Un arrêté préfectoral datant de mardi modifie à partir de ce mercredi les tarifs réglementés des taxis de ville et de brousse. Ainsi, désormais, le montant maximal du taxi-ville sera fixé à 1,60 euro la course et l’ensemble des tarifs pratiqués sera augmenté d’environ 10%. Ceci étant, les artisans taxis restent libres de pratiquer des prix plus bas.
« À compter du 15 mai 2019, les tarifs réglementés des transports urbains et interurbains ainsi que les tarifs spéciaux en taxi à Mayotte (…) sont augmentés de 10%« , peut-on lire sur un arrêté préfectoral daté de ce mardi. Cette décision a été prise après avis de la commission des taxis du département de Mayotte.
Ainsi, à partir de ce mercredi, une course de taxi-ville coûtera 1,60 euros et 2,40 euros la nuit, les dimanches et jours fériés. L’ensemble des autres tarifs réglementés augmentent également d’environ 10% : désormais, pour une course qui coûtait auparavant 4,90 euros, prévoyez 5,40 euros. Cependant, les enfants de moins de deux ans ne paient pas, ceux âgés de deux à dix ans payent demi-tarif et à partir de dix ans, le tarif plein est appliqué. Le transport d’un bagage supplémentaire ou de plus de 20 kilos ajoutera 90 centimes par unité à la facture finale. On apprend aussi à la lecture de cet arrêté que « ces prix réglementés constituent un tarif maximum« . Dès lors, « un tarif inférieur peut être pratiqué par le professionnel« .
Cet arrêté rappelle également les prescriptions en termes d’équipements que les taxis devront mettre en place progressivement dans un délai maximal de deux ans. Ces prescriptions concernent notamment : une couleur unique pour l’ensemble des taxis ; un dispositif répétiteur avec une indication lumineuse (vert ou rouge) informant de la disponibilité du véhicule ; une plaque adhésive d’identification avec un numéro d’autorisation de mise en exploitation ; un dispositif permettant la délivrance automatique de tickets d’entrée et de paiement pour chaque passager et justifiant l’activité du conducteur. « Dans un délai de six mois à compter de la publication du présent arrêté, une grille tarifaire visant à simplifier l’application des tarifs » sur le territoire sera « développée« , promet encore la préfecture de Mayotte.
La présidente de l’association Enfance et Familles d’adoption est en visite à Mayotte depuis le 8 mai pour sensibiliser le public à la parentalité adoptive et former les professionnels confrontés à cette question dans leur pratique quotidienne. Il s’agit aussi de balayer certaines idées reçues, dans un département où l’adoption est, sinon mal vue, encore largement méconnue. Tandis que le nombre de mineurs isolés y défie toutes les statistiques, celui des adoptions ne dépasse jamais la dizaine chaque année.
Mayotte Hebdo : Vous étiez déjà venue à Mayotte en 2017 lors d’une première session de formation sur la parentalité adoptive. Quelle est votre conception du contexte local quant à l’adoption ?
Nathalie Parent : Ce contexte est d’abord marqué par le peu de pupilles sur le territoire, c’est-à-dire le peu d’enfants juridiquement adoptables. Dès lors, l’adoption reste très réduite sur Mayotte. La question, c’est de savoir comment il faut travailler pour que les enfants qui sont des mineurs isolés ici, soient repérés et puissent acquérir le statut de pupille. La déclaration de délaissement [ou d’abandon, préalable indispensable à l’acquisition de ce statut et donc, à l’adoption, ndlr] a été facilitée par la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant. Mais faut-il encore qu’on la demande, donc il faut d’abord repérer tous les enfants qui pourraient être concernés. Cela passe par les services sociaux, et peut-être aussi par le biais de la Commission d’étude du statut des enfants qui a été mise en place par la loi du 22 mars 2016 relative à la protection de l’enfance. C’est cette Commission qui va, tous les six mois pour des enfants de moins de deux ans, et tous les tous les ans pour des enfants plus âgés, examiner si le statut du mineur correspond toujours à la réalité de ce qu’il vit. Et si ce n’est pas le cas, il fera évoluer ce statut. Ils pourront se poser la question pour des enfants qui n’ont plus aucun contact avec leurs parents ou même avec leur famille élargie. Je ne sais pas si la Commission Statut a d’ores et déjà été mise en place ici, mais ça permet d’offrir des regards multiples sur les situations. Cela regroupe toutes les personnes qui interviennent autour de l’enfant (instituteurs, psychologues, médecins, Aide sociale à l’enfance, etc.). Auparavant, seuls les référents de l’enfant et le travailleur social pouvaient demander une modification de statut. Aujourd’hui il y a ce qu’on appelle le « projet pour l’enfant » qui doit être réalisé par l’aide sociale à l’enfance (Ase) pour les enfants qui lui sont confiés, projet qui doit prendre la globalité de ce que vit l’enfant, aussi bien son état de santé, son état psychique, ses résultats scolaires, son comportement, ses loisirs, la manière dont il vit, les contacts qu’il a encore avec sa famille biologique et élargie, etc. C’est une globalité.
« L’adoption, c’est faire filiation »
MH : Comment définiriez-vous l’adoption et ce fameux statut de « pupille de l’État » qui permet d’y parvenir ?
NP : L’adoption, ça consiste à donner une famille à un enfant qui n’en n’a plus. Il ne s’agit surtout pas de faire en sorte que tous les enfants isolés deviennent pupilles pour être adoptables, ce n’est pas du tout le but. Il n’est pas question de créer des enfants pupilles quand ça ne doit pas être leur projet et quand ça ne correspond pas à leur réalité. Ce statut – la loi est assez claire là-dessus – ce sont vraiment des enfants pour lesquels il n’y a plus d’adulte qui ont d’autorité parentale, de fait, ou de droit. De droit parce qu’ils sont les parents ou de fait parce qu’ils se comportent comme des parents et dans ces cas-là, ils ont une autorité, même si elle n’est pas juridiquement établie. Ça peut être le cas dans la pratique de l’adoption informelle qui existe ici. Le statut de pupille de l’État est le plus protecteur pour un enfant qui n’a plus personne, parce que derrière, vous avez un tuteur qui est le préfet ou son mandataire, et un conseil de famille. Si on a ce statut-là et que l’on peut bénéficier d’un projet d’adoption, ça signifie qu’on peut avoir une famille. Après, il faut dire aussi qu’on peut être juridiquement adoptable, sans toutefois l’être au niveau psychologique. Il faut alors faire ce qu’on appelle un bilan d’adoptabilité. Cela consiste à se demander, au moment où l’on s’interroge pour savoir si un projet d’adoption pourrait être envisageable pour un enfant : « Est-ce que dans sa tête, il est capable de rentrer dans un nouveau lien de filiation ? » C’est ça l’enjeu. S’il n’est pas capable, s’il ne veut pas, s’il refuse, il faut entendre sa parole et lui proposer un autre projet.
MH : À Mayotte, l’adoption est très peu répandue et assez méconnue, alors même qu’il existe beaucoup d’enfants en détresse ou en errance. Comment expliquer ce paradoxe ?
NP : C’est une question un peu particulière ici. Il y a quand même toute la tradition de prise en charge des enfants sans qu’il y ait forcément de l’adoption au sens où nous, nous l’entendons en métropole. Il y a donc ici beaucoup d’adoptions informelles, du fait de la prise en charge par la famille élargie, voire très élargie, des enfants. Et c’est assez paradoxal car vous avez sur Mayotte énormément d’enfants qui arrivent seuls sur le territoire mais qui ne sont pas pupilles de l’État, qui n’ont pas ce statut, et qui ne peuvent donc pas être adoptés. Les enfants adoptés ont souvent des parents biologiques, et les orphelins au sens strict sont finalement assez rares. Sur la question de la parentalité adoptive, je pense qu’il faut d’abord de l’information. Mayotte n’est pas département français depuis si longtemps que ça. En outre, il y a énormément de personnes d’origine comorienne, or, les Comores interdisent l’adoption. Dans le droit musulman, il n’y a pas d’adoption mais la pratique de la kafala*. Il y a aussi ces arrivées d’enfants en kwassa-kwassa, qui sont isolés mais pas forcément abandonnés. Il faut que la population apprenne l’existence de cette possibilité de l’adoption. Elle ne doit pas être brandie comme la meilleure – parce que ce n’est pas forcément la meilleure – mais c’est une possibilité. Par exemple, quand on n’est pas en capacité de garder son enfant ou que les délais pour une IVG [Interruption volontaire de grossesse, ndlr] sont dépassés, ou que cela va à l’encontre des croyances ou des principes de la jeune femme enceinte. Le fait de confier son enfant à l’adoption est peut-être plus audible pour elle que l’IVG, mais encore faut-il qu’elle sache que c’est possible. Cela implique de former les professionnels concernés et d’en parler. Le film que nous allons diffuser samedi soir – Pupille, de Jeanne Herry, ndlr – y participe aussi. Il montre bien la situation de cette mère qui ne peut pas garder son enfant, qui accouche sous le secret, et le parcours de son enfant. Comment, au bout de trois mois, il a une nouvelle maman. Et c’est assez extraordinaire parce que c’est exactement comme ça que ça se passe. Plus on fera passer ce genre de choses et plus on pourra montrer que tout ça, ça ne sert pas à faire du trafic d’organes, que les parents adoptifs ne sont pas des pervers en puissance, etc., et à se défaire de certaines idées reçues qui circulent d’ailleurs dans de nombreux pays.
MH : Désir d’enfant et besoins de l’enfant sont-ils toujours compatibles ?
NP : Pour adopter, il faut un désir d’enfant, c’est quand même la base ! Vouloir être parent, c’est le point de départ. Après, il faut réussir à passer de l’enfant rêvé, l’enfant idéal, à l’enfant réel, l’enfant qui attend, et qui n’est pas forcément celui qu’on avait imaginé au départ. Tout ça, c’est un chemin, et ça demande systématiquement de partir des besoins de l’enfant pour trouver le projet parental qui va lui correspondre, et non pas du projet parental ou de la volonté des adoptants pour aller chercher l’enfant. On cherche des parents qui ont un projet qui va pouvoir correspondre à ses besoins. Même un bébé né sous le secret a des besoins particuliers : ce n’est pas une page blanche. Cette femme qui l’a mis au monde, comment a-t-elle vécu sa grossesse, y a-t-il eu un déni ? A-t-elle été correctement suivie ? A-t-elle eu une attitude qui était celle d’une femme enceinte : ne pas boire d’alcool, ne pas fumer, ne pas se droguer, etc. ? A-t-elle subi des violences ? Est-ce que sa relation était consentie ou l’enfant a-t-il été conçu lors d’un viol, d’un inceste ou d’une relation non consentie, d’une relation sans lendemain, d’un « coup d’un soir » ? Cette jeune femme ou fille a-t-elle eu la drogue du violeur, a-t-elle été mise à la porte ? Tout cela, ça a son importance. Les besoins de l’enfant changent en fonction de chaque situation. Si vous êtes né, et que la mère ne s’est rendu compte de sa grossesse qu’à quatre mois, comment elle le vit ? Quels vont être les sentiments de cette femme par rapport à cet enfant ? On sait très bien aujourd’hui que tout ce qui se passe in utero a des répercussions par la suite. En fonction de tout ce qu’elle pourra laisser comme informations, cela aidera à construire le projet de l’enfant. Plus il y aura d’informations, plus on pourra faire un projet au plus près de ses besoins.
MH : On dit souvent que la procédure d’adoption relève du « parcours du combattant » pour les candidats, qu’en pensez-vous ?
NP : C’est une réalité, bien sûr. Moi je n’aime pas trop l’expression car je pense que ce « parcours du combattant », c’est plutôt l’enfant qui le subit. Les enfants adoptés ont des histoires telles qu’il est rare que des adultes aient un passé aussi compliqué et aussi potentiellement traumatique. Mais oui, aujourd’hui l’adoption, c’est très compliqué. Parce qu’il y a énormément d’agrément** en cours de validité. Il doit y en avoir environ 13 000 en 2017 en France pour 1500 adoptions (nationales et internationales confondues). Ça veut dire qu’en effet, il y aura un certain nombre de personnes qui ne pourront pas aboutir dans leur projet. L’autre raison de cette difficulté, c’est qu’il n’y a toujours pas en France de préparation, de sensibilisation à la parentalité adoptive, ce qui pourtant existe dans tous les autres pays, ce qui explique que les gens se lancent dans des projets qui sont difficilement réalisables car ils ne correspondent pas aux besoins des enfants qui sont en attente. Plus on est informés de la réalité de l’adoption – qui sont ces enfants ? Quels sont leurs besoins ? – et plus on peut préparer son projet ou décider de l’abandonner.
MH : Les chiffres de l’adoption en France, d’ailleurs, sont en baisse ?
NP : Ça a énormément baissé. En 2005, il devait y avoir 28 000 agréments en cours de validité, en 2017 il n’y en avait plus que 13 000. En 2005, il y avait, rien qu’à l’international, 6 000 enfants qui sont arrivés, et ce chiffre est passé à 615 en 2018. C’est dû notamment à un certain nombre de pays d’origine des enfants où le niveau de vie s’est élevé, des modifications des mentalités avec un développement de l’adoption nationale, suite à la ratification de la Convention de La Haye (en 1993, ndlr). Il y a aujourd’hui un développement de l’adoption nationale avec l’application du principe de subsidiarité, c’est-à-dire que d’abord on essaie de maintenir l’enfant dans sa famille, ensuite dans sa famille élargie, ensuite on privilégie l’adoption nationale, puis l’adoption internationale, qui est le dernier recours. Et puis, il y a un côté un peu pervers qui s’est développé avec ce système : il y a un certain nombre de pays qui n’ont pas pu véritablement mettre en place l’adoption nationale pour répondre aux besoins des enfants, mais qui du coup, parce qu’ils ont ratifié la convention de La Haye, ne laissent plus sortir les enfants en bonne santé de leur territoire. Donc ces enfants ne sont plus adoptables au niveau national et ils ne sont plus proposés à l’adoption internationale, et quand ils les proposent, c’est trop tard, ils ont déjà passé cinq ou six ans dans des institutions. D’autres pays, en revanche ne proposent plus d’adoption internationale.
MH : L’adoption est-elle un acte militant ?
NP : L’adoption ce n’est pas de l’humanitaire, l’adoption, ce n’est pas être écolo, l’adoption ce n’est pas du militantisme. L’adoption, c’est « faire filiation » : c’est considérer un enfant qu’on n’a pas fait comme le sien. Bien évidemment, il y a un peu ce côté-là, oui. Mais ça ne doit certainement pas être la première motivation pour adopter, parce que dans ce cas, qu’est-ce qu’on fait porter au gosse, qu’est-ce qu’on lui fait porter en dette ? Ce sont par exemple ces parents adoptifs qui vont dire à leur enfant : « Tu vois, j’aurais pu [avoir un enfant naturel ndlr] mais j’ai fait le choix de t’adopter, et aujourd’hui je le regrette parce que tu as vu comment tu te comportes ? » Il ne doit jamais y avoir de dette dans l’adoption. L’enfant, il n’a rien demandé à personne, et il n’a surtout pas demandé à être abandonné. Il a déjà subi pas mal, et nous, on est là, avec notre désir d’enfant, mais on ne choisit pas l’enfant. Et surtout, on ne lui fait pas porter ce qu’il va devenir, on l’accompagne et on en fait le sien. On ne vient pas lui dire, « Je suis allé(e) te sauver à l’autre bout du monde, je t’ai sauvé(e) de la misère, ou de la maltraitance, tu devrais être reconnaissant » C’est comme quand les gens vous disent : « C’est bien ce que tu fais ». Non, on n’est pas là pour faire du bien. L’adoption n’est pas une bonne action. C’est un projet personnel propre à chacun et il ne faut pas le faire porter à l’enfant.n
*En droit musulman, la Kafala est une procédure d’adoption qui interdit l’adoption plénière (qui substitue le lien de filiation adoptif au lien biologique) et qui s’apparente plus à une forme de tutelle.
** L’agrément est l’autorisation légale pour adopter. Valable cinq ans sur tout le territoire national, elle ne constitue pas pour autant un « droit à l’enfant » automatique.
L’armement obligatoire des policiers municipaux est un débat qui agite la classe politique française depuis de nombreuses années. Hormis Lille et Bordeaux, la majorité des grandes villes françaises ont déjà décidé d’armer leurs policiers. Le maire de Mamoudzou, Mohamed Majani, a franchi le pas. Une première sur l’île pour dix d’entre eux, qui ont suivis une formation de 45 heures.
« Les auteurs de faits graves osent plus quand ils savent que nous ne sommes pas armés« , affirme Anfane M’Dogo, directeur de la police municipale de Mamoudzou. En 2012, déjà, Nicolas Sarkozy avait fait de l’armement des policiers municipaux un engagement de campagne. François Hollande, lui, était contre. Depuis, de nombreuses grandes villes métropolitaines ont décidé de s’y mettre. Pour autant, le sujet déclenche toujours de vifs débats parmi la classe politique et chez les élus locaux. Mohamed Majani, maire de Mamoudzou, pris la décision d’armer ses agents. Aussi, 10 des 38 agents de la police municipale de Mamoudzou viennent-ils d’être formés à l’usage du pistolet semi-automatique.
Une première sur l’île aux parfums qui permettra aux policiers d’être plus en sécurité lors de leurs interventions, selon Anfane M’Dogo. « Nous exerçons des missions que nous pouvons qualifier de régaliennes. Nous avons déjà eu des blessés dans nos différentes interventions. C’est une question d’assurance pour nous« .
De nouvelles formations fin juin
Une formation de 45 heures afin d’apprendre le maniement de l’arme a été dispensée après deux jours de théorie sur le code de la sécurité intérieure et notamment les conditions d’usage de l’arme, prévu uniquement en cas de légitime défense. « Nous avons souvent demandé à être armés. Tous les évènements qui se sont passés depuis quelques années à Mamoudzou nous donnent raison. Jusqu’à maintenant, nous n’allions pas dans certains endroits le soir par peur de nous faire attaquer. Aujourd’hui, ce sont des choses révolues« , assure encore le directeur.
Pour le moment, seuls dix pistolets semi-automatiques ont été affectés à la police de Mamoudzou en raison du coût des armes et des munitions correspondantes. « Les agents déjà formés ont été choisis en fonction de leur grade. Ce sont des chefs de groupe ou des responsables. Ils ont été largement au-dessus de la moyenne lors de la formation« , se félicite le directeur. Les formateurs, Bernard Mussard et David Charlot, qui ont aussi assuré une session en avril 2018 sur les Lanceurs de Flash-Ball (LBD), reviendront fin juin pour continuer les formations aux 28 agents restant de la police municipale de Mamoudzou. « Nous allons commander d’autres armes et munitions pour le reste de la brigade. Le maire souhaite ainsi armer tous ces agents municipaux mais ce n’est pas lui qui prend la décision. Il faut tout d’abord que tous les policiers valident leur formation« . Pour conserver leur certification, les policiers municipaux devront réaliser deux séances de trois heures de tirs de 50 cartouches minimum dans l’année.
Des brigades motorisées et canines ont également été créées en 2018 afin de lutter contre la délinquance sur le territoire. Un an après leur mise en œuvre, le directeur de la police municipale se dit « satisfait » du rendement de ces brigades. « Il n’y a rien à dire, le travail est fait correctement et nous voyons une nette amélioration de nos services« , assure-t-il.
Les policiers armés deviennent-ils des cibles ?
Plus en sécurité armés ? Le Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM) l’affirme également sur son site, où l’on peut lire que les policiers municipaux « sont très généralement les primo-intervenants sur tout type d’événement. Dans une société de plus en plus violente, les fonctionnaires de police municipale, force de voie publique, confrontés à tous les maux de cette dernière, n’ont parfois pour se défendre et protéger le citoyen que leurs mains« .
Pourtant, pour d’autres, cette mesure serait inefficace, voire contre-productive. C’est notamment l’avis de la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, qui estime que le port d’une arme augmente les risques pour les agents. « Je ne veux pas que des policiers, face à des bandes, soient des cibles« , avait-elle expliqué en 2017. Un argument que réfute Anfane M’Dogo. « Le policier est une cible tout le temps, qu’il soit armé ou non. Rien que de porter la tenue fait de nous des cibles. Armés ou non, les policiers sont plus vulnérables que les autres à des agressions. Cette mesure pourrait nous sauver la vie à l’avenir« , espère-t-il.
Les attentats de 2015 : un élément déclencheur
Pour comprendre la genèse du projet d’armer les policiers municipaux, il faut remonter à 2015 et à la vague d’attentat qu’avait subie la France, conduisant plusieurs maires à changer d’avis sur la question. En effet, e, janvier de cette même année, la policière municipale de Montrouge Clarissa Jean-Philippe mourrait sous les balles du terroriste Amedy Coulibaly, également auteur de la prise d’otages de l’Hypercasher de Vincennes. Le 14 juillet 2016, des agents municipaux s’étaient également retrouvés en première ligne sur la promenade des Anglais lors de l’attentat terroriste de Nice. Dès janvier, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, avait alors promis aux maires qu’ils pourraient « puiser dans les stocks de la police nationale » pour fournir leur police municipale en armes. Selon le président du Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM), Cédric Michel, entre 2009 et 2015, le nombre d’agents ayant suivi une formation à l’armement a augmenté de 183%. « Il y avait 21.636 policiers municipaux dotés d’armes à feu sur l’ensemble du territoire en 2016, soit 3 % de plus qu’en 2015 (20 996) et 11 % de plus qu’en 2012 (19 479)« , d’après le ministère de l’intérieur.
Les transports aériens et maritimes de produits alimentaires représentent des coûts élevés pour la grande distribution. Des montants qui se répercutent automatiquement sur les prix affichés en rayon. Pour réduire la cherté de la vie à Mayotte, plusieurs pistes sont sur la table, comme le développement du port de Longoni et la mise en concurrence d’Air Austral.
Le constat est sans appel : le port de Longoni n’est tout simplement pas équipé pour accueillir de porte-conteneurs. La grande distribution à Mayotte doit s’organiser en conséquence et trouver des alternatives afin de remplir les linéaires. Aujourd’hui, seules deux entreprises desservent Mayotte, la Compagnie maritime d’affrètement – Compagnie générale maritime (CMA-CGM) et la Mediterranean Shipping Company (MSC). La première assure à elle seule 80 % du trafic mahorais, contre 20% pour la seconde. En partant de l’Europe et en passant par Jebel Ali, aux Émirats Arabes Unis, la société française emprunte la ligne Noura, dans un délai de livraison qui oscille entre 30 et 35 jours.
Néanmoins, ces derniers temps, cette durée tend à se rapprocher des 40 jours, en raison notamment « de la révision des navires« , souligne Vincent Lietar, directeur « développement et infrastructures » chez Mayotte Channel Gateway (MCG), délégataire de service public du port de Longoni. Avec la société italienne, un passage obligatoire se fait par l’île Maurice, où les cargaisons à destination de l’île aux parfums sont ensuite envoyées par feeder (un navire de petit tonnage). Seulement, » il faut rajouter une quinzaine de jours pour faire la boucle de l’océan Indien« , confie, sous couvert d’anonymat, un employé de la grande distribution à Mayotte. « Quand on commande, on ne sait jamais quand ça va arriver. »Conséquence : le temps d’expédition varie entre 45 et 50 jours.
Quai flottant, extension de la zone de stockage et piste longue
Mais la période d’acheminement n’est pas le seul problème. La somme à débourser pour décharger les conteneurs entre également en ligne de compte. « 150 euros par Manu-Port contre 450 euros par la Smart en 2015-2016… C’était le jeu de la concurrence, mais le conseil départemental a demandé que les prix soient rehaussés pour ne pas causer de tort au manutentionnaire historique. » Sur ce point, la collectivité dément formellement ces rumeurs. « Je sais qu’il y avait une différence de prix mais je ne pourrais vous dire de quel ordre. Une chose est sûre, le Département n’a jamais exercé une quelconque pression« , insiste Bourouhane Alloui, élu territorial et président du conseil portuaire cette année-là.
En tant que présidente de MCG, Ida Nel souhaite développer le port pour y accueillir les cargos en bonne et due forme, « mais cette saga juridique entre la Smart et Manu-Port semblent freiner les investissements« , dévoile cette même source anonyme. Un « chiffonnage pénalisant « , affirme pour sa part Vincent Lietar, de MCG. Pourtant, les idées ne manquent pas pour faire évoluer la situation, comme l’installation d’un quai flottant de 90 mètres de long, l’achat de deux nouvelles grues ou encore l’augmentation de cinq hectares de la zone de stockage. Si ces projets pouvaient aboutir, ils permettraient de diminuer le temps de transport entre l’Hexagone et l’île aux parfums. « L’impact significatif serait d’avoir des produits frais [dont la date limite de consommation est de 30 ou 40 jours, ndlr] à des prix réduits. On ne serait plus obligés de vendre des yaourts à 8 euros« , commente de son côté l’employé de la grande distribution.
Actuellement, les denrées périssables disponibles dans les rayons sont amenées par voie aérienne. Et sur ce point aussi, le monopole d’Air Austral joue en défaveur du consommateur mahorais. « Le prix au kilo du fret s’élève à 10 euros alors qu’il était de 5 euros avec Corsair« , explique-t-il. Toutefois, selon un importateur mahorais, le montant se rapprocherait plutôt des 5 ou 6 euros chez la compagnie réunionnaise. Des tarifs élevés que la construction d’une piste longue et l’arrivée d’une véritable concurrence dans le ciel mahorais contribueraient à faire baisser, selon les différents protagonistes interrogés.
Écharpe autour du cou et sourires aux lèvres, ce n’est pas les miss qui manquent à Mayotte ! Sur l’île, il existe une petite dizaine de concours de beauté qui gravitent autour des deux incontournables concours nationaux, Miss France et miss prestige. Si chacun a ses spécificités, tous sont des modes d’affirmation pour les mahorais, leur île ou leur culture.
En janvier dernier, Jane Jaquin lance son émission web « Jane & Vous ». À l’écran, elle est entourée de huit personnes avec une écharpe en bandoulière : Miss Mayotte, Miss Salouva, Miss Handicap, Miss Nord, Miss Sportive, Ambassadeur Mayotte et Mister National. « La famille des Miss et des Mister de Mayotte », comme elle l’appelle, presque au complet. Si la superficialité des concours de beauté est souvent pointée du doigt, à Mayotte ils représentent des enjeux bien plus complexes. En effet, en quelques mois, les concours s’enchaînent et tous sont suivis de très près. Chaque année, des centaines, voire des milliers de Mahorais votent pour élire les plus belles filles de l’île. Alors, que représentent-ils vraiment ?
Les ambassadrices de l’île
Tissianti Madi a 20 ans. Entre ses mains, elle tient précieusement une couronne ornée de pierres pailletées. Quand elle marche dans les rues de Mamoudzou, des petites filles aux yeux pétillants chuchotent en la regardant. Elle est étudiante en licence professionnelle de Développement de projets de territoires au CUFR de Mayotte, mais également Miss Salouva 2018. Ce titre, elle l’a obtenu grâce au concours de beauté éponyme et 100% mahorais créé en 2009. Avec un sourire timide, elle se confie : grâce à ce concours, elle n’a pas seulement gagné un titre, mais surtout de la confiance en elle. Porter une écharpe de Miss, c’est apprendre à s’aimer, mais aussi s’affirmer. Camille Couvert, sociologue spécialisée dans les pratiques esthétiques et les concours de beauté, remarque une influence des courants féministes au sein des concours de beauté. Elle dénote « une volonté très claire d’être autonome ».
L’une des pionnières de l’île en concours de beauté, Mariame Hassani, Miss Mayotte 2000, est aujourd’hui directrice d’école. Et pour elle, c’est une évidence : son expérience de Miss « a contribué à la femme qu'[elle est] à présent ». Après son élection et de retour à Mayotte, Mariame a justement décidé de profiter de son statut pour agir. « Je voyais beaucoup de jeunes qui erraient dans les rues. Je me suis demandée : qu’est-ce que je peux faire en tant que Miss pour ces jeunes ? » Elle créé alors Mister Ambassadeur, le concours « pour le plus bel homme de Mayotte ». « Ce n’est certainement pas la solution miracle, mais ça peut être une solution, explique-t-elle modestement. Ce genre d’expérience leur permet par la suite une meilleure insertion socioprofessionnelle. Ça leur offre également une crédibilité qui les suit à vie. » Elle se remémore son élection d’il y a bientôt dix ans. Parmi les rencontres et les beaux souvenirs, l’ancienne Miss se rappelle avoir pris conscience de quelque chose d’encore plus grand. Sous le feu des projecteurs, elle s’aperçoit en effet qu’elle n’est pas seulement Miss, mais aussi l’ambassadrice de son île et de ses habitants. « Je mettais en avant la jeunesse mahoraise. J’étais le porte-parole de la femme mahoraise », affirme-t-elle encore fièrement aujourd’hui.
Si les élections de Miss donnent bien naissance à un porte-parole, elles peuvent également dresser le portrait d’un modèle de référence. Aux yeux de Myriam Cassim, la Miss Prestige 2018 qui a réussi à hisser pour la première fois Mayotte à la seconde marche d’un concours de beauté national, il existe un « problème identitaire à Mayotte » : « Les Mahorais sont à la jonction de plusieurs identités, notamment française et africaine. Ce trouble se ressent davantage en tant que femme, avec l’absence de réel récit identitaire féminin. » La Miss se rappelle ainsi de l’un de ses cours d’histoire sur la Résistance où « seulement des femmes blanches étaient citées ». Elle avait alors levé la main pour demander pourquoi Joséphine Baker (artiste française d’origine afro-américaine, résistante pendant la Seconde Guerre mondiale et activiste contre le racisme aux États-Unis, ndrl) n’était pas évoquée. « On oublie trop souvent les femmes noires, s’exclame-t-elle. Particulièrement à Mayotte. On manque de modèle quand on se construit. On n’a pas de tribune qui porte les femmes qui font pourtant tant pour l’île. » En tant que Miss, elle souhaite donc essayer d’incarner ce modèle manquant. Sur les réseaux sociaux, près de 4 000 personnes sur Facebook et 7 000 sur Instagram suivent ses publications. Une vitrine, mais surtout un moyen simple de communiquer. « Beaucoup de jeunes filles qui me suivent en ligne me posent des questions. Je parle avec elles. Je veux être leur soutien moral, je veux leur donner de l’ambition et leur transmettre de l’énergie, raconte Myriam. Je veux qu’elles se disent : cette fille est comme moi et je veux, je peux faire comme elle », poursuit-elle avec conviction.
Frank Servel, le délégué régional et représentant Miss France à Mayotte abonde dans ce sens : « La Miss élue est une beauté, mais aussi une ambassadrice. » Les concours de beauté sont parallèlement un mode d’expression. « Le but est de faire parler de Mayotte. Quand une fille avec une écharpe « Miss Mayotte » autour du cou défile devant des milliers de spectateurs, ça marque forcément ! », explique-t-il en parlant de ses Miss, qui sont « l’image de Mayotte en métropole. » En 2019, l’élection de Miss France a été suivie par plus de 7,4 millions de téléspectateurs sur TF1. Durant son élection, Mariame Hassani se rappelle avoir été étonnée par la méconnaissance de Mayotte en métropole, et de l’impact que pouvaient avoir ces élections. « J’ai compris que ce n’était pas seulement un concours de beauté, mais une véritable vitrine pour l’île. » Les quelques minutes de défilés, chorégraphies et interviews télévisés peuvent alors représenter beaucoup « pour une petite île comme la nôtre » s’accorde à dire la première Miss de Mayotte.
« Montrer la France qu’on ne connait pas »
Les concours de beauté sont l’occasion de porter une visibilité sur l’île au lagon, mais aussi de témoigner de la pluralité de la France. Myriam, Miss Prestige 2018, voulait justement représenter la facette mahoraise de la culture française, « la France qu’on ne connait pas, celle sous les palmiers avec ses 32° à l’ombre ». « La diversité ethnique reste minime dans les concours régionaux de métropole, mais il arrive que les concours de beauté deviennent des espaces où on a une représentation de la diversité, notamment avec les outre-mer », atteste le sociologue Camille Couvert. Frank Servel se réjouit justement qu’il y est « chaque année de plus en plus de filles des outre-mer dans les Tops 5 » des concours nationaux.
Effectivement, sur les cinq dernières années, deux Miss d’outre-mer ont été élues Miss France : Alicia Aylies, Miss Guyane en 2017, et Vaimalama Chaves, Miss Tahiti, l’année dernière. En 2019, les candidates d’outre-mer ont d’ailleurs décroché trois places dans le Top 5 final. Les Ultramarines sont souvent présentées comme une famille, un ensemble de huit jeunes femmes qui regroupe Miss Guadeloupe, Miss Martinique, Miss Tahiti, Miss Nouvelle-Calédonie, Miss Guyane, Miss Réunion, Miss Saint Martin-Saint Barthélémy et Miss Mayotte.
Ces jeunes filles renvoient à l’imaginaire commun des « femmes des îles », exotiques et érotiques. Une image qui trouve ses origines dans la littérature coloniale, écrite à travers les yeux des Européens, explique Laura Schuft, sociologue et auteure de Les Concours de beauté à Tahiti. La fabrication médiatisée d’appartenances territoriale, ethnique et de genre. « Dans de nombreux territoires des anciennes colonies, on attribue le lieu à la femme, elle devient sa métaphore. » Lors des concours de beauté, on assiste alors souvent à une mise en scène (simplifiée) des lieux à travers le corps des femmes. Une forme de beauté culturelle qui devient un véritable élément marketing selon la sociologue : « On valorise le territoire à travers les corps de ces femmes. Elles deviennent presque un élément touristique pour vendre l’attractivité territoriale. » On attend alors des Miss mahoraises qu’elles soient le miroir de leur île. Ludy Langlade, la Miss Mayotte 2014, s’est d’ailleurs retrouvée au coeur d’une polémique, quelques heures seulement après son élection. En cause : elle n’était « pas assez Mahoraise » aux yeux de certains. La jeune fille métissée qui était installée à Mayotte depuis quelques mois, a dû subir les acharnements des internautes qui criaient à la tromperie.
Une autre beauté est possible
Le comité de Miss Salouva n’attend pas de ses Miss qu’elles représentent l’île grâce à leur physique, mais grâce à leur capacité à porter les valeurs de la femme mahoraise. En 2011, deux métropolitaines de passage à Mayotte ont même concouru. « Elles ont réussi à apprendre et à vendre les valeurs de Mayotte. Elles ont été très soutenues. » se rappelle Charfati Hanafi, présidente du concours. Enveloppée dans un salouva aux couleurs chaudes, cette amoureuse de la tenue traditionnelle mahoraise a décidé de donner naissance au concours suite au triste constat que le salouva ne se portait plus, ou peu. « De nos jours, on le porte le vendredi, lors de grands évènements et festivités, ou quand on n’a plus rien dans nos armoires, relate-t-elle. On doit le faire perdurer et évoluer avec son temps. » Pour Charfati comme pour beaucoup d’autres, le salouva a une symbolique forte, car « c’est la tenue portée par les aînées, les mères et grands-mères ». Une tradition qui mérite d’être mise sur le devant de la scène, selon elle. Camille Couvert, sociologue spécialisée dans les concours de beauté, explique que selon le type de concours, les attentes ne sont pas les mêmes. « Parfois, on neutralise les attentes esthétiques pour mettre en avant la tradition ou des exigences culturelles, plus ou moins importantes selon l’ancrage territorial. »
Dans ce concours, « pas de tenue de sport, de ville ou de maillots de bain, des tenues qu’on voit peu dans l’espace public de Mayotte, mais seulement des salouvas » atteste Charfati . Et les familles des candidates adhèrent davantage au concept : « Les candidates à Miss Salouva deviennent la fierté des familles en portant la tradition. Elles ne sont pas dénudées. C’est parfois les familles elles-mêmes qui nous appellent pour inscrire leurs filles. »
En 2000, Mariame Hassani se rappelle que des représentants religieux essayaient de dissuader sa mère de la laisser participer au concours national de Miss France. De son côté, Frank Servel, représentant Miss France à Mayotte, observe toujours des jeunes filles qui ne concourent pas à cause d’un désaccord familial. En ligne de mire : le défilé en maillot de bain qui est souvent pointé du doigt comme étant inapproprié à la culture traditionnelle et religieuse mahoraise. Les concours tentent pourtant de s’adapter. À plusieurs reprises, par exemple, les prétendantes à Miss Mayotte défilaient en maillot de bain une pièce, ou revêtues d’un paréo.
Car le rapport au corps reste quelque chose de tabou à Mayotte, même si les concours de beauté sont également là pour le faire évoluer. La sociologue Camille Couvert parle justement de certains concours qui ont pour but de « modifier le corps socialement légitime dans l’espace public ». Elle cite des groupes qui « s’emparent de cette pratique [les concours de beauté] pour s’affirmer et retourner les stigmates dont ils sont victimes. » C’est le cas de Miss Handicap, qui a organisé sa première élection l’année dernière, ou encore de Miss Bwadra, le concours pour les « femmes rondes », qui sont les deux concours préférés de Nadine Hafidou, fondatrice de l’association des Femmes-cadres et entrepreneurs de Mayotte et élue à la CCI (Chambre du Commerce et de l’Industrie). Pour elle : « Les concours de beauté correspondent à la femme mahoraise, coquette de nature. Et en même temps, ils lui permettent de se mettre en valeur, elle qui est plutôt introvertie. C’est valorisant, et davantage dans des concours comme Miss Bwadra ou Miss Handicap où on ôte les complexes de certaines femmes. »
Moncef Mouhoudhoire et son association Narike M’sada, en est à l’origine. Il voulait justement se différencier et permettre à toutes de se sentir légitimement belles. « Il y a beaucoup de femmes bwadra à Mayotte, et comme partout ailleurs on leur fait encore trop peu de place dans la société » pointe du doigt l’organisateur. À l’ouverture des candidatures, en seulement un mois, le concours a reçu une dizaine de postulantes. Une dizaine de femmes engagées qui voulaient montrer qu’elles étaient « bwadra et fières de l’être ». « On a mis le doigt sur une frustration et une stigmatisation que vivent beaucoup de Mahoraises », constate Moncef avant de préciser que « le but est de lutter contre des formes de discriminations et de montrer qu’une autre beauté est possible. »
À travers leurs élections, les Miss conjuguent ambitions personnelles et rayonnement territorial. Ces concours de beauté, au-delà de leur superficialité, peuvent donc devenir de véritables modes d’affirmation aussi bien pour ces jeunes filles que pour leur île et leur culture. Par leur biais, c’est également le reflet de la société mahoraise qui se dessine. Son ambivalence entre tradition et religion, et modernité et occidentalisme.
À l’occasion de la cérémonie d’hommage aux policiers morts pour la France qui s’est déroulée vendredi matin dans la cour du commissariat de Mamoudzou, douze policiers de Mayotte ont reçu la médaille d’honneur – échelon argent – de la police nationale.
Au son de la marseillaise ou dans un silence respectueux, au garde-à-vous ou au repos, la solennité était de mise à chaque étape de la cérémonie d’hommage aux policiers morts pour la France qui s’est tenue vendredi matin au commissariat de Mamoudzou. En présence du préfet Dominique Sorain, de son directeur de cabinet Étienne Guillet, du commandant divisionnaire Demeusy et du commissaire Jos, directeur départemental de la sécurité publique à Mayotte, une gerbe de fleurs a été déposée en hommage aux policiers morts pour la France ou victimes du devoir. Cette cérémonie nationale, qui se tient traditionnellement le 8 mai, a vocation à honorer la mémoire des policiers qui ont donné leur vie dans l’exercice de leurs fonctions. Il s’agit autant de saluer l’action de ceux qui se sont illustrés au cours de périodes exceptionnelles, en faisant acte de résistance par exemple, que de rendre hommage aux fonctionnaires morts en service au cours de l’année écoulée, dont les noms sont cités lors de la cérémonie. Si nul décès n’était à déplorer au cours de cette période dans le 101ème département, de nombreux policiers y ont été la cible de violences, et plus d’une dizaine d’entre eux ont été blessés, parfois très grièvement, ces derniers mois. C’est notamment le cas du major Meyer, privé de l’usage d’un œil à la suite d’un jet de pierres dirigé à son encontre au cours d’une intervention délicate sur des violences urbaines à Passamaïnty, en février 2018. « La plupart des policiers blessés – comme les gendarmes par ailleurs – l’ont été par des jets de pierre, autrement dit des caillassages« , rappelle à cet égard le commandant Demeusy.
Récompenser le « sens du service public »
La cérémonie de vendredi était aussi l’occasion de récompenser des policiers particulièrement méritants sur le territoire. Douze fonctionnaires – six affectés à la police aux frontières et six autres au commissariat de Mamoudzou – se sont ainsi vu décerner la Médaille d’honneur de la police nationale, échelon argent. Cette récompense, différente de la médaille pour acte de courage et de dévouement qui vient couronner une action héroïque, vise à honorer la brillante carrière ou le parcours exemplaire d’un « policier méritant, apprécié pour sa manière de servir, son implication au service de l’autre et son sens du service public« , indique le commandant divisionnaire. Policier, « c’est un métier pas comme les autres, au service des autres« , se plaît-il à rappeler. Aussi le fonctionnaire méritant doit-il protéger « les personnes et les biens« , mais aussi « la veuve et l’orphelin« , bien souvent dans l’ombre, avec humilité et discrétion. Il n’est ni un cowboy, ni un « fanfaron« . C’est donc « un travail qui est difficilement appréciable parce que la plupart des citoyens l’ignorent. La meilleure reconnaissance pour un policier, c’est celle de la victime. » Spectateur « 24h/24 » de la détresse de cette dernière, le policier est au plus près de la population. Face à toutes les formes de défiance qui se manifestent actuellement à l’égard de l’institution, il apparaît d’autant plus urgent de rétablir le contact, estime le commandant Demeusy. « C’est tout l’enjeu de la police de sécurité du quotidien [lancée en février 2018, ndlr]. Il faut renouer le lien avec la population. Sans cela, la police ne peut pas être efficiente. Et sans police, il n’y aurait pas de sécurité. »
Les résultats, rien que les résultats : c’est le mot d’ordre d’Ali Abdou, directeur du groupement des entreprises mahoraises du tourisme. À 40 ans et après un parcours universitaire consacré à l’économie, c’est au service du développement de Mayotte qu’il met ses compétences depuis 12 ans.
Pour lui, point de palabre : « Seuls les résultats doivent compter », convainc Ali Abdou, directeur du Groupement des entreprises mahoraises du tourisme (Gemtour). Les résultats, c’est ce qui a fait sa réputation d’homme de la situation à Mayotte, car malheureusement « les compétences manquent sur l’île. » Un manque de compétences qui, selon lui, est le principal frein à l’essor du département. « Mayotte souffre essentiellement de ce manque, quel que soit le domaine », confirme-t-il, en illustrant : « On ne trouve déjà pas de carreleurs qualifiés, de peintres, de maçons de bon niveau, de soudeurs, de menuisiers, etc. Alors, imaginez quand il faut trouver de bons financiers, ce qu’on appelle des « numéros deux », de bons meneurs d’hommes, des cadres. » Conséquence : « La plupart des entreprises de Mayotte gèlent des postes faute de pouvoir recruter ces compétences. Cela n’est pas de nature à dynamiser notre croissance, car il n’y a pas assez de création de valeur dans le privé. »
Pourtant, comme lui, nombre de Mahorais se forment désormais en métropole et effectuent des études supérieures. La première génération issue de ces mouvements est bel et bien là. « C’est vrai, concède-t-il, mais quand on parvient à les avoir, ils partent au bout d’un ou deux ans au vice-rectorat, car les conditions y sont plus alléchantes. » Et d’illustrer : « Certains jeunes reviennent, mais prenons l’exemple d’une banque locale bien connue. Elle recrute des jeunes de très bon niveau comme conseillers entreprises. Ils restent un an ou deux, puis bifurquent vers l’éducation. Ce n’est pas évident du tout de les garder. » Un vrai défi, donc, pour celui qui tâche jour après jour de développer le territoire.
« J’avais fixé mon cap, et ce n’était pas négociable »
Né en 1980 à Tsingoni, élève sérieux et rigoureux, bachelier de la première promotion du lycée de Sada en 2000, Ali Abdou comprend rapidement que l’économie est désormais au centre du monde. « On était en pleine mondialisation, et le secteur de la donnée, de la recherche de l’information économique, de son exploitation, prenait le pas sur tout le reste. C’était nouveau. Moi qui m’intéressais à l’évolution du monde, cela m’a parlé. Avec la donnée, on peut diriger le monde », se rappelle-t-il.
C’est donc logiquement qu’il s’oriente vers le secteur de l’économie pour ces études supérieures. Un départ vers Toulouse pour une maîtrise en économie et gestion des entreprises, suivie d’un Master 2 en intelligence économique, et l’étudiant d’alors se retrouve diplômé. Il ne pouvait, de toute façon, en être autrement : « J’avais fixé mon cap. Je devais finir mes études à 25 ans et ce n’était pas négociable. Qu’il pleuve, neige, vente, il fallait que j’avance. Je m’y suis tenu. » Pour autant, cela n’a pas toujours été facile : « J’étais seul, mais cela m’a permis de changer de mode de vie. J’ai zappé la vie à la mahoraise et je suis rentré dans le moule métropolitain. J’ai choisi de faire comme les autres, et non de continuer à faire comme si j’avais été ici. Cela a été difficile, mais je ne regrette pas de m’être adapté. J’y suis allé sans réserve, sans faire mon difficile, car il fallait que j’atteigne mes objectifs. »
À cette étape-là de son parcours, il n’est pas encore question de revenir à Mayotte, bien au contraire. Ali Abdou l’explique sans fard : « C’était important pour moi de travailler en métropole. Je voulais y être bien formé en termes de productivité et de méthode. Je voulais une autre vision du monde du travail, plus globale, pour ne pas me contenter du carcan mahorais et du rythme « cocotier », comme on dit. » Durant cette période, il officiera en stage de fin d’études au sein du laboratoire de recherche de l’entreprise agroalimentaire Bongrain, en région parisienne. Sa mission ? L’espionnage industriel : « Nous cherchions sur quels types de produits travaillaient nos concurrents pour les sortir trois ou quatre ans plus tard. On était dans le cœur de l’industrie, avec la recherche, les brevets, etc. » Une expérience dont il retient l’impérieuse nécessité d’être rigoureux. Il détaille : « J’ai vu des produits aller jusqu’à l’étape de pré-marketing et demeurer tout de même confidentiels. Les prestataires étaient déjà choisis, les opérations de communication et de publicité allaient être lancées, mais malgré tout, le monde n’était pas encore au courant. Dans un environnement très médiatisé et ouvert à l’information, c’est très impressionnant de pouvoir garder des informations secrètes. C’est quelque chose qu’on ne sait malheureusement pas encore faire ici alors que l’information doit être bien tenue, et ne pas partir dans tous les sens. À Mayotte, c’est le contraire : on signe beaucoup de conventions en communiquant dessus, mais pour peu de résultats. » Moralité, encore une fois : « Il ne faut communiquer que sur le concret, sur le résultat. »
C’est ensuite pour le service d’études marketing d’Orange qu’il travaillera jusqu’en 2007 et le plan Next de l’entreprise, destiné à épurer les comptes de la structure en épurant le nombre de ses salariés. Ali Abdou quitte alors la société et décide de revenir à Mayotte « pour des raisons familiales, car pour être sincère, j’envisageais plutôt de m’expatrier au Canada, en Australie ou à Singapour. » Nous sommes en fin d’année 2007, et notre homme est de retour sur son île natale.
Le savoir-faire autant que le savoir-être
Fort de ses compétences, il ne tarde pas à trouver un poste dans un cabinet d’expertise comptable pour des missions de commissariat aux comptes, puis rapidement à être recruté comme contrôleur de gestion à la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM). Il y restera sept ans, puis la quittera en 2014 – « Je ne participais pas assez au développement du territoire, les impacts de mon travail n’étaient pas assez concrets » – pour devenir directeur du service économique de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), avant de prendre la direction du pôle attractivité internationale de l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim), puis la direction du Gemtour.
De quoi affiner encore son diagnostic pour améliorer l’économie du département. « La compétence ne fait tout de même pas tout, insiste le responsable. Il faut aussi de la rigueur, de la constance, de la consistance, de la persévérance, et la capacité à encaisser les difficultés. Ici, nous manquons de matières premières, certains fournisseurs ne sont pas toujours sérieux, etc. C’est ça qu’il faut dire : à Mayotte, on n’a pas des obligations de moyens, mais des obligations de résultat. Quand les choses ne sont pas faites, elles ne sont pas faites, voilà tout. Avoir une excuse valable pour en justifier ne résout pas le problème. Ce qui compte, c’est donc de pouvoir passer outre les difficultés, et pour ça il faut des cadres de bon niveau. Si on n’est pas assez solide mentalement, on se limite à faire de la gestion au lieu de faire du développement. C’est notre problème ici aujourd’hui : nous ne sommes pas en mesure de faire du développement, et c’est bel et bien de cela dont on a besoin. »
C’est là la leçon qu’il aimerait que retienne la nouvelle garde mahoraise, celle de ces jeunes dont dépend l’avenir de l’île : « Il faut se méfier de la forme et aller au fond des choses. Ne pas vendre du vent. Le savoir-faire est très important, autant que le savoir tout court. On se limite souvent à un diplôme, mais un diplôme est censé vendre un savoir-faire, justement. Et tout cela doit être accompagné d’un savoir-être : rigueur et exigences personnelles. Le monde n’est pas un long fleuve tranquille. » C’est d’ailleurs encore plus vrai à Mayotte où, « plus qu’ailleurs », comme il le souligne, « il y a cet effet de cooptation familiale, de piston. Quand c’est comme ça, c’est difficile. Comme les personnes sont posées à un poste par d’autres, ces dernières ont tendance à les défendre bec et ongles, même si d’autres idées peuvent être plus pertinentes. »
Une nouvelle aventure
Ainsi fonctionne Ali Abdou qui, en parallèle, a porté d’autres responsabilités. Dans le milieu associatif d’abord, puisqu’il a été trésorier et secrétaire d’associations et d’un club de sport, mais aussi en politique où, de 2008 à 2014, il a été conseillé municipal en charge des finances sous la mandature d’Ibrahim Boinahéry. Un monde politique qu’il pourrait bien retrouver puisqu’il se dit que le responsable économique entend être candidat à Tsingoni, lors des prochaines élections municipales, en 2020.
La Communauté de communes du Centre-Ouest (3CO) a décidé d’élaborer d’un plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) associé à un programme local d’habitat (PLH). L’enjeu est de taille : faire de ce plan un projet d’aménagement et de développement global, qui ne limite pas à additionner les projets des cinq communes qui composent l’intercommunalité.
Une réflexion pour les quinze années à venir. Le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de la communauté de communes du Centre-Ouest est le document de planification qui va guider l’aménagement et le développement du territoire des cinq communes membres (Mtsagamouji, Tsingoni, Chiconi, Ouangani, Sada) et qui doit se substituer à l’ancien Plan local d’urbanisme (PLU). « Prioritairement » axé sur les thématiques de l’habitat, des déplacements, des équipements, de l’environnement et des risques, il trace les principales orientations du plan d’urbanisme et du programme local d’habitat. Ce programme devra se conformer aux préconisations du Schéma d’aménagement régional de Mayotte (SAR), actuellement en cours d’élaboration par le conseil départemental. Il s’agit par ailleurs d’un document « deux-en-un » : un plan local d’urbanisme associé à un plan local de l’habitat.
Ce deuxième volet se traduira par un document qui définira la stratégie de programmation, incluant l’ensemble de la politique locale de l’habitat : parc public et privé, gestion du parc existant et des constructions nouvelles, populations spécifiques.
En effet, à l’image de Mayotte, le phénomène de croissance démographique exceptionnelle que connaît la 3CO, conjugué à un manque de logements sociaux au regard des besoins face aux habitations de fortune relevant de l’habitat informel ou précaire et aux zones d’habitations implantées dans des zones à risques sur le plan environnemental ou sécuritaire, nécessitent une adaptation de la démarche habituelle d’élaboration des PLUi et des PLH aux enjeux urbains et sociaux du territoire mahorais.
Les acteurs économiques auront leur mot à dire
« C’est une belle opportunité que ces deux documents [PLUi et PLH, ndlr] s’élaborent en même temps. Le PLUi déterminera les droits à construire pour chaque parcelle, et s’imposera à toute demande d’autorisation d’urbanisme (permis de construire, permis d’aménager, déclaration préalable, etc.). Il fait force de loi aussi bien pour les agriculteurs, les entrepreneurs que les résidents« , explique Daniel Anassi, directeur des services au sein de la 3CO. Il s’agit donc d’un outil dédié à l’aménagement régi par le code de l’urbanisme. Il offre une nouvelle dimension « plus large » de l’action des élus communaux et intercommunaux à travers la réflexion commune, par une meilleure intégration de l’urbanisme avec les politiques nationales de gestion de l’espace. « Tous les projets ayant un impact financier et foncier vont être retranscrits dans ce document« , affirme le directeur des services des 3CO. Néanmoins, les maires gardent leurs prérogatives, assure Daniel Anassi, dans la mesure où ceux-ci resteront responsables des autorisations d’urbanisme de leurs communes respectives.
« Nous avons déjà retenu un bureau d’études en métropole. C’est un groupement ayant comme représentant à Mayotte Bet Tema, spécialisé dans les projets d’aménagement« . Son élaboration se fera en collaboration avec les communes membres de la 3CO tout au long du processus et les avis des acteurs économiques et associations, entre autres, seront pris en compte. « Il est donc nécessaire d’informer ces derniers du démarrage d’un tel outil – hautement stratégique – pour les impliquer davantage dans le processus afin de dessiner un projet de territoire commun à l’horizon de quinze ans« .
L’élaboration du PLUi-H coûtera 292.000 euros. « La réalisation de l’étude porte sur une durée de 22 mois si tout va bien« , espère Daniel Anassi. À noter que le PLUi-H fera l’objet d’une évaluation afin de vérifier que ses objectifs en termes de réduction des impacts environnementaux sont respectés.
Depuis un mois, le concessionnaire automobile SMCI – groupe Caillé tourne au ralenti pour cause de contestation sociale. Alors que la situation semblait avoir débouché sur des accords en début de semaine, les salariés grévistes dénoncent une volte-face de la direction, au dernier moment.
Quatre ans que le concessionnaire automobile historique du département, SMCI, n’avait pas connu de grève. Depuis désormais un mois, une partie des salariés de la société est en grève. L’élément déclencheur ? « La mise à pied d’un des collègues [Paul Arsene, ndlr] au mois de mars. Il s’en est pris à la direction qui nous parle comme à des animaux« , dénonce Raffiki Abassi, délégué syndical à la CGT-Mayotte. Un préavis de grève est aussitôt envoyé, dénonçant la dégradation du climat social au sein de l’entreprise. « Nous recensons 90 % de grévistes sur les 26 salariés depuis le 12 avril. » Installés sous une tonnelle à quelques mètres de la grille d’entrée, les contestataires font le pied de grue et invitent, avec le sourire, les clients à ne pas pénétrer à l’intérieur.
Durant plusieurs dizaines de jours, les échanges avec la direction ont achoppé. Finalement, les négociations se sont accélérées en ce début de semaine, avec l’intervention de la direction des ressources humaines par visioconférence depuis l’île Bourbon – la SMCI dépend du groupe Caillé, basé à La Réunion – mais aussi de la Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Dieccte) et de la CGT-Mayotte. Parmi les seize revendications des grévistes, un accord est finalement trouvé sur dix d’entre elles, comme une prime d’intéressement, des tickets-resto d’un montant de 8,50 euros pris en charge à 60 % par la société, une prime de transport de 15 euros par mois ou encore une augmentation salariale de 30 euros… « Mardi à 13 heures, nous étions prêts à signer alors que nous avions déjà consenti des efforts par rapport à nos souhaits initiaux« , insiste le représentant du personnel. Sauf que les pourparlers partent en fumée en seulement quelques heures. »Puis, à 16h30, la direction est revenue sur sa parole : c’était soit un simple treizième mois réparti sur trois ans, soit rien du tout. Tout ce que nous avions acquis plus tôt, nous devions l’oublier !«
« Nous sommes très pacifiques »
Les salariés décident alors de refuser la proposition, jugée inadéquate, et de ne pas reprendre le chemin de la concession. Un revirement malheureux pour Johann Veyssier, employé depuis quatre ans à la SMCI. « Nous avons tous envie de reprendre le travail. […] Nous avons besoin de finances« , confie-t-il. Avant de donner son avis sur le mouvement : « nous sommes très pacifiques, nous ne faisons pas de bruit et nous n’entrons pas dans les locaux. » Un pacifisme qu’il semble presque regretter aujourd’hui, vu l’évolution des négociations. Pour ses camarades et lui, l’incompréhension est totale. « Nous avons le sentiment d’être les déchets du groupe… » À l’aube de débuter leur cinquième semaine de grève, l’équipe reste malgré tout unie. « Si la direction ne revient pas [sur les premiers accords], nous ne bougerons pas », assurent-ils en chœur. Contacté par Flash Infos pour réagir, le directeur d’exploitation de SMCI, Olivier Malidin, n’a pas répondu à nos sollicitations.
Il y a un an, jour pour jour, débutait un essaim de séismes à environ 30 à 50 km à l’Est de Mayotte. Depuis, le 101ème département a subi plus de 1.800 tremblements de terre d’une magnitude supérieure ou égale à 3,5. Une situation angoissante pour les habitants de l’île qui se rattachent toujours aux croyances religieuses pour expliquer les secousses.
Un an déjà. « Pendant un temps, un vent de panique a soufflé sur le territoire« , retrace Ali Nizary, président de l’Union départementale des associations familiales (Udaf) depuis 2014. Le 10 mai 2018, Mayotte subissait son premier séisme. Depuis, une multitude de secousses ont eu lieu – sans qu’aucune victime ne soit à déplorer – amenant la population à angoisser sur les répercussions que pourrait avoir ce phénomène sur le département. « Dans un premier temps, les familles étaient complètement paniquées et démunies, un peu comme tout le monde face à une telle situation je suppose. Nous avons dû accompagner émotionnellement beaucoup de familles. Il y avait une très grande place laissée à la psychose« , décrit Ali Nizary. L’Udaf avait alors mis en œuvre des points d’informations et émis des conseils pratiques à suivre en cas de séismes.
Malgré ce dispositif, de nombreuses familles avaient décidé de dormir dans la rue durant plusieurs semaines de peur que leur habitation ne tienne pas face à la magnitude de certains tremblements de terre. « Aujourd’hui, nous n’avons plus de familles qui dorment dehors« , assure le président de l’Udaf. Cependant, quelques-unes d’entre elles préfèrent abandonner leur maison fissurée pour s’installer chez des voisins ou de la famille proche. « C’est marginal mais il y a quelques situations où les dégâts sont assez important. Une femme que j’ai rencontrée m’a avoué vouloir raser sa maison pour en construire une nouvelle. Elle ne voulait plus habiter dans un endroit qui pourrait possiblement s’effondrer à tout moment« .
Des craintes religieuses
Une incompréhension face à l’ampleur des tremblements de terre qui a soulevé de nombreuses questions auprès de la population mahoraise, à 95% musulmane. « Les familles ne savaient pas à quoi étaient dû les tremblements, alors elles se sont mises à prier« , explique le président de l’Union départementale des associations familiales.
En effet, au début des secousses, les habitants de Mayotte voyaient cet essaim comme « une punition » d’Allah. « Il y a des jeunes qui frappent les personnes âgées, des filles qui s’habillent de façon osée, de la prostitution, le manque de respect, la chimique est arrivée… tous ces éléments ont amené la population à se persuader que c’était la colère de Dieu qui s’abattait sur eux [en représailles, ndlr]. Des prières collectives étaient organisées dans les mosquées« .
Ces prières se pratiquent toujours seules, les croyants récitant une sourate, composée de sept versets, qui met l’accent sur la souveraineté et la miséricorde d’Allah – la Fatiha. « Nous avons tendance à dire : Dieu est très patient mais quand il punit, il punit longtemps. Beaucoup pensent que ce sont les prières qui ont fait diminuer le nombre de secousses ressenties« , explique Ali Nizary. Aujourd’hui, l’explication religieuse à laisser la place à l’explication scientifique. « Il n’y pas longtemps, je ne pensais même pas que les familles mahoraises allaient vivre avec un essaim de séisme. À la base, il y avait de la peur. Je pense qu’elles font avec maintenant« .
De nombreuses missions scientifiques
Alors que l’île a été touchée plus de 1.800 fois par des tremblements de terre, un séisme a même atteint la magnitude de 5,8, le 15 mai 2018. Une situation qui a amené les scientifiques à se pencher sur ce phénomène pour tenter de déterminer les causes de ces secousses répétés. Le 11 novembre dernier, des appareils de mesures du monde entier ont relevé d’étranges ondes sismiques au large de Mayotte, non-ressenties par la population. Elles pourraient être dues à l’effondrement d’une poche de magma sous-marine, qui pourrait expliquer les séismes à Mayotte.
Le navire Marion Dufresne accueille, depuis le 6 mai dernier, une mission scientifique au large de Mayotte. Une opération préparée en deux mois, contre plusieurs années en temps normal, qui a embarqué une vingtaine de scientifiques de trois instituts différents et des équipements sur mesure pour une durée de dix jours. L’objectif sera de récupérer les six sismographes déployés en février dernier dans la zone depuis le navire Ylang. « Il s’agira également d’acquérir des données de géophysique (bathymétrie, réflectivité, sismique très haute résolution) pour imager les fonds océaniques dans la zone où se produisent les séismes« , indique la préfecture de Mayotte.
En outre, quatre dossiers de demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle ont été déposés par des communes auprès d’une commission dédiée, a précisé Étienne Guillet à l’AFP. À noter que le gouvernement a également créé un nouveau poste de délégué interministériel aux risques majeurs en outre-mer (Frédéric Mortier), qui prendra ses fonctions le 15 mai prochain.
Quatre entreprises locales viennent d’ouvrir une boutique commune à Mamoudzou. La coopérative de la Maison des artisans de Mayotte permet ainsi d’offrir aux producteurs et aux consommateurs un lieu commun et central ouvert toute l’année, en dehors des événements ponctuels.
À la sortie de la barge, la nouvelle enseigne attire le regard des curieux. La Maison des artisans de Mayotte a ouvert ses portes le 19 avril dernier, dans les anciens locaux refaits à neuf du comité du tourisme, fermés depuis deux ans. « L’idée, c’est de collecter tous les produits que l’on peut trouver à Mayotte dans un point de vente central et fixe, ouvert tous les jours« , développe Marlène Fraytag. La gérante de l’entreprise Touch’ du Bois fait partie des quatre associés à avoir porté le projet d’une coopérative d’artisans mahorais. Parmi eux, Les terroirs de Mayotte, Les vergers de Mayotte et l’atelier de couture Assul. Une palette de savoir-faire.
La petite boutique propose d’ores et déjà les produits des quatre entreprises : des confitures, du miel, des jus de fruits frais, des cosmétiques naturels, des stylos et cartes de Mayotte en bois, des bijoux en argent, des vêtements sur mesure et divers accessoires. Mais de nouveaux adhérents peuvent à tout moment se greffer à la coopérative, à l’instar de l’atelier d’Ayem et de ses bijoux uniques réalisés à la main en pâte fimo.
Un gain de visibilité
« Au départ, il y a plus d’un an, nous étions neuf artisans intéressés« , se souvient Amina Housseine Dahalani, fondatrice de l’atelier de couture Assul. « Mais il fallait monter le statut de SARL pour la coopérative, investir des parts… » Autant de coûts rapidement difficiles à assumer pour un petit artisan indépendant, alors même que certains ne parviennent pas à se dégager un salaire régulier. Nombre d’entre eux, faute de trésorie notamment, pâtissent d’un manque de main d’œuvre et en conséquence, d’une production insuffisante. Et puis, « l’une des difficultés, c’est le manque de visibilité« , déplore la couturière. « Les produits artisanaux sont essentiellement visibles lors des foires« , commente à son tour Marlène Fraytag, soit une poignée de rendez-vous annuels. Alors que, nichée entre plusieurs commerces, le 5/5 et le camion rouge, la maison des artisans se situe sur un point de passage stratégique.
« J’espère que ce lieu va encourager les initiatives dans l’artisanat, parce qu’on s’aperçoit que les gens cherchent ça« , se réjouit, optimiste, Amina Housseine Dahalani. Avant d’ajouter : « Nous irons aussi au marché de Coconi, car il y a nos clients du Sud et on ne les oublie pas ! » Des clients, justement, qui commencent déjà à affluer au sein de la Maison des artisans de Mayotte, majoritairement pour les produits alimentaires qu’elle propose. En attendant de se développer, les gérants des quatre structures fondatrices assurent eux-mêmes la permanence de la boutique, dans l’espoir de pouvoir bientôt embaucher du personnel. Sous réserve de modifications, la maison des artisans est ouverte du lundi au vendredi, de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h, et de 9h à 14h le samedi. Une inauguration se tiendra après le mois de ramadan.
Mahorais d’adoption depuis quelques mois, Claude Jaquier a choisi de se consacrer à Mayotte et sa biodiversité. Cet amoureux de la nature est à l’origine de la campagne « maoré a dit » et du trashtag challenge de Mayotte.
« Mon nom est Claude Jaquier. Jaquier comme l’arbre des tropiques. Comme quoi j’étais prédestiné à venir à Mayotte. » Ce métropolitain pure souche, autodidacte du monde des médias et de la communication, a beaucoup sillonné la métropole avant d’accoster à Mayotte. L’île au parfum « ça fait 10 ans » qu’il essaie d’y venir. L’hiver dernier lorsqu’il apprend que la fédération Mayotte Nature Environnement recherche un responsable communication, il fonce. « Je sortais d’une expérience en collectivité territoriale avec des politiques nauséabondes, j’avais besoin d’un grand bol d’air. Ici, je l’ai trouvé, » confie Claude les yeux tournés vers le lagon, bien loin du froid métropolitain.
Les affiches taille géante « Maoré a dit, respecte-moi, respecte-toi », placardées sur les panneaux publicitaires au bord des routes, c’est Claude qui en est à l’origine. En plus de son poste de responsable communication de la Fédération Mayotte Nature Environnement, il est également animateur pour « Maoré a dit », cette stratégie de communication environnementale à Mayotte et pour Mayotte. « La nature et la jeunesse sont les richesses de l’île, elles doivent être au cœur des problématiques futures », lâche cet amoureux de la nature. Il évoque la flore « si riche » de l’île avec passion. Durant son temps libre, Claude œuvre également pour l’environnement. Le Trashtag Challenge, qui enflamme mondialement les réseaux sociaux ces derniers mois, a sa version mahoraise grâce à Claude et deux amis. Ce challenge, lancé par un activiste algérien, a pour principe de nettoyer un endroit plein de déchets et de poster une photo avant et après sur les réseaux sociaux. Dans l’œil du community manager, le challenge s’est vite dépeint comme simple et ludique, une initiative qui pourrait plaire à un vaste public connecté. « On s’est rapidement dit : il faut le faire, ça va marcher ! » Le 22 mars, la page Facebook « Trashtag Challenge Mayotte » est lancée. Au compteur : plus de 400 likes. Sa description est simple : « C’est dégueulasse, tu snap ! C’est cleané, tu re-snap ! Et ne sois pas gêné de poser avec tes sacs poubelles. » Depuis, tous les samedis, les trois amis et une dizaine de volontaires se donnent rendez-vous à 9h pour un « ramassage citoyen ». Ce genre d’action est « indispensable » pour Claude. « C’est simple, tout le monde peut le pratiquer et même si c’est un petit geste, ça compte » lâche-t-il, en observant avec amusement un maki dans un arbre voisin. Optimiste, il espère que les habitants de Mayotte prendront rapidement conscience des enjeux environnementaux, « sinon dans 10 ans Mayotte sera une poubelle à ciel ouvert, c’est aussi simple que ça ».
À Mayotte il faut avoir envie de découvrir
Rétrospectif sur ses quatre mois de découverte mahoraise, Claude pense rester. « Souvent on dit qu’il faut trois mois pour savoir si le corps et l’esprit s’acclimatent, je sais que c’est bon pour moi. J’aime mon travail, j’aime les gens, j’aime ma vie. » En réalité, dès son deuxième jour sur l’île, il savait qu’il s’y plairait. Cigarette entre les doigts, il se remémore son premier lever de soleil à Doujani : « c’était magique ». Pour lui, la culture mahoraise est une belle palette de couleurs : les salouvas, les fruits, la forêt, le lagon, etc. Sa seule frustration quotidienne reste la langue locale. Et c’est d’ailleurs pour ça que Claude a débuté des cours de shimaoré. Il se donne six mois pour le comprendre, un an pour le parler. « Pour comprendre Mayotte, c’est indispensable. D’ailleurs si on se contente de la vision des médias métropolitains on ne comprend pas, et surtout on ne vient pas » lâche Claude. Il se rappelle les mois qui ont précédé son départ. Lorsqu’il a commencé à se renseigner sur Mayotte, « tout était négatif ». Alors il a arrêté. « De toute façon à Mayotte il faut avoir envie de découvrir ! »
Mon endroit favori
« Mon endroit favori ? Je dirais Doujani. Doujani car c’est là que mon aventure mahoraise a commencé. Et parce que c’est un quartier cosmopolite, avec des Mahorais, des Anjouanais, une communauté espagnole. Là-bas, j’ai trouvé un quartier typique de Mayotte, avec une vie locale où on est proches des gens. Je me suis fait accueillir comme si j’étais chez moi. Ça m’a humainement marqué. »
Mon meilleur souvenir à Mayotte
« J’en ai déjà plein en si peu de temps ! Mais mon meilleur souvenir mahorais reste la trouvaille de la plage Papani, en Petite-Terre. À la base c’était un ramassage de déchets avec deux amis, qui s’est très vite transformé en trek de 2h30. Falaise abrupte, 10 mètres de corde, pente boueuse : un véritable parcours du combattant… en tongs ! Et en surprise, à notre arrivée, la plage était propre, comme elle est quasi inaccessible. C’était un peu frustrant, mais en même temps tellement satisfaisant d’enfin trouver cette plage au-delà de toute cette galère. Cette plage est magnifique, c’est un endroit, non pas à conseiller, mais à découvrir. C’est plein de petites circonstances qui en font un grand souvenir. »
Mon œuvre préférée
« Sans hésiter : Éloges, de Saint-John Perse. Ce recueil de poésie me suit depuis 30 ans, c’était le dernier cadeau de mon père. Je suis un amoureux de la poésie. Je suis d’ailleurs plus une âme vagabonde qu’un romantique, et ce recueil est un véritable voyage dans les îles. Chaque poème est un tableau. Même si l’écrit est un peu dur d’approche, de par sa syntaxe érudite, c’est très imagé. On se laisse porter par la mélodie, les paysages, les odeurs et les couleurs. C’est une photo qui magnifie la vie sous les tropiques. Sans faire mon Jean-Claude Dusse (un des personnages des films Les Bronzés, ndlr), c’est vraiment le kiff de le lire sur la plage ! »
Ma photo marquante
« Ma première rencontre avec les makis. Je travaillais le soir sur ma terrasse et là, des bruits étranges pour un mzungu à peine débarqué. La surprise, des dizaines de makis en transhumance entre la mangrove de Kaweni et les hauteurs de la Convalescence. L’appareil à portée de la main je shoote ! Lui a semblé être le chef et s’est approché au plus près. Un genre de mutant style Terminator ! On est restés tous les deux figés un long moment. Depuis, il ne manque pas de me saluer à chaque passage. »
Ma bonne idée pour mayotte
« Il faut un véritable skate park digne de ce nom à Mayotte. Ici, les enfants jouent partout et tout le temps, ce qui est génial. Mais beaucoup d’associations environnementales leur tapent sur les doigts quand, par exemple, ils jouent dans la mangrove. Je pense qu’on devrait à tous leur donner un BMX pour qu’ils fassent de la rampe et du street. Ce n’est pas le mobilier urbain qui manque ! Le skate ou le roller c’est mort ici, alors que le BMX ça passe de partout. Je pense même que Mayotte pourrait être un spot mondial de BMX ! »
Recycler le verre à mayotte
« Je pense qu’on devrait rétablir, ou établir, des machines de consignes pour les bouteilles en verre et les canettes en métal. On peut largement recycler le verre à Mayotte, il faut de l’eau et du sable ! J’ai habité dans les Ardennes pendant longtemps, et là-bas, pas une bouteille en verre ne traine. Pourquoi ? Car les gens les ramassent et vont les faire consigner en Belgique. Ça leur fait quelques sous et la planète se porte mieux. Je pense que ce serait une bonne idée pour Mayotte. Chaque citoyen doit se prendre en main. C’est ce qui est préconisé avec le Tashtag Challenge. On peut tous le faire à notre échelle, dans nos quartiers et il y a le côté réseau social qui est ludique. »
Une polémique de plus pour Air Austral. Suite à des propos publiés dans la presse régionale concernant le vol annulé du lundi 6 mai Paris / Dzaoudzi, Mansour Kamardine monte au créneau pour apporter une autre version de l’incident. Dans un communiqué, le député LR dément point par point les raisons invoquées par la compagnie pour justifier l’annulation du vol.
Lundi soir, les passagers du vol Paris / Dzaoudzi n’ont finalement pas décollé en raison d’une prétendue « émeute » au sein de l’appareil, encore au sol, selon nos confrères de Linfo.Re qui relatent des propos d’Air Austral. En effet, les voyageurs auraient manifesté un fort mécontentement après avoir appris que le vol initialement direct allait être dérouté à La Réunion. Selon la compagnie aérienne, cette situation aurait même nécessité l’intervention de la police aux frontières (PAF).
Le député Mansour Kamardine (LR), présent parmi les passagers de l’avion lundi, affirme ne pas avoir vécu de « situation d’émeute« , indique-t-il mardi dans un communiqué. Au moment de l’annonce du changement d’itinéraire, les passagers ont tout simplement « protesté après 4 heures d’attente« . Il n’y a pas eu non plus d’intervention de la police aux frontières pour rétablir l’ordre dans l’appareil, dément-il. Il dénonce une « manœuvre » de la compagnie réunionnaise pour inverser les rôles en matière de responsabilité. « Air Austral justifie ses manquements à l’égard des passagers à destination de Mayotte en prétextant leur attitude alors qu’ils sont pourtant ceux qui subissent le traitement d’une compagnie aux attitudes qui s’apparentent à celles d’un colon des temps anciens« , proteste encore le parlementaire.
La célèbre compagnie de l’île Bourbon n’en est pas à sa première polémique. Elle aurait pour habitude de se dédouaner en accusant à tort les voyageurs à destination de Mayotte, selon l’élu. Le député mahorais préconise ainsi la création rapide d’une association de défense des usagers et des clients d’Air Austral « pour faire valoir les droits des passagers« . Cet outil permettra aux voyageurs de pouvoir bénéficier des « droits à indemnisation pour les retards et annulations telle que prévue par la réglementation européenne ainsi que les droits à indemnisation au civil pour les manœuvres commerciales et logistiques trompeuses à l’égard des usagers ». Mansour Kamardine souligne également dans son communiqué l’une des principales revendications des habitants de l’île, à savoir « l’ouverture du ciel mahorais » avec la construction de la piste longue convergente afin de pouvoir accueillir les vols long-courriers.
Cette énième incident ne devrait pas être de nature à calmer les relations houleuses entre la compagnie réunionnaise et ses clients de l’île aux parfums.
Des versions concordantes
Un passager du même vol nous a fait part du déroulé des évènements durant l’incident : les voyageurs bloqués au sol, l’avion qui devait partir à 20h (heure de métropole) et l’annonce du « remplacement d’une pièce de l’appareil« . Il confirme le témoignage du député sur la durée d’attente (4 heures), l’annonce vers minuit d’un potentiel départ vers La Réunion et l’annulation du vol à 1h du matin avec un contrôle d’identité à la descente de l’avion. Ce lecteur du Flash Infos ajoute également « ne pas avoir de chance » dans son mail pour avoir vécu pareille situation au début de l’année : « En janvier, déjà 24 heures de retard. Nous avions dormi à l’aérogare avec, en prime, pas d’hébergement à l’hôtel« .
Du haut de ses 25 ans, Mourchide Soiffane dédie sa carrière à la jeunesse. Entre activités ludiques et lutte contre la délinquance, le jeune homme de Koungou a plus d’une corde à son arc.
Mourchide Soiffane s’est forgé de ses échecs. Le jeune homme de Koungou a obtenu son baccalauréat professionnel comptabilité au lycée de Petite-Terre en 2012. Il poursuit avec un Brevet de technicien supérieur (BTS) Comptabilité des gestions et des organisations (CGO) au sein du même établissement. N’obtenant pas la moyenne requise, l’étudiant de l’époque se voit refuser l’accès à la deuxième année. Ce dernier décide alors de prendre la direction de Poitiers (86) où un lycée accepte sa candidature pour sa deuxième année de BTS CGO. L’étudiant de l’époque n’obtiendra pas son diplôme suite à une déconvenue liée à son arrivée tardive dans l’Hexagone. Le jeune homme ne baisse pas les bras pour autant et se forme sur le tas avant de regagner l’île en 2015.
C’est d’abord au sein du collège de Majicavo Lamir qu’il officie en tant qu’assistant d’éducation (AED). Une année plus tard, il prend une nouvelle direction, mais ne trouve pas son bonheur en tant qu’assistant de direction dans un garage. Il y restera six mois avant de retourner au plus près de la jeunesse.
Au service de la jeunesse
Durant toutes ces années, Mourchide Soiffane s’est découvert une réelle appétence pour le monde associatif. De 2012 à 2014, il œuvre en tant que trésorier au sein de l’association Walid pour un avenir meilleur, qui apporte un soutien scolaire aux jeunes de Majicavo Lamir. Il intègre ensuite l’association Tani Mazava toujours en tant que trésorier où il se consacre à la lutte contre la délinquance, l’éducation des jeunes déscolarisés et la préservation de l’environnement à Majicavo Lamir. C’est en 2017, que le jeune homme de Koungou fonde sa propre Association des jeunes de Majicavo Lamir pour la lutte contre la délinquance (AJMLD). Une sorte de consécration pour celui qui a toujours voulu travailler et « aider les jeunes à s’en sortir ». Les mots d’ordre restent les mêmes : « prévention et lutte contre la délinquance » par le biais d’accompagnements éducatifs. Avec ses huit membres, l’association prend sous son aile une soixantaine de jeunes du village âgés de 9 à 25 ans. Outre le soutien scolaire, le projet « De la lumière dans nos bangas » est porté par l’assistant d’éducation et Attoumani El Amine, professeur au collège de Majicavo Lamir et trésorier de l’association. « Nous proposons une approche alternative pour ne pas faire comme l’Éducation nationale », explique Mourchide Soiffane. Des activités sont ainsi mises en place pour « augmenter le capital social » des jeunes et « leur donner la possibilité d’apprendre autrement ».
Mourchide Soiffane distingue quatre points importants auxquels s’attèle l’équipe : susciter l’intérêt culturel, apporter un éveil à la culture médiatique, aux enjeux politiques, sociaux et philosophiques, ainsi qu’apporter une aide à la parentalité avec des cours d’alphabétisation « pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller àl’école ».
Une des richesses de l’association reste le mélange culturel des membres du comité de direction tous issus d’horizons professionnels différents. Un moyen également de mettre leurs compétences plurielles au service de la jeunesse. Si l’association est toute jeune, elle travaille d’ores et déjà en étroite collaboration avec le collège de Majicavo Lamir qui lui fournit de temps en temps des fournitures scolaires. L’association bénéficie du soutien de la préfecture, la mairie de Koungou et la Direction de la jeunesse des sports et de la cohésion sociale.
Le sport mahorais est un immense chantier en construction, mais un chantier sans véritable architecte à sa tête pour le diriger. Aujourd’hui, le département, l’état et le CROS Mayotte semblent décidés à prendre, ensemble, le dossier à bras le corps. Fin 2018, ils ont organisé les premières assises du sport de Mayotte. En présence d’experts, de spécialistes, de dirigeants sportifs et autres bénévoles, toutes les facettes du sport mahorais ont été brossées à travers sept tables rondes. En ce mois de mai 2019, les trois institutions s’apprêtent à réaliser le diagnostic de ces tables rondes pour créer le schéma directeur de développement du sport. Voici huit perspectives de développement évoquées durant les assises, susceptibles d’apparaitre dans le diagnostic.
METTRE L’ACCENTSUR LA FORMATION DES DIRIGEANTS ASSOCIATIFS
« Le rôle du président, du secrétaire, du trésorier dans une association sportive n’est plus ce qu’il était : c’est devenu une véritable responsabilité », a estimé Monique Cathala, présidente du Comité régional olympique et sportif de la Réunion.
Au cours de la table ronde intitulée « Sport, emploi et formation », les experts ont convenu que la grande majorité des dirigeants de clubs, de comités et de ligues à Mayotte manquaient de compétences dans leur fonction de gestionnaires administratives et/ou financières au sein de leur association. Ces compétences sont pourtant essentielles afin d’éviter des dysfonctionnements qui, dans le pire des cas, peuvent conduire ces dirigeants à la prison. Reconnaissant le fait que les associations sportives mahoraises ne disposent pas de moyens financiers suffisants pour employer des spécialistes en matière de gestion administrative ou de gestion budgétaire, les autorités ont estimé qu’il était de leur devoir de favoriser la formation des dirigeants bénévoles d’associations, et donc, de mener une réflexion qui définirait la façon dont cela pourrait se mettre en place.
CONSTRUIRE UNE INFRASTRUCTURE SPORTIVE AUX NORMES EUROPÉENNES PAR DISCIPLINE
Après de multiples réunions et de nombreuses discordances, le Cros Mayotte, le Département et la DJSCS État ont trouvé un point d’entente sur la possibilité d’organiser des Jeux des îles de l’océan Indien à Mayotte. Ainsi, le Cros Mayotte, soutenu par les deux derniers, candidate auprès du Conseil international des Jeux (Cij) pour l’organisation des JIOI 2027. L’un des objectifs étant de voir pousser dans les toutes prochaines années des infrastructures sportives. Le souhait émis par le Cros durant la table ronde sur les équipements sportifs est de pouvoir accueillir et organiser des compétitions nationales et internationales – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. L’idée est ainsi de disposer d’une infrastructure sportive aux normes européennes par discipline. Dans cette optique, le président du Cros Madi Vita a déploré que les 4M d’euros pour le sport promis par l’État durant la grève de 2018 aient servi à financer plusieurs petits projets, plutôt qu’un seul, mais grand projet. Il a suggéré que les fonds disponibles puissent à l’avenir être utilisés de façon plus cohérente et coordonnée. Un avis qu’ont semblé partager les experts et spécialistes autour de la table ronde.
S’APPUYER SUR LES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS DES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES
Pour certaines associations, le manque d’infrastructures sportives est la cause directe de leur disparition. C’était le cas du deuxième plus grand club de tennis de Mayotte, le Tennis Club de Kavani, à l’amorce des travaux de rénovation du stade de Kavani en 2016… C’est le cas aujourd’hui du deuxième plus grand club de tennis de table de l’île : le Tennis de Table Club de Labattoir. Pour participer à pallier aux nombreuses difficultés des clubs dues au manque d’équipements sportifs homologués ou, ne serait-ce, en état de fonctionnement, le Vice-rectorat a proposé aux dirigeants associatifs de se rapprocher davantage des établissements scolaires. Ceux-ci disposent en effet d’équipements sportifs suffisamment conformes pour permettre aux clubs de s’entrainer voire, pour certaines disciplines, d’y organiser des compétitions. Lorsque Mohamed Ahmada Tostao, vice-président du Cros en charge de la professionnalisation a relevé la réticence de certains proviseurs, Jean Maurice Soldan, inspecteur pédagogique régional EPS au Vice-rectorat – ayant quitté ses fonctions à Mayotte entre temps – a invité quiconque rencontrant des difficultés avec les responsables d’établissements scolaires à passer directement par la maison mère, et promis à un déblocage de la situation.
ASSOCIER LES PARENTS DANS LA VIE ASSOCIATIVE ET LA RECHERCHE DE LA PERFORMANCE
Lors de la table ronde sur le Sport performance, le lien a été établi entre le fait d’avoir des parents ouverts, compréhensifs et actifs autour de l’activité de l’enfant, et les performances de l’enfant au sein de son activité. Aussi, Bahedja Souhaïli et Julien Ramiandrisoa, deux personnalités du football mahorais ont établi un constat amer sur l’absence d’engagement d’une immense majorité de parents à Mayotte. Une position confortée par l’assistance : des témoignages faisant même état d’attitudes contre productives de la part de certains parents. Les deux anciens footballeurs et dirigeants sportifs ont appelé à un changement de mentalité général et soumis l’idée de créer des ateliers dans les communes, dirigés vers les parents. Ceci afin de les impliquer dans la vie associative et sportive de leur(s) enfant(s) et augmenter ses (leurs) chance(s) de performance. Pour David Hervé, en charge du sport santé à la DJSCS, qui soutient la réflexion, la démarche doit être conduite par les « anciens » directement, qui trouveraient mieux que personne les mots pour convaincre les parents mahorais de changer de mentalité.
DISSOCIER L’ACTIVITÉ PHYSIQUE DE L’ACTIVITÉ SPORTIVE
En 2019, le Cros Mayotte en partenariat avec l’Agence régionale de la santé océan Indien et l’association Rédiab’Ylang a lancé une grande campagne de prévention et de communication autour du sport santé, et particulièrement autour du concept « Mangez sain, bougez malin ». Elle consiste principalement à inciter la population à adopter une alimentation équilibrée et à pratiquer une activité physique régulière. Pour l’ouverture des assises du sport, en introduction de la première table ronde sur le sport santé bien-être, Julien Thiria de l’ARS OI a signalé le fait qu’une activité physique n’était pas forcément une activité sportive. « Faire le ménage, c’est une activité physique… On n’a pas forcément besoin d’enfiler des chaussures de sport et de partir courir : on peut avoir une activité physique de manière quotidienne et assez simple, tout simplement en s’entretenant. » La campagne du Cros et de l’ARS n’est qu’une action parmi d’autres, mise en place pour promouvoir la pratique d’une activité physique. La DJSCS État, le Cros et différents organismes sont actifs sur le sujet, et n’ont pas manqué d’évoquer de nouvelles pistes pour renforcer leur action.
OPPOSER RÉGULIÈREMENT LES ATHLÈTES MAHORAIS À MEILLEURS QU’EUX
« Comment accompagner les sportifs mahorais à être plus performants et compétitifs localement et au-delà de nos frontières ? » Tel était la question d’introduction de la table ronde sur le Sport performance. À cette interrogation est apparue une réponse évidente : celle d’opposer les sportifs mahorais à des adversaires de niveau équivalent ou de meilleur niveau. Les experts ont ainsi souligné la nécessité pour les clubs locaux de pouvoir participer à des compétitions régionales ou nationales. « C’est bien d’être le meilleur du quartier ou du village, mais ce n’est pas la même chose qu’être le meilleur dans un autre pays ou dans une autre région », a affirmé Patrick Bonfils. Le Conseil départemental a indiqué que les échanges sportifs étaient soutenus, et qu’ils allaient l’être davantage dans les années à venir. L’État, de son côté, a rappelé qu’un dispositif était en place en soutien à ces échanges : le Fonds d’échanges à but éducatif, culturel et sportif (Fébecs). « Confronter les jeunes sportifs mahorais à des adversaires de meilleur niveau n’implique pas forcément de voyager », a noté David Hervé. « Si par exemple, on parle d’une sélection de U13, hé bien on peut très bien l’opposer à une équipe U15 ou U16 de Mayotte. Il y a d’autres façons de procéder : on peut s’adapter ».
COMMUNIQUER SUR LES AIDES EXISTANTES ET LES INSTITUTIONS À SOLLICITER
Durant la table ronde « Sport, formation et emploi », de nombreux dispositifs de soutien aux associations sportives ont été présentés par les spécialistes invités. Exemple avec la Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Dieccte) de Mayotte et son « Créfop » : une commission régionale qui a à charge de coordonner l’action dans le domaine de la formation, de l’emploi et de l’orientation – notamment du secteur sportif. Ou le Feader : des fonds européens auxquels les comités et ligues sportives peuvent prétendre. « Il y a une chose sur laquelle nous nous accordons autour de cette table : il y a des fonds ! Il faut aller les chercher là où ils sont, donc savoir taper dans les bonnes portes », a indiqué Joseph Marie Ndzanah, en charge du dialogue social et des règlements du Code du travail à la Dieccte. Certaines voix se sont élevées pour faire remarquer que les dirigeants sportifs mahorais avaient méconnaissance de ces dispositifs. Et ont prôné des actions de communication à grande échelle de la part des organismes porteurs de ces dispositifs, en direction des dirigeants sportifs.
DÉVELOPPER LA COOPÉRATION RÉGIONALE
Tout au long des trois jours et des sept tables rondes qu’ont animées ses premières assises, de nombreux points communs entre les acteurs du sport mahorais et réunionnais sont apparus. Parmi ces points communs, on relève les projets de développement régional. Coopérer avec de nouveaux pays de la région océan Indien, en particulier les pays de l’Afrique de l’Est, est une option fortement envisagée par les dirigeants sportifs et politiques de Mayotte et de la Réunion. Le travail de coopération internationale élargie serait même déjà enclenché, selon le Département. « Nous avons d’ores et déjà entrepris des démarches avec cette partie de notre région. Nous avons bon espoir que de belles choses se mettent entre Mayotte et de grands pays du continent africain », a affirmé Bourouhane Allaoui, vice-président du Conseil départemental. Même son de cloche du côté de la DJSCS : « Une enveloppe a été débloquée par le Ministère pour les deux DJSCS et le Creps de la Réunion, pour un travail dans ce sens », a informé Patrick Bonfils.
Durant le ramadan, la population peut avoir le sentiment que l’économie tourne au ralenti. Pourtant, les grands groupes de distribution savent que cette période est importante pour eux. Chacun joue la carte de la promotion pour fidéliser les clients et remplir leurs chariots de tous les produits indispensables pour le mois du jeûne.
Pour le centre commercial Baobab, ouvert depuis novembre 2018, cela sera une grande première. « Nous avons augmenté les stocks de 30 % en prévision du ramadan », souligne Nassroudrine Mlanao, directeur d’exploitation à Sodifram. Difficile toutefois d’en savoir davantage sur la politique engagée : « C’est un secret de fabrique vis-à-vis de nos concurrents », sourit-il. Seule certitude, les produits incontournables, comme la farine, le sucre, la viande et la tomate pelée, seront disponibles en grande quantité et à des prix réduits.
De manière plus générale, le groupe Sodifram, implantée depuis 1992 sur l’île aux parfums, se tient prêt à répondre aux attentes des clients. Commencées lundi 29 avril, les promotions se font sur « 20 % des produits les plus sollicités, qui représentent 80 % de notre chiffre d’affaires », confie Bruno Mussard, superviseur réseau et directeur des produits frais. Et pour ne pas revivre les pénuries habituelles lors de ce mois sacré, l’enseigne a pris les devants. « Deux containers de samoussas et deux autres de dattes doivent arriver. Nous ne rencontrerons pas de problèmes à l’inverse de l’an dernier », assure-t-il.
Selon Mohamed Sidi également, président suppléant du port de Longoni, « beaucoup de marchandises arrivent ces derniers jours, car le ramadan est propice au commerce » (voir encadré).
Même son de cloche à Somaco où l’on promet « des prix bas sur les produits phares du ramadan ». Pour une raison simple, « nous savons que ça va bien partir ! » Des diminutions de plusieurs centimes sont donc à prévoir : -16 % sur certains laits, -20 % sur le sel fin 500 grammes, -18 % sur les 400 grammes de tomates pelées, -20 % sur les 500 grammes de vermicelles, -19 % sur les 20 kilogrammes de maquereaux, etc. Le groupe en profite aussi pour casser les prix sur le petit électroménager, comme certains robots de cuisine qui voient leurs prix baisser de plus de 20 %, ou autre blender qui perdent jusqu’à la moitié de leur prix habituel. Et ce n’est pas tout. « Nous faisons le maximum pour proposer le plus de fruits possible à notre clientèle », affirme l’enseigne. Dattes, poires, pommes, oranges, raisins et bananes vont ainsi garnir les étals des rayons.
Si chaque groupe de distribution mène sa barque comme bon lui semble, tous sont unanimes sur un point : « C’est une période très active au début et à la fin, avec un creux au milieu. C’est très particulier. » En conclusion, la période du ramadan n’entraîne pas l’envolée de l’indice des prix, comme le confirme Jamel Mekkaoui, chef du service régional de l’INSEE Mayotte : « À l’exception de l’année 2016 où le prix de l’alimentation avait nettement progressé, on ne note pas d’impact spécifique du mois de ramadan. »
Crédits
Pic d’activité quelques semaines avant le ramadan pour l’Adie.
En 2008, l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) de Mayotte s’est organisée pour pouvoir proposer un microcrédit spécialement adapté aux petits entrepreneurs qui souhaitent étoffer leur stock en prévision des festivités du Ramadan. L’idée ? Rebondir sur le ramadan pour faire connaître les activités de l’association. Avec succès : « Les commerçants connaissent très bien l’Adie aujourd’hui et cette opération n’existe plus depuis maintenant quatre ans sous cette forme [liée au ramadan] », précise David Gondonneau, directeur régional Adie Réunion-Mayotte. Si l’idée de départ de ces campagnes annuelles de communication était d’attirer le regard et de faire parler de la structure dans le but de la faire connaître, ce prêt avantageux et sans frais est désormais rentré dans les moeurs au fil du temps : « chaque année, nous observons, deux à trois mois avant le ramadan, un pic d’activité. » Du mois de janvier à avril compris, l’association a en effet injecté 3,4 millions d’euros dans l’économie locale (8,43 millions d’euros sur l’ensemble de l’année 2018). Ce montant a permis de financer 370 personnes. Sur les 129 créations d’entreprises, 60 % sont dans le commerce. Parmi les 241 microcrédits renouvelés, 180 concernent des commerçants. Il s’agit principalement de vendeurs sur le marché comme des commerces sédentaires (doukas, vêtements, chaussures, etc.).
Aérien
« Durant le ramadan, nous divisons le nombre de vols par deux. »
Pour les compagnies aériennes, le ramadan est synonyme de période creuse, comme l’explique Ayub Ingar, directeur d’Ewa Air. Pour la prévenir, l’anticipation est le mot d’ordre. « Lorsque nous faisons notre budget en début d’année, nous prévoyons un programme d’allègement et nous régulons 40 à 45 % de nos vols. Lorsqu’il y a un coefficient de remplissage de 10 ou 12 %, nous préférons décaler ou annuler. » Entendez par là que sur les 25 à 30 départs prévus chaque semaine, seuls la moitié s’envolent réellement.
Cette année est d’autant plus délicate que le ramadan tombe en plein milieu des vacances scolaires. Le programme normal des vols reprendra, lui, son cours habituel trois jours avant la fin du ramadan pour permettre aux musulmans de « passer l’Aïd aux Comores ou à Madagascar avec le reste de la famille ». Toutefois, le directeur souligne qu’une fois le mois du jeûne terminée, « beaucoup de gens partent s’aérer l’esprit le week-end, notamment à Majunga ». Mais une chose est sure, des turbulences sont à prévoir pour les compagnies aériennes durant le ramadan : « nous tournons au ralenti. »
Port
Un accroissement de l’activité.
Du côté du port de Longoni, les deux effectifs de quarante personnes n’ont pas arrêté une seule minute cette semaine. « Par rapport à l’an dernier, le nombre de containers a bien augmenté », confie l’un des employés. « Je pense que les gens ont pris les devants. » Pour preuve, un navire arrivé dimanche dernier a donné du fil à retordre pendant deux jours aux agents. Il y avait 578 containers d’import et environ 270 de transbordement. « Les parcs sont remplis », précise-t-il. Un autre navire transportant plus de 200 containers doit également suivre et se présenter le 5 mai.
Une fois débarqués, les containers sont récupérés au compte-goutte par les particuliers et les entreprises. « Pendant le ramadan, c’est la cohue ! Les groupes de grande distribution peuvent en chercher jusqu’à une trentaine par jour. » En somme : une véritable course
Deux syndicats ont lancé un préavis de grève à destination de la direction du Service départemental d’incendie et de secours de Mayotte. Amélioration des conditions de travail, primes, état des casernes, mutuelle, formations, ou encore volontariat, sont au centre des revendications. La direction se prépare pour assurer le service minimum avant de reprendre le dialogue social.
Dans un courrier reçu le 30 avril par le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS), les syndicats Snspp-Pats 976 et Spv-Fo 976 dénoncent les difficultés que les sapeurs-pompiers de Mayotte rencontrent dans l’accomplissement de leurs missions dans le domaine opérationnel, l’état de l’hygiène dans les centres de secours, de la santé du personnel et de la sécurité. Ainsi, l’intersyndicale revendique-t-elle la mise en place immédiate d’une complémentaire santé et exige des améliorations des conditions de travail, jusqu’au passage en revue des fournitures annuelles pour l’habillement (deux pantalons et trois t-shirts). Ce n’est pas tout. Elle demande que la prime « indemnité d’administration et de technicité » soit revue à la hausse « comme prévu […] alors que l’ensemble de l’état-major se donne une indemnité forfaitaire pour travaux supplémentaires de coefficient 8, le taux maximal qui équivaut de 600 euros à 1.200 euros par mois« . Parmi les autres revendications, l’état des casernes de Chirongui et de Kahani ou encore la mise en place« sans délai » d’un réfectoire pour les personnels administratifs, techniques et spécialisés au centre Kinga sont en ligne de mire.
Les présidents des organisations syndicales, Ahmed Allaoui Abdoul-Karim (Snspp-Pats 976) et Hassani Harithi (Spv-Fo 976), veulent un vrai suivi de carrière mais aussi « la fin des mesures discriminatoires concernant les demandes de formation des formateurs mahorais« . Ils veulent également un éclaircissement du statut des agents du Centre de traitement de l’alerte (CTA) et du Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (Codis) et la mise en place immédiate d’un règlement intérieur. Au sujet des volontaires, ils exigent que le système d’indemnisation actuel des vacations soit garanti et une augmentation des garde de 6 à 8 par mois selon les disponibilités. « Nous sommes prêts et déterminés pour obtenir satisfaction car depuis longtemps, nous faisons face à un dialogue de sourds, nous communiquons avec des gens qui ne nous respectent pas et ne respectent plus le travail fourni par les sapeurs-pompiers« , dénoncent-ils. De ce fait, en l’absence d’un engagement écrit avec signature de la présidente du SDIS et du préfet, l’intersyndicale compte procéder à un mouvement de débrayage d’une journée à partir du jeudi 9 mai.
Plusieurs revendications « déjà en discussion »
Joint par téléphone, le colonel Robert, adjoint au directeur du SDIS, explique avoir « bien reçu le préavis » et en avoir « pris acte« . Avant d’ajouter : « on va mesurer l’importance de ce mouvement, qui ne concerne pas l’intégralité des syndicats. » Malgré l’activité opérationnelle de ces dernières semaines, suite au passage du cyclone Kenneth et de l’envoi de sapeurs-pompiers aux Comores, « on se prépare pour assurer le service minimum« , indique le responsable. Concernant les relations avec les syndicats, le numéro 2 du SDIS précise que « le dialogue social est cadencé à une réunion toutes les six semaines » et que « bon nombre de leurs revendications sont déjà en discussion et sur la table des négociations« . « Les choses prennent plus de temps ici qu’ailleurs. Peut-être font-ils preuve d’impatience« , avance-t-il. L’intersyndicale, elle, dit se garder le droit de reconduire le mouvement en grève illimité à partir du 1er juillet de manière « à boycotter la participation des sapeurs-pompiers au défilé du 14 juillet« .
Le chercheur et linguiste mahorais, Mlaïli Condro, nous livre son analyse sur les divers changements constatés au fil du temps quant à la pratique du ramadan à Mayotte. Lorsqu’on parle du Mayotte d’avant, la nostalgie prend souvent le dessus. De nombreux croyants évoquent la convivialité, la solidarité, l’entraide, le partage et la sérénité qui régnaient alors pendant cette période si importante pour les musulmans.
Flash Infos : Quels sont les changements que vous avez pu constater ces dernières années concernant la pratique du ramadan à Mayotte ?
Mlaïli Condro : Le Ramadan reste l’un des cinq piliers de l’Islam, sur ce point là il n’y pas de changement. Il faut suivre les rites : ne pas manger, ne pas boire, respecter les horaires de prise de repas entre le début de la journée et la fin de journée. Éviter de faire des choses interdites pendant ce mois, considérées comme des péchés. Le musulman en a fait un moment de convivialité. Partager le repas en famille, entre voisins et même avec des étrangers. Aider son prochain plus qu’à l’accoutumée, faire bonne œuvre en multipliant les bonnes actions. C’est un moment de fête pour les Mahorais avec des festivités et des activités. Le Mourengué – la boxe traditionnelle mahoraise au son des tambours – par exemple, fait partie de ces activités festives qui rythment le mois de ramadan. Il est désormais question de les interdire. La commune de Chirongui le fait déjà pour éviter les troubles à l’ordre public. Par ailleurs, on remarque aussi une tendance à un mouvement austère de la religion porté par certains religieux. Ces « djaoulat« , qui veulent une application stricte de la religion, sont opposés à ces formes de réjouissances. Cela prive les Mahorais de ces moments de convivialité auxquels ils tiennent beaucoup.
FI : Qu’en est-il de la rupture du jeûne ?
MC : Le changement que l’on constate également, est qu’avec la transformation de l’habitat mahorais à la fin des années 1970 et le début des années 1980, le moment de partage du repas et sa préparation ont évolué. L’ancien habitat mahorais, qui suscite beaucoup de nostalgie aujourd’hui, disposait d’une grande cour, souvent e de manière à communiquer avec celle des voisins. Les gens se côtoyaient, participaient ensemble aux préparatifs du grand repas de rupture du jeûne : l’iftar (ou foutari). Les voisins se retrouvaient pour piller le riz ensemble par exemple. Ils retrouvaient le soir pour manger, boire, échanger, discuter et partager des moments de vie. La reconfiguration de l’habitat a donc aussi transformé ces repas. Le nombre de convives a considérablement diminué. Aujourd’hui il y a un retour, mais pas sous la même forme. C’est le fameux « foutari géant » qui se fait entre collègues de travail, dans le quartier, au sein des associations ou bien avec les grandes familles mahoraises qui ont leurs membres éparpillés aux quatre coins de l’île. Il y a de la convivialité, mais cette nouvelle tendance vise plus à afficher les positions sociales des uns et des autres, en transformant les grands moments du foutari. La société de consommation a aussi contribué à faire évoluer les choses.
FI : La pratique a-t-elle tendance à s’uniformiser ou conserve-t-elle ses spécificités ?
MC : Auparavant, il n’y avait pas école pendant le mois de ramadan dans les années 1980. Dans les années 1990, on a commencé à réduire les heures cours dans les établissements scolaires. C’est une réelle prise en compte de cet aspect de la part de l’État à Mayotte. Parmi les tentatives de changement, il y a aussi ces religieux qui veulent purifier ce mois en éliminant les éléments qu’ils considèrent comme païens. L’islam, arrivé par le soufisme à Mayotte, se manifeste par une forme de joie. C’est un rapport avec la religion assez singulier. La mondialisation apporte un autre rapport à la religion. Une remise en cause qui s’accompagne de changements positifs, mais aussi négatifs. On réévalue nos pratiques à l’aune des leurs (…) Il convient de définir la culture mahoraise comme une culture de mélanges, du point de vue d’une personne extérieure qui y verra du syncrétisme. Les Mahorais se considèrent comme musulmans, y compris dans les pratiques animistes. C’est le « vrai » monothéisme. On prend le risque de vouloir purifier les choses, d’enlever des choses, c’est le risque de les remplacer par d’autres également. Certains vont dire qu’il faut les enlever, alors que c’est comme ça que l’islam est venu à nous au départ.
Alors que le 101ème département a reçu coup sur coup la visite du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, et de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, le député Mansour Kamardine, regrette la « poudre de perlimpinpin » du gouvernement.
Mayotte Hebdo : Deux ministres sont venus coup sur coup ces dernières semaines : Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, et Annick Girardin, ministre des Outre-mer. Il s’agissait pour cette dernière de dresser un premier bilan du Plan d’avenir pour Mayotte, et cette dernière s’est réjouie « Il y a eu des résultats ». Qu’en retenez-vous ?
Mansour Kamardine : La visite d’un ministre est toujours une excellente chose. C’est un sentiment de satisfaction, car on n’oublie pas que Mayotte existe et qu’elle est française. Mais, malheureusement, nous ne partageons pas la même analyse. Elle considère que les choses avancent, moi je considère qu’elle met de la poudre de perlimpinpin aux yeux du territoire sans s’attaquer aux vrais sujets. Dès l’origine, nous avons une divergence majeure, car ses priorités ne sont pas celles de Mayotte. Elle a ses propres priorités et c’est regrettable. La conception que j’ai de l’action d’un ministre n’est pas de fixer ses propres priorités, mais d’adopter celles des populations dont il a la charge. Ce qui est décliné dans le bilan dont elle se prévaut est la construction d’écoles, qui ne sont pas encore là, l’activité de l’hôpital et la construction de logements locatifs sociaux. Or, ces trois domaines participent à l’appel d’air de l’immigration clandestine, qu’elle reproche aux Mahorais. Avec raison d’ailleurs, car ils ont aussi un comportement ambigu et irresponsable en employant et hébergeant des clandestins. L’État et les populations de Mayotte ont le même comportement face à l’immigration, et ce n’est évidemment pas acceptable.
Ce que je retiens aussi est qu’elle dit que tout a été essayé en ce qui concerne l’immigration. Or, c’est faux, tout n’a pas été essayé, car il y a eu des propositions responsables qui n’ont pas encore été mises en oeuvre. C’est regrettable.
Enfin, elle sait que la piste longue est une priorité à Mayotte, mais dit que ça ne l’est pas pour elle. Il y a un désaccord flagrant.
MH : Elle a en effet souligné le rôle que pouvaient jouer les Mahorais en quelques phrases : « Quand les Comoriens n’arriveront pas à travailler, à se loger (…) ils repartiront », appuyant sur « la responsabilité générale. » Vous partagez donc le point de vue ?
MK : Je partage le point de vue oui, et j’appelle les Mahorais à plus de responsabilités. Mais je demande aussi au gouvernement de prendre les siennes. Qu’on soigne les gens en urgence vitale, c’est normal, c’est humain, compréhensible et j’y adhère. En revanche, dire qu’on soigne tout le monde, gratuitement, c’est encourager nos voisins à venir se faire soigner à l’hôpital, c’est une action d’appel d’air à l’immigration clandestine. Même quand on a des céphalées on va se faire soigner à Mayotte, car à 70 km d’ici, l’aspirine est payante.
Quand la ministre dit « on continue de construire des écoles à Mayotte », et bien les gens se disent qu’ils vont continuer à scolariser leurs enfants ici, puisqu’en France la scolarisation est obligatoire en dessous de 16 ans. C’est là aussi un appel d’air. Quand on dit qu’on donne la priorité aux logements locatifs sociaux pour permettre de loger tous ceux qu’on aura régularisés, c’est encore un appel d’air. On encourage la clandestinité, c’est ce que je dénonce.
Je souhaite un comportement responsable des populations mahoraises, mais également responsable de la part du gouvernement. Sous François Hollande, la ministre d’alors était venue pour inaugurer des bornes-fontaines publiques pour encourager, toujours, l’immigration clandestine, et là Annick Girardin fait encore mieux. Il faut le dénoncer.
Le président de la République a, à l’occasion de sa dernière conférence de presse, réagi sur la question de l’immigration en Europe, en disant qu’il fallait reprendre le contrôle des frontières. Cette décision doit aussi être valable pour Mayotte, car elle est française et européenne. Les frontières de la France et de l’Union européenne sont aussi ici. Dans le même temps, il faut poursuivre les Mahorais qui participent à l’immigration clandestine. Il faut une action qui tienne debout sur ses deux jambes.
MH : Justement, entre la situation politique tendue en Union des Comores depuis la réélection d’Azali Assoumani au pouvoir et le durcissement apparent du régime, et le passage du cyclone Kenneth la semaine dernière, craignez-vous des flux migratoires encore plus massifs dans les prochaines semaines ?
MK : Vous avez vu que le gouvernement français a considéré que les élections se sont bien passées aux Comores, donc quand vous dites que l’on est dans un régime dur, ce n’est malheureusement pas l’avis du Quai d’Orsay. Ce qu’il faut, c’est une action de coopération beaucoup plus dynamique, à la fois bilatérale et régionale, entre la France et nos voisins, pour les aider à espérer rester vivre chez eux. Mais on ne peut pas dire que, parce que les choses sont difficiles aux Comores, on ferme les yeux sur l’immigration. C’est cette politique-là qui nous a conduits au bord du précipice. Nous avons à Mayotte, en vue des prochaines élections municipales, des listes binationales qui se constituent. Cela montre bien le poids et la puissance dont se prévalent un certain nombre de populations ici. Ce que nous redoutions il y a une dizaine d’année est en train de se produire. Mayotte doit pouvoir appartenir aux Mahorais, et pour cela elle a besoin de son gouvernement et de son État pour assurer le contrôle des frontières.
MH : Il y a un an et demi, vous déclariez dans les colonnes du magazine Causeur que l’État « laisse faire le remplacement de la population » à Mayotte. Vous craignez donc que ce soit toujours le cas ?
MK : Malheureusement, ce n’est pas que je le crains, c’est que je le constate. Vous avez déjà vu une seule région de France où vous avez une liste binationale à l’occasion d’une élection ? Même à Marseille, cela ne peut pas arriver, il n’y a qu’à Mayotte que cela peut se produire. Je crois donc que nous ne sommes pas dans la théorie, mais dans la mise en oeuvre de ce remplacement. Et elle en train de réussir puisque dans les zones urbaines, on voit bien que les populations d’origine étrangère sont majoritaires et que depuis quelques mois, toutes les autorités étatiques qui débarquent à Mayotte rendent visite quasi exclusivement à ces gens-là en oubliant complètement les populations mahoraises. Quand la ministre Annick Girardin est venue, quand Christophe Castaner est venu, quand le délégué interministériel contre la pauvreté est venu, ils ne sont pas allés à Mtsamboro, à Sada, à Kani-Kéli, ou autre. Ils sont allés dans ces zones à populations majoritairement étrangères, car ils considèrent que c’est là qu’il y a des problèmes. Or, la pauvreté à Mayotte existe partout et les problèmes d’exclusion aussi.
Donc, ou bien l’État démissionne complètement et est obligé de subir, ou bien il le fait exprès pour que chaque jour un peu plus les Mahorais soient écartés de chez eux et soient encourager à partir pour laisser la place à d’autres. On est pas dans la théorie, mais bien dans la réalité d’un remplacement de population à Mayotte.
MH : Cela rejoint la question du document-cadre entre la France et l’Union des Comores. Où en est-on de ce projet ?
MK : Déjà, je le redis : il n’y a plus de feuille de route. Elle a été retirée en septembre ou octobre 2017, et elle n’existe plus. En revanche, les gouvernements français et comoriens ont décidé de l’élaboration d’un document-cadre fixant les relations entre nos deux pays. Nous, élus de Mayotte, avons été consultés à plusieurs reprises, en formulant plusieurs observations. De ce qu’on nous dit, c’est que le document serait déjà consolidé au moment où nous parlons. Il devait être signé il y a quelques semaines avant les élections présidentielles comoriennes, mais cela n’a pas pu se faire. Il le sera probablement dans les jours, semaines ou mois à venir. C’est ce qui est annoncé par la lettre que le président Emmanuel Macron a adressée à Azali Assoumani, à la suite de l’élection comorienne récente. Au moment où nous parlons, le document n’est donc pas encore signé, mais son contenu est apparemment fixé. Reste l’occasion à trouver.
Une chose est certaine : on nous a promis qu’un round de concertation serait organisé entre le Quai d’Orsay et les élus de Mayotte avant la signature. Nous attendons donc de savoir quand nous pourrons obtenir cette réunion, voir quel est le contenu de l’accord, et savoir si nos considérations ont été entendues.
MH : Vous ne savez pas précisément ce qu’il contient ?
MK : J’ai à titre personnel une idée, car j’y ai participé et fait des propositions, mais je ne sais pas précisément ce qui a été retenu ou pas. C’est pour cela que nous sommes demandeurs d’une réunion : pour nous assurer que les intérêts de Mayotte ont été suffisamment pris en compte. Si ce que nous pensons être important pour Mayotte n’y est pas, nous ne nous considèrerons pas – en tout cas moi – comme faisant partie de cet accord. Chacun prendra ses responsabilités. Mais pour le moment, nous attendons d’en connaître le contenu.
En ce qui me concerne, je plaide pour une aide au développement plus importante pour les Comores afin de fixer leurs populations. Actuellement, l’aide publique au développement pour l’Union des Comores est de l’ordre de six millions d’euros par an. Tout le monde est d’accord : c’est bien en deçà de ce qui est donné à une commune à Mayotte. Nous souhaitons donc que la France dote les Comores d’une aide qui pourrait être à peu près l’équivalent de ce que coûtent les reconduites à la frontière : 50 ou 60 millions d’euros en contrepartie de l’assurance qu’aucun kwassa-kwassa ne partira d’Anjouan à destination des Comores.
MH : Vous avez remis à la ministre un Projet de Loi Programme à destination du président Macron. Développement des infrastructures, égalité sociale, calcul plus juste des dotations aux collectivités, et préservation de l’environnement. Mais n’est-ce pas similaire au Plan Mayotte 2025 et au plus récent Plan d’avenir pour Mayotte?
MK : Déjà, on peut regretter que le président Macron ait décidé de ne pas venir en juin alors que Mayotte attend. Sinon, ce n’est pas un sujet similaire à Mayotte 2025, qui est un fourre-tout négocié par un gouvernement dans lesquels étaient déjà ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui, puisque Annick Girardin était ministre de la Fonction publique et Emmanuel Macron était secrétaire général adjoint du cabinet du président. Aussitôt qu’ils ont pris les commandes, ils ont oublié Mayotte 2025. Il y a plein de choses qui auraient pu être mises en place et qui ne sont pas. D’autant que Mayotte ne s’inscrit pas dans le développement durable du territoire. La proposition que j’ai faite si, en revanche.
Il s’agit du rattrapage des infrastructures, puisque Mayotte est sous équipée en termes aéroportuaire, portuaire, routier, numérique, etc., et que sans équipement on ne peut rien faire de sérieux en termes de développement.
Le deuxième volet concerne la question des rattrapages budgétaires pour les collectivités mahoraises : nous touchons entre 30% et 50% de ce qui est perçu par des collectivités de même importance.
La troisième direction est l’alignement social. Il était prévu. Or, depuis 2014 et la venue de François Hollande qui l’avait annoncé, nous n’en sommes toujours pas là et l’écart salarial entre la métropole et Mayotte s’agrandit. Il avait promis la CMU, elle n’est pas là ; la CMU-C, elle n’est pas là non plus ; la retraire complémentaire, elle non plus ; et on très loin d’y être.
Quatrième volet, enfin, la question de l’environnement, que tout le monde s’accorde à trouver superbe, avec un lagon et des fonds marins qui seront les richesses de demain. Il faut donc les protéger. Un certain nombre d’actions sont à prendre dès aujourd’hui. Je salue d’ailleurs au passage l’action du préfet Dominique Sorain, qui a décidé de contenir désormais la destruction environnementale, qui se fait souvent par des clandestins qui investissent nos forêts, pratiquent le brulis, font des puits de charbon, etc.
Ce projet de loi programme est plus massif que Mayotte 2025 et les autres plans. Il s’inscrit dans la durée.
MH : Quand sera-t-il présenté ?
MK : Comme son nom l’indique, c’est une proposition de loi. Elle sera donc soumise à l’Assemblée, mais en est pour le moment à l’étape du filtre. Si elle passe, elle sera publiée et il faudra trouver un créneau pour le présenter. Si cela se fait, on aura un débat en séance à l’Assemblée. Soit la majorité reconnait la situation à Mayotte et accepte cette loi, soit elle la rejette.
MH : Vous compterez sur le soutien de votre collègue députée Ramlati Ali cette fois ?
MK : Je compte sur le soutien de l’ensemble de la représentation nationale. Madame Ali et moi tout seuls ne ferons jamais une loi. Il nous faut une majorité. Quand nous avons examiné la proposition de loi fixant à cinq jours le délai de saisine du juge des libertés et de la détention (JLD), dans tous les groupes, tout le monde avait dénoncé la précarité dans laquelle Mayotte se trouve. C’est à cette occasion que m’est venue l’idée de ce projet de loi, avec l’engagement de soutien d’un certain nombre de collègues. Nous verrons ce qu’il en est.
MH : Doit-on attendre d’autres amendements ?
MK : D’autres sujets sont sur la table, oui. À ma demande, le groupe Les Républicains du Sénat vient de déposer une proposition de loi de lutte contre l’immigration à Mayotte et en Guyane, en retenant notamment la quasi-totalité des amendements que j’avais déposés lors de l’examen de la proposition de loi sur le délai de saisine du JLD. J’ai également déposé à l’Assemblée une proposition de loi quasi-identique à celle déposée au Sénat, elle est aujourd’hui en cours d’examen par les instances de filtrage. Enfin, je déposerai dans les jours qui viennent une troisième proposition de loi sur le toilettage institutionnel.
MH : Ce sujet fait débat à Mayotte. « Mal compris » pour le sénateur Thani et le Conseil départemental, « Préparation à l’autonomie pour d’autres. » Comment vous positionnez-vous ?
MK : Je ne veux pas commenter le texte du sénateur, car le droit de proposition est garanti à chaque parlementaire. Je le respecte. Je préfère donc amener mes propres propositions plutôt que de critiquer celles des autres.
L’enquête annuelle réalisée par Pôle Emploi afin de mesurer les intentions de recrutement des employeurs a été dévoilée vendredi. Après une année 2018 marquée par les mouvements sociaux, 10 % d’embauches supplémentaires sont prévues pour cette année.
En 2018, Mayotte battait un record national avec un taux de chômage avoisinant les 35 % selon l’Insee. Dans ce contexte marqué en grande partie par les mouvements sociaux du début d’année dernière, Pôle Emploi présentait vendredi dernier son enquête annuelle sur les besoins en main-d’œuvre (BMO) du département, réalisée par secteur d’activité et par bassin d’emploi. Résultat : 5.300 embauches sont prévues à Mayotte d’ici la fin 2019, soit 10 % de plus que l’an passé.
« 55 % des établissements ont l’intention de recruter, soit 1.350 employeurs potentiels », développe l’agence régionale, « principalement dans la construction, le transport et les activités associatives« . Dans le détail, 61 % des besoins émaneraient du secteur privé, notamment pour des postes d’ouvriers non qualifiés du gros œuvre et du second œuvre, de maçons, d’agents de sécurité et de surveillance et de caissiers. Les établissements publics représentent quant à eux 27 % des besoins et rechercheraient plus particulièrement des agents d’entretien, des surveillants d’établissements scolaires ainsi que des professionnels de l’animation socioculturelle. Ce dernier poste fait aussi l’objet d’une demande particulière au sein des associations de l’île, qui espèrent également pouvoir recruter plus d’éducateurs spécialisés, d’aides à domicile et/ou ménagères et de secrétaires.
Un recrutement sur cinq dans le travail saisonnier
Malgré cette volonté d’accroître leurs effectifs, les employeurs potentiels jugent que plus de quatre embauches sur dix demeurent difficiles à réaliser, principalement dans les secteurs de la construction, de l’hôtellerie et restauration, du transport, de la sécurité et de la pêche. Ce frein à l’embauche s’explique notamment par le manque de qualifications des candidats locaux, alors que 65 % des 16-29 ans à avoir quitté le système scolaire n’ont aucun diplôme qualifiant, selon des chiffres de l’Insee datant de 2017. La même année, seuls 29 % des plus de 15 ans non diplômés et non scolarisés parvenaient à de faire embaucher.
L’enquête de Pôle Emploi inclut également les besoins en main-d’œuvre saisonnière, qui représentent pas moins d’un recrutement sur cinq dans le département, notamment dans les secteurs du commerce, de l’industrie agroalimentaire ou des activités associatives. Un constat qui pose question quant à la pérennité de l’emploi à Mayotte.
436.000 réponses collectées en France
Pôle Emploi réalise chaque année son enquête BMO (Besoins en main-d’œuvre) au sein des 13 régions métropolitaines et cinq départements d’outre-mer. L’édition 2019 a été réalisée entre octobre et décembre derniers auprès des établissements de zéro salarié ayant émis au moins une déclaration d’embauche, des établissements du secteur agricole, du secteur public relevant des collectivités territoriales, des établissements publics administratifs et des officiers publics ou ministériels. Concrètement, un questionnaire couvrant une liste de 200 métiers a été soumis aux employeurs concernés, soit 1,7 million d’établissements à l’échelle nationale. Quelque 436.000 réponses ont ainsi été collectées et exploitées à travers tout le territoire français. « Les résultats ont ensuite été redressés pour être représentatifs de l’ensemble des établissements, à l’aide d’une procédure de type +calage sur marges+ définie à partir de la structure de la population mère des établissements« , décrit Pôle Emploi.