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Sazile Scooters Location : des deux roues électriques en libre service à Mayotte

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Envie d’un petit tour en deux roues économique et écologique ? Ne cherchez plus ! L’entreprise Sazile Scooters Location a la solution et vous propose des scooters électriques en libre service sur la commune de Mamoudzou.

Louer un scooter à tout moment via une application mobile, comment ça marche ? Une inscription et un smartphone suffisent pour partir au volant des scooters électriques de la flotte Sazile Scooters Location. Pour 50 centimes de réservation puis 23 centimes la minute, les titulaires d’un permis de conduire ou d’un BSR peuvent s’offrir une virée dans les alentours de la capitale du 101ème département.

sazile-scooters-location-deux-roues-electriques-libre-service-mayotteResponsable de la gestion de la jeune entreprise de location, Aina Ratsimbason revient sur les défis de son activité. “Nous avons eu l’idée de mettre en place des scooters électriques en libre service pour palier aux problèmes de transports que rencontrent les Mahorais.” Avant de témoigner de la logistique mise en place par le loueur de cycle : “Chaque soir, notre équipe va chercher les scooters afin de les recharger dans nos ateliers. Nos employés assurent également l’entretien des véhicules et de l’équipement mis à disposition des usagers. Les scooters sont révisés dès leur arrivée à l’atelier. Dans le coffre, les conducteurs pourront retrouver un casque et une charlotte ainsi que des gants qui sont nettoyés et désinfectés tous les soirs.

 

Une entreprise en devenir

 

sazile-scooters-location-deux-roues-electriques-libre-service-mayotteAujourd’hui, cinq deux roues sont déjà en service sur le territoire. Un chiffre qui devrait s’accroître dès l’ouverture des locaux de l’entreprise, près de la barge de Mamoudzou. “Nous avons actuellement une vingtaine de scooters, dont une quinzaine qui attendent d’être mis en service. Au mois d’avril, nous avions une cinquantaine d’inscrits. Les gens sont intéressés par la praticité du modèle que nous proposons.

Un moyen de transport facile d’utilisation et une inscription à la portée de tous les Mahorais connectés “En fournissant simplement leur carte d’identité et leur permis ou BSR via notre application, ils peuvent s’inscrire gratuitement et emprunter par la suite les scooters. Via l’application disponible sur smartphone les usagers ont accès à une carte de la zone où ils peuvent circuler avec nos scooters et repérer également où se trouve le véhicule le plus proche.” À l’heure actuelle, les trois employés de l’entreprise espèrent faire de nouveaux adeptes et permettre aux Mahorais de se déplacer plus facilement sur les routes de l’île aux parfums.

Transition énergétique : Un guichet simplifié de financement pour accompagner les TPE et les PME

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Ce lundi 17 mai, l’Ademe a présenté à l’occasion d’un webinaire le dispositif Tremplin à destination des TPE et PME, un nouveau guichet d’aide simple à mobiliser qui vise tous les domaines de la transition énergétique, dans le cadre du Plan de relance. Les entreprises ont jusqu’à la fin du mois de juin pour se manifester et ainsi pouvoir bénéficier d’un appui financier non négligeable.

Derrière son écran, Camille Gandossi, ingénieure en charge d’animer les dispositifs du plan de relance pour l’Ademe, clapote sur son clavier. « Vous indiquez le nombre de luminaires LED que vous souhaitez acquérir puis vous voyez apparaître en temps réel le montant maximal auquel vous avez droit », déroule-t-elle à l’occasion d’un webinaire ce lundi 17 mai pour présenter le dispositif Tremplin, un nouveau guichet de soutien à destination de toutes les TPE et PME, quelle que soit leur forme juridique, à l’exception des auto-entrepreneurs pour « éviter les risques de fraude ». Avant d’ajouter : « Chaque bénéficiaire éligible ne voit que les aides auxquels il peut prétendre. »

Alors si votre projet concerne l’acquisition de véhicules électriques, d’équipements de réduction et de gestion des déchets, l’accompagnement pour des travaux ambitieux de rénovation des bâtiments, des études sur les émissions de gaz à effet de serre et les stratégies climat des entreprises, l’outil en question peut vous permettre d’accéder à des coups de pouce forfaitaires dans tous les domaines de la transition écologique, que ce soit pour réaliser des diagnostics et des études ou bien des financements. Avec en prime, un dossier de demande simplifié ! Puisque les données administratives sont saisies en ligne et générées automatiquement. « Ensuite, je vais pouvoir l’instruire de manière efficace et rapide », poursuit Camille Gandossi. Cerise sur le gâteau : une fois la contractualisation actée, vous recevez une avance de 30% et le paiement final sur attestation simple certifiée sincère. Seule contrainte majeure, l’Ademe ne prévoit d’épauler que les projets dont le montant de l’aide demandée serait supérieur à 5.000 euros et inférieur à 200.000 euros. Attention toutefois, « les devis pour les grands investissements ne doivent pas être signés ».

 

Un seul dossier déposé

 

Alors que le dispositif Tremplin est déployé depuis plus d’un mois et est mobilisable jusqu’à fin juin, les entreprises ne se bousculent pas encore au portillon… « Un seul dossier a été déposé pour le moment », précise Jean-Michel Bordage, le directeur régional de l’Ademe. Il s’agit d’un éco-label pour des services de nettoyage. « C’est relativement simple à mobiliser et c’est cumulable. » Suffisant pour convaincre les Mahorais de passer le cap ? Oui, selon le responsable de la cellule dans l’océan Indien, qui vante son « grand succès dans l’Hexagone ». « Nous espérons que ce sera le cas dans les territoires ultramarins. » Pour s’en assurer, il précise l’existence d’un bonus de 20% dans les Outre-mer. À vos connexions !

Deux infirmières de Mayotte formées en orthoptie pour démocratiser l’ophtalmologie

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C’est un premier pas dans le domaine de l’ophtalmologie à Mayotte. Deux infirmières du 101ème département sont actuellement en formation au Mans pour pouvoir effectuer les premiers soins d’orthoptie, l’une des branches de l’ophtalmologie. Pour rappel, le territoire n’a aucun ophtalmologue permanent, une situation qui a des conséquences sur la population qui n’est pas assez sensibilisée. Les deux infirmières, Blandine Méliand et Haladati Mtsounga, auront la mission de démocratiser cet aspect de la santé encore méconnu sur l’île. Cela passera notamment par la création de plu-sieurs centres de médecine spécialisés dans la santé oculaire.

Flash Infos : Vous êtes en formation d’orthoptie. En quoi consiste-t-elle ?

Blandine Méliand : C’est une mission qui a été initiée par le docteur Rottier pour pallier au désert médical et paramédical qu’il y a à Mayotte. Nous allons intervenir en tant qu’infirmières ayant été formées aux premiers examens d’orthoptie. Nous pourrons faire les entretiens et les dépistages, et ensuite réorienter les patients vers des médecins par le biais de la télémédecine ou directement vers le CHM. Il y a des orthoptistes à Mayotte mais ils ne sont pas assez nombreux, et le territoire en a besoin de beaucoup plus. Il n’y a pas d’ophtalmologue permanent à Mayotte, alors nous serons en contact avec ceux de la métropole. Dans un second temps, il y aura des médecins de métropole qui viendront en mission prendre le relais.

FI : Comment se passe la formation ?

Haladati Mtsounga : C’est une découverte, nous ne savions pas trop à quoi nous attendre. Cela fait six semaines que nous avons commencé. Au début, ce n’était pas facile parce qu’il y a des cours théoriques et l’ophtalmologie est un sujet délicat. Il faut revoir des notions et nous avons l’habitude de travailler, alors revenir sur les bancs de l’école n’est pas évident. Mais maintenant cela va mieux.

B. M. : Nous avons des cours théoriques pour nous appuyer dans nos connaissances et appréhender le vocabulaire adéquate pour pouvoir tout comprendre. Puis nous avons une partie pratique pour apprendre à faire fonctionner les machines et à communiquer avec les patients, à savoir quelles informations il faut aller chercher auprès d’eux. Notre objectif est d’aider l’ophtalmologue avec qui nous serons en contact. Nous serons ses yeux et ses mains, alors il faudra que notre diagnostic soit complet pour qu’il ait toutes les clés pour pouvoir prescrire les bons traitements.

FI : Lorsque l’appel a été lancé, pourquoi avez-vous décidé d’y répondre ?

H. M. : Je l’ai fait pour changer de rythme de travail. Je suis à l’hôpital et il y a pas mal de boulot, je n’arrivais plus à suivre. Je suis jeune maman, cela me fatiguait et j’avais besoin de changer. Et en plus, c’est un beau projet qui m’intéressait. Je me suis inscrite par curiosité.

B. M. : Pour ma part, c’est cet aspect de la nouveauté qui m’a attirée. C’est une pratique nouvelle pour moi. Cela nous permet de faire évoluer notre profession d’infirmière et d’aider la population locale parce qu’ayant été infirmière libérale, je voyais bien que j’avais du mal à faire consulter mes patients par manque de praticiens.

FI : Jusqu’à quel point le manque d’ophtalmologue a un impact sur les diagnostics faits aux Mahorais ?

B. M. : Les diagnostics se font tardivement, mais cela va même au-delà. Étant donné qu’il n’y a pas d’ophtalmologues et de suivis orthoptistes, la population mahoraise est très peu sensibilisée à la santé oculaire. Par manque de connaissances et d’informations, elle ne va pas facilement consulter. Et quand elle le fait parce que c’est obligatoire, les cas sont déjà bien avancés. C’est ce que j’ai pu constater avec mes patients atteints de maladies chroniques. Dans le milieu de la clinique, c’est plus difficile à identifier parce qu’il n’y a pas encore de cabinet. Nous avons du mal à nous projeter, nous ne savons d’ailleurs pas ce que nous allons trouver sur le terrain, ce sera la surprise…

FI : Si les Mahorais ne sont pas sensibilisés à la santé oculaire, de quelle manière allez-vous procéder, une fois installées, pour les inciter à consulter ?

H. M. : Nous ferons des missions de sensibilisation dans le milieu scolaire et des dépistages. Et je pense que cela va aller très vite, parce que les enfants vont en parler à leurs parents, aux autres enfants. Nous n’avons même pas encore commencé et il y a déjà pas mal de monde au courant, donc ça va le faire.

B. M. : L’éducation passe par les enfants donc nous allons nous rendre dans tous les milieux scolaires au rythme de deux demi-journées par semaine. Nous voulons sensibiliser les enfants pour leur faire comprendre que porter des lunettes n’a rien de grave et qu’au contraire, cela peut leur servir dans la vie. C’est de cette manière que les mentalités vont changer. C’est ce qui a été fait en métropole dans les années 80 où les infirmières ont sensibilisé dans les écoles. C’est important pour le docteur Rottier de faire ces dé-marches auprès des plus petits, c’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à lancer le projet.

FI : Une fois que vous aurez fini votre formation, quelle sera la suite ?

B. M. : Bonne nouvelle : nous venons de recevoir les financements de l’agence régionale de santé de Mayotte. Le docteur Rottier qui est en charge du projet a pu lancer la production des machines qui nous seront nécessaires pour faire les soins complémentaires. Nous espérons les recevoir d’ici deux mois. Dès leur réception, il va falloir ouvrir les cabinets. Le premier sera dans la commune de Bandrélé, le second à Hamjago à la fin de l’année 2021, et le troisième à Sada dans le premier semestre de l’année 2022. Ça c’est dans l’idéal parce que pour l’instant, nous ne sommes que deux infirmières donc nous ne pouvons ouvrir que deux centres. Le principe est d’avoir une infirmière dans chaque cabinet, nous ne pouvons pas avancer autrement. Nous lançons donc un appel pour qu’un ou une infirmière rejoigne le projet. C’est absolument nécessaire pour pouvoir ouvrir le troisième centre !

Les mécaniciens de l’angle de la rue

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Le moyen de transport privilégié sur Mayotte est le scooter. Pratique pour échapper aux bouchons et se rendre rapidement d’un bout à l’autre de la capitale, nombreux sont ses adeptes. Comme tout véhicule, les deux roues ont besoin d’être révisés. Plusieurs garages informels se sont donc montés sur l’île, dont un au cœur de M’gombani.

À première vue, tout le bâtiment ressemble à une banale maison. Une porte ouverte sur un rideau, une petite terrasse donnant sur la route et des amis installés devant pour discuter. Mais très souvent, deux, trois voire quatre scooters se garent devant l’entrée. Certains sans carrosserie, d’autres sur une seule roue… Des indices qui jour après jour ne trompent pas. « Hé baco, le bruit là, il est pas normal », lance Andjib* à un scooteriste dans la rue. Le jeune homme ralentit et soulève sa visière. « Sérieux ? », lâche-t-il d’un air étonné, avant de s’arrêter totalement. Le premier véhicule d’une longue série. Un problème d’accélérateur, un feu défaillant, une suspension à resserrer… Les deux roues défilent entre les mains des mécaniciens.

Pendant que l’un d’entre eux s’occupe de souder, deux autres retournent un bolide pour trouver le problème. « Attrape la clé et mets là ici s’il te plaît », dit Ayoub en désignant un boulon avec son doigt. Après moult tentatives, ils finissent par dénicher la bonne. Pile au moment où un morceau du scooter tombe… « Parfait, je le ressoude et c’est bon. Attention aux yeux ! » Un masque ou une paire de lunettes de soleil sur le nez en guise de protection, Andjib s’emploie avec son fer à souder. Une fois la pièce remise en place, le moment tant attendu arrivé : s’assurer que l’ensemble tienne la route. Fraîchement désigné, Baoudji* enfile fièrement son casque et démarre la bête comme sur des roulettes.

 

Une organisation au jour le jour

 

Si ce jour-là, le travail ne s’arrête pas, ce n’est pas toujours le cas. L’occasion rêvée pour Andjib de s’atteler à des réparations plus longues. Et ce n’est pas ce qui manque au vu des carcasses qui traînent à droite à gauche. « Ça ça roule pas encore, mais bientôt », annonce-t-il tout sourire, telle une promesse, alors que le scooter ne ressemble plus qu’un amas de ferrailles et de câbles. Dring… Dring ! Son téléphone sonne pour la troisième fois en seulement quelques minutes. « Passe dans une heure, par contre tu vas me payer ! », prévient le mécano, face à la malhonnêteté de certains de ses clients. Une habitude prise par les membres de sa famille, mais aussi par quelques habitants du quartier, qui le connaissent bien. « En général, les gens me font la blague, mais il y a toujours un espoir que je dise oui. »

La journée de travail commence plutôt tard en général. Durant l’après-midi plus exactement, quand le soleil ne tape plus sur la terrasse. Les gens s’arrêtent à la sortie du travail et discutent le temps que les révisions soient effectuées. À la nuit tombée, plusieurs deux roues attendent encore d’être réparés. Chacun des garçons en sélectionne un et se penche alors dessus. Les langues se délient, les cigarettes s’enchaînent, les passant les saluent. Et si le bruit continue peut paraître fatigant, ils sont maintenant habitués à ces aller-retour incessants, à ces moteurs vrombissants et à ces éclats de rire.

* Les prénoms ont été modifiés

Avec le projet Suha Na Maecha, une meilleure prise en charge des habitants et des perspectives d’emploi à Mayotte

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Depuis le milieu de l’année 2020, les acteurs départementaux et nationaux de la formation professionnelle, de la santé et du social se mobilisent aux côtés du Carif-Oref pour construire un projet de développement des compétences dans les secteurs sanitaire, médico-social et social, intitulé Suha Na Maecha (Santé et Vie). D’une durée de deux ans (2021 et 2022), il doit contribuer à une meilleure prise en charge des habitants et à la création de plus d’une dizaine de milliers d’emplois pérennes.

« L’idée ? C’est d’apporter davantage de services aux publics vulnérables. » Vétu de sa traditionnelle chemise rouge, Yves Rajat, directeur de l’agence française de développement (AFD) à Mayotte, se réjouit de la présentation ce mercredi 12 mai du projet Suha Na Maecha, porté par le Carif-Oref, dont le but est d’offrir plus d’emplois et de compétences dans les secteurs de la santé et du social sur l’île aux parfums. « Nous croyons à l’urgence et à la nécessité d’accélérer. […] La formation est un investissement d’avenir », soutient-il, au moment d’évoquer les 580.000 euros mis sur la table par l’établissement public, le principal pourvoyeur aux côtés de l’ARS, du Département et de l’État, pour la mise en œuvre de ce programme « porteur d’espoir pour le territoire ».

Car il faut bien le dire, le chemin à parcourir au cours des deux prochaines années est loin d’être un long fleuve tranquille, tant « les difficultés en matière de recrutement des salariés, d’accompagnement et de fidélisation » sont multiples aux yeux d’Eliane Conseil, le cabinet chargé d’appuyer le Carif-Oref . Un constat dressé après seulement deux semaines de présence sur le 101ème département. Si l’état des lieux quantitatifs et qualitatifs des métiers, en d’autres termes la phase de diagnostic, est en cours de réalisation jusqu’au mois de juin, la consultante Valérie Pascal apporte déjà quelques pistes de réflexion : « Il faut éviter le turnover des cadres pour ne pas fragiliser les équipes. » D’où ses déplacements prévus dans les PMI et les centres communaux d’action sociale par exemple « pour prendre le pouls ».

 

Les projets à court et moyen termes

 

Plus spécifiquement, cette étude s’inscrit dans le contrat de plan régional de développement de la formation, de l’orientation professionnelle 2019-2022, comme le précise Soilihi Mouhktar, le directeur de l’apprentissage, de la formation professionnelle et de l’insertion au conseil départemental. De quoi ravir Éric Sanzalone, chargé des projets à la direction de l’offre de soins et de l’autonomie à l’ARS, qui expose les projets dans le domaine sanitaire sur l’île aux parfums. Comme les nouvelles autorisations en hospitalisation à domicile et les offres de soins de suite et de réadaptation (50 places pour l’hôpital de Petite-Terre et 50 autres pour un centre privé à Koungou). Mais aussi ceux dans le secteur médico-social : enfants et adultes en situation de handicap, plateforme autisme, renforcement des prises en charge des soins infirmiers à domicile pour les personnes âgées, création de nouvelles unités de vie pour la prise en charge des aînés… « Il ne suffit pas de développer l’offre dans les murs, l’offre immobilière, sans [penser aux] ressources humaines adéquates. »

Et c’est bien là tout l’enjeu ! Ou plutôt le triple enjeu en matière de politique de formation. Premièrement, il faut former et faire monter en compétences les professionnels des structures sanitaires et médicosociales existantes et à venir. Deuxièmement, il est nécessaires de tenir compte des nouveaux métiers, des nouvelles compétences, des dispositifs de prévention et d’éducation à la santé, des perspectives offertes par les délégations de tâches. Troisièmement, il apparaît indispensable de structurer une offre de formation professionnelle, adaptée et pérenne, en fonction de l’évolution des organisation et des nouveaux besoins pour les futurs établissements et structures de soins.

 

Plus de 15.000 emplois à pourvoir

 

Si depuis 2013, les acteurs recensent 4.000 recrutements dans les secteurs social, médico-social et petite-enfance, tous savent que les 8.400 emplois envisagés il y a près de dix ans selon une étude de la Dieccte s’orientent davantage vers le double, « a minima », aujourd’hui. « La demande et les besoins sont encore plus importants. Il nous faut un outil de prévision, d’aide à la décision évolutif pour ne pas travailler dans le vide », insiste Youssouf Moussa, directeur du Carif-Oref. Exemple criant chez les infirmières. « Aujourd’hui, nous en formons 45. Nous allons passer à 80. Mais nous savons qu’il en faudrait 120 », souligne Valérie Pascal. Qui plaide pour intaurer un institut régional du travail social (IRTS) de plein exercice ou pour mettre l’accent sur les métiers de rééducation, tels que l’orthophonie ou l’ergothérapie. Avec toujours en tête d’attirer des jeunes vers ces carrières et de privilégier les locaux.

Toujours est-il que l’ensemble des partenaires du jour parlent d’une seule et même voix. « Il faut changer de braquet, de paradigme », indique Yves Rajat, avant de reprendre l’une des phrases célébres de Montaigne : « Ce n’est pas un vase que l’on remplit, mais un feu que l’on allume. » Une citation qui donne une certaine inspiration à son acolyte, Soilihi Mouhktar. « À l’impossible, nul n’est tenu. » Après les paroles, place aux actes !

Élections départementales : « Ra Tayari », le groupe de Mohamed Hamissi prêt à redorer l’image de Mayotte

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Rien ne le prédestinait à se lancer en politique, pourtant aujourd’hui Mohamed Hamissi souhaite siéger au conseil départemental avec son mouvement centriste « Ra Tayari ». Son ambition est de redonner à son canton M’Tsapéré/Cavani et à Mayotte leur grandeur. Pour cela, avec son binôme Ambaria Madi, ils n’hésiteront pas à bousculer les habitudes de chaque service de la collectivité pour être à la hauteur des exigences du territoire et des Mahoriais.

Flash Infos : Votre mouvement s’appelle « Ra Tayari », qui signifie « nous sommes prêts ». Vous êtes prêts à quoi ?

Mohamed Hamissi : Nous sommes prêts à changer les choses dans notre canton, mais également à l’échelle du département. Nous constatons depuis une quinzaine d’années que notre canton M’Tsapéré/Cavani et notre île en général sont en train de sombrer dans la destruction. Cette situation nous a conduit dans l’impasse et il est temps de changer les choses. Notre seule préoccupation est notre avenir, celui de nos enfants et de nos petits-enfants. M’Tsapéré et Cavani ont une histoire sportive et culturelle. C’est un canton de notables qui ont contribué à la construction de ce Département, nous nous engageons à lui redonner sa grandeur. Et à l’échelle départementale, notre objectif est de participer activement au développement durable de Mayotte en lui proposant des meilleures perspectives reposant sur des bases solides. Nous pensons qu’il faut retrouver l’unité qui se perd, c’est la condition sine qua none pour que Mayotte puisse se préparer à un meilleur avenir.

FI : De quelle unité faites-vous allusion ?

M. H. : Il faut que l’unité au sein du conseil départemental soit retrouvée. Le clanisme politique a montré ses limites dans la construction de ce territoire. Quel que soit les couleurs politiques, il faut qu’il y ait de l’unité au sein de la collectivité. Il ne faut pas qu’il y ait une majorité et une opposition, mais chaque groupe doit travailler pour l’intérêt des Mahorais.

FI : Avez-vous l’impression qu’en ce moment il n’y a pas d’unité au conseil départemental et que l’équipe actuelle ne travaille pas pour l’intérêt des Mahorais ?

M. H. : S’il y a une unité, elle n’est pas au service de la population de Mayotte, ni des intérêts du territoire. Il suffit de voir le retard que nous accusons et que nous voulons rattraper. Entre les déclarations des uns et des autres, la réalité nous montre que nous sommes loin de travailler au service de la population.

FI : Vous voulez que votre canton retrouve sa grandeur, de quelle manière allez-vous procéder pour y parvenir ?

M. H. : Nous allons redonner à Cavani et à M’Tsapéré son passé culturel et sportif. Nous avons comme projet de transformer ces deux territoires en pôle sportif et culturel. La bibliothèque actuelle deviendra une médiathèque avec plusieurs activités à l’intérieur. Avant, toutes les compétitions sportives se déroulaient à Cavani, alors que maintenant, c’est devenu un territoire à éviter le soir. Nous voulons effacer cette image. Notre volonté est de faire de notre canton un territoire d’emplois et de transformations. Nous voulons accélérer la création d’entreprises de l’économie sociale et solidaire de manière à ce que tout jeune, quel que soit son parcours, puisse avoir un emploi ou une formation. Nous allons donc nous appuyer sur l’ESS, notamment sur la transformation des déchets. Tous les déchets que nous consommons dans ce canton doivent être considérés comme des ressources. Ce sont des centaines d’emploi que nous pouvons créer grâce à cela. Parallèlement, nous allons également mettre les outils nécessaires dans les quartiers pour permettront de former des futurs médecins, des futurs cadres, des futurs enseignants, etc. Grâce aux centres sociaux, nous sensibiliserons les familles à l’avenir de leurs enfants.

FI : Cavani et M’Tsapéré sont souvent le théâtre de scènes de violence. Comment allez-vous faire pour mener à bien tous vos projets avec cette délinquance croissante dans ce canton ?

M. H. : Cette délinquance trouve son origine dans l’absence d’accompagnement des jeunes qui sont délaissés par leurs parents. Il faut nous occuper de cette jeunesse et discuter avec elle. Le problème avec la violence à M’Tsapéré, c’est qu’il y a des quartiers informels qui naissent dans les hauteurs du canton. Ces bidonvilles qui s’agrandissent, s’accompagnent de parents qui ne se préoccupent pas de l’avenir de leurs enfants. Ce que nous proposerons, si nous sommes élus, est de demander des assises sur l’insertion des jeunes en précarité à Mayotte. Il nous faut un plan pour faciliter l’insertion professionnelle de ceux ne feront pas de grandes études.

Il nous faut des éducateurs de rue, de vrais éducateurs formés qui seront sur le terrain pour détecter les jeunes à partir de huit ans. Parce que nous les voyons ces gamins qui traînent dans les rues toute la journée. Aujourd’hui, je ne peux pas vous dire quel outil sera efficace parce que nous manquons d’évaluation avec des indicateurs précis. Le rôle de la mission locale doit également être renforcé. Je suis passé par là, la société m’avait fait croire que j’étais un cancre et que je n’irai pas loin. C’est grâce aux conseillers de la mission locale et à mon entourage que j’ai réussi à prendre en main ma vie, autrement je n’en serais pas là.

FI : Vous allez beaucoup à la rencontre des habitants, quelles sont leurs attentes ?

M. H. : C’est simple, les habitants nous demandent trois choses : travailler, accompagner ceux qui veulent entreprendre, et trouver une solution à l’insécurité même si ce n’est pas de la compétence directe du Département. La lutte contre l’insécurité doit émaner de tous, y compris des parents qui doivent nous aider.

FI : Pendant votre campagne, vous faites de la proximité le cœur de votre vocation. Si vous êtes élus, comment allez-vous la maintenir avec la population ?

M. H. : Notre candidature a été bien réfléchie. Je suis de Doujani, mon binôme est de Cavani-M’Tsapéré, mon remplaçant de Maevantana, et la sienne de Cavani Mamoudzou. Nous avons voulu rééquilibrer le territoire cantonal. Tous les quatre, nous allons organiser tous les trois mois des réunions de quartiers afin d’exposer nos projets et prendre connaissance des doléances de la population.

FI : Nous subissons tous les jours les embouteillages, avez-vous dans votre programme des projets pour trouver une solution durable à ce fléau ?

M. H. : Absolument ! Notre première mission consistera à mettre en service l’intégralité des réseaux de transports publics interurbains. Nous allons expertiser tout ce qui a été élaboré pour être sûrs que ça a été fait dans les règles. Notre ambition est de faire en sorte pour que d’ici 2024, l’intégralité des réseaux interurbains terrestres et maritimes soient mis en exploitation.
Parallèlement, nous allons lancer une étude opérationnelle de refonte du STM, en lien direct avec les lignes de transports maritimes qui seront créées prochainement. Nous allons également étudier le projet d’une ligne de tramway entre la Grande-Terre et l’aéroport de Pamandzi. Avec la croissance démographique et les embouteillages que nous constatons de plus en plus en Petite-Terre, nous estimons que d’ici 2030, Petite-Terre ne pourra plus accueillir tout ce monde. Il faut donc envisager un pont dédié aux transports en commun, aux vélos, aux taxis, dans le but d’apporter une alternative efficace et écologique.

À Mayotte, nous avons 140 kilomètres de routes départementales. Si nous sommes élus, nous allons créer une direction des routes et transports, qui aura comme mission d’aménager, de sécuriser et d’embellir toutes les routes départementales. Elles doivent être mises aux normes et optimisées d’ici 2026 en attendant le contournement de Mamoudzou dans 10 ou 20 ans. Nous allons étudier de plus près ce projet. Nous le soutenons, mais cette infrastructure coûtera deux milliards d’euros. Alors nous voulons qu’il y ait un réel intérêt social et environnemental ainsi qu’une rentabilité économique.

FI : Le Département consacre la plus grosse enveloppe de son budget au social. Allez-continuer sur cette lancée si vous êtes élus ?

M. H. : Des millions d’euros sont investis dans le social, mais quand nous sommes sur le terrain, nous rencontrons des personnes âgées qui se plaignent du manque d’accompagnement, des personnes handicapées qui se plaignent du silence du Département, etc. Nous avons le sentiment que malgré les efforts du conseil départemental, il y a des outils qui ne fonctionnent pas. Si nous sommes élus, nous allons en premier lieu auditionner l’ensemble des services concernés par le social pour faire un bilan et évaluer ce qu’ils ont fait pendant six ans. Le social ne doit pas être de l’assistanat pour lequel le conseil départemental donne de l’argent à des associations qui ne sont pas à la hauteur des publics visés.

FI : Vous êtes en charge du projet Caribus, qui est annoncé depuis 2011, mais nous n’en voyons toujours pas la couleur et les Mahorais commencent à s’impatienter. Où en est le projet ?

M. H. : Je dirige ce projet depuis sa naissance et techniquement, il n’y a pas de soucis, pas de manque d’ingénierie dans ce domaine-là. Mais c’est aussi un projet politique… Je ne suis pas trop habilité à en parler. De mon côté, tout est prêt, il ne reste qu’à lancer les travaux d’exploitation du réseau !

Grand oral du baccalauréat : préparation au lycée des Lumières de Mayotte

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Cette année, les terminales devront passer un Grand oral, une nouvelle épreuve du baccalauréat. D’une durée de 20 minutes et coefficient 10 en cursus général, ce nouveau module est particulièrement important pour les futurs bacheliers. Au lycée des Lumières à Kawéni, des exercices de préparation ont été mis en place pour les élèves volontaires, pendant les vacances scolaires.

Ils sont une classe par jour à être invité au lycée des Lumières pour s’exercer au Grand oral. Après la deuxième fermeture des écoles pour cause de crise sanitaire, les professeurs de l’établissement scolaire de Kawéni ont trouvé judicieux de proposer aux terminales de venir se rassurer vis-à-vis de cette nouvelle épreuve du baccalauréat. Pour aider au mieux les élèves dans leur préparation, un système adapté à leurs besoins a été réfléchi. Chaque élève volontaire présente l’une ou l’autre des questions qu’il a préparé devant un jury composé de deux professeurs.

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Toutes les conditions de l’examen final sont réunis ce mercredi 12 mai, à savoir 20 minutes de préparation et passage devant un jury pour trois temps : cinq minutes d’exposé, dix minutes de question et cinq dernières minutes de discussion autour du projet professionnel, en lien ou non avec l’exposé. Pour Claudiana, c’est une expérience qui se passe sans stress. Ses notes en main, la jeune fille se rassure. « Le travail que j’ai fait est bon apparemment donc ça va. »

 

Un accompagnement qui va plus loin

 

Loin de s’arrêter à un simple oral blanc, les professeurs du lycée des Lumières ont mis des ateliers en place pour accompagner les élèves. Un débriefing est fait entre les jurys et le candidat juste après la présentation. Il est alors mis au goût du jour les points positifs et négatifs. Ceux qui ont besoin de poursuivre leurs recherches sont envoyés au CDI. Ceux qui doivent revoir leur prise de parole se retrouvent dans l’amphitéatre, où une comédienne, Mylène Wagram, leur propose, entre autres, des exercices de gestion du stress. « C’est le plus grand problème auquel ils ont à faire face. On travaille alors sur la respiration, la posture et la présence. » En effet, pour beaucoup, ce Grand oral sera leur première interaction devant un public officiel.

Aux yeux de l’artiste, il est très important de transmettre ses connaissances aux jeunes générations. Ainsi, elle peut les aider à identifier leurs problèmes et à trouver des solutions pour les surpasser. Comment ? Notamment en proposant des jeux de rôles avec les autres élèves et en utilisant le théâtre comme outil. Un programme non obligatoire qui se veut donc bénéfique puisque pas moins de quinze terminales ont passé une tête, par curiosité. « Je me suis dit qu’elle pourrait me donner des conseils », confie Claudiana.

Pour cette deuxième semaine de vacances, une classe par jour était invitée au lycée des Lumières pour s’entraîner au Grand oral, afin de diminuer son stress et de réussir au mieux cette épreuve, au moment des examens.

Un dugong aperçu à Mayotte dans la Passe en S

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Auteur : Fabien Malhomme - Photo extraite d'une vidéo.

Vendredi 7 mai, les plongeurs du Nyamba Club ont rencontré un dugong dans les eaux cristallines de la Passe en S. Ce mammifère marin, en voie de disparition, se fait de plus en plus rare dans les eaux du lagon.

Nous l’avons vu la semaine dernière dans la matinée. Il est assez courant pour nous qui fréquentons la Passe en S d’en croiser. Si l’on regroupe les observations des différents clubs de plongée de l’île, nous observons un dugong à peu près une fois par mois”, affirme Daniel, moniteur de plongée au Nyamba Club, avant de continuer : “C’est un animal très curieux. Lorsqu’il nous voit avec le bateau ou en plongée, il s’approche. En revanche, il est aussi très furtif. Il ne fait pas de remous en se déplaçant et n’a pas d’aileron que l’on peut repérer comme un dauphin ou un requin. Cela fait 16 ans que je vis ici, j’ai appris à reconnaître le bruit caractéristique qu’il fait. Dès que je l’entend et que je tourne la tête, il y en a toujours un près du bateau.

 

Un mammifère marin menacé

 

Autrefois, les dugongs vivaient nombreux à Mayotte. Cette espèce, appartenant comme son cousin le lamentin à la famille des siréniens, peuple les eaux de l’océan Indien. Il est presque exclusivement herbivore et apprécie les herbiers marins de l’île aux parfums. En moyenne, le dugong ingère entre 30 à 40 kilogrammes de nourriture par jour pour un animal pouvant mesurer 2.50 mètres de long. Aujourd’hui, à cause de la surpêche et de la destruction de leur habitat, les dugongs sont moins d’une dizaine à Mayotte.

Il n’y a pas assez de spécimens sur l’île pour réaliser une étude”, explique Daniel. “On estime qu’il y a entre 6 et 12 individus à Mayotte. On les croise au niveau des herbiers marins où ils viennent se nourrir, notamment au tombant des aviateurs. On a pu observer des femelles avec des petits donc on sait qu’il y a des naissances, mais hélas cette population tend à s’éteindre« , s’attriste le plongeur. De fait, le dugong a rejoint la liste des espèces protégées. Malheureusement, l’animal, longtemps pêché pour sa chair, arrive encore à tomber dans les filets de pêcheurs peu scrupuleux.

Rencontre de peuples et de civilisations : la première bande dessinée sur l’Histoire de Mayotte

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Le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, a salué mercredi matin un moment symbolique pour l’Histoire et la culture mahoraise avec le lancement de la bande dessinée Mayotte : rencontre de peuples et de civilisations. Dessinateurs, éditeurs et historiens étaient présents aux archives départementales pour célébrer la concrétisation de ce projet lancé en juin 2020.

Cet ouvrage redonne vie, grâce aux images, à un passé jusqu’alors réduit aux mots”, affirme Soibahadine Ibrahim Ramadani, le président du Département, heureux de pouvoir tenir l’album entre ses mains. En effet, grâce à cette bande dessinée, chacun pourra découvrir de manière ludique la grande histoire de ce petit territoire, le tout édité en français et en shimaore.

Mayotte : rencontre de peuples et de civilisations a été pensé et réalisé par deux groupes d’acteurs répartis à Mayotte et en métropole. Quatre dessinateurs et une coloriste ont travaillé à la mise en image de la mémoire multiséculaire du territoire. Tandis que les historiens et le personnel des archives départementales ont œuvré à l’élaboration du scénario de la bande dessinée. “Nous avons réalisé un travail de critique et de rigueur. Ma mission a été de récolter les sources orales contemporaines, iconographiques et écrites. Nous les avons ensuite confrontées pour dégager une certaine vérité historique”, argumente Inssa De Nguizijou M’Dahoma, historien et chef de service au sein des archives départementales de Mayotte.

 

Un album à la page

 

À l’heure du numérique, la publication d’une bande dessinée peut paraître désuète. Mais que nenni ! Au cœur de l’album, le lecteur pourra découvrir des liens en réalité augmentée qui lui donneront accès, grâce à l’application des éditions du signe, à un contenu multimédia. De plus, l’éditeur promet d’actualiser ces contenus en fonction des comportements observés par les utilisateurs afin d’optimiser l’expérience de lecture.

Samedi dernier a lieu le lancement des ventes de la bande dessinée à la Maison des livres de Mamoudzou. De 9h à 13h, le dessinateur, Yann Sougey-Fils, a dédicacé les quelque 140 exemplaires (70 en français et 70 en shimaore) apportés pour l’occasion. Ceux et celles qui n’ont pas la chance de pouvoir se procurer l’album lors de cette première vente, ont tout de même pu repartir avec une autographe.

Si l’ouvrage ne sera disponible que dans deux mois sur l’île, les plus impatients peuvent également le commander dans toutes les librairies d’Outre-mer et de l’hexagone ou directement sur le site des éditions du Signe. Afin de garantir la diffusion et la lecture de cet ouvrage auprès d’un large public, 6.000 exemplaires à destination des élèves mahorais sont d’ores et déjà réservés.

Chez Nassim, salon de coiffure en plein air à Mayotte

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Il n’est pas rare à Mayotte de tomber sur des artisans de rue. Vendeurs bien sûr, mais aussi coiffeurs, couturiers ou même garagistes. Ils sont l’exemple même d’une économie informelle très présente sur l’île mais font aussi partie de la société mahoraise. Nassim, coiffeur, est l’un d’eux.

13h. Comme tous les jours, Nassim* rejoint le bord de la nationale et installe son salon. Il aligne ses rasoirs, ses sabots et ses peignes, prêt à s’occuper de tout type de cheveux. En général, il voit entre trois et cinq clients dans la journée. « Quand c’est plus, je coupe des cheveux même quand il fait nuit. Après, je suis mort je vais direct me coucher », débite-t-il avec un grand sourire accroché aux lèvres. S’il a su se créér une clientèle fidèle, de nouveaux curieux viennent à sa rencontre quotidiennement. « Quand les gens sont dans les bouchons, ils me voient couper des cheveux et certains s’arrêtent pour me demander mon numéro ou pour savoir s’ils peuvent passer. » Selon lui, sa plus grande force est sa position. En plus d’être visible aux yeux de tous, les clients potentiels peuvent voir en amont la qualité de son travail et lui confier leurs têtes sans problème.

nassim-salon-coiffure-plein-air-mayotteSi le jeune homme de 21 ans n’est pas un grand fan de l’école, sa passion pour la coiffure lui a ouvert les portes d’une formation cette année. « J’aimerais apprendre de nouvelles techniques, par exemple les tresses. » En effet, pour le moment, Nassim ne coupe que des hommes. En plus de ne pas avoir toute la maîtrise pour s’occuper des filles, il appréhende surtout leurs réactions. Elles seraient, selon lui, plus attachées à leur chevelure. « J’aime faire de belles coupes, je m’en voudrais trop si elle n’aime pas », dit-il les yeux brillants. Il garde toutefois l’idée en tête, car mine de rien, coiffer ce public serait aussi bénéfique pour ses finances. Si une coupe classique lui permet actuellement de gagner cinq euros, celle pour les demoiselles lui apporterait minimum quatre fois plus. Cela nécessite toutefois l’achat de matériel, ce dont Nassim ne peut pas se permettre pour le moment…

 

Une routine qui tend à changer

 

15h30, son premier client arrive ! « Je veux garder la longueur sur le dessus et refaire le dégradé », mentionne-t-il à Nassim, en soulevant son kofia. Ni une ni deux, l’homme se retrouve assis sur une chaise à roulettes au milieu du trottoir et se regarde dans un miroir, posé dehors par le coiffeur de rue. Nassim ne perd pas une minute et attrape la tondeuse dont il a besoin. Concentré, il effectue les gestes qu’il reproduit chaque jour, presque mécaniquement, comme si la machine n’était que la contunuité de sa main. Nassim ne dit pas un mot, aspiré par sa tâche. Pourtant, la musique diffusée sur son enceinte couvre à peine le bruit des voitures qui circulent à quelques mètres. Difficile de se concentrer dans un tel vacarme. Il ne remarque même pas son ami, qui lui fait un signe de main en passant. Après une vingtaine de minutes, il s’attaque aux derniers détails. Quelque peu perfectionniste, Nassim préfère prendre son temps sur une tête plutôt que d’enchaîner.

Peu après le départ de son premier protégé du jour, son téléphone sonne. « Un client veut que j’aille le coiffer, lui et son fils ! » De plus en plus d’individus prennent son numéro et lui demande de venir à domicile. Pratique dans le sens où il n’a pas à transporter l’intégralité de son matériel… Toutefois, cette méthode de travail peut lui donner du fil à retordre ! Comme rater le passage d’un ou plusieurs habitués. « Le soir quand ils me croisent, ils me disent qu’ils sont allés ailleurs », soupire-t-il. Alors il tente de privilégier les rendez-vous, pour éviter ce genre de déconvenues. « J’ai même pris une puce spécialement pour la coiffure », précise-t-il, au moment de sortir un deuxième mobile de sa poche. Mais certains, particulièrement les plus agés, n’ont pas encore pris le pli. Alors demain, Nassim sera de retour à son poste. Passant le balai dans son salon en plein air, attendant patiemment les clients.

* le prénom a été modifié

Après les violences, un arrêté municipal met fin à la foire de Majicavo Dubaï

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Ce mardi 11 mai, le maire de Koungou, Assani Saindou Bamcolo, a décidé de mettre un terme prématurément à la foire du Ramadan de Majicavo Dubaï à la suite de l’agression, par une bande de jeunes, des passants et des commerçants la veille en milieu d’après-midi. Ainsi, le premier magistrat a signé un arrêté dans la matinée, qui ordonne la fermeture des commerces jusqu’au vendredi 14 mai. La décision sera affichée à la mairie et distribuée aux commerçants.

La mairie condamne fermement ce qui s’est passé hier [ce lundi 10 mai] et met tout en œuvre pour éviter que cela se reproduise. Nous avons discuté avec les commerçants pour prendre une décision collégiale, beaucoup ont compris et accompagnent ce choix. Nous ne pouvons pas continuer les drames. Cet arrêté intervient dans l’intérêt et pour la sécurité de tous.” Adjoint au maire en charge de la sécurité, Soulaïmana Abdallah rappelle que la mairie a toujours agi dans l’intérêt des commerçants depuis le début de la crise du Covid-19. Il espère que ceux-ci pourront accepter la décision qui a été prise ce mardi 11 mai d’arrêter la foire de Majicavo Dubaï, à quelques jours de l’Aïd.

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Des marchands encore sous le choc

 

J’ai vu la scène”, affirme Naouirou Youssouf, propriétaire d’une boutique de textile à Majicavo Dubaï, adossé à la grille de son commerce fermé. “Les conséquences de cet arrêté sont grandes pour nous. C’est un moment où l’on vend beaucoup. Chaque année, lors des cinq derniers jours de la foire, on fait des affaires, les gens viennent en nombre. Mais suite aux incidents, notre sécurité prime. Les stocks sont déjà dans nos magasins, on n’a pas d’autre choix… La sécurité des commerçants et des clients est plus importante que les affaires”, poursuit le vendeur. Dans la rue, passants et marchands discutent tandis que les toiles colorées mises en place pour protéger les stands volent au vent. Les agents des services techniques nettoient la rue encore jonchée de palettes et d’emballages, témoins de cette foire 2021 avortée.

Pandémie oblige, la préfecture n’a toujours pas donné son feu vert pour l’organisation d’événements rassemblant plus de six personnes. Si d’ordinaire, la foire de Majicavo Dubaï est encadrée par la municipalité, cela n’a pas été le cas cette année, comme le précise bien Abdallah Djamil. “Les rassemblements étant interdits, la mairie ne s’est pas positionnée concernant la foire du Ramadan.” Pour preuve, les redevances pour l’occupation du domaine public demandées n’ont pas été prélevées comme à l’accoutumée.

Cette coordination officieuse a eu pour conséquence directe de voir débarquer des jeunes violents, dont le seul but était de mener des actions illicites. “En temps normal, la mairie met en place des moyens et engage des agents de sécurité privée afin d’éviter tout débordement lors des foires”, continue l’employé à l’insertion et à l’emploi de la mairie annexe de Majicavo Dubaï. Avant de pointer du doigt le manque de policiers municipaux et d’agents de surveillance de la voie publique (ASVP) pour assurer la sécurité de chacun dans ces conditions.

“L’enquête est en cours”

Il faut dire que les affrontements de ce début de semaine ont été d’une rare violence. Le procureur de la République, Yann Le Bris, déplore sept blessés à l’heure actuelle et assure que l’enquête, confiée à la gendarmerie qui s’était déplacée en masse la veille, est en cours. “Les victimes seront auditionnées dans les jours à venir afin d’obtenir davantage d’informations sur les auteurs présumés des faits, certaines d’entre elles sont toujours hospitalisées au CHM”. Une bien triste manière de sceller ce mois sacré !

La Cadema bien seule pour modifier le PLU de Mamoudzou

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La communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou s’engage dans la modification d’une partie du plan local d’urbanisme de la ville chef-lieu. La construction d’un hôtel trois étoiles à la Convalescence et la suppression d’un emplacement réservé à Passamainty étaient à l’ordre du jour ce mardi lors d’une consultation publique. Très attendus, les habitants n’ont pas répondu à l’appel.

Tic, tac, tic tac. Assis sur sa chaise, derrière son petit bureau dans le hall du siège de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, le commissaire enquêteur engagé par l’intercommunalité regarde voler les mouches. Bien incapable de pouvoir mener à bien sa mission : à savoir, relever toutes les suggestions émanant des habitants de la ville chef-lieu concernant la modification du plan local d’urbanisme de la commune en question. Les principaux concernés se font attendre. « Je pense que c’est à cause de l’approche de l’Aïd, la population est occupée à autre chose », se rassure Fatima Madi Maftaha, chargée d’études en planification PLUI à la Cadema.

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Ali Madi, lui, a une toute autre hypothèse… « Je pense qu’il n’y a pas eu assez de communication sur cette consultation publique, les habitants ne savent même pas ce que c’est », gage le commissaire enquêteur. Le voilà obligé d’aller lui-même alpaguer le chaland dans l’espoir d’en dégoter un qui ac-cepterait bien de lui accorder quelques minutes. « Personne n’est au courant de la modification de ce PLU. C’est moi qui leur donne l’information. Aujourd’hui, c’est plus une journée découverte », indique-t-il, comme pour se donner du courage. Pourtant, les projets à l’ordre du jour auront un impact direct sur les administrés de Mamoudzou.

 

Un PLU modifié pour des projets d’envergure

 

La Cadema a engagé la modification du PLU de Mamoudzou sur deux points précis. Le premier correspond à la réglementation de la construction d’un hôtel trois étoiles. Situé dans la rue de la Convalescence, l’établissement doit comptabiliser 48 chambres, dont trois suites. « Il ne faut pas perdre de vue la candidature de Mayotte aux Jeux des Îles en 2027, donc un équipement de ce type est indispensable », soutient la chargée d’études. Mais les normes établies par l’ancien PLU de la ville ne répondaient pas aux critères de celui de l’intercommunalité. « Il s’agissait surtout des règles relatives à la hauteur de l’hôtel » précise Fatima Madi Maftaha. La Cadema s’octroie donc le droit de modifier le PLU de Mamoudzou mais également celui de Dembéni pour qu’ils correspondent au plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI), qui est en cours d’élaboration.

Le deuxième point évoqué lors de cette consultation publique concerne la suppression de la réservation d’un emplacement à Passamaïnty à un particulier. Celui-ci devait en premier lieu consulter la ville s’il souhaitait vendre. « Nous voulons supprimer cette réservation parce qu’elle ne correspond plus aux volontés communales », justifie Fatima Madi Maftaha.

« Il n’y a pas de vision globale sur l’ensemble du PLU »

Selon Ali Madi, l’idée de modifier le PLU de Mamoudzou est bonne, mais la Cadema n’applique pas la bonne stratégie. « Il est mieux de faire la révision globale du PLU et non pas seulement sur un point précis, parce que de cette manière cela reste trop floue. Il n’y a pas de vision globale sur l’ensemble du PLU ou de la Cadema », martèle le commissaire enquêteur. Ce dernier regrette particulièrement le focus sur Passamaïnty qui aurait pu être utile. « J’attire l’attention sur la nécessité de faire des parkings à Mayotte. Il n’y a pas non plus de zones aménagées pour les piétions, pas de voies cyclables… Les autorités doivent faire attention à ne pas privilégier l’individuel au détriment des intérêts collectifs », prévient-il.

Quant à l’hôtel, il préconise à la Cadema d’étudier les enjeux sociaux. Des points qu’il pourra peut-être aborder avec les habitants lors des trois prochaines sessions de consultation publique prévues avant la fin du mois de mai. À condition que les administrés daignent se déplacer jusqu’aux locaux de la Cadema…

« Renforcer la desserte de Mayotte et faire de Corsair la compagnie numéro un des Outre-mer »

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Minées par la crise sanitaire depuis plus d’un an, les compagnies aériennes naviguent à vue au gré des confinements et des motifs impérieux. Malgré ce contexte instable, Corsair dresse un bilan positif depuis son retour à Mayotte et prévoit même d’ouvrir deux nouvelles dessertes à destination de Marseille et de Lyon à partir de juin. Entretien avec Jules Perreau, directeur régional océan Indien.

Flash Infos : Quel bilan faites-vous depuis votre retour à Mayotte il y a de cela six mois ?

Jules Perreau : C’est un exercice assez périlleux à réaliser au vu des motifs impérieux qui nous ont obligé de réduire notre programme sur l’ensemble des destinations… Si le bilan est naturellement compliqué, je retiens l’essentiel : nous avons maintenu nos deux fréquences hebdomadaires et nous avons activement participé à l’acheminement de fret sur l’île. Le plan de développement prévu avec une montée à quatre fréquences par semaine à partir du mois de juin est toujours confirmé. Ce sont des signaux très positifs pour le territoire mais aussi pour Corsair.

FI : Comment avez-vous vécu le deuxième confinement de cinq semaines en début d’année ?

J. P. : La période de confinement est à conjuguer avec la mise en place des motifs impérieux ! En février, il y a eu une baisse drastique du nombre de passagers. Suivie d’un nouveau coup de frein avec toutes les démarches pour se déplacer. L’arrêt a été brutal… Mais sur Mayotte, nous avons eu une certaine résilience aussi bien au niveau des voyageurs que du fret. Nous avons tâché, pendant le confinement, de maintenir l’agence Corsair de Mamoudzou ouverte pour les clients, pour répondre à leurs questions ou pour modifier leur billet. Nous nous sommes rendu compte que ce service adapté était une bonne chose, car nos agents ont été extrêmement sollicités.

FI : À partir du lundi 17 mai, les agents des compagnies aériennes vont vérifier les motifs impérieux. Quelles consignes avez-vous reçu concernant cet allégement et comment comptez-vous vous organiser ?

J. P. : En termes de consignes préfectorales, nous avons reçu les mêmes que celles données à la presse. Depuis le premier confinement il y a un peu plus d’un an, nous avons acquis une certaine expérience sur la gestion de ce sujet, donc les équipes savent faire et sont formées. Certes, c’est un allégement du contrôle, mais le motif impérieux en lui-même demeure, dans les mêmes conditions. L’évolution est que les clients vont devoir nous présenter leurs justificatifs de déplacement au niveau de l’enregistrement. Ils restent toutefois assujettis à un second contrôle lors de leur passage devant la police aux frontières, que ce soit à Mayotte, à La Réunion ou à Paris.

Mais je tiens à rassurer nos clients : tous les billets achetés depuis un an et jusqu’au 31 décembre restent échangeables ou remboursables. Ce sera possible de le faire directement à l’agence de l’aéroport en cas de refus. Après, il est important de consulter la liste des motifs impérieux, qui commence à être de plus en plus claire. Il y a énormément de cas listés, donc en théorie, il n’y aura pas trop de complications.

FI : L’actualité récente a été marquée par l’imbroglio autour de la venue d’Air France, qui aurait finalement décidé de faire machine arrière en raison d’un nombre réduit de fréquences vers Mayotte…

J. P. : Nous n’avons pas pour habitude de faire de commentaire sur les décisions de nos concurrents. Dans le contexte actuel de la crise sanitaire, l’environnement macroéconomique et concurrentiel s’avère très changeant d’un jour à l’autre. De notre côté, nous nous concentrons sur nos clients, nos programmes et nos nouveautés. Cela fait déjà beaucoup de choses à gérer…

FI : Vous venez également d’annoncer l’ouverture de lignes à destination de Marseille et de Lyon à partir du 20 juin. Est-ce, à vos yeux, un pari risqué ou mesuré ?

J. P. : Les ouvertures de lignes qu’elles soient vers la province ou Mayotte représentent toujours un risque. Mais une chose est claire : il n’a jamais été question de revoir à la baisse notre stratégie initiale annoncée lors de notre retour dans le 101ème département ! Nous croyons fermement en ces nouvelles destinations que sont Marseille et Lyon. Au contraire, nous souhaitons renforcer cette desserte et faire de Corsair la compagnie numéro un des Outre-mer. Le plan que nous nous sommes fixé, avec nos capacités réduites, est en adéquation avec nos prévisions. Nous n’avons pas de raison de modifier notre feuille de route.

FI : L’idée d’un passeport vaccinal pour voyager fait son bonhomme de chemin, notamment dans les Outre-mer. Quelles informations avez-vous à ce sujet-là ?

J. P. : Nous n’avons pas reçu d’informations particulières. Nous avons la volonté d’accompagner les solutions innovantes. Il semble que nous nous dirigeons vers l’application Tous Anti Covid. Dans tous les cas, nous recherchons purement et simplement à pouvoir sécuriser et rassurer les voyages de notre clientèle. Après ce qu’il faudra ou non pour voyager demain dépendra des autorités et non pas, surtout pour nos territoires, des compagnies aériennes. Nous nous adapterons.

Le collectif pour la sécurité d’Acoua alerte sur la situation de la commune

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Les habitants d’Acoua signalent un ras-le-bol global concernant l’ambiance du village. Le comité de surveillance et de sécurité civile de la commune tente d’alerter la municipalité sur la recrudescence des incivilités, mais ne reçoit pour le moment aucune réponse de la part des élus. Pourtant, la situation pourrait rapidement s’envenimer.

On est vraiment fatigués de cette situation”, entame la gorge nouée Oussedi Djamede, président du comité de surveillance et de sécurité civile d’Acoua. Et à ses yeux, la commune est tout simplement en train “d’être ghettoïsée par les jeunes”. Ses compères et lui-même se plaignent de l’arrivée de nouvelles familles dans la ville, qui auraient été expulsées de là où elles résidaient auparavant. “On a fait nos enquêtes ! Généralement, ils viennent la nuit quand tout le monde dort, on voit les camions débarquer tous les soirs pour les déménagements.

Pendant des missions de surveillance, les membres du comité se targuent d’avoir pu parler à certaines nouvelles têtes, qui vanteraient le choix d’Acoua pour le « peu de surveillance » et la « facilité d’installation ». L’homme engagé semble dépassé par la situation et clame haut et fort que l’augmentation démographique générerait de la violence. « Certains n’ont pas de travail, donc ils cherchent à manger… » Conséquences : le nombre de cambriolages prolifère et le trafic de drogue se consolide.

 

Une mise en danger des hommes et de l’environnement

 

Mais pour Chamsia, habitante de la ville, le problème est encore plus profond… La surpopulation au sein de la commune pousse les nouveaux arrivants à s’installer un peu partout, sans prêter attention à l’appartenance des parcelles ou à l’environnement. “La plupart des endroits qui ne sont pas habités ici sont des zones à risques. Ils construisent leurs maisons sur ces terrains, au risque de tout perdre au prochain éboulement, leurs affaires mais aussi leurs vies”, achève-t-elle dans un soupir. Avec toujours dans un coin de sa tête l’épisode de catastrophe naturelle subi fin février.

Au-delà des habituelles cases en tôle, certains « squatteurs » érigeraient également des maisons en dur sur des sites propices à la prolifération de variétés de flore mahoraise protégée. “On risque de perdre une partie de notre biodiversité si ces vagues continuent d’affluer”, poursuit Chamsia, anxieuse face au devenir de sa ville.

 

Se faire justice soi-même

 

On a interpellé la mairie le 23 avril, mais on est toujours en attente d’une réponse”, explique Ousseni Dajmede d’un ton inquiet, avant d’enchaîner. “S’ils ne réagissent pas très vite, la population va descendre dans la rue pour les expulser, comme on a déjà pu le voir.” Selon lui, une intervention de la municipalité pour décaser ces nouveaux arrivants est indispensable. Dans le cas contraire, les habitants d’Acoua pourraient choisir d’aller se faire justice eux-mêmes et d’entraîner par la suite un déferlement de vengeance entre les deux clans. Les uns voulant se protéger, les autres n’ayant rien à perdre… Déçu, le président du comité aurait souhaité une main tendue de la part des élus. “Ils ne sont même pas venus nous voir dans notre QG ! Et maintenant, les habitants veulent prendre les devants.

Au moins trois morts dans le naufrage d’un kwassa : un nouveau drame entre Anjouan et Mayotte

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L’île au lagon s’est réveillée avec une nouvelle funeste ce lundi. Trois personnes, deux femmes et un enfant, ont péri lors d’un naufrage au large de Bouéni. Les services de secours, qui ont repêché 16 rescapés, sont restés à pied d’œuvre hier pour tenter de repêcher les passagers, malgré des conditions difficiles en mer.

Je suis au courant oui, un homme m’a appelé ce matin au sujet de sa femme. Il se demandait si son corps avait été emmené au CHM”, souffle Thani Omar, de l’association malgache Malagasy Mitambatra. L’homme vient régulièrement en aide aux familles endeuillées de Mayotte, pour retrouver leurs proches perdus en mer. Ce lundi matin, il ne quittait pas son téléphone des yeux. Tandis que la nouvelle, funeste, faisait son chemin sur l’île au lagon…

Au moins trois personnes, deux femmes et un enfant, ont perdu la vie dans un nouveau naufrage de kwassa-kwassa, au large de Bouéni. Le drame s’est déroulé au milieu de la nuit, vers 2h30 du matin. À ce moment-là, un appel téléphonique au 17 lance l’alerte : l’embarcation légère a chaviré, avec une vingtaine de passagers à bord. Dépêchés sur les lieux, deux intercepteurs, de la brigade nautique de la gendarmerie et de la police aux frontières (PAF), tenteront de repêcher le plus de rescapés possible. Aidés par l’avion de la lutte contre l’immigration clandestine (LIC), les équipes de secours parviendront à repêcher 16 passagers. Mais les alizées et une mer agitée, qui ont sans doute provoqué le naufrage initial du kwassa-kwassa, auront mis des bâtons dans les roues des sauveteurs.

 

Le bilan risque de s’alourdir

 

En début de matinée, le couperet tombe : au moins trois personnes sont décédées, dont une petite fille, d’après nos informations. “Il doit y avoir encore du monde en mer”, explique une source proche de l’enquête, à la mi-journée. “Les opérations de recherche se poursuivent, mais la mer est très mauvaise. Au large de Bouéni, ce sont des zones difficiles. Avec l’effet d’Archimède, les corps vont couler…” Avant d’être recrachés à la surface dans les jours qui suivent. En clair, le bilan pourrait s’alourdir. “A priori, il en manque, mais on n’en sait pas plus que ça”, confirme Jean Lhuillier, le directeur des Pompes funèbres de Mayotte, dont l’entreprise est sous réquisition des pouvoirs publics. C’est lui qui a récupéré les trois corps inanimés ce lundi vers 8h30, ramenés au ponton par les gendarmes.

L’enquête et les auditions sont en cours. Nous n’avons pas le chiffre exact de passagers, mais a priori, ils seraient plutôt 23, 24 ou 25 : en tout cas, il en y a sans doute un peu plus que ceux que nous avons pu reprendre à la mer”, déplore Laurence Carval, la directrice de cabinet du préfet. Qui précise aussi : “c’est bien un appel téléphonique qui a donné l’alerte, ce n’était pas dans le cadre d’une intervention en cours que le kwassa a chaviré.” Une précision de taille, quand on sait que les interceptions de ces fragiles barques à moteur par les intercepteurs peuvent parfois conduire à des drames. En 2007, deux personnes étaient mortes après la collision d’une embarcation clandestine et d’une vedette de la police.

Candidates au titre de Miss Petite-Terre et futures ambassadrices des tortues

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L’association Oulanga Na Nyamba a été chargée de former et de sensibiliser les six prétendantes au titre de Miss Petite-Terre à la préservation des tortues. Ce lundi 10 mai, les candidates se sont rendues à la plage de Papani pour apprendre à identifier les lieux de ponte mais aussi de braconnage de tortues.

Dzaoudzi. 10h. Dina Andrianaivoravelona accueille les six prétendantes au titre de Miss Petite-Terre et leur explique l’objectif de la séance du jour. “Vous avez déjà réalisé deux cours théoriques pour apprendre à mieux connaître les tortues, puis une séance où vous avez pu assister à une ponte. Aujourd’hui, nous allons tenter d’identifier des émergences de tortues ou des cas de braconnage.” À peine arrivée sur la plage de Papani, la coordinatrice des projets de sensibilisation au sein de l’association de Oulanga Na Nyamba repère un rassemblement d’oiseaux sur le sable. La petite équipe de jeunes ambassadrices s’approche et découvre avec horreur le corps sans vie d’une tortue braconnée quelques heures auparavant.

 

Remonter l’acte de braconnage au REMMAT

 

Décédée depuis peu, le reptile gît sur le sable. Les oiseaux, les mouches et les vers commencent à entamer sa carcasse. “Nous sommes face à un cas de braconnage classique. La tortue a été mise sur le dos, puis les braconniers ont sectionné ses deux nageoires avant pour l’empêcher de se débattre. Nous voyons également qu’ils ont tranché une partie de sa gorge. Ensuite, ils l’ont ouverte pour récupérer sa chaire. Nous pouvons voir des œufs à l’intérieur de sa carapace et penser qu’elle n’a pas eu le temps de pondre. Dans un cas comme celui-ci, nous réalisons un constat pour le Réseau d’Échouage Mahorais des MAmmifères marins et Tortues marines (REMMAT). Nous spécifions l’espèce qui a été braconnée, ici une tortue verte, sa taille, l’état dans lequel le cadavre est découvert et diverses autres informations pour identifier l’animal”, déroule Dina Andrianaivoravelona au moment d’effectuer des photos et des mesures de l’animal. Avant de marquer la carapace de l’animal à la bombe de peinture avec la date du jour afin que ses collègues du REMMAT puissent identifier l’animal et réaliser des prélèvements.

 

Devenir ambassadrice des tortues mais pourquoi ?

 

Avant, je ne savais pas que la tortue était une espèce en voie de disparation. Aujourd’hui, j’invite tout le monde à ne pas en manger.” Candidate au titre de Miss Petite-Terre 2021, Noorah Ali Soilihi témoigne alors de son expérience personnelle auprès de ses camarades pour faire passer un message. “Mon père m’a toujours dit de faire attention quand j’achète de la viande. La chair de tortue se vend surtout par le bouche à oreille, mais je connais des gens qui en ont déjà mangé à leur insu. De plus, c’est une viande qui peut être toxique. Le problème aujourd’hui, c’est que les gens qui [en] mangent et tombent malades par la suite ne le disent pas. Il est alors difficile de les identifier et de les sensibiliser pour qu’ils arrêtent d’en consommer.” Les concurrentes à l’élection font partie du projet Nyamoja, qui signifie “Tous ensemble”. L’objectif ? Former des défenseurs de l’environnement afin de réaliser de la prévention auprès des Mahorais de tout âge et de les éveiller à la préservation des tortues sur leur territoire.

“Cette expérience m’a donné envie de devenir bénévole”

Ramia Tina, prétendante au titre de Miss Petite-Terre, se dit consciente des problèmes liés à la consommation de viande de tortues sur son île. Face à ce constat, elle aspire à changer l’avenir de ces animaux marins. “Avant, je n’avais jamais fait partie d’une association, je ne savais pas qu’il y avait du braconnage sur l’île. Cette expérience m’a donné envie de devenir bénévole pour lutter contre. Nous avons vu des tortues pondre aujourd’hui, c’est très triste d’en voir une morte comme cela. Je ne comprends pas les gens qui braconnent.” Par le biais de cette formation d’ambassadrice du lagon, le comité des Miss et l’association Oulanga Nyamba espèrent que les jeunes filles sauront attirer l’attention sur l’importance de la protection des tortues à Mayotte et ainsi, à leur échelle, faire changer les mentalités.

L’Aïd, une période propice pour les commerçants mahorais

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Les commerçants attendent les 15 derniers jours du ramadan toute l’année. Période durant laquelle les clients prennent d’assaut les magasins à la recherche de nouveaux habits et de linge de maison pour l’Aïd. Bondées de monde, les foires ramadan se multiplient un peu partout sur le territoire, pour le plus grand bonheur des vendeurs.

« Namou karibou ! » (Soyez les bienvenus) Une phrase devenue automatique dans la bouche de chaque commerçant ces derniers jours. La rue du commerce de Mamoudzou prend tout son sens depuis une semaine. La foire ramadan est officiellement ouverte et la chaussée est en effervescence. Ma Souraya, gérante d’une boutique, ne peut cacher sa joie durant cette période. Assise sur son banc, elle supervise de son œil avisé ses petites-filles qui sont chargées de renseigner les badauds. Les vacances scolaires tombent à pic, les petites peuvent contribuer à animer le commerce familial. Des instants que la famille de commerçants n’avait pas pu vivre l’année dernière. « Le Covid-19 était tout récent, on ne pouvait pas faire tout cela », rappelle Ma Souraya. S’en sont suivis ensuite des épisodes de confinement et déconfinement, et les clients n’étaient clairement pas au rendez-vous. « Nous n’avions presque rien vendu pendant des mois, et ce que nous avions commandé n’est jamais arrivé. Personne n’a pu voyager pour acheter de la marchandise et beaucoup d’entre nous n’ont pas reçu leurs conteneurs », raconte la gérante.

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Cette année, elle n’a pas eu d’autre choix que de se rabattre sur les anciennes collections. « Ce que je vends sont des articles de l’an dernier, mais je suis tout de même contente de pouvoir liquider les stocks. » Les consommateurs ne semblent pas lui en tenir rigueur puisque qu’ils défilent devant le stand de Ma Souraya qui vend un peu de tout. Du prêt-à-porter, des tenues traditionnelles, des draps, des rideaux, de la décoration pour la maison… En somme, tout ce qui est recherché pour l’Aïd. Et les clients sont d’autant plus ravis. « On a le choix, tout est concentré sur la même rue, c’est une bonne chose », se réjouit Raïcha, venue faire ses dernières emplettes. Ses mains sont chargées de courses en grande partie destinées à sa fille. « Les achats de l’Aïd sont surtout pour les enfants. On doit leur acheter des nouveaux habits. Moi, j’ai passé l’âge, je mettrai un salouva et ça m’ira », dit la mère de famille en prenant une paire de chaussures. Les articles pour les plus petits sont effectivement très prisés par les centaines de clients qui entrent dans les boutiques.

 

Tout est permis pour attirer les clients

 

Nombreux sont ceux qui profitent du dernier week-end du ramadan pour tout acheter. Manque de temps ou simple stratégie, le résultat est le même : les rues et les magasins sont bondés de monde. « Je m’y prends un peu tard, mais avec le boulot je n’ai pas le temps de faire mes achats dans la semaine. C’est donc une aubaine pour moi que les magasins ouvrent le dimanche », se réjouit Nadia, une mère de famille qui fait les magasins avec ses deux enfants. Et c’est justement pour faciliter la vie des personnes qui travaillent que Hadja M’lanao, propriétaire d’un magasin de prêt-à-porter, a décidé d’ouvrir sa boutique en continuité jusqu’à 22h. « La fatigue est là, mais on n’a pas le droit d’être fatigués. C’est maintenant qu’il faut tout donner, donc on ouvre le soir pour que les clients puissent venir. » Et ils sont au rendez-vous selon elle. Beaucoup font leurs courses de l’Aïd après avoir mangé à 18h.

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Cependant, la commerçante regrette d’être l’une des rares à ouvrir le soir dans sa rue, même si cela l’avantage. D’autres ferment à 17h, mais font tout pour amasser le maximum de clients durant la journée. « Je baisse les prix dès la deuxième quinzaine du mois de ramadan pour pouvoir tout liquider et aussi permettre à chacun de pouvoir s’offrir quelque chose pour l’Aïd », explique une vendeuse. Une stratégie qui porte ses fruits puisque les clients l’ont bien assimilée au fil des années. « Je viens les derniers jours parce que je sais que c’est à ce moment-là que les commerçants sortent tous leurs produits et font beaucoup de promotions », affirme Haouzoiti, une cliente. Le dernier week-end du mois de ramadan a été très intense pour les commerçants, et les quelques jours qui restent avant l’Aïd s’annoncent encore plus épuisants. Les vendeurs se préparent psychologiquement à affronter la foule et tous les automobilistes devront indéniablement passer encore plus d’heures, dans des bouchons plus longs.

Quatre ans plus tard, une formation de pré-qualification aux métiers de la mer à Mayotte

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Dès la semaine prochaine, le centre de formation Accès lance une formation de préqualification dans les métiers de la mer. L’objectif : transmettre les connaissances théoriques et pratiques aux 16 stagiaires pour leur permettre d’intégrer par la suite une formation diplômante en local ou en mobilité. Entretien avec Tafara Houssaini Assani, l’instigateur de ce projet revisité, en partenariat avec les professionnels du secteur.

Flash Infos : Comment vous est venu à l’esprit ce projet de formation de préqualification dans les métiers de la mer ?

Tafara Houssaini Assani : Au détour de discussion avec les pêcheurs et les plaisanciers. Ils m’ont à tour de rôle remonté les difficultés à trouver des jeunes qualifiés dans les métiers de la mer. Logique, ces derniers ne sont pas mis en valeurs et se limitent à la pêche… Puis, j’ai rencontré Georgette Bréard, vice-présidente de la région Bretagne en charge de la formation, de l’apprentissage et de l’orientation lors de sa venue à Mayotte en 2018-2019 pour l’élaboration du schéma régional du développement économique, de l’innovation et de l’internationalisation (SRDEII). Cela a mis un coup d’accélérateur !

En mai 2020, le centre de formation Accès a répondu à l’appel à manifestation de la préfecture pour un projet de coopération régionale sur le programme INTERREG dans l’optique de permettre à des jeunes d’aller effectuer trois mois de stage à Madagascar auprès de professionnels dans les métiers de la mer. Mais comme d’habitude, cela a pris un temps monstre de tout mettre en place. Le dossier général sur lequel je travaille depuis quatre ans a été approuvé par le conseil départemental au début du mois de mars, via l’attribution des marchés de formation de l’année 2019.

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FI : Comment cette formation va-t-elle s’articuler ?

T. H. A. : J’aimerais commencer la semaine prochaine. Nous allons organiser un forum des métiers de la mer sur la plage du Faré en Petite-Terre avec des stands en lien avec la pêche, les loisirs nautiques, la préparation du poisson et la vente. L’idée de cet atelier est de présenter les différents corps de métier aux jeunes qui vont pouvoir poser toutes les questions qui leur passent par la tête. Même si nous habitons sur un territoire insulaire, peu d’entre eux ont déjà mis les pieds dans l’eau…

Viendra ensuite la découverte du langage et des codes avec les professionnels de la pêche. Avant d’entamer une remise à niveau concernant le savoir-être et les savoirs de base, comme les mathématiques, le français et l’informatique. Une fois la partie technique théorique bien assimilée, les stagiaires partiront en stage à Mayotte pour une durée de trois semaines dans le but de se confronter aux réalités du terrain et de revenir avec une idée claire de leur projet professionnel. L’ensemble de la formation et de la préparation va courir jusqu’à la fin du mois de décembre 2021.

FI : Ce sera alors le moment pour les stagiaires de prendre leur envol…

T. H. A. : Tout à fait ! Comme je le disais, ils vont partir pendant trois mois à Madagascar au début de l’année 2022 pour alterner entre la pratique sur les bateaux à Majangua et la théorie en centre à Antanarivo. À leur retour, plusieurs choix s’offriront à eux pour la formation qualifiante de six mois. Soit, ils s’envoleront pour la métropole, à Bordeaux pour les métiers de l’animation ou en Bretagne pour les métiers purs et durs de la mer. Soit, ils intégreront l’école d’apprentissage maritime à Mayotte. Dans tous les cas, le but est qu’ils connaissent les bases pour ne pas les envoyer au casse-pipe. Mais le top serait de pouvoir tous les envoyer en métropole, car ce n’est clairement pas la même expérience que l’on soit à Lorient ou à Mamoudzou…

Par contre, l’objectif est de les faire revenir à terme sur l’île aux parfums. C’est l’une des volontés des syndicats de pêcheurs, notamment ceux de M’Tsapéré, car à partir de décembre 2021, ils ne pourront plus partir en mer s’ils n’ont pas un titulaire du brevet de capitaine 200.

À qui s’adresse cette formation préqualifiante ?

Cette formation préqualifiante s’adresse à tous les publics de plus de 16 ans. Pour s’inscrire, il leur suffit d’être inscrit comme demandeur d’emploi à Mayotte, d’avoir une carte d’identité ou un titre de séjour en règle, de posséder un relevé d’identité bancaire et une attestation de sécurité sociale.

Le coût de la formation jusqu’au mois de décembre s’élève à 123.000 euros, pour 750 heures de théorie et 105 heures de pratique en entreprise.

Village relais de Tsoundzou II : pour la FMAE, “à cette vitesse, dans 50 ans, nous aurons tout saccagé”

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La Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) veut alerter sur les risques que fait courir le chantier du village relais de Tsoundzou II, censé accueillir les familles en situation de grande précarité, construit sur l’arrière-mangrove. Alors que ce projet est piloté par l’État, le trésorier de la fédération, Zaman Soilihi, veut interpeller les pouvoirs publics sur leur rôle dans la protection de l’environnement fragile de Mayotte. Et tire la sonnette d’alarme.

Flash Infos : Vous avez organisé une action ce vendredi, à côté du site du village relais de Tsoundzou II. Pourquoi ?

Zaman Soilihi : Ce n’était pas tant une action, mais j’ai souhaité amener les journalistes à côté du village relais, à gauche, quand on va vers vers le pont, car là-bas, il s’agit d’une zone humide. Or sur ce terrain, il y a un particulier qui est en train de remblayer la zone. Nous nous sommes rendus sur place pour constater les tractopelles et l’ensevelissement. Puis je les ai emmenés voir le village relais pour faire le parallèle. Pour nous, il n’y a pas de différence entre ce propriétaire privé qui est en train de dégrader la zone humide, et l’État, qui a saccagé l’arrière-mangrove pour construire ce village relais…

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FI : Justement, quels sont les problèmes que posent ce chantier selon vous ?

Z. S. : Nous, nous ne sommes pas contre le village relais en soi. Ce que nous déplorons, d’une façon générale d’ailleurs sur l’île, c’est que les collectivités et l’État sont les premiers à ne pas respecter l’environnement. Le village relais en est le parfait exemple ! Le site se trouve sur l’arrière-mangrove, or il s’agit d’un écosystème aussi important que la mangrove elle-même. Quand on détruit l’arrière-mangrove, c’est la mangrove qui va finir par dépérir… Et si on détruit une zone humide, cela aura un impact sur la mangrove, et bien sûr sur le lagon en général. Bref, on ne peut pas faire n’importe quoi sur cette île, sans que cela ait des impacts et ces impacts-là doivent être mesurés. Le premier garant de cette réglementation c’est l’État, et en l’occurrence, ce sont eux qui financent ce village relais. L’on attendrait donc à juste titre qu’ils soient particulièrement tatillons sur le respect de la réglementation.

FI : Un avis de l’autorité environnementale a conclu que le projet de construction du village relais de Tsoundzou II était susceptible d’avoir des incidences notables sur l’environnement et sur la santé humaine au sens de l’annexe III de la directive susvisée n° 2014/52/UE du 16 avril 2014. Le projet doit donc être soumis à une évaluation environnementale. Quelles sont les suites de cette décision ?

Z. S. : Je n’en connais pas les suites. Mais d’une manière générale, la délinquance environnementale sur cette île n’est pas encore prise en considération au niveau de la justice. Tout du moins la justice ne s’en saisit pas à bras le corps. Nous comprenons que les procureurs aient bien d’autres sujets à traiter, mais à la FMAE, nous jugeons que cette délinquance environnementale doit être punie comme le code de l’environnement et le code pénal le suggèrent. On ne devrait rien laisser passer… Or, il y a déjà eu des précédents, à Tsararano où on a construit une station d’épuration sur la zone humide, ou encore un marché couvert, et l’État a laissé faire.

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Par ailleurs, les études qui sont faites en termes d’impact environnemental sont souvent négligées et les bureaux d’études ne maîtrisent pas toujours bien le sujet en considérant qu’il n’y a pas d’espèce endémique à valeur patrimoniale, par exemple. Mais prenez l’arrière-mangrove justement : c’est un habitat pour les oiseaux, pour les crabes. C’est une zone où espèces animales et végétales vivent, où les oiseaux viennent se nicher. Non seulement on détruit cet habitat avec le village relais, mais quand il sera occupé, avec la lumière, les activités humaines, cela va faire fuir bon nombre d’animaux qui vivent là. L’argument qu’on nous oppose, c’est de dire qu’il y a déjà des habitations dans la zone. À qui la faute ? Ce sont la mairie de Mamoudzou et l’État qui ont laissé faire… et qui maintenant s’engouffrent dans la brèche.

FI : Au niveau de la FMAE, quelles actions prévoyez-vous et quelle réponse espérez-vous obtenir des autorités ?

Z. S. : Même si nous ne désespérons pas, tout cela est très compliqué… Le chantier va avancer. L’État est arrivé avec ses grosses bottes, et piétine tout, en tout cas, c’est comme ça que nous le ressentons. Même si nous faisons un recours devant la justice, je crains que le chantier ne soit fini avant que l’on commence à en voir les fruits… Tout ce que nous espérons, ce sont donc au moins des mesures compensatoires, que l’État compense ces dégradations en mettant en place des mesures qui protègent mieux l’environnement sur l’île. S’il faut vraiment porter plainte, nous le ferons, même si nous n’y croyons pas beaucoup. Nous allons donc aussi poursuivre nos campagnes de sensibilisation, alerter au niveau des médias, écrire au préfet, car au niveau de la justice en ce moment, force est de constater que nous n’avons pas beaucoup d’écho par rapport aux problèmes que nous soulevons. Nous avançons à très petits pas, et c’est très insuffisant par rapport aux défis que nous avons à relever sur cette île. Depuis 1842 jusqu’à maintenant, en un siècle pour faire simple, nous avons perdu la quasi-totalité de nos forêts. Nous avons forcément perdu des espèces endémiques que l’on ne connaissait même pas ! Dans la zone océan Indien mais à Mayotte encore davantage, nous sommes sur un point chaud, avec des risques d’extinction ou de danger imminent pour les différentes espèces. Ici plus qu’ailleurs, je pense que les enjeux anthropiques sont énormes, avec les flux migratoires et la croissance démographique, nos écosystèmes naturels sont soumis à des pressions considérables.Très rapidement, nous aurons tout dégradé, donc il est urgent d’aller plus vite dans les sanctions, que nos pouvoirs publics soient plus réactifs. Malheureusement, à la vitesse à laquelle nous allons pour l’instant, la vitesse tortue en réalité, dans cinquante ans nous aurons tout saccagé…

Projet de loi Mayotte : Renforcement de l’État régalien : une trentaine d’idées proposées par les officiels

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Le préfet Jean-François Colombet continue sa tournée à la rencontre des forces vives de Mayotte. Vendredi dernier, il était à M’Tsamboro pour écouter et récolter les propositions des institutions sur le thème du renforcement de l’État régalien à Mayotte. Au total, pas moins d’une trentaine d’idées ont été relevées. Elles seront inscrites dans la synthèse que recevra le ministre des Outre-mer le 1er juin.

La cafétéria du collège de M’Tsamboro accueillait de drôles d’élèves ce vendredi matin. Il ne s’agissait pas d’adolescents, mais de femmes et hommes adultes représentant différentes institutions ainsi que des élus. Tous sont venus exposer leurs idées afin de contribuer à l’élaboration du projet de loi Mayotte proposé par Sébastien Lecornu. L’attractivité de Mayotte était au cœur des préoccupations. Chacun à sa manière a formulé une suggestion pour que le territoire soit moins attractif aux clandestins. Voici une liste non exhaustive des idées qui ont émergé lors de ce forum institutionnel.

 

Taxer les bangas

 

Le préfet s’est lancé dans une reconquête du foncier en démolissant les cases en tôles construites illégalement. Mais force est de constater que certains propriétaires de terrains refusent de coopérer comme ce fût récemment le cas en Petite-Terre. Le maire de Koungou a alors proposé une alternative. « Il faudrait taxer les bangas, pour faire entrer de l’argent dans les communes et mieux les contrôler. Le bailleur devra également proposer un bail de location. Ainsi les propriétaires de bangas se mobiliseraient un peu plus et s’occuperaient mieux de leur foncier. » Une idée qui n’a pas vraiment enchanté Jean-François Colombet. « Je préfère plutôt qu’on les détruise et que l’on dénonce les propriétaires qui tirent des revenus de ces bangas », a-t-il rétorqué. Il a d’ailleurs donné les noms de ceux qui ont refusé la démolition des cases en tôles au procureur et à la direction régionale des finances publiques (DRFIP) pour qu’une enquête soit ouverte.

 

Interdiction d’attribuer des titres de séjours à ceux qui entrent illégalement

 

Comme depuis le début de la semaine, la question de l’immigration s’est invitée dans le débat. Le député Mansour Kamardine a proposé l’interdiction au préfet de procurer des titres de séjour à tous ceux qui entrent clandestinement sur le territoire ou qui y résident illégalement. « Y compris ceux qui entrent avec un visa et qui ne partent pas. On ne peut pas récompenser les personnes qui trichent, parce qu’en les régularisant on leur dit de continuer de se cacher pendant 15 ans et elles seront récompensées », a-t-il argumenté. Une proposition relevée par le préfet, non sans quelques pics de provocation. « Par contre, il faudra que les élus arrêtent de faire des interventions pour que je régularise certaines personnes. J’en reçois beaucoup… », a-t-il taclé. Une vérité générale qui a eu le don de faire rire l’assemblée.

 

Faire payer les femmes clandestines qui veulent accoucher

 

La forte natalité de Mayotte inquiète les Mahorais. Il y a quelques jours, la maternité de Mamoudzou enregistrait un nouveau record de 45 naissances en 24 heure. « Il fût un temps l’hôpital leur faisait payer 300 euros aux femmes enceintes qui résident à Mayotte illégalement avant leur accouchement, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais cela ne se fait plus. Il faut restaurer ce système et peut-être même les faire payer plus de 300 euros », a soutenu Hadidja Bacar Said, une habitante de M’Tsamboro qui a réussi à participer à cette réunion. Sa proposition va encore plus loin puisqu’elle aimerait ensuite que « l’on renvoie ces femmes et leurs bébés immédiatement chez eux dès qu’ils sortiront de la maternité ».

 

Réévaluer la population de Mayotte à sa juste valeur

 

Le nombre d’habitants présents à Mayotte communiqué par l’Insee a toujours été sujet à des houleux débats. Selon les derniers chiffres, l’Insee répertorie 289.000 personnes sur l’île. « Je pense qu’on est tous conscients d’être largement plus sur le territoire », a soulevé le représentant du collectif du monde économique de Mayotte dans la lutte contre l’insécurité (CMEM). Le travail des agents recenseurs a fortement été critiqué pendant le forum institutionnel à M’Tsamboro. « Les jeunes qui sont embauchés pour faire le recensement ne vont pas dans les quartiers informels, il ne faut pas se leurrer », ajoute un autre intervenant. Et contrairement à toute attente, le préfet a acquiescé. « Je pense que c’est vrai et l’Insee a beaucoup été sensibilisé là-dessus… Je suis attaché à un critère, c’est le nombre de foyers fiscaux, parce que le fisc ne rate personne. Le DRFIP nous disait que nous avons 94.000 déclarations physiques, donc on peut faire le ratio et on peut imaginer que le chiffre indiqué par l’Insee n’est effectivement pas le nombre de personnes présentes à Mayotte. », a-t-il indiqué. Or, tous les moyens attribués à Mayotte sont calculés sur la base du nombre officiel d’habitants. « Aujourd’hui, on est tous en attente de moyens, alors il faut revoir la politique du recensement », a préconisé le représentant du CMEM. Jean-François Colombet a annoncé que le recensement sera désormais séquencé, ce qui permettra une mise à jour plus régulière.

 

Désenclavement des communes

 

C’est un fait, pratiquement tous les services publics, les entreprises, les activités diverses et variées se concentrent à Mamoudzou. Une situation qui crée des kilomètres de bouchons et qui défavorise les autres communes. L’idée a été évoquée par un adhérent du syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales. « Je pense qu’il y a à l’intérieur de Mayotte plusieurs Mayotte. Il faudrait développer les services publics et les faire venir dans les endroits qui s’éloignent du chef-lieu. Sans oublier les médecins qui devraient s’installer dans ces endroits reculés », a-t-il développé.

 

Confiscation des matériaux nautiques destinés aux kwassas

 

« On connait les fournisseurs des fabricants des kwassas. Ils sont basés dans le sud de la France et leurs conteneurs passent à Mayotte, tout le monde le sait », a affirmé un participant au forum. Selon lui, la douane française devrait tout simplement confisquer ces matériaux nautiques lorsqu’ils sont au port de Longoni et les offrir aux pêcheurs pour qu’ils puissent réparer leurs bateaux gratuitement. « Le président Azali refuse de reprendre ses compatriotes ? Alors on lui fait un embargo sur tous les matériaux nautiques qui servent à fabriquer les kwassas », a-t-il ajouté. Voilà de quoi déstabiliser le réseau de passeurs établi entre les Comores et Mayotte.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes