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Les deux annonces fortes du préfet de Mayotte face au variant sud-africain

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Lundi soir, le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet a annoncé une nouvelle série de mesures pour endiguer la propagation du variant sud-africain au Covid-19. En tête de liste : le couvre-feu dès 18h à partir de ce jeudi pour une durée de 15 jours et le renforcement des contrôles à la frontière.

Le couperet est tombé. Interviewé sur le plateau de Mayotte la 1ère, le préfet de Mayotte Jean-François Colombet a annoncé l’instauration d’un couvre-feu « de 18h à 4h du matin », effectif dès ce jeudi et pour une durée de 15 jours. « Cela signifie que tous les commerces, tous les bars et tous les restaurants devront fermer à 18h », a insisté le délégué du gouvernement, assurant que cette mesure visait « justement à éviter un nouveau confinement ».

Cette annonce est intervenue alors que plusieurs cas du nouveau variant 501.v02, aussi appelé virus sud-africain où il a été séquencé en premier lieu, ont été détectés sur le territoire. Lundi matin, la directrice de l’ARS confirmait l’information, après analyse des prélèvements envoyés à l’institut Pasteur le 7 janvier dernier. Parmi eux, deux personnes « ont pu contracter le virus à un moment de leur voyage », signalait Dominique Voynet. Alors que la troisième personne est arrivée sur le territoire « de manière irrégulière », a confirmé le préfet dans son intervention télévisée. Ce lundi soir, c’était toujours le flou artistique autour du quatrième cas.

 

Protéger les frontières

 

Autre mesure forte : en plus des intercepteurs déjà déployés en mer, Jean-François Colombet a assuré que « des services de l’État qui traditionnellement ne participent pas à la lutte contre l’immigration clandestine seront engagés pour soit s’interposer soit détecter ». Cerise sur le gâteau, la préfecture compte même sortir l’artillerie lourde et recourir aux services d’opérateurs nautiques privés pour « qu’ils prêtent leur concours » afin de décourager un maximum de candidats à la traversée. Idem pour la surveillance aérienne.

Une décision inédite, même à Mayotte, qui va en tout cas dans le sens des demandes répétées du député (LR) Mansour Kamardine. L’élu avait dénoncé à plusieurs reprises le risque que faisaient peser les arrivées massives de kwassas-kwassas dans le 101ème département, alors que l’Union des Comores, et surtout l’île voisine de Mohéli, semble être en proie à une flambée épidémique. Concernant les étrangers en situation irrégulière interpellés sur le territoire, et envoyés au centre de rétention administrative, le préfet a confirmé la poursuite des éloignements, en lien avec l’archipel.

 

Pas encore de bis repetita au RSMA

 

La veille, dimanche 17 janvier, le préfet avait déjà pris des mesures pour fermer les liaisons maritimes et aériennes internationales. Des tests PCR sont désormais obligatoires pour voyager depuis Mayotte vers La Réunion et la métropole, et inversement. « Nous avons obtenu que les deux soient concernés, c’est très important pour protéger Mayotte et les Mahorais. » Quant à la septaine recommandée, difficile en pratique de la mettre en place sur l’île aux parfums… Le locataire de la Case Rocher ne s’est pas interdit de recourir à « l’isolement forcé, un peu comme ce que nous avions fait l’année dernière au RSMA, mais nous n’en sommes pas là aujourd’hui ».

Une décision qui pourrait s’expliquer pour la simple et bonne raison que le rapatriement des Mahorais depuis les pays voisins n’est pas encore à l’ordre du jour. « Pour l’instant, je n’en suis pas là. La situation peut devenir très très sérieuse. Ce virus est beaucoup plus contagieux que [celui] que nous avons connu, de 50 à 75%. Cela veut dire que nous avons ce variant en masse, il y aura plus de personnes contaminées. Et si nous [en] avons plus, nous aurons plus de malades, plus d’hospitalisations et probablement plus de morts. » Ambiance pour les prochains jours.

Barge : vers la fin des tickets jaunes à Mayotte

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Le projet avait été annoncé il y a plusieurs années, il voit enfin le jour en ce début 2021. Le système de billetterie de la barge passe au numérique. Désormais, les passagers devront se munir d’un ticket avec un QR code qui leur permettra de badger avant de passer. La population en est plutôt satisfaite, même si beaucoup rencontrent des difficultés.

Les fameux tickets jaunes de la barge, qui ont accompagné les Mahorais durant plusieurs décennies, tirent lentement leur révérence. Depuis le 15 janvier, ils laissent place aux nouveaux tickets 2.0 tant attendus par la population depuis des années. Le système de billetterie de la barge a complètement été remanié. Grâce à un QR code imprimé sur le ticket unitaire, les piétions doivent badger eux-mêmes sur les boitiers installés à l‘entrée des zones d’attente. Ce n’est seulement qu’après avoir validé leur ticket, qu’ils pourront passer les portiques automatiques implantés au même endroit. De nouveaux gestes à adopter qui ne sont pas évidents pour les usagers. “C’est difficile pour eux. Ils ne comprennent pas forcément cette nouvelle façon de faire, même lorsque nous leur expliquons. Beaucoup de personnes râlent”, sourit Mardhuya Ridjali, agent de sécurité à la STM. “Ils râlent surtout parce qu’ils ne peuvent plus courir pour rattraper la barge comme avant. Les portiques se bloquent quelques minutes avant son départ”, précise Soufiane également agent de sécurité.

Les usagers rencontrent quelques difficultés : ils prennent plus de temps et créent par conséquent des files devant les portiques. Certains doivent alors prendre leur mal en patience… Malgré cela, le Département et le STM vantent les mérites de cette démarche. “Cela va permettre de maîtriser le comptage conformément aux règles de la sécurité maritime. Il y aura également une meilleure transparence sur la gestion de la fréquence des barges, un affichage des horaires en temps réel, sans oublier une meilleure sécurité pour le voyageur qui détiendra son ticket”, annonce Faouzat Mli, directrice de Numérique, des Systèmes d’Information et des moyens généraux au conseil départemental de Mayotte.

 

Un système amené à évoluer

 

Cette mise en oeuvre du nouveau système de billetterie se fait à titre expérimental. Il est pour l’instant limité aux piétons en partant de Mamoudzou. “Il sera étendu à moyen terme aux véhicules. Une fois que le fonctionnement sera opérationnel en Grande-Terre et sur la base des retours d’expérience, le cas de la Petite-Terre sera étudié”, affirme Faouzat Mli. Une application devrait également voir le jour au mois de février de cette année. “Elle permettra d’acheter des tickets, de consulter les horaires de la barge en temps réel et d’envoyer des crédits-barges à d’autres utilisateurs”, ajoute l’agent du Département. Et à partir du mois de mars, les utilisateurs qui le souhaitent pourront se munir d’une carte rechargeable, et prendre un abonnement. Pour l’heure, les anciens tickets coexistent encore afin que tout le monde puisse écouler son stock.

 

MICRO-TROTTOIR : Ce qu’en pensent les usagers

 

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« Ce nouveau système est difficile à comprendre et à appliquer. J’ai essayé plusieurs fois et finalement, c’est l’agent de sécurité qui m’a aidée. Mon avis reste mitigé car je suis contente de l’évolution mais j’ai quelques réticences concernant la sécurité. On est obligé de faire la queue pour que chacun puisse passer et cela ne me rassure pas car les délinquants peuvent arriver à n’importe quel moment et nous agresser pendant qu’on attend. »


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« C’est une nouveauté, il est donc normal que les gens rencontrent des difficultés au début. J’ai moi-même eu besoin d’aide pour cette première fois, mais maintenant je sais comment cela fonctionne et dorénavant je saurai me débrouiller seul. Je reste cependant perplexe sur le fait que les portes se bloquent quelques minutes avant le départ de la barge. Lorsqu’une personne sera en retard et devra ab-solument prendre la barge, elle ne sera pas contente. »


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« Cette méthode est plus rassurante pour ceux qui attendent la barge car tout est fermé et je me sens en sécurité assise sur ces bancs. De plus, cela permet de connaître le nombre exact de personnes qu’il y a dans la barge. C’est important en cas d’incident. Certains ne sont pas contents que les portent soient bloquées quelques minutes avant le départ de la barge mais je pense au contraire que c’est une bonne chose. Ainsi peut-être, les barges partiront à l’heure. J’espère que tout cela va durer dans le temps et qu’il n’y aura pas de problème technique. »


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« Aujourd’hui, j’utilise les nouveaux tickets pour la première fois et j’en suis plutôt satisfaite même si j’ai eu du mal à comprendre le mode d’emploi. Je pense qu’en cette période de pandémie, il était nécessaire de changer de système. Désormais, chaque utilisateur garde son ticket au lieu de le donner à l’agent de sécurité. C’est un bon geste pour éviter la propagation du virus. »

Les professionnels de santé de l’académie de Mayotte formés au test antigénique

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Ce lundi, plusieurs professionnels de santé de l’Éducation nationale ont été formés à la prise en charge des tests antigéniques dans le but de se déplacer dans les établissements scolaires pour réaliser des dépistages de masse. Pour ces infirmières volontaires, ce dispositif est une manière de rappeler aux élèves et aux enseignants que la crise sanitaire est toujours d’actualité à Mayotte.

Dans la salle informatique du lycée de Tsararano se déroule un cours pour le moins inhabituel, en ce lundi 18 janvier. Pas moins de 12 infirmières de l’académie de Mayotte suivent une formation dispensée par l’agence régionale de santé sur le test antigénique. Au moment où le recteur passe la tête pour «souligner leur mobilisation», l’heure est aux exercices pratiques. Ni une ni deux, Gilles Halbout mouille la chemise et porte sa narine candidate. Coton-tige dans la main, c’est à Maddy que revient la lourde tâche de se confronter à l’épreuve. Impressionnée ? Pas vraiment. «Nous le prenons en charge comme n’importe quelle personne», souffle la jeune femme alors qu’un rictus se dessine sur le bord des lèvres de son cobaye. Un classique dans ce genre de situation.

mayotte-tests-antigeniques-rectoratLe but pour ces professionnels de santé de l’Éducation nationale : intégrer l’équipe mobile (accueil, test, saisie sur ordinateur) pour prendre part à des dépistages massifs décidés par l’institution gérée par Dominique Voynet dans les établissements scolaires, aussi bien dans le 1er que dans le 2nd degré, auprès d’un public ciblé selon les critères et les besoins. Mais aussi de réaliser du cas par cas pour isoler rapidement les élèves positifs et éviter une propagation du virus dans les classes. «C’est une instruction interministérielle qui date de fin novembre», précise Fabienne Mazeau, conseillère technique dans le domaine médical auprès du recteur.

 

«Marquer les esprits»

 

En poste au lycée professionnel de Kawéni, Nathalie s’impatiente à l’idée de rejoindre ce cercle fermé de testeurs. Elle qui se dit «toujours partante» pour apporter sa pierre à l’édifice et rendre service à la communauté éducative. Idem pour Élise qui se réjouit «de savoir où en est la situation chez les collégiens et lycéens». Pour Agnès, ces futures campagnes «peuvent aussi marquer les esprits car il existe toujours un risque». D’autant plus que, selon elle, le port du masque et le respect des gestes barrières s’avèrent de moins en moins respectés chez les jeunes comme chez les enseignants. «La prévention est notre première mission. Notre rôle ne consiste pas seulement à soigner les bobos», renchérit-elle pour mettre en garde face à un éventuel rebond, alors que le 101ème département enregistre 455 nouveaux cas sur la dernière semaine.

 

«Avoir un maximum d’autonomie»

 

Sauf que ce nouveau dispositif risque de considérablement compromettre, ou plutôt de chambouler, leur quotidien si les tests se multiplient aux quatre coins de l’île… «Tout retombe sur la vie scolaire lorsque nous ne sommes pas là, mais nous allons nous organiser», admet d’un ton plutôt rassurant Nathalie, derrière ses lunettes rondes. «Si nous ne sommes pas appelées trop souvent, cela voudra dire que nous gérons la crise

mayotte-tests-antigeniques-rectoratMalgré cet optimisme, Gilles Halbout ne voit pas d’un bon oeil de compter des établissements sans professionnels de santé. «Sur le terrain, ce sera en fonction des prescriptions locales [les discussions sont en cours pour un dépistage au CUFR]. Il faudra voir avec les principaux et les proviseurs, avec les disponibilités de chacune et le contexte», prévient-il, même s’il juge nécessaire que le rectorat puisse contribuer au même titre que les autres administrations dans la lutte contre le Covid-19 et de son variant sud-africain, désormais confirmé sur le territoire. «L’idée est que nous ayons un maximum d’autonomie !»

Et pour celles et ceux qui s’inquiètent de la réaction de leurs collègues ou de leurs camarades, le recteur garantit la confidentialité du résultat. Même pour lui ?, ose-t-on lui demander quinze minutes plus tard. Et le patient du jour de répondre : «Bon, je vous le dis, mais c’est un exemple à ne pas suivre.» Négatif ! Ouf, on a évité le cluster.

Récap’ éco : malgré la crise sanitaire à Mayotte, la SIM démarre 2021 sur les chapeaux de roue

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Alors que le Covid-19 avait un peu mis le holà sur les chantiers, la Société immobilière de Mayotte assure pouvoir tenir son carnet de route pour 2021. Et entend même dépasser son objectif de 5.000 logements d’ici 2030. Tour d’horizon des projets attendus dans les mois à venir.

Faites un pas dans le “Grand Mamoudzou”, levez la tête, tendez l’oreille. À coup sûr, vous ne manquerez pas de remarquer le ballet de grues ou l’orchestre de marteau-piqueurs qui font vibrer toute la commune chef-lieu. Et même au-delà ! Partout à Mayotte, les chantiers illustrent le développement exponentiel de ce petit caillou de l’océan Indien. Brièvement interrompu par le confinement du mois de mars, le concerto a repris de plus belle, avec des mises en chantier et des livraisons toute cette fin d’année. Et pour 2021, la Société immobilière de Mayotte, qui porte l’importante mission de construire des logements dans un département soumis à une forte pression démographique, entend bien poursuivre sur cette lancée.

 

Coup de boost

 

“Nous avons eu une année compliquée, comme tout le monde, avec une période notamment où tout s’était interrompu”, acquiesce Ahmed Ali Mondroha, le directeur général de la SIM. “Mais on a mis un coup d’accélérateur à la reprise, ce qui nous a permis d’atteindre et même de dépasser nos objectifs de mise en chantier pour 2020 !”, se réjouit l’ancien banquier.

On s’en souvient, l’année dernière à la même période, le préfet Jean-François Colombet annonçait à l’occasion de la journée professionnelle de la construction et du logement, un ambitieux projet de 30.000 logements en dix ans, dont 5.000 à la charge de la société historique de Mayotte. Soit un minimum de 500 logements par an tout de même ! Un beau projet, quand on sait que la SIM tournait plutôt aux alentours de 100 mises en chantier annuelles, il y a trois ans.

 

400 livraisons pour 2021

 

“Nous avons déjà largement atteint notre rythme de croisière avec 600 mises en chantier cette année soit un investissement total de 105 millions d’euros, et dès 2021, nous pouvons décemment tabler sur un chiffre de 750, voire 800, pour environ 150 millions d’euros d’investissements. Pour beaucoup, les financements sont bouclés. Donc l’objectif de 5.000 logements en 2030, nous l’atteindrons”, certifie un Ahmed Ali Mondroha confiant derrière ses lunettes rectangulaires. Seul bémol : les livraisons, dont certaines ont en effet pris du retard à cause de la crise sanitaire. Sur les 200 logements prévus, 140 ont effectivement été livrés en 2020. Le reste devrait recevoir les dernières finitions dans les mois qui viennent. “Si bien que cette année, nous visons les 400 livraisons.”

Mais de quoi parle-t-on exactement ? Parmi les projets emblématiques, l’on retiendra l’exemple de Marzoukou à Labattoir : 238 logements sociaux, dont la première tranche de 117 logements ne va pas tarder à accueillir ses heureux locataires. Pour cette grosse opération, la SIM a accepté une proposition de VEFA (vente en état futur d’achèvement) d’un promoteur privé, Ocidim, filiale de Vinci construction Dom-Tom. La livraison de la première tranche est prévue en juillet-août, tandis que la deuxième tranche arrivera sur le marché un an et demi plus tard.

 

“Mailler tout le territoire”

 

Côté Grande-Terre, la SIM a confié à Colas le gros-oeuvre pour “Les Terrasses”, 95 logements qui doivent commencer à sortir de terre sur ce foncier de la SIM situé à Cavani, à quelques pas des 100 villas. Non loin de là, rue du Stade, trois opérations sont programmées dont deux doivent débuter en 2021, pour un total de 300 logements. “Là c’est tout un quartier qui va voir le jour, avec du logement social, du logement libre, de l’intermédiaire et au rez-de-chaussée des commerces”, décrit le directeur du premier bailleur de l’île. Même chose avec La Renaissance dans le quartier des 16 Villas, où 64 logements – libres, ceux-là – surplomberont quelque 2.000 mètres carrés de surface commerciale. Les gros appels d’offres à guetter pour 2021 concernent donc certaines de ces opérations, comme celle de Vili Vili Manga rue du Stade, avec 60 logements et 13 commerces. Ou encore le Sphinx à Trévani, 54 logements. Car, une fois n’est pas coutume, tout ne se concentre pas à Mamoudzou. “À Tsimkoura, à Iloni, à Coconi, à Kahani, à Combani, à Tsingoni, à Chirongui… bref, un peu partout, nous allons mailler le territoire”, explique Ahmed Ali Mondroha.

 

Relogement et capacités de production

 

À chaque fois, ces opérations permettent de répondre aux enjeux de pression démographique. “Pour Les Terrasses par exemple, nous détruisons six cases pour construire 95 logements”, signale-t-il. Une politique qui va d’ailleurs de pair avec le calendrier rythmé de destructions d’habitat illégal mené par la préfecture depuis quelques mois et qui a permis à la SIM de récupérer l’un de ses terrains occupé à Passamaïnty. “Dans ces bangas, il y a des personnes éligibles au logement social classique”, note le directeur. Reste qu’il sera sans doute difficile de reloger tout ce petit monde, même avec un tel coup d’accélérateur sur les mises en chantier ! En juin dernier, André Yché, le président de la filière habitat de la Caisse des dépôts et consignation (CDC), actionnaire majoritaire de la SIM, s’inquiétait d’ailleurs que les ambitieux programmes immobiliers, reboostés par le plan de relance, ne finissent par se heurter aux capacités de production de Mayotte… Gare à la surchauffe !

 

Les chantiers 2021 de la SIM :

Martin Meyrier, nouveau bras droit de Gilles Halbout, le recteur de Mayotte

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Orphelin de son directeur de cabinet depuis le départ de Didier Cauret, le recteur de Mayotte, Gilles Halbout, vient de nommer début janvier Martin Meyrier à ce poste. Fort de son parcours politique, le trentenaire compte apporter toute son énergie dans sa nouvelle mission.

Discret, tenace, travailleur. Tels seraient les qualificatifs pour résumer le nouveau bras droit du responsable académique de Mayotte, Martin Meyrier. Derrière son bureau, le trentenaire prend sans relâche la pleine mesure de son nouveau poste, obtenu le 4 janvier dernier, en remplacement de Didier Cauret. Une opportunité saisie à la suite de la mutation récente de sa femme sur l’île aux parfums. « J’étais déjà venu en vacances pour rendre visite à des amis », sourit allégrement celui qui ne débarque donc pas en terre inconnue.

Malgré son jeune âge, le diplômé d’un master en droit des affaires obtenu à Rennes possède déjà une solide expérience professionnelle : assistant parlementaire au Sénat, directeur de cabinet de l’ancienne députée européenne Isabelle Thomas ou encore vice-président de la région Bretagne en charge de l’économie et de l’innovation de 2015 à 2020. « Je n’entends pas faire de la politique, je suis au service du recteur », précise-t-il d’emblée pour ne pas s’aventurer sur ce terrain glissant. « J’arrive avec beaucoup de modestie et l’envie de comprendre les rouages du territoire. » Pour y arriver, il compte bien décliner un adage propre à ses racines – « on ne naît pas breton, on le devient » – pour s’acclimater dans son nouvel environnement et faire ses preuves auprès de ses futurs interlocuteurs.

 

L’école et son vivier

 

Et à ses yeux, « le rectorat est une belle maison aux multiples ressources qui ont envie de faire bouger les lignes ». D’ailleurs, il compte bien apporter sa « gnac » et ne pas s’arrêter aux premières difficultés. Au contraire, il souhaite, à l’instar de Gilles Halbout, s’employer contre « l’état d’esprit de renoncement de certains ». Une priorité pas si simple à mettre en place sur un territoire où 50% de la population a moins de 18 ans. « Nous sommes l’incubateur qui va permettre le développement de demain », souligne Martin Meyrier, avant d’adresser un message d’espoir à l’égard de la jeunesse. « Nous recensons tout le vivier de celles et ceux qui vont écrire l’histoire de Mayotte. »

Pour mener à bien sa « noble » mission, le Breton d’origine peut compter sur une « équipe opérationnelle et rajeunie », avec en haut de la liste, Anli Bedja fraîchement intronisé chef de cabinet il y a de cela deux mois. « Nous formons un binôme sympa », juge-t-il d’un air convaincu, au détour d’un regard complice vers son acolyte. « Il a une merveilleuse connaissance de Mayotte. » De bons débuts, sur le papier, qui ne peuvent que faciliter son « rôle de conseil et d’accompagnement auprès du recteur dans la réussite du projet pédagogique ». Un travail de l’ombre, selon ses mots, qui ne doit en aucun cas l’enfermer dans sa tour d’ivoire autour d’une pile de dossiers.

Clap Productions : une nouvelle série TV sur le retour « choc » de 4 femmes à Mayotte

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Dès mercredi prochain commence le casting pour une nouvelle série télévisuelle made in Mayotte. À sa tête, la gérante de la société audiovisuelle, Jacqueline Guez, qui a écrit pas moins de 13 épisodes dans lesquelles elle revient sur le sort de 4 Mahoraises de retour sur leur terre natale. La diffusion est prévue au mois de septembre sur les ondes de France Télévision.

« Ce jeu de poker menteur commence à me gonfler. » Au moment d’évoquer la genèse de la nouvelle série télévisuelle écrite par ses soins, Jacqueline Guez, la gérante de la société audiovisuelle Clap Productions, en a gros sur la patate. Son ras-le-bol ? Cette double vie menée dans et en dehors de la sphère familiale. Sensible à la cause féminine, elle compte bien mettre en lumière le sort de 4 « nenettes mahoraises », âgées de 25 à 30 ans, revenues sur leur terre natale après un séjour estudantin et/ou professionnel en métropole.

Un retour synonyme de « choc » culturel pour cette génération transformée par le monde occidental. « Nous revenons sur notre île pour apporter notre expérience. Sauf que nous rencontrons les mêmes difficultés que celles éprouvées par nos mères et nos grands-mères. C’est étrange car ce sont nos parents qui nous ont envoyées étudier », s’interroge-t-elle. Avant d’étayer ses propos : « Le regard de la communauté pèse sur eux donc il faut forcément rentrer dans le rang. Par exemple, si une femme n’est pas mariée, elle n’est rien socialement… »

 

Une diffusion dans tous les DOM

 

Convaincue par le scénario, France Télévision lui commande 13 épisodes, d’une durée de 13 minutes chacun. Cerise sur le gâteau, la chaîne de télévision ambitionne de les diffuser dans toutes les départements ultramarins. D’où la volonté de tourner aux quatre coins de l’île dès février pour « montrer le charme de Mayotte ». Actuellement en repérage, Jacqueline Guez multiplie les appels auprès des collectivités et des restaurateurs car une bonne partie des scènes se jouent en extérieur. « Si cela en intéresse certains, qu’ils nous fassent signe », lance-t-elle, comme une bouteille à la mer.

Reste aussi à dénicher les talents. « Pour le bien, il faudrait que ce soient des filles qui ont vécu ces histoires », espère Jacqueline Guez, impatiente de débuter les castings à partir de mercredi prochain. Parmi les héroïnes, la réalisatrice souhaite réunir les 4 visages de la femme mahoraise : la pieuse, l’aisée, l’anarchiste et la colérique. « Nous allons traiter toutes les problématiques propres au territoire qui sont passées sous silence, comme la polygamie ou la violence faite aux femmes. »

 

Taper dans la fourmilière

 

Des sujets encore tabous et clivants dans le 101ème département, en complet décalage avec la personnalité de ces femmes diplômées. Et qui risquent peut-être de bouleverser certains codes. Peu importe pour la gérante, qui sent que le moment est venu de délier les langues. « Même si le téléspectateur ne se sent pas d’entendre ce discours, nous, nous sommes prêts à le clamer haut et fort. Je fais ce métier pour ce genre de projet », martèle-t-elle, ayant bien conscience de proposer une série de niche. « Certes, nous avons vocation à divertir, mais aussi et surtout à provoquer le débat. [Les personnages] tapent dans la fourmilière », prévient-elle, sans en dire trop. Il faut garder quelques surprises pour le mois de septembre.

Interpellation musclée à la barge : la nécessaire protection de l’identité des policiers à Mayotte

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D’après le représentant syndical, Bacar Attoumani, les individus arrêtés ce mardi à la descente de la barge à Mamoudzou tentaient d’intimider un policier hors service qu’ils avaient reconnu comme le responsable de la reconduite à la frontière de leur frère. Une situation qui rappelle pour lui la loi sur la Sécurité globale, examinée par le Sénat ce mois-ci, et la nécessaire protection des policiers. Surtout à Mayotte.

Instant buzz à la barge. Ce mardi, une interpellation musclée a eu lieu sous les yeux ahuris des passagers de la STM, en fin d’après-midi. Ni une ni deux, les voilà qui dégainent leur téléphone portable pour ne pas louper une miette de l’altercation. Alors que la sonnerie retentit et que le ponton se met en branle, à l’embarcadère de Mamoudzou, un groupe d’hommes s’amasse à la sortie du bateau. Sauf qu’un petit comité d’accueil les attend. “C’était mon groupe, nous avons été appelés pour intervenir et la barge a fait demi-tour”, raconte Bacar Attoumani, le secrétaire départemental de Alliance Police nationale à Mayotte.

Sur la vidéo, on distingue alors Jean-Marie Cavier, le directeur territorial de la police nationale “qui était par hasard sur la même barge”, déroule le fonctionnaire. Le DTPN tente de s’interposer entre le plus baraqué des trois et les deux autres individus, visiblement remontés. Mais alors qu’ils se toisent en chien de faïence, un des agents de police fonce sur le plus virulent et le met à terre. Le deuxième lascar subit le même sort. En quelques minutes, tout ce beau monde embarque bon gré mal gré dans la voiture de police, arrivée sur ces entrefaites.

 

Reconduite à la frontière et vendetta

 

Flashback. “En attendant la barge, notre collègue du groupe d’appui opérationnel (GAO) (l’homme le plus costaud sur la vidéo NDLR) a été reconnu par trois individus qui ont eu leur frère reconduit. Ils ont alors voulu se venger, ils ont commencé par l’insulter, avant que deux d’entre eux ne montent avec lui dans la barge et tentent de l’intimider”, retrace Bacar Attoumani. D’après lui, l’agent de police, alors en dehors de ses heures de service, ne riposte pas. Mais le ton s’échauffe, et la barge entame son demi-tour. “L’idée c’était de les récupérer en dehors de la barge et surtout d’éviter toute propagation”, explique encore le syndicaliste. Une opération réussie donc, même si l’arrestation musclée provoque quelques cris dans l’assistance, accoudée aux balustrades.

 

Une LIC sous tension

 

Reste que pour le représentant d’Alliance à Mayotte, syndicat qui a largement défendu la proposition de loi sur la Sécurité globale, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale le 24 novembre 2020, cette “coïncidence” illustre les risques qui pèsent sur les policiers du 101ème département. “Nos collègues du GAO qui travaillent sur la lutte contre l’immigration clandestine sont davantage exposés, et il n’existe pas de protection particulière pour eux, malgré l’étroitesse de l’île”, martèle Bacar Attoumani. Un défi d’autant plus crucial que la fameuse LIC met plutôt les gaz ces derniers mois… “Nous sentons plus de résistance, tout cela devient compliqué, et il faut commencer à parler, qui plus est à Mayotte, de protéger le policier. Car après son service, il ne va pas continuer à traîner avec son arme ! Et à ce moment-là, comment les protège-t-on ?”, interroge-t-il.

Covid, crise de l’eau, piste longue… Face au Sénat, un Sébastien Lecornu bien scolaire sur Mayotte

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Dans le cadre de la crise sanitaire, le ministre a répondu aux questions des sénateurs à l’occasion d’une audition par la Délégation sénatoriale aux Outre-mer. Mais au sujet de Mayotte, le représentant du gouvernement est resté dans le constat, sans parvenir à apporter de réponses convaincantes aux interrogations du parlementaire Thani Mohamed Soilihi.

20/20. Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu était auditionné ce jeudi matin par la délégation aux Outre-mer du Sénat. Sa mission : défendre la gestion gouvernementale de la crise sanitaire dans les territoires éloignés de la République, qui ne vivent pas au même rythme que l’Hexagone la propagation du Covid-19. Et si le locataire de la rue Oudinot a “sorti le peigne” (sic) pour répondre une à une à toutes les questions des parlementaires, l’on pourra regretter le ton bien scolaire et le manque d’annonces concrètes d’un ministre qui avait plutôt le nez dans ses fiches face au sénateur Thani Mohamed Soilihi.

L’élu mahorais avait interpellé le membre du gouvernement sur “trois questions précises” : la crise du Covid et le variant 501, selon la nouvelle dénomination du virus dont la mutation a été détectée en premier en Afrique du sud, et qui est soupçonnée de se répandre comme une traînée de poudre à Mohéli ; la gestion de l’eau, pour ne pas revivre le calvaire des coupures, tout juste levées ; et enfin la piste longue, dont le dossier lacunaire a été épinglé la semaine dernière par un avis au vitriol de l’Autorité environnementale. Mais fidèle à la précieuse logique du “en même temps”, le marcheur du deuxième round n’a guère su trancher sur ces trois dossiers, pourtant largement débattus sur l’île aux parfums.

 

Pas question de rompre les liens Mayotte – métropole

 

Question numéro une : le Covid. “Si le virus variant 501 devait circuler aux Comores, cela devrait nous conduire à prendre des mesures de précaution encore plus importantes”, a-t-il confirmé au sénateur, qui s’inquiétait en outre des propos tenus par le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy sur la nécessité de restreindre les relations entre la métropole et ses deux départements de l’océan Indien. “Rompre les liens non, prendre des mesures pour nous protéger collectivement oui”, a nuancé le ministre.

 

Fraude et immigration clandestine

 

En guise de mesures, Sébastien Lecornu s’est toutefois contenté de reprendre des annonces connues, comme la suspension des liaisons avec les pays africains – décret annoncé par le préfet de Mayotte le 10 janvier et qui a d’ailleurs pris de court la compagnie Kenya Airways et certains passagers de retour de vacances, toujours bloqués hier à Nairobi -, ou le recours aux tests pour les voyageurs. “Nous allons aussi les systématiser parfois à l’arrivée depuis les Comores. Ce n’est pas faire offense que de dire qu’il peut y avoir de la fraude”, a-t-il justifié. Seule nouveauté : la possibilité évoquée de recourir à la septaine pour tester à nouveau les voyageurs. Rien, en revanche, sur l’afflux de clandestins, pourtant la “plus grande crainte”, du sénateur Thani Mohamed Soilihi qui demandait, entre autres, si le bâtiment militaire envoyé pendant la première vague pourrait être utilisé pour “lutter plus efficacement contre les risques de pénétration irrégulière”.

Sébastien Lecornu a par ailleurs confirmé que les résultats des prélèvements effectués sur place en Union des Comores par une équipe de l’OMS et l’agence régionale de santé de Mayotte étaient attendus ce jour, ou “en fin de semaine”.

 

Pacte sur l’eau sans se mouiller

 

Manque de temps ou d’éléments ? Le ministre des Outre-mer a en tout cas davantage bâclé ses deux dernières réponses. Sébastien Lecornu a d’abord rappelé que l’eau était “une compétence des collectivités territoriales”, tout en assurant “rendre hommage” à la nouvelle équipe arrivée en juillet à la tête du SMEAM, le syndicat des eaux de Mayotte. “J’ai donné des instructions pour travailler un pacte sur l’eau entre l’État et le syndicat pour redresser les finances et accélérer les travaux”.

Et l’ancien président du département de l’Eure de réciter “les projets structurants, évidemment l’usine de dessalement, la troisième retenue collinaire, la station d’épuration… et j’ai cru comprendre un ambitieux plan de reboisement”. Côté piste longue, même jeu de balancier : “Enjamber la question environnementale bien sûr que non, personne n’a envie d’aller en prison. Mais cela ne change pas notre regard sur le bien fondé de cet investissement, et cela me permet de réaffirmer l’engagement du président de la République, et notre volonté d’y arriver”. Mention bien pour Lecornu !

Rugby : Saison 2020/2021, le CTRM déjà bien lancé

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Le Comité Territorial de Rugby de Mayotte a lancé la saison 2020/2021 au début du mois de novembre dernier. L’expérimentation du jeu à dix a été reconduite cette saison. On retrouve globalement la trame annuelle du CTRM avec cette multitude d’actions et d’évènements qui en font l’un des meilleurs comités sportifs mahorais.

C’est parti pour la deuxième partie de saison de rugby ! Cette année est marquée par un changement de direction à la tête du Comité Territorial de Rugby de Mayotte (CTRM). Éric Landmann remplace Sébastien Rière qui était le président depuis près de vingt ans. Sept clubs participent au championnat de rugby à 7 et au championnat de rugby à 10 : Bouéni, RC Petite Terre, RC Mamoudzou, Despérados M’tsapéré, Chiconi, M’tsamboro et Combani.

Concernant le tournoi Seven, les sept clubs se rencontrent sur sept tournois de championnat avant qu’un classement ne soit effectué. À l’issue de celui-ci, une journée de finale sera organisée le 28 février 2021 où les 1er et 2e se rencontreront pour la victoire finale, ainsi que les 3e et 4e mais aussi les 5e, 6e et 7e pour les matchs de classement. Après quatre journées de championnat, Bouéni est en tête, suivi par le RCM et le RCPT. Combani et M’tsamboro complètent le classement. À partir du mois de mars, le championnat à dix sera lancé. Le championnat est composé de deux poules.  Nous retrouverons le RCM, M’tsamboro et le RCPT dans la première, et Chiconi, Despérados, Combani et Bouéni dans la seconde. À l’issue de cette phase, une journée de finale sera organisée le 30 mai 2021 où les premiers de chaque poule se rencontreront pour la victoire finale.

 

Les différentes sélections attendues à La Réunion

 

Les seconds de chaque poule ainsi que les troisièmes s’affronteront pour les matchs de classement.

Une rencontre de rugby à 15 sera organisée entre les différents clubs le 13 juin 2021 pour terminer l’année en beauté par une journée festive avec tous les licenciés de Mayotte. Outre les rencontres Écoles de rugby, le scolarugby et les compétitions locales jeunes et séniors, plusieurs rendez-vous internationaux sont prévus pour les rugbymen mahorais. Les sélections des M16 et M19 garçons ainsi que les sélections des M15 et M18 filles sont attendues à La Réunion en mai 2021 en fonction de l’évolution du Covid pour participer à des tournois scolaires et fédéraux.

De leur côté, les séniors à 7 iront également jouer à La Réunion en juin 2021, toujours selon l’évolution du Covid, en vue de préparer les jeux des Îles en 2023. Une saison 2020/2021 riche en activités pour le Comité Territorial de Rugby de Mayotte qui a terminé la saison 2019/2020 à 555 joueur. Cette année, le Comité espère bien franchir la barre symbolique des 600 licenciés.

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Département de Mayotte : Un dernier vœu et puis s’en va pour le président Soibahadine

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Ce jeudi 14 janvier, le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani, a adressé ses vœux à la population, et plus particulièrement aux officiels du territoire. Une allocution de 40 minutes durant laquelle il est revenu sur l’ensemble des actions de son mandat et au cours de laquelle il a sous-entendu l’arrêt de sa carrière politique.

« C’est un rendez-vous historique et je ne suis pas candidat à ma succession. Je veux vous associer à ce moment historique. » Le 25 novembre dernier, le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani, lâche cette indiscrétion en assemblée plénière lors du vote d’une enveloppe de 80 millions d’euros pour l’allongement de la piste de l’aéroport. Une tendance qui tend à se confirmer au regard de son discours à l’occasion de ses vœux pour la nouvelle année. Plus particulièrement au moment de conclure. « Qu’il me soit permis quelques mots plus personnels. […] Chacun sait à quel point, avec mes collègues élus et avec les services, nous n’avons pas ménagé notre peine pour faire avancer notre territoire », défend-il, avant d’assurer son engagement et sa totale détermination pour faire de chaque jour du mandat qui s’achève une journée utile au service des Mahorais.

Toujours, selon ses mots, avec un état d’esprit qui le caractérise. Ainsi, il dit avoir agi concrètement avec modestie. « On me l’a parfois… reproché », ironise-t-il. Mais aussi d’avoir contribué à l’apaisement des relations institutionnelles et assaini la situation financière du conseil départemental en veillant au climat social, aux droits et aux devoirs des agents. « Surtout, j’ai souhaité porter une vision d’ensemble des enjeux pour Mayotte, liant les questions du quotidien et les problématiques d’avenir. Croyez-moi, ce n’est pas un long fleuve tranquille tant les attentes sont fortes », admet-il, comme si le poids de l’âge – il aura 72 ans en mars prochain – et les 6 dernières années l’avaient convaincu de ne pas se représenter lors des prochaines élections cantonales, qui doivent vraisemblablement se tenir au mois de juin.

 

Ne jamais dire « jamais »

 

Alors l’ancien sénateur tire-t-il réellement sa révérence ? Cela en a tout l’air, même si dans ce milieu, il ne faut jamais dire « jamais »… Preuve en est avec la partie plus solennelle de son allocution, où il joue le défenseur de son bilan. Une manière peut-être d’avancer ses pions pour positionner l’un de ses protégés sur un piédestal ? Ou, qui sait, de se prendre à rêver son portrait accroché aux côtés de celui de Younoussa Bamana, dans l’hémicycle.

Plus concrètement, comment résumer son action ? « Aujourd’hui, au terme de cette mandature, notre administration s’est stabilisée, notre majorité s’est renforcée, et nos investissements ont été confortés », plaide Soibahadine Ibrahim Ramadani. À titre d’exemple, il cite le schéma d’aménagement régional et l’opération d’intérêt national, les évolutions sur les questions de l’aérien et du port, ou encore la programmation des fonds européens pour la période 2021-2027. Sans oublier le nerf de la guerre : l’aspect financier. « Nous avons résorbé le déficit financier de 53 millions d’euros en un temps record », rappelle-t-il, avec une certaine fierté. Ainsi que les 106 millions d’euros adressés de 2015 à 2020 aux communes et intercommunalités.

Mais aussi d’évoquer plusieurs projets structurants à venir ou en réflexion. Comme la réalisation du deuxième hôpital de Mayotte à Combani. « Nous avons proposé des choix de foncier à l’ARS », indique-t-il en s’adressant au directeur général adjoint, Mouhoutar Salim. Ainsi que la construction de la salle polyvalente et du centre de formation des sportifs de haut niveau, l’implantation d’un campus d’enseignement supérieur, l’ouverture d’un centre de langues pour tous, ou encore la création d’un réseau de transport ferroviaire reliant les grands axes du territoire. Autant d’idées ou de promesses qui lui permettraient de définitivement marquer de son empreinte son passage à la tête de la collectivité. Inchallah.

La feuille de route du Cesem pour désenclaver Mayotte

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Ce mercredi, le conseil économique, social et environnemental de Mayotte a adopté à l’unanimité un rapport de 120 pages réalisé en auto-saisine sur le désenclavement intérieur et extérieur du territoire. L’institution a relevé de nombreux constats et a préconisé 11 orientations stratégiques dans l’espoir que les élus s’approprient ces réflexions issues de la société civile. Morceaux choisis.

Un rapport à la fois concis et exhaustif. Tel est l’éloge reçu par Nadine Hafidou, la présidente de la commission aménagement, transport et cadre de vie du conseil économique, social et environnemental de Mayotte, au terme de sa présentation sur le désenclavement du territoire. Un travail d’orfèvre, de plus de deux ans, adopté ce mercredi à l’unanimité en assemblée plénière. Réseaux de transports routier et maritime, distribution d’eau potable, dépendance aux énergies fossiles, déploiement du numérique, infrastructures portuaires et aéroportuaires inadaptées… Voilà un peu le tableau des problématiques relevées dans le 101ème département.

Si cette réflexion consiste, bien évidemment, à pointer du doigt les manquements des autorités concernées sur le sujet, l’idée revient aussi à formuler des propositions susceptibles d’améliorer cet état de fait. Au total : pas moins de 11 orientations stratégiques. À l’instar de la délocalisation des services étatiques et départementaux aux quatre coins de l’île. Or, à l’heure actuelle, ce n’est pas « suffisant pour permettre à l’usager d’éviter de se déplacer jusqu’à Mamoudzou », où se concentre la grande majorité des activités administratives et économiques. Pis encore, les Maisons France Services ne répondent pas aux objectifs souhaités. « Elles n’ont pas le même niveau d’accès d’informations que dans la commune chef-lieu », regrette Nadine Hafidou. La raison de ce décalage ? Une couverture très haut débit en dent de scie.

 

Le manque de foncier : une arlésienne

 

C’est un secret de polichinelle : la réalisation de projets structurants en dehors de la plus grande ville de Mayotte prend un temps considérable avant de sortir de terre. À l’image du pôle d’excellence rural de Coconi. Toutefois, il apparaît nécessaire, voire même indispensable, de passer la seconde pour « installer plus aisément les investisseurs » dans les nouvelles ou futures zones d’activités économiques. Reste à définir pour cela une politique de préservation, de reconquête et d’aménagement de fonciers prioritaires. Autant dire que la route est encore longue… Et on ne parle même pas des nids de poule !

Autre préoccupation et non des moindres : le renforcement des capacités de production et de stockage de l’eau en vue de répondre aux besoins sans cesse croissants de la population. « C’est une orientation logique », plaide Nadine Hafidou, au lendemain de l’annonce de l’arrêt des coupures hebdomadaires. Idem pour l’électricité. Du fait de son insularité, Mayotte constitue une zone non interconnectée rendant de facto son réseau de distribution fragile. À ce sujet-là, une lueur d’espoir réside avec le projet européen Maesha lancé en novembre dernier, dont l’île aux parfums est le territoire pilote pour promouvoir un avenir énergétique décarboné. Éléments de réponse d’ici 48 mois !

 

L’immigration dans toutes les têtes

 

Mais le désenclavement de Mayotte passe aussi par l’extérieur. D’où la volonté de renforcer la politique de coopération avec les pays de la zone de l’océan Indien afin d’assurer son insertion. En ligne de mire : les échanges commerciaux et économiques. « Il faut faire des propositions plus opérationnelles », insiste la présidente de la commission aménagement, transport et cadre de vie. C’est tout l’enjeu ici du fonds européen de développement régional en lien avec l’Union des Comores et Madagascar, qui, pour rappel, était doté d’une enveloppe de 12 millions d’euros pour la période 2014-2020.

Dans la même lignée, le Cesem se penche sur la question migratoire. Pour l’institution, entrer sur le territoire de façon régulière avec un visa doit devenir la règle, et la clandestinité, l’exception. Édouard Balladur appréciera. « Cela est revenu sur le tapis dans toutes les thématiques évoquées lors des auditions et entretiens que nous avons menés », souligne Nadine Hafidou. Une proposition qui risque bien de faire réagir la population, tant l’arrivée quotidienne de kwassas-kwassas et les reconduites à la frontière alimentent continuellement les débats.

Et en guise de débat, justement, en voilà un qui continue de faire parler les bavards : l’allongement de la piste de l’aéroport et la création d’une compagnie aérienne locale. Sur ce deuxième point, Maître Fatima Ousseni renvoie l’État face à ses responsabilités et lui rappelle son implication dans la fondation d’Air France. En parallèle de cette recommandation ô combien « essentielle », le Département et la Chambre de commerce et d’industrie planchent sur cette possibilité et devrait prochainement arrêter son choix.

Si toutes ces orientations suscitent bon nombre d’échanges au sein de l’assemblée, quid de leur devenir ? Le président du Cesem, Abdou Dahalani, regrette d’ailleurs que de moins en moins de saisines arrivent du conseil départemental, puisque ce dernier a pris le parti de travailler en mode commission permanente depuis plusieurs mois. Pas de quoi lui faire baisser les bras. « Ces réflexions seront transmises aux candidats des élections cantonales pour qu’ils prennent note des desiderata de la société civile. À charge pour eux de se les approprier ! » Voilà qui est dit.

Mayotte accueille son conseil d’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement

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Mercredi s’est tenue l’assemblée générale constitutive du conseil d’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement de Mayotte. Celui-ci a pour objectif d’accompagner gratuitement les particuliers et les collectivités dans leur manière de construire. Explications avec Nomani Ousseni, fraîchement élu à la tête de cette toute nouvelle association.

Flash Infos : Pourquoi avoir décidé de lancer ce conseil d’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement en 2021 ?

Nomani Ousseni : En 2018, j’ai été chargé par mes collègues conseillers départementaux d’élaborer le schéma d’aménagement régional du territoire. Dans notre stratégie, nous avions choisi d’impliquer les habitants à travers des réunions. Or à Mayotte, nous savons que près de 90% de leurs constructions ne sont pas formalisées, n’ont pas de permis de construire. Il faut donc aller à la rencontre de la population pour lui expliquer la marche à suivre, tout en préservant et en organisant un cadre de vie qui sera bénéfique à chacun.

FI : Concrètement, quel est son but ?

N. O. : Le CAUE est une structure associative, régie par le décret de la loi 1977 sur l’architecture, qui est destiné à intervenir auprès des particuliers et des collectivités qui sont porteurs de projets de construction pour leur donner des conseils et des informations gratuitement. Nous ne réalisons pas, nous ne sommes pas maîtrise d’œuvre, mais nous les accompagnons et nous les orientons sur la manière de construire par rapport aux réglementations à respecter sur le territoire ainsi que sur l’élaboration du plan local d’urbanisme de l’habitat.

Quand nous construisons, la première chose à laquelle nous pensons est l’édifice que nous voulons ériger. Mais il ne faut pas oublier l’environnement et le paysage autour. L’idée consiste vraiment à faire mieux pour bien vivre. Il faut repenser notre façon de procéder pour, par exemple, avoir une meilleure isolation dans nos habitations et ainsi réduire l’impact des climatisations qui sont très polluantes. Nous devons accentuer nos actions sur ces volets cités ci-dessus.

FI : Quels seront les moyens techniques, humains et financiers de l’association ?

N. O. : Le CAUE est automatiquement financé par les taxes d’aménagement que paient les particuliers et les collectivités quand ils font leur demande de permis de construire. Sachant que nous pouvons faire des demandes de subvention ou faire appel à différentes formes de financement. Le Département a voté il y a deux mois une enveloppe annuelle de 150.000 euros pour le premier budget de fonctionnement de notre structure.

En termes d’intervention, le conseil d’administration mène la politique à suivre. Nous allons nous entourer de professionnels issus du milieu, comme des architectes, des urbanistes ou des paysagistes, de manière permanente ou occasionnelle, pour pouvoir traduire l’action du bureau. Si le siège est à Mamoudzou, l’idée est que le CAUE se déplace partout sur l’île pour proposer des permanences tournantes dans les différentes communes.

Procès de “Magnele” aux assises, jour 3 : le bon et le mauvais bandit

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Après une première condamnation en correctionnelle, le coupeur de route et ses douze complices présumés sont entendus par la cour d’assises pour mineurs depuis lundi. Ce mercredi, les magistrats revenaient sur l’épisode ayant conduit au vol de matériel à la société ETPC, et à l’enlèvement et la séquestration de ses deux gardiens. Récit.

Test de micro, un deux, un deux. L’interprète qui tapote sur l’appareil se hasarde à chantonner quelques notes, mezzo forte. Cette soudaine pitrerie ne manque pas de faire pouffer la dizaine d’accusés répartis aux quatre coins de la salle… faisant voler en éclat le silence de cathédrale qui régnait une seconde plus tôt. À part pour eux, on ne peut pas dire que cela rigole vraiment, au tribunal de Mamoudzou, ce mercredi. Campés partout où l’on peut poser son regard, les gros bras du GIGN, de la gendarmerie et de la police veillent au grain sur la bande de ricaneurs.

C’est que l’affaire qui les amène ici n’est pas des moindres. Depuis lundi s’est ouvert le procès aux assises d’Abdoulanziz Ahamad Said Ali et de ses complices présumés. Mieux connu sous le nom de “Magnele”, l’accusé et ses douze lascars sont soupçonnés d’avoir commis une série d’exactions qui avait plongé Mayotte dans l’angoisse en 2017. Entre Bandraboua et Bandrele, les fameux “coupeurs de route”, selon l’expression consacrée depuis, bloquent les automobilistes, rackettent les chauffeurs et repartent à bord des véhicules… avec la ferme intention de répéter le même numéro quelques kilomètres plus loin.

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Déjà deux ans de prison ferme

 

Déjà condamné en décembre dernier par le tribunal correctionnel à deux ans de prison ferme pour de violents cambriolages, le “bandit” risque cette fois-ci au moins trente ans de réclusion. Cette première procédure criminelle qui a débuté lundi porte sur des faits commis entre le 13 et le 19 janvier 2017. Sont notamment reprochés des faits de vols avec menace ou usage d’une arme, en bande organisée, et de séquestration en vue de commettre un crime. Ce long procès, qui doit durer jusqu’à mardi prochain, devait initialement se tenir à huis clos, étant donné l’âge de deux des accusés, mineurs au moment des faits. Mais la cour en a décidé autrement. En effet, la loi autorise l’audience à être publique, si l’accusé est devenu majeur au moment du procès.

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Nuit d’angoisse chez ETPC

 

Ce mercredi, les juges se penchaient plus précisément sur le cas de ETPC. Dans la nuit du 15 janvier, la société de construction est la cible d’un cambriolage, et les deux gardiens sont enlevés et séquestrés quelques heures avec les assaillants. “Je rappelle que ces faits ont donné lieu à pas moins de sept qualifications différentes”, souligne le président de la cour en introduction.

Dans le lot, une partie des chefs d’infraction concerne les agents de sécurité, que les agresseurs ont tenté de dépouiller, sous la menace d’une arme, et en bande organisée, certains de ces faits étant passibles de trente ans de réclusion. Pire, en amenant l’un d’eux au gabier pour tenter de lui soutirer du liquide, avec ces mêmes circonstances aggravantes, les accusés s’exposent aujourd’hui à la peine maximale, la perpétuité. Le reste des faits est au préjudice de la société ETPC, pour le vol du téléphone portable d’un salarié, un délit connexe de dégradation de biens et la soustraction frauduleuse de matériel. En l’espèce, une meuleuse, une perceuse, une cisaille, un chalumeau, un casque, des chaussures de sécurité et des vêtements… La belle affaire !

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“Présenter des excuses”

 

Ces faits, le fameux Magnele ne les a d’ailleurs pas contredits, pour la plupart, lors de ses différents passages devant les enquêteurs ou le juge d’instruction. Mais à la barre, c’est un autre visage que présente le bandit présumé à la cour. “D’abord, je voudrais présenter mes excuses à tout le monde”, lance-t-il, bien frêle en comparaison du gendarme cagoulé qui ne le lâche pas d’une semelle. Magnele n’a pas vraiment la stature d’un molosse. Et d’ailleurs, c’est un peu la carte qu’il joue cette fois-ci à la barre.

 

“L’ange gardien”

 

“Quand on est allé à la carrière, c’était pas notre intention”, assure-t-il. Alors qu’il traîne à Tsoundzou cette nuit-là, une connaissance l’alpague pour “l’emmener à la campagne”. Le but : “aller chercher des bananes à donner au “boss””, une vendeuse de bord de route. D’où le couteau, qu’il confirme avoir avec lui à ce moment-là. Mais la voiture volée dans laquelle il embarque file sur le terrain de ETPC. La petite équipe tombe alors sur un premier gardien à qui elle demande “des moyens”. Face à son refus, Magnele et les autres l’emmènent un peu plus loin “certes bâillonné, mais pas attaché”, tente de nuancer l’accusé. “Après je l’ai détaché. La personne gentille avec lui c’était moi”, poursuit-il. Une version corroborée par l’un de ses avocats, citant le gardien entendu la veille : “la victime a indiqué avec beaucoup d’émotion qu’il y en avait un de gentil, qu’il était son ange gardien.” Quant au deuxième gardien, amené au gabier sous le menace, ce serait grâce à lui que la bande aurait finalement renoncé. “Il n’y avait pas d’argent qui sortait alors j’ai dit : ‘‘viens, on s’en va’’, et on l’a laissé là”, raconte l’accusé.

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Quoi, le sanguinaire “Magnele”, capable de menacer la gorge d’un bébé avec une machette, tel que cela a pu être soupçonné lors de son procès en décembre dernier, ne serait en réalité qu’un “gentil bandit” ? Si le loup tente aujourd’hui de montrer patte blanche, l’avocat général ne semble toutefois pas dupe. “Est-ce que parmi ceux qui vous accompagnaient, certains étaient cagoulés ?”, demande-t-il. Affirmatif. “Est-ce qu’il arrive souvent de prendre des cagoules pour aller chercher des bananes ?” Silence. Le coupeur de bananes n’est pas au bout de ses peines…

Covid-19 : Tests depuis Mayotte, nouveau variant à Mohéli, vaccins… L’ARS fait sa rentrée

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Alors que plusieurs clusters continuent d’être identifiés, notamment dans la sphère familiale en ce retour de vacances, l’autorité sanitaire fait le point sur les dossiers phares de cette rentrée. Avec en toile de fond, la crainte que le nouveau variant détecté en Afrique du Sud ne circule dans la région… voire déjà sur Mayotte.

covid-19-ars-mayotte-dominique-voynet2020 est derrière nous, mais on ne peut pas en dire autant de la crise sanitaire. Et en cette semaine de rentrée, les dossiers s’empilent déjà sur le bureau de l’Agence régionale de santé, alors qu’un nouveau décret entré en vigueur ce dimanche oblige désormais les voyageurs en provenance de Mayotte à présenter un test Covid négatif pour embarquer à destination des autres départements français. “Sur ces tests, la préfecture nous a dit que le conseil de défense examinera la réciprocité avec La Réunion, cela nous semble évident d’éviter au maximum la circulation des personnes porteuses”, tient à signaler la directrice de l’ARS, Dominique Voynet. “Cette mesure nous pendait au nez depuis plusieurs semaines, nous nous sommes organisés pour pouvoir tester tout le monde”, ajoute-t-elle.

Reste qu’il a tout de même fallu installer un nouveau centre à l’aéroport, en deux coups de cuillère à pot. Le stand, monté par la préfecture avec l’aide de la Croix rouge et le matériel fourni par l’agence de santé, était opérationnel dès ce lundi matin. Le centre de dépistage de Kawéni et le réseau de pharmaciens, infirmiers et médecins, restent quant à eux à pied d’œuvre pour réaliser les tests antigéniques désormais indispensables aux passagers. Ce mardi, ils étaient 700 attendus sur le tarmac, et, fort heureusement, une partie au moins s’était présentée en amont en pharmacie. Sans quoi les personnels de l’aéroport auraient eu un peu de mal à prélever tout ce beau monde. “Il faut vraiment encourager les voyageurs à se faire tester 72h avant leur départ”, rappelle la responsable.

 

Le nouveau variant sud-africain déjà à Mayotte ?

 

L’autre dossier qui occupe l’ARS ces jours-ci ? La situation sanitaire à Mohéli. Les rumeurs sur la circulation d’un nouveau variant du Covid dans les Comores voisines n’y sont pas pour rien dans ce chamboulement aux portes de l’aéroport. “Il s’agit dans un premier temps d’une mesure de précaution au cas où le variant sud-africain circulerait sur le territoire”, indique en effet Dominique Voynet, même si “nous n’avons pas pour l’instant d’indices qui le confirment formellement”. Pour nos voisins mohéliens, toutefois, la situation “se dégrade rapidement”. Une équipe d’infirmiers de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est actuellement sur place pour réaliser des prélèvements, qui doivent être envoyés à Nairobi pour le séquençage afin d’identifier le nouveau variant.

De notre côté du bras de mer, l’ARS a quant à elle retesté des passagers revenus des Comores et a envoyé trois colis en France métropolitaine pour tenter d’identifier ces nouveaux Covid, considérés comme plus contagieux. Les résultats de ces différentes opérations devraient être connus d’ici la fin de la semaine, souligne l’ancienne ministre. En attendant, Mayotte, en lien avec les ministères des Affaires étrangères et de la Santé, compte bien prêter main forte à sa voisine : l’avion sanitaire devait livrer ce mardi quelque 4.000 tests antigéniques, blouses et masques à l’Union des Comores.

 

Deux fois 975 doses de vaccins attendues

 

covid-19-ars-mayotteEnfin, cette rentrée devait signer l’arrivée des premières doses de vaccin dans le 101ème département. Censée débarquer ce mardi, la livraison a néanmoins pris un peu de retard. Finalement, le package complet – congélateur, vaccins et kits de vaccination compris – devrait être livré le 22 janvier. En tout, Mayotte recevra alors deux fois 975 doses. “Le montant de la dotation m’a semblé très modeste et j’ai vivement protesté contre ce qui nous était proposé”, rebondit immédiatement Dominique Voynet. À charge pour l’ARS de prouver sa capacité à organiser la campagne de vaccination.

Pour ce faire, l’autorité de santé compte sur le CHM, pour vacciner en premier lieu, “priorité des priorités”, les soignants de plus de 50 ans, les porteurs de comorbidités, ou ceux en contact étroit avec des personnes immuno-déprimées. Un premier centre de vaccination doit aussi voir le jour à la MJC de M’Gombani, avec le soutien du personnel municipal. Au moins trois autres centres devraient entrer en service au sud, au nord, et à Mamoudzou, suivis par un quatrième dans le centre et un cinquième en Petite-Terre. Mais leur ouverture dépendra aussi du rythme d’approvisionnement…

Plan de relance : 600.000 euros de bons offerts au personnel soignant pour booster le secteur touristique à Mayotte

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Le comité départemental du tourisme de Mayotte (CDTM) a signé ce mardi matin des conventions avec une vingtaine de partenaires pour octroyer des bons à destination des effectifs mobilisés pendant la crise sanitaire. Une opération qui vise aussi à accompagner les structures touristiques de l’île, frappées par le confinement.

“Mais ! C’est le père Noël !”, s’exclame avec un sourire complice Guy Allouard, le directeur des affaires médicales au centre hospitalier de Mayotte, en repartant les bras chargés de paquets. Ces bons par milliers – en l’occurrence pour les quelque 2.700 employés de l’hôpital – c’est en réalité le cadeau du comité départemental du tourisme de Mayotte (CDTM) pour les personnels soignants du 101ème département. “Dans cette crise sanitaire, ils étaient là pour nous tous, et continuent à être là pour nous tous”, salue la présidente du CDTM et conseillère départementale de Tsingoni, Fatimati Razafinatoandro, sans bonnet rouge et blanc, mais le masque scotché sur le nez.

Le CDTM, en lien avec le conseil départemental, a donc lancé l’opération “Le Repos des Héros”. En tout, 600.000 euros de bons de soixante euros chaque vont être distribués à 5.000 heureux élus, à raison de deux par personne, pour les dépenser dans les structures touristiques de l’île. Pompiers, médecins et infirmiers libéraux, ambulanciers, agents de l’agence régionale de santé… En tout, une vingtaine de structures vont pouvoir bénéficier de ce geste.

 

Relancer les activités touristiques

 

Avec un double objectif : remercier les effectifs mobilisés face au Covid-19 et aussi relancer l’activité pour les établissements touristiques, fermés totalement pendant le confinement et “qui ont encore du mal à reprendre totalement leurs activités”, a déroulé Michel Madi, le directeur du CDTM. “Les dernières mesures annoncées par le préfet sur la restriction du transport aérien viennent encore compliquer leur situation”, explique-t-il. Pour ces structures, préalablement identifiées grâce au travail conjoint du comité et des offices de tourisme, le deal est simple : en signant une charte d’engagement, elles obtiennent l’autocollant vert qui les rendra identifiables par les bénéficiaires des bons. “Il faut voir ça comme des tickets restaurants”, décrit Siti Fardi, chargée de projets développement local au comité. Une fois encaissés, ces bons seront remboursés “sous huitaine” grâce aux fonds, déjà alloués par le conseil départemental.

 

Consommer local

 

Un joli coup de pouce pour ces restaurants, gîtes, prestataires et boutiques de souvenir et d’artisanat qui ne peuvent plus vraiment compter sur une clientèle étrangère depuis le mois de mars 2020… “L’idée est de lancer une offre touristique destinée aux résidents. Et tout cela s’inscrit d’ailleurs dans une logique mondiale, née depuis le premier confinement, de faire consommer les populations localement”, développe encore Michel Madi. À Mayotte plus qu’ailleurs, où le tourisme reste majoritairement affinitaire, une telle stratégie prend tout son sens. “En réalité, cette crise nous donne le temps pour travailler sur le développement de l’offre locale, aussi pour les temps meilleurs”, confirme le directeur.

Cette opération du CDTM, complétée par une campagne de communication  d’un budget de 100.000 euros, s’inscrit plus globalement dans le plan de relance de 6 millions d’euros validé en novembre par le conseil départemental pour accompagner la reprise économique du territoire. Sur cette enveloppe, 3,1 millions d’euros sont destinés au secteur touristique.

Fin des tours d’eau à Mayotte : la préfecture et le SMEAM poussent un ouf de soulagement

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À partir de ce vendredi 15 janvier à 8h, les coupures d’eau hebdomadaires ne seront plus qu’un lointain souvenir. La pluviométrie favorable des trois derniers mois a poussé la préfecture et le SMEAM à mettre un terme aux tours d’eau qui s’enchaînent sur l’île depuis septembre. Prochaine étape : la signature d’un pacte pour renforcer les infrastructures à court et long terme.

C’est un cadeau de Noël après l’heure apporté ce mardi par la préfecture et le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte (SMEAM). À partir de vendredi, les coupures hebdomadaires ne vont plus sévir sur les différentes zones du territoire. Et ainsi éviter aux habitants de l’île de se retrouver à sec pendant 24 heures, après les mesures drastiques prises en septembre dernier pour empêcher une pénurie comme celle vécue en 2016. Une annonce synonyme de « reprise du cours normal » pour le délégué du gouvernement, Jean-François Colombet, qui a tenu un ultime comité de suivi quelques minutes auparavant.

Cerise sur le gâteau, les deux retenues collinaires du territoires se situent même à des niveaux plus élevés que ceux de l’an passé après le passage du cyclone Belna. Avec un taux de remplissage de l’ordre de 35%, soit l’équivalent d’1.3 million de mètres cubes d’eau en réserve, les ressources actuelles permettent d’accueillir la saison des pluies plus sereinement. « La pluviométrie des trois derniers mois nous a été favorable », souffle le préfet, qui admet tout de même quelques discordances entre Combani et Dzoumogné. Mais un rattrapage devrait naturellement s’opérer au cours des deux prochains mois. Dans le cas contraire, l’interconnexion des deux sites réalisée fin 2019, qui assure l’alimentation des unités de production d’eau potable de Bouyouni et de l’Ouroveni, prendrait alors le relais pour subvenir aux besoins des villages du Sud. Pas question pour autant de faire n’importe quoi, comme en témoigne le maintien des arrêtés préfectoraux interdisant par exemple l’arrosage des jardins et le lavage des voitures. Sans oublier l’invitation lancée à la population de « continuer à avoir des gestes économes » grâce aux kits distribués ces dernières semaines dans les foyers.

 

Un pacte sur l’eau signé avec le MOM

 

Malgré ce don inespéré du ciel, comment faire en sorte que l’histoire ne se répète pas l’an prochain ? En réponse, Jean-François Colombet a le regard projeté vers l’avenir et évoque la signature d’un pacte sur l’eau avec les différentes institutions concernées lors de la venue du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, « espérée pour fin janvier ». Dans le détails, celui-ci prévoit des investissements d’urgence, comme l’amélioration de l’usine dessalement située en Petite-Terre et la recherche des fuites (231 ayant notamment été colmatées depuis le 1er septembre par le délégataire), pour gagner rapidement 3.000 mètres cubes supplémentaires. Mais aussi une nouvelle gestion du SMEAM pour dégager des capacités d’autofinacement, le paiement des factures des entreprises et un reboisement massif du 101ème département. À plus long terme, plus précisemment à l’horizon 2025, le représentant de l’État envisage la construction – tant attendue – de la troisième retenue collinaire et la sortie de terre de deux autres usines de dessalement. Si toutes ces promesses poussent à entrevoir un éclairci ou plutôt une accalmie pérenne, le pacte n’est pas encore « signable en l’état ». Heureusement, « la crise est derrière nous »… pour l’instant.

Test obligatoire pour les voyageurs : un centre de dépistage monté en urgence à l’aéroport de Mayotte

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Depuis ce dimanche, les voyageurs en provenance de Mayotte et à destination des autres départements doivent présenter un test négatif au Covid-19. Une nouvelle qui a pris de court les passagers et poussé les autorités à monter un nouveau stand de dépistage rapide en moins de 24h à l’aéroport de Dzaoudzi.

La nouvelle a dû en affoler plus d’un. Ce dimanche, un décret paru au Journal officiel a rendu de nouveau obligatoire la présentation d’un test Covid négatif pour les voyageurs au départ de Mayotte et à destination de tous les autres départements français, La Réunion et la métropole compris. Auparavant, seuls les passagers voyageant en sens inverse, de l’Hexagone jusqu’à Mayotte devaient passer sous le coton-tige.

 

 

Résultat, les autorités se sont engagées dans une véritable course contre-la-montre pour monter un stand de dépistage rapide à l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi ce dimanche. 24h plus tard, quinze bénévoles de la Croix-Rouge française, deux sapeurs-pompiers, deux infirmiers libéraux et douze agents de la préfecture étaient ainsi sur le pont pour dépister la centaine de passagers censés embarquer dans la matinée, tous négatifs. Grâce aux tests antigéniques, les voyageurs peuvent obtenir leur résultat entre quinze et quarante-cinq minutes – contre au moins 24 heures pour un test PCR classique. Pour ce faire, il leur faut remplir une fiche de renseignements sur place et se munir d’une carte vitale et d’une pièce d’identité. Facile !

 

Une capacité de 500 tests par jour cette semaine

 

Gare toutefois aux embouteillages. “Nous vous conseillons d’anticiper votre venue”, indique l’Aéroport de Mayotte sur sa page Facebook. En effet, le dispositif n’a pas vocation à se substituer aux centres de dépistage habituels. Ouvert depuis 7h ce lundi matin, il devra accueillir les voyageurs au moins jusqu’à dimanche avec un pic de 700 voyageurs attendu ce mardi. Mais avec une capacité de 500 tests par jour, la préfecture invite les voyageurs à se rapprocher en priorité des professionnels de santé (pharmacies, centre de santé de M’tsapéré, centres médicaux de Kahani, Dzoumogné, M’ramadoudou, Dzaoudzi) afin de réaliser leur test 72 heures avant leur vol.

 

La crainte du nouveau variant

 

La mise en place d’un tel dispositif en un laps de temps aussi court a été rendue possible par le concours des différents acteurs, la préfecture, la Croix Rouge, la direction de l’aéroport, la ville de Pamandzi, et bien sûr les soignants, infirmiers libéraux et sapeurs-pompiers mobilisés, a salué la préfecture. Surtout, elle prouve la capacité de Mayotte de tester tous ses voyageurs, alors que la crainte d’une propagation du nouveau variant sud-africain à Mayotte a conduit le délégué du gouvernement à demander la suspension des vols venant du Kenya. Des rumeurs font par ailleurs état de décès liés à cette nouvelle souche du virus à Mohéli, en Union des Comores, mais elles n’ont pas encore été confirmées officiellement.

Le conseil des citoyens de Miréréni veut enterrer la hache de guerre

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Après une semaine de terreur au mois de septembre, les violences sont reparties entre Combani et Miréréni depuis décembre. Bis repetita ce lundi, avec un nouveau barrage découvert au petit matin. Une situation de terreur qui devient invivable pour une grande partie des habitants, malgré la présence sur place de la gendarmerie mobile. Face à l’immobilisme des élus et au statut-quo des négociations pour apaiser les tensions, le conseil des citoyens de Miréréni sort du bois pour rétablir sa vérité.

vioe,ces-mirereni-mayotte-2« Là, il y avait 11 voitures cassées ! Je n’aurais jamais cru vivre ça… » Depuis sa voiture, Anziza se remémore les violences vécues quatre mois plus tôt dans la rue du bassin. Durant son tour du pâté de maisons situées à Miréréni, l’émotion remonte rapidement à la surface. Et les horreurs qui vont avec. Le bilan entre le 4 et 11 septembre fait froid dans le dos : 35 véhicules caillassés, dont 2 calcinés, et 2 maisons incendiées. Et laisse des traces indélébiles dans les têtes. « On est fatigués », répète-t-elle inlassablement. À l’instar d’une chanson qui tourne en boucle.

Une réunion de médiation vient finalement mettre fin à ce conflit. Le temps d’un instant… Les affrontements reprennent avec la même intensité, si ce n’est pire, à la suite de l’agression d’un jeune de Vahibé à l’entrée du RSMA. L’étincelle de trop en ce vendredi 11 décembre. Une nouvelle fois, le chaos et la terreur s’invitent dans les habitations. « Ce règlement de compte concernait la bande de Vahibeni et celle de Serpent », s’époumone l’infirmière, qui plusieurs jours durant, a dû passer par Tsararano pour se rendre au centre médical de référence de Kahani. Et la position géographique de Miréréni joue en sa défaveur. « Comme les jeunes sont passés par chez nous pour aller à Combani, tout le monde a cru qu’on était de mêche », souffle Khadafi, complétement déboussolé par l’orientation des discussions entre les deux villages voisins.

 

« On a été accusés de barbares »

 

vioe,ces-mirereni-mayotte-3Preuve en est avec l’expulsion de vendeuses miréréniennes du marché communal et le décès d’une Combanienne. Impossible dans ces conditions hostiles d’enterrer le corps en tout tranquillité dans le cimetière de Miréréni. La nouvelle goutte d’eau qui fait déborder le vase. Et surtout qui débouche sur une manifestation mi-décembre, puis à un nouveau barrage érigé ce lundi 11 janvier avec les grilles des caniveaux. « Cette marche, qui était censée être pacifique, ne l’était en rien puisqu’on a été accusés de barbares. Comment peut-on laisser s’exprimer librement cette dame qui appelle à la haine et au trouble à l’ordre public ? », s’interroge Anziza. « Est-on vraiment dans un pays de droit ? Ou est-ce la loi du plus fort? »

En réponse à ce témoignage, le conseil de citoyens de Miréréni, qui a vu le jour en septembre dernier dans le but que des bénévoles effectuent des rondes dans les quartiers de 21h à 4h, décide de prendre la parole et de rétablir sa vérité. « On veut que les choses soient claires et que la paix règne », insiste Khadafi. Sauf que ses membres, dont font parties Valdes, le capitaine de l’Olympique de Miréréni, et Faika, la présidente de l’association Waparawo, se sentent complètement délaissés par les autorités. « La municipalité brille par son absence », s’emporte Zabibou, derrière son écran pour mettre à jour la chronologie des événements et des traumatismes subis depuis plus de quatre mois. « Quand tu dis rien, ça veut dire que tu cautionnes », lui répond avec cynisme son voisin de table.

 

« Se soulever pour dire stop à la haine »

 

Est-ce le signe d’un point de non-retour ? Pas sûr. « En tant que parents et citoyens responsables, on doit se soulever pour dire stop à la haine », expose Anziza. Tous estiment que la rivalité entre les deux villages ne datent pas d’hier. Selon eux, elle remonte même au temps de leurs grands-parents. Seule différence : la violence se résumait à des cailloux découverts au niveau du pont au petit matin, en signe de stigmates d’une nuit agitée. Une autre époque, un autre temps… « Il faut vraiment arrêter de se renvoyer la balle, on agit comme des enfants », tempère Khadafi. « Nous, on reste ici et on fait de la légitime défense. » Leur but : limiter la casse et surtout éviter le pire. « Aucun jeune de Miréréni ne va foutre le bordel à Combani. Et Dieu merci, ils nous écoutent ! », clame haut et fort Zabibou, comme pour rappeler le pouvoir de persuasion des mamas mahoraises. Ne reste plus qu’à espérer que leurs versions soient identiques.

Trouver une place pour chaque enfant, l’éternel défi du recteur de Mayotte Gilles Halbout

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En ce jour de rentrée scolaire, le recteur Gilles Halbout renfile son bleu de chauffe. Si à ses yeux, l’optimisme est de mise pour ne laisser aucun enfant sur le bas-côté, il compte apporter une attention particulière aux projets immobiliers pour que la livraison des nouveaux collèges et lycées à l’horizon 2025 soit respectée. Entretien.

Flash Infos : Après la pause du mois de décembre, dans quel état d’esprit avez-vous pris part à cette rentrée scolaire de ce lundi 11 janvier ?

Gilles Halbout : Cette rentrée doit être marquée par un optimisme de combat et de raison. À Mayotte, nous n’avons pas le choix ! Du coup, je martèle toujours d’éviter les renoncements. Le premier est le renoncement actif, qui consiste à dire que si nous construisons des écoles, cela va créer un appel d’air. Non seulement ce discours n’a pas marché, mais en plus il a appauvri le territoire. Mais la bonne nouvelle est que les politiques ont bien pris conscience que les jeunes doivent être scolarisés. C’est une première victoire. Après, il ne s’agit pas seulement de les occuper, il faut aussi et surtout les éduquer et les conduire vers un parcours dans lequel ils peuvent s’insérer, plutôt que l’inverse.

Le deuxième est le renoncement passif, que j’appellerais la résignation. Pendant longtemps, nous avons été catalogués de la sorte, notamment par les tutelles qui se disaient que cela ne valait pas la peine d’investir à Mayotte car rien ne marchait. Or, aux yeux du ministère de l’Éducation nationale, les moyens servent bel et bien à quelque chose. La preuve, nous allons bénéficier de 265 postes supplémentaires – 155 dans le premier degré et 110 dans le second – pour l’année 2021-2022. En coût complet, cela représente plus de dix millions d’euros, c’est énorme !

Le troisième est le renoncement en cascade. Il faut vraiment être dans le dialogue avec toutes les parties prenantes, les élus, les parents d’élèves, les organisations syndicales, les forces de l’ordre, pour prendre les meilleures décisions possibles, ou tout du moins les moins pires, lorsque nous décidons de fermer un établissement pour des raisons sécuritaires ou sanitaires. Ce renoncement est le plus compliqué à circonscrire et demande beaucoup de réactivité.

Tous ces points de méthodes doivent être pérennisés en 2021 pour nous permettre de mener à bien des projets structurants, tels que la classe préparatoire aux grandes écoles ou le parcours santé au CUFR. Mais cela ne doit pas être un simple effet d’annonce, il faut que cette dynamique s’inscrive dans la durée.

FI : Comment comptez-vous vous y prendre pour suivre au mieux cette ligne de conduite ?

G. H. : Nous allons mettre le paquet pour scolariser les enfants dès la maternelle, en faisant attention aux effectifs, en travaillant sur le plurilinguisme, en dédoublant les classes de CP et de CE1… Au collège, nous allons insister sur le dispositif petit lecteur, petit scripteur, privilégier les classes talents que je souhaite mettre en place dans tous les établissements, et renforcer la voie professionnelle. Après l’ouverture des 800 places l’an dernier, nous projetons d’en proposer 600 de plus.

En parallèle, le point de vigilance central est le chantier immobilier. Celui des lycées est sur les bons rails. Tous sont à peu près lancés, à l’exception de celui de M’Tsangamouji qui est en cours de finalisation. Concernant celui des collèges, je suis un peu plus inquiet en raison de la disponibilité foncière, notamment à Koungou et à Cavani. Mais si tout se passe comme prévu, nous devrions tous les voir sortir de terre au plus tard pour la rentrée 2025. Et nous sommes plus ou moins dans les temps, malgré la crise du Covid-19.

FI : Pour la construction et la réhabilitation des écoles primaires, la donne est sensiblement différente car vous n’avez pas directement la main mise. Comment gérer l’attribution de nouveaux postes et l’objectif des 800 nouvelles classes à atteindre ?

G. H. : Quand je regarde la programmation des différentes communes, j’admets que nous allons éprouver quelques difficultés au cours des deux prochaines rentrées scolaires. Il va falloir trouver des solutions temporaires, comme des modulaires et le passage en rotation. Une chose est sure : nous ne pouvons laisser aucun enfant sur le bord de la route ! Sur les 800 nouvelles classes nécessaires, je dirais que 500 sont dans les tuyaux pour la période 2023-2024. Il faut se mettre en quête des 300 restantes pour atteindre le chiffre annoncé par le président de la République et ainsi démontrer que nous sommes en capacité de l’atteindre.

En tout cas, je n’ai pas besoin d’avoir la main mise sur ces travaux, les maires se mettent la pression eux-mêmes. Nous avons tout de même décidé au rectorat de mettre en place une cellule pour accompagner les communes dans leur schéma directeur et leurs demandes de financements. Si nous avons obtenu tous ces postes, c’est parce que nous avons fait des projections pluriannuelles validées par le ministère. Encore une fois, l’objectif est que les enfants retrouvent les bancs de l’école. Et si cela doit être en mode « débrouille » au cours des deux prochaines années, nous le ferons !

FI : D’autres problématiques spécifiques à Mayotte ne dépendent pas directement de votre volonté. En première ligne : le transport scolaire qui provoque bien des remous du côté du Département…

G. H. : Bien évidemment, le rectorat n’a pas pour mission de s’emparer de cette problématique. Par contre, je rencontre le président du conseil départemental ce mardi dans l’optique de revoir l’architecture générale des ramassages scolaires. Je pense qu’il y a encore des progrès à réaliser. L’une des solutions passe vraisemblablement par l’internat. Or, celui de Tsararano est loin d’être rempli alors que quatre autres doivent voir le jour sur le territoire. Peut-être que les familles hésitent à payer ce service. Le Département pourrait aider certaines d’entre elles en leur accordant une subvention. Certes, cela ne résoudrait pas tout, mais cela permettrait à plusieurs centaines d’enfants de ne pas se lever à 4h30 et faire deux heures de bus pour se rendre à l’école… Ce serait une mesure sociale forte qui améliorerait le trafic.

Football : Carton plein pour M’zouasia en Coupe de Mayotte

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Les trois équipes de M’zouasia qualifiées pour la finale de la Coupe de Mayotte 2020 ont toute triomphé ! Le 6 décembre dernier au stade départemental de Kavani, l’AS Jumelles réalisait le doublé avec ses équipes U16F et senior féminin. Ce samedi, c’était au tour de l’AS Jumeaux de s’illustrer. Mais face aux Abeilles de M’tzamboro, les hommes de Djamaldine Ali, grands favoris de cette finale ont dû s’employer pour l’emporter. Après l’ouverture du score sur penalty par Messi pour M’zouasia, l’égalisation de M’tzamboro par l’intermédiaire de Thierry, et le coup de sifflet marquant la fin du temps réglementaire, c’est en prolongations que les Jumeaux ont fait la différence en s’appuyant sur deux autres cadres. Djidji a d’abord redonné l’avantage aux siens, avant qu’Antoissi ne scelle l’issue de la partie (3-1 score final). Les Jumeaux de M’zouasia remportent la Coupe de Mayotte pour la troisième fois de leu histoire après 2013 et 2014. Retour en images sur cet événement.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes