Accueil Blog Page 720

03/04/2009 – Portrait de Surtou, handballeur talentueux

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}"S{/xtypo_dropcap}oudi Surtou est un jeune qui peut aller très très loin. A Mayotte, tu peux jouer jusqu'en catégorie excellence puis plus rien. En général, deux à trois ans de carrière suffisent à un joueur de handball qui évolue en catégorie excellence – ce qui est valable pour tout autre sportif mahorais – avant d'arrêter sa carrière, qui en moyenne prend fin à 24 ans. En général, le départ pour les études supérieures (obligation de quitter l'île) occupe une place prépondérante pour casser l'élan d'un sportif sur le plan local à Mayotte. Car à ce stade de sa vie, faire du sport devient secondaire.

Mais voir un jeune mahorais partir pour une cause handballistique c'est vraiment rare. Bavou de Tsingoni l'a fait. Mais plus personne n'a suivi ses traces. Pourtant, il s'en sort très bien en temps que joueur professionnel de renommée européenne. Il enfile actuellement le blason d'ambassadeur du handball mahorais en Europe", analyse Mohamadi M'djassiri, le doyen joueur-coach du club de Combani. Pour revenir au sujet du jour, "j'ai beaucoup d'estime pour le jeune Soudi Surtou", rappelle-t-il.

Soudi Surtou débute sa carrière à 19 ans, maintenant, en catégorie excellence avec le Handball club de Combani d'où il est originaire. En parallèle, il s'occupe de l'encadrement de ses petits frères de moins de 16 ans, avec beaucoup de volonté et de motivation.

"Un jeune talent comme lui peut bien partir voir une autre vision du monde sportif ailleurs. Suivre une formation de cadre technique et tenter sa chance". C'est tout le mal que lui souhaite son coach qui est par ailleurs membre de la commission technique, développement et promotion de la ligue de handball de Mayotte et chargé de mission au service de la jeunesse et des sports de la commune de Tsingoni.

Soudi Surtou en est à sa 6ème année de carrière en temps que simple joueur, il a débuté avec les –16 ans. Il compte maintenant passer le cap de cadre technique. Il fait partie du groupe qui a suivi la première séance de formation d'animateurs sportifs de la saison 2008-2009, mise en place par la ligue de Mayotte, pendant les vacances de Pâques 2009.

Malgré le niveau de compétitivité du CHC (5ème du classement), cette jeune étoile filante ne dispose pas non plus d'un palmarès avec son club, qui essaye actuellement de se refaire une nouvelle peau. Mais sur le plan individuel, la star de Combani incarne l'avenir, une valeur sûre. Son plus grand rêve c'est devenir comme Daniel Narcisse, l'arrière gauche de l'équipe de France, son idole qu'il qualifie d'un grand "phénomène" du handball de haut niveau.

 

Saïd Ahmed

03/04/2009 – Interview avec U Roy et Pablo Moses

 

{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}ounda : Quel est votre sentiment sur Mayotte, comparée à la Jamaïque ?

U Roy : C'est presque la même chose. La seule différence, c'est qu'en Jamaïque, si tu veux voir des singes, tu dois aller dans les zoos. Ici, je peux regarder les arbres et les voir, c'est bien ! C'est naturel. C'est la première fois que je me sens si près de ces animaux. Je pourrai dire à mes amis et à mes enfants quand je rentrerai que j'ai vu des chauves-souris en vrai, et pas dans des documentaires.

 

Tounda : Est-ce que vous avez préparé quelque chose de spécial pour Mayotte ?

– U Roy : Oui, c'est toujours spécial. Nous faisons vivre l'esprit de Jah.

– Pablo Moses : Nous allons faire une mixture de morceaux classiques et de nouvelles chansons, parce que nous avons de nouveaux auditeurs et des anciens. Nous allons essayer de faire en sorte que tout le monde soit en paix.

– U Roy : J'adore faire des choses auxquelles les gens m'identifient. Je ne veux pas qu'ils se disent : "mais c'est qui ?".

 

Tounda : Pablo, vous avez enregistré des chansons avec Groundation dans son dernier album "Upon the Bridge". Avant cela, les Congos et I Jah Man avaient joué avec lui sur l'album "Airbone Gate". Vous pensez que c'est une bonne chose que ce groupe joue avec des "anciens" comme vous ?

– Pablo Moses : J'adore ce que fait Groundation, ça sonne bien. Ils respectent les "anciens" et savent ce que nous avons fait avant. Leurs chansons parlent de l'oppression, de la discrimination et de l'égalité des droits. Nous nous complétons l'un l'autre. Je le respecte et je l'encourage à continuer sur cette voie positive qui vient du cœur. J'ai fait des compositions dans son dernier album et nous jouons ensemble dans des festivals reggae et ska. C'était un honneur pour moi d'être sur scène avec Groundation, comme je suppose cela l'a été pour lui.

 

Tounda : Aujourd'hui, le mouvement "gangsta" jamaïcain est de plus en plus médiatisé, comme Damian Marley dans son clip "Welcome to Jam Rock". Pensez-vous que ce genre de clip détourne l'esprit original du reggae ?

– Pablo Moses : Je pense que c'est une bonne chanson et qu'il dit certaines choses qui devaient être dites. Peut-être qu'il a réussi à aller au-devant de ce que certains aiment. Je pense que ses chansons sont dans un chemin positif et qu'il va continuer. C'est une bonne chose pour le reggae. Le riddim et la ligne de basse viennent d'un classique, déjà repris par Sly & Robbie. Il a revitalisé ce riddim et l'a réintroduit vers les gens.

– U Roy : C'est un jeune garçon. Il faut l'aimer pour ce qu'il fait. Il parle de ce qu'il voit en train de se passer. C'est juste la réalité.

 

Tounda : Et que pensez-vous de la nouvelle vague du ragga dancehall comme Elephant Man ou Buju Banton ? Vous estimez qu'ils ont vendu leur âme au "business" de l'industrie musicale ?

– U Roy : Il faut respecter ce que font les jeunes. On ne pouvait pas espérer qu'entre mon temps et aujourd'hui, la musique serait la même. La musique change : les jeunes viennent avec des idées de jeunes.

– Pablo Moses : Il y a trois types de reggae maintenant : tu as le "roots reggae", le "lovers rock reggae" et le "dancehall". Il y a quand même certains messages qui devraient être plus "clean" : quand tu rabaisses les femmes et que tu parles d'elles de manière négative dans tes paroles, je pense que ça devrait être effacé. Il faut qu'ils trouvent une manière plus positive de parler des femmes et des "anciens" aussi. En même temps, c'est un autre type de musique qui reste toujours du reggae, une musique qui durera encore et toujours. Quand le dancehall a émergé dans les années 1980, ils utilisaient des riddims qui dataient des années 1960 et 1970. Les "beats" ont remplacé les lignes de basse, c'est tout.

 

Tounda : Comment voyez-vous l'évolution du mouvement rastafarien, vous qui faites partie de ses précurseurs ?

– U Roy : Avant; ma perception du regard des autres était que les rastas étaient les pires des personnes. Aujourd'hui, nous sommes dans un monde où les gens ont enfin accepté le mouvement des rastafariens.

– Pablo Moses : L'esprit de Jah croît sans cesse…

– U Roy : Nous ne sommes pas là pour vous dire de devenir rasta, si vous voulez être nos amis, pas du tout.

– Pablo Moses : Nous voulons juste vous montrer notre amour, car c'est tout ce qui fait l'égalité des droits et la justice rasta. Et ce n'est pas que pour les Noirs, la justice est pour tout le monde. Le rastafarisme n'est pas une religion, c'est une révolution, une force qui vient dire : nous n'aimons pas l'oppression, que vous soyez Noir, Blanc ou Chinois.

 

Tounda : Quelle est votre opinion sur le référendum de dimanche dernier ?

– U Roy : Le peuple a le droit de faire les choix qui lui semble les meilleurs. Si tu as des chaussures qui te font mal aux pieds, tu peux les enlever…

– Pablo Moses : Nous avons nos problèmes en Jamaïque et les gens ont les leurs ici. Ils ont le droit de faire leur choix, c'est ça, la démocratie.

 

Propos recueillis et traduits par Julien Perrot

03/04/2009 – Opinions sur rue

 

 {xtypo_dropcap}H{/xtypo_dropcap}oarau, plombier

Maintenant, les règles vont être de plus en plus respectées. J'espère aussi que les produits les plus importants baisseront au niveau des prix. Ça a déjà été le cas pour l'essence qui est passée à un euro et le carton de mabawa qui a diminué d'environ cinq euros. Bon, on verra le changement après plusieurs mois, mais je suis sûr que le département est une bonne chose.

 

Kiss, lycéenne à Kawéni

Avec le département, nous aurons une vie économique et sociale meilleure qu'avant. Certes, il y aura plus d'impôts et de taxes à payer, mais les personnes les plus en difficulté sur l'île pourront bénéficier d'aides sociales, du RMI par exemple, même si ça consiste à patienter quelques années. L'essentiel, c'est qu'il y aura plus de moyens pour les plus démunis.

 

Diho, artiste

Il faut maintenant suivre l'évolution des mesures qui vont être prises. Il appartient à nos dirigeants de faire en sorte que les Mahorais se retrouvent dans le département, en opérant des actions locales pour le développement, faire tourner le business économique de Mayotte qui réside dans le lagon, la faune et la flore. Il y a la possibilité de créer beaucoup d'emplois dans ces domaines-là. Je pense qu'il faut aller doucement et on va aller doucement comme prévu, découvrir les différents points au fur et à mesure. En tout cas, c'est un rêve d'hommes et de femmes plus qu'honorables qui est accompli. Ils avaient un souhait qui vient de se réaliser.

 

Anssuya, lycéenne à Chirongui

Maintenant, il va falloir assumer les inconvénients ! Et si nos élus ne font pas leur boulot, il va y avoir encore plus de problèmes que ce qu'il y a eu sans le statut de département, la population souffrira davantage des nouvelles règles.

 

Mariama, mère au foyer

Maintenant, Sambi doit s'intéresser à son peuple et arrêter de nous embêter. À Mayotte, les générations défilent et nous avançons. Nous venons d'obtenir le département et beaucoup de choses vont être différentes. Tout le monde nous soutient et respecte le choix qu'on a fait, nous essayons d'assurer l'avenir de nos enfants avec l'aide de la France. Alors aujourd'hui, le président comorien doit s'occuper de son pays. S'il les entretient, alors les Grands Comoriens et les Anjouanais arrêteront de se tuer dans l'océan.

 

Mahaventa, garagiste

Les politiciens doivent maintenant faire leur travail, sinon les problèmes qu'on rencontre aujourd'hui ne seront jamais réglés et notre nouveau statut ne servira à rien.

 

Ahamadi Soula, artisan

Mayotte sera moins africaine ! J'entends par-là que des règlements stricts vont être de plus en plus imposés à la population et il y aura de moins en moins de laisser-aller dans les lois, comme à l'Africaine où l'on laisse passer beaucoup de choses. Ce sera très difficile pour nous de respecter certains règlements parce que je pense que nous ne sommes encore prêts, nous ne sommes pas encore adaptés.

 

Mogné Madi, retraité

Je ne peux pas dire vraiment ce qui va se passer, je ne sais pas ce que nous apportera ce département. Tout ce que j'espère, c'est qu'il y aura des solutions pour arrêter ces clandestins qui viennent sans arrêt à Mayotte. J'espère qu'il y aura plus de moyens contre l'immigration à partir de maintenant.

 

Raya, lycéenne à Kahani

Et maintenant ?… Rien ne change pour moi, avec ou sans le département. Mais j'ai voté par respect pour ma famille, pour mes grands-parents qui attendent ça depuis très longtemps.

 

Salami Abassi, instituteur

Il faut faire en sorte que les Mahorais qui vont en Métropole pour les études ou le travail puissent trouver ce qu'ils cherchent ici. Si les élus parviennent à les faire revenir, ils contribueront très fortement à la création d'entreprises et d'emplois, par et pour les Mahorais, et dans le même temps on fera un grand pas vers la lutte contre le travail clandestin. Pour nous qui sommes sur place, j'espère qu'on va pouvoir gagner plus d'argent pour nos familles grâce aux aides que devrait apporter le département.

 

Saïd, sans emploi

Après que nos anciens se sont battus pendant des années pour ce statut et qu'ils ont eu finalement gain de cause, ce sont aux jeunes et aux élus de bien prendre la relève. Si on avance bien, on n'aura rien à envier aux autres départements français.

 

Oustadi, employé à SFR

Maintenant, ce serait bien qu'on puisse construire une université par exemple pour les jeunes qui vont étudier en Métropole, ce genre de choses, ça nous ferait économiser de l'argent public dans le long terme. Le problème – qu'on décide de partir ou de rester – c'est qu'il y a très peu de boulot pour les jeunes mahorais. Au moins s'ils ne trouvent pas de travail, qu'on les aide à entreprendre, mais il n'y a pas de financements pour eux, aucune aide, les élus s'en foutent. On verra si le département changera les choses.

 

Chakiri Chahardi, en formation avec la Mission locale

On va se développer au niveau touristique et des lois. Il y a plusieurs inconvénients, mais ce qui compte ce sont les avantages, comme les aides familiales. J'ai entendu dire aussi que Mayotte va rentrer dans un périphérique européen, c'est une bonne chose puisqu'on pourra se faire connaître encore plus de la France et des autres pays occidentaux. Ils verront nos richesses, notre force. Ce statut nous mettra plus en avant aux yeux des plus grands.

 

Abdoul Djalil, commerçant

On n'a pas encore le département ! Ce n'est qu'en 2011, dans deux ans, qu'on l'aura vraiment. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a de bonnes nouvelles pour notre île, des actions qui n'étaient pas possibles avant et qui le seront grâce à ce nouveau statut. Le ministre de l'Outremer, Yves Jégo nous a déjà annoncé qu'il y aura un vol direct Paris-Dzaoudzi, c'est un bel exemple du changement positif. Mais il reste encore beaucoup de boulot à réaliser avant 2011.

 

Darday, employé à SFR

Maintenant ?! Je ne suis pas politicien et je ne peux pas vous dire ce qu'il va y avoir, mais je sais qu'il y aura quelques changements. Je peux dire par contre que c'est une évolution pour Mayotte, une bonne évolution.

 

Antufati, femme de ménage

Les gens qui viennent et qui repartent vont être plus chassés dorénavant. Ils doivent rester là-bas, notre vie va changer pour nous et chez nous; il faut que leur vie change chez eux et pour eux. Leur président doit arranger leurs problèmes et nous laisser tranquilles.

 


Tribune libre

 

"99% pour le "oui", nous l'avons fait !"

Je suis très très content de la victoire du "oui". Je pense que Mayotte va pouvoir commencer à préparer son avenir avec sérénité, celui de ses enfants et à la France de continuer avec nous le processus qu'elle a promis. Le 29 mars 2009 restera un grand jour, car on craignait beaucoup des jeunes, mais les familles, les grands frères et soeurs ont bien fait leur travail et dieu merci les jeunes ont bien compris l'enjeu…

Une mise en garde toutefois aux Mahorais : bien choisir les représentants qui vont mener cette marche vers l'ancrage définitif de leur île au sein de la République, pas de marionnettes.

Un souhait : ce jour du 29 mars doit être inscrit comme jour férié et chômé dans le calendrier de Mayotte, comme l'est le jour de Maoulida ou de l'abolition de l'esclavage, juste pour rendre hommage aux Mahorais, mais surtout à nos "poilus" qui se sont battus pour le maintien de Mayotte dans la France… 

La victoire pour Chirongui : je ne peux m'en empêcher et me faire le porte-parole, en rendant hommage à ma commune, à la population et aux électeurs de la commune, de Chirongui à Tsimkoura, de la rampe cannelle à Poroani, en passant par M’ramadoudou et Malamani, mais aussi les deux Miréréni.

Je me souviens, il était 11h à peu près lorsque le président Douchina est passé dans le bureau de vote n°54 de Tsimkoura, il nous a nargués en disant qu'à Kani tous les bureaux de vote étaient déjà à plus de 300 votants ! Je lui ai répondu en souriant : rendez-vous à 20h… Je ne me suis pas trompé. La victoire est à nous à plus de 70% de taux de participation et à 99% pour le "oui", nous l'avons fait ! Pour montrer notre attachement et notre implication dans ce combat de nos anciens et qui est le nôtre maintenant, et non pour obtenir l'organisation du maoulida chengué. Mais le président du CG doit tenir parole en rendant hommage aussi à la population méritoire, ce sera alors la cerise sur le gâteau. De toute façon, c'est la fête pour tous les Mahorais et il faut marquer le coup…

Bravo et encore bravo à notre chère et tendre terre "Chirongui et Mayotte". Merci.

Bravo à tous les partisans du "oui", mais aussi du "non" qui ont eu le courage de s’exprimer.

Vive Chirongui ! Vive Mayotte dans la République française !

Ali Djinouri, de Tsimkoura

03/04/2009 – Rétrospective : Mayotte de 1958 à 2009

 

{xtypo_dropcap}11{/xtypo_dropcap} mai 1958

L'assemblée territoriale des Comores vote une motion demandant le transfert de la capitale de Dzaoudzi à Moroni.

Au Congrès de Tsoundzou mené par Marcel Henry, Younoussa Bamana, Georges Nahouda, en réaction contre cette décision, la population mahoraise se prononce pour la rupture avec les Comores et en faveur de la départementalisation.

 

2 août 1966

Révolte des femmes guidées par Bouéni M'titi, Zaïna Méresse et Zéna M'déré, qui manifestent devant la résidence du conseil du gouvernement. Création du Mouvement populaire mahorais, les principaux leaders que sont Marcel Henry, Zéna M'déré, Ibrahim Bacar et Younoussa Bamana, prêtent serment de fidélité pour la vie à la cause séparatiste mahoraise et au maintien de l'île dans la République française.

 

22 décembre 1972

La chambre des députés des Comores exprime le vœu qu'une délégation du territoire étudie avec le gouvernement de la République française les conditions d'accession des Comores à l'indépendance "dans la coopération et l'amitié avec la France".

 

Mai 1973

Ouverture des pourparlers à Paris sur les modalités de l'accession des Comores à l'indépendance.

 

11 novembre 1973

Emprisonnement de Younoussa Bamana, représentant de Mayotte à la chambre des députés des Comores.

 

2 octobre 1974

Le MPM demande le droit à l'autodétermination de Mayotte.

 

14 novembre 1974

Le Parlement français adopte le projet de loi organisant le référendum, les résultats seront connus île par île.

 

22 décembre 1974

Référendum d'autodétermination des Comores, sur l'ensemble de Mohéli, Anjouan et Grande Comore, 94,94% se prononcent pour l'indépendance. A Mayotte, 65,3% se prononcent pour le maintien du territoire au sein de la République.

 

25 juin 1975

L'Assemblée nationale examine le projet de loi portant ratification des résultats du référendum. Ce projet doit être soumis au référendum avant la proclamation de l'indépendance et devra être adopté île par île.

 

6 juillet 1975

Proclamation unilatérale de l'indépendance des Comores par Ahmed Abdallah, les élus mahorais dénoncent une décision illégale.

 

3 août 1975

Ali Soihili renverse le président Ahmed Abdallah.

 

21 novembre 1975

La "marche rose" : Ali Soihili débarque à Mayotte avec une cinquantaine d'hommes non armés. La population mahoraise se rend massivement à l'aéroport pour empêcher l'atterrissage d'un 2e avion soupçonné d'amener un détachement armé.

 

8 février 1976

Consultation de la population mahoraise : 99,42% choisissent de demeurer au sein de la République française.

 

11 avril 1976

Deuxième consultation pour le maintien ou l'abandon du statut de Tom, environ 80% se prononcent pour l'abandon au profit du statut de Dom.

 

22 décembre 1979

Une loi réaffirme l’ancrage de Mayotte dans la République française en stipulant que "l'île de Mayotte fait partie de la République française et ne peut cesser d'y appartenir sans le consentement de sa population".

 

27 janvier 2000

L'Accord sur l'avenir de Mayotte est signé au nom de l'État par le Secrétaire d'État à l'Outremer avec le président du conseil général et les principaux partis politiques de l'île.

 

2 juillet 2000

Conformément aux engagements pris, la population de Mayotte est consultée et se prononce à 72,94% pour cet accord et devient Collectivité départementale, avec 10 ans pour se préparer.

 

29 mars 2009

Les Mahorais se prononcent à 95,2% des voix pour le statut de département d'Outremer.

 

(Avec Jana na Leo)

03/04/2009 – Consultation du 29 mars : Réactions Officielles

 
 
{xtypo_dropcap}N{/xtypo_dropcap}icolas Sarkozy, Président de la République

 

 

{xtypo_quote}Un moment historique pour Mayotte et pour les Mahorais{/xtypo_quote}

Nicolas Sarkozy a salué dès dimanche soir "un moment historique pour Mayotte et pour les Mahorais", aussitôt qu'il a pris a pris connaissance "avec satisfaction des premiers résultats de la consultation organisée à Mayotte sur le changement de statut". "Tout semble indiquer que les Mahorais ont confirmé à une très forte majorité leur volonté, exprimée depuis cinquante ans, de voir leur île se doter du statut de département", se félicite le communiqué diffusé par la présidence de la République.

"C'est un moment historique pour Mayotte et pour les Mahorais. C'est un rêve porté par plusieurs générations qui se réalise ce 29 mars 2009." A l'occasion de ce scrutin, le chef de l'État rappelle que la France, depuis 1958, s'était engagée à maintes reprises à ouvrir un processus institutionnel devant permettre à Mayotte d'accéder au statut de département d'Outremer. "La parole de l'État se devait d'être, enfin, respectée", souligne le communiqué.

"La départementalisation sera une réussite si cette nouvelle étape de l'histoire de Mayotte s'inscrit dans la durée et ne bouleverse pas les équilibres économiques et sociaux de ce territoire", ajoute le communiqué. "L'évolution institutionnelle se fera donc progressivement sur la base du 'Pacte pour la départementalisation', accepté par les élus de Mayotte, qui décrit le chemin qui reste à parcourir". "Avec un nouveau statut et grâce au travail de tous les Mahorais, Mayotte pourra construire les bases d'un développement prospère et durable, en lien avec ses partenaires régionaux de l'océan Indien" (AFP).

 

Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outremer

{xtypo_quote}Le travail a déjà commencé{/xtypo_quote}

Invité du journal sur LCI à 20h30 (heure Mayotte), le secrétaire d'Etat à l'Outremer à commenté les derniers résultats connus de la consultation : 94,1% de oui. "Ce n'est pas une surprise", a d'emblée annoncé M. Jégo, "Je tiens à faire une précision par rapport à ce qu'on peut entendre : ce n'est qu'un changement de statut, Mayotte est déjà française depuis bien longtemps."

Le secrétaire d'Etat a expliqué que le département apporterait "plus d'harmonisation" avec la Métropole, tout en précisant que "le travail a déjà commencé. Il y aura un effort partagé entre les Mahorais et l'Etat français". "Mayotte présente des atouts considérables, dans le tourisme et l'aquaculture notamment. Il y a aussi des difficultés, la maîtrise du français sur laquelle il va falloir mettre l'accent, et le rapport avec l'Union des Comores. La départementalisation permettra de trouver un nouveau dialogue avec les Comores et de mettre un frein aux flux migratoires." Le secrétaire d'Etat a enfin annoncé dimanche qu'il recevra "dans les prochaines semaines" les élus de Mayotte.

 

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP

{xtypo_quote}Score sans appel{/xtypo_quote}

"La participation importante et le score sans appel du "oui" sont la preuve de l'implication totale des Mahorais dans la construction de leur avenir. (…) Les Mahorais ont voté pour s'intégrer un peu plus encore à notre pays en choisissant de devenir le 101ème département français" et "ce choix cohérent avec la volonté exprimée il y a 35 ans de rester Français doit donner à Mayotte les moyens de se développer et de se moderniser".

 

Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur et de l'Outremer

{xtypo_quote}Réaffirmer les principes fondateurs de notre pacte républicain{/xtypo_quote}

"Conformément à la feuille de route proposée par le Président de la République, le gouvernement va déposer un projet de loi organique tirant les conséquences institutionnelles de ce vote. (…) Les modalités de la coopération du nouveau département de Mayotte avec ses partenaires de l'océan Indien et notamment avec la République des Comores seront parallèlement approfondies". "La départementalisation a pour but de conforter la place de Mayotte dans la République, en réaffirmant les principes fondateurs de notre pacte républicain, en particulier le respect de l'égalité entre les hommes et les femmes, l'unité de la justice pour tous les citoyens ou la place de la langue française".

 

Alain Joyandet, secrétaire d'Etat français à la Coopération

{xtypo_quote}Oui à la France{/xtypo_quote}

"Au-delà de la départementalisation, vous savez bien que quand il y a un referendum, c'est souvent "oui" ou "non" à celui qui pose la question. Donc le "oui", ce sera le "oui" à la France, ce sera: "oui", on veut rester en France. (…) On a mis en place un groupe de très haut niveau entre les Comores et la France pour discuter des nouvelles relations entre les quatre îles, les trois comoriennes et Mayotte, et j'espère qu'il en sortira quelque chose de positif pour pacifier les relations. (…) "A l'heure de la mondialisation, est-ce que la France peut s'offrir le luxe de renoncer à ses territoires ultramarins ? Je ne le crois pas. (…) Ce que je pense, c'est qu'il faut surtout que nous fassions du développement aux Comores. Si on veut que le calme règne dans cette région, si on veut gérer un peu mieux les problèmes liés à l'immigration, il faut que nous aidions les Comores à se développer."

 

Didier Quentin, député UMP de Charente-Maritime, auteur de plusieurs rapports sur Mayotte

{xtypo_quote}Enrichir l'unité républicaine d'une relation harmonieuse avec l'islam{/xtypo_quote}

Le député Didier Quentin, venu à plusieurs reprises sur l'île pour rédiger des rapports parlementaires pour ses collègues de l'Assemblée, estime que ce choix permet "d'arrimer Mayotte encore plus fermement à la Métropole. (…) Il importera de construire une départementalisation adaptée, en sachant respecter les transitions indispensables". "L'identité originale de Mayotte viendra ainsi enrichir l'unité républicaine de toutes les différences mahoraises, et notamment d'une relation harmonieuse avec l'islam".

 

Victorin Lurel, député PS de Guadeloupe

{xtypo_quote}Vote franc, massif et historique des Mahorais{/xtypo_quote}

Victorin Lurel salue "le vote franc, massif et historique des Mahorais qui ont choisi (à 95,2%) de faire de Mayotte le 101ème département français. (…) Il revient aujourd'hui au gouvernement de s'attacher à concrétiser ce choix clair et sans appel en accélérant le processus afin que l'égalité sociale soit une réalité avant le délai annoncé de 20 ans". Il estime en outre que "ce choix vient conforter la nécessité de permettre à chaque territoire de l'Outremer français de s'exprimer sur son avenir institutionnel en donnant la parole au peuple souverain qui, seul, décide en ultime extrémité".

 

Martine Aubry, 1ère secrétaire du PS

{xtypo_quote}Message amical et fraternel aux Mahorais{/xtypo_quote}

Dans un communiqué, la maire de Lille "adresse un message amical et fraternel" aux Mahorais, jugeant qu'il s'agit d'"une étape décisive dans la longue marche vers l'égalité des droits pour les Mahorais dans notre République", "moins de dix ans après l'Accord sur l'avenir de Mayotte et la loi de 2001, voulue par un gouvernement socialiste". Mme Aubry veut cependant "demeurer très vigilante, à chaque étape, pour que le calendrier et les engagements pris soient respectés et pour que la départementalisation soit poursuivie sans relâche".

"L'évolution statutaire doit être accompagnée d'un effort constant et vigoureux de développement économique, de logements, d'équipements scolaires et médicaux ainsi que d'infrastructures de transports adaptées au XXIème siècle", juge la patronne du PS. Ainsi, "la promesse d'égalité deviendra bien réelle" et "un progrès durable sera partagé par tous les Mahorais", estime Mme Aubry.

 

Claudy Lebreton, président de l'Association des départements de France

{xtypo_quote}Le département, "porteur de cohésion, protecteur et efficace{/xtypo_quote}

Les habitants de Mayotte ont fait "le choix du département pour entrer dans le XXIème siècle", s'est félicité dès lundi le président de l’Assemblée des départements de France (ADF), Claudy Lebreton. Ce résultat "prend ainsi un sens particulier au moment où la réforme des collectivités locales entraîne de nombreux experts vers la tentation de supprimer le département", ajoute-t-il, estimant que "ces tenants de la réforme doivent entendre la voix de nos concitoyens et analyser le choix fait aujourd’hui massivement par les habitants de Mayotte".

"Le statut départemental est ainsi reconnu comme celui d’une collectivité porteuse de cohésion, protectrice et efficace", poursuit-il. Le département est "plébiscité comme collectivité capable d’organiser la nécessaire relation avec l’Etat et comme porteuse d’un avenir commun", ajoute M. Lebreton, souhaitant "longue vie et réussite" au nouveau département que l’ADF accueille déjà en son sein.

03/04/2009 – Consultation du 29 mars : Réactions Locales

 

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}hamed Attoumani Douchina, président du conseil général

 

 

{xtypo_quote}C’est la victoire du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes{/xtypo_quote}

C’est avec un sentiment de satisfaction que j’ai accueilli le résultat de la consultation du 29 mars. Les Mahorais à qui on a donné la chance de s’exprimer sur la départementalisation qu’ils attendent depuis 51 ans, l’ont fait dans un climat de sérénité en se rendant massivement aux urnes. Le résultat est sans appel et le message que j’avais souhaité lancer aux instances internationales est clair : les Mahorais constituent un peuple libre qui sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Aujourd’hui, ils ne veulent pas partager un destin politique commun avec les Comores.

C’est la victoire du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui prend le dessus sur le principe d’intangibilité des frontières issues de la colonisation. Le processus a été long, marqué par des événements agréables et désagréables. Dans la deuxième catégorie, je noterai qu’il y a toujours eu une incompréhension entre la population de Mayotte et les autorités comoriennes. Cela a conduit à des violences inouïes, disproportionnées, ayant fait des morts, parce que la tutelle des Comores pensait que l’on pouvait tout maîtriser par la force.

Ils ont méprisé les Mahorais en refusant le dialogue avec eux, c’est ce qui passe aujourd’hui encore. Au lieu de dialoguer avec nous, ils vont à l’Union africaine, l’Onu ou la Ligue arabe. Il y a eu durant cette période beaucoup d’incertitudes par rapport à la France. Celle-ci a été très hésitante et ne répondait pas forcément aux attentes des Mahorais en leur posant la question qu’ils souhaitaient dès le début.

Il n’y avait pas besoin de 3 référendums pour savoir ce que les Mahorais voulaient. Les Mahorais ont beaucoup douté pendant ce temps de l’issue de leur revendication. Ce fut aussi une période marquée par beaucoup d’espoir, surtout quand arrivait au pouvoir un gouvernement de droite. L’histoire n’a pas démenti cette analyse, puisque c’est un gouvernement de droite qui réalise ce rêve d’une cinquantaine d’années. Je voudrais remercier solennellement le Président Sarkozy pour avoir tenu sa promesse en consultant les Mahorais. Sans lui, la consultation n’aurait pas eu lieu.

Maintenant, le plus gros reste à faire. Il faut nous organiser pour concrétiser tout ce qu’il y a dans le Pacte. Construire ce département passera par beaucoup de concertation des Mahorais : le monde politique, la société civile, les opérateurs économiques, etc. et l’Etat. Pour ma part, je vais m’atteler à mettre en place très prochainement un comité de suivi de départementalisation. Il aura pour tâche de réfléchir sur la manière de mettre en œuvre tout ce qui est contenu dans le Pacte et de faire des propositions au gouvernement et à l’Etat.

 

Marcel Henry, sénateur honoraire, ancien député à l’assemblée des Comores et co-fondateur du MPM, puis du MDM

{xtypo_quote}Les questions précédentes étaient biaisées{/xtypo_quote}

C’est une satisfaction totale de voir que la population mahoraise, malgré les difficultés, a tenu le cap pendant 50 ans. On aurait pensé que certains auraient abandonné, mais ils n’ont rien lâché. Les moments forts ont été à chaque fois que l’on nous a consultés. A chaque fois, ce fut une question biaisée, bidon même. Le gouvernement ne voulait pas nous donner l’opportunité de faire connaître notre choix. On a même du une fois fabriquer des bulletins sauvages pour le département. On nous a posé une fois la question : “Voulez-vous conserver le statut de Tom ?” Aujourd’hui, la question a été claire et précise et la réponse a été claire. Le gouvernement a tenu l’engagement de 1976 et je tiens à le remercier pour cela. C’est la première fois qu’on nous pose la question.

Il reste beaucoup à faire, il faut voir ce qu’il y a dans le Pacte. Il appartient aux élus locaux de mener le combat pour arriver à l’égalité sociale. J’ai une pensée émue pour tous ceux qui nous ont quitté, mes compagnons de combat qui n’ont pas eu la chance d’assister à ce vote, en premier lieu Georges Nahouda et Zéna M’déré. Certains y ont perdu la vie, mais je remercie le bon Dieu qu’il n’y ait eu que 2 victimes et non pas 20, 200 ou 2000. Là où ils sont, ils doivent être très heureux comme nous tous.

 

Mansour Kamardine, ancien député

{xtypo_quote}Construire d’autres pages de notre histoire, encore plus belles{/xtypo_quote}

Les urnes ont parlé. Avec un taux de participation à 61% et un "oui" à 95,20%. La victoire des Mahorais pour leur liberté est totale et sans ambages. Nous la devons à notre ténacité et à notre force de conviction d’écrire notre destin français dans la départementalisation.

Cette victoire est belle parce qu’elle a su catalyser l’engagement de notre jeunesse dont la générosité a été plus que remarquable lorsqu’elle a salué la Marseillaise après l’annonce du résultat sur l’esplanade de l’office du tourisme à Mamoudzou. Ce résultat a démenti les prévisions des années 70 et 80 qui pronostiquaient à tort l’engagement de la jeunesse mahoraise en faveur de l’indépendance.

Les choses sont donc faites. Ce vote marque la fin d’un processus qui a commencé en 1958. Elle nous confirme que les réformes sociétales de 2003 étaient un passage obligé, car départementalisation rime mal avec polygamie, justice cadiale ou encore inégalité successorale.

Je suis fier d’avoir pendant la dernière législature, seul contre tous, porté ces réformes des fonds baptismaux au service de notre cause commune, car en vérité je suis convaincu depuis très longtemps que lorsqu'est en cause l’intérêt général, l’intérêt personnel doit s’effacer.

Cette conviction je l’ai acquise de l’éducation que j’ai reçue de mon père Kamardine Daniel, qui m’a toujours enseigné l’amour de la France qui irrigue mes veines depuis mon jeune âge. Je pense encore aujourd’hui à ces longs et interminables entretiens au cours desquels il m’a administré les valeurs humanistes; qu’il soit ici à la fois remercié et félicité.

Je suis convaincu que depuis là où il repose, il en est fier. Tous les militants des 1ères heures de Mayotte département connaissent son engagement aux côtés de la cause départementale et peuvent témoigner que Kamardine Daniel a été le seul, en février 1967, à braver le cordon policier Place de France à Dzaoudzi pour aller à la rencontre de Mme Zéna M'déré et Souffou Sabili, arrêtés par le pouvoir comorien et à qui il était reproché d’avoir empêché la radio de l’ORTF d’émettre.

Vers la fin de sa vie, il était très malade et souffrait des séquelles des blessures qu’il a subies le 20 juillet 1968 à Combani, après la charge policière, d’où son surnom de "Daradja ya Goméni" ("pont de Goméni").

Je garde en mémoire de toute cette période la Lettre de Nicolas Sarkozy aux Mahorais, la rencontre des principaux élus mahorais avec le Chef de l’Etat à l’Elysée le 16 décembre 2008, rencontre qui vient dans le prolongement historique de la visite du Président Jacques Chirac dans l’île le 19 mai 2001. Une autre phase s’ouvre pour construire d’autres pages de notre histoire, encore plus belles que celles que nous venons de décrire.

Je pense à la visite que le Chef de l’Etat doit effectuer dans l’île. Il est en tout cas plus que très attendu. Les Mahorais reconnaissent en lui celui qui a eu le courage de faire respecter leur choix librement exprimé de demeurer Français. Je pense aussi au travail qui attend nos élus pour aider le gouvernement à traduire dans la loi et dans les faits l’attente des Mahorais.

J’espère qu’à l’instar de ce qu’a fait Nicolas Sarkozy, nous saurons faire preuve de responsabilité et de refus de démagogie. Elle est la clef de notre réussite pour demain.

 

Henriette Bamana, veuve de Younoussa Bamana, ancien député, président du CG et du MPM

{xtypo_quote}La France, c’est votre père, c’est votre mère{/xtypo_quote}

Nous sommes heureux du résultat de la consultation car on a travaillé pendant de longues années. Nous sommes contents car nous avons obtenu le département. On ne veut en aucun retourner avec les Comores. On a vécu des souffrances à l’époque, nous ne voulons pas que nos enfants souffrent. Vous, nos enfants, devez faire bien attention aux Comoriens. Quand j’ai mis au monde Zaïdou, je n’ai mangé que du manioc et du poisson car Bamana n’a pas été payé pendant plus de 6 mois par le gouvernement comorien. J’insiste encore auprès de nos enfants, faites attention aux Comoriens, ils prétendent être nos frères, mais ils ne l’ont pas montré en nous faisant souffrir. Il faut que vous restiez Français, la France, c’est votre père, c’est votre mère. De nombreux parents, grands-parents sont morts et nous, vos mères, nous partirons aussi. Respectez ce que vos pères et mères on fait.

03/04/2009 – Interview : Adrien Giraud, sénateur de Mayotte

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : Que représente pour vous le 29 mars ?

Adrien Giraud : D'abord, la joie d'être arrivé jusqu'au 29 mars et puis le début d'un grand chantier. Parce que c'est à partir du 30 mars que les élus de ce pays doivent penser comment construire Mayotte. Jusqu'à maintenant, nous étions en chantier mais on ne savait pas sur quel plan. Aujourd'hui nous avons un statut stable qui est le statut de la départementalisation, qui sécurise Mayotte. Pour moi, c'est le début d'un grand chantier, avec les architectes qu'il faut, avec l'architecture que le gouvernement nous installe. Aujourd'hui, il faut que nous nous mettions au travail, tous les élus et tous les gens de bonne volonté, pour essayer de construire Mayotte dans l'ordre et dans l'harmonie.

 

MH : Mais c'est aussi la fin d'un long combat pour les Mahorais…

AG : Le premier combat des Mahorais a été d'abord de se séparer des îles Comores. C'est un grand combat car on était à contre-courant de l'Histoire. Le deuxième combat, si on peut l'appeler ainsi, c'était de pouvoir s'installer, s'ancrer dans la République. Et nous sommes arrivés, le 29 mars, à nous ancrer définitivement.

 

MH : Pensez-vous qu'aujourd'hui la jeunesse mahoraise, qui n'a pas connu la situation avant 1974, comprend toujours ce combat ?

AG : Ce que vous dites, je l'avais ressenti pendant un moment, pendant nos entretiens avec nos hauts responsables métropolitains. J'avais senti qu'ils cherchaient à gagner du temps, en se disant que peut-être la nouvelle génération allait changer d'avis et choisir le "sens de l'Histoire", comme on dit. Mais vous avez vu que le résultat que l'on a obtenu le 29 mars est de 95,2%. A qui peut-on attribuer ça ? Moi, je peux vous dire même les noms des gens qui ont voté "non", mais je n'ai pas le droit.

 

{xtypo_quote}C'est nous qui avons voulu être avec la France, ce n'est pas la France qui est venue nous coloniser{/xtypo_quote}

 

MH : Il y a une trentaine d'années, le statut hybride et provisoire de Mayotte entre Dom et Tom était-il un frein pour les investissements ?

AG : C'était une difficulté énorme pour les investisseurs. Vous vous rendez compte qu'en 1974, quand nous nous sommes séparés des Comores, il n'y avait que trois écoles à Mayotte. Il n'y avait pas d'eau, pas d'électricité. Comment voulez-vous que des investisseurs viennent dans un pays où il n'y a pas d'eau, pas d'électricité, pas d'école ? C'est déjà un handicap assez important qui décourageait les investisseurs. Aujourd'hui, ces handicaps ont été levés.

Il n'y avait pas non plus de transport aérien. Les premiers parcours que nous avons faits pour rejoindre la Réunion puis la Métropole, on les faisait par avion militaire. Quand on déposait la demande pour aller sur la Réunion puis en Métropole, il fallait demander au général de la région d'autoriser l'avion militaire à prendre des civils. Les premiers vols commerciaux ne datent que de 1976.

Nous avons vécu l'enfer à Mayotte. Les gens qui arrivaient jusqu'à Mayotte repartaient tout de suite en disant : "Où est-ce que nous sommes ici ? Nous sommes dans la jungle !".

Malgré cette souffrance, les Mahorais ont tenu à être avec la France. Pourquoi ? C'est à cause des exactions de nos voisins, des razzias. D'ailleurs le roi Andriantsouli en a eu assez, c'est pourquoi il a donné Mayotte à la France. Nous, nous n'avons jamais été colonisés. On nous a donné à la France et on a fait l'adhésion à la France. Nous ne sommes pas une colonie française. Les autres, oui. Ils sont venus se rattacher avec nous ensuite, sous le protectorat. Mais Mayotte est restée seule avec la France pendant plus de 60 ans. Les autres îles sont venues nous rejoindre parce que la France avait installé la paix. Il n'y avait plus la guerre des sultans batailleurs.

 

MH : Si Mayotte n'a jamais été une colonie, c'est ce qui la différencie de tout l'Outremer français ?

AG : Nous avons adhéré à la France. Nous ne nous considérons pas comme une colonie, c'est nous qui avons voulu être avec la France, ce n'est pas la France qui est venue nous coloniser.

 

MH : Contrairement à ce que vient de dire la Ligue arabe, à ce qu'a dit l'Union africaine ou l'Onu…

AG : Absolument. C'est totalement faux. Je défie aujourd'hui les historiens comoriens ou les historiens de l'Onu de regarder l'Histoire de Mayotte, qui a été seule avec la France pendant plus de 60 ans. Les autres îles sont venues se rattacher après. C'est ça qui différencie aujourd'hui les Comores de Mayotte. Elle a été rattachée aux Comores parce qu'à un moment "Madagascar et dépendances" a été créée pour des commodités administratives. La France a créé l'archipel des Comores pour des raisons de commodités administratives.

 

{xtypo_quote}En 1974, si ceux qu'on appelle les "serrez-les-mains" n'avaient pas fait pression sur les gens, on aurait pu avoir un pourcentage beaucoup plus important{/xtypo_quote}

 

MH : Quels souvenirs gardez-vous de la séparation avec les Comores ?

AG : En 1974, on nous a consultés pour savoir si les quatre îles étaient favorables à l'indépendance. Mayotte a répondu "non" à 64%. On aurait pu avoir un pourcentage beaucoup plus important si l'administration territoriale de l'époque n'avait pas fait pression sur les fonctionnaires. Nous étions sous une administration territoriale, avec un chef de gouvernement à Moroni et des chefs de districts dans les îles. Et si ceux qu'on appelle les "serrez-les-mains" n'avaient pas fait pression sur les gens, on aurait pu avoir un pourcentage beaucoup plus important.

Quand on a tiré les conclusions de ce référendum au Parlement, la France a dit aux Comores : "On ne peut pas ne pas respecter la parole donnée". On a dit aux Mahorais que l'article 53 de la Constitution s'applique et que nulle cession de territoire n'est possible sans le consentement de la population. A ce sujet, j'ai une anecdote personnelle à vous confier.

A ce moment-là, quand les Comoriens ont vu que les Mahorais ont voté "non", Ahmed Abdallah, le président du gouvernement comorien, est allé à Paris et a demandé au gouvernement français de céder. Le gouvernement français n'avait pas encore décidé d'envoyer quelqu'un à Mayotte. Quand Ahmed Abdallah est rentré aux Comores, il a déclaré l'indépendance unilatérale des Comores.

Quand nous, les élus mahorais, nous avons entendu à la radio qu'Ahmed a claqué la porte de la rue Oudinot, on s'est dit : "ce type-là va aller aux Comores et déclarer l'indépendance". Ca n'a pas loupé : il est rentré le jeudi et le dimanche il convoqué l'assemblée territoriale des Comores pour déclarer l'indépendance unilatérale. Nous on avait déjà préparé un télégramme à Paris pour dire qu'on rejetait l'indépendance d'Ahmed Abdallah. On l'avait préparé en 6 exemplaires. On devait l'envoyer au Président de la République, au Premier ministre, au président du Conseil constitutionnel, au président du Conseil d'Etat, au président du Sénat et au président de l'Assemblée nationale.

C'était un dimanche et la seule Poste ouverte à Paris était celle de la rue du Louvre. J'y suis allé avec les télégrammes, parce que Marcel Henry, qui était avec moi en France à l'époque, était au mariage de sa nièce à La Rochelle. C'est lui qui avait les copies du télégramme dans sa mallette. J'ai téléphoné au directeur de cabinet du président du Sénat Alain Poher pour lui dire que je n'avais pas les télégrammes. Il m'a dit d'aller à son bureau à la présidence du Sénat : "Regardez dans une armoire, il y a un classeur "Mayotte" où vous trouverez une copie du télégramme. Je vais téléphoner à la présidence pour que les huissiers vous ouvrent la porte de mon bureau et l'armoire, pour que vous fassiez une photocopie". J'y suis allé à 15h. J'ai couru à la Poste. j'ai donné les copies du télégramme à la postière, elle me dit :"Je ne peux pas accepter les télégrammes tapés à la machine. Il faut que vous puissiez les transcrire à la main". J'ai pris les télégrammes et je les ai transcrits à la main. J'ai terminé, il était 20h, ils allaient bientôt fermer. Quand

Quand je les donne à la postière, elle me dit qu'il faut payer. Je mets mes mains dans les poches et je vois que je n'ai pas assez d'argent pour payer. J'ai donné ma montre, ma bague, ma carte d'identité et je lui ai dit :"Commencez à les envoyer, madame, je cours chez moi dans le 2e arrondissement chercher de l'argent". Quand je suis revenu, la dame avait eu la gentillesse de faire partir les télégrammes… Ce jour-là, j'avais un peu de fièvre. Je me couche dans mon lit et j'écoute France International. A minuit pile, j'entends la présidence de la République annoncer qu'elle vient de recevoir un télégramme des cinq élus mahorais de l'assemblée territoriale refusant l'indépendance et que le gouvernement français prend acte de cette décision. Marcel, qui rentrait sur Paris, a dit "ouf !" en l'entendant dans sa voiture. Et moi aussi j'ai dit "ouf !" et ma fièvre est passée. Pour vous dire le soulagement que j'ai eu. C'est l'acte qui m'a complètement rassuré. Ensuite, il fallait qu'on installe Mayotte dans ses nouvelles fonctions…

 

{xtypo_quote}J'ai dit à Ali Soilihi : "Il reste deux heures pour qu'un avion puisse décoller ou atterrir, sinon même avec les légionnaires qui sont là, il se passera un massacre"{/xtypo_quote}

 

MH : Comment le gouvernement français a réagi ?

AG : Le gouvernement n'a pas envoyé un haut-commissaire mais un administrateur provisoire, en attendant que le gouvernement puisse nommer un préfet. Nous avons décidé, quelques personnalités de Mayotte, que nous ne pouvions pas rester comme ça. On s'est réuni, on était une vingtaine et on a nommé Bamana comme préfet élu. Il a désigné des chargés de mission dans chaque service. Moi, j'étais chargé de mission concernant les services de la douane et la Poste. Quand j'ai fait l'inventaire de la douane, j'ai immédiatement tout donné au Trésor public. Quand j'ai fait celui de la Poste, je n'ai quasiment pas trouvé de timbres. J'ai fait prendre un arrêté par le préfet élu m'autorisant à couper en quatre les timbres. L'arrêté a été publié et j'ai fait découper les timbres. J'ai multiplié le stock de timbres par quatre ! Ca nous a permis de tenir, parce que les Comores refusaient de nous donner des timbres et on ne pouvait pas aller en acheter là-bas.

 

MH : Que s'est-il passé ensuite ?

AG : On a continué à travailler en attendant la nomination du préfet. Mais il y a eu entre-temps Ali Soilihi qui a fait un coup d'Etat aux Comores. Il s'est dit : "Ce n'est possible, il faut que j'arrive à ramener Mayotte aux Comores". Il était d'abord venu avec une délégation africaine ici pour essayer de voir Marcel Henry et Bamana. Moi, j'étais reparti sur Paris pour essayer de pousser pour qu'on puisse nommer rapidement un fonctionnaire de haut niveau pour venir administrer ici. Ils ont reçu le veto des élus mahorais.

Il s'est dit : "Comme ils refusent, je vais imiter le Maroc et sa Marche Verte" (marche pacifique lancée par le roi Hassan II le 6 novembre 1975 pour récupérer le Sahara occidental qui était occupé par l'Espagne, ndlr). Ali Soilihi a voulu faire la "marche rose", la couleur des foulards des 50 jeunes qui sont venus avec lui.

Quand on m'a alerté qu'il allait débarquer à l'aéroport, j'ai réagi tout de suite. A l'époque, j'habitais à Pamandzi et nous avions des jeunes que nous avions surnommé les "commandos". J'ai donné un coup de voiture dans tous les quartiers où je connaissais les leaders, je leur dis : : "Vite ! A l'aéroport !". Ils y sont allés et je suis allé voir l'administrateur à Dzaoudzi pour lui dire : "Pour qui nous prenez-vous ? Il y a un avion qui part de Moroni et qui vient là et vous, vous me dites que vous n'étiez pas au courant ?".

Vous voyez l'endroit où il y a RFO ? J'ai fait ouvrir la maison qu'il y a derrière. C'était une maison qui appartenait aux ministres qui venaient y séjourner. J'ai dit aux commandos : "Vous les parquez là-dedans. S'ils ne veulent pas, moi, c'est la castagne". Ils ont accepté et sont entrés dedans. Je suis arrivé et j'ai dit à Ali Soilihi : "Ecoute, cher ami, pour l'instant je ne veux pas te faire de misères, mais tu vas me dire ce que tu veux faire, on va s'asseoir et discuter". Il me dit : "On est venu simplement pour une marche pacifique".

J'ai remarqué que parmi ces jeunes il y en avait un qui avait une machine à écrire sur l'épaule, d'autres qui avaient des papiers. J'ai fait fouiller les sacs, il n'y avait rien dedans. Quand j'ai entendu l'avion repartir, je me suis dit : "Il y a anguille sous roche". J'ai fait demander à mes commandos de mettre sur le terrain d'aviation tout ce qu'ils pourraient trouver : pirogues, pierres ou autres pour le rendre impraticable. Ils ont débarqué un dimanche à 6h30. Vers11h, j'entends un avion qui tourne car il ne peut pas atterrir. Je vois le patron de l'avion Yves Lebret (fondateur d'Air Comores, la première compagnie aérienne inter-îles, ndlr) chuchoter à Ali Soilihi : "L'avion ne peut pas atterrir, je ne sais pas ce qu'il se passe". Ils voulaient sortir, j'ai dit : "Non, personne ne bouge d'ici".

On a appris par la suite que dans cet avion-là, il y avait des militaires. Il n'a pas pu se poser. Je leur ai dit, à Ali Soilihi et à ses gens : "Vous partez, ou bien vous ne sortez pas d'ici vivants. Je vous laisse. Si vous êtes prêts à discuter, on m'appellera". Je repars chez moi et l'administrateur a interdit la barge de faire l'aller-retour entre Grande Terre et Petite Terre car la radio des Comores diffusait : "Ca y est, Ali Soilihi a pris Mayotte". Quand ils ont vu l'avion revenir chez eux, ils ont dit : "Ca n'a pas marché mais ça va marcher parce qu'Ali Soilihi est maître de la situation".

Il était 15h. A 15h30, un des "foulards roses" reçoit un coup de caillou. J'ai dit : "amenez-le à l'hôpital et vous me le ramenez". Cinq minutes après que je sois rentré chez moi, on m'appelle pour me dire qu'il y a un bidon d'essence qui vient d'être renversé dans la cour de la maison où ils étaient. Les commandos avaient décidé de foutre le feu. J'ai averti l'administrateur qui a demandé un cordon de légionnaires pour les protéger. J'ai dit à Ali Soilihi : "Il reste deux heures pour qu'un avion puisse décoller ou atterrir, sinon, même avec les légionnaires qui sont là, il se passera un massacre".

Il a accepté mais il m'a dit qu'il voulait auparavant téléphoner. Je lui ai dit : "Le seul moyen est que je vous emmène à l'aviation civile, parce qu'avec la BLU on entendra ce qu'on vous dira et ce que vous direz". Il a appelé un dénommé Kéké pour lui dire que ça n'avait pas marché et que s'il ne l'autorisait pas à rentrer maintenant, il allait y avoir des morts.

Le DC4 était stationné à Anjouan où ils avaient débarqué les militaires. Je dit à Ali Soilihi qu'il dise à Kéké que l'avion arrive à vide, qu'on va l'arrêter en bout de piste et le vérifier d'abord. Je lui dis : "S'il y a un seul soldat dedans, c'est l'avion qui brûle, avec les gens qui sont ici". En revenant, Ali Soilihi me dis : "Ecoute, Adrien, ce que tu fais là est dur pour moi. Laisse-moi garder la face en sortant de la maison en marchant et en chantant pour aller jusqu'à l'aéroport". Je lui dis :"Si tes gars ne font pas les cons, moi je te laisse faire ça". Ils sont partis en rang en chantant des chansons militaires jusqu'à l'aéroport. Vingt minutes plus tard, ils sont montés dans l'avion vers les Comores.

On a été condamnés, ma tête a été mise à prix aux Comores, avec une effigie "Wanted" sur la place de Badjanani à Moroni.

 

{xtypo_quote}Dans les lois qui ont été votées à l'Assemblée nationale et au Sénat, on devait être consultés en 1979{/xtypo_quote}

 

MH : C'est ensuite que le développement de Mayotte a pu réellement démarrer…

AG : Oui, un préfet a été nommé et on a commencé à voir la couleur d'une administration, un petit groupe électrogène, un peu d'eau. Au fur et à mesure, on a continué avec les autres à aller en Métropole pour dire que nous sommes décidés à rester avec la France et que nous voulons le statut de département. Il y a un ministre qui nous a dit : "Le statut de département, vous pourrez l'avoir un jour, mais pour l'instant vous êtes à un niveau de développement où vous ne pourrez pas le supporter, et ce n'est pas vous rendre service que de vous le donner". Ca a été ensuite répété par Jacques Chirac, Premier ministre, qui nous a dit : "Les Mahorais, je comprends que vous aspiriez à être département, mais ne mettez pas la charrue avant les bœufs".

 

MH : Finalement, l'Accord de 2000 a commencé à enclencher le processus…

AG : Non, avant l'Accord de 2000 on avait déjà enclenché le processus, bien avant. Dans les lois qui ont été votées à l'Assemblée nationale et au Sénat on devait être consultés en 1979, mais la consultation n'a jamais eu lieu. Après, il y a eu la gauche qui est arrivée au pouvoir et qui était contre le fait que Mayotte reste avec la France. Mitterrand avait dit que c'était une "erreur" d'avoir gardé Mayotte. Le Président Giscard d'Estaing, lui, avait carrément dit : "Il y a l'intangibilité des frontières issues de la colonisation, Mayotte et les Comores font un tout".

Tous ces gens-là n'étaient pas pour que Mayotte devienne aujourd'hui un département. Même Balladur, qui était venu ici pendant qu'il était Premier ministre et candidat à l'élection présidentielle, avait dit : "Si je suis élu, six mois après, Mayotte sera érigée au statut de département". Aujourd'hui, il a dit à un journaliste du Figaro qu'il aurait encore fallu retarder la consultation de Mayotte…

Je voudrai saluer le courage qu'a eu le Président de la République Nicolas Sarkozy. C'est immense, le courage qu'il a eu aujourd'hui de tenir sa parole. Il a écrit aux Mahorais quand il était candidat que si les Mahorais le demandent, il les consultera sur le statut de leur choix. Il a bravé tout le monde qui était contre. Il faut le faire, parce que la France a quand même des amis en Afrique et dans le monde arabe. Tous ces gens-là étaient contre. Le président comorien avait alerté tous ces gens-là. Nicolas Sarkozy a tenu sa parole et il faut saluer ce grand courage. Si un jour à Mayotte nous devons monter un monument historique, ce sera une statue à son effigie.

 

MH : Depuis le 29 mars, pensez-vous que le MDM a encore un sens ?

AG : Non, je crois que le MDM a accompli son devoir. Il a été fait pour la départementalisation qui est là. Donc il n'a plus lieu d'être aujourd'hui.

 

Propos recueillis par Julien Perrot

03/04/2009 – Nouvelles technologies

 

{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}ix chaînes seront disponibles au cours du deuxième semestre 2010 et une offre de trente chaînes après l’extinction de l’analogique, le 30 novembre 2011. Pour Alain Méar, ce passage constitue une "mini révolution culturelle".

Ce nouveau canal de réception numérique des chaînes télévisées devrait, dès 2011, remplacer les chaînes hertziennes. Créée et lancée par le CSA en 2005, la TNT a pour objectif de diversifier l’offre, avec 18 chaînes gratuites contre 6 en analogique, et d’obtenir une meilleure qualité d’image tout en étant simple d’accès et gratuite. Le confort des spectateurs est au cœur de cette évolution, la qualité désormais compatible avec la gratuité.

La loi du 5 mars 2007 énonce les modalités de mise en place de la TNT, avec un objectif de couverture de 95% de la population. Véritable "coup d’accélérateur" selon l'un des 9 "Sage" du CSA, elle fixe la date butoir au 30 novembre 2011 pour l’extinction de la télévision analogique. Mais cette étape ne peut être franchie trop brutalement. Une première période d’extension de la couverture se superposera à la disparition de l’analogique, pour une durée minimale de 9 mois. Cette mutation sera progressive et s’effectuera par plaques régionales. L’Alsace, par exemple, assistera à cet évènement le 2 février 2010.

 

Une forte demande des collectivités d'Outremer

 

La loi de 2007 est applicable Outremer. Toutefois, elle précise que le déploiement doit s’effectuer dans le respect des spécificités de ces territoires. Des modalités spécifiques sont donc envisageables, mais devront se limiter au déploiement ou au transport et à la diffusion.

Alain Méar a remis au gouvernement, à la fin du mois de juin 2008, un rapport sur l’application de la TNT dans les collectivités d’Outremer. Il part d’un constat : une forte demande des collectivités d’Outremer. Cette revendication serait alimentée par la "modicité quantitative de l’offre ainsi que par un légitime désir de parité numérique", précise Alain Méar. Il ajoute que l’offre hertzienne disponible à Mayotte est comparable à la situation en Métropole en 1964. Les habitants des collectivités ultramarines compenseraient ce manque par des abonnements satellitaires. Entre 50% et 60% des foyers seraient équipés contre seulement un tiers en Métropole. La gratuité de la TNT pourrait modifier cette situation.

Le rapport Méar préconise une démarche adaptée aux données structurelles et à l’attitude des chaînes. Le public restreint, l’insularité, le décalage horaire et le niveau de vie entraînent une certaine faiblesse du potentiel des marchés publicitaires. Certaines chaînes sont aussi réticentes à l’installation de la TNT. Il s’agit notamment des chaînes nationales privées et de chaînes locales qui craignent l’arrivée soudaine de nombreux concurrents.

 

Un calendrier sera mis en place dans 15 jours

 

En Métropole, 87% de la population est déjà couverte et les deux tiers des 25 millions de foyers ont accès à la télévision numérique, que ce soit par le mode hertzien, le câble, l'ADSL ou le satellite. La mise en place du réseau de la TNT est engagé dans les collectivités d’Outremer. Le rapport prévoit donc de partir de fréquences existantes, notamment celles de Tempo, la deuxième chaîne de RFO, présente dans toutes les collectivités d’Outremer excepté Mayotte et Wallis et Futuna.

Pour Alain Méar, la réponse doit aussi être "crédible et métissée". Il explique qu’il souhaite voir arriver dès le début les normes les plus avancées, qui permettraient l’arrivée simultanée de 10 chaînes, dont une serait éventuellement réservée à LCM, une chaîne privée locale que souhaite lancer Patrick Millan depuis plus d'un an. Cette première vague pourrait être constituée de Télé Mayotte, des chaînes de France Télévisions, de La Chaîne Parlementaire, de France 24 et de France Ô. Une deuxième vague devrait comprendre des télévisions locales et les dernières à rejoindre le bouquet devraient être des chaînes privées nationales, comme TF1 ou Virgin17.

Le dossier avance. L’article 23 de la loi du 5 mars 2009 autorise le gouvernement à prendre, par ordonnance, des mesures permettant d’adapter l’introduction de la TNT aux collectivités d’Outremer. D’après le président du groupe de travail de l’Outremer, ces ordonnances seraient en cours d’élaboration. D’ici 15 jours, le secrétaire d’Etat à l’Outremer devrait annoncer ces modalités ainsi qu’un calendrier de mise en place.

Les Mahorais qui ne sont pas abonnés à un bouquet satellite auront enfin accès à d’autres chaînes que RFO. Un simple décodeur de 30 euros environ ou l’achat d’une télévision récente suffira à capter ces nouvelles chaînes.

 

Juliette Piolat

UNE Mayotte Hebdo N°422 – Vendredi 03 avril 2009

UNE Mayotte Hebdo N°422 - Vendredi 03 avril 2009Numéro Spécial

Le 101ème Département

Mayotte Eco spécial :
> Retour sur 30 ans de développement économique.
> Gamil Kakal, Ida Nel, Issouffali,… 
Mayotte Hebdo Sports :
> Rugby : le titre est accessible
> Toute l’actualité sportive de Mayotte
Tounda
> Une île en scène : théâtre, musique, danse,…
> Toutes les fêtes, les soirées, les concerts

 

02/04/09 – CorsairFly à l’année et en direct de Paris

Ce n'est pas un poisson d'avril. Le Directeur commercial de la compagnie aérienne CorsairFly, Christophe Leloup, s'est déplacé personnellement pour l'annoncer : Corsairfly se positionnera annuellement dès le 9 mai, avec une desserte mahoraise hebdomadaire, directe au départ de Paris, via Tananarive au départ de Dzaoudzi. "Nous envisagions un positionnement annuel au terme de quatre ou cinq années de présence. Mais les excellents résultats de nos deux dernières saisons d'exploitation ici à Mayotte nous prouve que le marché est mûr" a déclaré M. Leloup. Arrivée pour la première fois le 28 juin 2007, pour des vols estivaux hebdomadaires en juillet et août, la compagnie Corsairfly avait reconduit et même élargi sa période de desserte en 2008 durant l'été et l'hiver austral. Ainsi, en 2008, elle a transporté 92% de passagers de plus que l'année précédente, soit 7000 clients supplémentaires, pour un niveau de remplissage supérieur à 85%.

Pour lancer cette nouvelle offre, pour laquelle la compagnie annonce une mise à disposition de 17.400 sièges annuels, l'allerretour sera commercialisé par l'agence Mayotte Voyages et sur Internet à partir de 749 euros TTC, du 6 au 30 avril, pour des dates de voyages comprises entre le 19 septembre 2009 et le 13 mars 2010.Le vol direct Orly-Dzaoudzi, décollera le vendredi à 19h45 pour arriver à 7h50, et les vols Dzaoudzi – Tananarive – Orly sont programmés le samedi, départ 9h25 de Mayotte, arrivée 22h25 à Paris.

"C'est un défi, une nouvelle ambition pour Corsairfly et pour Mayotte que de remplir ces avions toute l'année. On compte aussi sur le fait que les horaires sont bien adaptés pour la communauté économique et d'affaire, qui pourra, le temps d'un week-end, programmer des rendez-vous en métropole", a expliqué le Directeur commercial.Une autre bonne nouvelle, la compagnie à la bannière ciel et blanche va étendre les dispositions de la charte d'engagement volontaire signée le 22 janvier dernier avec le gouvernement à sa desserte mahoraise. En l'espèce, comme pour tous les autres passagers ultramarins correspondant aux critères; elle réserve 15% de ses sièges aux prix les plus bas de la grille tarifaire en haute saison, des tarifs adaptés aux situations familiales ( jeunes étudiants, seniors), et le tarif famille endeuillée à 700 euros, l'aller simple au prix de la moitié d'un aller-retour et la franchise bagages "tout compris" de 35 kg seront également applicables.

Si M.Leloup n' a pas caché que l'actualité politique avait fini d'emporter la décision du groupe, il a également dévoilé le rôle de cheval de Troie que pourra jouer la compagnie auprès de sa société mère, le voyagiste Nouvelles Frontières, déjà favorablement positionné sur le marché touristique de l'Outremer français.

02/04/09 – Les auditions du Sénat débutent ce jeudi

Les auditions de la mission commune d'information du Sénat sur la situation des départements d'Outre-mer commencent jeudi 2 avril à 17h. La mission, présidée par M. Serge Larcher, entendra M. Richard Samuel, délégué général à l'outre-mer et coordinateur des états généraux sur l'outre-mer, puis M. Jean-Paul Dumont, ambassadeur délégué à la coopération régionale dans la zone Antilles-Guyane. Cet évènement sera retransmis en direct sur le site Internet du Sénat.

02/04/2009 : Environnement : Ils se bougent !

{xtypo_dropcap}U{/xtypo_dropcap}n objectif de sensibilisation des plus jeunes aux problèmes écologiques, mais pas seulement. Les élèves ont participé à l’écriture des textes qu’ils ont chantés lors des représentations. Un exercice motivant pour améliorer leur niveau de langue.

Le résultat ? Onze chansons qui leur ressemblent sur des sujets qu’ils connaissent. Un "moustique pas chic" sur le chikungunya, "Acoua" et leur attachement à leur village ou encore "Viens relever le Défi pour la Terre", où chacun a pris l’engagement de faire des gestes pour l’environnement.

Aidés par des percussionnistes et des guitaristes, cinq cents enfants ont participé, de l’école maternelle au primaire. Ce projet, à l’initiative d’enseignants et financé par le vice-rectorat, a pu être finalisé grâce à Dominique Dimey. Chanteuse engagée, elle a été ambassadrice des droits des enfants à Madagascar. Elle est aussi à l’origine de la composition du single "Défi pour la Terre" avec Nicolas Hulot.

Cette initiative intéressante a permis aux enfants de prendre conscience des risques écologiques de manière ludique.

 

Rafik

02/04/2009 – Musique : Le retour du Bacar

 

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a dernière scène du Bacar Acoustik Band date de novembre 2008, dans le cadre du festival Milatsika de Chiconi. Et depuis, le Bacar prépare activement son nouvel album. Le chanteur Marco avoue qu'ils ont opté pour "une démarche plus professionnelle" avec ce nouvel opus. "On a pris le temps pour maquetter vraiment l'album, avec une recherche de sons sur les instruments", affirme-t-il. Ils ont revu l'orchestration de leurs morceaux dans le but d'avoir une musique cohérente, mettant en valeur les textes des chansons.

Les musiciens du Bacar ont eu "la chance" de travailler pendant dix jours avec Yann Costa, "un gars très professionnel et très connu à la Réunion", présente-il. "Il a beaucoup influencé notre son et notre façon de travailler", manifeste le chanteur.

Selon Marco, le Bacar n'est pas pressé à sortir son nouvel album. Pour finaliser leur projet, ils sont à la recherche de financement. Les Bacar essaient en même temps de "faire tourner la nouvelle maquette". Le groupe tournera avec l'ingé son Deenice. Ce dernier interviendra directement en live pour reproduire les nouveaux arrangements des titres.

"Tout va bien !", le Bacar garde ses musiciens : Philippe à la batterie, Jean-Marc à la basse et contrebasse, Olivier à la guitare et Marco au chant et à l'accordéon. Enki est toujours à leurs côtés. Personnage fictif véhiculant les messages de leurs chansons, Enki continue à exprimer "la banalisation de l'horreur". Cette fois "la crise", un autre "clin d'œil sur la médiation", et malgré elle, "tout va bien !".

Le nouvel opus des Bacar compte dix titres. "Ta misère", "Punks à chien", "Libertalia", le seul morceau repris de l'ancien album, "La dérive des incontinents", pour ne citer qu'eux, sont à écouter inlassablement.

Les quatre troubadours continuent à parler des choses qui nous entourent, en créant des univers et des histoires avec des personnages qui incarnent "ce qui se passe ici, des sujets de société, l'évolution de l'île…" et toujours dans l'esprit de la chanson française.

 

Rafik

 

Le Bacar en concert le 3 avril au Barakili, le 17 avril Chez Lucho, le 30 avril au BarFly, le 2 mai à l'ACHM en Petite Terre. D'autres dates sont à confirmer.

02/04/2009 – Anyme sort son 4ème album

 

 

{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}hant et guitare. La recette a fait le succès de l'artiste mahoraise. Installée à Londres depuis quelques années, Anyme ne soupçonnait pas l'accueil unanime que le public insulaire réserverait à son nouvel opus. En moins d'une semaine, les 500 disques commandés se sont littéralement arrachés. Que les fans se rassurent, d'autres sont arrivés, malheureusement disponibles uniquement à Chirongui.

"Myla, c'est trois ans de travaux, d'écoute et de mélanges. Sans aide aucune", dit Anyme déçue, mais fière. Si la jeune mère d'un petit garçon est toujours aussi heureuse de retrouver son île et sa famille, l'artiste elle, qui cours les festivals au travers le monde depuis 2005, dénonce dans ses textes "Le règne des fils de…", responsable de l'hypocrisie et de la jalousie qui règne à Mayotte. "Ici, on cherche toujours à casser les gens qui s'en sortent, qui se hissent vers le haut grâce à leurs efforts. On n'avancera pas comme ça. Chacun a sa chance".

La reprise de "Malomo Sandale" et le titre "Hypocrisie" qui cartonne sur les ondes démontrent que l'idée est partagée.

Thème universel des chanteurs, elle adresse, avec ("Kamougou"), une prière pour améliorer l'avenir du monde. Anyme se mouille un peu plus avec "Milazatcho" ("tradition" en français) : "dans l'intégration vers la République, il ne faudra pas oublier notre culture". Sur le même sujet, l'artiste rend hommage aux combats politiques des femmes mahoraises dans la chanson "Tama"

Si aujourd'hui Anyme vit de sa musique, elle n'a pas oublié les années de galère. Ainsi, c'est avec humilité qu'elle dévoile un programme de tournée à faire pâlir d'envie des têtes d'affiche reconnues. Le festival Arizona hot peace aux États-Unis en avril, ceux d'Austing, de St Léonard et de Brighton au Royaume-Uni, pour la troisième fois consécutive. Des influences anglophones de plus en plus présentes, qui l'ont décidée à produire son prochain en album en anglais. "Peut–être pas intégralement", sourit-elle. "C'est en cours, mais j'aime tellement ma langue maternelle…" Anyme a promis de revenir cet été pour une tournée dans l'île.

 

F.M.

02/04/2009 – Livre : Séance dédicace

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}R{/xtypo_dropcap}ésumé du livre : "Bline revient dans la ville de son enfance où son père, un éminent spécialiste de la période seldjoukide, a trouvé la mort dans de troublantes circonstances. Benedikt Centaure-Wattelet dit monsieur Ben mange des saucisses aux lentilles à minuit passé, tout seul dans sa cuisine à Rode-Saint-Genèse près de Bruxelles. Trafiquant d'art, spécialisé dans la période grecque pré-chrétienne, il prépare sa dernière affaire, l'apothéose de sa carrière. La jeune fille est loin d'imaginer que son père ait pu être en contact avec monsieur Ben.

Otto Von Guericke, homme féru de sciences physiques, est l'inventeur, en 1640, d'une pompe pneumatique qui permet de créer le vide. Il fait fondre à Magdebourg, ville dont il est maire, une boule de cuivre composée de deux hémisphères. Puis il convie Frédéric Ier et sa cour à assister à l'expérience dite des "hémisphères de Magdebourg". Après avoir fait le vide à l'intérieur de la sphère, celle-ci fut enchaînée à deux attelages de huit chevaux. Il leur fut impossible de séparer les deux moitiés de la boule, soudées par l'absence de pression atmosphérique. La démonstration venait d'être faite que le vide n'est pas synonyme de néant."

02/04/2009 – Tribune libre : L’île de Mayotte en devenir

 

 

 

{xtypo_dropcap}D’{/xtypo_dropcap}une manière générale et au regard de l’expérience d’autres peuples, le devenir est sans doute la motivation première de tout processus de pensée ou d’action engagé par les peuples et provocant les phénomènes de regroupements de masse dans le but de faire triompher l’idée d’un modèle de société ou le concept politique qui rassemble hommes et femmes dans la défense d’une cause commune. Le devenir dans son sens politique marque un désir commun exprimé par un peuple, une volonté commune tendant à atteindre un objectif socio-économique commun, parfois conceptualisé par un leader, ou par une collectivité de penseurs, le sens du devenir finit alors par se propager dans toutes les sphères sociales en s’exprimant comme le désir et la volonté du même aboutissement.

La revendication d’un devenir atteint son point culminant lorsque les couches populaires épousent les valeurs initiées par ses leaders ou sa classe dirigeante et qu’elles les font siennes. Dans ce cas, toute valeur autre qui ne va pas dans le sens du devenir souhaité par la masse est non avenue et ne peut avoir siège de cité.

Ainsi donc, il y a cinquante ans, le processus de revendication statutaire de Mayotte a été enclenché, son objectif : faire de l’île un département français. Au fil de l’histoire, les hommes et les femmes se sont succédés, de génération en génération la même parole a été divulguée dans l’ensemble des partis politiques et des couches sociales, les ennemis de la cause ont été désignées, les héros couronnés, puis mythifiés, immortalisés et portés par le peuple, si bien que la revendication départementaliste a constitué le seul et l’unique mot d’ordre des responsables politiques locaux. Il fut érigé en un idéal auquel l’ensemble du peuple doit se rallier, de telle sorte que le sens même de l’histoire de Mayotte ne saura être dissocié de la revendication départementaliste ou du devenir Département.

Depuis 1958, durant cinquante ans, sans cesse et au fil d’au moins trois générations, sous forme de renouvellement et de répétition des mêmes formules – "Nous voulons rester Français pour être libres" – les mêmes pensées et les mêmes idées sont revenues, une stagnation de cinquante ans. Les militants se sont relayés jusqu’au 29 mars 2009, date à laquelle les derniers porteurs du flambeau ont concrétisé l’aboutissement du processus de devenir en signant un plébiscite de 95% de vote en faveur du "oui" à la départementalisation.

S'il y eut cinquante ans de revendication, cinquante ans d’engagement et de militantisme pour un devenir commun auquel se sont ralliées plusieurs générations, c’est que chaque génération a eu conscience du point d’aboutissement attendu et régulièrement retardé par la France, à savoir le statut de Département. La transformation de Mayotte en Département en 2011, portant à sa satisfaction le désir, la volonté de ce devenir devenu réalité signifie–t-elle la fin d’une ère et le début d’une autre ou plutôt la continuité des mêmes discours et des mêmes clichés stériles puisant dans le passé militantiste les arguments, les raisons de s’exprimer et de légitimer le discours politique.

 

"Il est plus que temps de jouer enfin un nouvel air pour cette nouvelle ère qui s’ouvre"

 

Si c’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour Mayotte, le devenir de l’homme et de sa société à l’intérieur du statut de Département sera et doit être la première préoccupation politique, économique et sociale. Cela implique dès lors une urgence de révision du discours politique, des zones de débat et une orientation nouvelle de la problématique sociopolitique et économique.

L’homme politique, l’intellectuel et les médias doivent avoir d’office un discours capable d’émettre les hypothèses d’une société en devenir, de proférer les projections sociales probables, de définir un mode de société souhaitable, d’enclencher une réflexion tournée vers l’avenir, de dépasser le discours de la presse et de la politique focalisé sur des bribes de mémoire, sur la sacralité d’un passé mythifié, le perpétuel retour des pères et mères d’une cause déjà acquise en se déclarant eux-mêmes héritiers du combat, d’aller au-delà de la revendication d’un combat quinquagénaire abouti le 29 mars 2009, de dépasser le systématique éloge des artisans mythifiés du mouvement, de finir avec la mystification religieuse de la politique.

Il est plus que temps de jouer enfin un nouvel air pour cette nouvelle ère qui s’ouvre, que les notes jouées par les épilogueurs du référendum, les rhéteurs du mouvement, les interlocuteurs politiques et médiatiques de la logomachie adoptent enfin le discours du défi, celui qui éclaire, qui annonce la réflexion réelle sur le nouveau devenir à féconder aujourd’hui, le défi d’inscrire le discours politique, médiatique et intellectuel enfin, enfin ! Enfin maintenant ! Autour des véritables questions des sociétés actuelles.

Car en votant à 95% pour la départementalisation de Mayotte, les Mahorais doivent comprendre qu’ils ont fait le choix d’intégrer un mode de société de modernité mesurée dans sa logique de consommation, de croissance, de profit, en un mot un mode de société capitaliste avec tout ce qui s’en suit, avec ses risques pour l’homme et ses périls pour l’environnement, ses avantages modernisants et progressistes et ses inconvénients écologiques. C’est uniquement dans ces zones nouvelles qui vont très vite devenir des réalités locales que le discours peut avoir un sens, au-delà de ces sphères de la problématique socio-économique et politique contemporaine aucun sens n’est envisageable.

Une page se ferme, une autre s’ouvre et les questions sont nombreuses : quel est le sens de sa lecture ? De gauche à droite ? De droite vers la gauche ? Quel sens donner à ces vocables nouveaux qui apparaissent : fiscalité, citoyenneté, égalité, pouvoir d’achat, mais surtout développement, progrès, croissance, profit, partage des richesses et le maître mot le capitalisme, la crise, la dette de l’Etat, la conjoncture… La liste est longue, mais voici les mots qui ont fondé depuis deux siècles les sociétés industrialisées, devenues sociétés capitalistes et sociétés de consommation que les Mahorais désirent et espèrent (même si nombreux seront ceux qui ne voudront pas l’admettre) ?

 

"Le monde entier est en quête de formules nouvelles pour repenser, recréer une dynamique qui pourrait relancer l’économie mondiale"

 

Cette réalité a été survolée par un mois de campagne électorale et plusieurs années de réflexion sur le devenir de Mayotte. On se focalise toujours et encore sur l’identité mahoraise et les spécificités, débat alors dépassé. La propagande pour le "oui", si elle s’est attardée sur un point pertinent, ce fut sur la fiscalité. Mot magique, définition à rebours, récitation des schémas prêts à exposer. Mais qu’en est-il de la globalité d’un système de développement reposant sur le concept de création des richesses dont parle aujourd’hui le secrétaire d’Etat à l’Outremer monsieur Yves Jégo, qui dès l’annonce des résultats du référendum fixe les lignes du devenir nouveau.

Selon le secrétaire d’Etat, la création des richesses doit se faire à travers la création des entreprises, l’emploi, la consommation et la croissance ? C’est cet espace de réflexion qu’il faudra aborder, de front et en connaissance des réalités locales avec une France et l’ensemble d’un Occident en crise.

Le penchant vers un modèle – la société de consommation, des industries de création de croissance à l’occidentale – bute de suite sur une réalité indéniable aujourd’hui : la chute d’un système capitaliste en crise. La crise que connaît l’ensemble du monde capitaliste s’exprime comme une mise en cause de l’ensemble des vocables normatifs et référentiels des systèmes d’organisation socio-économiques, celui-là même de la France entre autres. Les notions de consommations, de profit et de croissance, les mécanismes de création de richesses sont remis en cause par la crise actuelle qui fait de l’Occident le serpent qui se mord la queue.

Sans abris, chômage, seuil de pauvreté, corruption, endettement, démagogie sont la réalité de la France de Nicolas Sarkozy, cravachée en pleine figure par une crise qui étouffe son économie. Face à la saturation de ces sociétés, tout devenir est compromis, saturation du désir, saturation du matérialisme, crise sociale, crise individuelle, égoïsme, cupidité, fraude, corruption, une économie amorale et mafieuse, malversation d'un système économique détruit par ceux-là même qui constituent ses gardiens à Wall street, dans les grandes firmes devenues les maîtres du monde, les PDG des grandes entreprises de France, les PDG des banques.

Le grand problème des sociétés de consommation actuelles, c’est que leur industrie a créé un excès de désir, une surconsommation des produits d’une part et d’autre part des profits mal distribués, des amoralités d’un marché anarchique tels que le Président (le messie) Nicolas Sarkozy parle désormais de moralisation de l’économie du marché. Des décrets d’urgence sont pris par le Premier ministre François Fillon contre les patrons voraces qui bénéficient de stock options et de parachutes dorés.

La crise actuelle parachève un système qui a été pensé après la deuxième guerre mondiale et qui s’est institué en modèle de référence. Il est évident que le monde entier est en quête de formules nouvelles pour repenser, recréer une dynamique qui pourrait relancer l’économie mondiale, non pas un capitalisme éhonté et démoralisé mais une société produisant à la juste mesure de l’homme et distribuant les richesses pour le bien-être général.

 

"Quel modèle d’économie à Mayotte ? Quel modèle d’entreprise ? Quel tourisme ? Quelle place pour l’environnement ?…"

 

Cette question de l’homme prend tout son sens à Mayotte. Elle nous impose une réflexion qui doit nous éloigner des précipitations aveugles causées par cinquante ans de soif et d’attente. Elle doit nous éloigner de la voracité cupide de ces novices matérialistes qui contre toute valeur sont prêts à tout pour briller dans leur 4×4 au détriment de toute planification sociale réelle.

On pourrait estimer que ceci soit loin de Mayotte, à l’heure où nos réalités sont celles des pays sous-développés. On peut penser qu’il n’y a pas de sens encore à parler de société de consommation, que nos problèmes ne sont pas encore les effets pervers des développements.

Je réponds d’une part qu’il y a cinquante ans la préoccupation avait été un simple statut de département, aujourd’hui le penchant est la question du développement et du progrès social dans un département français. C’est depuis le 29 mars une réalité et les questions évoquées doivent nous préoccuper aujourd’hui, pour que dans cinquante ans elles ne constituent pas les premiers handicaps de notre société.

D’autre part, pas plus qu’il y a quelques semaines, les secousses provoquées en Guadeloupe par le collectif LKP, puis en Guyane, puis à la Réunion, contre le faible pouvoir d’achat, contre les inégalités, contre les profits énormes des patrons, contre des richesses non distribuées, la misère des locaux et l’opulence des patrons, n’avaient pas été pensées en 1948, lorsque les îles des Antilles s’assimilaient aux départements français de la République…

Il n’y a d’alternative que celle d’interroger le devenir des cinquante ans à venir qui nous met désormais face à une réflexion claire sans ambiguïté : quel modèle d’économie à Mayotte ? Quel modèle d’entreprise ? Quel tourisme ? Quelle place pour l’environnement dans ce penchant au développement et à la consommation ? Qu’est-ce qu’il faut introduire à Mayotte ? Qu’est ce qu’il faut éviter pour que cette génération ne soit pas coupable de la pollution qui définitivement plongerait notre île dans l’irrémédiable catastrophe écologique, tant la terre et la mer sont les premiers réservoirs alimentaires d’une population pauvre.

Alors, quel projet social et économique réel dans une société comme la nôtre ? Quel choix entre hausse des salaires, du Smig, des aides sociales et détaxation des produits de premières nécessités ? Entre une société de consommation massive polluante, surpermonétarisée et une société puisant dans son éthique morale les valeurs qui régulent l’économie et le marché ? Entre une société de surconsommation et d’importation massive qui pollue et une société qui préserve ses atouts naturels et qui les valorise? Entre une société vitrine, des déséquilibres et des inégalités qui incitent à la cupidité, au matérialisme, à la corruption et une société défendant la mesure de la suffisance et de la justesse ?

Faudrait-il transformer la terre et la mer ou former l’homme, l’orienter, l’éduquer dans un esprit écologique en mesurant toute l’action politique, économique et sociale à son profit dans un sens d’équilibre réel, afin que le Mahorais soit non pas une machine d’achat-vente, de producteur-consommateur-pollueur aspirant à posséder, homme vide sans pensée, sans éthique, mais un citoyen responsable, avisé, compétent qui peut répondre à l’exigence d’une société ouverte au monde et sur le monde, à l’abri des perversités des sociétés de consommation et des pollutions irrévocables ?

Quel devenir de Mayotte dans le statut de département ?

 

Alain Kamal Martial

Ecrivain, dramaturge

01/04/09 – Résultats officiels de la consultation du 29 mars

Après vérifications par la commission de contrôle et proclamation des résultats par son président M. Courtial, les résultats définitifs de la consultation des électeurs de Mayotte du 29 mars 2009 s'établissent comme suit : Electeurs inscrits : 71.420, Votants : 43.831, Suffrages exprimés : 43.215. Le taux de participation est de 61,37%. Les électeurs mahorais ont répondu OUI par 41.160 voix, NON par 2.055 voix. Le OUI représente donc 95,25% des suffrages exprimés et le NON 4,75%. Ces résultats diffèrent des résultats provisoires transmis au cours de la soirée électorale. En effet, la commission de contrôle a été amenée à déclarer nuls certains bulletins. Par ailleurs, quelque 186 suffrages d'un bureau de vote de la commune de Bandrélé n'ont pas été comptabilisés pour absence de signature sur le procès verbal de transmission des résultats.

01/04/09 – La Ligue arabe rejette « l’occupation française » de Mayotte

Les dirigeants des 22 membres de la Ligue arabe, dont les îles Comores, ont rejeté "l'occupation française" de Mayotte, après la consultation de dimanche, selon leur document final rendu public mardi. Les dirigeants arabes proclament leur "rejet de l'occupation française et demandent à la Francee sommet arabe tenu lundi à Doha en présence du président des Comores, Ahmed Abdallah Sambi. de poursuivre le dialogue avec le gouvernement comorien pour parvenir à un règlement qui garantit le retour de l'île Mayotte sous la souveraineté des Comores". Cette position est exprimée dans le texte des résolutions finales adoptées par le 21 

Dans leur document final, les dirigeants arabes disent "ne pas reconnaître les résultats de ce sondage" (les 95,2 % de "oui") et "considérer les mesures que prendrait la France en vertu de ce sondage comme illégales, nulles et non avenues". S'adressant lundi au sommet de Doha, le président Ahmed Abdallah Sambi avait appelé ses pairs arabes à exprimer "leur solidarité avec le peuple des îles Comores dans la défense de son droit légitime, juridique et souverain à recouvrer l'île de Mayotte et à publier, à l'instar de l'Union africaine, un communiqué rejetant le référendum nul". "L'île de Mayotte est un territoire arabe occupé et toutes les mesures prises par l'Etat d'occupation sont nulles et non avenues", a-t-il poursuivi.

01/04/09 – Pablo Moses et U Roy en concert

La programmation du mois d'avril de la direction de l'ingénierie culturelle (anciennement service culturel) commence très fort avec un plateau reggae offrant au public mahorais de découvrir des adeptes du mouvement rasta : Pablo Moses et U Roy. Les deux artistes de renommée internationale, arrivés mardi sur l'île, se produiront au plateau de M'gombani le jeudi 2  avril à 20h, avec en première partie les reggae mens locaux Babadi, Bob Dahilou et Daddy Happy (entrée 10€).

01/04/09 – Des faux papiers pour faire face aux tracas des administrations

Hier matin, le tribunal supérieur d'appel de Mayotte a eu à juger Ali* et Saïd* qui ont été condamnés en première instance pour fourniture frauduleuse habituelle de document administratif, aide à l'entrée au séjour d'étrangers en situation irrégulière, faux dans un document administratif commis de manière habituelle et détention frauduleuse de plusieurs faux documents administratifs. Ali, citoyen français, avait écopé de 4 ans de prison ferme et de 12 000 € d'amende alors que Saïd, citoyen comorien a reçu une peine de 3 ans de prison ferme, 10 000 € d'amende et 3 ans d'interdiction du territoire français. Le procureur Marc Brisset-Foucault a demandé la confirmation des peines de première instance, mais a demandé une interdiction de territoire français de 10 ans pour Saïd.

Les prévenus, défendus par Me Sylvie Prat, ont affirmé à la barre qu'ils avaient agi de la sorte, car c'était le seul moyen de s'en sortir financièrement et de faciliter la régularisation de leurs proches. "Pourquoi en sont-ils arrivés là ? Pour Saïd, il a eu une carte de séjour pour accompagner sa fille malade jusqu'en 2006 et puis d'un coup plus rien sans explication de la préfecture, alors qu'il vit à Mayotte depuis plus de 10 ans et que ses enfants sont scolarisés ici. Pour Ali, ses démarches pour régulariser sa femme, mère d'un enfant français n'ont pas abouti. A l'heure où je vous parle, celle-ci est à Anjouan" s'est indignée l'avocate. Le délibéré sera rendu le 21 avril prochain.

* prénoms d'emprunt

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes