Accueil Blog Page 714

29/04/09 – 2.400 m² de panneaux s(c)olaires

Ce mardi en présence des directeurs de Tenesol et d'EDM, le vice recteur a inauguré les 2.400m² de panneaux photovoltaïques installés sur les toitures du collège de Koungou, la plus grosse installation photovoltaïque de l'île à ce jour. D'une puissance de 350 kilowatts, cette installation permettra d'alimenter environ 350 foyers et n'est que la première d'une longue série. L'entreprise Tenesol doit installer des panneaux solaires sur les toits du collège de Passamainty en juillet pour une puissance de 437kW, puis sur les collèges de M'gombani (246kW) et Dembéni (217 kW) d'ici à fin 2009. L'entreprise SCEM installe actuellement des panneaux sur le toit du collège de M'tzamboro (175 kW) avant de s'attaquer à celui de Tsingoni (215 kW). 

M. Pistarino, directeur de Tenesol, a tenu à préciser l'impact de tels marchés sur l'emploi à Mayotte. Après avoir débuté avec des agents venus de la Réunion, l'entreprise a embauché 5 CDD en 2008, dont 3 se sont transformés en CDI de chefs d'équipes ; elle embauche en 2009 32 personnes, dont 18 affectées aux installations sur les collèges. Le personnel est pour l'instant formé dans l'entreprise mais le vice recteur, qui ouvre un BTS électrotechnique dans le futur collège de Dembéni, pourrait envisager la mise en place d'une formation professionnelle dans le photovoltaïque en partenariat avec les entreprises locales.

29/04/09 – Grève au Comité du tourisme

L'ensemble des salariés du comité départemental du tourisme de Mayotte (CDTM) a décidé de se mettre en grève illimitée dès ce mercredi 29 avril. Un mouvement porté par le syndicat Force ouvrière, qui s'appuie sur les déclarations tenues par le président du comité, M. Chanfi, à l'occasion de la session plénière du lundi 20 avril au conseil général, considérant qu'elles portent atteinte à la dignité et à la crédibilité de l'ensemble des salariés. "Si cela ne tenait qu'a moi, j'aurais déjà viré tout le monde là dedans", avait-il déclaré. D'autre part, les salariés soulignent que le refus d'organiser des élections des délégués du personnel et le non respect de la réglementation en matière de droit du travail sont des signes manifestes d'abus de pouvoir et de remise en cause du droit des salariés.

Considérant que les difficultés financières de la structure sont liées à une mauvaise gestion, que les rumeurs de licenciement qui pèsent sur l'ensemble des salariés alimentent un climat social très tendu, et que les situations récurrentes et flagrantes de harcèlement, d'intimidation et de discrimination nuisent au bon fonctionnement des services, les salariés revendiquent notamment la prise en considération de leur fonction, le versement des salaires et sommes dues, et se disent ouvert au dialogue.

29/04/09 – Fin de conflit à la BFC

Retour à la normale depuis vendredi 24 avril dans les agences mahoraises de la banque française commerciale de l'Océan Indien (BFCOI). Après deux semaines de grève, les représentants du personnel et délégués syndicaux CFE-CGC et CGT Mayotte ont ratifié un protocole d'accord avec la  direction portant sur une revalorisation des salaires

bruts de 15%, soit un alignement sur la valeur des salaires nets de leurs confrères de la Réunion et de Paris. De même, selon les représentants de la CGT Ma, l'application de la convention des banques a été validée, comme l'application d'un dispositif de retraite complémentaire via le partenaire "Swiss Life". Les grévistes ont également obtenu la signature d'un contrat collectif de cotisation pour la majorité des salariés.

29/04/09 – Sport / Tennis : Alessiane Dini qualifiée pour la BNP-Paribas cup

Le tournoi préqualificatif 2009 zone océan Indien de la BNP Paribas cup Stade Français Paris, s'est tenu du 24 au 26 avril 2009 sur les courts de tennis de Pamandzi. Peu de participants étaient présents (7 garçons et 5 filles, dont 2 participants venus de la Réunion) pour essayer de se qualifier pour le plus grand tournoi au monde sur terre battue des 14 ans et moins. Selon Patrick Henry, président du comité départemental de tennis de Mayotte, le comité n'a pas pu donner tout l'éclat que mérite cette compétition, car les subventions n'ont pas été versées. Sont qualifiés Antoine Merrien de la Réunion chez les garçons qui a battu Shayan Saboor en finale 6/3, 6/3 et Alessiane Dini de Mayotte qui a gagné chez les filles en battant Adeline Verge de la Réunion 6/1, 6/3. Une belle performance pour Aléssiane qui, après sa victoire chez les seniors 3ème série, a battu en une semaine 2 joueuses mieux classées qu'elle.

29/04/09 – Sport / Volley-Ball : Zamfi et le VCKB à l’assaut de la montagne réunionnaise

VCKB – TGV et Zamfi-VBC Saint-Louis sont les affiches de la phase qualificative zone Océan Indien pour le championnat de France de Nationale 3 qui se disputera samedi après midi au gymnase de Kavani (Mayotte). Depuis que les clubs mahorais participent à cette compétition, aucun n'a franchi l'obstacle réunionnais. AM'tzamboro, la préparation est entamée et on a conscience qu'il faudra un exploit pour sortir les coéquipiers du grand Lalabe. "Le TGV (Tampon Gecko Volley) a su s'imposer en le bloquant. S'il est en forme, tout passe, par contre si on le bloque il s'énerve et perd ses moyens" résume Laïthidine Ben Saïd, président de Zamfi. 

Le VBC Saint-Louis n'est pas une équipe inconnue pour les Nordistes, ils ont déjà eu l'occasion de jouer et de s'incliner contre eux. Mais à domicile, ils vont chercher à prendre leur revanche. La même équation se pose aux Sudistes du VC Kani-Bé qui devront se coltiner le TGV. Malgré leur expérience de la CCCOI, les volleyeuses de Boucaïri Soulaïmana sont loin d'être favorites. Leur moyenne d'âge est bien inférieure, l'expérience sera donc du côté réunionnais, et il faudra un match parfait pour espérer entrevoir la victoire. Ce sont elles qui ouvriront le bal à 16h au gymnase de Kavani et les garçons suivront.

29/04/2009 – Tribune libre

 

{xtypo_dropcap}I{/xtypo_dropcap}ntéressons-nous justement au rôle ou plutôt à la posture de l’élite intellectuelle mahoraise. D’aucuns trouvent que son attitude tant à l'égard du pouvoir politique que des institutions et du personnel politique est plutôt négative : elle se referme sur elle-même et aime à penser que les responsables politiques locaux ne se préoccupent pas de leurs problèmes. D’ailleurs, sa perception de la politique est souvent en conflit avec celle des dirigeants politiques. Si bien que presque tous les cadres administratifs et intellectuels mahorais qui représentent cette élite veulent embrasser une carrière politique afin d'apporter à la cité les changements positifs adéquats.

Mais ils n'y arrivent que maladroitement. En effet, le rapport que ces jeunes cadres et intellectuels entretiennent avec le politique reste souvent trop affectif et intimiste. De ce fait, ce rapport de proximité doublé d’un rapport professionnel installe d’emblée le jeune cadre mahorais dans un rapport de clientélisme plus pervers. Force est de constater en effet que les ambitions politiques du jeune cadre vont ainsi être savamment remodelées, ensevelies dans un en deçà de contraintes professionnelles et de frustrations, et faire de lui un fidèle exécutant et un faire-valoir du dirigeant politique.

N’est-ce pas là une des traductions de la vigilance chère aux dirigeants mahorais, Ra hachiri "Nous sommes vigilants". Cette vigilance historique et politique, rappelée à tous les Mahorais tel un leitmotiv, s’exerce, subrepticement, également sur les jeunes loups qui aspirent à un bouleversement rapide de la hiérarchie politique traditionnelle. Dans une sorte de rappel à l’ordre déclamé : Ra-ha-chiri "nous siégeons" soit "[c’est] nous [qui] sommes au pouvoir" (cit. Yazidou Maandhui, "Les rois et le trône" In, Mayotte Hebdo de l'édition du 17 avril 2009). Un règne qui a l’intention de durer.

S’agissant justement de la dernière consultation de la population mahoraise du 29 mars 2009, contrairement à la conclusion avancée par Yazidhou Maandhui, dans le texte sus-cité, qui soutient que le choix du statut de département à une majorité de 95,2% par la population fut la victoire de la démocratie, "en l'occurrence [celle de] la liberté d'opinion […] [qui] fonctionne bel et bien dans la République", on y verrait plutôt la victoire de "la désobéissance intellectuelle". Une désobéissance et un renoncement que l’on pouvait effectivement observer mutatis mutandis chez l'élite mahoraise et encouragée de façon machiavélique par les dirigeants politiques locaux. C'est cette démission intellectuelle, qui ressemble plutôt à un renoncement à l’exercice de la réflexion, qui tourmente actuellement l'intelligentsia mahoraise.

Ce qui introduit une seconde lecture possible des résultats du 29 mars 2009, qui est la suivante. A savoir que la victoire du "oui" massif en faveur de la transformation de Mayotte en département et région d'Outremer tel que le prévu l'article 73 de la Constitution française devrait annoncer plutôt une nouvelle ère politique qui sera marquée – espérons-le – par une liberté d’expression et d'opinion effective. D'ailleurs, il était permis de constater un certain soulagement chez les intellectuels locaux, qui estiment pouvoir enfin s'exprimer (plus) librement sur un sujet ô combien sensible comme la départementalisation de Mayotte.

Et puis à ce propos, combien de fois n'a-t-on pas entendu le désir, inassouvi, de l'élite locale de se jeter dans la démarche de réflexion sur cette problématique, avant et durant la campagne de février et mars 2009. Certes, il y avait là une formidable occasion de faire entendre ses idées ou tout simplement d'engager une démarche démocratique et citoyenne pour participer au débat public. Il faut croire en effet qu'aucun Mahorais ne souhaitait en aucune façon rater ce moment de dénouement de "la quête pour départementalisation de Mayotte". D’aucuns s’accordaient pour dire que ce fut LE rendez de Mahorais avec l’histoire, sans doute un rendez-vous qui inaugurait une nouvelle ère dans l’histoire de Mayotte.

Cette démarche de réflexion sur la départementalisation par l’élite mahoraise aurait été louable. Mais on était obligé de constater que cette élite mahoraise était peu ou prou présente dans le débat public. En réalité, elle s’est vue tout simplement privée de parole lors de ces rendez-vous publics. Ignorée et méprisée par le politique, elle était contrainte au silence, n’ayant pas trouvé en fait les moyens d’exprimer ses idées.

Pour revenir sur la question de la désobéissance intellectuelle de l’élite mahoraise, on peut envisager plusieurs façons – du moins empiriques – d’y répondre. Durant la campagne, on pouvait constater que pendant qu’une certaine catégorie de jeunes cadres prenaient la vacance de la parole au débat public, une autre se trouvait tout simplement vassalisée – sans une aucune forme de légitimité reconnue – par ce "oui" puissant des départementalistes. De sorte que la voix de l'élite intellectuelle locale ne fut pas entendue dans les meetings. Pourtant, dans les trengwe ou places publiques, certaines voix tentaient bien de se faire entendre pour apporter notamment une critique constructive eu égard "à la pauvreté des idées développées durant la campagne pour le "oui"", comme le faisait remarquer le conseiller général d'Acoua, Soiderdine Madi, dans une missive adressée aux membres du comité pour la départementalisation de Mayotte au mois de mars 2009.

En vain. Il faut reconnaître que cet effort pour faire entendre la voix des sans voix fut d’autant plus vain que la parole des intelligences mahoraises avait le principal défaut d'être timide, hésitante. Elle finissait par s’évanouir le plus souvent dans le royaume consensuel du silence.

A propos de cette incapacité à se faire entendre ou à prendre la parole publique, il semble que l'élite locale reste en général (ou ad vitam aeternam ?) prisonnière des codes sociopolitiques qui entravent le processus démocratique au niveau local et qu’aucun de ses membres n’a encore réussi à remettre vraiment en question et à annihiler. Il faut reconnaître ces codes sont méthodiquement entretenus par le personnel politique local.

Et il semble que c’est précisément ce constat de verrouillage et d’impuissance qui pousse les cadres et intellectuels mahorais à désobéir à l’ordre de l’intellect au profit d’une autre façon d'exister dans la société. Aussi le cadre mahorais se résigne-t-il en cherchant à s’offrir des opportunités de carrière dans l'administration locale. Un choix qui le met d’emblée dans l'obligation de respecter servilement non seulement les devoirs inhérents à sa fonction professionnelle, mais également la politique irrationnelle de ses supérieurs, politiques.

Se pose quand même la question de la nature du mécanisme à l’origine ou qui sous-tend ce renoncement systématique à l’exercice intellectuel au profit des opportunités de carrière dans l'administration. Est-ce la peur de perdre son emploi, prestigieux et coquettement rémunérateur ? Ou la garantie d’accéder plus facilement ou sûrement à un mandat ou à une fonction politiques ? Il semble que l’une comme l’autre réponse peut être avancée pour expliquer cette désobéissance intellectuelle.

Cependant, il faut comprendre qu’en refusant d'user de sa faculté de réflexion, l'élite mahoraise démontre déjà qu'elle n'est pas un sujet qualifié pour exister sur le terrain politique. Et cette incapacité se révèle le plus souvent à travers sa difficulté à discourir sur un sujet purement politique sans sombrer dans le discours proprement technique. Par ailleurs, il peut observer que le rapport souvent entretenu par l'élite mahoraise avec les dirigeants locaux est de l'ordre de l’affectif et de l'acquiescement, au point qu’elle se révèle incapable de se détacher intimement du dirigeant politique.

Ce rapport hiérarchique se traduit alors systématiquement chez elle par l’adoption d’une posture conciliante. En effet, le jeune cadre ne veut pas froisser sa hiérarchie pour mettre en péril ses ambitions de carrière au sein de l'administration locale. Son rapport au politique s’enlise ainsi dans le compromis et, de ce fait, se trouve marqué par une scrupuleuse docilité intellectuelle. N’est-ce pas une forme moderne du rapport maître-esclave, dont il est question dans la Phénoménologie de l'Esprit de Hegel ? L'esclave refuse de s'affranchir de sa liberté propre. Il s'interdit la parole et l'action publique, se muselle pour se mettre à la disposition du maître. Tandis que le maître, lui, décidera, de son bon vouloir, soit de le libérer du joug administratif, c'est-à-dire de le sortir des fonctions de "bas étages", soit de lui confier des responsabilités honorables.

Certes, il est intéressant de savoir comment ce rapport dominant-dominé ou maître-esclave se résout, pour le cadre, dans une forme plus que jamais moderne, celle d'un choix arbitraire. En effet, la perte arbitraire de la liberté chez le cadre n'est pas vécue négativement comme une perte de la parole publique, mais plutôt comme le choix d’une autre forme de liberté. La liberté de travailler pour pouvoir abondamment et ostensiblement consommer. Aussi faut-il accepter le fait que le choix de cette autre forme de liberté puisse être vécu sans heurts par le cadre mahorais.

De même que la désobéissance intellectuelle de l'élite intellectuelle locale s'explique pour une bonne part par la recherche permanente d’avantages et du confort matériels, et de prestige social. A titre d’exemple, en acceptant de ranger son intelligence critique, le cadre pourrait disposer à sa guise d'une voiture de fonction, d’outils bureautiques exceptionnels, multiplier les voyages à titre professionnel (même si quelquefois les motifs avancés ne sont pas toujours valables !). A l’inverse, cette recherche du confort matériel et de conditions de vie nettement plus agréables est un argument suffisamment exploité par le personnel politique local pour affaiblir l'intelligence critique des cadres et intellectuels mahorais.

Enfin, il faut noter également que la situation politique de la société mahoraise participe fortement à cette posture de démission intellectuelle. En effet, le combat pour la départementalisation de l'île depuis un demi-siècle a fortement imprégné les mentalités. Il a fortement marqué une bonne partie des étudiants mahorais, qui, devenus cadres dans l'administration locale, n’ont que rarement mobilisé leur intelligence critique acquise dans la fréquentation des universités françaises.

Il ne serait pas injuste de dire que quand ces étudiants devenus cadres prennent la parole, souvent c'est juste pour mythifier les anciens, idolâtrer les précurseurs du combat pour la départementalisation de Mayotte. Pire, leur discours fortement contrôlé par les dirigeants locaux et les dignitaires de l'île font quelquefois l'objet d’une certaine censure sociale si ce n’est d’une auto-censure tout simplement.

En somme, il semble que cette attitude de désobéissance intellectuelle et de compromission-abdication peut être expliquée en dernière instance par une forte politisation de la société mahoraise. En effet, la société mahoraise est trop politisée, si bien que tout le monde se retrouve à faire de la politique. Les cadres, au sein de l'administration territoriale, et les intellectuels n’en font pas exception. Que nenni. Et cela ne peut qu'accroître la méfiance des dirigeants politiques locaux à l'égard de l'élite intellectuelle mahoraise. Et, naturellement, tout dirigeant politique se sentant menacé sur son trône mobilise toutes les ressources qui sont à sa disposition pour résoudre, ingénieusement ou brutalement, pour vaincre, souvent en confiant des fonctions importantes à son prétendu adversaire lorsqu’il s’agit d’un jeune cadre.

Malheureusement, les dirigeants de notre île oublient que ce trop-plein de politique nuit au bon fonctionnement des administrations locales. Mais, apparemment, ils ont tous retenu l’enseignement de Machiavel : pour ne pas se mettre à dos le prolétaire, et pour mieux le surveiller et mieux le diriger, le Prince le responsabilise.

 

 

Par Madi Abdou N'tro,

Essayiste

 

A paraître aux éditions de l’Harmattan "La départementalisation contre elle-même, le cas de Mayotte" et "Tropiques", un recueil de poèmes.

29/04/2009 – Evènement : Théâtre

 

{xtypo_dropcap}L{xtypo_dropcap}es mots de Molière, les couleurs d'aujourd'hui, des comédiens français, d'autres malgaches… Cette pièce, jouée et rejouée, trouve un nouveau souffle. Après des représentations à la Réunion et à l'île Maurice, la troupe se produira à Mayotte avant de voler vers Madagascar.

Création de la Compagnie de la Chèvre à cinq pattes (CCCP), en résidence au théâtre Jean Vilar de Montpellier, cette pièce a été produite dans le cadre du Printemps des comédiens. Son histoire commence en septembre 2007 où Hervé Dartiguelongue, le metteur en scène, part à Madagascar à la rencontre d'une culture et d'artistes. Il en revient accompagné de Féla Karlynah Razafiarison et Haingo Ratsimbazafy, deux comédiens et de Hanitra Rasoanaivo, chanteuse populaire malgache.

Autour du chant de Hanitra et d'une mise en scène colorée, on suivra le parcours de ces précieuses ridicules, en quête de changement. Hervé Dartiguelongue dit avoir choisi de travailler sur cette pièce "parce que s’y pose la question de classe sociale et de relation entre dominant–dominé", des questions restées d'actualité. L'idée de fête, un fil rouge de la mise en scène, sera agrémentée d'éléments de la tradition malgache qui ont marqué le metteur en scène lors de son voyage : le famadihana et l'hira gasy. La première est une tradition qui consiste à déterrer les morts tous les 5 ans pour changer leur linceul. La seconde, un opéra populaire chanté par des paysans. Le mélange des cultures et des époques sera donc au centre de la pièce.

 

Juliette Piolat

 

Le 1er mai à la MJC de Kani-Kéli et le 2 mai à la MJC de Sada, à 20h. Entrée : 5€. Tarif étudiant : 2€. Rens. : 0269 61 11 36.

28/04/09 – Moins de recrutements envisagés pour 2009

Jeudi dernier Jean-Paul Brouchot, directeur général de l'institut de sondage Ipsos Océan Indien, a présenté aux chefs d'entreprises, aux directeurs d'administrations et aux centres de formation la réactualisation de l'enquête sur les besoins en main d'oeuvre de Mayotte. Initiée en 2007 par la CACM (Caisse d'assurance chômage de Mayotte), cette enquête a été réalisée à

partir de questionnaires envoyés par courrier auprès de 570 chefs d'entreprises. La construction-BTP (20% des entreprises) emploie 38 % des salariés, les services marchands (38% des entreprises) 27% des salariés et le commerce (21% des entreprises) regroupe 23% des salariés. Tandis que le secteur association-action sociale- santé n'emploie plus que 4% des effectifs contre 11% en 2007, le secteur agricole subit au contraire une forte concentration puisqu'il passe de 22 à 42% des entreprises de 5 à 9 salariés. 9 salariés sur 10 sont à temps plein et les trois quarts sont employés en CDI. Les femmes ne représentent qu'un quart des effectifs. La moitié des salariés est âgée entre 25 et 35 ans.

Le moral des entreprises est au plus bas. Alors qu'en 2007, deux tiers des chefs d'entreprises imaginaient leur chiffre d'affaires en hausse pour l'année 2008, moins d'un tiers d'entre eux tablent sur une croissance effective de leur CA en 2009. Le secteur de la construction, qui représente près de 4 emplois sur 10, est celui qui pense souffrir le plus, contrairement aux entreprises agricoles. Même si la perspective de la départementalisation rend les chefs d'entreprises optimistes, la crise économique internationale et les retards de paiement des commandes publiques font que 6 chefs d'entreprise sur 10 n'ont pas confiance dans l'avenir. 59% des chefs d'entreprise estiment avoir eu beaucoup de difficultés pour embaucher du personnel, à cause d'un manque de compétences propres au métier, de spécialisation, d'expérience professionnelle et de qualités personnelles. Les ouvriers qualifiés et non qualifiés sont les plus recherchés. Dans le BTP, les métiers en tension sont ceux de manoeuvres, manutentionnaires, maçons, charpentiers, coffreurs, électriciens, chefs de chantier, conducteurs de travaux et techniciens VRD.

Dans le secteur du transport, les conducteurs d'engins, grutiers, chauffeurs-livreurs, chauffeurs de poids lourds, mécaniciens, carrossiers et moniteurs d'auto-école sont les plus recherchés. Dans le secteur socio-éducatif, il manque des professeurs, des instituteurs, des formateurs, des assistantes maternelles, des puéricultrices, des animateurs, des éducateurs et des travailleurs sociaux. Enfin, dans le domaine de la santé, il faudrait former davantage d'infirmiers, d'ambulanciers, de pharmaciens, de préparateurs en pharmacie, de vétérinaires, de kinésithérapeute et autres spécialistes, de secrétaires et d'assistants médicaux.

28/04/09 – Grève à la direction de l’aide sociale générale

L'UTFO a déposé le 22 avril dernier un préavis de grève à la direction de l'aide sociale générale (ASG), une des directions de la direction de la solidarité et du développement social (DSDS), un service qui s'occupe des paiements de toutes les prestations sociales versées par le conseil général. Les 13 agents de ce service situé actuellement dans les locaux de la Daf de Mamoudzou seront donc en grève ce mardi. "Pour mieux servir nos personnes âgées et nos jeunes handicapés, le personnel exige une amélioration de leurs conditions de travail" peut-on lire dans le communiqué transmis à la presse. "Nous avons de vieux ordinateurs, le personnel n'est pas formé. Il ne s'agit pas de juste mettre quelqu'un devant un poste de travail" explique Dhoimrati Mtrengoueni, trésorière adjointe de l'UTFO.

"On déménage sans cesse, il est temps que la population sache que s'il y a des retards dans le versement des prestations, c'est parce qu'on ne nous a pas donné les conditions optimales pour réaliser notre travail". Après avoir été installé dans les bâtiments du Cnasea puis dans ceux de la Daf, les agents devraient en effet déménager une nouvelle fois à Cavani au mois de juin. "Nous voulons une stabilité des locaux pour mettre en place nos logiciels, c'est comme si on tournait en rond et on en a marre !". Les problèmes s'accumulent depuis la décentralisation opérée en 2006 et les agents veulent montrer que si ce service, pourtant indispensable pour les catégories de population les plus défavorisées, n'est pas opérationnel, cela ne relève pas de leurs responsabilité mais de celle du conseil général.

28/04/09 – Un camion prend feu à Kawéni

Un camion de la Smart qui circulait en direction de Mamoudzou a pris feu aux abords de la Mardi 28 avril 2009 Ste Valérie – FI n°2310 décharge de Hamaha vendredi dernier vers 8h du matin, provoquant ainsi d'énormes embouteillages. Selon le chauffeur, qui était seul à bord, le véhicule s'est subitement immobilisé sur la petite pente de la route longeant la décharge de Hamaha. "C'est en me retournant que je me suis aperçu qu'une épaisse fumée noire jaillissait derrière moi, je n'ai eu que le temps de m'éloigner", raconte le chauffeur. Alertés, les sapeurs pompiers arriveront rapidement sur les lieux du sinistre pour circonscrire l'incendie. Les policiers de leur côté ont procédé à l'audition du chauffeur pour connaître les circonstances exactes de cet incident. Encore une fois les automobilistes se sont retrouvés bloqués pendant plusieurs heures dans leur véhicule en attendant le rétablissement de la circulation.

28/04/09 – Sport / Basket-Ball : Vautour conserve son titre

Il n'y aura pas de troisième match décisif de la finale des Play Off, le Vautour Club de Labattoir a fait le break, dimanche soir au gymnase de Kavani. Champion l'an dernier, il récidive en remportant les deux matchs face à Jeux d'Afrique. Les joueurs de Pamandzi, finalistes déchus y auront cru que pendant dix minutes sur ce second duel, menant de neuf points au bout du premier quart temps. Mais la machine labattoirienne s'est alors mise en route, brisant ainsi tous les rêves du JA. Vautour conserve donc son titre, un an après l'avoir emporté face à ce même Jeux d'Afrique.

24/04/09 – Alliot-Marie et Jégo recevront les élus mahorais le 29 avril

La ministre de l'Intérieur et de l'Outremer Michèle Alliot-Marie a annoncé dimanche qu'elle recevra, avec le secrétaire d'Etat à l'Outremer Yves Jégo, les élus de Mayotte ce 29 avril à 16h30, après une réunion préparatoire qui aura lieu la veille. Conduite par le président du conseil général, la délégation comprendra les membres de la commission de suivi de la départementalisation, intégrant les représentants des partis politiques présents dans l'assemblée locale. Cette rencontre permettra de "présenter les évolutions législatives soumises au Parlement cet été, et engager la concertation sur la mise en place du futur département, notamment les aspects électoraux", en particulier le nombre d'élus et le mode de scrutin, affirme Yves Jégo dans un communiqué. Il souligne en même temps que Mayotte sera le premier Dom à assemblée unique. 

"Une loi organique sera présentée au Parlement à l'été 2009 pour transformer le statut de Mayotte, aujourd'hui collectivité d'Outremer, en département", confirme M. Jégo. M. Jégo relève que "Mayotte sera ainsi le premier département à se doter d'une assemblée unique à la fois région et département". Les quatre autres Dom sont aujourd'hui aussi régions d'Outremer, avec deux assemblées distinctes, un conseil régional et un conseil général, avec les énormes coûts de fonctionnement qui pèsent sur les populations locales. M. Jégo "abordera également les perspectives d'évolution économique et sociale de Mayotte dans le contexte des Etats généraux de l'Outremer". Le secrétaire d'Etat a aussi qualifié "d'essentiel" la poursuite du dialogue avec les Comores "pour trouver des voies d'accord sur les migrations et les échanges économiques, sociaux, culturels et renforcer ainsi l'intégration de Mayotte dans son environnement régional".

24/04/09 – Crédit Agricole : pas d’issue au conflit

Le mouvement de grève que traversent les agences de la banque Crédit Agricole de la Réunion et de Mayotte s'enlise. Après plus de deux semaines de grève, les parties se sont mises autour de la table par deux fois, mardi et mercredi, sans aboutir à aucun accord. Les principales revendications, soutenues par la CFDT et la CGT qui vient de rejoindre le mouvement, portent sur une augmentation de 300 euros net du salaire mensuel, une redistribution des résultats de l'entreprise à hauteur de 33%, l'amélioration des conditions de travail, une baisse de 40% des objectifs commerciaux, la création de 30 nouveaux postes, d'une équipe volante, l'aménagement des horaires de travail, et une augmentation du budget du comité d'entreprise. Depuis le 7 avril, dix-huit agences réunionnaises et une sur deux à Mayotte restent fermées à la clientèle, plus d'un tiers des effectifs titulaires du siège et du réseau ont cessé le travail à la Réunion, et sept employés locaux mahorais sur huit se sont associés au mouvement. 

A la demande du préfet de la Réunion, la direction générale de la banque a accepté d'entamer des négociations mardi. Après deux séries de médiation infructueuses, auxquelles a participé un inspecteur du travail de la Réunion, la direction de l'établissement de crédit et les délégués du personnel et syndicaux ne sont parvenus à trouver d'accord sur aucun des points négociés. La colère grandit au sein des salariés grévistes, et trois d'entre eux auraient, selon le syndicat CFDT, entamé une grève de la faim, en protestation "contre le mépris de la direction", campant devant une agence de St Denis de la Réunion. Une prochaine rencontre devrait avoir lieu ce vendredi ou mardi entre les parties, et les syndicats ont d'ores et déjà demandé à l'inspecteur du travail chargé du dossier d'organiser une conciliation.

24/04/09 – Conférence exceptionnelle sur le climat

Yves Matthieu anime ce vendredi 24 avril à partir de 9h30 dans l'hémicycle du conseil général une conférence sur la crise climatique mondiale et les possibilités d'actions des dirigeants, mais aussi de chacun. Il est l'une des 1.000 personnes formées et accréditées par l'ancien vice-président américain Al Gore pour animer des réunions de sensibilisation sur cette crise climatique qui secoue le monde. La conférence devrait durer près de 2 heures.

24/04/09 – La mémoire en question

Alors que nous allons célébrer la fête de l'abolition de l'esclavage ce lundi 27 avril et que la direction de l'ingénierie culturelle organise de nombreuses activités autour de cet événement, la question de la mémoire revient à l'ordre du jour. En effet, si dans la mémoire collective quelques noms sont facilement mis en avant, notamment Bakar Kusu, il existe peu de lieux à Mayotte où tout un chacun peut se questionner et avoir des éléments concrets rappelant cette période sombre que fut l'esclavage. Cette question a intéressé une jeune labattoirienne, Mariamou Radjabou Boina, qui au mois d'août dernier avait été à l'initiative d'une manifestation intitulée "Liberté". Celle-ci contenait des pièces de théâtre d'Alain- Kamal Martial dont Bakar Kusu et une foire artisanale et gastronomique. 

Ce passé intéresse beaucoup de gens, mais ce genre d'initiative est rare pour essayer de le faire remonter à la surface. Ainsi, la Dic à travers le Festival des arts traditionnels présente de nombreux aspects de notre culturel issus de l'esclavage (musique, danse, chants, costumes, instruments de musique, etc.). Mais la grande nouveauté, c'est la création d'un espace commémoratif grâce à la Chaire de l'Unesco. Celle-ci a instauré un programme dénommé "La route de l'esclave dans l'océan Indien" et qui a permis le lancement de réseaux scientifiques relatifs à la traite négrière et à l'esclavage dans notre région. Un Jardin de la mémoire sera inauguré le 27 avril, place du marché à Mamoudzou à 16h.

24/04/09 – Radio Est de Bandrélé, inaugurée ce samedi

Radio Est de Bandrélé sera inaugurée ce samedi 25 avril. L'Association d'élèves de Bandrélé (AEB) organise à cette occasion plusieurs manifestations à Bandrélé, à partir de 10 heures. Au programme : un déba et un m'biwi avec les femmes du village de Bandrélé, concert de danses modernes, des animations avec remise de cadeaux, une émission halé halé et des danses traditionnelles.

UNE Mayotte Hebdo N°425 – Vendredi 24 avril 2009

UNE Mayotte Hebdo N°425 - Vendredi 24 avril 2009Recensement de la population par l'INSEE

Mayotte la jeune, la sans emploi, la clandestine

> Etats Généraux : Un lancement sous le signe de l'optimisme
> Session du CG : Redécoupage électoral, CDTM, communes …
> Politique : Mamoudzou réclame plus de conseillers généraux
> Mayotte ECO : Le retour de la brique de terre
> Tounda : Abolition de l'esclavage, A la découverte des arts traditionnels
 

24/04/2009 – Tribue libre : L’île en devenir 3

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a manière dont les départements de l’Outremer français se sont constitués autour de leur histoire varie selon les régions, même si les Antilles, la Réunion et la Guyane semblent avoir partagé un destin commun à l’intérieur de la République française, en laissant apparaître des similitudes nombreuses : l’expérience de la traite négrière, l’expérience de la mer, l’expérience d’un point de départ avec la France, l’expérience chrétienne, l’expérience de la créolisation. Force est de constater que leur réalité géographique si lointaine de la France métropolitaine et proche de peuples d’Amérique crée des contradictions nombreuses.

Celles-ci ont été souvent les lieux de réflexion et d’établissement de logiques nouvelles qui rompent parfois avec les manières traditionnelles de nommer les peuples, l’homme et le monde. Les Antilles ont par exemple mis en avant l’expérience de l’esclavage à travers la Négritude de Césaire et de Léon Damas. On y parle de civilisation de l’universel depuis ces petites îles dans un concept d’échange, de partage, du don et du recevoir, avant que Chamoiseau, Glissant et autres penseurs ne mettent en avant la condition du Créole ou l’identité créole partagée avec d’autres terres, une créolité du métissage ethnique et une créolité de langue, parfois conçue avec beaucoup de fierté comme espace de l’universel.

Cette créolité constitue l’aboutissement des premiers pas de l’Antillais, du Réunionnais sur une île à construire depuis le premier pas de l’homme et la première pierre qu’il a posée. La créolité est par ailleurs assimilée à une culture de résistance, même si elle constitue un processus naturel des peuples devenus aujourd’hui les îles du métissage. Les penseurs de la créolité se sont inscrits dans cette tendance de l’universalité, ils expliquent et démontrent que l’avenir de l’homme est dans la rencontre, le partage et l’échange entre les peuples pour faire naître une identité plurielle. L’approche de la créolité par ses penseurs relève d’une pensée existentielle inscrite dans sa dimension humaine et en rupture avec la nécessité immédiate, économique et politique. Elle prend parfois le sens d’un regain d’orgueil face au regard condescendant de la Métropole qui a toujours ignoré les revendications multiples de ces Dom.

La créolité est partagée par les quatre départements de l’Outremer et constitue une expérience composée et partagée directement avec la France, en ce qui concerne la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion. Elle est l’expérience de l’esclavage, du métissage ethnique, du métissage linguistique et du catholicisme. Depuis peu, la créolité prend d’autres allures plus immédiates, plus proches des problèmes économiques. Elle s’érige en langage de revendication contre la condition du citoyen de seconde zone, sa réaction n’est plus uniquement conceptuelle et intelligible, elle est violente et brutale, elle fait résistance et se met à la défensive, elle se veut une force de proposition, participative, décisionnelle, conceptrice des relations entre le Dom et sa Métropole. Mayotte peut tirer les leçons de cette expérience domienne des autres îles et se demander en quoi aujourd’hui les états généraux peuvent modifier la démarche de la France vis-à-vis de son Outremer ?

Quant à Mayotte, qui est en passe de devenir le cinquième département français de l’Outremer, son expérience est à plusieurs points différente des Dom des Antilles et de la Réunion. Mayotte ne s’identifie pas à l’expérience de la créolité connue de la Métropole. Mayotte, l’oubliée, l’inconnue, doit enfin se proposer dans ses composantes réelles, sans qu’elle se fasse assimiler ou absorber par des réalités d’ailleurs. Mayotte a une expérience historique unique avec la France. L’expérience de Mayotte est toute autre puisqu’il s’agit là d’un rapport construit dans le temps, marquée par des obstacles multiples, des silences nombreux. Il ne s’agit pas d’un rapport d’identification ou de volonté commune, mais d’une volonté d’appartenance.

Si les états généraux sont un espace de travail honnête, s'ils doivent tenir compte de la réalité de l’Outremer, ils doivent faire face à la réalité de Mayotte. Ils doivent entre autres laisser l’espace à la réflexion. Ils doivent permettre de penser l’île en devenir à partir d’une approche complémentaire des approches qui souhaitent répondre aux nécessités économiques et sociales immédiates, c'est-à-dire l’approche "philosophique" (j’emploie ce terme à défaut de mieux), afin d’éviter les amalgames qui inscriraient la même démarche et les mêmes propositions dans d’autres endroits du monde qui ont connu des expériences divergentes car le danger serait de penser que le statut de Dom appelle à la même gouvernance quel que soit le territoire.

Considérer les problèmes actuels, certes oui, mais à partir d’un autre point de focalisation qui dépasse les effervescences et les ambitions immédiates pour éviter de tomber dans le brouillard, le flou ou l’impatience, éviter de nous priver de notre aptitude à apprécier les problématiques de notre devenir avec objectivité, clairvoyance et en penseurs prévenus.

C’est pourquoi il me semble très important de faire entendre que penser l’avenir de Mayotte doit aussi signifier penser l’homme d’ici et son expérience ici, le saisir dans la totalité de ce qui le détermine. C’est ce que nous nous proposons dans ce volet 3 de l’île en devenir. Nous nous proposons de penser l’homme en nous mettant un peu en danger, en dépassant les sentiers battus, les a priori et les données essentiellement scolaires ou les références bien qu’avérées des théoriciens des sociétés humaines.

Nous nous proposons plutôt d’observer l’expérience d’un peuple, non pas à travers la masse en généralisant mais plutôt dans un rapport de l’homme conçu ici comme facteur de désir et de volonté. Penser l’homme invite à dépasser le parascolaire, les données et les théories toutes faites, les analogies facilistes, puisque chaque expérience est unique et c’est cette singularité qu’il faut saisir. Dépasser également le trop de réalité à savoir les actualités et les immédiatetés politiques souvent passionnelles et obsessionnelles.

Nous nous proposons de penser l’homme d’ici comme un être de volonté et de désirs, un homme qui s’inscrit dans un projet essentiel, qui peut se définir comme volonté d’appartenance. La volonté d’appartenance pose la question de l’espace, des frontières réelles et la question beaucoup moins évidente des espaces imaginaires liés aux civilisations, aux histoires, aux cultures, aux langues, à la manière dont les peuples les ont partagés. Ceci peut être englobé dans la notion de frontières imaginaires.

La volonté d’appartenance est un rapport de force entre le Mahorais, sa région, ses frontières réelles (espace et politique) et imaginaires : langues, croyances, religions, cultures, civilisations. L’homme ne peut plus être saisi dans le concept figé ou le déterminisme arrêté que nous nommons identité. Il ne peut pas non plus être projeté dans les théorisations philosophiques conçues depuis les universités européennes ou les projets politiques globalisants que constitue le statut, l’action gouvernementale à l’égard des départements d’outremer, ou dans un rapport et un projet politique uniforme et uniformisant.

La volonté d’appartenance impose de connaître l’homme puisque chaque homme dans sa société et chaque société d’hommes est une somme de désirs et de volonté. L’expérience de l’homme à Mayotte est à saisir et à étudier afin de mieux comprendre sa volonté et les désirs qui orientent ses vœux. La France doit enfin s’intéresser à ces peuples et ses histoires afin de mieux les connaître, de les respecter dans sa gouvernance.

Gouverner Mayotte impose à la France de plonger dans cette partie de notre histoire qui lui échappe, celle apparentée à la civilisation arabo-musulmane qu’elle rejette, celle qui nous lie à la culture swahilie et à une expérience partagée avec notre région, à savoir les îles de l’océan Indien, l’Afrique australe, l’Afrique de l’Est et le Moyen-Orient. Cette expérience, qui s’intensifie autour du seizième siècle, place les îles des Comores – Anjouan, Mohéli, Grande Comore et Mayotte – dans la lignée des sociétés swahilies des civilisations arabo-musulmanes liées à la suprématie de l’empire Ottoman, en pleine prospérité, une civilisation qui pouvait constituer ce qu’on appelle aujourd’hui une puissance économique, avec son califat et son sultanat.

Bien évidemment, cette expérience institue les langues, l’économie, la culture des croyances animistes et une assimilation au monde arabe durant des siècles, une civilisation régie par le monde musulman, une véritable culture des îles dominés par les illustres sultans cousins ou frères des sultans des côtes africaines. A partir d’au moins le 7ème siècle, alors que les autres îles sont encore loin d’être peuplées, Mayotte se construit déjà dès les apports malais, arabes, africains. L’île témoigne d’un peuple dans une société normée, institutionnalisée, inscrite dans une civilisation africaine et musulmane qui se résume dans le vocable swahili (de sahel, le littoral), donc peuple des côtes, ou des îles, musulmans.

Evoquer la réalité d’une civilisation musulmane, c’est signifier que l’expérience de l’île est dense et riche. Il ne s’agit pas de l’opposer à l’expérience de la traite et à l’expérience coloniale, mais d’interroger et de se demander comment, au fur et à mesure, ce qui semblait contradictoire a fini par partager le même espace et rompre les frontières réelles après la décolonisation et les indépendances. C’est dans cet intervalle entre 1961 et 2009, 49 ans, que la volonté d’appartenance prend tout son sens. Mayotte (quelles qu’en soient les motivations) affirme un choix fort, ce choix s’exprime comme le sens même de son histoire.

L’île pose les frontières nouvelles et les frontières imaginaires qui deviennent alors les socles d’une conscience collective, entretenue, marquée à l’intérieur de la société, dans toutes les couches. La volonté d’appartenance du peuple de Mayotte est un positionnement qui rompt avec les catégorisations traditionnelles : régionalisation, ethnicité, religions, civilisations, races. La révision de l’état-civil, l’adoption du droit commun et l’abandon du droit musulman (droit local) est un exemple concret de l’abandon d’une civilisation pour en adopter une autre par la volonté d’appartenance

 

Assimilation ? Appropriation ?

 

Là encore, lorsqu'aux Antilles puis à la réunion qui a suivi on a parlé d’assimilation, Mayotte peut défendre la notion d’appropriation. Assimilation pouvant signifier se faire inscrire dans un projet qui appartient à l’Autre, l’assimilation dénote d’une certaine passivité au contraire de l’appropriation qui définit ici la prise en charge active, sans entrer dans le détail nous prendrons l’exemple de Prométhée qui s’approprie le feu, qui le vole quasiment. Il apparaît donc d’une manière claire que la volonté d’appartenance est un rapport de force entre des civilisations à l’origine opposées, un espace d’accrochage où les forces luttent pour exister. Nous sommes dans le rapport de la conquête, une conquête rhétorique et non belliqueuse.

C’est dans cet intervalle que Mayotte devrait inscrire son projet de société, l’imposer à la France avec ténacité et insistance, comprendre que l’île n’a pas été intégrée, elle s’est intégrée, comprendre que rien ne sera donné que tout sera à prendre, c’est peut-être les enjeux de ces états généraux, un test pour les Mahorais qui ont le devoir de s’approprier l’outil républicain ici, pour mieux se faire entendre à Paris, c’est là sa seule alternative.

 

Alain-Kamal Martial

Auteur et dramaturge

24/04/2009 – Football Entreprise : 4ème journée du championnat DH

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e début du match AS police (en jaune) contre OGC Tilt-Oidf (en rouge), vendredi soir, voit sur le terrain s'affronter deux équipes qui se connaissent bien, se respectent, et surtout se disputent régulièrement, depuis des années, les premières places du podium. Mais depuis quelques saisons, la police a pris le dessus sur toutes les autres équipes, remportant quasiment tous ses matchs. Pourtant, après 20 minutes de jeu, les amis des coachs Olivier et André ont le privilège de prendre l'avantage grâce à un penalty, parfaitement transformé par Sorcier en pleine lucarne, prenant à contre-pied le gardien de l'AS police. Malgré les efforts déployés par les joueurs de l'AS police rien n'y changera. Cette première mi-temps leur restera cauchemardesque.

Junior, attaquant de l'ASPM, rate une première occasion d'égalisation sur un joli tir de 25 mètres qui rate à peine la barre transversale. S'en suivra une belle parade du gardien de but de l'équipe Tilt-Oidf, Rafik qui, de justesse, a eu le réflexe de dévier le ballon en corner, à la suite d'un duel avec Stéphane. Du côté de l'AS Police, 5 minutes plus tard, sur un angle fermé, surgit à nouveau Junior, seul à seul devant le dernier rempart des rouges. L'attaquant des jaunes tergiverse avant de mettre le ballon dans le petit filet. La défense des joueurs de Cavani, bien regroupée autour de Magi et Bruno, est intraitable avec les deux attaquants de choc de la police, leur laissant très peu d'espace.

L'entrée en jeu de Fabien, à la 37ème minute, côté Tilt-Oidf, va encore amener un plus pour son équipe. Ce joueur, très rapide balle au pied, assez percutant, surnommé Kirikou par ses coéquipiers, sème la panique dans le camp adverse. Premier ballon pour Fabien. Il va très vite. Rapidement et avec efficacité il finit son premier débordement sur un somptueux centrage qui trouvera le grand Nicolas à la réception. De la tête, le buteur attitré des Rouges, qui rentrait en pleine forme de deux semaines de vacances, marque le 2ème but. Les coéquipiers de "Gattuso", sur le banc ce vendredi, mènent ainsi avec deux longueurs d'avance (0-2) à la pause.

Les agents du commissariat de police de Mamoudzou multiplient immédiatement leurs efforts en seconde mi-temps. Avec deux buts d'avance, Tilt-Oidf se rétracte légèrement en arrière, alors que la police met le turbo. A la 55ème minute, sur un coup de pied arrêté de Junior, le ballon mal négocié par Rafik est repris par l'insaisissable Issouf qui arrive en catastrophe et réduit le score (1-2). Puis le même Issouf égalise sur penalty, 10 minutes plus tard. Les jaunes, imbattus depuis des mois, y croient alors, mais les coéquipiers du capitaine Laurent montreront un beau visage ce vendredi soir, avec une solidarité entre eux, une force qui les empêchera de céder.

Tenant solidement en défense les deux principaux attaquants de la police, les milieux et les attaquants de Tilt-Oidf portent le fer devant les cages adverses. Le mot de la fin reviendra à Nelson qui marque de la tête, comme la semaine précédente, et au jeune vétéran Hervé Durand qui montrera là l'étendue de ses talents d'un majestueux but de la tête au 2ème poteau, suite à un coup franc de Sorcier repoussé par la barre transversale. La victoire 4 buts à 2 sera ce soir là pour Tilt-Oidf. Auteur d'un parcours à 100% gagnant en ce début de championnat, l'OGC Tilt-Oidf semble retrouver ses valeurs et attaque bien la saison en cours.

 

Saïd Ahmed

24/04/2009 – Education : Voyage scolaire

 

{xtypo_dropcap}P{/xtypo_dropcap}hotos du groupe devant les pyramides, papyrus et récits de voyage sont accrochés aux murs. Une chicha trône sur une table, un diaporama est diffusé en continu. Les élèves ont tenu à exposer des souvenirs de leur périple égyptien.

Du 9 au 30 octobre 2008, une quinzaine d'élèves du lycée de Petite Terre ont eu l'occasion d'améliorer leur pratique de l'arabe en Egypte. Sur ces 3 semaines, deux étaient réservées à des cours intensifs d'arabe. La dernière leur a permis de visiter le pays : du palais du roi Farouk à la bibliothèque d'Alexandrie en passant par les fameuses pyramides.

C'est M. Ahamadi, professeur d'arabe, qui avait lancé l'idée de ce séjour dès la rentrée 2007. Satisfait du déroulement de ce projet, il félicite les élèves pour leur implication et leurs productions.

Les lycéens, eux, sont fiers de pouvoir raconter leur expérience. Chaharzad s'émerveille encore des pyramides avec lesquelles "on ne peut se mesurer, ne serait-ce qu'à un bloc". Elle parle de la découverte d'une autre culture, de la chance qu'elle a eu de participer. "Je n'aurai jamais imaginé aller au pays des pharaons", assure-t-elle. Quelques détails l'ont marquée, comme la différence de rythme des Egyptiens : "On dirait que les gens ne dorment jamais là-bas".

Arkhane, élève de 1ère ES, insiste sur les bienfaits pédagogiques du séjour : "il a fallu se débrouiller au niveau de la langue, on parlait avec les gens de la rue". Pour lui, le principal avantage des cours suivis sur place était leur vocation à communiquer, leur côté pratique. Une autre lycéenne évoque le shopping, son activité favorite en Egypte, et sa différence avec son île : le marchandage.

Le proviseur du lycée souligne le rôle du conseil général dont "le soutien a permis de limiter le financement des parents et d'envoyer plus d'élèves". Quant au conseiller général de Pamandzi, Fadul Ahmed Fadul, il remercie les élèves "de ramener l'Egypte à Mayotte" et souligne que "les voyages ouvrent les esprits."

Pour fermer l'album souvenir, les différents partenaires de ce voyage scolaire ont chacun reçu un petit cadeau, remis et choisi par les élèves.

 

Juliette Piolat

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes