathématiques du début de collège. A la lecture de l'évaluation de français remplie plus tôt on ne peut s'y tromper : ces élèves sont loin du niveau requis en 6e. La majorité de leurs phrases sont en phonétique, l'énoncé ne semble jamais parfaitement compris.
"C'est évidemment plus difficile pour eux, mais cela permet de vérifier le diagnostic qui nous a conduit à les orienter en Segpa", estime Thierry Denoyelle. "Pendant cette courte période, ils peuvent se considérer comme les autres élèves de 6e. C'est le seul moment de l'année où il y a une demande institutionnelle pour les Segpa, le reste du temps leur professeur adapte le programme officiel à leurs compétences."
Si ces 16 élèves se trouvent aujourd'hui dans ce cursus adapté – mis en place cette année à Mayotte dans trois établissements – c'est qu'ils répondent à des critères particuliers observés en primaire : difficultés graves et durables, un an de retard à l'issue du CM2 et un quotient intellectuel évalué entre 60 et 80. Mais avant la décision d'orientation en section adaptée, le Rased travaille en primaire avec tous les élèves repérés comme étant en difficultés, pour leur donner une chance de remonter le niveau avant l'entrée en collège.
Le Réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficultés, Rased pour les initiés, ce sont 51 personnes divisées dans les 8 circonscriptions de l'île, des maîtres surnuméraires voués entièrement au recul de l'échec scolaire. Les 8 Rased possèdent chacun un psychologue scolaire, un maître G, instituteur spécialisé à dominante rééducative, et un nombre de maîtres E, instituteurs spécialisé à dominante pédagogique, qui varie selon les besoins.
 
 

Impliquer les parents dans la scolarité

Djailane Mohamed et Bacar Abdou font partie de ces spécialistes de la pédagogie. "Lorsqu'un enseignant repère un élève en difficulté dans sa classe et qu'il ne parvient pas à l'aider, il remplit une demande d'aide à destination du Rased, qui comprend quatre feuillets : scolaire, social, médical et psychologique. Nous étudions son cas ensemble et déterminons lequel d'entre nous est le mieux placé pour traiter son cas. Après une première visite sur le terrain nous avons une idée plus précise du travail à effectuer avec l'élève."

Quelle que soit sa difficulté, l'objectif du Rased reste toujours de la surmonter pour permettre à l'élève d'atteindre le collège comme les autres. Les maîtres E fonctionnent ainsi en aide complémentaire à la scolarisation, une aide à la fois directe – ils interviennent auprès de l'élève et lui apportent des outils supplémentaires – et indirecte – les actions mises en place permettent à l'instituteur d'enrichir ses pratiques pédagogiques et de se renforcer. "L'idéal serait bien sûr qu'à terme plus aucun instituteur n'ait besoin du Rased", rêve M. Denoyelle.

Attention, les maîtres E ne sont pas des conseillers pédagogiques, leur rôle n'est pas de juger le travail de l'instituteur. "Nous sommes avant tout des collègues du maître, précise Djailane. L'aide que nous apportons se construit en partenariat avec tous les acteurs : enseignants, parents, direction…" Les parents, chaînon indispensable, doivent être mobilisés. "Souvent les parents pensent que le domaine de la scolarité ne les concerne pas, ils avaient l'habitude de les confier au foundi qui s'occupe de tout", expliquent Bacar et Djailane.

"C'est à nous de leur expliquer le rôle qu'ils ont à jouer, il y a une pratique à construire. A Mayotte, de plus en plus, les gens commencent à intégrer leur rôle de parent, mais il y a trois types de cas distincts : d'abord la nouvelle génération qui fait des parents intéressés. A côté il y a ceux qui n'ont pas eu accès à une éducation et donc ne sont pas impliqués dans celle de leur enfant, d'autant plus qu'ils ne se pensent pas capables de les aider. Et enfin les clandestins qui n'osent pas venir à l'école par peur de l'arrestation. Il faut toujours se demander à quel type de parents on s'adresse."

 

L'aide n'est pas du soutien

Même les parents qui s'impliquent n'ont pas toujours la réaction adaptée selon Thierry Denoyelle. "Dans la famille, quand un enfant est en difficulté scolaire, on pense tout de suite à prendre quelqu'un pour faire du soutien. Ça ne fonctionne pas forcément car le prof de soutien n'est pas en liaison avec ce qui est fait en classe. Il joue le rôle de répétiteur mais ne travaille pas sur le fond du problème. Et quand l'élève reste en échec malgré le soutien, il va de plus en plus mal."

C'est là toute la différence entre l'action du Rased et le soutien scolaire : le but des enseignants spécialisés est d'apprendre aux élèves à mieux apprendre, mettre en place des outils pour lui permettre de mieux comprendre et mieux travailler. Pour ce faire ils disposent de deux fois 45 minutes par semaine en tout petit groupes de 6. Il faut ensuite transférer ces outils dans la classe pour permettre à l'élève de s'y réintégrer. D'où le besoin d'associer l'instituteur aux travaux faits avec l'élève.

"Souvent, celui qui ne sait pas se tait pour éviter l'erreur et la punition. Il faut l'amener à comprendre qu'il peut se tromper. L'élève mahorais est habitué à recevoir des ordres sans rien dire, ça se passe comme ça à la maison et à l'école coranique", diagnostique Djailane. "Pour lui, l'éducation est à sens unique, or à l'école on lui demande autre chose, à savoir de comprendre et de s'exprimer. Certains vieux enseignants sont eux-mêmes bloqués dans ces pratiques car ils ont été éduqués de cette façon."

Une aide qui concerne donc les élèves comme leurs enseignants. A Mayotte ils sont 35 maîtres E à sillonner les classes pour travailler au cas par cas. 35 postes non affectés à des classes pour améliorer le qualitatif, pour ne pas faire de l'éducation que du remplissage de salle. Autrefois, une formation spécifique à Mayotte remplaçait celle de maître E qui est désormais accessible à l'IFM, cette année ils sont 12 instituteurs spécialisés stagiaires prêts à grossir les rangs du Rased.

Les Segpa, des filières spécifiques pour mieux revenir au normal

Pour ceux à qui l'aide du Rased n'a pas suffit à remonter le niveau, deux options sont possibles à la fin du CM2. Il y a les PPF, classes pré-professionnelles de formation spécifiques à Mayotte, qui comptent quelques 1.500 élèves. Le but est de réussir à les amener en 5e PVP (préparation à la voie professionnelle, en collège), puis en CAPP (cycle d'adaptation pré professionnel, en deux ans) et enfin au CAP pour avoir un diplôme et un métier. La majorité sort malheureusement sans diplôme à l'âge limite de 16 ans.

Autre option nouvelle à Mayotte depuis la rentrée : les Segpa, sections d'enseignement général et professionnel, qui récupèrent des élèves avec un profil ciblé de la 6e à la 3e. Leur emploi du temps est le même que les autres, à ceci près qu'ils ont un seul maître pour toutes les matières générales, un enseignant spécialisé maître F.

A Kawéni, M. M'déré assure toutes les matières à l'exception de l'anglais et de la technologie. "Pour chaque activité, je remplis une fiche d'évaluation individuelle pour voir la progression de chacun", explique celui-ci. "Ils n'ont pas les mêmes capacités de compréhension que les autres élèves de 6e, ils lisent un texte sans le comprendre par exemple. Je dois d'abord les connaître, les comprendre, voir pourquoi ça ne fonctionne pas et les mettre en confiance. Mon objectif est de leur donner les moyens d'être autonomes dans leur vie future, de se construire."

Les 16 élèves, nombre maximum autorisé en Segpa, bénéficient de deux heures par semaine pendant lesquelles M. M'déré les fait travailler sur les outils d'apprentissage, sur leur projet, ils peuvent débattre de leurs difficultés et de leurs idées. Tous sont assidus aux cours. "Les élèves de Segpa sont destinés à des filières professionnelles courtes", précise M. Denoyelle.

"Le but est qu'ils apprennent un métier et qu'il soient certifiés. En général ils ne dépassent pas le CAP, c'est pourquoi leur projet professionnel doit se définir rapidement." En 6e et 5e ils bénéficient d'un enseignement général, à partir de la 4e celui-ci se partage avec un enseignement professionnel autour de plusieurs disciplines pour leur permettre de faire un choix et de se spécialiser dès la 3e. Ensuite, ils rejoignent un CAP en lycée professionnel et donc ainsi un cursus "normal", mais ils ont été armés pour affronter ce cursus.

Hélène Ferkatadji

UNE Mayotte Hebdo N°395 – Vendredi 12 septembre 2008

UNE Mayotte Hebdo N°395 - Vendredi 12 septembre 2008Rentrée 2008-2009

Des renforts contre l'échec scolaire

 > Révélations sur le marché de Mamoudzou

11/09/2008 – Carte Postale : Les Tortues

Isabelle m'a appris que l'apparition des tortues datait de 230 millions d'années, et qu'elles ont même survécu à l'extinction des dinosaures il y a 65 millions d'années ! A l'époque, elles étaient beaucoup plus grandes – on a retrouvé des fossiles de 4 mètres de long – mais elles sont restées quasiment identiques aujourd'hui et on les retrouve sur tous les continents.

Malheureusement, sur les 300 espèces de tortues terrestres, marines et d'eau douce, 200 sont en voie de disparition… Ce qui est le cas des 8 espèces de tortues marines dans le monde, dont 5 sont présentes dans l'océan indien et 2 à Mayotte : les tortues vertes et les tortues imbriquées. Les tortues caouanne, olivâtre et luth auraient également été observées hors du lagon.

MAGAZINE / Carte Postale - Les TortuesUne fois adulte, les tortues mangent des phanérogames, les herbes des herbiers, et rien qu'à N'gouja, il y en a 7 sortes ! L'association d'Isabelle a mis en place un chenal de bouées au mois de janvier pour empêcher que l'herbier disparaisse à cause du piétinement des baigneurs. J'ai aussi appris que depuis 10 ans, l'Observatoire des tortues marines a bagué plus de 10.000 tortues à Mayotte, dont 300 sont des imbriquées.

Les plus courantes sont les tortues vertes : elles mesurent plus d'un mètre, pèsent 150 kg et ont 2 écailles entre les yeux. La tortue imbriquée, beaucoup plus difficile à observer car elle pond plus vite, est plus petite et elle a 4 écailles entre les yeux. Dans le musée, il y avait une carte qui mettait en évidence la chute vertigineuse du nombre de plages fréquentées par les tortues : en 1972, l'étude Frazier avait recensé 45 sites de ponte, alors qu'aujourd'hui, il n'y en a plus qu'une dizaine, à cause de l'urbanisation, de la pollution, de la détérioration des herbiers, mais aussi du braconnage et des prises accidentelles des pêcheurs dans leurs filets.

Aujourd'hui, il y a encore 800 montées de tortues par an à Moya, et c'est justement là-bas que Mathias m'a emmené hier soir, après m'avoir demandé de m'habiller avec des vêtements sombres. Nous avons rejoint un couple qui était accompagné par une amie en vacances, venue admirer les richesses naturelles de Mayotte dans un cadre qui respecte les valeurs de l'écotourisme, prônées par Mathias depuis la création de son agence Bleu Ylang il y a bientôt trois ans.

Au clair de lune et autour d'un plat de samossas, Mathias m'a expliqué que les nouvelles prédations subies par les tortues sont dangereuses car leur équilibre est déjà fragile. Les prédateurs apportés par l'homme, comme les meutes de chiens errants et les rats qui mangent les œufs, s'ajoutent aux prédateurs naturels que sont les crabes, les oiseaux et les petits requins de récif. En plus, les tortues marines ne savent pas rentrer leurs pattes et leur tête dans leur carapace, ce qui les rend très vulnérables quand elles sont à terre pour pondre.

J'ai été très étonné d'apprendre que les tortues qui pondent et se reproduisent ne sont pas les mêmes que celles qui se nourrissent sur les herbiers, car elles ont deux zones de vie bien distinctes, l'une consacrée à la reproduction, l'autre à la nutrition, situées à des centaines de km l'une de l'autre, voire même éloignées de plus de 1.000 km !

Le plus étrange, c'est que les tortues reviennent toujours pondre sur la plage sur laquelle elles sont nées. Lors de l'émergence, quand les 100 à 200 œufs éclosent en même temps environ 50 jours après avoir été pondus, la nuit les bébés sont attirés par la faible lueur de l'horizon pour se diriger vers la mer. Tout comme lors de l'approche des pondeuses aux abords de la plage, il ne faut surtout pas utiliser de lampes torches ou de flash pour ne pas perturber le cycle naturel.

MAGAZINE / Carte Postale - Les Tortues

Une fois qu'il a atteint l'eau, le bébé tortue va dériver pendant plusieurs mois hors du lagon, dans le désert océanique où il va se cacher dans de petits écosystèmes, comme des bois flottants ou des bancs d'algues, et se nourrir de zooplancton et de petits crustacés. Quand il atteint 20 cm, il va commencer à se rapprocher des côtes et devenir herbivore.

Ce n'est qu'à l'âge d'une douzaine d'années (elle mesure alors 50 cm) que la tortue atteint la maturité sexuelle. Elle va alors migrer pour retrouver sa plage de naissance pour se reproduire. Mathias m'a raconté qu'on ne comprend toujours pas très bien le mécanisme, peut-être que ce sont la position des étoiles, les lignes magnétiques terrestres ou encore les odeurs qui la guide. Toujours est-il que la tortue va se reproduire pendant 3 à 4 mois à Mayotte, période pendant laquelle elle ne mangera plus et vivra sur ses réserves, puis retourner vers sa zone d’alimentation pendant 3 ans avant de revenir pour un nouveau cycle.

Elle continuera ainsi jusqu'à sa mort, vers 60 ans…

Les femelles font une montée tous les 20 jours environ, ce qui fait qu'elles vont pondre en tout 1.000 à 1.500 œufs chacune ! Les mâles profitent de leur épuisement après la ponte pour aller les féconder dès leur retour à l'eau… L'accouplement dure plusieurs heures, parfois en surface, et la femelle peut conserver la semence du mâle dans une poche pendant plusieurs jours et décider elle-même du moment le plus propice pour la fécondation.

Après le récit de cette histoire, Mathias nous a emmenés sur la plage où des gardiens-animateurs employés par le service environnement du conseil général étaient chargés d'accueillir le public non encadré (pour leur dire d'étendre leurs lampes !) et de mesurer et baguer les tortues pondeuses. Mathias m'avait prévenu qu'il fallait être patient pour pouvoir observer une ponte, mais nous avons eu beaucoup de chance : une tortue était déjà en train de creuser sa cavité corporelle juste derrière nous ! Avec ses deux pattes avant, elle projetait du sable très loin, et même des roches allant jusqu'à 1 kg, pour pouvoir installer son énorme carapace et se camoufler. Tant qu'elle n'a pas entamé la ponte proprement dite, la tortue est très méfiante et peut s'arrêter à tout moment si elle sent un danger. Grâce à la lunette à infrarouges de Mathias, j'ai pu la regarder à distance sans la déranger.

MAGAZINE / Carte Postale - Les TortuesMais dès qu'elle a commencé à creuser le puits de ponte avec ses pattes arrière, elle terminera son travail jusqu'au bout, même si elle est entourée d'observateurs curieux : ce n'est qu'à ce moment-là qu'on peut l'approcher. Une fois le puits de 40 cm de profondeur et 30 cm de large creusé, elle va déposer du mucus pour humidifier le nid. Elle va pondre les œufs pendant une demi-heure, qui ne cassent pas car leur coquille est molle : on dirait des balles de ping-pong ! La tortue rebouche ensuite le puits sans trop tasser avec ses pattes arrière, puis fabrique un leurre avec ses pattes avant : elle va faire une petite butte et un faux trou pour tromper les prédateurs. Pendant l'incubation des œufs qui dure 40 à 60 jours, la température va décider du sexe des futurs petits : s'il fait moins de 24 °C, ce seront plutôt des males qui sortiront de terre.

Quand nous sommes repartis, il y avait trois autres tortues qui se hissaient péniblement sur la plage autour de nous pour accomplir à leur tour leur tâche. Parfois, elles creusent à l'endroit où il y a déjà eu un nid et elles le détruisent pour le remplacer par le leur. Alors que je prenais la barge pour rentrer chez moi, je me suis dit que j'avais vraiment eu de la chance d'assister à un tel spectacle, qui deviendra de plus en plus rare si on ne fait rien pour protéger l'environnement naturel unique de Mayotte.

 

Je t'embrasse très fort, chère maman,

Julien

 

UNE Mayotte Hebdo N°394 – Vendredi 05 septembre 2008

UNE Mayotte Hebdo N°394 - Vendredi 05 septembre 2008

Départementalisation / 1958 – 2008

50 ans d'attente

 > Education – "on atteint 40 élèves par classe !"
 > Carte Postale – des baleines dans le lagon
 >
Mayotte Eco – Maison des Livres, entreprise culturelle

05/09/2008 – Mission sénatoriale sur la départementalisation

 
Mayotte Hebdo : Quelles sont les grandes pistes de réflexions que vous allez poursuivre durant votre séjour ?
Jean-Jacques Hyest : La Commission des lois du Sénat suit avec beaucoup d'attention l'évolution des départements et collectivités d'Outremer. C'est une de ses missions. Nous nous déplaçons régulièrement dans ces collectivités, comme par exemple récemment en Polynésie pour le problème des statuts des communes.
Le bureau de la commission a jugé utile, dans la perspective de la départementalisation de Mayotte, et compte tenu de l'engagement du Président de la République et des perspectives, de venir faire le point sur place avec les élus et les représentants de l'État, où il est clair que nous apprendrons plus de choses qu'en restant à Paris.

MH : Parmi vous, lesquels sont déjà venus à Mayotte ?

Michèle André : Le président Hyest connaît bien Mayotte. Il est déjà venu quatre fois. Personnellement, j'en avais une connaissance, mais assez lointaine et sur un sujet très spécifique qui était la question du droit des femmes, puisque j'étais venue ici en 1990, lorsque j'étais secrétaire d'État du gouvernement de Michel Rocard, chargée du droit des femmes. Et j'avoue qu'aujourd'hui, je vois des choses qui me paraissent avoir bien évolué.

MH : En l'espace de 20 ans, quels changements avez-vous observé ?

Michèle André : De ce que j'ai pu voir, pour l'instant, les infrastructures, l'urbanisme, ce que j'ai vu à l'aéroport. Je n'ai rien reconnu, pour vous dire les choses simplement. Sur toute la question de l'état civil, même si nous y reviendrons, j'ai pris note d'une évolution favorable.
En tout cas nous sommes, tous les collègues de la Commission des lois, très attachés depuis des années, comme le disait M. le Président Hyest, aux débats des territoires et départements d'Outremer, qui sont contrairement à ce que certains pourraient penser, toujours très suivis, par beaucoup de collègues, et pas uniquement pour leur aspect exotique, mais bien pour mieux comprendre ces territoires et les problématiques de nos collègues parlementaires qui les représentent. Nous avons besoin de mieux maîtriser les aléas, les difficultés de ces territoires qui sont sans doute tous différents, pour mieux légiférer et trouver les meilleures réponses

"Il ne suffit pas de claquer des doigts pour devenir département. (…) Il y a de sérieuses conséquences et ce que nous voulons, c'est que ces conséquences soient bonnes"

MH : Peut-on connaître la teneur de vos discussions avec le président du conseil général et avec les représentants de l'État ?

Jean-Jacques Hyest : Le président nous a tenu informé à la fois du souhait de sa collectivité, qui est aussi régulièrement émis par tous les élus de Mayotte, et puis aussi bien entendu des initiatives prises. La résolution, bien sûr, qu'il a fait voter à l'unanimité par son conseil général et puis la commission qu'il a mise en place, pour préparer ce changement institutionnel, en fixant les mesures qui doivent être remplies pour que la Collectivité, comme département, fonctionne dans de bonnes conditions.
Pareillement du côté de l'État, il y a aussi la préparation de cette départementalisation. Il était important aussi que l'on sache, du point de vue de l'État, quelles étaient les difficultés rencontrées et les conditions à remplir. Il fallait également pointer les problèmes d'adaptation qui peuvent survenir une fois la décision prise, et la progressivité, éventuellement, de certaines mesures.

Changer de statut pour une collectivité territoriale, ce n'est pas une mince affaire, ça demande une préparation solide, ça demande également de savoir ce que l'on veut et comment le faire pour que ça fonctionne. Tout cela entraîne des changements non négligeables. Et pour les législateurs que nous sommes dans ce domaine, il est bien clair que ce n'est qu'en venant sur place et en discutant avec les uns et les autres pour voir la faisabilité de l'opération, que nous serons à même de voter la loi qui sera la meilleure possible pour Mayotte. C'est cela que nous cherchons à faire. Il ne suffit pas de claquer des doigts pour devenir département. Ça ne se fait pas comme ça. Il y a de sérieuses conséquences et ce que nous voulons, c'est que ces conséquences soient bonnes.

"Il faut aussi réfléchir à renforcer les capacités des communes, obligatoirement"

Jean-Jacques Hyest : Dans le cas de la Collectivité départementale de Mayotte, en ce qui concerne la structure institutionnelle, il y des cantons, il y a un conseil général, il y a des services… C'est donc moins un problème d'institutions que de compétences. Les compétences d'un département, qu'il soit d'outremer ou métropolitain, c'est très important. Il y a des compétences en matière sociale, qui sont extrêmement lourdes en terme de budget, comme l'aide aux familles, aux personnes handicapées, la formation professionnelle… Même si la Collectivité départementale de Mayotte assume déjà une partie de ces compétences, en matière routière par exemple, elle aura à gérer de nombreuses compétences. Parallèlement, il faut aussi réfléchir à renforcer les capacités des communes, obligatoirement. La base d'une collectivité, ça reste les communes, et aujourd'hui, hormis celle de Mamoudzou, elles restent sans gros moyens. Il faut donc déterminer quelles ressources, quels impôts, quelle fiscalité locale, pour que ces compétences soient assumées. Tout ça fait partie de la mise en oeuvre d'un département.

Il y a déjà des travaux menés à ce sujet au ministère de l'Outremer, avec M. Poncet, également le rapport établi par le conseil général, et puis aussi la préfecture bien sûr, qui réfléchit à cette perspective qui va arriver plus vite qu'on ne le pense… Et puis, une fois que ça sera fait, ça sera fait. Il faudra donc que l'on ait bien tout prévu pour que ça réussisse. Personne n'a le droit de se planter.

MH : Quels sont, selon vous, les obstacles importants subsistant face à cette évolution statutaire ?

Christian Cointat : L'état civil, le cadastre, c'est fondamental, le code général des impôts, la fiscalité, c'est nécessaire, et comme nous l'avons dit, la répartition des compétences entre les communes et le conseil général. Une fois qu'on aura réglé tout ça, le reste suivra. Même si nous devons reconnaître qu'il y a déjà eu des choses de faites, de gros efforts de fournis, peut-être que les procédures n'ont pas permis de réaliser plus, plus vite, mais il faut reconnaître que beaucoup de choses ont été faites depuis 2000.

MH : Si Mayotte devient département, deviendra-t-elle aussi de fait une région ultra-périphérique aux yeux de l'Union européenne ?

Christian Cointat : Ce n'est pas lié. Il faudra le négocier avec la Commission. Mais il est vrai qu'en étant département de plein exercice, la négociation se fera d'autant plus facilement.

MH : Est-ce que vous pouvez nous dire si M. Sarkozy viendra à Mayotte comme il l'avait annoncé ?

Jean-Jacques Hyest : Alors, je ne suis pas porte-parole du Président. La dernière fois que je l'ai vu, le lendemain de la révision constitutionnelle, je n'ai pas pensé à le lui demander. Mais je pense que oui, car il tient toujours ses engagements. Il ne fait jamais de promesses, mais il tient ses engagements.

François Macone

05/09/2008 – Comité sur la départementalisation

Et c’est devant un parterre de grands électeurs (maires, conseillers municipaux, conseillers généraux), de représentants des principaux partis politiques, syndicats, associations, chefs de services de l’Etat et du conseil général, le sous-préfet Christophe Peyrel, le Grand cadi Mohamed Hachim, les présidents et représentants des trois chambres consulaires, etc., que le comité a présenté ses travaux.
"Après trois mois et demi de fonction, le comité a tenu une dizaine de réunions, une quarantaine d’auditions à Mayotte et à Paris, une dizaine de contributions écrites, plusieurs déplacements dans les communes et rencontres avec quelques maires", a précisé le rapporteur du comité, le conseiller général de Sada Ibrahim Aboubacar. Il a fait "un état des lieux des dispositions statutaires conformément aux Accords signés rue Oudinot le 27 janvier 2000" et a exposé "la vision que les élus et responsables politiques ont de la transformation de Mayotte en région et département d’Outremer, conformément à la résolution du 18 avril 2008".
 
 

"Le gouvernement a bien avancé"

Grandement satisfait du travail déjà accompli et du respect des délais, le comité a tout de même précisé que la période qui s’ouvre, celle de la deuxième phase allant de septembre à décembre 2008, est l’une des plus importantes puisqu’une mission d’information de la Commission des lois du Sénat séjourne actuellement sur le territoire pour fixer le calendrier et les modalités législatives du référendum.

L’autre temps fort de cette seconde phase sera "la tenue d’un débat au Sénat avant le 15 novembre et des discussions avec le Gouvernement afin de parvenir à une union partagée dans la départementalisation de Mayotte", a ainsi précisé le sénateur Soibahaddine Ibrahim Ramadani. Des discussions à l’issue desquelles la troisième et dernière phase commencera, "celle de la consultation et de l’adoption de la loi". Cette période sera aussi celle de la transformation de ce groupe en "Comité de campagne", s’en réjoui déjà le sénateur.

Mais avant la campagne une longue période s’impose car des doutes subsistent toujours chez beaucoup de Mahorais, mais pas pour le sous-préfet Peyrel pour qui "le gouvernement, malgré un travail assez lourd de coordination, d’échanges et d’expertise de l’ensemble des services, a bien avancé (…)". " On franchit un moment démocratique particulier pour Mayotte et pour la France", s’est-il exclamé. Et pour Ibrahim Aboubacar, Mayotte aussi a bien avancé en présentant ce "rapport d’étape stabilisé, reflétant l’opinion de la majorité, de la totalité des membres, puisqu’adopté à l’unanimité".

 

"Les Mahorais attendent une question claire"

Dans son état des lieux, ce document présente les bilans des Accords du 27 janvier, de la loi du 11 juillet 2001, de la loi DSIOM du 21 février 2007 et de la Résolution du 18 avril 2008. Pour le rapporteur, cette période devrait marquer "la concrétisation des engagements de l’Etat" en référence aux promesses de 1976, de 1979, de 1984 et de 2000. Et de cette concrétisation, "les Mahorais, a-t-il dit, attendent une question claire car ce comité n’a pas travaillé pour l’évolution institutionnelle, mais uniquement sur la départementalisation (…)". "Nous avons travaillé exclusivement sur comment départementaliser Mayotte, un processus indépendant de toute pression extérieure, de politique intérieure et internationale."

Le comité suggère, si bien sur le résultat du référendum l’approuve, une "mise en œuvre rapide du statut par une loi organique" avec bien sur des adaptations, comme le permet l’article 73 de la Constitution, au régime législatif et à l’organisation administrative car pour Ibrahim Aboubacar, "rien ne s’oppose à ce que le régime du droit commun soit étendu à Mayotte (…)".
"Il n’y a pas d’obstacle juridique particulier s’opposant à cette adaptation". Ce dernier demande à ce que l’on s’approprie "l’outil administratif départemental" et que l’on adopte "l’organisation départementale telle qu’elle existe dans le Dom. Nous ne voulons pas être un département à part". Et cette impulsion devrait se prolonger jusqu’au niveau européen : "la présidence française de l’Union Européenne doit faire de la départementalisation de Mayotte et de sa transformation en Rup, une de ses priorités", a conclu Ibrahim Aboubacar.

 

"Nous voulons rester Français pour être égaux aux Français de France"

Concernant les questions relatives au développement économique et social, le comité par la voix de son rapporteur soutient qu’"il faut apporter une réponse politique aux questions sociales, permettre la formation des Hommes, adopter une politique foncière commune", en créant notamment, comme le soutient la conseillère économique et sociale Anziza Moustoifa, un établissement foncier.

L’objectif est de parvenir à "une vision partagée des patrimoines de l’Etat et de la CDM, apporter des réponses claires au sort des immigrés présents sur le territoire – un vrai problème pour le développement, à terme pour la paix sociale, être soucieux vis-à-vis de la préservation à l’environnement et du cadre de vie, un réel désenclavement aérien et numérique du territoire, accompagner les secteurs en mutation qui se battent pour prendre le virage du développement économique… avec pour objectif d'éviter l’assistanat !"
Mais l’une des priorités du comité, c’est aussi d’améliorer les services à la personne – "un gisement d’activités, un moyen d’éradiquer la clandestinité" –, "mettre au diapason les actes et les paroles" au niveau touristique, "exploiter le potentiel aquacole à grande vitesse…". Des propositions adoptées à l’unanimité des membres siégeant au comité et qui sont aujourd’hui soumises à réflexion aux diverses forces présentes, notamment les partis politiques.

Pour Néma, par la voix de Moussa Abdou, "une seule voix compte : celle de la départementalisation sans équivoque, sans ambiguïté", rappelant au passage que son parti a voté pour la résolution et soulignant par ailleurs que la demande d’admission au comité de Saïd Omar Oili en tant qu’ancien président du CG n’a été acceptée que le 22 août, alors que celle-ci avait été adressée dès le début des travaux. Néma considère que "le statut permettra à la France d’assurer la paix sociale, la sécurité des biens et des personnes" (…) "Nous avons besoin de cette France solidaire dans le territoire français où on a le plus d’analphabètes. Nous voulons rester Français pour être égaux aux Français de France. Néma, conclu Moussa Abdou, n’est pas favorable au statu quo".

 

Des doutes, du scepticisme et des interrogations

Mais certains ont affiché des doutes, notamment le président du Smiam Issihaka Abdillah, car pour lui "les auditions n’ont pas franchi les frontières de l’intercommunalité". Celui-ci a demandé où en était le bilan de la loi du 11 juillet 2001 puisque celle-ci prévoyait une réunion annuelle qui n’a eu lieu qu’une seule fois à Dzaoudzi sous le haut patronage de Brigitte Girardin. Il préconise un "retour sur les éléments déjà engagés depuis 1999". Ces doutes, le président du Smiam n’est pas le seul à les avoir exprimés.

Mieux encore, le sénateur Giraud a lui fait savoir qu’il était "encore sceptique" en interpellant directement le sous-préfet : "à qui doit servir ce statut que les Mahorais réclament depuis 1958 ? Quelles sont les raisons du refus du gouvernement" ? Pour le sénateur, rien n’est clair car "nous sommes trois à discuter : les Mahorais, le Gouvernement et les Comoriens. Le problème de Mayotte n’a rien à voir avec les discussions entre la France et les Comores. Je ne peux accepter le double langage de la France", a-t-il fait savoir, avant de surprendre quelques uns en annonçant qu’il n’est "pas sûr que les Mahorais voteront en grande majorité pour la départementalisation car le bilan de la loi du 11 juillet 2001 n’a pas été fait et son application, notamment les mesures sociales positives".

 

"Il y a un engagement extrêmement ferme et un choix totalement assumé"

Mais pour le sous-préfet Peyrel, "il faut éviter que se développent certaines idées trompeuses. Nous avons réalisé un bilan de tout ce qui a été fait à Mayotte depuis 2001". Pour lui, pas d’ambiguïté : "le statut sert aux Mahorais pour garder une stabilité politique dans un contexte régional et mondial pas si stable. Mayotte est une richesse pour la France, notamment dans la façon dont les Mahorais vivent l’Islam. Ce statut sert aussi à répondre à un engagement. Je n’ai pas de doutes sur le statut, a-t-il dit, même s’il y a eu des lenteurs. Il y a un engagement extrêmement ferme et un choix totalement assumé. On ne discute pas avec les Comoriens sur le département. Le GTHN n’est pas une machine pour ouvrir les frontières de Mayotte aux Comores. On discute avec eux dans le cadre du GTHN, sur l’immersion de Mayotte dans l’économie régionale et les moyens d’améliorer en amont la lutte contre l’immigration clandestine, en améliorant les contrôles et en contribuant au développement des Comores. La lutte policière ne suffit pas. On n’accepte pas n’importe quoi aux Comoriens. Quand ils franchissent les limites on leur dit, notamment le refus des parlementaires comoriens de se soumettre aux contrôles policiers à l’aéroport. La feuille de route du Gouvernement contiendra cette conjonction des flux".

Cette réunion de présentation des grandes lignes du travail du comité sur la départementalisation a eu pour mérite d’avoir réuni toutes les forces vives. "Un travail dense et riche, dans un esprit simple pour faire participer toute la société, personne n’a été exclu", se félicite le président du CG. Pour lui, "chacun doit s’approprier le contenu de ce travail. Il faut adopter une telle attitude pour faire adopter ce texte à la consultation. Il faut être de nature optimiste, a-t-il appelé dans un esprit d’"unité".

Il a également tenu à souligner au sous-préfet que "les Mahorais détestent l’incertitude du statut actuel, le désordre qui règne chez nos voisins. Ils adorent la démocratie, la stabilité. Les Mahorais détestent le mépris, ils ne sont non plus partisans de la pensée unique". Une manière bien ferme de démontrer qu’un demi-siècle s’est écoulé depuis 1958, mais que la détermination mahoraise reste, elle, intacte. La sera-t-elle le jour du référendum ?

R.T Charaffoudine Mohamed

UNE Mayotte Hebdo N°393 – Vendredi 29 août 2008

UNE Mayotte Hebdo N°393 - Vendredi 29 août 2008

Rentrée scolaire

12/20 Peut mieux faire …

 > Petit dÉjeuner de Mayotte Hebdo – Fahar-Eddine Cheick Ahmed et Alexandre Charambakis
 > Dugong – les dernières sirènes du lagon
 >
Comores – le président de Mohéli reconnait Mayotte française

29/08/2008 – Rentrée scolaire 2008-2009 – S’améliorer au niveau quantitatif et qualitatif

Après l'école primaire de Koungou plage, on passe au collège de Kawéni, où l'attend la toute nouvelle classe de Segpa, une filière spécifique existante depuis plusieurs année en Métropole, destinée à accueillir de la 6e à la 3e les élèves présentant de grosses difficultés scolaires (lire page Education). Les collèges de Dembéni et Tsingoni accueillent également cette nouveauté qui permettra de décharger en partie les PPF, pour lesquelles il a été décidé de ne plus augmenter les effectifs. Trois ou quatre autres Segpa devraient ouvrir dans les prochaines années. Devant les 12 élèves présents à Kawéni et les parents de plusieurs d'entre eux, le vice-recteur explique le fonctionnement et les objectifs de la Segpa et répond aux questions des mamans inquiètes.
Le café avalé on reprend la route, direction Dembéni, l'IFM où M. Cirioni a choisi de rencontrer la presse et surtout la nouvelle promotion d'instituteurs stagiaires, pour mieux marquer l'importance donnée à la formation des futurs maîtres, chevilles ouvrières de l'élévation du niveau scolaire de l'île. Le nombre de places au concours a d'ailleurs été augmenté de façon conséquente pour répondre à l'exigence de scolarisation de tous les enfants de 4 ans en 2009 et de ceux de 3 ans en 2010. "Avec cette augmentation des effectifs des instituteurs stagiaires, nous allons manquer de place pour les autres étudiants de l'IFM, il va donc falloir mettre en route rapidement le centre universitaire de Mayotte", précise le vice-recteur qui ajoute "avoir dépassé le stade du simple projet."
 
 

"Mayotte est un cas exceptionnel"

A ce même moment, les quelques 300 étudiants des 5 filières universitaires proposées par l'IFM se pressent dans les bureaux de l'administration pour compléter leurs inscriptions. L'occasion pour Françoise Nissen, responsable de l'orientation, de préciser que cette année le recrutement des étudiants de l'IFM a été sélectif pour éviter une "incohérence de parcours", à savoir laisser des étudiants choisir des filières qui ne leur conviennent pas, uniquement pour rester étudier dans l'île.

La sonnerie annonce 10 heures, l'amphithéâtre se remplit de la "nouvelle génération d'instituteurs", venus écouter leur futur patron leur parler du métier qu'ils ont choisi et des enjeux de l'éducation à Mayotte. "Mayotte est un cas exceptionnel", leur rappelle-t-il en annonçant les chiffres toujours plus impressionnants chaque année : 73.383 élèves de la maternelle au supérieur, 434 créations de postes d'enseignants dans le secondaire, 310 dans le primaire !… Puis il présente ce qu'il considère comme le "symbole de la rentrée" : le projet académique élaboré l'année dernière, qui met l'accent fort sur la maîtrise de la langue française.

"Le système éducatif de Mayotte n'est pas parfait mais il est en constante évolution, tant sur le plan qualitatif que quantitatif." En témoignent, sur le plan quantitatif, l'ouverture du nouveau lycée de Chirongui, actuellement en préfabriqués en attendant une construction en dur programmée d'ici 4 ou 5 ans (…), les extensions dans plusieurs établissements et l'ouverture de nouvelles écoles primaires. On compte actuellement 80 à 85% des élèves de 5 ans scolarisés en grande section de maternelle, 60% des 4 ans scolarisés en moyenne section et 40% des 3 ans en petite section. Les manques se situent essentiellement sur Mamoudzou, Koungou et Petite Terre.

 

25 élèves maximum par classe en CP

Sur le plan qualitatif, en plus du lancement des Segpa il est prévu cette année la limitation des effectifs de CP à 25 élèves par classe, qui devrait être effective pour 99% des classes cette année. Une structure particulière est mise en place dans chacune des neuf circonscriptions pour lutter contre l'échec scolaire. L'objectif est de cibler très rapidement les enfants qui présentent des difficultés à la lecture, pour éviter qu'ils n'arrivent en sixième avec des lacunes impossibles à combler. Conformément aux directives nationales, des heures de soutien seront mises en place au primaire dès la rentrée d'après Toussaint.

L'enseignement secondaire n'est pas en reste avec entre autres la généralisation de l'option MPI (math physique informatique, en 2de) dans tous les lycées pour éviter les déplacements d'élèves dans les établissements trop loin de chez eux. Enfin, M. Cirioni a tenu à féliciter les lauréats du concours d'instituteur présents devant lui, en précisant qu'ils ont un niveau des plus respectables, en témoignent les moyennes : 17,76 pour le major de la promo, 12,5 pour le dernier.

"Ce n'est pas parce qu'il manque un U à IFM que la formation des enseignants n'est pas la même qu'ailleurs", a-t-il martelé. Après un long entretien avec ces jeunes gens, le vice-recteur s'est envolé pour Paris, où il assistait à la conférence des recteurs mardi et mercredi.

Hélène Ferkatadji

29/08/2008 – Portrait de Deenice – Un nouveau studio de musique pour les artistes locaux

"La technique, le son, la musique m'ont toujours passionné". Une passion dont Deenice a décidé de faire son métier, lui qui a commencé à jouer au piano à l'âge de 4 ans et qui possédait un ordinateur quand il avait 10 ans, au tout début de l'informatique grand public des années 1980. C'est pourquoi, une fois son bac en poche, il décide de passer un BTS Audiovisuel option Son à l'Institut supérieur des techniques du son (ISTS) à Paris. Tout au long de sa carrière professionnelle, Deenice a su allier son activité d'ingénieur, pour accompagner des artistes sur scène ou en studio, et son goût pour la composition musicale dans de nombreux groupes.
Deenice a d'abord travaillé dans différents studios d'enregistrement pour la télévision où il faisait du bruitage, du mixage et du "sound design", c'est-à-dire des effets spéciaux sonores, en créant des sons pour des publicités par exemple. Au sein des studios Ramses et Bellx-1 à Paris, il a mixé et même composé des chansons pour une centaine de pubs de voitures, a mixé le long métrage Vidocq, fait l'habillage d'un clip d'Ophélie Winter, a travaillé sur la bande-son française des dessins animés Dragon Fly ou Rapido…
"Parallèlement à ça, je faisais partie de plusieurs groupes de musique. J'ai également accompagné de nombreux artistes sur scène, beaucoup de "world music" comme Alan Stivel, des aborigènes d'Australie, des groupes tziganes et de l'électro-jazz." Car Deenice n'est pas seulement un ingé son, c'est aussi un musicien professionnel qui a fait des concerts et qui a des notions sur quasiment tous les instruments, et surtout leur interface avec l'ordinateur. Il a participé à de nombreux concerts en Métropole, notamment des festivals de jazz, et continue d'être devant la table de mixage pour beaucoup de "live" à Mayotte.
Arrivé au début de cette année avec sa femme et sa fille, il a été très bien accueilli ici et a trouvé immédiatement du travail à Clap Production : "J'ai fait des concerts avec des musiciens et ça a un peu fait boule de neige". C'est surtout le fait qu'il soit à la fois musicien et ingé son qui a séduit tous les groupes avec qui il a travaillé.

"Contribuer à ce que les artistes d'ici s'exportent"

"J'ai travaillé avec tout le monde ici : des musiciens traditionnels, des artistes M'zungu, des entreprises privées et des institutions publiques, des associations…" Son expérience professionnelle est un atout à Mayotte, lui qui a déjà produit quelques groupes quand il habitait à Lille en 2006-2007 et qui a fait le son des pubs de clients prestigieux comme Cofidis, Décathlon ou Hollywood chewing gum. Deenice a décidé de créer son entreprise au mois de mai dernier, notamment grâce au dispositif de l'Accre (Aide aux chômeurs créant ou reprenant une entreprise) qui lui permet de bénéficier d'exonérations de charges sociales pendant un an.

Avec l'aide de la Boutique de gestion, il a pu monter un dossier qui lui a permis d'avoir son local qui était à l'abandon et qui a nécessité beaucoup de travaux. Et s'équiper en "matos", avec une régie de production audio et tout l'attirail des studios d'enregistrement de qualité. Ce local est également utilisé comme salle de répétition par les groupes Maoris et Daddy Happy, avec qui Deenice a créé une association appelée Nafassi ("Liberté"), qui vise à faire de ce local un lieu incontournable de la musique à Mayotte. Tom, le vice-président de l'association et batteur de Daddy Happy explique qu'"à terme, en parallèle de l'activité de Deenice, on aimerait en faire un lieu de résidence pour des artistes de l'extérieur".
Deenice a déjà enregistré de nombreux concerts et des maquettes pour Daddy Happy, Lathéral, Maoris. Il a aussi effectué le "mastering" du dernier album d'Eliasse et créé la bande-son du Ballet de Mayotte. Il a travaillé en post-production et enregistré un titre avec Patrick Millan de 100% Mayotte et c'est lui qui va "masteriser" la voix de Djazou, la gagnante du concours Jeunes talents SFR. Et il commence à produire des artistes locaux comme Trio, Bo'Houss ou Mafio.
"Je voudrais contribuer à ce que les artistes d'ici s'exportent. J'ai été vraiment super bien accueilli par les Mahorais et tous les gens du spectacle ici. Et sans vouloir être prétentieux, les musiciens me disent souvent que nous avons des rapports agréables car je suis musicien moi-même, ce qui me permet de mieux comprendre leurs attentes."
Deenice est en train de créer un site internet pour recenser tous les artistes mahorais : "J'ai eu beaucoup de mal à trouver des informations sur Mayotte avant de venir et je crois qu'il y a un problème au niveau de la communication. Je veux faire un site qui regroupera tous les groupes pour que Mayotte ait une vitrine à l'extérieur. C'est pourquoi je sollicite tous les artistes, sans aucune obligation commerciale bien sûr".
En attendant, Deenice fait un peu de mix-live à Koropa, prépare son prochain album qui sera du "trip hop rapide" et projette de remixer des chants et de la musique traditionnelles version "électro". Une bouffée d'oxygène bienvenue pour la scène musicale mahoraise.

Julien Perrot

29/08/2008 – Nouvelle centrale électrique de Longoni – 5 énormes moteurs dans leur écrins

C'est une centrale clef en main. Comme si vous achetiez un meuble à monter vous-même. La comparaison est osée, mais il y a de cela. En janvier 2007, EDM passe un contrat avec la société finlandaise Wärtsilä, spécialisée dans la conception de pièces, de mécanismes et de sites pour l'ingénierie pétrolière, gazière et électrique. Pour environ 30 millions d'euros, EDM paraphe le contrat et se dote officiellement d'une nouvelle centrale électrique qu'elle recevra en février 2008. Mais pas seulement. Le contrat inclut aussi tous les aménagements annexes : le réseaux de sécurité incendie, une réserve d'eau de plusieurs centaines de mètres cube, un atelier, un magasin pour stocker les pièces de rechanges et un bâtiment administratif.
D'août 2007 jusqu'au printemps de cette année, les grands travaux de terrassement ont mobilisé une centaine d'ouvriers, chefs d'équipes et de chantier, d'ingénieurs et autres conducteurs de travaux. Cette partie, qualifiée de génie civil, fut suivie avec une extrême attention. Ici, le moindre affaissement de terrain ou un mauvais drainage pourrait avoir des conséquences dramatiques. Evidement, les constructions répondent aux normes antisismiques et les risques inhérents à l'environnement climatique ont été pris en compte.
 
 

30 millions d'euros pour une centrale clef en main

En février 2007, les pièces de la centrale arrivent dans des dizaines de conteneurs. La société Wärtsilä livre les cinq moteurs capables de produire chacun une puissance de 8 MW et dépêche sur place une équipe de techniciens pour amorcer l'assemblage.
Aujourd'hui, sept mois plus tard, la structure en elle-même est impressionnante. Les moteurs sont situés dans cinq chambres juxtaposées, reposant chacun sur un châssis de quelques centaines de kilos, qui lui-même se stabilise sur des ressorts pour éviter que l'assemblage ne transmette des vibrations au sol. Chaque salle dispose d'équipements annexes et elles sont toutes parcourues par des énormes gaines permettant l'aspiration de l'air nécessaire à la combustion qui engendre les 16 cylindres de ces moteurs en V, tout autant que l'échappement des gaz. 

Reliés à la grande cheminée, ces tubes permettent aux fumées d'être recrachées à plus de 50 mètres, ce qui facilite leur dissolution dans l'atmosphère. Sur le toit, des dizaines de ventilateurs capturent l'air nécessaire pour refroidir les moteurs. Etrangement, cela ressemble à une champignonnière géante… Le courant produit est ensuite démultiplié en passant dans des transformateurs, avant d'être dirigé vers un centre de "dispatching", qui aiguillera l'énergie dans le réseau jusqu'au consommateur.

 

Cinq moteurs d'une puissance de 8 MW chacun

Au total, la nouvelle centrale de Longoni pourra assurer une puissance installée de 40 MW. Pourtant, la capacité d'utilisation devrait être limitée autour de 30 MW. En effet, au moins un moteur doit pouvoir prendre le relais en cas de panne ou de révision. De plus, la station historique des Badamiers viendra ajuster la production en offrant des compléments.
"C'est une logique d'économie d'énergie", affirme M. Bietrix, assistant maîtrise d'ouvrage, "pourquoi lancer un moteur qui produit 8 MW lorsque l'on a besoin que d'un ou deux mégawatts ? Les Badamiers peuvent jouer ce rôle de modérateur". La station de Kawéni sera elle bientôt démantelée. De plus son fonctionnement peut être assuré au quotidien par une équipe composée de seulement 4 ou 5 personnes.

Mais le grand atout de ce type de centrale reste financier, autant par la rapidité de son installation, que son fonctionnement et sa capacité à l'adapter aux besoins. On peut en effet mettre en fonctionnement des moteurs indépendamment les uns des autres, les éteindre rapidement, et en rajouter si nécessaire. Très répandues là où l'on ne trouve pas de réseau interconnecté, comme les îles ou les zones reculées, ces centrales sont également légions en chine.
Au début de l'ère industrialisante qu'a connu l'Empire du milieu, la question énergétique devait être solutionnée au plus tôt. Pas le temps d'attendre les centrales thermiques ou nucléaires, trop coûteuses et trop gourmandes en temps pour se dresser, au risque de voir passer le train de la croissance. La décision d'implanter des dizaines de centrales au gazole a permis de produire l'énergie nécessaire encore jusqu'à aujourd'hui, même si le pouvoir central privilégie désormais la construction de grandes centrales thermiques ou le nucléaire civil.

 

1,6 m³ de carburant par heure et par moteur

A l'heure où tout le monde ne jure plus que par les énergies renouvelables, on peut s'étonner, ou du moins s'interroger sur le choix d'une centrale dont chaque moteur consomme 1,6 mètre cube de carburant par heure.

"Les alternatives plus écologiques existent en effet, mais elle ne sont pas encore en mesure d'offrir des volumes de production équivalent. A titre d'exemple, une éolienne peut produire 1 MW au maximum de sa capacité. Il en faudrait 40 pour se substituer à cette centrale. De même, il faut un hectare de panneaux solaires pour produire un mégawatt. Et encore, la production reste aléatoire en fonction des conditions d'ensoleillement", explique M. Bietrix.

Le ballet des camions citerne qui approvisionneront les moteurs risque donc d'être aussi spectaculaire. Tout autant qu'éphémère. En effet, la proximité du nouveau site de dépôt d'hydrocarbure permettra la construction d'un pipeline qui alimentera directement la centrale en carburant. D'ici l'année prochaine, les deux édifices devraient être reliés par une conduite, souterraine ou aérienne, cela reste à décider.

François Macone

40 millions d'euros pour 40 mégawatts de plus

La production, le transport et la distribution d'énergie électrique sont assurés à Mayotte par EDM, société d'économie mixte créée en mai 1997. Cette société, dont les actionnaires sont la CDM (50%), EDF-EDEV (25%), Saur International (25%) et l'Etat (une part) employait, en 2007, plus de 150 personnes.
Il y a pour l'instant une centrale aux Badamiers (38,8 MW) et une centrale provisoire à Kawéni (11 MW). La nouvelle centrale de Longoni, qui représente un investissement de plus de 40 millions d'euros, disposera d'une capacité initiale de 40 MW extensible à 80 MW, permettant de doubler les capacités actuelles.

14% de croissance de la consommation par an

En 2007, la consommation facturée d'énergie s'est établie à plus de 172 millions de kWh, en progression de 14% en un an et de près de 60% par rapport à 2003. Cette hausse est majoritairement imputable aux clients industriels, dont la consommation a progressé de 180% en un an. Les particuliers (clients domestiques ou professionnels dont la puissance souscrite est inférieure ou égale à 120 kWh), qui représentent plus de 70% de l'électricité facturée, ont vu leur consommation augmenter de 14% en un an et de plus de 35% par rapport à 2004.
L'augmentation de la consommation électrique à Mayotte s'explique par la forte croissance démographique, la progression du taux d'équipement des ménages, ainsi que la hausse de l'activité économique des clients professionnels et industriels.


Les actions en faveur de l'énergie solaire

Actuellement, l'énergie électrique produite à Mayotte est exclusivement le résultat de la transformation de gazole en électricité. Pourtant, de par sa situation géographique, le nombre d'heures d'ensoleillement à Mayotte est considéré comme l'un des plus élevés du territoire français. Le potentiel dans la production d'énergie photovoltaïque est donc conséquent et doit être encouragé, dans la perspective de baisser la dépendance de Mayotte aux énergies non renouvelables.

Pour favoriser le développement de l'énergie solaire, la législation nationale a imposé une obligation d'achat de l'électricité produite par les installations utilisant l'énergie radiative du soleil par l'arrêté du 10 juillet 2006. Pour Mayotte, le tarif d'achat a été fixé le 1er janvier 2008 à 0,41561 euros par kWh, voire 55 cents si les équipements de production assurent également une fonction technique ou architecturale essentielle à l'acte de construction.

Ces mesures ont encouragé les acteurs publics et privés à faire installer des panneaux solaires. Une première centrale photovoltaïque expérimentale connectée au réseau d'EDM a été mise en service en mai 2007 sur le site EDM de Kawéni, pour produire un peu moins de 5 kW crête. De plus, le CG a fait installer des panneaux solaires sur le bâtiment de la DEDD (direction de l'environnement et du développement durable), d'une capacité de 8 kW crête, soit l'équivalent de la consommation annuelle de 15 foyers mahorais. Cette initiative a été imitée en début 2008 pour la nouvelle mairie de Mamoudzou ou la société Mayotte Equipement. Actuellement, deux entreprises réunionnaises se partagent le marché : Ténésol et SCEM. Si l'électricité produite par ces équipements est encore minime, d'autres projets sont en cours ou en consultation (établissements scolaires, entreprises, DE, nouveau marché de Mamoudzou, future centrale EDM de Longoni, futur terminal pétrolier de Total, etc.), ce qui permettra, à plus ou moins long terme, de réduire significativement la dépendance énergétique de Mayotte au pétrole. EDM estime à 900 MWh les prévisions de rachat d'électricité photovoltaïque pour 2008.

Source : Rapport 2008 de l'IEDOM (Institut d'émission des départements d'Outremer)

 

29/08/2008 – Une pièce d’Alain-Kamal Martial présentée dans 27 pays

Avant d'être chargé du département Littérature et Théâtre, puis de devenir directeur du service culturel, Alain-Kamal Martial est avant tout un brillant auteur et dramaturge contemporain. Il contribue beaucoup à la reconnaissance de son île dans le monde, à travers ses œuvres artistiques. Bien qu'il soit actuellement dans l'île, AKM ne manque jamais les grandes occasions nationales.
AKM est sélectionné pour représenter la France à Trait d'Union, un exceptionnel projet de théâtre décidé à l'occasion de Saison culturelle européenne qui se déroule jusqu'en décembre 2008, dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne. Trait d'Union consiste à sélectionner 27 pièces européennes contemporaines, une par pays membre de l'UE, qui seront traduites en langue française, éditées et présentées en lectures publiques.
Initié par Cultures France, l'opérateur délégué des ministères des Affaires étrangères et européennes et de la Culture et de la communication pour les échanges culturels internationaux, ce projet veut faire entendre la diversité et la richesse de l’écriture théâtrale contemporaine européenne, tout en faisant découvrir au public des auteurs de théâtre européens reconnus dans leurs pays, mais encore inédits en France.
 
 

"J'ai beaucoup d'espoir pour cette île. Ses jeunes sauront porter des choses grandes et s'affirmer dans la région et sur la scène internationale"

AKM a été choisi grâce à son texte "Les Veuves", avec lequel il était en tournée internationale dans les centres culturels français en 2007. En apprenant, en avril dernier, qu'il allait représenter le théâtre contemporain français et la langue de Molière dans 27 pays d'Europe, la première réaction que l'auteur mahorais a eu : "je ne croyais pas que ce soit un auteur d'un territoire qui n'est pas encore dans l'Union européenne qui ait été sélectionné pour représenter la France".

L'auteur avoue que cette réaction est presque la même qu'en 2002, lorsque lui a été décerné le 1er Prix du théâtre de l'océan indien pour "Zakia Madi, la chatouilleuse". Mais AKM, fondateur de la compagnie IstaMbul en 2000, ne peut que manifester "une joie et une fierté immense", surtout de voir qu'un auteur de l'Outremer, en l'occurrence lui, "arrive à être mis au centre de l'action gouvernementale". Pour lui, cette opération entre dans la politique française : "A l'occasion de sa présidence européenne, la France tient à rendre hommage à sa langue. Elle a surtout envie de marquer son empreinte et son identité, inscrites dans la pensée littéraire et contemporaine. Une façon de montrer ce qui fait sa grandeur, un pays de traditions littéraire et philosophique".

La participation d'AKM à cette manifestation littéraire d'envergure internationale montre en effet que le travail que les jeunes auteurs mahorais font et en lequel ils "croient" est remarquablement reconnu. "J'ai beaucoup d'espoir pour cette île. Ses jeunes sauront porter des choses grandes et s'affirmer dans la région et sur la scène internationale", est-il persuadé.

 

Au Festival d’Avignon et à l’Odéon, le Théâtre de l’Europe

Trait d'Union s'organise autour de trois cycles de lectures : au Festival d’Avignon, au Festival de la Mousson d’été et à l’Odéon, le Théâtre de l’Europe. Elles feront ainsi découvrir les 27 auteurs, traduits avec l’appui de la Maison Antoine Vitez, de l’Atelier européen de la traduction, publiés par les Editions théâtrales (Paris) et distribués dans les 27 pays membres de l’UE.
Créé par le metteur en scène Michel Didym en 1995, le 13ème Festival de la Mousson d'été commence ce vendredi 22 août. L'auteur mahorais est bien présent de par son œuvre "Les Veuves". Cette pièce sera, jusqu'à la fin du mois, confrontée au public : auteurs, éditeurs, acteurs, traducteurs, directeurs de structures théâtrales, responsables institutionnels, journalistes, universitaires, etc.

Du 11 au 15 septembre 2008, "Anéantissement", qui est un extrait de son dernier écrit "Organique", sera joué sur la scène nationale de Saint-Etienne. Commande de l'Ecole nationale supérieure du théâtre, cette pièce est mise en scène par Jean-Claude Barrouti, directeur de la scène nationale stéphanoise.

 

AKM au Musée du Louvre en novembre

Après "Epilogue des noyés" en 2006, "Epilogue d'une trottoire" d'AKM qui a été présentée en lecture lors du Festival d’Avignon en juillet 2007, sera jouée au CCM Jean Gagnant, les 29 et 30 septembre 2008, dans le cadre des 25èmes Francophonies en Limousin (du 23 septembre au 5 octobre). Plus de trente nations, du monde entier, prendront part à ce festival de théâtre, danse, musique et autres arts sur le thème de la francophonie dans le monde. Mise en scène par Thierry Bédard, artiste associé à Bonlieu, la scène nationale d’Annecy dans le cadre du Centre d’art et de création, avec Marie-Charlotte Biais et Joao Fernando Cabral, "Epilogue d'une trottoire" sera également présentée cet été au Festival d'Avigon puis à Cuba, avec une lecture de l'ensemble des "Epilogues". "Epilogue d'une trottoire" est à paraître aux éditions Acte Sud.

Enfin, l'auteur mahorais sera le 5 novembre prochain à la salle de l'auditorium du Musée du Louvre (Paris) et fera une lecture de ses textes au public.

Rafik

AKM, auteur du" théâtre des énergies"

Alain-Kamal Martial est né le 25 juillet 1974 à de M'zouazia, au sud de l'île. Après l'obtention de son baccalauréat, il se rend en France poursuivre ses études universitaires, notamment à Mulhouse, Bordeaux III, Avignon et à Cergy-Pontoise où il prépare une thèse de doctorat en littérature.

En 2000, AKM crée la compagnie de théâtre IstaMbul qui est aujourd'hui menée par des jeunes mahorais formés. Il a écrit et mis en scène plusieurs de ses pièces, dont "P'pa m'a suicideR", qui a été présentée au Centre dramatique de l’océan indien.

Il entame, depuis 2002, un travail de recherche et de collaboration avec des artistes de l’océan indien et de l’Afrique australe. Il travaille sur un "théâtre des énergies". Il a écrit depuis 2005 une série de textes intitulés "Les Épilogues", joués à la Réunion et en France. Il a progressivement acquis une réputation internationale et ses pièces ont été jouées dans 18 pays différents ces dernières années.

Ses dernières pièces : "17 millions d’enterrements pour une dépouille nationale", traduite en portugais par l’auteur mozambicain Mia Couto, a été jouée au Teatro Avenida de Maputo au Mozambique, "Les Veuves" en tournée internationale depuis 2007 dans les centres culturels français, l’ensemble de ses "Epilogues" sera présenté en lecture cet été au Festival d’Avignon. A la direction du Service culturel de la Collectivité départementale de Mayotte depuis janvier 2008, AKM préfère mettre provisoirement entre parenthèses sa carrière d'auteur.


Distinctions

2001 Premier Prix Défi-jeunes Mayotte 2001, pour "La rupture de chair".
2002 Premier Prix du théâtre de l'Océan Indien, pour "Zakia Madi, la chatouilleuse".
2002 Premier Prix du grand Concours littéraire de l'Océan Indien, pour "Zakia Madi, la chatouilleuse".
2005 Prix Arlequin d'or au 19ème Arlequin de Cholet, pour "P'pa m'a suicideR".
2005 Premier prix du jury littéraire du lycée de Sada, pour "La rupture de chair".

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes