Historien, spécialiste reconnu d'histoire coloniale, professeur des Universités, Jean Martin est le grand spécialiste de l'histoire de Mayotte et des Comores au XIXe siècle. C'est la première fois depuis de longues années qu'il revient à Mayotte pour une conférence. Il est notamment l'auteur de l'ouvrage : "Comores, quatre îles entre pirates et planteurs, fin XVIIIe-1912" (L'Harmattan, 1983).
14/11/08 – Une conférence sur la colonisation
14/11/08 – Changement de plaques d’immatriculation l’an prochain
Les nouvelles plaques comporteront sept caractères : deux lettres, un tiret, trois chiffres, un tiret et deux lettres. Le coin à droite sera destiné à accueillir le logo de la région du propriétaire qui pourra ainsi afficher ses racines.
14/11/08 – Chakires en concert au M’biwi Café
Après six ans d'absence sur l'île, Chakires revient avec dans ses bagages son "best of", une compil de ses trois premiers albums. Le troubadour s'est produit en concert ces lundi 10 et mercredi 12 novembre au Caribou et au Moana. Son dernier show est prévu ce samedi 15 au M'biwi Café.
De son vrai nom Sakira Issoufo M'dziani, Chakires, la quarantaine, est né à Diego Suarez de parents grand-comoriens et n'a eu de cesse, pendant sa carrière, de mélanger les styles pour que sa musique représente parfaitement le concept du "Baswar", nom de son deuxième album, qui mêle rythmes bantous, swahilis et arabes, ponctués d'harmonies européennes.
Cet autodidacte a commencé sa carrière tout jeune, au milieu des années 80, à Moroni. Il fait sa première scène en 1987 dans le cadre d'une association musicale. Il débarque à Mayotte en 1994 pour continuer dans la musique et rencontre de nombreux musiciens avec qui il fonde une formation acoustique : Chakires et Oulanga.
En 1999, il sort son premier album, "Al Kamar". "A l'époque, on a bénéficié de beaucoup d'opportunités, notamment grâce au Centre mahorais d'animation culturelle (Cmac, devenu depuis 2002 le Service culturel). Nous avons notamment joué pour les 10 ans de RFO, les 20 ans d'Air Austral. On a fait pas mal de choses. Puis les choses se sont dégradées. Plusieurs musiciens clé sont partis, la plupart étant des salariés sous contrats. De plus, il y a eu des pressions politiques", explique l'artiste.
Trois albums et un "best of"
En effet, en 2002 il va participer à un festival aux Seychelles où on lui demande de rester pour un concours qui a lieu trois semaines plus tard. Il doit représenter les Comores alors qu'il réside toujours à Mayotte en tant qu'artiste. "Les gens n'ont pas aimé que je représente les Comores alors que Mayotte n'était pas représentée. J'ai pas supporté, alors je suis retourné à Moroni".
C'est justement à Moroni que sa carrière fait à nouveau un bond. En 2003, il participe à une audition de présélection pour participer à un festival de l'océan Indien lors duquel il recevra le prix "Jeune découverte" à l'île Maurice. "J'ai rencontré un manager qui m'a proposé de faire quelques dates, notamment au Portugal pour le Festival musiques du Sud, puis en Hollande et en Allemagne où je suis resté deux mois". Il rentre ensuite à Moroni où il enregistre son deuxième album, "Baswar", en 2004, puis le troisième, "Comment tu vois", en 2006.
Cette année, il sort un "best of". "Je suis rentré à Mayotte pour participer à un festival qui a finalement été annulé, mais un cousin a fait en sorte que je puisse revenir. J'ai accompagné des groupes comme Trio, puis on m'a proposé de faire les premières parties des concerts." Le revoilà donc en solo, accompagné de sa guitare, pour partager sa musique.
UNE Mayotte Hebdo N°404 – Vendredi 14 novembre 2008
Entretien avec Jean Martin
Mayotte, une histoire distincte des 3 autres îles
> Entretien – "Les Mahorais ont le droit de connaître leur passé"
> Faits divers – Il asperge sa femme d'essence, A 5 pour tabasser un collégien …
> Région – Les Comores tentent d'instiller la haine à Mayotte
> Mayotte Eco – L'assemblée Nationale vote 1,879 milliard d'euro pour 2009
14/11/2008 – Histoire : Entretien avec l’historien Jean Martin
Mayotte Hebdo : Pourquoi vous êtes-vous intéressé à l’histoire des Comores ?
Jean Martin : Je me suis de tout temps intéressé aux îles et aux sociétés insulaires. Enfant et adolescent, je parcourais les îles bretonnes et j’ai toujours été assez fasciné par les îles. D’autre part, à partir de mon adolescence, après avoir fait un voyage en Tunisie pour rendre visite à un de mes oncles, j’ai été également fasciné par l’Islam et par le monde musulman. Or, il se trouve qu’aux Comores, à Mayotte comme dans les autres îles, Islam et insularité se rejoignent.
MH : Vous ne sentiez pas également qu’il y avait un manque concernant les données historiques disponibles sur l’archipel ?
JM : Oui, il y avait certainement un manque car quand j’en ai parlé à un professeur à la Sorbonne, M. Deschamps, qui était d’ailleurs un ancien gouverneur des colonies, il m’a dit : »C’est un beau sujet, presque entièrement vierge. » Il y avait encore très peu de travaux à ce moment-là. L’étude la plus sérieuse était l’ouvrage d’Alfred Gevrey, l’ancien procureur du tribunal de Mayotte, mais cette étude datait de 1870.
MH : Comment avez-vous effectué vos recherches ?
JM : J’ai essentiellement travaillé à partir des archives. D’abord, pour la période coloniale proprement dite, les archives d’Outremer qui sont à Aix-en-Provence, mais qui à ce moment-là se trouvaient encore rue Oudinot à Paris. Ce n’était pas suffisant bien sûr : j’ai aussi étudié les archives de la marine qui sont pour l’essentiel au château de Vincennes, il y en a également à Lorient, à Toulon, dans les ports de guerre et là j’ai trouvé des rapports d’officiers de marine, des rapports fort intéressants dont certains datent du XVIIIe siècle. Car les Comores étaient connues de longue date, avant la pénétration coloniale.
MH : Est-ce que vous avez essayé aussi d’avoir accès au point de vue des colonisés ?
JM : Il est difficile d’avoir accès au point de vue des colonisés car ils écrivaient assez peu. Certains ont écrit des mémoires, c’est le cas de princes anjouanais comme Saïd Hamza El Masela ou Saïd Omar par exemple pour ne citer qu’eux, et d’autres chroniqueurs comme le cadi de Mayotte Omar Ben Aboubakar qui a écrit une chronique de Mayotte, mais ce sont des travaux très apologétiques dont les auteurs cherchent à magnifier leur rôle dans la cession de Mayotte à la France pour obtenir du gouvernement français des récompenses sous une forme ou une autre, et notamment la Légion d’honneur, qui ne les laissaient pas insensibles.
MH : Vous n’avez pas cherché à vous appuyer sur des archives orales ?
JM : Vous savez, une archive écrite n’est parfois qu’une archive orale fixée à un temps donné, mais c’est vrai que j’ai fait peu de collecte de sources orales. D’une part, je ne parlais pas la langue car je n’ai pas fait de très longs séjours dans l’archipel et d’autre part, la mémoire des traditions orales est souvent assez courte. Il y a quand même un cheikh de la Grande Comore, cheikh Ahmed Fouahia qui est mort depuis longtemps, qui m’a donné des indications très précieuses sur les anciennes dynasties.
« L’histoire régionale devrait être enseignée, mais il n’y a pas de manuel sérieux enseignant l’histoire locale, ni l’histoire de la période coloniale avec ses ombres et ses lumières »
MH : Ne trouvez-vous pas qu’il y a une sorte d’amnésie historique sur l’histoire de Mayotte avant la présence française, à partir de 1841 ?
JM : Oui. Mayotte était étrangement une île assez délaissée à l’époque française et pourtant le siège du gouvernement colonial se trouvait à Dzaoudzi. On parlait du gouverneur de « Mayotte et dépendances » pendant longtemps. Mais de là à s’intéresser au passé précolonial de l’île, et des autres îles d’ailleurs, il y avait un pas qui n’a pas été franchi. Les Comoriens eux-mêmes, les Mahorais comme les autres, n’étaient pas passionnés par leur histoire, il faut bien le dire. Déjà en 1820, un officier de marine qui s’appelait William Lelieur de Vile-sur-Arce, notait : « Ils ne savent rien de leur passé et lorsqu’on leur en parle, ils rient et croient que l’on veut se moquer d’eux ». C’est assez révélateur de ce manque d’intérêt des insulaires pour leur passé.
MH : Dans quelle mesure pensez-vous qu’il faille enseigner l’histoire locale à Mayotte ?
JM : Les Mahorais ont le droit de connaître leur passé, celui des Comores en général et celui de Mayotte en particulier. Cela va de soi : l’histoire régionale devrait être enseignée. Je crois qu’il y a ici un corps enseignant de grande valeur, mais dans quelle situation peut se retrouver un ouvrier auquel on ne donne pas d’outils ? Il n’y a pas, à ma connaissance, de manuel sérieux enseignant l’histoire locale, ni l’histoire de la période coloniale avec ses ombres et ses lumières. Je peux vous dire que beaucoup d’Européens ont très mal reçu mes travaux, notamment quand je dénonce les abus commis à Mayotte par exemple par les planteurs sucriers du XIXe siècle ou à la Grande Comore par le colon Léon Humblot qui s’était arrogé la propriété de plus de la moitié de l’île.
MH : Pensez-vous qu’il y a d’autres lieux pour apprendre l’histoire locale, en dehors de l’école ?
JM : Il y a une société d’érudition locale, la société des Naturalistes de Mayotte, qui se dévoue pour faire connaître l’histoire des Comores, pour intéresser jeunes et moins jeunes à l’histoire de l’archipel en général et à l’histoire de Mayotte en particulier. Je salue avec respect les efforts de cette société car ce sont des gens qui disposent de moyens assez limités.
« Mayotte devait devenir un centre commercial et un port de guerre et on avait exclu tout avenir agricole, mais en fait c’est dans ce domaine qu’elle a pu donner quelques modestes résultats »
MH : Pensez-vous que les Comores ont été un peu délaissées par la France par rapport à ses autres colonies ?
JM : Certainement. Les Comores étaient une colonie très méconnue, très oubliée et négligée par l’administration coloniale française. On connaît ce mot d’un ministre des colonies en 1906 qui arriva au ministère, et, regardant la carte de l’Empire colonial français, se serait écrié : « Les colonies, je ne savais pas qu’il y en eut tant ! » On peut gager que ce monsieur ne connaissait pas l’existence des Comores. Je me souviens moi-même d’avoir eu une conversation vers 1970 avec un étudiant en sciences politiques qui m’a demandé où cet archipel se trouvait et de quelle puissance coloniale il relevait car il pensait à l’Angleterre…
MH : Pourquoi, alors qu’au milieu du XIXe siècle la France imaginait faire de Mayotte le carrefour de l’océan Indien, l’île ne l’est jamais devenue ?
JM : Les Français ont nourri beaucoup d’illusions quand ils ont poursuivi cette politique des points d’appui – la recherche de positions stratégiques pour la marine – et les milieux coloniaux se sont grisés. Ils ont pensé que Mayotte allait devenir une formidable position militaire, comparable à Malte ou à Gibraltar, et un grand centre commercial comparable à Singapour ou Hong-Kong. Vous remarquez qu’il s’agit surtout de rivaliser avec la Grande-Bretagne. Mayotte est une île isolée au milieu du canal de Mozambique, elle ne commande pas l’accès à une mer intérieure comme Gibraltar, elle n’est pas au centre d’un bassin comme Malte, elle n’est pas aux rives d’un continent peuplé et riche comme Singapour ou Hong-Kong. La modeste flotte basée à Mayotte ne pouvait menacer que les navires qui seraient allés gratuitement s’affourcher sous la volée de leurs canons.
MH : Et contrairement à la Réunion, l’industrie sucrière n’a jamais réussi à décoller véritablement…
JM : Les colons venus à Mayotte sont arrivés trop tard, dans un monde trop vieux, comme dirait le poète. Ils ont consenti des investissements énormes et des efforts très grands pour arriver à une production relativement modeste. Mayotte devait devenir un centre commercial et un port de guerre et on avait exclu tout avenir agricole, mais en fait c’est dans ce domaine qu’elle a pu donner quelques modestes résultats.
MH : Le premier tome de votre ouvrage, qui couvre la période fin XVIIIe jusqu’à 1875, raconte la lutte d’influence entre la France et la Grande-Bretagne et leurs rivalités, et comment les puissances coloniales ont profité des sultans batailleurs et des razzias malgaches pour petit à petit imposer leur domination…
JM : Les rivalités coloniales franco-britanniques se font jour aux Comores comme en bien d’autres lieux. En réplique à l’annexion de Nosy-Bé, puis de Mayotte par la France, les Anglais ont installé un consulat à Anjouan : il y a eu deux consuls pendant une période d’une vingtaine d’années. Puis le consulat a été supprimé en 1867 parce que le deuxième consul, William Sunley était un grand planteur sucrier qui avait un très beau domaine à Pomoni, dans le sud d’Anjouan. Mais on s’est aperçu qu’il employait sur ses plantations environ 600 esclaves, qui n’étaient pas les siens car il avait passé un contrat avec le sultan d’Anjouan, un propriétaire d’esclaves qui lui fournissait de la main d’œuvre contre une rente. C’est quand même un peu ennuyeux pour le consul représentant d’une puissance qui se voulait la championne de la lutte contre l’esclavage, d’employer des esclaves, même si ce sont ceux d’un autre propriétaire. Ce qui fait que M. Sunley a été mis en demeure de choisir entre son poste de consul et sa plantation, et il a choisi la plantation qui était plus rentable que le modeste salaire qui lui était versé par le Foreign Office.
MH : Dans le deuxième tome, qui s’étend de 1875 à 1912, vous évoquez l’instauration du protectorat français et dénoncez notamment les excès de Léon Humblot en Grande Comore. Après l’annexion des trois autres îles par la France en 1912, vous notez qu’on voit pointer l’émergence du nationalisme comorien, qui se fait jour après 1945…
JM : Je ne sais pas si on peut parler de nationalisme. On peut certainement parler de résistance légitime à une domination étrangère et à la confiscation du sol qui l’a accompagnée. Les Comores ont été une colonie très oubliée, très négligée tout simplement car elles étaient une dépendance de Madagascar et que le gouvernement général de Tananarive s’en occupait fort peu, envoyait aux Comores souvent des fonctionnaires qui étaient là en affectation disciplinaire, de sorte qu’elles n’ont pas eu l’élite du corps des fonctionnaires coloniaux, c’est le moins que l’on puisse dire.
« Il y a eu très tôt à Mayotte la conscience d’une histoire particulière, distincte des autres îles de l’archipel »
MH : Avant 1975, pensez-vous qu’il y avait une réelle union politique et économique à travers les quatre îles de l’archipel ?
JM : Il y avait une unité administrative de l’archipel depuis 1912, puisqu’elles étaient devenues une province de Madagascar à ce moment-là. Il n’y a eu d’union politique véritable qu’à partir de la Constitution de 1946, quand les Comores sont devenues un territoire d’Outremer de la République française avec son autonomie administrative et sa personnalité juridique et financière. Et il y a eu un homme d’Etat qui s’est affirmé très tôt, d’abord comme député des Comores, puis ensuite comme chef de gouvernement local lorsque l’archipel a été doté de l’autonomie interne : le président Saïd Mohammed Cheick, un homme d’Etat d’une assez grande envergure. Remarquez que sa mémoire n’est pas encensée à Mayotte car il a quand même commis une bévue : le transfert de capitale administrative du territoire, de Dzaoudzi à Moroni en Grande Comore en 1960-1961. C’était un Grand-Comorien bien entendu. On peut dire que Dzaoudzi était excentré avec une position trop orientale dans l’archipel, mais Moroni est tout aussi excentrée avec une position trop occidentale. Je crois que Mutsamudu à Anjouan aurait fait une meilleure capitale. Toujours est-il que cette « décapitalisation », si j’ose m’exprimer ainsi, a lésé les Mahorais qui en ont eu un très vif ressentiment et à partir de ce moment-là, un désir probablement d’écrire leur Histoire à part.
MH : Au regard de l’Histoire, comment expliquez-vous que Mayotte ait choisi de rester française ?
JM : Le mécontentement suscité à Mayotte par le transfert de capitale effectué par Saïd Mohammed Cheick a renforcé le sentiment qu’avaient les Mahorais que leur Histoire était un peu distincte de celle des trois autres îles. Il y a eu très tôt à Mayotte la conscience d’une Histoire particulière distincte des autres îles de l’archipel qui étaient des sultanats. Les Mahorais étaient sous la domination française depuis 1841, alors que les trois autres îles n’étaient devenues protectorat qu’en 1886. Un protectorat qui avait d’ailleurs très mal fonctionné : il y avait eu une révolution à Anjouan en 1891, on a vu des mouvements de résistance à la mainmise de Humblot à la Grande Comore et des incidents ont également éclaté à Mohéli.
Donc les Mahorais avaient le sentiment malgré tout d’une Histoire un peu distincte qui a fait naître une conscience particulière à Mayotte et très vite un parti d’opposition au gouvernement local comorien, quand l’archipel n’était pas encore indépendant, s’est fait jour. Evidemment les colons, souvent Réunionnais ou même Nantais, se sont mal comportés envers la population, mais quoi qu’il en soit, cela a créé le sentiment d’une Histoire particulière. Il me souvient d’avoir écrit en 1969 un article dans le numéro 44 de la revue d’études politiques africaine où je disais que l’indépendance ne paraissait pas souhaitée par les dirigeants comoriens, mais que si tel était le cas, la sécession de Mayotte serait inévitable. Vous me direz que mon métier est de connaître le passé, il n’est pas de prévoir l’avenir et de jouer les prophètes mais je crois que la suite des événements sur ce point-là m’a donné raison.
Propos recueillis par Julien Perrot
14/11/2008 – Semaine de la sécurité publique
C’est la première fois qu’une telle semaine est organisée à Mayotte et en France en général. En effet, les actions se concentrent habituellement sur une des facettes de la sécurité – routière, civile ou intérieure – mais cette année la préfecture innove en organisant une semaine entière consacrée à la sécurité de toute la population et va faire de la prévention contre tous les types de risques qui menacent chaque jour les habitants de l’île.
Il a ainsi été décidé de rassembler sur une même période trois manifestions organisées au niveau national de manière séparée. Le directeur du cabinet de la préfecture Jean-Paul Normand explique qu' »ici, on a pensé qu’il n’était pas inintéressant de tout faire ensemble puisque ce sont souvent les mêmes participants qui interviennent. Le but cette année est de concentrer sur un court moment un certain nombre d’évènements. » Durant cette semaine, deux objectifs doivent être remplis : assurer une meilleure connaissance des acteurs de la sécurité et sensibiliser les jeunes aux risques routiers, naturels, technologiques, sanitaires et maritimes.
Pour remplir ce double objectif, deux types de manifestations ont été mises en place : la sensibilisation sur certains sites ou dans les établissements et la découverte des missions et de l’environnement des acteurs de la sécurité.
Sensibilisation aux risques routiers, naturels, technologiques, sanitaires et maritimes
En ce qui concerne la sécurité routière, il s’agit avant tout de sensibiliser le jeune public qui, selon la préfecture, paie encore le plus lourd tribut sur la route. Trois types d’actions de prévention seront mis en place : la présentation du principe de prudence dans le code de la route, l’amélioration de la sécurité des usagers les plus vulnérables et le renforcement de la sécurité des cyclistes.
Quant à la sécurité civile, l’accent sera mis sur la prévention des risques liés aux cyclones ainsi que des risques majeurs qui concernent la population au quotidien, c’est à dire les dangers domestiques, naturels, sanitaires… De nombreux fascicules seront distribués aux visiteurs afin de les informer sur ces dangers. Enfin, pour la sécurité intérieure, l’intérêt va être de mieux faire connaître le personnel chargé de son respect, soit les policiers, gendarmes, pompiers et bien d’autres, ainsi que de mettre en lumière la modernisation des moyens et la coopération des services de sécurité. Par ailleurs, au contraire de la Métropole, cette semaine se fait durant la période scolaire afin d’être sûr que le public soit au rendez-vous.
Un aspect ludique pour mieux faire passer le message
De nombreux évènements vont se dérouler au sein d’établissements scolaires, comme la sensibilisation sur l’usage des passages piétons, la sensibilisation des parents sur le port de la ceinture de sécurité des enfants, la prévention concernant les deux roues et l’équipement obligatoire, la drogue, les gestes éco-citoyens. Une trentaine d’établissements scolaires vont participer à cette semaine en accueillant de nombreux intervenants.
« Il y a un fort engouement pour cet événement. Tous les jours, des établissements appellent pour essayer d’accueillir des activités », explique M. Normand. C’est par exemple le cas du collège de Kani-Kéli dont une classe a réalisé un petit film sur la sécurité pour apporter sa pierre à l’édifice (voir encadré). Des sorties seront proposées aux élèves qui pourront se rendre sur certains sites grâce au concours des transports scolaires.
Cette semaine de prévention sera ponctuée, le mercredi 19, d’une journée d’intervention à la MJC de M’gombani qui accueillera de nombreux stands et animations présentés par des associations de secourisme et des services de l’état comme la Dass, les pompiers, la police, la gendarmerie, l’école d’infirmiers et bien d’autres.
On pourra observer durant toute la semaine des simulations d’opérations des services de l’état comme la démonstration des missions du peloton d’intervention de la gendarmerie (mercredi) ou la simulation d’un naufrage (le 20 en rade de Mamoudzou). La station Météo France ouvrira également ses portes durant la semaine.
Pour finir, la semaine sera clôturée les vendredi 21 et samedi 22 par des opérations Sam. Ce sont des soirées de prévention dans les bars qui, sur la base du volontariat, proposent aux conducteurs de conclure un pacte : ne pas boire d’alcool de la soirée (ses boissons non alcoolisées lui sont offertes) et faire un éthylotest à la sortie. Ce sera le vendredi à Koropa et le samedi au Mahaba.
Julie Baron
Les élèves scénaristes de Kani-Kéli
Une classe de 3ème du collège de Kani-Kéli a réalisé, à l’occasion de la Semaine de la sécurité, deux clips sur la sécurité routière.
A l’origine de ce projet, il y a la préfecture. Au mois de mars dernier, celle-ci lance un appel à projets pour la réalisation de cinq clips et d’un petit film sur la sécurité routière et, plus particulièrement, les conduites à risques causées par l’alcool et les drogues. Deux professeurs du collège de Kani-Kéli ont répondu à cet appel, entraînant avec eux une de leur classe.
Les dynamiques 3ème 7, encadrés par leurs professeurs plus que motivés, Valérie Calles et Antonio Da Silva Melendo, respectivement professeur d’espagnol et d’histoire-géographie, ont pris quatre jours sur les dernières vacances scolaires pour réaliser ces clips. « Nous avons été frappés par l’augmentation du chiffre des accidents dus à l’alcool et à la drogue. En 2007, 20% des accidents avaient pour cause l’alcool ou les drogues », explique Antonio Da Silva Melendo.
Marre d’être des cibles sur la route
« Notre but était non seulement de sensibiliser les jeunes aux problèmes de l’alcool au volant, mais également de montrer à ces élèves les métiers touchant à la réalisation, au montage. Il y avait derrière tout ça un projet pédagogique. L’année de 3ème est importante car on doit faire des choix d’orientation et c’est bien de pouvoir élargir le choix des élèves en leur montrant ces métiers », indique M. Melendo.
Les 28 élèves, assistés d’un caméraman et un ingénieur son de la société Clap qui a monté les clips, ont participé activement à l’élaboration de ceux-ci. Ils ont tout d’abord écrit les scénarii, puis en ont été acteurs et, enfin, ils ont fait les voix off. De plus, tout le matériel, le décor, a été apporté par les élèves et les professeurs.
Le premier clip, « Le voulé », met en scène ces jeunes qui font la fête puis qui ont, en rentrant simplement chez eux, un accident mortel. Le second montre une jeune fille fredonnant « Une souris verte » qui, on s’en rend compte à la fin, est handicapée à vie à cause d’un – malheureusement – trop banal accident de la route. Deux clips chocs mais issus de la vision d’élèves qui en ont marre d’être des cibles sur la route.
Ces deux clips seront présentés mardi prochain à tout le collège de Kani-Kéli. S’ils ont plu à la préfecture, il se peut qu’on les aperçoive bientôt sur RFO et que tous les établissements de l’île les diffusent aux nombreux élèves. En outre, les 3 clips et le petit film restant à faire pourraient également être confiés à cette même classe. C’est ce qu’espèrent le professeur qui assure que tout le monde à fait son maximum.
Julie Baron
14/11/2008 – Fête des 10 ans de Musique à Mayotte
« La folie de ce projet était de proposer à tous ces artistes d’être dans un gîte pendant 8 jours pour travailler ensemble et faire un concert conçu comme un voyage symphonique ». Grâce à cette idée originale qui lui a demandé près d’un an de préparation pour aménager les horaires des uns et des autres et trouver des financements, Cécile Pelourdeau, la directrice de Musique à Mayotte, a proposé au public un concert grandiose pour les 10 ans de son école de musique. Avec 13 artistes professionnels sur scène et la participation des élèves de la classe à horaires aménagés musique du collège de Doujani au chœur, un tel spectacle est du jamais vu sur l’île aux parfums.
Cette semaine de résidence-création dans un gîte situé dans la forêt, au-dessus de Vahibé, a été conçue dans le prolongement du festival Milatsika par des artistes qui se connaissent bien mais n’avaient encore jamais travaillé ensemble : le Grand-Comorien Maalesh qui a remporté le premier Prix Musique océan Indien 2007, Trio qui a participé aux Francofolies de la Rochelle en tant que représentant mahorais de « 9 semaines et 1 jour » édition 2008, Mikidache figure incontournable de la musique locale et co-auteur avec M’toro Chamou de l’album « Tsenga », et le prodige Diho qui depuis 8 mois est de retour au bercail et fait partie des trois premiers sélectionnés aux « Tremplins Musiques Sacem Mayotte » qui se sont déroulés il y a 15 jours en parallèle du Fim.
Autour de ces quatre figures représentant l’essence de la musique de l’archipel, le sextuor Campana a apporté une touche unique, mêlant harmonieusement la musique classique aux rythmes africains. Le sextuor est composé de Liza Kerob, premier violon solo de l’orchestre de Monaco, Sharman Plesner, une altiste américaine de renom qui a 15 albums à son actif, Kerstin Elmqvist, violoncelliste suédoise solo, Odile Bruckert, flûte solo de l’orchestre d’Avignon, Pierre Laïk, pianiste qui a été professeur de musique à Mayotte pendant 4 ans, et Vinh Pham, violoniste solo d’origine vietnamienne qui fait partie, entre autres, de l’orchestre de Marseille, et qui a travaillé avec Henri Slavador ou Eddy Mitchel.
Des grands noms qui, après avoir interprété des œuvres de Brahms ou César Franck lors d’un concert au conseil général vendredi dernier, se sont essayés à l’accompagnement de musiques actuelles.
Une semaine de partage inoubliable
Tous les artistes qui ont participé à ce projet se souviendront longtemps de cette semaine de partage au gîte de Kwalé. Mikidache explique que cette résidence-création a permis de « découvrir la personnalité de chaque musicien et sa perception de son instrument. On a pris le temps de savoir ce que le classique harmonique pouvait apporter à notre rythmique, pour que chacun trouve sa place ». Vinh Pham, qui est venu à Mayotte pour la cinquième fois, se souvient des compositions modernes qu’il avait faites ici avec par exemple le Boléro de Ravel interprété avec Lathéral : « Cette année, c’est la même chose mais puissance 10 ! Cette expérience nous ouvre, nous fait sentir des couleurs et des harmonies qu’on n’a pas l’habitude d’entendre sur nos instruments. Là, c’est la première fois que le sextuor est activement joint au noyau du groupe pour apporter notre touche, notre inspiration, notre fantaisie, tout en restant harmonieux car il n’y pas besoin d’ajouter du contraste : il existe déjà ».
Anne-Lise Leka, qui fait partie du duo réunionnais Mang’Zoreil avec Kti Leda, constate pleine d’enthousiasme qu’elle « a adoré ce pont avec les musiciens d’ici. On ne connaissait pas toujours la traduction des mots qu’on chantait, et pourtant nous avons pu le faire, même s’il a fallu répéter jusqu’à trois heures du matin parfois. Avec Kti, on s’est sentie comme des interprètes entre le sextuor qui compose sur des partitions et les artistes d’ici qui n’écrivent pas. C’était un vrai bonheur, très intense émotionnellement. Oussi Shangué ! (« On reviendra ! ») ».
Les élèves du collège de Doujani, tous surmotivés, ont entraîné le public dans leurs danses et dans leurs chants en interprétant les chœurs de 4 morceaux. Tout le public s’est levé à la dernière chanson pour danser, malgré une climatisation défaillante. Ce spectacle exceptionnel a pu voir le jour grâce au financement du Fonds d’aide aux échanges artistiques et culturels pour l’Outremer (FEAC), aux affaires culturelles de la préfecture et à la direction jeunesse et sport de la CDM. Deenice, l’ingé-son, a proposé de mixer ce concert pour en sortir un album. A la fin du mois de mai, les élèves de Doujani, une classe créée grâce au soutien du service culturel, présentera un spectacle final pour les 10 ans de Musique à Mayotte, avec Nawal comme invitée.
Julien Perrot
13/11/08 – Le gouvernement refuse de doubler les crédits alloués à la CREC
Créée par une ordonnance de mars 2000, la Crec aurait du avoir rempli sa mission cette année. Le retard pris dans son action apparaît clairement comme un obstacle de taille à la départementalisation de Mayotte. "C'est une question qui préoccupe tous les députés", a confié M. Aly. De son côté, Yves Jégo "est d'accord sur le fond", selon M. Aly. "Il constate qu'il 'y pas eu de travail concret rendu en sept ans". Un constat qui a conduit le secrétaire d'État à demander un rapport détaillé de la situation au préfet Denis Robin, afin d'envisager de nouvelles pistes d'ici la fin de l'année. Une initiative qui, si elle est nécessaire, ne sera pas suffisante selon le député du Modem : "Il faut que la France respecte les lois de la République. L'état civil doit se faire par les voies normales, et la Crec, qui est une disposition particulière, n'a plus lieu d'être dans un territoire qui observe les règles de droit commun administratif", a-t-il martelé.
12/11/08 – Les députés soulignent la nécessité d’un état civil fiable
Plusieurs députés soulignent la nécessité pour la collectivité départementale de Mayotte de disposer d'un état civil fiable dans la perspective de sa départementalisation. "La départementalisation est impensable, je répète, impensable, si l'on n'a pas préalablement établi un état civil fiable", a mis en garde vendredi soir le député (app. PS) René Dosière, lors de l'examen du budget de l'outre-mer à l'Assemblée nationale. "Entre la réalité qui existe sur le terrain et la perception que l'on a de cette réalité à Paris, il y a un gouffre", a déclaré M. Dosière. "Si nous faisons la départementalisation de Mayotte sans avoir réglé au préalable le problème de l'état civil, nous irons à la catastrophe", a-t-il averti. La ministre de l'Intérieur et de l'Outremer Michèle Alliot-Marie a reconnu le 21 octobre devant la commission des Lois que "l'état civil n'est valablement établi que pour environ la moitié de la population", ajoutant que le gouvernement allait "essayer d'accélérer le travail de la commission de révision de l'état civil". Même si l'attribution du RMI "n'interviendra pas à court terme" selon elle en cas d'un oui, plus que probable, lors du referendum, "il est nécessaire que l'identité des demandeurs soit connue avec certitude".
Or, souligne Didier Quentin (UMP), dans un rapport pour avis, la commission de révision de l'état civil ne dispose que d'une quarantaine de rapporteurs et d'un secrétariat de "cinq agents". Selon Victorin Lurel (PS), "25.000 actes seulement ont été produits depuis 2000", dans un territoire où coexistent deux types d'état civil, un musulman et un classique. "La commission a été incapable, en sept années, de répondre à la demande des Mahorais", a souligné le député de Mayotte. "L'Insee nous dit que Mayotte compte 190.000 habitants. Mais on se demande comment on peut recenser la population de Mayotte", a relevé M. Dosière, qui a présidé une mission d'information sur l'immigration à Mayotte en 2005. Selon lui, "dès qu'un fonctionnaire ou quelqu'un représentant l'ordre public met les pieds dans les bidonvilles, tout le monde fuit partout". En réalité, affirme M. Dosière, le nombre de clandestins "augmente chaque année". Il représente "en gros un tiers de la population". Lorsque l'on compare le nombre d'électeurs inscrits avec la population, le rapport se situe à 34%, alors que ce taux est compris entre 60% et 70% dans tous les autres départements français, y compris ceux d'outre mer, souligne-t-il.
Le député de l'Aisne a raconté l'histoire savoureuse d'un Mahorais voulant se faire naturaliser français dont l'acte de naissance présenté à un magistrat le faisait apparaître comme "plus âgé que sa mère". "Quelques jours après, l'intéressé est revenu avec un acte de naissance parfaitement bien fabriqué et qui lui permettait de pouvoir acquérir la nationalité française". "Dans ces conditions, le problème n'est pas tellement de savoir si les papiers sont vrais ou faux -on a le sentiment que la plupart sont faux- mais de savoir s'ils sont vraisemblables ou pas", a-t-il dit, sans rire. "La commission de révision de l'état civil obtient des résultats qui me laissent perplexe", a affirmé le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yves Jégo, qui a demandé au nouveau préfet de Mayotte un rapport avant la fin de l'année.
11/11/08 – Adoption du budget de l’outre-mer
10/11/08 – Effort budgétaire pour Mayotte en légère baisse
Pour 2009, il est prévu une dotation en baisse, à 635,008 millions d'euros. Selon le "document de politique transversale" du ministère du budget, la hausse importante de la dotation en 2008 par rapport à 2007 tient à la ligne "enseignement privé du premier et second degrés", qui a bénéficié de 178,300 millions d'euros en 2008, contre 0 en 2007. Selon M. Quentin, qui s'appuie sur les chiffres du ministère du budget et du secrétariat d'Etat à l'outremer, c'est Saint-Pierre-et-Miquelon (6.125 habitants) qui bénéficie par habitant de la dotation la plus importante (8.000 euros).Mayotte, où le PIB par habitant est le plus faible (3.960 euros), reste la collectivité la moins bien lotie en termes de dotation budgétaire (3.405 euros). Entre les deux, toujours par habitant, on trouve la Guadeloupe (5.468 euros de dotation), la Martinique (4.600 euros), la Guyane (5.239 euros), La Réunion (5.110 euros), la Polynésie française (5.316 euros), la Nouvelle-Calédonie (4.568 euros) et Wallis-et-Futuna (6.225 euros). M. Quentin rappelle que "l'effort de l'Etat par habitant est mécaniquement plus important dans les collectivités présentant une faible population et des contraintes géographiques exceptionnelles telles que Saint-Pierre-et- Miquelon et Wallis-et-Futuna".
07/11/08 – Koungou dit adieu à la saleté
La commune de Koungou est la deuxième à mettre en place l'opération de nettoyage lancée par la Dass à destination de toute l'île. Baptisé "Kwaheri tsama-karibou ourahafou", soit "Adieu la saleté- bienvenue à l'hygiène", le programme qui réunit Etat, CDM, collectivités locales, organismes, entreprises, associations…et population, doit permettre la suppression de tous les déchets non collectés sur le territoire afin d'améliorer d'une manière pérenne les conditions de salubrité, par la responsabilisation et la conscientisation de la population. L'opération comprend plusieurs étapes : la remise en état de décharges existantes pour recevoir les déchets collectés, l'enlèvement des carcasses de véhicules, le nettoiement des ravines et des exutoires, le faucardage des bas côtés des routes et l'entretien des caniveaux, assurés par les agents de la DE et ceux des services techniques des communes. Enfin pour que cette action ne soit pas qu'une opération ponctuelle où les services de l'Etat se substituent aux responsabilités des collectivités, il est proposé aux maires de veiller à la gestion réglementaire des déchets. Le weekend dernier, la commune de Dzaoudzi-Labattoir a inauguré l'opération de nettoyage, elle a aboutit à la collecte de 300 mètres cubes de déchets divers qui correspondent pour certains syndicats d'ordures ménagères à environ plusieurs jours de collectes normales, et de 150 tonnes d'encombrants et monstres. 30 rotations de 8 camions appartenant à la Sogea, Mayotte Nettoyage, le Sivom Petite Terre et le service environnement de la commune, vers la décharge des Badamiers ont conduit à ce résultat. Ce samedi c'est au tour de Koungou, qui appelle ses habitants à participer à partir de 7 heures.
UNE Mayotte Hebdo N°403 – Vendredi 07 novembre 2008
Départementalisation
Les partis se mobilisent
> Politique – L'UMP en reconstruction (Dossier 3 pages)
> Evénement – Mayottehebdo.com en ligne
> Tourisme – Les croisières ne s'amusent plus
> Education – La grève des instits dans l'impasse
> Nouvelles énergies – Mayotte, leader ultramarin du solaire
07/11/2008 – Départementalisation : Congrès des élus de Mayotte
Samedi soir et dimanche matin, la MJC de M’Gombani était comble pour ce congrès célébrant les 50 ans de la demande de départementalisation de Mayotte, même si très peu d’élus mahorais étaient présents. Seuls trois maires et un conseiller général ont répondu à l’appel du député Abdoulatifou Aly : Ibrahim Aboubacar, conseiller général de Sada et qui s’est dit plusieurs fois fils spirituel de Younoussa Ben Ali qui a fait partie du congrès de Tsoundzou, Mohamadi Bacar M’colo, maire de Dzaoudzi-Labattoir, Roukia Lahadji, maire de Chirongui et Ramlati Ali, maire de Pamandzi.
Même si les personnalités attendues ne sont pas venues, le député n’a pas manqué de verve pour défendre ses positions face à une assemblée composée essentiellement de personnes acquises à sa cause. Tout au long de la soirée et le lendemain matin, les déclarations se sont succédées pour défendre la position que les représentants politiques de Mayotte portent en eux depuis 50 ans et réclamer l’application stricte de la loi républicaine et du droit commun. Les élus réunionnais conviés par le député ont pu également faire part de leur expérience d’une départementalisation acquise en 1946.
Marcel Henry, ancien sénateur de Mayotte qui a fait partie du Congrès des notables de 1958, a pris la parole en premier pour rappeler qu’à cette époque « la voie de l’indépendance en vigueur dans le Tiers monde n’a pu nous être imposée ». Il a rendu un vibrant hommage à ses compagnons de lutte et au combat historique des Mahorais, rappelant que l’avènement de la Constitutionla Vème République a permis à Mayotte de réclamer légalement son changement de statut. « Je souhaite vivement que cette départementalisation, depuis si longtemps attendue, devienne une réalité concrète », a-t-il conclu sous les applaudissements.
Bayrou : « La France ne peut laisser cette déclaration d’amour sans réponse »
François Bayrou, le président du Modem, s’est ensuite exprimé pour rappeler que d’éminentes personnalités de sa formation politique, tel Alain Poher, ont relayé la cause départementaliste à Paris et a salué le combat des pères de la départementalisation : « Cette décision des sages de Mayotte de dire : nous voulons être Français, et même être pleinement Français, c’est pourquoi nous voulons être département, il faut mesurer ce qu’elle avait d’incroyable dans l’Histoire. En 1958, nous étions en pleine vague d’indépendances et cette petite île de l’océan Indien décide toute seule, contre vents et marées, contre le cyclone qui balayait en ce temps, de dire : nous voulons résister dans notre identité à la France. C’est quelque chose que l’Histoire retiendra, pas seulement dans celle de Mayotte, mais dans l’Histoire de tous les peuples. Ce combat poursuivi sans jamais fléchir et faiblir, c’est quelque chose qui ne devrait pas laisser indifférents ceux qui gouvernent la France. Une telle déclaration d’amour venant d’un peuple géographiquement et culturellement différent de la France a quelque chose de profondément émouvant : la France ne peut laisser cette déclaration d’amour sans réponse ».
Le député des Pyrénées Atlantiques a ajouté que « lorsque le peuple mahorais se sera prononcé, alors il ne faudra pas tergiverser pour donner une réponse. Je suis pour qu’on réponde « oui » à la demande des Mahorais et en faire un département français. Il faudra réfléchir avec les élus pour étudier les formes de la fiscalité et éventuellement l’organisation du RMI, mais ce n’est pas un bienfait pour une société que le département soit seulement un distributeur d’allocations. Il faut établir une priorité : l’éducation. C’est à partir de la volonté d’éducation que la grande Histoire de Mayotte sera portée par un grand élan », a tenu à souligner cet ancien ministre de l’Education nationale.
Pour lui, le 101e département doit être « construit dans une co-responsabilité entre les élus et le gouvernement. Nous avons besoin de cette réflexion, au-delà des frontières politiques passagères et des étiquettes politiques parfois mouvantes pour discuter en toute liberté dans un sentiment de respect réciproque. » François Bayrou a ensuite déclaré qu’il était « profondément ému » de fêter ce 50e anniversaire, « une année qui j’espère sera l’année pendant laquelle Mayotte sera devenue, au su et au vu de tous, un département au sein de la République française. »
Et l’ancien candidat à l’élection présidentielle de conclure : « Je ferai tout ce que je peux pour défendre cette orientation. Je serai toujours aux côtés des élus mahorais pour que Mayotte ait le destin qu’elle a souhaité il y a 50 ans ».
« Le département va assurer des conditions de vie meilleures pour la population »
Ibrahim Aboubacar, conseiller général de Sada et rapporteur du comité sur la départementalisation a ensuite pris la parole pour prononcer un discours mémorable (voir extraits) dans lequel il a martelé : « »Nous ne doutons pas que la population de Mayotte votera massivement pour la départementalisation ! » A sa suite, le député Abdoulatifou Aly a affirmé que « nous ne connaissons qu’un seul type de département et c’est celui-là que nous voulons, comme en Métropole et à la Réunion. On ne peut pas nous le refuser. Nous, les Mahorais, même si nous sommes musulmans, même si nous avons de grands handicaps en matière d’éducation ou en matière de développement, nous sommes autant Français que Nice et la Savoie qui sont devenus Français bien après nous ! »
La délégation d’élus réunionnais est ensuite intervenue à la tribune. Thierry Robert, vice-président du conseil général délégué au logement et à l’habitat et maire de Saint-Leu, a affirmé que « le département va assurer des conditions de vie meilleures pour la population », avec notamment des moyens conséquents pour l’éducation. « Même s’il y a des inconvénients et des devoirs, les avantages sont extrêmement importants car vous pourrez bénéficier d’aides accrues du gouvernement. Il y a des côtés négatifs comme les impôts locaux, mais à côté de cela les avantages seront importants. Un département a des domaines de compétence comme la petite enfance, les personnes âgées, les réseaux routiers, le logement : tous ces domaines vont connaître une amélioration considérable. »
Thierry Robert a également proposé son soutien logistique pour monter un « Pacte mahorais », à l’image du « Pacte Réunion », pour améliorer les habitats insalubres et construire des logements neufs : « Nous sommes déterminés à vous venir en aide pour partager notre expérience. Les élus réunionnais sont disposés à aider nos frères de l’océan Indien ». Le maire de Saint-Leu a ajouté que la consultation de mars 2009 est « chance inouïe qu’il ne faut pas laisser passer. Il vous manque l’égalité sociale. Il n’y a qu’un seul type de département en France, donc il n’y a pas lieu de dire qu’il faudra faire des étapes ou aménager un calendrier. Il faut que vous vous battiez pour que le gouvernement actuel prenne acte de la départementalisation dans les plus brefs délais ».
« Quand la Réunion est devenue un Dom en 1946, elle était bien moins développée que Mayotte aujourd’hui »
Wilfrid Bertile, vice-président du conseil régional et ancien député de la Réunion, auteur d’une thèse de doctorat en droit sur la départementalisation, a rappelé que « Mayotte était un peuple avant que les Français n’arrivent, contrairement à la Réunion, et c’est votre richesse, ce qui fait votre force. Le département est un statut très centralisateur qui nivelle les différences et il vous faut conserver votre identité », a-t-il prévenu. Il a également souligné que le statut de département permet d’accéder aux financements européens grâce au statut de région ultra-périphérique de l’UE : « A la Réunion, les deux tiers des investissements publics sont des crédits européens aujourd’hui », a-t-il constaté.
Le juriste a également rappelé que « quand la Réunion est devenue un Dom en 1946, elle était bien moins développée que Mayotte aujourd’hui. Ce retard économique avait été exploité au départ par les opposants à la départementalisation car le sous-développement a perduré jusqu’aux années 1960. Mais sur le plan économique, culturel et social, la départementalisation a été un grand succès. Il y a eu des progrès considérables dans l’éducation et la santé et un recul de la misère grâce à la politique sociale. »
Wilfrid Bertile a néanmoins souligné qu’au niveau économique, la départementalisation a été un échec car « on ne décrète pas le développement économique, il faut des projets. Il est urgent de mettre en place un projet économique ici avec vos atouts dans la pêche et le tourisme. La main d’œuvre sera plus chère, mais il y aura une meilleure productivité ». Il a également prévenu que la Réunion n’est pas toujours un modèle car le chômage y est très important et que les inégalités sociales se creusent avec des conséquences négatives comme l’augmentation de la délinquance.
Jean-Yves Morel, conseiller municipal à la Possession, est ensuite monté à la tribune pour affirmer que les Mahorais ne doivent pas avoir peur de perdre une partie de leur identité culturelle car son expérience à la Réunion lui a prouvé que c’était faux. Pour lui, au contraire, grâce à la départementalisation opérée à la Réunion, « le créole est plus facile à défendre. Vous pourrez mieux défendre votre identité quand vous serez département. Je suis intimement convaincu qu’après avoir passé l’étape de la départementalisation, c’est plus facile de vivre son identité ». D’autant que pour lui, « les relations entre nos collectivités locales et l’Etat sont aujourd’hui sur un pied d’égalité, dans une co-responsabilité, et c’est ça que la départementalisation pourra vous apporter ».
« Nous voulons provoquer un sursaut pour que la loi républicaine s’applique ici »
Le député Abdoulatifou Aly a ensuite parlé au micro pendant un long moment (voir extraits), sans véritablement engager de débat avec le public, constitué principalement de Mahoraises qui ne comprenaient pas bien le français et qui sont rapidement sorties de la salle. Ce qui ne l’a pas empêché de lancer des diatribes virulentes contre le gouvernement qui n’applique pas avec zèle les lois de la République sur le sol mahorais, notamment en ce qui concerne la formation des instituteurs qui, par leur manque de qualifications, explique que le public dans la salle ne comprenne pas bien la langue de Molière. Le député a résumé les revendications des élus mahorais en déclarant : « Nous voulons provoquer un sursaut pour que la loi républicaine s’applique ici. »
Les débats se sont clos vers 0h30 et un maoulida ya chengué constitué de danses et chants traditionnels a eu lieu toute la nuit, jusqu’à la reprise des déclarations officielles le dimanche matin, qui ont largement repris les propos tenus la veille. Si les élus et le public mahorais n’ont pas vraiment été à la hauteur de ce congrès, force est de constater que l’initiative du député a eu le mérite d’engager le débat, au moins d’apporter des éléments intéressants à la réflexion, en vue de préparer la population à la consultation décisive du mois de mars.
Julien Perrot
Extraits du discours d’Ibrahim Aboubacar, conseiller général de Sada, rapporteur du Comité sur la départementalisation
« Il faut expliquer les avantages et les inconvénients de la départementalisation, nous dit-on, mais je voudrais tout simplement rappeler que, certes ce débat sera pour nous l’occasion d’un questionnement sur nous-mêmes, mais ce débat dépasse largement cette dimension-là. Il sera aussi un questionnement de la France, un questionnement de ses valeurs, un questionnement de la façon dont elle applique ses valeurs entre tous ses citoyens. Et c’est d’ailleurs pour cette raison-là que nous avons souhaité un débat parlementaire parce que cela est prévu dans les textes et dans la loi qui régit actuellement Mayotte. Nous souhaitons que ce débat puisse être organisé à l’Assemblée nationale pour que la représentation nationale également puisse avoir l’occasion de se positionner et de réfléchir sur ce que signifie pour la France la départementalisation d’une île peuplée de musulmans, de Français d’origines diverses et qui au fond d’elle-même clame son rattachement à la France. »
« On nous parle de la laïcité, on nous parle de l’égalité entre les hommes et les femmes, on nous parle de la fiscalité, mais les Mahorais n’ont jamais dit : nous voulons être dans la République française et ne pas honorer les devoirs des citoyens. Tous les Mahorais comprennent que dans la vie il y a des avantages et des inconvénients. Et ceux qui agitent ces éléments-là comme matière à effrayer la population, je crois qu’ils n’ont pas compris que la population est très avertie de cela. »
« Nous savons bien que derrière cela, deux questions sont murmurées : la question internationale et la question financière. Lorsque la départementalisation des quatre vieilles colonies a été réalisée en 1946, notre pays sortait de la guerre : il était détruit mais il était debout. Et la décision de la départementalisation des quatre vieilles, c’était une décision politique qui donnait du sens à la relation que la France voulait nouer avec des populations qui avaient montré leur attachement à être aux côtés de la France dans des moments difficiles. Notre attachement, cela fait 50 ans que nous le disons en voulant être département d’Outremer. Et quelles que soient les difficultés que traverse notre pays, nous serons là, dans notre pays, pour les vivre car si nous voulons être dans la France, c’est pour y vivre dans les instants de bonheur et de malheur. Nous sommes parfaitement en mesure et en situation de comprendre ce que peuvent être les difficultés de la nation. Ce que nous demandons tout simplement, c’est que la nation ait un langage d’honnêteté vis-à-vis de ses enfants de Mayotte parce que s’il y a quelque chose qui déstabilise Mayotte, ce ne serait pas l’instauration des dispositifs dignes pour aider les populations qui en ont besoin, c’est plutôt l’absence de ces dispositifs qui font qu’aujourd’hui beaucoup de Mahoraises et de Mahorais quittent Mayotte, vont à la Réunion ou ailleurs et cela déstabilise beaucoup plus notre territoire. »
« Il y a des espaces de vie, il y a des situations ici qui ne sont pas dignes de notre nation. Et c’est pourquoi je dis que le gouvernement nous interrogera autant nous-mêmes que notre pays et que la façon dont notre pays respecte les valeurs de la République sur ce sol. »
« On nous dit : « la question internationale » mais nous savons très bien que jamais les Comoriens ne seront heureux à l’idée que Mayotte soit un département français d’Outremer. Ce n’est pas notre problème, nous continuons notre chemin, ils continuent le leur, nous vivons en bon voisinage mais nous n’entendons pas que notre sort, après que nous ayons décidé qu’il ne soit pas lié au leur, soit mêlé au leur dès lors que nous parlons de développement économique ou des questions d’intégration dans la République. Notre modèle, ce sont les départements français d’Outremer et notamment la Réunion. Nous évoluerons avec eux lorsque la réglementation évoluera, mais pour l’heure nous souhaitons que le droit commun de la République soit appliqué à Mayotte. »
« La seule chose que nous demandons, c’est qu’une fois que nous aurons fait notre choix, ce choix soit respecté par tous, à commencer par les dirigeants de la nation, que le gouvernement en tire les conséquences dans l’année qui suit et non pas à nouveau au terme de 10 ans. »
Extraits des différentes interventions d’Abdoulatifou Aly, député de Mayotte et organisateur de ce Congrès des élus
« Les Mahorais de Métropole ou de la Réunion peuvent s’inscrire dans les communes pour pouvoir voter à Mayotte à une consultation, même s’ils restent inscrits sur les listes électorales où ils habitent. »
« Pourquoi à Mayotte on est incapable de donner aux Mahorais un maître qualifié pour donner un enseignement satisfaisant du français ? C’est honteux, c’est scandaleux ! Comment la Francela Constitution et nous refuser l’accès à cette langue ? Toutes les langues locales sont garanties en France sauf à Mayotte, c’est une inégalité de traitement ! C’est scandaleux ! L’Etat français est le premier à violer la loi sur ce territoire ! » peut-elle avoir le toupet de ne pas nous donner de maîtres qualifiés ? Comment peut-on inscrire le français comme langue nationale dans
« Comment peut-on accepter cela ? Dans le cadre du département, si la France ne respecte pas la loi, c’est la Cour européenne des droits de l’homme qui condamnera la France. Comment la France peut-elle accepter que les Bretons aient leur langue et leur culture et refuser la même chose pour nous ? C’est inscrit dans la Constitution. La France que j’aime a dans son article 1erLa France est un pays où n’importe qui, y compris les responsables au gouvernement, doit respecter la loi. Il y a deux types d’écoles ici, avec des maîtres qui ne sont pas formés comme il faut. Comment l’Etat français peut-il oublier ce devoir inscrit dans la Constitution ? » l’interdiction de distinguer les gens et nous garantit la diversité. C’est cette France-là dont nous avons besoin à Mayotte, car nous ne la retrouvons pas ici, c’est pour ça qu’il faut devenir un département.
« L’évolution institutionnelle en France doit être démocratique, on ne peut pas nous refuser le département si les Mahorais le choisissent. Le monde entier fera comprendre à la France qu’elle ne peut pas nous refuser, nous, de devenir un département si nous le souhaitons. »
« En France, il n’y a qu’un type de département, à Mayotte aussi. Si ce n’était pas un statut intéressant, nos amis réunionnais ne l’auraient pas choisi. Les Mahorais qui s’exilent à la Réunion l’ont bien compris en s’exilant là-bas. »
« Si nous avons la liberté de choisir notre destin, nul n’est mieux placé que nous-mêmes pour savoir ce que nous avons choisi. La France que nous aimons, que nous avons appris à aimer, c’est celle qui respecte le choix des populations et qui est fière de mettre en œuvre le droit et la loi française. Si nous réclamons depuis 50 ans la départementalisation, c’est toujours en respectant la loi française. En 1958 déjà, la Constitution nous le permettait. Les articles 53 et 73 de notre Constitution nous donnent le droit de choisir ce que l’on veut devenir et d’opposer à la France, si cela est nécessaire, un autre statut dont nous ne voulons pas. Nous réclamons d’accéder pleinement à la nationalité française, à l’état civil et à la propriété, comme le proclame l’article 17 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. »
07/11/2008 – Croisières : Comment Mayotte s’est grillée pour 10 ans
Commençons par le début. La croisière n’est pas une nouveauté à Mayotte. Depuis des années, à l’image du vénérable Royal Star, des bateaux viennent, le plus souvent en saison chaude. Le phénomène a cependant connu un réel engouement il y a deux ans, et ce, sous l’influence conjuguée de deux facteurs.
D’abord l’armateur Costa croisière, qui travaillait jusqu’alors avec l’agence réceptive historique de l’île, décida de relancer une consultation auprès des trois prestataires de la place : l’agence réceptive Bleu Ylang dirigée par Mathias Bertrand, l’agence Baobab Tour cogérée par Attoumani Harouna et Céline Boscher, tout deux en poste au Comité départemental du tourisme de Mayotte (CDTM), et Mayotte Vacances dirigé par Mathilde Hory, qui occupe également des fonctions au CDTM. Seules les deux premières agences ont répondu à l’appel d’offres officieux lancé par la compagnie. Bleu Ylang donna satisfaction au groupe, en proposant notamment de nouvelles excursions pour les passagers des navires.
Élodie Péchard a été durant six ans consultante en développement touristique et gestion d’escales pour un grand groupe de croisiériste. Recrutée par l’agence Bleu Ylang, elle a largement contribué à augmenter le capital confiance entre Costa croisière, filiale du leader mondial du secteur Carnival, et la destination Mayotte. Constatant la connaissance et la maîtrise du sujet de la part de son nouvel interlocuteur local, le groupe se décide à jouer pleinement la carte Mayotte et enverra pour la saison 2007/2008 des paquebots de 800 passagers, dont 60% ont déjà réservé leurs excursions pour la journée, contre 35% les saisons précédentes. Une augmentation singulière du flux touristique qui constitue le deuxième élément de l’éclosion du secteur à Mayotte.
1 à 2 millions d’euros dépensés par les touristes
Malgré quelques balbutiements, lot commun de toute première expérience, notamment à cause de la faiblesse des infrastructures locales (ponton étroit, places de parking limitées pour les bus qui amènent les touristes en balade…), l’essai a été transformé.
Les différents prestataires, et ils étaient nombreux – taxis, artisans, pilotes du port, écomusée du sel, associations de m’biwi, clubs de plongée, opérateurs whale watching, bars, restaurants… – étaient enchantés. L’écomusée du sel à Bandrélé, pour seul exemple, a réalisé en trois mois de saison touristique, le même chiffre d’affaires que celui cumulé des deux années précédentes. Au total, c’est un intrant net estimé entre 1 et 2 millions d’euros qui s’est transféré du portefeuille des touristes occidentaux vers l’économie mahoraise, en l’espace de trois mois.
Sans céder à l’euphorie, les artisans de cette réussite réfléchissent aux améliorations à apporter pour la saison prochaine. Madi Baco, président de l’association des taxis, réunit ses troupes pour leur proposer des initiations à l’anglais, à l’italien. Les artisans veulent des stands plus grands pour présenter leurs productions aux touristes dès leur descente de bateau. Bleu Ylang et le CDTM cherchent des solutions pour éviter les bousculades entre les pêcheurs, les touristes et les professionnels du ponton.
Les perspectives sont aussi nombreuses qu’enthousiasmantes, puisque le groupe Costa annonce qu’il reviendra huit fois faire escale à Mayotte en 2008/2009… avec 1.500 passagers. L’économie touristique obtient là ses premiers galons de reconnaissance internationale. Mais malheureusement cette réussite, comme souvent à Mayotte, n’ira pas sans attirer rancœurs et jalousies.
Un travail de sape habilement orchestré par le CDTM
En juin denier, le Comité du tourisme doit se renouveler. Certain se souviennent peut-être du burlesque des débats autour des désormais fameux « doubles statuts du comité ». L’incident réglé, M. Chanfi, conseiller général de M’tsangamouji, prenait officiellement ses fonctions de nouveau président. Dans le même temps, Attoumani Harouna, cogérant avec Mme Boscher de la société Baobab tour, s’assoie sur le siège de vice-président, et Mathilde Hory s’y investira aussi, s’occupant notamment de l’élection de Miss Mayotte. Georges Mecs conserve son poste de directeur, mais l’homme qui avait mis ses compétences en œuvre dans la bataille des croisières perd de son influence dans un comité qui, chaque jour un peu plus, se montre dans les faits, hostile au développement du secteur, à tel point qu’il est aujourd’hui sur le départ. Dans les discours par contre, c’est un tout autre son de cloche. M. Chanfi multiplie les interventions pour dire sa volonté, comme au lendemain de son investiture, de « doper la filière pour pouvoir accueillir des navires contenant jusqu’à 3.000 passagers dès la saison 2008/2009 ».
Orientation politique motivée, ou conflit d’intérêts attisé par des opérateurs qui ont perdu un marché et qui héritent d’un pouvoir décisionnel ? Pour l’heure, il reste difficile de percevoir la légitimité des choix du CDTM sur le dossier croisière depuis six mois. En annonçant, quelques semaines avant l’arrivée des premiers paquebots, que « Mayotte n’est pas prête, et qu’elle se doit de refuser les croisières pour éviter la pagaille lors du débarquement à Mamoudzou », le comité prit tout son monde à contre-pied.
Bien sûr, le retard pris dans la construction du nouveau quai, principal argument avancé par le CDTM pour justifier ses positions, est un élément contrariant, mais ne constitue en rien une fatalité. Et même si le ponton actuel reste modeste, « cette structure est aux normes », selon M. Galmiche, délégué de la préfecture aux affaires touristiques.
De plus, plusieurs alternatives étaient alors envisageables pour éviter un débarquement sur le ponton croisiériste de Mamoudzou. Le Comité n’en étudiera aucune, et n’en proposera pas. Un manque total d’abnégation sur des échéances pourtant cruciales pour l’économie mahoraise, qui fera dire au secrétaire d’État à l’Outremer, lors de sa dernière visite dans l’île, qu’il « faut de la méthode, car les rendez-vous avec l’histoire nous forcent à être meilleurs sur ces sujets-là ».
Mayotte ne pouvait pas s’offrir le luxe de refuser les croisières…
L’attitude adoptée par le comité commence à inquiéter le groupe Costa, qui envoie plusieurs missives dès le début du mois d’octobre pour s’enquérir de la réalité de la situation. Ses deux intermédiaires locaux, l’agent portuaire et l’agence réceptive ne peuvent guère faire plus que de lui transmettre la nouvelle position du Comité du tourisme. Les choses commencent à s’ébruiter et quelques responsables locaux, comme M. Coat, chargé du développement économique et touristique au CG, veulent éclaircir l’affaire. « Mayotte ne peut pas s’offrir le luxe de refuser les croisières », avait-il même déclaré.
Seul à détenir les pouvoirs et les compétences pour faire évoluer le dossier, le Comité va s’échiner, à grand renfort de réunions, à faire semblant d’apporter de fausses solutions à des problèmes qui n’existaient pas et qu’il a lui-même créés.
Des attitudes qui ont fini par décourager Mathias Bertrand, « las et épuisé de passer son temps à ôter les bâtons qu’on [lui] mettait dans les roues ». L’organisation de toute une saison tombant à l’eau, et les autres agences réceptives de l’île ne manifestant aucun intérêt pour rependre le flambeau à la dernière minute, comme l’a proposé Mme Péchard au cours d’une dernière tentative de sauvetage qu’elle a organisé à titre personnel, et non professionnel, le dénouement de « l’épisode » croisière se solde pathétiquement.
Et en proposant officiellement à l’armateur, le 31 octobre dernier, de diviser son flux de passagers entre Petite Terre pour les passagers libres et Mamoudzou pour ceux qui ont réservé des excursions, le Comité scella définitivement la décision du groupe Costa croisière de rayer Mayotte définitivement de sa liste de destinations. Certains professionnels polynésiens et réunionnais, joints par téléphone et courriers électroniques, se sont dit « sidérés d’une telle politique », et surtout « étonnés de la patience dont a fait preuve le croisiériste, que des centaines de destinations dans le monde quémandent ». Pour Élodie Péchard, « une chose est claire, on ne peut pas pécher à ce point uniquement pas incompétence ».
Le tourisme mahorais ne s’en relèvera peut-être jamais
En 1997, le voyagiste Nouvelles Frontières desservait la Martinique avec son navire Princesse Banaé. Après une troisième escale avortée à cause d’une grève à rallonge des taxis, Fort-de-France n’a plus vu un paquebot, de quelque compagnie que ce soit, durant sept longues années, s’approcher de ses quais.
L’industrie de la croisière mondiale est un microcosme. Tous les acteurs du marché se connaissent bien et les informations circulent très vite. Ils sont également des interlocuteurs privilégiés des voyagistes, qui les consultent sur les opportunités qu’offrent les destinations en devenir. Nul doute que le comportement réfractaire des autorités en charge du tourisme à l’égard du groupe Carnival ne contribuera pas à porter l’île au lagon en odeur de sainteté auprès de ces mêmes voyagistes.
Et si l’on fait le bilan, avec le retrait annoncé du Royal Star, un navire en fin de vie, et l’absence des paquebots Costa croisière cette saison, c’est 80% du marché local des croisières qui s’effondre. Là où les perspectives étaient encore radieuses il y a quelques mois, où le devenir d’un secteur ultra porteur du tourisme moderne ne demandait que quelques petits investissements financiers et humains pour être pérennisé, le Comité du tourisme n’offrira à Mayotte qu’un horizon touristique bien sinistré.
François Macone
07/11/2008 – Mayotte Hebdo entre dans la révolution numérique
A la rédaction de Mayotte Hebdo, les journalistes l’espéraient depuis des mois : pour le plus grand plaisir des lecteurs, le nouveau site internet du journal est enfin sorti des disques durs ! Les maquettistes, graphistes, journalistes, rassemblés autour de Thomas Begrand notre webmaster chevronné, se sont consacrés à cette lourde tâche avec l’enthousiasme le plus fervent. « Le but principal du nouveau site est de créer un portail d’information, axé en priorité sur l’information locale et de la région, avec une information pertinente car rédigée par des journalistes », explique Thomas, qui ne tarit pas d’éloges sur son nouveau « bébé ». « Nous allons créer une vitrine d’information évolutive et de qualité sur Mayotte, en regroupant tous les pôles de compétences de la Somapresse. Tout l’aspect visuel a été repensé pour faciliter la navigation et la rendre plus intuitive et conviviale ».
Dans la nouvelle version du site, les internautes pourront accéder gratuitement à des articles récents, aux dossiers de la rédaction et à des brèves alimentées régulièrement, mais également aux archives, à une galerie de photos, à l’agenda culturel, aux petites annonces, etc. et même télécharger gratuitement de nombreux documents comme le Tounda, le Cartes & Plans ou des rapports, discours, lois. Déjà, des milliers de téléchargements du Tounda et plus encore du Cartes & Plans ont été réalisés depuis le lancement de la 1ère version du site en juillet 2007.
« On a mis en place cette nouvelle version du site pour continuer à évoluer », souligne Laurent Canavate, le directeur de la Somapresse – une entité qui regroupe les publications de Mayotte Hebdo, Mayotte Eco, Tounda, Flash Infos et divers travaux d’éditions. Il rappelle que depuis l’ouverture du site à la fin du mois de juillet 2007, le nombre de visiteurs uniques par mois n’a jamais cessé d’augmenter : 330 au mois d’août, 880 en septembre, 1.170 en octobre, 1.540 en novembre… jusqu’à atteindre 2.630 visiteurs en mars 2008 ! Actuellement, 10.000 pages sont vues par mois. Parmi les internautes les plus assidus, les étudiants mahorais en Métropole mais aussi des internautes au Canada, en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, en Espagne… « C’est un moyen de diffuser l’information concernant Mayotte sur un autre support pour pouvoir toucher aussi des personnes en dehors du territoire où on imprime le journal », explique Laurent Canavate. « C’est une nouvelle vitrine pour notre journal, mais aussi de nombreux nouveaux services pour ceux qui sont ici. »
« La philosophie du site est de donner un accès à une information gratuite et pertinente »
Les Unes du journal et les sommaires sont mis en ligne dès le vendredi matin, avec une sélection de quelques articles, qui toucheront les grands thèmes de la vie politique, sociale ou éducative de l’île, avec à chaque fois un article magazine ou économique. Tous accessibles en flux RSS. Une fois par mois, un dossier de la rédaction sera également mis en ligne. Et des brèves seront alimentées tous les jours en temps réel, en fonction des évènements. Au bout d’une semaine, tous les articles seront archivés dans notre base de données et facilement consultables en ligne, grâce à un moteur de recherche très puissant. En outre, tous les articles pourront être transformés et éditables au format PDF instantanément, avec la possibilité de les imprimer au format A4 d’une imprimante ou de les envoyer par mail à n’importe qui.
D’ores et déjà, 60 Unes, 100 articles, 15 dossiers et de nombreuses brèves sont consultables gratuitement. »La philosophie du site est de donner un accès à une information gratuite et pertinente, sans restreindre les fonctionnalités à un système de souscriptions », explique Thomas, qui ajoute que les interactions seront encouragées : « Chaque article peut être commenté et être mis en favori pour que l’utilisateur hiérarchise lui-même l’information ». Une fois modérés par Thomas, les commentaires seront bien sûr lus par les journalistes, ce qui permettra d’avoir une information encore plus complète et centrée sur les attentes de nos lecteurs.
La culture sera également au cœur du nouveau dispositif, avec la rubrique « événement culturel » qui permettra de télécharger un programme détaillé des différentes manifestations présentées dans le Tounda. Un agenda culturel, avec les sorties des Naturalistes, les concerts, les stages de danse, etc. sera alimenté quotidiennement.
De nouveaux services proposés aux internautes
Dans la rubrique « ressources et téléchargements », tous les documents annexes aux informations publiées, comme des rapports administratifs, des communiqués ou des dossiers de presse, seront disponibles. Le Carte & Plans, déjà téléchargé 6.000 fois depuis le 1er janvier, le Tounda dès le vendredi matin, et quelques Mayotte Hebdo au format PDF seront également téléchargeables gratuitement depuis le site.
Outre la partie journalistique du site, les utilisateurs pourront aussi consulter des galeries de photos thématiques (déjà plus de 100 photos sur 4 albums sont disponibles). Une médiathèque où ils pourront aussi avoir accès à des vidéos et des sons, au fur et à mesure de l’évolution de nos activités. Un service de petites annonces est également proposé : n’importe quel visiteur pourra en envoyer une gratuitement. Elle restera pendant un mois dans les diverses catégories emploi, vente/échange de biens, gardiennage de maison, etc. De petits jeux et des sondages, dont les résultats seront ensuite exploités par la rédaction, seront également disponibles. Enfin, un lexique de shimaoré avec du vocabulaire et des notions de grammaire, sera étoffé petit à petit pour améliorer la communication entre Mahorais et Wazungus.
Pour un coût vraiment restreint, le site pourra aussi héberger des pages type blog, accessibles depuis la page d’accueil, pour les entreprises, les associations, les commerçants, les artistes, les clubs de sport, etc., ce qui leur permettra d’avoir une présence sur internet à travers un portail qui a un trafic important et qui est référencé sur Google news.
Julien Perrot
Mayotte Hebdo version « Nextbook », une nouvelle expérience de lecture numérique
Cette semaine, Mayotte Hebdo propose une version « Nextbook » du journal, une solution informatique révolutionnaire pour l’avenir de la presse. Grâce à cette nouvelle technologie, on peut lire à l’écran le journal comme en vrai, avec une navigation beaucoup plus aisée que sur PDF, des liens hypertextes, des recherches dans les archives de tous les articles, etc. Une fluidité et une apparence comme un journal papier avec les pages que l’on tourne, et la possibilité de zoomer très facilement.
Cette nouvelle formule est destinée à tous les lecteurs de Métropole ou de la région, mais aussi toutes les administrations et entreprises de Mayotte, grâce au système d’archivage très efficace que ce nouveau système propose. Le Mayotte Hebdo en « Nextbook » sera accessible sur abonnement à des prix très intéressants, notamment pour tous ceux qui sont déjà abonnés. Cela permettra d’avoir un accès à l’information plus rapide, car le journal sera envoyé dès le vendredi, et surtout, moins cher. Une initiative qui permet à la presse mahoraise de basculer dans l’ère du papier numérique.
Offre spéciale de lancement jusqu’au 31 décembre 2008 : 40 euros par an. Pour ceux qui sont déjà abonnés à la version papier, le prix s’élève à 20 euros seulement.
06/11/08 – Un nouveau syndicat lutte pour la réussite scolaire
Le secrétaire du Sgen a promis d'aller plaider la cause de Mayotte à Paris à son retour, mais les élus locaux ont également un rôle à jouer, ils doivent prendre conscience de l'urgence de la situation et débloquer des fonds, au minimum pour garantir le bon entretien des écoles. Secrétaire général de la Cisma, Boinali Saïd estime que même si le statut des personnels éducatif est un combat important, "certains syndicats enseignants se sont trop focalisés sur les problèmes de statut et en ont oublié depuis longtemps les élèves. Il faut se focaliser sur l'école et la réussite des enfants." Une manière de dire que le syndicat partage les revendications de ses collègues de la CGT et de FO mais qu'il n'approuve pas leurs méthodes.
06/11/08 – La Famm en AG ce samedi
“Ainsi, toutes les Mahoraises et tous les Mahorais de Métropole sont invités à prendre part à cette réunion, ainsi que tous les partenaires (le conseil général de Mayotte, etc.) soutenant activement les actions de la Famm. Il est important de venir exprimer et apporter de nouvelles idées à notre Fédération. La Famm a besoin de volontaires, elle compte sur chacune et chacun d’entre nous”, exhorte la présidente actuelle Siti Binti Moussa.
Ce même jour, l’Association de la communauté mahoraise d’île de France (ACMI) organise une journée culturelle dans la salle le Bouquet – 12, avenue Roger Semat – 93200 à Saint-Denis (en face du stade Auguste Delaune). Cette journée culturelle sera animée par le groupe Nya Moja de M'tzamboro et le DJ Maha. Elle débutera à 14h30 par la danse traditionnelle, les mbiwis (la danse des femmes) suivie d’une soirée dansante de 21h à 4h30.
06/11/08 – Faciliter les formalités des Mahorais « sans papiers »
Les services préfectoraux viennent de recevoir une circulaire électronique portant sur "Les conditions de délivrance et de renouvellement de la carte nationale d'identité aux personnes originaires de Mayotte". Il y est notamment souligné que les difficultés qu'ils rencontrent "résultent fréquemment de l'impossibilité dans laquelle se trouvent les intéressés de produire un acte de l'état civil reconstitué par la Commission de révision de l'état civil à Mayotte".
"Si vous avez un doute sérieux sur la régularité de cet acte vous pouvez solliciter son authentification auprès de l'officier de l'état civil dépositaire de l'acte", suggère la circulaire. "Au-delà d'un délai raisonnable", fixé à un mois, il est demandé aux services préfectoraux "de procéder directement à cette vérification auprès du greffe civil du parquet de Mamoudzou".
Or, le retard pris dans la mise en place d'un état civil exhaustif à Mayotte a conduit à proroger de trois ans dans le projet de budget 2009 la dotation exceptionnelle de 300.000 euros versée à ce titre, qui devait s'éteindre en 2008. Selon la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, l'état civil n'est valablement établi que pour environ la moitié de la population de la Collectivité départementale.
06/11/08 – Les Mahorais de Marseille ont un nouveau président
Sur 53 personnes inscrites qui devaient se prononcer, la liste d’Abdallah Ali Baco a été plébiscitée par 45 voix, contre une seule pour son rival d’un jour Hassani Baco. 5 personnes se sont abstenues et 2 bulletins blancs ont été comptabilisés. Après trois mandants successifs, Ali Abdallah, qui vient de perdre son père, n’a pas sollicité un nouveau mandat. Seuls les sièges de président, de vice-président, de trésorier et de secrétaire général étaient à renouveler.
Avec son équipe (Amélie Hamidou, SG ; Mikidadi Mari, trésorier et Sitti Chamassi, vice-présidente), Abdallah Ali Baco veut miser fort sur l’éducation. Instituteur dans le second degré depuis vingt ans à Mayotte et depuis deux ans dans la cité phocéenne, le nouveau président du Remma, originaire de Labattoir, a pour ambition d’améliorer la vie des étudiants Mahorais ayant choisi Marseille comme ville d’accueil.
Il souhaite également lutter contre l’isolement et nouer un réel partenariat avec les pouvoirs publics à Mayotte et à Marseille, améliorer les conditions d’accueil des malades mahorais en évacuation sanitaire en mobilisant fortement les Mahorais de Marseille. Il veut également lutter contre les logements insalubres dans lesquels vivent certains compatriotes. "Je veux regrouper les Mahorais pour bien peser", dans cette ville où les Comoriens sont plus que majoritaires. Au sujet de ces derniers justement, il souhaite améliorer leurs relations parfois… "tendues". (…) "Entre nous, il y a souvent des altercations, des querelles de jalousie politique. Ils n’arrivent toujours pas à avaler le fait que nous sommes restés Français. Ils doivent pourtant le comprendre".
A l’image des associations comme le Remma, le bureau de la Famm doit aussi être renouvelé ce week-end. Réunies en assemblée générale, les associations fédérées devront élire un nouveau bureau.