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12/10/10 – 10 M€ de dotations aux constructions scolaires

L'augmentation (de 4,5 M€ à 10 M€) du montant de la dotation spéciale aux constructions et équipements scolaires permettra-t-elle d'atteindre les objectifs fixés par l'ordonnance de 2007, à savoir en priorité scolariser tous les enfants à partir de trois ans dès cette année et préparer la mises aux normes du patrimoine scolaire avant sa cession aux communes ? Unanimement, les organes consultatifs – Conseil économique et social et Conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement – répondent non.

Le CES, s'il souligne un effort significatif de l'Etat, estime à 25 M€ le montant de l'enveloppe annuelle nécessaire au Smiam pour atteindre un niveau satisfaisant de réalisation de nouveaux établissements scolaires, à même d'accueillir l'ensemble des enfants en âge d'être scolarisés.

Pour Zaïdou Tavanday, c'est "un signe fort de l'Etat en ces temps de crise". Le conseiller général UMP de Mamoudzou II voit désormais "le verre à moitié plein", mais s'inquiète de ce que le décret ne reconduise ce versement annuel au Smiam que jusqu'en 2013. "Nous n'avons pas de visibilité sur d'autres régimes de convention qui pourraient venir en remplacement. Demandons à ce que celle-ci soit prolongée jusqu'en 2018", a-t-il lancé à l'endroit du président Douchina.

La discussion entourant le vote du rapport a également fait émerger une position commune de l'opposition, résumée par Saïd Omar Oili, qui réclamait une politique prospective de l'éducation, capable d'anticiper les besoins dans ce domaine sur 20 ans…

12/10/10 – Mesures d’actualisation du droit de l’urbanisme pour Mayotte

Le décret n°2010-1178 du 6 octobre 2010 pris pour l'application de l'ordonnance n°2005-868 du 28 juillet 2005 relative à l'actualisation et à l'application du droit de l'urbanisme à Mayotte, rend applicable à Mayotte les règles générales d'aménagement et d'urbanisme ainsi que celles relatives à la préemption et aux réserves foncières, à l'aménagement foncier, aux constructions et au contentieux de l'urbanisme. En revanche, il ne comporte pas de dispositions réglementaires pour l'implantation des services, établissements et entreprises à Mayotte. Il prévoit en outre que le plan d'aménagement et de développement durable (Padd) de la Collectivité devra faire l'objet d'une évaluation environnementale.

12/10/10 – Des réservistes citoyens de la Réunion à Mayotte

Un contingent de réservistes citoyens s'est envolé ce dimanche vers Mayotte. Objectif, pour ces acteurs économiques du département, mieux approcher et interpréter la présence française dans l'océan Indien, rapporte Ludovic Robert sur Zinfos974.com. Depuis ce dimanche, la Réserve citoyenne de la Réunion est en voyage d'études dans l'île aux parfums à quelques heures de vol du département. Un voyage éclair de 48 heures en présence de représentants de l'Etat et dont l'objectif général est d'entretenir "l'esprit de défense et de renforcer le lien entre la nation et ses forces armées" selon le lieutenant-colonel Thierry Nicolas. Pour les membres de cette délégation réserviste, c'est l'étape supplémentaire d'un programme dédié à mieux connaître la présence de la France dans l'océan Indien qui a débuté dimanche. Une étape qui marque, selon les responsables des Fazsoi, l'engagement de la réserve citoyenne avec les forces armées dans la zone sud de l'océan Indien.

Composée pour la plupart d'acteurs économiques du département ou d'anciens auditeurs de l'Institut des hautes études de défense nationale de la Réunion, la Réserve citoyenne aborde depuis ce dimanche une "réflexion sur le contexte régional et la place de la France" dans cette zone à travers des témoignages et des interventions inscrites à l'agenda, poursuit l'officier. Un agenda appuyé par les interventions de l'ambassadeur de France aux Comores, Luc Hallade, le sous-préfet à la cohésion sociale et à la jeunesse de Mayotte, Grégory Kromwell ou encore le directeur de cabinet du préfet des TAAF, Thierry Perillo. A noter également la présence du Commandant supérieur des Fazsoi, le général Jean-Marc Nebout, et le soutien de cette opération par le détachement de la Légion étrangère de Mayotte.

12/10/2010 – Raid Amazones

 

{xtypo_dropcap}"M{/xtypo_dropcap}ayotte doit participer pleinement et chaleureusement au Raid Amazones pour aider à la construction de l'image du 101e département de France." Tous derrière le Raid Amazones, c'était le message lancé par le président du comité du tourisme Ahmada Madi Chanfi jeudi dernier, lors d'une soirée réunissant les dix équipes mahoraises qui participent à l'aventure, ainsi que Gil Mention et Jean-Louis Conesa, respectivement directeur sportif et directeur logistique, tout juste arrivés sur l'île pour finaliser l'organisation du Raid qui débutera jeudi 14 octobre avec l'arrivée des concurrentes.

"C'est une formidable résonnance pour Mayotte", renchérissait François Mengin-Lecreulx. Le secrétaire général de la préfecture a d'ailleurs été vivement remercié par Jean-Louis Conesa "pour son rôle de coordinateur hors pair". Lors de cette réunion, les deux organisateurs ont tenu à remercier l'ensemble des partenaires du Raid et la trentaine de sponsors locaux, ainsi que le comité du tourisme et la préfecture pour leur accueil et leur appui. Une mention spéciale a été adressée au GSMA, qui fournit 15 personnes pour sécuriser les parcours, à la Paf qui prête un bateau pour surveiller les épreuves de canoë et au vice-rectorat, qui envoie quatre élèves du lycée hôtelier assister le cuisinier.

Les organisateurs ont rappelé que la campagne de publicité dans le métro parisien a été vue par 45 millions d'usagers et a porté ses fruits : le Raid l'Arbre vert Amazones bat un record cette année avec 75 équipes participantes, soit 225 "amazones" réunies sur le site de M'tsangabeach pour 6 jours d'épreuves. Douze autres équipes postulantes ont d'ailleurs été refusées par souci logistique.

 

"Le Raid Amazones est ouvert à toutes les femmes"

 

Le coup de pub ne s'arrête pas là : durant le Raid, la station nationale Virgin Radio effectuera sa matinale 6h-9h en direct de l'île, et l'équipe presse enverra chaque jour 3 minutes d'images qui seront diffusées notamment sur Télé matin de France 2 et le JT de 13h de TF1. Enfin, une des équipes sponsorisée par le CDTM et constituée de journalistes métropolitaines fera un reportage pour Paris Match. Mayotte Hebdo ne sera pas en reste et envoie son équipe d'amazones qui portera aussi les couleurs du CDTM.

L'arrivée de MM. Mention et Conesa a également été l'occasion de dévoiler le programme plus touristique du Raid. Après les épreuves du matin, les raideuses auront l'occasion de découvrir l'île en allant admirer les tortues à N'gouja et l'îlot de sable blanc du sud, en faisant un baptême de plongée avec Planète Bleue, une initiation au golf à Combani ou encore en visitant l'exploitation d'ylang-ylang et de vanille d'Hassani à Ouangani. "Le Raid Amazones est ouvert à toutes les femmes, l'esprit de compétition existe, mais il n'est pas le plus important", ont tenu à préciser les organisateurs au moment de détailler les épreuves (encadré).

Cette soirée a permis aux dix équipes mahoraises de se présenter et de présenter leurs sponsors. Dernière à rentrer dans la course, l'équipe "100% mahoraise" sponsorisée à la dernière minute par le CDTM, qui a le mérite de se lancer dans l'aventure à deux semaines du coup d'envoi. Les 30 jeunes femmes seront rejointes jeudi 14 octobre par les cinq équipes réunionnaises (dont une composée de Mahoraises) et les 60 équipes métropolitaines.

 

Hélène Ferkatadji

 


 

Les épreuves

Vendredi 15 octobre : Canoë 18 km départ M'tsahara

Samedi 16 octobre : Trek 12 km départ M'tsamoudou

Dimanche 17 octobre : VTT 38 km départ Combani – Soirée SFR + épreuve surprise

Lundi 18 octobre : Multi activités sur l'îlot Bandrélé : course d'orientation, tir à l'arc, course PMT+tir à la carabine

Mardi 19 octobre : Trek 14 km Dzoumogné-M'tzamboro

Mercredi 20 octobre : Course 2 km départ CDTM + canoë 16 km Passamainty-Sakouli – Soirée finale au bivouac

 


 

250 kilos de matériel offert à Mayotte

Partenaire du Raid Amazones et fournisseur du matériel sportif, Casal Sport laissera sur place 250 kg de matériel sportif, éducatif et ludique : ballons, raquettes de badminton et de mini-tennis, jeux de société, de croquet et de boules, chasubles, haies basculantes, cerceaux, disques volants, etc.

L'entreprise, leader français sur le marché de l'équipement sportif pour les collectivités, le sport scolaire et les clubs sportifs, sponsorise l'équipe "Alsace Amazones", également constituée en association et à l'origine de ce beau projet. Olivia Conrad, qui participe au Raid pour la 3ème fois, Séverine Richert, qui en est à son 5ème Raid, et Valérie Dot, ex-aventurière de Koh Lanta, permettent ainsi à quatre écoles de profiter de ce généreux don.

Les 132 enfants qui en bénéficieront sont âgés de 12 à 16 ans et sont répartis dans des classes de section PPF-AIS à Chirongui, Malamani, Kawéni et Tsingoni. L’opération a été financée pour un tiers par le Lions club Mayotte Ylang.

11/10/10 – Un mahorais à la tête de Ladom

L'Agence de l'Outremer pour la mobilité (Ladom), comme son l'indique, gère la mobilité professionnelle des Ultramarins. Devant un parterre de personnalités venant du monde de la formation professionnelle mais aussi de la politique et de l'armée, l'Agence a présenté son nouveau délégué régional. Ladom, vient de nommer Soilihi Mouhktar délégué régional. Auparavant, il a travaillé à la DTEFP, où il a pu démontrer ses compétences comme le souligne le président du conseil général, Ahmed Attoumani Douchina "je le connais par le biais de mon épouse qui travaillé avec lui à la DTEFP. Quand il ya des gens qui sont bons, il faut le souligner. Il est bon", encense-t-il. Le préfet de Mayotte Hubert Derache, joint par Douchina et François- Xavier Bieuville, directeur général de l'agence venu à Mayotte pour l'occasion, note fièrement l'accession d'un mahorais à ce poste, "tout cela est symbolique" avant d'ajouter "si les compétences sont réunies, il faut valoriser les Mahorais qui réussissent".

Faire en sorte que les Mahorais réussissent, voilà l'objectif de cette agence pour la mobilité. Ils ont gérés cette année 500 jeunes partis en Métropole pour la poursuite de leur formation, et, au 1er septembre "on est à plus de 300 dossiers" rapporte François-Xavier Bieuville. Une agence dynamique donc, qui a des nouveaux projets, notamment la création d'un groupement d'intérêt public en 2011. Il y aura la mobilité professionnelle, étudiante et la continuité territoriale. "Il est important de créer des parcours pour cerner les besoins des étudiants, qu'ils réussissent et qu'un jour ils reviennent à Mayotte. Pour développer l'expérience et la formation, parfois, il faut aller chercher le savoir ailleurs", encourage le préfet.

28/09/2010 – Cinéma

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}ancées il y a 16 ans par de jeunes collégiens et lycéens dynamiques et qui composent la FCJT, Les Rencontres du cinéma d'Afrique et des îles sont devenues un évènement incontournable auprès des cinéphiles mahorais. "La préoccupation originelle de la FCJT fut d'attirer l'attention sur le fait qu'il y a du cinéma en Afrique, et que ce cinéma est doté de qualités artistiques incontestables ; et au fil des éditions nous avons observé avec joie que notre public était interpellé par la portée autant que par la générosité, l'humour et la tendresse des films projetés", témoigne le comité d'organisation. Autant dire que ces rencontres cinématographiques sont l'occasion de découvrir des films originaux qui relatent des histoires improbables du continent africain et de ses îles.

La programmation 2010 propose une sélection de 35 films issus de différents pays du vieux continent. Comme pour chaque édition, l'invité d'honneur des quatorzièmes rencontres cinématographiques de Tsararano est le cinéaste camerounais Jean-Marie Teno. Ce dernier arrive le dimanche 3 octobre. "La nouveauté justement cette année, nous avons fait venir le cinéaste plus tôt pour d'éventuelles rencontres", alignent Stéphane Planchot et Bacari Mcolo, tous deux fervents membres du comité d'organisation. Une nouvelle formule qui peut justifier largement le report des rencontres, initialement prévues en même temps que la dernière coupe du monde. Le cinéaste Jean-Marie Teno entamera dès le lendemain de son arrivée une semaine d'interventions en lycées.

 

Jean-Marie Teno à la rencontre des élèves

 

En plus de sa présence à l'occasion des séances de projections où "il nous présentera quelques-uns de ses films et échangera avec le public", le cinéaste, qui est spécialisé dans le genre documentaire, partira à la rencontre des jeunes. Une façon de leur "souligner l'importance de la réalisation des films documentaires". Ainsi, on peut espérer voir des jeunes se lancer et "qu'ils n'attendent pas que les autres le fassent à leur place".

Cette proposition faite aux lycées intéressés d'accueillir le cinéaste pour une rencontre avec les élèves, du 4 au 8 octobre, se fait en partenariat avec l'Association des documentalistes et bibliothécaires de Mayotte (ADBM).

Le cinéaste documentariste camerounais arrive avec trois de ses films : "Clando", son premier long métrage de fiction sorti en 1996, "Chef !", documentaire sur l'autocratie qui date de 1999, et "Le mariage d'Alex", documentaire sur la polygamie sorti en 2002. "Le mariage d'Alex" est le film qui sera proposé aux lycéens.

Force est de constater que les jeunes de Tsararano se démènent pour proposer une programmation cinématographique décentralisée. En plus des seize séances prévues à Tsararano et celles réservées aux scolaires, deux autres auront lieu à Labattoir, en partenariat avec Ciné Nyambo de Labattoir, et quatre autres à la salle de cinéma de Mamoudzou, grâce au conseil général. La FCJT envisage même de projeter deux films sur le parvis du comité du tourisme pour tous publics.

 

Cérémonie d'ouverture, le 8 octobre à Tsararano

 

La FCJT compte parmi ses partenaires institutionnels la commune de Dembéni, le ministère de la culture et de la communication représentée à Mayotte par la direction des affaires culturelles (Dac), CultureFrance et le ministère de l'Outremer. Quelques partenaires privés locaux font également partie de ceux qui encouragent les jeunes de Tsararano à continuer à faire rêver les cinéphiles mahorais, à l'image de SFR, Total ou de Tounda Mag et Mayotte Hebdo.

La cérémonie d'ouverture de l'édition 2010 des Rencontres du cinéma d'Afrique et des îles est prévue le vendredi 8 octobre, à 17h30, au foyer des jeunes de Tsararano. Elle sera suivie des deux premières projections, respectivement à 18h30 et 20h30. Les projections à Tsararano sont payantes, 1€ pour les jeunes et étudiants, 2€ pour les adultes. Une formule d'abonnement pour toutes les séances existe pour 20€.

 

Rafik

 


 

Jean-Marie TENOJean-Marie TENO est né au Cameroun. Il réside en France depuis 1978. Il étudie la communication à l’Université de Valenciennes où il obtient une licence en techniques audiovisuelles puis une maîtrise en communication audiovisuelle. De 1985 à 1997, il est monteur à France 3. Dans le même temps, il publie des critiques cinématographiques dans Bwana Magazine.

Il réalise son premier documentaire en 1983. Ensuite, il ressent la nécessité de produire et de distribuer lui-même ses films. Depuis, il navigue entre documentaires et fictions, avec notamment : Afrique je te plumerai (1992), La tête dans les nuages (1994), Clando (1996), Chef ! (1999), Vacances au pays (2000), Le mariage d'Alex (2002), Le malentendu colonial (2004) et Lieux saints (2009). Il permet aussi à de jeunes réalisateurs de bénéficier de son expérience en produisant et distribuant leurs films (Si-Gueriki, la Reine-mère, d’Idrissou Mora-Kpai, 2002).

Accession de Mayotte au statut de Rup

En marge de l’université des Forces progressistes qui s’ouvrira ce samedi, Kira Adacolo, l’attaché parlementaire du député européen pour la circonscription océan indien, a ouvert mercredi dernier la discussion sur le processus de transformation de Mayotte en région ultrapériphérique de l’Europe (Rup).
Le Pacte pour la départementalisation a fixé l’échéance 2014. Mais selon le porte-parole du Parti social mahorais (PSM), la demande d’accession de l’île au statut européen doit intervenir de manière concrète dès « l’effectivité de la départementalisation », c’est-à-dire à l’issue du renouvellement de l’assemblée territoriale au mois de mars 2011. Autant dire que l’urgence est plus que jamais déclarée.
A côté du travail administratif confié au Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), qui a désormais en charge l’élaboration du dossier de « rupéisation » de Mayotte avec la formation d’une trentaine de personnes en cours, Kira Adacolo estime que les politiques ont intérêt à se mobiliser sur le sujet à travers « un lobbying actif », tant à Paris qu’à Bruxelles, afin de présenter, le moment venu, des dossiers solides, répondant aux critères d’éligibilité aux fonds structurels européens.
L’assistant du député Elie Hoareau juge impératif de créer « un bureau permanent à Bruxelles », compte-tenu des enjeux liés à l’adaptation des particularités locales aux normes européennes. Ce travail de mise en conformité demande des « dérogations assez lourdes » et nécessite des « négociations serrées » entre Mayotte, Paris et Bruxelles pour que le processus se passe dans les meilleures conditions. Au regard de l’Union européenne, l’archipel de Mayotte est le PTOM français le plus dense avec 511 hab/km2, sur une surface de 375 km2, qui est confronté depuis quelques années à des problématiques qui rendent son développement difficile.
Sa coopération avec l’Union européenne via le FED a permis jusqu’à maintenant de porter sur les infrastructures de base telles que l’électrification, l’adduction d’eau et un peu d’assainissement des eaux pluviales et usées. Il faudra intégrer le volet gestion des déchets, ainsi que la problématique des transports dont les handicaps actuels ne favorisent pas l’essor du tourisme et de l’artisanat. Les délais étant très courts, « il faut hâter le processus de rupéisation » en proposant dès maintenant des pistes de réflexion conformes au cadre de la « Stratégie 2020 » de l’Union européenne.

Ne pas rester en marge de la mondialisation

La départementalisation, explique Kira Adacolo, sera mise en vigueur par des séries d’ordonnances gouvernementales, de manière progressive et adaptée, afin de ne pas « déséquilibrer la société mahoraise, ses traditions, ses spécificités locales ainsi que son économie ». Entre temps, le dossier de demande d’accession au statut de Rup sera présenté à la Commission européenne, notamment afin que Mayotte soit éligible à la prochaine programmation des Fonds structurels européens (2014-2020).
Ces deux évolutions statutaires majeures devraient permettre à Mayotte d’avoir les moyens à la fois juridiques, institutionnels et financiers pour rattraper ses retards structurels en matière d’infrastructures, d’équipements structurants et ainsi permettre de « relancer et diversifier son économie afin de ne pas rester en marge des évolutions de la mondialisation, à l’image du haut débit et des nouvelles technologies de l’information et de la communication ».
A ce titre, l’assistant parlementaire estime que la population doit être à la base des « propositions d’orientations économiques pour un développement solidaire et durable de Mayotte ». Cette population dont la densité est la plus élevée de toutes les collectivités d’Outremer françaises avec 511 habitants par km2 sur une surface de 375 km2, est confrontée depuis quelques années à des problématiques qui la font douter sur l’avenir. Or, depuis plus de 50 ans et auprès de l’Etat français, les Mahorais se sont toujours exprimés pour faire évoluer leur territoire avec des institutions sécurisées et stables, garantissant « un développement économique et social harmonieux maintenant la paix sociale, la sécurité des personnes et des biens ».

Des obligations complexes et des règles exigeantes

En devenant région ultrapériphérique, Mayotte bénéficiera des dispositions du Traité de l’Union qui reconnaît la spécificité des Rup et la nécessité d’adapter les politiques communautaires à leurs réalités et à leurs contraintes permanentes. Ainsi, l’Europe pourra contribuer davantage au développement avec l’accès aux fonds structurels comme le Fonds européen de développement régional (Feder) ou le Fonds social européen (FSE).
Mais la procédure est complexe. Elle suppose, entre autres, que Mayotte puisse faire face à l’ensemble de ses obligations de région européenne. Un certain nombre de dispositions préalables devront être prises pour que l’ensemble des règles communautaires s’y applique. Un autre volet important devra conduire le nouveau département-région d’Outremer à renforcer ses instruments de statistiques économiques, fiscales et démographiques… afin de mieux prendre en compte les filières comme l’industrie, l’agriculture, la pêche ou le commerce et de pouvoir entamer, dans les meilleures conditions, les négociations avec les directions générales (DG Régions, DG Europaid, DG Développement).
« Les règles nouvelles sont exigeantes. Elles impliquent de profondes évolutions, vers le droit commun, qui se feront étape après étape. Contrôler, évaluer, amender si nécessaire les conditions de mise en œuvre des évolutions institutionnelles sur le plan national et européen, seront les bases du succès du processus dans lequel nous nous engageons. Sans ces exigences, tous les efforts seraient voués aux déceptions collectives et individuelles, dont les conséquences seraient lourdes pour le développement humain, économique et social de Mayotte », indique Kira Adacolo.
Selon l’assistant parlementaire, l’intégration européenne n’est pas incompatible avec l’insertion régionale. Au contraire, les deux échelons se renforcent et leur complémentarité constitue un atout essentiel pour Mayotte. Raison pour laquelle il faut développer, par « une politique volontariste, voire interventionniste », les actions de coopération régionale et renforcer les contacts avec les membres de la Commission de l’océan indien (Réunion, Maurice, Seychelles, Madagascar et Comores).
« L’intégration de Mayotte dans les organisations régionales est en effet une opportunité supplémentaire dans les marchés intérieurs du commerce notamment, pouvant contribuer aux stratégies de croissance économique régionales », souligne Kira Adacolo

 

Zaïdou Bamana

Sortir de la crise, du constat à l’action

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e constat est là, dramatique, répété à l’envi : les mises sous tutelle des collectivités locales, les graves problèmes de trésorerie des entreprises, le chômage massif, les manifestations récurrentes, l’habitat insalubre, l’illettrisme, les échecs scolaires…
Il est facile de lister, de constater, de s’en gausser ou de le regretter. Mais aujourd’hui, le temps de la réaction doit venir. Il faut des actes symboliques, et du concret, du solide. Il faut prendre un dossier sous le bras, le défendre ici, à Paris, à Bruxelles, et revenir avec du concret, un accord signé, un décret d’application, un financement exceptionnel à la mesure de la situation.
Je pense qu’il faut aussi, ici, être propre, clair, honnête. Il faut arrêter de mentir, de se mentir. Il faut constituer des équipes compétentes, efficaces, dynamiques, et leur faire confiance. Il faut arrêter de penser à des élections ou des réélections. Il faut penser à Mayotte. Il faut réorganiser les équipes et arrêter de le dire. Il faut dire la vérité à chacun et remplacer en urgence ceux qui ne remplissent pas leurs missions.
Il faut pour cela réussir une transition en douceur entre les « anciens », grâce à qui nous sommes là aujourd’hui, et leur faire comprendre que les enjeux sont maintenant beaucoup plus complexes, techniques. Il faut avoir le courage, l’intelligence de se mettre en retrait au profit d’un directeur adjoint, opérationnel, capable d’appréhender ces nouveaux enjeux. Il faut oser faire appel aux compétences, aux expertises extérieures qui nous manquent.
Il faut aider tous ces salariés, inutilisés dans les administrations locales, à trouver leur place pour demain. Se former pour servir dans six mois ou un an, partir en préretraite, ou se lancer dans le privé avec un soutien, un accompagnement. Les pistes ne manquent pas. Il faut consommer en priorité les produits locaux, travailler avec les entreprises locales.
Sortir de ces bonnes résolutions pour entrer dans le concret. C’est ce que nous continuons à essayer de faire, en mettant autour de la même table des représentants des principaux acteurs du territoire (Une et Mayotte éco). C’est ce que nous relayons avec cette campagne valorisant les produits locaux, associant de manière encourageante les services de l’Etat, de la Collectivité et les professionnels (lire page 3). C’est peut-être cette dynamique qui doit être activée.
Voir ce que chacun peut apporter, ce qu’il attend des autres, dans des relations saines, constructives, de confiance, dans un intérêt commun. Il est temps d’activer les différents leviers permettant de remettre les machines en route. Ainsi, peut-être, sûrement, l’espoir pourra revenir, car c’est ce qui manque le plus ces derniers mois.

 

Laurent Canavate

Production locale

{xtypo_dropcap} »M{/xtypo_dropcap}anger local, c’est bon pour nous, c’est bon pour Mayotte. » C’est ce slogan que vous verrez dès lundi sur les affiches vantant la consommation des produits locaux, que ce soit la production maraîchère, les volailles, les œufs ou la pêche. Dans le cadre du Plan Mayotte 2015 pour le développement de l’agriculture, issu des Etats généraux, la Daf, en partenariat avec l’ARS et la chambre d’agriculture (Capam), lance une campagne de valorisation des produits locaux avec la création d’un label qui doit permettre la pérennisation de l’action.
« L’idée est de montrer au consommateur qu’il y a dans l’île une production maraîchère, fruitière, d’œufs, de volailles, qu’elle est de qualité contrairement à ce que certains semblent croire et qu’elle permettra à terme des créations d’emplois, si le consommateur aide à son développement », détaillait mardi matin François Mengin-Lecreulx, le secrétaire général de la préfecture chargé des affaires économiques.
Cette campagne fait suite à un travail lancé depuis 2009 par la Daf auprès des producteurs, en faveur de la commercialisation de leurs produits. Afin de toucher un public le plus large possible, la campagne sera composée d’affiches, d’un spot télévisé et de messages radio, en français et shimaore, ainsi que d’affiches et d’animations dans les points de vente. Une action spécifique aura lieu à destination des scolaires, avec la création d’un kit pédagogique mis à disposition des enseignants.
La campagne prend un peu d’avance sur la réalisation effective complète du programme puisque, si les fruits, légumes et œufs produits localement se trouvent déjà en magasin, il n’en est pas de même pour les volailles, qui devraient bientôt être commercialisées grâce à l’ouverture d’un abattoir aux normes d’ici la fin de l’année, qui rejoindra celui de l’atelier agroalimentaire de Coconi déjà ouvert depuis peu.

Manger sain pour lutter contre l’obésité

« Il n’est pas prévu pour l’instant de faire de même avec la viande bovine pour laquelle la filière sera plus complexe à mettre en place, notamment en raison des normes sanitaires exigées pour un abattoir, mais cela devra se faire un jour », a précisé François Mengin-Lecreulx.
A noter que l’agence de santé (ARS, ex-Dass) est partenaire de l’opération à hauteur de 20% du financement, le reste étant pris en charge par le Contrat de projet. « Mayotte est vulnérable aux maladies tropicales et aussi, de plus en plus, à celles de la société de consommation. Nous avons ici une présence importante du diabète et de l’obésité, c’est pourquoi favoriser la consommation de fruits et légumes est important », précisait la directrice Danielle Mouffard, alors que l’obésité commence à baisser en métropole, 10 ans après le lancement du plan national en faveur d’une alimentation plus saine et plus équilibrée (manger moins gras, moins salé, moins sucré; manger 5 fruits et légumes par jour…).
L’annonce de cette campagne a été l’occasion pour Dani Salim, président de la Capam qui est partenaire de l’opération, de rappeler que l’agriculture mahoraise est en danger, notamment en raison des vendeurs à la sauvette en bord de route, qui proposent des produits maraichers dont la provenance est inconnue à des prix plus bas que ceux des agriculteurs. « Je refuse d’entendre que la production locale coûte cher, des tomates de bonne qualité à 2 ou 3 € le kilo ce n’est pas trop cher », a renchéri Thierry Maramber, qui demande une accélération du calendrier du programme d’aide à la valorisation des produits locaux.
Le 1er producteur de tomates sous serres de l’île s’est plaint du fait que les grandes surfaces importent des produits de maraîchage de Madagascar ou d’Anjouan, moins chers que ceux de Mayotte. « Dans ce cas nous sommes condamnés à mourir, nous ne pouvons avoir de prix plus bas au vu de nos coûts de production, ou alors il faut embaucher des clandestins… »

Lutter contre l’importation illégale

A la réponse du directeur de la Sodifram, qui précise que la production maraîchère mahoraise ne fournit que 6 mois de l’année, et que le reste du temps il est obligé d’importer pour remplir ses rayons, s’est ajoutée celle du Sgaer qui a rappelé que la baisse des droits de douane sur plusieurs produits obtenue il y a quelques mois n’est pas irrévocable. Si la production mahoraise peut suffire à satisfaire la demande en fruits et légumes, les droits de douane sur ces mêmes produits seront rétablis.
Le débat s’est clos sur la forte demande des agriculteurs de stopper les importations illégales et les ventes à la sauvette, contre lesquelles la direction de la répression des fraudes devrait opérer d’ici la fin de l’année. « En métropole, un fromage de pays coûte plus cher qu’un fromage industriel, c’est normal et ça ne freine pas le consommateur, au contraire », a toutefois estimé M. Mengin-Lecreulx. Cette première phase de campagne doit durer un mois, elle sera reprise à partir du mois de décembre et à nouveau au mois de février, pour s’inscrire dans la durée.

 

 

Hélène Ferkatadji

Biodiversité et ressource en eau

{xtypo_dropcap} »C{/xtypo_dropcap}et inventaire n’a jamais été fait. L’objectif est la connaissance et à court terme la protection réglementaire par l’application des textes : si ces zones sont affichées par arrêté préfectoral, tous les dossiers devront en prendre compte. » Gilles Creuzot, le responsable du service de l’eau de la Daf, se félicite de la livraison avant la fin de l’année de cette étude du CNBM sur les zones humides, lancée grâce à des crédits du ministère de l’Ecologie à hauteur de 35.000€. « Ce sera un outil juridique beaucoup plus fort, même si aujourd’hui on intègre déjà les premiers éléments de l’étude, par exemple dans les plans locaux d’urbanisme (PLU) des communes, où on a veillé à maintenir en l’état les zones pressenties par l’étude. »
Le protocole de l’étude s’appuie sur deux critères issus d’une circulaire du ministère : la nature des couches du sol et la part des espèces déterminantes de zones humides qui doit dépasser les 50%. Sur le terrain, Valérie Guiot effectue des délimitations de ces zones au GPS et établit des fiches sur les critères physiques, la superficie, la typologie des habitats et répertorie les espèces végétales.

Des terrains plats et fertiles soumis à une forte pression agricole et urbaine

L’article L211-1 du code de l’environnement a instauré, depuis la loi sur l’eau de 1992, l’objectif d’une gestion équilibrée de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Décliné dans le Sdage (Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux), cet objectif prévoit une déclaration à la Daf de tous les « installations, ouvrages, travaux et aménagements » (Iota) de moins d’un hectare, et une autorisation avec avis de la mission interservices de l’eau et de l’environnement à Mayotte (Miseen) pour les projets de mise en eau, de remblai ou d’assèchement de plus d’un hectare situés dans les zones humides.
« Pour instruire ces dossiers au titre de la loi sur l’eau, il faut d’abord savoir si le projet est en zone humide, mais jusqu’à maintenant aucune carte n’a été validée scientifiquement », explique Benjamin Espérance, responsable du service environnement et forêt de la Daf. Outre les PLU, les zones humides peuvent aussi être prises en compte dans les plans de prévention des risques (PPR), pour leur capacité à absorber les excédents d’eau en cas de fortes crues.
Des zones telles que la plaine alluviale côtière qui s’étend de Miréréni à Poroani au sud, les reliquats de forêts humides de Bouyouni au nord, ou encore le marais de Coconi sont en effet soumises à une forte pression agricole et urbaine, car ce sont des terrains plats et fertiles. Le cas le plus visible de cette pression est la construction de la station d’épuration dans la zone humide de Tsararano. « La zone humide va rester tant qu’on maintiendra les pâturages autour de la station, elle ne doit pas devenir un champ de maïs ou une zone industrielle », prévient M. Creuzot, qui ajoute que le choix d’implantation de la station à cet endroit a été effectué pour son intérêt général et son moindre impact sur l’environnement.

Un zonage qui préfigure la mise en place de Natura 2000

Du point de vue de la biodiversité, ces zones, qui évoluent au fil des saisons, recèlent une grande richesse floristique et faunistique. Cette étude qui va définir précisément les habitats et lister les espèces présentes servira de base à l’élaboration des zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff).
« En Métropole, ces zones ont été définies grâce au travail des associations environnementales avec les directions régionales de l’environnement (Diren). A Mayotte, les études sont commanditées par l’administration car les associations ne sont pas encore assez développées », constate M. Espérance, qui espère que ce zonage, qui sera complété par une étude sur la faune, sera achevé d’ici deux ans. Les Znieff permettront ensuite le zonage en Natura 2000, avec la rupéïsation de Mayotte prévue en 2014.
A terme, la délimitation des Znieff permettra de mettre en place le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE), prévu par la loi Grenelle 2 pour 2012, afin d’établir les liens entre les différents écosystèmes, par exemple les interactions entre les zones humides et les rivières ou le lagon, et ainsi d’assurer la continuité des « trames vertes et bleues ».
Toutes les communes de Mayotte sont concernées par cette étude de terrain : aujourd’hui, 10 communes ont été prospectées sur les 17. Cette étude, dont la livraison est prévue avant la fin de l’année, permettrait également d’appuyer une éventuelle inscription à la convention internationale de Ramsar de sites tels que le lac Dziani, celui de Karéhani, ou les mangroves des baies de Bouéni et Dzoumogné. A ce jour, seule la vasière des Badamiers figure sur la liste prévisionnelle des sites français.

 

 

Julien Perrot

Mayotte, l’avenir est en nous

{xtypo_dropcap}I{/xtypo_dropcap}l ne s’agit pas non plus de liquider la culture d’un peuple qui a son histoire et qui ne date pas de 1841. Rappelons que le Mahorais est le fruit de plusieurs origines diverses : des Africains Bantous, des Protos-Malgaches, des Arabos-Shiraziens, des Créoles, des Indiens… Il s’agit aujourd’hui de réussir un changement de modèle de société. L’organisation sociétale basée sur le droit local est très « attaquée », alors qu’il assurait la paix et la cohésion sociale. Pour la remplacer avec quoi ? Par un nouveau statut sensé joué tous les rôles. La transition avec ce nouveau statut ne sera alors pas facile.
Oui au changement, non au reniement de soi. On ne change pas des habitudes culturelles enracinées à coup de lois et de règlements. Par contre, l’homme peut changer sans se travestir pour autant. C’est cet homme nouveau, en équilibre entre la promotion de l’individu et non de l’individualisme (le citoyen) et la volonté collective (l’intérêt général), qui ne renie pas ce qu’il est, qui se bat pour un idéal (être libre), que nous devons façonner avec finesse. Le repli identitaire n’est pas la solution dans un contexte de globalisation. Cependant, on ne fera jamais de nous, Mahorais, des Gaulois, ou des héritiers de Clovis, de Vercingétorix, de Charlemagne…
Nous sommes fiers d’apprendre l’histoire de France. Nous regrettons de ne pas apprendre l’histoire de Mayotte, des Comores et de l’Afrique. Nous sommes fiers d’être Français, de parler la langue française, de partager l’histoire de la France. Nous sommes fiers de faire partie de cette France multi identitaire qui accepte les identités d’Outremer, l’identité des Corses, des Bretons, des Alsaciens…, et le tout au sein de la nation française. Malgré tout, nous revendiquons notre différence au sein d’une France multiculturelle. On peut faire du Mahorais un citoyen digne de la République qui a des droits et des devoirs au même titre que tout Français dans le respect de ses différences, tant que celles-ci ne sont pas contraires à la loi fondamentale.
Aujourd’hui, contrairement à la revendication initiale, les Mahorais attendent plus d’égalité de droits, aussi bien vis-à-vis des autres « domiens », que vis-à-vis de la Métropole. La revendication contre la vie chère n’est que l’arbre qui cache la forêt d’un très grand malaise social. Nous devons alors nous tourner vers l’avenir.
Pour cela, il nous faudra régler six problèmes qui se dégagent, me semble-t-il, comme les véritables enjeux de demain :
La question de l’immigration clandestine. Cette question sera très compliquée à gérer malgré les efforts de l’Etat qui régule le phénomène à défaut de pouvoir le stopper. Il y a eu trop de liens entre les îles. Des familles, des relations se sont formées au cours de l’histoire. Sans perspectives chez eux, les Comoriens reviendront à Mayotte, quitte à mourir chaque année au large de Mayotte, l’eldorado. « Un mort n’a jamais peur de pourrir » (proverbe comorien). La mise en place d’un état civil fiable, en dehors de toute stigmatisation, entre dans cette thématique de lutte contre l’immigration clandestine. Un état civil non maîtrisé risque, en effet, de compromettre tout projet de développement harmonieux de l’île. Tout projet de développement d’un pays quel qu’il soit s’appuie sur des prévisions démographiques fiables.

La question de la création d’une richesse locale. L’aquaculture et le tourisme semblent être les meilleurs atouts de l’île. La jeunesse de la population de notre île est aussi un atout trop souvent négligé. La part des emplois publics devra diminuer pour faire place à l’initiative privée. L’économie locale ne pourrait pas éternellement reposer sur les aides de l’Etat central et sur l’importation (même si un effort de rattrapage est nécessaire). Le développement endogène de l’île passera par une restructuration de l’appareil productif local et par une ouverture du marché local aux débouchés régionaux. Il faudra aussi, dans le cadre de mesures incitatives, réhabiliter l’initiative individuelle et le travail manuel. En termes de demande d’emploi, nous devrons cesser de regarder seulement du côté du conseil général ou des communes. Il est très facile de laisser aux clandestins faire le sale boulot tout en les stigmatisant.

La question des droits sociaux. En effet, il est urgent que les Mahorais, qui sont triplement pénalisés (Smig faible, prix très élevés et fort chômage), puissent bénéficier des prestations sociales et de tous les minima sociaux, ici et maintenant. C’est une question de survie et non d’assistanat. Attendre 2012, c’est déjà les condamner à la misère ou à l’exil. L’urgence sociale est là. La solidarité familiale et communautaire est au bord de l’éclatement. La situation chaotique des voisins comoriens et malgaches ne peut plus ou ne pourra plus être considérée comme une référence de comparaison. Nous refuser le progrès social sous prétexte que nous avons un mode de vie neuf fois supérieur à celui de nos voisins, ce discours là ne tient plus.
La plupart des Mahorais partent ailleurs pour aller chercher ce qu’ils n’ont pas chez eux. Il manque à Mayotte les filets de sécurité nécessaires pour une population qui a longtemps vécu de solidarité, de gratte, d’élevage et de cueillette. La société de consommation apparait avec ses dépenses contraintes sans aucun système garantissant le minimum vital pour ceux et celles nombreux qui ne travaillent pas. Les emplois publics ne peuvent plus continuer à servir de filet de sécurité sociale. Le risque est grand de se retrouver devant une économie qui n’investit pas pour l’avenir, qui n’offre pas de perspectives pour les enfants de l’île.
En Métropole, les minimas sociaux sont distribués dans le cadre de la solidarité nationale. Quand il s’agit de Mayotte, on nous parle d’assistanat. Deux poids, deux mesures. En même temps, consacrer toute la richesse d’une île à payer des salaires ne semble pas constituer un projet de société. L’emploi public et le mandat politique ne peuvent être le seul horizon de notre jeunesse.

La question de l’éducation et de la formation. Il y a incontestablement un problème de formation et une crise de l’éducation. C’est tout le processus éducatif de Mayotte qui devra être repensé de la maternelle à l’université en passant par l’école coranique et l’enseignement de l’arabe. Des modes de garde des enfants jusqu’aux cantines. Les nouvelles technologies ainsi que la mise en place du haut débit doivent être une priorité pour une jeunesse mieux formée et plus mobile. La Collectivité devrait investir dans le haut débit tout en donnant la possibilité à chaque collégien mahorais de pouvoir disposer d’un ordinateur portable; une fois les besoins physiologiques accomplis, c’est-à-dire manger, boire, dormir, se soigner, car un citoyen qui a le ventre vide ne pense pas, il répond d’abord à l’appel du ventre. Cette jeunesse aujourd’hui plus ouverte mais enracinée dans une culture différente de la culture occidentale (où l’individualisme et le capitalisme triomphent), ne peut pas tourner le dos au progrès technique. Elle doit être préparée à la globalisation malgré sa singularité.

La question de la protection de l’environnement constitue aussi un enjeu majeur. Le temps est venu de réfléchir à un autre mode de développement qui protégera au mieux l’environnement de notre île de plus en plus fragilisée par un développement non maîtrisé. Le développement d’énergies renouvelables devra aussi être encouragé à l’exemple de ce qui se fait à l’île de la Réunion. Loger dignement les Mahorais fait aussi partie de cette politique de développement durable. Un plan stratégique de protection des habitants en cas de catastrophes naturelles ou de montée des eaux causée par le réchauffement climatique est primordial.
L’aménagement du territoire tournant le dos au tout urbain est à repenser. Mamoudzou ne doit pas devenir Rio (Brésil) où l’air est irrespirable en raison d’un fort taux de pollution. La question des transports (diversifiés) devra être réglée avec un mélange de transport maritime (repenser le rôle du STM), de transport collectifs (bus, tramway) et tout autre moyen de déplacement pouvant permettre de limiter la pollution et de désengorger la capitale.

La question de l’autonomie et de la libre administration des collectivités locales. Pour cela un cadastre fiable est plus qu’une nécessité, sinon la mise en place de la fiscale locale prévue dès janvier 2014 pourrait être compromise. Sans cette fiscalité locale, point d’autonomie notamment des communes qui vivent aujourd’hui de la dotation globale de fonctionnement (DGF) et du fonds intercommunal de péréquation (Fip). Nous devons mettre un terme à la politique de la main tendue par la création d’une richesse locale. Ce qui n’exonère pas l’Etat d’exercer ses missions régaliennes.
Sans accompagnement de ces communes par l’Etat d’ici 2014 (formation, subvention d’équilibre), il est clair qu’elles ne pourront pas échapper à une mise sous tutelle, pour la majorité d’entre elles qui manquent aussi de compétences. Quelle valeur aura notre futur département d’Outremer sans fiscalité locale, sans ressources propres pour nos collectivités locales ? Le principe constitutionnel de libre administration des collectivités territoriales semble ici compromis.
Il n’y a pas de fatalité si tout est fait dans les délais et avec la volonté de tous. Au-delà de la nécessaire mise en place de la fiscalité locale, c’est tout le problème de la création et du partage de la richesse qui est posée. Quelle assiette, quel taux, quel contribuable, quelles recettes, quel mode de répartition de ces recettes (département-région, communes, intercommunalités) ? Connaissant le peu de personnes suffisamment capables de payer des impôts à Mayotte, se posera à terme la question de la solidarité nationale.

L’objectif fixé par les anciens a été atteint le 29 mars 2009 : être Français pour se libérer des Comores. A partir de cette date, une nouvelle histoire commence pour les Mahorais dans leur nouveau rapport avec la France. Aujourd’hui, c’est plutôt être pleinement Français sans reniement de soi et ce pour plus d’égalité qui doit nous mobiliser. Comment vivre au sein d’une société laïque qui préfère le curé pour éduquer nos enfants en lieu et place de l’instituteur ? Le même instituteur qui a pris la place de nos ‘’foundis’’ (maîtres) coraniques ?
Se pose aussi la question de comment accompagner ce nouveau statut qui devra concerner tous les Mahorais pour les 25 prochaines années ? Quel modèle de société pour des Mahorais qui n’ont pas comme ancêtres les Gaulois ? Comment vivre au sein d’une République laïque mais historiquement judéo-chrétienne et qui aurait pour racine le baptême de Clovis en 496 ? Comment vivre au jour le jour alors que le modèle local de solidarité est en voie de disparition ? Quel modèle de société voulons-nous léguer à nos enfants ?
C’est à ces questions que nous devrons répondre au-delà du statut de département d’Outremer aujourd’hui acquis. Nous savons que le statut de citoyen ne s’acquière pas du jour au lendemain. Il a un prix. Il faudra le conquérir. Nous savons aussi depuis la visite de notre Président le 18 janvier que « ce n’est pas l’Etat qui crée de la richesse« . Tout ne viendrait pas de Paris, les choses sont claires. Le développement endogène, le contraire de « débrouillez-vous seuls », est au cœur de notre projet de société.
Le défi à relever est énorme car être égal ne veut pas dire forcément être semblable. Nous sommes tous Français mais pas identiques. L’égalité au service de la différence et non l’égalité contre la diversité. Au-delà de l’appartenance à la nation française, nous devons ensemble construire une destinée commune. Au-delà du débat stigmatisant sur l’identité nationale, c’est plutôt le comment vivre ensemble qui est à construire. Aimé Césaire disait : « Vouloir être assimilé, c’est oublier que nul ne peut changer de faune; c’est méconnaître ‘altérité’ qui est loi de nature ».

 

 

Moindjie Mohamed

Recyclage des déchets électroménagers

{xtypo_dropcap}V{/xtypo_dropcap}endredi matin dans l’hémicycle du conseil général, Christel Thuret, de l’antenne de Mayotte de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), a annoncé le lancement opérationnel le 1er janvier 2011 de la filière DEEE, grâce à l’arrivée de l’éco-organisme Eco-systèmes sur le territoire. Les éco-organismes sont des sociétés privées à but non lucratif : à l’exception des seules réserves nécessaires à la pérennisation de la filière, les produits des éco-organismes doivent s’équilibrer avec leurs charges.
Les DEEE sont les déchets de tous les équipements fonctionnant avec une prise électrique, une pile ou un accumulateur. A l’échelle nationale, ce type de déchets connaît une croissance de l’ordre de 3 à 5% par an. On distingue 9 catégories : gros et petits appareils électroménagers, équipements informatiques et de télécommunication, matériels grand public, outils électriques et électroniques, jouets, équipements de loisir et de sport, dispositifs médicaux (sauf produits infectés), instruments de surveillance et de contrôle, et distributeurs automatiques.

Une éco-participation qui varie de 0,10€ à 13€

« La gestion des déchets va aller en s’améliorant avec le Pedma (Plan d’élimination des déchets ménagers et assimilés) qui favorise des actions préventives de recyclage, mais aussi avec la réglementation Rep (Responsabilité élargie des producteurs) instaurée en 1975 dans le code de l’environnement et applicable à Mayotte depuis 2008, qui inscrit une forme de responsabilité au producteur, mais aussi au consommateur », explique Christel Thuret.
Les importateurs qui mettent ces DEEE sur le marché mahorais ont l’obligation d’adhérer à l’éco-organisme qui s’auto-finance avec les éco-contributions de l’ensemble des appareils électroménagers. Le tarif de l’éco-participation varie en fonction de l’appareil à traiter et va de 0,10€ pour un téléphone à 13€ pour un congélateur ou un climatiseur. Le barème est national, ce qui signifie que Mayotte bénéficie de l’éco-participation de tous les citoyens français, qui en métropole ont un niveau de vie plus important et qui achètent donc plus d’appareils.
Les importateurs devront se constituer en points de collecte dans tous leurs points de vente ou au moment des livraisons, et seront tenus de reprendre gratuitement l’ancien appareil si le particulier le souhaite, selon le principe du « un pour un ». L’adhésion à Eco-systèmes est obligatoire et les commerçants devront facturer et afficher l’éco-participation de façon visible et séparée du prix de vente sur les étiquettes des produits.
« Certains le font déjà, mais devaient payer pour le traitement. A partir du 1er janvier, ce sera gratuit », précise Rita Vespier, responsable régionale développement pour le secteur Outremer d’Eco-systèmes. L’éco-organisme passera par Enzo Technic Recyclage pour la collecte et l’export des déchets vers la métropole, le temps qu’une filière de démantèlement des appareils se mette en place à Mayotte.

Les magasins doivent pouvoir stocker au minimum 6 m2

En métropole, il y a un prestataire par département qui collecte en moyenne 1.500 tonnes de déchets par mois. A Mayotte, 4.000 tonnes d’appareils neufs sont vendus par an, et 2.000 tonnes environ sont jetés : « Ce ne sera pas forcément ce qui sera collecté dans un premier temps car les habitudes doivent changer », constate Rita Vespier, qui rappelle que l’objectif national est d’atteindre 6 kg/habitant/an en 2010 et 10 kg en 2014, pour un potentiel évalué à 16 kg.
Lors de sa venue à Mayotte, la responsable a aussi remarqué « un manque de place pour les petits commerçants du centre-ville et la crainte de devenir « une poubelle », mais la collecte se fera régulièrement », a-t-elle tenu à rassurer. « Le magasin doit pouvoir stocker au minimum 6 m2, mais cela peut être dans un container maritime ou dans un entrepôt. » En fonction de la taille des appareils vendus, cela pourra aller de la petite caisse dans le magasin aux gros containers stockés à l’extérieur. Les sanctions pour ceux qui ne respecteraient pas l’étiquetage ou qui refuseraient la reprise « un pour un » seront établies par l’UTCCRF (Unité territoriale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes).

Les appareils pourraient être triés pour en réparer une partie

Les collectivités locales devront aussi faire partie du dispositif en proposant des espaces réservés à l’entrée des décharges, si un particulier veut jeter son appareil sans en acheter un autre ou si on le lui a offert et qu’il ne sait pas où il a été acheté. Enzo Technic Recyclage fera ensuite la collecte gratuitement pour l’exporter. Aujourd’hui, le Sictom nord et la mairie de Mamoudzou sont les seules à avoir entrepris des démarches pour la mise en place de points de collecte.
L’agrément d’Eco-systèmes concerne tout le stock de déchets existants, ce qui signifie que les frigos et lave-linge disséminés un peu partout sur l’île pourraient également être recyclés. Pour être collecté, le déchet « doit rester intègre, c’est-à-dire de forme cubique avec toutes ses pièces. S’il est rouillé ou qu’il manque une porte, on peut le récupérer ». Par contre, s’il a été pris avec une pelle-grapin qui l’a détérioré ou s’il a été démonté, l’appareil ne sera pas repris.
L’Ademe veut également encourager le développement du marché de l’occasion qui va aussi dans le sens d’importer moins, mais il ne faut pas que ces appareils soient trop consommateurs d’énergie. « Une partie sera envoyée en réparation, mais ils ne doivent pas être trop vieux. On triera en fonction de la classe énergétique des appareils », préconise Christel Thuret. C’est le principe de la « ressourcerie », c’est-à-dire du tri des appareils pour en réparer certains. Une association partenaire d’un réparateur peut ainsi toucher différentes subventions publiques des collectivités locales, de la DTEFP ou de l’Ademe, mais aussi tirer ses revenus de la revente d’appareils d’occasion ou de prestations d’animation dans les écoles.

Un éco-organisme pour les piles usagées début 2011

Aujourd’hui, il existe déjà des filières de recyclage pour les huiles usagées, dont le financement a été repris par l’Ademe depuis 3 mois, et pour les pneus et les batteries, mais leurs fonctionnements restent encore à être optimisés (voir dossier MH n°441). Pour les piles et les accumulateurs, l’installation de l’éco-organisme Corépile est prévue pour début 2011, même s’il existe déjà quelques points de collecte à Mamoudzou assuré par des entreprises éco-responsables.
Pour les emballages ménagers, le schéma métropolitain présente des freins pour Mayotte : l’éco-organisme contractualise normalement avec les collectivités locales qui lui apportent un pourcentage pour compléter leur financement, ce qui s’avère problématique en l’absence d’une taxe sur les ordures ménagères.
« Nous avons demandé une dérogation à l’agrément au ministère, pour que ce soit un opérateur direct le temps que la fiscalité locale se mette en place », explique Christel Thuret. Cette révision de l’agrément devrait intervenir en octobre.

 

 

Julien Perrot


SFR, une démarche éco-citoyenne modèle

Jeudi 16 septembre, dans le cadre de la venue de Rita Vespier, responsable régionale développement du secteur Outremer d’Eco-systèmes à Mayotte, une visite a été organisée dans les espaces SFR de Kawéni. Depuis 2002, SFR est engagé dans le traitement des DEEE et envoyait ses déchets par containers à la Réunion, où ceux-ci peuvent être traités via une filière organisée. À ce jour, c’est plus de 3.400 kg de batteries (GSM et onduleurs), 20 m3 de carcasses métalliques et matériel téléphonique réseau, 250 kg de chute de câbles et 63 unités informatiques qui ont été recyclés.
Aujourd’hui, SFR travaille avec Enzo Technic Recyclage qui se déplace une fois par an dans les différents points de vente SFR, afin de récupérer l’ensemble des DEEE. Toute l’année, les DEEE sont collectés dans des bacs adaptés à leur nature. En boutique, des tubes permettent de collecter les téléphones et les batteries. Quant aux ateliers, ils disposent de boîtes de stockage pour les batteries et de cartons pour les mobiles usagés. Tout ce qui est plus volumineux est stocké chez un transitaire aux Badamiers. Trois tonnes de déchets par an sont ainsi acheminées en métropole.
« Nous utilisons des sacs en papier depuis longtemps, et les cartes prépayées sont en carton et plus en plastique », précise Sébastien Lopez, directeur marketing de SFR, qui ajoute que l’éco-contribution de 0,10€ sur tous les téléphones vendus ne sera pas répercutée sur les prix, et que l’entreprise applique une remise en cas d’échange d’un nouveau téléphone avec l’ancien. SFR a également lancé la vente de téléphones Samsung E200 en plastique recyclé de maïs et de chargeurs à l’énergie solaire, et devrait bientôt devenir également un collecteur de piles usagées.

Un éco-organisme qui a collecté 22 millions de DEEE en 2009

Créé en juillet 2005 par 35 producteurs et distributeurs, Eco-systèmes est un éco-organisme agréé par les pouvoirs publics depuis le 9 août 2006. Conformément à la directive européenne 2002/96-CE et au décret du 20 juillet 2005, Eco-systèmes assure une mission d’intérêt général : la mise en place sur tout le territoire français depuis le 15 novembre 2006, d’un dispositif national pour collecter, dépolluer et recycler les déchets d’équipements électriques et électroniques en fin de vie (DEEE), à l’exception des lampes.
Producteurs, distributeurs, collectivités locales, réseaux solidaires, prestataires logistique et de traitement et enfin grand public : nombreux sont les acteurs qui interviennent dans la filière des DEEE. Il revient à Eco-systèmes d’organiser, de coordonner et d’animer tous ces intervenants pour développer un dispositif de collecte et de traitement performant en France.
La collecte réalisée par Eco-systèmes est passée de 350.000 appareils usagés en 2006 à 22 millions d’unités en 2009, soit 278.978 tonnes de DEEE, à travers 8.000 points de collecte chez les distributeurs, les collectivités locales et Emmaüs. Le recyclage de 32.817 tonnes de plastique a permis d’économiser 206.938 barils de pétrole et celui de 151.143 tonnes de métaux a permis d’éviter l’émission de 174.432 tonnes de CO2.

A la rencontre de…Faridy Attoumane

{xtypo_dropcap}Q{/xtypo_dropcap}uand Faridy Attoumane a quitté l’île aux parfums avec son baccalauréat G2 (gestion et comptabilité), pour poursuivre des études d’AES, mention gestion des entreprises, il s’est juré de revenir pour s’investir dans la vie économique et sociale. Mais à l’époque, il ne se doutait pas qu’il agirait dans un domaine aussi primordial pour le développement de l’île que la lutte contre l’illettrisme.
Après plus de dix ans d’études entre Strasbourg et Paris, Faridy Attoumane revient s’installer à Mayotte avec une maîtrise d’AES gestion des entreprises et de sciences politiques, et c’est par le plus grand des hasards qu’il va entrer à la DTEFP. « En 99, la DTEFP jouait le rôle d’agence pour l’emploi et la personne que j’ai rencontrée, alors que je venais déposer ma candidature, m’a parlé de son propre poste qu’il allait quitter quelques mois plus tard. Il m’a fait rencontrer le directeur de l’époque, M. Philippe Nicolas qui m’a proposé un poste de chargé de mission accompagnement des publics adultes », se souvient M. Attoumane.

« Apprends à quelqu’un à pêcher plutôt que de lui donner à manger »

A l’époque, la plupart des dispositifs concernait les 16-25 ans; pour les demandeurs d’emploi plus âgés, rien n’était prévu. « L’avantage d’un territoire petit comme Mayotte, c’est que les résultats sont rapidement visibles. Ainsi, les 1ers premiers bénéficiaires des formations ont obtenu des emplois et cela a créé une sorte d’émulation… Je suis adepte du précepte : « apprends à une personne à pêcher plutôt que de lui donner à manger » », relate Faridy Attoumane.
Quatre ans plus tard, son nouveau supérieur lui propose de prendre le poste de coordonateur emploi et formation, fonction pour laquelle il participe activement à la réflexion et à la mise en place de la politique globale. Dans ce contexte, Faridy Attoumane contribue à l’élaboration de l’appel d’offres formation et en assure le suivi, il prépare le transfert de compétences de la DTEFP à la Collectivité et participe à l’élaboration du Contrat de projet. Faridy est, par exemple, à l’origine de la formation capitaine 200 et des actions mises en place pour la professionnalisation des acteurs de la mer.
Il accompagne, en partenariat avec la CDM, différentes structures d’insertion et de formation comme le GSMA, l’OIDF, l’Ecole d’apprentissage maritime, le Cemea, la Mission locale ou encore le Crij… Dans le cadre de l’amélioration de la qualité de l’appareil de formation prévue dans le Contrat de projet, l’Etat accompagne les organismes de formation dans leur recherche d’innovations pour les modalités techniques d’apprentissage, « tout ceci dans l’optique d’offrir aux jeunes la possibilité de se former sur place plutôt que de partir en métropole et risquer l’échec ».
C’est en 2005 que le poste de référent illettrisme à Mayotte est créé et lui est proposé. « Il a fallu construire ce poste et la tâche n’était pas facile car l’illettrisme était particulièrement tabou, surtout chez les politiques ! » Le dispositif « Ecole des parents » est alors créé en 2006, d’abord de manière expérimentale, puis élargi aux 17 communes de l’île dès l’année suivante. Aujourd’hui, le dispositif est reconnu à l’échelle nationale et l’on compte 28 sites sur l’île. Mayotte n’était pas inscrite au sein de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme et, malgré le soutien de cette institution, Faridy Attoumane a du mener des actions pour que l’île soit visible et reconnue.

« Dans notre société, il n’est plus possible de ne pas savoir écrire son nom, c’est une question de développement personnel et d’estime de soi »

L’ancien préfet Vincent Bouvier le nomme alors délégué à la lutte contre l’illettrisme, lui donnant ainsi toute latitude pour travailler. « Mon rôle se divise en trois missions : mesurer, organiser et outiller; ceci visant dans l’ensemble à fédérer et optimiser toutes les énergies pour que les actions soient visibles et efficaces », explique Faridy. Mais le délégué à l’illettrisme ne renie pas pour autant ce qui a été fait dans les années précédentes. « Beaucoup de choses ont été faites par l’Education nationale et si le taux d’illettrisme et d’analphabétisme est tel, cela n’a rien à voir avec l’école, c’est un retard général. Mayotte est un fabuleux laboratoire d’expérimentation, beaucoup de choses ont été faites ailleurs et le but n’est pas de les calquer ici pour reproduire les mêmes erreurs », insiste M. Attoumane.
Contrairement aux politiques, la population concernée est tout à fait consciente de ses lacunes et a adhéré dès le départ à l’Ecole des parents. « Dans notre société, il n’est plus possible de ne pas savoir écrire son nom, c’est une question de développement personnel et d’estime de soi. Les stagiaires veulent retrouver leur place au sein de leur famille et de la société mahoraise en général. Il faut savoir que contrairement aux autres formations, les parents ne sont pas rémunérés, et nous sommes le seul territoire de France où l’Education nationale accepte d’ouvrir les portes de ses établissements à un public adulte », précise Faridy.
Un grand travail de sensibilisation a été réalisé en parallèle auprès des autres partenaires, pour que les préjugés tombent : « une personne illettrée n’est pas bête ! », a du marteler le délégué pour que le public soit pris en charge de manière convenable. Au-delà de l’Ecole des parents, des actions sont mises en place à la maison d’arrêt de Majicavo, au centre de jour de l’association Tama à Kahani, avec Solidarité Mayotte ou encore Opcalia pour les salariés…
Les efforts de Faridy Attoumane ont été reconnus à l’échelle nationale, par le ministère de l’Outremer qui a publié une circulaire visant à étendre le dispositif « Ecole des parents » aux autres territoires d’Outremer. « Pour une fois que Mayotte est citée en exemple », plaisante Faridy, qui a été convié au Colloque régional sur l’illettrisme qui aura lieu en novembre prochain à l’ile Maurice. Avant de changer de casquette et devenir délégué politique de la ville et chargé de mission régionale illettrisme auprès du préfet. Dans cette nouvelle affectation, Faridy pourra d’avantage s’adresser au public jeune en mettant l’accent sur la petite enfance et les jeunes scolaires, ce qui lui tient à cœur.

 

Marion Châteauneuf

Le lycée de Sada se met à la JDC

{xtypo_dropcap}L'{/xtypo_dropcap}ambiance était studieuse mardi matin dans la salle audio du lycée de Sada. Une trentaine d’adolescents avaient les yeux rivés vers l’écran pour répondre aux questions du test de la JDC. Une télécommande à la main, les jeunes appuient sur la réponse qui leur semble la plus appropriée. Le test consiste à dire si un mot existe ou pas, à savoir si deux mots ont la même prononciation (énergie/énerjie ou encore naman/maman), ou à répondre à des questions sur des textes préalablement lus.
“Les tests étaient faciles, mais ça allait trop vite”, répondra à la fin de la matinée Mahamoud Ahamadi. Cette journée, il la trouve utile. “Cela nous apporte des connaissances sur la vie sociale et cela nous concerne tous. On voit un peu ce qui se passe dans le monde et ça fait réfléchir un peu”, continue-t-il, alors que ses camarades d’un jour se pressent vers la cantine du lycée.

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Légende photo :
Les 33 participants à la JDC du lycée de Sada ont du répondre à des questions de compréhension sur un texte tiré du roman “Un sac de billes” de Joseph Joffo.
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La Journée d’appel de préparation à la défense, rebaptisée depuis juillet Journée défense et citoyenneté, ne se limite pas qu’à ses tests qui servent à repérer les personnes en difficulté avec la lecture. C’est aussi l’occasion de sensibiliser les jeunes Français aux valeurs citoyennes et à l’existence de l’armée.
Ainsi dans la présentation intitulée “Être citoyen français et européen”, l’intervenant du GSMA souligne l’importance du comportement de chacun pour le bien-être de la collectivité et le respect de la loi. “C’est important de tous travailler dans le même sens, de respecter les autres et soi-même. Il en est de même en matière de sécurité routière. Le code de la route doit être respecté, on ne doit pas s’arrêter dans un virage dangereux afin de ne pas mettre les autres en danger”, indique l’animateur. A sa question “quelle est la différence entre le cannabis et l’alcool ?”, l’assistance semble gênée.

La JDC, indispensable pour passer le bac ou son permis de conduire

Mais l’un des élèves, sûr de son fait, répond : “L’alcool, l’Etat gagne de l’argent avec, alors qu’avec le cannabis, il ne gagne rien !”. Les jeunes éclatent de rire alors que le militaire sourit mais avec un air embarrassé. “La différence est que l’alcool est autorisé par la loi sous certaines conditions. On ne doit pas circuler en voiture dans un état d’ébriété par exemple, alors que le cannabis est totalement interdit. Par ailleurs, sachez que quand vous achetez ici du cannabis, vous contribuez à alimenter en argent des mafias”, rétorque l’animateur du GSMA.
Par la suite, plusieurs films sur les conflits dans le monde, ou des reportages montrant des images d’attentats sont montrés. Quelques minutes auparavant, les adolescents ont du s’exprimer sur le sentiment de sécurité existant à Mayotte. Si globalement, ils se sentent en sécurité, certains ont tout de même cité les cambriolages comme source d’insécurité.
Evidemment, comparé à la guerre en Afghanistan, aux récents enlèvements de ressortissants français, malgache et togolais travaillant pour Areva au Niger ou aux menaces d’attentats pesant sur l’Hexagone, la situation mahoraise est bien meilleure. “Même si nous ne sommes pas confrontés à ces événements ici, il faut savoir qu’ils existent. A une heure d’ici, aller à l’école n’est pas forcément un droit. Il faut savoir que vous avez de la chance d’être Français”, se font rappeler les participants de la JDC.
Cette piqûre de rappel permettra à certains d’envisager peut-être une carrière au sein de l’armée, mais s’ils sont venus aussi nombreux, c’est bien parce que la JDC est une condition nécessaire pour passer des examens d’Etat. Sans le certificat de la JDC, il est impossible de passer le baccalauréat ou encore de passer l’examen du permis de conduire. Il est donc conseillé de la faire, quitte à ne pas en voir l’utilité dans un premier temps.

 

 

La JDC, indispensable pour passer le bac ou son permis de conduire

Mais l’un des élèves, sûr de son fait, répond : “L’alcool, l’Etat gagne de l’argent avec, alors qu’avec le cannabis, il ne gagne rien !”. Les jeunes éclatent de rire alors que le militaire sourit mais avec un air embarrassé. “La différence est que l’alcool est autorisé par la loi sous certaines conditions. On ne doit pas circuler en voiture dans un état d’ébriété par exemple, alors que le cannabis est totalement interdit. Par ailleurs, sachez que quand vous achetez ici du cannabis, vous contribuez à alimenter en argent des mafias”, rétorque l’animateur du GSMA.
Par la suite, plusieurs films sur les conflits dans le monde, ou des reportages montrant des images d’attentats sont montrés. Quelques minutes auparavant, les adolescents ont du s’exprimer sur le sentiment de sécurité existant à Mayotte. Si globalement, ils se sentent en sécurité, certains ont tout de même cité les cambriolages comme source d’insécurité.
Evidemment, comparé à la guerre en Afghanistan, aux récents enlèvements de ressortissants français, malgache et togolais travaillant pour Areva au Niger ou aux menaces d’attentats pesant sur l’Hexagone, la situation mahoraise est bien meilleure. “Même si nous ne sommes pas confrontés à ces événements ici, il faut savoir qu’ils existent. A une heure d’ici, aller à l’école n’est pas forcément un droit. Il faut savoir que vous avez de la chance d’être Français”, se font rappeler les participants de la JDC.
Cette piqûre de rappel permettra à certains d’envisager peut-être une carrière au sein de l’armée, mais s’ils sont venus aussi nombreux, c’est bien parce que la JDC est une condition nécessaire pour passer des examens d’Etat. Sans le certificat de la JDC, il est impossible de passer le baccalauréat ou encore de passer l’examen du permis de conduire. Il est donc conseillé de la faire, quitte à ne pas en voir l’utilité dans un premier temps.

Faïd Souhaïli

 

 

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La JDC, un dispositif pour détecter les jeunes illettrés
Le directeur du Centre du service national (CSN) de Saint-Denis de la Réunion, le lieutenant-colonel Pascal Morisot était mardi au lycée de Sada pour inaugurer le troisième site de la JDC de Mayotte, après le GSMA de Combani et le collège de Tsingoni. Au vu de la démographie en croissante augmentation et de l’impossibilité pour le GSMA d’accueillir tous les jeunes Français de Mayotte participant à la JDC, le CSN essaie de les décentraliser.
A l’avenir, Mamoudzou et Petite Terre (au Dlem) devraient eux aussi accueillir un site dédié à la JDC. Celle-ci sert à renforcer le lien Nation-Armée, mais aussi à détecter les jeunes en difficultés avec la lecture. A Mayotte, le taux de jeunes entrant dans cette catégorie est inquiétant car il atteint 73,4% (sur presque 3.000 participants à la JDC en 2009) contre 30,1% à la Réunion et 9,2% en Métropole.
Mardi, sur les 33 participants, seuls 7 ont été considérés comme ayant un niveau de lecture et de compréhension du français correct. Pour 10 d’entre eux, un signalement sera transmis à l’inspection académique et à leur établissement scolaire, s’ils le souhaitent. Enfin, pour les adolescents non scolarisés (16), un entretien est prévu avec les membres du CSN, avant d’être redirigés vers la Mission locale.

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Accession de Mayotte au statut de Rup

En marge de l’université des Forces progressistes qui s’ouvrira ce samedi, Kira Adacolo, l’attaché parlementaire du député européen pour la circonscription océan indien, a ouvert mercredi dernier la discussion sur le processus de transformation de Mayotte en région ultrapériphérique de l’Europe (Rup).
Le Pacte pour la départementalisation a fixé l’échéance 2014. Mais selon le porte-parole du Parti social mahorais (PSM), la demande d’accession de l’île au statut européen doit intervenir de manière concrète dès « l’effectivité de la départementalisation », c’est-à-dire à l’issue du renouvellement de l’assemblée territoriale au mois de mars 2011. Autant dire que l’urgence est plus que jamais déclarée.
A côté du travail administratif confié au Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), qui a désormais en charge l’élaboration du dossier de « rupéisation » de Mayotte avec la formation d’une trentaine de personnes en cours, Kira Adacolo estime que les politiques ont intérêt à se mobiliser sur le sujet à travers « un lobbying actif », tant à Paris qu’à Bruxelles, afin de présenter, le moment venu, des dossiers solides, répondant aux critères d’éligibilité aux fonds structurels européens.
L’assistant du député Elie Hoareau juge impératif de créer « un bureau permanent à Bruxelles », compte-tenu des enjeux liés à l’adaptation des particularités locales aux normes européennes. Ce travail de mise en conformité demande des « dérogations assez lourdes » et nécessite des « négociations serrées » entre Mayotte, Paris et Bruxelles pour que le processus se passe dans les meilleures conditions. Au regard de l’Union européenne, l’archipel de Mayotte est le PTOM français le plus dense avec 511 hab/km2, sur une surface de 375 km2, qui est confronté depuis quelques années à des problématiques qui rendent son développement difficile.
Sa coopération avec l’Union européenne via le FED a permis jusqu’à maintenant de porter sur les infrastructures de base telles que l’électrification, l’adduction d’eau et un peu d’assainissement des eaux pluviales et usées. Il faudra intégrer le volet gestion des déchets, ainsi que la problématique des transports dont les handicaps actuels ne favorisent pas l’essor du tourisme et de l’artisanat. Les délais étant très courts, « il faut hâter le processus de rupéisation » en proposant dès maintenant des pistes de réflexion conformes au cadre de la « Stratégie 2020 » de l’Union européenne.

Ne pas rester en marge de la mondialisation

La départementalisation, explique Kira Adacolo, sera mise en vigueur par des séries d’ordonnances gouvernementales, de manière progressive et adaptée, afin de ne pas « déséquilibrer la société mahoraise, ses traditions, ses spécificités locales ainsi que son économie ». Entre temps, le dossier de demande d’accession au statut de Rup sera présenté à la Commission européenne, notamment afin que Mayotte soit éligible à la prochaine programmation des Fonds structurels européens (2014-2020).
Ces deux évolutions statutaires majeures devraient permettre à Mayotte d’avoir les moyens à la fois juridiques, institutionnels et financiers pour rattraper ses retards structurels en matière d’infrastructures, d’équipements structurants et ainsi permettre de « relancer et diversifier son économie afin de ne pas rester en marge des évolutions de la mondialisation, à l’image du haut débit et des nouvelles technologies de l’information et de la communication ».
A ce titre, l’assistant parlementaire estime que la population doit être à la base des « propositions d’orientations économiques pour un développement solidaire et durable de Mayotte ». Cette population dont la densité est la plus élevée de toutes les collectivités d’Outremer françaises avec 511 habitants par km2 sur une surface de 375 km2, est confrontée depuis quelques années à des problématiques qui la font douter sur l’avenir. Or, depuis plus de 50 ans et auprès de l’Etat français, les Mahorais se sont toujours exprimés pour faire évoluer leur territoire avec des institutions sécurisées et stables, garantissant « un développement économique et social harmonieux maintenant la paix sociale, la sécurité des personnes et des biens ».

Des obligations complexes et des règles exigeantes

En devenant région ultrapériphérique, Mayotte bénéficiera des dispositions du Traité de l’Union qui reconnaît la spécificité des Rup et la nécessité d’adapter les politiques communautaires à leurs réalités et à leurs contraintes permanentes. Ainsi, l’Europe pourra contribuer davantage au développement avec l’accès aux fonds structurels comme le Fonds européen de développement régional (Feder) ou le Fonds social européen (FSE).
Mais la procédure est complexe. Elle suppose, entre autres, que Mayotte puisse faire face à l’ensemble de ses obligations de région européenne. Un certain nombre de dispositions préalables devront être prises pour que l’ensemble des règles communautaires s’y applique. Un autre volet important devra conduire le nouveau département-région d’Outremer à renforcer ses instruments de statistiques économiques, fiscales et démographiques… afin de mieux prendre en compte les filières comme l’industrie, l’agriculture, la pêche ou le commerce et de pouvoir entamer, dans les meilleures conditions, les négociations avec les directions générales (DG Régions, DG Europaid, DG Développement).
« Les règles nouvelles sont exigeantes. Elles impliquent de profondes évolutions, vers le droit commun, qui se feront étape après étape. Contrôler, évaluer, amender si nécessaire les conditions de mise en œuvre des évolutions institutionnelles sur le plan national et européen, seront les bases du succès du processus dans lequel nous nous engageons. Sans ces exigences, tous les efforts seraient voués aux déceptions collectives et individuelles, dont les conséquences seraient lourdes pour le développement humain, économique et social de Mayotte », indique Kira Adacolo.
Selon l’assistant parlementaire, l’intégration européenne n’est pas incompatible avec l’insertion régionale. Au contraire, les deux échelons se renforcent et leur complémentarité constitue un atout essentiel pour Mayotte. Raison pour laquelle il faut développer, par « une politique volontariste, voire interventionniste », les actions de coopération régionale et renforcer les contacts avec les membres de la Commission de l’océan indien (Réunion, Maurice, Seychelles, Madagascar et Comores).
« L’intégration de Mayotte dans les organisations régionales est en effet une opportunité supplémentaire dans les marchés intérieurs du commerce notamment, pouvant contribuer aux stratégies de croissance économique régionales », souligne Kira Adacolo

 

Zaïdou Bamana

Sortir de la crise, du constat à l’action

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e constat est là, dramatique, répété à l’envi : les mises sous tutelle des collectivités locales, les graves problèmes de trésorerie des entreprises, le chômage massif, les manifestations récurrentes, l’habitat insalubre, l’illettrisme, les échecs scolaires…
Il est facile de lister, de constater, de s’en gausser ou de le regretter. Mais aujourd’hui, le temps de la réaction doit venir. Il faut des actes symboliques, et du concret, du solide. Il faut prendre un dossier sous le bras, le défendre ici, à Paris, à Bruxelles, et revenir avec du concret, un accord signé, un décret d’application, un financement exceptionnel à la mesure de la situation.
Je pense qu’il faut aussi, ici, être propre, clair, honnête. Il faut arrêter de mentir, de se mentir. Il faut constituer des équipes compétentes, efficaces, dynamiques, et leur faire confiance. Il faut arrêter de penser à des élections ou des réélections. Il faut penser à Mayotte. Il faut réorganiser les équipes et arrêter de le dire. Il faut dire la vérité à chacun et remplacer en urgence ceux qui ne remplissent pas leurs missions.
Il faut pour cela réussir une transition en douceur entre les « anciens », grâce à qui nous sommes là aujourd’hui, et leur faire comprendre que les enjeux sont maintenant beaucoup plus complexes, techniques. Il faut avoir le courage, l’intelligence de se mettre en retrait au profit d’un directeur adjoint, opérationnel, capable d’appréhender ces nouveaux enjeux. Il faut oser faire appel aux compétences, aux expertises extérieures qui nous manquent.
Il faut aider tous ces salariés, inutilisés dans les administrations locales, à trouver leur place pour demain. Se former pour servir dans six mois ou un an, partir en préretraite, ou se lancer dans le privé avec un soutien, un accompagnement. Les pistes ne manquent pas. Il faut consommer en priorité les produits locaux, travailler avec les entreprises locales.
Sortir de ces bonnes résolutions pour entrer dans le concret. C’est ce que nous continuons à essayer de faire, en mettant autour de la même table des représentants des principaux acteurs du territoire (Une et Mayotte éco). C’est ce que nous relayons avec cette campagne valorisant les produits locaux, associant de manière encourageante les services de l’Etat, de la Collectivité et les professionnels (lire page 3). C’est peut-être cette dynamique qui doit être activée.
Voir ce que chacun peut apporter, ce qu’il attend des autres, dans des relations saines, constructives, de confiance, dans un intérêt commun. Il est temps d’activer les différents leviers permettant de remettre les machines en route. Ainsi, peut-être, sûrement, l’espoir pourra revenir, car c’est ce qui manque le plus ces derniers mois.

 

Laurent Canavate

Production locale

{xtypo_dropcap} »M{/xtypo_dropcap}anger local, c’est bon pour nous, c’est bon pour Mayotte. » C’est ce slogan que vous verrez dès lundi sur les affiches vantant la consommation des produits locaux, que ce soit la production maraîchère, les volailles, les œufs ou la pêche. Dans le cadre du Plan Mayotte 2015 pour le développement de l’agriculture, issu des Etats généraux, la Daf, en partenariat avec l’ARS et la chambre d’agriculture (Capam), lance une campagne de valorisation des produits locaux avec la création d’un label qui doit permettre la pérennisation de l’action.
« L’idée est de montrer au consommateur qu’il y a dans l’île une production maraîchère, fruitière, d’œufs, de volailles, qu’elle est de qualité contrairement à ce que certains semblent croire et qu’elle permettra à terme des créations d’emplois, si le consommateur aide à son développement », détaillait mardi matin François Mengin-Lecreulx, le secrétaire général de la préfecture chargé des affaires économiques.
Cette campagne fait suite à un travail lancé depuis 2009 par la Daf auprès des producteurs, en faveur de la commercialisation de leurs produits. Afin de toucher un public le plus large possible, la campagne sera composée d’affiches, d’un spot télévisé et de messages radio, en français et shimaore, ainsi que d’affiches et d’animations dans les points de vente. Une action spécifique aura lieu à destination des scolaires, avec la création d’un kit pédagogique mis à disposition des enseignants.
La campagne prend un peu d’avance sur la réalisation effective complète du programme puisque, si les fruits, légumes et œufs produits localement se trouvent déjà en magasin, il n’en est pas de même pour les volailles, qui devraient bientôt être commercialisées grâce à l’ouverture d’un abattoir aux normes d’ici la fin de l’année, qui rejoindra celui de l’atelier agroalimentaire de Coconi déjà ouvert depuis peu.

Manger sain pour lutter contre l’obésité

« Il n’est pas prévu pour l’instant de faire de même avec la viande bovine pour laquelle la filière sera plus complexe à mettre en place, notamment en raison des normes sanitaires exigées pour un abattoir, mais cela devra se faire un jour », a précisé François Mengin-Lecreulx.
A noter que l’agence de santé (ARS, ex-Dass) est partenaire de l’opération à hauteur de 20% du financement, le reste étant pris en charge par le Contrat de projet. « Mayotte est vulnérable aux maladies tropicales et aussi, de plus en plus, à celles de la société de consommation. Nous avons ici une présence importante du diabète et de l’obésité, c’est pourquoi favoriser la consommation de fruits et légumes est important », précisait la directrice Danielle Mouffard, alors que l’obésité commence à baisser en métropole, 10 ans après le lancement du plan national en faveur d’une alimentation plus saine et plus équilibrée (manger moins gras, moins salé, moins sucré; manger 5 fruits et légumes par jour…).
L’annonce de cette campagne a été l’occasion pour Dani Salim, président de la Capam qui est partenaire de l’opération, de rappeler que l’agriculture mahoraise est en danger, notamment en raison des vendeurs à la sauvette en bord de route, qui proposent des produits maraichers dont la provenance est inconnue à des prix plus bas que ceux des agriculteurs. « Je refuse d’entendre que la production locale coûte cher, des tomates de bonne qualité à 2 ou 3 € le kilo ce n’est pas trop cher », a renchéri Thierry Maramber, qui demande une accélération du calendrier du programme d’aide à la valorisation des produits locaux.
Le 1er producteur de tomates sous serres de l’île s’est plaint du fait que les grandes surfaces importent des produits de maraîchage de Madagascar ou d’Anjouan, moins chers que ceux de Mayotte. « Dans ce cas nous sommes condamnés à mourir, nous ne pouvons avoir de prix plus bas au vu de nos coûts de production, ou alors il faut embaucher des clandestins… »

Lutter contre l’importation illégale

A la réponse du directeur de la Sodifram, qui précise que la production maraîchère mahoraise ne fournit que 6 mois de l’année, et que le reste du temps il est obligé d’importer pour remplir ses rayons, s’est ajoutée celle du Sgaer qui a rappelé que la baisse des droits de douane sur plusieurs produits obtenue il y a quelques mois n’est pas irrévocable. Si la production mahoraise peut suffire à satisfaire la demande en fruits et légumes, les droits de douane sur ces mêmes produits seront rétablis.
Le débat s’est clos sur la forte demande des agriculteurs de stopper les importations illégales et les ventes à la sauvette, contre lesquelles la direction de la répression des fraudes devrait opérer d’ici la fin de l’année. « En métropole, un fromage de pays coûte plus cher qu’un fromage industriel, c’est normal et ça ne freine pas le consommateur, au contraire », a toutefois estimé M. Mengin-Lecreulx. Cette première phase de campagne doit durer un mois, elle sera reprise à partir du mois de décembre et à nouveau au mois de février, pour s’inscrire dans la durée.

 

 

Hélène Ferkatadji

Biodiversité et ressource en eau

{xtypo_dropcap} »C{/xtypo_dropcap}et inventaire n’a jamais été fait. L’objectif est la connaissance et à court terme la protection réglementaire par l’application des textes : si ces zones sont affichées par arrêté préfectoral, tous les dossiers devront en prendre compte. » Gilles Creuzot, le responsable du service de l’eau de la Daf, se félicite de la livraison avant la fin de l’année de cette étude du CNBM sur les zones humides, lancée grâce à des crédits du ministère de l’Ecologie à hauteur de 35.000€. « Ce sera un outil juridique beaucoup plus fort, même si aujourd’hui on intègre déjà les premiers éléments de l’étude, par exemple dans les plans locaux d’urbanisme (PLU) des communes, où on a veillé à maintenir en l’état les zones pressenties par l’étude. »
Le protocole de l’étude s’appuie sur deux critères issus d’une circulaire du ministère : la nature des couches du sol et la part des espèces déterminantes de zones humides qui doit dépasser les 50%. Sur le terrain, Valérie Guiot effectue des délimitations de ces zones au GPS et établit des fiches sur les critères physiques, la superficie, la typologie des habitats et répertorie les espèces végétales.

Des terrains plats et fertiles soumis à une forte pression agricole et urbaine

L’article L211-1 du code de l’environnement a instauré, depuis la loi sur l’eau de 1992, l’objectif d’une gestion équilibrée de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Décliné dans le Sdage (Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux), cet objectif prévoit une déclaration à la Daf de tous les « installations, ouvrages, travaux et aménagements » (Iota) de moins d’un hectare, et une autorisation avec avis de la mission interservices de l’eau et de l’environnement à Mayotte (Miseen) pour les projets de mise en eau, de remblai ou d’assèchement de plus d’un hectare situés dans les zones humides.
« Pour instruire ces dossiers au titre de la loi sur l’eau, il faut d’abord savoir si le projet est en zone humide, mais jusqu’à maintenant aucune carte n’a été validée scientifiquement », explique Benjamin Espérance, responsable du service environnement et forêt de la Daf. Outre les PLU, les zones humides peuvent aussi être prises en compte dans les plans de prévention des risques (PPR), pour leur capacité à absorber les excédents d’eau en cas de fortes crues.
Des zones telles que la plaine alluviale côtière qui s’étend de Miréréni à Poroani au sud, les reliquats de forêts humides de Bouyouni au nord, ou encore le marais de Coconi sont en effet soumises à une forte pression agricole et urbaine, car ce sont des terrains plats et fertiles. Le cas le plus visible de cette pression est la construction de la station d’épuration dans la zone humide de Tsararano. « La zone humide va rester tant qu’on maintiendra les pâturages autour de la station, elle ne doit pas devenir un champ de maïs ou une zone industrielle », prévient M. Creuzot, qui ajoute que le choix d’implantation de la station à cet endroit a été effectué pour son intérêt général et son moindre impact sur l’environnement.

Un zonage qui préfigure la mise en place de Natura 2000

Du point de vue de la biodiversité, ces zones, qui évoluent au fil des saisons, recèlent une grande richesse floristique et faunistique. Cette étude qui va définir précisément les habitats et lister les espèces présentes servira de base à l’élaboration des zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff).
« En Métropole, ces zones ont été définies grâce au travail des associations environnementales avec les directions régionales de l’environnement (Diren). A Mayotte, les études sont commanditées par l’administration car les associations ne sont pas encore assez développées », constate M. Espérance, qui espère que ce zonage, qui sera complété par une étude sur la faune, sera achevé d’ici deux ans. Les Znieff permettront ensuite le zonage en Natura 2000, avec la rupéïsation de Mayotte prévue en 2014.
A terme, la délimitation des Znieff permettra de mettre en place le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE), prévu par la loi Grenelle 2 pour 2012, afin d’établir les liens entre les différents écosystèmes, par exemple les interactions entre les zones humides et les rivières ou le lagon, et ainsi d’assurer la continuité des « trames vertes et bleues ».
Toutes les communes de Mayotte sont concernées par cette étude de terrain : aujourd’hui, 10 communes ont été prospectées sur les 17. Cette étude, dont la livraison est prévue avant la fin de l’année, permettrait également d’appuyer une éventuelle inscription à la convention internationale de Ramsar de sites tels que le lac Dziani, celui de Karéhani, ou les mangroves des baies de Bouéni et Dzoumogné. A ce jour, seule la vasière des Badamiers figure sur la liste prévisionnelle des sites français.

 

 

Julien Perrot

Mayotte, l’avenir est en nous

{xtypo_dropcap}I{/xtypo_dropcap}l ne s’agit pas non plus de liquider la culture d’un peuple qui a son histoire et qui ne date pas de 1841. Rappelons que le Mahorais est le fruit de plusieurs origines diverses : des Africains Bantous, des Protos-Malgaches, des Arabos-Shiraziens, des Créoles, des Indiens… Il s’agit aujourd’hui de réussir un changement de modèle de société. L’organisation sociétale basée sur le droit local est très « attaquée », alors qu’il assurait la paix et la cohésion sociale. Pour la remplacer avec quoi ? Par un nouveau statut sensé joué tous les rôles. La transition avec ce nouveau statut ne sera alors pas facile.
Oui au changement, non au reniement de soi. On ne change pas des habitudes culturelles enracinées à coup de lois et de règlements. Par contre, l’homme peut changer sans se travestir pour autant. C’est cet homme nouveau, en équilibre entre la promotion de l’individu et non de l’individualisme (le citoyen) et la volonté collective (l’intérêt général), qui ne renie pas ce qu’il est, qui se bat pour un idéal (être libre), que nous devons façonner avec finesse. Le repli identitaire n’est pas la solution dans un contexte de globalisation. Cependant, on ne fera jamais de nous, Mahorais, des Gaulois, ou des héritiers de Clovis, de Vercingétorix, de Charlemagne…
Nous sommes fiers d’apprendre l’histoire de France. Nous regrettons de ne pas apprendre l’histoire de Mayotte, des Comores et de l’Afrique. Nous sommes fiers d’être Français, de parler la langue française, de partager l’histoire de la France. Nous sommes fiers de faire partie de cette France multi identitaire qui accepte les identités d’Outremer, l’identité des Corses, des Bretons, des Alsaciens…, et le tout au sein de la nation française. Malgré tout, nous revendiquons notre différence au sein d’une France multiculturelle. On peut faire du Mahorais un citoyen digne de la République qui a des droits et des devoirs au même titre que tout Français dans le respect de ses différences, tant que celles-ci ne sont pas contraires à la loi fondamentale.
Aujourd’hui, contrairement à la revendication initiale, les Mahorais attendent plus d’égalité de droits, aussi bien vis-à-vis des autres « domiens », que vis-à-vis de la Métropole. La revendication contre la vie chère n’est que l’arbre qui cache la forêt d’un très grand malaise social. Nous devons alors nous tourner vers l’avenir.
Pour cela, il nous faudra régler six problèmes qui se dégagent, me semble-t-il, comme les véritables enjeux de demain :
La question de l’immigration clandestine. Cette question sera très compliquée à gérer malgré les efforts de l’Etat qui régule le phénomène à défaut de pouvoir le stopper. Il y a eu trop de liens entre les îles. Des familles, des relations se sont formées au cours de l’histoire. Sans perspectives chez eux, les Comoriens reviendront à Mayotte, quitte à mourir chaque année au large de Mayotte, l’eldorado. « Un mort n’a jamais peur de pourrir » (proverbe comorien). La mise en place d’un état civil fiable, en dehors de toute stigmatisation, entre dans cette thématique de lutte contre l’immigration clandestine. Un état civil non maîtrisé risque, en effet, de compromettre tout projet de développement harmonieux de l’île. Tout projet de développement d’un pays quel qu’il soit s’appuie sur des prévisions démographiques fiables.

La question de la création d’une richesse locale. L’aquaculture et le tourisme semblent être les meilleurs atouts de l’île. La jeunesse de la population de notre île est aussi un atout trop souvent négligé. La part des emplois publics devra diminuer pour faire place à l’initiative privée. L’économie locale ne pourrait pas éternellement reposer sur les aides de l’Etat central et sur l’importation (même si un effort de rattrapage est nécessaire). Le développement endogène de l’île passera par une restructuration de l’appareil productif local et par une ouverture du marché local aux débouchés régionaux. Il faudra aussi, dans le cadre de mesures incitatives, réhabiliter l’initiative individuelle et le travail manuel. En termes de demande d’emploi, nous devrons cesser de regarder seulement du côté du conseil général ou des communes. Il est très facile de laisser aux clandestins faire le sale boulot tout en les stigmatisant.

La question des droits sociaux. En effet, il est urgent que les Mahorais, qui sont triplement pénalisés (Smig faible, prix très élevés et fort chômage), puissent bénéficier des prestations sociales et de tous les minima sociaux, ici et maintenant. C’est une question de survie et non d’assistanat. Attendre 2012, c’est déjà les condamner à la misère ou à l’exil. L’urgence sociale est là. La solidarité familiale et communautaire est au bord de l’éclatement. La situation chaotique des voisins comoriens et malgaches ne peut plus ou ne pourra plus être considérée comme une référence de comparaison. Nous refuser le progrès social sous prétexte que nous avons un mode de vie neuf fois supérieur à celui de nos voisins, ce discours là ne tient plus.
La plupart des Mahorais partent ailleurs pour aller chercher ce qu’ils n’ont pas chez eux. Il manque à Mayotte les filets de sécurité nécessaires pour une population qui a longtemps vécu de solidarité, de gratte, d’élevage et de cueillette. La société de consommation apparait avec ses dépenses contraintes sans aucun système garantissant le minimum vital pour ceux et celles nombreux qui ne travaillent pas. Les emplois publics ne peuvent plus continuer à servir de filet de sécurité sociale. Le risque est grand de se retrouver devant une économie qui n’investit pas pour l’avenir, qui n’offre pas de perspectives pour les enfants de l’île.
En Métropole, les minimas sociaux sont distribués dans le cadre de la solidarité nationale. Quand il s’agit de Mayotte, on nous parle d’assistanat. Deux poids, deux mesures. En même temps, consacrer toute la richesse d’une île à payer des salaires ne semble pas constituer un projet de société. L’emploi public et le mandat politique ne peuvent être le seul horizon de notre jeunesse.

La question de l’éducation et de la formation. Il y a incontestablement un problème de formation et une crise de l’éducation. C’est tout le processus éducatif de Mayotte qui devra être repensé de la maternelle à l’université en passant par l’école coranique et l’enseignement de l’arabe. Des modes de garde des enfants jusqu’aux cantines. Les nouvelles technologies ainsi que la mise en place du haut débit doivent être une priorité pour une jeunesse mieux formée et plus mobile. La Collectivité devrait investir dans le haut débit tout en donnant la possibilité à chaque collégien mahorais de pouvoir disposer d’un ordinateur portable; une fois les besoins physiologiques accomplis, c’est-à-dire manger, boire, dormir, se soigner, car un citoyen qui a le ventre vide ne pense pas, il répond d’abord à l’appel du ventre. Cette jeunesse aujourd’hui plus ouverte mais enracinée dans une culture différente de la culture occidentale (où l’individualisme et le capitalisme triomphent), ne peut pas tourner le dos au progrès technique. Elle doit être préparée à la globalisation malgré sa singularité.

La question de la protection de l’environnement constitue aussi un enjeu majeur. Le temps est venu de réfléchir à un autre mode de développement qui protégera au mieux l’environnement de notre île de plus en plus fragilisée par un développement non maîtrisé. Le développement d’énergies renouvelables devra aussi être encouragé à l’exemple de ce qui se fait à l’île de la Réunion. Loger dignement les Mahorais fait aussi partie de cette politique de développement durable. Un plan stratégique de protection des habitants en cas de catastrophes naturelles ou de montée des eaux causée par le réchauffement climatique est primordial.
L’aménagement du territoire tournant le dos au tout urbain est à repenser. Mamoudzou ne doit pas devenir Rio (Brésil) où l’air est irrespirable en raison d’un fort taux de pollution. La question des transports (diversifiés) devra être réglée avec un mélange de transport maritime (repenser le rôle du STM), de transport collectifs (bus, tramway) et tout autre moyen de déplacement pouvant permettre de limiter la pollution et de désengorger la capitale.

La question de l’autonomie et de la libre administration des collectivités locales. Pour cela un cadastre fiable est plus qu’une nécessité, sinon la mise en place de la fiscale locale prévue dès janvier 2014 pourrait être compromise. Sans cette fiscalité locale, point d’autonomie notamment des communes qui vivent aujourd’hui de la dotation globale de fonctionnement (DGF) et du fonds intercommunal de péréquation (Fip). Nous devons mettre un terme à la politique de la main tendue par la création d’une richesse locale. Ce qui n’exonère pas l’Etat d’exercer ses missions régaliennes.
Sans accompagnement de ces communes par l’Etat d’ici 2014 (formation, subvention d’équilibre), il est clair qu’elles ne pourront pas échapper à une mise sous tutelle, pour la majorité d’entre elles qui manquent aussi de compétences. Quelle valeur aura notre futur département d’Outremer sans fiscalité locale, sans ressources propres pour nos collectivités locales ? Le principe constitutionnel de libre administration des collectivités territoriales semble ici compromis.
Il n’y a pas de fatalité si tout est fait dans les délais et avec la volonté de tous. Au-delà de la nécessaire mise en place de la fiscalité locale, c’est tout le problème de la création et du partage de la richesse qui est posée. Quelle assiette, quel taux, quel contribuable, quelles recettes, quel mode de répartition de ces recettes (département-région, communes, intercommunalités) ? Connaissant le peu de personnes suffisamment capables de payer des impôts à Mayotte, se posera à terme la question de la solidarité nationale.

L’objectif fixé par les anciens a été atteint le 29 mars 2009 : être Français pour se libérer des Comores. A partir de cette date, une nouvelle histoire commence pour les Mahorais dans leur nouveau rapport avec la France. Aujourd’hui, c’est plutôt être pleinement Français sans reniement de soi et ce pour plus d’égalité qui doit nous mobiliser. Comment vivre au sein d’une société laïque qui préfère le curé pour éduquer nos enfants en lieu et place de l’instituteur ? Le même instituteur qui a pris la place de nos ‘’foundis’’ (maîtres) coraniques ?
Se pose aussi la question de comment accompagner ce nouveau statut qui devra concerner tous les Mahorais pour les 25 prochaines années ? Quel modèle de société pour des Mahorais qui n’ont pas comme ancêtres les Gaulois ? Comment vivre au sein d’une République laïque mais historiquement judéo-chrétienne et qui aurait pour racine le baptême de Clovis en 496 ? Comment vivre au jour le jour alors que le modèle local de solidarité est en voie de disparition ? Quel modèle de société voulons-nous léguer à nos enfants ?
C’est à ces questions que nous devrons répondre au-delà du statut de département d’Outremer aujourd’hui acquis. Nous savons que le statut de citoyen ne s’acquière pas du jour au lendemain. Il a un prix. Il faudra le conquérir. Nous savons aussi depuis la visite de notre Président le 18 janvier que « ce n’est pas l’Etat qui crée de la richesse« . Tout ne viendrait pas de Paris, les choses sont claires. Le développement endogène, le contraire de « débrouillez-vous seuls », est au cœur de notre projet de société.
Le défi à relever est énorme car être égal ne veut pas dire forcément être semblable. Nous sommes tous Français mais pas identiques. L’égalité au service de la différence et non l’égalité contre la diversité. Au-delà de l’appartenance à la nation française, nous devons ensemble construire une destinée commune. Au-delà du débat stigmatisant sur l’identité nationale, c’est plutôt le comment vivre ensemble qui est à construire. Aimé Césaire disait : « Vouloir être assimilé, c’est oublier que nul ne peut changer de faune; c’est méconnaître ‘altérité’ qui est loi de nature ».

 

 

Moindjie Mohamed

Recyclage des déchets électroménagers

{xtypo_dropcap}V{/xtypo_dropcap}endredi matin dans l’hémicycle du conseil général, Christel Thuret, de l’antenne de Mayotte de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), a annoncé le lancement opérationnel le 1er janvier 2011 de la filière DEEE, grâce à l’arrivée de l’éco-organisme Eco-systèmes sur le territoire. Les éco-organismes sont des sociétés privées à but non lucratif : à l’exception des seules réserves nécessaires à la pérennisation de la filière, les produits des éco-organismes doivent s’équilibrer avec leurs charges.
Les DEEE sont les déchets de tous les équipements fonctionnant avec une prise électrique, une pile ou un accumulateur. A l’échelle nationale, ce type de déchets connaît une croissance de l’ordre de 3 à 5% par an. On distingue 9 catégories : gros et petits appareils électroménagers, équipements informatiques et de télécommunication, matériels grand public, outils électriques et électroniques, jouets, équipements de loisir et de sport, dispositifs médicaux (sauf produits infectés), instruments de surveillance et de contrôle, et distributeurs automatiques.

Une éco-participation qui varie de 0,10€ à 13€

« La gestion des déchets va aller en s’améliorant avec le Pedma (Plan d’élimination des déchets ménagers et assimilés) qui favorise des actions préventives de recyclage, mais aussi avec la réglementation Rep (Responsabilité élargie des producteurs) instaurée en 1975 dans le code de l’environnement et applicable à Mayotte depuis 2008, qui inscrit une forme de responsabilité au producteur, mais aussi au consommateur », explique Christel Thuret.
Les importateurs qui mettent ces DEEE sur le marché mahorais ont l’obligation d’adhérer à l’éco-organisme qui s’auto-finance avec les éco-contributions de l’ensemble des appareils électroménagers. Le tarif de l’éco-participation varie en fonction de l’appareil à traiter et va de 0,10€ pour un téléphone à 13€ pour un congélateur ou un climatiseur. Le barème est national, ce qui signifie que Mayotte bénéficie de l’éco-participation de tous les citoyens français, qui en métropole ont un niveau de vie plus important et qui achètent donc plus d’appareils.
Les importateurs devront se constituer en points de collecte dans tous leurs points de vente ou au moment des livraisons, et seront tenus de reprendre gratuitement l’ancien appareil si le particulier le souhaite, selon le principe du « un pour un ». L’adhésion à Eco-systèmes est obligatoire et les commerçants devront facturer et afficher l’éco-participation de façon visible et séparée du prix de vente sur les étiquettes des produits.
« Certains le font déjà, mais devaient payer pour le traitement. A partir du 1er janvier, ce sera gratuit », précise Rita Vespier, responsable régionale développement pour le secteur Outremer d’Eco-systèmes. L’éco-organisme passera par Enzo Technic Recyclage pour la collecte et l’export des déchets vers la métropole, le temps qu’une filière de démantèlement des appareils se mette en place à Mayotte.

Les magasins doivent pouvoir stocker au minimum 6 m2

En métropole, il y a un prestataire par département qui collecte en moyenne 1.500 tonnes de déchets par mois. A Mayotte, 4.000 tonnes d’appareils neufs sont vendus par an, et 2.000 tonnes environ sont jetés : « Ce ne sera pas forcément ce qui sera collecté dans un premier temps car les habitudes doivent changer », constate Rita Vespier, qui rappelle que l’objectif national est d’atteindre 6 kg/habitant/an en 2010 et 10 kg en 2014, pour un potentiel évalué à 16 kg.
Lors de sa venue à Mayotte, la responsable a aussi remarqué « un manque de place pour les petits commerçants du centre-ville et la crainte de devenir « une poubelle », mais la collecte se fera régulièrement », a-t-elle tenu à rassurer. « Le magasin doit pouvoir stocker au minimum 6 m2, mais cela peut être dans un container maritime ou dans un entrepôt. » En fonction de la taille des appareils vendus, cela pourra aller de la petite caisse dans le magasin aux gros containers stockés à l’extérieur. Les sanctions pour ceux qui ne respecteraient pas l’étiquetage ou qui refuseraient la reprise « un pour un » seront établies par l’UTCCRF (Unité territoriale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes).

Les appareils pourraient être triés pour en réparer une partie

Les collectivités locales devront aussi faire partie du dispositif en proposant des espaces réservés à l’entrée des décharges, si un particulier veut jeter son appareil sans en acheter un autre ou si on le lui a offert et qu’il ne sait pas où il a été acheté. Enzo Technic Recyclage fera ensuite la collecte gratuitement pour l’exporter. Aujourd’hui, le Sictom nord et la mairie de Mamoudzou sont les seules à avoir entrepris des démarches pour la mise en place de points de collecte.
L’agrément d’Eco-systèmes concerne tout le stock de déchets existants, ce qui signifie que les frigos et lave-linge disséminés un peu partout sur l’île pourraient également être recyclés. Pour être collecté, le déchet « doit rester intègre, c’est-à-dire de forme cubique avec toutes ses pièces. S’il est rouillé ou qu’il manque une porte, on peut le récupérer ». Par contre, s’il a été pris avec une pelle-grapin qui l’a détérioré ou s’il a été démonté, l’appareil ne sera pas repris.
L’Ademe veut également encourager le développement du marché de l’occasion qui va aussi dans le sens d’importer moins, mais il ne faut pas que ces appareils soient trop consommateurs d’énergie. « Une partie sera envoyée en réparation, mais ils ne doivent pas être trop vieux. On triera en fonction de la classe énergétique des appareils », préconise Christel Thuret. C’est le principe de la « ressourcerie », c’est-à-dire du tri des appareils pour en réparer certains. Une association partenaire d’un réparateur peut ainsi toucher différentes subventions publiques des collectivités locales, de la DTEFP ou de l’Ademe, mais aussi tirer ses revenus de la revente d’appareils d’occasion ou de prestations d’animation dans les écoles.

Un éco-organisme pour les piles usagées début 2011

Aujourd’hui, il existe déjà des filières de recyclage pour les huiles usagées, dont le financement a été repris par l’Ademe depuis 3 mois, et pour les pneus et les batteries, mais leurs fonctionnements restent encore à être optimisés (voir dossier MH n°441). Pour les piles et les accumulateurs, l’installation de l’éco-organisme Corépile est prévue pour début 2011, même s’il existe déjà quelques points de collecte à Mamoudzou assuré par des entreprises éco-responsables.
Pour les emballages ménagers, le schéma métropolitain présente des freins pour Mayotte : l’éco-organisme contractualise normalement avec les collectivités locales qui lui apportent un pourcentage pour compléter leur financement, ce qui s’avère problématique en l’absence d’une taxe sur les ordures ménagères.
« Nous avons demandé une dérogation à l’agrément au ministère, pour que ce soit un opérateur direct le temps que la fiscalité locale se mette en place », explique Christel Thuret. Cette révision de l’agrément devrait intervenir en octobre.

 

 

Julien Perrot


SFR, une démarche éco-citoyenne modèle

Jeudi 16 septembre, dans le cadre de la venue de Rita Vespier, responsable régionale développement du secteur Outremer d’Eco-systèmes à Mayotte, une visite a été organisée dans les espaces SFR de Kawéni. Depuis 2002, SFR est engagé dans le traitement des DEEE et envoyait ses déchets par containers à la Réunion, où ceux-ci peuvent être traités via une filière organisée. À ce jour, c’est plus de 3.400 kg de batteries (GSM et onduleurs), 20 m3 de carcasses métalliques et matériel téléphonique réseau, 250 kg de chute de câbles et 63 unités informatiques qui ont été recyclés.
Aujourd’hui, SFR travaille avec Enzo Technic Recyclage qui se déplace une fois par an dans les différents points de vente SFR, afin de récupérer l’ensemble des DEEE. Toute l’année, les DEEE sont collectés dans des bacs adaptés à leur nature. En boutique, des tubes permettent de collecter les téléphones et les batteries. Quant aux ateliers, ils disposent de boîtes de stockage pour les batteries et de cartons pour les mobiles usagés. Tout ce qui est plus volumineux est stocké chez un transitaire aux Badamiers. Trois tonnes de déchets par an sont ainsi acheminées en métropole.
« Nous utilisons des sacs en papier depuis longtemps, et les cartes prépayées sont en carton et plus en plastique », précise Sébastien Lopez, directeur marketing de SFR, qui ajoute que l’éco-contribution de 0,10€ sur tous les téléphones vendus ne sera pas répercutée sur les prix, et que l’entreprise applique une remise en cas d’échange d’un nouveau téléphone avec l’ancien. SFR a également lancé la vente de téléphones Samsung E200 en plastique recyclé de maïs et de chargeurs à l’énergie solaire, et devrait bientôt devenir également un collecteur de piles usagées.

Un éco-organisme qui a collecté 22 millions de DEEE en 2009

Créé en juillet 2005 par 35 producteurs et distributeurs, Eco-systèmes est un éco-organisme agréé par les pouvoirs publics depuis le 9 août 2006. Conformément à la directive européenne 2002/96-CE et au décret du 20 juillet 2005, Eco-systèmes assure une mission d’intérêt général : la mise en place sur tout le territoire français depuis le 15 novembre 2006, d’un dispositif national pour collecter, dépolluer et recycler les déchets d’équipements électriques et électroniques en fin de vie (DEEE), à l’exception des lampes.
Producteurs, distributeurs, collectivités locales, réseaux solidaires, prestataires logistique et de traitement et enfin grand public : nombreux sont les acteurs qui interviennent dans la filière des DEEE. Il revient à Eco-systèmes d’organiser, de coordonner et d’animer tous ces intervenants pour développer un dispositif de collecte et de traitement performant en France.
La collecte réalisée par Eco-systèmes est passée de 350.000 appareils usagés en 2006 à 22 millions d’unités en 2009, soit 278.978 tonnes de DEEE, à travers 8.000 points de collecte chez les distributeurs, les collectivités locales et Emmaüs. Le recyclage de 32.817 tonnes de plastique a permis d’économiser 206.938 barils de pétrole et celui de 151.143 tonnes de métaux a permis d’éviter l’émission de 174.432 tonnes de CO2.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes