21/04/09 – Un chauffard sans pitié, toujours recherché
21/04/2009 – Tribune Libre – Les Rois : le trône de l’identité
Ainsi, à l’heure où les uns s’agitent – à juste titre – les mahorais ont su défendre leur «singularité» en demandant plus de République. Il me semble de fait que ce qui a vraisemblablement pesé dans ce vote est cette notion de «différence», laquelle est solidement nouée à la «quête d’identité.» Cette notion est elle-même liée à l’Histoire de Mayotte, elle en est son Histoire. Non pas cette «identité» qui a nourri tout un mode de pensée post-moderne, qui l’en a même gavée, ni cette identité telle qu’elle constitue une crispation et un repli sur soi. Cette identité-là ne se couple pas non plus avec un discours sur la «colonisation» qui, disons-le d’emblée, sinon est vide de sens, du moins est un calque abusif dans le contexte de Mayotte. Il s’agit plutôt d’une identité qui s’attèle à satisfaire la «réalisation du sujet mahorais» au sein d’un système qu’il a choisi: la République Française.
Se «réaliser» en se réappropriant son discours, en en devenant le sujet. Car, il faut le dire, le mahorais est fragmenté, il est simulé à travers des discours, des idées et des concepts dont il n’est aucunement l’auteur, mais qui font tout de même autorité. La raison en est que les vrais auteurs ont la «légitimé» de parler «au nom de.» Le mahorais a donc un effet de présence, sa voix à défaut d’être légitime, est rendue bâtarde, étouffée volontiers par des tiers. Se réaliser est, autrement dit, d’abord s’apprendre, se connaître pour épouser son discours, pour en être entièrement porteur. On ne saurait éviter les écueils d’un système choisi avec clarté sans donner une place privilégiée à la notion d’ «identité.»
Il apparaît, convenons-en, que le sujet qui cherche à se réaliser tâtonne, s’agrippe, chancèle, trébuche, se relève; en un mot, il est soumis à une permanente turbulence de va-et-vient ponctuée tantôt d’échecs, tantôt de petites victoires, souvent insignifiantes aux yeux de l’impatient, mais intrinsèquement liées aux changement. Cependant, dès lors qu’il y a changement, dès l’instant où se trace le moindre mouvement, apparaît un «avant» et un «après», l’espace-temps mesurable qui permet de constituer l’Histoire.
Entendons par-là que le futur ne peut, ni ne devrait d’ailleurs, dépendre seulement de l’ «état présent» comme dans le processus de Markov – car le présent s’appréhende plus facilement avec le passé, et le futur avec le présent. Ainsi le «présent» qui est souvent décrit comme «immédiateté» – son caractère supposé sans «média»-, «urgence», ne doit pas se dresser en dictateur face au passé qui peut, une fois maîtrisé, l’éclairer. Non point qu’il faille le renier – ce qui laisserait un trou béant entre le passé et le futur et créerait une schizophrénie – mais le rendre plus intelligible à travers le passé. Il faut, pour le dire autrement, une perpétuelle «re-présentation», c’est-à-dire une mise au jour sans complexe.
Nous voulons signifier ici que l’Histoire de Mayotte étant une «quête d’identité» permanente, cette notion ne saurait être renvoyée perpétuellement sine die alors qu’elle constitue l’énergie nécessaire au mécanisme de développement. Il ne s’agit pas d'associer passé et passéiste, mais de reconsidérer un processus qui vient de franchir une étape: le statut de Département. Apprécié sous cet angle, ce statut n’est qu’un «état» qui doit s’apprécier à travers le prisme d’autres états qui le précèdent. Ceci permet de construire un futur avec assurance et clairvoyance.
Ces «états» sont des espaces aux contours imprécis. Des espaces amorphes, des espaces-miroirs qui absorbent toute image qui se présente à eux. Au regard de l’Histoire de Mayotte, l’Histoire de la quête identitaire, il semble se dégager trois états, qui sont des situations de crise:
Le premier état est nécessairement la crise majeure de l’Histoire de Mayotte: il constitue le «Big Bang», l’incipit, l’introduction qui va façonner les discours qui par la suite le convoqueront à l’esprit avec fierté. Entendons ici la cession – ou vente, c’est selon- de l’île à la France en 1841 par le Sultan Andirantsouli. Le second est l’introduction dans les temps modernes de la notion de «Départementalisation» de l’île. Entre les deux, notons d’entrée de jeu, un fil conducteur: la volonté d’ancrage dans la République et donc de reconnaissance semble, plus d’un siècle plus tard, faire écho au désir du Cadi Omar d’être promu à la Légion d’Honneur. Une forme de reconnaissance qui témoignait de son admiration pour ce grand pays qu’est la France. C’est donc une validation et une continuité. Le troisième est les années 70 qui constitue une sorte de synthèse des deux derniers. Il s’agira ici de défendre le geste d’Andriantsouli, de montrer qu’on l’a assumé, qu’on l’épouse sans ambiguïté.
Ces trois «états» sont donc porteurs de discours, au sens foucaldien du terme, enveloppés d’une constante qui est le droit à la parole. Le droit de légitimer sa singularité face à la décolonisation, en ce qui concerne le troisième. On apprend surtout qu’en terme identitaire, Mayotte se dresse telle une «singularité» aux yeux de beaucoup: mais rien de très impressionnant dans tout cela puisque, comme souligné plus haut, les mahorais n’ont jamais eu ce sentiment d’être «colonisés.»
Avant d’en venir au quatrième «état», notons qu’on ne saurait y voir, à l’instar de A.Comte concernant l’humanité, un processus d’enfance tendant vers la maturité. Comprenons,qu’il n’y a pas lieu de constituer une dichotomie entre ce que les «anciens» ont fait – en les considérant manipulés par exemple – et ce qu’il reste à construire. Ni ne devons-nous y dresser une «rupture», mais plutôt une continuité en phase avec son temps et vigilante sur son héritage.
Le statut de département est alors le quatrième «état.» Nous le considérerons comme ultime dans la mesure où il intègre les trois états précédemment décrits avec un effet miroir intéressant: le désir évoqué du Cadi Omar, en l’occurence celui de a reconnaissance, se trouve exprimé par les présents cadis qui, loin de défendre avec une cécité Oedipienne des valeurs religieuses dans ce qu’elles ont de plus archaïque, défendent leur statut de «dignitaires », leur rôle dans la société. Le désir du Sultan Andriantsouli de confier l’île à la France pour la protéger est réitéré par la volonté farouchement défendu des mahorais de s’ancrer davantage dans la République.
Les années 70 constituent donc le moment de crise où survient la fragmentation d’un peuple qui déjà cherchait sa voie. L’Union des Comores, puis l’ONU vont le démembrer, s’approprier sa bouche, sa glotte, sa pensée et faire d’un discours fallacieux la métonymie du peuple mahorais. On le démembre et on l’invente en l’enfermant dans une gangue de «texte» de comptine politique. Il a donc une présence dans un discours où il est véritablement absent puisqu’il ne le porte, ni n’entend le porter. Pourtant, on le dédouble, l’aliène, le somme d’être ce qu’on veut qu’il soit: son corps est alors colonisé, dépossédé, au point où finalement, il n’existe qu’à travers les mots à son propos.
D’où cette dualité qui va resurgir: «Nous voulons rester Français pour être libre!» / «Karivendzé!» (ne ne voulons pas). C’est entre ce tiraillement, où le «vouloir» se situe dans un espace limitrophe entre l’être et le non-être, que l’acte de parole va donner naissance à l’esprit et la voix d’un peuple. La «réalisation du sujet» dont nous parlons passe ainsi par le texte dit, la pensée qui prend sa matérialité dans la voix; et cela sur un espace de représentation politique. Et le corps qui abrite cette voix de tout un peuple est le projet commun, le projet politique au sens premier du terme.
Succession donc de transitions qui petit à petit transforment l’effet d’identité. Nous sommes donc dans un «processus», une construction patiente, aucunement Franckeinsteinienne, -il ne s’agit pas de modeler un corps-patchwork- mais plutôt créer une symphonie, une voix plurielle dans le singulier. Ceci trouve sa plus belle métaphore dans la revendication de la départementalisation de l’île. Ce combat a donné les prémices de la politique moderne puis «post-Mayotte-département» qui reste à construire: une politique audacieuse, visionnaire, intelligente.
Par conséquent, pour que le «»sujet mahorais» advienne, pour qu’il ne soit victime d’un système omnivore friand des pertes de repères, il paraît intéressant qu’il puisse assumer son passé, quitte à le nuancer pour le marier à son temps. le «combat» pour la réalisation de l’identité du sujet mahorais permet de puiser toute la morale, toute l’étendu d’une pensée souvent caricaturée et méconnue.
En effet, en s’accrochant à une idée qu’ils crurent fructueuse pour le futur, les «anciens» ont su défendre une vision de la France qui dépasse celle que la jeunesse plus attirée par du «palpable»: Cette France qui protège, qui garantit la liberté. La France était pour eux une idée, ils la concevaient comme une force créatrice, puissante par le seul fait qu’elle chérisse la Liberté. Ils n’ont demandé que cela: la reconnaissance de leur combat. Pas de situation politique, ni de palace, mais juste vivre avec le sentiment que la jeunesse à venir goûte à la Liberté. Ils nous ont légué une devise riche, sage, claire: «Rahachiri.»
Cela signifie «nous sommes vigilants», non point paranoïaques, mais conscients. Si on décompose le mot on obtient d’une part: «Raha-chiri» (joie-siège) et d’autre part «Ra-ha-chiri» (nous somme de siège). Cela prend ainsi tout son sens: «Nous sommes les fières souverains.»
Aujourd’hui, la jeunesse se distancie petit à petit des «ancêtres», car le temps passe, car l’heure est à la «rupture», il faut montrer qu’on est plus lucide. Cependant, elle importe, transpose des discours pour prévenir un danger, par exemple l’introduction du débat de nos confrères aux Antilles que l’on doit mesurer à l’aune de notre propre identité, mais la connaît-elle? Elle s’oppose à un monstre omnivore s’appelant «Capitalisme» quand bien même elle l’a appelé de ces voeux. Ne faudrait-il pas qu’elle l’assume au lieu de jouer à Colin-Maillard avec un système qui comme l’Hydre se régénère à chaque coup reçu? Ce combat, aussi louable soit-il, n’est-il pas vain? Il nous faudrait donc prioriser le débat.
Il conviendrait ainsi, sans en faire un point de circonvolution absolu, inventer – mettre au jour- un vrai patrimoine qui ne soit pas que pur mécanisme rhétorique pour justifier le tout et le rien. Commencer donc par rendre Hommage à ces figures qui ont ouvert la voie avec tant de sagesse.
MAANDHUI Yazidou, auteur de «Le palimpseste du silence ou le silence des Dieux»
20/04/09 – François Bayrou à Mayotte pour les européennes
Dans le Pacte pour la départementalisation, le statut de Rup (Région ultra-périphérique européenne), qui permettra à Mayotte d'accéder aux fonds structurels européens, peut être atteint en 2011 ou en 2014. Pour l'instant, Mayotte ne bénéficie que des Fed (Fonds européens de développement). "Au Modem, nous voulons une vraie Rup à Mayotte le plus tôt possible, en avril 2011", a déclaré Abdoulatifou Aly, notre député, "le préalable est l'alignement du régime fiscal et douanier mahorais sur le régime national. Avec la manne financière que l'UE octroie, nous pourrons "booster" la production locale et faire en sorte que la production mahoraise ne soit plus seulement française mais européenne". Selon le député, qui affirme avoir consulté des experts, Mayotte peut s'aligner en deux ans sur le régime métropolitain : "Sinon, nous allons perdre trois années. Le statut de Rup, c'est 15 fois plus de crédits que ce que nous avons actuellement".
François Bayrou, qui en est à son huitième séjour à Mayotte, a rappelé que sa famille politique a toujours soutenu le combat des Mahorais pour obtenir le statut de département, lui qui a été le conseiller politique de feu le président du Sénat Alain Poher. "Ce que les îles de l'océan Indien peuvent apporter à l'UE, c'est la garantie que notre projet de société est universel", a souligné l'ancien candidat aux élections présidentielles. L'agriculture, l'aquaculture, les énergies renouvelables ou le tourisme sont des domaines qui pourront être soutenus par les fonds de l'UE, outre la construction de grands équipements publics structurants. "Mayotte aura la chance d'avoir notre expérience car nous avons fait des erreurs dans notre développement", a expliqué l'élu réunionnais Gino Ponin-Ballom, "à la Réunion, nous avons dû retrouver notre culture. Vous devez préserver la vôtre pour apporter cette richesse à la France et à l'Europe. Le programme européen du Modem parle avant tout de l'humain, pas d'infrastructures. C'est à partir de l'humain qu'on pourra tous vivre en harmonie".
20/04/09 – Région / Un bateau comorien fait naufrage près des côtes tanzaniennes
"Île d'Anjouan", parti de Dar Es- Salam, était sur la route des Comores lorsque les services maritimes des Comores ont commencé recevoir des signaux de détresse, jeudi à l'aube. Un bateau de transport civil comorien réquisitionné par la capitainerie, parti au secours, a dû rebrousser chemin à la suite de conditions météorologiques difficiles, d'après Mohamed M'madi, directeur des affaires maritimes au ministère des Transports. "Nous avons ensuite contacté Spanfreight qui a accepté de dépêcher le Dorian au secours de "Ile d'Anjouan", a indiqué M. Mmadi.
20/04/09 – 9ème Beach Foot Entreprises
Ce 9ème beach foot entreprises a décidément tenu toutes ses promesses. Sportivité, fair-play, bonne humeur et convivialité étaient au rendez-vous ce dimanche, plage de Sakouli. La matinée a vu se départager au cours de la phase de poule plus de la moitié des quarante équipes engagées. Après un bon repas où les joueurs et supporters de toutes les équipes ont échangé et partagé, les choses sérieuses ont commencé : la phase finale, avec les matchs à éliminations directe. Sous un soleil de plomb, c'est l'équipe de la SMTPC qui a enlevé le trophée, et remporte ainsi l'édition 2009, face aux solides joueurs de Total. Pour sa première participation, l'équipe Only Istawi décroche le prix de la meilleure attaque, et celle de la BFC celui du Fair-Play. Félicitations aux gagnants du jour et à l'ensemble des participants, qui ont fait de ce jour de sport un jour de fête.
17/04/09 – Sport / Athlétisme – Hafidhou en stage national
17/04/09 – Sport / Rugby – Demi-finales du championnat de Mayotte
17/04/09 – Sport / Démonstration de capoeira à M’roalé
17/04/09 – Sport / Les arbitres de judo en stage à l’AJP
17/04/09 – Musique / Lathéral au festival Fetibé de la Réunion
Pour Mayotte, seul l'endiablé du m'godro Lathéral participe à cet évènement. A l'instar des artistes malgaches et mauriciens invités, il est arrivé hier jeudi à la Réunion. Le chanteur mahorais se produit ce vendredi 17 avril, à partir de 19h, aux côtés de Rabaza (Madagascar) et de Kaf Malbar (Réunion).
Quant au festival Fetibé, il débute quelques heures avant, précisément à 15h30, par un défilé carnavalesque depuis le centre-ville en direction du site de Château-Morange, en même temps que l'ouverture des stands artisanaux. Suivront ensuite des démonstrations de danses traditionnelles malgaches de Tananarive et Majunga.
De nombreuses animations sont programmées les 18 et 19 avril : ateliers, contes, projections de films, danses traditionnelles, concerts, etc.
17/04/09 – Bilan de la lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte
17/04/09 – AG de l’association des maires
17/04/2009 – Handball – Excellence féminine
{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es sportifs préfèrent fêter le titre sur leur terrain pour une communion exceptionnelle avec leurs supporters. Dimanche, les handballeuses du Haïma Club de Sada n’ont pas voulu attendre la rencontre suivante et la réception de Kani-Kéli pour s’arroger le titre de championnes de Mayotte. En effet, à Haïma il y a une personne qui est bien chez elle à Tsingoni. Il s’agit de l’entraîneur Badirou Abdou et ses joueuses tenaient particulièrement à faire la fête chez lui.
Après une minute de silence en l’honneur du jeune handballeur tsimkouriote Moussa Darouèche décédé à la suite d’un accident de vélo, les Sadoises rentrent bien dans le match en infligeant aux Tsingoniennes un 0-4 en 4 minutes. Dans le même temps, la gardienne sadoise Zarianti Yacoub effectue 3 arrêts préservant sa cage inviolée. Ce n’est qu’au bout de la cinquième minute que Mariame Abdallah trouve la faille pour les rouges. Celles-ci vont revenir progressivement pour atteindre un score de parité à la 12e minute (6-6).
Bien que déstabilisées, les Sadoises laissent passer l’orage en essayant de voler des ballons pour partir en contre-attaque. C’est ce qui est fait au quart d’heure de jeu, puisque la demi-centre Zaïnatie Ahmed file seule au but par deux fois (8-10). À dix minutes de la pause, Nassuf Ali demande un temps mort pour remobiliser ses troupes. Rien n’y fait car Bela Madi Bounou et Zaïnatie continuent leur festival.
Un titre fêté chez leur entraîneur
Badirou Abdou en profite pour donner du temps de jeu à sa deuxième gardienne Mariame Saïd. À la mi-temps, les carottes semblent cuites pour l’ASCT qui accuse 7 buts de retard (10-17). Mais les joueuses au maillot ciel se relâchent et la deuxième portière de Tsingoni, Nabawia Aboudou, rentrée en fin de première période, va stopper les tentatives sadoises. La défense des rouges devient plus agressive, avec notamment une prise en individuelle de Bela par la capitaine tsingonienne Abouchirou Saïd. Côté sadois, Mariame Saïd rattrape les négligences de ses partenaires, mais le score se resserre petit à petit (22-26, 50e).
Malgré les efforts de Salama Abdou Ali, Tsingoni ne reviendra plus. Au coup de sifflet final (28-30), les supporters sadois entament le refrain “On est les champions” et dansent à n’en plus finir. Les filles de Haïma ont rempli leur contrat : conserver le trophée de championnes de Mayotte sur le plateau qui a vu Badirou Abdou devenir une grande figure du handball mahorais. La saison n’est pas finie puisque Haïma doit affronter en demi-finale de la coupe… l’ASC Tsingoni ! Déjà défaites 2 fois en championnat, les coéquipières d’Abouchirou Saïd veulent faire mentir le proverbe “jamais deux sans trois”. Pour Badirou Abdou, l’objectif est clair : gagner pour essayer d’offrir un premier doublé coupe-championnat à Haïma.
Faïd Souhaïli
Réactions
Nassuf Ali, entraîneur de l’ASC Tsingoni
Nous avons fait trop de pertes de balle et cela a adonné une bonne dynamique à nos adversaires. Leur point fort est la contre-attaque, elles l’ont vraiment exploité. Il a manqué un peu plus de rigueur sur le repli défensif.
Badirou Abdou, entraîneur du HC Sada
Je suis très satisfait de cette victoire de toute l’équipe. Je la dédie à notre capitaine Daïbadji Ahmed Jaffar qui est en stage de formation à la Réunion. Nous sommes qualifiés pour la Coupe des clubs champions de l’océan Indien qui se tiendra aux Seychelles. Désormais, on se prépare pour la demi-finale de la coupe contre cette même équipe de Tsingoni.
Fiche technique
- Haïma Sada bat l’ASC Tsingoni 30 à 28 (17-10)
- Plateau : Tsingoni
- Arbitres : Mohamed Ali et Ibrahim Nidhoimi
- Avertissements : Abouchirou Saïd et Soumety Bounou pour l’ASCT, Soiharati Halidi, Zaïnatie Ahmed et Ludmilla Silahi pour le HCS
- Exclusions 2 minutes : Hadidja Oussouffi (2), Soifia Soula et Soumety Bounou pour l’ASCT, Salima Assani (2), Sittirahada Abdallah et Zaïnatie Ahmed pour le HCS
ASC Tsingoni
- Gardiennes : Anzeli Hanafi (15 min, 2 arrêts), Nabawia Aboudou (45 min, 9 arrêts)
- Joueuses de champ : Hadidja Oussoufi (3 buts), Fatima Ahmed (1), Abouchirou Saïd (cap) (3), Soumety Bounou (2), Mariame Abdallah (8), Zaïnaba Hanafi (2) – Saoudati Hassani, Soifia Soula (5), Salama Abdou (4), Zaïnaba Youssouf.
- Entraîneur : Nassuf Ali
Haïma Sada
- Gardiennes : Zarianti Yacoub (37 min, 6 arrêts), Mariame Saïd (23 min, 3 arrêts)
- Joueuses de champ : Soiharati Halidi (1 but), Bela Madi Bounou (19), Ludmilla Silahi (1), Zaïnatie Ahmed (4), Lydia Ahamed (1), Sittirahada Abdallah (1) – Zaïnati Attibou (cap), Bibi Abdou, Salima Assani (3)
- Entraîneur : Badirou Abdou
17/04/2009 – Athlétisme : « Un marathon exceptionnel »
{xtypo_dropcap}U{/xtypo_dropcap}n doute d'autant plus sensible que le conseil général, chargé d'assurer le déplacement, venait d'annuler son engagement, se débarrassant du même coup d'une quelconque responsabilité vis-à-vis des marathoniens du RCM en cas de pépin, une fois sur place. Mais cette interrogation s'est définitivement évaporée au moment de poser pied sur le sol comorien. "Nous avons été accueillis comme des rois", affirme Corinne Redon, ravie. De A à Z, les organisateurs n'ont pas cessé de surprendre leurs invités durant ce week-end sportif.
"Rien à redire si ce n'est de féliciter les Comoriens. Je pense que pour eux c'était l'événement de l'année et il ne voulait pas le manquer". Selon Corinne Redon, 36 ans et vainqueur du marathon dans la catégorie féminine, toute la population s'est mobilisée pour que cette course soit une réussite, "et ça l'a été. L'organisation était nickel, l'accueil, le retour… L'an prochain, on y sera à nouveau", s'impatiente déjà la gagnante du 42 kms entre Mitsamiouli et Moroni.
Au niveau de la course, l'enseignante au lycée agricole de Coconi avoue avoir eu beaucoup de mal à l'achever. "C'était un parcours extrêmement difficile. On nous l'avait annoncé comme plat, mais il était au contraire très vallonné. Le soutien des habitants qui m'ont encouragée jusqu'au bout m'a beaucoup aidée". Les marathoniennes du RCM ont brillé puisque Sophie Olivier se classe 3ème à l'issue de la grande course. Sur le semi, Sidoni Bavière prend la 4ème place.
Cerise sur le gâteau, Corinne Redon a eu la belle surprise d'honorer sa victoire avec la Marseillaise, respectée et chantée en cœur par de nombreux spectateurs comoriens. Après ces trois jours exceptionnels pour les participants mahorais, les revoir au prochain Marathon des Comores n'est pas chose impossible.
I.M
17/04/2009 – Tribune libre : Aïe, aïe, ail !
{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e pluriel de ail est pourtant aussi simple que celui de travail, de vitrail ou de corail. Je dis "simple" par habitude, car les pluriels des mots en al et ail se rapportent à une grammaire très archaïque. En ancien français, bien avant Saint-Louis par exemple, on vocalisait le "l" de cheval ou de vitrail au pluriel, pour en faire une sorte de son a-o, devenu à la longue ô tout seul que l’ont transcrivait aus : cheval, chevaus.
Mais pour économiser le parchemin, les scribes avaient coutume d’employer des signes cabalistiques qui symbolisent plusieurs lettres à la fois à la fin des mots – ils opéraient des réductions, et pour le groupe us ils traçaient x, d’où un cheval, des chevaux (prononcé vô). Or, peu à peu, les copistes oublièrent que ce x représentait le groupe us et voulurent rétablir un u qu’ils pensaient absent – ils écrivirent alors chevaux. Cela réalité était une redondance au –us, mais nul n’y songea. C’est ainsi que l’ail devint les aus, puis les aux, puis les aulx, qui n’on plus bougé. Cette série d’incohérences a beau être regrettable, elle s’étale sur tellement de siècles qu’il n’y a pas de quoi édenter un peigne !
Cela participe au charme de la langue française… Du reste on doit constater qu’à part exceptions, les pluriels en aux sont attachés aux mots les plus anciens, et les pluriels, dit "réguliers", en s, comme les festivals ou les récitals, s’appliquent aux mots récents, du moins ceux qui n’ont pas connu la guerre de Cent ans. Les chandails sont jeunes, les coraux sont vieux comme la mer…
Mais revenons à notre ail, ce qui lui vole son pluriel à l’ancienne, c’est bien sur la concurrence que crée l’homophonie avec deux autres substantifs, pas moins : eau et os. L’affrontement est tel que le mot soit d’une fréquence honnête, surtout en français de cuisine… Alors, de guerre lasse, on résigne à parler des ails – ceux-ci plus gros que ceux-là dans un autre panier. C’est un manque de fidélité à nous-mêmes. Déjà Littré faisait cette remarque désabusée : "Le pluriel aulx devient de moins en moins usité", il y a presque cent cinquante ans. Quel dommage !
Nous avons le proverbe : "Le mortier sent toujours les aulx", pour dire qu’une personne se ressent toujours de ses origines. A propos d’odeur, les aulx constituaient jadis le condiment presque unique, avec l’oignon. Il donnait du goût aux plats populaires. De nos jours surtout ! Au Moyen-âge on parle beaucoup de manger "du buef aux aulx" qui passait pour un régal… Au point qu’au XIXè siècle, avec les raffinements de la cuisine bourgeoise et le développement du palais des classes privilégiées, l’ail devint en quelque sorte synonyme de bas peuple ouvrier. Encore, il n’y a rien des vampires – oui, soutenons les aulx !
Madi Abdou N'tro
17/04/2009 – Une île en travaux
{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}ssister à des pièces de théâtre… dans un théâtre, ce sera peut-être bientôt possible à Mayotte. Les MJC qui remplissent aujourd'hui encore ce rôle n'étant pas tout à fait adaptées à ces représentations, la mairie de Mamoudzou a souhaité lancer un projet de construction d'un véritable lieu culturel. Le bâtiment sera construit sur le site de l'ancienne école de M'balamanga, sur ce qui était le front de mer de M'tsapéré, derrière l'actuel siège de la DE, "un quartier d'avenir", selon l'architecte Stéphane Aimé.
La première esquisse, rendue en septembre 2008, est encore discutée par la mairie. Le cabinet est en attente de "positions fortes du maître d'ouvrage" pour se lancer. Si l'aspect technique est aujourd'hui bien arrêté, plusieurs options sont encore possibles pour l'enveloppe du bâtiment. Ces discussions pourraient être longues. Pas d'affolement donc, les premiers spectacles ne sont pas pour demain.
Un bâtiment modulable
L'édifice d'une capacité de 120 places se veut moderne. Les gradins seront rétractables et la scène pourra se tourner vers l'extérieur. Ce dernier point pourrait permettre d'accueillir des concerts, de faire profiter l'extérieur des techniques du théâtre pour organiser des évènements de grande ampleur. "Nous ne souhaitons pas créer une image figée. D'ailleurs le théâtre d'aujourd'hui n'est plus fermé", explique l'architecte Antoine Guérin.
Avec un budget pour les travaux de 1,7 million d'euros, il devrait offrir des conditions techniques proches de la Métropole, avec certains aspects adaptés à Mayotte. "On a voulu garder des aspects culturels comme la tradition orale. Les techniques du son ne seront pas celles de Métropole. Ni amplifiée, ni travaillée : la voix aura toute sa place", explique Stéphane Aimé.
Le style se veut aussi identitaire. "On ne veut pas d'un édifice transposable n'importe où", affirme Antoine Guérin. Pour l'esquisse actuelle, les architectes ont voulu rappeler le végétal et le minéral. Le végétal avec le dôme, imaginé à partir d'un arbre du voyageur. Et le minéral avec les murs d'enceinte.
A l'ouverture du théâtre, c'est la troupe d'Alain Kamal Martial qui devrait être en résidence dans ce nouveau lieu culturel.
Juliette Piolat
17/04/2009 – Le Codis des pompiers prévu pour le 1er juin
Le centre de traitement de l'alerte du Codis (Centre opérationnel départemental d'incendie et de secours), prévu depuis plusieurs années, devrait enfin être opérationnel à partir 1er juin. "Ce sera une grande avancée pour Mayotte car on sera comme un département métropolitain", se félicite le colonel Edmond Sorribas, directeur du Service incendie et secours (Sis) de Mayotte, "ce sera même mieux qu'à la Réunion où il y a plusieurs centres d'appel qui ne sont pas centralisés, comme c'était le cas en Métropole dans les années 1980".
Les bâtiments modulaires, pour l'instant provisoires, ont été montés au fond de la cour de la caserne de Kawéni. Il ne reste plus que l'installation électrique et radiophonique à mettre en place. 15 personnes spécialisées dans la prise d'alerte seront affectées à plein temps pour traiter les appels. Ils seront formés au mois de mai par des sous-officiers professionnels. Pour l'instant, les sapeurs-pompiers se relayent deux heures par jour dans le petit local du centre d'appel. "Cela va permettre de rationaliser le fonctionnement, il y aura plus de suivi et on pourra faire passer les consignes beaucoup plus facilement", souligne le colonel Sorribas.
160 sapeurs-pompiers volontaires bientôt formés
L'autre grand chantier des sapeurs-pompiers est la construction de 5 à 6 postes avancés aux quatre coins de l'île, pour réduire les délais d'intervention aujourd'hui beaucoup trop longs quand il faut intervenir en Grande Terre, hors Mamoudzou. Dans certaines communes au Nord et au Sud, il faut plus d'heure aux sapeurs-pompiers pour pouvoir se rendre sur place. Le terrassement du poste de Chirongui est terminé et les modulaires sont en train d'être mis en place.
"J'espère l'ouvrir le 1er juillet mais j'attends la réponse du ministère de l'Intérieur pour recruter des "volontaires civils" qui seront formés en juin", explique le colonel Sorribas, qui travaille afin que le poste avancé de Kahani, pour la zone du Centre, soit opérationnel avant la fin de l'année. Des solutions modulaires provisoires pour répondre à l'attente très forte des administrés, en attendant des bâtiments en dur beaucoup plus coûteux et longs à ériger. Il a fallu plus de deux ans de travail avec les services du conseil général pour acquérir le foncier…
Aujourd'hui, Mayotte compte 160 sapeurs-pompiers volontaires qui sont en train d'être formés depuis un an : "Quasiment la totalité a suivi le module "secours aux victimes". Pour le module "incendie et opérations diverses", ils sont 40 aujourd'hui et seront 40 de plus en juin", explique le directeur du Sis, "d'ici la fin de l'année, les 160 auront suivi la totalité des 180 heures de formation". Cela permettra de recruter de nouveaux volontaires, M. Sorribas ayant quelques 300 dossiers en attente.
Le Sis ne pourra pas devenir un Sdis avant 2014
Les effectifs se renforcent et le matériel aussi : au mois de mai, un poste de commandement mobile devrait arriver par bateau et permettra de mieux coordonner toutes les interventions sur le terrain. Des interventions qui sont de plus en plus nombreuses. "Nous sommes passés de 5.269 interventions en 2007 à 7.190 en 2008, sans que les effectifs aient augmenté. Avec les deux nouvelles casernes, on devrait arriver au double", assure le directeur du Sis.
Le colonel Sorribas a également tenu à préciser que le récent voyage à la Réunion de Chemani Allaoui, président de l'Union des sapeurs-pompiers de Mayotte, une amicale loi 1901, ne préfigure pas un rapprochement régional du Sis de Mayotte avec le Sdis de la Réunion pour l'achat de matériel, comme a pu l'écrire dans ses colonnes l'un de nos confrères du Jir. "Pour cela, il faut une volonté politique commune du président du conseil d'administration à la Réunion et du président du conseil d'exploitation ici. Mais cela me paraît relativement complexe car nous n'avons pas les mêmes règlements au niveau des importations".
En tout état de cause, le Sis de Mayotte ne pourra pas devenir un Sdis avant 2014, car il devra alors être financé à 50% par les communes qui pour l'instant n'ont pas de ressources propres.
Julien Perrot
Le Sdacr devrait être bouclé en septembre
Le Schéma départemental d'analyse et de couverture des risques (Sdacr), qui prévoit notamment la construction de 5 à 6 casernes sur Grande Terre pour la sécurité des habitants hors de Mamoudzou, a été élaboré il y a un an mais n'a toujours pas été validé par le conseil général. Les différentes élections au conseil général, à la commission administrative et technique du Sis, au conseil consultatif des sapeurs-pompiers volontaires, au comité technique paritaire et à la commission administrative paritaire ont ralenti cette démarche. Les élus n'ont été désignés que lors du dernier conseil d'exploitation du Sis qui s'est tenu le 26 janvier. "Le Sdacr devrait être sorti en septembre", assure le colonel Sorribas, "mais il reste encore beaucoup d'étapes administratives à passer".
17/04/2009 – Enseignement professionnel
{xtypo_dropcap}R{/xtypo_dropcap}enforcer la cohérence entre les formations et les besoins des entreprises, trouver des solutions aux difficultés des professionnels comme des enseignants, tels étaient les objectifs affichés de cette table-ronde du lycée de Kahani, à laquelle étaient invités plusieurs entreprises de mécanique automobile, les enseignants des matières professionnelles, ainsi que le GSMA. Seule déception pour Alain Salomo, conseiller pédagogique en sciences et techniques industrielles, ainsi que Pierre Stiegler, responsable de l'enseignement technique : sur les six entreprises conviées, seules deux ont répondu présent, à savoir Renault Somiva et EMG Auto.
"Le lycée propose plusieurs formations en mécanique qui se répartissent entre automobiles, motocycles, bateaux et parcs et jardins", rappelle le proviseur Jean-Philippe Decroux aux invités. "Nous sortons chaque année 40 jeunes diplômés du bac professionnel, 30 en maintenance des véhicules automobiles et 10 en maintenance des véhicules industriels, qui sont formés en apprentissage."
Pour ces derniers, l'établissement a recours au matériel de la Colas, qui a accepté de prendre régulièrement les 10 apprentis pour une partie de la formation qui nécessite des installations trop couteuses pour le lycée. "Nous travaillons à la mise en place pour la rentrée prochaine d'une formation CAP carrosserie peinture qui fonctionnerait de la même façon. Nous avons déjà l'entreprise partenaire, ne manque que le financement du conseil général qui se fait attendre", poursuit le proviseur.
Besoin de main-d'œuvre nouvelle et mieux formée aux outils de travail modernes
Si la grande majorité des diplômés de ces formations trouvent un emploi sur Mayotte – deux d'entre eux sont même revenus au lycée en tant qu'enseignants contractuels – les entreprises peinent encore à trouver de la main-d'œuvre, preuve que l'on peut encore avancer. "Avec la généralisation du bac pro en 3 ans à compter de l'an prochain, nous perdons une année de formation", rappelle M. Salomo (avant BEP 2 ans + bac pro 2 ans). "Il nous faut donc améliorer l'efficacité de nos formations."
Responsable carrosserie chez Renault, Patrick Neger constate que les personnels savent travailler, mais n'ont aucune réelle méthodologie du travail. Il ressent le besoin de main-d'œuvre nouvelle et mieux formée aux outils de travail modernes. "Cela ne sert à rien que les entreprises investissent dans des nouveaux équipements si personne ne peut les utiliser." "La plupart ne savent ni lire ni écrire", renchérit Emmanuel Gallus de EMG Auto, "ils ont des habitudes de travail, mais ne font pas la différence entre les produits. Si on les change, ils continueront à faire la même chose avec." Les employés sont les champions du bricolage, mais vont se trouver dépassés avec les nouveaux matériaux.
Enseignant du lycée, M. Sanchez suggère la mise en place d'une formation pour adultes, une idée qui plait aux professionnels présents. Pour l'enseignant, le fait que ces "anciens" sachent faire des miracles par du bricolage est la preuve qu'on peut en faire de très bons professionnels.
Concernant les jeunes, "ils doivent apprendre à réfléchir différemment", estime Patrick Neger, à savoir : faire un diagnostique correct. "Ils ont beaucoup de mal à se remettre en question", complète son collègue M. Lemer, "et ne retiennent pas ce qu'on leur apprend d'un jour sur l'autre." Le problème de la sécurité est également soulevé par Emmanuel Gallus. Le chef de travaux du lycée propose l'intransigeance sur cette question des plus importantes. Il suggère également que les entreprises qui ont des outils de travail très récents prennent ensemble tous les élèves environ une fois par mois, afin de les familiariser avec ce matériel.
Les jeunes, mieux formés, subissent la pression des "anciens"
Autre problème constaté côté lycée comme dans les entreprises, les jeunes en stage subissent la pression des "anciens", qui leur imposent leurs méthodes de travail et refusent souvent celles des stagiaires, mieux formés mais plus jeunes qu'eux. Un constat qui fait à nouveau dire qu'il faudrait de la formation pour adultes, ce que le proviseur estime faisable rapidement. "Il est tout à fait possible de faire de la formation continue pour les salariés par le biais du Greta si les entreprises se montrent intéressées", annonce M. Decroux, suscitant le vif intérêt des professionnels.
Autre possibilité jugée intéressante par les invités, la mise en place de FCIL, des formations complémentaires d’initiative locale. Ces formations, qui durent un à deux ans, portent sur un domaine spécifique dans le but de répondre à un besoin local défini par les entreprises. Elles s'adressent à tout type de public, généralement pour compléter un CAP ou un BEP, voire un bac pro. Pour conclure la rencontre, les professionnels ont été invités à visiter les ateliers de formation du lycée. Ils ont été agréablement surpris par la qualité du matériel de pointe dont dispose l'établissement.
Hélène Ferkatadji
Le dialogue entreprises/formateurs se renforce
Approfondir la cohésion entre les formations professionnelles et les besoins des entreprises et renforcer les partenariats est une volonté dans l'air du temps. Alors qu'il y a quelques semaines, le GSMA organisait une table-ronde sur les métiers de bouche, à laquelle étaient invités les entreprises et les formateurs, jeudi dernier le vice-rectorat invitait l'ensemble des entreprises partenaires de l'Education nationale, soit plus de 300, à une conférence sur la formation professionnelle. Une convention cadre élaborée par le vice-rectorat a été proposée à la centaine d'entreprises qui a répondu à l'appel et participé aux débats. Les documents relatifs à cette rencontre sont disponibles sur le site internet du vice-rectorat.
17/04/2009 – Un terrible constat nécessaire
{xtypo_dropcap}J{/xtypo_dropcap}eudi matin à l'hôtel Sakouli, le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) de Mayotte a présenté aux cadres des collectivités locales les résultats d'une enquête réalisée en 2008 dans 6 communes pour analyser les besoins en formation des agents. Le CNFPT n'existe à Mayotte que depuis 4 ans, alors qu'il a été créé en Métropole en 1984.
Réalisée avec l'aide du cabinet conseil Mediaterra, cette enquête a permis de dresser les bases d'un Schéma régional de formation pour que le CNFPT adapte l'offre nationale de formation aux attentes particulières des agents mahorais. Le constat du manque de formation des agents est en effet à des lieux de qu'on peut observer en Métropole : 15 à 25% des agents (soit plus de 1.000 agents) sont non francophones et/ou analphabètes et 65% d'entre eux n'ont jamais suivi une seule formation dans toute leur carrière.
Parmi les agents apparentés à la catégorie C, 59% ont seulement un niveau d'école primaire ou coranique, 31% le brevet des collèges et 11% ont un niveau "lycée ou plus". Chez les cadres apparentés à la catégorie A, le constat n'est pas vraiment plus brillant puisque 47% d'entre eux sont des autodidactes et seulement 24% ont fait des études supérieures longues.
Joël Domasson, directeur du cabinet conseil Mediaterra, a souligné que les efforts du CNFPT doivent avant tout se diriger vers l'apprentissage du français en milieu professionnel pour les non-francophones et la formation de nouveaux effectifs en gestion des ressources humaines et en cadres intermédiaires de catégorie B, qui font pour l'instant cruellement défaut. Le management de proximité serait une des solutions à la désorganisation générale des services.
Jérémy Blazquez, directeur régional du CNFPT, a reconnu qu'il est impossible pour son organisme de former tous les agents des 25 collectivités locales de Mayotte d'ici le début de la départementalisation. Il espère néanmoins que toutes les collectivités auront d'ici 2010 leur schéma de formation, avec des fiches de poste et une réflexion sur la concordance entre les compétences des agents et leurs missions.
Avec la départementalisation, de nouvelles compétences et donc de nouvelles missions seront transférées aux collectivités locales, sachant qu'aujourd'hui le taux d'expertise (nombre de cadres A pour 10.000 habitants) est 3 à 5 fois moindre qu'en Métropole et qu'il y a moins d'un agent pour 100 habitants, contre 2 à 3 pour la moyenne nationale.
"Nous avons à bâtir ce pays et chacun de nous doit prendre conscience de cette responsabilité qu'on ne voit pas encore forcément mais qui va très vite arriver", a déclaré Ahamada Ousseni, maire de M'tsangamouji et délégué régional du Comité régional d'orientation, "nous devons montrer à l'Etat que nous sommes prêts à les assumer".
Julien Perrot
17/04/2009 – Economie : Production d’ylang-ylang
{xtypo_dropcap}"C'{/xtypo_dropcap}est une chance que Jean-Paul Guerlain ait eu un ce coup de foudre pour Mayotte. Son nom reste fameux dans le monde entier. Son association à la plantation ici est un plus pour Mayotte. Vu du Japon, Guerlain ça veut dire quelque chose." Personnage atypique dans le monde très fermé de la parfumerie de luxe (voir encadré), Nicolas de Barry a créé un parfum naturel intitulé "Ylang de la plantation Jean-Paul Guerlain" qui met l'essence extra d'ylang-ylang au centre de la composition, alors qu'elle est d'habitude utilisée seulement en accompagnement. Pour lui, "son principal intérêt est qu'elle donne une note florale assez sensuelle. On essaie de ne pas trop en mettre car sinon c'est entêtant, mais c'est comme une très belle femme".
Ce grand voyageur affirme que l'ylang est aujourd'hui à la mode et que la demande mondiale ne va cesser de croître dans les prochaines années, en particulier pour les produits cosmétiques, comme les huiles de massage. Il a ainsi pu voir que dans les spas de Bali, Sao Paulo ou Shanghai, le massage à l'ylang est le plus répandu, avec celui à la citronnelle. Prenant l'exemple de la lavande à Grasse, il affirme que la filière française a pu être sauvée grâce à la vente d'autres produits que l'essence, la distillation ne représentant aujourd'hui que 10% du chiffre d'affaires de la production de lavande française.
Un peu comme les crus de grands vignobles, c'est sur certains territoires que l'on trouve les meilleures essences, comme la cannelle du Sri Lanka, la rose de Bulgarie et de Turquie ou le jasmin d'Inde. Pour l'ylang, c'est Mayotte qui obtient la palme, selon ce grand parfumeur qui a senti des centaines d'échantillons. Il y a 100 tonnes d'huile essentielle d'ylang qui est exportée dans le monde chaque année. Avec ses 7 tonnes exportées en 2008, "Mayotte a besoin de mettre en avant la qualité, le haut de gamme, le label écologique pour se démarquer", affirme ce fin connaisseur du marché mondial.
Les labels produit bio et agriculture durable permettraient de vendre l'essence beaucoup plus cher et aideraient donc à viabiliser la filière dans laquelle certains jeunes commencent à se lancer. Cela nécessite une décision des pouvoirs publics qui peuvent investir là comme ils l'ont fait pour l'aquaculture, en finançant une structure à même de relancer ce secteur. Chargée d'études, de la collecte et de la diffusion d'informations aux producteurs, de coordonner les aides potentielles et relayer leurs besoins, cette structure pourrait être installée dans les locaux agricoles du CG à Coconi, non loin des producteurs de Ouangani et Combani.
Le "problème" de la cueillette, souvent mis en avant avec le recours aux clandestins, pourrait être résolu avec le statut de saisonniers et la mutualisation des besoins de main-d'œuvre des producteurs, ce qui offrirait du travail à des personnes sans qualification particulière qui représentent une masse importante de demandeurs d'emplois.
Le système de chauffe à pétrole rendrait la filière plus rentable
"Le problème est que la fabrication de l'essence ici coûte plus cher qu'à Anjouan ou Madagascar. Il faut que les pouvoirs publics structurent la filière et l'aident sérieusement pour en augmenter la qualité et la vendre plus cher, et donc rester compétitif. Ca sera simplement un produit touristique sinon." Pour qu'il y ait un label écologique par exemple, il faudrait reboiser les zones de déforestation engendrées par la chauffe au bois. "Cela demande une prise de conscience des autorités qui doivent prendre en main la filière et lui donner des financements".
Il y a une dizaine d'années, M Oheix avait importé un système de chauffe à pétrole sous pression, manuel, de type Pétromax, qui en plus d'être plus rapide (14 h de "cuite" contre 20 à 24 h pour la chauffe au bois) est beaucoup moins fatigant, permettait d'obtenir davantage d'essence extra et première grâce à une température très régulière, contrairement au bois encore actuellement utilisé. Cette initiative n'a pas obtenu à l'époque le soutien des pouvoirs publics, malgré tous les avantages que cela aurait apporté en termes de coûts financiers mais aussi écologiques, avec des milliers de mètres cubes de bois qui auraient été épargnés.
Pour augmenter la qualité, il faudrait mieux connaître l'arbre, la fleur, développer de nouveaux procédés et importer du matériel, par exemple pour maintenir l'essence stockée à basse température afin qu'elle conserve toutes ses propriétés. Et il faut faire vite, car si les pieds d'ylang ne sont plus entretenus, ils continuent de pousser et finissent coupés, remplacés par du manioc ou des bananes. Aziz Sam préconise dans ce sens une étude scientifique sur l'ylang, l'arbre, sa fleur et son essence, car les connaissances en ce domaine sont assez restreintes.
Diversifier les essences en prenant l'ylang comme "locomotive"
En créant des liens avec les professionnels, des techniciens et des ingénieurs de la Daf ou du Cirad pourraient venir conseiller les producteurs. "Il est vital que les autorités fassent quelque chose pour l'ylang, en baissant les charges sociales, en soutenant la filière et en autorisant des permis de construire sur les exploitations", explique M. Sam. De plus, "l'ylang représente un grand atout pour le tourisme : beaucoup de gens sont très intéressés par la visite des plantations et la distillation".
Outre la modernisation du matériel ou les aides indispensables pour relancer la filière, les producteurs pourraient également diversifier leur production : "On pourrait aussi distiller d'autres choses comme le poivre, le gingembre, la citronnelle, le combava ou la cannelle, pour le marché local ou régional, grâce à la "locomotive" qu'est l'ylang", préconise Nicolas de Barry. "Il faut que l'île se réapproprie son nom d'île aux parfums. Les bonnes volontés ne manquent pas, il ne faut pas les décourager".
Julien Perrot
Nicolas de Barry, personnage atypique de la parfumerie de luxe
Nicolas de Barry est un personnage atypique dans le monde très fermé de la parfumerie de luxe. Sociologue et politologue de formation, il a reçu un prix d’Histoire de l’Académie Française, a publié une quinzaine d’ouvrages, dont un roman et une pièce de théâtre, et exercé des fonctions diplomatiques, avant de se lancer dans la parfumerie en 1992.
Sa vocation est née de ses rencontres avec Edmond Roudnitska, le génial créateur de Diorissimo ou Eau Sauvage, Françoise Marin, longtemps directrice de l’Ecole de Parfumerie de Givaudan-Roure à Grasse et Rodrigue Romani. Nicolas de Barry aime à leur rendre hommage : "la parfumerie est un artisanat d’art. On apprend par le contact avec des maîtres. Je me situe dans une tradition, dans une continuité".
Après une première carrière au Brésil où il a créé des parfums personnalisés pour des stars de la haute société, il a acquis en France le Château de Frileuse, près de Blois (Val-de-Loire), où il a installé un "Atelier de Parfums" et un "Jardin des Senteurs". Il y crée des parfums et reçoit ses clients, comme la comtesse de Paris pour laquelle il a composé un parfum sur mesure. Il organise aussi des workshops et des master class dans son château et dans le monde entier. Auteur de plusieurs livres sur la parfumerie, il est également secrétaire général du Prix international du Parfum qu’il a fondé en 2000.
Comme parfumeur, il a créé en 2003 une collection intitulée "Les Parfums Historiques" et a reconstitué, avec une grande fidélité, les parfums de George Sand, de Marguerite de Valois (la Reine Margot), de Louis XV et de la Marquise de Pompadour. Très attaché aux matières premières naturelles, soucieux de se fournir dans le monde entier aux meilleures sources, Nicolas de Barry propose désormais une série de parfums 100% naturels autour des plus rares et précieuses essences comme le bois d’aloès, la rose de Grasse ou celle de Crimée, le lotus bleu de Thaïlande… et l'ylang-ylang de Mayotte.
Production et utilisation
La distillation des fleurs d’ylang-ylang a été lancée à Manille aux Philippines vers 1860, par un marin du nom d'Albert Schwenger qui séduit par l’odeur des fleurs, aurait parcouru la campagne avec un alambic pour récolter et distiller de petites quantités de fleurs. Peu de temps après, la culture de l'ylang- ylang sera entreprise à grande échelle par les planteurs des possessions françaises de l’océan indien pour le compte des parfumeurs français. En 1909, on rapporte qu’il y avait 200.000 arbres à ylang-ylang cultivés à la Réunion, mais leur culture fut ensuite abandonnée en raison de la fréquence des cyclones. Une production commerciale à grande échelle s’est par la suite développée à Nosy-Bé (Madagascar) et dans les îles des Comores. Actuellement la production se fait pour l’essentiel dans les Comores, Anjouan et Mayotte. Avec 50 à 70 tonnes d’essence, les Comores tiennent le rang de premier producteur mondial. La production malgache se situe dans une fourchette de 15 à 20 tonnes par an.
L'ylang-ylang constitue la principale culture de rente de Mayotte, dont il représente l'essentiel des exportations, consolidé récemment par l'aquaculture. Celles-ci se sont élevées à environ 14,3 tonnes d’essence en 1997 sur une production mondiale de 100 tonnes d’essence. La production d’ylang-ylang était alors réalisée par 380 producteurs sur une superficie de 500 hectares environ (204.000 pieds). Chaque arbre peut produire 3 à 4 kg de fleurs par récolte.
La distillation de la fleur fraiche d'ylang-ylang se fait à l’eau dans des alambics qui permettent d'extraire une huile essentielle en plusieurs fractions. La distillation dure près de 20 heures, les meilleures fractions étant recueillies dans les deux premières heures. Le produit des différentes distillations se distingue suivant la densité de l'essence : extra s, extra, première, deuxième et troisième. Les fractions extra supérieure et extra normale, ainsi que première sont destinées à la parfumerie de luxe, les deuxième et troisième étant destinées aux cosmétiques, aux savons et aux détergents.
Un hectare produit entre 900 et 1 500 kg de fleurs, correspondant à une fabrication de 18 à 30 kg d'essence par an. Il faut compter donc environ 100 kg de fleurs pour faire 2 kg d'essence. L’essence d’ylang-ylang est destinée à la préparation des certains parfums de luxe, de produits cosmétiques et de produits destinés à l’aromathérapie.
Cet arôme a été rendu célèbre en 1926 par Coco Chanel avec le parfum "Bois des Iles", puis 1938 par Patou avec "Joy". Il rentre aujourd'hui dans les notes de base de nombreux parfums.
Des usages multiples
On prête à l'essence d'ylang de multiples propriétés : ce serait un excellent régulateur du système cardiaque. Tonifiant ovarien et testiculaire, il constituerait un aphrodisiaque de choix. On l'apprécie aussi pour ses qualités d'antidépresseur, de sédatif, d'antiseptique pour les voies intestinales et son influence bénéfique sur les problèmes de circulation sanguine.
L'essence d'ylang-ylang est donc indiquée aux personnes souffrant de tension artérielle élevée, de gastro-entérite, de nervosité (dépression, insomnie, excitabilité, essoufflement dû à l'anxiété), ou de frigidité. Véritable solution miracle, elle combattrait aussi très efficacement les peaux grasses et embellirait les chevelures.
En Asie du sud est, l'huile d'ylang-ylang sert à aromatiser les bonbons, les glaces, les boissons et le chewing-gum. Comme additif alimentaire, elle ne présente pas de risque pour la santé aux doses recommandées.
Les armoiries de Mayotte, adoptées en 1982, comprennent deux fleurs d'ylang-ylang sur l'écu central. Cette fleur fait partie du patrimoine de Mayotte, a participé à lui donner son nom d'"île aux parfums" et pourrait constituer une belle image et une source d'emplois pour son avenir, à condition de réussir à relancer sérieusement la filière.
Avec Wikipédia