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07/11/2008 – Départementalisation : Congrès des élus de Mayotte

Samedi soir et dimanche matin, la MJC de M’Gombani était comble pour ce congrès célébrant les 50 ans de la demande de départementalisation de Mayotte, même si très peu d’élus mahorais étaient présents. Seuls trois maires et un conseiller général ont répondu à l’appel du député Abdoulatifou Aly : Ibrahim Aboubacar, conseiller général de Sada et qui s’est dit plusieurs fois fils spirituel de Younoussa Ben Ali qui a fait partie du congrès de Tsoundzou, Mohamadi Bacar M’colo, maire de Dzaoudzi-Labattoir, Roukia Lahadji, maire de Chirongui et Ramlati Ali, maire de Pamandzi.

Même si les personnalités attendues ne sont pas venues, le député n’a pas manqué de verve pour défendre ses positions face à une assemblée composée essentiellement de personnes acquises à sa cause. Tout au long de la soirée et le lendemain matin, les déclarations se sont succédées pour défendre la position que les représentants politiques de Mayotte portent en eux depuis 50 ans et réclamer l’application stricte de la loi républicaine et du droit commun. Les élus réunionnais conviés par le député ont pu également faire part de leur expérience d’une départementalisation acquise en 1946.

Marcel Henry, ancien sénateur de Mayotte qui a fait partie du Congrès des notables de 1958, a pris la parole en premier pour rappeler qu’à cette époque « la voie de l’indépendance en vigueur dans le Tiers monde n’a pu nous être imposée ». Il a rendu un vibrant hommage à ses compagnons de lutte et au combat historique des Mahorais, rappelant que l’avènement de la Constitutionla Vème République a permis à Mayotte de réclamer légalement son changement de statut. « Je souhaite vivement que cette départementalisation, depuis si longtemps attendue, devienne une réalité concrète », a-t-il conclu sous les applaudissements.

Bayrou : « La France ne peut laisser cette déclaration d’amour sans réponse »

François Bayrou, le président du Modem, s’est ensuite exprimé pour rappeler que d’éminentes personnalités de sa formation politique, tel Alain Poher, ont relayé la cause départementaliste à Paris et a salué le combat des pères de la départementalisation : « Cette décision des sages de Mayotte de dire : nous voulons être Français, et même être pleinement Français, c’est pourquoi nous voulons être département, il faut mesurer ce qu’elle avait d’incroyable dans l’Histoire. En 1958, nous étions en pleine vague d’indépendances et cette petite île de l’océan Indien décide toute seule, contre vents et marées, contre le cyclone qui balayait en ce temps, de dire : nous voulons résister dans notre identité à la France. C’est quelque chose que l’Histoire retiendra, pas seulement dans celle de Mayotte, mais dans l’Histoire de tous les peuples. Ce combat poursuivi sans jamais fléchir et faiblir, c’est quelque chose qui ne devrait pas laisser indifférents ceux qui gouvernent la France. Une telle déclaration d’amour venant d’un peuple géographiquement et culturellement différent de la France a quelque chose de profondément émouvant : la France ne peut laisser cette déclaration d’amour sans réponse ».

Le député des Pyrénées Atlantiques a ajouté que « lorsque le peuple mahorais se sera prononcé, alors il ne faudra pas tergiverser pour donner une réponse. Je suis pour qu’on réponde « oui » à la demande des Mahorais et en faire un département français. Il faudra réfléchir avec les élus pour étudier les formes de la fiscalité et éventuellement l’organisation du RMI, mais ce n’est pas un bienfait pour une société que le département soit seulement un distributeur d’allocations. Il faut établir une priorité : l’éducation. C’est à partir de la volonté d’éducation que la grande Histoire de Mayotte sera portée par un grand élan », a tenu à souligner cet ancien ministre de l’Education nationale.

Pour lui, le 101e département doit être « construit dans une co-responsabilité entre les élus et le gouvernement. Nous avons besoin de cette réflexion, au-delà des frontières politiques passagères et des étiquettes politiques parfois mouvantes pour discuter en toute liberté dans un sentiment de respect réciproque. » François Bayrou a ensuite déclaré qu’il était « profondément ému » de fêter ce 50e anniversaire, « une année qui j’espère sera l’année pendant laquelle Mayotte sera devenue, au su et au vu de tous, un département au sein de la République française. »

Et l’ancien candidat à l’élection présidentielle de conclure : « Je ferai tout ce que je peux pour défendre cette orientation. Je serai toujours aux côtés des élus mahorais pour que Mayotte ait le destin qu’elle a souhaité il y a 50 ans ».

« Le département va assurer des conditions de vie meilleures pour la population »

Ibrahim Aboubacar, conseiller général de Sada et rapporteur du comité sur la départementalisation a ensuite pris la parole pour prononcer un discours mémorable (voir extraits) dans lequel il a martelé : «  »Nous ne doutons pas que la population de Mayotte votera massivement pour la départementalisation ! » A sa suite, le député Abdoulatifou Aly a affirmé que « nous ne connaissons qu’un seul type de département et c’est celui-là que nous voulons, comme en Métropole et à la Réunion. On ne peut pas nous le refuser. Nous, les Mahorais, même si nous sommes musulmans, même si nous avons de grands handicaps en matière d’éducation ou en matière de développement, nous sommes autant Français que Nice et la Savoie qui sont devenus Français bien après nous ! »

La délégation d’élus réunionnais est ensuite intervenue à la tribune. Thierry Robert, vice-président du conseil général délégué au logement et à l’habitat et maire de Saint-Leu, a affirmé que « le département va assurer des conditions de vie meilleures pour la population », avec notamment des moyens conséquents pour l’éducation. « Même s’il y a des inconvénients et des devoirs, les avantages sont extrêmement importants car vous pourrez bénéficier d’aides accrues du gouvernement. Il y a des côtés négatifs comme les impôts locaux, mais à côté de cela les avantages seront importants. Un département a des domaines de compétence comme la petite enfance, les personnes âgées, les réseaux routiers, le logement : tous ces domaines vont connaître une amélioration considérable. »

Thierry Robert a également proposé son soutien logistique pour monter un « Pacte mahorais », à l’image du « Pacte Réunion », pour améliorer les habitats insalubres et construire des logements neufs : « Nous sommes déterminés à vous venir en aide pour partager notre expérience. Les élus réunionnais sont disposés à aider nos frères de l’océan Indien ». Le maire de Saint-Leu a ajouté que la consultation de mars 2009 est « chance inouïe qu’il ne faut pas laisser passer. Il vous manque l’égalité sociale. Il n’y a qu’un seul type de département en France, donc il n’y a pas lieu de dire qu’il faudra faire des étapes ou aménager un calendrier. Il faut que vous vous battiez pour que le gouvernement actuel prenne acte de la départementalisation dans les plus brefs délais ».

« Quand la Réunion est devenue un Dom en 1946, elle était bien moins développée que Mayotte aujourd’hui »

Wilfrid Bertile, vice-président du conseil régional et ancien député de la Réunion, auteur d’une thèse de doctorat en droit sur la départementalisation, a rappelé que « Mayotte était un peuple avant que les Français n’arrivent, contrairement à la Réunion, et c’est votre richesse, ce qui fait votre force. Le département est un statut très centralisateur qui nivelle les différences et il vous faut conserver votre identité », a-t-il prévenu. Il a également souligné que le statut de département permet d’accéder aux financements européens grâce au statut de région ultra-périphérique de l’UE : « A la Réunion, les deux tiers des investissements publics sont des crédits européens aujourd’hui », a-t-il constaté.

Le juriste a également rappelé que « quand la Réunion est devenue un Dom en 1946, elle était bien moins développée que Mayotte aujourd’hui. Ce retard économique avait été exploité au départ par les opposants à la départementalisation car le sous-développement a perduré jusqu’aux années 1960. Mais sur le plan économique, culturel et social, la départementalisation a été un grand succès. Il y a eu des progrès considérables dans l’éducation et la santé et un recul de la misère grâce à la politique sociale. »

Wilfrid Bertile a néanmoins souligné qu’au niveau économique, la départementalisation a été un échec car « on ne décrète pas le développement économique, il faut des projets. Il est urgent de mettre en place un projet économique ici avec vos atouts dans la pêche et le tourisme. La main d’œuvre sera plus chère, mais il y aura une meilleure productivité ». Il a également prévenu que la Réunion n’est pas toujours un modèle car le chômage y est très important et que les inégalités sociales se creusent avec des conséquences négatives comme l’augmentation de la délinquance.

Jean-Yves Morel, conseiller municipal à la Possession, est ensuite monté à la tribune pour affirmer que les Mahorais ne doivent pas avoir peur de perdre une partie de leur identité culturelle car son expérience à la Réunion lui a prouvé que c’était faux. Pour lui, au contraire, grâce à la départementalisation opérée à la Réunion, « le créole est plus facile à défendre. Vous pourrez mieux défendre votre identité quand vous serez département. Je suis intimement convaincu qu’après avoir passé l’étape de la départementalisation, c’est plus facile de vivre son identité ». D’autant que pour lui, « les relations entre nos collectivités locales et l’Etat sont aujourd’hui sur un pied d’égalité, dans une co-responsabilité, et c’est ça que la départementalisation pourra vous apporter ».

« Nous voulons provoquer un sursaut pour que la loi républicaine s’applique ici »

Le député Abdoulatifou Aly a ensuite parlé au micro pendant un long moment (voir extraits), sans véritablement engager de débat avec le public, constitué principalement de Mahoraises qui ne comprenaient pas bien le français et qui sont rapidement sorties de la salle. Ce qui ne l’a pas empêché de lancer des diatribes virulentes contre le gouvernement qui n’applique pas avec zèle les lois de la République sur le sol mahorais, notamment en ce qui concerne la formation des instituteurs qui, par leur manque de qualifications, explique que le public dans la salle ne comprenne pas bien la langue de Molière. Le député a résumé les revendications des élus mahorais en déclarant : « Nous voulons provoquer un sursaut pour que la loi républicaine s’applique ici. »

Les débats se sont clos vers 0h30 et un maoulida ya chengué constitué de danses et chants traditionnels a eu lieu toute la nuit, jusqu’à la reprise des déclarations officielles le dimanche matin, qui ont largement repris les propos tenus la veille. Si les élus et le public mahorais n’ont pas vraiment été à la hauteur de ce congrès, force est de constater que l’initiative du député a eu le mérite d’engager le débat, au moins d’apporter des éléments intéressants à la réflexion, en vue de préparer la population à la consultation décisive du mois de mars.

Julien Perrot

 


 

Extraits du discours d’Ibrahim Aboubacar, conseiller général de Sada, rapporteur du Comité sur la départementalisation

 

« Il faut expliquer les avantages et les inconvénients de la départementalisation, nous dit-on, mais je voudrais tout simplement rappeler que, certes ce débat sera pour nous l’occasion d’un questionnement sur nous-mêmes, mais ce débat dépasse largement cette dimension-là. Il sera aussi un questionnement de la France, un questionnement de ses valeurs, un questionnement de la façon dont elle applique ses valeurs entre tous ses citoyens. Et c’est d’ailleurs pour cette raison-là que nous avons souhaité un débat parlementaire parce que cela est prévu dans les textes et dans la loi qui régit actuellement Mayotte. Nous souhaitons que ce débat puisse être organisé à l’Assemblée nationale pour que la représentation nationale également puisse avoir l’occasion de se positionner et de réfléchir sur ce que signifie pour la France la départementalisation d’une île peuplée de musulmans, de Français d’origines diverses et qui au fond d’elle-même clame son rattachement à la France. »

« On nous parle de la laïcité, on nous parle de l’égalité entre les hommes et les femmes, on nous parle de la fiscalité, mais les Mahorais n’ont jamais dit : nous voulons être dans la République française et ne pas honorer les devoirs des citoyens. Tous les Mahorais comprennent que dans la vie il y a des avantages et des inconvénients. Et ceux qui agitent ces éléments-là comme matière à effrayer la population, je crois qu’ils n’ont pas compris que la population est très avertie de cela. »

« Nous savons bien que derrière cela, deux questions sont murmurées : la question internationale et la question financière. Lorsque la départementalisation des quatre vieilles colonies a été réalisée en 1946, notre pays sortait de la guerre : il était détruit mais il était debout. Et la décision de la départementalisation des quatre vieilles, c’était une décision politique qui donnait du sens à la relation que la France voulait nouer avec des populations qui avaient montré leur attachement à être aux côtés de la France dans des moments difficiles. Notre attachement, cela fait 50 ans que nous le disons en voulant être département d’Outremer. Et quelles que soient les difficultés que traverse notre pays, nous serons là, dans notre pays, pour les vivre car si nous voulons être dans la France, c’est pour y vivre dans les instants de bonheur et de malheur. Nous sommes parfaitement en mesure et en situation de comprendre ce que peuvent être les difficultés de la nation. Ce que nous demandons tout simplement, c’est que la nation ait un langage d’honnêteté vis-à-vis de ses enfants de Mayotte parce que s’il y a quelque chose qui déstabilise Mayotte, ce ne serait pas l’instauration des dispositifs dignes pour aider les populations qui en ont besoin, c’est plutôt l’absence de ces dispositifs qui font qu’aujourd’hui beaucoup de Mahoraises et de Mahorais quittent Mayotte, vont à la Réunion ou ailleurs et cela déstabilise beaucoup plus notre territoire. »

« Il y a des espaces de vie, il y a des situations ici qui ne sont pas dignes de notre nation. Et c’est pourquoi je dis que le gouvernement nous interrogera autant nous-mêmes que notre pays et que la façon dont notre pays respecte les valeurs de la République sur ce sol. »

« On nous dit : « la question internationale » mais nous savons très bien que jamais les Comoriens ne seront heureux à l’idée que Mayotte soit un département français d’Outremer. Ce n’est pas notre problème, nous continuons notre chemin, ils continuent le leur, nous vivons en bon voisinage mais nous n’entendons pas que notre sort, après que nous ayons décidé qu’il ne soit pas lié au leur, soit mêlé au leur dès lors que nous parlons de développement économique ou des questions d’intégration dans la République. Notre modèle, ce sont les départements français d’Outremer et notamment la Réunion. Nous évoluerons avec eux lorsque la réglementation évoluera, mais pour l’heure nous souhaitons que le droit commun de la République soit appliqué à Mayotte. »

« La seule chose que nous demandons, c’est qu’une fois que nous aurons fait notre choix, ce choix soit respecté par tous, à commencer par les dirigeants de la nation, que le gouvernement en tire les conséquences dans l’année qui suit et non pas à nouveau au terme de 10 ans. »

 


 

 

Extraits des différentes interventions d’Abdoulatifou Aly, député de Mayotte et organisateur de ce Congrès des élus

 

« Les Mahorais de Métropole ou de la Réunion peuvent s’inscrire dans les communes pour pouvoir voter à Mayotte à une consultation, même s’ils restent inscrits sur les listes électorales où ils habitent. »

« Pourquoi à Mayotte on est incapable de donner aux Mahorais un maître qualifié pour donner un enseignement satisfaisant du français ? C’est honteux, c’est scandaleux ! Comment la Francela Constitution et nous refuser l’accès à cette langue ? Toutes les langues locales sont garanties en France sauf à Mayotte, c’est une inégalité de traitement ! C’est scandaleux ! L’Etat français est le premier à violer la loi sur ce territoire ! » peut-elle avoir le toupet de ne pas nous donner de maîtres qualifiés ? Comment peut-on inscrire le français comme langue nationale dans

« Comment peut-on accepter cela ? Dans le cadre du département, si la France ne respecte pas la loi, c’est la Cour européenne des droits de l’homme qui condamnera la France. Comment la France peut-elle accepter que les Bretons aient leur langue et leur culture et refuser la même chose pour nous ? C’est inscrit dans la Constitution. La France que j’aime a dans son article 1erLa France est un pays où n’importe qui, y compris les responsables au gouvernement, doit respecter la loi. Il y a deux types d’écoles ici, avec des maîtres qui ne sont pas formés comme il faut. Comment l’Etat français peut-il oublier ce devoir inscrit dans la Constitution ? » l’interdiction de distinguer les gens et nous garantit la diversité. C’est cette France-là dont nous avons besoin à Mayotte, car nous ne la retrouvons pas ici, c’est pour ça qu’il faut devenir un département.

« L’évolution institutionnelle en France doit être démocratique, on ne peut pas nous refuser le département si les Mahorais le choisissent. Le monde entier fera comprendre à la France qu’elle ne peut pas nous refuser, nous, de devenir un département si nous le souhaitons. »

« En France, il n’y a qu’un type de département, à Mayotte aussi. Si ce n’était pas un statut intéressant, nos amis réunionnais ne l’auraient pas choisi. Les Mahorais qui s’exilent à la Réunion l’ont bien compris en s’exilant là-bas. »

« Si nous avons la liberté de choisir notre destin, nul n’est mieux placé que nous-mêmes pour savoir ce que nous avons choisi. La France que nous aimons, que nous avons appris à aimer, c’est celle qui respecte le choix des populations et qui est fière de mettre en œuvre le droit et la loi française. Si nous réclamons depuis 50 ans la départementalisation, c’est toujours en respectant la loi française. En 1958 déjà, la Constitution nous le permettait. Les articles 53 et 73 de notre Constitution nous donnent le droit de choisir ce que l’on veut devenir et d’opposer à la France, si cela est nécessaire, un autre statut dont nous ne voulons pas. Nous réclamons d’accéder pleinement à la nationalité française, à l’état civil et à la propriété, comme le proclame l’article 17 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. »

07/11/2008 – Croisières : Comment Mayotte s’est grillée pour 10 ans

Commençons par le début. La croisière n’est pas une nouveauté à Mayotte. Depuis des années, à l’image du vénérable Royal Star, des bateaux viennent, le plus souvent en saison chaude. Le phénomène a cependant connu un réel engouement il y a deux ans, et ce, sous l’influence conjuguée de deux facteurs.

D’abord l’armateur Costa croisière, qui travaillait jusqu’alors avec l’agence réceptive historique de l’île, décida de relancer une consultation auprès des trois prestataires de la place : l’agence réceptive Bleu Ylang dirigée par Mathias Bertrand, l’agence Baobab Tour cogérée par Attoumani Harouna et Céline Boscher, tout deux en poste au Comité départemental du tourisme de Mayotte (CDTM), et Mayotte Vacances dirigé par Mathilde Hory, qui occupe également des fonctions au CDTM. Seules les deux premières agences ont répondu à l’appel d’offres officieux lancé par la compagnie. Bleu Ylang donna satisfaction au groupe, en proposant notamment de nouvelles excursions pour les passagers des navires.

Élodie Péchard a été durant six ans consultante en développement touristique et gestion d’escales pour un grand groupe de croisiériste. Recrutée par l’agence Bleu Ylang, elle a largement contribué à augmenter le capital confiance entre Costa croisière, filiale du leader mondial du secteur Carnival, et la destination Mayotte. Constatant la connaissance et la maîtrise du sujet de la part de son nouvel interlocuteur local, le groupe se décide à jouer pleinement la carte Mayotte et enverra pour la saison 2007/2008 des paquebots de 800 passagers, dont 60% ont déjà réservé leurs excursions pour la journée, contre 35% les saisons précédentes. Une augmentation singulière du flux touristique qui constitue le deuxième élément de l’éclosion du secteur à Mayotte.

1 à 2 millions d’euros dépensés par les touristes

Malgré quelques balbutiements, lot commun de toute première expérience, notamment à cause de la faiblesse des infrastructures locales (ponton étroit, places de parking limitées pour les bus qui amènent les touristes en balade…), l’essai a été transformé.

Les différents prestataires, et ils étaient nombreux – taxis, artisans, pilotes du port, écomusée du sel, associations de m’biwi, clubs de plongée, opérateurs whale watching, bars, restaurants… – étaient enchantés. L’écomusée du sel à Bandrélé, pour seul exemple, a réalisé en trois mois de saison touristique, le même chiffre d’affaires que celui cumulé des deux années précédentes. Au total, c’est un intrant net estimé entre 1 et 2 millions d’euros qui s’est transféré du portefeuille des touristes occidentaux vers l’économie mahoraise, en l’espace de trois mois.

Sans céder à l’euphorie, les artisans de cette réussite réfléchissent aux améliorations à apporter pour la saison prochaine. Madi Baco, président de l’association des taxis, réunit ses troupes pour leur proposer des initiations à l’anglais, à l’italien. Les artisans veulent des stands plus grands pour présenter leurs productions aux touristes dès leur descente de bateau. Bleu Ylang et le CDTM cherchent des solutions pour éviter les bousculades entre les pêcheurs, les touristes et les professionnels du ponton.

Les perspectives sont aussi nombreuses qu’enthousiasmantes, puisque le groupe Costa annonce qu’il reviendra huit fois faire escale à Mayotte en 2008/2009… avec 1.500 passagers. L’économie touristique obtient là ses premiers galons de reconnaissance internationale. Mais malheureusement cette réussite, comme souvent à Mayotte, n’ira pas sans attirer rancœurs et jalousies.

Un travail de sape habilement orchestré par le CDTM

En juin denier, le Comité du tourisme doit se renouveler. Certain se souviennent peut-être du burlesque des débats autour des désormais fameux « doubles statuts du comité ». L’incident réglé, M. Chanfi, conseiller général de M’tsangamouji, prenait officiellement ses fonctions de nouveau président. Dans le même temps, Attoumani Harouna, cogérant avec Mme Boscher de la société Baobab tour, s’assoie sur le siège de vice-président, et Mathilde Hory s’y investira aussi, s’occupant notamment de l’élection de Miss Mayotte. Georges Mecs conserve son poste de directeur, mais l’homme qui avait mis ses compétences en œuvre dans la bataille des croisières perd de son influence dans un comité qui, chaque jour un peu plus, se montre dans les faits, hostile au développement du secteur, à tel point qu’il est aujourd’hui sur le départ. Dans les discours par contre, c’est un tout autre son de cloche. M. Chanfi multiplie les interventions pour dire sa volonté, comme au lendemain de son investiture, de « doper la filière pour pouvoir accueillir des navires contenant jusqu’à 3.000 passagers dès la saison 2008/2009 ».

Orientation politique motivée, ou conflit d’intérêts attisé par des opérateurs qui ont perdu un marché et qui héritent d’un pouvoir décisionnel ? Pour l’heure, il reste difficile de percevoir la légitimité des choix du CDTM sur le dossier croisière depuis six mois. En annonçant, quelques semaines avant l’arrivée des premiers paquebots, que « Mayotte n’est pas prête, et qu’elle se doit de refuser les croisières pour éviter la pagaille lors du débarquement à Mamoudzou », le comité prit tout son monde à contre-pied.

Bien sûr, le retard pris dans la construction du nouveau quai, principal argument avancé par le CDTM pour justifier ses positions, est un élément contrariant, mais ne constitue en rien une fatalité. Et même si le ponton actuel reste modeste, « cette structure est aux normes », selon M. Galmiche, délégué de la préfecture aux affaires touristiques.

De plus, plusieurs alternatives étaient alors envisageables pour éviter un débarquement sur le ponton croisiériste de Mamoudzou. Le Comité n’en étudiera aucune, et n’en proposera pas. Un manque total d’abnégation sur des échéances pourtant cruciales pour l’économie mahoraise, qui fera dire au secrétaire d’État à l’Outremer, lors de sa dernière visite dans l’île, qu’il « faut de la méthode, car les rendez-vous avec l’histoire nous forcent à être meilleurs sur ces sujets-là ».

Mayotte ne pouvait pas s’offrir le luxe de refuser les croisières…

L’attitude adoptée par le comité commence à inquiéter le groupe Costa, qui envoie plusieurs missives dès le début du mois d’octobre pour s’enquérir de la réalité de la situation. Ses deux intermédiaires locaux, l’agent portuaire et l’agence réceptive ne peuvent guère faire plus que de lui transmettre la nouvelle position du Comité du tourisme. Les choses commencent à s’ébruiter et quelques responsables locaux, comme M. Coat, chargé du développement économique et touristique au CG, veulent éclaircir l’affaire. « Mayotte ne peut pas s’offrir le luxe de refuser les croisières », avait-il même déclaré.

Seul à détenir les pouvoirs et les compétences pour faire évoluer le dossier, le Comité va s’échiner, à grand renfort de réunions, à faire semblant d’apporter de fausses solutions à des problèmes qui n’existaient pas et qu’il a lui-même créés.

Des attitudes qui ont fini par décourager Mathias Bertrand, « las et épuisé de passer son temps à ôter les bâtons qu’on [lui] mettait dans les roues ». L’organisation de toute une saison tombant à l’eau, et les autres agences réceptives de l’île ne manifestant aucun intérêt pour rependre le flambeau à la dernière minute, comme l’a proposé Mme Péchard au cours d’une dernière tentative de sauvetage qu’elle a organisé à titre personnel, et non professionnel, le dénouement de « l’épisode » croisière se solde pathétiquement.

Et en proposant officiellement à l’armateur, le 31 octobre dernier, de diviser son flux de passagers entre Petite Terre pour les passagers libres et Mamoudzou pour ceux qui ont réservé des excursions, le Comité scella définitivement la décision du groupe Costa croisière de rayer Mayotte définitivement de sa liste de destinations. Certains professionnels polynésiens et réunionnais, joints par téléphone et courriers électroniques, se sont dit « sidérés d’une telle politique », et surtout « étonnés de la patience dont a fait preuve le croisiériste, que des centaines de destinations dans le monde quémandent ». Pour Élodie Péchard, « une chose est claire, on ne peut pas pécher à ce point uniquement pas incompétence ».

Le tourisme mahorais ne s’en relèvera peut-être jamais

En 1997, le voyagiste Nouvelles Frontières desservait la Martinique avec son navire Princesse Banaé. Après une troisième escale avortée à cause d’une grève à rallonge des taxis, Fort-de-France n’a plus vu un paquebot, de quelque compagnie que ce soit, durant sept longues années, s’approcher de ses quais.

L’industrie de la croisière mondiale est un microcosme. Tous les acteurs du marché se connaissent bien et les informations circulent très vite. Ils sont également des interlocuteurs privilégiés des voyagistes, qui les consultent sur les opportunités qu’offrent les destinations en devenir. Nul doute que le comportement réfractaire des autorités en charge du tourisme à l’égard du groupe Carnival ne contribuera pas à porter l’île au lagon en odeur de sainteté auprès de ces mêmes voyagistes.

Et si l’on fait le bilan, avec le retrait annoncé du Royal Star, un navire en fin de vie, et l’absence des paquebots Costa croisière cette saison, c’est 80% du marché local des croisières qui s’effondre. Là où les perspectives étaient encore radieuses il y a quelques mois, où le devenir d’un secteur ultra porteur du tourisme moderne ne demandait que quelques petits investissements financiers et humains pour être pérennisé, le Comité du tourisme n’offrira à Mayotte qu’un horizon touristique bien sinistré.

François Macone

07/11/2008 – Mayotte Hebdo entre dans la révolution numérique

A la rédaction de Mayotte Hebdo, les journalistes l’espéraient depuis des mois : pour le plus grand plaisir des lecteurs, le nouveau site internet du journal est enfin sorti des disques durs ! Les maquettistes, graphistes, journalistes, rassemblés autour de Thomas Begrand notre webmaster chevronné, se sont consacrés à cette lourde tâche avec l’enthousiasme le plus fervent. « Le but principal du nouveau site est de créer un portail d’information, axé en priorité sur l’information locale et de la région, avec une information pertinente car rédigée par des journalistes », explique Thomas, qui ne tarit pas d’éloges sur son nouveau « bébé ». « Nous allons créer une vitrine d’information évolutive et de qualité sur Mayotte, en regroupant tous les pôles de compétences de la Somapresse. Tout l’aspect visuel a été repensé pour faciliter la navigation et la rendre plus intuitive et conviviale ».

Dans la nouvelle version du site, les internautes pourront accéder gratuitement à des articles récents, aux dossiers de la rédaction et à des brèves alimentées régulièrement, mais également aux archives, à une galerie de photos, à l’agenda culturel, aux petites annonces, etc. et même télécharger gratuitement de nombreux documents comme le Tounda, le Cartes & Plans ou des rapports, discours, lois. Déjà, des milliers de téléchargements du Tounda et plus encore du Cartes & Plans ont été réalisés depuis le lancement de la 1ère version du site en juillet 2007.

« On a mis en place cette nouvelle version du site pour continuer à évoluer », souligne Laurent Canavate, le directeur de la Somapresse – une entité qui regroupe les publications de Mayotte Hebdo, Mayotte Eco, Tounda, Flash Infos et divers travaux d’éditions. Il rappelle que depuis l’ouverture du site à la fin du mois de juillet 2007, le nombre de visiteurs uniques par mois n’a jamais cessé d’augmenter : 330 au mois d’août, 880 en septembre, 1.170 en octobre, 1.540 en novembre… jusqu’à atteindre 2.630 visiteurs en mars 2008 ! Actuellement, 10.000 pages sont vues par mois. Parmi les internautes les plus assidus, les étudiants mahorais en Métropole mais aussi des internautes au Canada, en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, en Espagne… « C’est un moyen de diffuser l’information concernant Mayotte sur un autre support pour pouvoir toucher aussi des personnes en dehors du territoire où on imprime le journal », explique Laurent Canavate. « C’est une nouvelle vitrine pour notre journal, mais aussi de nombreux nouveaux services pour ceux qui sont ici. »

« La philosophie du site est de donner un accès à une information gratuite et pertinente »

Les Unes du journal et les sommaires sont mis en ligne dès le vendredi matin, avec une sélection de quelques articles, qui toucheront les grands thèmes de la vie politique, sociale ou éducative de l’île, avec à chaque fois un article magazine ou économique. Tous accessibles en flux RSS. Une fois par mois, un dossier de la rédaction sera également mis en ligne. Et des brèves seront alimentées tous les jours en temps réel, en fonction des évènements. Au bout d’une semaine, tous les articles seront archivés dans notre base de données et facilement consultables en ligne, grâce à un moteur de recherche très puissant. En outre, tous les articles pourront être transformés et éditables au format PDF instantanément, avec la possibilité de les imprimer au format A4 d’une imprimante ou de les envoyer par mail à n’importe qui.

D’ores et déjà, 60 Unes, 100 articles, 15 dossiers et de nombreuses brèves sont consultables gratuitement. »La philosophie du site est de donner un accès à une information gratuite et pertinente, sans restreindre les fonctionnalités à un système de souscriptions », explique Thomas, qui ajoute que les interactions seront encouragées : « Chaque article peut être commenté et être mis en favori pour que l’utilisateur hiérarchise lui-même l’information ». Une fois modérés par Thomas, les commentaires seront bien sûr lus par les journalistes, ce qui permettra d’avoir une information encore plus complète et centrée sur les attentes de nos lecteurs.

La culture sera également au cœur du nouveau dispositif, avec la rubrique « événement culturel » qui permettra de télécharger un programme détaillé des différentes manifestations présentées dans le Tounda. Un agenda culturel, avec les sorties des Naturalistes, les concerts, les stages de danse, etc. sera alimenté quotidiennement.

De nouveaux services proposés aux internautes

Dans la rubrique « ressources et téléchargements », tous les documents annexes aux informations publiées, comme des rapports administratifs, des communiqués ou des dossiers de presse, seront disponibles. Le Carte & Plans, déjà téléchargé 6.000 fois depuis le 1er janvier, le Tounda dès le vendredi matin, et quelques Mayotte Hebdo au format PDF seront également téléchargeables gratuitement depuis le site.

Outre la partie journalistique du site, les utilisateurs pourront aussi consulter des galeries de photos thématiques (déjà plus de 100 photos sur 4 albums sont disponibles). Une médiathèque où ils pourront aussi avoir accès à des vidéos et des sons, au fur et à mesure de l’évolution de nos activités. Un service de petites annonces est également proposé : n’importe quel visiteur pourra en envoyer une gratuitement. Elle restera pendant un mois dans les diverses catégories emploi, vente/échange de biens, gardiennage de maison, etc. De petits jeux et des sondages, dont les résultats seront ensuite exploités par la rédaction, seront également disponibles. Enfin, un lexique de shimaoré avec du vocabulaire et des notions de grammaire, sera étoffé petit à petit pour améliorer la communication entre Mahorais et Wazungus.

Pour un coût vraiment restreint, le site pourra aussi héberger des pages type blog, accessibles depuis la page d’accueil, pour les entreprises, les associations, les commerçants, les artistes, les clubs de sport, etc., ce qui leur permettra d’avoir une présence sur internet à travers un portail qui a un trafic important et qui est référencé sur Google news.

Julien Perrot

 


 

Mayotte Hebdo version « Nextbook », une nouvelle expérience de lecture numérique

Cette semaine, Mayotte Hebdo propose une version « Nextbook » du journal, une solution informatique révolutionnaire pour l’avenir de la presse. Grâce à cette nouvelle technologie, on peut lire à l’écran le journal comme en vrai, avec une navigation beaucoup plus aisée que sur PDF, des liens hypertextes, des recherches dans les archives de tous les articles, etc. Une fluidité et une apparence comme un journal papier avec les pages que l’on tourne, et la possibilité de zoomer très facilement.

Cette nouvelle formule est destinée à tous les lecteurs de Métropole ou de la région, mais aussi toutes les administrations et entreprises de Mayotte, grâce au système d’archivage très efficace que ce nouveau système propose. Le Mayotte Hebdo en « Nextbook » sera accessible sur abonnement à des prix très intéressants, notamment pour tous ceux qui sont déjà abonnés. Cela permettra d’avoir un accès à l’information plus rapide, car le journal sera envoyé dès le vendredi, et surtout, moins cher. Une initiative qui permet à la presse mahoraise de basculer dans l’ère du papier numérique.

Offre spéciale de lancement jusqu’au 31 décembre 2008 : 40 euros par an. Pour ceux qui sont déjà abonnés à la version papier, le prix s’élève à 20 euros seulement.

06/11/08 – Un nouveau syndicat lutte pour la réussite scolaire

La formation syndicale a décidé de s'impliquer davantage dans les questions d'éducation , c'est afin d'officialiser cette création que le secrétaire national du Sgen CFDT s'est rendu à Mayotte de jeudi à mercredi, après un passage à Bruno Jaouen, secrétaire national du syndicat général de l'éducation nationale (Sgen) CFDT, s'est rendu cette semaine à Mayotte pour instaurer la création d'un Sgen affilié à la Cisma CFDT.la Réunion. Le voyage lui a également permis de découvrir la réalité du terrain et de comprendre les enjeux et besoins de l'éducation à Mayotte. Il estime ainsi que si le second degré fonctionne plutôt bien, il y a en revanche urgence en ce qui concerne le primaire. "Il faut absolument construire rapidement des écoles, les rotations sont inacceptable, je n'imaginais même pas que cela puisse exister ! C'est un système anti réussite."

Le secrétaire du Sgen a promis d'aller plaider la cause de Mayotte à Paris à son retour, mais les élus locaux ont également un rôle à jouer, ils doivent prendre conscience de l'urgence de la situation et débloquer des fonds, au minimum pour garantir le bon entretien des écoles. Secrétaire général de la Cisma, Boinali Saïd estime que même si le statut des personnels éducatif est un combat important, "certains syndicats enseignants se sont trop focalisés sur les problèmes de statut et en ont oublié depuis longtemps les élèves. Il faut se focaliser sur l'école et la réussite des enfants." Une manière de dire que le syndicat partage les revendications de ses collègues de la CGT et de FO mais qu'il n'approuve pas leurs méthodes.

06/11/08 – La Famm en AG ce samedi

La solide Fédération des associations mahoraises en Métropole (Famm) tient son AG annuelle ce samedi à Paris au siège de la Dasu, rue de l’Opéra dans le 2e arrondissement. Cette année il y aura l’élection d’un nouveau conseil d’administration et d’un nouveau bureau. A l’ordre du jour figurent également les bilans financiers et d’activités de l’année écoulée, ainsi que des modifications de statuts. Les missions de la Famm sont de promouvoir Mayotte et surtout faire connaître la culture mahoraise en Europe. La Famm défend aussi les intérêts de Mayotte et des Mahorais, organise l’entraide dans la communauté mahoraise et se veut être l’interlocuteur des Mahorais face aux partenaires et tout autre organisme.

“Ainsi, toutes les Mahoraises et tous les Mahorais de Métropole sont invités à prendre part à cette réunion, ainsi que tous les partenaires (le conseil général de Mayotte, etc.) soutenant activement les actions de la Famm. Il est important de venir exprimer et apporter de nouvelles idées à notre Fédération. La Famm a besoin de volontaires, elle compte sur chacune et chacun d’entre nous”, exhorte la présidente actuelle Siti Binti Moussa.

Ce même jour, l’Association de la communauté mahoraise d’île de France (ACMI) organise une journée culturelle dans la salle le Bouquet – 12, avenue Roger Semat – 93200 à Saint-Denis (en face du stade Auguste Delaune). Cette journée culturelle sera animée par le groupe Nya Moja de M'tzamboro et le DJ Maha. Elle débutera à 14h30 par la danse traditionnelle, les mbiwis (la danse des femmes) suivie d’une soirée dansante de 21h à 4h30.

06/11/08 – Faciliter les formalités des Mahorais « sans papiers »

Une circulaire vient d'être envoyée aux préfets métropolitains pour attirer leur attention sur les difficultés rencontrées par les Mahorais à régulariser leur situation en Métropole. On compte entre 40.000 et 70.000 Mahorais en Métropole, dont beaucoup sont "sans papiers" et souvent traités comme des clandestins – impossibilité d'ouvrir un compte bancaire, d'avoir des chéquiers ou des cartes bancaires, de bénéficier de certaines prestations sociales… – car ils n'arrivent pas à donner les documents demandés par les mairies. Rien qu'à Marseille, des centaines de demandes sont en souffrance.

Les services préfectoraux viennent de recevoir une circulaire électronique portant sur "Les conditions de délivrance et de renouvellement de la carte nationale d'identité aux personnes originaires de Mayotte". Il y est notamment souligné que les difficultés qu'ils rencontrent "résultent fréquemment de l'impossibilité dans laquelle se trouvent les intéressés de produire un acte de l'état civil reconstitué par la Commission de révision de l'état civil à Mayotte".

"Si vous avez un doute sérieux sur la régularité de cet acte vous pouvez solliciter son authentification auprès de l'officier de l'état civil dépositaire de l'acte", suggère la circulaire. "Au-delà d'un délai raisonnable", fixé à un mois, il est demandé aux services préfectoraux "de procéder directement à cette vérification auprès du greffe civil du parquet de Mamoudzou".

Or, le retard pris dans la mise en place d'un état civil exhaustif à Mayotte a conduit à proroger de trois ans dans le projet de budget 2009 la dotation exceptionnelle de 300.000 euros versée à ce titre, qui devait s'éteindre en 2008. Selon la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, l'état civil n'est valablement établi que pour environ la moitié de la population de la Collectivité départementale.

06/11/08 – Les Mahorais de Marseille ont un nouveau président

Une cinquantaine de Mahorais de Marseille se sont réunis ce samedi 1er novembre pour élire un nouveau bureau de leur association dans leur siège au 25, rue Lautard dans le 3ème arrondissement. Et c’est avec une écrasante majorité qu'Abdallah Ali Baco a été élu nouveau président de Remma, le Regroupement des Mahorais de Marseille.

Sur 53 personnes inscrites qui devaient se prononcer, la liste d’Abdallah Ali Baco a été plébiscitée par 45 voix, contre une seule pour son rival d’un jour Hassani Baco. 5 personnes se sont abstenues et 2 bulletins blancs ont été comptabilisés. Après trois mandants successifs, Ali Abdallah, qui vient de perdre son père, n’a pas sollicité un nouveau mandat. Seuls les sièges de président, de vice-président, de trésorier et de secrétaire général étaient à renouveler. 

Avec son équipe (Amélie Hamidou, SG ; Mikidadi Mari, trésorier et Sitti Chamassi, vice-présidente), Abdallah Ali Baco veut miser fort sur l’éducation. Instituteur dans le second degré depuis vingt ans à Mayotte et depuis deux ans dans la cité phocéenne, le nouveau président du Remma, originaire de Labattoir, a pour ambition d’améliorer la vie des étudiants Mahorais ayant choisi Marseille comme ville d’accueil.

Il souhaite également lutter contre l’isolement et nouer un réel partenariat avec les pouvoirs publics à Mayotte et à Marseille, améliorer les conditions d’accueil des malades mahorais en évacuation sanitaire en mobilisant fortement les Mahorais de Marseille. Il veut également lutter contre les logements insalubres dans lesquels vivent certains compatriotes. "Je veux regrouper les Mahorais pour bien peser", dans cette ville où les Comoriens sont plus que majoritaires. Au sujet de ces derniers justement, il souhaite améliorer leurs relations parfois… "tendues". (…) "Entre nous, il y a souvent des altercations, des querelles de jalousie politique. Ils n’arrivent toujours pas à avaler le fait que nous sommes restés Français. Ils doivent pourtant le comprendre".

A l’image des associations comme le Remma, le bureau de la Famm doit aussi être renouvelé ce week-end. Réunies en assemblée générale, les associations fédérées devront élire un nouveau bureau.

05/11/08 – Les portes du lagon III sortiront bien de terre

"C'était une règle de bonne gestion et de courtoisie que d'avoir donné cet ordre d'arrêter le chantier. Il y a eu un petit flottement, mais l'affaire est saine", expliquait hier M. Labriet, directeur de la SMTPC, l'entreprise de bâtiment qui est en charge de la construction du dernier des trois opus du promoteur immobilier Quiétude, dans le quartier des Hauts Vallons. L'ordre émanait directement de la sous-filiale de Quiétude Promotion à Mayotte, les Portes du Lagon, représentée par M. Habib Ben Chadouli. Ce dernier a clairement expliqué qu'il ne s'agissait que d'un retard dans le montage financier de l'opération, dû aux allongements des délais d'obtention de crédit par les banques du fait de la crise internationale. "Si nous avons stoppé le chantier, c'est uniquement parce que le montage financier à pris du retard. Il nous a semblé, mais cela n'a pas l'air d'être la règle à Mayotte, qu'il était préférable de savoir si nous pourrions payer nos sous-traitants avant de laisser la construction s'achever".

La complexité des opérations Vefa (Vente en l'état futur d'achèvement) et de leur encadrement juridique drastique peut rendre la compréhension de leur montage inaccessible au néophyte. Cible privilégiée des promoteurs chasseur de défiscalisation, ce type de procédé repose sur l'intervention de trois acteurs. Des investisseurs, en premier lieu, qui s'engagent à prendre en charge une partie du financement de l'opération, motivé par les avantages fiscaux prévus par les différentes lois Girardin, Borloo, Robien… Le promoteur y va également de sa poche, généralement en injectant de ses fonds propres 10 à 20% du montant total de l'opération. Le reste du financement est assuré par un prêt bancaire. C'est ce dernier qui faisait défaut pour les raisons avancées plus haut. Il vient d'être délivré par un établissement de la place. "La banque est avec nous et nous soutient", affirme M. Chadouli.

Même si les plans devraient être revus à la baisse pour "respecter le timing", les investisseurs qui avaient signé un contrat de réservation pour ces deux immeubles n'ont "subi aucun préjudice financier, dans la mesure où leur versement de réservation du bien immobilier, correspondant à 5% du prix total de ce bien, n'a jamais été encaissé par Quiétude", affirme M. Tréguer, responsable de la communication du groupe. De plus, Quiétude s'est mis sur les rangs de l'opération de rachat par l'État de 30.000 logements. "Si l'État veut acheter nos appartements, je ne peux que m'en féliciter", a déclaré M. Chadouli. Le chantier devrait reprendre dès que les nouveaux plans seront approuvés par la maîtrise d'ouvrage, et les deux  bâtiments livrés à l'horizon mars 2009.

04/11/08 – Les enseignants rejoignent les instituteurs dans la rue

A la suite de la semaine de grève lancée par l'intersyndicale SE CGT Ma/Sima Snudi FO pour le premier degré, les syndicats enseignants du primaire et du secondaire Snes, SEUNSA, FO, Sud Education et Scden CGT de Mayotte annoncent leur soutien aux revendications et au mouvement qui entre dans sa deuxième semaine. Cette nouvelle intersyndicale dénonce "l'absence de dialogue de la part de l'administration." "Malgré des promesses de table ronde formulées par l'administration à Dembéni en septembre, les syndicats attendent toujours d'être reçus par le Vice-Recteur," annoncent ces derniers qui rajoutent aux revendications des instituteurs l'exigence du maintien des bonifications de retraite Outremer. Les syndicats rejoignent donc la grève ce mardi et appellent à la manifestation à 8h30 à la préfecture, puis à 9h au Conseil Général, où se tiendra une réunion en présence du président du conseil général et du Préfet. Jeudi dernier, au Sénat, le secrétaire d'Etat à l'Outremer a assuré au sénateur Giraud que "des réponses concrètes seront apportées" lors de cette réunion avec le préfet.

03/11/08 – Le Rwandais recherché pour génocide placé sous écrou extraditionnel

Le Rwandais Pascal Simbikangwa poursuivi par un mandat d'arrêt international pour participation présumée au génocide de 1994, a été écroué à Mayotte en attendant que la justice se prononce sur son extradition, a-t-on appris samedi de source judiciaire. La demande d'extradition de M. Simbikangwa vers le Rwanda sera examinée le 10 novembre par le tribunal supérieur d'appel (TSA) de Mamoudzou, a indiqué le procureur Marc Brisset Foucault, précisant que le parquet solliciterait cette extradition. M. Simbikangwa, présenté comme un ancien capitaine des renseignements généraux du gouvernement hutu au Rwanda, s'est vu notifier vendredi le mandat d'arrêt international et l'acte d'accusation du procureur général du Rwanda, a ajouté M. Brisset-Foucault.

Pascal Simbikangwa, né en 1959, avait été interpellé mardi dans une affaire de faux-papiers. L'enquête a permis de découvrir qu'il était recherché par Interpol à la demande des autorités rwandaises notamment pour génocide et complicité et conspiration de génocide, crime organisé. Il a été écroué à Majicavo, au nord de l'île. Il a par ailleurs été inculpé dans le cadre de la procédure pour faux-papiers et aide au séjour irrégulier en bande organisée, pour laquelle il encourt jusqu'à 10 ans de prison. Des faux papiers, notamment des cartes d'identité françaises et un "matériel informatique perfectionné" servant aux faussaires ont notamment été saisis, a précisé le procureur.

Arrivé clandestinement à Mayotte en 2005, après plusieurs années de séjour aux Comores voisines, Pascal Simbikangwa, qui est cloué dans un fauteuil roulant, se livrait à Mayotte à un trafic de faux papiers sous la fausse identité de Safari Sedinawara, a indiqué vendredi la police. Le génocide au Rwanda a fait selon l'ONU 800.000 morts parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés. Il est sujet de tensions récurrentes entre Paris et Kigali, qui accuse la France d'avoir aidé, voire participé, au génocide de 1994, ce que la France dément avec énergie. Les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda ont été rompues en novembre 2006.

31/10/08 – Tenesol inaugure la plus grande centrale photovoltaïque de l’île

Vendredi à 15h 30, le directeur de l'équipement Philippe Porte et M. Melle, directeur de Tenesol Océan Indien inaugureront la plus grande centrale photovoltaïque de Mayotte, installée par l'entreprise Tenesol sur les toits des bâtiments de la direction de l'équipement, à M'tsapéré. L'inauguration de cette centrale s'inscrit dans une démarche de promotion du recours aux énergies renouvelables et dans un but pédagogique. En effet, la direction de l'Equipement réunira à l'occasion de cette manifestation des acteurs publics, des industriels et des professionnels du bâtiment, afin de "pouvoir imaginer qu'un jour les énergies renouvelables propres, gratuites et illimitées, puissent constituer la source principale de production d'électricité.

Les associations de protection de l'environnement, ainsi que des scolaires sont également conviés afin de sensibiliser la population aux avantages du recours aux énergies renouvelables et aux économies d'énergie à travers un stand "Energie", tenu par l'Ademe et EDM. L'inauguration de cette centrale photovoltaïque constitue une contribution significative à la stratégie française, qui prévoit, après l'adoption mardi 21 octobre du premier volet du projet de loi de programme relatif à la mise en oeuvre du Grenelle de l'Environnement, une montée en puissance des énergies renouvelables dans les territoires ultramarin,et ce afin d'atteindre une autonomie énergétique de 50% à l'horizon 2020, et de 100% à terme.

UNE Mayotte Hebdo N°402 – Vendredi 31 octobre 2008

UNE Mayotte Hebdo N°402 - Vendredi 31 octobre 2008Départementalisation

L'avenir du Foncier

 > Politique – 50 ans de départementalisation
 > Education – La grève des instits continue
 > Vie des communes – Bandraboua investit dans le logement
 > Mayotte Eco – Epargnée par la crise… pour le moment
 > Sports – Foot, Basket, Athlétisme …
 > Dossier exceptionnel 6 pages – Le Foncier à Mayotte (Taxe Foncière, Cadis, Bornage, Régularisation, ZPG, Notaires, Nouveaux impôts, Parcelles …)

Le ministère s’intéresse aux étudiants ultramarins

La réussite des étudiants mahorais en Métropole est insuffisante. Le constat est amer, mais brutal. Une fois dans l’Hexagone, nos lycéens et étudiants sont plus confrontés à l’échec scolaire que leurs homologues de l’Hexagone ou des autres Dom-Tom. Changement de climat, de société, éloignement de la famille, peu de structures de soutien, repli communautaire, pas de préparation à la vie universitaire, tous ces éléments jouent dans le bilan peu flatteur des Mahorais : 6% passeraient du bac à la deuxième année de licence en 3 ans contre 20% au niveau national.

 

Hervé Baussart, professeur à l’Université de Lille 1 et ancien président de la même université a passé deux jours à Mayotte dans le cadre d’une mission du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Le but de celle-ci est de prendre en considération les conditions de vie des étudiants ultramarins – et donc des Mahorais – et de s’intéresser à leur environnement de départ pour améliorer leur réussite scolaire une fois dans l’Hexagone.

 

“La mobilité, le transport, l’orientation, nous nous intéressons à tout cela. Nous avons remarqué que l’orientation est surtout disciplinaire, alors qu’elle doit répondre à un projet professionnel. Nous devons aussi travailler sur l’accueil et l’accompagnement. Pourquoi ne pas faire bénéficier d’un système d’accueil à l’université avec tour du campus comme c’est le cas pour les étudiants étrangers ?”, a souligné l’émissaire de Valérie Pécresse. Lors d’une discussion avec des conseillers généraux ainsi que des techniciens de la CDM, Hervé Baussart a pu relever les attentes des élus mahorais.

 

Pas de pôle ni de logements universitaires à l’heure actuelle à Mayotte

 

Ainsi pour Hadadi Andjilani, 3ème vice-président du conseil général, étudier à Mayotte n’est pas un problème, au contraire de nombreux étudiants mahorais retardent leur départ en Métropole en assistant à des cours à l’IFM, au CEFSM ou au Cnam. Ce sont plutôt les conditions dans lesquelles les étudiants mahorais suivent leurs études supérieures : pas de pôle universitaire, ni de système de réductions pour leurs activités, transport parfois long entre le lieu de résidence et les salles de classe, etc. Le conseiller général de M’tzamboro, Ali Bacar, considère pour sa part qu’il y a “un énorme gâchis”, puisque des étudiants mahorais reviennent avec des compétences, mais sont contraints par le marché de l’emploi à se caser dans un secteur qui ne leur correspond pas.

 

Didier Mercier-Lachapelle, directeur général adjoint aux services à la population a quant à lui insisté sur la position statutaire bancale de Mayotte. “Nous ne sommes ni un Dom, ni un Com, mais une CDM, un statut qui n’est pas connu par les administrations universitaires. Cela n’est pas évident pour nos étudiants à faire comprendre aux personnels auxquels ils sont confrontés durant leurs démarches.” Enfin pour Mirhane Ousseni, 4ème vice-président du conseil général, la CDM attend que l’État mette des dispositifs complémentaires aux siens pour aider les étudiants mahorais en Métropole, surtout en matière de logement et d’accompagnement dans les démarches administratives. “Nous avons mis en place 5 médiateurs académiques qui sont chargés d’aider les étudiants mahorais sur place”, confie-t-il.

 

On le voit, les pistes de réflexion sont nombreuses, les solutions peuvent l’être aussi. Cette étude sur les conditions de vie des étudiants ultramarins se poursuit jusqu’en février. En espérant qu’elle puisse aboutir sur quelque chose de concret.

Faïd Souhaïli

 


 

 

Des étudiants pas tout à fait comme les autres

 

Les étudiants mahorais qui restent sur l’île sont de plus en plus nombreux. Mais contrairement à leurs collègues qui sont sur le territoire hexagonal ou dans les Dom, ils ne profitent pas de tous les avantages que pourrait leur conférer leur statut. Pas de réduction dans les transports, ni de logement universitaire, encore moins de sécurité sociale ou de mutuelle étudiante. Bref, la vie universitaire mahoraise n’est pas facilitée même si les étudiants possèdent une carte d’étudiant et la bourse nationale.

 

En Métropole, l’opération Micro portable étudiant (Mipe) a permis depuis 2004 à plus de 600.000 étudiants de disposer d’un ordinateur portable de qualité, à prix plancher, avec solution de financement correspondant à moins d’un euro par jour, garanti 2 ans et équipé des logiciels de base (tableur, traitement de texte, anti-virus). En 2004, 8% des étudiants français disposaient d’un ordinateur portable, maintenant, ils sont 55%.

 

Un effort a été fait également dans les universités pour avoir un accès gratuit à internet pour les étudiants grâce à des bornes wi-fi. Malheureusement, comme pour de nombreux dispositifs, tout cela n’est pas accessible à l’étudiant mahorais à l’heure actuelle, alors que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche reconnaît que la maîtrise des outils informatiques est aujourd’hui un préalable à toute insertion professionnelle.

 

Certains établissements ont choisi le principe du podcast ou baladodiffusion pour diffuser leurs cours. C’est le cas notamment de la faculté de médecine de l’Université Joseph Fourier Grenoble 2. Plus besoin d’être en amphi pour suivre le cours et il y a une possibilité d’envoyer ses questions aux professeurs par courrier électronique…

31/10/2008 – Bandraboua : La commune s’investit pour le logement

Premier point voté ce dimanche par le conseil municipal de "la commune la mieux gérée de l'île" (voir MH 401 "Les communes sont elles ruinées ?") : le rajout au budget d'une subvention du fonds intercommunal de péréquation, d'un montant de 150.387€, ainsi que le rajout de la recette d'une vente aux enchères de vieux véhicules réalisée récemment par la commune.

Toujours dans le domaine financier, le conseil municipal a enregistré l'encaissement d'une subvention allouée par l'Etat dans le cadre de la dotation globale d'équipement, pour l'achat de meubles destinés à la MJC de Bouyouni. D'un montant de 77.787€, la subvention a été accordée suite à une demande de la commune. Le conseil a également demandé à l'Etat une subvention complémentaire de 402.387€ pour l'achèvement des travaux du lotissement de Bandraboua mairie, en cours de réalisation. La commune y aménage 80 parcelles qui seront ensuite distribuées en priorité aux habitants ayant fait une demande de logement LATS. Elles devraient être achevées fin 2009.

Toujours sur le logement, le conseil a également revu une décision du 27 septembre dernier concernant l'achat de terrains communaux par des particuliers. "Dans le village de Dzoumogné, où la commune possède 16 hectares, plusieurs personnes ont construit illégalement", explique le secrétaire général de la mairie Abdillah Tamimou. "Le maire a choisi de leur laisser la possibilité de se régulariser en rachetant ces terrains à la commune, à un tarif préférentiel de 15€ le m² au lieu de 45€, leur valeur réelle. Plusieurs personnes ont déjà formulé des demandes d'acquisition. Nous avons choisi cette solution pour ne pas pénaliser les gens par rapport à ceux qui ont bénéficié de la régularisation gratuite des terrains de la CDM."

Deux envoyés au congrès de Guyane

Le conseil a également enregistré l'obtention de subventions allouées par la DE et la CDM pour les études de faisabilité de trois lotissements : à Dzoumogné, M'tsangamboua et Bouyouni. La subvention est de 45.000€ par lotissement, soit 135.000€ auxquels la commune rajoute 25.000€. Les travaux du lotissement de M'tsangamboua seront conduits par la DE, pour les deux autres, une demande de convention avec la Sim a été formulée.

La commune a également fixé le montant des indemnités versées aux habitants du quartier Kadjiftchéni à Bandraboua qui ont vu leur banga ou leurs cultures détruites pour les besoin de la RHI. Une indemnisation de 2.900€ sera divisée entre les trois personnes concernées pour la destruction des bangas; l'indemnisation des cultures sera fixée sur le barème établi par la Daf.

Dernière décision, celle concernant les déplacements à l'extérieur. Raisonnable, le conseil municipal de Bandraboua a décidé que ses deux envoyés au congrès de l'ACCDOM en Guyane, à savoir le maire et un de ses conseillers municipaux, se rendront également au retour au Congrès des maires de France à Paris.

Le conseil s'est terminé sur un débat concernant l'éviction récente de Madi Ahamada de la tête du Sieam, sans donner lieu à aucune décision officielle.

Hélène Ferkatadji

31/10/2008 – Air austral survole la crise

Malgré un contexte international tendu, un marché de l'aéronautique toujours aussi rude, une parité euro/dollar de plus en plus défavorable aux entreprises européennes et les aléas du prix de l'or noir, la firme réunionnaise présente un bon bilan pour l'exercice 2007 2008. Elle enregistre un chiffre d'affaires de 264 millions d'euros, soit une progression de 19% en un an. Sa marge d'exploitation se fixe à 6,4%. Elle bouclera donc l'année sur un résultat net de 12,5 millions d'euros.

Le flux de et vers Mayotte représente 24% du trafic total de passagers de la compagnie, soit 186.000 passagers des 789.387 transportés en 2007sur l'ensemble de ses lignes. Le trafic de fret et poste de et vers Mayotte s'est quant à lui hissé à plus de 2.100 tonnes en 2008, contre 84 tonnes en 1978, un an après la création de la compagnie. "Notre engagement envers Mayotte se traduit par une obligation morale de service public. Et malgré l'arrivée de la concurrence, nous continuerons à proposer la meilleure fréquence de desserte de l'île, avec la régularité et le sérieux qui ont toujours caractérisé la compagnie et sa relation avec Mayotte", a déclaré Gérard Etheve, directeur général d'Air Austral.

L'homme a ainsi voulu souligner "le lien de réciprocité qui réunit l'île et la compagnie depuis trente ans, l'une et l'autre s'épaulant dans leur développement respectif".

Illustration de sa volonté d'extension, la compagnie élargit son maillage régional, avec le lancement d'une nouvelle rotation hebdomadaire vers Tananarive, structurée autour d'un départ de Mayotte le vendredi et d'un retour possible le dimanche ou le lundi. Également prévu, le lancement d'une gamme de tarifs spécial "week-end" pour la Réunion, à partir de 180 euros hors taxe, qui restera fixe toute l'année. En exclusivité, les dirigeants d'Air Austral ont également dévoilé la grille tarifaire pour les deux nouvelles destinations, desservies à partir d'avril 2009, Sydney et Nouméa, sur des bases respectives de 798 € et 998 € hors taxes.

Concernant les projets de mesures avancés par M. Jégo en faveur du désenclavement des territoires ultramarins, M. Etheve a dévoilé que toutes les compagnies qui desservent l'Outremer français ont été conviées, le 3 novembre prochain, rue Oudinot pour une rencontre avec le secrétaire d'État. "La racine du débat réside en fait dans la technique de commercialisation des billets, dite du "drill management". Il apparaît, du point de vue des politiques, que cette technique ne soit pas la plus favorable pour les habitants de l'Outremer, mais pour l'heure, aucune compagnie ne peut s'extraire isolement de ce système généralisé au risque de disparaître", analyse le directeur.

Le directeur d'Air austral a conclu son intervention en annonçant l'agrandissement de la flotte pour 2009, grâce à la location de deux Boeing777 et l'achat d'un ATR72, avant d'évoquer le projet Air A380, filiale née du partenariat d'Airbus et d'Air austral, qui devrait devenir, à l'horizon 2014, une compagnie à bas coûts pour desservir l'Outremer. "L'A380 est l'outil qui sera capable d'apporter les tarifs les plus bas possible", a confié M. Etheve.

François Macone

30/10/08 – Pas de RSA avant 2015

Une délégation de Mayotte a été reçue ce lundi par Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer au ministère de la rue Oudinot. Dans un communiqué de presse envoyé par le sénateur Soibahaddine Ibrahim Ramadani, il ressort de cet entretien que le débat au Parlement préalable à la consultation de la population de Mayotte, n'aura pas lieu car le gouvernement n'y est pas favorable. Entre le 15 novembre et le 15 décembre 2008, des discussions s'engageront entre le gouvernement et les élus de Mayotte sur une "feuille de route" destinée à définir la forme de la consultation ainsi que le calendrier de la départementalisation. Ainsi, il apparaît d'ores et déjà que si la consultation portera bien sur la départementalisation mais qu'en revanche, la question posée sera adossée à la "feuille de route" retenue. La loi organique,  tirant les conséquences du vote positif des Mahorais, entrera en vigueur au plus tôt le 1er janvier 2010.

Ce sont les budgets 2010 et 2011 de la "Mission Outremer Mayotte" qui seront mobilisés pour financer la mise en application des "outils préalables" à l'extension de certaines matières dont la fiscalité (adressage, évaluation, compensation de perte de recettes etc.). Quant au volet social, il est envisagé d'aligner les minima sociaux actuellement applicables à Mayotte sur ceux de la métropole et des Dom. En revanche, le RSA, déjà adopté à l'Assemblée nationale et au Sénat, ne pourrait être étendu à Mayotte au plus tôt qu'en 2015 et au plus tard qu'en 2020.

29/10/08 – Crise financière : Mayotte épargnée pour le moment

Mardi matin s'est tenu, sous la présidence de M. Bruneel, directeur général des opérations à la Banque de France, et en présence de M. Barroux, directeur général de l'institut d'émission des départements d'Outre-mer (Iedom), le conseil de surveillance de L'Iedom. L'occasion pour les hôtes de M. Beltrand, directeur de l'agence de l'Iedom à Mayotte, de passer en revue l'évolution de la situation économique et financière des départements et collectivité d'Outre mer, mais également de faire un point sur l'impact de la crise financière sur les économies domiennes. Les experts présents ce matin à l'hôtel sakouli le reconnaissent. Aucune économie ne sortira indemne de cette crise. Cependant, la solidité des facteurs et des éléments intrinsèques de la croissance des territoires ultramarins pourraient en nuancer les effets. Pour l'heure, l'analyse des indicateurs ne révèle pas de récession, même si on ne peut exclure de "possibles répercussions dans les mois ou les trimestres à venir", a prévenu Yves Barroux.

La bonne tenue des fondamentaux de l'économie locale, comme la santé vigoureuse du secteur immobilier, la consommation des ménages soutenue, appuyée notamment par un recours au crédit croissant (30% d'augmentation en un an), la demande croissante de logement, l'activité du bâtiment et l'investissement marqués des entreprises locales, constitue pour l'heure, un rempart à la morosité économique globalisée. Thierry Beltrand, directeur de l'agence Iedom Mayotte, explique cependant que les conditions d'octroie de crédit par les banques commerciales pourraient se durcir, ce qui conduirait à affaiblir le dynamisme de la consommation et de l'investissement actuel. En effet, devant la difficulté des banques à trouver des financements, et en attendant les effets des différentes décisions politiques de garantir les prêts interbancaires, les établissements bancaires restreignent leurs conditions d'accès au crédit, pour faire face à l'augmentation de son coût.

28/10/08 – La grève des instits reconduite

En ce jour de rentrée scolaire, ils étaient environ 13% de grévistes selon le vice rectorat, dont une centaine de manifestants. Les instituteurs de l'intersyndicale SE CGT Ma/Sima Snudi FO ont été reçus dans la fin de matinée par le secrétaire général du vice recteur, pour un dialogue toujours aussi fermé. "Nous avons étudié les différents points de revendication avec eux, expliquet- on, au vice rectorat, mais nous leur avons fait remarquer, comme précédemment, que la majorité d'entre eux relèvent directement des ministères et non de notre compétence propre." La majoration de la DSI doit être versée par le conseil général ou l'Etat, la titularisation des contractuels relève d'après le vice rectorat d'un plan national, la construction des écoles primaires est passée sous la compétence de l'Etat d'après les syndicats, reste de celle des communes pour l'administration, comme c'est le cas en métropole. "Nous avons fait remarquer au secrétaire général du SE CGT qu'il avait écrit au premier ministre sur ces sujets, s'il y a une réponse elle ne viendra pas de nous mais de plus haut."

Côté grévistes on ne se satisfait toujours pas des réponses apportées. "Le discours du vice rectorat n'a pas changé d'un iota, déplore Rivo. Notre mouvement à maintenant l'assentiment des élus locaux, si le vice recteur ne change pas sa position, nous continuerons le mouvement." La grève est donc reconduite ce mardi, l'intersyndicale ne demande audience à personne mais annonce qu'elle est ouverte au dialogue, celui qui va dans son sens.

27/10/08 – Le 5e forum des îles de l’océan indien à Mayotte

Le 4ème Forum des Iles de l'Océan Indien impulsé par l'Union des Chambres de Commerce et d'Industrie de l'Océan Indien qui a eu lieu à Moroni du 21 au 23 octobre vient de se terminer. 275 institutionnels et opérateurs du secteur privé ont participé à ce forum dont 90 étrangers composés des délégations des Emirats Arabes Unis, Mauriciennes, Réunionnaises, Malgaches, Seychelloises et Mahoraises. Des thèmes importants pour la région ont été soulevés. Près de 600 rencontres B2B ont eu lieu en parallèle des ateliers de travail et 50 d'entre elles ont fait l'objet de signatures de partenariats. En marge du Forum, le Conseil d'Administration de l'UCCIOI où l'ensemble des membres titulaires et associés étaient présents s'est réuni le mercredi 22 octobre à 18 heures pour procéder à la prise de décisions et élire le nouveau bureau. Ainsi la candidature de la CCI de Mayotte pour l'organisation du 5ème Forum des Iles de l'Océan Indien a été adoptée à l'unanimité des membres.

24/10/2008 – Semaine bleue : La parole aux anciens

"Pour vivre ensemble nos âges et nos cultures, restons connectés !" Ce slogan est le thème de la Semaine bleue 2008, la première organisée à Mayotte. Et pour mieux connecter les personnes âgées aux jeunes, l'association Wadzadé de Bandraboua a choisi de les accueillir… au foyer des jeunes. Pilotée par l'Afar CDM, l'Association des fonctionnaires et agents retraités de la CDM, la Semaine bleue repose sur les associations communales, notamment Wadzadé de Bandraboua, la Fam de Moinatrindri et les Cocos club sénior de Pamandzi. Ces trois structures recevaient 150 à 200 personnes venues de toute l'île lundi, mardi et mercredi, pour permettre aux personnes âgées de se rencontrer, d'échanger et de parler de leurs problèmes du quotidien aux associations fédérées.

"Les faire circuler dans l'île toute la semaine permet de lutter contre l'isolement qui frappe les personnes âgées", explique le président de l'Afar CDM. "Cela leur permet de revisiter leur île, des endroits qu'ils n'ont pas vus depuis longtemps et qui ont beaucoup changé." Au programme de cette première journée, une présentation des différentes associations et de l'Afar CDM qui fédère toutes les structures. "Il y a peu d'activités pour ces personnes", regrette Ali Nizari, le président de Wadzadé. "Il faut leur permettre de se rencontrer, mais aujourd'hui nous allons aussi leur parler de la politique de la Collectivité les concernant et des dossiers pour lesquels nous luttons, notamment le logement sur lequel il y a un gros travail à faire, ainsi que la santé."

 "Bien vieillir"

La semaine s'est poursuivie dans une bonne ambiance à Moinatrindri où l'association locale avait prévu un repas traditionnel confectionné par les cocos, ainsi qu'un maoulida shengué. Mercredi, les Cocos de Pamandzi recevaient leurs camarades pour une exposition de Bachir, de photos de la création de Pamandzi, avec un couscous géant et une exposition des créations des cocos, essentiellement des poupées mahoraises. Bandraboua poursuit l'animation en fin de semaine avec un namandzia géant au foyer des jeunes ce vendredi à partir de 15h, suivi d'une soirée de danses traditionnelles.

En clôture de cette première Semaine bleue mahoraise, une conférence sur le thème "Bien vieillir" est organisée au Koropa ce samedi 25 pendant toute la journée. Organisée par l’Afar CDM en collaboration avec toutes les associations de personnes âgées de Mayotte, elle permettra de faire remonter les revendications de cette classe d'âge qui a peu la parole. Une soirée zamantalouha le soir du samedi 25 au foyer des jeunes de Bandraboua conclue la semaine.

Hélène Ferkatadji

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes