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La Chambre des Métiers et de l’Artisanat a des projets pour la jeunesse mahoraise

Face à une démographie galopante qui génère de nombreux problèmes de délinquance juvénile à Mayotte, Omar Djoundy propose une solution toute simple : développer les structures de formation des jeunes : “Aujourd’hui à Mayotte, plus de la moitié de la population totale a moins de 18 ans. Il est donc indéniable que notre île ne pourra pas nourrir tous ses enfants dans les années à venir.
Si l’expatriation d’une partie de nos jeunes vers la métropole est inévitable, elle doit néanmoins se faire dans de bonnes conditions. Les jeunes doivent être convenablement formés professionnellement et c’est à la CMA et au conseil général de se serrer les coudes afin de développer les structures nécessaires à cette formation.”

Les projets d’Omar Djoundy en terme de formation ont commencé à se réaliser avec la création fin 2013 de la première école de boucherie de Mayotte. Elle a pu voir le jour grâce aux efforts conjugués de la CMA, du conseil général, de pôle emploi et de la société SRS de Madame Ida Nel, figure phare de l’économie mahoraise.
Le département métropolitain de la Nièvre a également appuyé ce projet. Cette école ayant reporté un franc succès auprès des jeunes, la préfecture a autorisé l’ouverture de deux sessions supplémentaires qui pourront accueillir près de 60 jeunes de plus.
Omar Djoundy pense que la boucherie est un secteur prometteur pour Mayotte, mais elle souffre actuellement d’un important manque de main d’oeuvre : “Je déplore qu’il n’existe aucune véritable boucherie à Mayotte. C’est un secteur délaissé à tort car il peut permettre la création de nombreux emplois pour les jeunes. En métropole, les écoles forment 5 000 bouchers par an et tous ont la certitude de trouver un emploi en sortant de l’école, notamment dans les grandes surfaces. Il serait donc souhaitable pour le développement de Mayotte d’ouvrir des boucheries dans chaque grande surface afin de permettre aux jeunes qui sortent de l’école de trouver un emploi facilement. Je pense que c’est une piste très intéressante pour l’insertion des jeunes.”

Le président de la CMA aimerait également très prochainement diversifier les activités de cette école en créant une session de poissonnerie et une session de pâtisserie.
Grâce au succès de l’école de boucherie dont la partie pratique a lieu dans les locaux de la SRS, la préfecture a autorisé Omar Djoundy à acheter un appartement dans le quartier des hauts vallons pour y mettre en place l’enseignement théorique. Mais cet appartement est malheureusement trop petit pour accueillir tous les élèves et la proposition d’achat d’un autre appartement, jumelé au premier, est en cours d’étude.

Le président de la CMA aimerait aussi pouvoir créer prochainement une ou plusieurs écoles dans le secteur du bâtiment qui va bientôt manquer cruellement de main d’oeuvre : “Il faut réfléchir sérieusement à une solution pour renouveler la main-d’oeuvre dans le secteur du bâtiment car les artisans mahorais actuels sont pour la plupart âgés et, bien souvent, illettrés.
La plupart vont cesser leur activité dans les années à venir et Mayotte va se retrouver en grave difficulté dans ce domaine.
La CMA étudie donc actuellement le projet de création d’une école de bâtiment. Celle-ci devra au moins comporter un secteur gros-oeuvre, un secteur peinture et un secteur carrelage.” Mais le projet phare de la chambre des métiers et de l’artisanat est la création d’une université régionale des métiers en collaboration avec les Comores et Madagascar.
Cette université comportera un centre de recherche sur les matériaux locaux comme le bambou, la brique de terre, le raphia, le vétiver et le cocotier.
C’est un projet ambitieux qui nécessite un budget d’environ 15 millions d’euros.
Omar Djoundy a sollicité l’aide du conseil général pour le financement d’une partie de ce projet, mais il a aussi et surtout demandé un financement au parlement européen lors du 3ème forum des RUP qui s’est tenu à Bruxelles les 30 septembre et 1er octobre derniers. L’idée a été accueillie favorablement par les députés européens et le projet devrait normalement voir le jour dès l’année 2016.

Le président de la CMA se réjouit que Mayotte soit devenue une RUP, mais il est conscient que cela n’est qu’une aide qui ne doit pas exclure l’implication totale des mahorais dans le développement de l’île : “Les Mahorais doivent se montrer dynamiques et entreprenants pour que le nouveau statut de Mayotte devienne un réel avantage pour notre île.”
Outre le forum qui s’est tenu à Bruxelles, Omar Djoundy a également présenté ses projets de développement pour Mayotte à la 14ème Biennale de la COIREMA qui s’est tenue du 6 au 8 octobre sur l’île de la Réunion. 5 présidents des CMA des départements d’outre-mer et 5 présidents des CMA de métropole ont été réunis afin de former une chambre jumelée qui leur a permis de se rencontrer, d’échanger leurs idées et de discuter de leurs projets respectifs.
Cette Biennale a permis à leur réflexion de s’affiner et à de nouvelles idées de voir le jour. Omar Djoundy a représenté Mayotte lors des différents ateliers de réflexion qui s’y sont déroulés. Le CMA de Mayotte a notamment beaucoup collaboré avec le CMA du département de la Nièvre lors de cette Biennale.

Nora Godeau

Les savoir-faire mahorais en démonstration à Chiconi

Ce weekend à Chiconi, les artisans étaient venus nombreux des quatre coins de l’île pour exposer leurs savoir-faire, leurs gestes. Cette deuxième édition est un succès, à en croire les félicitations que reçoit le porteur du projet Saïd Gaba.
Contrairement à l’année dernière, le lieu a été délocalisé vers le front de mer de Chiconi, avec une vue imprenable sur la baie. Un site approuvé par la commission de sécurité. Un site qui réjouit également les nombreux visiteurs et acheteurs de ce jour.

Le public a répondu présent, pour ce grand moment de communion avec la tradition et l’artisanat mahorais.
Menuisiers, couturier, producteurs de vanille, producteurs de fleurs, fabricantes de poterie, fabricant de gaboussa et autres cuillères en bois, bijoutiers, vendeurs de achards, masseuse, brodeuses… Il y en avait pour tous les goûts.

Parmi les doyennes de la ville, il y a Moinecha Hamada et sa soeur Tavavi. Elles exposent leur art. Elles fabriquent des pots, des marmites en argiles et de moules à gâteau en argile rouge. Une pratique apprise auprès de leur mère et qu’elles voudraient bien transmettre également mais elles manquent de stagiaires. Avis aux amateurs…
Ces vieilles dames font des colliers pour les mariés, font de la vannerie typiquement mahoraise et fabriquent également du tany fotsy, de la patte d’argile blanche, indispensable pour les cérémonies de rombou (animisme).

Un peu plus loin, sous un autre chapiteau, tout doucement Ali, fils du grand Kolo Assane joue discrètement de la gaboussa. Ah la loi de la génétique… Le jeune homme d’une vingtaine d’année marche sur la droite ligne de son illustre père et réussit à se faire un prénom. Il expose des cuillères en bois, des mortiers, des pirogues miniatures. Et il est possible de commander de la gaboussa dit-il.
Quelques minutes plus tard, lui et ses camarades montreront également leur geste en formant un petit groupe, ils jouent du djembé, en chantant des vieilles comptines mahoraises. Ali, les yeux rivés sur sa gaboussa, gratte.
Malgré le soleil, les enfants bien habillés pour l’occasion, courent un peu partout, sous les regards bienveillants des parents, il y règne une ambiance de fête. Des repas à base de riz avec romazava, ou papaye verte au coco et poisson sont vendus pour le déjeuner. En dessert, il est possible d’acheter de la canne à sucre, de jacques ou du bwantam (un gâteau salé à base de riz et coco).

Le tout se termine par une séance de fitness géante à la place Scotram ou petits et grands ont pu se déhancher, tout en se maintenant en forme. Un franc succès ce festival du geste et rendez-vous est donné pour l’année prochaine.

Kalathoumi Abdil-Hadi

Les handballeurs mahorais à Madagascar

La ligue régionale de handball de Mayotte (LRHM) prépare les Jeux des Iles 2015 de la Réunion.
Elle a envoyé ses sélections féminine et masculine ce samedi à Madagascar pour des matchs amicaux les lundi 20, mercredi 22 et vendredi 24 octobre. “Ces premiers matchs de préparation à l’extérieur rentrent dans le programme général financé par le Conseil Général de Mayotte à Hauteur de 100 000 €”, communique le président de la ligue Haïrouddine Anzizi. “Un deuxième déplacement est prévu en mars 2015 en Métropole afin de permettre aux autres joueurs et joueuses sélectionnés et qui sont là-bas de participer à la préparation”, poursuit-il.
Les sélections de Mayotte de handball seront de retour le 26 et le 30 octobre.

 

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Comores : Moroni croule sous les ordures

Le problème du ramassage des ordures perdure à Moroni et les habitants de la capitale comorienne sont exaspérés de la situation.
Elle ne risque pas de s’arranger selon le directeur de la mairie de Moroni, Mohamed Farouk Attoumani, qui a organisé une conférence de presse pour s’expliquer. Pour lui, le problème principal est financier. Les prestataires de service privés ne sont plus payés depuis sept mois et ils refusent de travailler si les arriérés ne sont pas versés.
Pour le président du comité de pilotage de la décharge d’Itsoundzou, la question est de savoir si le gouvernement fédéral ne verse pas les 12 millions de francs comoriens (24 300 €) ou si le gouvernorat de Ngazidja fait de la mauvaise gestion.
Dans tous les cas, ce sont les Moroniens qui souffrent et doivent respirer des effluves pestilentiels au jour le jour.

 

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Zaïdou Tavanday toujours interdit de sortie de territoire

L’élu avait été mis en examen pour son implication dans des affaires d’emploi fictif depuis le mois de novembre 2013. Selon lui, on lui reproche d’avoir “favorisé, par négligence, le maintien d’un agent occupant un emploi fictif”.
À l’issue de sa garde à vue, Zaïdou Tavanday avait est placé sous contrôle judicaire. Parmi les clauses de son contrôle, outre l’interdiction de rentrer en contact avec certaines personnes mentionnées dans le dossier, figure l’interdiction de sortir du territoire, interdiction qui peut être levée ponctuellement, sur présentation de justificatifs.
Zaïdou Tavanday demandait hier au tribunal de lever cette interdiction. “Étant donné que l’instruction est terminée et que toutes les garanties de représentation sont là, je pensais qu’il n’y avait pas lieu de maintenir le contrôle judiciaire et notamment cette partie d’interdictions de sortie du territoire qui va à l’encontre des mes engagements, professionnels et associatifs”, expliquait-il.
Après en avoir délibéré en chambre du conseil, les magistrats ont décidé de rejeter cette demande de modification du contrôle judiciaire. La présidente Viviane Pyerot insistait sur le fait qu’il a été fait droit à toutes les demandes de sorties formulées et justifiées par l’élu.

 

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Feux de brousaille à répétition

Les pompiers ont été appelés à plus de 20 reprises le week-end dernier pour venir éteindre des feux de forêt.
Ces incendies résultent d’une pratique interdite : la culture sur brûlis.
Pour améliorer le rendement à court terme de leurs champs et s’éviter un travail pénible de défrichement, certains agriculteurs ont recours au feu de brousse pour rendre les parcelles cultivables à l’approche de la saison des pluies. Or, cette pratique est formellement interdite, car elle provoque des atteintes graves à l’environnement.
Très souvent, les instigateurs de ces feux en perdent le contrôle et le vent aidant, les flammes peuvent se transformer en brasier.

 

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Cinq délégués syndicaux virés de la Sodifram

L’affaire avait défrayé la chronique au début du mois dernier, alors que la Dieccte s’était saisie du cas de ces cinq délégués syndicaux afin d’examiner la légalité de la procédure de licenciement engagée à leur encontre par la direction du groupe. La section locale du syndicat FO avait quant à elle tenté de faire pression sur les dirigeants de la Sodifram afin qu’ils reviennent sur leur décision, lors d’une grève de deux semaines, en vain.

Pour rappel, la section locale du syndicat FO, seul syndicat représentant le personnel du groupe, avait sollicité la fédération nationale concernant les procédures engagées à l’encontre de huit salariés du groupe : cinq délégués syndicaux et trois militants. Certains d’entre eux étant directement impliqués dans la grève d’avril dernier, la FGTA -FO y voyait une atteinte au droit syndical. Les trois militants ont fait l’objet de sanctions, mais ont conservé leurs emplois. Restaient donc les cinq délégués syndicaux qui, en tant que salariés “protégés”, devaient faire l’objet d’une procédure particulière. La Dieccte a donc mené une enquête, étudié le dossier fourni par la direction et interrogé les principaux concernés.

Aux termes de plusieurs semaines d’études, le verdict a été rendu et la procédure avalisée par l’inspection du travail.

Ainsi, hier matin, les cinq salariés concernés ont reçu leurs lettres de licenciement avec effet immédiat. Ils ont donc tous quitté leur lieu de travail dans la journée. Mais le syndicat ne compte pas en rester là et se réserve le droit d’entamer une bataille judiciaire. “Nous prévoyons également une mobilisation le 3 novembre, sous forme de manifestation à laquelle nous convions tous ceux qui souhaitent défendre le droit syndical” informe El Anziz Hamidou, secrétaire départemental de Force ouvrière. “Nous nous y attendions et en métropole, cela ne se serait jamais passé ainsi” ajoute le syndicaliste qui ajoute que le syndicat compte bien utiliser tous les recours en sa possession pour le dossier n’en reste pas là.

M.C.

Édito : La frénésie des campagnes électorales…

 

La campagne pour les élections cantonales est clairement lancée ! Certains ont même commencé à déserter leur poste de travail pour cette mission de toute première importance. Longtemps beaucoup étaient restés « en attente » face aux tergiversations sur la date de l’élection : 2013, 2014, 2015, puis mars, décembre, et à nouveau mars 2014. La carte électorale a aussi été fortement remaniée avec des cantons rapprochés, mixés, des villages sortis de leurs communes. Il a fallu réfléchir stratégie, tactique. Et les inquiétudes ont un temps subsisté avec le mode de scrutin retenu, finalement avec des listes de deux personnes, mixtes.

Des cantons remaniés – à part les 3 de Mamoudzou et les 2 de Petite Terre -, des « équipes » constituées d’un homme – une femme, en ordre de marche pour mars 2014. Voilà le programme des prochains mois.

La frénésie commence donc à gagner beaucoup de nos élus, et les candidats potentiels : les anciens qui tenteraient leur retour, très peu nombreux; les actuels qui veulent s’accrocher à leur mandat, à son prestige, ses billets d’avion et voyages au-devant de la « classe bétaillère », comme l’avait élégamment indiqué un élu. Sans oublier, pour quelques uns, trop rares, leurs missions assurées efficacement pour le compte du territoire et de sa population.

Beaucoup des candidats à leur renouvellement ont goûté au pouvoir, ont aimé et ne veulent plus le lâcher. Le morceau est trop bon… Avantages de toutes sortes, rémunérations et casquettes multiples, cocktails, voyages, découverte du monde pour certains, réceptions officielles, invitations, restaurants, reconnaissance par tous, pouvoir de séduction fortement accru, frais de missions… Les intérêts sont, semble-t-il, très nombreux.

Et il y a aussi les nouveaux venus, les jeunes loups, qui surveillaient le troupeau tapis dans l’ombre, prêts à bondir. Eux aussi veulent manger, c’est leur tour, clament-ils comme slogan. Ils ont trop attendu, ils commencent à prendre de l’âge. Il ne faut pas rater le coche.

Alors tous les coups sont permis, de parts et d’autres. Retournements de vestes, changements de parti, de majorité, alliances contre-nature, fraternisations avec l’ennemi d’hier, demandes de soutiens, promesses en tous genres, recherches de sponsors, de financements…

Il y en pour qui ce sera l’élection de la dernière chance, le baroud d’honneur, d’autres pour qui ce pourrait être enfin l’heure. Il y en qui se préparent depuis des années, tracent leur sillon, repèrent le terrain, prennent des contacts, se renseignent, observent attentivement le bal des élus pour pouvoir y prendre part.

D’autres vont se retrouver en binôme sans savoir pourquoi ou avec qui, de quel parti. La frénésie des campagnes électorales commence à monter dans les quartiers, dans les villages. Pour certains il faut tirer le premier, pour d’autres le parti tranchera… mais les dissidences émergeront, déjà prêtes à s’afficher si les décisions ne sont pas dans le « bon » sens…

Il y aura très certainement des partis forts, des alliances de circonstance, des « rassemblements macédoines », des « tous contre… » qui fonctionnent bien aussi. Chacun sa technique, sa stratégie, mais tous commencent à se lancer dans le grand bain. Des ambitions vont apparaître, des candidats surprises, des binômes de choc, des personnalités fortes.

Mais il y a un élément qu’il ne faudra pas perdre de vue. Mayotte est département. Mayotte devient une région de l’Europe, une région très en retard de développement et bénéficiera de fonds conséquents pour remédier à cela. Les enjeux pour l’île et son département-région, les chantiers à ouvrir, les projets à mener sont gigantesques. Cette institution, que nos 26 élus auront à diriger, est le principal moteur de l’île.

Des dizaines, des centaines de milliers de personnes vont compter sur eux pour construire notre avenir. Les responsabilités seront énormes, les missions conséquentes, les moyens plus limités, plus contrôlés qu’avant. Les bailleurs de fonds, nationaux et européens, vont surveiller attentivement leurs gestions, leurs actions concrètes, leurs décisions, la justice aussi, tout comme les médias, mais surtout, au final, la population.

Les futurs élus, donc les candidats d’aujourd’hui, devront faire preuve de gestion rigoureuse, d’ambition importante à la hauteur des enjeux, de capacité de management des équipes, des projets, de capacité de mobilisation des partenaires publics et privés, ici, dans la région, à Paris ou Bruxelles. Ils devront travailler ardemment avec une ouverture sur le monde qui nous entoure et évolue vite, bien comprendre les limites, les possibilités, les opportunités pour Mayotte.

La frénésie des campagnes va aller croissante d’ici mars 2015. Les candidats ne doivent pas penser à ce qu’ils vont pouvoir prendre, mais devraient plus penser à ce qu’ils sont prêts à sacrifier pour Mayotte, ce qu’ils sont prêts à faire pour l’île; leurs compétences, l’énergie qu’ils sont prêts à y consacrer pour la durée d’un mandat… ou plus si les résultats concrets sont là et si les électeurs le décident.

Laurent Canavate

Comores : L’énergie géothermique au secours du pays

Pour faire face aux ruptures incessantes de courant, les Comores envisagent d’exploiter l’énergie géothermique provenant du volcan Karthala.
Une convention a été signée en ce sens entre le gouvernement et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Le projet était dans les cartons depuis trois ans.
Le développement de l’énergie thermique doit permettre de fournir une capacité de production électrique plus large et d’offrir plus de certitude sur le prix de l’électricité.
En outre, en reliant le réseau de la Ma-Mwe avec cette énergie géothermique, cela rendrait celle-ci moins dépendante des énergies fossiles. Le projet doit aboutir dans six ans. Dans un premier temps, des experts néo-zélandais en géothermie vont venir aux Comores le 27 octobre prochain pour une durée de trois semaines.
Le bureau géologique des Comores prendra le relais jusqu’en mai 2015 pour choisir la bonne implantation afin d’obtenir des gaz sortant à plus de 200 °C. Le coût total du projet est de 65 millions de dollars.

 

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Nouveau pôle administratif du CG : une fausse bonne idée ?

Les choses se précisent puisque les élus auront à se prononcer sur le fond du projet lors de la prochaine session plénière.
Il s’agit de regrouper l’ensemble des directions de service sur deux emplacements principaux, d’une part le siège du conseil général, mal agencé et qui a perdu en visibilité, sans compter son hémicycle, qui conserve une valeur patrimoniale et affective forte, mais qui ne répondra plus aux besoins fonctionnels des élus, notamment lors des assemblées plénières.

Ensuite, il y a le site de l’ancien CFA de Kawéni, construit sur une pente, mais qui pourrait accueillir des bâtiments mieux dimensionnés et un grand parking, situé à un endroit stratégique entre la préfecture et l’hôpital. Le projet dessiné par Benoit Jullien, architecte-urbaniste, coûterait pas moins de 70 millions d’euros. Un coût faramineux dont 37 millions seraient dévolus uniquement au site de Kawéni. Le financement ferait l’objet d’un partenariat public-privé.

Lors de la présentation, les raisons pour lesquelles ce projet devrait voir le jour ont été rappelées : d’une part, il s’agit de regrouper les activités au sein de deux structures au lieu d’une centaine de site actuellement, ce qui devrait, par un coup de baguette magique, “améliorer le fonctionnement des services”.
Ensuite, le pôle administratif permettrait de réduire les dépenses de logement du conseil général. Enfin, c’est une question de prestige et de visibilité, car le “bâtiment actuel est plus petit que celui de la Sim”, vu de la barge.

Il est vrai que le conseil général a payé en 2013 entre 1 et 1,5 million d’euros pour acquitter ses loyers. Et cela, en dépit des efforts consentis puisqu’en 2012, ces loyers s’élevaient à 2,5 millions d’euros, le travail de rationalisation a donc été entrepris avec sérieux et ce projet en fait partie. Cependant en l’espèce, le projet actuel, avec ses 70 millions d’euros, mettrait au bas mot 30 ans à se rentabiliser.

Un autre point a été soulevé lors de la réunion, l’asphyxie que ne manquerait pas de provoquer un tel projet s’il venait à être érigé sur les sites prévus. En effet, Mamoudzou est déjà largement congestionnée, conséquence de l’absence presque totale de planification dans l’aménagement et l’urbanisation du chef-lieu depuis 30 ans.
À toute heure, la circulation peut être perturbée pour la moindre peccadille. Or les travaux sont prévus pour durer “au moins deux ans”, après une période d’étude de deux ans.
Cela signifie une circulation non-stop de camions de matériaux de construction, d’ouvriers. Ce serait donc rajouter des embouteillages aux embouteillages existants.
Les délais de livraison en seraient fortement impactés et par ricochet le coût du projet, pour lequel un seul scénario de financement existe, alors même que le chantier engendre nombre d’incertitudes.

En dehors de ces dépenses imprévues pour le conseil général, le coût réel pour l’économie mahoraise pourrait s’avérer catastrophique. En effet, Kawéni est le poumon économique de l’île, bloquer l’accès principal par plus d’embouteillages, reviendrait à paralyser pendant ce temps l’activité économique de notre île. Sans compter qu’il va falloir reloger les agents du CG pendant cette période en faisant exploser les dépenses de loyers du CG.

Le nombre d’heures de travail perdues, le coût environnemental à cause de la pollution générée par les pots d’échappement, l’impact sur la santé des habitants de Mayotte, l’aliénation de la capacité d’investissement de département provoquée par ce gouffre financier, sont quatre conséquences négatives parmi plusieurs dizaines qui n’ont pas fait l’objet d’une réflexion et d’une évaluation de fond de la part des agents et des élus, qui doivent se prononcer très prochainement.

En définitive, les initiateurs du projet ont évoqué la possibilité d’installer ce pôle administratif hors de Mamoudzou, le site de Tsoundzou a été évoqué. Une hypothèse salutaire, car l’avenir de Mayotte dépendra de la capacité de nos élus à imaginer la déconcentration du grand Mamoudzou et à dessiner une île multipolaire.
Ce projet pose donc une question essentielle : sommes-nous condamnés à dupliquer un modèle de développement et d’urbanisation très hexagonal, pour ne pas dire jacobin, ou serons-nous capables d’inventer une île qui réponde au souci de bien-être durable et d’épanouissement comme le réclament ses habitants ?

Adrien Theilleux

Taxes foncières : un délai supplémentaire

Compte tenu des difficultés rencontrées par la poste dans l’acheminement des courriers, les services de la Direction générale des finances publiques vont prendre des mesures spécifiques afin que les usagers qui n’ont pas reçu leur avis de taxes foncières ne soient pas pénalisés.

Un délai supplémentaire leur est accordé jusqu’à la fin du mois d’octobre pour s’acquitter de leur imposition, signale un communiqué de la préfecture.

 

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Taubira : “Construisons ensemble dans l’esprit du msada”

Sada avait les allures des grands jours hier matin. La ville reconnue pour les difficultés de circulation a fait en sorte que le convoi ministériel ne soit bloqué par aucune voiture mal garée. C’est ici qu’elle devait faire son discours face à la population.

Christiane Taubira en grande oratrice, sans aucune note comme à son habitude s’est adressée -au-delà de l’assemblée sadoise- à la population mahoraise.
Dans un discours très inspiré de ce qu’elle connaissait de l’île et des évolutions qu’elle a perçues, elle a appelé la population mahoraise à trouver des solutions dans les fondements même de la société mahoraise. “Il faut transporter les originalités pour des solutions adaptées aux situations particulières de Mayotte” en appelle-t-elle.

Christiane Taubira en présence de la maire Anchya Bamana, du sénateur Thani Mohamed Soilihi et des membres de la majorité municipale et de l’opposition a vanté les capacités d’adaptation de cette société mahoraise. Une société qui ne cesse de se bouleverser et de s’adapter aux changements depuis ces dernières années.
Des changements qui sont sans doute à l’origine des dysfonctionnements de la société mahoraise…

Le discours de Christiane Taubira avait le mérite d’insuffler de l’espoir à la population en mettant en valeur les acquis et les modes de fonctionnement de la société mahoraise.
“Il ne faut jamais rejeter le passé, quelles que soit les tensions, parce que le passé a été un moment d’invention. Il faut interroger ce passé” clame la ministre. Un discours loin des attentes, mais qui a permis de réfléchir et de se projeter sur l’avenir de cette île, peut-être en perspective du pacte Mayotte 2025. “L’avenir sera fait d’harmonie” prévoit-elle, en encourageant les Mahorais à se tourner vers l’avenir. “L’État sera à vos côtés”, martèle la Guyanaise, consciente que les Outremers sont bien loin de Paris et que par moment la population se sent incomprise et livrée à elle-même.

“Construisons ensemble dans l’esprit du msada. Il n’est pas possible qu’il n’y ait pas d’avenir pour Mayotte. Regardez ce qui a été fait et à quelle vitesse. J’espère bien que la quatrième fois que je vais revenir ici, je verrai encore des bouleversements. C’est avec beaucoup d’espoir que je vais partir d’ici” conclut-elle.

Kalathoumi Abdil-Hadi

Concert de Booba : fiasco ou arnaque ?

Le célèbre rappeur français avait été annoncé sur la toile en concert dans le village de Bandraboua, dimanche 12 octobre. A peine 24 heures avant l’événement, le show a été annulé en raison du comportement de l’organisateur mahorais qui n’aurait “pas respecté ses engagements”.
C’est la société Guillaume Dazin productions qui avait lancé une campagne de communication très discrète pour annoncer la venue de Booba, surnommé le “duc du rap game”, ce dimanche soir à Bandraboua.
Bizarrement, pas de 4X3, ni spots télévisés ou encarts publicitaires, seules quelques publications sur le réseau social Facebook, surprenant quand on connait la réputation de l’artiste qui remplit les salles de métropole et d’ailleurs.
Booba était pourtant bien dans la zone, puisqu’il se produisait samedi soir dans un nightclub de La Réunion, à l’invitation de la société WIP . Mais le soir même, à une heure tardive, le profil Facebook de la société Guillaume Dazin annonçait l’annulation du concert à Bandraboua.
“La faute revient à l’organisateur de Mayotte, Wassi Maggin Building, qui malheureusement quelques heures avant le show n’a pas pu respecter ses engagements envers l’artiste et son équipe, permettant ainsi le bon déroulement de cet événement”. Tel était le message de la société Guillaume Dazin. Les personnes qui s’étaient procuré des billets en prévente sont invitées à se rapprocher de la dite société pour se faire rembourser leur achat.
Mais Guillaume Dazin n’en est pas à sa première tentative, puisqu’il avait tenté de faire venir l’autre rappeur français – et grand ennemi de Booba – le Franco-comorien Rohff. En début d’année, des 4X3 avaient été affichés un peu partout sur l’île, le responsable local de la société avait fait le tour des médias pour annoncer l’événement, qui avait été une première fois reporté, puis tout bonnement annulé. Là encore, plusieurs fans avaient réservé sur le net leurs billets d’entrée pour le concert qui devait avoir lieu à Combani cette fois.
Au vu des messages des internautes envoyés à la société Guillaume Dazin Productions, elle n’est désormais plus la bienvenue sur l’île et la confiance est rompue. Beaucoup de déçus n’ont pas hésité à témoigner de leur animosité sur la page Facebook de la société.
M.C.

 

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Taubira face aux difficultés de la justice à Mayotte

C’est une visite ô combien attendue dans le milieu judiciaire. La Garde des Sceaux est arrivée hier dans la journée sur le territoire. Après une rencontre avec les élus en Petite-Terre – une séquence sans la presse — mais qui a été appréciée par les élus locaux.
Les élus voient surtout en elle ses origines guyanaises, une Ultramarine, donc compréhensive à l’égard des problèmes mahorais.
Pour le sénateur Abdourahamane Soilihi, “le fait qu’elle soit venue lui permet de se rendre compte des problèmes de Mayotte notamment l’insécurité, l’immigration clandestine. Ces sont les mêmes problèmes qu’en Guyane”.

La justice à Mayotte accuse beaucoup de problèmes notamment un manque de personnel considérable. Aujourd’hui, quatre postes de magistrats sont à pourvoir, car il reste quand même difficile d’attirer les juges sur ce territoire.

La ministre a – murmure-t-on – pris en compte cette doléance et devrait sortir des mesures pour encourager les magistrats à venir à Mayotte, soit en corrigeant l’image négative de l’île auprès des magistrats, soit en encourageant les jeunes magistrats, sortis d’école à venir en groupe ici pour pallier ce manque d’effectif.

Actuellement, les abords du tribunal n’ont plus l’air d’une forêt vierge, parce que les pelleteuses sont déjà passées. Prochainement les premiers coups de pelles devraient être donnés pour le démarrage du nouveau chantier, pour une véritable cité judiciaire. Les travaux dureront jusqu’en 2016.

La ministre a rencontré les magistrats pour une réunion de travail et devrait aujourd’hui s’entretenir avec le bâtonnier Mohamed Saidal, à la maison d’arrêt de Majicavo. L’avocat compte – lui aussi – faire part des problèmes d’effectif à tous les niveaux que rencontre la justice et par conséquent les justiciables dans l’île. “Il y a trois ans de cela” se souvient l’avocat, “on a mis des moyens, mais aujourd’hui, il faudrait renforcer” appuie-t-il.
Les avocats se plaignent également du tarif de l’aide juridictionnelle, “avec un taux trop bas par rapport au taux pratiqué dans d’autres départements. Aujourd’hui c’est 23 euros par unité de valeur alors que c’est le double ailleurs”, assure le bâtonnier. Sur une île où la moitié des gens ont recours à l’aide juridictionnelle, les 28 avocats du barreau se sentent lésés et comptent le faire savoir.

Christiane Taubira a pu se rendre compte de l’exiguïté du tribunal, de son manque d’espace et de moyen en voyant l’attroupement des justiciables, sous le soleil, depuis tôt le matin, quand ils ne dorment pas sur place, pour être reçus afin de régulariser leur situation.
Pour le syndicat C-Justice : “il faut que le tribunal change pour recevoir les justiciables”. “Aujourd’hui les toilettes sont fermées, il n’y a pas d’eau pour les gens, etc.”, explique leur déléguée syndicale.

Elle voudrait “des mesures qui ne désertifient pas Mayotte et que les collègues Mahorais retrouvent leur dignité” plaident-elles.

Kalathoumi Abdil-Hadi

Sécurité : on veut du concret !

Au premier plan de cette fronde, le Collectif des citoyens de Mtsapéré, excédés par les vols à répétition, ces derniers ont décidé d’organiser des tours de garde et des veilles pour alerter les gens du village de Mtsapéré et jusqu’à Kavani. L’idée est aussi d’aller à la rencontre des jeunes, d’empêcher que des mineurs, parfois très jeunes restent tard dehors et sans surveillance la nuit.

En effet, pour “Tostao”, agent municipal, la surveillance des “points chauds” par les habitants est nécessaire, de même il trouve inacceptable de trouver “des enfants de 6 ou 7 ans dehors après 22h”, un problème qui demanderait l’instauration d’un “couvre-feu pour les mineurs” passé une certaine heure. Toutefois ce collectif citoyen s’appuie en grande partie sur l’opposition politique et sur Mtsapéré, village frustré de ne pas avoir obtenu le siège de 1er édile comme ce fut si souvent le cas.

Le procureur Joël Garrigue a pour sa part expliqué que, “pour qu’un mineur soit condamné, il faut des éléments de preuve avec dépôt de plainte”. Par ailleurs la solution pénale est adaptée à chaque cas, “on ne fait pas de prêt-à-porter avec les mineurs” a-t-il riposté pour se justifier.

A l’occasion de la visite de la Garde des sceaux, Christiane Taubira, le jeudi 16 octobre, il compte faire remonter les observations du CLSPD pour la quatrième ville la plus cambriolée de France en 2013.

Mohamed Ibrahim, dit “Sorcier”, qui fait parti du collectif citoyen de Mtsapéré croit savoir cependant que ce n’est pas la première fois qu’on identifie des personnes, qu’on porte plainte contre elles et qu’elles sont pourtant relâchées.
Lui-même témoigne avoir été menacé par des délinquants en dépit et à cause du dépôt de plainte à leur encontre. Il n’en démord pas, les citoyens attendent “des garanties contre les représailles des bandes”.

La réponse judiciaire est en effet sous-dimensionnée. Avec 15 à 30 places en centre de détention, 12 en foyer d’accueil et 24 en familles d’accueil, les options judiciaires pour les mineurs restent très limitées. On parle de mettre en place des travaux d’intérêts généraux, une mesure déjà appliquée, mais très loin d’être généralisée et qui plait à l’ensemble des participants. Oui, mais avec quels moyens et pour quel objectif ?

Les proviseurs et principaux des établissements du 2nd degrés, qui sont en première ligne de la lutte contre la délinquance sont alors sortis du bois : A Doujani, explique Cyprien Piroud, le principal du collège, on a déposé entre 25 et 30 plaintes au commissariat pour des vols depuis la rentrée scolaire !” Une situation qui s’est stabilisée depuis une semaine grâce à l’action du collectif de citoyen.

Le principal du Lycée professionnel de Kawéni réclame, lui la disparition d’un tas de terre à proximité de l’établissement, lieu propice aux agressions. Malgré un engagement de l’élu municipal responsable, il s’emporte “vous êtes de mauvaise foi !” Enfin, la charge la plus lourde est venue du principal de Passamaïnty, un établissement de 1 900 élèves pour 114 professeurs qui est revenu au calme en 2013 après plusieurs années de violence.
Le principal met cela sur le compte de “l’usure du personnel éducatif et du réseau associatif », “on est sur le fil du rasoir”, prévient-il. Si la violence a été jugulée en 2 ans, l’épuisement des personnels (le turnover des enseignants est de 50 % par an) et l’arrivée en fin de contrats des médiateurs en Contrats uniques d’insertion pourraient sonner le glas de cette “pax romana”.

La mairie s’est engagée à faire le maximum, à assurer une présence de médiateurs aux abords des établissements, à mieux accompagner le tissu associatif, à développer et entretenir l’éclairage public. La préfecture par la voix de Mme Espécier, compte aussi mettre sur la table quelques moyens 63.000 euros dans le cadre de la lutte contre la délinquance, perfectionner le recrutement et la formation des médiateurs en CUI, confronté à un problème de “profil des candidats”.

Adrien Theilleux

L’éducation nationale recherche des profs

À quelques jours des premières vacances scolaires, le vice-rectorat n’a apparemment toujours pas comblé tous les postes de professeurs.
Toujours à la recherche de contractuels, l’académie a publié il y a quelques jours des offres de postes en français, anglais, espagnol, histoire-géographie, mathématique, philosophie, arts plastiques ou musique sur le site Internet de Pôle Emploi.

 

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Vers une annulation des élections municipales à Dembéni et Koungou

À Ouangani, Ali Ahmed Combo l’avait emporté en mars 2014 face à Attoumani Harouna de 82 voix. Avec ce résultat, le maire UMP, surnommé “Maradona”, était reparti pour un second mandat. Ses opposants ont donc présenté une requête en annulation, car ils avaient constaté qu’un certain nombre d’électeurs effectifs ne résidaient pas dans la commune au moment des élections.
Cependant, le rapporteur a conclu qu’ils n’avaient pas suffisamment apporté de preuves de ces allégations pour constituer une base nécessaire à l’annulation de l’élection. Il y a donc de fortes chances qu’à l’issu du délibéré, “Maradona” soit conforté dans son mandat de maire et qu’il puisse aller au bout de son projet politique.

Il n’en va pas de même à Dembéni. Dans la commune du Centre universitaire de Mayotte, le maire sortant Soihibou Hamada, de la liste Union et apparenté PS a lui aussi été reconduit à l’issu des élections. Néanmoins, un écart de sept petites voix seulement était constaté à la fin du vote. Par ailleurs, dans le bureau de vote N°7, 37 bulletins en faveur de son opposant, Jouwaou Ambdi Hamada, du Mouvement des jeunes unis, étaient invalidés au 2nd tour, car il s’agissait de bulletins du 1er tour et qu’entre temps, la liste avait fusionné avec une autre liste.
Par conséquent le nombre de bulletins invalidés, ainsi que d’autres irrégularités constatées dans les bureaux de la commune de Dembéni portent à croire que le nombre de suffrages incorrects est plus élevé que l’écart des voix entre les deux candidats. La conclusion du rapporteur va donc dans le sens d’une annulation des élections.

À Koungou, la conclusion est la même, mais pour d’autres raisons. En effet, quelque temps avant l’élection, la municipalité a fait imprimer un bulletin pour évoquer la vie de la commune.
Or dans le prospectus destiné aux citoyens de Koungou, il est fait implicitement référence à “l’effort fourni par l’équipe municipale”, au “miracle” dans le redressement des finances et à la nécessité de donner une “continuité” à cette action. Une référence à peine voilée aux élections à venir.
Or, la loi est stricte en matière de propagande électorale. Un tract communal ne peut pas être utilisé à des fins de propagande, car il s’agit d’argent et de biens publics. Par ailleurs, l’écart de voix entre le vainqueur et son poursuivant direct, seulement 32 voix, laisse à penser que cette propagande a pu jouer un rôle dans le dénouement électoral constaté dans les urnes.

Dans ces trois affaires, les délibérés ont été remis à une date ultérieure.

Adrien Theilleux

Édito : « Il faut relever ce défi »

Mayotte a en effet de nombreux défis à relever, et plus généralement celui de son développement. La départementalisation, puis aujourd’hui la rupéisation, ne constituent que des outils au service de ce développement si nécessaire. Il s’agit de cadres, de règles, de chemins à emprunter qui doivent mener vers une meilleure éducation, un meilleur système de santé, une meilleure prise en compte de l’environnement, une meilleure protection des salariés, des consommateurs, des citoyens…

Il y a des paramètres, des critères, des normes, des niveaux de référence qui permettent de fixer des objectifs à atteindre : le nombre d’enseignants par élèves, le nombre de médecins par habitants, le taux de pollution acceptable pour l’eau à boire ou dans laquelle se baigner, l’état des logements, le revenu minimum pour vivre, le taux de chômage des jeunes, des vieux, le niveau d’alphabétisation, le niveau de pollution des voitures, le poids maximum par essieu, l’enseignement de la musique, l’apprentissage de la natation…

Dans tous les domaines, dans tous les secteurs de l’activité humaine, il faut disposer de données, de chiffres et comparer, se positionner par rapport aux autres. A partir de là il est possible de se plaindre, de réclamer, d’engager des travaux, des investissements pour combler les retards.

Dans de très nombreux domaines, Mayotte est « en retard », très loin derrière tous nos compatriotes français et européens. C’est « grâce » à ce retard que nous disposerons prochainement de fonds structurels européens, de fonds de « rattrapage ». Il conviendra de les utiliser vite et bien, pour espérer bénéficier de la clause de revoyure et pouvoir en avoir d’autres.

Pour cela, des formations ont été mises en place, avec les 2 M€ que l’Europe a prévu pour. Des intervenants de haut niveau sont venus expliquer, préciser les mécanismes, les fonds disponibles, les moyens d’en bénéficier. Ils ont parfois fait face à des chaises vides… C’est dommage pour une formation assurée par l’Ena à Mayotte, et gratuite. Une dernière session de 8 modules de deux jours chacun se déroulera du 17 novembre au 4 décembre. Il faut s’y inscrire avant le 17 octobre (contacter la préfecture).

En parallèle, l’Etat prépare le prochain Contrat de plan, qui viendra vraisemblablement se « coller » sous les programmes européens. Il y a aussi Mayotte 2025…

Des schémas directeurs, des plans d’actions ont déjà été élaborés, dans de très nombreux domaines, du tourisme à l’aquaculture, de la formation à l’enseignement, des risques majeurs aux pollutions. Ils ont fait l’objet de concertations entre les acteurs locaux avant leurs adoptions. Ils sont pour certains enterrés, ou simplement endormis. Il faudrait peut-être les « réveiller », les réactiver et assurer leur suivi.

Certains points en revanche n’ont toujours pas été abordés jusqu’au bout et bloquent le potentiel de développement : le schéma routier pour les 15 prochaines années, la piste longue (pour quand ?), la mise en place de cette agence foncière qui pourrait servir de « bourse » au foncier pour les porteurs de projets privés et publics…

La place consacrée à l’économie est aussi largement sous-évaluée à mon avis, dans les équipes dirigeantes, dans les projets qui seront soutenus par l’Europe et peut-être par le Contrat de plan. La formation des jeunes et des demandeurs d’emploi, l’assainissement sont certes nécessaires, et bienvenus, mais ils ne suffiront pas à faire décoller l’île.

Les zones d’activités communales, artisanales ou mêmes commerciales, les véritables aménagements urbains structurants, les zones consacrées aux investissements touristiques, le soutien aux entreprises locales par le biais de la zone franche globale par exemple, tout cela génèrerait pourtant de l’activité, du travail, de l’emploi qui manque cruellement sur l’île. Cette activité économique ferait augmenter les recettes des collectivités locales, leurs revenus des impôts locaux, et donc les moyens dont elles bénéficieraient pour mener à bien des actions en direction de la jeunesse, de la culture, des sports, du social, du monde associatif.

Pour avancer sur ces projets et les autres, pour solliciter les fonds européens, il convient de disposer de chiffres, de données à jour, mais ensuite de réaliser des dossiers complets, techniques, précis, chiffrés à présenter aux financeurs potentiels. Il faut pour cela des compétences, aux bons endroits, des équipes motivées, mobilisées, des cabinets efficaces. Il faut des orientations fixées par les élus, et des équipes qui suivent, avec des moyens et des délais à respecter. Il faut ensuite que les élus appuient leurs équipes, les accompagnent dans les ministères, les instances parisiennes ou bruxelloises.

Avec de bons dossiers, bien ficelés, comme nos voisins réunionnais, on sera bien plus crédibles et surtout tellement plus efficaces, pour la population qui attend ici. On pourra même être ambitieux. Les mains vides, on ne peut que saluer, se prendre en photo et revenir…

Les élus, avec des réalisations, du concret, des emplois créés sur leurs territoires, des écoles construites, des projets en cours, seront plus solides à l’approche des échéances électorales. Et les entreprises, les citoyens auront du travail, le sentiment que les choses avancent enfin vraiment. Faute de cela, les prochaines élections risquent d’être à l’image des précédentes : vous avez mangé (et vous nous avez oublié durant ces années), il faut laisser la place à d’autres, avec un très fort taux de remplacement.

La sanction des urnes apportera alors son lot de nouveaux, de « jeunes » inexpérimentés, sans contacts parisiens et il faudra encore recommencer, établir des relations, de confiance, avec le temps, avec les équipes, prendre connaissance des dossiers, de l’ampleur de la tâche, des responsabilités, des limites, des contraintes fortes, des sollicitations…

« Il faut relever ce défi », bien sûr. Pour cela il faut se mettre sérieusement au travail, concrètement, avec des dossiers solides à défendre.

 

Laurent Canavate

Affrontements Majicavo-Kawéni : libres en attendant le procès

Cela devait être une comparution immédiate, mais l’immédiateté n’est pas ce qui caractérise l’audience d’hier après-midi sur les affrontements entre Majicavo et Kawéni du 20 septembre dernier.

Pour rappeler les faits, le samedi 20 septembre lors d’un match de football opposant le FC Koropa, qui jouait à domicile et l’ASC Kawéni, le sifflement d’un carton jaune contre Koropa qui menait 3-0 à 20 minutes du coup de sifflet final a provoqué une réaction d’indignation de certains supporters qui ont envahi le terrain, ce qui a donné lieu à une bagarre générale. Des bagarres qui ont par la suite provoqué des affrontements et des émeutes. Une vingtaine de maisons ont été brûlées. Le tribunal a enregistré cinquante-et- une victimes de ces affrontements.

Un des interpellés est mineur et n’a donc pas comparu hier après-midi. Pour les quatre autres, leurs amis et familles étaient présents au tribunal, de même qu’un dissuasif dispositif de sécurité composé de gendarmes et de policiers.
Si depuis 14h, journalistes, avocats et membres des familles sont en attente de l’audience, c’est au final à 17h que la cour siégera.
Viviane Peyrot, la présidente du tribunal, et ses assesseurs fatigués d’avoir travaillé depuis 8h du matin et ayant assisté pendant 7h à la cour correctionnelle, demande le renvoi de l’audience à une date ultérieure. Cependant les prévenus veulent être jugés “tout de suite” tout comme leurs avocats à l’exception de maitre Idriss. Les avocats de la défense maitre Andjilani, maitre Simon et maitre Hassane n’approuvent pas la proposition de Viviane Peyrot.
C’est ainsi que des prises de bec ont rythmé l’audience entre les avocats de la défense et la présidente de l’audience. “Tout le monde est au courant depuis avant-hier. On avait le temps de plaider ce dossier. Après 48h de garde à vue, puis une comparution immédiate, on veut renvoyer. Je m’oppose, car mon client risque d’aller à Majicavo par mesure de détention provisoire” plaide ardemment maitre Andjilani.

Malgré tout, le renvoi de l’affaire est acté pour le 3 novembre à 14h.
Toutefois, il faut statuer pour savoir si les prévenus sont relâchés jusqu’à cette prochaine date ou alors faut-il les maintenir en détention provisoire à Majicavo alors qu’ils sortent déjà de 48h de garde à vue ? “On n’est pas sûrs de les revoir à la barre”, entend-on dans la salle.

C’est dans cette éventuelle optique, avec une salle d’audience remplie que les quatre mis en cause ont été présentés. Ils sont jeunes, tous âgés de 21 à 23 ans. Seul un d’entre eux est français, il s’agit du plus chétif d’entre, que nous allons dénommer Abdou. Il est aussi le seul à avoir un casier judiciaire et à ne pas pouvoir s’exprimer en français. Il faut dire qu’il a quitté l’école depuis 2007 et vit sans emploi chez sa mère. En 2013, il a été condamné pour deux faits de violence avec arme. Il lui est reproché cette fois-ci d’avoir commis le délit d’attroupement avec arme.

Juste à ses côtés, debout devant les magistrats, se tient celui que l’on va appeler Chakir. Défendu par maitre Simon, les scellés présents dans la salle d’audience ont été trouvés chez lui. Ainsi, il y est exposé un bout de bois taillé comme une batte de base-ball, un bout de bois avec des clous et un pilon en fer. Chakir est accusé d’avoir participé lors de ces évènements à un attroupement et d’avoir volé un scooter.
Il lui est reproché l’extorsion de la somme de 60 euros au propriétaire de l’engin, d’autant que tout ça aurait été commis en réunion avec la menace d’une arme. Pour maitre Simon, visiblement excédé par le renvoi de l’affaire, qui n’est pas de leur fait, mais plutôt du tribunal, comme il le rappelle.
Pour lui, son client n’aurait pas été là s’il avait été un vieux psy, fumant une pipe. “On l’aurait qualifié de collectionneur d’objets ethniques”, dit-il. Et que si le pilon était une arme “ça ferait de toutes les bouénis de redoutables délinquantes”. Un plaidoyer qui n’a pas manqué de faire sourire.
Il veut donc qu’il soit relâché jusqu’à l’audience du 3 novembre.

Le troisième accusé est défendu par maitre Andjilani. Il aurait juste poussé quelqu’un selon son avocat. Sauf que cette personne était arbitre lors de ce fameux match. Âgé de 23 ans, il est né à Anjouan. Bien que vivant à Mayotte depuis longtemps et marié civilement, il n’a pas encore ses papiers français. Diplômé en tant qu’éducateur spécialisé. Il entraîne bénévolement de jeunes basketteurs à Kawéni et dit ne pas boire ni fumer.
Son avocat refuse là aussi qu’il aille à Majicavo en attendant l’audience.

Le quatrième est lui aussi Comorien, détenteur d’un CAP de carreleur obtenu à Dzoumogné.
Devant le procureur, dit regretter ce qu’il a fait même s’il avait déclaré dans le procès-verbal être allé à Majicavo pour tabasser des gens.

Deux des prévenus sont donc de Kawéni et deux autres de Majicavo. Les avocats ont réussi, du moins pour cette fois à éviter la case Majicavo à leur client. Alors que le procureur avait requis pour trois d’entre eux, la détention provisoire.
Seul, le client de maitre Andjilani devait sous le voeu du procureur Alik être placé sous contrôle judiciaire.

Au final, ils repartent tous libres et devront répondre présents le 3 novembre au tribunal sous peine de faire l’objet d’un mandat d’amener.
Trois sont placés sous contrôle judiciaire, doivent donc se présenter deux fois par semaine à la gendarmerie de Mamoudzou. Ils n’ont pas le droit d’entrer en contact avec les victimes ni leurs proches. Il leur est également interdit de se rendre à des manifestations sportives, quelles qu’elles soient, tout comme ils n’ont pas le droit de porter des armes, “même pas un petit chombo ou une machette”, insiste Viviane Peyrot. Le client de maitre Andjilani repart libre, sans contrôle judiciaire.

Kalathoumi Abdil-Hadi

Les syndicats enseignants à nouveau dans la rue

D’un côté, il y avait le syndicat Unsa éducation et d’un autre une intersyndicale composée du Snes-Fsu et la Cgt-Educ’action, de FO et de Sud éducation.
L’intersyndicale a réuni une centaine de manifestants qui ont déserté leurs salles de classe pour cette journée de contestation. Ils dénoncent ce qu’ils appellent les mensonges de l’État qui ne respecteraient pas ses engagements. Les enseignants ne savent plus à quel saint se vouer, ni qui croire entre une circulaire qui clairement remet en cause les promesses de l’État et un directeur adjoint du cabinet de la ministre de l’Éducation nationale qui dit “ne pas être au courant” de cette histoire rapporte Thierry Wuillez du Snes Mayotte.

En effet, lors de leur manifestation contre la fiscalisation de leurs indemnités d’éloignement et contre l’abrogation du décret de 96, les syndicalistes avaient obtenu que les enseignants en interséjour restent sous le décret de 96 et qu’ils gardent donc une indemnité de 11,5 mois sans indexation.
L’État annonce le contraire de cet accord dans sa circulaire. Il y est stipulé que ces fonctionnaires entrent automatiquement dans le système transitoire et vont donc percevoir 8,5 mois d’indemnité en plus une indexation de 10 % sur le salaire. C’est une perte d’environ trois mois de leurs revenus qu’accusent ces quelque 400 enseignants.

L’intersyndicale parle “d’une nouvelle trahison de l’État” face à ce qu’elle appelle “une confusion totale”. Les syndicalistes ont été assurés que les ministères des Outremers et de la Fonction publique ont été saisis au sujet de la situation des fonctionnaires d’État en poste à Mayotte.
Les vacances approchant, les enseignants laissent jusqu’à la rentrée pour avoir des réponses, sinon ils laissent planer l’ombre d’une grève plus importante.
Thierry Wuillez parle également d’une incertitude juridique pour les anciens et les nouveaux arrivants. “Si eux l’ont probablement oublié, nous on n’a pas oublié la clause de revoyure au sujet de la mise en place de l’indexation à Mayotte et de l’attractivité” rappelle le secrétaire du Snes Mayotte.
Cet état des lieux devrait avoir lieu en 2015.

Quant au syndicat Unsa, les syndicalistes ont rencontré la vice-recteur Nathalie Costantini où ils ont été confortés sur les avancées “obtenues à Paris” par le syndicat au niveau national. Il devrait donc y avoir une reformulation de la fameuse circulaire. “On a l’assurance que les enseignants venant à Mayotte pourront retourner dans leur académie d’origine jusqu’en 2017” affirme Eric Hourcade secrétaire départemental de l’Unsa.
Par ailleurs, le « tout jeune syndicat à Mayotte » comme le qualifie Eric Hourcade, a écrit à Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Éducation nationale pour un éclaircissement de la situation des fonctionnaires à Mayotte et le maintien du décret de 96 jusqu’à la fin de la période transitoire.

Kalathoumi Abdil-Hadi

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes