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Au LPO de Kawéni pour valoriser l’apprentissage, une filière “d’excellence”

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Le rectorat, la préfecture, et le monde économique ont rendu visite aux élèves du CAP Équipier polyvalent du commerce (EPC) à Kawéni. Une façon de valoriser les filières professionnelles, et d’attirer de nouveaux apprentis.

Ils font leurs armes chez Sodifram, Distrimax ou encore à la Maison du Livre. Ce mercredi, une vingtaine d’élèves du CAP Équipier polyvalent du commerce (EPC) du Lycée polyvalent de Kawéni étaient mis à l’honneur à l’occasion d’une visite tripartite rectorat, préfecture, et monde de l’entreprise. “C’est bien de valoriser la section EPC, souvent dans l’apprentissage, on préfère l’hôtellerie, la restauration…”, souligne leur enseignante Véronique Thébault. Au cours de leur formation, ces employés en devenir apprennent à manier les ficelles de la vente, de l’accueil client, à la caisse, en passant par la préparation des bons de commandes.

 

200 spécialités en France

 

En formation initiale de deux ans après la classe de Troisième, ou en formation continue, le certificat d’aptitude professionnelle (C.A.P.) offre une qualification d’ouvrier ou d’employé qualifié dans un métier déterminé. En France, il existe près de 200 spécialités dans les secteurs industriels, commerciaux et des services. “L’apprentissage, c’est la rencontre et la transmission des compétences, d’un métier, d’une passion. Vous allez sortir d’une filière d’excellence”, salue le chef d’entreprises et président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) 976 Charles-Henri Mandallaz, venu à la rencontre des élèves aux côtés de Marcel Rinaldi, lui aussi entrepreneur à Mayotte. “Mais la formation ne se limite pas à votre examen, il y aura un parcours professionnel pour évoluer dans vos carrières. Et nous, les employeurs, nous sommes la clé de cet emploi : nous vous formons, nous vous intégrons et nous avons tout intérêt à vous garder dans l’entreprise”, développe-t-il.

 

400 apprentis à Mayotte

 

À Mayotte, ce sont pas moins de 400 apprentis qui sont formés sur les bancs des différentes filières professionnelles de l’île. “Il y a quatre ou cinq ans, nous en avions une grosse centaine, et nous espérons frôler les 500 l’année prochaine”, précise le recteur Gilles Halbout. Tant mieux ! Car cette visite était aussi l’occasion pour les élèves de faire remonter leurs doléances. Parmi elles, le manque de places dans le CAP a notamment été rapporté par Kaissoiria Abdallah. Déjà passée par le CAP Petite enfance, l’apprentie a dû batailler pour obtenir son inscription dans la filière EPC. “J’ai su à la dernière minute que j’étais prise, ils m’avaient dit de trouver d’abord une entreprise, mais sans me garantir une place”, explique la jeune femme de 21 ans.

Son autre souhait ? Pouvoir évoluer en métropole après ses deux ans de CAP. “Là-bas, ils ont plus de magasins, de grandes boutiques. J’ai pas envie de rester dans la même entreprise tout le temps”, ajoute-t-elle. Entre les cours théoriques dispensés au lycée et leur semaine en entreprise, Kaissoiria et ses camarades disposent toutefois de toutes les clés pour apprendre au mieux le métier, sans sortir du département. Le plus ? La formation ne se limite pas au CAP, et les élèves du LPO ont la possibilité de poursuivre leur cursus en Bac pro et en BTS. “Il s’agit de l’une des filières où nous avons la continuité pédagogique, et ce, depuis cette année”, explique Véronique Thébault. Selon ses comptes, la moitié des 2ème année comptent déjà s’orienter vers le Bac pro.

 

Le privé dépasse le public, une première

 

Un signal positif pour le développement du territoire. “Pour la première fois, le nombre de salariés du privé a dépassé celui du public. Mayotte va se développer grâce à la création de richesses et la création d’entreprises. Et vous avez justement fait ce choix de créer de la richesse”, félicite le sous-préfet et secrétaire général adjoint de la préfecture Jérôme Millet. “Le conseil départemental, l’Etat, nous ne pourrons pas absorber toute la jeunesse”, martèle-t-il. D’après les derniers chiffres de l’INSEE publiés ce mercredi, la création d’entreprises a dépassé le record déjà franchi en 2019, et ce, malgré la crise sanitaire : 1.353 structures ont vu le jour en 2020, soit 33% que l’année précédente.

Kawéni : expérimentation d’une paire de lunettes innovante pour dépister et aider les élèves dyslexiques

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À l’initiative d’une enseignante, l’Amicale des personnels de Mamoudzou Nord (APMN) a eu l’idée de commander une paire de lunettes Lexilens, pour lancer un test sur les classes de CM1 de Kawéni. Le but : détecter une éventuelle dyslexie, et aider les élèves en difficulté à améliorer leur lecture.

Tu as peur ? Il ne faut pas”, glisse Kristel Bianchi à la jeune écolière qui s’installe à son bureau, avec un hochement de tête timide. Chronomètre au poignet, la chargée de projet à l’Amicale des personnels de Mamoudzou Nord (APMN) lui présente une liste de mots sous les yeux, et fait passer le bout de son stylo sur chaque ligne. “Faute. Nuit. Vague Ss… euh… soif”, s’empresse de corriger la petite fille en bégayant un peu. Pas de panique ! Malgré les apparences, le test qu’elle s’apprête à passer n’a rien d’une évaluation. “Il s’agit vraiment d’une expérimentation”, insiste l’inspectrice de l’Education nationale Colette Cabort.

 

Un dispositif médical certifié

 

Après une première lecture classique, Kristel Bianchi pose délicatement une paire de lunettes noires sur le visage de l’élève. Objectif : vérifier si cet accessoire Lexilens, développé par Atol, l’aide à améliorer sa lecture. “L’idée c’est de tester ces lunettes sur des élèves qui peuvent avoir des troubles, ou être en échec scolaire. La dyslexie peut être une des raisons”, déroule l’inspectrice. En comparant les scores avec ou sans lunettes, le dispositif peut aider à renforcer cette dernière hypothèse. Et ainsi orienter le diagnostic. Certifié comme dispositif médical de classe I, cet appareil électronique 100% français, que les enfants peuvent activer ou désactiver avec un simple bouton, permet, grâce à un système de flashs lumineux, de filtrer les “images miroir” et d’aider à distinguer les lettres avec précision.

Depuis environ une semaine, ce sont 300 élèves de CM1 des cinq établissements de Kawéni qui sont amenés à passer ce test, d’ici à la fin du mois de juin. En fonction des premiers résultats, l’APMN entend bien poursuivre l’aventure l’année prochaine, dans le cadre d’un appel à projets, en commandant 24 lunettes, une paire par classe de CM2. “Il y a déjà des élèves pour qui nous notons une amélioration, c’est encore trop tôt pour en tirer des conclusions, mais c’est plutôt bon signe”, sourit Kristel Bianchi. Et pour éviter les biais, comme le stress, ou la plus grande concentration liée à cet exercice inédit, la responsable compte revoir ceux qui ont obtenu les meilleurs scores.

 

Pas de donnée dans un contexte de bilinguisme

 

Ce projet, Mayotte le doit à une Bretonne d’origine, Sarah Mahé. C’est en lisant un article de l’université de Rennes que la vice-présidente de l’amicale, a eu l’idée de lancer l’expérimentation dans le 101ème département. “Le message d’Atol, c’est que cela sert 80% des dyslexiques, mais nous n’avons aucune donnée pour un contexte de bilinguisme, comme ici”, décrit-elle. Grâce au soutien de la cité éducative de Kawéni, et la participation financière de la mutuelle MGEN, un premier équipement – de 400 euros tout de même – a été acheminé jusqu’à l’île au lagon, pour bénéficier aux élèves de Kawéni. “Cela fait cher pour une famille ici. Nous ne savons pas encore si cela sera efficace dans un contexte bilingue, mais nous remonterons les résultats au niveau national. Et nous pouvons imaginer que le dispositif soit un jour pris en charge par la mutuelle, comme le sont d’autres innovations passées”, souligne Bruno Bonnefoy, le directeur de la section locale de la MGEN.

 

Repérer la dyslexie, un vrai défi pour Mayotte

 

Croisons les doigts ! Car les difficultés scolaires sont un combat de chaque instant à Mayotte où l’illettrisme concerne 48,5% des jeunes de 16 à 18 ans contre 9% des jeunes métropolitains. Et pour repérer des troubles comme la dyslexie chez les enfants, l’absence d’orthophonistes sur le territoire n’arrange pas les choses. “En libéral, il n’y en a aucun à Mayotte… Parfois, certains s’installent de manière ponctuelle dans des associations. Mais en ce moment, pour vous donner une idée, cela fait un an que nous essayons d’en recruter un à l’APAJH, sans succès”, témoigne Bruno Bonnefoy, qui est aussi président de l’Association pour adultes et jeunes handicapés. Bien sûr, une paire de lunettes, aussi innovante soit-elle, pourra difficilement changer la donne, et le diagnostic devra toujours être effectué par un spécialiste. “Mais en tant qu’enseignante, on se retrouve parfois face à des murs, sans savoir comment faire. Cet équipement, c’est une canne, une béquille, pour avancer”, conclut Sarah Mahé. À tâtons, peut-être, mais avancer quand même.

Le collectif des citoyens de Mayotte 2018 fait du grabuge pour la compagnie Zena Airlines

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La future compagnie aérienne Zena Airlines est sans aucun doute au cœur des préoccupations des Mahorais qui placent beaucoup d’espoir en elle. Alors que se tenait ce mardi la dernière commission permanente du conseil départemental pour cette mandature, le Collectif des citoyens de Mayotte 2018 a semé le trouble en pleine séance pour réclamer la subvention du projet Zena.

Tout avait pourtant commencé dans le calme. Le président sortant du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani a tenu sa dernière commission permanente à l’hôtel de ville de Mamoudzou pour cause de travaux à l’hémicycle Bamana. Mais c’était sans compter sur les membres du collectif des citoyens 2018 qui ont campé dans le hall d’accueil du bâtiment. Le message affiché sur leurs banderoles était sans équivoque. « Le conseil départemental doit faire décoller Zena », pouvait-on lire. Le collectif et la presse avaient eu vent d’une rumeur affirmant que la question de la subvention du projet Zena serait débattue lors de cette dernière séance.

Mais une fois sur place… « Ça n’est pas à l’ordre du jour », a avoué un conseiller départemental. Selon le Département, le financement de la compagnie aérienne ne doit pas être discuté ni voté en commission permanente. « Ce genre de projet ne peut pas être décidé aujourd’hui. Cela doit se faire en assemblée plénière car la commission n’est pas compétente. Le président a proposé de le reporter à une date ultérieure », tempère Ben Issa Ousseni, 7e vice-président du Département, chargé des finances, du développement économique et touristique. Mais à un mois de la fin de la mandature de Soibahadine Ramadani, le collectif a du mal à boire ces paroles.

Durant plus d’une heure, les membres du collectif des citoyens de Mayotte 2018 ont donc patienté au sein de la mairie, réclamant la venue d’un élu du Département pour leur apporter des éléments de réponse. « Ils jouent à la politique de l’autruche. Nous ne voulons pas polémiquer, mais nous voulons une réponse claire. Est-ce que le conseil départemental veut s’engager dans ce projet qui est bon pour les Mahorais ? Si ce n’est pas le cas, ils peuvent dire publiquement qu’ils refusent de s’engager », martèle Hachmia Mdéré, secrétaire générale du collectif.

Des questions rhétoriques puisque les défenseurs du projet Zena Airlines ont déduit un début de réponse. Selon eux, les élus du Département ne veulent pas soutenir le projet puisqu’ils auraient des avantages avec Air Austral. Les militants, qui voient rouge, n’hésitent pas à citer pêle-mêle des exemples des billets gratuits, de réductions ou de voyages en première classe… Ces propos, lancés devant une poignée de conseillers, sont tombés dans le vide. Les principaux concernés n’ont pas osé y répondre.

 

Discours de sourds et réponse insatisfaisante

 

Alors que les esprits s’échauffent à l’extérieur de la salle de réunion, les élus, les conseillers départementaux et le président continuent leur séance à huis clos, tant bien que mal. La présidente du collectif tambourine sur les portes pour se faire entendre, d’autres sur les vitres. Mais rien n’y fait, personne n’ose sortir les affronter. Les agents de sécurité postés devant les portes empêchent les manifestants d’entrer. La police municipale de Mamoudzou vient vite en renfort mais rien n’y fait. Les membres du collectif ne décolèrent pas, bien au contraire. « Nous voulons entrer dans cette salle et nous allons entrer ! », crie la présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018, Safina Soula.

Après plusieurs tentatives, et stratagèmes pour semer la police, ils arrivent finalement à se faufiler et font irruption dans la pièce où sont regroupés les représentants du Département. « Honte à vous ! Vous nous ignorez alors que vous savez que nous attendons des réponses de votre part. Si vous ne voulez pas nous parler, dites-le nous clairement, et nous prendrons les mesures nécessaires », s’indigne Hachmia Mdéré. Malgré les accusations, les cris, la colère, le président Soibahadine Ibrahim Ramadani reste impassible. Il ne prononcera aucun mot en présence du collectif. Quant aux autres élus, ils sont tout simplement abasourdis.

Après de longues minutes de grabuge, les membres du collectif sont renvoyés de la salle où se tient la commission permanente. Quelques instants plus tard, Ben Issa Ousseni, vient à leur rencontre pour apporter des éléments de réponse. « Nous sommes sur une demande de prêt d’un million d’euros. Nous devons regarder ce dossier de manière plus approfondie. Même si le cœur a envie de le défendre, il y a des règles qui doivent être respectées. Le fait que ce soit un projet de jeunes Mahorais ne peut pas suffire », déclare-t-il. Selon lui, le dossier ne serait pas assez solide juridiquement et administrativement. Il manquerait des éléments.

« Prétexte ! », répond le collectif. « Ce projet leur est soumis depuis plusieurs mois. Le dossier est complet, les porteurs de projet sont surpris d’entendre cela. Et même si c’était vrai, pourquoi n’ont-ils pas dit cela depuis le début ? », s’interroge Safina Soula. Une chose est sûre, le prochain président du Département est attendu au tournant. Il devra se positionner clairement sur le financement de la compagnie Zena Airlines. Au risque de se faire brûler les ailes.

Comores : Ahmed Wadaane Mahamoud : « À partir d’aujourd’hui, Azali n’est plus légitime »

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Dans le cadre du système de présidence tournante initié par Azali Assoumani, ce 26 mai aurait dû marquer la prise de pouvoir d’Anjouan à la tête de l’Union des Comores. Suite à la suppression de la cour constitutionnelle et l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle particulièrement contestée, l’ancien putschiste ne cédera pas son siège. De quoi susciter la crainte d’une division du pays auprès de l’opposition.

Opposant, ancien diplomate et candidat à l’élection présidentielle de 2016, Ahmed Wadaane Mahamoud a éprouvé dans sa chair la violence du régime d’Azali. Arrêté et brutalisé en juin 2019 dans le cadre d’une manifestation à Moroni, l’auteur de nouveaux ouvrages sur l’histoire du pays enchaîne aujourd’hui les opérations chirurgicales en métropole. De passage à Mayotte, cet homme d’expérience livre ses inquiétudes concernant le contexte tendu des îles de la lune.

Flash Infos : La présence d’Azali au pouvoir en cette date symbolique marque-t-elle sa victoire totale ?

Ahmed Wadaane Mahamoud : On ne peut pas parler de victoire. Pour paraphraser Mitterrand, Azali s’est illustré comme le champion des coups d’états permanents. Cela commence en 1999, lorsque le colonel réalise son premier putsch. En 2002, il organise une mascarade électorale en évinçant ses opposants pour se retrouver en candidat unique. Lorsqu’il revient au pouvoir, son premier acte consiste en la suppression de la cour constitutionnelle. S’en est suivi une autre mascarade électorale. Autant d’éléments qui démontrent la nature putschiste de cet homme qui se maintient par la force des coups d’État. Il faut retenir une chose : Azali a été originellement élu pour un mandat précis. À partir de ce 26 mai 2021, il n’est plus légitime.

FI : Son autorité est en effet contestée, mais il est encore aujourd’hui à la tête du pouvoir…

A. W. M. : Ce n’est pas un pouvoir. C’est un déni de démocratie, une insulte au peuple comorien qui l’a élu pour un mandat de 5 ans. C’est aussi un geste de mépris envers la communauté internationale. Emmanuel Macron évoquait à ce titre en 2018 au parlement Européen la « fin de l’autoritarisme qui partout nous entoure« . La réponse n’est pas la démocratie autoritaire, mais l’autorité de la démocratie. Azali ne tient que par la force qu’il maintient sur le peuple comorien.

FI : Quelles ont été les manœuvres répressives en amont de cette date importante ?

A. W. M. : Azali a peur. Aujourd’hui, les forces armées sillonnent les rues. Il craint que la population se soulève pour lui rappeler que son mandat est arrivé à terme. Il utilise l’armée nationale de développement pour lui servir de rempart. Nous osons espérer que cette armée ne va pas accepter de tirer ou de tuer sur la population comorienne. Il peut encore rester de longues années au pouvoir. Aucun habitant d’Anjouan ou de Mohéli ne pourra l’accepter. Cela risque de démembrer le pays. Il faut à tout prix éviter cela.

FI : Quel est votre regard sur le rôle de la communauté internationale ?

A. W. M. : Les observateurs savent pertinemment qu’Azali se maintient au-delà des normes fixées par la Constitution. Il dit lui-même qu’il veut l’émergence des pays jusqu’à 2030, preuve qu’il peut se maintenir jusque-là. Il va falloir examiner les choses à partir de la date d’aujourd’hui, puisqu’il n’est plus légitime. La France est un partenaire de premier plan. Elle a tout intérêt à préserver les valeurs démocratiques et la stabilité de l’archipel. Voilà ce que nous attendons de la communauté nationale.

FI : Comment expliquer l’incapacité de l’opposition comorienne à se fédérer et à se renouveler ?

A. W. M. : Il y a une dynamique de projection de l’avenir. Des années de pratique dictatoriale ont fait émerger une force nouvelle au niveau de la jeunesse. Elle est impliquée dans une dynamique de lutte pour un État de droit. Il y a aussi la diaspora qui s’implique dans une dynamique de changement. Quelque chose va s’opérer. Il y a une prise de conscience à la croisée des chemins : celui de la démocratie et de l’État de droit. Nous voulons préserver l’unité des Comores. Il va donc falloir repenser ce pays dans un contexte de paix civile et de cohésion sociale.

FI : Au-delà de la colère sociale, quel est le bilan économique d’Azali ?

A. W. M. : Si les Comores tiennent économiquement, c’est grâce à la diaspora comorienne qui est un pilier essentiel. Pourtant, Azali a multiplié les déclarations venimeuses pour la disqualifier. Mais il faut insister aussi sur la jeunesse, qui constitue plus de la moitié du pays. En 2016, Azali proclamait « Un jeune un emploi« . Or, son premier acte politique a été de licencier 5.600 jeunes fonctionnaires sans les remplacer. On ne peut pas parler de politique économique sans voir l’état de cette jeunesse. Celle qui sort de l’université des Comores ou d’autres pays africains pour grossir les rangs des chômeurs.

FI : Cette jeunesse se retrouve parfois sur des kwassas en direction de Mayotte, comment analysez-vous la politique d’Azali sur ce point ?

A. W. M. : C’est un sujet sensible. D’abord, il faut dépassionner et décrisper les relations dans l’intérêt de la France comme des Comores. La France est un partenaire de premier plan. C’est aussi une terre d’accueil. Nos peuples ont des intérêts communs, à commencer par la sauvegarde de l’unité des Comores. Si des gens meurent en kwassa, c’est aussi parce qu’ils fuient la dictature de colonel qui tue et réprime la contestation. Dans ce climat de terreur, c’est logique que des gens cherchent des points de refuge. Ce drame est aussi l’un des aboutissements de la politique d’Azali. Il ne se gène pas pour utiliser cette pratique afin de faire fuire les opposants.

FI : Comment envisagez-vous la suite du quinquennat d’Azali ?

A. W. M. : Nous pouvons conserver un optimisme qui n’est pas béat. Nous pouvons faire confiance en la capacité du peuple comorien. Un peuple qui a horreur des armes. Un peuple qui aspire à son unité. Azali va forcément quitter les reines du pouvoir. De quelle manière ? Je ne peux le savoir. Mais il ne faut pas sous-estimer la volonté du peuple de sauvegarder son unité. Cette année, je suis convaincu qu’Azali rendra les clés du palais de Beit-Salam (le palais présidentiel : NDLR) .

Retard dans les comptes de campagnes : Anchya Bamana bientôt fixée sur son sort

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Hier, le tribunal administratif de Mayotte étudiait les dossiers de campagne en retard pour les élections municipales et communales de 2020. Plusieurs candidats étaient concernés, notamment Anchya Bamana, qui pourrait être déclarée inéligible à la veille des départementales, en fonction de la décision du tribunal.

retard-comptes-campagnes-anchya-bamana-bientot-fixee-sortVoilà qui devrait ajouter du piment dans cette campagne des élections départementales parfois un peu médiocre, il faut le dire. L’ex-maire de Sada Anchya Bamana, candidate dans le canton Sada – Mangajou, comparaissait ce mardi devant le tribunal administratif de Mayotte. Réunis en audience collégiale, les magistrats devaient statuer sur les dossiers transmis par la Commission nationale des comptes de campagne et des finances publiques (CNCCFP) qui a récupéré les comptes de certaines personnalités en lice lors des dernières élections municipales. Les candidats dans les communes de plus de 10.000 habitants sont en effet astreints à la transmission de leurs comptes de campagne, pour récapituler leurs dépenses – et bien sûr prétendre à un remboursement, s’ils ont gagné au moins 5% des voix. Pour les dernières élections, les aspirants maires avaient jusqu’au 11 septembre 18h.

Oups ! Certains candidats ont loupé la date limite et les sanctions risquent de pleuvoir. Outre le rejet du compte et le non-remboursement des frais engagés, les retardataires s’exposent à une peine d’inéligibilité pouvant aller jusqu’à 18 mois ! Et c’est là que le bât blesse, car Anchya Bamana, expulsée du parti Les Républicains, se présente aux prochaines élections sous la bannière de son nouveau parti “Maore Solidaire”, en binôme avec Adams Ridjali. Or, dans son fief, son principal adversaire, le député Les Républicains Mansour Kamardine, qui vise jusqu’à la présidence du département, se lèche déjà les babines… À noter que la décision du tribunal administratif ne privera pas de facto une potentielle candidature d’Anchya Bamana, qui dispose d’un mois et demi pour faire appel. Mais elle risque fort de peser dans les débats.

C’est donc une audience bien politique qui avait lieu hier dans la petite salle d’audience. Vêtu de sa robe noire, l’avocat de Mme Bamana s’est présenté à la barre. Une salutation au président, présent sur place, et au rapporteur public, lui en visioconférence, et il a entamé son plaidoyer sans s’attarder davantage sur cette configuration exceptionnelle, crise sanitaire oblige. Comment défendre l’ex-maire de Sada, accusée d’avoir rendu ses comptes de campagne hors délai, le 30 septembre 2020 ? Mme Bamana, qui travaille à l’ARS en parallèle de sa carrière politique, aurait été débordée par la situation sanitaire et aurait donc pris du retard dans ses comptes, fait-il valoir.

 

La crise sanitaire dans le viseur

 

Mayotte était en zone rouge pendant des semaines”, entame son conseil. L’homme insiste : la situation était “compliquée” et l’accusée “assume totalement” son erreur quant au délai. Toutefois, elle demande une vague d’indulgence de la part du tribunal, face aux difficultés mentionnées. Pire encore, Mme Bamana, avant d’être complètement dans le jus, avait engagé un mandataire financier, qui n’aurait pas correctement fait son travail ! L’élue a donc dû s’en occuper seule en catastrophe, rassemblant les différentes factures pour préparer ses comptes. “C’est la première fois que ma cliente avait des comptes de campagne à faire !”, s’exclame l’avocat, qui tente par tous les moyens d’amadouer l’assistance. Si des difficultés supplémentaires sont évoquées, comme l’incompétence, selon la robe noire, du mandataire financier, sa défense est avant tout basée sur la gestion de la crise sanitaire.

 

Des anomalies dans les comptes

 

Problème : certaines anomalies ont aussi été relevées par la commission. L’avocat persiste et signe : Mme Bamana s’est retrouvée seule pour établir ses comptes de campagne, pour la première fois. Erreurs de débutante, plaide-t-il. Sans compter le stress de cette période de crise. Ces étourderies peuvent toutefois induire un remboursement partiel des dépenses de campagne, reconnaît l’avocat.

L’affaire est mise en délibérée et il n’y a plus qu’à attendre la décision du tribunal, qui devrait être rendue d’ici la fin de semaine. L’avocat saute sur l’occasion pour défendre sa cliente une dernière fois. “Vous voyez cette crise sanitaire nous empêche même de faire des audiences classiques !”, adresse-t-il au président, en faisant référence au rapporteur public présent derrière un écran. Une manière de soutenir une nouvelle fois que si les comptes de campagne ont eu du retard, ce n’est que la faute du virus… Nous qui croyions qu’il s’attaquait aux bronches !

Journée des partenaires avec Nayma, la nouvelle association environnementale dans le paysage de Mayotte

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La jeune association Nayma, créée en août 2020, a convié mardi 25 mai, l’ensemble de ses partenaires. L’organisation pour la préservation de l’environnement a présenté ses différents pôles d’action et leur mise en place dans les mois et semaines à venir.

Nayma s’inscrit dans un élan, une prise de conscience qui nous met aujourd’hui face à nos responsabilités. Nous devons agir vis-à-vis de cette île. Nayma va nettoyer les rivières, Nayma va nettoyer la mangrove, Nayma va nettoyer les fonds marins, afin de préserver le cycle de l’eau et la richesse rare de notre lagon”, scande la présidente de l’association Hanima Ibrahima, fière de voir aujourd’hui son projet se concrétiser après une première semaine d’actions de nettoyage dans la mangrove de Majimbini.

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“Créer, former, insérer”

Nayma prévoit de concentrer ses activités autour de quatre pôles. La coopération régionale, la solidarité, la formation et enfin l’insertion et l’environnement qui est le premier à voir le jour. Emmanuelle Martin, vice-présidente de Nayma en charge de l’insertion et de l’environnement rappelle le contexte dans lequel est née l’association. “Nous sommes partis d’un constat social et économique. Sur un territoire où l’on observe des taux de pauvreté et de chômage records mais aussi un très grand nombre de jeunes de moins de 25 ans, nous bénéficions aussi d’un environnement remarquable, avec l’un des hotspots de la biodiversité Française, de nombreuses espèces endémiques de Mayotte et un rôle crucial des rivières et des mangroves. Malheureusement cet environnement est fortement menacé par la pollution directe des milieux naturels.” Afin de répondre à ces différents enjeux du territoire mahorais, Nayma prévoit de créer 250 emplois d’ici à la fin de l’année. Parmi eux, 204 contrats d’insertion et 46 salariés permanents. À l’heure actuelle l’association a déjà recruté 72 personnes chargées d’assurer les missions de nettoyage des milieux aquatiques de l’île.

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“Un engagement concret pour Mayotte”

La pollution exerce une forte pression sur le territoire et l’environnement à Mayotte. Les dernières épidémies de dengue et de leptospirose constituent un signal d’alerte quant aux conditions sanitaires sur l’île. Grâce à ses équipes, Nayma entend bien lutter contre la prolifération des déchets sur l’île et sensibiliser la population aux risques sanitaires liés à l’accumulation de ces détritus. “L’objectif, c’est que demain les personnes qui sortiront de nos chantiers d’insertion aient appris les valeurs du monde du travail. Nous voulons accompagner des personnes motivées, régulières et productives. Montrer que la protection de l’environnement paye et leur offrir un emploi durable”, souligne la vice-présidente.

“Je suis fier de mon travail”

Cette volonté de faire évoluer les mentalités à Mayotte, Mradabi Mahamoud, nouvelle recrue au sein des équipes de Nayma en fait l’expérience chaque jour. “Je me sens responsable pour ma santé et celle des autres. Je suis heureux de pouvoir agir pour l’environnement, pour préserver toutes nos richesses”, témoigne cet ancien agent de tri. Et d’ajouter : “La mangrove c’est notre santé. Les déchets finissent dans l’eau puis dans les poissons et au final nous nous empoisonnons nous-mêmes en jetant nos poubelles n’importe où. Je suis fier de mon travail. Si nous ne donnons pas l’exemple, comment allons-nous éduquer nos enfants ? Mais aussi, comment allons-nous développer notre île si personne ne veut s’y rendre à cause de la saleté ? J’aimerais que tous les Mahorais prennent conscience de cela et qu’ensemble, nous puissions faire changer les choses” conclue-t-il. Heureux de pouvoir protéger à son échelle le havre des palétuviers, qu’il affectionne tant.

Loi Mayotte : Titre de séjour au mérite, régularisation; la place des étrangers s’invite au dernier round pour la loi programme

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Vendredi, le préfet Jean-François Colombet a animé l’ultime forum institutionnel dédié à la loi spécifique au département annoncée par le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu. Le 1er juin, les plus de 230 propositions formulées doivent atterrir sur son bureau pour une première mouture attendue au mois de juillet. Lors de cette dernière consultation, les responsables présents ont tenté d’apporter leur dernière touche, sur l’égalité en matière de droits sociaux, mais aussi sur la place de la culture et les freins à l’insertion des étrangers.

Ambiance intimiste pour le dernier rendez-vous de la loi Mayotte, qui signe la fin d’une consultation de près de trois semaines des “forces vives” du territoire. Une cinquantaine de participants ont répondu présents à la mairie de Koungou, pour ce forum institutionnel axé sur le thème de l’égalité en matière de droits sociaux. Mais comme poussés par la fièvre de la dernière chance, les citoyens, administrateurs de collectivité ou représentants de la voix politique réunis ce vendredi ont brassé large pour tenter d’apporter une touche finale aux quelque 230 propositions qui doivent atterrir sur le bureau du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu le 1er juin. Prochaine étape au mois de juillet, où le locataire de la rue Oudinot viendra peut-être sur l’île aux parfums pour présenter le projet de loi ficelé, avant son passage en conseil des ministres. “Tout le monde sait que la loi ne sera pas adoptée avant la fin du mandat, mais ce qui est important, c’est que le projet soit approuvé pour que les Mahorais aient un moyen de faire pression, même s’il y a un changement de majorité”, a martelé le préfet Jean-François Colombet.

 

230 propositions, 1.000 participants

 

Alignement des minima sociaux, relèvement du plafond de la sécurité sociale, mais aussi titres de séjour des étrangers, accès au logement, valorisation de la culture, statut des intermittents, prise en charge du handicap et même l’inévitable question de l’insécurité sont revenus sur la table des débats, dépassant souvent le thème fixé par l’ordre du jour. Peu importe. “Tout sera remonté, nous allons être fidèles à notre engagement”, a réitéré le délégué du gouvernement, qui a salué la participation des Mahorais à cette grande consultation. “Ces échanges ont été très intéressants, depuis le 6 mai, nous avons entendu des choses très pertinentes”, a-t-il souligné en guise de conclusion. Bilan préliminaire : le travail préparatoire pour cette loi programme aura permis de faire le tour de 13 communes, avec seize forums et événements distincts, pour un total de 1.000 participants.

 

L’égalité en matière de droits sociaux pour le dernier forum

 

Pour rappel, cette consultation annoncée par Sébastien Lecornu le 31 mars dernier à l’occasion des dix ans de la départementalisation, devait s’articuler autour de cinq thèmes : l’égalité en matière de droits sociaux ; le renforcement de l’État régalien afin de faire face aux enjeux sécuritaires, migratoires et de sécurité civile ; l’accélération du développement de Mayotte ; le renforcement du Conseil départemental ; la jeunesse et l’insertion. Et si c’est le dernier qui aura davantage fait travailler les méninges, avec plus de 80 propositions reçues, c’est le premier axe qui devait clore les débats ce vendredi.

Un enjeu tout aussi crucial pour Mayotte, comme l’ont exposé la commissaire à la vie des entreprises et au développement productif (CVEDP) Marjorie Paquet, ex-directrice de la DIECCTE (direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), et la directrice de la CSSM (Caisse de sécurité sociale de Mayotte), Ymane Alihamidi-Chanfi. Malgré l’entrée en vigueur du code du travail de droit commun depuis 2018, le montant du SMIC à Mayotte reste inférieur à celui de l’Hexagone ou des autres Outre-mer, a rappelé la commissaire. Et “il n’y aura d’égalité en matière de droits sociaux que quand le code de la sécurité sociale s’appliquera à Mayotte”, a souligné pour sa part la patronne de la CSSM.

“Il faut aussi soutenir des valeurs”

Mais très vite, les échanges ont dépassé le cadre initial de ce forum. Les titres de séjour trop restrictifs accordés dans le 101ème département se sont ainsi invités à cette dernière consultation. “Quelqu’un qui a un titre d’un an ne bénéficie pas des aides au logement, alors qu’en métropole, il suffit d’un an. Ces titres de séjour temporaires ne permettent pas aux gens de partir mais pas non plus de bénéficier des droits… Et on bloque les gens, ici à Mayotte”, a par exemple déploré un éducateur sportif et chargé d’insertion et d’emploi à la municipalité de Koungou. “On a besoin que ces personnes puissent accéder à des titres de 10 ans pour pouvoir évoluer dans le parc social”, a abondé une autre administratrice de l’intercommunalité du nord.

Et plus largement, c’est la place des étrangers à Mayotte, source de crispations quotidiennes, qui a alimenté les échanges. “Il faut aussi soutenir des valeurs. À Mayotte, les étrangers ne sont pas suffisamment protégés. On parle beaucoup d’immigration clandestine mais il est urgent de poser les bases : si Mayotte se développe, Mayotte attire autour de soi et les populations qui viennent chez nous ont le droit à une protection, tout cela contribue à la cohésion sociale et à la paix”, a-t-on pu entendre, de même qu’une proposition pour régulariser massivement certains étrangers en situation irrégulière sur le territoire depuis des dizaines d’années. “Je ne pense pas qu’on soit à la veille d’une régularisation massive, je vous le dis franchement”, a rétorqué le préfet Jean-François Colombet en mentionnant entre autres les 150 visas bricolés chaque année par la préfecture pour des jeunes étrangers afin de leur permettre de poursuivre leurs études. Et de rappeler une proposition déjà formulée pendant les deux semaines passées : celle d’un titre de séjour au mérite pour les étrangers qui n’ont, en substance, “pas fait de vagues”. Prêt à distribuer les bons points !

À Bouéni, le SOS des habitantes de Mavadzani

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La mairie de Bouéni a été brièvement bloquée vendredi par des habitantes de Mavadzani, un quartier de Hagnoundrou particulièrement précaire et enclavé. Une rencontre a été organisée dans l’urgence avec le maire de la commune qui promet son implication dans le dossier.

« Pendant les campagnes on connait Mavadzani, une fois au pouvoir Mavadzani est oublié« . Sur le parvis de la mairie de Bouéni, un groupe de cinq femmes affiche sa colère. En cette dernière matinée avant le weekend prolongé, les manifestantes préviennent les usagers. « Aujourd’hui la mairie est fermée« , assurent-elles dès 8h. « Nous sommes venues rencontrer M. le Maire qui n’était apparemment pas disponible. Nous avons donc décidé de bloquer la mairie car nous sommes fatiguées d’attendre« , justifie une manifestante. Au cœur de leur indignation : la situation préoccupante de leur quartier de Mavadzani. Un territoire particulièrement isolé et vulnérable aux aléas.

 

Des maux cumulés

 

A l’image de nombreux territoires mahorais en souffrance, les maux de Mavadzani reposent sur trois problématiques : « l’eau, la route, et les poteaux électriques », résume une habitante. « Les canalisations installées il y a quelques années ne fonctionnent pas. Les tranchées n’ont pas été bouchées. On peut tomber dedans !« , introduit-elle. Creusées par la pluie, les éboulements et l’érosion, ces installations constituent en effet des cavités dangereuses pour les enfants et personnes âgées. Conséquence de ces infrastructures défaillantes : « Nous sommes une vingtaine sans compteur d’eau. On doit faire du bricolage avec des voisins pour raccorder nos habitations« , déplore une manifestante.

Également érodés par les éléments : Les poteaux électriques. Une source d’inquiétude particulièrement vive chez les familles exposées à la menace d’une chute. « La base sur laquelle reposent les poteaux est rongée. C’est particulièrement visible pour deux installations qui risquent de tomber sur les habitations« , s’inquiètent les habitantes.

Si tous les foyers du quartier ne sont pas exposés aux mêmes enjeux, chacun se réunit autour d’une revendication commune : l’accessibilité. Laura, une professionnelle de santé de 31 ans résume le problème : « Il faut traverser une rivière pour accéder au quartier. C’est impossible par temps de pluie. Un jeune homme a récemment été emporté par le courant avant d’être sauvé. On ne doit pas passer par de tels risques pour rentrer chez nous« .

Dans ce petit territoire construit en pente, la route principale devient également un torrent de boue en saison des pluies. Ce danger conduit certaines familles à l’isolement. « Un enfant en situation de handicap habite sur les hauteurs. Il n’est quasiment jamais sorti du quartier car nous sommes obligés de le porter pour descendre« . Une fois la tempête passée, c’est aux habitants de mettre la main au portefeuille : « Nous avons plusieurs fois financé un tracteur pour aplanir la route. Cela coûte entre 300€ et 400€ à chaque fois« .

 

Le maire monte au créneau

 

Rares sont les employés municipaux qui ont opposé une résistance : « Nous sommes rentrés dans chaque bureau pour demander aux agents de quitter la mairie. À l’exception d’un employé, tous ont accepté« , rembobine une manifestante. Le but : faire réagir le maire de la commune, Mouslim Abdourahaman. « Ils nous avait promis dès sa campagne de 2016 que les choses allaient changer. Aujourd’hui nous en sommes au même point« , déplore une administrée particulièrement remontée. Après plusieurs heures d’attente sous la surveillance d’un véhicule d’un gendarmerie, l’assemblée est enfin rejointe par l’homme fort de Bouéni.

« J’ai dû avoir une cinquantaine de coups de fils en moins de deux heures !« . Débarqué en vitesse pour apaiser la situation, Mouslim Abdourahaman s’est dépêché d’interrompre son footing matinal sans passer par la case vestiaire. Une séance de débat est ainsi improvisée dans la mairie fraîchement rouverte. Face à l’édile en survêtement et quelques membres de son équipe municipale, les mères de famille ne décolèrent pas. Pas de quoi décontenancer Mouslim Abdourahaman qui avance tant bien que mal sa vision des choses. « J’ai une vision globale de ce quartier concernant les trois problématiques qui sont évoquées« , avance-t-il. “J’ai introduit il y a trois ans un dossier RHI (Résorption de l’Habitat Insalubre), un dispositif d’État qui nous permet d’affronter ces enjeux. Dans la mesure ou n’avons pas la maîtrise foncière, nous avons diligenté l’EPFAM (Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte) pour organiser les négociations avec les habitants et les élus. Nous avons également déposé un dossier il y a trois ou quatre mois auprès du Conseil départemental pour aménager la route. Malheureusement, ce dossier n’a pas été retenu.

Une heure de négociation plus tard, les deux parties se quittent avec l’objectif de se revoir mardi. « Je vais personnellement me déplacer mardi pour échanger avec les élus locaux et les propriétaires des terrains concernés. À l’appui des conventions signées, nous pourrons renforcer notre demande de subventions et le dossier RHI« , se réjouit le maire de la commune. Un optimisme plus nuancé côté manifestantes : « Nous avons entendu beaucoup de promesses. Trop de temps a déjà été perdu. Même si nous nous réjouissons de cet échange, nous attendons de voir ce que tout cela va donner« .

Habitants, élus, institutions et propriétaires fonciers doivent désormais trouver un terrain d’entente pour sauver leur quartier. Une opération complexifiée par la présence d’une opposante politique au sein des propriétaires concernés. Dans les travaux d’infrastructures comme dans les liens sociaux, l’enjeu est plus que jamais de partir sur de nouvelles bases. Plus solides.

Daniel Zaïdani, en totale rupture avec la politique de l’actuel exécutif

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Ancien président du Département, actuellement conseiller départemental du canton de Pamandzi, Daniel Zaïdani brigue un nouveau mandat au sein du conseil départemental. Membres du parti du mouvement MDM progressiste, le candidat et son binôme Soihirat El Hadad, se positionnent en totale rupture avec l’actuelle majorité. Très critique envers le bilan de ces six dernières années, Daniel Zaïdani prévoit une toute autre stratégie pour le développement de Mayotte.

Flash Infos : Pour quelles raisons avez-vous déposé votre candidature pour ces élections départementales ?

Daniel Zaïdani : J’ai milité l’année dernière pour apporter le changement à Pamandzi. Après 12 ans de continuité municipale dans ma commune, qui n’ont pas apporté grand-chose, nous avons enfin réussi à opérer un changement municipal. Les mêmes qui ont perdu les élections municipales se sont empressés de supporter la commune adverse (Dzaoudzi-Labattoir) et faire en sorte que Pamandzi se trouve en minorité dans l’intercommunalité. La motivation de l’opposition de Pamandzi est de nuire au bon fonctionnement de la mairie de Pamandzi et donc au bien-être des Pamandziens. Aujourd’hui, ces mêmes personnes prétendent vouloir aller au conseil départemental, et ce qui est certain c’est qu’ils n’y vont pas dans la perspective de travailler avec la commune. Il me paraît donc pertinent et important de mettre à profit mon expérience du conseil départemental au bénéfice de la commune de Pamandzi. Si je me présente, c’est parce que j’ai réuni les conditions nécessaires pour qu’il n’y ait qu’une seule candidature MDM à Pamandzi. Nous avons fait en sorte avec mon binôme que notre candidature soit portée par l’équipe municipale de Pamandzi. Nous estimons avoir réuni les conditions du rassemblement et des soutiens indispensables pour amener une candidature parfaitement crédible dans le cadre des départementales.

FI : Vous étiez président du Département entre 2011 et 2015, est-ce que vous visez une nouvelle fois la présidence du Département ?

D. Z. : Ce qui m’intéresse aujourd’hui est de me positionner en rupture avec la continuité actuelle. J’estime que le bilan global de l’exécutif n’est pas satisfaisant. Mais ma priorité n’est pas la présidence. Si certains estiment que le plus important c’est d’être le président du Département pour agir c’est bien triste. Parce qu’il y aura 26 élus, et un seul sera président. Et si l’élu qui n’est pas président estime qu’il ne pourra pas agir ni parler, où allons-nous ? En étant dans l’opposition ces six dernières années, j’ai mené une opposition constructive et combattante. Je suis intervenu dans tous les sujets qui ont été abordés à Mayotte. Je n’ai jamais attendu d’être président ou dans la majorité pour agir. Ma priorité c’est de constituer une majorité alternative à l’exécutif actuel parce que le bilan n’est pas bon, il faut le dire. Aujourd’hui, on veut mettre la charrue avant les bœufs : certains oublient qu’on ne peut pas parler de présidence tant qu’on n’a pas de majorité. Et avec plus de 70 candidats, on ne peut pas imaginer de majorité pour l’instant.
Maintenant est-ce que j’ai les qualités requises pour être président du Département ? Je l’ai été pendant quatre ans, et après les six années qui viennent de s’écouler, je n’ai pas à rougir. Si demain, on me demande dans la majorité d’être celui qui va rassembler tout le monde et d’être président du Département, je ne me défilerai pas. Et il est évident que je serai un meilleur président qu’en 2011, parce que j’ai plus d’expérience, j’ai gagné en compréhension des différentes problématiques du territoire.

FI : Qu’est ce qui peut faire croire aux électeurs que vous allez faire mieux que l’actuel exécutif ?

D. Z. : Il ne peut pas avoir de doute. Je dis toujours ce que je pense. On peut ne pas être d’accord avec moi mais au moins ma vision des choses est claire. C’est ma qualité. Le défaut de l’exécutif actuel, c’est qu’il tergiverse. On l’a vu sur le port de Longoni où ils ne font rien pour améliorer la situation de travail au port et ne font que des procès à Mme Nel. Ils disent qu’ils veulent un marché de transports solaires mais ils ne font que des avenants qui mènent à la catastrophe. Ils veulent désengorger les routes mais ne font rien pour. Et à la fin du mandat, ils nous parlent de train bleu qui ne verra le jour que dans 25 ans. Si c’est ça la continuité, je n’en veux pas. Les Mahorais devraient me faire confiance parce que je suis un élu qui prend des décisions quand bien même il sait qu’elles ne feront pas plaisir à tout le monde. Parce qu’être élu c’est savoir décider.

FI : Quelles sont les mesures phares qu’on peut retrouver dans votre programme ?

D. Z. : Nous voulons un conseil départemental qui soit ambitieux. Nous devons réunir les élus de Mayotte dans le cadre de la loi Notre : les maires, les conseillers départementaux, les parlementaires et nous pourrons à ce moment-là définir une orientation politique. Pendant six ans, nous avons parlé de toilettage, de réforme territoriale. Beaucoup de bruit pour finalement accoucher d’une souris. Et pourquoi ? Car une fois encore, nous ne prenons pas de décision. Nous devons être à l’initiative de notre propre loi programme. Le conseil départemental doit s’accaparer de ce projet, organiser les débats, en faisant appel à un cabinet juridique et différents experts. Cette loi programme aura été vue et travaillée par tous les élus de Mayotte, ce sera véritablement une loi pour Mayotte faite par les Mahorais, pour ensuite être transmise au gouvernement.
En termes de politique générale, le sujet qui met tout le monde d’accord, c’est le Jeu des îles. Le conseil départemental a formulé son souhait d’organiser les Jeux depuis 2018 mais rien n’a été fait en ce sens pour y arriver. Si nous voulons le faire, nous devons avoir la capacité d’hébergement pour accueillir un millier de personnes. Aujourd’hui, même en réunissant tous les hébergements de l’île nous n’arrivons même pas à 700. 2027 me paraît irréaliste, mais c’est raisonnable de penser que nous pourrions y parvenir en 2031. Et nous devons mettre les moyens dans la construction d’un site d’hébergement. Le conseil départemental doit construire une cité universitaire à Dembeni pour le centre universitaire de Mayotte. C’est-à-dire 10 bâtiments avec 100 chambres. 100 millions d’euros permettraient de construire ces bâtiments. Si nous sommes accompagnés par l’État tant mieux, si nous ne le sommes pas, nous devons quand même le faire, parce que presque tous les étudiants qui vont à l’université passent par les bus scolaires et c’est donc le Département qui paye. Ces bâtiments scolaires peuvent être utilisés de septembre à juin pour les étudiants et de juillet à septembre ils pourraient être libres pour loger l’ensemble des délégations sportives et journalistiques qui seront à Mayotte dans le cadre des Jeux des îles. Cela serait plus utile d’utiliser l’argent du Département dans cette cité universitaire au lieu d’avoir 57 millions d’euros qui dorment. L’exécutif actuel considère que c’est très bien d’avoir 57 millions d’euros qui ne servent à rien, peut-être qu’à Mayotte, il n’y a plus grand chose à faire… Mais pour ma part, je considère que l’argent ne doit pas dormir, il doit être utilisé pour le territoire.

FI : Le Département consacre la plus grosse enveloppe de son budget au social, allez-vous continuer sur cette lancée ?

D. Z. : Je ne suis pas favorable à la politique du billet brûlé. Un euro dépensé doit être fait pour Mayotte. Je suis profondément départementaliste et ma première priorité est de m’occuper des personnes qui ont lutté pour que Mayotte soit un département c’est-à-dire les personnes âgées qui méritent notre attention. Il n’y a eu aucune revalorisation des allocations vieillesse de la part du conseil départemental, ce que j’estime totalement inacceptable. En revanche, il y a eu plus de 80 millions d’euros dépensés en faveur des mineurs isolés à travers des associations. Et nous ne comprenons pas trop ce qu’elles font… Depuis ces six ans, il n’y a jamais eu autant de violence à Mayotte impliquant des mineurs isolés. Le conseil départemental doit réclamer de manière inconditionnelle la solidarité nationale. La loi Taubira permet d’envoyer les mineurs isolés dans les départements qui ont la capacité d’accueil. Chose que nous n’avons pas. Nous n’avons pas de place dans les écoles, ni à l’hôpital ni de logement pour eux. Certains vont parler d’appel d’air. Mais cela fait longtemps que l’appel d’air souffle en direction de Mayotte !

Bivouac à Saziley et sensibilisation à l’environnement avec les jeunes de M’tsamoudou

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Pour le deuxième événement du projet « asso-ambassadrices du lagon« , la Fédération Mahoraise des Association Environnementales (FMAE) et l’Association Villageoise de M’tsamoudou (ASVM) avaient réuni samedi 22 mai les élèves bénévoles de M’tsamoudou pour une action de nettoyage et une nuit de bivouac à Saziley.

L’objectif de ce programme consiste à sensibiliser les jeunes mahorais aux enjeux environnementaux de leur île. Au total, dans le cadre du projet d’ambassadeurs du lagon soixante actions de préservation de l’environnement doivent être menées au cours de l’année. Chaque association membre organise dix activités. Parmi celles-ci, nettoyage des espaces naturels, reboisement, sensibilisation à la biodiversité ou encore bivouac. A terme, tous espèrent que les jeunes sensibilisés aujourd’hui aux problématiques environnementales deviendront les acteurs de demain dans la lutte pour la préservation de la biodiversité.

 

Une cohésion entre acteurs associatifs et institutionnels

 

Nous portons avec le Parc Marin de Mayotte un programme pour améliorer la qualité de l’eau. Le projet d’ambassadeur du lagon rentre alors dans le cadre de notre programme et permet de lutter pour la préservation des ressources naturelles de l’île. Aujourd’hui le tissu associatif est en train de se mettre en place. Je pense que c’est ce qui sauvera Mayotte et impulsera une prise de conscience de la société mahoraise”, témoigne le directeur du Parc Marin, Christophe Fontfreyde, présent lors de l’événement. En attendant la venue des tortues sur la plage de Saziley, le directeur du Parc Marin a également pu rencontrer les six volontaires services civiques des associations partenaires du projet et discuter avec eux des actions mises en œuvre sur le terrain.

 

Convivialité et pédagogie

 

Après un repas au coin du feu, les enfants ont pu découvrir le travail des membres de l’ASVM. “Nous organisons des sorties de surveillance des plages trois à quatre fois par semaine pour lutter contre le braconnage des tortues”, affirme Ali Mohamed, président de l’ASVM. “Les tortues vertes et les tortues imbriquées viennent pondre trois à quatre fois par an sur notre île. Nous avons cette chance incroyable, il ne faut pas la perdre. Si on continue ainsi, les générations futures ne connaîtront jamais les tortues. Il faut qu’on se mobilise, qu’on protège cette richesse” , insiste le président de l’association, conteur d’un soir pour les jeunes de M’tsamoudou.

Première Fête de l’Eau Libre à Sakouli

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Dimanche 23 mai avait lieu la première course de nage en eau libre de Mayotte. 110 participants étaient réunis pour 2,4 km de course avec ou sans palmes.

9h. Rassemblement des concurrents sur le sable noir de la plage de Sakouli. Attribution des numéros de dossards et dernières consignes de sécurité. Il est 10h45 et les nageurs sont fin prêts. Un quart d’heure plus tard, c’est parti ! Les premiers concurrents prennent le départ, suivis cinq minutes plus tard par les nageurs en palmes, masque et tuba. Le défi du jour ? Réaliser 1,2 km de natation puis 10 m de course sur la plage avant de replonger pour 1,2 km dans les eaux du lagon.

L’Escape Bandrélé constitue une première à Mayotte. Jamais auparavant un événement de la sorte ne s’était tenu sur l’île aux parfums. Connu pour ses trois traversées de la Manche à la nage, le nageur de l’extrême Philippe Fort, l’organisateur de cette compétition inédite, espère bien, par le biais d’événements comme celui-ci mais aussi par les cours de natation qu’il donne aux petits et aux grands nageurs de l’île, démocratiser sa discipline à Mayotte. “Notre club de natation Phil Ô Libre Entraînement a été créé en janvier à Sakouli. Nous proposons des entraînements tous les samedis et je dispense également des cours de natation dans les collèges et écoles de l’île. L’objectif est de permettre aux Mahorais d’oublier leur appréhension du milieu aquatique. Ici, beaucoup d’enfants ont peur d’aller dans l’eau à cause de légendes qui diabolisent la mer. Grâce aux cours de natation, une fois leur peur surmontée, ils sont ravis d’aller à l’eau”, expose le maître nageur.

 

Comme des poissons dans l’eau

 

Pour assurer la sécurité des participants, le parcours balisé par deux bouées était également surveillé par 11 kayaks et deux jetski qui dirigeaient et encadraient les nageurs. Les concurrents ont relié les 2,4 km du parcours en 38 min pour le nageur le plus rapide et 1h41 min pour le doyen de l’événement, accueilli sous un tonnerre d’applaudissements. L’autre résultat, à couper le souffle : celui du meilleur temps réalisé par une femme. Juliette Counil a bouclé le parcours en à peine 41,50 min, à seulement 15 ans !

Et les autres participants qui ont terminé la course n’étaient pas en reste : tous ont été récompensés par une médaille et une collation bien méritée. Pour l’heure, il ne reste plus aux organisateurs et aux participants qu’à se préparer pour la prochaine course en eau libre prévue en octobre prochain. Alors si vous voulez tenter l’expérience, une seule chose à faire : attraper son maillot et se jeter à l’eau !

Un plateau sportif haut en couleurs pour Bouéni

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Le nouveau plateau polyvalent de Bouéni a été inauguré ce weekend en présence du préfet et de nombreux élus. Un événement historique pour la commune comme pour le village, qui a rassemblé sa jeunesse autour de compétitions sportives jusqu’à la tombée du jour.

Réputé pour son calme, le petit village de Bouéni était en ébullition ce samedi. Au cœur de l’excitation : l’inauguration de son nouveau plateau polyvalent. Vaste, équipé et haut en couleurs, l’édifice a suscité la joie des habitants qui ont accouru assister à l’événement. Lequel a rassemblé un gotha d’hommes forts de l’île tels que le préfet Jean-François Colombet, le président de l’association des maires Madi Madi Souf, le sénateur Thani Mohamed Soilihi et le président du Conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani. Absent à l’événement, le recteur Gilles Halbout était représenté par son chef de cabinet Anli Bedja.

 

Une fierté pour la commune

 

Pour le maire de Bouéni Mouslim Abdourahaman, les deux années d’attente nécessaires à la concrétisation du projet sont récompensées. « Après avoir passé tant de temps à évoluer sur un terrain en sale état durant ma jeunesse, je peux dire que je suis plus qu’ému aujourd’hui« , assure celui que l’on surnomme localement « tchenga » (feinte de corps : NDLR) en raison de son passé de sportif. « Je ne peux malheureusement plus m’investir dans le sport comme avant, mais mes enfants prendront la relève« , promet-il. À voir la jeunesse de sa commune taper la balle sur le terrain flambant neuf, force est de constater que la concurrence s’annonce déjà rude.

1.300.000 € ont été déboursés, majoritairement par le Conseil départemental et le CNDS (Centre national pour le développement du sport), afin de rénover cette infrastructure. Objectif : créer un espace d’expression pour les athlètes locaux tout en permettant l’organisation d’événements d’envergure. Volley, handball, football, tennis, basket… La plupart des compétitions sont représentées. Un moyen de renforcer la « cohésion intercommunale« , au sein d’un territoire qui tient à conserver sa qualité de vie. « Ce qui se passe aujourd’hui s’inscrit dans une longue dynamique de paix. Nous étions encore préoccupés par des conflits intervillageois il y a six ans. Aujourd’hui chacun accepte de jouer chez l’autre« , se réjouit Mouslim Abdourahaman.

 

En route vers la deuxième phase

 

Si le sentiment de réussite est lisible sur le visage des élus, la route est encore longue pour revendiquer une victoire totale. Désormais, la population comme les pouvoirs publics sont tournées vers la phase 2 du projet : le couvrement du stade. Ce travail colossal permettra au terrain de concourir au sein des plus belles compétitions. Coût de l’opération : 1.500.000€. Un moyen de viser à terme l’organisation des Jeux des îles de l’océan Indien, en dépit des contraintes imposées par le contexte géopolitique.

En attendant sa concrétisation totale, le plateau polyvalent conserve sa capacité d’accueil pour le public et les joueurs. Son accès est réservé aux membres d’associations ou d’institutions conventionnées. Pour veiller à l’entretien et la sécurisation des équipements, un référent communal sera prochainement formé. D’ici là, le public est invité à découvrir sa qualité d’accueil et son potentiel le 19 juin au travers d’une finale de basket.

Une reprise des compétitions sportives tant attendue à Mayotte

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Après plus de trois mois sans poser un pied sur les terrains compte tenu de la situation sanitaire, les sportifs ont enfin pu retrouver la compétition. Un plaisir partagé par les joueurs, les arbitres et, bien sûr, le public.

Les sports collectifs ont pu retrouver leurs droits ce weekend. Les chiffres du covid étant en nette amélioration sur l’île, les compétitions, en pause depuis février, ont pu reprendre. En effet, peu après le déconfinement, le ramadan a commencé, une période pendant laquelle toutes les compétitions sportives mahoraises sont à l’arrêt. Pour les basketteurs, c’est le retour de l’adrénaline. « Les entraînements ont repris cette semaine et qu’est-ce que ça fait du bien », souffle Fayna*, meneuse à Pamandzi. Elle n’avait pas touché un ballon depuis février, alors qu’elle s’entraîne habituellement deux fois par semaine. Si la reprise était compliquée, elle est clairement appréciée par tous.

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Le public au rendez-vous

 

Les stades et terrains de basket à Mayotte sont plus que des lieux de pratique sportive. Ils sont des lieux de regroupement et d’amusement pour les habitants des quartiers. Avec la construction des plateaux couverts à Mtsapéré et à Kawéni, les équipes sont délocalisées. Certains jouent à Cavani et d’autres jusqu’à Passamainty. Les ambiances ne sont donc pas aussi intenses que si les équipes jouaient sur leurs terrains. Le même schéma se retrouve à Mgombani où un gymnase est en construction. Pour les volleyeurs, handballeurs et basketteurs, il faudra attendre la fin des constructions pour retrouver les sensations de jouer « à domicile ». Pour les footballeurs cependant, le public était au rendez-vous pendant ce long weekend. Les bords des stades étaient à nouveau bondés, le public ravi de retrouver leurs joueurs favoris.

 

Une organisation différente selon les villages

 

À Dembéni, faute de match prévu, un tournoi est rapidement organisé entre quelques équipes. « Ceux qui ont des t-shirts rouges, là, mettez-vous ensemble », lance l’un des « grands », vêtu lui de vert. Deux groupes se retrouvent rapidement au centre du terrain et un coup d’envoi fictif est sifflé. Jeu de jambes, passes et petits ponts sont rythmés par les rires des joueurs, heureux de retrouver des sensations. Quelques mots durs sont échangés, les esprits s’échauffent. Sur le bord du terrain, on rigole en attendant de pouvoir jouer. « Lui, de toute façon, il veut toujours se battre, on le connaît », s’esclaffe un passant, venu pour regarder. Il n’a pas pris ses chaussures aujourd’hui, n’étant pas sûr que les joueurs seraient au rendez-vous.

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À Mamoudzou, les joueurs de basket se retrouvent eux aussi sur les terrains. Si les premiers matches en retard devaient se jouer ce weekend, ils ont finalement été déplacés à samedi, ou dimanche prochain. Ayant déjà repris les entraînements pendant la semaine, ils tentent de retrouver un rythme. « Au moins on sait que ce sera dur pour tout le monde », dit un des joueurs en jetant son t-shirt sur son épaule et en soufflant, visiblement épuisé par la reprise.

Les joueurs sont tous d’accord sur un point, ce retour des compétitions leur fait un bien fou, au corps mais aussi au moral. « C’est déjà un vrai plaisir de jouer, vivement de retrouver l’adrénaline des matches samedi prochain », conclut Fayna.

L’Institut régional des travailleurs sociaux prend ses quartiers à Kawéni, une étape avant le plein exercice

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Créée en 2016, l’antenne locale qui doit former les futurs travailleurs sociaux de Mayotte a enfin inauguré ses propres locaux. De quoi accueillir des effectifs toujours plus nombreux, alors que le territoire est confronté à de multiples problématiques dans ce domaine.

Une salle informatique bientôt équipée de 19 postes, un coin bibliothèque où les étagères presque vides attendent de recevoir pas moins de 70.000 euros d’ouvrages, et plusieurs salles réparties sur deux étages, pouvant accueillir chacune 30 apprenants. Voilà en gros pour le tableau d’ensemble. Le nouveau nid douillet pour l’antenne locale de l’Institut régional du travail social a été inauguré ce jeudi, devant les représentants institutionnels, la vice-présidente du Département en charge de l’éducation, la formation, de l’insertion professionnelle Mariame Saïd, le recteur Gilles Halbout, le directeur de la DEETS (ex-DJSCS) Patrick Bonfils ou encore le secrétaire général de la préfecture Claude Vo-Dinh.

Après cinq ans, l’existence de l’IRTS de Mayotte a pris corps et est devenue une réalité”, souligne Jacqueline Pajaniandy, la présidente de l’ARFIS – OI, l’association de recherche et de formation en intervention sociale – océan Indien, qui assistait à l’événement en visioconférence. Il aura fallu quelque 500.000 euros pour aménager ce bâtiment de 400 mètres carrés à Kawéni, destiné à former les futurs travailleurs sociaux de Mayotte. “Ça a pris le temps, mais on est content d’être enfin là, d’avoir nos propres locaux, plutôt que le centre d’affaires, où c’était toujours la croix et la bannière pour avoir des salles”, souffle une responsable de formation, la mine réjouie.

 

100% d’insertion sur le marché de l’emploi à Mayotte

 

Cette inauguration marque en effet une étape clé dans le développement de l’IRTS de Mayotte. “Nous avons ouvert la première filière avec 20 étudiants. En cinq ans, nous sommes passés à six filières”, félicite Mariame Saïd, avant de rappeler l’investissement du conseil départemental. “Chaque année, nous mettons plus d’un million d’euros pour former ces étudiants au travail social, car nous savons ce qui se passe à Mayotte : nous avons besoin de travailleurs sociaux pour lutter contre la délinquance”, souligne l’élue et candidate, décidément présente sur tous les fronts cette semaine. 56 étudiants ont déjà obtenu leurs diplômes, avec 100% d’insertion sur le marché de l’emploi à Mayotte. “On me dit souvent, élue à l’insertion, oui mais elle insère qui ? Eh bien, voilà ma mission ! C’est accompli !”, scande encore la vice-présidente. La plupart des diplômés sont venus gonfler les rangs de l’aide social à l’enfance, au Département, ou encore de Mlézi Maoré, Solidarité Mayotte, ou les Apprentis d’Auteuil.

 

Direction le plein exercice ?

 

En France, chaque région dispose d’un IRTS, censé délivrer des certificats d’études ou des diplômes d’Etat après des formations initiales, continues ou en apprentissage, dans le champ du social, du médico-social ou du sanitaire. Tous les publics peuvent s’inscrire à ces cursus, demandeurs d’emploi, salariés, étudiants, ou encore stagiaires de la formation professionnelle. Mais à Mayotte, pourtant confrontée à d’innombrables défis sociaux, l’antenne locale créée en 2016 dépend encore et toujours de l’Institut de La Réunion. “À quand le plein exercice ?”, n’a pas manqué de relever Gilles Halbout. “C’est en cours”, assure Mariame Saïd.

Sensibiliser les plus jeunes à la cause des tortues à Mayotte, l’objectif de l’association Oulanga Na Nyamba

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Tortue verte ou imbriquée ? Mâle ou femelle ? Vous ne savez pas différencier les tortues ? Les élèves de l’école élémentaire de Labattoir 7 vont vous expliquer ! Depuis le mois de septembre, l’association Oulanga Na Nyamba réalise des ateliers de sensibilisation sur le thème de la tortue auprès des écoliers mahorais. Résultat, à tout juste dix ans, les enfants sont devenus de véritables ambassadeurs de l’animal marin.

Ma tortue préférée, c’est la tortue olivâtre ! Parce qu’elle est belle, elle a des écailles pointues”, glisse joyeusement Bennaseb, élève en école primaire à Dzaoudzi-Labattoir. Avant de participer à cet atelier, l’écolier confie qu’il ne s’intéressait pas aux tortues, mais aujourd’hui, son rêve serait d’en observer une vraie, en chair et en carapace. Animateur auprès des jeunes mahorais pour l’association Oulanga Na Nyamba, Hamidani Saindou réalise différents ateliers dans le but de sensibiliser la population à la préservation des tortues. “Les séances que nous organisons se déroulent durant les horaires de périscolaires. Avec les élèves d’écoles primaires, nous animons sept séances autour de la tortue, plus une sortie sur le terrain, afin de présenter aux enfants l’habitat naturel de cet animal protégé”, précise-t-il.

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“Tortue verte ou tortue imbriquée ?”

Au centre de la table, une tortue en résine. Synonyme du début de la séance. Première question : “Comment reconnaît-on la tortue verte et la tortue imbriquée ?”, les deux espèces de tortues qui viennent se reproduire à Mayotte. Après une brève réflexion, les enfants ont la réponse. « La tortue verte a deux écailles entre les yeux et la tortue imbriquée quatre”. Trop facile ! Mais pour la deuxième énigme, il va falloir se creuser davantage les méninges… “Pourquoi la tortue imbriquée a un bec crochu et la tortue verte un bec arrondi ?”, demande Hamidani Saindou. Après quelques tâtonnements, les écoliers décident de se lancer. “La tortue imbriquée se sert de son bec crochu pour casser le corail et les coquillages alors que la tortue verte utilise son bec arrondi pour se nourrir d’algues.” Par le biais de ces ateliers, les frimousses apprennent de manière ludique l’importance de la préservation des tortues.

 

Un peu d’Histoire, de biologie et de travaux manuels

 

Le saviez-vous ? Les premières tortues terrestres ont vécu il y a 230 millions d’années et une tortue faisait la taille d’un terrain de foot ! Ou encore, les ancêtres des tortues marines que l’on connaît aujourd’hui sont, quant à elles, apparues 100 millions d’années plus tard ! Autant d’informations qu’apprennent les enfants lors des interventions d’Oulanga Na Nyamba. Entre dessins, collages et quizs sur le thème des tortues, les petits mahorais semblent ravis d’en apprendre davantage sur le patrimoine naturel de leur île.

Mourchidi Imamou : « Je suis artiste peintre daltonien »

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Son amour pour la peinture,n’a d’égal que son amour pour son village natal : Sada. Son nom d’artiste « 640 » fait référence au code postal de la ville. Mourchidi Imamou est un artiste peintre amoureux de la nature. Ses tableaux dévoilent une facette de Mayotte qu’il aimerait faire découvrir au monde entier. Mais l’artiste souffre de daltonisme, et ses œuvres d’art sont parfois décalées.

mourchidi-imamou-artiste-peintre-daltonienLa passion de Mourchidi Imamou, plus connu sous le pseudonyme 640, trouve son origine en l’ilot de Sada. Enfant, la fenêtre de sa chambre donne pile poil sur le petit caillou. Les couchers de soleil qui s’enchaînent l’envoutent et le petit garçon peut rester de longues minutes à contempler le paysage qui s’offre à lui. « C’est l’ilot de Sada qui a fait de moi l’artiste peintre que je suis aujourd’hui », réaffirme Mourchidi. Sa mère lui offre alors un appareil photo jetable pour qu’il puisse immortaliser ce qu’il voit et le partager avec son entourage. À l’époque, il le trimbale partout avec fierté, pour montrer à qui veut bien sa perception de la beauté de la nature. Mais l’appareil photo finit par rendre l’âme… C’est alors que l’enfant s’initie au dessin. « J’ai toujours eu la main pour dessiner depuis la maternelle. Dès que j’avais un instant, je prenais un crayon pour dessiner ou colorier », raconte-t-il. Il commence à se familiariser avec la peinture au lycée en cours d’art plastique. À l’instant où son pinceau touche le papier, c’est le coup de foudre. L’adolescent qu’il était sait que la peinture sera son amour éternel. « Je me suis focalisé dans la peinture, car pour moi c’est la meilleure façon de jouer avec toutes les couleurs que nous offre la nature », explique l’artiste.

Pourtant, sa perception des couleurs est bien différente des autres, puisqu’il est atteint de daltonisme… « Eh oui je suis artiste peintre daltonien ! », avoue-t-il, avec sourire en coin. Il découvre sa différence grâce à sa femme. « C’est elle qui m’a fait réaliser que les couleurs que je voyais n’étaient pas celles que tout le monde voyaient. C’est à ce moment que j’ai compris que je ne maîtrisais pas vraiment les couleurs que j’ai toujours aimées. » Mais cette révélation n’arrête pas l’artiste, au contraire, Mourchidi Imamou en fait sa force. « Mes tableaux se démarquent des autres peintures. On aime ou on déteste, mais je prends le risque de me démarquer », assure-t-il. Ce qui le démarque justement est aussi son sens de la perfection qui peut lui faire défaut. Habitué à prendre en photo les paysages avant de les peindre, on a parfois du mal à faire la différence. « Ce n’est pas ce que je recherche, mais j’ai un côté perfectionniste. Quand je fais un tableau, je perds un temps fou à rajouter des détails », précise 640.

 

Mayotte, sa source d’inspiration

 

Si Mourchidi Imamou est capable de peindre tous types de paysages issus de différents pays, le 101ème département reste son terrain de jeu préféré. « Ce qui me motive le plus ? C’est de montrer la richesse que la nature nous a offert à Mayotte. On a le plus beau lagon du monde, certaines personnes ne le savent pas encore, alors je me suis dit que j’allais leur montrer », poursuit-il. En plus de revenir régulièrement à son premier amour, en l’occurrence Sada, l’artiste essaye de peindre des endroits improbables à Mayotte que peu de gens connaissent, sans oublier les plus connus à l’instar de l’ilot sable blanc. « Je veux que les gens voient la beauté de mon île. Cela peut contribuer à son développement, parce que les touristes peuvent acheter un tableau de Mayotte et le ramener avec eux. S’il est vu par d’autres, ça leur donnera envie de venir chez nous. » C’est la raison pour laquelle l’artiste souhaite absolument stimuler son art par tous les moyens.

« L’art n’est pas assez valorisé à Mayotte »

Aujourd’hui, le peintre gagne désormais sa vie grâce à ses tableaux. Toutefois, il déplore le fait que les artistes ne soient pas assez accompagnés sur le territoire. « L’art en général n’est pas assez valorisé. Pourtant, on devrait accepter que c’est une partie intégrante de notre culture », regrette Mourchidi Saindou. Il se bat pour donner à l’art la place qu’il mérite au sein de la société mahoraise. Cela commence par l’initiation aux enfants. Il intervient dans les écoles et les centres de loisir pour leur apprendre quelques techniques et transmettre sa passion. « Quand je peins, je suis dans un autre monde. La peinture est thérapeutique, ça ne peut que faire du bien aux enfants », ajoute-t-il. L’artiste souhaite donc aller plus loin et donner la possibilité à d’autres jeunes de pouvoir gagner de l’argent grâce à la peinture. « Je prendrai ces jeunes sous mon aile et surveillerai leur travail. Ils pourront ensuite vendre leurs tableaux à petits prix, mais ça sera un travail de qualité », explique le principal intéressé. Une stratégie qui évitera aussi de voir ces jeunes dans les rues. En attendant de finaliser son projet, Mourchidi Imamou alias 640 continue de peindre sa perception de la beauté qu’il n’hésite pas à partager sur ses réseaux sociaux.

Non renouvellement des contractuels : baliverne pour le recteur de Mayotte

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La fin de l’année scolaire approche, et avec elle, son lot de problèmes. Comme chaque année, les professeurs contractuels sont évalués, pour une reconduite ou pas de leurs contrats. Mais un intersyndical est monté au créneau dénonçant des pratiques visant à ne pas les renouveler. Des accusations réfutées par le recteur.

Un secret de polichinelle : dans le 101ème département, les professeurs contractuels sont majoritaires. « Ils représentent 57% du corps enseignant selon le rectorat, mais nous pensons qu’ils sont beaucoup plus », précise Yacouba Galledou, secrétaire générale de Sgen-CFDT Mayotte. Aux yeux des organisations syndicales, ils sont tout simplement devenus indispensables à l’Éducation nationale qui peine à embaucher des titulaires. Pourtant, selon l’intersyndical qui s’est créé sur l’île, certains contractuels vivraient des situations d’injustice. C’est la raison pour laquelle il a sollicité le recteur, Gilles Halbout, pour une réunion qui aura lieu le 27 mai. « Nous constatons que les conseillers pédagogiques et certains inspecteurs outrepassent leur rôle d’accompagnateur. Ils [leur] mettent beaucoup de pression. Ils essayent de briser nos collègues, c’est à la limite du mépris alors qu’ils doivent les accompagner », dénonce encore Yacouba Galledou.

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Et l’année 2020-2021 serait particulièrement difficile pour les enseignants contractuels. « Nous avons observé un nouveau phénomène, nos collègues contractuels qui travaillent dans l’enseignement depuis quatre ou cinq ans ne sont pas renouvelés. Les conseillers pédagogiques qui les ont suivis depuis toutes ces années leur disent soudainement qu’ils ne sont pas bons pour ne pas renouveler leurs contrats », accuse le représentant de l’intersyndical. Car au bout de cinq ans de contrat en tant que contractuel, la sixième année est synonyme de contrat à durée indéterminée pour l’enseignant ! À condition d’être bien évalué par l’inspecteur.

Ce sentiment d’injustice s’accompagne à celui de l’abandon. Les contractuels sont des enseignants non formés avant leur prise de fonction. De ce fait, ils doivent passer une série de formations qui les préparent au métier. Et se voient encadrer par un tuteur pour les accompagner. « C’est comme cela que ça passe partout en France, sauf à Mayotte où nous [les] faisons travailler par manque de tuteurs et d’inspecteurs. Et la crise sanitaire a profondément perturbé ce fonctionnement », continue le secrétaire général de Sgen-CFDT Mayotte. Alors ce dernier n’a qu’un seul souhait : que les contractuels soient tous « exceptionnellement » renouvelés pour l’année prochaine. Une requête qui fait doucement rire le recteur…

« Il faut faire ses preuves ! »

À quelques de sa rencontre avec les syndicats, Gilles Halbout sait déjà à quoi s’attendre. « C’est un sujet qui revient chaque année. Nous avons toujours des contractuels qui considèrent avoir été mal évalués. Alors comme les fois précédentes, nous allons étudier tous les dossiers et nous prendrons des décisions au cas par cas », annonce-t-il, en réponse aux désidératas de ses détracteurs. Selon le responsable de l’académie, ces contractuels non renouvelés représentent seulement 2,5% de leur groupe, soit une infime minorité. Si certains seront probablement repêchés, il est hors de question de renouveler la totalité pour le recteur. « Est-ce que c’est souhaitable ? C’est du n’importe quoi ! Je ne veux pas stigmatiser les contractuels, mais certains chefs d’établissements nous disent qu’ils sentent la différence », avoue-t-il. Il n’est pas contre l’idée de donner une nouvelle chance à ceux qui n’ont pas de dossier totalement négatif, quitte à les renvoyer en formation, mais une chose est claire, tout le monde n’aura pas cette chance. « Pour le bien de l’Éducation nationale, il faudra se séparer des autres, parce que tout le monde n’est pas fait pour enseigner. Il faut faire ses preuves ! », martèle Gilles Habout.

Quid alors de la supposée manigance du rectorat pour ne pas attribuer de CDI aux anciens contractuels ? « C’est faux, archi faux ! Nous n’avons aucun intérêt à faire cela, parce qu’à Mayotte, nous avons besoin d’enseignants. Nous avons déjà du mal à recruter alors nous n’allons pas nous amuser à ne pas reconduire ceux qui ont de l’expérience », s’emporte le recteur. Sa politique de fonctionnement est même à l’opposé de ce qui est dénoncé par l’intersyndical puisque depuis sa prise de fonction, les contractuels ont eu la possibilité d’avoir des contacts de deux à trois ans, selon leurs compétences. La réunion prévue jeudi prochain risque de faire des déçus.

Quand l’angle d’une rue se transforme en un atelier de tailleur de bois à Mayotte

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Un des arts traditionnels de l’archipel consiste à tailler le bois. Portes, coffres, sièges… Tout peut être sculpté par les mains des menuisiers comoriens. Installé à Mayotte, Marouf continue à faire perdurer cet art unique.

atelier-tailleur-bois-mayotteTac, tac, tac, outils en main, Marouf sculpte avec précision un coffre haut d’un mètre cinquante. Son stagiaire, assis en face de lui, le regarde, d’un air très concentré. Les gestes du menuisier sont secs et précis. Cela fait presque 20 ans maintenant qu’il fait ce travail. Ainsi, il maîtrise chaque technique à la perfection et se dit lui même passionné. « J’ai voulu passer le concours pour être gendarme, mais je n’ai pas eu cette chance… Du coup je me suis dis que je connaissais ce travail d’artisnat et que j’aimais ça, alors pourquoi pas en faire mon métier », retrace l’homme, toujours les yeux focalisés sur son œuvre en préparation.

Marouf touche le bois avec douceur, ses doigts suivant les lignes dessinées sur le bois, qui n’attendent qu’à être sculpté. L’homme d’une cinquantaine d’années a appris le métier de son père, à Domoni. Malheureusement, les jeunes mahorais n’ont pas la passion qui l’habite. « J’ai des stagiaires, mais ils ne sont pas tous motivés, ils disent que c’est trop dur », sourit-il, un brin taquin. Il donne toutefois des cours à trois métropolitains, qui souhaitent apprendre. Pourtant,vivre de sa passion est un luxe auquel beaucoup n’ont pas accès. « Il n’y a pas énormément de travail, mais assez pour vivre », résumet-il avec philosophie, avant de souffler sur les copeaux devant lui. Marouf se contente de vivre de ce qu’il a, et semble en être très heureux.

 

Un travail de patience

 

« Pour un coffre de cette taille, c’est trois semaines de travail, tous les jours, sauf le dimanche », explique-t-il. Après avoir travaillé toute la surface, il vernit la pièce unique pour la protéger. Avant de passer à cette étape, il lui reste un côté à sculpter. Pendant ce temps, le mouvement ne faiblit pas à l’angle de la rue. « Salam Alikoum », lui dit un passant. Il connaît tout le monde dans le quartier et vice versa. Les plus jeunes s’arrêtent un instant pour lui dire bonjour et admirer sa dextérité. Les plus anciens le saluent chaleureusement, lui souhaitant du courage pour sa journée de travail. Sa bonne humeur réchauffe les cœurs. Très humble, et plein de bienveillance, Marouf travaille soigneusement, sans oublier d’échanger avec les uns et les autres. S’il trouve que Mayotte a quelques inconvénients, il aime « le travail manuel artisanal » et se plaît à embellir chacun des morceaux de bois qui passe dans ses mains. Il sera sûrement posé au niveau du même angle de Cavani pendant encore de longues années, distribuant des sourires et partageant son savoir-faire.

Avec 1.500 tonnes par an, l’abattoir de Kahani donne des ailes à Mon Pouleti

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Lancée à l’initiative d’éleveurs et d’industriels en 2017, la SAS Abattoir de volailles de Mayotte (AVM) vient de sortir de terre son outil. Forte du succès de sa marque 100% locale, la société entend multiplier par dix sa capacité de production. Et ainsi donner un coup de boost à la filière.

Cot-cot codêêêt !… Sous le haut plafond du hall de réception, l’on devine presque les piaillements des milliers de poulets qui passeront bientôt la patte dans l’étrier. Accrochées en rang les unes derrière les autres, les suspensions flambant neuves attendent patiemment leur cargaison, prêtes à emporter leurs victimes de chair et de plumes jusqu’au poste de saignée. Plouf ! Un stop dans l’eau pour les étourdir – l’électronarcose, dans le jargon – et schlack, un cou tranché en direction de la Mecque, et les voilà bonnes pour passer à la casserole, ou presque. Bon, pour l’instant, ce sont surtout quelques notes de cornemuse qui résonnent dans l’imposant bâtiment de Kahani, où des ouvriers s’attellent encore à peaufiner les derniers détails. “Je ne suis pas sûr qu’il y aura de la musique pour les poulets”, souligne avec esprit Guillaume Rubin, le directeur d’AVM, qui guide les visiteurs sur ce chemin de la mort.

Non sans fierté. Car avec ce tout nouvel abattoir de volailles, l’entreprise mahoraise qui commercialise depuis déjà deux ans la marque “Mon Pouleti” va bientôt pouvoir multiplier par dix sa capacité de production. Dans ce bâtiment grand de 2.200 mètres carrés, AVM entend en effet faire défiler un million de poulets, soit 1.500 tonnes de viande, contre les 120 actuellement produites sur le petit outil de Coconi, destiné davantage à un usage pédagogique. “Depuis 1986, il y a eu beaucoup de tentatives de structurer la filière poulet de chair, qui se sont heurtées à de nombreuses difficultés. Nous avons donc voulu être prudents et commencer avec une petite production”, rappelle le patron en retraçant l’historique de la boîte, créée en 2017. Pour éviter d’y perdre des plumes, la SAS a associé tous les acteurs de la chaîne, des éleveurs, aux industriels, parmi lesquels on retrouve notamment AFICAM, AEM et Ekwali Couvoir. De quoi structurer la filière, de l’amont à l’aval.

 

Une étape du développement agricole de Mayotte

 

L’objectif, à terme ? Doubler la production. “Mais il faut aussi créer cette demande”, concède Guillaume Rubin. Pas de quoi dégonfler Elhad-Dine Harouna, son président. “On m’a toujours dit que les Mahorais veulent manger moins cher. Moi je crois qu’ils veulent manger moins cher mais de qualité !”, avance l’éleveur qui s’est lancé dans l’aventure agricole en 2013. “Depuis, nous avons gravi les échelons, c’est un travail de 30 ans. J’ai vendu des poulets abattus sous le manguier, puis en sac plastique, jusqu’à la barquette avec Mon Pouleti. Et ce n’est qu’un début dans le développement agricole de notre territoire”, se targue le président d’AVM. Pour autant, pas question de tomber dans un modèle hyper-productiviste, “comme ce qu’ils ont fait en Bretagne”. Leur philosophie : préférer des éleveurs “familiaux mais performants”, actuellement au nombre de 12, plutôt que dépendre de “trois grosses exploitations”. Et surtout, les rémunérer au juste prix.

 

Une offre 100% locale, par et pour les Mahorais

 

Offrir aux Mahorais une offre locale, et de qualité, voilà la promesse de ce nouvel abattoir, qui doit accueillir ses premières volailles à la mi-juillet, pour une inauguration officielle prévue le 27 août. L’autre plus ? Un atelier de découpe, pour empaqueter ailes et cuisses à foison, ce que ne permettait pas l’actuel outil de Coconi. Disponibles en grande surface comme dans la boutique de l’usine, Baraka Frais, les poulets, mais aussi du canard, de la pintade, et de la charcuterie de volaille pourront être achetés à un prix abordable, garantit-on. Le tout 100% local, et “local de Mayotte”, insiste Amélie Tassin, responsable de production et de commercialisation. “Nous n’arriverons pas à concurrencer les mabawas importés à 2,50 euros, mais sur des marques type Label rouge, importées de métropole, nous pourrons peut-être être concurrentiels, avec une qualité locale”, explicite Guillaume Rubin. Tout dépend in fine des volumes. Et justement, pour mutualiser les coûts d’une telle structure et faire des économies d’échelle, AVM compte s’associer à d’autres acteurs, comme la Laiterie de Mayotte, pour stocker et livrer les produits partout sur l’île. “Nous ne voulons pas faire un produit élitiste, mais au contraire, un produit achetable par le plus grand nombre”, martèle le directeur.

 

L’Europe s’engage, le conseil départemental aussi

 

Un enjeu de taille, compte tenu des problématiques de vie chère qui asphyxient l’île, encore trop dépendante de ses exportations. D’où la participation du conseil départemental, dont les élus étaient présents en nombre pour cette première visite. “Après mon élection, c’est peut-être la deuxième délibération qui a été votée à l’unanimité, c’est pas beau ça ?”, évoque le président de la collectivité Soibahadine Ibrahim Ramadani. En tout, il aura fallu une enveloppe de huit millions d’euros pour mettre sur pied cet outil, qui offre, une fois n’est pas coutume, une réalisation concrète de l’utilisation des fonds européens. 5.36 millions d’euros du FEADER sont en effet venus abonder l’opération, auxquels le conseil départemental a ajouté de sa poche 680.000 euros supplémentaires. Petits grincements de dents dans l’assistance. “Dans l’enveloppe FEADER, il y a aussi la participation du conseil départemental”, piaffent les élus en insistant pour corriger leur ligne dans le tableau. Pas de panique ! L’équipe d’AVM s’empresse d’exécuter un rapide calcul mental. “Oui au total, cela fait plutôt 1.18 million d’euros de subventions du Département. Bon, ce n’est pas non plus très exact de présenter les choses ça, mais bon…” Gare aux coups de bec !

Avec Transdev, la gestion du réseau a pour objectif de monter en compétences

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Depuis le début du mois de mai, la société Transdev s’occupe de la partie gestion du réseau de transports scolaires pour le compte du Département. Son rôle pour les six prochaines années : s’assurer de superviser toute la partie exploitation, de gérer des inscriptions, d’accompagner les véhicules et d’apporter toute son expérience. Entretien avec le directeur Outre-mer de Transdev, Julien Tenenbaum.

Flash Infos : Pourquoi Transdev a-t-il décidé de se positionner sur le marché de transport scolaire mahorais ?

transdev-gestion-reseau-objectif-monter-competencesJulien Tenenbaum : Transdev jouit d’une présence très forte en Outre-mer depuis une trentaine d’années. Jusqu’à il y a encore deux ans, nous intervenions comme actionnaire minoritaire de la société Matis, donc nous avons une certaine connaissance du territoire. Lorsque le Département a décidé de réallotir le marché de transport en distinguant les parties exploitation et gestion du réseau, nous nous sommes positionnés sur la seconde, parce que cela rentrait exactement dans la lignée de ce que nous faisons actuellement dans les autres territoires ultramarins.

Nous n’avons pas de bus, nous n’avons pas pour vocation à exploiter directement des lignes, mais nous apportons différentes fonctions supports. Notre rôle consiste à superviser pour le compte de la collectivité les six lots d’exploitation, et à nous occuper de la gestion des inscriptions et de l’accompagnement des véhicules. C’est ce que nous aimons faire !

FI : Quelle est la particularité de cette convention signée pour les six prochaines années avec le Département ?

J. T. : Même si nous avons officiellement débuté ce mois-ci, nous n’avons pas encore de rôle exécutif sur le réseau, puisque notre mission démarrera réellement à la fin du mois d’août à l’occasion de la rentrée scolaire. L’une des principales fonctions sera l’accompagnement des transporteurs locaux et des services du Département pour une logique de montée en compétences. À titre d’exemple, nous avons prévu une série d’actions pour ces premiers telles que de la formation et du conseil.

Nous avons prévu de nouveaux outils qui permettent d’organiser le réseau pour faciliter la vie et le travail des différents services. Le but étant d’arriver petit à petit à son amélioration, sachant toutes les difficultés rencontrées. Nous arrivons avec beaucoup d’humilité par rapport à cela. Nous ne révolutionnerons pas tout, mais nous souhaitons faire front commun avec les différents partenaires pour y contribuer au fil des six prochaines années.

FI : L’été dernier, le conseil départemental avait modifié une clause de l’appel d’offres de marché public du transport scolaire. Dans le dernier texte, l’entreprise qui remportait la délégation ne serait plus obligée de reprendre les 80 employés du délégataire sortant. Qu’en est-il ?

J. T. : Pour notre part, nous reprenons une vingtaine de personnes : ceux qui encadrent les accompagnateurs, ceux qui gèrent les inscriptions, ceux qui assurent le contrôle de la bonne exécution des services et ceux qui planchent sur les études et la réorganisation du réseau. Vous n’êtes pas sans savoir que 200 à 300 véhicules circulent au quotidien. Et ce chiffre peut être, bien évidemment, amené à évoluer en fonction des nouvelles constructions scolaires. Il ne s’agit pas des conducteurs et des mécaniciens qui dépendent de la partie exploitation. En parallèle, le Département mettra à notre disposition des accompagnateurs du transport scolaire. Cela représente une centaine de personnes qui sont présentes aux différents hubs de l’île, le matin et le soir. Et nous allons également recruter localement pour constituer notre équipe pour la partie marketing, ressources humaines, formation, etc.

FI : Les chauffeurs de bus expriment régulièrement leur ras-le-bol. Dernièrement, ils ont notamment demandé l’installation de vitres blindées pour les protéger. Quelle est votre position sur ce point ?

J. T. : Nous allons essayer d’être force de propositions auprès du Département, des forces de l’ordre, du rectorat et des transporteurs. Nous n’allons pas directement équiper les véhicules, mais nous allons réfléchir à la mise en place de systèmes de vidéosurveillance. Nous arrivons avec des méthodes de travail, en nous disant que nous avons besoin de discuter avec l’ensemble des partenaires locaux dans le but de construire une amélioration des conditions sur le réseau.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes