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La Nuit du Doute : une soirée d’attente pour les musulmans de Mayotte

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Les deux nuits précédant le ramadan à Mayotte sont toujours particulières. Le début du mois de jeûne étant indiqué par la lune, la date peut varier à un ou deux jours près. La nuit où l’on cherche le fin croissant de lune porte le nom de Nuit du Doute, ou laylat ul-chaq.

Bon alors, c’est demain ou pas ?”, lance Nassir à son groupe d’amis. “On sait pas encore, on va regarder ce soir”, répond Andjib du tac au tac. Le mois de jeûne pour les musulmans débute le lendemain du premier croissant de lune. Et si Mayotte est un département français, des milliers de kilomètres séparent la métropole de l’île. Du coup, le cycle de la lune y est forcément un peu différent. Ceci explique cela ! Ici, c’est donc l’annonce du Grand Cadi de Mayotte que tout le monde attend à l’approche du moment fatidique. Voilà pour la théorie. En pratique, une règle se dessine toutefois, qui se vérifie plus ou moins chaque année : dans le département, le jeûne démarre un jour après l’Hexagone.

Ce lundi soir, tout le monde se doutait donc un petit peu que le mois sacré ne commencerait pas le lendemain. Mais les regards se tournaient tout de même vers le ciel, au cas où. Chacun profitait de ces derniers instants, en famille ou entre amis, à la maison ou aux brochettis. “Je vous avais dit que ce serait mardi”, rétorque fièrement Ayra, avant de croquer dans une brochette. Nassir, lui, préfère la jouer fine. Il dégaine son téléphone aussi sec :“Je vais quand même appeler mon oncle à Anjouan, pour être sûr !” Et Ayra de lever les yeux au ciel, pas pour regarder le croissant, cette fois-ci. “C’est mercredi je vous dis ! Est-ce que vous avez vu la lune monter ?”, martèle-t-elle. La petite équipe alpague des passants dans le quartier, mais n’écope en guise de réponse que quelques moues dubitatives. “Personne ne sait, ça doit vouloir dire que ce n’est pas demain”, conclut Andjib.

« Dès que je la vois, je vous appelle »

Si les trois loustics n’en démordent pas, c’est que ce moment et cette attente avant le mois sacré sont particulièrement importants pour les musulmans. Chacun espère voir la lune en premier, pour bien commencer son mois de jeûne et de réflexion. Car au-delà du fait de ne pas manger ni boire entre le lever et le coucher du soleil, les bonnes actions, la bonté et le partage sont au cœur de ce mois spécial. C’est aussi l’arrivée d’un mois au ralenti à Mayotte, où les commerces et les institutions changent leurs horaires, où le monde vit la nuit. Des habitudes qui seront peut-être adaptées à cause de la situation sanitaire. Resteront sans aucun doute les grands moments de partage.

Demain, à 18h, je regarde le ciel, dès que je la vois, je vous appelle”, annonce Ayra, sûre d’elle. “Et si elle ne monte pas demain ?”, questionne Andjib.“On commencera quand même, en France, ils débutent mardi” rétorque Ayra. Avant d’inviter toute la compagnie à la maison. “ Samedi, on fait le ftour à la maison tous les cinq !”, lance-t-elle avec un sourire réjoui. Chacun salive déjà, avant de prendre la route de son habitation. Le mois de jeûne débutera finalement mercredi sur l’île aux parfums, après deux nuits à attendre. La tête dans les étoiles.

“On restera là jusqu’à ce qu’on voie nos noms sur le panneau” : les demandeurs d’asile manifestent devant le tribunal administratif de Mayotte

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Alors qu’ils ont formé un recours devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) depuis de longs mois, des demandeurs d’asile originaires de plusieurs pays arabes ou africains sont toujours dans l’attente d’une convocation. Un délai qui les laisse dans une grande précarité, en les privant notamment de la possibilité de travailler.

Il est un peu plus de 9h ce mardi, quand un groupe d’hommes commence à dérouler des bannières et enfiler des t-shirts noirs devant le tribunal administratif. Sur leur dos, la question “Jusqu’à quand ?” est floquée en lettres blanches. Originaires pour la plupart du Yémen, mais aussi de Syrie ou du Soudan, ces demandeurs d’asile attendent depuis parfois plusieurs mois voire des années une convocation pour une audience devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Alors cette fois-ci, ils ont décidé de dire “bass”. “On restera là jusqu’à ce qu’on voie nos noms sur le panneau d’affichage”, martèle Ahmed*, tandis que ses congénères commencent à monter une tente sous les yeux éberlués d’un policier.

Déboutés de leur demande par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) en première instance, ces potentiels réfugiés peuvent en effet former un recours devant la CNDA dans le mois suivant la notification de la décision. Le problème ? C’est que cette procédure rallonge d’autant le moment où ils pourront enfin obtenir un statut et donc l’autorisation de travailler. “Les délais d’obtention d’une convocation devant la CNDA sont très longs. Et en attendant, ces personnes se trouvent en situation de grande précarité”, confirme Solène Dia, chargée de projet à La Cimade.

 

Sans convocation, pas d’espoir de travailler

 

Dans l’impossibilité de gagner de quoi vivre, les demandeurs d’asile de Mayotte ne perçoivent pas non plus l’ADA, l’allocation pour demandeur d’asile, à cause du régime dérogatoire qui s’applique dans le 101ème département français. Cette allocation a été remplacée par des bons alimentaires donnés par l’association agréée Solidarité Mayotte. Mais ce coup de pouce de trente euros par mois ne dure que pendant six mois seulement…

Une situation que Hussein*, un yéménite originaire d’Aden, connaît bien. Arrivé à Mayotte en mars 2019, cet employé d’administration avant la guerre désespère d’obtenir un jour des papiers, alors qu’il a déposé son recours en novembre de la même année. Or, avec l’expiration de son récépissé dans un mois, ce jeune homme qui souffre de drépanocytose (maladie génétique des globules rouges, ndlr) craint en plus de ne plus pouvoir se faire soigner ou se procurer les médicaments indispensables à sa santé. “Pour l’instant, j’ai rendez-vous toutes les semaines. Mais je ne peux pas dormir avec le stress”, explique-t-il avant de sortir un papier du centre médical de référence (CMR) comme pour prouver le diagnostic. “Tout ce qu’on demande, c’est d’avoir une convocation et pouvoir se mettre à travailler”, complète Hicham*, en réajustant son masque bleu, blanc, rouge sur le nez.

 

Le Covid a rallongé les délais

 

Le Covid qui est passé par là n’a pas non plus arrangé les affaires de ces demandeurs d’asile. “La crise sanitaire a encore davantage amplifié les délais de la CNDA, qui avait suspendu les audiences pendant le premier confinement”, rappelle Solène Dia. Pire, pour certains, des bugs techniques ont même douché les espoirs d’obtenir enfin le précieux sésame. “Moi le 31 mars, j’étais ici-même, de 9h à 11h, mais comme la visioconférence avec la métropole ne fonctionnait pas, je ne suis pas passé. Et je n’ai toujours pas eu de nouvelle convocation”, s’épanche Ahmed, un ancien enseignant au Yémen, arrivé à Mayotte en avril 2019.

 

Un bug technique handicape le tribunal

 

Comme si tout cela ne suffisait pas, un cas de Covid vient d’être confirmé qui a conduit le tribunal à fermer ses portes cette semaine. Et un problème de caméra empêche en effet le bon déroulement des audiences en lien avec la Cour, qui se trouve en métropole. Tombée en panne une première fois pendant le confinement national de mars 2020, le matériel a à nouveau décidé de jouer des siennes aux magistrats, il y a deux mois et demi. À croire que l’engin attrappe lui aussi le virus ! “Nous avons relancé plusieurs fois Orange, car le technicien qui doit venir s’en occuper est à La Réunion. Mais vous n’êtes pas sans savoir qu’il faut des motifs impérieux pour se déplacer”, déroule le président des tribunaux administratifs de l’île Bourbon et de Mayotte, Gil Cornevaux. Une nouvelle caméra devrait normalement être livrée. Mais encore faut-il pouvoir l’installer… “Ce problème nous touche autant pour les référés et les audiences collégiales. J’ai secoué le cocotier, mais je ne suis pas ingénieur !” Avant de rappeler que le tribunal administratif n’est pas responsable des délais d’attente pour les demandes d’asile. “Nous ne sommes que le réceptacle, aucun magistrat du tribunal administratif ne prend part à ces audiences. La CNDA pourrait tout à fait se mettre d’accord avec la préfecture pour arranger une pièce dans un gymnase ou autre pour faire leur visio !”, s’agace-t-il.

*les prénoms ont été modifiés

Hommage à Miki : élèves et parents demandent plus de sécurité aux abords du lycée du Nord

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Élèves, parents, personnels éducatif et administratif, membres du rectorat mais aussi autorités civiles, politiques et religieuses étaient réunis ce lundi à la cité du Nord pour une cérémonie en l’honneur du jeune Miki, assassiné jeudi dernier à la sortie des cours. L’occasion pour certains d’adresser leurs revendications à l’établissement et au rectorat.

Un brouhaha s’élève de l’enceinte de la cité du Nord, ce lundi matin, à Mtsangadoua. La cérémonie tarde à commencer. Les groupes d’élèves s’entassent sur les marches qui descendent vers le faré central, et les conversations vont bon train, tantôt entrecoupées d’éclats de rires ou de voix. Derrière l’apparente bonne humeur, les pancartes que certains tiennent fermement à la main ne font pas de doute sur le drame qui a réuni tout le lycée ce matin. “Miki, oui je le connaissais. J’étais dans sa classe l’année dernière. C’est triste, c’était vraiment un bon gars, un mec sympa”, témoigne un élève de 1ère, avant de pousser l’un de ses camarades à poser avec son bout de carton. À côté du hashtag #JesuisMiki, le message est on ne peut plus clair : “Moins de violence, plus de sécurité !!

On est plusieurs à être venus aujourd’hui pour manifester. Certains n’avaient même pas cours et ils sont quand même là”, reprend Saminattou, élève en Terminale. Comme la bande de ses congénères, la jeune femme déplore le manque de sécurité, qui selon elle, contribue à expliquer l’attaque survenue jeudi dernier, et qui a coûté la vie à Miki. “Il n’y a pas assez de contrôles, les gens rentrent comme ils veulent, même par ici, ou par le parking, tout le monde peut entrer”, déroule-t-elle en pointant du doigt plusieurs spots dans l’établissement. Et les surveillants et autres personnels chargés de veiller sur les élèves ? “Ils sont éparpillés, ça ne protège personne. Quand il y a une bagarre, ils arrivent au dernier moment. La preuve, pour Miki, ça s’est passé là-bas, sur le parking et les jeunes ont eu le temps de s’enfuir avant qu’ils ne réagissent !

 

La FCPE fait part de ses revendications

 

Un constat que partagent les parents d’élèves, représentés à la cité du Nord par Couboura Ahmed. La mère de famille était sur les lieux peu après le drame, jeudi dernier. “J’ai vu un attroupement et j’ai demandé ce qu’il s’était passé. On m’a dit que quelqu’un avait été poignardé. Les enfants étaient enfermés dans le lycée. Je me suis approchée, et j’ai vu le jeune allongé, entre deux bus. Il gisait dans son sang, une paire de ciseau plantée dans la tête”, décrit la représentante, qui à ce moment-là, n’a vu qu’un seul surveillant auprès du blessé. “S’il y avait plus d’effectifs, je pense que ces jeunes n’auraient pas eu le temps de lui asséner tous ces coups.” D’après l’association des parents d’élèves, la cité du Nord compte environ 13 surveillants pour un peu plus de 1.750 élèves. Or à l’origine, l’établissement a été conçu pour 900 âmes… En plus des effectifs supplémentaires, la Fédération des conseils des parents d’élèves (FCPE) demande aujourd’hui une meilleure sécurisation du parking, avec une clôture, et des caméras de surveillance.

 

Un assassinat en dehors de l’établissement

 

Chaque année, le rectorat est très vigilant sur ces questions. Nous avons obtenu un poste l’année dernière, nous en aurons sans doute un peu plus l’année prochaine”, fait valoir le proviseur Pascal Lecocq, qui évalue à une dizaine les agents présents chaque jour sur le parking aux heures de sortie de cours, entre les surveillants, les équipes mobiles de sécurité (EMS) et les médiateurs. “Je rappelle que ce drame est survenu sur la voie publique et que le procureur de la République a retenu la qualification d’assassinat, donc avec préméditation. On voulait tuer ce jeune, il y avait des appels sur les réseaux sociaux…”, souligne-t-il.

“Jamais ils n’auraient imaginé que c’étaient des meurtriers”

En effet, les menaces visant Miki ne dateraient pas d’hier, comme l’indique Yasmina Aouni, la présidente du club de foot des Abeilles, à M’tsamboro, où s’entraînait le lycéen de 17 ans. Deux des trois auteurs de l’agression étaient scolarisés à la cité du Nord et des rivalités anciennes pourraient expliquer leur geste. Un choc de plus pour les élèves… “Ils nous disent qu’ils avaient l’air gentil, que jamais ils n’auraient imaginé que c’étaient des meurtriers”, souffle la responsable du club. Comment, alors, justifier ce fatal passage à l’acte ? “Ils évoquent d’eux-même une certaine banalisation de la violence. Certains jeunes la voient dans les jeux vidéos, ou bien sur les réseaux sociaux. Comme une forme de sacralisation de la figure du bandit”, tente d’expliquer Yasmina Aouni, sans avoir toutes les cartes en mains.

Des éléments de réponse manquent, que seuls le temps et la justice pourront apporter. Et passées les revendications, l’heure était surtout au recueillement et aux messages d’apaisement, ce lundi. En fin de matinée, les responsables institutionnels, politiques et religieux se sont finalement passés le micro, avant une minute de silence et une prière pour rendre un dernier hommage à Miki. Tous ont martelé l’importance de l’éducation, et le refus de la vengeance. “Nous ne répondons pas au mal par le mal”, a notamment souligné le maire de Mtsamboro Laïthidine Ben Saïd. Avant de rappeler cette phrase chère au 101ème département : “Nous voulons être français pour être libres.” Dans l’assistance, une jeune voix s’élève : “On n’est pas libre, M’sieur !

Finances publiques : Déclaration de revenus en 2021, que faut-il retenir ?

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Comme chaque année, l’heure est à la déclaration de revenus. L’occasion pour la direction régionale des finances publiques de rappeler la procédure à suivre. Et alors que l’État souhaite toujours plus dématérialiser, Mayotte se confronte encore et toujours à la fracture numérique qui sévit sur le territoire.

« La campagne annuelle de l’impôt sur le revenu est un moment privilégié de la relation entre les usagers de Mayotte et les services de la direction régionale des finances publiques. » Ce petit mot doux est signé Christian Pichevin, l’administrateur général de ladite institution. Ce lundi 12 avril, Monsieur Trésor public prenait l’occasion d’un point presse pour rappeler l’ouverture de la période fiscale. 70.000 déclarations sont attendues. « En 2020, pas moins de deux tiers ont été souscrites en ligne. » Si ce chiffre met en exergue la progression dans l’accomplissement des procédures dématérialisées d’année en année, l’accès à une connexion Internet dans le 101ème département empêche toujours certains résidents de procéder numériquement. Pas de problème en soi : tous ceux qui ne sont pas passés par la toile au cours des deux dernières années vont recevoir une déclaration papier. Ainsi, le service des impôts des particuliers de Mamoudzou s’attend à répondre à près de 20.000 sollicitations.

Covid-19 oblige, le centre des finances publiques de Mamoudzou espère « éviter tout déplacement » inutile quand cela est possible. Ainsi, lorsqu’un usager souhaite obtenir un entretien physique le mardi ou le jeudi via son compte fiscal personnel (sur www.impots.gouv.fr), un contre-appel est systématiquement opéré. Le but : répondre directement s’il s’agit d’une question simple ou préciser les éléments à apporter le jour du rendez-vous. « Beaucoup de demandes sont traitées de cette manière. Toutes les dispositions sont prises d’un point de vue sanitaire », insiste Christian Pichevin. Il est également possible d’échanger par e-mail (sip.mamoudzou@dgfip.finances.gouv.fr) ou par téléphone (02.69.61.81.10).

 

La déclaration automatique dès 2022

 

Autre possibilité ? Contacter les centres d’appels téléphoniques (08.09.40.14.01, accessible de 9h30 à 20h) situés en métropole. Un canal à privilégier selon la direction régionale des finances publiques à Mayotte, et qui, au niveau de la métropole, a été renforcé par l’envoi de contingents des différentes antennes régionales. Mais Mayotte fait figure d’exception. « Nous avons pu conserver toutes nos ressources au vue de la spécificité locale, [puisque nous devons jongler avec] le français et le shimaoré », se satisfait le successeur de Jean-Marc Leleu.

Dans l’optique de faciliter encore davantage les démarches des Mahorais, la déclaration automatique, validée avec les éléments préimprimés si toutes les informations sont correctes et complètes, sera applicable dès l’année prochaine, avec la mise en œuvre de la déclaration sociale nominative. « Si vous ne faites pas de déclaration, vous ne recevez pas d’avis d’imposition ou de non-imposition », rappelle Florent Guerel, le directeur du pôle gestion fiscale. Et pour dire, la DRFIP réceptionne encore près d’une centaine de demandes par jour… pour l’année 2019 ! Du chemin reste donc à parcourir à Mayotte, où 75% des usagers sont non-imposables en raison des spécificités et de la sociologie.

Toujours est-il que vous avez jusqu’au 20 mai pour faire votre déclaration papier et jusqu’au 8 juin pour celle en ligne. À vos jeux !

Le processus de reconnaissance de la culture entamé à Mayotte

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Le 4 janvier dernier, le collectif des Arts Confondus a lancé une enquête auprès des jeunes mahorais afin de dénombrer celles et ceux qui pratiquent une ou plusieurs activités artistiques quotidiennement. Au total, parmi 320 jeunes qui pensent que les activités artistiques peuvent déboucher sur un métier, “un tiers déclare vouloir en faire son métier et plus de la moitié ne l’exclut pas”.

L’objectif est d’identifier un seuil plancher de jeunes qui ont des pratiques artistiques et qui aimeraient s’orienter vers un parcours professionnel”, confie Sophie Huvet, porte-parole des Arts Confondus. Le collectif lancera dans les semaines à venir une nouvelle enquête à destination des artistes et des associations culturelles du territoire afin de pouvoir les recenser à leur tour.

La création du poste de directeur des affaires culturelles au rectorat de Mayotte en juillet 2020 et l’inauguration du pôle culturel de Chirongui démontrent une volonté de développer les institutions culturelles de l’île. Mais l’objectif principal aujourd’hui est de penser la structuration de ce secteur. Pour cela, les Arts Confondus souhaite mobiliser les associations, les institutions et les artistes eux-mêmes. “Développer des lieux et des espaces dédiés à la culture n’a pas de sens si nous ne pouvons pas proposer d’activités culturelles dans ceux-ci (…). Il faut des professionnels pour structurer le secteur et par la suite développer les pratiques amateurs.

Par ailleurs, le domaine culturel manque de reconnaissance à Mayotte. La professionnalisation de ce secteur pourrait permettre un développement de la culture dans le 101ème département français. Les jeunes souvent initiés aux pratiques artistiques à l’école pourraient alors prétendre à des formations professionnelles.

 

Pratique contemporaine et identité locale

 

Notre travail repose sur la valorisation du patrimoine immatériel local. Il faut aller puiser dans ce qui se fait à Mayotte et s’appuyer sur cela en lui donnant une forme et un style plus contemporain”, témoigne Sophie Huvet. L’exemple parfait de ce mélange des genres : le hip-hop mahorais. “Nous permettons aux jeunes de travailler sur une pratique contemporaine et défendre une identité locale en utilisant des rythmes de musiques traditionnelles que nous adaptons à cette danse.” La membre de l’association des Arts Confondus rappelle que la promotion de la culture passe avant tout par la diversité. “Nous devons promouvoir les arts traditionnels, mais aussi les arts contemporains et urbains. »

À ce jour, le statut d’intermittent du spectacle n’est toujours pas reconnu sur l’île au parfum. Le rassemblement de tous les acteurs culturels permettra d’entamer des réunions de travail et des mobilisations. “Nous pouvons même penser qu’une consultation de la population sur le développement de la culture pourrait permettre d’adapter au mieux les pratiques culturelles aux attentes des mahorais.” Une enquête qui permettra peut-être une prise de conscience des institutions publiques sur la question de la culture à Mayotte.

Le Département de Mayotte vote un budget annuel de 486 millions d’euros pour 2021

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Le Département votait ce lundi 12 avril son budget annuel, légèrement en baisse par rapport à celui de l’année 2020. Au total, ce sont pas moins de 486.3 millions d’euros qui seront consacrés au fonctionnement et à l’investissement de la collectivité. Un montant qui vise en grande partie à développer l’aménagement du territoire.

Si le budget annuel a été voté sans problème par les élus du conseil départemental, il a tout de même suscité l’indignation de Naïlane-Attoumane Attibou, directeur du conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte (CCEEM). « Le Département prétend avoir des priorités mais ce budget ne les reflète pas », dit-il en pointant du doigt les sommes attribuées au social, à la culture, à l’environnement ou encore à la culture et au patrimoine.

Pour cette année 2021, le service du social devrait recevoir en théorie 3.8 millions d’euros… La culture, le patrimoine et l’environnement recevront encore moins. Mais la collectivité se défend, en évoquant la somme consacrée à la santé et la petite enfance. « Il existe le budget fixé par l’assemblée et le budget annexe. Pour la santé et la petite enfance, nous sommes à 60 millions d’euros. Je peux comprendre que par rapport aux besoins du territoire, ce chiffre ne soit pas suffisamment important, mais nous avons aussi le devoir de dynamiser les autres compétences du Département », indique Ben Issa Ousseni, vice-président des finances.

Soit, mais tous les services ne possèdent pas de budget annexe, particulièrement ceux évoqués par Naïlane-Attoumane Attibou… Lequel a donc poliment été envoyé sur les roses, sans réponse à ses interrogations. Malgré cet accrochage verbal, que retenir de cette matinée ? Tour d’horizon des chiffres clés évoqués par l’assemblée.

 

Budget total de 486.3 millions d’euros

 

Cette somme votée par l’assemblée plénière correspond au budget de fonctionnement du Départe-ment qui est de 318.7 millions d’euros. Ce à quoi, il faut ajouter l’enveloppe consacrée à l’investissement, estimée à 167.6 millions d’euros. À titre de comparaison, le budget de fonctionne-ment s’élevait à 321.6 millions d’euros en 2020.

 

Près de 30 millions pour le STM et le SDIS

Cette année, les conseillers départementaux accordent une enveloppe de 17.9 millions d’euros au service de transports maritimes contre 11 millions un an plus tôt. De leurs côtés, les sapeurs-pompiers, qui ont traversé plusieurs crises et qui ont changé de directeur le mois dernier, se voient octroyer 12 millions d’euros pour 2021. Une somme qui s’inscrit dans la politique de la collectivité puisqu’en 2020, le service départemental d’incendie et de secours avait perçu 11.7 millions d’euros de la part du Département.

 

1.2 million pour la MDPH

La maison départementale des personnes handicapées de Mayotte auront cette année 1.2 million d’euros du conseil départemental. Un montant qui peut sembler dérisoire au vue des besoins du territoire…

 

94 millions d’euros pour l’aménagement

Le service de l’aménagement du territoire est le grand gagnant de ce budget annuel puisqu’il con-centre à lui seul plus de 94 millions d’euros. L’ambition du Département est d’investir, entre autres, sur les routes, les infrastructures, ou encore l’électrification rurale.

 

96 millions d’euros d’excédents

La grande fierté du président Soibahadine Ramadani est l’excédent généré sur le budget 2020. Si à son arrivée en 2015, le Département était en déficit, il a voulu remédier au problème. Ses efforts ont payé puisqu’en 2020, la collectivité enregistre 56 millions d’euros d’excédent sur le budget de fonctionnement et 40 millions d’euros concernant l’investissement. L’assemblé plénière a décidé d’affecter les 56 millions au service de santé et protection de l’enfance.

Concours : Trois semaines de préparation de plus pour Mister Mayotte

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Il y a quelques mois, Fedhila Haidar ne pensait pas être à deux doigts de participer à l’élection de Mister France, prévu le 8 mai prochain. En effet, cette année, la situation sanitaire a empêché le concours Mister Mayotte d’avoir lieu. De fait, Fedhila a donc obtenu son titre par nomination. Et un peu par surprise. Rencontre.

concours-trois-semaines-preparation-plus-mister-mayotte« Je faisais mes courses ! » Tout sourire, Fedhila raconte comment il a croisé par hasard Mariame Hassani. Dauphin de l’élection de 2016, le jeune homme entame alors une discussion informelle autour du concours avec la présidente locale du comité. “Elle m’a dit qu’il cherchait un représentant pour Mister Mayotte et en rigolant je lui ai dit “envoie-moi” !”, rapporte-t-il. Après un échange de numéros, il n’y pense plus trop. Puis, il reçoit un coup de fil de Mariame, lui annonçant qu’il avait été choisi. Sur le coup, c’est un peu la panique. “Il fallait que je reprenne le sport, que je change mon alimentation, tout ça très rapidement”, se souvient-il. S’il ne s’est pas senti légitime tout de suite, n’ayant pas été élu mais nommé, son sentiment a rapidement changé. Il a certes été choisi uniquement par le comité, mais deux autres profils étaient potentiellement étudiés. “Je me sentais un peu mal au début, parce que certains candidats ont fait le casting, et moi je ne l’ai pas fait. Mais savoir que j’ai été choisi alors qu’on était trois m’a rassuré.

Sa confiance, il l’a aussi obtenue grâce à sa commune. Fedhila vient de Sada et sa nomination a créé une vague de soutien dans le village. “Ils sont tous très fiers de moi et espère que je vais aller au moins jusqu’au podium.” Une conférence de presse a même été organisée par la ville, pour lui permettre de se faire connaître, même si l’élection n’a pas eu lieu. Un engouement qui s’est propagé à toute la population mahoraise. Le jeune homme dit avoir reçu beaucoup de messages de soutien et être parfois reconnu dans la rue. « Même derrière le masque », rigole-t-il. Quelle star !

 

Un engouement qui a ses limites

 

Poussé par “beaucoup d’ondes positives”, Fedhila a aussi ses détracteurs. C’est, selon lui, dû au contexte social mahorais. Le Mister ne manque d’ailleurs pas d’anecdotes : comme cette fois, quand une dame l’a arrêté pour lui demander s’il avait conscience qu’il défilerait en maillot de bain… Des réactions qu’il comprend, mais qui n’entament pas sa fierté face au parcours accompli. Il y a cinq ans, quand il s’était présenté, il n’imaginait pas voir ce qui se cachait vraiment derrière le monde du mannequinat. Ni même vivre un jour l’expérience Mister. Quelques années plus tard, cette chance, il l’a pourtant bien obtenue, à 22 ans seulement. Et il compte bien en profiter, malgré le Covid, qui a déjà fait décaler le jour du concours national.

 

En préparation jusqu’à la dernière minute

 

Ce qui n’est d’ailleurs pas pour déplaire à Fedhila. Ayant été nominé fin février, il est ravi d’avoir trois semaines de plus pour se préparer physiquement. “J’ai des formations pour poser et pour défiler, mais il faut surtout que je fasse du sport !”, sourit celui qui est aussi stewart chez Ewa Air. Stoppé en plein vol par la crise sanitaire, il n’avait alors plus trop de raisons de faire de se dépenser physiquement. “C’était la belle vie”, glisse-t-il, avec un clin d’oeil. Autant dire que ces trois semaines de plus ne seront pas de trop pour une petite remise en forme ! Et surtout pour se préparer avant d’aller représenter son île, “ses paysages, son cadre, son bon vivre ensemble”, et tâcher de pallier l’autre image de Mayotte. Celle des “barrages et la délinquance”, qui ressort trop souvent dans les médias métropolitains. Le jeune homme pense déjà à son retour sur l’île aux parfums après l’élection, et au bonheur de retrouver les siens. Mais en attendant, direction l’entraînement de sport, à fond les ballons, avant de décoller le 29 avril pour la métropole.

Après la mort de Miki à Mayotte, une journée endeuillée pour l’Éducation nationale et le lycée du Nord

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Après la mort d’un lycéen vendredi, des suites de ses blessures à la tête reçues à la sortie des cours, une cérémonie d’hommage est prévue à la cité du Nord de Mtsangadoua. Trois jeunes ont été interpellés et mis en examen pour assassinat.

Il est 17h passées, vendredi. Les derniers rayons du soleil éclairent d’une lumière froide la passerelle en bois du CHM, à quelques mètres du service réanimation. “Il est décédé. C’était à 16h46”, souffle le grand-père de Miki, en jetant un œil au certificat de décès qu’il tient fermement dans une main. “Il est né en octobre 2003, il n’avait pas encore 18 ans. C’est dur, c’était mon petit-fils, on n’imagine pas qu’il parte avant soi”, soupire celui qui est resté à ses côtés jusqu’à la fin. “J’ai dit à ses parents de rentrer, et moi je reste ici pour m’occuper des papiers.

Il aura fallu un peu plus de 24h pour que le verdict tombe. La veille, aux alentours de 14h, le jeune Miki, élève de 17 ans au lycée du Nord à Mtsangadoua, est pris à partie par une bande de jeunes alors qu’il s’apprête à monter dans un bus scolaire. Frappé d’un coup de ciseau à la tête, le lycéen est transporté en hélicoptère jusqu’au CHM. Quelques heures plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, il est annoncé en état de mort cérébrale.

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La nouvelle ne tarde pas à circuler et la situation était “très tendue” à M’Tsamboro à la suite de cette attaque sanglante, explique Laïthidine Ben Saïd, le maire, proche de la famille qui habite sa commune. “Le coupable a été interpellé par la population hier soir (jeudi ndlr), et ils l’ont amené à la brigade de gendarmerie de M’Tsamboro, qui a été caillassée par des jeunes toute la nuit. Tout le village est sous tension”, racontait-il vendredi matin, en référence aux blocages érigés tôt le matin dans cette localité du nord.

 

Une enquête ouverte pour assassinat

 

Sur des conversations de groupe et sur les réseaux, des informations circulent au milieu des messages de soutien. L’action aurait été préméditée. “Écoutez, là, c’est des jeunes d’Handréma, ils disent clairement qu’ils ‘‘n’en ont rien à foutre’’ des gens de M’Tsamboro”, insiste le grand-père de Miki en lançant une note vocale reçue sur son téléphone. Avant de montrer la photo d’un jeune, un couteau à la main. “C’est lui qui a fait ça”, lâche-t-il, en assurant avoir transmis les pièces au procureur de la République. “On ne va pas laisser les choses passer. Je veux qu’une vraie justice soit faite, et pas retrouver les coupables dans deux ou trois mois dans la rue”, met en garde ce membre de la famille endeuillée.

De fait, une enquête a bien été confiée à un juge d’instruction dès ce samedi, pour assassinat. Trois personnes ont été interpellées, et mises en examen. Deux mineurs et un majeur ont été présentés au juge des libertés et de la détention et placés en détention provisoire, dans l’attente de leur procès, qui pourrait avoir lieu devant une cour d’Assises.

 

Hommage prévu au lycée de Miki

 

Du côté de M’Tsamboro, l’heure est encore au choc et à l’émotion. Les obsèques ont eu lieu samedi dans le village de Miki, où étaient conviés ses proches et ses amis. Lundi (ce jour), ce sera au tour de la cité du Nord de lui rendre un dernier hommage. Une cérémonie est prévue à 9h avec “l’ensemble des autorités civiles et religieuses”, annonce le recteur Gilles Halbout. Le grand Cadi, le maire de M’Tsamboro, les équipes municipales d’Acoua et Bandraboua, mais aussi le député Mansour Kamardine sont notamment attendus pour ce moment de recueillement. “C’est important de tous se rassembler pour montrer que nous pensons à ce jeune, à sa famille et à ses proches”, poursuit le responsable d’académie. L’ouverture du lycée est donc de mise, pour permettre de libérer la parole des élèves avant d’envisager une reprise des cours officielle.

Quant à la sécurité, elle sera renforcée aux abords de l’établissement grâce à la présence de gendarmes et d’équipes du rectorat. “Nous continuons de plus nos travaux de sécurisation”, déroule Gilles Halbout. L’une des pistes envisagées : créer un sas pour les bus qui desservent la cité du nord. Mais il faudra pour cela identifier le propriétaire du terrain sur lequel est construit le parking, qui n’appartient pas au rectorat.

 

Une semaine sous tension pour le rectorat

L’agression du jeune Miki à M’Tsangadoua est tombée comme la goutte de trop. Les établissements scolaires de Mayotte ont connu une escalade de violence toute la semaine dernière, jusqu’à cette issue fatale vendredi soir. D’abord, ce sont des bandes de jeunes qui se sont affrontées aux abords du lycée de Kahani mercredi. Les cours ont été interrompus toute la fin de semaine, car des jets de pierre ont été envoyés et des élèves ont répondu. “Pour nous, il était hors de question d’ouvrir le lycée avec des élèves dans cet état d’esprit”, précise le recteur Gilles Halbout qui indique avoir mené un travail d’identification en lien avec la gendarmerie pour appréhender les fauteurs de trouble grâce aux caméras de surveillance. Un peu moins de dix jeunes auraient été interpellés.

Le lendemain, au lycée Bamana, c’est une bagarre devant l’établissement qui a semé la panique dans les couloirs. “C’était à l’heure de la sonnerie à 9h45, j’étais au dernier étage et en sortant on a entendu des cris dans tout l’établissement”, relate une enseignante. Au milieu de la pagaille, un EMS du rectorat aurait fini par attrapper un élève impliqué dans la rixe. “Il y a eu plusieurs crises de panique après ça, et les services du rectorat qui sont passés vers midi ont fini par déclencher une alerte intrusion”, relate-t-elle, en déplorant le manque d’informations transmises au corps enseignant. “J’ai appris par Le Figaro que deux élèves et un service civique avaient été blessés.” D’après le recteur, s’il y a bien eu des échauffourées devant le lycée, il n’y a pas eu d’agression à l’arme blanche comme la rumeur a pu le laisser entendre. “Les échauffourées à l’extérieur ont donné lieu à un mouvement de foule à l’intérieur et un agent de sécurité qui procédait aux vérifications du contenu des sacs a interpellé un élève et s’est blessé en prenant un objet tranchant dans son sac”, décrit-il. Et deux jeunes auraient en effet été blessés dans les affrontements devant le bâtiment. Dès que les services du rectorat ont été informés de l’événement, une alerte intrusion a été donnée pour confiner tout le monde à l’intérieur, et ainsi identifier un des auteurs.

Enfin, le même jour, un peu après 9h, une intrusion a fait plus de peur que de mal au collège de Tsimkoura. “Un mineur qui n’était pas du collège a dit à ses chiens d’attraper les élèves et de les mordre”, raconte une jeune collégienne de 12 ans. Deux autres personnes seraient arrivées peu après, habillées en noir et armées de machette, poussant la classe à courir se cacher dans une salle. D’après le rectorat, il s’agirait en réalité d’une histoire de vol de téléphone : un jeune ayant tenté de dérober un téléphone se serait fait courser par des élèves et serait réfugié dans le bureau de la CPE.

Objectif smart city : Une nouvelle plateforme numérique pour la ville de Mamoudzou

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Ce samedi, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a fièrement dévoilé la plateforme numérique de la MJC de M’Gombani. Lancée en partenariat avec le groupe-ment d’intérêt public CARIF-OREF, l’État, et le Département, cette action s’inscrit dans la politique du premier magistrat de faire de Mamoudzou, une ville connectée ou une « smart city » comme il aime si bien le dire. 21 ordinateurs sont désormais mis à disposition des habitants de l’ensemble de la commune.

L’objectif est aussi de lutter contre la fracture numérique et l’illectronisme. Tous ceux qui le souhaitent pourront se rendre sur place pour faire des recherches d’emplois ou de for-mations. Des intervenants seront également présents pour aider ceux qui en auront be-soin. Mais la ville et le rectorat espèrent surtout attirer un maximum de jeunes, notamment ceux qui n’ont pas accès à Internet chez eux. Pour y accéder, il faudra formuler une de-mande auprès du centre communal d’action sociale de Mamoudzou qui attribuera un pass numérique. Les usagers pourront également se rendre directement à la MJC et de-mander un accès. Ambilwahedou Soumaïla ne compte pas s’arrêter là, une maison du numérique devrait prochainement voir le jour sur sa commune.

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Violences à Mayotte : « Un établissement scolaire est fait pour éduquer et non pour assassiner »

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La semaine dernière a été marquée par les actes de violences perpétrés dans et aux abords des établissements scolaires. Au-delà de la colère, les parents d’élèves ont peur que leurs enfants soient les prochains à succomber sous un coup de ciseau, de couteau ou un jet de pierre. L’union départementale de la confédération syndicale des familles monte une nouvelle fois au créneau. Sa présidente, Rafza Youssouf Ali, demande des sanctions fortes et exemplaires en urgence pour dissuader les délinquants. En parallèle, un travail sur le long terme, avec différents partenaires, doit également se faire.

Flash Infos : La semaine dernière, différents établissements scolaires ont été le théâtre d’actes criminels. Un lycéen est décédé, d’autres ont été blessés. Ces agressions ne sont pas une première. Quelle est la source du problème selon vous ?

Rafza Youssouf Ali : Les conflits inter-villageois entrent dans les écoles et c’est problématique. Un établissement scolaire est fait pour éduquer et non pour assassiner. Toutes les familles ont la boule au ventre quand leurs enfants partent à l’école. Ce n’est plus possible. Il faut arrêter d’être trop laxistes. Les autorités compétentes doivent prendre des sanctions exemplaires et taper fort.

FI : À quels types de sanctions faites-vous référence ?

R. Y. A. : La justice connaît son travail et doit punir ces jeunes. Mais l’État, le rectorat, et même le Département doivent également prendre des mesures. Nous demandons par exemple à ce qu’il y ait des portiques à l’entrée des établissements scolaires pour détecter les objets dangereux dans les sacs. Nous voulons aussi la création d’un centre d’éducation fermé pour rattraper l’éducation ratée de ces jeunes. Les exclure de l’école ne suffit pas, il faut les encadrer parce que j’estime que ceux qui commettent ces actes de barbarie ont des problèmes psychologiques. Ils ne peuvent être laissés dehors à l’abandon. Ils peuvent aussi être obligés d’effectuer des travaux d’intérêt général avec leurs parents, car ce sont eux qui ont failli à leur devoir. Et puis, ceux qui ne sont pas Français doivent tout simplement être exclus du territoire avec leurs familles.

FI : Travaillez-vous justement avec les familles pour qu’elles puissent mener à bien l’éducation de leurs enfants ?

R. Y. A. : Nous le faisons, mais l’UDCSF n’a pas assez de moyens pour ce genre de mission. Pourtant, ce n’est pas faute de demander ! Mais certains parents devraient réaliser par eux-mêmes qu’ils ont raté l’éducation de leurs enfants et aujourd’hui c’est toute la population qui paye les conséquences. Le pire, c’est que personne n’ose dénoncer ces jeunes. Par exemple, après les affrontements à Kahani, le lycée a été fermé deux jours pour identifier les auteurs, mais jusqu’à présent, nous ne les connaissons toujours pas. Je lance un appel : n’ayez pas peur de dénoncer ces jeunes !

FI : Nous avons eu connaissance de la signature d’une convention entre différents partenaires, dont l’UDCSF, pour lutter à long terme contre la violence juvénile. Quel est l’objet de ce document ?

R. Y. A. : Effectivement, le Département a formé un partenariat avec le rectorat, la préfecture, l’association des maires, le tribunal judiciaire de Mamoudzou et la caisse des allocations familiales de Mayotte. Nous avons signé une convention et nous formons désormais une instance qui mènera des actions pour lutter efficacement contre la violence. Ce document trace le parcours sur lequel nous pouvons travailler.

FI : Pensez-vous réellement que cette instance va éradiquer les problèmes de violence à Mayotte ?

R. Y. A. : Il est clair qu’elle ne sera pas effective dans l’immédiat. Ce que nous faisons est un travail sur le long terme. Nous sommes en train de changer les méthodes. Avant, quand des actes de violences avaient lieu, nous les condamnions avec les mots sans aller plus loin. Cette instance réunit tous les éléments indispensables pour prendre les décisions adéquates.

Avec la box voyage « En dehors des sentiers battus », évadez-vous dans l’océan Indien

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Assistante maternelle de profession, Caroline Tschofen vient de créer sa société de travel planner. En raison des restrictions sanitaires, elle propose, avant de pouvoir se lancer officiellement, une box pour promouvoir l’artisanat et les producteurs locaux de l’océan Indien. Une manière de voyager tous les quatre mois vers une nouvelle destination de la région.

box-voyage-en-dehors-des-sentiers-battus-evadez-vous-ocean-indien-2La fête des mères approche à grands pas et vous ne savez toujours pas quoi offrir ? Pourquoi ne pas lui rappeler ou lui faire découvrir les merveilles présentes dans le 101ème département ? Des épices et de la vanille cultivées et produites à Mayotte, du sel de Bandrélé, un tote bag en tissu mahorais… C’est ce que propose la box voyage « En dehors des sentiers battus ». Un concept imaginé et conçu par Caroline Tschofen. Et c’est tout naturellement que son choix de lancement s’arrête sur l’île aux parfums, où elle vit depuis maintenant quatre ans à la suite de la mutation de son mari.

Où que vous soyez dans le monde, l’assistante maternelle de profession vous expédie ses produits dans le but « de faire connaître au plus grand monde la diversité du territoire » et « de donner envie d’y mettre les pieds », une fois la crise sanitaire derrière nous. Et pour donner envie de sauter le pas, quoi de mieux que de se familiariser avec « l’artisanat et les produits locaux ».

 

Des produits et un guide virtuel

 

Son objectif ? Proposer une destination différente tous les quatre mois. Histoire de s’évader en amont, en attendant la levée des restrictions. « Je veux vraiment miser sur les pays de l’océan Indien. La prochaine box sera peut-être en lien avec Madagascar, les Seychelles ou La Réunion », sourit la quadragénaire. « Je laisse libre à mon imagination et à mes envies. » Avec toujours le même nombre de produits pour avoir un rapport qualité-prix satisfaisant. Auquel s’ajoute un guide envoyé par email « pour des raisons écologiques » qui donne des informations pratiques mais aussi un lien vers un artiste et une recette de cuisine. Une véritable immersion musicale et gustative.

Cette nouvelle activité vient en complément de celle de travel planner, un projet entamé il y a quelques mois et mis à mal par le Covid-19. D’où l’idée de « voyager depuis la maison ». Et si la demande suit, Caroline Tschofen ne s’interdit pas de proposer certaines boxs tous les mois et de la laisser en vente toute l’année. Voire même de vendre les produits séparément depuis son site Internet. « À terme, j’envisage un e-shop pour que les clients puissent se réapprovisionner. » Ne reste plus qu’à lui souhaiter que les commandes* soient au rendez-vous. « L’objectif est d’avoir 50 contributions pour que cela aboutisse concrètement. » Et ainsi s’offrir quelques minutes d’évasion en cette période trouble.

* Pour commander, il suffit de vous rendre sur la plateforme ulule (https://fr.ulule.com/la-box-voyage/) et de précommander jusqu’au 12 mai. Le tarif unique est de 34 euros, frais de port inclus.

Six artisans d’art récompensés à Mayotte pour leur savoir-faire

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Ce jeudi 8 avril, la chambre des métiers et de l’artisanat organisait à l’hôtel consulaire la troisième cérémonie de remise de titres à six « artisans d’art » dans le cadre de la 15ème édition des journées européennes des métiers d’art qui se déroulent du 6 au 11 avril. Brodeuse, photographe, tourneuse sur bois, styliste modéliste, bijoutier, marqueteur, autant de métiers mis en lumière au cours de la matinée.

Crise sanitaire oblige, la troisième remise de titres d’artisans d’art s’est déroulée en catimini, « dans le respect d’une jauge de 30% de la capacité d’accueil de cette salle », ce jeudi 8 avril à l’hôtel consulaire. Pas question pour autant de passer à côté de cet événement ô combien important pour le 101ème département qui ne compte qu’un seul métier officiellement reconnu sur le territoire.

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La raison qui explique ce chiffre dérisoire ? Les conditions particulières à l’obtention de cette reconnaissance… « L’artisanat d’art n’est ni un statut juridique ni une activité proprement dit ni l’une des familles de métiers qui regroupent 1.3 million d’entreprises artisanales dans notre pays, à savoir l’alimentation, la fabrication, le bâtiment et les services », a introduit Jean-Denis Larroze, le secrétaire général de la chambre des métiers et de l’artisanat. En effet, il s’agit purement et simplement d’une reconnaissance professionnelle définie par trois critères, à savoir la mise en œuvre de savoir-faire complexes pour transformer la matière, la production d’objets uniques ou de petites séries qui présentent un caractère artistique ou encore la maîtrise du métier dans sa globalité.

 

Structurer ce secteur d’activité

 

À Mayotte, « un certain nombre d’entre eux ont une activité informelle, pour ne pas dire la plupart, soit par choix, soit parce qu’ils estiment ne pas pouvoir vivre de leur art », a précisé Salim Soumaila, le président de l’institution. «Malgré nos efforts, il reste difficile de les intégrer dans un cadre formel, d’autant plus que de nombreux organisateurs de manifestations, y compris publics, ne sont pas regardant sur leur situation, bien au contraire.»

Alors pour structurer le secteur d’artisanat d’art, il est essentiel que toutes les entités – Europe, État et conseil départemental – participent à cette démarche. Y compris les municipalités que la CMA compte bien solliciter pour qu’elles soutiennent financièrement à son développement, « en participant par exemple à la prise en charge partielle du coût salarial d’un apprenti de plus de 25 ans de la commune, en complément des aides de l’État ». Avant d’adresser un clin d’œil au président de l’association des maires, Madi Madi Souf, qui devrait accueillir, selon Salim Soumaila, « cette proposition avec bienveillance et intérêt » et être « notre porte-parole efficace et passionné auprès de ses collègues ».

L’attribution de six titres d’artisans d’art à des « petits entrepreneurs » était donc une première pierre à l’édifice de cet enjeu majeur pour la valorisation du territoire. « À Mayotte, on est capable de… », a assuré Jean-Denis Larroze, avant de présenter un par un les lauréats du jour.

 

Halima Andjilani, brodeuse

Domaine : textile
six-artisans-art-recompenses-mayotte-savoir-faireNée à Bouéni en 1976, Halima Andjilani débute son activité en octobre 1997, date à laquelle elle s’est inscrite au répertoire des métiers pour l’activité broderie. Brodeuse à l’aiguille, même si elle utilise par ailleurs d’autres techniques comme le point Richelieu, avec lequel elle réalise des récélés qui font aussi sa renommée, l’artisane située à M’Bouanatsa crée des motifs à plat ou en relief sur des tissus variés. « Je travaille environ cinq heures par jour et par terre », a-t-elle lâché comme anecdote au moment de recevoir, avec une certaine émotion, son titre.

 

Abdullah Ali Mari, photographe technicien

Domaine : papier, graphisme et impression
six-artisans-art-recompenses-mayotte-savoir-faireNé en 1969 à Sada, Abdullah Ali Mari est le créateur en janvier 2013 de la SARL Photo Concept, installée rue du commerce. Titulaire d’une licence en arts plastiques délivrée par l’université Rennes 2, il n’hésite pas à participer avec succès à de nombreuses sessions de formation organisées par le centre de formation Nikon. Il réalise la prise de vue, le développement et le tirage argentique ou le tirage numérique pigmentaire, et maîtrise des techniques d’impression qui lui permettent de proposer un support adapté qui peut comporter différents aspects de surface, et de finition comme le contrecollage et la vitrification. Il intervient aussi sur des photographies grand format et de très haute définition, tout en ayant su se diversifier, notamment dans la vente d’accessoires et la création d’objets publicitaires personnalisés, plus communément appelés « goodies ». « La photographie rentre dans l’art, c’est aussi de la recherche », a-t-il martelé lors de la cérémonie.

 

Marlène Fraytag, brodeuse sur bois

Domaine : ameublement et décoration
six-artisans-art-recompenses-mayotte-savoir-faireOriginaire d’Avignon, Marlène Fraytag exerce depuis 2013 l’activité générique de fabrication d’objets en bois et de bijoux dans l’entreprise individuelle Touch’du bois, qu’elle a reprise cette même année à son créateur, Claude Barthois. Pour ses objets, elle utilise en grande partie la technique du tournage sur bois, qui lui permet de façonner la matière à l’aide d’un tour en la creusant et en l’affinant, pour en extraire des pièces aussi diverses que variées telles que des plateaux, des sculptures, des toupies, des boîtes ou des stylos. Marlène Fraytag est également la membre fondatrice de la maison artisanale de Mayotte, créée avec l’appui du service de développement économique de la CMA et dont le magasin de vente se situe devant le 5/5. À ses yeux, chaque jour est un éternel recommencement pour « progresser dans notre métier ».

 

Ali Assani M’Colo, marqueteur

Domaine : ameublement et décoration
six-artisans-art-recompenses-mayotte-savoir-faireNé à Nosy Bé en 1969, Ali Assani M’Colo commence son activité en juillet 1994 d’une façon bien curieuse. Soucieux de s’intégrer dans l’économie formelle, il se déclare dans le domaine de la vannerie et la transformation de bambous locaux. Dans le cadre de la structuration du secteur des métiers d’art, le service de développement économique de la CMA s’aperçoit rapidement de l’écart entre l’activité déclarée et la réalité de son art, que l’on peut assimiler pour de nombreux produits à de la marqueterie. Selon les critères officiels, le marqueteur réalise des compositions pour orner meubles ou objets ou pour créer des tableaux. Il découpe des plaçages naturels ou teintés et assemble les pièces avec de la colle chaude avant de les mettre sous presse pour les coller sur leur support. Dans le cas d’Ali Assani M’Colo, il s’agit des coques du fruit du baobab.

 

Moinécha Hariti, styliste modéliste

Domaine : mode et accessoires
six-artisans-art-recompenses-mayotte-savoir-faireSi Moinécha Hariti inscrit son atelier de couture sous le nom de Hariti Mod et Art au répertoire des métiers en février 2005, la Petite-Terrienne ne débute son activité que deux mois plus tard, le 1er avril. Cette couturière dite flou, en raison de son expérience et de ses 16 années de carrières, réalise des créations souples dans des étoffes fluides et maîtrise toutes les étapes de la fabrication (patron, coupe, bâti, assemblage, couture et finition). Après le moulage sur mannequin, elle indique sur la toile l’emplacement des découpes et des pinces et règle l’aplomb… « Au fil des années, je me suis spécialisée dans le mariage », précise celle qui est à l’origine de la coopérative des couturières de Mayotte. Son leitmotiv ? « Dans un vêtement, je mets toute mon âme ! »

 

Farsi Said Madi, bijoutier

Domaine : bijouterie, joaillerie, orfèvrerie et horlogerie
six-artisans-art-recompenses-mayotte-savoir-faireNé à Sada en 1960, Farsi Said Madi crée sa bijouterie Temple D’or le 7 décembre 1994 dans sa commune de naissance, après être parti se former à La Réunion. Il utilise la fonte à la cire perdue, la soudure ou le martelage pour mettre en forme le bijou avant d’en réaliser les finitions. Membre de la récente coopérative des bijoutiers de Mayotte, le doyen des artisans d’art participe à l’évolution de la profession, avec la mise en place du poinçonnage et de la tenue des registres réglementaires.

30 logements témoins livrés pour des familles décasées à Majicavo

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Après un peu plus d’un an de travaux, des maisons témoins ont été inaugurées ce jeudi. Elles devront accueillir dans les jours qui viennent plusieurs familles délogées il y a deux ans d’habitats insalubres construits en haut de ce talus, sur la commune de Koungou. Une opération qui s’inscrit dans le cadre d’une politique ambitieuse de lutte contre l’habitat indigne dans le 101ème département.

À l’endroit, à l’envers, dans un sens puis l’autre… Rien n’y fait ! Les mains tremblantes du petit homme de 80 ans ne parviennent pas à déverrouiller la porte de sa future nouvelle demeure. “Vous voulez que je vous aide, Monsieur ?”, lui glisse avec bienveillance le préfet Jean-François Colombet, reconverti le temps d’une visite en agent immobilier enchanté d’avoir conclu une nouvelle vente. “C’est la mauvaise clé !”, s’écrie-t-on alors, sous les rires amusés de la foule entassée pour assister à ce moment symbolique. Ouf, la porte de devant est ouverte et tout ce beau monde finit tant bien que mal par s’engouffrer dans la petite maison, correcte et fonctionnelle : une salle de bain et une cuisine équipée, une salle à vivre et même un deuxième étage pour la chambre avec vue sur le lagon. La classe !

Ce jeudi avait lieu l’inauguration en grande pompe des premières maisons témoins de l’opération de résorption d’habitat insalubre (RHI) expérimentale. En tout, ce sont trente logements de ce type qui doivent être livrés dans quelques jours pour des familles décasées qui vivaient sur cette butte en haut de Majicavo-Dubaï. “Nous, ville de Koungou, voulions démontrer que le bidonville n’est pas une fatalité et que des solutions existent. Ici même, il y a moins de deux ans, des maisons menaçaient de glisser sur le talus”, a rappelé le maire de Koungou Assani Saindou Bamcolo. Il aura fallu un peu plus d’une année pour livrer ce chantier démarré en janvier 2019. “C’est dans votre commune que le renouvellement urbain va le plus vite et le plus loin, nous arrivons à consommer les crédits alors qu’ailleurs, les choses sont plus lentes à se mettre en place”, a d’ailleurs salué le préfet à l’attention de l’élu, immédiatement suivi par une salve d’applaudissements.

 

Un reste à charge de 100 euros

 

L’objectif de l’opération, menée en lien avec la commune de Koungou, mais aussi la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL), la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS née récemment de la fusion DIECCTE/DJSCS), le conseil départemental et les services de l’agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) : livrer vite et bien, à un moindre coût (39.000 euros) des logements dignes, isolés, avec accès à l’eau et l’électricité. “Vous voyez ce toit ? On a mis un revêtement spécial, qui évite de faire chauffer la pièce”, indique-t-on. Et c’est vrai qu’il fait plutôt frais ! Les nouveaux locataires, comblés, enchaînent les “maharaba” et même une prière. Locataires, car le montage repose sur un dispositif d’intermédiation locative géré par SOLIHA et la fondation Abbé Pierre. À terme, le reste à charge pour les familles s’élèvera à une centaine d’euros seulement. “Nous allons être très compétitifs avec le marché du banga”, s’est enorgueilli Jean-François Colombet.

 

Équilibre et effacement des bidonvilles

 

Des constructions qui s’inscrivent selon le délégué du gouvernement dans une politique volontariste de lutte contre l’habitat insalubre. “Depuis août, nous nous sommes engagés dans un plan ambitieux pour détruire 600 à 700 cases dans lesquelles vivent des gens de façon indigne”, a-t-il souligné. Or, pour reloger les familles ainsi délogées, les solutions en matière de logements font toujours défaut sur le territoire. Et la volonté de la SIM de construire 500 logements sociaux par an ne pourra pas suffir à “couvrir l’ensemble des besoins avec le développement que nous connaissons”. Ces constructions expérimentales et reproductibles apportent donc une première pierre à l’édifice. “Je trouve que cette opération incarne l’équilibre que nous mettons en place sur l’effacement des bidonvilles”, a fait valoir le locataire de la Case Rocher.

Un équilibre bien fragile, surtout au vu du rythme rapide et de l’ampleur des destructions… Sur le terrain inauguré ce jeudi vivaient auparavant une cinquantaine de familles dans des cases en tôle. Parmi elles, les trente heureuses élues qui vont recevoir les clés de leur nouveau logement en dur ont été accompagnées pendant toute la durée du chantier par l’association Acfav et dans les logements temporaires de Hamachaka. Les vingt restantes étaient soit en situation irrégulière ou bien ont trouvé des solutions de relogement par elles-mêmes.

Depuis le 1er janvier, 496 cases ont déjà été détruites grâce aux arrêtés loi Elan publiés par la préfecture. Le dernier, en date du 2 avril 2021, prévoit la démolition d’une cinquantaine de cases dans un mois et huit jours, à Miréréni, sur un terrain de la commune de Chirongui. But de la manœuvre : construire (enfin !) un terrain de football, dans les cartons depuis 2005. Il pourra accueillir 22 joueurs. Sauf crise sanitaire majeure.

Premier jour de grève pour les syndicats de l’agence régionale de santé de Mayotte

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Ce jeudi 8 avril marquait le premier jour de grève des syndicats de l’agence régionale de santé de Mayotte. Depuis sa création le 1er janvier 2020, c’est la deuxième fois que les syndicats se mettent en grève, signe selon eux, que de nombreux dysfonctionnements existent. Ils réclament une ARS de plein exercice dans les règles de l’art.

Les tensions subsistent au sein de l’institution de santé. Alors que les syndicats prônent une agence régionale de santé de plein exercice, digne de ce nom pour le département, la direction ne semble pas aller tout à fait dans le même sens. “À Mayotte, on est déjà en retard ! Si on souhaitait se séparer de l’ARS Réunion, c‘était pour mettre en place un système adapté ici”, peste Kamaldine Dahalani, représentant du personnel pour la CFDT. Ambiance… Et aux yeux des manifestants du jour, le compte n’y est pas depuis le passage sous ce régime tant désiré le 1er janvier 2020. Les syndicats réclament un plan régional de santé précis qui “définira l’avenir et les projets à mettre en place au niveau des infrastructures, de la e-santé, etc”.

L’une des priorités évoquées ? La formation de personnels soignants directement sur place. Mais les agents de l’ARS ont le sentiment de parler dans le vide face à une hiérarchie peu l’écoute. “On fait appel aux evasan alors que c’est supposé être uniquement un moyen de soulager les services… Nous on a toujours besoin d’être soulagés”, décrit Kamaldine. Concernant le supposé désert médical que les agents constatent, ils demandent la mise en place d’un organigramme clair, créé spécifiquement pour Mayotte. Une demande réitérée depuis des mois. En vain.

 

Un manque de communication interne

 

Il faut le vivre pour comprendre ce qu’il se passe”, explique Anchya Bamana. “La gestion du personnel n’est pas digne d’une institution de cette ampleur.” Les syndicats font remonter un manque de communication interne, voire sa totale absence, alors qu’ils jugent être les mieux placés pour analyser la situation sur l’île, travaillant au quotidien avec les problématiques du territoire. Selon Kamaldine Dahalani, “le dialogue n’existe pas, la direction méprise les gens, elle veut imposer au lieu de parler du dialogue social. Les collègues sont en souffrance mais ils ont peur de parler”. Le système serait selon eux politique et non pas administratif.

C’est ce manque d’écoute qui les pousse à planter le piquet de grève. Pour que la population s’empare de la question et réalise qu’une ARS de plein exercice en bonne et due forme sur le territoire serait un plus pour Mayotte, et ses habitants. Kamaldine prend l’exemple de l’e-santé, sur lequel beaucoup a été investi lorsque le 101ème département dépendait encore de la tutelle de l’île voisine. Toujours selon les syndicats, la direction de l’ARS souhaiterait que La Réunion soit en charge de ce dossier, alors que les agents mahorais ont peur que l’histoire se réitère et que rien ne soit fait. “L’État a donné les moyens de le faire mais rien ne bouge.” La goutte d’eau qui fait déborder le vase visiblement…

On se bat pour que Mayotte puisse commencer à construire un système de santé digne”, termine le représentant du personnel. Jointe par téléphone, l’ARS n’a pour l’instant pas souhaité réagir. Un commentaire qui pourrait s’expliquer en raison de l’absence de la directrice générale de l’institution sanitaire, Dominique Voynet, en déplacement jusqu’à lundi prochain.

Attaque au commissariat de Mamoudzou : pas de lien avec une entreprise terroriste à ce stade de l’enquête

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Le mis en cause, un Palestinien isolé et marginalisé a été placé en détention provisoire. Une information judiciaire est ouverte pour tentative de meurtre.

Fausse alarte. L’attaque ce mardi d’un fonctionnaire de police au commissariat de Mamoudzou par un homme qui avait crié “Allah Akbar” n’est pas en lien avec une entreprise terroriste. L’auteur, un Palestinien isolé arrivé sur le territoire depuis la métropole en 2020, n’a pas non plus revendiqué d’appartenance à un groupe terroriste. C’est du moins ce qui ressort de l’enquête judiciaire, menée “en liens étroits” avec le parquet national anti-terroriste “qui n’entend pas se saisir de l’affaire”, a annoncé le procureur de la République Yann Le Bris lors d’une conférence de presse jeudi soir.

Une interrogation persistante demeure sur l’intention au moment du passage à l’acte”, a expliqué le magistrat du parquet. C’est-à-dire si les coups portés constituent une violence aggravée sur personne dépositaire de l’autorité publique avec arme et dans une enceinte administrative, un délit puni de 7 ans de réclusion, ou une tentative de meurtre avec intention de tuer, où la peine maximale est de trente ans de prison. Une information judiciaire a donc été ouverte pour tentative de meurtre et fait l’objet d’une enquête avec un juge d’instruction de Mayotte. En attendant, l’individu a été mis en examen et placé en détention provisoire.

 

Un homme “en voie de clochardisation”

 

L’homme, qui avait demandé l’asile en France métropolitaine en 2014, était arrivé à Mayotte à la demande d’un ami qui lui avait proposé un emploi et lui avait payé le billet d’avion. “Le profil psychologique de cette personne étant incompatible avec le poste, l’employeur avait mis fin au contrat de travail”, a retracé le procureur. L’individu, qui était inconnu de la justice, sauf pour des faits mineurs sans condamnation, s’est alors retrouvé isolé. Avant son passage à l’acte, il vivait seul dans un banga, en totale marginalisation, avec “un environnement amical extrêmement pauvre”, et même “en voie de clochardisation« . “C’est dans ce contexte social que les faits s’inscrivent.” Il vivait de plus comme une persécution son absence de droit à l’allocation chômage.

Le jour des faits, “il a décidé de faire parler de lui”. Il se rend d’abord devant La Poste, et un restaurant où il hésite à commettre des violences, avant de se raviser et d’atterrir au commissariat. Là encore dans une logique d’attirer l’attention sur lui, pour obtenir son droit au chômage, au point même de pouvoir y perdre la vie. L’expertise psychiatrique menée au moment de sa garde à vue n’a pas permis d’identifier de maladie mentale, ni même d’altération du discernement. Et s’il a crié les mots “Allah Akbar”, l’homme n’a aucun moment revendiqué une participation à un djihad.

En ce qui concerne la victime, elle est ressortie du CHM avec quelques blessures liées à sa chute et une incapacité temporaire de travail de 8 jours, en plus du choc psychologique lié à l’attaque.

Victime des violences à Koungou fin février, Claude le « miraculé » raconte

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Locataire de la résidence Oungou Manga à Koungou depuis 2016, Claude a vécu un véritable cauchemar le 26 février. Pris à partie par une bande de jeunes, l’enseignant a tenté de leur faire barrage dans son habitation avant d’être roué de coups par les assaillants. Plus d’un mois après les faits, il revient sur cet incident « exceptionnel » et la manière dont il se reconstruit. Témoignage.

« Mon œil ? Non, non ça ne remonte pas à ce jour-là ! Je me suis fait piquer par une bête en scooter hier [mardi 6 mars]. » Situé à quelques pas devant le portail, « de nouveau fonctionnel », de la résidence Oungou Manga à Koungou, Claude revient sur les lieux de l’incident pour la deuxième fois depuis le cauchemardesque 26 février. Date de la spectaculaire attaque à l’encontre des habitants par une bande de jeunes issus du désormais ancien quartier Jamaïque. « En un peu de plus de quatre ans, je n’ai vécu qu’une seule tentative de cambriolage. Je me sentais relativement en sécurité… »

Tout commence vers 10h quand la troupe d’assaillants fracasse une flopée de portes d’entrées dans le but de vandaliser les logements SIM. La sienne, « blindée », résiste aux innombrables coups de barre de fer, de hache et de chombo. « Ils avaient tout un arsenal », se remémore le sexagénaire. Une heure plus tard, un peloton de gendarmerie débarque tambour battant pour restaurer le calme. Au détour d’une apparente accalmie, certains résidents en profitent pour prendre la poudre d’escampette. Pas Claude, seul locataire dans son habitation. « J’étais bloqué à l’intérieur car la serrure avait fini par sauter », retrace-t-il, comme s’il revivait cet « événement exceptionnel ».

« J’étais KO debout »

À peine le temps de reprendre ses esprits que la fronde repart de plus belle en fin d’après-midi, quelques minutes seulement après le départ des militaires. « Stressé », « apeuré », l’enseignant se barricade avec « une machine à laver ». Dans son combiné, il prie les forces de l’ordre de revenir à toute vitesse et de lui porter secours. « Je pensais réellement que j’allais y passer ! » La course contre la montre débute. Résister à tout prix. Mais au même moment, une brèche se forme… « Un jeune a fini par rentrer et m’a roué de coups. » Poussé par un instinct de survie, Claude réplique et fonce dans le tas – « une bonne dizaine d’individus » – pour s’extirper du piège dressé face à lui et atteindre la passerelle devant son logement, synonyme de liberté. « Puis un autre m’a attrapé et a eu tout le loisir de me tabasser. J’étais KO debout mais je ne devais pas mettre un genou par terre. »

Encore sonné moralement, ses souvenirs s’emmêlent. Seule certitude à ce moment-là ? « Il faisait nuit. J’étais pieds nus et j’avais les vêtements en lambeaux. » Échappé de ce guet-apens, le professeur de mathématiques fonce se cacher à l’autre bout du parking. Où un voisin lui ouvre l’accès à sa demeure, après moult pourparlers. Finalement, la cavalerie rapplique et l’exfiltre avec un véhicule blindé sur la place de la commune pour être pris en charge par les pompiers. Direction le centre hospitalier de Mayotte. Verdict : le nez cassé, le visage ensanglanté et quelques blessures de défense. Et dix jours d’incapacité temporaire de travail. « Je me considère comme un grand miraculé », admet-il en toute humilité.

 

Soutien du rectorat et de ses collègues

 

Dès le dimanche matin, il reçoit quelques mots « réconfortants » de la part d’un conseiller du recteur et du directeur du cabinet. Vient alors la question du relogement. « Le rectorat m’a proposé d’aller à l’hôtel Trévani, mais je voulais quitter la zone et retourner sur Mamoudzou pour me rapprocher de mon lieu de travail. Sauf que tous les établissements étaient complets avec les renforts de la réserve sanitaire. » Face à ce manque d’options, Claude prolonge la colocation durant deux semaines chez l’un de ses collègues, qui l’a accueilli le soir-même à sa sortie de l’hôpital, le temps de se retourner.

« J’ai évidemment déménagé, je n’ai pas attendu les propositions de la SIM. » Depuis, le Malgache d’origine vit à Kawéni, à cinq minutes du lycée des Lumières. Et retombe petit à petit sur ses pattes grâce à l’aide « surprise » de son proviseur adjoint pour la réception de mobilier gracieusement offert par près d’une dizaine d’entreprises et au soutien financier des autres enseignants. « Ce sont toutes ces personnes qui m’ont fait tenir et qui m’ont convaincu de rester. » Mais sa reconstruction n’est pas un long fleuve tranquille. « Je ne connaissais pas les démarches à réaliser pour le dépôt de plainte et l’assurance habitation », dit-il au moment d’arrêter le facteur pour savoir s’il a reçu du courrier.

Cinq semaines et quelques séances « qui n’ont rien changé » avec la psychologue de son établissement scolaire plus tard, Claude ressasse cette expérience avec philosophie. « Ce n’est pas ça qui va me faire quitter Mayotte. Ce n’est pas à ma personne qu’ils en voulaient. Je ne suis qu’un dommage collatéral d’un fait. » Avant de remonter sur son scooter et de regarder s’éloigner son ancienne maison sur laquelle sont encore visibles les stigmates de cette atroce journée. Tel un nouveau départ.

“Il s’est coupé le doigt tout seul” : deux hommes devant le tribunal pour une violente altercation devant le Barfly

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Attaqué au chumbo, un client du Barfly s’est retourné contre son agresseur en lui assénant plusieurs coups de couteau. Un revirement qui ne coche pas les cases de la légitime défense… Les deux prévenus ont écopé de peines de prison avec sursis.

Ils avaient croisé le fer, ou plutôt le couteau et le coupe-coupe il y a trois ans à la sortie de Barfly. Ce mercredi, deux hommes étaient entendus au tribunal correctionnel de Mamoudzou, tous deux dans le rôle à la fois de victimes et de prévenus. L’un pour violence suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours avec usage d’une arme et en état d’ivresse manifeste ; l’autre pour violence suivie de mutilation ou infirmité permanente. Car c’est là que la lame blesse : le premier y aura perdu une phalange…

Le drame remonte au 15 avril 2018. Cette nuit-là, Monsieur I. profite d’une soirée dansante avec sa femme et l’une de ses amies, au Barfly donc. L’alcool coule à flots, jusqu’à ce que les dames décident de rentrer. Monsieur I. les suit à quelques minutes d’intervalle, mais quand il arrive sur le parking, le mari trouve un homme en train de tenter de forcer sa voiture. Alors qu’il s’interpose, un troisième individu surgit de nulle part, armé d’une machette. “Tu fais le beau parce que tu es avec deux femmes”, lui aurait lancé Monsieur M., le deuxième prévenu du jour, avant de lui asséner un premier coup de chumbo au visage. À un doigt près ! “Si je n’avais pas mis ma main, je ne serais pas devant vous aujourd’hui”, retrace Monsieur I., la voix tremblante face aux juges. Une version corroborée par les témoignages de sa femme et son amie. Il finira avec 21 jours d’incapacité temporaire de travail.

 

Cinq plaies en retour

 

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Aveuglé par la rage et le sang, l’homme désormais amputé se met à poursuivre son agresseur. À terre, Monsieur M. prend plusieurs coups de couteau : il finira avec 5 plaies, dont l’une assez profonde au thorax qui nécessitera des points de suture et une ITT de 8 jours. Seule l’intervention d’un tiers, un ami présent à la soirée, parviendra à arrêter l’homme au couteau, en jetant son arme à la mer. Une lame dont on ne parvient pas trop à déterminer la provenance, tant les explications du prévenu restent vagues à la barre. Lui prétend l’avoir ramassé après avoir reçu le coup de machette, alors que l’une des témoins a expliqué en audition qu’il l’avait “dès le départ”. Mais à part ce léger flou, Monsieur I. ne nie pas les faits : “je me suis senti en danger, j’essayais de me défendre (…), ce n’était pas mon intention de le blesser, j’avais peur”, répète-t-il inlassablement trois ans après les faits.

 

Coupe-coupe contre couteau

 

Du côté de la partie adverse, le discours n’est pas le même. “D’après ce que j’ai entendu, il s’est coupé le doigt tout seul”, fait valoir le plus rondelet des deux hommes, quand vient son tour d’expliquer le déroulé des événements. “Je vois trois personnes, et l’un avec un couteau, je lui dis : ‘‘on a tous un couteau, lâche ton couteau’’ et donc je suis allé cherché un coupe-coupe.” “C’est votre manière de résoudre les conflits ?”, tance la présidente. Mais ni cette pique ni les suivantes n’inciteront le bonhomme à reconnaître une responsabilité dans la mutilation de son coprévenu. Une position qui ne lui attirera pas les faveurs du tribunal : l’homme écope de trois ans de prison dont deux avec sursis probatoire de deux ans – l’année de prison ferme pouvant être aménagée. Monsieur I. quant à lui s’en sortira avec 10 mois de prison avec sursis. Les deux s’étant constitués parties civiles, ils se doivent respectivement : 5.000 euros pour le préjudice moral et 10.000 euros pour le préjudice physique de Monsieur I. ; et 1.500 euros pour le préjudice moral et la même somme pour le préjudice physique de Monsieur M. Le parquet avait requis 12 mois de prison ferme pour le premier et quatre ans dont trois avec sursis probatoire pour le second. “Il a quand même perdu un doigt, c’est la sanction la plus grave”, a souligné la procureure. Coupé dans le vif.

La cadence s’accélère pour l’insertion par l’activité économique à Mayotte

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L’insertion par l’activité économique à Mayotte prend une toute autre tournure cette année. Le budget a été multiplié par 2,5 et le nombre de structures pouvant en bénéficier a augmenté de 35%. L’objectif est d’utiliser cet argent à bon escient. Et pour cela, l’État pourra compter sur des projets innovants et engagés.

9,6 millions d’euros ! C’est le montant du budget annuel 2021 alloué aux structures d’insertion par l’activité économique (SIAE). Contre 3,7 millions d’euros un an plus tôt. « C’est une augmentation substantielle et sans précédent. Les fonds ont été multipliés par 2,5, soit une hausse de 250% », se réjouit le préfet de Mayotte. Il faudra désormais con-sommer cette somme puisque l’effort financier du gouvernement sur l’insertion par l’activité économique est inédite. Pour y arriver, 19 structures ont répondu à l’appel. Soit cinq de plus par rapport l’année dernière. Elles pourront bénéficier de cet somme pour aider les personnes sans emploi ni formation à s’insérer dans la société.

La subvention de l’État sera uniquement dédiée à l’aide aux postes. Autrement dit, elle permettra de rémunérer les femmes et hommes en insertion qui pratiqueront une activité professionnelle dans l’une de ces 19 structures. Et pour que l’aspect financier ne soit pas un frein au développement de ces SIAE, la préfecture a mis les bouchées les doubles. « À la différence de la métropole, nous avons obtenu du gouvernement un régime particulier. Les structures qui ont demandé les fonds seront payées tout de suite. Nous allons gagner entre cinq et six mois par rapport à l’Hexagone », annonce Jean-François Colombet. Toutes les structures ne seront pas dotées de la même manière, le budget sera attribué en fonction des projets et du nombre de personnes qui seront prises en charge par chaque structure.

 

RTME (Régie du territoire maesha espoir)

 

cadence-accelere-insertion-activite-economique-mayotte-RTMEBasée à Acoua, la Régie du territoire maesha espoir depuis 2010. Présidée par Djabari Madi, l’association caractérise l’engagement des femmes au foyer qui ne cherchent qu’à arrondir leurs fins de mois. Pour cela, elles préparent des plats et les vendent, principalement dans les établissements scolaires. « Quotidiennement, nous distribuons 180 plats dans les écoles. Mais nous ne pouvons répondre à plus de demandes parce que nous devons développer notre coin cuisine pour satisfaire le territoire », précise le responsable de la structure. En plus des plats, la RTME a deux autres activités principales. L’une d’elles est la transformation des produits agricoles. Si au début, les femmes se contentaient de faire simplement des jus, aujourd’hui « elles sont capables de produire plus de 500 kilos de farine de manioc par jour », expose fièrement Djabari Madi. Et l’association met un point d’honneur à ne travailler qu’avec les agriculteurs de l’île pour avoir une visibilité sur la traçabilité des produits utilisés. Autre corde à son arc ? La médiation environnementale. Elle sensibilise la population et embellit les quartiers en commençant par les nettoyages. Le public visé par la RTME est principalement composé de femmes d’un certain âge, mais elle veut désormais mettre l’accent sur les jeunes. L’objectif : Les insérer dans le vie professionnelle à travers ces différentes activités. « Nous faisons aux alentours de 30 à 40% de sortie positive, ce sont des personnes qui ont trouvé un travail ailleurs », indique Djabari Madi. Mais cela freine l’activité économique de l’association, car elle doit sans cesse former de nouvelles personnes. Le prix à payer.

 

Le garage solidaire de Koungou

 

cadence-accelere-insertion-activite-economique-mayotte-garage-solidaireC’est une activité innovante qui n’existe nulle part à Mayotte. Le centre communal d’action sociale de Koungou souhaite mettre fin aux garages informels et en parallèle faire disparaître toutes les carcasses de voitures qui jonchent les rues de la commune. Pour cela, il a crée le garage solidaire. « Nous voulons proposer un atelier chantier d’insertion pour insérer les personnes en situation régulière afin qu’elles aient un garage formel, dans le respect des normes, parce que très souvent, elles sont découragées par les démarches administratives », dévoile Aly Mohamed, à la tête du projet. L’autre but : inciter les jeunes à s’intéresser aux différents métiers qui existent dans un garage. « Pour commencer, nous allons accompagner 12 personnes en insertion à intégrer les garages partenaires. Ces jeunes seront formés et pourront par la suite accéder à des postes à l’extérieur », détaille Aly Mohamed. Le projet porté par le CCAS de Koungou devrait se réaliser en 2022.

 

Wenka Culture

 

cadence-accelere-insertion-activite-economique-mayotte-wenka-cultureÀ ses débuts, l’association Wenka culture située à Kaweni avait une activité principale : faire nettoyer les rues par les jeunes de Kaweni pour éviter l’oisiveté. Aujourd’hui, la structure s’étend sur quatre activités principales. « Nous avons un atelier chantier d’insertion sur la propreté urbaine, un sur les métiers de développement durable, un autre sur l’espace vert et un autre sur la poterie », précise Omar Said, directeur de Wenka culture. L’association regroupe 40 salariés, 25 jeunes sur le terrain et 15 permanents qui accompagnent les stagiaires vers une inclusion économique et sociale. Mais le directeur se trouve confronté à la lenteur administrative, qui freine l’activité de l’association. « Il y a beaucoup de couacs administratifs, une lenteur sur les traitements des dossiers qui ralentissent le paiement et ça met à mal nos structures », dénonce Omar Said. À cela s’ajoute les charges qu’elles doivent payer alors qu’ailleurs en France, ce n’est pas forcément le cas. « Les structures comme les nôtres payent les mêmes charges sociales qu’une entre-prise classique alors que nous sommes censés faire du social. Nos confrères qui ont les mêmes structures à La Réunion sont exonérés de charges, et les postes d’encadrement sont cofinancés », souligne le directeur de Wenka Culture. Cette aide de l’État n’est donc pas négligeable, mais elle reste encore insuffisante au vue des besoins des structures.

 

Nayma

 

cadence-accelere-insertion-activite-economique-mayotte-NaymaSur le marché des structures d’insertion par l’activité économique depuis 2020, l’association Nayma nourrit déjà de grandes ambitions. Sa mission principale consiste à valoriser le cycle de l’eau. « Nous allons commencer par nettoyer les rivières et les mangroves. Puis nous allons planter de la végétation pour restaurer ces endroits. Dans un second temps, nous irons jusque dans le lagon », explique Roukia Lahadji, présidente de l’association. Pour préserver cette denrée rare, l’ancienne marie de Chirongui s’entourera de 200 jeunes seulement pour cette année 2021. Un chiffre qui devrait rapidement augmenter. Ils seront encadrés par 44 professionnels, allant de l’infirmier et l’assistante sociale en passant par l’encadrant technique. « Il y aura au moins 50% de jeunes, 30% de femmes, 10% de personnes en situation de handicap. Nous voulons les sauver de l’insécurité et les aider à s’insérer dans la vie professionnelle », selon Roukia Lahadji. Et tout débutera par l’obtention du permis de conduire : chaque jeune sera accompagné dans cette démarche afin de faciliter la mobilité.

Habitat indigne : Au quartier Cetam, une démolition de cases en tôle à l’abri des regards et sur le terrain d’un propriétaire hospitalisé

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Des employés surveillent les engins de chantier pendant la destruction des cases en tôle.

Ce mardi, les derniers occupants des parcelles visées par un arrêté de destruction loi Elan au quartier Cetam, en Petite-Terre, ont dû quitter les lieux. Parmi les décasés, la femme d’un propriétaire souffrant, et qui avait refusé l’intervention sur son terrain.

Il est loin le temps où toutes les caméras pouvaient gambader gaiement au milieu des tractopelles, main dans la main avec les équipes de la préfecture venues admirer le travail. Depuis l’opération de destruction de cases en tôle de Kahani, en novembre 2020, qui a lancé le top départ d’un calendrier rythmé de démolitions dites “loi Élan » à Mayotte, les choses ont en effet bien changé. Le souvenir tendu des violences à Koungou, peut-être ? Ou encore celui de Dzoumogné, en février dernier, quand la destruction illégale de la maison d’une famille propriétaire du terrain avait conduit le tribunal administratif de Mayotte à ordonner à la préfecture de reloger les victimes dans un délai de 48 heures et à défaut sous astreinte de 1.000 euros par jour de retard…

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À droite du panneau “Impasse Mnagoche”, les cases construites sur le terrain de Monsieur T. sont en train d’être rasées.

Toujours est-il que ce mardi, en Petite-Terre, les gendarmes postés tout autour du quartier Cetam veillaient au grain. La consigne ? Refuser le passage à tout le monde – sauf exception dont Flash Infos n’a pas pu bénéficier : “Les médias ne sont pas autorisés, adressez-vous au service communication de la préfecture pour des informations.” Seule Mayotte la 1ère et Kwézi seront parvenues à grappiller cinq minutes d’images à une bonne distance de sécurité des habitants délogés, sous le regard vigilant des gendarmes. Il faut dire que l’opération du quartier Cetam a déjà fait couler un peu d’encre.

 

Le couac des propriétaires

 

Souvenons-nous : le premier arrêté préfectoral du 3 février avait malencontreusement intégré des terrains appartenant à des propriétaires privés. Certains d’entre eux avaient donc déposé une requête devant le tribunal administratif. Le temps que celui-là rende sa décision, le 30 mars dernier, la préfecture avait rapidement corrigé le tir en publiant un autre arrêté le 19 mars, avec un nouveau plan de la parcelle à la clé. Parsemé de trous, là où les propriétaires avaient refusé l’opération, donc. Mais la “détermination” du préfet Jean-François Colombet à raser les bangas du quartier Cetam restait “entière”, comme le rapportaient nos confrères de France Mayotte Matin vendredi dernier.

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Madame T. et ses enfants regardent les gendarmes, qui bloquent les accès principaux au terrain duquel ils ont été chassés tôt ce mardi matin.

Ainsi soit-il ! Ce mardi matin, comme prévu, les bulldozers ont donc fait vrombir leurs moteurs au-dessus des tôles froissées, sur les parcelles encore en vert d’après le plan de l’arrêté préfectoral. Le hic ? C’est que l’un des propriétaires, un certain Monsieur T., hospitalisé en métropole, a refusé la démolition des cases sur son terrain, pourtant marqué en vert sur cette même carte. “Démolir les cases, je ne voulais pas en entendre parler ! Mais mon fils ne voulait pas que j’aie une autre femme et il est venu pour dire qu’il fallait quand même détruire”, hoquete-il au téléphone entre deux grosses quintes de toux.

 

Une affaire de famille

 

Deux courriers ont en effet été envoyés à la suite de l’arrêté préfectoral. Un premier, signé de la main de Monsieur T. en date du 8 mars informe le maire de Dzaoudzi-Labattoir de son refus de voir les cases de sa parcelle rasées. Un second, envoyé le 31 mars au préfet de Mayotte, annule la première missive et autorise “la démolition de casses (sic) en tôle”. “Mais en comparant les deux, il y a eu une falsification de la signature”, signale Maître Saïd Khaled, l’avocat du plaignant, qui assure en avoir informé la préfecture. Une requête en référé a par ailleurs été envoyée au tribunal administratif vendredi. “S’ils décident de démolir, ils feront comme à Dzoumogné où une famille a vu son banga démoli alors qu’ils sont propriétaires. C’est une politique du spectacle”, dénonce-t-il.

 

48 cases détruites à l’abri des regards

 

Un spectacle à huis clos tout du moins. “Les gendarmes sont venus vers 4h du matin, ils nous ont foutu à la porte ! Sans même nous laisser le temps de prendre nos affaires”, soupire l’un des décasés. “Il y a les cahiers et les cartables des enfants, qui ne sont pas même pas allés à l’école”, renchérit sa sœur. Regroupés sur le bord d’une route, ils sont une dizaine à attendre rageusement le départ des engins. Dans le petit groupe, la femme de Monsieur T. qui enchaîne les cigarettes comme pour évacuer le stress. “Les gendarmes, ils sont venus dire hier qu’ils allaient détruire, peu importe ce que disait l’avocat”, déplore cette mère de cinq enfants. “Ils mettent les gens dehors, ils proposent des hébergements pour 21 jours, mais après, on va aller où ?” Un discours qui résonne aussi chez sa voisine, Daoulati, commerçante sur le même terrain. “Ma boutique elle n’est pas clandestine, je paie 365 euros par mois pour mon prêt et en une après-midi, je dois débarrasser mon entreprise, ma vie ! On a récupéré ce qu’on pouvait”, souffle-t-elle.

En tout, 48 cases ont été détruites ce mardi, d’après la préfecture. 32 personnes ont accepté les propositions d’hébergement d’urgence, et 37 étrangers en situation irrégulière ont été interpellés en marge de l’opération. À noter que selon l’attestation de l’Acfav jointe à l’arrêté du 19 mars, 258 occupants avaient été enquêtés par les services de l’association d’aide aux victimes, dont 241 avaient accepté les solutions proposées. Quant aux propriétaires privés, le préfet de Mayotte a confirmé sa volonté de les traduire en justice pour “lutter contre ceux qui depuis de longues années tirent profit de l’habitat indigne”. Cette opération “répond également au cycle de violences de la fin du mois de janvier 2021 au cours duquel trois homicides ont été perpétrés, comme à l’agression au couteau d’un jeune laissé pour mort, début mars 2021”, précise par ailleurs le communiqué, en référence aux violents affrontements entre bandes rivales des quartiers Cétam et la Vigie. “Ils disent qu’ils luttent contre les délinquants, mais en France, quand il y a des crimes, est-ce qu’ils vont détruire les bâtiments ?”, s’énerve Daoulati. “Ce n’est pas la loi de la France. C’est la loi de Mayotte.

Sapeurs-pompiers : Prise de commandement du colonel Olivier Neis ; des discours, des hommages et des gestes barrières

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Ce mardi matin se déroulait sur le parvis de la place de République à Mamoudzou la cérémonie de prise de commandement du service départemental d’incendie et de secours par le colonel hors classe Olivier Neis. L’occasion pour lui de s’exprimer pour la première fois publiquement, entouré d’une centaine de sapeurs-pompiers, et de prendre part à une série d’hommages. Un retour en grâce pour celui qui a déjà exercé sur le territoire pendant huit ans.

Parvis de la place de la République. 9h. « Officiers, sous-officiers, gradés et sapeurs du corps départemental des sapeurs-pompiers de Mayotte, vous reconnaîtrez désormais comme chef le colonel hors classe Olivier Neis, ici présent, et vous lui obéirez en tout ce qu’il vous commandera pour le bien du service, dans l’observation des lois, l’exécution des règlements et le succès des missions qui vous sont confiées. » Un mois après sa prise de fonction, le nouveau directeur du SDIS a officiellement été intronisé ce mardi 6 mars au cours d’une cérémonie pour le moins tambourinante. Devant un parterre de personnalités, cette première manifestation en milieu public depuis plus d’un an a démontré l’importance de cette passation de pouvoir. Synonyme de renouveau après les déboires vécus durant de longs mois avec le colonel Fabrice Terrien, dont le nom n’aura pas été cité une seule fois.

Au cours d’un protocole respecté à la lettre, Olivier Neis a mené d’une main de maître une série de remises de médailles pour ancienneté, de lettres de félicitations et de décorations pour service rendu. Mais c’est vraisemblablement son discours qui a marqué ce rassemblement de son empreinte. À l’instar des mots « honneur » et « fierté » employés dès le début de son allocution. « Appliquons avec bravoure la devise qui coule dans nos veines : sauver au péril ! Pour ce faire, devant ce drapeau qui est porteur de valeurs républicaines nationales, par la liberté, l’égalité et la fraternité, mais aussi départementales, au travers de cette belle devise qui est Ra Hachiri, nous devons vous assurer de notre plein engagement au service de l’ordre, dans le respect des droits et des devoirs qui sont les nôtres », a-t-il martelé face à une centaine de ses collaborateurs, continuellement attentifs au maintien de la distanciation physique. « Je me porte garant de notre capacité à porter une réponse en tout temps, tout lieu. Soyez convaincus de notre capacité technique et matérielle, de notre volonté de servir, de notre fierté du travail accompli. »

« Votre responsabilité est grande »

Est ensuite venu le tour du préfet, Jean-François Colombet, de prendre la parole pour accueillir en bonne et due forme celui qui avait déjà exercé le poste de directeur adjoint à Mayotte de 2008 à 2016. « Vous avez fait le choix de revenir dans ce territoire. Votre grande connaissance est une chance pour le SDIS », s’est réjoui le délégué du gouvernement. Avant de lui évoquer les attentes placées en lui : « Mon colonel, votre responsabilité est grande. Celle de conduire ces hommes et ces femmes valeureux, courageux, formés, déterminés, sur le chemin toujours plus exigeant de la plus grande efficacité. »

Mais il a surtout profité de l’occasion pour adresser sa « gratitude » et sa « reconnaissance » aux soldats du feu. « En effectuant des tests de dépistage, en épaulant le CHM dans l’organisation des evasan, ou en participant en lien avec l’ARS à la campagne de vaccination, vous vous affirmez comme des acteurs indispensables de la gestion de la crise sanitaire. Vous êtes à votre place ! » Un message réconfortant à l’égard de celles et ceux qui mènent leur « action dans des conditions difficiles, que nul n’ignore ici ». En référence aux agressions et aux caillassages dont ils font régulièrement l’objet dans l’exercice de leur fonction. « Ces faits méprisables sont inacceptables. »

Alors pour définitivement mettre tout le monde dans le même rang et en ordre de marche, Jean-François Colombet a tenu à les féliciter sur un ton emphatique qui n’est pas sans rappeler le “projet” d’un certain Emmanuel Macron. « Sapeurs-pompiers, merci ! Merci de la qualité des services rendus à la population mahoraise. Vous pouvez être fiers de vous, vous qui êtes comme l’a dit le président de la République, l’un des plus beaux visages de la France. Officiers, sous-officiers, gradés, sapeurs-pompiers de Mayotte… relevez la tête ! Soyez fiers… de l’uniforme… que vous portez, vous le méritez ! » De quoi redonner du baume au cœur à l’ensemble d’une profession pas toujours considérée à sa juste valeur.

 

Retour sur la création du service départemental d’incendie et de secours

 

Que de chemin parcouru depuis l’apparition du service incendie en 1988. Tout s’accélère en 2007, lorsque Saïd Omar Oili, alors président du conseil général, décide de transformer le service territorial d’incendie et de secours en un service incendie et secours. Pour cela, il faut « passer par la création d’un corps transitoire, reprendre l’ensemble des formations et demander aux agents de passer des tests et examens » pour constituer « la base du corps départemental du service d’incendie de Mayotte en 2008 », a retracé Olivier Neis. Avant que celui-ci ne devienne officiellement un établissement public administratif à la fin de l’année 2011.

Entre 2008 et 2012, les sapeurs-pompiers voient leurs conditions de travail s’améliorer avec l’ouverture des casernes de Longoni, d’Acoua, de Kahani et de Chirongui. Les présidents successifs de la collectivité, Ahamed Attoumani Douchina et Daniel Zaïdani, oeuvrent pour l’acquisition et la régularisation des actes de propriété des terrains, la mise à disposition de moyens (humains et financiers), les programmes de formation, l’organisation des concours nationaux sur Mayotte et la préfiguration du SDIS, qui devient officiel le 31 juillet 2014. Depuis cette date, l’état-major se situe au centre Kinga et un nouveau bâtiment doit sortir de terre en Petite-Terre d’ici peu. Plus jeune SDIS de France, Mayotte n’a pour autant aucune raison de rougir de ses cousins métropolitains et ultramarins.

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Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes