Accueil Blog Page 468

Un lycéen de 17 ans agressé mortellement en pleine rue à Cavani

-
lyceen-17-ans-agresse-mortellement-pleine-rue-cavani

Une semaine après Mtsangadoua, c’est au tour du lycée Bamana à Mamoudzou d’être endeuillé après l’agression mortelle à Cavani d’un de ses élèves ce jeudi 15 avril. Âgé de 17 ans, Ambdoullah S., dit Momix, est le deuxième mineur à décéder brutalement en seulement sept jours. Récit d’une journée dramatique.

Jeudi. 10h18. Le centre d’appel des urgences reçoit un coup de fil pour annoncer l’agression à l’arme blanche d’un jeune garçon de 17 ans en face de la pharmacie du Baobab à Cavani. Rapidement sur les lieux, les secours le prennent en charge en arrêt respiratoire avec des lésions cervicale et dorsale. Malgré les multiples tentatives de réanimation, le personnel soignant déclare son décès, une heure plus tard, à 11h20, lors de son arrivée au centre hospitalier. C’est finalement vers 13h que le principal auteur présumé est interpellé par la brigade anti-criminalité (BAC). Une deuxième interpellation a lieu un peu plus tard dans la journée sans que l’on sache, d’après les informations que nous avons pu récolter, si elle est directement liée à l’affaire ou non.

Scolarisé en seconde au lycée Bamana à Mamoudzou, Ambdoullah S., aussi connu sous le surnom de Momix, se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment, à l’occasion de son heure de trou. « C’était un élève très discret et timide », relate, la gorge nouée, son enseignante de français, Céline Buret. « Il se faisait totalement oublier en cours. Mais il était toujours très poli et n’était pas du tout turbulent. » Complètement déboussolée par cette annonce, la fonctionnaire de l’Éducation nationale doit, en théorie, retrouver la classe du défunt ce vendredi. « Comment vais-je accueillir la trentaine de ses camarades ? », se demande-t-elle, toujours la voix tremblante. « Moi-même, je me sens malheureuse, je n’ai rien pu avaler de la journée. En toute honnêteté, je veux juste être là pour eux et en parler. » Si une cellule psychologique doit être mise en place pour libérer la parole, la professeure vit péniblement la situation. « Nous avions une sortie cinéma prévue lundi par rapport à l’abolition de l’escalage, je ne me vois pas les emmener avec un petit en moins… »

 

Rumeurs d’intrusion et confinement au lycée

 

Une empathie ressentie et partagée par une majeure partie des lycéens et du personnel éducatif. Pimentée par un zeste de colère. « Des jeunes sont venus avec des armes blanches et ont essayé de rentrer », retrace Rachika*, inscrite en terminale. Les rumeurs d’intrusion dans ce genre se multiplient toute la matinée, au point de provoquer un léger mouvement de foule et une salve de cris vers 14h. Heure à laquelle un message sonore retentit : « Le chef d’établissement vous demande d’appliquer les dispositifs de confinement affichés dans les salles. » Une mesure pour permettre d’éviter les attroupements mais aussi et surtout pour faire sortir les élèves au fur et à mesure.

Devant, une petite foule de parents stressés se presse aux grilles. « Je ne comprends pas que des jeunes puissent en arriver là, à ce niveau de violence… Il faut faire quelque chose, et en premier lieu, il faut les écouter. Il faut une maison où on récupère les jeunes délinquants, et où, enfin, on écoute leurs problèmes », tambourine une mère venue chercher sa fille, élève dans la même classe que la victime. Trente minutes avant le départ du dernier bus, vers 16h, le proviseur réunit l’ensemble des enseignants présents pour évoquer le drame de la matinée. « Même si ce n’était pas dans l’enceinte ou aux abords du lycée, il était très ému », confie Guillaume, qui souligne l’ambiance « flippante ».

 

Le lycée ouvre malgré la grogne

 

Dans ces conditions, comment envisager un retour à la normale dès aujourd’hui ? « À priori, on ne ferme pas », prévient Gilles Halbout, le recteur. Toutefois, un droit de retrait est en réflexion du côté de l’équipe éducative. Et pour certains élèves, à l’instar de Rachika, il est hors de question de revenir sur les bancs de l’école d’ici la fin de la semaine. « Avec quelques copines, on a décidé de ne pas retourner en cours avant lundi. Hier, c’était untel, peut-être que demain ce sera moi… Il faut que la direction prenne des mesures pour apporter plus de sécurité, notamment à la descente des bus. J’espère qu’il y aura un déclic à la lecture de ces quelques lignes », s’époumone-t-elle, quelques heures après que sa maman soit venue la récupérer pour rentrer chez elle, saine et sauve, à Hauts-Vallons.

* Le prénom a été modifié

Plus de 20.000 personnes vaccinées à Mayotte : un rythme à maintenir même pendant le ramadan

-
20000-personnes-vaccinees-mayotte-rythme-maintenir-pendant-ramadan

Si Mayotte a rattrapé son mois de retard pour la vaccination, par rapport au reste du pays, le ramadan risque peut-être de freiner les ardeurs de certains volontaires, quand bien même le Grand Cadi a rappelé que cela n’interrompait pas le jeûne. Mais l’ARS compte bien arriver le plus loin possible. Dans son viseur : la fameuse immunité collective.

À bien des égards, c’est un mois de ramadan singulier qui a débuté cette semaine, avec des frontières fermées et des repas du soir limités au cercle proche, crise sanitaire oblige. Les autorités l’ont rappelé, dans un communiqué conjoint préfecture, agence régionale de santé (ARS) et Grandi Cadi du 12 avril : “pour vivre sereinement” ce mois sacré, la population de Mayotte est invitée à ne pas baisser la garde sur les gestes barrières, quand bien même le département est aujourd’hui “le moins touché par le Covid-19, avec moins de 50 cas pour 100.000 habitants au cours d’une semaine”.

20000-personnes-vaccinees-mayotte-rythme-maintenir-pendant-ramadan

Ce jeudi, la directrice de l’ARS Dominique Voynet a souhaité en remettre une couche. “Les chiffres du jour ne sont pas inquiétants non plus, mais nous avons quand même une petite hausse du taux d’incidence depuis deux trois jours”, a-t-elle signalé à l’occasion d’un point presse, en indiquant vouloir augmenter le nombre de tests pour vérifier qu’il ne s’agit pas là des prémices d’un rebond. Pour l’instant, le taux de positivité, qui reste en dessous de la barre des 5%, ne donne pas lieu de s’alarmer, mais un nouveau décès est à déplorer, portant à 168 le nombre total de victimes du Covid-19 à Mayotte. Tandis que la France vient de dépasser le triste record des 100.000 morts… Bref, la prudence est toujours de mise, surtout pour ce mois de festivités.

 

L’immunité collective en ligne de mire

 

L’une des armes pour retrouver une vie normale ? La vaccination, fer de lance de l’ARS et du gouvernement contre le virus. Avec une particularité pour Mayotte : “depuis lundi, tout le monde peut aller se faire vacciner, et l’objectif c’est de vacciner le maximum de personnes pour atteindre une immunité collective”, a insisté Dominique Voynet. Malgré le succès relatif de l’opération du samedi 3 avril, où toutes les personnes âgées de plus de 18 ans pouvaient prétendre à l’injection, l’ARS a donc décidé de passer à cette nouvelle stratégie, en ouvrant les cinq centres de vaccination à tous, désormais du mardi au samedi.

20000-personnes-vaccinees-mayotte-rythme-maintenir-pendant-ramadan

De quoi dépasser peut-être les premières réticences ressenties au lancement de la campagne. Aujourd’hui, Mayotte a “rattrapé son retard”, avec 20.112 personnes vaccinées. L’ancienne ministre a d’ailleurs salué la position du Grand cadi et des cadis de Mayotte, qui ont confirmé que l’injection n’interrompait pas le jeûne. “Donc nous n’avons pas eu de freinage des afflux dans les centres”, a-t-elle fait valoir. Dernier tour de passe-passe : l’idée de proposer la vaccination directement après un test. “Si nous leur proposons la vaccination dans la foulée, les gens sont plus susceptibles d’accepter. Hier, nous avons ainsi eu 49 volontaires, donc nous pensons mettre cela en place.” À noter que les personnes ayant déjà reçu la première injection, mais ayant tardé pour la seconde, peuvent toujours se rendre dans un centre pour recevoir leur dernière dose. Leur immunité n’en sera que retardée. Elle est évaluée à 60%, deux ou trois semaines après la première piqûre, et doit monter entre 95 et 97% après la deuxième.

Tout l’intérêt pour Mayotte, où désormais 100% des cas positifs envoyés pour séquençages sont causés par le variant sud-africain, plus contagieux que la souche initiale du virus, sera d’atteindre cette fameuse immunité collective. L’ARS a candidaté pour un programme de recherche, consistant en une étude de séroprévalence pour toute la population de l’île, qui pourrait commencer avant les grandes vacances. Quelques milliers de prélèvements seront réalisés pour évaluer la protection des habitants. Coût de la manip : entre un et 1,2 million d’euros. Reste la question pour le même prix : combien de temps cette immunité, naturelle ou vaccinale, va-t-elle durer…

 

Grève de la CFDT : le dialogue social est au point mort

La directrice de l’agence régionale de santé a profité du point presse organisé ce jeudi pour revenir sur les événements qui ont conduit la CFDT, syndicat majoritaire, à entamer une grève illimitée depuis maintenant une semaine. “Nous avons eu les vacances de l’été austral, suivies de deux mois et demi d’une épidémie de Covid intense qui font que la période n’a pas été propice ni au renforcement du dialogue social ni à la mise en place des chantiers que nous attendons tous avec impatience”, a concédé Dominique Voynet. En effet, une première grève en fin d’année 2020 avait permis d’établir un protocole de sortie de crise avec un certain nombre de chantiers, tant pour améliorer la santé des Mahorais que pour une meilleure organisation des affaires internes de l’ARS. Pour autant, la responsable déplore les réactions du syndicat. Deux réunions du comité ont été avortées, avant que les représentants décident d’envoyer un préavis de grève le 2 avril. “Tout le monde savait que je partais le 4 en métropole, notamment pour évoquer le dossier de la retraite des agents plus âgés de la lutte anti-vectorielle. Mardi 6, je leur réponds en leur proposant de prendre rendez-vous avec mon DGA, ils ne le font pas, et la grève arrive jeudi 8”, rembobine-t-elle. À ce moment-là, la directrice de l’ARS reçoit un document avec comme première revendication la création de trois nouveaux postes de directeurs. Mais “l’efficience de l’agence ne tient pas au nombre de commandants, et de directeurs, mais à la qualité du travail de ceux qui sont sur le terrain”. Et ce sont ces postes de terrain que Dominique Voynet entend privilégier, beaucoup plus que “trois postes de directeurs qui plus est destinés aux leaders de la grève”. Bref, pour l’instant, le dialogue patine un peu. À quelques mois d’ailleurs des élections départementales… Tout ça, pour un organigramme ?

Le sport comme voie d’insertion pour les jeunes mahorais

-
sport-insertion-jeunes-mahorais

Le sport peut changer une vie”. À Mayotte, de nombreux jeunes décrocheurs ou sans activité professionnelle peinent à trouver un emploi. Grâce au projet Street Workout, l’activité physique et sportive pourrait bien être la clé de leur intégration au monde professionnel.

Intéresser”, “fédérer” et “dynamiser les jeunes inactifs”. C’est l’objectif du projet Street Workout à Mayotte, porté par le comité régional olympique et sportif. Une discipline originaire de Suède qui se définit par des exercices physiques en plein air et qui ne nécessitent que le poids de son propre corps pour se muscler.

Le SWO est un projet né il y a trois ans, qui correspond à un besoin du territoire de Mayotte et celui pour les jeunes sans activité de reprendre pied”, confie le directeur et coordonnateur inter-régional Outre-mer du CROS, Philippe Lemoine. “Nous avons travaillé en lien avec l’agence nationale du sport, la direction régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, le conseil départemental et l’Europe afin d’obtenir des financements et pouvoir commencer les cours de SWO.

Depuis décembre 2020, les cours de SWO accueillent chaque semaine une quinzaine de jeunes dans quatre quartiers de Grande-Terre. Afin de promouvoir cette activité auprès des 16-25 ans, les membres du CROS s’appuient sur les mairies et les médiateurs de quartiers où se déroulent les ateliers. “Le nombre de participants est très variable, tout l’enjeu est de les inciter à venir régulièrement”.

 

Une formation pré-qualifiante cet été

 

Le CROS propose aux jeunes inactifs de ces quartiers dits “prioritaires” de suivre des cours de SWO mais aussi, jusqu’au 2 juillet 2021, d’intégrer une formation pré-qualifiante aux métiers du sport pour 24 d’entre eux. Les plus passionnés et les plus assidus pourront enfin intégrer la formation qualifiante CQP-ALS (certificat de qualification professionnelle – animateur de loisir et sportif) du 5 juillet au 5 novembre 2021. Cette formation accueillera 16 jeunes qui pourront prétendre, une fois leur certification obtenue, à un emploi dans les mairies de Tsingoni, Dembéni, Koungou et Mamoudzou afin d’encadrer à leur tour les cours de SWO et former de nouveaux jeunes.

À ce jour, le SWO compte deux coachs sportifs et un coordinateur salariés qui encadrent 13 jeunes sérieux et intéressés par une professionnalisation dans le milieu du sport. L’objectif du CROS aujourd’hui est de pérenniser cette action dans les villes partenaires, puis par la suite d’accompagner de nouvelles communes qui souhaiteraient se lancer et développer à leur tour cette activité. “Nous voulons expérimenter cette action pendant deux ans pour pouvoir donner aux communes la possibilité de se l’approprier. Par ailleurs, la formation est ouverte à tous les jeunes qui le souhaitent, mais pour pouvoir accéder à la formation qualifiante CQP-ALS, ils doivent impérativement avoir des papiers en règle sur le territoire de Mayotte.

Sublimez-vous avec Djayda chez Sublime institut

-
sublimez-vous-avec-djayda-chez-sublime-institut

Créé à Mayotte depuis un an et demi, le salon d’esthétique Sublime institut est en pleine expansion. Sa fondatrice et gérante, spécialisée dans le traitement de la peau, propose des prestations que l’on ne trouve nulle part ailleurs à Mayotte. Des soins adaptés à tous types de peau, notamment à la peau noire souvent méconnue par les professionnels.

Caché dans une ruelle adjacente de la rue du commerce à Mamoudzou, Sublime institut passerait presque inaperçu. Pourtant, l’endroit vaut le détour. Lumière tamisée, décoration apaisante, et des esthéticiennes souriantes tirées à quatre épingles… Tout est fait pour mettre les clientes à l’aise dès les premières minutes. La gérante, Djayda Chamssidine, veut que chacune d’elles se sente unique. « J’ai une relation spéciale avec mes clientes. Quand je suis avec elles, elles ont l’impression d’être avec une copine », dit-elle.

Et pour cause ! Les soins que propose Djayda ne s’apparentent en rien aux soins que l’on peut trouver dans les instituts de beauté de Mayotte. La jeune femme s’est spécialisée dans le Skincare, ou plutôt le traitement dermo cosmétique visant à traiter les problématiques de peau. « Je ne voulais pas faire comme tout le monde c’est-à-dire le massage et le soin du visage classique. Je veux que la peau de ma cliente soit parfaite quand elle sort de ma cabine », explique la professionnelle. Même si les massages sont disponibles chez Sublime institut, là-bas on parle plutôt de peeling, hydrabeauty, new skin, ou encore d’american peel. Et pas besoin d’une licence en anglais pour comprendre l’efficacité de ces traitements. « Nous ne faisons pas de miracle, mais nous sommes là pour atténuer les complexes des gens. Nous restons dans le naturel puisque nous enlevons tout ce qui ne devrait pas être sur la peau comme les tâches, l’acné, le sébum », détaille Djayda.

Il faut compter une centaine d’euros, voire plus, pour ces prestations alors l’esthéticienne met un point d’honneur à ce que les clientes soient entièrement satisfaites. Chacune a un suivi pour atteindre ses objectifs. Et si la professionnelle fait tout pour les satisfaire, c’est parce qu’elles sont son atout. « Notre meilleure publicité est notre clientèle. Si une cliente raconte qu’elle n’a pas eu de résultat satisfaisant alors nous n’aurons personne. Si je fonctionne depuis un an et demi, c’est parce que mes clientes sont contentes », se réjouit Djayda. Les hommes aussi peuvent aller se faire chouchouter chez Sublime institut puisque l’esthéticienne propose également des soins adaptés à la peau masculine.

 

10 ans d’expérience et beaucoup de volonté

 

Actuellement à Mayotte, l’institut de Djayda Chamssidine est le seul à proposer des prestations de traitement de la peau. Et la jeune femme ne s’est pas aventurée dans ce domaine par hasard. Pour proposer ce type de soins il faut être formé, et Djayda a un CV long comme le bras. Formée dans une école d’esthétique à Paris, elle a enchaîné les formations spécialisées à Lille et en Belgique. La jeune femme a travaillé trois ans dans les bateaux de croisière 5 étoiles pour se perfectionner avant d’ouvrir Sublime institut. « Cela fait dix ans que je suis esthéticienne. Mon expertise a fait que j’ai réussi à convaincre les gens, à les fidéliser et à gagner en confiance. Les clientes, notamment la clientèle mahoraise noire, se sont senties comprises », précise-t-elle. En effet, les traitements peuvent varier selon la couleur de la peau, mais à Mayotte comme en métropole, peu de professionnels sont spécialisés dans la peau noire.

Malgré ses années d’expérience, Djayda ne cesse jamais de se former et de s’informer puisque « l’esthétique évolue tous les jours », selon elle. Il lui est donc primordial d’être à la pointe de l’innovation. Le professionnelle n’a de cesse de renouveler sa panoplie de prestations. Dernière nouveauté en date ? La lumière pulsée qui arrivera cet été. « Je suis partie me former dessus pendant le confinement et j’attends que la machine arrive. Je serai la seule à proposer ça à Mayotte. L’avantage, c’est que la lumière pulsée est adaptée autant aux peaux blanches qu’aux peaux noires », s’emballe-t-elle. Et puisque rien ne l’arrête, Djayda envisage d’exporter sa marque en dehors de l’île. Un nouveau Sublime institut devrait prochainement voir le jour dans l’une des îles voisines.

Pour les acteurs du port de Longoni, Ida Nel doit quitter le navire

-
port-longoni-ida-nel-doit-quitter-le-navire

Transitaires, pilotes et entrepreneurs dénoncent une ribambelle de dysfonctionnements au sein du port de Longoni, comme des factures disproportionnées et des blocages de conteneurs. Pour les représentants de l’Union maritime, le coupable se nomme Ida Nel, la présidente de Mayotte Channel Gateway. Profondément agacés par la situation, ils promettent des actions fortes dans les prochains jours.

Têtes baissées et mines grises, les représentants de l’Union maritime descendent péniblement du premier étage du conseil départemental. « Au cours des trois derniers mois, nous avons demandé six entretiens avec le président. Nous n’avons toujours pas été reçus », s’agace Norbert Martinez, le président. Pas d’exception à la règle ce mardi 14 avril : transitaires, pilotes et entrepreneurs trouvent porte close au moment de se présenter devant le bureau de Soibahadine Ibrahim Ramadani.

Pourtant, le temps presse en cette veille de ramadan. En plus des « 24 ou 25 dysfonctionnements notoires, contraires au cahier des charges de la délégation de service public », la délégataire depuis septembre 2013, Ida Nel, empêche la sortie de 84 conteneurs depuis le début de la semaine, dont certains frigoréfiques avec des denrées périssables, de la société Somaco. « Elle les bloque à cause d’une ancienne créance de 2017, qu’elle ne veut pas traduire devant un expert ou un tribunal », s’insurge Sam Akbaraly, le gérant de la chaîne de grande distribution, qui conteste le montant réclamé. Pour faire court, pas de bras, pas de pas chocolat… « C’est de l’intimidation. Elle les livre, point. Et la justice règle ce différend », enrage de son côté Gilles Perzo, président de la station de pilotage du port de Longoni.

 

Un arrêté sans aucune existence légale

 

À cela s’ajoute l’éternel problème de la politique tarifaire « exorbitante » pratiquée par Mayotte Channel Gateway. Par le biais d’un arrêté relatif à la tarification de l’outillage public portuaire en date du 28 avril 2016. Problème, ce texte n’apparaît ni dans le recueil des actes administratifs du conseil départemental ni dans ceux de la préfecture. « Cet acte n’a pas été soumis en contrôle de légalité et n’a pas d’existence légale », peste Norbert Martinez. Et malgré une clause obligatoire lui interdisant de procéder à une quelconque augmentation des tarifs en échange d’une défiscalisation, Ida Nel n’en fait visiblement qu’à sa tête. « En 2015, nos membres étaient facturés 20 à 25.000 euros l’année pour une autorisation d’occupation temporaire. Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à un peu moins de 50.000 euros par mois », donne pour autre exemple le président de l’Union maritime, dans le but de pointer du doigt « cette bêtise » générale. D’où le dépôt d’une dénonciation auprès du procureur de la République pour contester ces faits.

 

Un no man’s land juridique

 

« C’est une dictature inadmissible, c’est scandaleux », tempête Marc-Antoine Molès, le secrétaire du syndicat des transitaires. « Nous avons tous déjà fait l’objet de blocages pour des factures contestées par écrit. Dans la loi française, il y a un code des commerces qui gère les contentieux entre les entreprises. Sauf que le droit français n’est plus appliqué au port depuis sept ans. » Et les quelque 300 dépôts de plainte à la répression des fraudes en 2018 ne changent pas la donne. Idem pour l’autorité de concurrence. Dans ces conditions, le port peut se comparer à « un no man’s land juridique ». Ni plus ni moins.

Tout cela pour dénoncer « un vrai problème de gouvernance ». « Nous sommes passés à un stade où cette situation ne peut plus durer ! », clame haut et fort Norbert Martinez, comme pour renvoyer la balle au conseil départemental, jugé trop « laxiste » aux yeux de tous. Avant d’en remettre une couche sur Ida Nel. « Dans DSP, elle oublie le S et le P de service public. » Synonyme d’obligations de présenter des bilans et des statistiques, sous peine de sanctions financières. « Nous n’avons rien vu depuis 2018 », peste aussi Fahridine Mlanao dit Nass, le directeur d’exploitation chez Sodifram. Pour ce dernier, la collectivité doit prendre ses responsabilités et profiter de la demande de changement de statut du port de Longoni, désiré depuis près de quatre ans, pour évincer la patronne de MCG. « La CCI est parfaitement compétente et expérimentée pour [le] gérer », plaide pour sa part Gilles Perzo.

 

Des réponses fortes attendues par le Département

 

En attendant un mouvement des autorités locales ou de Paris, « c’est le citoyen qui paie les pots cassés ». « La souffrance des entreprises a des conséquences directes sur la vie chère. Les prix qui sont augmentés de manière intempestive et incontrôlée se répercutent sur les marchandises vendues », rajoute Fahridine Mlanao. La raison pour laquelle Norbert Martinez « attend une réponse immédiate ». Finalement reçue en fin de matinée par Mohamed Sidi, l’un des vice-présidents du Département, qui promet de transmettre ces doléances à Soibahadine Ibrahim Ramadani, la petite troupe prévient d’emblée : « Nous ne nous contenterons pas seulement de propos comme en 2017. »

En clair, elle exige « l’application pure et simple des règlements de la DSP », comme le précise Sam Akbaraly. Dans le cas contraire, « il y aura des actions fortes dans les prochains jours ». Premier élément de réponse ce jeudi de la première réunion de la commission financière mise en place en avril 2020 par l’ancien premier ministre, Édouard Philippe. À chaque jour suffit sa peine au port de Longoni !

 

« S’il veut ses conteneurs, qu’il paye ses dettes ! »

 

Joint par téléphone, Jacques-Martial Henry, le bras droit d’Ida Nel, ne mâche pas ses mots au moment de réagir aux dysfonctionnements mis en lumière par les représentants de l’Union maritime. « C’est une association bidon. Je les méprise, ce sont des vauriens », déblatère-t-il d’entrée. Avant de s’attaquer directement au directeur d’exploitation de Sodrifam, Fahridine Mlanao : « Dites-lui d’aller revendiquer aux Comores. Il ne veut pas que Mayotte se développe. » Précisant au passage que le groupe « doit plus de deux millions d’euros à MCG ». Une somme importante, nécessaire pour « investir et honorer les échéances bancaires ». Même son de cloche pour la Somaco, qui en prend également pour son grade. « [Sam Akbaraly] occupe un terrain au port. Il est le locataire et il ne veut pas payer ses loyers. Cela n’a rien à voir avec des tarifs portuaires. Soit dit en passant, la requête du Département par rapport aux tarifs a été rejetée par le tribunal. S’il veut ses conteneurs, qu’il paye ses dettes ! Ils sont comme ça les Indiens, ils veulent bouffer sans payer ! » Lunaire…

Mayeride : la nouvelle offre pour découvrir Mayotte à dos de trottinette électrique

-
mayeride-nouvelle-offre-decouvrir-mayotte-trottinette-electrique

Un Petit-Terrien et son frère viennent de lancer une offre de randonnée tout-terrain. Les deux entrepreneurs espèrent profiter de ces virées pour valoriser les producteurs et artisans locaux et sensibiliser à l’environnement. L’occasion de découvrir Mayotte sous un nouvel angle.

Vous avez peut-être aperçu son camion au détour d’un rond-point, ou son étonnante bande de bikers, sacs fluos sur les épaules et les guiboles tremblantes sur ce drôle de vélo bleu. Mayeride – prononcez “may”, comme Mayotte et “e-ride” à l’anglaise – vient de débouler dans le paysage mahorais, et les amateurs de randonnées et de sensations fortes risquent de ne pas être déçus.

Sa proposition ? Découvrir l’île sur trottinette électrique. Mais attention, pas du genre attaché-case, costard cravate, nouvelles mobilités. Non, cette trottinette-là est tout-terrain, d’où sa drôle d’allure, plus proche à première vue d’une bonne vieille bicyclette. “C’est très facile, c’est comme une trottinette normale à part que les dimensions des roues sont plutôt celles d’un vélo, voire même plus grosses. Et au dos, nous avons un sac qui fait office de batterie. Après, il suffit d’accélérer et de trouver son équilibre”, décrit Abdul, l’entrepreneur qui propose avec son frère ce nouveau concept à Mayotte. Le tout permet d’aller jusqu’à 25 km/h. Idéal pour serpenter au milieu des padzas !

 

Valoriser les productions locales

 

C’est en regardant un reportage sur TF1 que ce fan de vélo, qui a longtemps pratiqué le VTT en montagne pendant ses dix années passées en métropole, a eu l’idée de se lancer. « Ça a été une source d’inspiration, et je me suis dit que je pouvais calquer ça ici, mais en le ‘‘mahorisant’’ un peu. L’objectif, c’est aussi de pouvoir apporter une valeur ajoutée à nos circuits en allant chercher des agriculteurs ou artisans du coin pour valoriser leurs productions”, déroule l’associé, qui finalise justement la liste des partenaires. Le tout dans une idée “d’économie circulaire”, fait-il valoir. En fonction des sorties, les participants pourront aussi acheter les produits, en plus de rencontrer “ceux qui nous nourrissent et qui font avancer la société mahoraise”.

Mieux encore : cet amoureux de la nature veut donner une dimension écologique à ces randonnées électriques. Dans un état d’esprit qui commence d’ailleurs à faire son chemin sur l’île aux parfums, Abdul mise sur ces escapades pour sensibiliser à l’environnement, et ramasser les déchets qui jonchent les bords de route. “Nous voulons faire découvrir le patrimoine naturel et culturel de Mayotte et parler de la préservation de l’environnement, de l’eau, etc.”, résume-t-il.

 

Deux heures de sortie, trois circuits possibles

 

Et le projet n’en est qu’à ses premiers pas. Alors qu’il se prépare depuis un an, le temps d’acheter les engins notamment – un casse-tête vu la crise sanitaire – Abdul commence tout juste les premières sorties. En avril, une virée avec l’association des familles rurales a mis un coup de projecteur sur Mayeride. “Nous n’avions pas prévu de faire le lancement officiel de si tôt, car il nous restait quelques ajustements à faire, par exemple au niveau de la plateforme de réservation. Mais voilà, comme ça, nous sommes obligés d’accélérer« , sourit-il. Pour réserver, il suffit pour l’instant d’un coup de fil au numéro affiché sur la page Facebook “Mayeride Mayotte”. Les réservations sont limitées à neuf places par sortie et il faut compter à partir de 45 euros les deux heures. Enfin, il faut choisir dans un catalogue de trois sorties, soit en Petite-Terre, soit dans le centre, soit dans le sud. “D’ici la fin de l’année, nous comptons aussi proposer des circuits dans le nord”, précise Abdul. Convaincus ? Alors à vos marques, prêts…

Six délits au compteur, mais quatre comme mineur : un délinquant s’en sort avec six mois de sursis en correctionnelle

-
six-delits-compteur-quatre-mineur-delinquant-six-mois-sursis-correctionnelle

Vols à répétition, accumulation des délits comme des crimes… Un jeune homme de 22 ans comparaissait ce mercredi devant le tribunal correctionnel. Son parcours, qui l’a conduit très tôt dans la délinquance, aurait pu lui valoir sept ans d’emprisonnement et jusqu’à 100.000 euros d’amende. Mais le tribunal s’est déclaré incompétent pour quatre de ses délits, commis alors qu’il n’avait pas 18 ans.

Il est facile d’y entrer, difficile d’en sortir. À Mayotte, la délinquance happe les jeunes en errance. Ces derniers se retrouvent enfermés dans un cycle sans fin où ils disent n’avoir d’autre choix que de commettre des actes délictueux. Khader*, 22 ans, en est le parfait exemple. Ce mercredi, dans la salle d’audience du tribunal judiciaire de Mamoudzou, il est accusé d’avoir cambriolé des magasins qui vendent des produits électroménagers et électroniques, et d’avoir tenté de voler un ordinateur dans les locaux de la SMAE. Au total, six délits lui sont reprochés, qui viennent s’ajouter à un casier judiciaire déjà bien rempli : sept autres affaires s’inscrivent déjà dans son palmarès…

À chaque fois, son mode opératoire et ses cibles restent les mêmes. Avec l’aide de comparses, Khader s’introduit dans des locaux, en brisant la vitre ou les nacos, à la recherche d’ordinateurs, de portables ou de télévisions. Le visage masqué, le voleur laisse toutefois des traces de son passage derrière lui, car il se blesse très souvent lors de ses vadrouilles. Du pain béni pour les enquêteurs qui remontent systématiquement à lui grâce à ces gouttes de sang semées comme des miettes de pain. Ses empreintes et son ADN ont retapé les murs !

Mais alors que le juge relate les faits, le jeune homme répète tout simplement « Je ne m’en souviens pas ». Une réponse qui surprend toute l’assemblée, notamment parce que Khader avait reconnu cinq faits sur six lors d’une première audition. Le juge continue à détailler chaque cambriolage mais l’accusé s’obstine. « Vous ne vous souvenez pas avoir brisé une vitre ? Pourquoi vous avez le sourire à chaque fois que vous me donnez ce genre de réponse ? J’ai l’impression que vous souriez parce que vous-même ne croyez pas en votre réponse », s’agace le juge. « Vous voulez que je vous mente ? », rétorque Khader. Ce dernier finit par se souvenir de deux faits qui lui sont reprochés. Une tentative de vol à la SMAE et une autre dans les locaux de l’entreprise Colas. Une supposée amnésie partielle que l’accusé tourne en sa faveur puisqu’il ne reconnaît que les faits les moins graves.

« Je n’avais pas le choix »

Khader est l’exemple type de mineur isolé. Né à Anjouan, aux Comores, en 1998, l’enfant est envoyé à Mayotte un an plus tard. Ses parents résident dans son pays d’origine, alors il habite chez sa tante quelques temps. Il est ensuite balayé de familles d’accueil en familles d’accueil. Le système ne lui réussit pas, il sombre dans la délinquance alors qu’il n’a que 13 ans.« Je n’avais pas le choix » dit-il, d’une petite voix lorsque le juge évoque son parcours chaotique.

Commencent alors des épisodes de « bêtises » selon lui et d’accalmies que le tribunal n’arrive pas à expliquer. Khader est arrêté à plusieurs reprises et passe devant le tribunal des enfants. Avertissements, période probatoire, sursis, la justice évite d’envoyer le jeune homme en prison mais ce dernier multiplie les récidives. Chacune d’elle étant plus grave que la précédente. « Beaucoup de temps et de moyens ont été déployés pour Monsieur. Toute la machine judiciaire a fait le nécessaire pour qu’il puisse se réinsérer, on lui a donné ses chances mais il continue », rappelle le procureur lors de l’audience. Khader en est conscient mais justifie ses actes par une seule phrase. « La vie est compliquée », murmure-t-il.

Une réponse qui ne satisfait pas le procureur. « Le discours que vous tenez est trop facile. Il faut maintenant se comporter en adulte et prendre ses responsabilités. Vous allez pouvoir réfléchir à tout cela en prison parce que vous avez encore quelques mois, voire quelques années en prison », assène le procureur, en référence au procès qui l’attend devant une cour d’assises pour mineurs, pour des faits criminels cette fois-ci.

Le procureur requiert « 2 ans avec sursis ». Mais pendant que les juges sont en train de délibérer, patatra ! Voilà qu’il se rend compte que Khader était mineur pour quatre faits sur six. Autrement dit, il doit être jugé devant un juge pour enfants. Comment cette information a pu échapper aux différents acteurs de la justice qui ont eu le dossier entre leurs mains ? On l’ignore mais cette erreur judiciaire profite à l’accusé qui écope de six mois d’emprisonnement avec sursis. « Le tribunal se déclare incompétent sur quatre infractions », déclare le juge sans donner plus de précisions. Finalement, Khader n’est pas le seul à souffrir de perte de mémoire… En attendant que le parquet décide des suites à donner, il retourne au centre pénitentiaire de Majicavo où il est enfermé depuis maintenant 15 mois.

* Le prénom a été modifié

La nouvelle stratégie de la ville de Mamoudzou pour renforcer sa lutte contre l’insécurité

-
nouvelle-strategie-mamoudzou-renforcer-lutte-contre-insecurite

Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou, Yann Le Bris, le procureur de la République et les représentants de l’État ont officiellement installé le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance de la ville chef-lieu ce mardi 13 avril. Il a pour mission de freiner l’insécurité grandissante dans la commune à travers différentes actions et partenaires.

Une minute de silence en hommage à Miki, l’adolescent de M’tsamboro, décédé vendredi dernier à la suite d’une agression à la sortie du lycée de Mtsangadoua. C’est ainsi que commence la cérémonie d’installation du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) de Mamoudzou, comme pour rappeler la gravité de la situation à Mayotte. L’insécurité grandissante sur le territoire étouffe les habitants alors que les actions se multiplient pour inverser la tendance et apporter un semblant de paix sur l’île. Dernier exemple en date, les assises de la sécurité et de la citoyenneté organisées en fin d’année dernière. De ces deux jours de concertation découlent le CLSPD de Mamoudzou.

Ce n’est pas une première, cette organisation existait déjà dans la ville chef-lieu, mais elle était inactive depuis deux ans. Ambdilwahedou Soumaïla souhaite la réactiver avant que la délinquance arrive à point de non retour dans la commune. « La sécurité des citoyens ne peut être assurée de façon durable sans une coordination collective. Cette instance permettra de mettre les moyens humains et financiers pour atteindre les objectifs ciblés », annonce le maire de Mamoudzou. Et ces derniers sont ambitieux puisque le CLSPD dégage 11 grands axes. Parmi lesquels : l’installation d’un plan local de prévention de la délinquance avec un plan d’actions pour la sécurité et la salubrité publique, la mise en place d’un conseil pour les droits et devoirs des familles et accompagnement parental, ou encore le suivi et la valorisation du pacte de sécurité signé ente la ville et la préfecture en octobre 2020.

Toutes ces initiatives seront animés par les différents services de l’État et la commune. Et chacun devra y mettre du sien ! « Le CLSPD ne doit pas être une coquille vide, sinon elle ne servira à rien », rappelle le procureur de la République, Yann Le Bris. Afin d’éviter ce scénario, des ateliers autour de la famille et de l’éducation seront rapidement mis en place. Le but ? Pouvoir rendre des conclusions dans six mois. Mais Ambdilwahedou Soumaïla sait d’ores et déjà que le travail qui les attend est colossal « Le mal est profond, le chemin pour trouver la liberté d’entant va être long, mais en travaillant ensemble, nous y arriverons. »

 

Augmenter les moyens coûte que coûte

 

L’une des mesures phares est l’augmentation des effectifs de la police municipale, un engagement qui remonte à six mois. « Mayotte est le territoire qui a le moins de policiers municipaux par rapport à sa population. Nous devons faire un effort sur le recrutement de ces agents, car ils connaissent le territoire, la population et peuvent détecter les jeunes qui commencent à dévier », conseille Jérôme Millet, sous-préfet. Le chef-lieu qui compte actuellement 36 policiers municipaux doit mener ce chiffre à 70 afin de se rapprocher de la moyenne nationale. Deux commissariats seront d’ailleurs ouverts prochainement à Kaweni et à Passamaïnty. Ambdilwahedou Soumaïla promet d’éclairer tous « les recoins sombres de la ville », qui sont souvent le théâtre des scènes de délits.

De son côté, la préfecture accompagnera la commune dans la mise en place de vidéo connexion. « Mayotte est le territoire de France le moins protégé par les caméras », rap-pelle une nouvelle fois le sous-préfet. La police nationale, la gendarmerie, ainsi que les acteurs associatifs devront également fournir d’avantage d’efforts et multiplier leurs actions sur le terrain.

Mais cette stratégie n’est pas vue d’un bon œil par Elyassir Maanroufou, qui représentait le sénateur Hassani Abdallah lors de l’installation du CLSPD. « Nous avons vu des dis-positifs fleurir de partout, mais nous avons aucun diagnostic qui définit qui fait quoi sur notre commune. Ce n’est plus acceptable que tout le monde fasse la même chose et qu’au final personne ne fasse rien du tout. Les évènements qui se sont déroulés à M’tsapéré il y a une semaine nous montrent les limites de ce que nous avons mis en place. Tout ce que nous avons cité ici existe déjà, mais cela manque de coordination. » Il est donc important d’identifier la mission de chacun et de changer de méthode.

Elyassir Maanroufou propose par exemple le retour du service du rappel à l’ordre qui existait à Mamoudzou il y a quelques années pour que chaque famille prenne ses responsabilités. Le maire réaffirme son dévouement pour mener à bien sa mission de pré-vention de la délinquance. « Nous n’allons pas attendre les conclusions pour mettre les choses en place », promet-il. Encore faudrait-il que tous les partenaires sollicités soient aussi investis que lui. Convié à l’installation du CLSPD, le conseil départemental a laissé sa chaise vide. Et son absence s’est fait remarquer. « C’est regrettable, d’autant plus que le Département est le chef de file de l’action sociale et de la protection de l’enfance », conclut Elyassir Maanroufou. L’heure du grand rassemblement attendra…

Économie bleue à Mayotte : une stratégie et des ambitions à concrétiser pour éviter le coup d’épée dans l’eau

-
economie-bleue-mayotte-strategie-ambitions-concretiser

Ce mardi 13 avril se déroulait le comité de pilotage final de restitution de la stratégie de développement de l’économie bleue de Mayotte. Trois objectifs affichés, huit secteurs économiques concernés et 46 actions répertoriées résument les ambitions du conseil départemental. Pêle-mêle.

« Il faut qu’on se fixe un cap, une vision à long terme. » En ouverture ce mardi 13 avril du comité de pilotage final de restitution de la stratégie de développement de l’économie bleue de Mayotte, le 6ème vice-président du Département, Mohamed Sidi, ne cache pas ses attentes face à ce « sujet important pour le territoire ». Mais en l’absence d’une boule de cristal, difficile pour lui d’imaginer l’avenir, alors même que le schéma d’aménagement régional, pensé en 2016, peine encore à se concrétiser. “Et je ne suis pas Madame…” Irma ? Seule certitude aux yeux de l’élu : « Il faut profiter de cette richesse, qu’est le lagon. »

economie-bleue-mayotte-strategie-ambitions-concretiser

D’accord, mais comment ? Pas de voyante au bout du fil, mais Raphaëlle Lavenus, cheffe de projet pour BRL Ingénierie, société spécialiste en la matière, qui prend alors la parole. Premier enseignement, trois objectifs se dégagent de l’étude : « déterminer le poids de l’économie bleue à Mayotte à la fois à l’échelle territoriale et régionale » ; « co-construire une stratégie de développement opérationnelle à court et moyen terme » ; « définir un modèle de gouvernance pour favoriser sa visibilité et sa promotion ». Rien de bien sorcier ! Mais dans le détail, les grandes ambitions affichées dans huit secteurs économiques s’avèrent… ambitieuses, tout du moins sur le papier.

« Nous n’avons rien à envier »

Au cœur de l’un des plus beaux lagons du monde, le 101ème département se doit en premier lieu d’agir pour la protection de l’environnement et de limiter les pressions anthropiques. Mais aussi de devenir une terre d’innovation et un haut lieu de recherche d’intérêt planétaire. « Mayotte est en retard et est dépendante des missions extérieures », rappelle Youssouf Dahalani, l’un des membres techniques du groupe de travail. Exemple avec l’exploration du volcan sous-marin. « Nous n’avons rien à envier aux îles du bassin Indo-Pacifique. » En plus de la préservation des espèces protégées, du suivi des écosystèmes marins tropicaux et de la mangrove, ou encore du reboisement des bassins versants, reste la problématique de la gestion des déchets. « Il faut que tout le monde se courbe », insiste-t-il pour tenter de provoquer un électrochoc.

economie-bleue-mayotte-strategie-ambitions-concretiser

Comme tout territoire insulaire, Mayotte concentre un vivier important de pêcheurs, toujours bien loin des standards européens. « À ce stade, le secteur n’est pas attractif, malgré les mesures prises depuis les années 80 », regrette Youssouf Dahalani. Et surtout, il souffre du manque d’infrastructures – même si l’aménagement de sept halles de pêche est en cours de réalisation – et aussi de la concurrence de la part de Maurice et des Seychelles. « Au même titre que l’aéroport, nous avons besoin d’un port de pêche pour attirer les thoniers senneurs. » En attendant enfin une évolution structurelle, le stock de thons albacores fond comme neige au soleil. « Les eaux françaises sont une aire marine protégée. Au titre de l’environnement, la France peut prendre des mesures fortes », insiste Christophe Fontfreyde, le directeur du Parc naturel marin.

Et pour exporter l’effort de pêche vers le large, encore faut-il mettre aux normes les embarcations. À ce sujet-là, Charif Abdallah, le 1er vice-président de la CAPAM, dénonce l’immobilisme de l’Europe. « On parle de modernisation des outils de travail, mais jusqu’à maintenant, Bruxelles refuse de nous donner un avis favorable pour le renouvellement des flottes, en attendant de connaître nos ressources. » Dans ces conditions, impossible de rivaliser avec les mastodontes des pays voisins. Conséquence : « 80% des produits de mer consommés sont importés. »

 

Relancer la filière aquaculture

 

L’aquaculture, voilà un autre secteur porteur, pourtant disparu des radars depuis 2017 avec la fermeture d’Aquamay et de l’écloserie piscicole. En cause : l’arrivée tardive des « aides européennes promises en 2014 », regrette Youssouf Dahalani. Mais le Département ne s’avoue pas vaincu et mise sur une nouvelle structuration dans l’espoir d’atteindre une production de 500 tonnes en 2030, voire même de 1.000 tonnes en 2050. Pour cela, il faut « tirer les leçons des 20 dernières années et éviter de faire fuir des investisseurs potentiels ». « La filière doit être relancée, avec l’appui des politiques publiques. Tout doit découler de cela », martèle-t-il.

Autres thématiques évoquées pour développer l’économie bleue tant défendue et désirée par le conseil départemental : le tourisme, les activités portuaires avec un « hub secondaire », les transports maritimes, les énergies marines renouvelables comme la « géothermie » ou la « courantologie », le dessalement et les biotechnologies. Au total, pas moins de 46 actions plus ou moins concrètes répertorient la stratégie de demain. À charge maintenant pour l’instance de concertation, qui réunira les différentes acteurs du domaine maritime, de s’assurer de leurs exécutions.

La Nuit du Doute : une soirée d’attente pour les musulmans de Mayotte

-
nuit-doute-soiree-attente-musulmans-mayotte

Les deux nuits précédant le ramadan à Mayotte sont toujours particulières. Le début du mois de jeûne étant indiqué par la lune, la date peut varier à un ou deux jours près. La nuit où l’on cherche le fin croissant de lune porte le nom de Nuit du Doute, ou laylat ul-chaq.

Bon alors, c’est demain ou pas ?”, lance Nassir à son groupe d’amis. “On sait pas encore, on va regarder ce soir”, répond Andjib du tac au tac. Le mois de jeûne pour les musulmans débute le lendemain du premier croissant de lune. Et si Mayotte est un département français, des milliers de kilomètres séparent la métropole de l’île. Du coup, le cycle de la lune y est forcément un peu différent. Ceci explique cela ! Ici, c’est donc l’annonce du Grand Cadi de Mayotte que tout le monde attend à l’approche du moment fatidique. Voilà pour la théorie. En pratique, une règle se dessine toutefois, qui se vérifie plus ou moins chaque année : dans le département, le jeûne démarre un jour après l’Hexagone.

Ce lundi soir, tout le monde se doutait donc un petit peu que le mois sacré ne commencerait pas le lendemain. Mais les regards se tournaient tout de même vers le ciel, au cas où. Chacun profitait de ces derniers instants, en famille ou entre amis, à la maison ou aux brochettis. “Je vous avais dit que ce serait mardi”, rétorque fièrement Ayra, avant de croquer dans une brochette. Nassir, lui, préfère la jouer fine. Il dégaine son téléphone aussi sec :“Je vais quand même appeler mon oncle à Anjouan, pour être sûr !” Et Ayra de lever les yeux au ciel, pas pour regarder le croissant, cette fois-ci. “C’est mercredi je vous dis ! Est-ce que vous avez vu la lune monter ?”, martèle-t-elle. La petite équipe alpague des passants dans le quartier, mais n’écope en guise de réponse que quelques moues dubitatives. “Personne ne sait, ça doit vouloir dire que ce n’est pas demain”, conclut Andjib.

« Dès que je la vois, je vous appelle »

Si les trois loustics n’en démordent pas, c’est que ce moment et cette attente avant le mois sacré sont particulièrement importants pour les musulmans. Chacun espère voir la lune en premier, pour bien commencer son mois de jeûne et de réflexion. Car au-delà du fait de ne pas manger ni boire entre le lever et le coucher du soleil, les bonnes actions, la bonté et le partage sont au cœur de ce mois spécial. C’est aussi l’arrivée d’un mois au ralenti à Mayotte, où les commerces et les institutions changent leurs horaires, où le monde vit la nuit. Des habitudes qui seront peut-être adaptées à cause de la situation sanitaire. Resteront sans aucun doute les grands moments de partage.

Demain, à 18h, je regarde le ciel, dès que je la vois, je vous appelle”, annonce Ayra, sûre d’elle. “Et si elle ne monte pas demain ?”, questionne Andjib.“On commencera quand même, en France, ils débutent mardi” rétorque Ayra. Avant d’inviter toute la compagnie à la maison. “ Samedi, on fait le ftour à la maison tous les cinq !”, lance-t-elle avec un sourire réjoui. Chacun salive déjà, avant de prendre la route de son habitation. Le mois de jeûne débutera finalement mercredi sur l’île aux parfums, après deux nuits à attendre. La tête dans les étoiles.

“On restera là jusqu’à ce qu’on voie nos noms sur le panneau” : les demandeurs d’asile manifestent devant le tribunal administratif de Mayotte

-
demandeurs-asile-manifestent-tribunal-administratif-mayotte

Alors qu’ils ont formé un recours devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) depuis de longs mois, des demandeurs d’asile originaires de plusieurs pays arabes ou africains sont toujours dans l’attente d’une convocation. Un délai qui les laisse dans une grande précarité, en les privant notamment de la possibilité de travailler.

Il est un peu plus de 9h ce mardi, quand un groupe d’hommes commence à dérouler des bannières et enfiler des t-shirts noirs devant le tribunal administratif. Sur leur dos, la question “Jusqu’à quand ?” est floquée en lettres blanches. Originaires pour la plupart du Yémen, mais aussi de Syrie ou du Soudan, ces demandeurs d’asile attendent depuis parfois plusieurs mois voire des années une convocation pour une audience devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Alors cette fois-ci, ils ont décidé de dire “bass”. “On restera là jusqu’à ce qu’on voie nos noms sur le panneau d’affichage”, martèle Ahmed*, tandis que ses congénères commencent à monter une tente sous les yeux éberlués d’un policier.

Déboutés de leur demande par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) en première instance, ces potentiels réfugiés peuvent en effet former un recours devant la CNDA dans le mois suivant la notification de la décision. Le problème ? C’est que cette procédure rallonge d’autant le moment où ils pourront enfin obtenir un statut et donc l’autorisation de travailler. “Les délais d’obtention d’une convocation devant la CNDA sont très longs. Et en attendant, ces personnes se trouvent en situation de grande précarité”, confirme Solène Dia, chargée de projet à La Cimade.

 

Sans convocation, pas d’espoir de travailler

 

Dans l’impossibilité de gagner de quoi vivre, les demandeurs d’asile de Mayotte ne perçoivent pas non plus l’ADA, l’allocation pour demandeur d’asile, à cause du régime dérogatoire qui s’applique dans le 101ème département français. Cette allocation a été remplacée par des bons alimentaires donnés par l’association agréée Solidarité Mayotte. Mais ce coup de pouce de trente euros par mois ne dure que pendant six mois seulement…

Une situation que Hussein*, un yéménite originaire d’Aden, connaît bien. Arrivé à Mayotte en mars 2019, cet employé d’administration avant la guerre désespère d’obtenir un jour des papiers, alors qu’il a déposé son recours en novembre de la même année. Or, avec l’expiration de son récépissé dans un mois, ce jeune homme qui souffre de drépanocytose (maladie génétique des globules rouges, ndlr) craint en plus de ne plus pouvoir se faire soigner ou se procurer les médicaments indispensables à sa santé. “Pour l’instant, j’ai rendez-vous toutes les semaines. Mais je ne peux pas dormir avec le stress”, explique-t-il avant de sortir un papier du centre médical de référence (CMR) comme pour prouver le diagnostic. “Tout ce qu’on demande, c’est d’avoir une convocation et pouvoir se mettre à travailler”, complète Hicham*, en réajustant son masque bleu, blanc, rouge sur le nez.

 

Le Covid a rallongé les délais

 

Le Covid qui est passé par là n’a pas non plus arrangé les affaires de ces demandeurs d’asile. “La crise sanitaire a encore davantage amplifié les délais de la CNDA, qui avait suspendu les audiences pendant le premier confinement”, rappelle Solène Dia. Pire, pour certains, des bugs techniques ont même douché les espoirs d’obtenir enfin le précieux sésame. “Moi le 31 mars, j’étais ici-même, de 9h à 11h, mais comme la visioconférence avec la métropole ne fonctionnait pas, je ne suis pas passé. Et je n’ai toujours pas eu de nouvelle convocation”, s’épanche Ahmed, un ancien enseignant au Yémen, arrivé à Mayotte en avril 2019.

 

Un bug technique handicape le tribunal

 

Comme si tout cela ne suffisait pas, un cas de Covid vient d’être confirmé qui a conduit le tribunal à fermer ses portes cette semaine. Et un problème de caméra empêche en effet le bon déroulement des audiences en lien avec la Cour, qui se trouve en métropole. Tombée en panne une première fois pendant le confinement national de mars 2020, le matériel a à nouveau décidé de jouer des siennes aux magistrats, il y a deux mois et demi. À croire que l’engin attrappe lui aussi le virus ! “Nous avons relancé plusieurs fois Orange, car le technicien qui doit venir s’en occuper est à La Réunion. Mais vous n’êtes pas sans savoir qu’il faut des motifs impérieux pour se déplacer”, déroule le président des tribunaux administratifs de l’île Bourbon et de Mayotte, Gil Cornevaux. Une nouvelle caméra devrait normalement être livrée. Mais encore faut-il pouvoir l’installer… “Ce problème nous touche autant pour les référés et les audiences collégiales. J’ai secoué le cocotier, mais je ne suis pas ingénieur !” Avant de rappeler que le tribunal administratif n’est pas responsable des délais d’attente pour les demandes d’asile. “Nous ne sommes que le réceptacle, aucun magistrat du tribunal administratif ne prend part à ces audiences. La CNDA pourrait tout à fait se mettre d’accord avec la préfecture pour arranger une pièce dans un gymnase ou autre pour faire leur visio !”, s’agace-t-il.

*les prénoms ont été modifiés

Hommage à Miki : élèves et parents demandent plus de sécurité aux abords du lycée du Nord

-
hommage-miki-eleves-parents-demandent-plus-securite-abords-lycee-nord

Élèves, parents, personnels éducatif et administratif, membres du rectorat mais aussi autorités civiles, politiques et religieuses étaient réunis ce lundi à la cité du Nord pour une cérémonie en l’honneur du jeune Miki, assassiné jeudi dernier à la sortie des cours. L’occasion pour certains d’adresser leurs revendications à l’établissement et au rectorat.

Un brouhaha s’élève de l’enceinte de la cité du Nord, ce lundi matin, à Mtsangadoua. La cérémonie tarde à commencer. Les groupes d’élèves s’entassent sur les marches qui descendent vers le faré central, et les conversations vont bon train, tantôt entrecoupées d’éclats de rires ou de voix. Derrière l’apparente bonne humeur, les pancartes que certains tiennent fermement à la main ne font pas de doute sur le drame qui a réuni tout le lycée ce matin. “Miki, oui je le connaissais. J’étais dans sa classe l’année dernière. C’est triste, c’était vraiment un bon gars, un mec sympa”, témoigne un élève de 1ère, avant de pousser l’un de ses camarades à poser avec son bout de carton. À côté du hashtag #JesuisMiki, le message est on ne peut plus clair : “Moins de violence, plus de sécurité !!

On est plusieurs à être venus aujourd’hui pour manifester. Certains n’avaient même pas cours et ils sont quand même là”, reprend Saminattou, élève en Terminale. Comme la bande de ses congénères, la jeune femme déplore le manque de sécurité, qui selon elle, contribue à expliquer l’attaque survenue jeudi dernier, et qui a coûté la vie à Miki. “Il n’y a pas assez de contrôles, les gens rentrent comme ils veulent, même par ici, ou par le parking, tout le monde peut entrer”, déroule-t-elle en pointant du doigt plusieurs spots dans l’établissement. Et les surveillants et autres personnels chargés de veiller sur les élèves ? “Ils sont éparpillés, ça ne protège personne. Quand il y a une bagarre, ils arrivent au dernier moment. La preuve, pour Miki, ça s’est passé là-bas, sur le parking et les jeunes ont eu le temps de s’enfuir avant qu’ils ne réagissent !

 

La FCPE fait part de ses revendications

 

Un constat que partagent les parents d’élèves, représentés à la cité du Nord par Couboura Ahmed. La mère de famille était sur les lieux peu après le drame, jeudi dernier. “J’ai vu un attroupement et j’ai demandé ce qu’il s’était passé. On m’a dit que quelqu’un avait été poignardé. Les enfants étaient enfermés dans le lycée. Je me suis approchée, et j’ai vu le jeune allongé, entre deux bus. Il gisait dans son sang, une paire de ciseau plantée dans la tête”, décrit la représentante, qui à ce moment-là, n’a vu qu’un seul surveillant auprès du blessé. “S’il y avait plus d’effectifs, je pense que ces jeunes n’auraient pas eu le temps de lui asséner tous ces coups.” D’après l’association des parents d’élèves, la cité du Nord compte environ 13 surveillants pour un peu plus de 1.750 élèves. Or à l’origine, l’établissement a été conçu pour 900 âmes… En plus des effectifs supplémentaires, la Fédération des conseils des parents d’élèves (FCPE) demande aujourd’hui une meilleure sécurisation du parking, avec une clôture, et des caméras de surveillance.

 

Un assassinat en dehors de l’établissement

 

Chaque année, le rectorat est très vigilant sur ces questions. Nous avons obtenu un poste l’année dernière, nous en aurons sans doute un peu plus l’année prochaine”, fait valoir le proviseur Pascal Lecocq, qui évalue à une dizaine les agents présents chaque jour sur le parking aux heures de sortie de cours, entre les surveillants, les équipes mobiles de sécurité (EMS) et les médiateurs. “Je rappelle que ce drame est survenu sur la voie publique et que le procureur de la République a retenu la qualification d’assassinat, donc avec préméditation. On voulait tuer ce jeune, il y avait des appels sur les réseaux sociaux…”, souligne-t-il.

“Jamais ils n’auraient imaginé que c’étaient des meurtriers”

En effet, les menaces visant Miki ne dateraient pas d’hier, comme l’indique Yasmina Aouni, la présidente du club de foot des Abeilles, à M’tsamboro, où s’entraînait le lycéen de 17 ans. Deux des trois auteurs de l’agression étaient scolarisés à la cité du Nord et des rivalités anciennes pourraient expliquer leur geste. Un choc de plus pour les élèves… “Ils nous disent qu’ils avaient l’air gentil, que jamais ils n’auraient imaginé que c’étaient des meurtriers”, souffle la responsable du club. Comment, alors, justifier ce fatal passage à l’acte ? “Ils évoquent d’eux-même une certaine banalisation de la violence. Certains jeunes la voient dans les jeux vidéos, ou bien sur les réseaux sociaux. Comme une forme de sacralisation de la figure du bandit”, tente d’expliquer Yasmina Aouni, sans avoir toutes les cartes en mains.

Des éléments de réponse manquent, que seuls le temps et la justice pourront apporter. Et passées les revendications, l’heure était surtout au recueillement et aux messages d’apaisement, ce lundi. En fin de matinée, les responsables institutionnels, politiques et religieux se sont finalement passés le micro, avant une minute de silence et une prière pour rendre un dernier hommage à Miki. Tous ont martelé l’importance de l’éducation, et le refus de la vengeance. “Nous ne répondons pas au mal par le mal”, a notamment souligné le maire de Mtsamboro Laïthidine Ben Saïd. Avant de rappeler cette phrase chère au 101ème département : “Nous voulons être français pour être libres.” Dans l’assistance, une jeune voix s’élève : “On n’est pas libre, M’sieur !

Finances publiques : Déclaration de revenus en 2021, que faut-il retenir ?

-
finances-publiques-declaration-revenus-2021-que-faut-il-retenir

Comme chaque année, l’heure est à la déclaration de revenus. L’occasion pour la direction régionale des finances publiques de rappeler la procédure à suivre. Et alors que l’État souhaite toujours plus dématérialiser, Mayotte se confronte encore et toujours à la fracture numérique qui sévit sur le territoire.

« La campagne annuelle de l’impôt sur le revenu est un moment privilégié de la relation entre les usagers de Mayotte et les services de la direction régionale des finances publiques. » Ce petit mot doux est signé Christian Pichevin, l’administrateur général de ladite institution. Ce lundi 12 avril, Monsieur Trésor public prenait l’occasion d’un point presse pour rappeler l’ouverture de la période fiscale. 70.000 déclarations sont attendues. « En 2020, pas moins de deux tiers ont été souscrites en ligne. » Si ce chiffre met en exergue la progression dans l’accomplissement des procédures dématérialisées d’année en année, l’accès à une connexion Internet dans le 101ème département empêche toujours certains résidents de procéder numériquement. Pas de problème en soi : tous ceux qui ne sont pas passés par la toile au cours des deux dernières années vont recevoir une déclaration papier. Ainsi, le service des impôts des particuliers de Mamoudzou s’attend à répondre à près de 20.000 sollicitations.

Covid-19 oblige, le centre des finances publiques de Mamoudzou espère « éviter tout déplacement » inutile quand cela est possible. Ainsi, lorsqu’un usager souhaite obtenir un entretien physique le mardi ou le jeudi via son compte fiscal personnel (sur www.impots.gouv.fr), un contre-appel est systématiquement opéré. Le but : répondre directement s’il s’agit d’une question simple ou préciser les éléments à apporter le jour du rendez-vous. « Beaucoup de demandes sont traitées de cette manière. Toutes les dispositions sont prises d’un point de vue sanitaire », insiste Christian Pichevin. Il est également possible d’échanger par e-mail (sip.mamoudzou@dgfip.finances.gouv.fr) ou par téléphone (02.69.61.81.10).

 

La déclaration automatique dès 2022

 

Autre possibilité ? Contacter les centres d’appels téléphoniques (08.09.40.14.01, accessible de 9h30 à 20h) situés en métropole. Un canal à privilégier selon la direction régionale des finances publiques à Mayotte, et qui, au niveau de la métropole, a été renforcé par l’envoi de contingents des différentes antennes régionales. Mais Mayotte fait figure d’exception. « Nous avons pu conserver toutes nos ressources au vue de la spécificité locale, [puisque nous devons jongler avec] le français et le shimaoré », se satisfait le successeur de Jean-Marc Leleu.

Dans l’optique de faciliter encore davantage les démarches des Mahorais, la déclaration automatique, validée avec les éléments préimprimés si toutes les informations sont correctes et complètes, sera applicable dès l’année prochaine, avec la mise en œuvre de la déclaration sociale nominative. « Si vous ne faites pas de déclaration, vous ne recevez pas d’avis d’imposition ou de non-imposition », rappelle Florent Guerel, le directeur du pôle gestion fiscale. Et pour dire, la DRFIP réceptionne encore près d’une centaine de demandes par jour… pour l’année 2019 ! Du chemin reste donc à parcourir à Mayotte, où 75% des usagers sont non-imposables en raison des spécificités et de la sociologie.

Toujours est-il que vous avez jusqu’au 20 mai pour faire votre déclaration papier et jusqu’au 8 juin pour celle en ligne. À vos jeux !

Le processus de reconnaissance de la culture entamé à Mayotte

-
processus-reconnaissance-culture-mayotte

Le 4 janvier dernier, le collectif des Arts Confondus a lancé une enquête auprès des jeunes mahorais afin de dénombrer celles et ceux qui pratiquent une ou plusieurs activités artistiques quotidiennement. Au total, parmi 320 jeunes qui pensent que les activités artistiques peuvent déboucher sur un métier, “un tiers déclare vouloir en faire son métier et plus de la moitié ne l’exclut pas”.

L’objectif est d’identifier un seuil plancher de jeunes qui ont des pratiques artistiques et qui aimeraient s’orienter vers un parcours professionnel”, confie Sophie Huvet, porte-parole des Arts Confondus. Le collectif lancera dans les semaines à venir une nouvelle enquête à destination des artistes et des associations culturelles du territoire afin de pouvoir les recenser à leur tour.

La création du poste de directeur des affaires culturelles au rectorat de Mayotte en juillet 2020 et l’inauguration du pôle culturel de Chirongui démontrent une volonté de développer les institutions culturelles de l’île. Mais l’objectif principal aujourd’hui est de penser la structuration de ce secteur. Pour cela, les Arts Confondus souhaite mobiliser les associations, les institutions et les artistes eux-mêmes. “Développer des lieux et des espaces dédiés à la culture n’a pas de sens si nous ne pouvons pas proposer d’activités culturelles dans ceux-ci (…). Il faut des professionnels pour structurer le secteur et par la suite développer les pratiques amateurs.

Par ailleurs, le domaine culturel manque de reconnaissance à Mayotte. La professionnalisation de ce secteur pourrait permettre un développement de la culture dans le 101ème département français. Les jeunes souvent initiés aux pratiques artistiques à l’école pourraient alors prétendre à des formations professionnelles.

 

Pratique contemporaine et identité locale

 

Notre travail repose sur la valorisation du patrimoine immatériel local. Il faut aller puiser dans ce qui se fait à Mayotte et s’appuyer sur cela en lui donnant une forme et un style plus contemporain”, témoigne Sophie Huvet. L’exemple parfait de ce mélange des genres : le hip-hop mahorais. “Nous permettons aux jeunes de travailler sur une pratique contemporaine et défendre une identité locale en utilisant des rythmes de musiques traditionnelles que nous adaptons à cette danse.” La membre de l’association des Arts Confondus rappelle que la promotion de la culture passe avant tout par la diversité. “Nous devons promouvoir les arts traditionnels, mais aussi les arts contemporains et urbains. »

À ce jour, le statut d’intermittent du spectacle n’est toujours pas reconnu sur l’île au parfum. Le rassemblement de tous les acteurs culturels permettra d’entamer des réunions de travail et des mobilisations. “Nous pouvons même penser qu’une consultation de la population sur le développement de la culture pourrait permettre d’adapter au mieux les pratiques culturelles aux attentes des mahorais.” Une enquête qui permettra peut-être une prise de conscience des institutions publiques sur la question de la culture à Mayotte.

Le Département de Mayotte vote un budget annuel de 486 millions d’euros pour 2021

-
departement-mayotte-vote-budget-annuel-486-millions-euros-2021

Le Département votait ce lundi 12 avril son budget annuel, légèrement en baisse par rapport à celui de l’année 2020. Au total, ce sont pas moins de 486.3 millions d’euros qui seront consacrés au fonctionnement et à l’investissement de la collectivité. Un montant qui vise en grande partie à développer l’aménagement du territoire.

Si le budget annuel a été voté sans problème par les élus du conseil départemental, il a tout de même suscité l’indignation de Naïlane-Attoumane Attibou, directeur du conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte (CCEEM). « Le Département prétend avoir des priorités mais ce budget ne les reflète pas », dit-il en pointant du doigt les sommes attribuées au social, à la culture, à l’environnement ou encore à la culture et au patrimoine.

Pour cette année 2021, le service du social devrait recevoir en théorie 3.8 millions d’euros… La culture, le patrimoine et l’environnement recevront encore moins. Mais la collectivité se défend, en évoquant la somme consacrée à la santé et la petite enfance. « Il existe le budget fixé par l’assemblée et le budget annexe. Pour la santé et la petite enfance, nous sommes à 60 millions d’euros. Je peux comprendre que par rapport aux besoins du territoire, ce chiffre ne soit pas suffisamment important, mais nous avons aussi le devoir de dynamiser les autres compétences du Département », indique Ben Issa Ousseni, vice-président des finances.

Soit, mais tous les services ne possèdent pas de budget annexe, particulièrement ceux évoqués par Naïlane-Attoumane Attibou… Lequel a donc poliment été envoyé sur les roses, sans réponse à ses interrogations. Malgré cet accrochage verbal, que retenir de cette matinée ? Tour d’horizon des chiffres clés évoqués par l’assemblée.

 

Budget total de 486.3 millions d’euros

 

Cette somme votée par l’assemblée plénière correspond au budget de fonctionnement du Départe-ment qui est de 318.7 millions d’euros. Ce à quoi, il faut ajouter l’enveloppe consacrée à l’investissement, estimée à 167.6 millions d’euros. À titre de comparaison, le budget de fonctionne-ment s’élevait à 321.6 millions d’euros en 2020.

 

Près de 30 millions pour le STM et le SDIS

Cette année, les conseillers départementaux accordent une enveloppe de 17.9 millions d’euros au service de transports maritimes contre 11 millions un an plus tôt. De leurs côtés, les sapeurs-pompiers, qui ont traversé plusieurs crises et qui ont changé de directeur le mois dernier, se voient octroyer 12 millions d’euros pour 2021. Une somme qui s’inscrit dans la politique de la collectivité puisqu’en 2020, le service départemental d’incendie et de secours avait perçu 11.7 millions d’euros de la part du Département.

 

1.2 million pour la MDPH

La maison départementale des personnes handicapées de Mayotte auront cette année 1.2 million d’euros du conseil départemental. Un montant qui peut sembler dérisoire au vue des besoins du territoire…

 

94 millions d’euros pour l’aménagement

Le service de l’aménagement du territoire est le grand gagnant de ce budget annuel puisqu’il con-centre à lui seul plus de 94 millions d’euros. L’ambition du Département est d’investir, entre autres, sur les routes, les infrastructures, ou encore l’électrification rurale.

 

96 millions d’euros d’excédents

La grande fierté du président Soibahadine Ramadani est l’excédent généré sur le budget 2020. Si à son arrivée en 2015, le Département était en déficit, il a voulu remédier au problème. Ses efforts ont payé puisqu’en 2020, la collectivité enregistre 56 millions d’euros d’excédent sur le budget de fonctionnement et 40 millions d’euros concernant l’investissement. L’assemblé plénière a décidé d’affecter les 56 millions au service de santé et protection de l’enfance.

Concours : Trois semaines de préparation de plus pour Mister Mayotte

-
concours-trois-semaines-preparation-plus-mister-mayotte

Il y a quelques mois, Fedhila Haidar ne pensait pas être à deux doigts de participer à l’élection de Mister France, prévu le 8 mai prochain. En effet, cette année, la situation sanitaire a empêché le concours Mister Mayotte d’avoir lieu. De fait, Fedhila a donc obtenu son titre par nomination. Et un peu par surprise. Rencontre.

concours-trois-semaines-preparation-plus-mister-mayotte« Je faisais mes courses ! » Tout sourire, Fedhila raconte comment il a croisé par hasard Mariame Hassani. Dauphin de l’élection de 2016, le jeune homme entame alors une discussion informelle autour du concours avec la présidente locale du comité. “Elle m’a dit qu’il cherchait un représentant pour Mister Mayotte et en rigolant je lui ai dit “envoie-moi” !”, rapporte-t-il. Après un échange de numéros, il n’y pense plus trop. Puis, il reçoit un coup de fil de Mariame, lui annonçant qu’il avait été choisi. Sur le coup, c’est un peu la panique. “Il fallait que je reprenne le sport, que je change mon alimentation, tout ça très rapidement”, se souvient-il. S’il ne s’est pas senti légitime tout de suite, n’ayant pas été élu mais nommé, son sentiment a rapidement changé. Il a certes été choisi uniquement par le comité, mais deux autres profils étaient potentiellement étudiés. “Je me sentais un peu mal au début, parce que certains candidats ont fait le casting, et moi je ne l’ai pas fait. Mais savoir que j’ai été choisi alors qu’on était trois m’a rassuré.

Sa confiance, il l’a aussi obtenue grâce à sa commune. Fedhila vient de Sada et sa nomination a créé une vague de soutien dans le village. “Ils sont tous très fiers de moi et espère que je vais aller au moins jusqu’au podium.” Une conférence de presse a même été organisée par la ville, pour lui permettre de se faire connaître, même si l’élection n’a pas eu lieu. Un engouement qui s’est propagé à toute la population mahoraise. Le jeune homme dit avoir reçu beaucoup de messages de soutien et être parfois reconnu dans la rue. « Même derrière le masque », rigole-t-il. Quelle star !

 

Un engouement qui a ses limites

 

Poussé par “beaucoup d’ondes positives”, Fedhila a aussi ses détracteurs. C’est, selon lui, dû au contexte social mahorais. Le Mister ne manque d’ailleurs pas d’anecdotes : comme cette fois, quand une dame l’a arrêté pour lui demander s’il avait conscience qu’il défilerait en maillot de bain… Des réactions qu’il comprend, mais qui n’entament pas sa fierté face au parcours accompli. Il y a cinq ans, quand il s’était présenté, il n’imaginait pas voir ce qui se cachait vraiment derrière le monde du mannequinat. Ni même vivre un jour l’expérience Mister. Quelques années plus tard, cette chance, il l’a pourtant bien obtenue, à 22 ans seulement. Et il compte bien en profiter, malgré le Covid, qui a déjà fait décaler le jour du concours national.

 

En préparation jusqu’à la dernière minute

 

Ce qui n’est d’ailleurs pas pour déplaire à Fedhila. Ayant été nominé fin février, il est ravi d’avoir trois semaines de plus pour se préparer physiquement. “J’ai des formations pour poser et pour défiler, mais il faut surtout que je fasse du sport !”, sourit celui qui est aussi stewart chez Ewa Air. Stoppé en plein vol par la crise sanitaire, il n’avait alors plus trop de raisons de faire de se dépenser physiquement. “C’était la belle vie”, glisse-t-il, avec un clin d’oeil. Autant dire que ces trois semaines de plus ne seront pas de trop pour une petite remise en forme ! Et surtout pour se préparer avant d’aller représenter son île, “ses paysages, son cadre, son bon vivre ensemble”, et tâcher de pallier l’autre image de Mayotte. Celle des “barrages et la délinquance”, qui ressort trop souvent dans les médias métropolitains. Le jeune homme pense déjà à son retour sur l’île aux parfums après l’élection, et au bonheur de retrouver les siens. Mais en attendant, direction l’entraînement de sport, à fond les ballons, avant de décoller le 29 avril pour la métropole.

Après la mort de Miki à Mayotte, une journée endeuillée pour l’Éducation nationale et le lycée du Nord

-
mort-miki-mayotte-journee-endeuillee-education-nationale-lycee-nord

Après la mort d’un lycéen vendredi, des suites de ses blessures à la tête reçues à la sortie des cours, une cérémonie d’hommage est prévue à la cité du Nord de Mtsangadoua. Trois jeunes ont été interpellés et mis en examen pour assassinat.

Il est 17h passées, vendredi. Les derniers rayons du soleil éclairent d’une lumière froide la passerelle en bois du CHM, à quelques mètres du service réanimation. “Il est décédé. C’était à 16h46”, souffle le grand-père de Miki, en jetant un œil au certificat de décès qu’il tient fermement dans une main. “Il est né en octobre 2003, il n’avait pas encore 18 ans. C’est dur, c’était mon petit-fils, on n’imagine pas qu’il parte avant soi”, soupire celui qui est resté à ses côtés jusqu’à la fin. “J’ai dit à ses parents de rentrer, et moi je reste ici pour m’occuper des papiers.

Il aura fallu un peu plus de 24h pour que le verdict tombe. La veille, aux alentours de 14h, le jeune Miki, élève de 17 ans au lycée du Nord à Mtsangadoua, est pris à partie par une bande de jeunes alors qu’il s’apprête à monter dans un bus scolaire. Frappé d’un coup de ciseau à la tête, le lycéen est transporté en hélicoptère jusqu’au CHM. Quelques heures plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, il est annoncé en état de mort cérébrale.

mort-miki-mayotte-journee-endeuillee-education-nationale-lycee-nord

La nouvelle ne tarde pas à circuler et la situation était “très tendue” à M’Tsamboro à la suite de cette attaque sanglante, explique Laïthidine Ben Saïd, le maire, proche de la famille qui habite sa commune. “Le coupable a été interpellé par la population hier soir (jeudi ndlr), et ils l’ont amené à la brigade de gendarmerie de M’Tsamboro, qui a été caillassée par des jeunes toute la nuit. Tout le village est sous tension”, racontait-il vendredi matin, en référence aux blocages érigés tôt le matin dans cette localité du nord.

 

Une enquête ouverte pour assassinat

 

Sur des conversations de groupe et sur les réseaux, des informations circulent au milieu des messages de soutien. L’action aurait été préméditée. “Écoutez, là, c’est des jeunes d’Handréma, ils disent clairement qu’ils ‘‘n’en ont rien à foutre’’ des gens de M’Tsamboro”, insiste le grand-père de Miki en lançant une note vocale reçue sur son téléphone. Avant de montrer la photo d’un jeune, un couteau à la main. “C’est lui qui a fait ça”, lâche-t-il, en assurant avoir transmis les pièces au procureur de la République. “On ne va pas laisser les choses passer. Je veux qu’une vraie justice soit faite, et pas retrouver les coupables dans deux ou trois mois dans la rue”, met en garde ce membre de la famille endeuillée.

De fait, une enquête a bien été confiée à un juge d’instruction dès ce samedi, pour assassinat. Trois personnes ont été interpellées, et mises en examen. Deux mineurs et un majeur ont été présentés au juge des libertés et de la détention et placés en détention provisoire, dans l’attente de leur procès, qui pourrait avoir lieu devant une cour d’Assises.

 

Hommage prévu au lycée de Miki

 

Du côté de M’Tsamboro, l’heure est encore au choc et à l’émotion. Les obsèques ont eu lieu samedi dans le village de Miki, où étaient conviés ses proches et ses amis. Lundi (ce jour), ce sera au tour de la cité du Nord de lui rendre un dernier hommage. Une cérémonie est prévue à 9h avec “l’ensemble des autorités civiles et religieuses”, annonce le recteur Gilles Halbout. Le grand Cadi, le maire de M’Tsamboro, les équipes municipales d’Acoua et Bandraboua, mais aussi le député Mansour Kamardine sont notamment attendus pour ce moment de recueillement. “C’est important de tous se rassembler pour montrer que nous pensons à ce jeune, à sa famille et à ses proches”, poursuit le responsable d’académie. L’ouverture du lycée est donc de mise, pour permettre de libérer la parole des élèves avant d’envisager une reprise des cours officielle.

Quant à la sécurité, elle sera renforcée aux abords de l’établissement grâce à la présence de gendarmes et d’équipes du rectorat. “Nous continuons de plus nos travaux de sécurisation”, déroule Gilles Halbout. L’une des pistes envisagées : créer un sas pour les bus qui desservent la cité du nord. Mais il faudra pour cela identifier le propriétaire du terrain sur lequel est construit le parking, qui n’appartient pas au rectorat.

 

Une semaine sous tension pour le rectorat

L’agression du jeune Miki à M’Tsangadoua est tombée comme la goutte de trop. Les établissements scolaires de Mayotte ont connu une escalade de violence toute la semaine dernière, jusqu’à cette issue fatale vendredi soir. D’abord, ce sont des bandes de jeunes qui se sont affrontées aux abords du lycée de Kahani mercredi. Les cours ont été interrompus toute la fin de semaine, car des jets de pierre ont été envoyés et des élèves ont répondu. “Pour nous, il était hors de question d’ouvrir le lycée avec des élèves dans cet état d’esprit”, précise le recteur Gilles Halbout qui indique avoir mené un travail d’identification en lien avec la gendarmerie pour appréhender les fauteurs de trouble grâce aux caméras de surveillance. Un peu moins de dix jeunes auraient été interpellés.

Le lendemain, au lycée Bamana, c’est une bagarre devant l’établissement qui a semé la panique dans les couloirs. “C’était à l’heure de la sonnerie à 9h45, j’étais au dernier étage et en sortant on a entendu des cris dans tout l’établissement”, relate une enseignante. Au milieu de la pagaille, un EMS du rectorat aurait fini par attrapper un élève impliqué dans la rixe. “Il y a eu plusieurs crises de panique après ça, et les services du rectorat qui sont passés vers midi ont fini par déclencher une alerte intrusion”, relate-t-elle, en déplorant le manque d’informations transmises au corps enseignant. “J’ai appris par Le Figaro que deux élèves et un service civique avaient été blessés.” D’après le recteur, s’il y a bien eu des échauffourées devant le lycée, il n’y a pas eu d’agression à l’arme blanche comme la rumeur a pu le laisser entendre. “Les échauffourées à l’extérieur ont donné lieu à un mouvement de foule à l’intérieur et un agent de sécurité qui procédait aux vérifications du contenu des sacs a interpellé un élève et s’est blessé en prenant un objet tranchant dans son sac”, décrit-il. Et deux jeunes auraient en effet été blessés dans les affrontements devant le bâtiment. Dès que les services du rectorat ont été informés de l’événement, une alerte intrusion a été donnée pour confiner tout le monde à l’intérieur, et ainsi identifier un des auteurs.

Enfin, le même jour, un peu après 9h, une intrusion a fait plus de peur que de mal au collège de Tsimkoura. “Un mineur qui n’était pas du collège a dit à ses chiens d’attraper les élèves et de les mordre”, raconte une jeune collégienne de 12 ans. Deux autres personnes seraient arrivées peu après, habillées en noir et armées de machette, poussant la classe à courir se cacher dans une salle. D’après le rectorat, il s’agirait en réalité d’une histoire de vol de téléphone : un jeune ayant tenté de dérober un téléphone se serait fait courser par des élèves et serait réfugié dans le bureau de la CPE.

Objectif smart city : Une nouvelle plateforme numérique pour la ville de Mamoudzou

-
objectif-smart-city-nouvelle-plateforme-numerique-ville-mamoudzou

Ce samedi, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a fièrement dévoilé la plateforme numérique de la MJC de M’Gombani. Lancée en partenariat avec le groupe-ment d’intérêt public CARIF-OREF, l’État, et le Département, cette action s’inscrit dans la politique du premier magistrat de faire de Mamoudzou, une ville connectée ou une « smart city » comme il aime si bien le dire. 21 ordinateurs sont désormais mis à disposition des habitants de l’ensemble de la commune.

L’objectif est aussi de lutter contre la fracture numérique et l’illectronisme. Tous ceux qui le souhaitent pourront se rendre sur place pour faire des recherches d’emplois ou de for-mations. Des intervenants seront également présents pour aider ceux qui en auront be-soin. Mais la ville et le rectorat espèrent surtout attirer un maximum de jeunes, notamment ceux qui n’ont pas accès à Internet chez eux. Pour y accéder, il faudra formuler une de-mande auprès du centre communal d’action sociale de Mamoudzou qui attribuera un pass numérique. Les usagers pourront également se rendre directement à la MJC et de-mander un accès. Ambilwahedou Soumaïla ne compte pas s’arrêter là, une maison du numérique devrait prochainement voir le jour sur sa commune.

objectif-smart-city-nouvelle-plateforme-numerique-ville-mamoudzouobjectif-smart-city-nouvelle-plateforme-numerique-ville-mamoudzou

Violences à Mayotte : « Un établissement scolaire est fait pour éduquer et non pour assassiner »

-
violences-mayotte-etablissement-scolaire-eduquer-non-assassiner-rafza-youssouf

La semaine dernière a été marquée par les actes de violences perpétrés dans et aux abords des établissements scolaires. Au-delà de la colère, les parents d’élèves ont peur que leurs enfants soient les prochains à succomber sous un coup de ciseau, de couteau ou un jet de pierre. L’union départementale de la confédération syndicale des familles monte une nouvelle fois au créneau. Sa présidente, Rafza Youssouf Ali, demande des sanctions fortes et exemplaires en urgence pour dissuader les délinquants. En parallèle, un travail sur le long terme, avec différents partenaires, doit également se faire.

Flash Infos : La semaine dernière, différents établissements scolaires ont été le théâtre d’actes criminels. Un lycéen est décédé, d’autres ont été blessés. Ces agressions ne sont pas une première. Quelle est la source du problème selon vous ?

Rafza Youssouf Ali : Les conflits inter-villageois entrent dans les écoles et c’est problématique. Un établissement scolaire est fait pour éduquer et non pour assassiner. Toutes les familles ont la boule au ventre quand leurs enfants partent à l’école. Ce n’est plus possible. Il faut arrêter d’être trop laxistes. Les autorités compétentes doivent prendre des sanctions exemplaires et taper fort.

FI : À quels types de sanctions faites-vous référence ?

R. Y. A. : La justice connaît son travail et doit punir ces jeunes. Mais l’État, le rectorat, et même le Département doivent également prendre des mesures. Nous demandons par exemple à ce qu’il y ait des portiques à l’entrée des établissements scolaires pour détecter les objets dangereux dans les sacs. Nous voulons aussi la création d’un centre d’éducation fermé pour rattraper l’éducation ratée de ces jeunes. Les exclure de l’école ne suffit pas, il faut les encadrer parce que j’estime que ceux qui commettent ces actes de barbarie ont des problèmes psychologiques. Ils ne peuvent être laissés dehors à l’abandon. Ils peuvent aussi être obligés d’effectuer des travaux d’intérêt général avec leurs parents, car ce sont eux qui ont failli à leur devoir. Et puis, ceux qui ne sont pas Français doivent tout simplement être exclus du territoire avec leurs familles.

FI : Travaillez-vous justement avec les familles pour qu’elles puissent mener à bien l’éducation de leurs enfants ?

R. Y. A. : Nous le faisons, mais l’UDCSF n’a pas assez de moyens pour ce genre de mission. Pourtant, ce n’est pas faute de demander ! Mais certains parents devraient réaliser par eux-mêmes qu’ils ont raté l’éducation de leurs enfants et aujourd’hui c’est toute la population qui paye les conséquences. Le pire, c’est que personne n’ose dénoncer ces jeunes. Par exemple, après les affrontements à Kahani, le lycée a été fermé deux jours pour identifier les auteurs, mais jusqu’à présent, nous ne les connaissons toujours pas. Je lance un appel : n’ayez pas peur de dénoncer ces jeunes !

FI : Nous avons eu connaissance de la signature d’une convention entre différents partenaires, dont l’UDCSF, pour lutter à long terme contre la violence juvénile. Quel est l’objet de ce document ?

R. Y. A. : Effectivement, le Département a formé un partenariat avec le rectorat, la préfecture, l’association des maires, le tribunal judiciaire de Mamoudzou et la caisse des allocations familiales de Mayotte. Nous avons signé une convention et nous formons désormais une instance qui mènera des actions pour lutter efficacement contre la violence. Ce document trace le parcours sur lequel nous pouvons travailler.

FI : Pensez-vous réellement que cette instance va éradiquer les problèmes de violence à Mayotte ?

R. Y. A. : Il est clair qu’elle ne sera pas effective dans l’immédiat. Ce que nous faisons est un travail sur le long terme. Nous sommes en train de changer les méthodes. Avant, quand des actes de violences avaient lieu, nous les condamnions avec les mots sans aller plus loin. Cette instance réunit tous les éléments indispensables pour prendre les décisions adéquates.

Avec la box voyage « En dehors des sentiers battus », évadez-vous dans l’océan Indien

-
box-voyage-en-dehors-des-sentiers-battus-evadez-vous-ocean-indien-2

Assistante maternelle de profession, Caroline Tschofen vient de créer sa société de travel planner. En raison des restrictions sanitaires, elle propose, avant de pouvoir se lancer officiellement, une box pour promouvoir l’artisanat et les producteurs locaux de l’océan Indien. Une manière de voyager tous les quatre mois vers une nouvelle destination de la région.

box-voyage-en-dehors-des-sentiers-battus-evadez-vous-ocean-indien-2La fête des mères approche à grands pas et vous ne savez toujours pas quoi offrir ? Pourquoi ne pas lui rappeler ou lui faire découvrir les merveilles présentes dans le 101ème département ? Des épices et de la vanille cultivées et produites à Mayotte, du sel de Bandrélé, un tote bag en tissu mahorais… C’est ce que propose la box voyage « En dehors des sentiers battus ». Un concept imaginé et conçu par Caroline Tschofen. Et c’est tout naturellement que son choix de lancement s’arrête sur l’île aux parfums, où elle vit depuis maintenant quatre ans à la suite de la mutation de son mari.

Où que vous soyez dans le monde, l’assistante maternelle de profession vous expédie ses produits dans le but « de faire connaître au plus grand monde la diversité du territoire » et « de donner envie d’y mettre les pieds », une fois la crise sanitaire derrière nous. Et pour donner envie de sauter le pas, quoi de mieux que de se familiariser avec « l’artisanat et les produits locaux ».

 

Des produits et un guide virtuel

 

Son objectif ? Proposer une destination différente tous les quatre mois. Histoire de s’évader en amont, en attendant la levée des restrictions. « Je veux vraiment miser sur les pays de l’océan Indien. La prochaine box sera peut-être en lien avec Madagascar, les Seychelles ou La Réunion », sourit la quadragénaire. « Je laisse libre à mon imagination et à mes envies. » Avec toujours le même nombre de produits pour avoir un rapport qualité-prix satisfaisant. Auquel s’ajoute un guide envoyé par email « pour des raisons écologiques » qui donne des informations pratiques mais aussi un lien vers un artiste et une recette de cuisine. Une véritable immersion musicale et gustative.

Cette nouvelle activité vient en complément de celle de travel planner, un projet entamé il y a quelques mois et mis à mal par le Covid-19. D’où l’idée de « voyager depuis la maison ». Et si la demande suit, Caroline Tschofen ne s’interdit pas de proposer certaines boxs tous les mois et de la laisser en vente toute l’année. Voire même de vendre les produits séparément depuis son site Internet. « À terme, j’envisage un e-shop pour que les clients puissent se réapprovisionner. » Ne reste plus qu’à lui souhaiter que les commandes* soient au rendez-vous. « L’objectif est d’avoir 50 contributions pour que cela aboutisse concrètement. » Et ainsi s’offrir quelques minutes d’évasion en cette période trouble.

* Pour commander, il suffit de vous rendre sur la plateforme ulule (https://fr.ulule.com/la-box-voyage/) et de précommander jusqu’au 12 mai. Le tarif unique est de 34 euros, frais de port inclus.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes