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Loi Mayotte : « Il y aura « karivendzé » si l’État refuse nos trois revendications »

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Devant le bureau des étrangers de la préfecture de Mayotte, à Mamoudzou, les collectifs mahorais ont fait part de leur opposition au projet de loi Mayotte tel qu’il est aujourd’hui, ce lundi.

Mécontents de la première copie du projet de loi-programme, les collectifs mahorais demandent qu’elle soit revue avant tout débat parlementaire. Ce lundi, ils insistent sur trois choses, la suppression du titre de séjour territorialisé, la construction d’une piste longue à Pamandzi et le retrait de l’article 20 qui doit faciliter l’expropriation « pour cause d’utilité publique ».

Que veulent les collectifs ?

Réunis ce lundi, devant le bureau des étrangers de la préfecture de Mayotte qu’ils bloquent régulièrement, les membres de plusieurs collectifs du territoire ont fait part de leur désaccord avec le projet de loi-programme pour la refondation de Mayotte, qui doit être présenté au Sénat à la mi-mai. « Ce projet va engager Mayotte, sa population, nos enfants pendant plusieurs générations. Il ne faut pas que les élus mahorais se contentent d’une copie aussi vide, sachant qu’on sort d’un ramadan difficile et de plusieurs crises comme celles de l’eau et Chido », défend Safina Soula, la présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018. Alors que Manuel Valls, le ministre de l’Outremer, sera présent à Mayotte, ces mardi et mercredi, les collectifs souhaitent trois modifications nécessaires à leurs yeux.
Il y a d’abord la suppression du titre de séjour territorialisé, une demande plusieurs fois répétée pour réduire la pression démographique liée à l’immigration clandestine. « Nous sommes discriminés depuis plusieurs années. Aujourd’hui, la seule façon pour l’État de se faire pardonner auprès des Mahorais est d’insérer cette suppression dans la loi », prévient la militante mahoraise. Autre revendication portée ce lundi, il y a la création d’une piste longue à Pamandzi. Ali Djaroudi, président de l’Autam (Association d’usagers des transports aériens à Mayotte), estime que l’alternative de Bouyouni est « un leurre » pour ne pas réaliser ce projet pour lequel Emmanuel Macron s’était pourtant engagé en 2019. Enfin, il y a l’article 20 qui doit faciliter les expropriations « pour cause d’utilité publique » et que les participants à la conférence de presse veulent voir retiré.

Pourquoi l’article 20 déplaît tant ?

C’est une disposition qui a été déjà mise sur la table lors de la présentation du projet de loi d’urgence pour Mayotte. Initialement, l’article 10 comprenait, en effet, « des adaptations ou dérogations aux règles relatives à l’expropriation pour cause d’utilité publique, notamment en matière d’identification et d’indemnisation préalable des propriétaires des emprises devant faire l’objet d’une expropriation ». En février, Manuel Valls avait préféré retirer ce texte, jugeant que l’article avait été « mal compris et que sa formulation en ordonnance n’a pas aidé à l’établissement de la confiance avec la population ». A Mayotte, plusieurs voix dont celles des collectifs, s’étaient élevées contre cet article, l’accusant de vouloir déposséder les Mahorais de leurs terres pour y faire de l’habitat provisoire.
Sauf que le gouvernement, inquiet que l’établissement public ne puisse pas disposer d’outils suffisants pour réaliser ses projets, a décidé de remettre la mesure dans le nouveau texte. Ainsi, l’article 20 est pratiquement similaire à sa version précédente. S’il n’est plus question d’ordonnance, le gouvernement confirme que la procédure d’expropriation dans le cadre de déclaration d’utilité publique (DUP) pourrait être enclenché si un accord de vente n’est pas trouvé avec des propriétaires.

Que se passera-t-il s’ils n’obtiennent pas gain de cause ?

S’ils se disent « fatigués » des blocages, notamment après le peu de résultats obtenus en 2018 ou suite aux barrages de janvier et février 2024, ils n’excluent pas d’y recourir à nouveau. « Si la suppression du titre de séjour territorialisé ne figure pas dans le texte, nous, on va bloquer », avertit Dhinouraini Boina. Se présentant comme représentant de la société civile, il va plus loin : « Il y aura « karivendzé » [« on n’en veut pas »] si l’État veut passer en force et refuse nos trois revendications ». Et cela pourrait arriver vite, puisque les collectifs veulent ces modifications rapidement. « On ne peut pas attendre les débats parlementaires pour réagir. Parce que là, ça sera trop tard », fait remarquer Ali Djaroudi.

De quoi attendre du débat parlementaire justement ?

Les participants à la conférence de presse considèrent qu’il y a pratiquement un consensus des quatre parlementaires (les députées Estelle Youssouffa et Anchya Bamana, ainsi que les sénateurs Saïd Omar Oili et Salama Ramia) sur les trois points évoqués. Ils se méfient, en revanche, des groupes politiques. « On veut envoyer un message à tous ces parlementaires qui viennent nous voir, faire semblant de nous écouter et voter contre nous », justifie Safina Soula. Moutouin Soufiyan rappelle que la droite a refusé au Sénat que la suppression du titre de séjour territorialisé soit intégrée à la nouvelle restriction du droit du sol à Mayotte. « Gérald Darmanin [N.D.L.R. ancien ministre de l’Intérieur et de l’Outremer, passé depuis à la justice] avait promis que si le droit du sol était modifié, on aurait cette suppression. On n’a rien eu en contrepartie », peste le représentant du Codim (Collectif de défense des intérêts de Mayotte).
Les collectifs tiennent donc à ne pas être dupés une nouvelle fois, rappelant qu’au bout d’un mois de mouvement des Forces vives, ils avaient accepté de « tendre la main » en échange de promesses non réalisées à ce jour.

De l’attente aussi envers Emmanuel Macron

Les autres points sur lesquels les collectifs sont vigilants sont la reconstruction de Mayotte post-Chido qui peine à avancer et l’intégration de Mayotte à la commission de l’océan Indien. Concernant ce dernier, ils attendent beaucoup du président de la République qui devrait être sur le territoire mahorais avant sa participation au sommet de la COI dans deux semaines. Ils aimeraient qu’Emmanuel Macron s’engage à l’intégration de Mayotte dans la commission, quitte à remettre en cause la place de la France dans cette organisation dont elle est pourtant la principale financeuse.

“Il faut regarder la réalité en face” : 5379 enfants non-scolarisés à Mayotte

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Selon les chercheurs de l’Université Paris Nanterre, au moins 5.379 enfants ne sont pas scolarisés dans le département. Photo d’archives.

Ce lundi, une conférence sur la non-scolarisation s’est tenue au rectorat à Mamoudzou, animée par des chercheurs de l’Université Paris Nanterre. Ils ont présenté leurs travaux sur le sujet et ceux qu’il reste encore à faire.

À Mayotte, on arrive à un total de 5.379 enfants non scolarisés a minima”. C’est le chiffre que présente Tanguy Mathon Cécillon, un des chercheurs au centre de recherches Éducation et Formation (Cref) de l’Université Paris Nanterre, qui a contribué à l’étude « Non-scolarisation et déscolarisation à Mayotte : dénombrer et comprendre » parue en 2023. Avec Gilles Séraphin, professeur des universités et responsable scientifique de l’étude commandée par les associations Mlezi Maore, la Convention nationale des associations de protection de l’enfance (CNAPE), la Croix-Rouge et les Apprentis d’Auteuil, ils en ont présenté les résultats lors d’une conférence tenue au rectorat, à Mamoudzou, ce lundi matin. C’est, entre autres méthodes, en comparant le nombre de naissances d’une année donnée aux nombres d’inscrits à l’école quelques années après que les chercheurs arrivent à ce chiffre.

Le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, présent lors de la conférence, reconnaît qu’il “faut regarder la réalité en face” ajoutant qu’il est estimé que 6.000 enfants sont non scolarisés à la maternelle. “On a la prétention de croire qu’on scolarise tout le monde en CP”, ajoute-t-il. Blocages administratifs au moment de l’inscription faute de justificatifs, manque d’infrastructure, réseau de transport insuffisant… Plusieurs facteurs sont mis en avant par le rectorat et l’équipe de recherche pour expliquer les difficultés à scolariser les enfants. Mais pour les identifier et les comprendre davantage, une nouvelle étude va être menée par les chercheurs du Cref, renforcés par la présence d’une anthropologue, Alison Morano, et d’un doctorant, Jim Sermeth. “Cette fois-ci, on veut aussi un aspect qualitatif pour savoir ce que font ces enfants au quotidien, comment ils occupent leur journée, quel rapport ils ont avec les différentes institutions”, détaille Gilles Séraphin.

Des difficultés en plus avec Chido

Plusieurs associations financent cette nouvelle étude, dont Mlezi Maore et le Village d’Eva. “Il faut que la non-scolarisation soit visible et qu’on prenne le problème à bras le corps”, insiste Laëtitia Vazé, responsable administrative et financière du Village d’Eva, qui a accueilli 600 enfants non-scolarisés en 2024 dans ses quatre centres.
Cette fois-ci, l’impact du cyclone Chido va pouvoir être pris en compte. “Depuis Chido, l’hypothèse que la situation s’est dégradée et que de nouveaux enfants sont concernés n’est pas une hypothèse délirante”, affirme Gilles Séraphin. Le recteur ajoute que 2.000 élèves initialement inscrits sont en difficultés de scolarisation depuis le cyclone, s’ajoutant aux enfants non scolarisés initialement.
Toutes ces données récoltées doivent également poser les bases d’un Observatoire de la non-scolarisation à Mayotte. Pouvoirs publics, associations et chercheurs seront invités à le nourrir afin de mieux comprendre cette problématique et trouver des solutions. “Il faut qu’on puisse poser un diagnostic pour aider ces enfants à être scolarisés”, insiste Laëtitia Vazé.

A Mayotte, l’économie de la mer et du tourisme attend un salut européen

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Presque quatre mois après Chido, le port de plaisance de Mamoudzou est toujours en ruine.

Raffaele Fitto, l’un des vice-présidents de la commission européenne, était en visite à Mayotte, ce lundi. Il a notamment rencontré les acteurs de la pêche et du tourisme pour recueillir leurs attentes dans le contexte post-cyclone Chido.

A peine arrivé à Mamoudzou, ce lundi matin, Raffaele Fitto, l’un des vice-présidents de la commission européenne, a rencontré les acteurs de la pêche et du tourisme pour écouter leurs difficultés dans le contexte post-Chido. Mayotte en tant que région ultrapériphériques (Rup) de l’Union européenne bénéficie de fonds européens, c’est dans ce cadre, pour discuter des besoins et de leur distribution que le vice-président s’est rendu sur le territoire.

Tandis que les pêcheurs peuvent bénéficier d’une aide notamment financée par l’Europe pour renouveler leur flotte de pêche jusqu’à fin décembre 2025, Bibi Chanfi, vice-présidente du conseil départemental de Mayotte, en charge du développement économique et de la coopération décentralisée, a plaidé pour qu’un “délai supplémentaire de cinq ans soit accordé pour que les pêcheurs achètent un bateau”. Une demande alors que la filière n’est pas encore structurée sur le territoire. Une idée partagée par Régis Masséaux, le gérant de la SARL Capt’ain Alandor, “dans la feuille de route qui doit être présentée en juin 2025, j’aimerais qu’il y ait un paragraphe spécial sur Mayotte pour tenir compte des besoins”. La demande a aussi été appuyée par Mouhamadi Abdou Chebani, le président de la Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture (Capam), “Mayotte dispose d’une zone économique exclusive de 74.000 kilomètres-carré, pourtant la moitié de la consommation de poisson est importée, nous demandons à repousser l’échéance de 2025 à l’horizon 2030 pour permettre aux professionnels mahorais de se structurer”.

“L’économie bleue à l’arrêt total”

Michel Madi, le directeur général de l’agence d’attractivité et de développement touristique à Mayotte (AaDTM) a, pour sa part, fait remonter les difficultés du tourisme. “En 2023, Mayotte a accueilli 75.000 touristes principalement issus de la France métropolitaine et de La Réunion, cela occupe 6 % de l’activité économique de Mayotte”, a-t-il présenté. Un chiffre très bas qui peut “s’expliquer par le handicap de la desserte aérienne, le fait qu’il n’y ait pas de ligne directe avec l’Europe sauf avec Paris, que le nombre de lits ne dépasse pas 1.500 ”. L’AaDTM estime les dégâts de Chido à hauteur de 45 millions d’euros, “le plus dur est à venir”, alerte le directeur de l’agence. Il demande donc que l’Union européenne soutienne le développement du tourisme dans le département afin de “profiter de cette catastrophe pour développer un éco-tourisme raisonné”.

Antoine Tordeur, le président du cluster tourisme Mayotte a tiré la sonnette d’alarme autour du ponton détruit du port de plaisance de Mamoudzou. “A cause de cela, tous les professionnels de l’économie bleue, plongée, prestataires nautiques, pêche sont à l’arrêt total, les financements manquent. Aucune entreprise ne pourra attendre un ou deux ans, nous avons besoin que les fonds européens soient libérés dès maintenant”, a-t-il insisté.

“ Ce n’est pas la seule réunion qu’on va avoir »

L’enjeu de cette rencontre avec le vice-président de la commission est d’intégrer les besoins actuels du département aux fonds européens 2021-2027 afin de tenir compte des besoins de reconstruction. Les acteurs locaux espèrent également bénéficier des financements du fonds de solidarité de l’Union européenne (FSUE). “Nous allons travailler avec le secteur de la pêche à l’élaboration d’une mission. Ce n’est pas possible que ce soit les mêmes règles en Europe et dans les régions ultrapériphériques”, a affirmé Raffaele Fitto. “Aujourd’hui, ce n’est pas la seule réunion qu’on va avoir, mais c’est la première”, a-t-il adressé aux différents acteurs présents.
Pour Antoine Tordeur, cette rencontre était “rassurante car nous avons été écoutés mais c’est loin d’être suffisant. La difficulté, c’est le délai avant de pouvoir libérer les fonds européens. Combien de temps cela va-t-il prendre ? Le temps administratif et le temps du terrain sont différents.” Car selon lui l’urgence est maintenant sinon des entreprises du secteur maritime vont devoir mettre la clé sous la porte.

En attendant une école, 73 cases démolies à Dzoumogné

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Le décasage de ce lundi s’est déroulé dans un quartier de Dzoumogné, à proximité de la bibliothèque du village.

Une opération de décasage a eu lieu dans le village de Dzoumogné, commune de Bandraboua, ce lundi. Menée dans le cadre de la loi Elan, celle-ci a ciblé 73 habitations jugées insalubres et indignes, il s’agit de la première pour cette année 2025.

« D’un côté, je comprends le décasage, mais de l’autre, je suis humain… c’est dur de perdre sa maison », confie un habitant du quartier de la rue Hacomba, visiblement ému par la situation. Ce lundi, une opération de décasage a ciblé 73 logements insalubres à Dzoumogné, dans la commune de Bandraboua, la première cette année. Celle-ci s’est faire en présence des forces de l’ordre, dont 135 gendarmes.

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L’opération s’est faite en présence Soibirdine Hachime, directeur général des services de Bandraboua, François-Xavier Bieuville, préfet de Mayotte, et le général Lucien Barth, commandant de la gendarmerie de Mayotte.

Selon François-Xavier Bieuville, préfet de Mayotte, cette démarche s’inscrit dans une volonté de lutte contre l’habitat insalubre et l’insécurité. « On décase pour redonner à la commune un terrain nécessaire à son développement », affirme-t-il. Sur les 73 familles concernées, seulement 17 ont reçu une proposition de relogement, et parmi elles, seules six ont accepté — soit environ vingt personnes. Certaines habitations avaient été numérotées dès le mois de décembre, et quelques habitants ont pris l’initiative de démolir eux-mêmes leur logement. Les familles concernées bénéficiaient d’un délai minimum d’un mois et huit jours pour évacuer les lieux.

Enjeu éducatif et sécuritaire

L’un des objectifs affichés est également d’ordre éducatif, une école avec 26 salles de classe étant prévue à cet endroit. « Il nous faut très rapidement construire des salles. Un enfant non scolarisé, c’est une bombe à retardement dans l’espace public », admet Soibirdine Hachime, directeur général des services de Bandraboua. Un schéma directeur indique en effet qu’une centaine de nouvelles classes seront nécessaires prochainement.
Par mesure de sécurité, les opérations se sont déroulées sans la présence de la presse. D’après le directeur général des services, le quartier concerné est considéré comme un lieu de repli pour des bandes de jeunes entre Bandraboua et Dzoumogné.

« Nous avons besoin que toutes les conditions soient réunies pour une reprise à Mayotte »

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Une délégation du Medef Mayotte, menée par son président Fahardine Mohamed, a rendu visite au préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, le 2 avril.

Le Medef de Mayotte a rencontré le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, le 2 avril, pour évoquer tous les problèmes rencontrés par les entreprises dans un contexte post-Chido. Si certaines mesures ont déjà été prolongées (voir encadré), les discussions ont porté aussi bien sur la crise de l’eau, l’insécurité, les difficultés sur les demandes de renouvellement des titres de séjour pour les salariés ou la gestion du port.

Depuis le passage du cyclone Chido et la tempête Dikeledi, le monde économique s’est senti isolé et écarté de toute concertation pour la reconstruction du territoire. Le Medef Mayotte a, à sa demande, rencontré le 2 avril, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, ainsi que ses collaborateurs afin de faire un point sur l’ensemble des sujets et rassurer le monde économique qui est très inquiet de leur avenir. Après que Mayotte a été dévastée et ravagée, le monde économique n’est pas épargné avec la destruction totale ou partielle des locaux et des outils de travail, voire la cessation totale ou partielle de l’activité. Les plus de 1.200 demandes du dispositif du chômage partiel avec plus de 12.000 salariés bénéficiaires illustrent bien l’impact et le désastre économique. Pour votre information, ce sont à ce jour plus de 3.650 dossiers satisfaits pour un montant global de 20,1 millions d’euros et une moyenne de 5.500 euros au bénéfice de l’entreprise.

Les chiffres montrent que beaucoup d’entreprises n’ont pas reçu cette aide exceptionnelle. Le Medef Mayotte rappelle que cette aide exceptionnelle est loin de répondre aux attentes des entreprises par mois. Cette rencontre à notre demande était plus que nécessaire pour exprimer notre inquiétude et renouer un dialogue constructif avec les services de l’Etat. A cette occasion, nous avons rappelé au préfet, garant de la liberté d’entreprendre, que notre métier est de créer de l’emploi et de la richesse. Pour cela, nous avons besoin que toutes les conditions soient réunies pour une reprise de l’économie. Plusieurs points ont été abordés comme la reconduction des aides exceptionnelles dans certains secteurs et certaines entreprises. Le président (N.D.L.R. Fahardine Mohamed) dénonce l’absence d’impact de la loi d’urgence avec le bénéfice de l’aide exceptionnelle qui ne répond pas forcément aux besoins du monde économique. Cependant, bien qu’elle ne réponde pas à notre attente, il faudrait la maintenir voir la revaloriser au moins pendant neuf mois (voir encadré).

Demande de renouvellement des titres de séjour

Le Medef Mayotte sollicite l’Etat sur la prolongation de l’activité partielle dont dépend la survie de beaucoup d’activité (voir encadré). Renouvellement des titres de séjours des salariés, apprentis et des salariés : les entreprises se trouvent confrontées à un problème de recrutement et sont en déficit de salariés pour beaucoup du fait du non-renouvellement des titres de séjour ce qui rajoute d’autres facteurs de stress. Factures impayées des collectivités : les entreprises sont mobilisées pourtant des factures antérieures ne sont pas honorées, dès lors, le Medef Mayotte alerte sur les retards de paiement des factures dans un contexte ou le manque de trésorerie est criant. Le président du Medef Mayotte alerte le préfet sur les mouvements sociaux qui se soulèvent dans différentes structures (grande, moyenne, petites ou très petites entreprises) avec comme revendication « la prime Chido ». En effet, les entreprises affaiblies par la situation de crise ne sont malheureusement pas toutes en capacité d’octroyer des primes à leurs salariés. Rappelons que beaucoup d’entreprises ont vu leur infrastructure détruite, d’autres partiellement, des salariés cadres qui quittent en masse le territoire. Il y a nécessité de faciliter l’accès à la garantie décennale qui coûte très cher et malheureusement beaucoup sont contraint d’aller à l’extérieur pour l’obtenir se mettant ainsi hors la loi.

Le problème de recrutement des cadres et leur maintien dans les entreprises privées. Il faudrait rendre le territoire plus attractif afin d’attirer et de retenir les cadres sur l’île. Pour cela, les volets éducation, eau, sécurité, santé, logement… sont à considérer. Revalorisation des aides exceptionnelles pour relancer l’apprentissage : l’aide financière aux entreprises pour l’accueil des apprentis est insuffisante. Il est opportun de la revoir à la hausse afin de donner un coup de pouce à l’apprentissage. Le montant de l’aide exceptionnelle à 5.000 euros pour un recrutement d’un apprenti n’est plus attractif et constitue aujourd’hui un frein à l’embauche des apprentis. : Le Medef Mayotte demande que la relance économique soit au cœur des débats surtout après l’évènement Chido et l’arrêt de l’activité économique qui continue toujours pour certaines entreprises ayant ont vu leurs infrastructures détruites ou lourdement touchées (exemple de la restauration).

La circulation pénalise des candidatures à l’embauche

Le Medef Mayotte demande la pérennisation du dispositif CICE, plus facile à actionner et aura une plus large couverture des entreprises avec une conservation de l’avantage jusqu’à 3.5 SMIC. Il reste aussi mobilisé et force de proposition dans le débat de la loi Mayotte. Il attire l’attention de tous à ne pas conditionner la mise en place de la zone franche à la convergence sociale. Le préfet a profité de cette rencontre pour évoquer l’insécurité. En ce qui concerne l’insécurité, le Medef Mayotte fait part d’un constat d’une amélioration de la situation du territoire même si l’insécurité demeure encore présente. Les roulements ou les tours d’eau mettent en difficulté la reprise d’activité. Il y a beaucoup d’attente sur la troisième retenue collinaire et la deuxième usine de dessalement.

Concernant la mobilité des salariés, les difficultés de circulation sont aujourd’hui telles que beaucoup d’entreprises refusent des candidatures de salariés venant du sud ou du nord de l’île. Sur l’éducation, le préfet de Mayotte très sensible à la formation souligne l’importance d’améliorer le système éducatif. Beaucoup de salariés avec enfants quittent le territoire faute de mieux pour leurs enfants. Sur la gestion du port, Le Medef Mayotte demande que les sorties de conteneurs soient fluidifiées et fortement accélérées pour soutenir le développement économique en souffrance. La lutte contre la concurrence déloyale, notamment la lutte contre le travail dissimulé et le blanchiment d’argent : le Medef Mayotte propose un accompagnement des entreprises désireuses de renforcer leurs bonnes pratiques et leur conformité à la réglementation. Le représentant de l’Etat dans sa réponse se positionne comme accompagnateur de l’économie mahoraise en créant les conditions de sorte à favoriser les actions sur le territoire. Il reconnaît les faiblesses du département mis en évidence par le cyclone Chido. En outre, il affirme leur volonté à accompagner le développement des entreprises par des investissements avec des fonds selon eux disponible.

Après un long échange de manière serein et courtois sur l’ensemble des sujets, il a été identifié quelques pistes de travail dans les mois à venir avec des conférence sociale, foncière et sur la garantie décennale. Le Medef rappelle la nécessité de renouveler les rencontres avec l’Etat et les collectivités locales, particulièrement le conseil départemental, responsable essentiel du développement économique du territoire, afin de lever tous les freins à la relance de l’économie. »

Le Medef Mayotte

L’activité partielle prolongée

Via un décret paru le jeudi 3 avril, plusieurs mesures économiques ont été reconduites pour soulager l’économie mahoraise touchée par le cyclone Chido. Une prolongation a été ainsi actée jusqu’au 30 juin 2025 pour Ia durée d’application de la majoration temporaire des taux horaires de l’allocation et de l’indemnité d’activité partielle pour les établissements situés à Mayotte, le bénéfice de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) et de l’allocation des travailleurs indépendants (ATI), « ainsi que la période de référence au cours de laquelle est recherchée la durée d’affiliation à l’assurance chômage et le délai à compter de la fin d’un contrat de travail et avant l’expiration duquel doit intervenir l’inscription comme demandeur d’emploi ou le dépôt de la demande d’allocation ».

Adrachi Velou bientôt investi par Les Républicains à Chirongui

Une cérémonie d’investiture de la candidature d’Adrachi Velou aux élections municipales de Chirongui prévues en 2026 aura lieu, ce dimanche 13 avril à 15h30, à la place du distributeur de la BFC à M’ramadoudou. Le président de la section Les Républicains de la commune de Chirongui, Nafioun Kamardine, sera présent pour cet événement.

Une convention entre le Département et France Volontaires

Une cérémonie aura lieu, ce vendredi 11 avril, en l’honneur de la signature de la convention cadre entre le Département de Mayotte et France Volontaires, en présence du directeur général de France Volontaire. Cet accord qui sera concrétisé dans l’hémicycle Younoussa Bamana, à Mamoudzou, marque une étape majeure dans le déploiement du volontariat international pour les jeunes mahorais. Il vise à renforcer leur engagement à l’international tout en structurant l’action locale autour de ces dispositifs.

La direction des affaires foncières et de l’urbanisme jusqu’au 26 avril

Chargée notamment de la régularisation des terrains appartenant au Département de Mayotte, la direction des affaires foncières et de l’urbanisme (Dafu) est exceptionnellement fermée au public du lundi 7 au vendredi 26 avril inclus, en raison de la réalisation d’un inventaire interne. Cette opération a pour objectif de renforcer la gestion des dossiers, d’optimiser les ressources internes et de garantir à terme un service public plus efficace et réactif au bénéfice de l’ensemble des usagers. La réouverture au public est prévue le lundi 28 avril, selon les horaires habituels. Pendant cette période de fermeture, les usagers sont invités à anticiper leurs démarches. Pour toute demande urgente, il est possible de contacter la Dafu à l’adresse suivante : aniaty.rijaly@cg976.fr

Une douzaine de commerces sanctionnés à Mayotte pour des bouteilles d’eau trop chères

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Afin de préserver le pouvoir d’achat des Mahorais pendant le ramadan et lutter contre les trafics, le préfet de Mayotte a pris fin février un arrêté de plafonnement des prix de l’eau en bouteille. Dans ce cadre, une campagne de contrôles a été engagée pour garantir le respect de l’arrêté. Dans un souci de transparence, la première liste des commerces sanctionnés pour non-respect de l’arrêté est désormais rendue publique. Parmi les commerces sanctionnés pour défaut d’affichage des prix de l’eau et/ou non-respect de l’arrêté plafonnant les prix de l’eau, se trouvent à Cavani M’tsapéré, les doukas Mariziki Delice et  Bacha, les snacks Oissila Fetre et Le Petit coin à Mamoudzou, la boulangerie Pain N’Djema à Tsoundzou 1, Maecha Vogue à Mamoudzou, le douka Riziki Market à Mamoudzou, le Douka Be de Passamainty, le douka du snack du centre à Labattoir, l’épicerie Mounia shop à Labattoir et l’épicerie Gat à Pamandzi, la boulangerie Rehema Kavani à Mamoudzou et le douka MPPS à Vahibé.

Douze cas de chikungunya à Mayotte

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Dans son bulletin d’information daté du 4 avril, l’Agence régionale de santé (ARS) indique que douze cas de chikungunya sont recensés à Mayotte depuis l’introduction du virus sur le territoire. Parmi ces cas, dix sont importés et deux sont autochtones. A ce jour, le virus n’a entraîné aucune hospitalisation ni décès. Entre le 31 mars et le 4 avril, 1.160 domiciles ont été traités et sensibilisés, 754 gites ont été recensés dont  228 contenant des larves de moustiques et des nymphes. Pour se protéger du chikungunya, utilisez répulsif et moustiquaire et éviter la prolifération de moustiques. Les agents de lutte antivectorielle de l’ARS se rendront cette semaine à Bandrélé, M’tsamboro, Hajangoua, Pamandzi et M’ronabeja. Protégez des vous des piqûres de moustiques d’abord, éliminez l’eau stagnante et consultez un médecin dès l’apparition des symptômes.

Reprise des envois de colis vers Mayotte

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Suspendus après les cyclones Chido et Dikeleli, les envois de colis depuis la métropole vers Mayotte reprennent à partir de ce lundi. Les colissimo prioritaires seront acheminés par avion, avec des délais allongés. Les colis économiques transiteront désormais par bateau, avec un délai estimé de six à dix semaines. Sur l’île, les clients sont appelés pour retirer leurs colis dans les sites courrier de proximité. Tous les bureaux de poste, sauf celui de Mamoudzou, sont ouverts aux horaires habituels.

La Jeune Chambre Économique de Mayotte lance l’année sous le signe de l’engagement

La Jeune Chambre Économique de Mayotte (JCEM) donne rendez-vous aux acteurs économiques, institutionnels, associatifs et citoyens engagés le samedi 19 avril 2025 à L’Orient Express, à Kawéni, pour sa Rentrée Solennelle 2025. De 7h30 à 13h, l’événement, placé sous le thème « S’engager. Inspirer. Participer à la réflexion sur l’avenir économique de notre territoire », marquera le coup d’envoi de l’année pour la JCEM dans le cadre de la campagne internationale Rise up. Deux tables rondes rythmeront la matinée : la première portera sur la construction d’un écosystème propice au développement des entreprises à Mayotte, tandis que la seconde explorera les perspectives de l’engagement entrepreneurial au sein de la JCI. Un moment fort pour réfléchir collectivement à l’avenir économique du territoire mahorais.

Politique : Kassandra Chanfi élue à la tête du Modem mahorais

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Assurant l’intérim depuis le départ de Daniel Martial Henry après quinze ans de présidence, Kassandra Chanfi était en charge d’organiser l’élection du nouveau président départemental du Modem. En l’occurrence, la présidente, puisqu’outre celle qui était déléguée départementale, Hélène Pollozec, conseillère départementale du canton de Mamoudzou 3, et Jeanne Bébé, suppléante de Daniel Martial Henry lors des dernières élections législatives, étaient candidates. Ce vendredi, c’est finalement la première qui a été élue à la majorité absolue et qui portera la voix du parti du Premier ministre François Bayrou, à un an des élections municipales.

Une intersyndicale appelle à la grève illimitée à partir de ce mardi à Mayotte

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ix syndicats (CFTC, CGT, CFE-CGC, CFDT, SNUIPP-FSU et FO) appellent à une grève illimitée dès ce mardi. Photo d’archives

En réponse au projet de loi de programmation concernant Mayotte et faute d’engagements fermes sur la convergence sociale, “l’ensemble des salariés et agents publics à Mayotte” sont appelés à cesser le travail, mardi matin, et cela “pour une durée illimitée”.

En matière de convergence sociale, nous ne retrouvons pas [dans le projet de loi Mayotte] l’égalité républicaine. Au contraire, la régression sociale est flagrante partout. Les Mahorais ne peuvent pas accepter les calendriers imposés dans ce projet”, font savoir les syndicats dans leur préavis appelant à la grève illimitée à partir de mardi, à minuit. En effet, CFTC, CGT, CFE-CGC, CFDT, SNUIPP-FSU et FO appellent “l’ensemble des salariés et agents publics à Mayotte” à se joindre au mouvement. Objet de leur courroux, l’actuel projet de loi de programmation “pour la refondation de Mayotte” qui comporte 35 articles. Car si le seizième évoque bien une convergence des droits sociaux, celle-ci pourra être faite à la carte et selon le bon vouloir du gouvernement. Selon la version que nous avons pu consultée, ce dernier pourra ainsi “être autorisé à prendre par ordonnances, dans un délai de douze mois, toute mesure relevant du domaine de la loi afin de rendre applicable à Mayotte, sous réserve d’adaptations tenant compte des caractéristiques et contraintes particulières du territoire, la législation en vigueur en France hexagonale ou dans les autres collectivités relevant de l’article 73 de la Constitution”. Ces dispositions s’appliquent également à la prise en charge des frais de santé, “aux cotisations, aux contributions et aux taxes dues sur les salaires et les revenus, aux réductions, exonérations, exemptions de cotisations et de contributions sociales, aux dispositifs fiscaux”, ainsi qu’à l’organisation et à la gestion des régimes de sécurité sociale.

Insuffisant pour les syndicats qui poussent, eux, pour aller plus loin en demandant “la transposition du code de la Sécurité sociale, du code de la Mutualité et du code de l’Action sociale et des familles”. Ils réclament aussi l’alignement des droits sociaux, des prestations sociales, des retraites ou des allocations chômage, avant l’année 2036 initialement prévue par décret. Dans le même ordre idée, ils souhaitent que le Smic mahorais (1.362 euros bruts par mois) disparaisse au profit du salaire minimum national (1.802 euros bruts par mois).

Une sur-rémunération post-Chido à hauteur de 75%

Le préavis de grève va plus loin que la convergence sociale sur certains points. Le premier comprend, par exemple, “l’application d’une sur-rémunération pour tous les agents publics, tous les salariés, tous les retraités à hauteur de 75% compte tenu de la hausse du coût de la vie post-Chido”. La revendication paraît cependant compliquée à se traduire dans les faits. Depuis le cyclone de décembre 2024, plusieurs entreprises ou administrations ont déjà procédé à des versements de primes, quand d’autres ont dû recourir à l’activité partielle. D’autres revendications portent plutôt sur “l’instauration de véritables services publics”, des garanties de sécurité pour les déplacements des salariés ou des mesures d’attractivité “face aux déserts médical, éducatif, culturel et judiciaire”.

Des conditions d’enseignements toujours très précaires à Mayotte

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Le lycée Younoussa-Bamana, à Mamoudzou, porte encore les stigmates du passage du cyclone Chido, presque quatre mois après.

Plus de deux mois après la rentrée des classes et presque quatre mois après Chido, plusieurs établissements du second degré sont encore à jauge réduite. Pour l’instant, la reconstruction n’a pas réellement commencé, seuls des travaux de réparations temporaires ont été effectués.

Des salles de classe sans ventilateur fonctionnel ni lumière. Deux mois après la rentrée post-Chido, les conditions demeurent difficiles dans beaucoup d’établissements du rectorat de Mayotte. Le 27 janvier, lors de la rentrée scolaire après le cyclone, six établissements du second degré très endommagés n’étaient pas en mesure d’accueillir tous les élèves à la fois. Il s’agit des lycées de Sada, Younoussa-Bamana à Mamoudzou, la Cité du Nord à Acoua, ainsi que les collèges de Chiconi, M’tsamboro et de Labattoir. Aujourd’hui, certains ont connu une nette amélioration, c’est le cas de la Cité du Nord, l’un des plus dévastés. “Aujourd’hui, presque toutes les salles de classe sont utilisées, les faux plafonds sont réparés. Les lycéens ont repris les cours quatre jours sur cinq, contre trois le 27 janvier”, décrit Véronique Hummel, professeure documentaliste et membre du conseil d’administration. Les images impressionnantes des bâtiments éventrés avaient largement circulé après le cyclone. Pendant cinq semaines, 70 agents de la sécurité civile y étaient installés et ont mené un travail considérable pour le remettre en état. “Désormais, 80 % des salles sont opérationnelles”, se félicite Nicolas Vivé, directeur du pôle de l’immobilier et de la logistique au rectorat. Les équipes enseignantes espèrent le retour à un rythme de cinq jours de classe par semaine après les vacances de mai.

Des rotations au collège de Chiconi

Toutefois, au lycée de Sada, mais aussi à Bamana ou encore le collège de Chiconi, il n’y a pas d’amélioration constatée. Dans le premier, le bâtiment principal demeure fermé, seul 50 % des classes sont utilisables. “Ce ne sont pas les salles qui posent problème, mais c’est la circulation entre celles-ci et le cheminement pour y accéder qui n’est pas sécurisé ”, explique Nicolas Vivé. L’emploi du temps est toujours bouleversé. “Ma fille en première a cours en ce moment les lundi, mardi, jeudi et samedi, des journées très chargées. Chaque semaine, c’est différent, elle a du mal à suivre, elle n’a plus de repères”, confie Mariata Madjani, parent d’élève.

Deux de ses fils sont scolarisés en sixième et troisième à Chiconi, où la situation reste aussi compliquée. Il s’agit de l’établissement le plus dégradé par Chido, sans compter les pillages qui ont suivi. Dans l’établissement, les élèves ont cours par rotation soit le matin ou l’après-midi, ses fils y vont seulement le matin par exemple. Des tentes avaient été installées dans l’enceinte de la structure en guise de salles de classe, une solution finalement abandonnée pour des raisons thermiques et d’acoustique. “La pluie entrait dans les tentes, on entendait les cours de l’une à l’autre”, commente Nicolas Vivé.

“Un pansement sur une plaie béante”

Au lycée Bamana, la situation n’est pas meilleure, 50 % des salles sont hors d’usage. “La reconstruction n’avance pas, il n’y a pas vraiment de réparation non plus”, avance un professeur de sciences. “Par exemple, tous les laboratoires sont inaccessibles alors que ça représente la moitié du programme dans ces disciplines”, souligne-t-il. Une commande de douze locaux en modulaire a été passée, mais “ils n’arriveront pas avant septembre”, regrette le directeur du pôle de l’immobilier et de la logistique. “Dans ces différents établissements, le chemin parcouru a été important, mais on sait qu’il reste beaucoup à faire, nous arrivons sur un plateau”, reconnaît-il. “Concernant la réhabilitation lourde des bâtiments, il n’y a quasiment pas d’évolution depuis la rentrée.” En cause, plusieurs facteurs selon le rectorat, des difficultés d’approvisionnement de certains matériaux comme le bois mais aussi de recrutement, de main d’œuvre ou encore la grève au sein des entreprises ETPC et Colas.

Cela signifie que la reconstruction n’a en réalité pas commencé. Au collège de Labattoir, si la plupart des salles sont de nouveau accessibles (50 sur 65), “tout le premier niveau est sans électricité, car il y a des infiltrations dans les murs”, raconte une professeure. Pour l’instant, seules des bâches ont été posées sur les plafonds percés, “c’est un pansement que l’on pose sur une plaie béante”, critique-t-elle. Des travaux ont été entamés et doivent finir “fin mai”. Quant au collège de M’tsamboro, désormais 75 % des salles sont disponibles. La charpente de la structure a subi les ravages du cyclone, “un audit a été nécessaire, les travaux ont commencé et ils finiront mi-mai”, souligne Nicolas Vivé.

Ces conditions de scolarité très précaires dégradent les conditions d’enseignement. Bien que les épreuves du baccalauréat et du brevet (sauf le grand oral et l’oral de français) aient été annulées pour cette année, cela conduit des parents à vouloir déménager pour assurer un meilleur enseignement à leurs enfants. C’est le cas de Mariata Madjani qui prévoit de partir en métropole, l’année prochaine. “Je compte faire un congé formation pour un an, ma fille en terminale l’année prochaine va aussi venir, parce qu’à Mayotte, je ne sais pas comment elle va pouvoir se préparer pour le baccalauréat”, juge-t-elle.

Football : Une reprise bientôt, mais sur quels terrains ?

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Ibrahim Chaquir et Aboul Dhoihir, respectivement coach de Combani et coach adjoint de Passamaïnty, s’attendent à une rentrée compliquée sur des terrains de football encore marqués par le passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024.

Interrompue lors de la dernière journée du championnat de Régional 1 de Mayotte, le 14 décembre, la Ligue mahoraise de football a annoncé la nouvelle saison avec la Supercoupe prévue le 26 avril à M’tsahara, ainsi que la première journée prévue le 3 mai. Cependant, les terrains de football ont subi les conséquences du cyclone et ne sont pas encore praticables.

« Mon souhait, c’est que les adhérents des clubs de football puissent à nouveau jouer. On sait que le football a un impact positif sur le moral des gens », espère Aurélien Timba Elombo, directeur général de la Ligue mahoraise de football. La saison dernière, la dernière journée du championnat de Régional 1 aurait dû se dérouler le 14 décembre dernier, jour du cyclone Chido. Avec les dégâts, la décision a été prise par la Ligue mahoraise de football de clôturer la saison, en déclarant le club de Kawéni champion. « On a arrêté les compétitions d’abord en raison de la situation et de l’état des terrains, par solidarité. Personne n’aurait compris si on avait continué malgré la situation », explique le directeur.

La nouvelle saison s’ouvrira avec la Supercoupe de Mayotte entre le Feu du centre de M’roalé et l’ASC Kawéni, le 26 avril, et le championnat de Régional 1, le 3 mai. Néanmoins, plusieurs terrains de football de l’île sont toujours marqués par nombreux dégâts. Ce qui nécessite une réorganisation des clubs et de leurs joueurs. « On sait que tous les terrains ne seront pas en état, mais certains vont jouer le jeu. Cela va compliquer les matchs d’entreprise qui se jouent à 17h. Les clubs vont être en difficulté pour les entraînements, notamment ceux qui s’entraînaient le soir. Sur certains terrains, il y a parfois une surutilisation », reconnaît Aurélien Timba Elombo.

Aboul Dhoihir, ancien entraîneur de l’ASC Kaweni, démarrera la nouvelle saison avec l’AS Rosador de Passamaïnty en tant qu’entraineur adjoint. Il livre son avis sur l’état des terrains de cette intersaison : « On a beaucoup de stades qui ne sont pas du tout éclairés. C’est très difficile. Il y a des poteaux de lumière qui sont tombés. On a eu des réunions avec les dirigeants pour mettre en place des entraînements le matin ou le week-end. On peut faire des tours de terrain et courir, mais pour ce qui est de toucher le ballon, on n’y est pas encore… » Même son de cloche chez les Diables noirs de Combani : « À Tsingoni, par exemple, il y a quatre villages, mais c’est uniquement le terrain de M’roalé qui dispose de projecteurs pour éclairer le stade. On s’entraîne avec eux sur une moitié de terrain pour notre préparation. Les joueurs ont besoin de repères. On n’a pas de terrain », déplore Ibrahim Chaquir, le coach des derniers vainqueurs de la finale régionale de Coupe de France.

Les municipalités face à l’urgence

Face à ce défi, les municipalités tentent de résoudre la situation. À Tsingoni, le stade de Combani sera en travaux jusqu’à l’année prochaine. « Nous sommes toujours en train de chercher des solutions pour remettre des projecteurs. On ne peut pas tout réparer en même temps, ce qui nécessite un budget que la mairie n’a pas », confie Abass Ridjali, directeur des sports de la municipalité de Tsingoni.

Dans le chef-lieu, c’est le même constat pour Mohamed Tostao Ahmada, directeur de l’excellence sportive et la vie associative au sein de la municipalité de Mamoudzou : « Nous avons effectué un diagnostic de tous les équipements, notamment avec la direction des équipements sportifs. Nos installations sont très dégradées ». Ses services font face au coût de la rénovation des terrains. « La ville attend les fonds d’urgence pour la reconstruction des infrastructures. Ce sont des réparations qui n’ont pas été budgétisées », convient-il.

Pour la sécurité des joueurs, des arbitres et des spectateurs, la Ligue mahoraise de football exige une clôture sur les terrains de Régional 1 et 2, ce qui ajoute une complexité aux opérations de réparation. « Les clôtures vont être très difficiles à faire, le matériel est commandé, mais ce n’est pas prioritaire. Nous y travaillons afin que nos installations puissent être opérationnelles dans les meilleurs délais », affirme Mohamed Tostao Ahmada.

Cesem : « Une suppression constituerait un recul majeur pour la démocratie participative »

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Abdou Dahalani, le président du conseil économique, social et environnemental de Mayotte, lors des 20 ans du Cesem, le jeudi 28 novembre 2024, à la technopôle de Mayotte, à Dembéni.

Dans le projet de loi de simplification de la vie économique, un amendement récemment adopté vise à supprimer les Ceser (conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux), jugés trop coûteux. Ces instances, composées de représentants des chambres consulaires ou organisations patronales et syndicales du territoire, émettent des avis et éditent des rapports destinés à guider les décisions politiques des collectivités locales. Dans une résolution, sa déclinaison mahoraise, le Cesem, demande « un rejet de la mesure ».

Le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte (Cesem), réuni en session extraordinaire le 28 mars 2025, exprime sa vive inquiétude face à l’adoption, en commission spéciale de l’Assemblée nationale, d’un amendement visant à supprimer les conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux (Ceser) dans le cadre du projet de loi sur la simplification de l’économie.

Une telle suppression constituerait un recul majeur pour la démocratie participative, en privant les territoires et leurs citoyens d’un espace essentiel de dialogue, de concertation et d’intelligence collective. Les Ceser, en tant que deuxièmes assemblées régionales, incarnent un modèle démocratique singulier. Ils offrent aux forces vives de la société – acteurs économiques, sociaux, environnementaux et associatifs – un lieu d’expression apaisée et de réflexion constructive, au service des exécutifs régionaux. Ils contribuent de manière déterminante à l’élaboration des politiques publiques, en y apportant une approche pluraliste, inclusive et indépendante. Leur disparition reviendrait à affaiblir la voix de celles et ceux qui, sans mandat électif, participent activement à la construction des politiques publiques régionales pour une meilleure compréhension et acceptation de celles-ci.

« Une projection dans le temps long »

Au-delà de leur rôle consultatif, les Ceser jouent un rôle essentiel de projection dans le temps long. Dans un paysage politique souvent dominé par des logiques de court terme, ils apportent une capacité précieuse à analyser les dynamiques territoriales, anticiper les mutations économiques, sociales et environnementales, et proposer des solutions innovantes. Ils constituent ainsi un levier indispensable de cohérence, de prospective et de continuité de l’action publique. Les Ceser sont également des lieux de construction de consensus, capables de mettre en dialogue des intérêts parfois divergents et de dégager des accords acceptables par toutes les parties prenantes. À ce titre, ils renforcent la légitimité et l’efficacité des décisions publiques. Supprimer ces instances reviendrait à déstructurer un espace de médiation et de dialogue dont l’utilité et la pertinence ont été maintes fois démontrées.

Enfin, l’argument budgétaire avancé pour justifier cette mesure ne saurait être retenu. Le coût de fonctionnement des Ceser reste modeste au regard des budgets régionaux, et leur contribution à la qualité de l’action publique est incontestable. Penser que leur suppression entraînerait des économies significatives est illusoire, tant la perte en matière de concertation, d’expertise territoriale et de soutien à la décision publique serait lourde de conséquences.

C’est pourquoi le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte appelle solennellement les parlementaires à rejeter cette mesure, et à reconnaître la valeur ajoutée que représentent les Ceser pour la démocratie territoriale. Il invite également l’ensemble des régions et des Ceser à se mobiliser pour défendre un modèle éprouvé, indispensable au développement harmonieux et durable de nos territoires et à la participation effective de leurs habitants à la vie publique.

Le Cesem

Spectacle de contes et de slam à Bandrélé le 5 avril

L’association Hippocampus organise un spectacle de contes et de slam, ce samedi 5 avril à 15h, dans la cour de la Petite Pousse du Sud (foyer des jeunes) à Bandrélé. La première partie sera animée par la conteuse mahoraise Hinnayia, qui présentera des contes traditionnels de Mayotte. La deuxième partie mettra en scène la Cie Les Semeurs de Mots avec un spectacle mêlant conte, slam et danse, intitulé Nos différences nous unissent.

L’entrée est au tarif de dix euros, gratuite pour les enfants de moins de 10 ans. Les billets seront disponibles sur place ou sur réservation par texto au 0676112087.

Cet événement est soutenu par les affaires culturelles de la préfecture de Mayotte.

Un colloque scientifique international à l’Université de Mayotte

Les 8 et 9 avril prochains, à l’Université de Mayotte à Dembéni, un colloque scientifique et international en sciences sociales se tiendra sur la thématique « Mayotte entre passé, présent et avenir ». Un événement financé par la commission Recherche de l’Université de Mayotte, le laboratoire Institut Coopératif Austral de Recherche en Éducation (Icare) de l’Université de La Réunion, et le projet de recherche Aquamarine financé par la Fondation de France. Ce colloque a pour objectif de rendre compte des contrastes démographiques, des ressources économiques, des langues quotidiennes et des paysages des habitants. À partir du 8 avril, dès 8h30.

France 2030 : trois appels à projets dédiés à Mayotte disponibles

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François-Xavier Bieuville, préfet de Mayotte, Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte, avec Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, en charge de France 2030, lancent trois dispositifs dédiés à Mayotte pour accélérer localement des projets innovants, des filières stratégiques et la formation. France 2030 est un plan d’investissement ambitieux dédié au financement des projets innovants et à leur industrialisation, à la recherche et à la formation. Il est doté au niveau national d’une enveloppe d’investissement de 54 milliards d’euros. Les territoires sont l’une des clefs de voûte des ambitions portées par France 2030 avec un volet territorial dédié « France 2030 régionalisé », doté de 500 millions d’euros, dont la particularité est que chaque euro investi par l’État est complété d’un euro investi par le territoire ou la Région.

Considérant l’urgence de la situation consécutive au passage du cyclone Chido à Mayotte, l’État a décidé d’aller plus loin et d’investir deux euros pour chaque euro investi par le Département. Ainsi, 980.488 euros seront mobilisés par le Département de Mayotte et 1,96 million d’euros par l’État, pour un total de 2,94 millions d’euros dédiés aux entreprises et projets locaux entre 2025 et 2026.

Dans le cadre du volet régionalisé de France 2030, trois appels à projets dédiés à Mayotte sont désormais ouverts, et ce, jusqu’au 31 décembre 2026. L’appel à projets « innovation » qui vise à accélérer l’émergence, la croissance et la compétitivité d’entreprises innovantes, Celui « filières » qui a pour objectif de renforcer la compétitivité des filières stratégiques et celui « ingénierie et formation professionnelle », qui vise à accompagner les entreprises dans l’anticipation des mutations économiques et organisationnelles grâce à des solutions innovantes. Le dépôt des candidatures est ouvert depuis ce jeudi, via une plateforme dédiée. Les projets seront instruits au fil de l’eau jusqu’au 31 décembre 2026 (ou jusqu’à épuisement des crédits).

Candidature en ligne :

https://france2030.mayotte.fr/

https://www.demarches-simplifiees.fr/commencer/appel-a-projets-france-2030-regionalise-mayotte

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes