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12/12/2008 – Lieu-dit : Choungui

Histoire et évolution

« La génération actuelle ne doit pas oublier d’où on vient »

À l’occasion de ce reportage, plusieurs interlocuteurs se sont successivement passés la main afin de trouver celui qui pourrait nous conter au mieux le village et son actualité. Des jeunes gens, d’autres personnes un peu plus âgées, tous ayant grandi, vécu ou s’étant marié à Choungui. Nous avons finalement pu rentrer en contact avec celui qui semblait le plus apte à remplir cette tâche…

« La génération actuelle doit connaître l’histoire et les origines de notre village. Ils ne doivent pas oublier d’où on vient car s’ils l’ignorent, le jour où nous, les plus grands disparaîtront, qui pourra le faire ? ». C’est ainsi qu’Ahmed Soilihi, ancien maire et directeur de l’école primaire de Choungui, entame l’entretien, installé sur son canapé où, près de lui, sa petite fille sommeille paisiblement.

Mayotte Hebdo : Connaissez-vous la première famille de Choungui ?

Ahmed Soilihi : Parfaitement, puisque je fais partie de cette descendance. Ce sont les « Foundi », les premiers du village. Ensuite, il y a eu la famille M’kadara et la famille Idaroussi.

MH : Ceci date de combien d’années ?

AS : Ouuuh ! Je ne pourrais pas vous dire de combien de temps ça date.

MH : Une date approximative…

AS : Je suppose que ça devait être au 17ème ou 18ème siècle, quelque chose par là. Je suis désolé, je ne peux pas être plus précis sur la période. En revanche, je sais comment est né le village… La famille Foundi est d’origine malgache. Lorsqu’ils sont arrivés à Mayotte, c’est à Saziley qu’ils logeaient, mais leur lieu de vie a été décimé par une importante maladie et ils ont été obligés de fuir. Il y avait parmi eux M’zé Touaka et sa sœur. Ensemble, ils ont parcouru les villages du sud : M’bouini, Passi-Kéli, M’ronabéja… seulement, sachant d’où ils venaient, les habitants de ces localités les chassaient constamment. Arrivés à Kani-Bé, M’zé Touaka et sa sœur ont rencontré un voyant qui leur a proposé de rapporter de la terre dans la région où nous vivons aujourd’hui. M’zé est revenu avec différents blocs de terres et les a présentés au voyant qui leur a conseillé de créer leur foyer à l’endroit d’où provenait une des terres qu’il a examinées. Ainsi, M’zé Touaka et sa sœur sont montés dans la forêt. Ils y ont cultivé et construit leur petite maison, puis redescendaient à Kani-Bé jusqu’à la finition du foyer. Seuls pendant très longtemps, en pleine forêt, ils avaient peur, mais n’avaient pas le choix.

« Pratiquement tous les visiteurs de l’île font le mont Choungui »

MH : Choungui était donc une immense forêt avant la venue de cet homme. Racontez-nous son développement…

AS : Oui. Et d’ailleurs, le nom du village c’est « Choungua » à l’origine, ce qui signifie champ de culture vivrière. Mais bon, il s’est transformé en Choungui au fur et à mesure. Au fil du temps, la population a grandi jusqu’à devenir un village. Avant, nos habitats étaient construits en terre battue, avec des toits en tôles pour ceux qui en avaient les moyens. Le premier à construire une maison en dur a été Idaroussi, un retraité militaire. C’est aussi le premier commerçant de Choungui. Il vendait un peu de tout grâce à la marchandise qu’il récupérait en Petite Terre. Il n’y avait pas de route ! Alors, nous utilisions le bateau jusqu’à M’ronabéja et puis nous continuions à pied. Parfois, Idaroussi faisait transporter ses biens par des ânes. Nous allions à l’école à pied, jusqu’à M’zouasia, d’autres se rendaient à Chirongui, à M’ronabéja ou à Kani tous les jours, jusqu’à ce que les villageois décident de créer une école près du terrain de foot en 1976. Tous les travailleurs, charpentiers, menuisiers, maçons se sont unis pour ce projet. Aujourd’hui, notre école se trouve à l’entrée du village. (Ahmed Soilihi réfléchit un temps…) Il y avait énormément de rivières dans les années 80, beaucoup d’eau. Je me souviens quand je jouais au football, on se rendait tous à la rivière après le match pour nous laver, tranquillement. A Choungui, il y avait aussi beaucoup d’oiseaux, des dizaines de types d’oiseaux. Il y avait de grands aigles…

MH : Mais que s’est-il passé ?

AS : En 1984, le cyclone Kamissi a ravagé Mayotte, il a surtout tapé de plein fouet la zone sud. Depuis cet événement, tout a changé. L’eau des rivières a diminué chaque année jusqu’à rendre la dernière goutte, les oiseaux ont disparu. C’était aussi le début de l’insalubrité. Le respect de notre environnement, de la propreté du village continue de s’estomper. Je me souviens, nos mamans s’occupaient de la protection de l’environnement, mais pas possible ! Aujourd’hui, on s’en fout !

MH : Vous avez espoir que cette mentalité perdue revienne un jour dans le village ?

AS : Moi, j’aurais aimé garder cet aspect de la propreté initiale de nos mamans. Je souhaiterais qu’on respecte cet amour ancestral de la propreté à Choungui. Maintenant, à nos jeunes d’agir et à nous de les encourager à agir afin de retrouver cette mentalité. Nos jeunes doivent s’occuper de l’agriculture et de l’artisanat, ce sont deux grands atouts touristiques que l’on n’exploite pas lorsqu’on sait que pratiquement tous les visiteurs de l’île font le mont Choungui. En redescendant, ils veulent visiter le village, mais seulement il n’y a pas tellement d’activités. Il reste qu’un seul monsieur ici qui continue dans l’artisanat, il s’appelle Halifa Alidi. Malheureusement, il a beaucoup de mal à vendre ses créations, c’est dommage !

« Ils en avaient marre de vivre coupés du reste de Mayotte, sans route et sans eau »

MH : Le village était-il aussi grand il y a quelques décennies ?

AS : Oh non ! Au contraire… C’était même l’exode. Des familles quittaient le village pour la ville ou la France. Ils en avaient marre de vivre coupés du reste de Mayotte, sans route et sans eau. Choungui était pénible à vivre. La route a été inaugurée en 1979 et un peu plus tard, l’adduction de l’eau. À présent, ceux qui reviennent veulent habiter ici, c’est calme et il fait très frais à n’importe quel moment de la journée, mais il n’y a plus d’emplacement. Pour vous dire, des lotissements sont en cours !

MH : Vous avez été maire de la commune à une période ?

AS : En effet ! C’était entre 2001 et 2007. Avant cela, j’étais conseiller municipal du village depuis 1983, mais aussi adjoint au maire. Aujourd’hui, je suis directeur à l’école primaire de Choungui. Et malgré la fin de mon mandat, je reste un politicien. Je fais partie de l’UMP et j’assiste à certaines réunions politiques.

MH : Beaucoup de villageois perçoivent Choungui comme l’oublié de la commune. Lorsqu’ils regardent ce qui se réalise dans les autres localités – les MJC, les plateaux polyvalents… – ils constatent la différence qui est claire d’ailleurs. Comment percevez-vous ce point de vue ?

AS : Non, je ne dirais pas que Choungui est un village oublié. C’est vrai qu’il manque beaucoup de choses, mais le problème n’est pas l’isolement. Il y a d’abord un souci financier, mais surtout un gros problème de foncier. A Choungui, il y a encore des problèmes de foncier, mais il faut savoir que le projet d’effectuer un plateau polyvalent et une MJC sont d’actualité, en tout cas pendant mon mandat, mais la nouvelle équipe doit certainement avoir un œil dessus. Lorsque j’étais maire, nous avons pu accomplir deux grandes MJC à Kani-Bé et à Kani-Kéli. Les élus ont des villages prioritaires et les villages prioritaires sont ceux dont les terrains sont disponibles.

Propos recueillis par Ichirac Mahafidhou

 

12/12/08 - Lieu-dit - Choungui

 


 

Transport

 

Le « stop » plutôt que le taxi

Les taxis… les villageois de Choungui n’y comptent pas trop, pour ne pas dire du tout ! Alors lorsque l’un d’entre eux souhaite quitter le village, c’est en « stop ». Et si ailleurs les auto-stoppeurs tendent le pouce ou le bras pour tenter d’influencer les voitures passagères, ce geste n’est vraiment pas nécessaire à Choungui : « Nitsaa ni pachié ! » (ndlr : « Je veux monter ! ») et l’affaire est réglée !

On ne le répètera jamais assez. Avec son interminable montée afin de l’atteindre, Choungui demeure un village très isolé parmi les autres localités de la commune. Toutefois, cela n’empêche pas les habitants d’en sortir quand bon leur semble. Certes, ils ne bénéficient pas des nombreux passages de taximen comme la majorité des Mahorais peuvent en bénéficier : l’endroit reste beaucoup trop haut et au bout d’un cul de sac. Par conséquent, les chauffeurs de taxis risquent de rebrousser chemin, déçus en apercevant l’unique caillasse des bords de route. Ils pourront toujours se donner la peine de procéder à un, deux ou trois tours du village, mais ce ne sont pas beaucoup d’habitants qui grimperont dans leurs automobiles.

« Il y a des personnes qui attendent les taxis qui ne montent jamais, plus tard dans la journée il y a un ou deux taxis qui passent par-là, mais qui ne trouvent personne », témoigne Ahamadi Ibrahim. Dans la fraîcheur et le calme absolu du village, il poursuit : « Il n’y a pas de coordination, pas d’organisation, rien ! C’est, ou bien tu as de la chance ou bien tu n’en as pas ». Selon le nouveau bachelier en STG Mercatique, futur étudiant de Métropole, il serait convenable pour le bien du village que les responsables de la commune ou des taximen mettent en place des horaires : « ce serait tellement plus clair et plus simple ».

Cette bonne idée ne concerne pas uniquement Choungui, car d’autres villages – une minorité – qui ne sont pas au bord de la route principale, se trouvent dans la même situation. En attendant, les Chounguiens ont trouvé une astuce pour combler le manque de taxis : le « stop ». Cette solution au problème constitue tout simplement une logique, une évidence.

Grande famille, donc grande chance de trouver du « stop »

« Choungui n’est pas un immense village, tout le monde se connaît », affirme le surnommé Tishen. Dépassant l’accointance, le relationnel, la bonne entente entre les habitants, la moitié des villageois sont de la même famille, proche ou éloignée. C’est donc de bon cœur, par gentillesse, mais aussi par lien de parenté que les automobilistes de la place ramassent les auto-stoppeurs. Et pour les plus égoïstes, difficile à la – seule, unique et étroite – sortie du village de faire semblant de n’avoir vu personne quand il y a quelqu’un au bord de la route.

Finalement, bien que les taxis ne sont pas fréquents, pour ne pas dire inexistants, les liens amicaux et familiaux permettent aux auto-stoppeurs de trouver gain de cause en leurs chauffeurs d’un jour et de toujours, « plus nombreux au fil du temps ». Bien entendu, ce n’est pas tous les automobilistes du village qui ramassent, même s’ils ont de la place. « Il est possible qu’une personne ou une famille possédant une voiture ait un souci avec untel ou untel villageois, dans ce cas-là il ne s’arrêtera pas. Mais bon, c’est rare que ça arrive », explique le jeune homme de vingt ans confortablement installé sur un parpaing.

Dans son dos, une dame se rendant à la sortie du village pour trouver du stop croise sur son chemin une voiture, vitre passagère baissée : « Nitsaa ni pachié ! », s’écrie-t-elle. Pas cinq mètres plus loin, et la Peugeot 205 rouge s’immobilise. Le temps pour la villageoise de monter et le chauffeur repart tranquillement… Un exemple type, en direct, de ce que peut être le transport à Choungui. « Ceux qui ne s’arrêtent pas sont fichés ici. Ça fait vite le tour ! », assure Tishen. Leur inconvénient pour ceux-là constitue la « musada », c’est-à-dire l’entraide des villageois qui s’affaiblit à leurs uniques dépens.

La galère du retour

Le retour au village demeure une toute autre histoire, un réel problème, surtout pour ceux qui se rendent dans la capitale mahoraise. Là, les taxis sont bel et bien présents, seulement voilà, Choungui n’a aucun centre d’intérêt pour l’ensemble des taximen se rendant au sud de l’île. La cause ? Un tel détour pour un ou deux clients n’est pas imaginable. Conséquence, ce sont parfois jusqu’à trois ou quatre heures de temps que les premiers habitants de Choungui souhaitant rentrer chez eux doivent patienter.

« Si on veut rentrer, nous devons être quatre ou cinq personnes de notre village, sinon le taxi refuse de nous conduire. Avec cinq personnes et 4,80 euros par tête, le chauffeur est gagnant. Peu lui importe de nous rendre service, c’est d’abord son intérêt avant celui de la population », constate amèrement Tishen. Une solution autre se présente aux habitants de Choungui à ce moment-là… avoir recours au « stop », une nouvelle fois.

« Moi, quand je n’ai pas envie d’attendre, je prends le taxi qui va à Chirongui ou à Bouéni. Au mieux il me laisse au carrefour* et là j’attends qu’une voiture me monte au village », explique le jeune homme de vingt ans. « Les habitants de Choungui nous connaissent, nous reconnaissent sur la route. Si ce n’est pas rempli, ils s’arrêtent, sans souci ». Le « stop » représente donc majoritairement le moyen de transport des non-conducteurs chounguiens. Et quoi qu’il arrive, quel que soit le risque ou le pourcentage de trouver de quoi rentrer, ce n’est certainement pas ce « handicap » qui les empêchera de déserter – pour un temps – leur village aimé.

Ichirac Mahafidhou

 


Les étudiants « n’ont pas le droit à l’erreur »

Si les taximen ne connaissent pas un franc succès à Choungui, pour cause – notamment – d’un manque d’horaires, les transports scolaires eux, se présentent tous les matins à des heures bien précises. Et tant pis pour celui ou celle qui ne se sera pas levé à temps ! A moins « d’avoir une grande gueule » selon Tishen.

4h : les premiers écoliers se lèvent, 5h30 : passage du premier bus, celui se rendant au lycée de Sada, 6h : le second car terminant sa course à Chirongui surgit pour repartir très vite. Enfin, 6h15 : le dernier transport scolaire à destination du collège de Tsimkoura s’en va.

Pour les lycéens – ceux de Sada en particulier – ayant raté le bus, le parcours du combattant demeure difficile à achever, surtout pour les timides : « Si tu restes dans ton coin en attendant que les chauffeurs t’invitent à monter, tu peux toujours attendre. Et même quand tu demandes, il y a des médiateurs qui refusent de te prendre. Ce n’est pas par méchanceté, mais ils font juste leur travail, et c’est à nous de nous lever à l’heure ! Par contre, si tu insistes, tu argumentes, tu ne veux vraiment pas rater ton cours et que tu le fais savoir, les médiateurs te laissent monter finalement. Mais il ne faut pas que ce soit trop répépétif ».

 


Culture et sport

 

Un espoir éternel de voir les choses changer

Sans éclairage ni matériel d’entraînement pour les footballeurs, sans plateau polyvalent pour les adeptes de volley ou encore sans MJC, les villageois, « oubliés » par les responsables de ces associations ainsi que par les élus de la commune, sont condamnés à agir avec les moyens du bord. En espérant que la hauteur du village – et donc son « exil » – ne constitue, un jour, plus un obstacle pour son développement culturel et sportif, comme elle l’a toujours été.

Lorsque l’on jette un œil aux structures sportives et culturelles de chaque village de la municipalité de Kani-Kéli, on se rend vite compte qu’il y a une localité différente, oubliée, négligée. « Est-ce injuste ? », demande-t-on à Irchada Ahamada. « Evidémment », répond sans un grain d’hésitation celui qui a mis en place le tennis de table et – avec Kamaria Saïd – le volley-ball à Choungui, en 2004.

-« Vous savez où on est là ? », interroge-t-il.

-« Non ! »

-« Non ? », insiste-t-il.

-« Ici, nous sommes dans notre MJC, notre belle MJC » (ndlr : Maison des jeunes et de la culture), ironise Irchada.

Et quelle triste ironie ! Car c’est dans ce foyer totalement délaissé depuis des lustres qu’est censé reposer un lieu d’accueil pour les villageois, des animateurs communaux à leur service, un centre de documentation et d’information (CDI) et des ordinateurs avec l’accès à internet pour les étudiants, un coin propre et spacieux dédié aux manifestations festives… Rien de tout cela à Choungui !

À la place, quelques mètres carrés où demeurent une construction en béton menaçant de s’effondrer d’un instant à un autre et où les enfants aiment passer du temps malgré tout, malgré l’indisponibilité, malgré le danger. Ils y ont d’ailleurs fabriqué deux balançoires, faites de fils électriques et de bouts de bois. Il y a toutefois un point positif à ne pas négliger selon Ahamadi Ibrahim dit Tishen : l’air frais traversant les endroits « réservés » aux portes et fenêtres, causant un agréable courant d’air à l’intérieur. « Vous ne sentez pas ? », plaisante-t-il. « C’est pour ça qu’on s’est arrêté ici. Même s’il n’y a rien, déjà c’est notre seule place et en plus il fait frais », conclut Tishen un peu plus sérieusement. Il faut dire que dans ce village en altitude, la fraîcheur règne partout, une grande partie de la journée.

Un cruel manque de sérieux et de volonté

Ladite « MJC » de Choungui, l’unique espace de vie des jeunes donc. Deux à trois fois par an, les plus motivés y organisent des soirées, car « il faut bien que ça bouge au moins une fois dans l’année ». Irchada estime que de nombreuses fêtes et autres événements culturels pourraient être coordonnés au cours d’une année, mais les volontaires à une quelconque organisation se font très rares. Au final, ils demeurent toujours les mêmes, tant dans la culture que dans le sport.

En ce qui concerne le football, premier sport du village, il est en voie d’extinction tant les responsables sont inexistants. Avec l’équipe Atlantic créée en 1982, le village détenait un second club : l’ASJC (Association sportive des jeunes de Choungui). Ces derniers ont fusionné en 98 pour devenir le Choungui FC. Trop de villageois veulent intégrer le groupe, mais chaque place coûtait très cher. En 2004, deux personnes ont alors l’idée de lancer une autre discipline pour ceux qui n’avaient pas la chance de faire partie du CFC.

Le hand et le basket ont été évoqués, mais c’est le volley qui sera généré : « Il y a des handballeurs et des basketteurs ici, mais pas de plateau polyvalent, donc pas de cages ou paniers. Il semblait donc plus simple de mettre en place une équipe de volley », nous explique l’arbitre de foot Irchada. « La grande question à l’époque était de savoir à quel endroit nous allions jouer », poursuit-il. Avec l’autorisation des villageois, c’est l’école primaire qui a été désignée comme terrain de jeu des volleyeurs. Mais voilà qu’aujourd’hui, ces derniers sont menacés par les parents d’élèves de ne plus jouer au sein de la structure éducative.

L’association des parents d’élèves contre le volley

« Les parents nous reprochent de nuire à la propreté de l’école et surtout nous accusent de casser les fenêtres des classes. Nous, on ne fait que s’entraîner. Par contre, les gamins entrent aussi dans la cour pour jouer au foot. Ils cassent et s’en vont, puis tout le monde est mis dans le même sac. Ceux qui respectent et ceux qui ne respectent pas », se désole le Chounguien. Dans ce cas comme dans bien d’autres, l’intervention des responsables du village et de la commune afin de trouver une solution au problème s’impose, mais là encore, aucune réaction.

Pendant ce temps, la voix des parents d’élèves se densifie jusqu’au jour où elle sera assez forte pour mettre en péril la pratique du volley à Choungui. Et pourtant, fort de sa trentaine de licenciés, cette pratique monopolise une partie des jeunes – filles et garçons – au même titre que le football (45 licenciés) ou le tennis de table (58 licenciés).

Cette présence d’activités sportives, comme partout à Mayotte constitue un atout essentiel pour l’animation et la réputation du village, et plus important pour la santé et le plaisir du sport. Elle reste également un sérieux remède contre la violence et la délinquance. Mais en persistant sur cette lancée, celle de l’isolement et du désintérêt de tous, tous ces avantages dont jouit difficilement Choungui risquent de disparaître. Et plus que les sportifs, plus que la localité, c’est la commune qui pourrait en payer le prix.

« Si on prive ces jeunes de sports, dans quoi vont-ils se lancer ? C’est leur seule occupation de retour de l’école ! », accentue Irchada. « La réponse existe déjà. », continue-t-il. « Il y a un voleur dans ce village. Il est jeune et faisait du tennis de table. Mais comment peut-il être motivé dans ces conditions ? Nous avons deux tables pour une cinquantaine de licenciés ! Aujourd’hui il est seul, heureusement, mais demain ? »

« Il y a des talents, mais absolument personne ne s’en soucie »

À Tishen de consolider l’opinion d’Irchada et des sportifs de Choungui en général : « Au foot c’est pareil. Quand on arrive sur le terrain, on prend le ballon et on fait un match. Personne n’est là pour nous. On n’a pas de coach, aucun matériel et les membres du bureau du club sont aux abonnés absents. Où est la motivation ? Les jours de match, même les gens de Choungui ne viennent pas nous voir », déplore-t-il. Selon lui, le départ des lycéens en Métropole pour poursuivre leurs études a été le déclic de cette chute libre.

« Avant, c’était bien et sérieux. Venir jouer à Choungui n’était vraiment pas chose facile, tous les adversaires nous redoutaient. Mais il y a trois ans, la grande équipe du village était composée de lycéens qui venaient d’avoir leur bac. Depuis leur départ en France, plus rien n’est pareil. Le sérieux et l’envie ont disparu », ne peut-il que constater.

Aucune structure, aucun encadrement et aucun matériel, Choungui n’est pas gâté en matière de culture et de sport, « et pourtant, il y a des talents dans notre village, que ce soit en foot, en volley ou en tennis de table. Le gros problème, c’est qu’absolument personne ne s’en soucie. Avant les dernières élections, le maire et le conseiller général étaient de Choungui, mais ils n’ont rien fait pour notre village, rien du tout. Ni pour le sport, ni pour la culture. À présent, ce sont deux personnes de villages différents. Vont-ils penser à nous ? », se demande Tishen. Lui s’en va en France pour les études, mais il espère de tout cœur que la mentalité des responsables, à propos du sport et de la culture dans son village natal, finisse un jour par changer.

Ichirac Mahafidhou

 

12/12/08 - Lieu-dit - Choungui

Un m’zungu à Choungui

 

« Je me sens bien intégré »

À l’école primaire, l’entraînement de volley se poursuit et Irchada Ahamada, notre interlocuteur principal nous parle du commerce local. Assis sur le béton, les jeunes en face s’échangent des services lorsqu’un individu se présente au « terrain ». Savates typiques de Mayotte, short à fleurs et tricot uni foncé, cet Européen se fond dans l’ambiance et se retrouve, au bout de quelques minutes, pieds nus dans la surface de jeu avec son équipe…

Il a 52 ans, certainement le plus âgé de tous, mais n’hésite pas à participer comme il en a l’habitude. Vincent Ecouard travaille au lycée professionnel de Chirongui et habite à Choungui. Vincent Ecouard – ou M. Gnota comme on le nomme là-haut – c’est le « m’zoungou » de la localité. « Ca a été bref et rare, mais il y a déjà eu des blancs qui ont habité ici », confirme l’ancien maire Ahmed Soilihi. À ce jour, M. Gnota reste le seul et l’unique !

Demeurant depuis un semestre au quartier de la mosquée (sud du village), ce professeur de vie sociale et professionnelle a vécu auparavant un mois et demi chez sa sœur à Bouéni. « Ce sont les énergies qui m’ont conduit ici », répond-il rapidement à la raison du choix du village. Car M. Gnota fait également de la bioénergie et a son cabinet à Choungui : « Je fais des massages en utilisant le magnétisme. J’ai des clients, ceux qui viennent comprennent que ça agit sur l’équilibre, l’énergie, le psychique, la santé mentale… », dit-il, précisant que ses clients sont des personnes extérieures au village.

Choungui, M. Gnota y voit un aspect inexploré : « Les gens trouvent que c’est loin donc ils hésitent à venir. C’est vrai que ça fait un peu coupé du monde si on n’est pas motorisé. Un service fixe de transport devrait se créer, à ce moment-là le village serait sûrement plus animé ». Un habitant passe près du prof et discute quelques secondes avec… en swahili. « Je maîtrise cette langue. Et je me débrouille pas mal en shimaoré », insiste-t-il avec un petit sourire. Ce jeune homme vient de lui demander un renseignement sur un devoir, ce qui arrive souvent avec les étudiants de Choungui qui sollicitent M. Gnota. Celui-ci les accueille et les aide sans aucun souci.

Cet élément s’ajoute à la bonne intégration du prof qui affirme être bien à Choungui : « Il y a de bonnes énergies ici, en plus je me sens bien intégré. On m’invite toujours dans les événements locaux. Par courtoisie, des villageois passent me rendre visite quelquefois, tout se passe bien ». Le soleil se couche à Choungui, l’entraînement s’achève et les volleyeurs – et volleyeuses – quittent l’école en attendant une nouvelle séance; non pas de massage, mais de volley avec qui sait, M. Gnota au service…

I.M

 

12/12/08 - Lieu-dit - Choungui

Commerce

 

L’isolement profite à l’économie locale

Il existe cinq petits commerces à Choungui. On y trouve du riz, de la viande, du pétrole, de la boisson, beaucoup de bonbons, quelques recharges téléphoniques, plus récemment du gaz… Loin, très loin des sandwichs frites-steak pour le midi ou du restaurant pour le dîner, les habitants de Choungui – non véhiculés – font avec ce qu’on nomme les « doukas » et/ou la production agricole locale, ceci au bénéfice de leur porte-monnaie.

Il faut savoir qu’il y a deux types de personnes à Choungui : ceux qui possèdent un moyen de locomotion et ceux qui commissionnent ! En sortant du village pour se rendre en ville, au travail, à la plage ou chez la famille, les automobilistes ont accès aux plus grandes surfaces commerciales et peuvent se procurer ce que les Mahorais « d’en bas » se procurent plus facilement. Ainsi ils vivent comme les différents habitants de l’île, commercialement parlant. Les autres, ceux qui ne possèdent pas de moyen de déplacement, se contentent de ce qu’ils peuvent obtenir dans les « doukas » et, si nécessaire, commissionnent ceux qui quittent le village.

Ces derniers ne sont pas forcément des grandes personnes ayant des voitures. A partir du moment où un villageois est collégien, il peut « partir en mission » pour sa famille… grâce aux transports scolaires. Soilihi Foundi constitue l’exemple type du commissionné de Choungui : « Moi, souvent quand je vais au lycée ma mère me confie de l’argent et me demande de ramener des choses », fait-il savoir. Tout autour de l’île, il arrive que les plus jeunes ou les plus naïves se fassent piéger par des personnes mal intentionnées, des racketteurs, qui plus est parfois leurs « camarades » de classe. Le plus malheureux est que cette monnaie est précieuse aux yeux des familles, qu’elle ne représente pas un simple argent de poche, sachant qu’à Mayotte l’argent de poche n’est pas courant… Les parents non véhiculés n’ayant pas le choix, ils reposent leurs attentes sur ces écoliers.

Un gros problème de livraisons

En deuxième année en BTS à Sada, Soilihi Foundi fait partie d’une des cinq familles commerçantes du village. Au cœur de la localité, sa mère gère la boutique, mais les Foundi se relayent entre frères et sœurs. L’air de rien, « ce sont les bonbons qui se vendent le plus. À cinq, dix ou vingt centimes, les gamins passent et repassent tous les jours », reste étonné l’étudiant de 21 ans. Et ces petits cents rapportent du bénéfice ! En dehors de la gourmandise des enfants, les villageois de Choungui consomment beaucoup de Coca. Mayco constitue une des deux seules satisfactions – avec Somagaz – de la commerçante depuis la création de son douka il y a plus de deux ans.

« J’ai essayé le pain, le riz et plein d’autres produits, mais quand ils arrivent au carrefour, les livreurs se découragent et descendent en direction de Kani-Kéli au lieu de continuer de monter. Il n’y a que Somagaz et Mayco qui respectent leurs engagements jusqu’à aujourd’hui. Pour les recharges téléphoniques, je suis obligée de descendre jusqu’à Kawéni pour en avoir alors qu’ils doivent me livrer. L’argent que je perds sur le chemin avec les taxis n’en vaut pas la peine », affirme-t-elle, « mais les habitants en ont besoin ! ».

Car avec les bonbons et le Coca en consigne, ce sont les recharges qui sont les plus achetées… Soilihi lui, positive : « De toute façon pour le pain, on peut faire un mois sans en manger. Moi, un bon bata-bata me suffit ! », assure-t-il avec un grand sourire. Par là, le Chounguien veut nous faire comprendre que les villageois de Choungui ont leur avantage, la campagne.

« Nous avons l’essentiel : la culture »

« La majorité des gens cultivent ici. On n’a pas vraiment besoin de pain ou de frites, ces aliments que les autres mangent pratiquement chaque jour. Nous avons ici l’essentiel : la culture », garantit le licencié du CVC et du CFC, les deux associations sportives du village. Cette manière de vivre avec peu de produits « importés » d’en bas n’est pas si différente de la vie mahoraise après tout, seulement la différence est qu’à Choungui, la culture est considérablement plus exploitée qu’ailleurs. Et ceci peut faire figure d’économie pour les villageois.

« Concernant la nourriture, c’est sûr qu’on utilise moins d’argent que de nombreux villages mahorais à cause, ou plutôt grâce à notre isolement », se reprend Irchada Ahamada. Le commerce crée de l’emploi, crée de l’activité et intéresse la population, autant locale qu’extérieur, il est actuellement le point fort de plusieurs communes mahoraises. Mais actuellement, s’il y a un thème qui serait susceptible d’attirer un minimum de touristes à Choungui, ce n’est certainement pas le commerce. Les cinq modestes commerçants que contient le village tentent tant bien que mal de combler les besoins de leurs – seuls – clients chounguiens.

Actuellement, rien de concret ne s’opère pour le développement économique de Choungui et à moins d’une subite réaction des élus de Kani-Kéli, cette situation ne risque pas de changer pour longtemps encore dans la « résidence » du mont Choungui.

Ichirac Mahafidhou

 

12/12/08 - Lieu-dit - Choungui

Richesse naturelle & Environnement

Mont Choungui, un écosystème exceptionnel

Emblème du village et de toute l’île, le mont Choungui, deuxième plus haut de Mayotte, est très prisé des marcheurs avec ses 594 mètres de hauteur, dont une bonne partie à pic. Peu d’entre eux savent qu’il est également un milieu naturel exceptionnel qui contient quelques espèces rares, voire uniques au monde, et qu’il convient donc de le préserver.

Etape obligée des touristes, de préférence pour le lever ou le coucher du soleil, l’ascension (sportive) du mont Choungui est une traversée de plusieurs milieux naturels en une petite heure de marche. En bas, la forêt humide et dense, en haut, une végétation sub-montagnarde et clairsemée, totalement différente. Entre les deux, la végétation rétrécit, se fait plus sèche, l’air plus respirable. Ventilé en permanence, le haut du mont est beaucoup plus sec que le reste de la forêt malgré des précipitations et une humidité élevées.

C’est ce climat particulier et la présence de roches alcalines, qui induit en général un fort taux d’endémisme, qui font du haut du mont Choungui une réserve botanique exceptionnelle, avec 6 plantes qu’on ne trouve à Mayotte qu’à cet endroit précis, dont au moins deux qui sont endémiques de l’île. Uniques au monde ! L’une d’entre elle porte d’ailleurs le nom d’Ivodea Chounguiensis.

Autre caractéristique intéressante, le haut du mont Choungui comporte un certain nombre d’espèces végétales que l’on trouve partout dans l’île, mais qui sont ici nanifiées. « Il y a moins d’humidité et plus de vent au sommet, les feuilles doivent donc être plus résistance et sont donc plus petites », explique Guillaume Viscardi du Conservatoire botanique national de Mascarin, qui part régulièrement à l’assaut du Choungui pour y trouver des espèces intéressantes.

« Le haut du mont est peut-être le reste de ce qu’il y avait avant, quand Mayotte était beaucoup plus haute », estime le botaniste. Le Dziani Bolé est d’ailleurs à peu près équivalent : sur la partie située face au vent on a trouvé une espèce qu’on ne trouvait jusque là qu’en haut du Choungui. »

Progressivement, de marche sympathique en forêt, la balade se transforme en quasi-escalade. La saison des fortes pluies de l’an dernier a encore creusé le sentier, obligeant le promeneur à s’accrocher aux racines des arbres pour se hisser toujours plus haut. Passé les 500 mètres, on se trouve enfin à découvert, la végétation est sèche et courte, la vue… magnifique.

Une partie encore inconnue

Pourtant, l’arrivée au sommet est source d’énervement pour Guillaume Viscardi : des traces laissent imaginer un bivouac récent, par des gens peu soucieux de préserver cet endroit unique. Canettes et déchets en tous genres trainent à côté d’un espace d’herbes tout aplaties qui a du accueillir une tente. Un carnage qui achève de convaincre le botaniste qu’il faut protéger le sommet du Choungui et informer les promeneurs de son importance. « Il y a au moins deux espèces uniques au sommet, dont une qui est une herbacée à laquelle personne ne fait attention par méconnaissance et qui est donc maltraitée à chaque passage. La psiadia pascalii n’a pas encore été beaucoup étudiée, elle pourrait un jour se révéler utile pour l’homme, or il n’en existe pas ailleurs. »

On trouve également au sommet au moins huit espèces d’orchidées, protégées par arrêté préfectoral. Seulement voilà, le profane ne peut les connaître et les reconnaitre et elles sont régulièrement cueillies par les promeneurs. « Depuis quelques années le sommet se dégrade énormément, toutes les personnes qui y viennent régulièrement le constatent », déplore Guillaume Viscardi. Autres preuves de l’influence humaine sur le milieu : la présence de manguiers et de citronniers, nés des noyaux jetés par les promeneurs. « Il faudrait poser des panneaux au sommet avec des photos et des informations sur les plantes rares, peut-être même une barrière pour cantonner les campeurs à la partie où le sol est terreux. C’est un endroit unique et suffisamment emblématique de l’île pour qu’on s’y intéresse un minimum », tempête le botaniste. Le mont Choungui n’a pas encore livré tous ses secrets aux chercheurs avides de découvertes exceptionnelles, tout un pan de la falaise est encore inconnu, car trop vertical pour s’y risquer sans matériel spécialisé.

Hélène Ferkatadji

 

12/12/08 - Lieu-dit - Choungui

 


Un rôle de surveillance

En shimaore, « choungui » veut dire « la vigie ». Il n’y a d’ailleurs pas que le mont Choungui qui soit un « choungui », plusieurs collines de l’île sont appelées ainsi. Autrefois, les villageois y allumaient des feux au sommet pour communiquer d’un bout à l’autre de l’île, essentiellement pour se prévenir de l’arrivée de pirates malgaches ou de soldats des îles voisines, pendant les périodes de guerres entre les « sultans batailleurs ». C’est pour cela que le haut de nombreuses collines, et du mont Choungui, sont aujourd’hui des padzas.

Les espèces qu’on ne trouve à Mayotte qu’en haut du Choungui

 

GENRE

ESPECE

SHIMAORE

SHIBUSHI

STATUT

Monoporus

bipinnatus

sari muhonko

sari honko

Endémique de Madagascar et de Mayotte

Cassipourea

ovata

 

bori ravini,

Endémique de Mayotte

Psiadia

pascalii

 

sari niewe

Endémique de Mayotte

Securinega

durissima

 

sari vavaloza mena

Endémique de Madagascar, des Mascareignes et de Mayotte

Ivodea

choungiensis

 

mvori voa

Endémique de Mayotte

Chionanthus

cordifolius

 

sari mri trele

Endémique de Mayotte

 

 

 

 

12/12/2008 – Environnement – Création du parc marin

Près de 70 personnes étaient regroupées à la case Rocher mercredi pour la première réunion du comité de pilotage du parc naturel marin de Mayotte, sous la présidence de Christophe Peyrel, représentant le préfet absent. Issu des services de l’Etat (Daf, affaires maritimes, DE,…), des collectivités locales (CG, mairies, parlementaires,…), du monde professionnel lié à la mer (pêche, aquaculture, tourisme et port) et des associations de loisirs et de protection de l’environnement, ce comité de pilotage présidé par le préfet constitue une sorte de parlement qui se réunit à chaque grande étape de la mission d’études pour la création du parc qui lui présente ses travaux.

Cette dernière est le cœur de la création du parc naturel marin. Composée de quatre agents de l’Agence des aires marines protégées, ainsi que de trois personnes mises à disposition par la Daf, dont son directeur du service des eaux et forêts Jean-Pierre Arnaud, la mission doit préparer un dossier sur les connaissances du patrimoine naturel du futur parc et l’usage que l’on souhaite en faire. Elle se divise en quatre groupes de travail : « activité nautiques et touristiques », « environnement », « pêche et aquaculture » et « composition du conseil de gestion ».

A terme, la mission et le comité de pilotage doivent proposer les limites du parc marin, qui devrait comprendre le lagon entier plus une zone encore non définie, les orientations de gestion et les membres du comité de gestion, qui mettra ces orientations en place une fois la création entérinée. La restitution de ces travaux est pour l’instant prévue pour le 31 décembre 2009, un calendrier « un peu optimiste », selon M. Peyrel. S’en suivra une enquête publique auprès de toute la population mahoraise pour recueillir les avis, critiques et propositions, ainsi qu’une consultation des organismes concernés.

Impliquer toute la population

« La mission a déjà bien travaillé auprès de la population », se réjouit Hadadi Andjilani, le conseiller général de Ouangani. « Les gens en parlent déjà beaucoup entre eux, c’est une très bonne chose. » La Semaine du développement durable en mai dernier a permis à l’Agence des aires marines de faire sa première grande opération de communication dans les villages, à l’aide de 12 films d’animation réalisés par la société Clap sur les thèmes de la mer et de sa protection.

Lors de la création du parc marin d’Iroise en Bretagne, premier existant, la mission s’est déplacée dans tous les conseils municipaux pour recueillir les avis des habitants. « La concertation est un élément fondamental », précise d’ailleurs Geneviève de l’Agence des aires marines protégées, qui a supervisé la création du parc d’Iroise. Un constat repris par tous en conclusion de cette première réunion, à commencer par le vice-président du conseil général qui a appelé tous les acteurs à s’impliquer dans cette concertation, notamment les maires qui ont un rôle essentiel dans la communication avec la population.

Cette première réunion aura permis de définir les points essentiels des discussions à suivre pour la création du parc, en premier desquels on trouve bien entendu la pêche. Au départ hostiles au projet, de peur que le parc ne soit qu’un « aquarium géant » dans lequel toute pêche serait interdite, les pêcheurs y adhèrent peu à peu mais maintiennent l’exigence de repousser les thoniers senneurs aux 50 miles nautiques. « Le rejet d’un thonier représente une année de pêche d’un Mahorais », a précisé Dominique Marot, président d’Aquamay. Cette décision, qui relève de l’Union européenne, pourrait être aidée par la création du parc marin.

Autre point d’importance soulevé par les participants, le lien terre-mer, à savoir la nécessité de travailler sur la gestion des déchets et l’assainissement de l’île, une « problématique forte » selon le secrétaire général de la préfecture. Les limites du parc marin sont également une préoccupation importante. Prévue au départ pour juin, la prochaine réunion du comité de pilotage est avancée au mois d’avril, les membres du comité de pilotage ont été invités à s’impliquer au maximum dans les travaux de la mission d’études.

Hélène Ferkatadji

 


 

Les parcs naturels marins

Un seul existant : celui d’Iroise depuis septembre 2007

Quatre actuellement à l’étude :

  • La Côte Vermeille
  • Mayotte
  • Les estuaires de la Somme, de l’Authie et de la Canche
  • L’estuaire de la Gironde et les Pertuis-Charentais

 


 

Le lagon en chiffres

  • 1.100km² de surface, soit 4 fois celles des terres émergées
  • 45,5km² la surface de lagon actuellement protégée
  • 195 km la longueur des récifs frangeants
  • 140 km la longueur de la barrière externe
  • 12 km la longueur de la double barrière interne au sud
  • 2.300 le nombre d’espèces marines
  • 700 le nombre d’espèces de poissons répertoriées
  • Plus de 800 le nombre de mollusques estimé

12/12/2008 – Des collégiens devenus réfugiés d’un jour

Depuis mardi soir, le poste de commandement tactique du Dlem dans le quartier Cabaribère de Dzaoudzi est sur le pied de guerre : les officiers doivent gérer en temps réel des agressions, des tentatives de déstabilisation ou l’afflux de réfugiés vers l’aéroport. Des réfugiés qui ne sont pas des militaires mais les jeunes élèves de la 5ème J du collège de Pamandzi, une population que les militaires appellent un « plastron réel », qui leur permet de s’approcher davantage de la réalité pour ce genre d’exercice. Le Dlem, ce sont 250 personnes qui peuvent appuyer les services publics dans la gestion de toutes sortes de crises, allant des dégâts occasionnés par les cyclones à l’évacuation des réfugiés depuis l’aéroport, et qui peuvent intervenir immédiatement, alors que la Croix rouge de la Réunion ne peut arriver que dans les 48h.

« En plus de la protection de points sensibles, comme les antennes ou l’aéroport, nous transportons les blessés vers le CHM, nous gérons les prisonniers, les réfugiés, les conflits armés, les pannes logistiques ou les difficultés de ravitaillement », explique le lieutenant-colonel Christian Rascle, commandant en second du Dlem, « ces paramètres parasites permettent de complexifier davantage la situation ».

Les 25 élèves de 5e ont dû effectuer un petit parcours du combattant, en jouant un rôle individualisé, pour finir par atteindre le hangar du BMT : la « cellule vie » du dispositif. Dans la première tente d’accueil, les militaires leur ont fait remplir des fiches d’identité classées selon trois catégories : les Français, les personnes mariées à des Français et les personnels étrangers travaillant pour la France, et les étrangers. « Tout le monde est traité de la même façon », précise Christian Rascle, « l’objectif est d’avoir un listing des Français pour pouvoir renseigner leur famille ».

Les « réfugiés » ont pu ensuite boire et manger, avant d’être fouillés, puis photographiés : le fichier informatique saisi est ensuite envoyé à la Direction de la protection, de la sécurité et de la défense (DPSD) à Paris, pour vérifier qu’il n’y a pas d’espions infiltrés ou de terroristes parmi les réfugiés. Un poste de secours dans le hangar permet de s’occuper des pathologies bénignes et surtout du soutien psychologique. En cas d’évacuation, un Transall de l’armée française viendra chercher les réfugiés directement au hangar.

Le seul PC de l’île avec une carte entièrement numérisée

Quelques stagiaires du GSMA de Combani ont joué le rôle de prisonniers : « Quand les réfugiés arrivent armés ou sans papiers, nous les séparons pour procéder à un interrogatoire pour savoir qui ils sont et ce qu’ils ont fait », explique l’adjudant Saïd Ghriss, chef du poste sécurité, « ces renseignements nous permettent de savoir s’ils sont dangereux. Notre hiérarchie nous dira ensuite si on les remet à la justice. »

Les 5e J semblent avoir adoré participé à l’exercice militaire, d’autant qu’on leur avait donné des petits papiers pour leur décrire leur attitude, comme « je cherche mes parents », « je veux rentrer chez moi », « je suis sous le choc », « j’ai peur des militaires », « je ne parle pas français », etc.

Naomi et Nahida, par exemple, étaient sœurs : « On a fait exprès de ne pas vouloir être séparées. Pour la fouille, on a un peu résisté mais bon, c’était quand même des militaires », concèdent-elles en souriant. Bérengère, qui a vécu les émeutes du 27 mars, estime que « cet exercice permet aux gens d’avoir moins peur car ils savent qu’ils peuvent faire confiance à l’armée ». Arthur, lui, a trouvé que c’était très réaliste : « On aurait crû qu’on allait vraiment partir, comme en mars dernier ». Pour Anelyne, cet après-midi était l’occasion d’apprendre « la discipline » et ce qu’est un réfugié qui d’après elle est « quelqu’un qui s’enfuit parce qu’il a des problèmes ».

Au PC tactique du Rocher, le chef d’escadron Jean-Loup Bourmand a suivi toute l’opération en temps réel grâce à une cartographie numérisée par satellite, la seule de ce genre opérationnelle à Mayotte. Sous les ordres du chef de corps François Compin, le chef des opérations travaille sur toutes les manœuvres en récoltant les renseignements sur le terrain. « Nous sommes intervenus à la fin de la journée du 27 mars pour soutenir la gendarmerie », se souvient Jean-Loup Bourmand, « une fois un cyclone passé, nous pouvons aussi, avec nos 250 « petites mains », déblayer une route, apporter une assistance sanitaire ou des moyens de communication. Nous avons également des couvertures, des lits, des marmites ou des tentes pour soutenir les réfugiés ».

Le Dlem a participé il y a quelques mois à un exercice de crash aérien (Crashaerex) et à un autre de pollution maritime (Polmar). Cette semaine, c’était au tour du secours aux victimes de naufrages, dans le cadre de l’exercice Adjali. Des exercices indispensables afin que les militaires aident au mieux les services publics, pour le bien de la population.

Julien Perrot

11/12/08 – « Vous aurez l’ensemble des détails le 16 décembre »

Un vrai département. C'est ce qu'a réclamé le député de Mayotte Abdoulatifou Aly alors que le président de la République avait parlé de départementalisation progressive et adaptée lors de la réception des élus ultramarins à l'Elysée pendant le Congrès de l'Association des maires de France. Mardi, au perchoir de l'Assemblée nationale il a souhaité qu'Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer. "Ma question est donc triple : Allez-vous organiser un débat parlementaire sur ce sujet, dans les prochaines semaines, tant à l'Assemblée Nationale qu'au Sénat comme cela est prévu par la loi organique du 21 février 2007 ? Pouvez-vousnous confirmer que la consultation référendaire portera sur une question simple appelant une réponse univoque de type – oui ou non au statut départemental – et à laquelle ne sera pas adossé un texte qui ne pourrait qu'en dénaturer le sens ? Pouvez-vous, enfin, nous indiquer selon quel calendrier sera mis en oeuvre, à l'issue du référendum, le processus de transformation de Mayotte non seulement en DOM mais aussi en Région ultra-périphérique de l'Union Européenne ?" S'est-il adressé à l'endroit d'Yves Jégo.

Celui-ci n'a pas répondu à la question du débat parlementaire mais en revanche affirmé que tous les éléments concernant les interrogations seront dévoilés par le président Sarkozy aux élus mahorais le 16 décembre. En revanche, il s'est prononcé pour que la question posée aux mahorais soit la plus simple possible avec une réponse par oui ou par non. "Pour quela question posée soit à la fois simple et valide sur le plan juridique – le Gouvernement partage avec vous cette préoccupation et considère que les Mahorais ne doivent avoir à se prononcer que par oui ou par non -, elle est aujourd'hui soumise au Conseil d'État. Vous en connaîtrez naturellement, dans les semaines qui viennent, la formulation précise. Comme l'a promis le Président de la République pendant sa campagne, et si les Mahorais le décident, Mayotte deviendra de façon progressive et adaptée le cent unième département français !" a-t-il conclu pour rassurer notre député.

11/12/08 – Un nouveau centre de rétention… en 2011

A la suite de l'intervention du sénateur Soibahadine Ibrahim Ramadani au Sénat lors de l'examen du projet de loi de finance 2009, mission immigration, asile et intégration, voici la réponse du secrétaire d'Etat à l'Outremer. "Monsieur Ibrahim Ramadani, Mayotte est effectivement soumise à une forte pression migratoire. Je ne me suis pas rendu dans l'île mais le cas est comparable à celui de la Guyane. Des efforts ont été consentis, un troisième radar est opérationnel depuis juillet 2008. Avec une meilleure coordination des moyens entre la gendarmerie et la douane, nous avons obtenus des résultats : 225 kwassas ont été interceptés, autant de drames humains évités… Par parenthèse, j'apprends que nous avons ce matin intercepté un autre bateau à bord duquel se trouvaient seize personnes, dont quatre femmes et deux enfants. Je vais proposer de porter la capacité du centre de rétention de 60 à 140 places d'ici le premier semestre 2011". Le sénateur interviendra ce jeudi matin au sujet de la question du deuxième député de Mayotte.

10/12/08 – La JCI organise les états généraux de l’économie

Vendredi 12 décembre, la jeune chambre internationale organise une conférence-débat sur l'avenir de l'entreprenariat à Mayotte. Tout au long de la matinée, au coeur de l'hémicycle Younnoussa Bamana, une dizaine d'acteurs de l'économie locale (Medef, Iedom, CCI, Banque, Capam, FMBTP, Boutique de gestion…) se succéderont dans des interventions de 20 minutes pour tenter d'éclairer le public quant aux problèmes rencontrés par les différents secteurs et faire le point sur l'impact de la crise internationale. Pour le président de la JCI, Nakib Ali Halidi, "tout l'enjeu est d'avancer, grâce au débat d'idées, des solutions concrètes qui permettront de développer l'économie locale et l'entreprenariat".

De son côté, Madi Abdou N'tro, le coordinateur et organisateur de cette conférence/ débat souligne que "l'enquête préliminaire réalisée auprès de nombreux représentants des secteurs de la restauration, du tourisme, du BTP, de l'agroalimentaire, des services, etcetera révèle son lot de problématiques, auxquelles nous l'espérons, cette réunion apportera des solutions".Des propositions que la Jeune chambre économique a promis de plaquer dans une synthèse "à l'usage des élus, des professionnels, et des citoyens". Les organisateurs précisent que toutes les personnes intéressés sont les bienvenues. Contact : Madi Abdou N'tro : 0639.69.38.43.

08/12/08 – La ligue de handball n’a pas respecté son règlement

C'est ce qu'il ressort des conclusions de la commissaire du gouvernement Mme Faure lors de l'audience du tribunal administratif qui a eu lieu le jeudi 4 décembre en fin d'après-midi. L'Association culturelle et sportive de Tsingoni avait demandé à ce que la décision par la ligue de handball désignant l'Association des jeunes handballeurs de Tsimkoura de partir représenter Mayotte à la coupe des clubs champions à Madagascar en septembre dernier, soit annulée. En effet, les Tsingoniens, champions de Mayotte 2008 n'ont pu aller à Madagascar alors que le règlement spécifiait que ce soit le champion qui y aille. Il faut dire qu'auparavant, les Tsingoniens étaient partis représenter Mayotte au championnat de Nationale 3 alors que cela devait être le vainqueur de la coupe de Mayotte. Tsingoni avait été éliminé par Tsimkoura, mais comme il y avait des réclamations en cours, la compétition n'était pas fine lorsqu'il a fallu que Mayotte envoie une équipe en métropole pour y disputer le championnat de National 3. La ligue avait envoyé Tsingoni, équipe en tête du championnat, au grand dam de Tsimkoura.

Mme Faure a rappelé que l'ASCT avait été déboutée d'une demande en référé car il n'y avait pas eu médiation du CNOSF. Ce dernier avait proposé à l'ASCT de renoncer à sa demande, d'autant que quand elle lui ait parvenu, la compétition était finie à Madagascar et que les Tsimkouriotes y sont allés puisqu'il avait été impossible de changer le nom des titulaires des billets d'avion. Néanmoins, elle a réaffirmé que la ligue de handball devait s'en tenir à son règlement et que les changements de réglementation n'étaient pas rétroactifs. Par conséquent, elle a demandé l'annulation de la décision de la ligue. Le président Jean-Jacques Louis lira le verdict demain. S'il suit les conclusions de Mme Faure, l'ASCT promet que la bataille juridique n'en restera pas là. Selon l'ancien président délégué de l'ASCT, Antoine Abdallah dit Valdo, celui-ci estime que le préjudice subi par son club se monte à 50 000 € et ilcompte bien demander cette réparation financière. Si tel est le cas, la ligue de handball de Mayotte risque de s'enfoncer dans une situation inextricable. Déjà mal en point au niveau financier (une dette de 100 000 €), s'il fallait en plus payer la moitié de cette somme à l'ASCT, ce serait certainement le coup de grâce adressé à la deuxième ligue sportive de Mayotte.

05/12/08 – « Le droit commun ne sera jamais complet à Mayotte »

Le rapport fait au nom de la commission des lois par Jean-Jacques Hyest, Michèle André, Christian Cointat et Yves Détraigne, membres de la délégation de la commission qui s'est rendue du 1er au 6 septembre à Mayotte, dresse un bilan de la situation et des perspectives d'évolution statutaire de la CDM. Le rapport estime que "l'évolution statutaire intervient alors que la situation de Mayotte apparaît porteuse de risques et d'inquiétudes. Elle demandera donc d'importants efforts aux habitants, aux élus et à l'État." Le rapport souligne que "Mayotte doit relever les défis d'une forte pression migratoire et d'une explosion démographique qui paraissent annihiler les efforts de développement. L'archipel doit à la fois éduquer et former une population jeune, lui assurer un avenir professionnel et entrer pleinement dans la modernité en assimilant l'ensemble des principes républicains." La commission des lois juge que Mayotte a accompli des progrès tangibles et que les retards s'expliquent par le poids de certaines traditions (place des cadis et incompatibilités du statut personnel avec les droits fondamentaux), par la mise en oeuvre de moyens insuffisants de la part de l'État (révision de l'état civil) et par l'inertie de la collectivité (action insuffisante en matière d'aide sociale à l'enfance).

Les conséquences de cette évolution statutaire devront toutefois être progressives, pour être assimilées sans heurts par la société et par l'économie mahoraise. Le rapport souligne que l'accès au statut de département et région d'outre-mer impliquera, entre autres, la suppression des fonctions judiciaires et notariales des cadis, l'achèvement rapide de la révision de l'état civil, pour laquelle Rachida Dati vient d'annoncer la nomination d'un deuxième magistrat et la mise en place d'une fiscalité locale, qui nécessite d'abord l'évaluation de la valeur locative des parcelles. La commission insiste sur la nécessité d'expliquer à la population de Mayotte, avant la consultation de mars 2009, les conséquences de la départementalisation. Le rapport relève cependant que l'alignement sur le droit commun ne sera jamais complet à Mayotte, pas plus qu'il ne l'est actuellement dans les Dom. Les normes applicables comporteront nécessairement des adaptations, que ce soit dans le domaine de l'entrée et du séjour des étrangers, dans celui de la protection sociale, ou encore du droit foncier. Il préconise enfin d'engager avec l'Union des Comores une coopération bilatérale massive, seul moyen de réduire la pression migratoire.

05/12/08 – Ce que j’en pense : Au chevet de la départementalisation

Alors que mars 2009 approche à grands pas, les médecins se pressent au chevet de la départementalisation bien malade… Certains pour essayer de sauver ce qui peut l'être, d'autres pour enfoncer le malade. Beaucoup préfèreraient en effet un statut temporaire, bâtard, maintenir les Français de Mayotte dans le statu quo intemporel dans lesquels ils sont depuis 30 ans. Ca coûterait trop cher… Il n'y a pas d'état-civil, pas de cadastre. Ils sont musulmans, ne parlent pas français… D'autres encore pour continuer leurs magouilles, perpétuer leurs petits trafics, pour qu'on ne fouille pas dans leurs compétences, leur travail, leurs patrimoines. Tous les arguments ressurgissent, comme pour l'hallali, de toutes parts…

Au milieu de ces forces rétrogrades, il faut être forts, rassemblés, sûrs de la volonté populaire, mais aussi honnêtes pour faire sortir Mayotte de l'ornière et reprendre la route de l'avenir et de la liberté sur laquelle l'ont installée les anciens, uniquement préoccupés par les intérêts de Mayotte et de ses habitants.

Pour certains, une terre musulmane n'a pas sa place dans la République. Ceux-là sont facilement identifiables, ils ne constituent pas une force trop importante dans la République laïque, mais tout de même, d'autant qu'ils ne sont absolument pas contrebalancés par un soutien actif des 5 millions de musulmans français qui pourraient se mobiliser pour ne pas laisser leurs coreligionnaires sur le bord du chemin. Ce rejet parfois xénophobe avait trouvé un point d'appui fort avec la polygamie, active jusqu'à l'amendement déposé à l'Assemblée nationale par Mansour Kamardine. C'était devenu un leitmotiv, une charrue devant ses bœufs, un motif de non-départementalisation sans concession possible. Soit. Heureusement que l'excision n'était pas pratiquée ici…

Pour d'autres, les retards en termes de développement, les ordures dans les rues, les habitats insalubres consistaient des blocages mentaux… Des Français ne peuvent pas vivre dans de telles conditions, donc vous n'êtes pas (complètement) Français… Et revenez nous voir quand vous serez prêts… Là des efforts ont été faits, sont réalisés, même si beaucoup reste à faire, énormément. Même si l'Etat donne des moyens d'investir qui ne sont pas utilisés faute de personnes compétentes et repartent, ou alors sont basculés dans la section fonctionnement pour payer des salaires inutiles, des voyages incessants, des voitures neuves, ou des factures de téléphone stratosphériques…

Mais la population ne dit rien. Chacun doit manger à son tour, semble dire la vox populi ! Là, un sursaut citoyen est nécessaire, la justice ne doit pas continuer à détourner les yeux. Mais là comme en d'autres domaines, il y a toujours la peur de faire des vagues, de provoquer des réactions inconnues et les pratiques perdurent, donnant des arguments ici et ailleurs pour rester dans un tel statu quo. Ceux qui se servent rejoignant ceux qui ont peur, pour leur carrière, que ça bouge trop…

Pour d'autres aussi, très républicains, la non-pratique du français par une grande partie de la population est un frein, voire un pré-requis, indispensable. Là, la France est fautive… Elle n'a pas mis les moyens, en termes de constructions d'écoles, mais aussi en moyens humains en mettant devant les élèves des enseignants qui ont fait leur maximum… Mais ils ne pouvaient pas faire plus et l'Etat français leur a confié l'éducation de générations de Mahorais… avec les résultats que l'on paye aujourd'hui.

Des efforts considérables sont faits aujourd'hui, certes, mais ce n'est pas un argument que l'on peut envoyer à la face de Mayotte. Tout comme la mise en place de l'état-civil et du cadastre. Tout au plus, dans ces missions mal assurées par l'Etat, peut-on regretter la trop faible implication des élus qui auraient dû communiquer, informer leurs concitoyens sur l'importance des formalités à accomplir. Un afflux de demandes et des coups de gueule des élus auraient fait réagir les autorités bien plus tôt…

Il reste un point qui pose problème. Il faut bien le reconnaître et le comprendre. C'est l'immigration clandestine. 60.000 à 80.000 clandestins (sur)vivent sur l'île. Ils sont installés sur les hauteurs de Mamoudzou, de Koungou, à Vahibé ou Combani, au vu et au su de tous, des autorités chargées de la lutte contre l'immigration clandestine en premier lieu. Mais elles ne pourront pas faire leur travail si ces clandestins sont logés, avec un loyer qu'ils versent à des "propriétaires", et les sommes en jeu sont importantes. L'île s'écroulera avant d'avoir décollé, si ces clandestins sont encore employés par des particuliers ou des pseudo-entrepreneurs qui sapent les bases d'un développement économique de l'île. Les entreprises en règle subissent, dans le BTP et l'agriculture en particulier, cette concurrence déloyale et ne peuvent survivre, se développer et créer des emplois.

Face aux adversaires de la départementalisation, face aux arguments parfois fallacieux, face aux partisans du statut quo, il faut imaginer un avenir radieux, des perspectives d'espoir, mettre en avant des atouts considérables. C'est tout le travail ici comme à Paris que nos élus ont à assurer ces prochains jours.

Laurent Canavate

05/12/08 – Le Sénat adopte le budget Outremer : 635 M€ votés pour Mayotte en 2009

Mardi, lors de son intervention à la discussion générale du projet de loi de finances pour 2009 – Mission Outremer, le sénateur Soibahadine Ramadani a noté en premier lieu que "l'effort de l'Etat en Outremer reste globalement soutenu". Concernant Mayotte, le sénateur mahorais a toutefois déploré que le projet de loi de finances se caractérise par une tendance générale à la baisse, pour s'établir à 635 millions d’euros. Les locataires du Palais du Luxembourg ont ensuite adopté le texte dans la nuit de mercredi.

C'est une nouveauté. Le projet de loi de finances pour 2009 s’inscrit dans une programmation pluriannuelle 2009-2011. Pour l'année qui s'annonce, "l'ensemble des concours de l'Etat en Outremer est en augmentation, passant de 15 milliards d'euros en 2008 à 16,5 milliards d'euros en 2009", s'est félicité le sénateur mahorais.

De même, les crédits alloués à la "Mission Outremer", dont le sénateur précise qu'"ils ne constituent que 15% de cet ensemble avec 1,9 milliard d’euros", enregistrent une progression de 9,3% en crédits de paiement, par rapport à ceux inscrits à la loi de finances 2008. Les crédits du programme "Emploi Outremer " monopolisent 60% de l'enveloppe "Mission Outremer". Quant au programme "Conditions de vie Outremer", il bénéficie de 688 millions d’euros.

Concernant Mayotte, le budget alloué se caractérise par une tendance générale à la baisse, "ce qui inquiète fortement les Mahorais, à 4 mois d’un choix décisif pour leur avenir", a dit le sénateur devant ses homologues du Palais du Luxembourg. Il faut dire que chaque année, une partie importante des fonds mis à disposition de Mayotte par l'Etat ne sont pas utilisés…

Cependant, les efforts financiers pour soutenir l'agriculture, la pêche et l'aquaculture ont été rehaussés. Evalués à 1,3 million d'euros, ces crédits devraient accompagner la relance des exportations d'essence d'ylang-ylang et la croissance de la production aquacole, "et réconforter les agriculteurs victimes des dégâts de la tempête Fame, pour lesquels, il faut s’en réjouir, une première tranche de crédits d’indemnisation vient d’être débloquée", a souligné M. Ramadani.

Le sénateur a également profité de son temps de parole pour rappeler que les préoccupations majeures des exploitants agricoles de Mayotte restent la mise en place d’une "retraite agricole et l’extension au secteur agricole des prêts à taux bonifiés".

68,9 millions d’euros pour les collectivités locales

Sont en hausse également les transferts de crédits aux collectivités territoriales qui s'élèvent à 68,9 millions d'euros. En revanche la majorité de ces crédits (63,2) constituent des prélèvements sur recettes, dont le sénateur Ramadani "aimerait connaître l'objet, car non précisé par les documents disponibles", avant d'interroger les parlementaires : "Ces recettes serviront-elles, par exemple, à éponger la dette de l'Etat envers la Collectivité départementale de Mayotte ?", que le sénateur estime à 43 millions d'euros. Enfin, il regrette que dans les domaines de l'environnement, l'éducation et des dotations communales, les crédits sont en baisse, jusqu'à -50%, et s'étonne au passage que le Padd n'ait toujours pas été validé, deux ans après sa transmission à Paris.

La nouvelle loi de finance dispose que les dotations de rattrapage et de premier équipement des communes de Mayotte s’élevant à 9,2 millions d’euros en 2008, ne représente plus que 8,8 millions d’euros en 2009. Une baisse que le sénateur Ramadani condamne, arguant que "les besoins des communes sont sans cesse croissants"."En l’absence de la fiscalité locale et du bénéfice des crédits de l’octroi de mer, il est urgent de compenser le manque à gagner des communes, notamment en abondant le Fonds intercommunal de péréquation", a–t-il conclu devant ses collègues.

Le sénateur Ramadani a fait savoir qu'il partage les recommandations des rapporteurs spéciaux pour la "Mission Outremer" de la commission des finances du Sénat, qui avancent que "la baisse de ces diverses dotations ne se justifie absolument pas, au regard des besoins immenses de Mayotte dans ces différents domaines".

L'enseignement : 50% du budget alloué

Pour le sénateur mahorais, "l’évolution démographique de l’île et l’immigration clandestine justifient la solidarité de l’Etat envers nos communes qui n’ont pas de ressources fiscales propres, et notamment pour le financement de leur plan de rattrapage en matière de construction scolaire, d’une part pour résorber le déficit antérieur et en même temps absorber la poussée démographique en élémentaire, et d’autre part généraliser l’accueil de nos enfants de 4 ans et 3 ans en maternelle, en application de l’ordonnance du 24 décembre 2007."

Et même si l’enseignement scolaire représente plus de 50% du budget de Mayotte, les crédits alloués pour 2009 stagnent autour de 384 millions d’euros. Parmi ceux-là, 60,5 millions d’euros sont consacrés à l’enseignement public du premier degré, en sus des crédits inscrits à la convention spécifique de l’éduction annexée au Contrat de projet Etat-Mayotte 2008-2014 et de la dotation de construction et d’équipement des établissements scolaires du premier degré évaluée à 4,6 millions d’euros en 2009.

Enfin, s’agissant de la résolution des difficultés liées à l’état-civil, M. Ramadani a interrogé le ministre sur sa volonté de faire appel à des agents communaux pour recenser environ 50.000 personnes qui n’ont pas déposé des dossiers à la Commission de révision de l’état-civil ou qui ne sont pas en possession de documents d’identité. " Pourriez-vous préciser les crédits susceptibles d’être mobilisés pour financer le travail de ces agents recenseurs et leur formation", a t-il lancé à l'intention d'Yves Jego.

 

Brève

Les conseillers généraux devraient se réunir dans l'hémicycle Bamana pour une session plénière le 19 décembre, tout juste de retour de leur déplacement à Paris. Cette dernière session de l'année devrait aussi être budgétaire.

UNE Mayotte Hebdo N°407 – Vendredi 05 décembre 2008

UNE Mayotte Hebdo N°407 - Vendredi 05 décembre 2008Etat-Civil

"La moitié du travail reste à faire"

 > Education – Sciences & environnement pour des milliers de jeunes
 > Protection des enfants – 755 mineurs abandonnés au 1er semestre 2008
 > Justice – Une fillette anjouanaise de 10 ans, esclave moderne
 > Conférence – Mayotte n'est pas à l'abri des catastrophes naturelles
 > Koungou – La moitié des agents non payés en novembre
 > Mayotte ECO – Le BTP pleure, le commerce rit

05/12/2008 – Rapport de la comission des lois du Sénat

La population de Mayotte sera en effet consultée en mars 2009 sur la transformation de la Collectivité en département et région d’Outremer. Le rapport considère que l’accès à ce statut, si la population de Mayotte en fait le choix, constituera l’aboutissement d’une revendication historique et mettra un terme à ce que les Mahorais pouvaient percevoir comme une ambiguïté.

Toutefois, « cette évolution statutaire interviendra alors que la situation de Mayotte apparaît porteuse de risques et d’inquiétudes. Elle demandera donc d’importants efforts aux habitants, aux élus et à l’État. L’avenir de l’archipel repose sur un équilibre fragile, que l’accès au statut de département et région d’Outremer ne doit pas compromettre mais renforcer ».

Le rapport souligne que Mayotte doit « relever les défis d’une forte pression migratoire et d’une explosion démographique qui paraissent annihiler les efforts de développement. L’archipel doit à la fois éduquer et former une population jeune, lui assurer un avenir professionnel et entrer pleinement dans la modernité en assimilant l’ensemble des principes républicains ».

La commission des lois juge que Mayotte a accompli des progrès tangibles et que les retards s’expliquent par le poids de certaines traditions (place des cadis et incompatibilités du statut personnel avec les droits fondamentaux), par la mise en œuvre de moyens insuffisants de la part de l’État (révision de l’état-civil) et par l’inertie de la collectivité (action insuffisante en matière d’aide sociale à l’enfance).

« Assimiler l’ensemble des principes républicains »

Elle considère que « si la population de Mayotte, informée des efforts qu’une telle évolution implique, fait le choix de la départementalisation, le nouveau statut de l’archipel devra en faire un département et une région d’Outremer. Les conséquences de cette évolution statutaire devront toutefois être progressives, pour être assimilées sans heurts par la société et par l’économie mahoraises ».

Le rapport souligne que l’accès au statut de département et région d’Outremer impliquera la modification du statut personnel pour le rendre entièrement compatible avec les principes et les droits fondamentaux, en particulier en ce qui concerne l’égalité des femmes et des hommes : interdiction de toute nouvelle union polygame, élévation à 18 ans de l’âge légal du mariage des femmes relevant du statut personnel. Il impliquera également la suppression des fonctions judiciaires et notariales des cadis, tout comme l’achèvement rapide de la révision de l’état-civil, ce qui suppose le renforcement des effectifs de la Commission de révision de l’état-civil par un vice-président et une équipe de fonctionnaires spécialisés, chargés d’encadrer les rapporteurs.

La mise en place d’une fiscalité locale, qui nécessite d’abord l’évaluation de la valeur locative des parcelles paraît tout aussi importante pour les sénateurs, qui prônent le maintien d’une seule assemblée exerçant les compétences du département et de la région. Le rapport demande par ailleurs le plein exercice, par le conseil général, de ses compétences en matière d’aide sociale à l’enfance et insiste sur la nécessité d’expliquer à la population de Mayotte, avant la consultation de mars 2009, les conséquences de la départementalisation.

Obtenir de l’Union européenne l’accès au statut de Rup

Le rapport relève cependant que l’alignement sur le droit commun ne sera jamais complet à Mayotte, pas plus qu’il ne l’est actuellement dans les Dom. Les normes applicables comporteront nécessairement des adaptations, que ce soit dans le domaine de l’entrée et du séjour des étrangers, dans celui de la protection sociale ou encore du droit foncier.

Ainsi, l’application immédiate à Mayotte des prestations sociales en vigueur dans les départements de Métropole risquerait de bouleverser les équilibres économiques et sociaux de l’archipel. Le rapport recommande par conséquent la création, à titre transitoire, d’un fonds de développement économique et social qui apporterait le même montant d’aides qu’à un département, mais le répartirait différemment, afin d’assurer la construction des infrastructures indispensables : crèches, maisons de retraite…

Le rapport souligne qu’il appartiendra à l’État de « poursuivre ses efforts d’investissement en matière de constructions scolaires, d’infrastructures et de lutte contre l’immigration irrégulière »; d’obtenir de l’Union européenne l’accès de Mayotte au statut de Région ultrapériphérique, ce qui permettra à la Collectivité de bénéficier des fonds structurels et également d’engager avec l’Union des Comores une coopération bilatérale massive, seul moyen de réduire la pression migratoire que subit Mayotte.

Ce rapport est consultable sur le site du Sénat : http:/www.senat.fr/noticerap/2008/r08-115-notice.html

05/12/2008 – Koungou : la moitié des agents non payés en novembre

Ainsi, près de 390.000 € prévus initialement dans la section investissement vont être transférés si les conseillers municipaux l’acceptent dans la section fonctionnement pour payer les salaires. Cette décision modificative n’est pas du tout du goût de Saïd Ahamadi “Raos”, chef de l’opposition municipale et ancien maire de Koungou.

“Tout ceci prouve la mauvaise gestion de l’équipe actuelle qui contrairement à ce qu’affirme le maire ne gère pas mieux que je ne l’ai fait la commune. Au 31 décembre 2007, il y avait un excédent de 600.000 € en fonctionnement et 1 million en investissement. Comment se fait-il qu’aujourd’hui le maire ait besoin de modifier encore une fois le budget ? En retirant cette somme de la section investissement, la commune ne réalisera rien en 2008. La RHI de Bandrajou, les espaces publics, l’achat de foncier, les réseaux d’électrification ne pourront être faits ou terminés”, explique le président du PSM.

Celui-ci souhaite que le préfet ne valide pas cette délibération à venir qui mettrait gravement en danger les finances de sa commune. “Ce qui a tout provoqué, c’est l’embauche de 70 personnes alors que cela n’était pas prévu dans le budget. Par ailleurs, celles-ci ne sont pas indispensables ou n’ont pas le niveau de compétences requis. Les cadres et techniciens qualifiés ont été remplacés par des personnes sans expérience et des travaux ont été engagés sans être inscrits au budget. On dilapide sans pouvoir payer les entreprises et on repousse les dettes à 2009”.

Le maire Ahmed Souffou est actuellement à Madagascar et nous avons tenté de joindre son nouveau DGS Mounirou Ahmed sans succès.

05/12/2008 – IEDOM : Situation économique au 3ème trimestre

L’indice général des prix à la consommation augmente de 1,5% au seul 3ème trimestre, selon les chiffres de l’Insee Mayotte. Les prix du poste « produits alimentaires et boissons » enregistrent une hausse importante de 4,6% sur le trimestre, tandis que les produits manufacturés voient leurs prix diminuer de 1,4%. À Mayotte, les prix se sont ainsi accrus de 4,3% depuis le 1er janvier 2008, et de 5,5% par rapport au 30 septembre 2007. Ce qui représente une hausse toujours plus importante que celle constatée au niveau national (Métropole et Dom).

La consommation des ménages poursuit son dynamisme au 3ème trimestre 2008, portée par la hausse du Smig de 12,3% du 1er juillet 2008 et par un mois de septembre qui a cumulé les effets positifs sur la consommation des festivités du Ramadan et de la rentrée scolaire. Ainsi, les importations en valeur des produits alimentaires, des produits textiles et des biens d’équipement ménager ont fortement augmenté ce trimestre (respectivement +22%, +37% et +36% par rapport au 2ème trimestre).

Les importations de boissons augmentent de 40% en valeur par rapport au 2ème trimestre 2008, celles de cuisses et d’ailes de poulet, très prisées localement, de 30%.

En revanche, les ventes de véhicules de tourisme accusent un ralentissement : 318 unités vendues au cours du 3ème trimestre 2008. Toutefois, en cumul sur les neufs premiers mois de l’année 2008, les ventes restent en augmentation de 8,4% par rapport à la même période en 2007.

Les entreprises continuent d’investir malgré des anticipations pessimistes

Les importations de biens d’équipement professionnel réalisées au cours du 3ème trimestre 2008 s’élèvent à plus de 6,5 millions d’euros, en hausse de 3% seulement par rapport au 2èmeème trimestre 2007. Sur les neufs premiers mois de l’année 2008, les entreprises mahoraises ont ainsi importé pour plus de 19 millions d’euros de biens d’équipement professionnel, soit une augmentation de 18% par rapport à la même période en 2007. trimestre 2008, mais de 16% par rapport au 3

Pourtant, d’après les résultats de l’enquête de conjoncture de l’Iedom, menée auprès de 72 entrepreneurs de Mayotte, l’activité au 3ème trimestre 2008 s’est ralentie, comme en témoigne l’orientation à la baisse du solde d’opinions relatif au courant d’affaires, et ce pour la première fois depuis 2004. Cette situation se serait d’ailleurs traduite par une baisse des effectifs employés. La détérioration des charges d’exploitation (en liaison avec la hausse du Smig mahorais de 12,3% au 1er juillet 2008), couplée à un allongement des délais de paiement de la clientèle – publique notamment -, qui devient une préoccupation majeure et récurrente pour les entreprises mahoraises, pénalisent les situations de trésorerie. D’ailleurs, les anticipations pour les prochains trimestres sont plutôt pessimistes, les entrepreneurs interrogés tablant encore sur une baisse du courant d’affaires, accompagnée d’une réduction des effectifs et d’une aggravation des situations de trésorerie.

D’après les 24 professionnels du secteur du commerce ayant répondu à l’enquête de conjoncture, le courant d’affaires a continué sa progression au 3ème trimestre 2008, mais de façon moins significative qu’aux trimestres précédents. Selon les commerçants interrogés, le mois de Ramadan et la rentrée scolaire n’auraient pas été aussi favorables que prévu. Les stocks (matières premières comme produits finis) sont jugés supérieurs à la moyenne, signes de méventes parfois. Comme dans les autres secteurs d’activités, les professionnels font état d’une dégradation des situations de trésorerie. Et, pour la première fois depuis trois ans, ils mentionnent une orientation à la baisse des prix de vente. Si les anticipations concernant l’activité des prochains mois sont orientées défavorablement, les professionnels du secteur affichent toutefois leur intention d’investir, notamment dans l’ouverture de nouveaux magasins.

Premiers signes de ralentissement dans le secteur de la construction

Les professionnels du secteur de la construction ayant répondu à l’enquête font état d’un net ralentissement de l’activité au 3ème trimestre 2008, se traduisant par une réduction sensible des effectifs employés. De plus, les entrepreneurs se montrent soucieux pour les trimestres à venir et anticipent une dégradation du volume d’affaires. En outre, les carnets de commandes se désemplissent et ne se reconstituent pas, comme en témoigne le solde d’opinions correspondant, orienté à la baisse et situé en deçà de la moyenne de longue période. Les chefs d’entreprises s’inquiètent de l’absence de projets de gros chantiers publics, s’agissant notamment de travaux d’infrastructures. L’attente de validation du Padd depuis plusieurs années et le retard important déjà pris dans la mise en route du Contrat de projet et de ses chantiers inquiètent beaucoup.

Même s’ils pèsent relativement peu par rapport à la commande publique (promotion immobilière par exemple), les chantiers privés suscitent des inquiétudes, du fait des interrogations sur le projet de loi pour le développement économique de l’Outremer concernant les programmes de défiscalisation, ainsi que du climat morose lié à la crise financière internationale. Enfin, les situations de trésorerie se sont une fois de plus dégradées ce trimestre, les délais de paiement de la clientèle publique (collectivités locales, Collectivité départementale) devenant de plus en plus longs. Dans ce contexte, les entrepreneurs interrogés se montrent pessimistes quant à l’activité des prochains mois et déclarent ne pas avoir l’intention d’investir.

Pour autant, les importations de ciment ont considérablement augmenté au cours du 3ème trimestre 2008, s’établissant à 47.000 tonnes, en hausse de 146% par rapport au 2ème trimestre et de 111% en glissement annuel. L’indice général des prix du bâtiment à Mayotte (Indice BTM 01), qui reflète l’évolution du coût de la construction localement (coût de la main d’œuvre, prix des matières premières, de l’énergie, du transport,…), s’est accru de 4,9% entre juin et septembre 2008, du fait notamment de l’augmentation du Smig mahorais en juillet. Sur un an, entre septembre 2007 et septembre 2008, l’indice évolue de 8,2%.

L’ylang-ylang et l’aquaculture tirent les exportations

Selon la direction régionale des douanes, les importations (hors hydrocarbures) du troisième trimestre s’établissent à plus de 102 millions d’euros, ce qui représente une hausse de 8,5% par rapport au 2ème trimestre. En cumul sur les neufs premiers mois de l’année 2008, les importations se sont donc accrues de 15,7% par rapport à la même période en 2007. Demeurant à un niveau très faible, les exportations se sont néanmoins fortement accrues ce trimestre (+68,7%) et s’élèvent à plus d’1,8 million d’euros, en hausse de 16,6% en glissement annuel.

Toujours selon la direction régionale des douanes, aucune exportation de vanille ou de cannelle n’a été enregistrée au 3ème trimestre 2008. Par contre, les exportations d’essence d’ylang-ylang semblent relancées, avec 3,2 tonnes d’huiles essentielles exportées au cours du 3ème trimestre, pour une valeur de près de 300 milliers d’euros (en progression de plus de 300% par rapport au trimestre précédent, et de 44% en glissement annuel).

Les exportations de produits aquacoles sont également en hausse, puisqu’elles ont doublé entre le 2ème et le 3ème trimestre 2008, pour atteindre plus de 30 tonnes de poissons exportées et une valeur de 219,5 milliers d’euros. Toutefois, en cumul, sur les neufs premiers mois de l’année, les exportations aquacoles affichent un léger recul par rapport à 2007 (un peu plus de 70 tonnes, soit -16%).

Selon les industriels (hors industries agro-alimentaires) ayant répondu à l’enquête de conjoncture, le courant d’affaires du 3ème trimestre 2008 aurait marqué le pas, comme le montre le solde d’opinions relatif à l’activité, dont le niveau est largement inférieur à la moyenne de longue période. Néanmoins, les industriels mahorais restent confiants quant à l’activité du prochain trimestre et témoignent d’une volonté d’investir dans l’année à venir.

Dynamisme du secteur du tourisme

D’après les dix entrepreneurs exerçant dans l’industrie agroalimentaire et ayant participé à l’enquête, le courant d’affaires du 3ème trimestre s’est une fois de plus accru, et ce en partie grâce à une augmentation des ventes pendant le mois de Ramadan (septembre). Cette conjoncture favorable s’est accompagnée du recrutement d’effectifs supplémentaires. Malgré une hausse des prix de vente, les situations de trésorerie se sont détériorées, du fait d’un alourdissement des charges d’exploitation, notamment des charges salariales en liaison avec la hausse significative du Smig. Les industriels de l’agroalimentaire enquêtés se montrent plutôt optimistes quant à l’activité du 4ème trimestre, et auraient l’intention d’investir dans les mois prochains.

Au 3ème trimestre 2008, le courant d’affaires du secteur du tourisme s’est avéré relativement dynamique, d’après les professionnels interrogés, situation qui se serait traduite par le recrutement d’effectifs supplémentaires. Néanmoins, ils font état d’une détérioration de leurs situations de trésorerie, en lien avec une hausse constatée des charges d’exploitation et un rallongement des délais de paiement de la clientèle.

À fin août 2008, la fréquentation de l’aéroport de Dzaoudzi (hors transit) s’est accrue de 8,6% par rapport à fin août 2007 et de 68% par rapport à fin mai 2008. En cumul, sur les huit premiers mois de l’année 2008, l’aéroport de Dzaoudzi a enregistré près de 172.000 passagers, soit 9,2% de plus que sur la même période de 2007.

Source : Iedom, bulletin trimestriel de conjoncture, N°137, 3ème trimestre 2008.

 


 

Plan de soutien à l’activité et aux entreprises

  • Un plan de financement à l’économie, destiné à fournir des liquidités à moyen terme aux banques impactées par la crise, tout en leur offrant un guichet en capital pour renforcer leurs fonds propres. Objectif : éviter l’effondrement du système financier et rétablir la circulation des mouvements de capitaux et du crédit.

Ce plan a été mis en place avec le soutien de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne. Le Gouvernement a demandé des contreparties aux institutions financières en matière d’éthique et de financement de l’économie.

  • Un plan de soutien à l’activité et aux entreprises, qui se décompose ainsi :

– Un plan de soutien de 22 milliards d’euros pour assurer le financement des PME.

– La mobilisation des services de l’État pour assurer le suivi de la façon dont les banques accordent les prêts.

– La création d’un fonds stratégique d’investissement.

– L’exonération immédiate et totale de la taxe professionnelle pour les nouveaux investissements.

 


 

Le dispositif de médiation du crédit

La mission de médiation du crédit s’intègre au plan de soutien à l’activité, pour se concentrer sur les problèmes de financement des entreprises et leurs relations avec les banques, dans le strict respect des règles de confidentialité et de secret bancaire :

  • S’assurer du respect des engagements pris par les banques en contrepartie des mesures de soutien dont elles bénéficient, notamment en relation avec les commissions départementales de suivi
  • Ne laisser aucune entreprise, et notamment aucune PME, seule quand elle est confrontée à un problème de financement
  • Examiner leur situation de manière concrète en vue de proposer des solutions chaque fois que cela est possible, via le dépôt d’un dossier sur le site http:/www.mediateurducredit.fr
  • Identifier les entreprises nécessitant la mise en œuvre d’une médiation et leur apporter une réponse de proximité en s’appuyant sur les commissions de suivi mises en place auprès des préfets
  • Un correspondant local (directeur départemental de la Banque de France ou de l’Iedom) désigné par le préfet et des personnalités qualifiées pour accompagner la mise en place du dispositif
  • Saisir le Gouvernement de tous les problèmes majeurs non résolus
  • Rendre compte

04/12/08 – Loi de finance 2009 : le budget de Mayotte en baisse

Mardi, lors de son intervention à la discussion générale du Projet de loi de finances pour 2009 – Mission Outre-mer, le sénateur Soibahadine Ramadani a noté en premier lieu que "l'effort de l'Etat en Outre-mer reste globalement soutenu". "L'ensemble des concours de l'Etat en Outre mer est en augmentation, passant de 15 milliards d'euros en 2008 à 16,5 milliards d'euros en 2009." Sur le sujet précis de Mayotte, le sénateur constate paradoxalement que le projet de loi de finances 2009 "se caractérise par une tendance générale à la baisse, au mieux à la stagnation". "Certes, l'agriculture, la pêche et l'aquaculture bénéficient de crédits en hausse, évalués à 1,3 millions d'euros pour 2009, permettant de soutenir la relance des exportations d'essence d'Ylang Ylang et des poissons d'origine aquacole, et en même temps de réconforter les agriculteurs victimes des dégâts de la tempête Fame.”

“Cependant, il convient de rappeler que les préoccupations majeures des exploitants agricoles de Mayotte restent la mise en place d'une "retraite agricole" et l'extension au secteur agricole des prêts à taux bonifiés. De même, sont en hausse les transferts de crédits aux collectivités territoriales qui s'élèvent à 68,9 millions d'euros dont 63,2 constituent des prélèvements sur recettes dont on aimerait en connaître l'objet, car non précisé par les documents disponibles. Ces recettes serviront-elles, par exemple, à éponger la dette de l'Etat envers la Collectivité Départementale de Mayotte, de 43 millions d'euros, au titre des arriérés du Contrat de plan Etat-Mayotte 2000-2006 et de la Convention de développement 2003-2007, sachant que les 28 millions d'euros, inscrits en 2008 par l'Etat, n'ont pas encore été versés ?" Le sénateur constate avec regret que dans les domaines de l'environnement, l'éducation et des dotations communales, les crédits sont en baisse, jusqu'à -50%. Il s'étonne au passage que le PADD n'ait toujours pas été validé.

"En l'absence de la fiscalité locale et du bénéfice des crédits de l'octroi de mer, il est urgent de compenser le manque à gagner des communes notamment en abondant le Fonds Intercommunal de Péréquation," estime M. Ramadani qui demande également des crédits pour le recensement des 50.000 personnes qui n'ont pas encore saisi la Crec pour réviser leur état civil, ainsi que pour l'éducation et notamment les constructions scolaires, tout en rappelant les revendication des instituteurs sur la DSI et l'indexation des salaires. En conclusion, il met en garde sur le risque que "l'année 2009 risque d'être une année blanche sur le plan économique et social, propice aux agitations de toute nature."

03/12/08 – La commission des lois examine le projet de département

La Commission des Lois du Sénat, réunie ce mardi, a examiné en première séance le rapport d'information de MM. Jean-Jacques Hyest, Christian Cointat, Yves Détraigne et Mme Michèle André, sur leur mission d'information effectuée à Mayotte du 1er au 6 septembre 2008. Au cours de la seconde séance, en aprèsmidi, la commission a procédé à l'audition du Secrétaire d'Etat à l'Outre-mer sur le Projet de Loi de finances pour 2009, "Mission Outremer". Yves Jégo a notamment évoqué le processus de départementalisation devant aboutir à la consultation des Mahorais. Il a précisé qu'elle aurait lieu en mars 2009 et s'appuierait sur une feuille de route gouvernementale précisant aux Mahorais, s'ils en font le choix, les modalités de la départementalisation progressive et adaptée. Il a souligné que cette départementalisation supposait que le pari du développement économique et social de Mayotte soit réussi et que les flux migratoires soient mieux régulés grâce à une politique volontariste de co-développement et de coopération régionale.

Christian Cointat, rapporteur pour avis des crédits de la "Mission Outre-mer", a souhaité connaître l'état d'avancement de la préparation de la feuille de route, estimant que la consultation devrait être assortie d'un document d'orientation exposant clairement à la population les droits et devoirs liés à l'accès au statut de département et région d'Outre-mer. Yves Jégo a déclaré que le gouvernement publierait d'ici la fin de l'année 2008 une feuille de route assortie d'un calendrier relative à la départementalisation de l'île et indiquant clairement à la population des bouleversements et des bénéfices qu'apporterait cette évolution statutaire. Il a affirmé qu'il convenait d'expliquer aux Mahorais que la départementalisation rendrait inévitable la disparition de la justice cadiale, l'alignement de l'âge légal du mariage des femmes sur le droit commun et la création d'impôts locaux. Patrice Gélard a considéré qu'après cette consultation la transformation de Mayotte en Dom-Rom devrait intervenir rapidement afin de ne pas décevoir les attentes des Mahorais.

Soulignant que la mise en oeuvre de la départementalisation supposait la révision de l'état civil, la valorisation du cadastre et un engagement financier important de l'Etat, il a relevé la nécessité de relancer l'enseignement supérieur dans les collectivités et départements d'Outre mer, notamment en développant les filières professionnelles. Il a estimé qu'il serait opportun de créer une faculté de médecine alliant La Réunion, Mayotte et Madagascar car cette partie de l'Océan Indien connaît d'importants besoins médicaux. Jean-Jacques Hyest a insisté sur la nécessité de déployer un effort important pour achever la révision de l'étatcivil dans les prochaines années. Il a souhaité savoir dans quel délai la départementalisation serait achevée si les Mahorais faisaient en mars 2009 le choix de l'évolution statutaire, la notion de génération pouvant être diversement interprétée. Yves Jégo a estimé que vingt à trente ans seraient nécessaires, il a annoncé que le débat qui devrait avoir lieu au Sénat en janvier, puis l'examen de la loi organique nécessaire si les Mahorais se prononçaient pour la  départementalisation, permettraient d'apporter des précisions.

02/12/08 – L’union fait la force

Ce proverbe qui est aussi ironiquement la devise de la Belgique est le mot d'ordre adopté par le président du Conseil général Ahamed Attoumani Douchina en ce qui concerne la départementalisation et la rencontre à venir entre les élus mahorais et le président de la République Nicolas Sarkozy le 16 décembre prochain. "Aujourd'hui, personne ne peut dire ce que sera la feuille de route. Je sais à quel point le président Sarkozy tient à une départementalisation adaptée et progressive mais il faudrait savoir de quelle progressivité et adaptation il s'agit" a déclaré Ahamed Attoumani Douchina. Pour que la rencontre soit un succès, il faut qu'il y ait un consensus de toute la classe politique mahoraise.

Ainsi, comme lors de la résolution portée à Paris au lendemain des élections cantonales en mars dernier, la délégation mahoraise sera composée des anciens parlementaires français, des anciens députés de l'Assemblée territoriale des Comores, du président de l'Association des maires de Mayotte, des parlementaires actuels, de la conseillère économique et sociale et des représentants des quatre partis représentés au sein du Conseil général (UMP, MDM, PS et Néma). "Le président a réitéré sa détermination à tenir sa promesse. J'ai confiance en cet homme, Mayotte sera département. On a la chance de pouvoir discuter de ce que sera le département, les Mahorais sont associés à la définition de leur avenir" a déclaré hier le patron de la maison décentralisée lors d'une conférence de presse faisant le bilan de son voyage à Paris lors du Congrès des maires de France.

01/12/08 – Journée mondiale de lutte contre le Sida

Ce lundi 1er décembre aura lieu partout dans le monde la journée mondiale de lutte contre le Sida pour sensibiliser la population, et notamment les jeunes, à cette maladie qui ne cesse de progresser à cause des rapports sexuels non protégés. A Mayotte, la prévention et l'accompagnement des personnes vivant avec le VIH sont assurés par l'association Nariké M'sada, malheureusement la seule présente sur l'île. Moncef Mouhoudhoire, son président, ne décolère pas face à la faible mobilisation des autorités : "J'accuse l'Etat et la CDM de jouer avec la santé publique. En dehors du 1er décembre, on n'entend plus parler du Sida à Mayotte. Depuis 2003, nous demandons des financements pour former des écoutants et pouvoir les salarier car nous sommes tous des bénévoles. Et personne ne nous jamais a expliqué pourquoi on ne peut pas avoir de financements pour notre mission de santé publique ! Les membres de l'association sont de plus en plus démotivés et l'association pourrait bien disparaître…"

Depuis 1989, on a recensé 174 personnes contaminées par le virus, dont 95 sont actuellement suivies par les services de santé. Mais selon Moncef Mouhoudhoire, ces chiffres sont trompeurs : "En 2007, il n'y a eu en tout que 1073 personnes qui se sont faites dépister. Il y a un réel problème de dépistage à Mayotte, alors que c'est la seule façon d'empêcher la mort de se propager", s'indigne-t-il."Pour le 1er décembre, on voulait faire un dépistage public, comme dans tout l'océan Indien. Nous sommes les seuls, avec les Comores, à ne pas le faire car la Dass trouve ça "trop violent". Ce n'est pas normal." Depuis 2005, l'association a mis en place un numéro Vert, gratuit à partir d'un portable SFR : le 74.32, pour tous ceux qui désirent des informations sur cette infection sexuellement transmissible.

Novembre 2008 – Comores : La tentation des pétrodollars

Donner à l'économie une impulsion, notamment grâce au programme "habitat" qui permettrait au pays d'entrer durablement dans une phase pérenne de croissance, c'était l'une des promesses de campagne d'Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, l'actuel président de l'Union des Comores. Force est de constater l'échec cuisant de la politique économique du Foundi. Aux dires de beaucoup de Comoriens, la situation est pire aujourd'hui qu'elle ne l'a jamais été. Les salaires de la fonction publique ne sont plus versés depuis février, la cherté des produits s'est accrue, les pénuries de carburant s'enchaînent, les nombreuses coupures d'électricité cassent le dynamisme des activités humaines et économiques, et le contexte international n'arrange rien. La révolution annoncée du mode de gouvernance n'a finalement pas eu lieu – la masse salariale des fonctionnaires représente 1,5 milliard de francs comoriens, soit 70% du budget de l'État – et la corruption continue de gangrener un pays qui souffre d'une gestion chaotique de ses maigres ressources.

Les nombreux défenseurs d'Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, élu en 2006, nuancent cependant ce constat. "Le président a fait le choix de relayer l'économie au second plan", avance un partisan de celui que beaucoup surnomment l'Ayatollah. L'homme a en effet monopolisé tous les efforts de la première moitié de son mandat vers un seul et unique objectif : ramener l'île d'Anjouan dans le giron de l'Union et casser définitivement les velléités séparatistes. Un combat politique, il est vrai compliqué au vu de l'Histoire et du contexte politique interne, que le président de l'Union a gagné, qui plus est de manière quasi pacifique, ramenant du même coup un élan de cohésion et d'unité entre les trois îles. Une victoire qui contribue encore aujourd'hui à donner au président Sambi une légitimité aux yeux du peuple comorien, malgré une atonie généralisée de son gouvernement et une absence inquiétante de perspective.

Pourtant, dans l'ombre de l'inertie de la politique économique, un groupe d'investisseurs étrangers n'a eu de cesse d'oeuvrer, à tel point que les premières réalisations de leurs nombreux et faramineux projets interpellent désormais le visiteur, comme l'habitant. Un aéroport flambant neuf, ici une banque fédérale, là un hôtel de luxe… A Moroni, tout le monde ne parle que d'eux. "Ils sont partout, ils rachètent des hôtels, des sites touristiques, amènent des hélicoptères et des avions, construisent des banques et impriment même un journal", livre avec perplexité un chauffeur de taxi.

"Ils", ce sont les membres du consortium Comoro Gulf Holding (CGH), une dizaine d'investisseurs koweïtiens, saoudiens et libanais. Présidé par Bachar Kiwan, consul des Comores au Koweït et influent homme d'affaires franco-libanais, le CGH est amené par le fils du ministre de la Défense du Koweït, le Cheick Sabah Jaber Mubarak Al-Sabah, qui détient 30% du capital de la holding.

 

12 millions de dollars pour un premier hôtel de luxe

 

La discrétion du groupe n'a d'égal que sa redoutable efficacité. D'ici la fin de l'année, Comoro Gulf Holding inaugurera la première phase de l'Itsandra Beach Hotel, anciennement le Touristique hôtel, situé au nord de Moroni. Un luxueux complexe d'une capacité de 23 chambres, une trentaine de bungalows, doté d'une marina, d'un bar et d'une salle de conférences. Dans un an, la deuxième phase gréera au complexe 50 chambres supplémentaires, deux piscines, une boite de nuit, un casino, un centre de plongée, une salle de sport, et deux cafés-bars. Coût total de l'opération : 12 millions de dollars.

Novembre 2008 - Dossier Mensuel - Comores : La tentation des pétrodollars

Bachar Kiwan, grand magnat de la presse du monde arabe, souhaitait également "combler le déficit de communication et d'information au niveau local", selon Ahmad Jaroudi, directeur général de la holding. Un souhait aussitôt exaucé, puisqu'il y a deux mois sortaient dans les kiosques comoriens les 30 premières pages de l'hebdomadaire d'information général Albalad. Écrit en français et en arabe, imprimé au Liban, le support changera de périodicité pour devenir un quotidien dès le mois de janvier, lorsque la nouvelle imprimerie basée à Moroni, elle aussi propriété de la holding, sera opérationnelle, et de nouveaux magazines devraient fleurir les kiosques. "Ils ont débauché cinq de mes meilleurs journalistes", regrette le rédacteur en chef d'Al Watwan, l'organe de presse du pouvoir.

De plus, le gouvernement comorien vient de leur octroyer une licence complète pour tous les services de télécommunication. "D'ici trois mois, nous serons le deuxième opérateur sur le marché, avec une offre téléphonie mobile et internet", conclut le directeur général.

Ahmad Jaroudi est Libanais. L’homme a déjà une grande expérience de la finance internationale. Ancien membre de Gimco, une holding présente en France et au Liban, il a ensuite créé une des plus grandes sociétés immobilières du pays du Cèdre. "En 2005, j'ai quitté mon pays à cause des troubles politiques. C'est à ce moment qu'on m'a proposé de devenir directeur général de CGH".

 

"Faire de Moroni un hub aéroportuaire régional"

 

Conscient que les multiples activités du groupe suscitent la curiosité, il tient à prévenir : "Nous sommes des investisseurs, pas des politiciens. Nous ne représentons personne à part nous-mêmes. Ni la Ligue Arabe, ni le Koweït, tout le monde peut rejoindre notre capital. D'ailleurs, beaucoup d'Européens s'intéressent à nos activités. Il y a un potentiel vierge ici, avec une contrepartie, l'absence d'infrastructures, et donc un risque. Notre rôle est double. D'une part, nous essayons d'aménager des structures et un cadre qui soient propices aux investissements, et d'autre part nous proposons des partenariats de capital à tout investisseur qui se manifeste. De plus, nous faisons intervenir des opérateurs spécialisés pour chacun de nos projets. Enfin, nous n'agissons pas en envahisseurs puisque nous intervenons dans le cadre d'un accord signé en 2006 avec l'ancien chef de l'État, Azali, autour de cinq projets majeurs : la création d'une banque, le projet touristique du lac Salé, le port en eau profonde de Moroni, une activité de télécommunication et la création d'une compagnie aérienne".

Ainsi, la Banque fédérale des Comores devrait être livrée dans quelques mois. Avec un capital de 10 millions d'euros, elle proposera "toutes les activités et les services bancaires que l'on retrouve à travers le monde". "C'est un outil indispensable pour faire venir des investisseurs, car il va considérablement raccourcir les délais de transaction et favoriser la dynamique des projets locaux", commente M. Jaroudi. CGH aurait déjà recruté une vingtaine d'employés pour faire tourner son établissement bancaire, situé au coeur de la capitale, place de France.

Novembre 2008 - Dossier Mensuel - Comores : La tentation des pétrodollars

"Faire de Moroni un hub régional". Si la déclaration peut prêter à sourire, les moyens consacrés par le consortium pour que la Grande Comore attire les majors de l'aviation commerciale mondiale imposent le sérieux. "Nous devrions être opérationnels d'ici trois mois. Il reste quelques points à éclaircir concernant les droits de trafic, mais nous avons déjà le premier des trois avions qui composera notre flotte de départ."

Et la stratégie est implacable. Deux avions pour une desserte régionale quotidienne entre Madagascar, Mayotte, la Réunion et Maurice qui captent et rabattent un flux de voyageurs vers Moroni, et un long courrier pour décoller vers Paris, Marseille ou Dubaï. L'Etat sera également de la partie, avec 25% des parts d'Air Comores International.

 

 

Un projet touristique pharaonique au lac Salé

 

Et si toutes ces ambitions et les sommes abyssales qu'elles nécessitent pour être réalisées peuvent donner le tournis au commun des mortels, elles ne sont rien en mesure du module phare de CHG : le projet touristique du lac Salé. Sept années seront nécessaires à la holding financière pour aménager, sur plus de 1.250 hectares, l'un des plus grands complexes touristiques de l'océan Indien. L'ambition est affichée, et les moyens prêts à y être consacrés. Rien que pour doter le site des infrastructures de base (eau, électricité, réseau routier…), CGH estime devoir débourser 200 millions de dollars.

Le module s'articule autour de quatre phases distinctes de réalisation. La première sera purement touristique, avec la création d'hôtels et de résidences locatives en bord de mer, comprenant l'aménagement d'une marina, de restaurants et de bars. La deuxième sera consacrée à la construction de résidences, la troisième à leur commercialisation. La quatrième est à la hauteur de la démesure des îlots artificiels de Dubaï : créer toutes les infrastructures nécessaires et superflues au développement de l'activité humaine. Des centres commerciaux, des hôpitaux, des commerces, des services… Au final, c'est une ville nouvelle qui devrait voir le jour au nord de Ngazidja. Les travaux devraient débuter d'ici six mois.

La holding donne apparemment des idées à ses concurrents. Le géant Dubaï World – dont la filiale Dubai Ports World est le troisième opérateur portuaire mondial – vient de racheter deux hôtels, le Galawa et le Maloudja pour 5 millions de dollars à l'Etat comorien. Une bouchée de pain. Les deux anciens édifices ont été rasés, et Dubaï World attend que l'assemblée de l'Union vote son agrément d'exploitation, accordé arbitrairement par le président Sambi, pour commencer les travaux. Enfin, des capitaux indiens sont à l'origine de la création de la toute nouvelle Exim banque, elle aussi située place de France.

L'afflux massif de ces capitaux étrangers oblige l'Etat comorien à définir le cadre juridique dans lequel il veut inscrire ces investissements étrangers, et nombreux sont ceux qui donnent de la voix pour prendre garde à ce que ces dispositions législatives garantissent un échange gagnant-gagnant.

 

La citoyenneté économique, une contrepartie politique exigée par ces généreux investisseurs ?

 

Tous les pays émergents ou en voie de développement, à plus forte raison insulaires, ont fait ou font l'objet des convoitises des capitaux étrangers. Cependant, ouvrir sans condition un pays aux investissements extérieurs comporte son lot de risques. La faiblesse de la structure étatique et juridique des pays en voie de développement est souvent favorable aux investisseurs cavaliers, qui profitent allégrement du manque de réglementation pour imposer leurs propres règles du jeu, au grand dam des populations locales. Blanchiment d'argent, plaque tournante de l'argent des trafics internationaux, multiplication des sociétés offshore au financement opaque, trop de pays insulaires (Bahamas, îles Caïmans, Jersey…)  ont monnayé leur développement à ce prix.

En ce sens, l'Union des Comores se trouve aujourd'hui à l'aube d'un rendez-vous important avec sa propre histoire. Cette semaine, les parlementaires détermineront, par les paraphes qu'ils apposeront sur le texte de loi sur la citoyenneté économique, ce qu'est un investissement et dans quelle mesure il donne droit à cette fameuse citoyenneté. Au delà d'édicter les critères et d'infléchir les conditions qui définissent un "partenaire économique", cette loi va indirectement modeler le paysage économique des Comores de demain, car elle contiendra, selon les recommandations d'un rapport préliminaire, "une législation attractive et sécurisante propice aux affaires".

 

Une confusion totale entre citoyenneté économique et encadrement juridique des investissements

 

Novembre 2008 - Dossier Mensuel - Comores : La tentation des pétrodollars

Pour certains, cette loi n'est qu'un outil que le gouvernement peut utiliser afin de lever des fonds pour réaliser des investissements structurels qui constitueront d'une part des avancées bénéfiques au confort de la population, mais aussi un gage de sécurité pour nombre d'investisseurs internationaux encore trop frileux. Monnayer, sous certaines conditions, la nationalité ou la citoyenneté est une technique qui a cours dans nombre de pays. Au Belize par exemple, pour obtenir cet avantage il suffit de consacrer 25% de son investissement dans un programme d'infrastructure nationale. Dans d'autres comme au Venezuela, il est demandé aux investisseurs de contribuer à des secteurs de l'économie locale, comme la pêche ou l'agriculture. Dans certains pays occidentaux, le versement d'une belle somme sur un compte longue durée peut aussi faire l'affaire. Dans le cas de l'Union des Comores, le projet dans sa forme originelle reste basique : vendre la nationalité. Une formule qui pourrait rapporter à l'Etat, selon des estimations du gouvernement, entre 100 et 300 millions de dollars.

La controverse autour de ce projet de loi, qui fait couler autant d'encre que de salive dans les trois îles de l'Union, est née de la proposition du président Sambi de vendre la citoyenneté économique à 4000 familles Bidounes, des apatrides koweïtiens (voir encadré), ce qui a suscité autant d'interrogations que d'inquiétudes. Interrogations d'abord, car pour beaucoup il s'agit de la contrepartie politique à la générosité de ces puissants acteurs économiques venus des pays du Golfe.

A CGH, on se défend de cette position : "Nous n'avons rien à voir avec cela. Ce projet de loi est arrivé deux ans après notre installation. Les gens font l'amalgame à cause d'une mauvaise communication politique sur ce dossier, ce qui nuit à notre image". Des affirmations relayées le 28 juillet dernier par l'ambassadeur du Koweït en Égypte, accrédité auprès de l'Union des Comores, qui a déclaré "qu'aucun officiel koweïtien n'a discuté avec des responsables comoriens sur le statut des Bidounes. Cette question n'a pas été soulevée ni par le ministre des Affaires étrangères koweïtien cheikh Mohammed Sabah Al-Sabah lors de sa visite en février, ni par l'ambassadeur".

Pourtant, les liens entre la holding et ces apatrides du Golfe seraient plus étroits qu'il n'y paraît. Selon un journaliste indépendant basé à Moroni, la délégation composée de 11 parlementaires qui se sont rendus au Koweït et à Dubaï du 10 au 14 octobre dernier pour une mission d'information aurait été totalement prise en charge par la CGH, qui aurait offert les billets d'avion et quelques cadeaux aux députés, comme des ordinateurs portables et des imprimantes.

D'après d'autres sources c'est effectivement le président Sambi qui, de sa propre initiative et ce au fil des rencontres qu'il a pu faire au cours de ses nombreux déplacements dans les pays arabes, aurait eu vent de la possibilité de vendre la nationalité, notamment aux apatrides du Koweït (voir encadré), pour renflouer les caisses de l'État.

 

L'affaire des Bidounes du Koweït sème la confusion

 

Novembre 2008 - Dossier Mensuel - Comores : La tentation des pétrodollars

Inquiétudes enfin, car l'intégration de 4000 familles pourrait mettre en jeu l'équilibre démographique, sociétal et religieux de Ngazidja. En effet, personne ne sait de qui il s'agit, et d'aucuns craignent que cette communauté, si d'aventure elle devait s'installer dans les trois îles de l'Union, ne vive en autarcie. Plus grave, certains redoutent une montée du prosélytisme car le chaféïsme, courant modéré de l'islam et pilier de la société comorienne, est considéré comme trop "laxiste" par ces populations arabes.

Pour mettre fin à ces appréhensions, le président Sambi a récemment annoncé qu'une clause de non-résidence serait greffée à l'obtention de la citoyenneté économique. Une proposition d'autant plus incohérente qu'elle contribue à attiser la confusion. Toujours est-il qu'a Moroni, aussi bien la classe politique que les milieux d’affaires émettent de sérieuses réserves, pour ne pas dire une réprobation, quant à la gestion pour le moins controversée de ce dossier par le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi.

Il reste que c'est une commission parlementaire qui est chargée de vérifier les conditions d'accès à la citoyenneté économique. Ces conditions seront normalement évolutives dans le temps selon les besoins de l'Etat. Pour l'heure, trois conditions seulement sont arrêtées et doivent être requises pour voir votre demande aboutir : avoir un casier judiciaire vierge, justifier d'un emploi sur les dix dernières années, et ne pas faire ou avoir fait partie d'un groupe terroriste. Plus étonnant encore, le dernier amendement en date du texte stipule qu'un investisseur étranger ne peut détenir de foncier… La confusion entre citoyenneté économique et encadrement juridique des investissements semble désormais totale.

En attendant, le vice-président de la Comoro Gulf Holding, Ali Kazma, vient d'annoncer l'acquisition par le groupe de deux hélicoptères et le lancement de la phase d'étude d'un projet d'aménagement de la corniche de Moroni pour en faire un espace de commerces et de loisirs, et des intentions de venir prospecter… à Mayotte.

 

De notre envoyé spécial a Moroni, François Macone

 


 

Les Bidounes, ces apatrides du désert

La constitution koweitienne dispose que toutes les personnes sont égales devant la loi en matière de dignité humaine et de droits et obligations publics, et pourtant le statut légal de 110.000 à 150.000 résidents "bidounes" (apatrides) n’est toujours pas réglé. Les Bidounes sont des Arabes qui résident dans le pays, pour certains depuis plusieurs générations, mais ne sont pas en mesure de fournir ou n’ont pas fourni de documents déterminant leur nationalité.

Leur statut juridique incertain résulte de la création de l’état et de l’introduction de la notion de citoyenneté au sein des sociétés différentes et semi-nomades, où jusqu’il y a peu les déplacements continus des populations tribales par-delà les frontières des pays voisins étaient un fait admis. Les Bidounes du Koweït constituent le plus grand de ces groupes. Depuis le milieu des années 80, le gouvernement a discriminé les Bidounes dans des secteurs comme l’éducation, la santé, l’emploi et la mobilité.

En mai 2000, le gouvernement a introduit une législation visant à résoudre la problématique des Bidounes. Cette législation prévoyait d’étendre chaque année la citoyenneté à un maximum de 2.000 Bidounes respectant certains critères. Cependant, face à la lenteur du processus d'intégration et aux réticences de l'Etat koweïtien, de nombreux apatrides fortunés cherchent à monnayer l'octroi d'une nationalité. Des pays comme le Canada, les États-Unis, le Venezuela et bien d'autres encore proposent d'acquérir la nationalité, la citoyenneté ou un permis de résidence à vie, en contrepartie d'un investissement, d'un dépôt bancaire ou de manière générale un "effort financier".

L'assemblée de l'Union des Comores examine en ce moment une loi qui doit fixer les conditions de l'octroi de la nationalité à 4000 familles Bidounes, qui seraient prêtes à débourser 100 à 300 millions de dollars américains pour obtenir la "citoyenneté économique comorienne", une somme qui tomberait directement dans les caisses de l'Etat.


Des exemples de développement basés sur les investissements étrangers

L'île Maurice, indépendante depuis 1968 et totalement souveraine depuis l’adoption du statut de République en 1992, a su, au cours de sa jeune histoire, opérer une mutation économique majeure. Du déclin effectif de la culture sucrière et celui annoncé de l'industrie textile, les autorités insulaires ont promu l'explosion du tourisme de masse et la diversification des activités offshore : banques, assurances, services financiers… Cependant, le salaire moyen reste faible (130 € par mois) comparée au niveau structurel de l'économie locale.

Les Bahamas ont structuré leur économie autour du tourisme et des banques offshore. Le tourisme compte à lui seul pour 60% du PIB et emploie directement ou indirectement la moitié des personnes en âge de travailler de l'archipel. Les Bahamas reçoivent surtout des visiteurs venus des États-Unis. Une augmentation permanente de la capacité d'accueil et un décollage des constructions de nouveaux hôtels, de centres de vacances et de résidences, grâce aux capitaux et aux investissements étrangers, ont permis une augmentation du PIB ces dernières années. Cependant, l'industrie, peu développée, et l'agriculture réunies ne contribuent qu'à un dixième du PIB et ne progressent que faiblement. En 2007, le PNB par habitant atteignait 15.200 dollars.

Des pays en voie de développement comme le Zimbabwe, l'Algérie, la Côte d'Ivoire ou encore Madagascar ont également eu recours aux investissements étrangers, avec des conséquences plus ou moins heureuses. Les transferts de capitaux ont permis de développer et de structurer certains pans de l'économie, mais l'absence ou le manque d'encadrement juridique autour de cette nouvelle manne financière, imputée à la défaillance des états ont souvent introduit une concurrence déloyale entre les acteurs locaux et étrangers, à un délabrement du tissu de l'entreprenariat local et une corruption accrue qui a contribué à l'abandon généralisé des manettes politiques par les élus nationaux.

28/11/08 – Sarkozy à Mayotte début 2009

Contexte Juridique

Al'occasion de la réception organisée au Palais de l'Elysée avec les élus de Mayotte dans le cadre du Congrès des Maires de France, le chef de l'Etat a réaffirmé sa volonté de consulter la population de Mayotte en mars prochain (peutêtre le 22 ou le 29 mars 2009) sur la départementalisation de notre île. La feuille de route annoncée il y a deux jours par le sénateur, rebaptisée “Pacte pour la départementalisation” est donc confirmée. Par ailleurs, le Président de la République a insisté pour dire qu' "une promesse est une promesse" et qu'il recevra lui-même, à l'Elysée, les élus de Mayotte pour leur annoncer le calendrier à venir, relatif à cette marche vers la départementalisation. Enfin, conformément aux engagements pris dans sa "Lettre aux Mahorais", le chef de l'Etat a précisé qu'il se rendra à Mayotte, à l'aube de ce "rendez-vous historique". En conséquence, la visite d’Yves Jégo, prévue pour le mois de décembre, serait repoussée à janvier, pour préparer ou accompagner la visite de Nicolas Sarkozy.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes