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06/03/2009 – Football : Le sacre, au bout des crampons

 

 

{xtypo_dropcap}R{/xtypo_dropcap}acine du Nord Acoua (9e)

Le championnat passera par "les grigris"

Avec un effectif dopé par les recrues (Bahar, Ismaël et Skip de Missile, le gardien de Guinée Club, Firmin de Tchanga, Djanfar de M'tsahara…), le tout premier club de Mayotte désire cette année être le n°1 au classement final de DH 2009. "Nous avons tenu tête au champion l'an dernier, on gagnait 2-0, mais ils ont égalisé dans les dernières minutes. On peut finir devant toutes les équipes à la fin de l'année", certifie le président de la Racine Mahamoud Abdou.

Conscient qu'une saison ne se joue pas sur un match, il reste persuadé qu'en remportant leurs rencontres à domicile, ils pourraient titiller les favoris. D'ailleurs, pour le staff d'Acoua, leur club fait partie des favoris. "On doit régler ce problème de points perdus à la maison. On croit trop aux grigris et je pense que c'est ce qui nous a fait perdre ces matchs importants. En fin de saison 2008, on a réussi à enlever ceux qui avaient été faits contre nous et on a battu le FCO Tsingoni et les autres."

Les départs (Hitmanine à Poroani, Abdou Djabar à Abeilles et Daf à M'liha) ne constituent pas des pertes majeures selon le président. Du coup, le staff parle de doublé coupe-championnat. Reste à espérer que leur "contre-grigri" leur donnera raison.

 

Miracle du Sud Bouéni (8e)

Après le maintien, le titre

Avec la relégation du FC Kani-Bé, Miracle est désormais l'unique représentant du sud au sein de l'élite. L'an dernier, elle atteignait un de ses deux objectifs, le maintien en DH après avoir été promue. Leur échec fut la coupe de France. Cette saison, réussir un des deux buts serait un bon bilan pour le président Fayadhui Malide, à savoir cette même coupe de France ainsi que le championnat.

Avec une nouvelle équipe dirigeante, le retour de Métropole de leur joueur emblématique Karéka et les recrues (Yamine de l'UCS Sada, Babé de Diables Noirs, Ali du FCO Tsingoni ou encore Assad de Maharavou), Miracle du sud a, selon Fayadhui Malide, de quoi prétendre aux ambitions fixées il y a quelques semaines au cours du voulé annuel de l'association marquant l'ouverture de leur saison.

Toutefois, Bouéni compte pas moins de dix départs, et pratiquement tous étaient titulaires (Daoulab, Abal et Mangrove pour FCM, Hazal Ben Naoioui pour Kani-Kéli, Ichirac pour Chirongui, Anelka pour Jumeaux, Papali et Baloua pour Moinatrindri…). Certes, les cadres de l'effectif sont toujours présents, mais tous ces changements imposent la reconstruction du club. Une reconstruction qui, selon le président, ne devrait pas bouleverser les plans de Miracle cette saison.

 

Foudre 2000 Dzoumogné (3e et vainqueur de la Coupe de France régionale)

"Conserver notre coupe"

Voilà deux ans que l'équipe entraînée par Djamaldine Ali remporte la très convoitée Coupe de France régionale, et bien entendu il s'agit cette année de conserver leur suprématie dans cette compétition. "Vous savez, la saison n'a pas encore commencé, mais tout le monde ne parle que de ça dans la commune. Il n'y aura pas de plaisanterie là-dessus, tout sera mis en œuvre pour remporter une troisième fois consécutive la Coupe de France", affirme le coach.

À propos du championnat, les joueurs et dirigeants sont ambitieux et chercheront à siéger en tête au cours des journées, mais l'entraîneur de Dzoumogné préfère attribuer l'étiquette de favoris au FCM et à Rosador. D'autant plus que sur la forme, les recrues de Foudre 2000 ne vont pas en leur faveur avec les attaquants Thierry – en provenance de Majicavo – et Omar de l'Asim Tsoundzou. Agogo de Bandraboua, John de Trévani ou encore Booba de Kangani… Tous proviennent d'équipes de PH ou PL. Et les départs de Faydhoini Sidi (Iloni) et Salime Ahamadi (Métropole pour raison professionnelle) n'arrangent pas les choses.

Cependant, sur le fond Djamaldine Ali est persuadé que ses nouveaux "poulains" peuvent apporter un plus. "Ces gars-là ont du talent, il leur manquait juste un club". Reste à attendre le lancement officiel de la saison pour déterminer les capacités de ses recrues d'abord, de l'ensemble du groupe ensuite à atteindre les objectifs du club.

 

ASC Kawéni (10e)

Un point de plus que M’tzamboro, c’est ce qui a sauvé Kawéni de la relégation en DHT l’an dernier. Cette année, l’équipe présidée par Assani Malide vise le titre. “Cinq joueurs sont arrivés, nous avons gardé les tauliers : Loko, Aynou, Youri et Confort. Nous avons un nouvel entraîneur qui est Malgache. Pour l’instant tout va bien, nous avons gagné tous nos matches amicaux”, confie Ahamadi Mahamoudou, secrétaire général de l’ASC Kawéni.

Toutefois, la compétition est un autre monde et les Kawéniens avaient connu un début de saison tonitruant en 2006 avant de craquer sur la fin. Les Kawéniens attendent surtout la réfection de leur terrain pour cesser de recevoir à Kavani.

“Les travaux commencent ce mois-ci. Nous sommes aussi à la recherche d’un local où nous installerons un ordinateur”, continue le secrétaire général. Privés de leur terrain et de leur public, les Kawéniens n’auront pas la tâche facile, d’autant que d’autres équipes paraissent mieux armées pour la conquête du titre. Mais, une fois que la saison sera lancée, Aynou et ses partenaires pourraient bien en surprendre plus d’un.

 

Ichirac Mahafidhou et Faïd Souhaïli

06/03/2009 – Tennis de Table : Le TTCL réussit son challenge

 

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e Tennis de table club de Labattoir (TTCL) peut être fier de son challenge. Entre samedi et dimanche, il a réuni cent soixante personnes et huit clubs sur douze étaient représentés. Il a également permis à de très jeunes joueurs de se découvrir, de s'épanouir dans cette pratique. Une quinzaine d'arbitres, tous adolescent(e)s ont assuré le bon déroulement des rencontres, de bout en bout. Il n'y a aucun incident à déplorer et la marie ainsi que la Dsaj ont marqué de leur présence la remise des récompenses. Ce qui démontre l'intérêt que peut bien porter la politique – par moment – à l'égard du sport, du ping-pong ici.

Après le bilan positif du challenge, le président du club organisateur Youssouffa Hassani reste confiant pour l'avenir du tennis de table à Mayotte. "Il y a un souci au niveau de l'encadrement, mais sinon le niveau est bon", déclare-t-il. "Lorsque nous nous confrontons aux équipes extérieures, les résultats ont tendance à être moyen, ni excellent, ni mauvais. Notre tennis de table évolue, et je pense qu'on pourra rivaliser avec les meilleurs en encadrant mieux la pratique", finit-il par assurer.

Licencié au club de Mamoudzou, Yahaya Hamada sort vainqueur du challenge dans la catégorie senior. La coupe de la meilleure équipe revient à Bandrélé, tandis que Hakikou Ali se voit récompenser par le trophée de meilleur jeune. "C'était le plus petit, et en deux jours son niveau de jeu s'est développé très rapidement. Il a même battu certains bons joueurs. Il n'a pas gagné, mais il mérite amplement ce titre".

Dans les catégories des non-licenciés, Aboulhouda et Anrifarati finissent meilleurs joueur et joueuse du tournoi. Saïd Madi Ibrahim (TTCL) a été désigné meilleur arbitre. "Échanger, se retrouver et faire évoluer la discipline", tout ce que représentait le challenge a été parfaitement réalisé et la prochaine édition devrait connaître un plus grand succès.

 

I.M

 


 

Les classements finaux

  • Catégorie senior

Vainqueur : Yahaya Hamada (Mamoudzou); Finaliste : Mohamed Ali Al Hamidi (Mamoudzou); 3ème : Stéphane Perez (Mamoudzou); 4ème : Kamardine Bourahima Djoumoi (Bandrélé).

  • Catégorie femme

Vainqueur : Fatima Ali Combo (Bandrélé); Finaliste : Sayati Saïd (Bandrélé); 3ème Badria (Bandrélé), 4ème : Houdiati Bourhane (Miréréni).

  • Catégorie junior

Vainqueur : Zaïdane Salim (Kani-Bé); Finaliste : Yahaya Hamada (Mamoudzou); 3ème : Kamardine Bourahima Djoumoi (Bandrélé), 4ème : Ridhoini Badroudine (Labattoir).

  • Catégorie cadet

Vainqueur : Charaf (Kani-Bé); Finaliste : Radjali Ahamed (Labattoir); 3ème : Maanroufdine Anfifoudine (Labattoir), 4ème : Saïd Assani (Labattoir).

  • Catégorie minime

Vainqueur : Inrfane Touffa (Kani-Bé); Finaliste : Amrane Salim (Labattoir); 3ème : Saïd Assani (Labattoir), 4ème : Hakikou Ali (Kani-Bé).

  • Catégorie non licenciés, hommes

Vainqueur : Aboulhouda Bacar; finaliste : Stéphane; 3ème Kamal Msa, 4ème Ahamadi Fatahou.

  • Catégorie non licenciées, femmes

Vainqueur : Carole; Finaliste : Anrifarati; 3ème : Nasmi Ahmed, 4ème : Rouchdat Mourichidi.

06/03/2009 – Chirongui : Un 11ème Pij ouvert à Poroani

 

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a Direction du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DTEFP), le Centre régional d’information jeunesse (Crij), le Pôle emploi (ou ancienne ANPE), le conseil général et la Jeunesse et sport… Tous étaient présents à l’occasion de l’inauguration du premier Pij de la commune de Chirongui. Ces services représentent les partenaires de la mairie dans ce projet. Un projet d’envergure visant principalement la jeunesse mahoraise qui représente plus de 50% de la population.

Une jeunesse dont "la commune n’a pas lieu d’être sans elle", selon la maire Hanima Ibrahima qui, par ailleurs, s’est exprimée "avec le cœur" avant de lire son discours. Celle-ci a évoqué la délinquance plus importante chaque année à Chirongui et donc tout l’intérêt d’ouvrir un Pij sur place. "C’est un malheureux constat, mais nous sommes touchés ici par l’alcool et la drogue. Je ne veux plus voir les jeunes boire ou fumer du bangué. Il faut qu’ils viennent se développer ici grâce à cet outil pédagogique", signale-t-elle.

Prévenir la délinquance est donc l’un des principaux atouts d’un Pij, mais cette source d’information détient plusieurs avantages encore : réalisation de CV, recherche de stage ou d’embauche, divers renseignements via internet… C’est ce qu’ont tenté d’expliquer les différents partenaires au cours d’une bonne heure d’explications, face à la population de la commune. Après les discours, ce fut l’inauguration par la maire du Point d’information pour la jeunesse.

En prime, le 1er service de transport de brousse

Les personnes s’étant déplacées pour cet événement majeur ont pu découvrir l’installation de dix postes informatique, et "non pas trois comme on peut trouver dans les autres Pij existant à Mayotte", précise le président du Crij. On peut également apercevoir au sein du local quelques étagères où sont rangés des classeurs classés par thème, plus différents journaux et magazines. "Tout ça représente des sources d’information pour une quelconque recherche. Je pense que nous avons ce qu’il nous faut pour que la personne qui vient au Pij en ressorte satisfaite", se réjouit Saïd, employé au Crij.

Et comme il faisait beau et que ce samedi fut celui des bonnes nouvelles à Poroani, la mairie a annoncé qu’elle inaugurait en parallèle le premier service de transport en commun en brousse de l’île. Avec à l’origine, une collaboration entre la mairie et l’association des taximen de Mayotte, cette ligne couvrira toute la zone (Bouéni-Sada) et permettra à la population d’avoir plus facilement accès à la structure.

"C’est vrai qu’il est installé à Poroani, mais c’est le Pij de tout Chirongui, de tout Mayotte", lancera le conseiller général de la commune Ali Halifa pour conclure cette matinée. En 2004, Mayotte inaugurait ses deux premiers Pij à M’tzamboro et Sada, il en existe aujourd’hui onze avec le tout nouveau Pij de Poroani, désormais ouvert à tous.

 

Ichirac Mahafidhou

06/03/2009 – Tsingoni : 6,5 millions d’euros pour les projets 2009

 

 

 

{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}omme toutes les communes de Mayotte, celle de Tsingoni tire ses recettes de fonctionnement en grande partie de l'Etat, qui participe à hauteur de 4 millions d'euros pour l'année 2009. À ceci se rajoutent symboliquement la participation des parents à la collation scolaire en primaire et maternelle, à hauteur de 20 centimes par repas, soit au total 91.000 € pour l'année, ainsi que les recettes venant de diverses activités de la commune et qui atteignent 3.000 €. Le budget de fonctionnement se répartit en trois postes : les salaires qui absorbent 55%, les charges générales qui prennent 25% et les charges des organismes intercommunaux (Smiam, Sieam,…) qui prennent environ 15%.

500.000 € sont pris dans ces recettes pour être affectés aux investissements de la commune pour l'année : "c'est le maximum que nous pouvons mettre, nous tirons cette somme de petites économies faites sur le budget de fonctionnement", explique le directeur général des services. A cette somme se rajoutent 4,5 M€ de l'Etat et 1,5 M€ de la Collectivité pour différents projets.

Parmi ces projets, la commune prévoit l'aménagement de l'entrée du village de Miréréni, la construction de la MJC de Combani, ainsi que le marché couvert qui remplacera l'ancien marché à côté de la Snie. Lundi matin, le conseil général a voté une subvention de 550.000 € qui sera affectée en grande partie à ce marché, pour lequel l'ancien maire avait obtenu une subvention du ministère de l'Outremer. La commune ne devrait pas participer sur ses fonds propres à la construction de ce marché, qui devrait être terminé pour la fin de l'année 2009.

Le reste de la subvention du CG ira à la construction de la MJC de M'roalé, la commune prévoit également l'aménagement du lotissement Hachimoi dans le village de Tsingoni, ainsi que l'aménagement de la place de la mairie.

Une subvention de l'Etat de 120.000 € va également permettre l'agrandissement des locaux de la mairie. Enfin, pour cette année 2009, la commune prévoit dans tous ses villages l'électrification des stades, ainsi que la nomination des rues qui devrait être terminée en juillet.

H.F

06/03/2009 – Opinions sur rue

 

 

 

{xtypo_dropcap}H{/xtypo_dropcap}alima

Si aujourd'hui ceux qui votent "non" l'emportent, l'année prochaine ce seront les premiers à venir réclamer le département et ce n'est pas Sarkozy qui va accepter. Peut-être que dans cent ans quelqu'un voudra de nouveau nous le proposer. On se focalise sur les impôts, mais quand on voit tout ce qu'on paie actuellement avec les taxes douanières, on se rend compte qu'on paie beaucoup plus cher qu'en France.

 

Darmi

Nous ne comprenons pas pourquoi ces gens là ont peur de se déclarer. C'est leur choix, même si on ne comprend pas forcément. Pour les inconvénients de la départementalisation, on trouvera toujours des solutions.

 

Chadouli

C'est leur droit s'ils votent non, ils doivent avoir leurs raisons.

 

Fatima

C'est leur opinion, même si je ne sais pas pourquoi ils veulent ça. Depuis le temps qu'on attend ça, c'est un peu con de dire non à la dernière minute.

 

Elhad

Il se peut que ce ne soient pas des Mahorais. En tout cas, à part les impôts et le statut, je ne vois même pas ce qui va changer. Aujourd'hui, tout le monde a compris que le département ce n'est pas que le RMI. Il y aura des droits et des devoirs. Tout le monde a l'habitude de voyager et quand on va en France, on voit un peu comment ça se passe au niveau des redevances TV, des taxes sur les poubelles, les taxes d'habitation.

 

Saïd

Ces gens-là ne comprennent pas où se trouve l'avenir de Mayotte. Ils ne sont jamais sortis. Je ne vois même pas l'intérêt qu'ils peuvent tirer à voter "non". Ca fait 50 ans qu'on attend ça, et maintenant que ça arrive ils disent "non". La plupart des avantages de la départementalisation seront pour les plus démunis, ceux qui ont du mal à trouver du travail. Je ne comprends pas ces djaoulas. La religion existe aussi en France et à la Réunion. Il y a des mosquées et personne n'est jamais venu les freiner dans leur culte.

 

Roots

Dans la politique il y a toujours des pour et des contre, on ne peut pas avoir un "oui" à 100%

 

Moustoifa

Si on te dit de faire quelque chose sans t'expliquer le pourquoi du comment, comme on est en train de le faire avec nos enfants, il est normal qu'après ils refusent de voter "oui". Il y a plein de gens qui votent "non". La faute revient à nos responsables politiques. Aujourd'hui les jeunes sont les plus sceptiques, les politiciens doivent aller à leur rencontre pour leur expliquer tout ça

 

Ahmed

Nous les Comoriens on ne peut rien dire la dessus. Si on est pour on nous critique, pareil quand on est contre. Parfois même quand on ne dit rien, on vient nous intimider pour ne rien dire.

 

Djindani

Voter "non", c'est une forme d'irrespect envers le combat de nos parents. La moindre des choses c'est de réaliser ce pour quoi ils se sont toujours battus.

Dans ceux qui votent "non", il y a des étrangers qui pensent qu'ils ont raisons, des Mahorais qui sont à l'extérieur. Je ne comprends pas leur hypocrisie, parce que ceux là sont partis pour suivre les avantages de la départementalisation et maintenant ils disent qu'ils n'en veulent pas à Mayotte. Enfin, on a aussi tous ceux qui sont avantagés par le système actuel. Ils sont contre parce qu'il y aura plus de contrôles, plus d'impôts pour eux, mais aussi parce que les aides iront surtout aux plus pauvres. Ces gens là refusent la solidarité. Si les Français n'étaient pas là pour contrôler nos dirigeants, ils nous traiteraient encore plus mal que ne le fait le président comorien envers ses semblables. Je ne veux pas perdre cette sécurité.

 

Myriam

Mes enfants ne veulent pas aller voter, ils n'en voient pas l'intérêt. Moi, comme je suis d'origine étrangère, je sais que c'est important pour moi.

06/03/2009 – Cérémonie de naturalisation : 53 nouveaux Français à Mayotte

 

 

 

{xtypo_dropcap}P{/xtypo_dropcap}armi ces nouveaux Français, les femmes étaient nombreuses, et trois enfants ont également pu accéder au statut de nouveau citoyen de la République. Un grand moment d'émotion pour tout le monde, l'aboutissement de démarches entamées il y a longtemps…

Après avoir rappelé que l'appartenance à la nation française est un choix et qu'elle n'est pas fondée sur la naissance, Christophe Peyrel, le secrétaire général de la préfecture, a souligné que "cette cérémonie démontre que la lutte contre l'immigration clandestine n'est pas une lutte contre les étrangers. La lutte contre l'immigration clandestine n'empêche pas l'intégration : la seule condition est d'avoir une réelle volonté de devenir Français et de respecter les règlements".

Etre citoyen français signifie avoir la garantie de ses droits individuels, comme la liberté d'expression, le droit à la sécurité, le droit à la propriété, le droit de vote… mais aussi des devoirs, comme respecter la liberté des autres, partager un destin commun, s'insérer dans un groupe, être contre l'individualisme. Rappelant que la solidarité passe par l'Etat social mais aussi et surtout entre nous, M. Peyrel a évoqué le souvenir de son arrière grand-père italien venu en France dans les années 1930 : "Certains ont été mal accueillis et confrontés à des formes de rejet. Aujourd'hui, nous sommes extrêmement fiers de vous accueillir et d'avoir de nouveaux compatriotes", a-t-il déclaré sous un tonnerre d'applaudissements.

Terre d'asile depuis les rois de France, notre pays s'est donné une vocation universelle de respect des droits de l'homme et d'égalité républicaine depuis la Révolution de 1789. Un petit film a été projeté lors de la cérémonie qui a rappelé les principes fondamentaux de la République, comme le droit de penser, de s'exprimer, de se réunir, de se déplacer, d'entreprendre.

L'égalité entre les hommes et les femmes, la laïcité, la fraternité entre les citoyens sont quelques-unes des valeurs républicaines. "Si la paix et la sécurité sont menacées sur le territoire, vous pourriez être appelés pour défendre les idéaux français", a-t-on pu également entendre dans ce film, qui a par ailleurs rappelé que la citoyenneté française ouvre également sur la citoyenneté européenne.

Les maires ou leurs représentants des communes de Mamoudzou, Ouangani, Tsingoni et Dzaoudzi-Labattoir ont remis leurs décrets de naturalisation à toutes les personnes présentes, accompagné de la Déclaration universelle des droits de l'homme, d'un extrait de la Constitution et de la Marseillaise et d'une lettre du Président de la République.

Depuis 2002, 1.600 étrangers sont devenus Français à Mayotte. En France, 100.000 étrangers sont naturalisés chaque année et s'engagent à respecter les valeurs, les droits et les devoirs de la République qui les accueille.

06/03/2009 – Consultation du 29 mars

 

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es enjeux de ce scrutin sont tels qu’une telle campagne de sensibilisation est apparue nécessaire. Débutée le 7 février à Rennes, la campagne s’est poursuivie le 28 février à Marseille et le 1er mars à Poitiers. L’étape de Marseille a connu une forte mobilisation : en tout, ce sont 300 Mahorais et amis de Mayotte qui se sont mobilisés pour écouter les différents orateurs du Comité et les élus de Mayotte et de Marseille. En effet, cette réunion a été marquée par la présence du sénateur de Mayotte Soibahadine Ibrahim Ramadani et de Garo Hovsepian, le maire du 14ème arrondissement de Marseille, accompagné de deux de ses adjoints Jean-Marie Barsoti et. Claude Nassur, un Français d'origine anjouanaise.

Les différents orateurs ont tour à tour présenté les différents enjeux du scrutin et ses conséquences pour Mayotte et les Mahorais en cas de victoire du vote "oui", mais aussi en cas du vote "non". Aussi pour ce dernier cas, afin de mettre fin aux rumeurs véhiculées par les Grands-Comoriens en Métropole sur l’accession éventuelle de Mayotte à l’indépendance, il a été clairement dit que tel ne pourra être le cas puisque la consultation ne porte pas sur l’autodétermination de la population de Mayotte, mais est relative à l’organisation interne de la Collectivité au regard du droit français.

Pour le vote "oui", il a été rappelé le programme d’actions décliné dans le "Pacte pour la départementalisation de Mayotte" et le processus relatif à la mise en œuvre des chantiers pour construire le 101ème département français que le 1er magistrat du 14ème arrondissement de Marseille appelle de ses vœux. Il espère qu’au lendemain du 29 mars, "Mayotte formera la chaîne des départements français qui commence par le 01 pour l’Ain et jusqu’au 101ème pour Mayotte". Cette déclaration a été suivie par un tonnerre d’applaudissements.

Il s’agit d’envoyer "un message fort au Président de la République"

Pour le sénateur Ibrahim, qui a retracé le chemin du combat des Mahorais et qui est apparu particulièrement émotif à l’évocation des circonstances de la disparation de Zakia Madi, trois idées doivent guider le choix des Mahorais. Premièrement, il s’agit à ses yeux "de parfaire le travail commencé par les anciens", deuxièmement, il s’agit d’envoyer "un message fort au Président de la République" et appelle de ses vœux une forte participation des électeurs de Mayotte au scrutin du 29 mars et troisièmement, "garantir l’avenir de Mayotte dans la République grâce à l’acquisition de nouveaux droits et obligations". Le sénateur a conclu en invitant les Mahorais à opter pour "un oui, franc et massif".

Autre intervention très remarquée, celle de Claude Nassur, qui invite les Mahorais à ne pas "se laisser intimider par les Grands-Comoriens et saisir cette chance que leur offre le Président de la République pour dire "oui" à la départementalisation de l’île".

Sur le fond, le public présent était acquis à l’idée de la départementalisation. Pour l’anecdote, une maman mahoraise s’est insurgée contre les partisans du "non" en les invitant "à plier bagages pour rentrer à Mayotte s’ils ne veulent pas de la départementalisation, au lieu de vivre en France sous ce régime qu’ils dénoncent", avant d’ajouter qu’il s’agit de leur part d'"une attitude hypocrite, puisqu’ils ne veulent pas que les Français de Mayotte disposent des mêmes droits qu’eux en France".

Fort de ce succès de la campagne de Marseille, les membres du Comité ont continué leur tournée à Poitiers le 1er mars, ville où plus de 150 personnes ont répondu présent. Attentives aux différentes interventions, curieuses en posant un certain nombre de questions sur tous les domaines, les explications apportées ont permis de lever les derniers doutes qui sommeillaient en elles. Là encore, c’est un public très départementaliste qui va se mobiliser pour le 29 mars, soit en prenant part directement au vote par procuration, soit par la sensibilisation de leur famille restée à Mayotte en les incitant à choisir le vote "oui".

 

La rédaction, en liaison avec Abdoul Kamardine

06/03/2009 – Comores : 57 militaires anjouanais détenus arbitrairement

 

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e 25 mars 2008, le gouvernement de l'Union des Comores, aidé par les forces de l'Union Africaine, organise un débarquement militaire pour déloger le gouvernement du colonel Bacar. Lors de cette brève opération, 1.100 personnes – militaires, personnalités politiques, civils anjouanais – sont envoyées à la prison de Koki (Anjouan) sans qu'aucune procédure judiciaire ne soit ouverte. La majorité d'entre eux sortira au bout d'un ou deux mois, sans qu'aucun procès n'ait eu lieu. Toutefois, 57 militaires, officiers, sous-officiers et soldats sont toujours enfermés à la prison de Kandani sur Grande Comore, dans le silence le plus total.

Soldats de l'armée d'Anjouan, ces hommes, détenus depuis près d'un an, n'ont fait que leur devoir de militaire et n'ont tiré aucun coup de feu mortel lors de l'intervention africaine. Une source sur place, en contact régulier avec un des prisonniers, décrit des conditions d'emprisonnement scandaleuses. En un an, ces hommes n'ont jamais été autorisés à voir leurs familles, ils n'ont droit qu'à un seul repas par jour, uniquement du manioc, servi à heures irrégulières pour mieux leur faire comprendre qu'ils sont à la merci de leurs geôliers.

Tous commencent à souffrir sérieusement de malnutrition, "certains sont diabétiques, ils peuvent rester jusqu'à 20 jours sans médicament", affirme notre source qui relate des traitements digne de ceux de Guantanamo, comme le fait de les enfermer dans une pièce qui se remplit d'eau, technique classique de la prison américaine pour faire parler ses détenus, et reconnue comme étant une forme de torture.

"Les gens ont peur"

"Ces gens sont considérés comme des parias, ceux qui sont sortis n'ont pas été réintégrés, pas payés et ne touchent aucune retraite de l'armée", affirme notre source qui raconte que les troupes tanzaniennes envoyées par l'Union Africaine ont été très surprises de la situation à Anjouan à leur arrivée. "Ils ont trouvé la situation bien calme, alors qu'on leur avait parlé de tortures, de viols, de morts, mais curieusement ils n'ont jamais trouvé les victimes des soi-disant exactions du régime de Bacar. Ils ont eu l'impression d'avoir été utilisés pour un coup d'Etat."

Le président tanzanien aurait d'ailleurs récemment refusé de rencontrer le président Sambi lors de son passage sur le territoire. Lors de son dernier séjour sur l'île d'Anjouan, Sambi a aussi interdit les défilés de femmes de détenus et a refusé de les rencontrer. Les femmes du Nyumakele ont d'ailleurs été empêchées de rejoindre la capitale à cette occasion par les militaires. Les familles des détenus en ont appelé à toutes les autorités du pays, à la ligue des droits de l'homme des Comores, sans obtenir aucune réponse.

"Les gens là-bas ont peur", résume notre source qui réside à Anjouan et raconte qu'il y a quelques semaines, quatre jeunes ont été arrêtés pour détention de cassettes vidéo d'un meeting anti Sambi. Ils sont aujourd'hui en prison pour atteinte à l'intégrité de l'Union des Comores et diffamation contre le président.

 

Hélène Ferkatadji

 


 

L'appel des familles des détenus

 

Les familles des détenus ont envoyé un appel à diverses organisations internationales. Extraits.

"Ce qui est frappant n'est pas leur détention, mais la forme de cette détention que les autorités judiciaires, politiques et même militaires feignent de méconnaitre. Le peuple comorien en général et en particulier les Anjouanais ont défilé jours et nuits, aux fins de voir leurs frères libérés, mais jusqu'à maintenant nous ignorons leurs chefs d'accusation et les responsables de cette détention illégale.

L'état-major consulté par une délégation des familles des militaires séquestrés réfute toute accusation et indexe la présidence de l'Union. L'assemblée de l'Union saisie, celle-ci promet sans réaction. Le ministre de la justice saisi, celui-ci ne se prononce même pas. La Fondation comorienne des droits de l'homme saisie conseille aux familles des victimes de faire un recours auprès d'un avocat, alors que le parquet d'Anjouan, ayant compétence sur cette affaire, ne dispose depuis plus de neuf mois d'aucune procédure judiciaire pour les personnes détenues à Ngazidja en provenance d'Anjouan.

(…) Les familles que nous sommes souffrent et nos détenus souffrent de malnutrition, de traitements inhumains et de conditions illégales de détention."

Mars 2009 – Rapport de la Chambre territoriale des comptes sur le Smiam

 

{xtypo_dropcap}"F{/xtypo_dropcap}in 2006, la situation financière du Smiam apparaît comme relativement confortable : le syndicat dégage des excédents bruts et des résultats de fonctionnement supérieurs à 4 M€ sur la période. Sa capacité d'autofinancement disponible annuelle, aux alentours de 3 M€, lui permet de faire face à un ambitieux programme d'investissement, sans recourir à l'emprunt, et lui laisse même des possibilités de se désendetter, ce qui apparaît souhaitable du fait de l'accumulation d'un fonds de roulement considérable. Depuis 2004, les résultats du compte administratif du Smiam sont largement positifs et le syndicat dispose d'une importante trésorerie."

Dans son dernier rapport sur les exercices 2002 et suivants, la Chambre territoriale des comptes tient un discours relativement positif sur la gestion du Smiam, qui est aujourd'hui dans une situation financière saine. L'avenir financier du syndicat s'annonce pourtant sombre, car le Contrat de plan et la Convention de développement sont arrivés à terme au cours de la période 2006-2007 et le syndicat ne dispose plus de la dotation générale d'équipement départementale depuis l'année 2006. De plus, "le caractère irrégulier du versement des participations des communes, dans un contexte de ralentissement du rythme d'encaissement des recettes par rapport à celui de l'exécution des dépenses, risque de générer à tout moment des ruptures de trésorerie", prévient la Chambre.

Lors de son précédent contrôle concernant la gestion des années 1997 à 2001, la Chambre avait déjà souligné des anomalies et des dysfonctionnements, comme la très forte croissance des postes "fêtes et cérémonies", "frais de transport" et "indemnités des élus" qui avaient augmenté les frais de gestion de 133%, alors que les dépenses d'investissement avaient enregistré une diminution de 57%. Une anomalie qui n'est toujours pas corrigée…

Pour Abdou Dahalani, directeur général des services du syndicat intercommunal, cette forte augmentation des frais de fonctionnement s'explique d'abord par la croissance de l'activité du Smiam : "Il est vrai qu'avec l'évolution d’une part de la réglementation et d’autre part des besoins qualitatifs, le Smiam a dû se renforcer en personnels et octroyer davantage d'indemnités aux élus. Une politique de formation est mise en place au profit des élus et du personnel pour une meilleure maîtrise de leurs obligations, ce qui a nécessité parfois des déplacements en Métropole". Les pourcentages masquent selon lui une réalité beaucoup moins préoccupante : "Si on parle par exemple des frais de cérémonies, quand vous passez de 3.000 € à 6.000 €, en terme de pourcentage c'est une augmentation de 100%, mais en valeur absolue ce sont des petits montants".

 

Des contractuels recrutés alors que les emplois budgétaires n'existaient pas

 

Parmi les dépenses de fonctionnement, ce sont surtout celles liées au personnel qui sont le plus pointées par la Chambre : "Les dépenses de personnel s'élèvent pour l'année 2006 à 69% des charges de gestion et 54% des dépenses réelles de fonctionnement du syndicat. Elles représentent le premier poste de dépenses du Smiam. Ces frais ont progressé sensiblement, puisqu'ils ont augmenté de 73% entre 2004 et 2006". Selon le DGS du Smiam, cette augmentation des frais de fonctionnement se retrouvent dans toutes les collectivités locales, entre autres à cause de l'intégration des agents dans la fonction publique territoriale de droit commun.

"Mayotte est confrontée à une évolution rapide des frais de fonctionnement parce qu'il y a des règles qu'il faut respecter comme l'augmentation du Smig ou les barèmes de rémunération des agents de la fonction publique. Nous nous sommes dotés de cadres techniques compétents, d'un cadre administratif, d'un responsable des marchés publics, ce qui explique que la masse salariale ait augmenté. De l'autre côté, l'augmentation des recettes est dépendante de la dotation globale de fonctionnement des communes, qui ne croît que d'environ 2% par an, bien loin de l'augmentation du Smig…"

Pourtant, la Chambre souligne le fait que ces recrutements de nouveaux agents se sont effectuées de manière parfois irrégulière : "Un nombre élevé de recrutements a eu lieu sur la base de la délibération n°502/Smiam/96 du 14 juin 1996 qui autorise le président, en cas de nécessité de service, à recourir à des contractuels ou à des agents horaires pour des périodes n'excédant pas neuf mois renouvelables. Cette délibération a été appliquée, alors même que les emplois budgétaires n'existaient pas. Il apparaît donc que le syndicat méconnaît les règles de base liées au recrutement des agents au sein de la fonction publique territoriale et s'appuie sur une décision irrégulière pour recruter ses personnels".

De plus, la Chambre indique que les primes qu'ont pu obtenir les agents du Smiam ont également été attribuées de manière irrégulière : "L'examen des bulletins de salaire des personnels titulaires fait apparaître que des primes intitulées "Prime de service et rendement, indemnité spécifique de service ou indemnité exercice de mission" ont été attribuées alors même qu'elles ne figurent dans aucune délibération du conseil syndical, ni dans l'arrêté préfectoral n°690/SG/DRH/2003 portant réforme du régime indemnitaire des agents de la CDM. Bien que des arrêtés individuels autorisant leur versement ont été transmis par le Smiam, il apparaît que ces primes ont été attribuées sans aucun fondement, ni décision de l'assemblée délibérante".

Selon Abdou Dahalani, c'est parce que la Chambre s'appuie sur le modèle métropolitain que ces irrégularités ont pu être constatées : "A Mayotte, pendant longtemps, les collectivités ont été gérées avec une réglementation qui était très confuse. La réglementation sur la fonction publique à Mayotte était le fait d'arrêtés préfectoraux qui ont souvent institué des primes. Aujourd'hui, la lecture des instances de contrôle se fait à partir du droit commun, où il faut à la base une délibération générale qui précise que telle catégorie d'agents placés dans telles circonstances pourra bénéficier de tels types et montants d'indemnité. Or, dans beaucoup de collectivités, des indemnités ont été versées non pas sur la base de délibérations qui instituaient un régime indemnitaire, mais bien sur celle de décisions individuelles prises en application des arrêtés préfectoraux fixant les indemnités et les catégories d’agents bénéficiaires. Depuis 2007, le Smiam a régularisé la situation : il y a eu une délibération qui a institué un régime indemnitaire unique pour tout le personnel du syndicat, qui traite aussi bien de la filière administrative que de la filière technique. Il n'y a aucune catégorie d'agents, aujourd'hui, qui n'est pas répertoriée dans le régime indemnitaire", tient à préciser le DGS qui a progressivement adapté le fonctionnement du syndicat aux nouvelles règles.

 

 

Evolution des effectifs du SMIAM entre 2002 et 2006 (hors efeectifs occasionneles et emplois subventionnés)

 

 

Les carnets de bord des véhicules n'étaient pas tenus à jour régulièrement

 

A propos de la tenue obligatoire des carnets de bord des 9 véhicules de service en circulation, la Chambre soulignait que "la vérification de ces carnets de bord a révélé que ces documents ne sont pas tenus à jour régulièrement par les conducteurs des véhicules. En effet, seuls quelques extraits d'un carnet de bord d'un seul véhicule ont pu être consultés. Le syndicat admet que les carnets de bord des véhicules n'ont pas été tenus correctement et régulièrement par les utilisateurs et que les données disponibles ne sont pas exploitables".

Abdou Dahalani reconnaît que la gestion des véhicules du syndicat n'a pas toujours été rigoureuse. "Les carnets de bord existent depuis longtemps : les utilisateurs des voitures n'ont pas toujours été rigoureux pour les renseigner systématiquement. On pensait qu'il y aurait une autodiscipline mais cela n'a pas été le cas. Nous avons donc mis un agent qui vérifie que les carnets sont remplis. A partir de cette année, on saura exactement combien de km a parcouru un véhicule, qui l'a conduit, où il est allé et à quelle heure il est revenu. On applique la réglementation à la lettre."

Qu'il s'agisse de l'attribution de téléphones portables ou de la gestion du parc automobile, le syndicat se veut exemplaire sur ce sujet, comme l'explique Abdou Dahalani : "Le Smiam ne dispose que de 4 téléphones portables et le parc automobile a été réduit. Nous avons mis en place des méthodes de gestion qui sont les mêmes que toutes les autres collectivités métropolitaines. Nous avons désormais une gestion centralisée et mutualisée, notamment pour la gestion des véhicules. Aujourd'hui, nous avons 4 voitures qui sont gérées en fonction des besoins stricts des chantiers et qui ne sont pas attribuées de manière individuelle".

Concernant l'attribution d'un logement de fonction, des véhicules et des téléphones portables, la Chambre a également rappelé au Smiam que les avantages en nature doivent être déclarés aux services fiscaux : "L'examen des déclarations annuelles des données sociales des années 2002 à 2006 a fait apparaître qu'aucune information relative aux avantages en nature des agents n'avait été transmises aux services fiscaux, comme la réglementation en fait l'obligation. Une mention "voiture" ou "logement" dans le document de 2006 ne saurait tenir lieu à une déclaration d'avantages en nature tel qu'il est prévu par la réglementation."

 

Des irrégularités dans la passation des marchés publics

 

Dans son rapport, la Chambre a également constaté les faiblesses du Smiam dans sa gestion de la commande publique : "L'analyse d'un échantillon significatif des marchés publics du Smiam de 2003 à 2007 montre que de nombreuses irrégularités ont été commises par le syndicat lors de la passation des actes. Le contrôle de légalité a donc été conduit à faire part à la collectivité de ses observations sur le caractère irrégulier desdits marchés et sur les risques d'annulation contentieuse que comportait le non respect par elle des prescriptions du Code des marchés publics."

Des délais mal comptabilisés, une commission d'appel d'offres qui n'a pas respecté l'égalité de traitement des candidats, des avenants parfois abusifs… Les exemples sont nombreux et relèvent dans la plupart des cas d'un manque de formation des agents et des élus aux prescriptions du Code des marchés publics.

"La Chambre rappelle au Smiam que la loi lui attribue un rôle majeur en matière de formation. Or, les diverses anomalies de gestion administratives, comptables et financières relevées au cours du contrôle démontrent un besoin en formation urgent et indispensable. (…) La Chambre considère que la répétition d'irrégularités dans la passation des marchés publics démontre que les procédures en matière de commande publique mises en place par le Smiam sont perfectibles et manquent de sécurité juridique. Compte tenu du nombre et de l'importance des marchés publics que le syndicat est amené à conclure chaque année, elle lui recommande de s'atteler sans plus attendre à la redéfinition globale des procédures écrites utilisées en matière de commande publique, ainsi qu'au renforcement du service en charge de la passation des marchés publics et du suivi de la commande publique."

Une situation préoccupante que tempère Abdou Dahalani, qui souligne l'effort du syndicat pour remédier à ce problème ces dernières années : "Les anomalies relevées par la Chambre sont pour la plupart des irrégularités de forme. Les élus, qui siègent dans la commission d'appel d'offres, ont été formés depuis pour mieux comprendre l'étendue de leurs responsabilités. En 2008, nous avons également mis en place un service des marchés publics, le Smiam étant l’une des collectivités qui passe le plus grand nombre de marchés à Mayotte. Nous sommes aujourd'hui dans une phase où il faut former les agents pour qu'ils assurent leur mission, car la matière des marchés publics est très complexe et évolue tout le temps."

En outre, le Smiam vient de se doter d'un logiciel spécifique de gestion de dossiers des marchés, baptisé "Solon". "Ce logiciel va permettre de mieux suivre les procédures et la gestion opérationnelle des dossiers, pour être plus rigoureux dans le respect du calendrier de la réalisation des marchés", explique Abdou Dahalani. "Nous avons été trop coulants avec les maîtres d'œuvre qui ont allongé les délais d'études ou ajouté des avenants. L'insuffisance de formation a aussi péché à ces niveaux-là. Ce logiciel doit être opérationnel à la fin du premier trimestre 2009."

Le DGS du Smiam envisage également un contrôle hiérarchique plus strict, pour responsabiliser davantage les agents : "Il faudrait arriver à avoir le meilleur rapport qualité/coût : c'est ce travail-là qu'on est en train de faire aujourd'hui. Nous mettons en place des procédures, certaines sont déjà opérationnelles, pour savoir, dans la chaîne de la prise de décision, qui est intervenu, à quel moment, et ce qu'il a fait. Cela permet de savoir, dans l'instruction des dossiers, qui l'a validé sur le plan technique ou sur le plan financier pour qu'il y ait l'ensemble des informations qui permette de prendre la bonne décision. Et dans l'application de cette décision, il faudrait qu'il y ait aussi des procédures qui permettent de savoir que les choses se passent conformément au calendrier, dans le strict respect des coûts et des objectifs fixés. C'est la seule façon d'obtenir de bons résultats. On espère que ce contrôle de gestion se mettra en place progressivement dès cette année."

Optimiste, Abdou Dahalani est convaincu que la responsabilisation des agents dans les différentes phases de programmation, d'études et de construction des équipements scolaires et sportifs permettra au Smiam d'avoir une gestion financière plus rigoureuse : "Toutes les collectivités à Mayotte souffrent du défaut de formation des agents, notamment au niveau des droits et des devoirs, que chacun puisse comprendre le pourquoi de sa place dans une collectivité. Une fois qu'aura lieu cette formation pour mieux appréhender les responsabilités en tant qu'agent public, un certain nombre de problèmes se résoudront d'eux-mêmes."

 

Un inventaire qui reste à faire

 

La Chambre a aussi reproché au Smiam de n'avoir jamais regroupé les commandes de matériel scolaire, pour faire baisser les prix : "Bien que le Code des marchés publics ne soit pas obligatoire à Mayotte, il serait de bonne gestion que l'ordonnateur procède à un allotissement pour la fourniture des matériels scolaires, au lieu de procéder à des achats au coup par coup, auprès de nombreux fournisseurs. Un tel dispositif permettrait d'améliorer la mise en concurrence des fournisseurs et d'obtenir des rabais sur les prix." Une recommandation que le syndicat devrait suivre dès cette année, assure Abdou Dahalani : "Pour toute l'année 2009, l'ensemble du matériel scolaire sera regroupé en un appel d'offres unique."

Dans son rapport, la Chambre note également une gestion insuffisante du patrimoine du Smiam : "L'absence de suivi du patrimoine, tant chez l'ordonnateur que chez le comptable, doit être relevée, d'autant que les équipements dont il s'agit sont destinés à être transférés aux communes. (…) Le Smiam ne tient pas à jour un inventaire de ses biens immobilisés, ce qui a pour conséquence l'impossibilité pour le comptable public de dresser un état de l'actif fiable et pour le syndicat d'amortir ses immobilisations. (…) La Chambre demande au Smiam de bien vouloir dresser dans les meilleurs délais l'inventaire complet de ses biens, y compris de ses propres bureaux et locaux d'activité, des terrains acquis au titre de réserve foncière et des équipements scolaires et sportifs réalisés pour le compte des communes."

Comme l'explique Abdou Dahalani, qui connaît particulièrement bien la gestion des finances publiques, ce problème de l'inventaire des biens concerne toutes les collectivités territoriales de Mayotte : "L'inventaire du patrimoine du Smiam est un gros chantier qui doit démarrer avec la nouvelle nomenclature M14 et qui doit s'ouvrir dans toutes les collectivités, aussi bien le Smiam, les communes que la CDM. Il faudra définir à qui appartient chaque équipement, chaque terrain. Le Smiam a construit un certain nombre d'équipements qui doivent être rétrocédés au patrimoine des communes. Cette opération a été lancée il y a quelques années : en 1997, on a réussi à mettre en place la première phase de transfert des écoles aux communes, mais les conventions qui ont été signées à ce moment-là ne sont pas arrivées à leur terme. Une fois que les conventions ont été signées, il fallait que cela puisse se traduire sur le plan comptable mais cela n'a pas été fait. Juridiquement, les écoles appartiennent aux communes mais sont restées dans le patrimoine du Smiam. C'est un débat juridique lancé en 2009 qui fait partie des dossiers prioritaires du président du Smiam. Nous allons faire appel à un spécialiste pour nous accompagner et solder ce dossier une fois pour toutes avant la fin de l'année."

 

"Un diagnostic global", pour connaître l'état des équipements sportifs et des écoles

 

Abdou Dahalani, directeur général des services du SMIAML'absence de rétrocession des équipements scolaires et sportifs aux communes est un problème d'autant plus important pour le Smiam qu'elle a pour conséquence dommageable, comme le rappelle la Chambre, "que les communes ne se considèrent pas comme propriétaires des locaux et équipements bâtis sur leur territoire et sont réticentes pour en assumer l'entretien. Ceci est d'autant plus paradoxal que l'article 2-1 des statuts du Smiam prévoit explicitement que les travaux d'entretien des établissements scolaires et des équipements sportifs sont à la charge exclusive des communes, conformément à la convention de partenariat Smiam/communes en date du 22 juin 2005, qui a d'ailleurs prévu à cet effet une diminution de la contribution que les communes versent au syndicat, à hauteur de 35% de leur dotation scolaire, à compter de l'exercice 2005."

En plus des constructions d'écoles et d'équipements sportifs, le Smiam est également chargé d'effectuer les grosses réparations de mise aux normes d'une grande partie de l'existant, une mission qui, selon la Chambre, ne se fait qu'au coup par coup. "Dans les faits, le Smiam ne semble pas disposer d'une véritable procédure de programmation des travaux de grosses réparations et de remises à niveau des établissements scolaires du premier degré. Il semble ne gérer que l'urgence, en fonction des demandes provenant soit des élus, soit du vice-rectorat, alertés de l'existence des conditions de sécurité et d'hygiène par les inspecteurs des différentes circonscriptions de l'académie."

Pour remédier à cette insuffisance de programmation, le Smiam vient de lancer "un diagnostic global, aussi bien pour les équipements sportifs que pour les écoles, pour avoir une vue globale de ce qui est à faire, site par site", précise Abdou Dahalani. "Donc, de la logique où on se dit :"il y a un problème quelque part, on va intervenir", on va passer à une logique véritablement de programmation pour dire :"voilà l'ensemble des problèmes, qui ont été évalués financièrement". Désormais, nous allons planifier le travail année par année sur une période de 10 ans pour savoir ce que l'on privilégie en fonction des urgences. L'exécution du budget 2007-2008 était d'un très bon niveau, comme cette année, car on a su anticiper un certain nombre de phénomènes. Pour les équipements sportifs et les écoles, les études sont en cours de finalisation pour identifier ce qu'il y a à faire, site par site. Une fois ces études terminées, nous lancerons les réparations, dès cette année."

 

{xtypo_quote}Jusqu'à présent, tout le monde avait raisonné en termes de constructions, pour que Mayotte se développe{/xtypo_quote}

 

Concernant les travaux déjà effectués au sein des écoles, la Chambre n'a pas pu avoir de comptabilité détaillée des dépenses engagées, école par école, n'ayant obtenu qu'un montant global sur l'année. Le DGS du syndicat explique que cette anomalie sera corrigée à l'avenir, et que la programmation des travaux de grosses réparations s'inscrira dans une nouvelle logique d'amortissement des biens.

"La logique veut que lorsqu'on construit un équipement ou un établissement, il faut qu'il y ait derrière un plan d'intervention pour savoir ce qu'il faudra faire, année après année, pour maintenir un équipement en bon état. Lorsque nous intervenons dans une école, il faudrait qu'on puisse dire clairement la totalité des problèmes à résoudre et pourquoi on est intervenu à tel endroit plutôt qu'à tel autre. Dans la gestion du patrimoine, lorsqu'on a réalisé un équipement, derrière il faut tout de suite, et comme partout, un plan de gestion, avec la garantie de parfait achèvement et la garantie décennale, planifier les interventions qui seront à faire, comme refaire les peinture par exemple. Pour l'instant, on n'est pas encore dans cette phase-là mais on s'y achemine petit à petit. Aujourd'hui, c'est un enjeu majeur pour la gestion des ouvrages dans les années qui viennent."

Pour Abdou Dahalani, ce problème est aggravé par l'absence de formation des personnels municipaux pour entretenir les édifices publics. "Il faut créer de nouveaux métiers à Mayotte : la gestion des équipements publics ou l'entretien sont des métiers qui ne s'improvisent pas, où il faut des compétences. Jusqu'à présent, tout le monde avait raisonné en termes de constructions, pour que Mayotte se développe. On a tous raisonné en se disant qu'un projet, c'est d'abord trouver des financements pour réaliser un projet nouveau. On n'a pas encore fortement intégré la logique de la gestion de ce projet une fois réalisé et l'entretien de ce projet ne fait pas partie des priorités dans la gestion. On le voit un peu partout : on a réalisé beaucoup de bâtiments et d'équipements, mais ce n'est pas entretenu."

 

{xtypo_quote}Le syndicat éprouve du mal à maîtriser le foncier nécessaire aux constructions{/xtypo_quote}

 

Le Smiam doit normalement livrer 678 classes d'ici cinq ans (voir encadré) et des dizaines de plateaux polyvalents ou des terrains de foot ont été annoncés. Non seulement cet objectif apparaît irréalisable eu regard aux crédits actuellement alloués, mais à ce problème quantitatif s'ajoute celui de la qualité des ouvrages livrés par le syndicat, comme le souligne la Chambre, citant le vice-recteur dans une lettre qu'il a adressée au président du Smiam le 23 février 2007 : "Suite à ma visite à l'école élémentaire de…, le 20 février dernier, j'ai pu apprécier les nouveaux locaux qui vont permettre d'accueillir cinq nouvelles salles de classe. En revanche, j'ai été fort étonné de constater qu'aucun sanitaire n'a été prévu lors de cette construction…".

Mais la Chambre n'a pas seulement relevé ce problème quantitatif et qualitatif, elle a également constaté que la programmation des constructions effectuée par le Smiam n'est pas satisfaisante : "S'il dispose de nombreuses informations sur les besoins à satisfaire en matière de constructions scolaires nouvelles en provenance du vice-rectorat et des maires des communes de Mayotte, le Smiam paraît toutefois rencontrer des difficultés pour en faire une synthèse opérationnelle, ce qui conduit à une répartition non homogène des classes du premier degré dans les différentes communes de l'île. Le syndicat éprouve également du mal à maîtriser le foncier nécessaire aux constructions ainsi que les contraintes d'urbanisme affectant ses projets de construction."

A cause de ce problème de programmation aggravé par la question foncière, la Chambre constate que les retards accumulés par le syndicat ont pour conséquence un faible taux de réalisation des ouvrages commandés : "Le syndicat peine à mobiliser en temps opportun les financements des différentes opérations, ce qui se traduit également par la nécessité de décaler certaines opérations et remet en cause la programmation initiale. Le taux de réalisation des dépenses d'équipement n'a atteint que 59,35% au cours de l'exercice 2006, ce qui témoigne de la difficulté pour le Smiam de programmer correctement ses activités et de tenir ses délais en matière de réalisation d'équipements scolaires et sportifs".

Concernant la gestion et la construction des équipements sportifs, la Chambre préconise au syndicat d'établir un diagnostic technique annuel du parc d'équipements sportifs existants et de programmer les travaux d'entretien courant à effectuer, "plutôt que de laisser les équipements se détériorer au fil des mois et de procéder à des remises à niveau lourdes et coûteuses, lorsque ces équipements sont devenus inutilisables, par manque d'entretien." Une recommandation que le Smiam a choisi de suivre, ce diagnostic étant déjà engagé pour cette année.

Pour la Chambre, il est d'autant plus urgent de s'y atteler que le syndicat "n'a pas été en mesure, lors de l'instruction, de donner un tableau reprenant de façon précise pour l'ensemble des installations sportives de Mayotte, y compris celles livrées par lui-même, les dates de livraison, les coûts de construction initiaux et les grosses réparations déjà effectuées. Ce manque d'informations de base ne permet pas un suivi technique et une programmation rationnelle des grosses réparations et des remises à niveau du parc d'équipements existants."

Selon Abdou Dahalani, c'est encore la logique qui voulait que l'on construise sans cesse, sans penser à la gestion à long terme et à l'entretien des équipements réalisés, qui explique que certains plateaux polyvalents ou terrains de football soient dans un état de délabrement quasiment irréversible. "Les équipements sportifs sont souvent laissés à l'abandon parce qu'on n'a pas su mettre en place pour le moment un dispositif de planification de l'utilisation de l'équipement. On aurait pu éviter la dégradation si, à un moment donné, on avait mis un minimum de moyens pour nettoyer, fermer, éteindre la lumière, réparer un peu quand ça commence à tomber… On est ensuite obligé de tout reconstruire. Un travail de sensibilisation et de formation est à faire pour ne pas tomber dans un cycle de constructions sans fin."

 

Des taux de réalisation trop faibles

 

Comme pour les écoles, le Smiam a accumulé les retards pour livrer les équipements sportifs. Selon la Chambre, "le Smiam rencontre de sérieuses difficultés à respecter, d'une part la programmation des opérations et d'autre part à produire les documents administratifs et comptables nécessaires à l'obtention du versement des subventions".

Et il n'y a pas que dans les nouvelles constructions que le Smiam n'a pas réussi à obtenir des taux de réalisation importants, c'est également le cas pour les travaux de remise à niveau des équipements sportifs. "Le Smiam reçoit régulièrement d'importantes subventions de la part de la CDM destinées à la remise aux normes ou en état des plateaux polyvalents et des terrains de football communaux : de 2004 à 2006, cette dernière lui a versé 5.025.000 € à ce titre."

Le directeur de la jeunesse et des sports, dans une note du 22 février 2004, avait alerté le préfet, indiquant que le taux de réalisation des opérations de remise en état des plateaux sportifs polyvalents n'avait été que de 27% de 2002 à 2004. Il en concluait que ce rythme était trop lent pour apporter des conditions minimales de pratiques sportives sur l'ensemble des équipements sportifs de Mayotte. Avec les subventions versées de 2004 à 2006, le Smiam a alors atteint un taux de réalisation du programme de livraison des équipements sportifs programmés pour la période 2002-2006 de 67%.

Selon le syndicat, l'absence de fongibilité des fonds, qui dans le cadre des équipements sportifs à réaliser sont ciblés (voir encadré), et la rareté du foncier disponible pour ce type de constructions explique ce faible taux de réalisation constaté par la Chambre. Elle souligne dans son rapport que "si l'on considère que le recensement national des équipements sportifs réalisés en 2005 et actualisés en 2006 a dénombré, au 31 décembre 2006, 122 équipements sportifs existants dans les 17 communes et les 34 villages de Mayotte, le rythme de 3 équipements nouveaux livrés en moyenne chaque année par le Smiam depuis 2002, soit environ 2% du parc, peut être considéré comme faible."

De plus, le Smiam accumule également les retards dans la clôture des opérations, comme le montre le fait qu'"une attestation de fin d'opérations de mise aux normes des équipements sportifs et des travaux de sécurité de Cavani-Mamoudzou, n'a pu être signée que le 20 mars 2007, alors que l'opération subventionnée était entièrement terminée depuis le 31 décembre 2005."

Dans son rapport, la Chambre cite également une note du directeur de la jeunesse et des sports, adressée au préfet le 22 février 2004, qui analyse de la façon suivante la méthode de programmation des équipements sportifs par le Smiam : "La ligne directrice du Smiam, en matière de programmation, consiste à réaliser des travaux un peu partout, sous la pression des maires, mais souvent avec des programmes incomplets. Ceci va à l'encontre d'une politique de qualité et de longévité des équipements. Trop d'opérations sont en cours et non terminées. La lisibilité des programmes par opérations est difficile : le programme initial est flou, le phasage envisagé n'est pas forcément appliqué, le coût d'objectif n'est pas forcément cohérent avec la durée du chantier : les besoins et les coûts évoluent entre temps."

Pour Abdou Dahalani, le problème est que la commande publique de la CDM, qui finance entièrement les équipements sportifs, relève souvent de l’affichage politique : elle n'est précédée par aucune étude et son financement n'est pas assuré au préalable. "Souvent, la programmation des équipements sportifs n'a pas fait l'objet d'une réelle concertation entre le Smiam et le conseil général qui est à l'initiative d'une bonne partie des équipements en cours de réalisation. On est dans un schéma un peu inversé : les décisions prises au conseil général de financer tel équipement dans une commune ne sont pas précédées d'abord d'une étude préalable permettant de savoir si le foncier est disponible, si on peut réellement construire. Souvent, même une fois les études terminées et les marchés attribués, on ne peut démarrer les travaux parce que le terrain n'a pas encore été déclassé : c'est le cas du terrain de football de Moinatrindri par exemple. Parfois, le maire n'était même pas au courant qu'on allait construire l'équipement sur sa commune."

 

"Un contrôle interne fiable" pour éviter des dérapages

 

Dans ses conclusions, la Chambre préconise au Smiam de se doter le plus rapidement possible d'un contrôle interne fiable, pour s'assurer d'une gestion encore plus rigoureuse : "Le Smiam ne saurait se dispenser d'un suivi rigoureux, tant au niveau de ses finances que de sa gestion. Dès lors, il est nécessaire qu'il mette en place dans les meilleurs délais des instruments tels qu'un système de contrôle interne fiable, permettant de structurer et de sécuriser la gestion de ses services, dont il a pu être constaté, au cours du présent contrôle, qu'elle était perfectible en termes d'efficacité et de rigueur, et qu'elle n'était donc pas exemptes de risques de dérapages."

Des risques de dérapages qu'Abdou Dahalani veut prévenir, grâce à la réorganisation récente des différents services. "Nous nous sommes organisés pour pouvoir réaliser un nombre important d'équipements : aujourd'hui, nous avons un service dédié aux équipements sportifs, un autre pour les écoles et un troisième pour la programmation. Désormais, on a une lecture beaucoup plus claire des efforts à fournir, du suivi et de l'exécution des programmes. La difficulté qu'on a souvent connue ces derniers temps est qu'on a affiché beaucoup d'opérations alors que les financements n'étaient pas en place.

Donc dans le budget, ces opérations apparaissent mais elles ne sont pas financées : on ne peut donc pas les réaliser. Il y a un affichage politique : il y a une demande, on inscrit, alors que la bonne gouvernance veut que lorsqu'on programme une opération, on programme aussi son financement. C'est maintenant que nous sommes en train de négocier les financements : on a inscrit plein d'opérations, on a nous donné des crédits d'études, mais on ne sait pas aujourd'hui ce qui va être donné. Nous sommes là aussi tributaires du Contrat de projet. Nous avons fait des réunions avec les services techniques compétents, aussi bien de l'Etat que de la Collectivité. D'ici le courant du mois de mars, nous pourrons savoir quelles opérations seront effectivement financées."

 

Julien Perrot

Dépenses consacrées au matériel scolaire de 2002 à 2006

Dépenses consacrées au matériel scolaire de 2002 à 2006



Prévisions des dépenses de matériel scolaire

Prévisions des dépenses de matériel scolaire

Montant des travaux de grosses réparations et de mise aux normes dans les écoles de 2002 à 2006

Montant des travaux de grosses réparations et de mise aux normes dans les écoles de 2002 à 2006

Nombre d'équipements sportifs livrés et montant des travaux de grosses réparations et de mise aux normes des équipements sportifs de 2002 à 2006

Nombre d'équipements sportifs livrés et montant des travaux de grosses réparations et de mise aux normes des équipements sportifs de 2002 à 2006

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Les missions du Smiam

Le Smiam a été créé en 1979. Il regroupe les 17 communes de l'île et la CDM. Les communes versent 13% de leur dotation globale de fonctionnement (de l’année n-1) au syndicat, assurant 60% des recettes du syndicat, les 40% restants étant à la charge de la CDM. Le syndicat a pour objet les études, la construction, l'aménagement des voiries réseaux divers, les grosses réparations et le premier équipement autre que pédagogique des bâtiments scolaires du premier degré et des équipements sportifs non couverts, ainsi que la constitution et l'aménagement de réserves foncières.

 

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Près de 21 M€ investis en 2002-2006, hors constructions scolaires

  • L'acquisition de matériel scolaire autre que pédagogique (tables, chaises, bureaux) ont représenté pour la période 2002-2006 une somme de 2.040.266 €. Les prévisions pour la période 2007-2012 font état d'un montant de commandes de 5.438.991 €.
  • En 2002-2006, 11.479.477 € ont été investis dans les travaux de grosses réparations et de mise aux normes des écoles, mais l'individualisation par école n'existe que de "façon partielle" ce qui ne permet pas de fournir un état détaillé sur la période.
  • En 2002-2006, 15 équipements sportifs ont été livrés, pour un coût total de 4.979.520 €, et 24 structures sportives ont bénéficié de travaux de grosses réparations et de mises aux normes, pour un coût de 2.451.285 €. Il reste 40 équipements sportifs à réaliser qui étaient programmés dans la période précédente. Normalement, la période 2007-2012 devait programmer 33 équipements sportifs supplémentaires estimés nécessaires pour couvrir l'ensemble des besoins des villages.

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200 M€ nécessaires pour livrer 678 classes d'ici 2014

Le Smiam a livré en moyenne près de 70 classes chaque année sur la période 2002-2006. Or, selon le vice-rectorat, il manquerait environ 500 classes à l'horizon 2010, compte tenu du déficit de 200 à 220 classes pour les années 2007-2008 et des obligations de préscolarisation des enfants âgés de quatre ans et trois ans à partir respectivement de 2009 et 2010 (ordonnance du 21 décembre 2007).

Le Smiam a précisé à la Chambre qu'il convenait d'ajouter aux 420 classes programmées pour la période 2008-2014, 258 classes supplémentaires pour permettre de généraliser l'accueil des enfants de quatre puis de trois ans, soit un total de 678 classes à livrer d'ici 2014.

"Si la détermination du nombre de classes nouvelles à mettre en service pour permettre un fonctionnement correct du service public de l'enseignement maternel et primaire est chose peu aisée à Mayotte du fait des difficultés d'analyse des évolutions démographiques, le rythme de livraison des classes nouvelles observé sur la période 2002 à 2006 apparaît toutefois largement insuffisant pour faire face aux besoins des années à venir", prévient la Chambre.

"Le financement des constructions scolaires a encore besoin d'un grand effort de l'Etat", explique Abdou Dahalani, le directeur général des services du Smiam. "La première convention de constructions scolaires date de 1986 (la Convention Pons), puis la convention de 1992 qui a mis en place les écoles maternelles publiques, puis celle de 1997 et celle de 2001 qui nous ont apporté des crédits. Mais aujourd'hui, il faut se rendre à l'évidence que pour faire face aux besoins et nous mettre à niveau, il faut une nouvelle convention pour les écoles évaluée en fonction des vrais besoins."

"L'école primaire a été généralisée dans les années 1980. Les premières écoles maternelles publiques datent de 1993, ce programme n’a pu être poursuivi faute de financement adéquat, la priorité des financements étant consacré aux écoles élémentaires qui restent une obligation. Mais maintenant que les maternelles sont rendues obligatoires pour améliorer la maîtrise du français, il faut les construire. Il ne suffit pas de sortir une ordonnance pour rendre obligatoire l'école maternelle à partir de 2009 : aucun texte n'est venu dire pour le moment sur la base de quels outils financiers on va construire ces écoles", s'inquiète le DGS.

"Pour l'instant ce n'est pas officiel, mais on nous annonce que dans le Contrat de projet des crédits importants sont inscrits pour la réalisation des écoles primaires et maternelles. Nous attendons la confirmation de ces montants. Selon le sénateur Soibahadine, qui a été le précédent président du Smiam, ils s'élèveraient à environ 60 M€", nous confie Abdou Dahalani, qui constate que ces crédits restent bien en deçà de ce que le syndicat intercommunal prévoyait.

"Nous avions fait une demande de l'ordre de 130 M€, mais cette somme n'intégrait pas la généralisation des écoles maternelles. Aujourd'hui, on peut en toute objectivité évaluer les besoins de l'ordre de 200 M€ pour qu'on ait réalisé les objectifs fixés à l'horizon de cinq ans. La dotation de construction et d'équipement scolaires, financée par l'Etat, est pour l'instant la seule à être acquise, mais elle ne s'élève qu'à 4,5 M€, alors que nous évaluons nos besoins, pour la capacité de production actuelle, à 20 M€. En attendant, le Smiam construira les écoles avec les moyens dont il disposera."

 

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"Des situations de délabrement de certaines écoles peu compatibles avec les valeurs républicaines"

La Chambre rappelle que le constat fait dans son rapport de juin 2005 par l'inspecteur de l'Education nationale de la circonscription de l'établissement scolaire de Poroani 1, situé sur le territoire de la commune de Chirongui, reste malheureusement d'actualité : "Pour tous les bâtiments à usage scolaire, le constat est inquiétant, que ce soit dans l'entretien des salles, comme dans leur état de vétusté très avancé pour certaines. Le bureau du directeur, où règnent un désordre et un manque d'hygiène affligeants, jouxte un réduit destiné à l'origine au rangement du matériel, mais qui est aujourd'hui utilisé par le gardien comme lieu de repos. Ce lieu aussi souffre d'un manque de propreté et l'absence d'ouverture confère à la pièce une atmosphère malsaine.

Les nombreux constats de carence régulièrement effectués et concernant l'entretien des locaux et l'hygiène de certains lieux (toilettes et cour de récréation), sont trop souvent restés sans résultat. A l'extérieur de l'école, les poubelles sont régulièrement renversées et personne ne songe à s'en alarmer. Le matériel pédagogique (petit fongible et équipement) est très largement déficient, ainsi que la documentation pédagogique qui est parfaitement inexistante."

Deux ans plus tard, la situation de l'école de Porani 1 s'est encore dégradée : fils électriques à nu, toilettes bouchées, murs très dégradés, mobiliers totalement hors d'usage, trous dans les planchers et dans les toitures, saleté dans l'ensemble des installations…

L'exemple des travaux de mise à niveau de l'école de Poroani 1 illustre les insuffisances du syndicat dans la programmation des grosses réparations et des remises à niveau des établissements scolaires du premier degré. Le problème pour la Chambre est que "le Smiam n'établit pas une programmation pluriannuelle rationnelle, basée sur l'état technique du parc et une allocation raisonnée des fonds disponibles. Il semble se limiter à gérer "au jour le jour", en ne faisant procéder réellement qu'aux travaux les plus urgents qui lui sont signalés. Ce mode de fonctionnement n'apparaît pas satisfaisant, car il n'est pas garant de l'égalité de traitement entre les différents établissements scolaires et a pour conséquence des situations de délabrement de certaines écoles peu compatibles avec les valeurs républicaines."

"Aujourd'hui, Mayotte est dans une dynamique où il faut construire beaucoup pour résorber les déficits qu'on accumule d'années en années et faire face aux besoins nouveaux", explique Abdou Dahalani, le DGS du Smiam. "Il faudrait aussi maintenir en état le patrimoine existant. Tout ce qui a été construit pendant longtemps visait à répondre à des besoins quantitatifs et ne répondait pas forcément aux normes actuelles. Donc il faut apporter du confort supplémentaire dans les écoles et les restructurer. Dans certains cas, il faut même reconstruire pour que ces bâtiments répondent aux normes sécuritaires et pédagogiques. Aujourd'hui, dans une école, il faut aussi trouver des structures d'accompagnement, qu'il s'agisse de bibliothèques ou d'informatique. Demain, ce sera aussi peut-être la restauration scolaire qu'il faudra mettre en place."

 

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L'absence de fongibilité des fonds bloque les constructions d'équipements sportifs

Contrairement aux écoles, les équipements sportifs sont essentiellement financés par la CDM, qui décide de la programmation des études et des constructions sur des budgets ciblés sur chaque équipement, qui ne sont pas alloués dans une enveloppe globale. "Lorsqu'on lance une opération, il y a des autorisations de programme et des crédits de paiement qui sont en général inférieurs aux premières. Au niveau des écoles, on arrive à des seuils de plus de 90% maintenant, parce que même s'il y a des opérations qui sont bloquées, il y en a d'autres qui avancent… Alors que pour les équipements sportifs, chaque opération a son budget spécifique", explique le DGS du Smiam. "Il faudrait une fongibilité totale des crédits pour que, dans le cadre de l'enveloppe globale, on puisse avancer sur les travaux de certains équipements, quand les crédits pour les autres sont bloqués, faute de foncier disponible."

Les financements des équipements sportifs sont ciblés : chaque opération a son financement propre, ce qui fait que lorsque le Smiam ne peut pas réaliser l'opération alors que les financements sont là, il ne peut pas les transférer sur un projet qui peut, lui, avancer. L'absence de fongibilité des fonds entre opérations rend ainsi difficile l'exécution des travaux, et explique en partie le faible taux de réalisation du programme de livraison des équipements sportifs constaté par la Chambre.

L'année dernière et il y a deux ans, deux opérations ne pouvaient pas avancer car il n'y avait pas la maîtrise foncière au départ, et elles représentaient quasiment 70% du budget…

 

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Entretien avec Issihaka Abdillah, président du Smiam

"L'objectif de 678 classes reste à atteindre, mais comme tous les objectifs, il ne s'agit pas seulement de disposer d'argent, il faut aussi trouver le terrain car Mayotte n'est pas extensible."

 

 

 

 

 

La rétrocession des écoles aux communes se fera, mais elle doit être responsable

Délégué au Smiam depuis 2001, Issihaka Abdillah en est devenu le président le 30 avril 2008. Dans cet entretien, il répond à toutes les remarques du dernier rapport de la Chambre territoriale des comptes et nous livre les difficultés qu'il rencontre au quotidien pour construire et gérer les écoles primaires et les équipements sportifs. Il estime que ses prédécesseurs n’ont pas à rougir de leur bilan car ils ont tous cherché à améliorer la situation.

 

Mayotte Hebdo : Comment se fait-il que les dépenses de fonctionnement du syndicat aient augmenté dans d'aussi grandes proportions ?

Issihaka Abdillah : C'est un point rencontré par tous les responsables des collectivités. Toutes les collectivités sont engagées dans un processus d'intégration dans la fonction publique de droit commun. Selon la loi, c'est un objectif à atteindre d'ici 2010. Avant, on était sur une fonction publique territoriale locale. Ce ne sont plus les mêmes chiffres : lorsque les élus et les syndicats se sont battus pour que les agents mahorais puissent bénéficier de cette intégration, personne n'a pensé aux conséquences financières.

Aujourd'hui, on dispose à Mayotte des cadres A, B et C de la fonction publique territoriale de droit commun : ce ne sont plus les mêmes salaires, plus les mêmes avantages, plus les mêmes indemnités. Et derrière, qui finance ça ? Automatiquement, avec l'augmentation des salaires, le niveau de fonctionnement des collectivités en prend un coup, et ça personne ne le dit sérieusement. On peut reprocher aux communes et aux syndicats intercommunaux d'avoir une gestion de fonctionnement qui augmente, mais en voilà une des causes.

On peut faire des choix pour atténuer l'augmentation de ces dépenses, ne pas renouveler par exemple le parc automobile. C'est un choix : chaque responsable a le droit le faire. Moi, je l'ai fait : on va s'organiser pour ne pas renouveler le parc automobile du Smiam. On n'a pas inscrit l'achat de véhicules jusqu'en 2011.

 

MH : Et c'est la même chose pour les téléphones portables ou les voyages des élus ?

IA : Oui, on n'a pas distribué de téléphones portables aux élus. C'est un choix politique. On va également de moins en moins à l'extérieur. Depuis 10 mois, il n'y a eu que deux missions des élus, dans le cadre de la conférence des présidents et vice-présidents des communautés de communes de l'Outremer, une organisation qui existe depuis 2001.

Pour la formation des élus, on verra la solution la plus appropriée. C'est plus intéressant de faire venir un intervenant à Mayotte et de le loger une semaine ici, plutôt que d'envoyer cinq ou six élus à Paris. Mais ça dépend : il y a des moments aussi où les élus ont besoin de voir sur place, de rencontrer leurs homologues en Métropole et de se mettre en situation. En tout cas, le syndicat a décidé de ne pas envoyer tous azimuts des élus en Métropole pour des formations, sauf quand la nécessité l'impose.

 

{xtypo_quote}Certaines communes sont dans une situation financière tellement difficile qu'elles doivent faire appel à nous{/xtypo_quote}

 

MH : Aujourd'hui, est-ce que vous avez fait un inventaire de tous les biens que vous auriez dû rétrocéder aux communes ?

IA : La rétrocession des écoles et des équipements sportifs aux communes est un dossier difficile pour le moment. On va rétrocéder un patrimoine aux communes, mais on connaît leur situation financière… Si jusqu'alors on a hésité, c'est qu'on connaît la situation financière des communes en termes d'entretien. Elles n'ont pas suffisamment de personnels et de moyens pour entretenir ce patrimoine. Aujourd'hui, il y a des petits entretiens quotidiens qui sont réalisés par les communes, mais quand on reçoit la demande de communes pour un entretien, c'est par exemple pour changer une serrure ou déboucher des sanitaires…

 

MH : …alors que normalement, vous ne devriez effectuer que de grosses réparations ?

IA : Certaines communes sont dans une situation financière tellement difficile qu'elles doivent faire appel à nous. Il faudra à un moment donné s'asseoir autour d'une table : la rétrocession se fera, mais elle doit être responsable. Quand on sera sûr que l'équipement que nous allons rendre à la communes est aux normes, nous le lui rendrons. C'est la raison pour laquelle j'ai engagé un diagnostic général de tous les équipements sportifs et de toutes les écoles pour savoir quel est leur état aujourd'hui. Nous engagerons ensuite une grosse opération de remise aux normes.

Une fois l'équipement mis aux normes, il sera rétrocédé immédiatement à la commune. Mais en l'état actuel de notre patrimoine, on ne peut pas rétrocéder un équipement quand on est à peu près sûr qu'il n'est pas aux normes. Notre politique est d'abord de remettre aux normes ces équipements et rétrocéder par la suite un équipement fonctionnel à la commune. Pour ce qui est des équipements neufs, on a déjà pris une délibération à ce sujet : on va engager un cabinet d'avocats spécialisés qui va travailler sur la convention de rétrocession. Nous allons reprendre ce problème à la base : une fois que le Smiam livrera un équipement neuf, parmi les opérations en cours, il sera immédiatement rétrocédé à la commune.

 

{xtypo_quote}Il faudrait se projeter sur dix ans{/xtypo_quote}

 

MH : Le problème est que ces équipements risquent de se dégrader rapidement s'ils sont rétrocédés… Pour l'instant, les maires ne préfèrent-ils pas se décharger de leurs responsabilités sur le Smiam ?

IA : Oui. Si on prend par exemple les équipements propres aux communes que sont les MJC, il faut aller voir dans quel état elles sont. Regarder l'état de la voirie communale, des caniveaux… Il ne faut pas que les écoles et les équipements sportifs se retrouvent dans cet état. Les communes sont dans une situation financière très difficile.

 

MH : Est-ce qu'il ne faut pas aussi une nouvelle logique administrative, pour qu'au-delà du nombre élevé de constructions nouvelles, l'entretien futur des équipements soit davantage pris en compte ?

IA : Effectivement, il faudrait se projeter sur dix ans. L'entretien a un coût et il faut un amortissement des biens. Malheureusement, on ne le fait pas parce que nos moyens financiers ne sont pas forcément maîtrisés. On dépend tous des transferts publics de la Métropole, que ce soit les communes, leurs groupements ou la CDM. Il est impossible pour une collectivité d'inscrire la gestion de son patrimoine parmi le reste de son budget. Et puis, derrière, il y a des besoins. Aujourd'hui, si la réflexion n'est pas globale, sur l'ensemble du territoire, pour gérer ce problème, à la fois de constructions neuves mais aussi de la gestion de nos patrimoines, on reviendra toujours sur la fameuse question : qui est responsable de quoi dans ce pays ?

 

MH : Et où en est-on aujourd'hui de la constitution de réserves foncières, l'une des missions confiées au Smiam lors de sa création en 1979 ?

IA : Les communes, le Smiam et la CDM, nous sommes tous à la tête d'un patrimoine foncier qui ne répond pas forcément aux besoins qui sont les nôtres aujourd'hui. C'est un patrimoine foncier qui n'est pas forcément destiné aux constructions scolaires et aux équipements sportifs. Il faut une nouvelle politique pour le gérer, parce que souvent ce sont des terrains agricoles. Le syndicat est disposé à se débarrasser de ce patrimoine qui représente plus de 1.000 hectares – on est les premiers propriétaires à Mayotte. En même temps, il y a la Collectivité qui a engagé une politique d'installation de jeunes agriculteurs et qui a donné une mission au Cnasea. Il faudra à un moment donné, et c'est parmi nos objectifs, trouver une solution pour céder une partie de notre patrimoine foncier, d'ailleurs depuis longtemps occupé – la question de l'occupation de ces terrains n'a jamais été réglée véritablement, avant même la décentralisation. Il faudra une solution globale, aussi bien pour la rétrocession des équipements sportifs et des écoles, mais aussi pour ce patrimoine.

 

{xtypo_quote}On est prêt à céder nos terrains à la Collectivité pour l'installation de jeunes agriculteurs{/xtypo_quote}

 

MH : Est-ce que vous envisagez d'échanger certains de vos terrains agricoles avec des terrains appartenant à la CDM qui seraient plus appropriés pour la construction d'écoles et d'équipements sportifs ?

IA : Non, pas forcément. Comme la CDM a donné une mission au Cnasea et des moyens financiers, on est prêt à céder, moyennant finances, nos terrains à la Collectivité pour l'installation de jeunes agriculteurs. La Collectivité est engagée dans une procédure de régularisation foncière. Les gens occupent les terrains du Smiam depuis un moment : il y a des villages, des quartiers entiers qui sont construits sur le domaine du Smiam. Il faudra à un moment donné que les communes et que la CDM payent, mais cela doit se faire de manière globale.

 

MH : L'objectif de 678 classes, en comptant la généralisation des petites et moyennes sections de maternelles, doit être réalisé d'ici 2014. Estimez-vous que cet objectif est réalisable avec les crédits que vous avez actuellement ?

IA : Depuis toujours, l'Etat nous a accompagné et a fait de la construction scolaire une priorité à Mayotte, que ce soit au travers des Contrats de plan ou des Conventions de développement qui sont achevés. L'Etat est le principal financeur des constructions scolaires dans le primaire, quasiment à 100%. On n'a pas décrété ce nombre de classes à réaliser d'ici 2014, c'est en fonction des prévisions, en concertation avec le vice-rectorat que nous avons évalué les besoins.

Ces 678 classes doivent répondre à trois objectifs : le premier est la résorption des rotations matin/après-midi, qui concerne essentiellement les communes de Mamoudzou, Dzaoudzi-Labattoir, Koungou et dans une moindre mesure Dembéni. Sur ces 678 classes, pratiquement la moitié va être construite dans ces communes pour que les rotations puissent s'arrêter.

Le deuxième objectif, ce sont les anciennes classes qui ont été construites il y a une vingtaine d'années et qui ne répondent plus aujourd'hui aux normes de sécurité. Nous allons engager des opérations de démolition-reconstruction. Sur le même site, nous casserons les vieilles écoles pour construire pratiquement le même nombre de salles. A l'époque, la réglementation en matière de sécurité dans les établissements qui accueillent du public n'était pas applicable ici. C'est souvent dans des zones reculées du territoire, comme par exemple à Nyambadao, dans lesquelles on n'a pas forcément un besoin d'augmenter le nombre de salles de classes.

Le troisième volet, c'est de répondre à l'objectif institué de la généralisation des écoles maternelles sur l'ensemble du territoire. Nous scolarisons déjà aujourd'hui pratiquement tous les enfants de cinq ans. On a rendu la scolarisation en maternelle obligatoire par une ordonnance de décembre 2007. Pour la rentrée 2009, il faudra scolariser tous les enfants de quatre ans et en 2011, tous les enfants de trois ans. Mais cette ordonnance n'a pas prévu les conditions de financement. L’Etat a été sensibilisé à ce niveau.

 

{xtypo_quote}C'est à chaque fois un parcours du combattant pour résoudre le problème foncier{/xtypo_quote}

 

MH : Pensez-vous que l'effort financier de l'Etat sera suffisant ?

IA : Jusqu'à maintenant, l'Etat a toujours accompagné tous nos chantiers, la construction scolaire étant une priorité. Quand on lit le Pacte pour la départementalisation, l'apprentissage du français est un objectif du gouvernement et s'accompagnera d'autres moyens. L'objectif de 678 classes reste à atteindre, mais comme tous les objectifs il ne s'agit pas seulement de disposer d'argent, il faut aussi trouver le terrain car Mayotte n'est pas extensible. C'est à chaque fois un parcours du combattant pour résoudre le problème foncier.

Il ne faut pas perdre de vue non plus que la réglementation en matière de construction à Mayotte a évolué rapidement. Depuis 2004, il y a la loi sur l'eau, le Code de l'urbanisme qui commence à s'appliquer et un certain nombre de réglementations en matière de sécurité : toutes ces évolutions ont fait que dans toutes les collectivités, aussi bien le Smiam que les autres, on n'a pas suffisamment formé et accompagné nos personnels, ceux qui ont la charge d'appliquer sur le terrain cette politique. Je pense qu'on a sauté des étapes…

 

MH : Ce qui explique qu'il y ait eu de nombreuses irrégularités constatées dans la passation de marches publics…

IA : Absolument. Il faut savoir prendre les bonnes décisions au bon moment. Mayotte devrait être départementalisée en 2011 : ce ne sera plus les mêmes pratiques. Mon devoir m'impose d'engager un processus de formation et de sensibilisation des agents pour qu'ils soient au rendez-vous de 2011. Mais si je saute cette étape, je vais retrouver le syndicat dans un cadre départemental avec des problèmes énormes, parce qu'on est dans la réglementation du droit commun et ça, ça ne se décrète pas. Il faut une formation pour accompagner ces mutations. C'est la raison pour laquelle nous avons eu une première réunion avec le Centre national de la fonction publique territoriale pour engager ces réflexions.

 

{xtypo_quote}Un équipement sportif prend souvent de la place, il faut au moins deux hectares pour un terrain de football{/xtypo_quote}

 

MH : Concernant les équipements sportifs, 40 auraient dû être construits entre 2002 et 2006 et 33 de plus sont prévus entre 2007 et 2012. Aujourd'hui, quels sont exactement vos objectifs ?

IA : La période précédente s'inscrivait sur une demande. Les équipements sportifs sont financés à 100% par la Collectivité. Là aussi, nous avons engagé une discussion avec la Collectivité et l'Etat, qui intervient aussi occasionnellement, une fois qu'il est sollicité sur des opérations ponctuelles. Ce sont les élus du conseil général qui décident mais ce sont souvent des annonces. Nous sollicitons l'Etat quand il y a nécessité de mettre aux normes un équipement ou quand on juge que telle ou telle localité a besoin d'un équipement mais ne fait partie de la programmation générale.

Un beau jour, le conseil général nous dit : il faudra que le Smiam construise un plateau polyvalent à Ongoujou, un autre à Hajangua. Nous avons eu beaucoup de mal à avoir le foncier, il a fallu batailler : trois ans se sont écoulés et les opérations vont enfin sortir de terre. Un équipement sportif prend souvent de la place, il faut au moins deux hectares pour un terrain de football, le foncier ne se ramasse pas à la pelle.

La deuxième difficulté, c'est qu'on a un programme de construction d'équipements : chaque équipement a son budget propre. Même si une opération ne sort pas de terre à cause du problème foncier, on ne peut pas transférer l'argent ailleurs pour financer une opération en cours de réalisation qui n'a pas les financements adéquats. Cela explique que souvent, nous n'avons pas un taux de réalisation intéressant.

Par exemple, nous sommes sur le point de commencer la mise aux normes des plateaux polyvalents de Chirongui et de Majicavo-Koropa, et la construction de celui de Moutsamoudou : j'ai les marchés sous le coude mais je ne peux pas commencer car je n'ai pas les subventions qu'il faut, tandis que d'autres opérations, qui ne sortiront pas de terre avant deux ou trois ans, ont de l'argent.

 

MH : Est-ce qu'il y a une solution pour que ces budgets ne soient plus ciblés ?

IA : C'est possible, pourvu que l'on discute sereinement avec la Collectivité et que l'on tienne compte de l'avis de chacun pour cibler les opérations dans les localités. Il faudra établir un programme commun et une enveloppe financière ventilable. Avec une enveloppe globale, on pourra vraiment construire en fonction des besoins.

 

MH : La crise économique mondiale a plongé les finances de l’Etat dans une situation alarmante. Avez-vous des inquiétudes sur votre programme d’investissement, considérant que les écoles sont financées presque à 100% par l’Etat ?

IA : Bien sûr que je suis inquiet. Mayotte est un territoire français et par conséquent ce qui arrive à l’Etat doit nous préoccuper. Le déficit public concerne aussi Mayotte. Nos besoins financiers, évalués à 20 M€ par an pour les constructions scolaires, ne changent pas grand-chose à la donne. S’agissant d’un domaine prioritaire pour le développement de Mayotte, je reste persuadé que l’Etat poursuivra et intensifiera son engagement. Développer la maîtrise du français fait partie des objectifs du Pacte pour la départementalisation.

Je note avec satisfaction que dans le cadre de sa politique de relance économique, le dossier de mise aux normes des écoles est retenu. Le préfet de Mayotte a été sensible à cette question et la ministre de l’Intérieur et de l’Outremer a indiqué, dans son discours à l’Assemblée nationale lors du débat sur la départementalisation de Mayotte, que nous allons disposer des crédits pour la mise aux normes des écoles. Ces fonds exceptionnels d’investissement viennent en soutien à l’économie locale, au maintien et à la création d’emplois dans les PME du secteur bâtiment. Le Smiam se donne les moyens de répondre, pour la partie qui lui incombe, aux enjeux de la scolarisation à Mayotte.

 

Propos recueillis par Julien Perrot

UNE Mayotte Hebdo N° 418 – Vendredi 06 mars 2009

UNE Mayotte Hebdo N° 418 - Vendredi 06 mars 2009 Rapport de la Chambre territorial des comptes sur le SMIAM

Faire Face à l'urgence

> Consultation – La métropole aussi en campagne
> Département – Ceux qui votent "Non" s'expliquent
> Journée de la femme – A Boueni et au CG ce week-end
> Anjouan – 57 militaires détenus depuis un an
> Mayotte ECO – Plan de relance à 15,4 M€
> Tounda – Pritemps des poètes

06/03/09 – Printemps des poètes et Semaine de la langue française

Quinze jours après la célébration des langues locales, Mayotte solennise cette fois la langue française, parallèlement à la 11ème édition du Printemps des poètes. Les manifestations s'étalent jusqu'à fin avril. Nouvelle compagnie créée à Mayotte fin 2008 par Pierre Magal, "Les chemins de la balle" s'adonne au théâtre de rue et du cirque. "Le poète du net", l'histoire de Germain et Valentine qui se sont rencontrées dans le cadre d'une correspondance poétique sur internet, est à découvrir ce vendredi 6 mars à Poroani (10h) et à Chembenyoumba (15h).

Outre les expositions, la BDP propose au public, ce samedi 7 mars à 10h, une rencontre avec Naouirou Issoufali, l'auteur de "Mon île". Le jeune poète mahorais se retrouvera à la bibliothèque de Sada (15h) avec Soumaïla Ousseni et Faissoili Maliki, autres poètes à découvrir. Naouirou sera à Dzoumogné le 11 mars (14h), le 13 à Tsimkoura (14h) et le 14 mars à Tsingoni (10h). La BDP présente enfin deux rendez-vous musicaux, l'un avec l'école de musique : un concert de Maalesh le mercredi 11 mars à 18h et l'autre avec l'ABM : un spectacle musical avec Domin le samedi 14 mars à partir de 10h. Proposé par Musique à Mayotte, le 1er lauréat du prix Musique de l'océanIndien (2007), attendu dans l'île ce vendredi 6 mars, Maalesh sillonnera les collèges et  lycées avec sa guitare, à la rencontre des élèves et des professeurs de musique. Il sera également présent à l'antenne Sacem à Mayotte, du 24 au 27 mars, aux côtés de Michel Mey.

05/03/09 – Mayotte : Sept premiers chantiers et 15,4M€

À l'instar de tous les territoires Ultramarins français, Mayotte, est inscrite dans le dispositif "100 chantiers pour l'Outremer". En son sein, elle hérite d'une enveloppe financière de 15,4 millions d'euros (30M€ pour la Guadeloupe, 27M€ pour la Martinique, 40M€ à la Guyane et 26M€ à la Réunion). Au niveau local, la logique devrait être impulsée par les projets discutés la semaine dernière en préfecture, notamment par le Sieam, le Smiam et le Conseil général. Si le préfet devrait officialiser la liste des projets retenus par le gouvernement, au cours d'une conférence de presse prévue ce vendredi, le Secrétariat d'Etat à l'Outremer prend les devants et dévoile une liste des sept premiers chantiers majeurs.
 
Il est question de la réhabilitation des routes nationales 1 et 2, de la mise aux normes de groupe scolaire, d'assainissement, de divers travaux d'aménagement de la maison d'arrêt de Majicavo. L'aménagement des plages et pontons serait en bonne place sur les tablettes, aux côtés d'une importante mesure d'accroissement des moyens pour les programmes de construction, de réhabilitation et d'aménagement du logement.

05/03/09 – Mayotte : Les votes par procuration sont ouverts

En vertu de l'ordonnance n°03/09 du 19 février 2009, le président du tribunal de première instance de Mamoudzou a désigné la quarantaine d'officiers de police judiciaire compétents sur le territoire de la Collectivité départementale de Mayotte, pour l'établissement et la délivrance de procurations de vote, à l'occasion des prochains scrutins électoraux : la consultation du 29 mars et les élections européennes du 7 juin.

Les électeurs désireux d'effectuer ces procurations doivent se présenter au commissariat de Mamoudzou ou aux brigades territoriales autonomes de gendarmerie de M'zouazia, Mamoudzou, M'tzamboro, Pamandzi ou Sada et contacter l'un des 40 officiers de police judiciaire.

05/03/09 – Une délégation du PCF en visite à Moroni et à Mayotte

Une délégation du Parti communiste français est attendue à Moroni, le mercredi 18 mars prochain, dans le cadre d'une mission d'information et de sensibilisation avant la tenue de la consultation du 29 mars prochain à Mayotte, peut-on lire dans le journal comorien Al-

Watwan. Composée d'un cadre du parti et d'une sénatrice, probablement la présidente du groupe communiste au sénat, Nicole Borvo, la délégation demande à rencontrer le président de l'Union, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, le président de l'assemblée nationale, Dhoifir Bounou et projette de s'entretenir avec la société civile, notamment le Comité Maore, des organisations syndicales et de groupements de partis politiques. Cette délégation prendra l'avion dans l'après-midi du vendredi 20 mars à destination de Dzaoudzi. La mission du PCF quittera Dzaoudzi le samedi 21 mars pour Paris. A son retour, elle va faire un travail d'information auprès des parlementaires et des Français et deviendra à cet effet les interlocuteurs des Comoriens.

04/03/09 – Le Comité Mayotte Département en tournée à Marseille et Poitiers

Dans le cadre de ses tournées en Métropole en vue de mobiliser la communauté mahoraise sur la consultation du 29 mars, les membres du Comité Mayotte Département se sont rendus à Marseille le samedi 28 février et à Poitiers le dimanche 1er mars. Comme toujours, il s'agit pour le Comité d'informer les Mahoraises et les Mahorais sur les enjeux de cette départementalisation et de les inviter à se mobiliser pour le scrutin, soit par l'envoi de leur procuration pour ceux et celles qui sont encore inscrits dans les listes électorales des communes de Mayotte, soit par l'appel à la mobilisation de leur famille à Mayotte en les invitant à participer massivement au scrutin. La réunion de Marseille a connu une forte participation, environ 300 personnes ont répondu présent pour écouter le sénateur de Mayotte Soibahadine Ibrahim Ramadani qui s'était déplacé à cette occasion.

Le sénateur a clairement invité les Mahorais à prendre part massivement au vote et voter "oui" car à ses yeux c'est un moyen de "garantir l'avenir de Mayotte dans la République grâce à l'acquisition de nouveaux droits et obligations". Etaient présents à cette réunion Garo Hovsepian, maire du 14e arrondissement de Marseille et deux de ses adjoints Jean-Marie Barsoti et Claude Nassur, un Français d'origine anjouanaise. Le maire, sensible à la démarche des Mahorais de s'ancrer dans la République, a formé le voeu de voir notre île être comptée au nombre des départements français au lendemain du 29 mars 2009. A Poitiers, plus de 150 personnes ont répondu présents. Comme à Marseille, c'est un public très départementaliste qui s'est mobilisé pour voter ou du moins à inciter à voter oui le 29 mars. Le prochain rendez vous du Comité sera à Lyon le 7 mars et éventuellement le 8 mars sur une autre ville qui reste encore à définir.

04/03/09 – Un nouveau thonier immatriculé à Mayotte

Les chantiers Piriou de Concarneau ont mis à l'eau en début de semaine le thonier Franche Terre. Avec ses 90 mètres de long et ses 1.700 tonnes, c'est le plus grand bateau jamais sorti des chantiers de Concarneau. Immatriculé à Dzaoudzi, le thonier est construit pour la Sapmer, un armement réunionnais lié au groupe Bourbon. La coque, construite dans une filiale Polonaise du groupe, était arrivée mi-novembre à Concarneau. Les principales innovations de ces thoniers nouvelle génération concernent le stockage du poisson (selon sa nature et sa destination finale) et la motorisation par une propulsion de type diesel électrique.

04/03/09 – 72 paniers pour diabétiques distribués

L'association Solidarité Mayotte a organisé hier sa désormais traditionnelle distribution de paniers alimentaires en direction des diabétiques démunis. En partenariat avec la Dass et l'EAF, 72 paniers d'une valeur de 30€ ont été donnés hier à Kavani M'tsapéré au siège de l'association. "On fait d'abord un accueil médical et on explique aux malades quel comportement alimentaire avoir face à la maladie. On distribue un dépliant avec des images montrant les aliments conseillés et proscrits. Même ceux qui ne savent pas lire peuvent s'y référer" explique César Niyitegeka, bénévole de l'association Solidarité Mayotte. La prochaine distribution interviendra le mardi 7 avril.

04/03/2009 – Mayotte honore la femme les 7 et 8 mars

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}e nombreuses manifestations honoreront la femme, le 7 mars à Bouéni et le 8 au conseil général, auréolées d'expositions artisanales, de démonstrations… et des conférences viendront glorifieront la femme, avec à chaque fois une vingtaine d'intervenants, des hommes et des femmes.

Prévue à Bouéni de 10h à midi, la première porte sur plusieurs thèmes : "Le combat de la femme au quotidien" – "Inciter les femmes à dénoncer les abus" – "Prise de la parole en public, tant des lieux de la délinquance juvénile des femmes dans la commune de Bouéni et à Mayotte". Et de nombreuses femmes viendront témoigner, avant la décoration des anciennes athlètes des communes du sud, mais aussi des anciennes matrones, masseuses, boulangères et potières.

De 14h à 16h, après un cocktail et un déjeuner animés par un groupe de musique, des compétitions sportives (foot, volley, hand et jeux de "lash") raviveront les jeunes et les moins jeunes.

Une visite guidée au musée de l’artisanat à M’zouazia, situé à l'ancien dispensaire, et de la boutique artisanale de Bambo-Ouest, sera proposée au public à partir de 15h.

Le samedi soir, une "scène au féminin" fera vibrer le sud depuis Bouéni à partir de 21h. Lima Wild, Sarah Médard et Anyme chanteront à la gloire de la femme.

Conférence au CG sur l'engament politique de la femme

Pour la mémorable journée du dimanche 8 mars, la conférence prévue de 10h à midi est aussi très attendue. Portant sur le thème de l'engament politique de la femme, la conférence sera sous forme d'un débat agrémenté de témoignages sur la condition féminine : la violence faite aux femmes, l’égalité des chances (diplôme égal salaire égal), sur la liberté de la femme par le travail, sur les grossesses précoces et les MST, sur la délinquance juvénile féminine : fugues, alcool, tabac et autres dérives.

La liste des intervenants est aussi longue. On peut noter toutefois la présence de deux personnalités de la région : Nassimah Dindar, présidente du conseil général de la Réunion, et le ministre de la Culture, de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports de Mohéli. Ces derniers sont invités à intervenir aux côtés des acteurs institutionnels, associatifs et économiques de l'île : le président du CG et le préfet, certains maires de Mayotte, Roukia Lahadji et Ramlati Ali, toutes deux maires de Chirongui et Pamandzi, Sarah Mouhoussoune, conseillère générale de Dembéni, Anziza Moustoifa, conseillère économique et sociale, Idaya Chakrina et Condro Mlaili, tous deux docteurs ès linguistique, Ida Nel, chef d'entreprise, Bichara Bouhari, femme entrepreneur, Faouzia Kordjee, présidente de l'ACFAV, Fatima Abaine, inspectrice…, pour ne citer qu'eux.

Rafik

04/03/2009 – Imaginer le monde de demain en rire

 

 

 

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}es ateliers d'illustrations, d'écriture et de slam, des rencontres avec des auteurs, des expositions, des concours de poésie, des spectacles… animent les deux manifestations littéraires.

Avec le thème "Des mots pour dire demain", l'édition 2009 de la langue française est placée sous le signe de l'avenir. Ailleurs, capteur, claire de Terre, clic, compatible, désirer, génome, pérenne, transformer et vision sont les dix mots choisis cette année et avec lesquels les francophones sont invités à imaginer le monde de demain. Et tout cela "en rire(s)", le thème du 11ème Printemps des poètes. "Les gens qui ne rient jamais ne sont pas sérieux" (Alphonse Allais).

Au-delà du concours de poésie destiné aux adultes et enfants qu'organise la bibliothèque de Sada jusqu'au 11 mars, la première action du Printemps des poètes et de la Semaine de la langue française a eu lieu le samedi 28 février à la BDP de Cavani. La première structure mahoraise du livre nous proposait un spectacle autour de la poésie et de l'humour : "Le poète du net" par la compagnie "Les chemins de la balle".

Nouvelle compagnie créée à Mayotte fin 2008 par Pierre Magal, "Les chemins de la balle" s'adonne au théâtre de rue et du cirque. "Le poète du net", l'histoire de Germain et Valentine qui se sont rencontrées dans le cadre d'une correspondance poétique sur internet, était présenté ces mardi 3, mercredi 4 et jeudi 5 mars, respectivement aux bibliothèques de Labattoir, Sada, et Koungou. Proposé par l'association des bibliothécaires de Mayotte (ABM) dans les bibliothèques de l'île jusqu'au 20 mars, ce spectacle poétique et humoristique est à découvrir ce vendredi 6 mars à Poroani (10h) et à Chembegnoumba (15h).

La BDP de Cavani n'est pas en reste. Elle expose dans ses locaux à Cavani les 10 mots migrateurs, "La poésie à travers les siècles" en section adulte, "Les mots animaux" en section jeunesse et les écrits réalisés pendant les ateliers d'écriture avec les auteurs Ambass Ridjali, Nassur Attoumani et Baco Abdou Salam.

Outre les expositions, la BDP propose au public, ce samedi 7 mars à 10h, une rencontre avec Naouirou Issoufali, l'auteur de "Mon île". Le jeune poète mahorais qui a rencontré les détenus de la maison d'arrêt de Majicavo le lundi 2 mars et les Pamandziens ce 4 mars, se retrouvera à la bibliothèque de Sada (15h) avec Soumaïla Ousseni et Faissoili Maliki, autres poètes à découvrir. Naouirou sera à Dzoumogné le 11 mars (14h), le 13 à Tsimkoura (14h) et le 14 mars à Tsingoni (10h).

La BDP présente enfin deux rendez-vous musicaux, l'un avec l'école de musique : un concert de Maalesh le mercredi 11 mars à 18h et l'autre avec l'ABM : un spectacle musical avec Domin le samedi 14 mars à partir de 10h.

Proposé par Musique à Mayotte, le 1er lauréat du prix Musique de l'océan Indien (2007), attendu dans l'île ce vendredi 6 mars, Maalesh sillonnera les collèges et lycées avec sa guitare, à la rencontre des élèves et des professeurs de musique. Il sera également présent à l'antenne Sacem à Mayotte, du 24 au 27 mars, aux côtés de Michel Mey.

Présenté par l'ABM, Domin, de son vrai nom Denis Lemaître, animateur, éducateur spécialisé, responsable de centre pour enfants et musicien autodidacte, fera voyager les petits comme les grands "aux doux sons de ses mélodies et phrasé de ses paroles", à travers "Le Camelot de trémolos", sa dernière création, "un one-man-show pour les plus jeunes où il joue le rôle de Domino, hurluberlu vendeur de chansons et de rêves. Son premier spectacle est prévu le lundi 9 mars, à 15h, à l'école maternelle de Kawéni. Le mardi 10 mars, Domin sera à Vahibé (10h), à la MJC de M'tsapéré (14h) et à la place de la mairie de Tsingoni (19h).

Assurez-vous, la liste des manifestations du 11ème Printemps des poètes et de la Semaine de la langue française est loin d'être détaillé. Nous n'avons effectué cette semaine qu'un zoom sur les plus proches. A titre d'exemple, on ne vous a pas parlé – et nous tacherons de le faire dans nos prochaines éditions – de la fresque poétique de l'artiste peintre Papajan, des contes Sanzmander, d'Eldorado 3 ou encore des rencontres de l'Amicale pour la promotion de l'écriture de la littérature (Appel), etc. Mais en attendant, imaginez demain en rire !

A suivre…

Rafik

04/03/2009 – Musique : Entretien avec Lino Versace

 

{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}ounda : C’est assez rare que des fondateurs d’un mouvement musical africain débarquent à Mayotte. Puisqu’on vous a sous la main, comment avez-vous fondé le coupé-décalé ?

Lino Versace : En fait, avec des amis, on a improvisé des pas de danse en 2001. On dansait le coupé-cloué (il mime le geste avec ses mains) et on adaptait le pas aux musiques qui existaient quand on allait au Carré Blanc et à l’Atlantis (NDLR : boîtes de nuit africaines de Paris). Puis on a fait connaissance avec Douk Saga. Il dansait le coupé-cloué d’une manière décalée, c’est donc devenu le coupé-décalé. Par la suite, chacun a inventé ses pas.

 

Tounda : Pourtant, dans la presse africaine ou sur internet, des articles affirment que couper signifie faire un mauvais coup et décaler s’enfuir.

Lino Versace : Le problème quand on est Africain, c’est qu’on cherche toujours à détruire ce que fait l’autre au lieu de le valoriser. Où est-ce que nous nous sommes enfuis ?

 

Tounda : Vous attendiez-vous à ce que votre musique connaisse autant de succès ?

Lino Versace : Le plus difficile quand vous sortez un concept musical c’est de le faire connaître. Aujourd’hui, quand vous allez dans une boîte africaine, il y a forcément du coupé-décalé ! On est sûr que quand nous serons partis, le coupé-décalé existera toujours. Bob Marley et Tupac sont partis, mais le reggae et le rap sont encore là.

 

Tounda : Que savez-vous du public mahorais ?

Lino Versace : Je ne suis pas inquiet. Les Mahorais ont un peu la mentalité africaine et ont le sens de l’hospitalité.

 

Tounda : Vous avez évoqué feu Douk Saga (décédé en 2006). Que représentait-il pour vous et les autres membres de la Jet set (NDLR : collectif constitué des créateurs du coupé-décalé) ?

Lino Versace : Douk Saga était comme le capitaine de l’équipe. Quand le concept musical a été créé, il a osé sortir un single puis un album. Il a pris un risque et si cela n’avait pas marché pour lui, nous n’aurions pas réussi. On a tous suivi par la suite, il a fait un investissement moral et financier énorme. Mais à la manière d’une équipe de football, il était notre Zidane. Mais Zidane tout seul ne peut rien. Chacun d’entre nous a apporté beaucoup pour promouvoir le coupé-décalé. Nous étions complémentaires.

 

Tounda : Vous venez de parler de football. La transition est toute trouvée. Beaucoup de footballeurs professionnels ivoiriens et africains ont soutenu et promu le coupé-décalé. Quelles sont les relations que vous entretenez avec eux ?

Lino Versace : Didier Drogba a beaucoup participé à la promotion du coupé-décalé. Quand il jouait à Guingamp, il venait tous les dimanches à l’Atlantis pour danser. Et à chaque fois qu’il marquait, il dansait le coupé-décalé. Saliou Lassissi et Samuel Eto’o ont aussi beaucoup soutenu le mouvement.

 

Tounda : Quel est le footballeur avec lequel vous vous entendez le mieux ?

Lino Versace : (sans hésitation) Abdul Kader Keita qui joue à Lyon.

 

Tounda : Les textes de coupé-décalé sont le plus souvent très festifs. Pourtant votre musique est née à la même période que la guerre civile qui sévissait en Côte-d’Ivoire. Ne peut-on pas aborder des sujets sérieux dans le coupé-décalé ?

Lino Versace : La guerre a bien évidemment joué sur la nature des textes. Mais dans mon prochain album qui s’intitulera “L’amusement est terminé, maintenant on passe aux choses sérieuses”, les textes sont plus matures. Mais tout ce qui vient, c’est la volonté de Dieu.”

 

Propos recueillis par Faïd Souhaïli

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes