Accueil Blog Page 543

Haut niveau | Entretien : David Hervé, conseiller d’animation sportive à la DJSCS Etat

-

« Si nous pouvions avoir une Fayzat tous les 5 ans, ce serait exceptionnel »

En août dernier, cinq nouveaux jeunes sportifs mahorais ont intégré les dispositifs réunionnais d’accès au sport de haut niveau, portant leur nombre à dix actuellement. Le fruit du projet Jeunes talents mahorais, initié en 2013 par la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS) Etat. Mayotte Hebdo Sports a rencontré David Hervé : le conseiller d’animation sportive de la DJSCS Etat a accepté de relater tous les dispositifs mis en œuvre pour offrir aux jeunes Mahorais l’opportunité d’accéder au sport de haut niveau.

Mayotte Hebdo Sports : David Hervé, où en est le projet Jeunes talents mahorais quatre ans après sa création ?

David Hervé : Nous en sommes à la cinquième édition. Cette année, à l’issue des détections, cinq jeunes Mahorais ont rejoint le Creps de la Réunion : deux rugbymen, Izak Houmadi Ali et Lucas Rabino, deux footballeurs, Djamal Djanffari et Qayime Hassani, et un judoka, Hachim Saïd Bakar. Ils y rejoignent cinq jeunes Mahorais qui entament leur deuxième année : deux footballeurs, Hadrami Lihadji et Oili Ben, deux basketteurs, Windston Daka et Amelle Abdou Moussa, et un rugbyman, Al Amine Soulaïmana. Et puis il y a les Samuel Bertin Assani, Camille Tanne, Manon Séguier, Mouslimou Ali, Moussa Soumaïla, Nafioun Assani… ceux qui ont quitté le Creps de la Réunion mais que nous continuons de suivre.

MHS : Quel type de suivi ?

DH : Un suivi relationnel, pour ceux qui sont toujours dans la filière « Sport de haut niveau » ou « Programme de performance sportive ». Nous ne les finançons plus, mais nous restons en contact par le biais d’un compte Facebook privé, dans lequel ne sont admis uniquement les Jeunes talents mahorais, leurs proches, leur famille d’accueil et leurs entraîneurs. Ce compte Facebook privé est pour moi un outil de travail. Cela me permet de leur transmettre un certain nombre d’informations, de leur rappeler pourquoi ils sont là, ce qu’ils ont à faire, de leur rappeler le respect d’un certain nombre de règles pour lesquelles ils se sont engagés. Cela me permet aussi d’avoir des résultats immédiats : par exemple le judoka Hachim Saïd Bakar, qui a intégré le Pôle Espoirs judo cette année, vient de gagner le tournoi des Mascareignes cadets. J’ai eu le résultat quasiment simultanément. Enfin le compte Facebook privé me permet d’échanger avec les familles d’accueil : une grande partie de la réussite des Jeunes talents mahorais vient des familles d’accueil. Il faut leur rendre hommage.

MHS : Outre ce compte Facebook privé, vous vous rendez régulièrement à la Réunion pour entrer directement en contact avec les Jeunes talents mahorais, leur entourage, leur environnement. A quoi ressemble l’un de vos déplacements ?

DH : Là-bas, j’ai un programme chargé car je rencontre les coachs, les familles d’accueil, les JTM – parfois plusieurs fois –, mais aussi mes homologues de la DRJSCS Réunion, les responsables du Creps, les présidents des ligues réunionnaises concernées… parce que la convention signée en 2013 puis en 2016 intègre tous ces partenaires. En parallèle de tout ça, j’assiste aux entraînements et aux compétitions des JTM. Mon rôle, sur place, est de faire un point intermédiaire. Pour les Jeunes talents mahorais, je suis un peu leur papa. Il faut garder en tête que ce sont des enfants de douze ans, treize ans, qui quittent leur cellule familiale pour la première fois, pour se retrouver dans un environnement qu’ils ne connaissent pas. Il y a cet aspect « sport de haut niveau », qui les oblige à travailler à un même niveau d’intensité, au quotidien. C’est parfois compliqué pour eux. Il y en a qui se blessent et perdent le moral : il faut les soutenir, les garder mobiliser et leur rappeler pourquoi ils sont là. De savoir que nous sommes là, ça les rassure, ils se sentent un peu moins isolés. Et puis au-delà de ça, nous représentons l’Etat, donc il y a une forme de respect, et du fait que nous finançons largement le projet qui est le leur, la plupart des JTM ont conscience qu’ils doivent sérieusement s’investir… Je me déplace trois fois par an et à chaque fois, mon programme sur place est extrêmement dense.

MHS : Les Jeunes talents mahorais existent depuis quatre ans, et ils n’ont pas toujours été un succès pour les jeunes sportifs mahorais détectés…

DH : Effectivement, il y a eu des échecs et il ne faut pas les négliger. Au contraire, depuis le début, nous nous appuyons sur ces échecs pour améliorer le projet. Deux exemples ; Le premier : cette année, deux jeunes JTM n’ont pas été reconduits pour leur seconde année de Pôle Espoirs à la Réunion, ils ont été exclus et sont de retour à Mayotte. Ces deux JTM n’avaient malheureusement pas réellement pris conscience de l’exigence du sport de haut de niveau, de l’exigence de ce type de structure. Cela nous a poussés à nous demander si les enfants que nous envoyons sont suffisamment préparés. En l’occurrence pour ces deux-là, ils ne l’étaient pas. A leur détriment, nous n’avons peut-être pas assez accès sur l’accompagnement, dans la mesure où les sélections se déroulent en avril et qu’ensuite tout s’enchaîne. Ces échecs ont rendu utile la réflexion sur l’accompagnement. Conséquence, nous avons décidé, depuis cette année, de faire lister les jeunes beaucoup plus tôt. A mon prochain déplacement, en octobre, je serai en mesure d’avoir une liste de jeunes susceptibles d’intégrer le Creps de la Réunion en 2018. Et puis, cette liste, nous la réduirons progressivement. Cela permettra de mieux connaitre les jeunes, leur famille, et de bien mieux les préparer. Le second exemple est celui de Noussourati Matoungou. Cette joueuse de rugby, qui a passé deux ans au Pôle Espoirs de Rennes est rentrée à Mayotte pour des raisons personnelles, culturelles, avec une réticence du père par rapport au projet sportif de sa fille. Fort de cette expérience, nous avons réfléchi à comment intégrer les jeunes Mahoraises au sport de haut niveau tout en tenant compte de la culture locale. Et donc, avec le vice-rectorat, a surgi l’idée d’un internat d’excellence à Mayotte.

MHS : L’internat d’excellence existe-t-il déjà ?

DH : L’internat en lui-même sera activé ce mois-ci. Ce qui existe déjà, ce sont les sections sportives qui l’intégreront. Durant l’année scolaire 2016/2017, nous avons réussi à créer deux sections sportives pour des jeunes de 4ème : une en handball au collège de Passamaïnty, et une en football au collège de Dembéni. Cette année nous renouvelons l’expérience avec les joueuses qui passent en 3ème et en créant une nouvelle section sportive pour celles qui entrent en 4ème. Nous arrivons donc à un volume intéressant. Intégrer ces jeunes filles dans une section sportive et un internat les prédispose à intégrer une cellule telle qu’un Creps, plus tard. Nous sommes en train de finaliser les listes mais nous pourrions avoir une quarantaine de jeunes filles à l’internat, cette année. Si cela se présente bien, c’est parce que la principale de Dembéni Christiane Kolovikov, le principal de Passamaïnty Jean Loup Munier, et le proviseur du lycée de Tsararano font un travail énorme de concertation, d’échange, dans un souci d’aider les jeunes Mahorais à accéder au sport de haut niveau. Si ça se passe bien, c’est aussi parce que nous avons mis en place un système qui est très exactement celui qu’on retrouve dans les pôles : à savoir, un enseignant intervenant en Education physique et sportif, spécialiste de la discipline – Pierre Salomé à Dembéni pour le football, Urbain Gay pour le handball féminin – et un professeur principal dont le rôle est de coordonner l’ensemble des enseignants qui interviennent dans les classes concernées par les sections sportives. C’est un rôle primordial. Ces jeunes bénéficient aussi d’un accompagnement scolaire supplémentaire, de collations supplémentaires, de lieux pour pouvoir se reposer ou encore d’une aide financière de la Jeunesse et Sports Etat pour les tenues et le matériel sportif. Ajouté à cela une aide dans le cadre du Fébecs, qui a permis aux handballeuses de la section sportive de Passamaïnty de participer aux championnats de France. Et les retours sont extrêmement positifs : ils montrent qu’il y a du potentiel, mais qu’il doit s’organiser avec l’échange et la confrontation. Donc, nous les suivrons tant que nous pourrons et nous souhaitons accompagner à nouveau ces sections dans ces championnats. Il faut souligner également la mise en place de la section sportive rugby au collège Doujani/Passamaïnty, section sportive d’où sont issus nos rugbymen du Creps de la Réunion. A termes, nous espérons l’intégration de ces jeunes dans le même dispositif que les JTM… Nous sommes en train, progressivement, de monter une espèce d’équipe « sport de haut niveau ». Le sport de haut de niveau à Mayotte se développe de cette manière aujourd’hui. Nous sommes encore sur les prémices, même si nous avons déjà un résultat.

MHS : Vous faites référence à Fayzat Djoumoi, championne d’Europe cet été avec l’équipe de France U16 féminine, qui est issue du projet Jeunes Talents Mahorais. Elle est votre plus belle vitrine…

DH : Incontestablement. Sa première réussite, c’est d’avoir une maman présente et très investie. Autrement, Fayzat est une fille adorable, timide, introverti, mais qui fait son bonhomme de chemin et qui sait pourquoi elle est là. Lors d’un de ses passages à Mayotte, je lui avais demandé si elle était sûre d’être qualifiée et elle m’a répondu : « On est jamais sûr de rien, il faut continuer de travailler, en permanence. » Donc je pense qu’elle a bien compris que le sport de haut niveau n’est pas quelque chose de gagné. Après son sacre de championne d’Europe, des mails ont circulé entre le pôle Espoir basket-ball réunionnais, le Creps, le Cros, la ligue, la DRJSCS, la fédération… toutes ces structures qui l’ont accueilli depuis son départ de Mayotte en 2013. Tout le monde s’est félicité du travail accompli et surtout tout le monde l’a félicité pour son abnégation. L’image qu’elle a, tout le monde doit avoir cette attitude. Nous avons la chance de l’avoir, nous sommes fiers et espérons qu’elle continuera à bien travailler, et qu’elle réussira dans les équipes de France adultes autant qu’elle réussit avec les équipes de France jeunes. Cerise sur le gâteau : à l’école ça se passe bien, donc son double projet est vraiment sur la bonne voie.

MHS : Le double projet, sport et études : un aspect qui vous tient à cœur…

DH : Oui. Les sports de haut niveau, c’est la loterie. Ce qui est important pour ces jeunes, c’est qu’ils prennent du plaisir dans ce qu’ils font parce que c’est une véritable expérience de vie. Quoi qu’il arrive ça leur servira dans le futur. Ne serait-ce que la capacité à s’organiser, à prendre des décisions, à être rigoureux. Mais ils doivent en parallèle penser à leur réussite scolaire car la chance d’accéder au sport de haut niveau est extrêmement faible et ça, c’est partout pareil, pas uniquement à Mayotte. L’échec sportif, s’il est lié à un échec scolaire, c’est un double échec, alors que nous sommes sur un projet de double réussite. Les jeunes et leurs parents doivent vraiment garder ça en mémoire. Et de notre côté, nous devons insister là-dessus. C’est ce que nous faisons. C’est ce que nous disons aux parents quand nous les suivons : certes leur enfant a été retenu, certes, il fait partie des meilleurs, il va accéder à un dispositif d’accès au sport de haut niveau, mais du jour au lendemain il peut en sortir. Nous avons cité les exemples… Si cela doit arriver, l’enfant doit au moins pouvoir rebondir grâce aux études qu’il aura menées.

MHS : A l’échelle nationale, quels sont les dispositifs existants pour l’accompagnement au sport de haut niveau, dont les jeunes Mahorais peuvent bénéficier ou bénéficient ?

DH : Nous avons des outils qui nous permettent de mieux accompagner ces jeunes, comme la cellule ultramarine. La cellule ultramarine, c’est un dispositif mis en place par le Ministère des sports conjointement avec l’Insep, dans lequel interviennent tous les référents du sport de haut niveau, en métropole, dans les départements d’outremer et dans les collectivités d’outremer. Les référents du sport de haut niveau sont dans les Creps, mais aussi dans les directions régionales comme moi par exemple. Et donc quand on a un jeune qui quitte le territoire et qui intègre un pole, moi je suis le relais direct pour ce jeune. S’il intègre par exemple le Pôle Espoirs d’Orléans, je vais être en contact directement avec le référent du sport de haut niveau de la Direction régionale d’Orléans et de la structure d’Orléans qui va l’accueillir. Ça, c’est quelque chose qui n’existait pas avant. Cela nous permet d’avoir un échange, d’envoyer le pedigree de ces jeunes.

MHS : Comment ce pedigree est-il crée ?

DH : A travers le Portail du suivi du quotidien du sportif, ou PSQS. C’est-à-dire que le jeune est répertorié dans ce nouveau dispositif, du moment où il intègre le processus du Programme de performance sportive (PPS), au moment où il le quitte. Et donc ça permet de le suivre partout où il passe. Exemple, demain, s’il arrive au centre de formation de Tarbes, les responsables du centre de formation, grâce au PSQS, auront son parcours précis. Cela englobe tout : les périodes où il est tombé malade, les avertissements qu’il aurait eu à l’école etc. C’est sa carte vitale, son emprunte. C’est un nouvel outil que nous sommes en train d’expérimenter et pour lequel nous avons un rapport très étroit avec le Creps de la Réunion.

MHS : Qu’est-ce que le Programme de performance sportive (PPS), que vous évoquiez précédemment ?

DH : Les termes ont changé, avant on l’appelait le Parcours d’accession au sport de haut niveau. Chaque fédération, en cette nouvelle olympiade, doit présenter un Programme de performance sportive à deux branches. La première branche : c’est celle qui est consacrée aux sportifs déjà de haut niveau. La seconde branche, celle qui nous intéresse le plus, c’est celle du chemin à parcourir pour accéder au sport de haut niveau. A Mayotte, nous pouvons considérer ne pas avoir attendu le PPS, mais imaginé un début de sport de haut niveau par les sections sportives. Nous avons imaginé que toutes les disciplines puissent avoir des sections sportives : ce sera un travail de collaboration avec le vice-rectorat, de longue haleine. La volonté est là mais nous connaissons les différentes difficultés, de transport, d’hébergement, de restauration, de capacité des salles, etc. Certaines fédérations ont créé leur PPS, par exemple le rugby, ou le football. C’est dans ce cadre qu’une aide conséquente est apportée aux jeunes Mahorais. Car si la DJSCS Etat investit 6 500 euros par jeune pour son intégration au Creps de la Réunion, elle économise 4 000 euros au football et au rugby, qui finance le projet. La DJSCS Etat se contente de compléter. Le fait que ces fédérations interviennent financièrement nous permet d’extraire l’argent économisé et de l’investir dans d’autres projets, comme la création des sections sportives. Le rôle du PPS, c’est aussi de penser à la reconversion. C’est le cas de Myriam M’lazahahé, que nous avons aussi suivi. Cette ex sprinteuse internationale a quitté le sport de haut niveau, mais grâce aux formations réalisées durant son parcours, elle détient un diplôme sportif et s’est reconverti en éducatrice sportive. C’est donc quand même une réussite étant donné qu’elle travaille de sa passion. Il y a une continuité.

MHS : Peut-on dire que les Jeunes talents mahorais et tous les dispositifs mis en place pour offrir aux jeunes Mahorais l’accès au sport de haut niveau, ont de beaux jours devant eux ?

DH : On peut le souhaiter en tout cas. Encore une fois, on est sur du sport de haut niveau et le taux de réussite est très faible. Si nous pouvions avoir une Fayzat tous les cinq ans, ce serait super, même exceptionnel. Aujourd’hui, nous avons des jeunes qui marchent bien. Nous comptons sur eux, nous en sommes fiers, ils représentent Mayotte et ça c’est très bien, mais ce ne sont pas des surhommes. Il faut aussi garder en tête que ce sont des enfants qui quittent le milieu familial et que pour certains, la première année est une année de test, loin de la cellule familiale. C’est aussi une première année pour se connaitre : savoir comment ils fonctionnent, le fait qu’il n’y ait plus les parents pour dire « ça tu peux faire, et ça tu ne peux pas faire. » Il ne faut pas les en vouloir si un moment donné ils explosent en vol. Au moins ils auront tenté l’expérience. Il n’y a que ceux-ci qui ne tentent pas ou qui n’auront pas la chance de tenter, qui ne sauront pas ce qu’est d’entrer dans un Creps et de devoir se lever chaque matin en se disant, « je vais faire du sport. » J’engage toute la population mahoraise à se lever tous les matins et à se dire « J’ai mon travail, j’ai mes études, mais tous les jours, il faut que je fasse 1h30 à deux heures de sport. » On a le mois sans tabac, faisons le mois du sport : tous les jours faisons ça et nous verrons si tout le monde tient. Nous verrons à la fin qu’il y aura des dégâts… 

Ramlati et Thani veulent éteindre la polémique

Les parlementaires mahorais de la majorité présidentielle Ramlati Ali et Thani Mohamed Soilihi ont tenté l’un par un communiqué, l’autre par une conférence de presse, d’éteindre le feu de la polémique qui croît dans l’île depuis que l’instauration d’un visa gratuit et la réouverture de l’antenne consulaire à Anjouan ont été évoquées par le quai d’Orsay.

Est-ce que ce sera suffisant pour calmer la colère de nombreux Mahorais qui craignent des flux migratoires encore plus massifs en provenance de l’Union des Comores si une telle réforme était mise en oeuvre ? En attendant, voici le contenu du communiqué transmis par la députée.

“ La Députée Ramlati Ali a été reçue par les conseillers de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères lundi 19 septembre 2017 en fin d’après-midi. Elle a transmis le mécontentement des Mahorais de ne pas avoir été suffisamment associés en amont du HCP et rappelé qu’il n’existe aucune solution sans que les Mahorais et leurs représentants soient associés. Elle a appris qu’un des grands élus de Mayotte avait été officiellement mis au courant par l’Ambassadeur de région de la rencontre du 12 septembre entre les ministres français et comoriens. Cet élu a cependant gardé le silence à ce sujet, ne jugeant ni utile de prévenir les autres ni d’agir pour que les représentants mahorais puissent être consultés. Ramlati Ali a pu consulter cette fameuse feuille de route qui ne supprime pas le visa Balladur, qui facilite l’immigration légale mais qui renforce et durcit les dispositifs à l’encontre de l’immigration illégale. La feuille de route n’est pas le document qui circule sur les réseaux sociaux. Avec le rétablissement d’une antenne consulaire à Anjouan, c’est le lancement d’une nouvelle politique de coopération sécuritaire avec les Comores qui se met en place. Elle rappelle également qu’il faut se méfier des documents et des rumeurs qui circulent et qui n’ont pour objectif que de susciter la peur, le doute et la suspicion sur le réel attachement de la France à Mayotte. Comme elle en a fait la demande, la Députée Ramlati Ali et les grands élus de Mayotte seront reçus dans les prochains jours dans le cadre d’une consultation interministérielle au sujet de la mise en oeuvre de cette feuille de route. »

 

Entrevue diplomatique France – Comores

-

L’Etat français souhaite la gratuité des visas entre Mayotte et les Comores

Le ministère des Affaires étrangères a répondu en partie à nos questions : l’Etat français a exprimé sa volonté de « rendre gratuit le visa entre les Comores et Mayotte » et s’engage « à rouvrir rapidement l’antenne consulaire d’Anjouan ». Ces annonces font suite à la réunion du 12 septembre entre les ministres des Affaires Etrangères français et comoriens ayant abouti à la signature d’une feuille de route visant à l’assouplissement des règles de circulation des personnes entre Mayotte et les Comores.

L’entrevue opaque mardi dernier entre les ministres des Affaires étrangères français et comoriens dans le cadre du Haut conseil paritaire (HCP) inquiète et indigne la population mahoraise, citoyens comme personnalités de l’île (telles que le député Mansour Kamardine ou l’intellectuel Alain-Kamal Martial) ainsi qu’un certain nombre d’associations dont le Comité de défense des intérêts de Mayotte (CODIM), qui avait soutenu les Mahorais lors de la crise des décasages l’année dernière. Ce Haut conseil paritaire – mis en place en 2013 sous François Hollande et lors de la présidence d’Ikilou Dhoinine afin de doter la France et les Comores d’un organe diplomatique encadrant les échanges franco-comoriens sur les épineuses questions de coopération – se réunissait pour la cinquième fois ce 12 septembre.

Quelques laconiques lignes sur le site du ministère des Affaires étrangères tentent de sibyllines explications sur cette rencontre diplomatique : « Les travaux se sont déroulés dans un climat amical et confiant et ont permis, comme l’avaient souhaité le président de la République et le président Azali Assoumani (François Hollande avait rencontré le président des Comores en octobre 2016, ndlr), de renforcer le dialogue bilatéral. Une feuille de route a été établie, visant à favoriser les échanges humains entre les îles de l’archipel dans un cadre légal et en renforçant la sécurité des liaisons maritimes et aériennes ». La note précise qu’une commission mixte devrait se réunir à Moroni d’ici la fin de l’année. 

Interrogé sur cette feuille de route, le ministère des Affaires étrangères nous a répondu ceci : « Afin de lutter efficacement contre le trafic d’êtres humains, de favoriser les mouvements légaux, de tarir les passages illégaux et de sécuriser les liaisons, aériennes comme maritimes, la France et les Comores ont décidé de travailler à une circulation régulée et plus sécurisée des personnes entre Mayotte et les Comores. Cela témoigne d’une volonté nouvelle de coopération. Les autorités françaises ont annoncé leur volonté, tout en exerçant les contrôles normaux, de rendre gratuit le visa entre les Comores et Mayotte. Nous nous sommes également engagés à rouvrir rapidement l’antenne consulaire d’Anjouan, afin de pouvoir délivrer de nouveau des visas de manière sécurisée. »

Une rencontre qui agite les esprits

L’imprécision qui entoure les modalités de cette feuille de route, la concision du compte-rendu du ministère des Affaires étrangères français et le fait que les élus mahorais n’aient pas été associés aux discussions ont éveillé les soupçons, notamment des membres du Codim qui craignent que les dispositions de ce projet d’accord ne génèrent une intensification de l’immigration. Réunis samedi dernier sur la plage de Hagnoundrou sous la houlette de ce comité, des citoyens mahorais ont exprimé leur mécontentement et se sont concertés pour mettre en place un certain nombre d’actions à venir, dont la fermeture forcée de la préfecture de Mayotte afin d’extorquer des précisions sur le contenu de la fameuse feuille de route. Le Codim a, ce jour-là, nommé des référents de chaque village chargés de « recruter » des habitants qui se joindront à ce vaste mouvement de contestation qui comprend déjà dans ses rangs d’anciennes Chatouilleuses et des militants des Assoiffés du sud, cette association qui avait défendu les droits des usagers durant la dernière crise de l’eau. Et, hier, le comité a rencontré les syndicats. Si le Codim parvient à fédérer plus de 500 personnes, il se rendra à la préfecture dans les jours à venir, a affirmé Maïla, membre active.

Les membres du Codim ne sont pas les seuls à s’exprimer sur ce sujet. Le député de Mayotte Mansour Kamardine (LR) se dit quant à lui « consterné » dans un communiqué du 15 septembre et demande à Jean-Yves Le Drian qu’une délégation composée des parlementaires et du président du Conseil départemental soit instamment reçue par le ministre des Affaires étrangères. Pour le parlementaire, cet assouplissement des visas est « la suite concrète de l’annonce récente par la ministre des Outre-mer de la création d’un visa outre-mer tendant à favoriser (…) le regroupement familial » et conduirait « à la régularisation massive des clandestins » ainsi qu’à l’arrivée « en nombre, de nouveaux migrants ». Selon Mansour Kamardine, « une telle politique ne peut qu’exacerber les très vives tensions qui font de Mayotte une véritable poudrière sociale et sécuritaire » et « ferait du 101ème département français une « jungle de Calais » puissance 10 ». Mansour Kamardine estime également que l’opacité entourant cette feuille de toute, notamment en termes de calendrier et de modalités de mise en œuvre, contrevient à la loi d’orientation et de programmation du 7 juillet 2014 relative à la politique de développement et de solidarité internationale : «  déni de transparence, déni d’association des acteurs, déni du rôle des collectivités territoriales ». 

 

Un document authentique ou non circule sur Internet

 

Le mystère nimbant cette signature « laisse la porte ouverte à toutes les interprétations », avait déclaré dans un communiqué le député Mansour Kamardine, trois jours avant qu’un document présenté comme une copie de la feuille de route ne fuite sur les réseaux sociaux et ne soit publié par nos confrères de Mayotte 1ère. Ce document, dont l’authenticité est douteuse, fait état de mesures promptes à exacerber la colère des habitants de l’Ile aux Parfums. En effet, il y est noté que « tout Comorien d’Anjouan, de Mohéli et de Grande-Comore, muni d’un passeport comorien valide d’au moins 6 mois, peut se rendre librement à Mayotte à condition de se conformer aux conditions décidées par le ministère comorien de l’Intérieur ». Selon ce même document, cette entrée sur le territoire de Mayotte serait conditionnée à la possession d’un billet aller-retour et d’une somme d’argent supérieure ou égale à 500 euros ainsi qu’à la détention « d’un justificatif dès l’arrivée à Mayotte de l’existence réelle d’une personne en règle résidant à Mayotte qui accepte d’accueillir la personne se rendant à Mayotte ». Ce document qui circule sur les réseaux sociaux met l’accent sur la volonté d’endiguer les arrivées illégales à Mayotte et d’éviter les drames qui en découlent grâce notamment à une étroite coopération judiciaire et policière entre la France et les Comores. Enfin, ce document mentionne que les deux Etats se réservent le droit de « suspendre l’application du présent accord » si lors du premier bilan (un semestre après son entrée en vigueur), il s’avère « que les drames humains entre Anjouan et Mayotte ont plutôt augmenté ». 

 

Salon du tourisme | Un événement qui continue d’attirer les foules

La sixième édition du salon du tourisme s’est tenue vendredi et samedi derniers. Une édition qui a attiré plusieurs dizaines de milliers de visiteurs. Cette année, les intercommunalités étaient particulièrement mises à l’honneur. Retour en images sur l’événement et avec le discours d’inauguration de la présidente du Comité de tourisme de Mayotte, Mme Razafinatoandro.

Voici maintenant 6 ans que nous avons pris l’habitude de nous retrouver ensemble pour célébrer l’une des manifestations phares de la vie économique, de la vie culturelle et touristique de notre département. Et inchaallah, ce n’est qu’un début! Je voudrais partager avec vous ce vent d’optimisme qui m’habite quand je vous vois chers invités, répondre présents d’année en année, à ce rendez-vous ; quand je vois la mobilisation de nos exposants qui ne cessent de nous honorer de leur présence depuis 6 ans ; quand je vois dans la communication de notre professionnel du tourisme et dans les différentes presses de l’île, les propositions d’offres tarifaires destinées aux résidents; quand je vois également l’intérêt de plus en plus appréciable et déterminant de la part du Conseil Départemental vis-à-vis de la promotion touristique de notre île. Ce vent d’optimisme, nous, acteurs touristiques, nous en avons besoin afin d’y croire, afin de nous permettre de redoubler d’efforts et d’initiatives face aux trop nombreux défis auxquels nous devons faire face. Le tourisme est l’activité économique la plus sensible aux difficultés sociales, environnementales et climatiques. En effet, ces difficultés touchent forcément en premier lieu la population locale, mais elles le sont davantage pour les visiteurs extérieurs. Sans vouloir y insister, nous ne pouvons faire fi des impacts désastreux qu’elles peuvent avoir sur l’activité touristique et l’image de notre destination. Mouvements sociaux à répétition, coupures d’eau, coupeurs de route, cherté de l’aérien, cherté de la vie, et bien sûr l’insécurité sont autant de points noirs qui démontrent les difficultés de ce département. Mais aussi des difficultés que les acteurs touristiques locaux et leurs clientèles doivent subir impuissants. Face à ces situations, nous nous devons tous, chacun à son niveau, faire nôtre le slogan de cette 6ème édition du salon du tourisme à savoir « Le tourisme c’est l’affaire de tous ». Et parmi les acteurs qui doivent être chefs de file, nous les élus, nous devons exercer nos compétences et nos pouvoirs pour asseoir un véritable développement du tourisme à Mayotte. Il s’agit là d’un appel que j’avais déjà lancé ici même l’année dernière. Mais au-delà de l’appel, le Comité du Tourisme tente de le mettre en pratique avec la mise à l’honneur des territoires touristiques, en d’autres termes, à travers les intercommunalités comme thématique de cette 6ème édition. Un travail de longue haleine, de terrain et de sensibilisation que nous menons à l’endroit des élus locaux depuis plusieurs années. Du Concours de la commune la plus accueillante, les Assises du Tourisme de Mayotte, l’Initiation des référents tourisme dans les communes, et le Séminaire Tourisme avec les élus en avril dernier; toutes ces initiatives pour vous dire que nous avons besoin de vous, que le tourisme mahorais a besoin de vous. Élus intercommunaux, l’heure est venue d’exercer vos compétences et vos missions en matière d’information, d’accueil, d’animation, d’accompagnement des professionnels et de développement de l’offre touristique de vos territoires respectifs dans le cadre de la Loi NOTRE . Et en ma qualité de présidente, je veux vous dire que le Comité du tourisme répondra toujours présent à vos côtés.

De Mitterrand à Macron | Une obsession anti-mahoraise génocidaire

-

Noyer la population mahoraise dans une avalanche migratoire, une agression coloniale. 

Larguer Mayotte, une obsession socialiste révolue qui ressuscite.

Le 13 juin 1990, le président de la République française, François Mitterrand, fondateur du Parti socialiste, est en visite officielle à Moroni. Lors du diner d’Etat, il fait une allocution portant notamment sur les relations franco-comoriennes, l’aide au développement et la francophonie. Au détour d’une phrase, il déclare : « Quand je rentrerai dans mon pays, je serai rentré dans un pays qui lui-même prend part à la vie de l’Océan Indien par la projection française qui se trouve à La Réunion ». Le chef de l’Etat ne cite pas Mayotte, pourtant Collectivité territoriale de la République française. Et quand plus loin dans son discours il cite Mayotte, c’est pour regretter son maintient dans la France, déplorer son statut français et dénigrer l’aspiration de la population mahoraise à la départementalisation. Voici ce qu’il dit :

« Ou bien le problème de Mayotte, si mal engagé en 1974, si mal engagé à mes propres yeux, que je me souviens d’avoir refusé le sort qui était réservé à cette île. Mais le temps a passé, la loi de mon pays a été adoptée, les règles constitutionnelles ont été fixées par d’autres que par moi et je pense qu’il faut adopter une démarche concrète et pratique pour parvenir à dépasser ce contentieux désagréable entre nous.

Nous allons en parler. Mais je pense que dès maintenant nous devons prendre les mesures qui permettront une communication et des échanges constants entre Mayotte et les autres, les autres et Mayotte. Qu’il n’y ait plus de barrières dressées, barrières théoriques, mais peu franchissables, entre tous les Comoriens que vous êtes, eux et vous. Et que la France vous aide à retrouver votre très ancienne solidarité. Il est de multiples formes d’unité, croyez-moi, et nous allons les rechercher ».

En droit constitutionnel français l’autodétermination des Mahorais étant le principe démocratique le plus fort, le plus légitime et le plus conforme aux intérêts des Mahorais, deux septennats n’ont pas permis à Mitterrand de réaliser la réintégration de Mayotte dans le giron comorien qu’il appelait de ses vœux. 

En 2012, son ancien sherpa, François Hollande, candidat à la présidence de la République, en visite à Mayotte pour sa campagne électorale, est interrogé sur la relation entre l’île française et les Comores indépendantes. Sa réponse est en rupture avec la doctrine de Mitterrand. Voici le rapport de la presse : 

« Le candidat évoque la question de l’immigration, l’un des principaux défis pour Mayotte. Il promet de contrôler l’immigration, de créer le centre de rétention promis, de favoriser le «développement des Comores», les îles voisines, en espérant ainsi tarir la source de la «pression» migratoire. Les arrivées illégales sont constantes, à tel point que les pouvoirs publics sont incapables de connaître la population exacte de Mayotte. Dans ce contexte, il affirme aussi que sa proposition d’accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales ne sera pas appliquée de la sorte ici. «Il n’est pas question que les étrangers en situation irrégulière aient le droit de vote. Nous adapterons cette loi », assure-t-il pour rassurer la population. François Hollande insiste aussi sur l’attachement de Mayotte, ce territoire proche de l’Afrique, à la République ».

Le candidat socialiste ne remet pas en cause la départementalisation, mais ses paroles expriment son intime conviction : « Il faut favoriser le développement des Comores, en espérant tarir la source de la pression migratoire sur Mayotte ». Devenu président de la République en mai 2012, fidèle à sa déclaration, le chef de l’Etat confirme « l’engagement de la France en faveur du développement des Comores », et précise que « la France et l’Union européenne souhaitaient intensifier leur coopération dans les secteurs de la santé, de l’accès à l’eau, de l’éducation ou encore de la préservation de l’environnement et de la production d’énergies renouvelables ». L’Elysée formalise ces orientations par la Déclaration de Paris sur l’amitié et la coopération entre les Comores et la France, signée à Paris le 21 juin 2013.

Quand bien même Hollande souhaiterait secrètement le retour de Mayotte aux Comores, à l’image de son illustre prédécesseur, sa fonction présidentielle lui interdit de transgresser la loi française et son principe démocratique, qui prescrit et garantit l’ancrage pérenne de Mayotte dans la France.  

Encore une fois, la libre détermination des Mahorais est plus forte que toute velléité diplomatique sécessionniste, si forte par le choix librement exprimé et constitutionnellement si légitime que le président socialiste renonce à son engagement d’accorder le droit de vote aux étrangers installés à Mayotte aux élections locales.

Elu en 2017, le président de la République En Marche Emmanuel Macron n’est pas socialiste, de son propre aveu (ni de droite ni de gauche). Mais il fut le conseiller de Hollande avant de devenir son ministre de l’Economie et du Budget. Sa conception du contentieux franco-comorien nous est encore inconnue ès qualité. Une indication est toutefois donnée par le discours du candidat Macron prononcé à Labattoir pendant sa campagne électorale. 

Que disait-il le 26 mars 2017 ?

« Vous êtes ici au milieu de l’océan Indien, vous le savez. Qui peut promettre qu’il n’y aura plus, demain, de kwassa-kwassa ? Personne ! Qui peut promettre sérieusement qu’il n’y aura plus d’immigration clandestine? Personne ! Qui peut promettre, qu’en un clin d’oeil, il n’y aura plus d’insécurité ? Personne, raisonnablement !

Moi, je suis venu vous tenir le langage de responsabilité de la République, celui qu’on peut tenir, celui d’une République lucide, sérieuse, qui vous protégera et en même temps généreuse. Et qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire d’abord que la sécurité de Mayotte, elle passe par le développement des Comores, elle passe par une politique volontariste pour toute la région, elle passe par une politique responsable pour aider au développement de l’océan Indien et des Comores.

Aujourd’hui, ce sont vingt millions d’euros simplement qui sont donnés aux Comores dans le cadre de notre aide publique. Ce n’est pas suffisant, ça n’est pas sérieux. Et donc, oui, ce que je veux engager, c’est un grand pacte avec les Comores pour aider à leur développement, y investir, y engager l’Europe tout entière, mais en même temps, engager les Comores dans une politique de lutte contre l’immigration clandestine. Parce que votre insécurité d’aujourd’hui, c’est notre honte, à la République tout entière. Et moi, j’ai honte qu’il y ait aujourd’hui des Anjouanais et des Comoriens qui arrivent ici et qui créent l’insécurité ou ajoutent de la misère à la misère. Mais j’ai aussi honte que chaque année, il y ait des cinquantaines ou des centaines de kwassa-kwassa qui sombrent dans l’océan, qui fassent périr des vies entières parce que nous ne savons pas traiter ce problème ».

Ce discours a fait polémique. Certains Mahorais, la majorité d’entre eux à vrai dire, estiment qu’il s’inscrit en négatif pour Mayotte. D’autres, franco-comoriens, jugent, au contraire, qu’il est avantageux pour les intérêts de l’île. Cette contradiction ne s’estompera qu’à l’œuvre, au regard des résultats de la politique volontariste que le président mettra en application. 

Néanmoins, l’allocution du président Mitterrand, les propos du président Hollande et le discours du président Macron, confrontés au choix républicain des Mahorais, permettent d’ores et déjà de tirer quelques enseignements, à savoir : 

– que Mitterrand n’avait aucune sympathie ni compassion pour Mayotte française ;

– que Hollande, rationaliste, était plutôt compréhensif et bienveillant à l’égard des Mahorais et des Comoriens ;

– que Macron, pragmatique, manifeste un intérêt pour Mayotte conditionné à une ambition pour les Comores.  

Ces trois présidents ont en commun une détestation de la mahorité, du discours mahorais et d’une francité mahoraise qui s’impose à eux par la grâce du suffrage universel. Leur idéologie post coloniale fondée sur l’illusion de la Grande Région Française de l’Océan Indien a enraciné dans leur mentalité humanitariste la conviction que la stabilité de Mayotte dépend du développement des Comores.

Un cocktail explosif : immigration, extraversion politique, dépendance et  conditionnalité

A l’analyse, la position de l’actuel président est sensiblement la même que celle de son prédécesseur. N’oublions pas que l’un était le consultant de l’autre. Ce qui différencie les deux approches se situe dans les mots « dépendance » et « conditionnalité ». 

Dans le premier cas, la dépendance renvoie à une relation de cause à effet. Il faut enrayer l’immigration invasive à la racine. Si l’on ne traite pas la cause en amont, le phénomène continuera de se répandre en aval avec tous les drames qu’il entraîne. Bref, le cancer ne cessera de métastaser. La croyance en cette relation de dépendance nous amène à dire qu’il ne pouvait pas y avoir de volonté politique de la part de Hollande de garantir le progrès et la stabilité de Mayotte puisqu’il présupposait que tout effort d’investissement public serait vain sans développer les Comores. Le sentimentalisme de Hollande dans cette relation de dépendance tripartite (France-Comores-Mayotte) a donc servi les intérêts de la France et des Comores au détriment de Mayotte victime, dans ce cadre diplomatique, d’une pression migratoire organisée, excessive, incontrôlée, génératrice d’insécurité et de violences urbaines ; victime aussi d’une extraversion politique vecteur d’inertie, d’immobilisme, de sous-développement et de paupérisation. 

Si la position du précédent président est sensiblement la même que celle de l’actuel président comme on l’a dit plus haut, alors les conséquences risquent d’être sensiblement les mêmes : un manque de volontarisme répresseur des progrès réels de Mayotte et une extraversion politique dommageable pour sa population.

Dans le deuxième cas, la conditionnalité supposée garantir la stabilité de Mayotte, celle-ci pose la question de la sincérité de l’engagement du président Macron à l’égard de la réussite souhaitable de la départementalisation. Pourquoi en effet conditionner le succès de Mayotte à des contingences extérieures alors que, fondamentalement, l’archipel mahorais a tous les atouts pour assurer un développement insulaire endogène, inclusif, source de prospérité ? Le décollage est possible avec les potentialités de l’île, à condition bien sûr que la République assume pleinement ses missions régaliennes et que l’Etat assure en même temps sa part de financement des investissements nécessaires. 

Disant cela, on dit que l’immigration clandestine n’est pas en soi un frein à l’émergence de l’île au lagon, car, aussi contraignante qu’elle puisse être pour l’activité économique et la paix sociale, cette immigration n’est pas un phénomène endogène, elle est par définition un phénomène étranger, contingent, voire accidentel. Après avoir submergé la population de Mayotte sous un flot migratoire instrumenté, conditionner le progrès de Mayotte à la lutte contre l’immigration clandestine apparaît donc absurde. Ce n’est pas une bonne politique et il ne faut donc pas la mener, ni même l’envisager. 

A ce stade, disons la vérité des choses : parce que l’immigration clandestine est un phénomène imprévu, brusque, occasionnel ou exceptionnel, il est possible de le combattre et de l’enrayer. Il est même souhaitable de le faire. Outre que c’est une obligation légale pour l’Etat qui assure cette mission régalienne, de souveraineté, c’est aussi un impératif de sécurité pour la population et le territoire mahorais. Justement parce qu’elle est imprévisible, inattendue et inopinée, l’Etat doit appliquer contre elle le principe de précaution et le principe de prévoyance. 

Le caractère de soudaineté, d’imprévisibilité et d’exceptionnalité est un facteur de risque. Il convient donc de mettre les moyens et de s’entourer de toutes les précautions pour gérer ce risque. La gestion du risque est d’ailleurs une activité essentielle de l’Etat qu’il déploie dans tous les domaines prioritaires et dans tous les secteurs sensibles. Prévenir le phénomène, prendre les précautions utiles pour agir lorsqu’il se manifeste : tel est l’enjeu pour Mayotte. Les bonnes politiques publiques procèdent d’ailleurs ainsi pour éviter le danger éventuel. Au demeurant, un principe de gouvernance nous dicte l’attitude vertueuse : gouverner c’est prévoir.

Dans la mesure où le manque de réactivité de l’Etat face à l’explosivité de l’immigration clandestine a contribué, par complicité active ou passive, à rendre le phénomène régulier, permanent et endémique, comment enrayer les départs quotidiens et les arrivées massives vers Mayotte ? Il y a deux manières de le faire. Une frontière s’ouvre ou se ferme. La fermeture est l’option mahoraise. Il faut donc, premièrement, mettre les moyens de contrôle sécuritaire et de dissuasion en interne pour combattre le phénomène nocif. Deuxièmement, développer les Comores. La troisième solution qu’on oublie souvent d’envisager consiste à faire les deux : promouvoir simultanément le progrès et la stabilité de Mayotte et renforcer l’aide au développement des Comores. 

Dans tous les cas, toute conditionnalité assise sur l’extraversion politique qui ruinerait la croissance de l’économie mahoraise et anéantirait les intérêts supérieurs de l’île est à bannir. La seule conditionnalité que l’Etat est autorisé à mettre en œuvre est bipartite, franco-française, elle consiste à contraindre ses partenaires mahorais – collectivités locales (département, communes, intercommunalité), chambres consulaires, administrations publiques, associations et entreprises -de gérer rigoureusement les deniers publics et d’agir dans le respect des règles administratives, des principes juridiques et des normes constitutionnelles, au besoin avec une obligation de résultats. 

Nous avons affirmé qu’il est absurde de conditionner le progrès de Mayotte à la lutte contre l’immigration clandestine pour les raisons ci-dessus évoquées. De la même manière, nous affirmons qu’il est déraisonnable de conditionner le développement de Mayotte au développement des Comores. Nous affirmons cela pour une raison toute simple ; Mayotte est un territoire insulaire français qui se suffit à lui-même. L’archipel mahorais a tous les atouts pour réussir. Aucune pression étrangère ne doit dénier ce droit aux Mahorais. Deuxième série de raisons : les Comores sont à une distance respectueuse de Mayotte, séparée par une frontière maritime aussi paisible que dangereuse. D’autre part, le développement des Comores est complètement aléatoire et n’offre aucune garantie de faisabilité à la France. L’histoire en est témoin.

L’autre enseignement que l’on peut tirer de l’expérience socialiste est que le discours du nouveau président réfléchit à bien des égards celui de François Mitterrand qui a été prononcé il y a 17 ans (relations franco-comoriennes, aide au développement et francophonie). On peut donc affirmer que ce discours de la France-Afrique présenté comme nouveau, moderne, voire visionnaire, est en réalité ancien, rétrograde et parfaitement hypothétique. Ce discours de la controverse a par ailleurs réveillé de vieux démons, ce qui le rend non pas stérile mais dangereux pour la cause qu’il prétend servir : « développer les Comores et apaiser Mayotte ». 

Ce que le concepteur de « La République En Marche » a réussi à faire finalement, par sa communication équivoque et sa politique de déconstruction, c’est d’avoir permis à la diaspora comorienne, sous prétexte d’une nouvelle France de la refondation, de revivifier la revendication territoriale comorienne sur Mayotte et de déterrer la hache de guerre. 

Le Haut Conseil Paritaire franco-comorien qui s’est tenu à Paris, au Ministère des Affaires étrangères, mardi 12 septembre 2017, n’est que la traduction d’une obsession anti-mahoraise. En postulant une feuille de route orientée « vers un cadre propice à une circulation régulière des personnes en toute sécurité » entre Mayotte et l’Union des Comores, le HCP est un démon à deux têtes qui s’abreuve d’un bain de sang prévisible. Les Mahorais et les Mahoraises, dignes héritiers des chatouilleuses, doivent donc prendre conscience de la menace génocidaire qui les guette. 

Plus que jamais, soyons vigilants. La lutte n’est pas finie. Le combat continue !

 

Pamandzi : les murs prennent des couleurs !

-

Les murs gris et tagués ? Lassant et austère pour tout le monde. Face à ce constat, l’association Paré Na Rangué, de Petite-Terre organise dimanche une opération pour repeindre le mur du collège Zéna M’Déré. Le premier, on l’espère, d’une longue série. Objectif : rendre les rues de Petite-Terre plus jolies et plus agréables.

Il est grand, il est gris, il est tagué. Bref : il est moche. Mais cela va changer. Dimanche en effet, de 8h à 12h, l’association Para Na Rangué  organise une action de peinture collective, entièrement bénévole, pour donner plus de gaieté au mur d’enceinte du collège Zéna M’Déré, à Pamandzi. « Au-delà de l’esthétique, il est dommage que des enfants passent devant des surfaces taguées et tristes », explique Leïla, une des deux fondatrices de l’association. Et de citer la théorie de la vitre brisée, une théorie statistique qui souligne le lien de cause à effet entre la criminalité et une vitre brisée. Imaginez en effet qu’en volant, un canard passe à travers la vitre d’un bâtiment public. Si celle-ci n’est pas remplacée rapidement, laissant entendre que le bâtiment est abandonné, les autres le seront à la suite par vandalisme. Au final, l’état de délabrement qui en résulte attirera la criminalité et l’incivilité. En somme : entretenir et égayer, c’est créer un cercle vertueux, en plus d’un cadre de vie agréable.

Les 400m2 du mur du collège, donc, nécessiteront quelque 80 litres de peinture… et des bras. Une quarantaine de personnes est ainsi attendue pour participer à l’opération, et les personnes souhaitant encore s’inscrire* sont les bienvenus. Mot d’ordre : bonne humeur et convivialité. Le street artiste Papajan sera d’ailleurs lui aussi de la partie. 

Rendre Mayotte plus belle

Cette action, menée avec l’accord de la municipalité, pourrait bien être la première d’une longue série. Car la jeune femme tient à la répéter dès que possible : « Idéalement, nous espérons pouvoir en mener une tous les mois, toujours sur des murs publics, et avec l’autorisation des mairies », se réjouit-elle. Il faut dire que les murs de Mayotte à peindre ou à repeindre ne manquent pas.

Son  idée, Leïla la tient de ses voyages. Rabat au Maroc, Burano en Italie, etc. : autant de villes qui, avec peu de moyens, mais un peu de volonté, ont su embellir leurs murs de couleurs. À tel point que celles-ci sont devenues des marqueurs de leur identité. Elle en sourit : « On peut vraiment rendre Petite-Terre plus jolie en égayant un peu ses rues, et puis pourquoi pas tout Mayotte ensuite! » 

*Pour s’inscrire, envoyez votre nom et votre numéro de téléphone à parenarangue@gmail.com.

1 an avec sursis et 5 000 € d’amende pour l’agent qui faisait passer des clandestins

-

Un agent de sûreté de l’aéroport a été condamné hier au tribunal correctionnel pour aide à l’entrée irrégulière sur le territoire national. Il est accusé d’avoir abusé de sa fonction et de la naïveté de clandestins pour que ces derniers puissent passer sans encombre le contrôle des bagages à l’aéroport de Pamandzi.

On connaissait les passeurs maritimes qui sévissent sur les kwassas en termes de trafic d’êtres humains, on découvre à présent les passeurs aéroportuaires. C’est le cas de A.B qui comparaissait hier devant le tribunal correctionnel pour avoir aidé des Comoriens à traverser le poste inspection filtrage (Pif) sans être inquiété. Les faits se sont produits entre 2015 et 2017. L’agent de sûreté a été contacté par un certain « Fahad le roi de Marseille » afin qu’il lui donne un coup de main pour faire passer des personnes en situation irrégulière. A.B a accepté la demande moyennant 1 500 à 2 000 € par personne. Un business juteux au détriment de « la naïveté de pauvres gens qui ont économisé toute une vie », selon les termes du procureur, pour s’offrir le voyage Mayotte – métropole. Or le 5 mai 2016, une ressortissante comorienne et son enfant sont interpellés à l’aérogare par la police aux frontières. Après un an d’enquête, les recherches permettront aux forces de l’ordre de remonter jusqu’à A.B dont l’identité a été révélée par l’étude de l’historique des conversations téléphoniques de la clandestine. L’agent a été interpellé le 29 août dernier et a avoué lors de sa garde à vue qu’il était bien en contact avec cette personne. « Elle avait besoin de se faire soigner. J’ai voulu aider et on m’a proposé de me rémunérer. J’ai donc peut-être pensé que c’était de l’argent facile. Ainsi, j’ai dit à la personne de réserver son billet d’avion tel jour », a-t-il déclaré. Une date de départ qui correspondait au jour où travaillait A.B.

Relaxe pour le chef de corruption passive

Quel était donc l’intérêt pour « Fahad le roi de Marseille » et les clandestins de recourir aux services de l’agent de sûreté ? Peut-être qu’il s’agissait d’un moyen de rassurer les candidats à l’entrée illégale sur le territoire national en ayant un contact sur place le jour J.

« Le prévenu demandait à ses collègues de laisser passer les passagers en question et il prévenait ces derniers de venir avec plusieurs papiers comme les extraits de naissance des enfants au cas où », rappelle le procureur. Mais cette présence ne fut d’aucune utilité pour la ressortissante comorienne est interpellée le 5 mai 2016. En effet, lors de cette interpellation, A.B s’est absenté 15 minutes, image de vidéosurveillance à l’appui avant de revenir et de questionner les agents de la Paf sur ce qu’a pu dire le voyageur. Un comportement plus que suspect qui n’a pas manqué de mettre la puce à l’oreille des enquêteurs. Dans la foulée, l’agent de sûreté a remboursé la famille de la clandestine, un SMS attestant de ce transfert d’argent. L’avocat du prévenu demandera à ce que son client soit relaxé des chefs d’accusation pour lesquels il était poursuivi. « A.B est un agent de sûreté, il contrôle juste les cartes d’embarquement pas les pièces d’identité et son travail n’est pas de signaler que des personnes en situation irrégulière vont embarquer dans un avion », explique la défense. Les excuses et remords du prévenu n’y feront rien. Si le tribunal l’a relaxé pour le chef de corruption passive, le juge Ballu et ses assesseurs l’ont condamné néanmoins à 1 an de prison avec sursis, 5 000 € d’amende avec inscription sur le casier judiciaire pour les faits d’aide à l’entrée irrégulière sur le territoire national et détention de produits stupéfiants (11 grammes de cannabis retrouvés à son domicile).

 

 

La rentrée des baleines

-

Comme chaque année à la saison des alizés, plusieurs centaines de baleines à bosse viennent profiter des eaux calmes du lagon de Mayotte pour mettre bas et élever leurs petits. Gros plan sur les géants des mers… 

Comme si l’océan faisait chaque année un cadeau de bienvenue aux nouveaux arrivants ou offrait une bénédiction divine aux petits mahorais pour leur rentrée scolaire, la fin de l’hiver austral est marquée par la migration des baleines à bosse. Il n’y a pratiquement qu’à Mayotte que le lagon est suffisamment grand et profond pour permettre l’entrée des baleines, qui sont parfois visibles des plages, notamment dans le nord et l’ouest. Elles donnent bien du travail aux nombreux opérateurs nautiques de l’île entre juillet et octobre. 

Mais d’où viennent ces baleines ? Essentiellement du pôle sud, ou plutôt de l’océan glaciaire qui l’entoure – elles sont parmi les plus grands migrateurs au monde, capables de parcourir 25 000 km en une année. Là-bas, les eaux sont froides mais très riches en poisson et en grands bancs de petites crevettes (le « krill »), que nos baleines engloutissent par tonnes pendant la majeure partie de l’année. Car contrairement à ce qu’on entend souvent, ces baleines ne se nourrissent pas de plancton microscopique, mais bien de poissons (notamment du hareng, bien gras) et de crevettes ! Quand elles ouvrent leur énorme bouche, des milliers de litres d’eau sont irrésistiblement aspirés en quelques instants, puis expulsés d’un vigoureux coup de langue à travers leurs fanons poilus, qui retiennent tous ces animaux comme dans un filet, d’où ils seront aspirés vers l’estomac. Il n’est pas rare qu’elles avalent au passage un oiseau marin imprudent, alléché par les poissons en panique… Mais depuis Jonas on ne connaît aucun problème avec des humains, heureusement !


©Geoffroy Vauthier

D’ailleurs, les baleines que l’on voit à Mayotte ne se nourrissent pas : elles reviennent des pôles avec plusieurs tonnes de graisse en réserve, et se contentent de se reposer dans les eaux tropicales, mais aussi de s’exercer au chant ou au saut, d’élever les petits à l’abri des orques et des gros requins du large (ils ne quittent leur mère que vers 5 ou 6 ans), et bien sûr de séduire. C’est dans ce but que l’on voit les mâles rivaliser de bonds prodigieux, qui peuvent atteindre 5 mètres de haut et déplacer plus d’eau qu’une piscine olympique ! Chants envoûtants, claquements de nageoires ou de queue, virevoltes sous-marines, tout est bon pour montrer à une femelle qu’on est le père idéal. Et les Don Juan des fonds marins ne s’embarrassent pas de la présence d’un baleineau dans leur parade : certaine femelles agacées ou protectrices chassent d’ailleurs les impertinents en répondant à leurs sauts, profitant d’être plus grandes qu’eux pour calmer leurs ardeurs. 

Quelle que soit l’issue de ces séances de séduction ou des affrontements entre rivaux, le spectacle est toujours au rendez-vous avec ces animaux, qui mesurent en moyenne 14 mètres de long pour 25 tonnes, soit les mensurations d’un bus scolaire bien chargé – avec la grâce d’une jeune danseuse de mbiwi. L’avantage de ces baleines est qu’elles sont sans doute l’espèce la moins farouche et la plus curieuse : elles se laissent assez facilement approcher par les bateaux prudents, et vont même parfois s’approcher elles-mêmes pour observer une embarcation qui les intrigue… C’est ce qui permet, quand les conditions le permettent, d’aller nager quelques minutes en leur imposante compagnie, même si le moindre dérangement peut les faire fuir en un éclair. Mais cet avantage fut aussi un triste défaut, car cette espèce est l’une de celles qui a le plus souffert de la pêche aux XIXe et XXe siècles. Quand leur pêche a été interdite en 1966, celle-ci n’était déjà plus rentable puisque 90% des baleines à bosse avaient été massacrées ! Il n’en restait alors que quelques milliers d’individus dans des régions reculées, mais grâce aux mesures de protection la population globale est aujourd’hui remontée à environ 35 000 baleines, ce qui a permis de sortir cette baleine de la liste des espèces en danger. 


©Geoffroy Vauthier

Les baleines à bosse dissimulent encore bien des mystères aux scientifiques, notamment en ce qui concerne leur communication, qui semble toujours plus complexe. On observe aussi de plus en plus de grands groupes dans certaines régions, alors qu’on croyait cette espèce plutôt solitaire en dehors des nécessités de la reproduction : il est difficile de déterminer s’il s’agit du retour d’un comportement disparu à cause de la surpêche, ou d’une adaptation à un environnement changeant… Peut-être aussi que nous ne sommes pas encore assez intelligents pour les comprendre !

 

Le Département va débloquer 5 000 € pour Saint-Martin et s’inquiète quant aux risques cycloniques à Mayotte

Suite aux évènements climatiques exceptionnels ayant touché la semaine dernière les collectivités de Saint-Martin et Saint-Barthélémy, le président du Conseil départemental a exprimé au nom de la collectivité et des élus, la solidarité de la population de Mayotte aux habitants de ces deux collectivités françaises durement éprouvées. L’occasion de lancer un appel territorial aux dons pour aider nos compatriotes antillais, en nous rapprochant des organismes non gouvernementaux mobilisés. Le Conseil départemental agira en ce sens dès sa prochaine session, avec le déblocage d’une aide de secours exceptionnelle de 5 000€. A l’approche de la saison cyclonique ici dans notre région, le président Soibahadine Ibrahim rappelle à la population que le risque d’impact sur Mayotte de tels évènements demeure possible et lance un message de mobilisation à la population pour se conformer aux alertes météos qui pourraient être émises et à oeuvrer dès à présent à consolider les habitations. Face à la multiplication sur notre territoire, notamment en zone urbaine, des constructions précaires, au vu et au su de tous, le président du Conseil départemental invite le préfet et les maires de Mayotte à tirer rapidement les leçons de cette catastrophe et à examiner d’urgence, toute mesure qui pourrait permettre d’éviter le scénario déjà envisagé pour Mayotte en cas de survenance d’un tel phénomène climatique.

Les cyclones à Mayotte, un spectacle apocalyptique

-

Au regard de son passé cyclonique, Mayotte n’est pas à l’abri d’un événement hydro climatique majeur comme celui qui vient de toucher nos compatriotes de St Martin et St Barthélemy.

Quand on évoque les cyclones à Mayotte, la mémoire collective revient sur l’ouragan Kamisy. Cet événement a beaucoup marqué les Mahorais avec les 25.000 sans abris et les dégâts matériels considérables, estimés à plus de 200 millions de francs (environ 30 millions d’euros). C’était considérable à l’époque. Au début des années 1980, Mayotte mettait à peine les pieds dans la modernité qu’elle fut durement fauchée le 12 avril 1984. Mais avant Kamisy, l’île a connu de véritables cataclysmes. La mémoire collective semble avoir oublié des épisodes qui pourtant ont changé le cours de l’histoire de l’île.

Dans ce passé méconnu, le dimanche 27 février 1898 survient l’une des plus grandes catastrophes naturelles qui a dévasté l’archipel mahorais. Ce jour là, un vent commence à souffler en brise fraîche du sud de Mayotte. Ce phénomène « anormal pour la saison » inquiète Mr Mizon, l’administrateur de Mayotte. Il pose son regard sur le baromètre, celui-ci affiche un inquiétant 751 hectopascal (hPa) . Retenez juste, pour simplifier les choses, que la pression atmosphérique « normale » doit tourner autour des 1013 HPa. Quand elle baisse, c’est synonyme de dépression et si elle monte c’est l’anticyclone, c’est le calme, le contraire du cyclone. A 21, le baromètre de Mr Mizon atteint le chiffre de 742 HPa. Le doute n’est plus possible : un cyclone va traverser l’île. Mais il est déjà trop tard pour prévenir la population. L’administrateur est impuissant face au désastre qui s’annonce. Déjà « les gros arbres sont arrachés, les toits volent dans les aires, des maisons s’écroulent ». A 4 heures 45 du matin, le baromètre est à 735, les éléments sont déchaînés. A 8 heures du matin le baromètre remonte à 751 hectopascals. Mais les vents sont encore trop forts, ils sont suivis de pluies diluviennes.

Sans abri et sans vivres

En Petite-terre, le spectacle est apocalyptique : « La digue qui relie Dzaoudzi à Pamandzi est en partie détruite. La jetée de l’Est n’est plus qu’un souvenir tandis que celle de l’ouest a été en partie rasée ». Tous les bâtiments ont perdu leurs toitures, d’autres se sont écroulés. Il ne reste plus que les quatre murs du magasin général : tous les approvisionnements matériels et vivres qu’il renfermait sont perdus. La population se retrouve sans abri et sans vivres.

« Le lagon, tant vénéré pour ses rades protectrices, a connu son lot de désolation. Toute la flottille de l’île est détruite. Le trois-mâts La Pauline et deux boutres de 150 tonnes ont fait naufrage sur les côtes de la Grande-Terre… « C’est une véritable catastrophe car La Pauline transportait l’approvisionnement annuel en vivres des grandes plantations : son chargement est irrémédiablement perdu », note Mizon. Il ne reste que 2 maisons à Mtsapéré, la seule véritable grande ville de Grande-terre. « Le cyclone a dépassé en violence tout ce qu’il est possible d’imaginer et (…) a surpassé le cyclone qui assaillit Maurice en 1891 (…) Les pentes ont été dénudées […] Tous les villages indigènes ont été complètement rasées, cases et arbres », conclut l’administrateur de Mayotte dans son rapport. Le cyclone tua une soixantaine de personnes. Il mit à genoux toute l’économie de l’île en ravageant les plantations. L’industrie qui accumulait déjà des difficultés, après un premier événement passé en 1858, a été définitivement engloutie. Cette catastrophe fut suivie d’une épidémie de variole qui fit 2.300 victimes en 1898 sur une population d’environ 12.000 habitants. 

La ministre des Solidarités et de la Santé sera à Mayotte entre le 30 septembre et le 3 octobre

La députée En Marche Ramlati Ali a annoncé à travers un communiqué la visite de la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn du 30 septembre au 3 octobre prochain. Elle sera précédée par sa conseillère outre-mer, Anne Beinier qui sera présente sur l’île dès le 28 septembre pour rencontrer notamment les syndicats.  

 

Cafards à l’hôpital: le CHM répond à la polémique

Suite à la vidéo publiée sur Facebook et relayée par la page « Front Départemental Mahorais, le centre hospitalier de Mayotte a souhaité réagir:

« Le Centre Hospitalier de Mayotte, comme de nombreuses structures à Mayotte, rencontre des problèmes liées aux nuisibles. Le climat tropical favorise la prolifération rapide de ces nuisibles. Pour faire face à ces désagréments, le CHM fait régulièrement appel à un prestataire qui intervient 3 fois par an dans tous les services de soins et chaque fois que de besoin.

Une prestation était prévue durant le mois d’août lors la grève de TOTAL. Celle-ci n’a pas pu être menée, faute de carburants. Une autre est actuellement en cours.

Afin d’éviter que ce genre de désagréments ne se reproduise, nous rappelons aux usagers qu’il est recommandé de ne pas ramener de la nourriture dans les services ni d’en garder dans sa chambre et que manger à proximité de ceux-ci favorisent la présence de nuisibles. Il est donc conseillé de se diriger vers la cafétéria du CHM pour se restaurer. 

Le Centre Hospitalier de Mayotte s’excuse néanmoins auprès de la famille victime de cet incident et les invite à se rapprocher de la direction. »

 

La pierre de corail pour produire le masque de beauté, c’est fini?

« Malgré une règlementation stricte, le corail de type poritès est toujours récolté pour fabriquer les tabourets de msindzano (le masque de beauté, NDLR) », selon le Parc marin. Dans le souci de « préserver à la fois les récifs et le patrimoine culturel mahorais », le Parc a lancé une étude de faisabilité pour trouver une alternative durable au corail.  Au cours d’un point presse qui se tiendra ce jeudi à la Dieccte, le premier prototype de tabouret de msindzano en céramique sera donc testé par Zaliata Saindou, membre du conseil de gestion en sa qualité de présidente de l’association des pêcheuses au djarifa. La question reste de savoir comment cette initiative va être perçue par la population sachant que la principale cause de la dégradation du corail vient du réchauffement climatique, le phénomène météorologique El Nino, l’envasement du lagon ou encore la pollution terrestre (déchets ou déversement d’eaux usées).    

La grève continue au Département

-

La grève au Conseil départemental entamée hier se poursuit aujourd’hui. Ils réclament notamment la reprise des anciennetés générale de service des agents intégrés directement dans les catégories C, B et A. Pendant ce temps-là, la grève générale initiée au niveau national par la CGT et le parti des Insoumis démarre aujourd’hui.

Une manifestation réunissant fonctionnaires et salariés du privé doit partir de la place de la République à Mamoudzou à 8h30. Les grévistes du Conseil départemental se sont réunis hier matin à l’hémicycle Bamana pour faire le point sur leurs revendications et marqué leur premier jour de grève. Ils réclament depuis le lancement de leur préavis le maintien des acquis du régime indemnitaire de chaque agent, la prise en compte de l’ancienneté générale des services, la mise en place d’une mutuelle, la mise en place d’une mise d’une procédure de recrutement dite « transparente », une nouvelle réorganisation des services, une réforme des instances représentatives du personnel notamment le comité technique, l’amélioration des conditions de travail ainsi que la publication du bilan social de la collectivité. Si ses demandes ne sont pas satisfaites, l’intersyndicale (CFDT , Solidaires, Sud, CFE CGC, FO, CGT Ma, FSU et SNU TER) prévient qu’elle bloquera les services de l’institution dès aujourd’hui. Le président Soibahadine s’est adressé aux grévistes à travers un courrier assurant que des avancées en faveur de leurs revendications avaient été réalisées et qu’il est dans l’obligation de concilier une rigueur budgétaire (charges du personnel: 113 millions d’euros en 2016) et le maintien des conditions de travail des agents.

Pendant que le Département est pris en étau par ses déficits et la pression de certains de ses agents inquiets quant à l’avenir de leur emploi, la fonction publique toute entière à Mayotte, va battre le pavé aujourd’hui pour le premier jour d’une grève reconductible. Enseignants, douaniers ou encore agents de la préfecture se mettent en grève (hausse du taux d’indexation, indemnité de sujétion géographique, etc.). Des salariés du privé se joignent également au mouvement. La CGT demande l’application immédiate de plusieurs points concernant le Code du travail national qui doit entrer en vigueur à Mayotte en janvier prochain (application des conventions collectives, application des 35 heures ou encore l’application immédiate du compte pénibilité).

Le nouveau maire de Chiconi s’engage à poursuivre la réduction du déficit

-

Madi Ousséni Mohamadi est le nouveau maire de Chiconi depuis la démission de Zaïnoudine Antoyissa fin août. Alors que le deuxième est parvenu en trois ans à réduire de moitié le déficit de la commune, le premier affiche sa détermination à poursuivre l’assainissement des finances de la commune.

C’est la seule voie possible pour redresser la commune », estime Madi Ousséni Mohamadi. Le nouveau maire de Chiconi, qui était auparavant adjoint au maire chargé des finances, indique qu’il va poursuivre la mission entamée par son prédécesseur: réduire le déficit de la commune. Lorsque Zaïnoudine Antoyissa a été élu à la tête de la mairie en 2014, ce déficit se chiffrait à 2,8 millions d’euros. Lorsqu’il a annoncé sa démission en août dernier, celui qui est désormais inspecteur de l’Education nationale à la circonscription de Bouéni, a annoncé l’avoir réduit de moitié, à 1,4 million d’euros. Cet objectif de réduire le déficit n’a pas empêché la mairie d’investir. L’opération RHI du quartier Antapagna est en cours. « Nous avons repris les travaux d’assainissement », précise Madi Ousséni Mohamadi. Par ailleurs l’école de Sohoa a été rénovée et une cantine y a été construite. » Le maire ajoute que d’autres chantiers vont bientôt être lancés, comme la construction du lotissement Ourini (« Nous mettons actuellement en place les voies de financement ») ou la rénovation de la route qui traverse le quartier Gnambou (« L’étude est terminée, les travaux vont débuter »). En attendant, Madi Ousséni Mohamadi a dû faire face la semaine dernière à la contestation d’une partie de ses administrés, en l’occurrence les parents d’élèves. Ces derniers demandaient la fin de l’application des nouveaux rythmes scolaires (réforme qui date de 2013) dans les écoles de la commune tant qu’il n’y aura pas de cantine remplissant tous les critères d’hygiène et de sécurité, et d’activités périscolaires encadrées par des animateurs officiellement reconnus. Suite à une rencontre entre les deux parties, il a été acté une suspension jusqu’à nouvel ordre des nouveaux rythmes scolaires. « Suite à cette suspension, nous allons formuler des propositions », indiquait le maire la semaine dernière à nos confrères de Mayotte 1ère. « Nous discutons et dialoguons avec nos partenaires institutionnels. Dans les prochains jours nous sommes amenés à prendre contact avec ces partenaires et l’ensemble des parents d’élèves, dans le but de proposer une solution adéquate aux enfants scolarisés dans les écoles de la commune »

Santé | Un bilan effarant

-

Publié annuellement, le dernier rapport Statiss (pour Statistiques et indicateurs de la santé et du social) Mayotte – Réunion et France métropolitaine dresse un état des lieux ahurissant des infrastructures et personnels dédiés à la santé sur le 101ème département français. Dépouillement. 

Le bilan des infrastructures et personnels dédiés à la santé à Mayotte dressé par l’Agence régionale de santé (ARS) pour l’année 2016 fait froid dans le dos. Il est d’une part incomplet en raison de données officielles encore en cours de collecte telles que les taux de natalité, de mortalité infantile et de mortalité prématurée (décès avant 65 ans) ou encore le nombre de bénéficiaires de certains minima sociaux (allocations aux personnes âgées ou handicapées, par exemple). Et lorsque les données sont délivrées, elles disent sans ambages, de manière froide et clinique, le désert médical qu’est Mayotte, à la fois en termes de structures dédiées aux soins et de professionnels de santé qualifiés. 

216 médecins pour toute l’île

En termes d’équipements sanitaires d’abord, Mayotte est loin derrière sa cousine de l’océan Indien. Avec son unique hôpital et ses 13 dispensaires, le 101ème département français fait pâle figure par rapport aux 15 établissements sanitaires publics de La Réunion (dont 9 centres hospitaliers) – pour une population réunionnaise seulement 4 fois plus importante qu’à Mayotte. Certaines structures d’accueil sont absolument absentes de notre territoire, telles que des maisons de retraite, des foyers pour personnes âgées, des EHPAD, des lits et places en psychiatrie infanto-juvénile ou encore des soins de suite et de réadaptation (autrefois appelés convalescence) – même si ces derniers devraient être mis en place au sein du nouvel hôpital de Petite-Terre, prévu pour 2019. 

L’offre en termes de professionnels de santé est également très carencée avec seulement 216 médecins (dont 130 médecins généralistes) hors remplaçants pour l’ensemble de la population (212 600 habitants au dernier recensement). Certaines spécialités médicales sont très peu représentées (14 chirurgiens dentistes, 1 gastroentérologue, 2 gynécologues, 1 orthoptiste, 2 pédicures podologues, 3 ergothérapeutes, 9 psychiatres, etc.) et d’autres tout bonnement absentes : aucun rhumatologue, aucun audioprothésiste, aucun dermatologue, aucun chirurgien spécialisé en stomatologie, etc.

Si le manque d’attractivité du territoire est l’une des causes principales de l’insuffisance de professionnels des secteurs sanitaire et social, la formation locale est malheureusement loin de pouvoir pallier ces lacunes. D’après le rapport Statiss Mayotte – Réunion et France métropolitaine, seulement 14 auxiliaires de puériculture et 27 infirmiers ont obtenu leur diplôme (hors validation des acquis d’expérience) en 2015 à Mayotte. 

 

Qu’est-ce que le document Statiss ?

Le rapport Statiss (pour Statistiques et indicateurs de la santé et du social) Mayotte – Réunion et France métropolitaine est un document d’une trentaine de pages établissant sous forme de tableaux des comparatifs entre Mayotte, La Réunion et la France métropolitaine. Il est disponible en ligne sur le site de l’Agence régionale de Santé Océan Indien. 

 

 

Ewa : 60 000 € de pertes à cause d’une partie de jambes en l’air

-

L’ex-comptable de la compagnie aérienne Ewa Air comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou pour des faits présumés d’escroquerie, abus de confiance, vols et usage de faux en écriture commis en 2016.

Entretenant une relation extraconjugale avec le gérant de la société, l’employée aurait profité de cette situation pour commettre les délits en question. Le préjudice pour l’entreprise porte sur plusieurs dizaines de milliers d’euros. « Très belle femme », « irrésistible », les qualificatifs ne manquaient pas hier lors de l’audience au tribunal pour décrire la prévenue. Une comptable poursuivie par son employeur qui l’accuse d’avoir utilisé la carte bancaire de l’entreprise, d’avoir détourné des enveloppes au nom de la société contenant de l’argent liquide et d’avoir récupéré les sous de plusieurs indemnisations réalisées suite à l’annulation de billets d’avion. Les faits remontent à la période de mars à juin 2016. La jeune femme est soupçonnée d’avoir volé plus de 50 000 € à la compagnie. Maîtresse du directeur, elle aurait profité de la naïveté de l’intéressé « tombé sous le charme » de la belle pour détourner les fonds en question. Or la prévenue dit qu’au contraire la direction lui donnait de l’argent de l’entreprise comme cette affaire d’une somme de 500 euros qui aurait été versée à l’intéressée. Mais l’avocat de la victime explique qu’il s’agissait d’un prêt ce que la défense conteste. De plus, la comptable accuse sa hiérarchie d’avoir voulu lui faire …/… porter le chapeau. « Ma cliente a reçu des colis commandés sur internet avec la carte bleue de l’entreprise, mais rien ne prouve que ce soit elle qui en soit l’auteure », explique son avocat. La jeune femme jure avoir voulu mettre un terme à sa relation avec son directeur rongé par la culpabilité de tromper son mari. Mais d’après elle, le directeur n’aurait pas accepté ce choix. Elle admet néanmoins sa responsabilité dans la partie concernant l’indemnisation de clients fictifs. Elle dit avoir été couverte par la direction ce que cette dernière nie. De plus, l’employée n’a peut-être pas agi seule puisque son mari est soupçonné de complicité dans cette affaire. Il figure dans la liste des prévenus dans ce dossier. Il risque 6 mois de prison avec sursis et 3 000 € d’amende. Quant à sa femme, le procureur a été encore plus sévère dans ses réquisitions puisqu’il demande 18 mois de prison, dont 6 mois assortis d’un sursis. Le tribunal rendra son délibéré le 20 septembre prochain. 

A lire cette semaine dans Mayotte hebdo : Mayotte, un marché en or pour Total

Les stations essence sont débloquées et les réservoirs sont de nouveau pleins. Mamoudzou a retrouvé ses embouteillages. Un peu plus d’une semaine après la signature d’un accord entre les syndicats et la direction de Total, la situation est revenue à la normale à Mayotte.

Pourtant, les conséquences de ce mouvement particulièrement dur sont bien réelles. Ce n’est pas une nouveauté : à Mayotte, on a l’habitude des grèves et des pertes engendrées. Qu’ils soient menés à tort ou à raison, les mouvements sociaux ont des répercussions et des coûts que la raison ignore.

La première d’entre elle est économique. Durant près de 15 jours, l’économie a tourné au ralenti et les entreprises de l’île ont vu leur activité chuter. Petits ou grands, les entrepreneurs ont vu leur chiffre baisser. Nous avons interviewé à ce titre des chefs d’entreprises, grandes ou petites, dans tous les secteurs, pour connaître les répercussions qu’ils doivent désormais supporter.

La seconde porte sur le fond. Alors que les revendications portaient sur des avantages réclamés par les salariés grévistes, le combat s’est rapidement déplacé – dans l’opinion et la classe politique – sur le terrain du monopole exercé par Total à Mayotte. Qu’en est-il ? Pourquoi la multinationale est-elle la seule société distribuant des hydrocarbures à Mayotte?

L’écrivain et journaliste Zaïdou Bamana s’est plongé dans l’histoire de Total à Mayotte pour mieux comprendre ce choix. A lire dans votre magazine Mayotte Hebdo n°806 actuellement en kiosque.

 

Port de Dzaoudzi : une porte d’entrée à la criminalité ?

-

Dans son cahier revendicatif remis à la ministre des Outremers la semaine dernière, le syndicat Alliance Police nationale a dénoncé les conditions dans lesquelles travaille la Police aux frontières (Paf) au port de Dzaoudzi où opère le bateau Maria Galanta. La sécurité du site est gravement remise en question alors que chaque semaine, des centaines de passagers (en moyenne 2 000 par mois) vont ou viennent des Comores.

 

La Paf est inquiète et il y a de quoi l’être selon le syndicat Alliance. Le quai d’embarquement de Dzaoudzi pour les bateaux de la SGTM (Société générale de transports maritimes) n’est pas aux normes dans plusieurs domaines que ce soit sécuritaire ou sanitaire. Le syndicat pointe d’abord du doigt le manque d’effectifs sur place pour contrôler les passagers sortants ou entrants. Deux agents seulement sont affectés à la vérification à la fois des papiers et des bagages. Qui plus est, ces deux fonctionnaires sont pris dans les équipes affectées à l’aéroport. Autrement dit, l’aérogare se voit amputée 4 jours par semaine de deux agents de la Paf. Mais l’affectation au port de Dzaoudzi de deux policiers aux frontières pour assurer un service de qualité et sécurisé n’est pas suffisant selon Alliance. Pourtant la Paf compte bien environ 200 policiers dans ses rangs. « Oui mais ils sont affectés dans divers services (Cra, BRM, aéroport, etc.) », explique Jean-Louis Godard secrétaire départemental adjoint au sein du syndicat. À cela s’ajoutent les départs de 30 agents qui n’ont toujours pas été remplacés. La faute à un problème d’activité du territoire. « On a eu beaucoup de désistement de la part de collègues qui initialement devaient nous rejoindre faute de logement de fonction notamment », rapporte le syndicaliste. Seulement deux agents et pas de scanner pour contrôler les passeports. L’autre problème rencontré et non des moindres, c’est l’absence de scanner pour contrôler la véracité des papiers d’identité. « Les agents doivent se fier à leur bon sens pour détecter la fraude documentaire », regrette Jean- Louis Godard. Cette carence pose problème quant à l’entrée illégale sur le territoire de Mayotte. À cela s’ajoute l’absence également d’un chien renifleur pour inspecter le contenu des bagages. Drogues et autres produits ou matériels illicites peuvent ainsi facilement transiter par le port de Dzaoudzi. De même que des voleurs et le fruit de leur délit commis ici peuvent facilement quitter le 101ème département en prenant le Maria Galanta et ce alors que le territoire est en situation Vigipirate. « Vous pourrez constater : la vétusté du local (Algéco), l’absence de matériel informatique et de contrôle, l’absence d’une aubette de contrôle, l’absence de ligne téléphonique ou encore un mobilier à rénover », se plaignait le syndicat dans son cahier revendicatif. « Et en cas d’interpellation d’un individu, la situation peut très vite dégénérer par la proximité de la foule des passagers », ajoute le document. Les conditions sanitaires dans la gare maritime sont également remises en question par la Paf. Les passagers en attente d’embarquer ne disposent pas de toilettes. Ces dernières sont fermées depuis plusieurs mois selon Alliance faute de travaux réalisés à ce jour. La vétusté est également ciblée. « Lorsque le toit s’effondrera, il sera trop tard », préviennent les agents. « Si l’ARS était amenée à venir faire une inspection, cela ferait longtemps que le port serait fermé, car il ne répond pas aux normes », fait constater Jean-Louis Godard. Mais si les agents de la Paf ont fait remonter leurs doléances auprès de la ministre, ils ne se font pas d’illusion quant à l’issue de leur requête. « Après la visite ministérielle, on ne s’attend pas à des changements, au contraire on sait qu’il va y avoir des coupes budgétaires », résumait ainsi le secrétaire départemental adjoint. 

Port de Longoni : Une mission interministérielle pour pousser le délégataire vers la sortie ?

Dans le cadre de la visite de la ministre des Outre-mer à Mayotte, les enjeux relatifs à la résiliation de la délégation de service public (DSP) du Port de Longoni ont été évoqués avec le président du Conseil départemental. En effet pour Annick Girardin : « Le port est un équipement stratégique pour la vie et le développement du territoire ». C’est pourquoi à la demande du conseil départemental, la ministre a décidé l’envoi d’une mission interministérielle chargée d’appuyer le département dans son analyse des modalités et conséquences de la rupture anticipée de la DSP. L’étude conduite par la mission de l’Inspection générale de l’administration (IGA), de l’inspection générale des finances (IGF) et du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) devra proposer la solution juridique la plus adaptée pour parvenir à un fonctionnement efficace et pérenne du port.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes