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Christophe Blanchard, chef de file par intérim du centre hospitalier de Mayotte

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Directeur adjoint en charge des affaires générales sous le mandat de Catherine Barbezieux, Christophe Blanchard assure l’intérim à la tête de l’hôpital jusqu’à la nomination du nouveau successeur. Pas question pour autant de rester les bras croisés tant les dossiers s’accumulent et le temps presse. Deuxième hôpital, gestion de crises, recrutement, développement de l’offre de soins… Entretien.

Flash Infos : Depuis le départ de Catherine Barbezieux le 14 mai dernier, vous assurez l’intérim à la direction du centre hospitalier de Mayotte. Comment appréhendez-vous ce nouveau poste ?

Christophe Blanchard : La continuité de la chefferie de l’établissement doit être assurée, c’est réglementaire. Je suis le trait d’union entre Madame Barbezieux qui a quitté ses fonctions et l’heureux ou heureuse élu(e) qui doit vraisemblablement arriver au mois de septembre. Tous les projets amorcés ne vont bien évidemment pas s’arrêter. Tout en gérant les crises, à savoir le Covid-19 et maintenant l’épidémie de bronchiolite. C’est un exercice de style assez compliqué… Mais il faut relever le challenge !

FI : Vous évoquez celui ou celle qui va prendre la suite de la direction de manière pérenne. Quelles raisons expliquent que vous ne comptez pas aller plus loin que cette période d’intérim ?

C. B. : Là aussi c’est réglementaire, tout simplement. Le poste est paru au mois d’avril, mais quand on est directeur adjoint, on ne peut pas être nommé sur place. Si je veux devenir chef d’établissement, je dois partir dans un autre établissement avant de revenir à Mayotte si le poste était republié ultérieurement. Mais effectivement, cela aurait pu tout naturellement m’intéresser : les moyens mis à disposition sont considérables. Il y a tout à développer. Sans oublier les équipes qui sont très impliquées en plus d’être agréables : on peut travailler correctement.

FI : Vous jouissez d’une certaine expérience aux Antilles et en Guyane, quelles similitudes pouvez-vous faire avec Mayotte et au contraire, quelles différences notables avez-vous relevé ?

C. B. : Après 25 ans d’exercice dans les Outre-mer, il y a effectivement des similitudes, plus particulièrement avec la Guyane où l’offre de soins est, certes, plus développée puisque le territoire compte plus de 600 lits et places rien qu’à Cayennes, contre 417 pour l’ensemble de Mayotte, alors que la population y est moins élevée… Il faut que l’on rattrape notre retard ! Sans oublier de former les jeunes mahorais sur les professions médicales et paramédicales. D’ailleurs, c’est un point que l’on est en train de travailler avec une étude qui est en cours pour faire en sorte que dans les dix prochaines années on puisse davantage former de professionnels de santé (d’infirmières, des IADE (infirmières anesthésistes), des IBODE (infirmières de bloc opératoire) entre autres et des médecins bien sûr).

Par l’anecdote : j’ai pris mes fonctions le 1er décembre 2019, et quatre jours plus tard, il y a eu l’épisode Belna. À ce moment-là, je me suis aperçu que Mayotte n’était pas du tout habituée aux phénomènes climatiques par rapport aux Antilles, où j’ai vécu Irma en 2017, qui sont très aguerris aux passages des cyclones. Ici, on n’est pas du tout prêt ! Il faut apprendre, non seulement, à se protéger, mais aussi à accueillir un afflux massif de victimes si un tel événement se produisait.

Dans toutes ces destinations, il y a toujours l’éloignement avec la métropole, qui a pour conséquence une complexité logistique pour maintenir les équipements en place. Exemple avec l’IRM en panne ces dernières semaines au CHM à la suite d’un incident. Il a fallu faire venir l’hélium de l’Hexagone.

FI : Le mandat de Catherine Barbezieux a été marqué par une série de conflits avec les organisations syndicales. Comment gérez-vous cette situation avec elles qui sont toujours sur le qui-vive pour pointer des dysfonctionnements ?

C. B. : C’est la continuité également, je vous rassure ! Les syndicats sont toujours aussi actifs, cela n’a pas changé depuis ma prise de fonction (rires). Les partenaires sociaux sont effectivement très proches des équipes et n’hésitent pas à me faire remonter, quelquefois de manière plus musclée que d’habitude, les problèmes rencontrés dans les services.
Je les ai déjà rencontrés à plusieurs reprises, notamment dans le cadre du projet d’établissement puisqu’on est en train de le revisiter. Il y aura par exemple une nouvelle réunion avec eux demain matin [ce jeudi 3 juin].

FI : Parmi les dossiers prioritaires, il y a la construction du deuxième hôpital en Grande-Terre où il se dit que le terrain aurait été trouvé du côté de Combani, mais aussi l’épineuse question du recrutement et de la fidélisation des soignants…

C. B. : Effectivement, tous ces dossiers s’inscrivent dans la durée. Avec les deux crises successives, on a subi plusieurs départs massifs de médecins. Mais l’attractivité est en lien direct avec le sentiment d’insécurité qui règne sur l’île, et qui ne favorise pas la venue de nouveaux personnels. À cause de cela, on rencontre quelques difficultés à recruter… Par exemple, en psychiatrie, il ne reste plus qu’une seule psychiatre pour assurer le service. On est, par conséquent, obligé de réduire la voilure sur cette offre de soins, à savoir la santé mentale, le temps de trouver de nouveaux professionnels.
Si l’on parle de priorités, l’une d’elles est Petite-Terre, avec la visite de la commission de sécurité le 11 juin, en espérant que l’avis soit favorable pour enfin ouvrir les 50 lits. On a un jeune médecin MPR (il a pour principale mission d’élaborer et d’encadrer des programmes de réadaptation et de rééducation de personnes atteintes de pathologies graves ou victimes d’un accident requérant une prise en charge pluridisciplinaire, ndlr.) mahorais revenu à Mayotte, donc on a le personnel médical et paramédical pour le service de soins de suite et de réadaptation. On va l’ouvrir de façon progressive avec une dizaine de lits, le temps de se roder.
Il y a également le budget que l’on doit faire repasser aux instances, en négociation avec l’agence régionale de santé, le plan pluriannuel d’investissement, le plan global de financement pluriannuel qui intègre le deuxième site, avec cette construction dont on parle et qui ne sera pas une rumeur, je l’espère, dans les dix prochaines années, mais bien une réalité. Pour le terrain dont vous parlez, ce n’est pas encore officialisé. Ce sont pour le moment des idées qui sont posées sur la table.

FI : Le service de psychiatrie, dont vous avez parlé plus tôt, est en proie à des difficultés profondes alors que la santé mentale à Mayotte est un enjeu majeur et un sujet tabou pour bon nombre d’habitants. Comment inverser la tendance ?

C. B. : L’infrastructure ne se prête pas vraiment à l’accueil de dix patients en psychiatrie. Donc là-dessus, on avance. Il faut que cela se règle par la construction d’un bâtiment qui soit digne de ce nom. Il faut que toutes les filières – CATTP (centre d’accueil thérapeutique à temps partiel) et CMP (centre médico-psychologique) en lien avec la santé mentale soient identifiées dans un pôle. Sur la partie construction, on travaille avec l’agence régionale de santé. Mais ensuite, c’est au CHM de faire sa promotion à l’extérieur, d’aller à la rencontre de, de créer des partenariats. Pas plus tard qu’il y a deux jours, j’étais en ligne avec le directeur de l’établissement public de santé mentale de La Réunion pour savoir s’il pouvait nous envoyer en rotation des missionnaires sur des durées assez courtes. Idem avec les associations et les groupements en métropole. On doit s’inscrire dans cette logique pour « vendre » nos projets structurants et innovants !

FI : Selon vous, sur quels aspects moins visibles que ceux cités précédemment, le CHM devrait-il mettre l’accent à court, moyen et long terme ?

C. B. : Il faut que tout le monde se mette en ordre de bataille pour faire en sorte que le CHM développe son offre de soins. On va lancer un appel d’offre pour un programmiste et un assistant à maîtrise d’ouvrage pour que tous les moyens alloués à Mayotte ne repartent pas un jour vers la métropole ou l’Europe. Il faut agir très rapidement dans tous les domaines ! On a que 17 lits en réanimation… Ce n’est pas suffisant, on l’a très bien constaté durant la crise Covid.

FI : Justement, quel bilan aussi bien positif que négatif tirez-vous de cette crise sanitaire ?

C. B. : Le point à améliorer est le temps de latence entre le moment où l’on déclenche l’alerte et celui où l’aide arrive. Il faut compter une quinzaine de jours… C’est quand même critique car les équipes en ont beaucoup souffert. L’approvisionnement est délicat, notamment lors de l’envoi de matériel biomédical. Heureusement, on n’a pas de nouveau bloqué les liaisons aériennes avec Paris lors de la seconde vague en 2021.

Mais le point positif est qu’on a reçu une aide sans précédent. On a accueilli l’équipe de réanimation militaire par deux fois et on a pu compter sur le soutien de la réserve sanitaire. On a eu des renforts en nombre, ce n’est pas négligeable. Cela démontre à quel point on a été entendu au niveau national et ce, grâce au travail mené de concert avec notre tutelle.

FI : En termes de renforts durant la crise Covid, le CHM a pu bénéficier d’un hélicoptère et d’un avion privé pour effectuer les évacuations sanitaires. Où en est le projet de garder de manière pérenne ces deux moyens de transport ? Et quelles seront les travaux à réaliser sur l’île, comme les hélistations ?

C. B. : On a reçu les réponses à l’offre de marché pour l’avion sanitaire. On est en train de les étudier avec les équipes des Evasan, on pense avoir un résultat dans les prochains jours. Il s’agira d’un contrat sur plusieurs années car cela demande un engagement et un investissement lourd pour l’entreprise qui sera retenue.

Pour l’hélicoptère, on a acté un marché intermédiaire de 18 mois avec un pilote et un assistant, dans l’attente du marché définitif pour un hélismur dédié à Mayotte. Mon collègue de la direction des plans et des travaux a pris contact avec les maires des communes pour identifier les zones de pose et pouvoir les sécuriser et les éclairer si l’on décide de procéder à des vols de nuit par la suite.

FI : Ce dernier point est à prendre légitimement en compte, puisque plusieurs incidents frappent régulièrement les ambulanciers lors des transferts aux quatre coins de l’île. Quelles réponses leur avez-vous apportées pour les rassurer ?

C. B. : On peut comprendre que le personnel ait des craintes légitimes à circuler à partir d’une certaine heure le soir. En réponse, on a renforcé les ambulances, de la même façon que les véhicules des forces de l’ordre, avec des vitres latérales sur lesquelles sont appliquées des feuilles de polycarbonate. Après, les gendarmes et les policiers ne peuvent pas être systématiquement présents lors de chaque transfert. Donc un protocole est mis en place pour engager en toute sécurité les effectifs sur le trajet. On leur demande aussi de passer par la route intérieure car la route vers Dzoumogné depuis le littoral est plus problématique à partir de Koungou et de se faire discret en n’activant pas le gyrophare et la sirène lorsque cela n’est pas nécessaire.

Autisme Mayotte, une association face au déficit criant de structures spécialisées pour les enfants troublés

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Dans le cadre de la journée internationale de l’enfance du 1er juin, le club Soroptimist Mayotte a offert cinq tablettes à destination des enfants de l’association Autisme Mayotte. Un geste symbolique qui permet de mettre en lumière ce trouble neuro-développemental, encore bien trop méconnu par un grand nombre de familles et d’habitants de l’île aux parfums. Au-delà de ce don, cette rencontre a été l’occasion de pointer du doigt l’absence de structures spécialisées sur le territoire.

« Waouh ! » Au moment de recevoir l’une des cinq tablettes offertes par le club Soroptimist Mayotte des mains de la présidente Sophia Hafidou, Youness exprime à sa façon sa gratitude. Idem pour Fatima, Sadjaad, Yann Lucas, Dosty ou encore Kaen. Âgés de 4 à 17 ans et atteints d’un trouble neuro-développemental, tous font partie d’Autisme Mayotte. « Ça va l’aider à reconnaître l’alphabet et à écrire son nom », s’emballe Addidja, la mère de la seule petite fille présente lors de cette remise de dons organisée à Tsararano ce mardi 1er juin à l’occasion de la journée internationale de l’enfance.

« Avant, il ne tenait pas dix minutes sans bouger », sourit fièrement Elly, avec un regard attendri en direction de son fils Dosty. Sage comme une image et confortablement assis sur sa chaise, le garçon de 11 ans le mois prochain manipule déjà l’objet d’une main de maître. « Il est accro, ça le canalise », poursuit l’habitante de Kani-Kéli. Même son de cloche pour sa voisine du jour, Binti Radhuya : « Sadjaad ? Il est toujours sur mon téléphone. » Avec ce nouvel outil pédagogique en leur possession, non seulement cela « va soulager les familles », mais en plus cela « va faciliter la compréhension et le langage », insiste Ernestine Bakobog, la présidente de l’association initiée par des parents en janvier 2017.

 

1.500 autistes sur l’île aux parfums

 

Et que de chemin parcouru depuis cette création. « Il est difficile de dire que l’autisme existe à Mayotte où la santé mentale reste un sujet tabou. Nous sommes jugés coupables d’avoir des enfants autistes », regrette la responsable, qui se bat depuis toutes ces années pour faire avancer cette cause qui lui tient tant à cœur. Malgré la mise en place de consultations par visioconférence avec des spécialistes fin 2019 ou encore la naissance de plusieurs petites unités début 2020 dans lesquelles leur sont réservées 20% des places, les moyens déployés restent en deçà des besoins pour accompagner les 1.500 autistes recensés sur le territoire selon l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). « Nous avons commencé l’école des parents avec des groupes de parole. Nous avons organisé des formations pour sensibiliser les médecins afin qu’ils arrivent à identifier les signes », rembobine Ernestine Bakobog, elle-même maman de Yann Lucas, un adolescent « non-verbal », qui « ne peut pas écrire avec un stylo » et qui « gribouille comme un maternelle ».

 

Liste d’attente en institut médico-éducatif

 

Mais l’association a aussi et surtout pour but de proposer des sorties hebdomadaires à ces jeunes, généralement cloisonnés chez eux, au parc de Passamaïnty et à la plage de Musicale à Bandrélé. « Grâce à vous, mon fils arrive à participer à des activités », s’illumine Binti Radhuya, ravie de voir Sadjaad, passionné de moto et de cuisine, sortir régulièrement du domicile familial depuis son départ de l’association départementale des pupilles de l’enseignement public (Adpep) il y a de cela trois ans. Car à ce jour, l’absence de suivi et de structures spécialisées constitue bel et bien le nerf de la guerre pour ces parents dévoués mais désoeuvrés.

Si Dosty a la chance d’être suivi par le service d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) de l’association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) de Mangajou, beaucoup d’autres se retrouvent le bec dans l’eau, le temps d’intégrer un institut médico-éducatif (IME). « Youness a été scolarisé jusqu’à ses six ans, mais ce n’était évident ni pour lui ni pour les enseignants. Depuis, il a beaucoup régressé. Il est victime d’insomnie et se calme difficilement le matin quand il voit ses frères et sœurs partir à l’école », soupire Dharina. « On fait toutes les démarches, mais il n’y a rien au bout… Il y a toujours un blocage administratif au niveau de la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) ou un manque de place. » Ce discours revient inlassablement dans toutes les bouches de ces mamans, qui jouent quotidiennement les rôles conjugués d’orthophoniste, de psychomotricienne ou d’animatrice.

 

Colère froide

 

Si Autisme Mayotte se targue d’avoir obtenu, vendredi dernier, en partenariat avec Mlézi Maoré et l’Apajh, l’aval pour monter un centre de diagnostic et un centre de ressources pour l’autisme, auxquels s’ajoute un centre d’accueil de jour de huit places dans les futurs locaux de l’association situés à Tsingoni, la présidente Ernestine Bakobog ne décolère pas face à l’immobilisme institutionnel. « Le Département n’a rien fait alors qu’il aurait pu financer des lieux de vie pour les enfants et des lieux de répit pour les parents ! » Et à ce rythme-là, Dharina compte bien prendre des mesures drastiques, dans l’intérêt de Youness. « À la rentrée, on pense sérieusement à quitter Mayotte pour la métropole. »

 

Combien de places dans les structures adéquates pour les enfants atteints d’autisme ?

Le 29 juin 2020, l’agence régionale de santé a lancé un appel à projet relatif à la création d’une plateforme de dispositifs intégrés IME-SESSAD sur le territoire de Mayotte. « Dans la mise en œuvre du PRS 2 (plan régional de santé), l’accueil et l’accompagnement des jeunes de 6 à 20 ans en situation de handicap, autistes ou souffrant de trouble du neuro-développement, en institut médico-éducatif et en service d’éducation spéciale et de soins à domicile, répondent aux attentes et aux besoins des jeunes », peut-on lire.

Dans le 101ème département, Mlézi Maoré gère un IME de 96 places et un SESSAD de 174 places tandis que la fédération APAJH s’occupe d’un IME de 54 places, dont 18 places autismes ou souffrant de TND, et un SESSAD de 22 places, dont 9 places autistes ou souffrant de TND. Toujours selon l’appel à projet, il est prévu de consacrer 3 places en IME et 3 autres en SESSAD pour enfants et adolescents, autistes ou souffrant de TND. La date prévisionnelle d’ouverture était « idéalement » prévue en juillet 2021, soit dans un mois. Un nombre qui semble dérisoire lorsque l’on sait que l’association Autisme Mayotte accompagne 80 enfants à elle-seule…

Récif Hélicoptères paré au décollage à Mayotte

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Le premier opérateur d’hélicoptères de Mayotte a lancé hier, mardi 1er juin, son activité sur l’île aux parfums. Après trois années de travail, la jeune entreprise mahoraise a obtenu les autorisations nécessaires pour prendre son envol.

Attachez votre ceinture ! Dès ce week-end, les premiers passagers pourront fendre l’air et découvrir le lagon comme ils ne l’ont jamais vu. Plus précisément, à bord d’un Robinson R44 Clipper II. D’une capacité de trois passagers, cet hélicoptère flambant neuf qui arbore fièrement le logo de l’opérateur peint sur un bleu océan, proposera des virées de 15 à 50 minutes selon les circuits. À l’intérieur, sièges en cuir, climatisation ou encore verrière panoramique permettront aux clients de profiter au maximum des richesses de l’île vues du ciel.

 

Une activité très réglementée

 

Aujourd’hui, la législation impose de nombreuses règles et autorisations aux opérateurs avant de pouvoir leur permettre de transporter des passagers dans le domaine aérien. “Nous avons tout d’abord dû obtenir un agrément auprès de la direction générale de l’avion civile qui se nomme le certificat de transporteur aérien. C’est une certification difficile à obtenir, nous avons initié les démarches en 2019 et nous l’avons reçue le 21 mai 2021. En plus de celle-ci, nous avons besoin d’une dizaine d’autres agréments afin de correspondre aux normes européennes”, confie Georges Chang, patron de Récif Hélicoptères. Cet ancien pilote de ligne pour la compagnie Air Austral se réjouit de voir son projet aboutir. “J’ai eu la chance de venir souvent à Mayotte pendant 27 ans. J’ai toujours adoré les hélicoptères. Et quoi de mieux que de découvrir ce magnifique lagon depuis les airs !

Du mercredi au dimanche, la secrétaire de Récif Hélicoptères assurera les réservations et l’accueil des clients dans les locaux du prestataire. De plus, un hangar viendra bientôt jouxter les bureaux et accueillir l’hélicoptère pour l’instant installé dans le bâtiment de Mayotte Air Service. Par ailleurs, sur le site internet recif-helicopteres.yt, les curieux pourront découvrir les différentes formules de vols mais aussi réserver directement en ligne. En bref, une petite entreprise déjà bien organisée et à qui il ne reste plus qu’à souhaiter bon vol !

 

Les circuits et les tarifs

Le Shipanga” : un vol de 15 min au-dessus de Petite-Terre et la passe en “S”. “Vous aurez l’occasion de découvrir les plages de Moya et le Lac Dziani avant un retour sur l’aéroport de Pamandzi.
Tarif : 125 euros par personne

Le Tsoholé” : un vol de 30min au-dessus de la passe en “S” et de la barrière de corail. “Direction plein Sud pour un survol panoramique de l’îlot de sable blanc avant de mettre le cap au Nord. Sur la gauche, vous pourrez voir le Mont Choungui ainsi que le Mont Bénara, le plus haut sommet de l’île. Vous survolerez l’îlot Bandrélé pour ensuite revenir sur Petite-Terre. Enfin, le vol se terminera par la découverte des plages de Moya et du Lac Dziani, avant de revenir se poser.
Tarif : 249 euros par personne

Le Kuba” : un vol de 40 min qui commence par un survol panoramique des plages de Moya et du Lac Dziani. “Cap ensuite vers le Grand Récif du Nord pour découvrir les îlot Mtsamboro et Choizil. Retour vers Longoni et son port de transport maritime en passant par la baie d’Handréma. Le vol se termine par un survol de la côte nord-est de l’île et un survol de Dzaoudzi avant un retour sur Pamandzi.
Tarif : 329 euros par personne

L’Hippocampe” : pour découvrir Mayotte à 360° degrés du nord au sud. “Un circuit qui débute par un survol de Petite-Terre avec les plages de Moya et une superbe vue sur le Lac Dziani. Cap ensuite sur le nord de l’île avec un survol du Grand Récif du Nord et de la baie d’Handréma pour découvrir les magnifiques îlot Mtsamboro et Choizil. Direction plein sud avec un survol d’Acoua en longeant la côté et Sada vers la baie de Bouéni. Sur la gauche de l’appareil, vous apercevrez le Mont Bénara, le plus haut sommet de l’île. Le vol se poursuivra  avec le passage du col de Chirongui d’où vous découvrirez le Mont Choungui et son pic  vertigineux. Direction la pointe de Sazilé, puis survol panoramique de l’îlot de sable blanc et  de la magnifique barrière de corail. Le vol se terminera par un survol de l’îlot Bandrélé et de la passe en “S” avant le retour sur Pamandzi.
Tarif : 379 euros par personne

Réservation sur le site recif-helicopteres.yt ou par téléphone au 06.39.61.13.88.

Habitat indigne à Mayotte : La préfecture, l’ARS et le parquet mettent les bouchées doubles

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Le vendredi 28 mai, le préfet, la directrice générale de l’agence régionale de santé et le procureur de la République ont signé un protocole d’accord qui vise à améliorer la coordination et les actions de lutte contre l’habitat indigne entre les trois autorités. Au regard de la situation sur le territoire, le travail est colossal.

L’habitat indigne, impossible d’ignorer le sujet à Mayotte. Ces modestes maisons de bric et de broc qui s’amoncellent à perte de vue sur des pentes souvent à risques, ont parfois fait la triste réputation de l’île au lagon. D’après l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), ce sont pas moins de 81.000 personnes qui vivent au quotidien dans ces cases en tôle insalubres, sans eau courante ou confort sanitaire de base. Et encore, ces chiffres remontent à 2017… L’agence régionale de santé de Mayotte, la préfecture et le parquet ont donc décidé de prendre le sujet à bras le corps et d’unir leurs forces afin de lutter contre cette réalité du territoire. Et depuis vendredi dernier, cela passe notamment par un protocole impliquant les trois institutions. « Il n’initie pas une nouvelle action, parce que tous les 15 jours, je signe des remises aux normes d’habitats insalubres. Le protocole va mieux organiser la transmission d’informations au regard d’un certain nombres d’évolutions réglementaires », explique Jérôme Millet, sous-préfet et secrétaire général adjoint de la préfecture.

Chaque institution a une fonction précise, mais elles ne sont pas en compétition. Elles interviennent à des moments différents pour une même opération de lutte contre l’habitat indigne. « Le parquet saisit l’ARS pour signaler des habitats indignes. Les agents de l’ARS vont sur place, prennent des photos et montent un dossier qui établira l’insalubrité et l’indignité du logement. L’ARS transmet ensuite ces informations à l’autorité judiciaire et à la préfecture pour organiser des travaux nécessaires afin d’en faire un logement sain », détaille Jérôme Millet. L’initiative peut également venir de la personne logée qui estime vivre dans un logement indigne. Elle peut tout simplement envoyer un courrier à l’ARS ou au procureur. Et qu’importe la personne à l’origine de la procédure, les propriétaires de ces habitats devront répondre de leurs actes. À noter que le protocole signé vendredi privilégie la réparation : le propriétaire est ainsi vivement incité à rendre son logement conforme aux normes sanitaires.

 

Lutte contre les marchands de sommeil

 

À quel moment parle-t-on de logement indigne ? « Quand cela remet en cause la dignité humaine, le protocole sanitaire de base, qu’il n’y a pas de toilettes, pas de point d’eau », précise le sous-préfet. Une définition qui correspond aux conditions de vie dans les cases en tôles. Mais ces dernières, souvent illégales, sont-elles incluses dans le protocole signé entre l’ARS de Mayotte, la préfecture, et le parquet ? Affirmatif, indique Jérôme Millet. Mais le sous-préfet note tout de même une différence avec les opérations de démolition que mène la préfecture depuis quelques mois. « Sur les opérations Élan, nous sommes sur 50 à 100 cases démolies en même temps. Alors que dans le cadre de ce protocole, nous sommes sur des opérations individuelles puisque nous traitons d’infraction de droit commun du code pénal et des infractions spéciales au titre de la santé publique et du code de la construction et de l’habitation. »

Deux modes de fonctionnement qui ont une finalité commune : la lutte contre les marchands de sommeil. Le sous-préfet en est convaincu, ce nouveau protocole sera efficace dans ce combat. Lorsque le propriétaire du terrain admet qu’il est fautif d’avoir commis une infraction, il peut comparaître sur reconnaissance préalable de culpabilité. Autrement dit, il peut plaider coupable. Pour les plus récalcitrants, la procédure judiciaire est plus ferme. « Pour les dossiers les plus emblématiques dans lesquels les marchands de sommeil sont connus des services de l’État et contestent des faits qui leur sont reprochés, les propriétaires reçoivent une convocation par l’officier de police judiciaire devant le tribunal correctionnel », expose Jérôme Millet. Deux voies qui relèvent du procureur de la République, et donc de la justice. « Le préfet n’a pas de droit de regard », précise-t-il. Pour une fois !

Oudjérébou Proximité : des actions pour aller au plus près de la population de Mayotte

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La couveuse Oudjérébou accompagne les jeunes entrepreneurs pour tester leur activité, notamment du côté administratif, par exemple pour obtenir une immatriculation ou des subventions. Si le service est intéressant pour de nombreuses personnes, il est encore très méconnu sur l’île. Pour pallier ce manque d’information, le personnel de la couveuse a lancé le concept Oudjérébou Proximité.

On est là pour chercher des gens !”, s’exclame Inaya, en zyeutant autour d’elle, prête à alpaguer le chaland. En plus du stand installé sur la place en face du Douka Bé de Cavani, cette employée de la Couveuse fait le tour du quartier, ses flyers sous le bras. Sa mission du jour : expliquer les objectifs d’Oudjérébou et en quoi ils peuvent aider les jeunes entrepreneurs à se lancer. Selon le personnel de l’association, trop de personnes ont encore le réflexe de vouloir chercher du travail en frappant à la porte des entreprises. Alors qu’il est tout à fait possible d’entrer dans le monde professionnel par une autre porte : à savoir, en créant sa propre activité.

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Sous un chapiteau au cœur de Cavani, c’est l’occasion pour la Couveuse de Mayotte de se faire connaître par le plus grand nombre. Le stand intrigue, les passants s’arrêtent, posent des questions. Un jeune homme, qui souhaite lancer une entreprise dans le bâtiment semble vouloir passer le cap. Casquette sur la tête, il s’installe timidement à la table. Quelques minutes plus tard, il repart tout sourire avec un rendez-vous fixé la semaine prochaine. Et peut-être les outils nécessaires pour lancer son business.

 

Un système très utile à Mayotte

 

Le nombre de créations d’entreprises sur Mayotte a explosé en 2019, dépassant les 1.000 entreprises créées sur l’année. En 2020, le record a encore été dépassé avec 1.353 nouvelles entreprises. Mais si le chiffre est en hausse, nombreux sont ceux qui n’osent pas se jeter à l’eau, faute de connaissances du milieu. Et ce, malgré les 19 structures qui existent à Mayotte pour s’occuper d’accompagner les jeunes dans l’entrepreneuriat. Couveuses, pépinières, incubateurs… ces organisations souffrent malheureusement d’un manque de notoriété. “C’est pour cette raison que nous nous rendons directement dans les villages”, explique Laure, chargée de communication pour la Couveuse.

Avant Cavani, des actions ont été menées à Koungou, Pamandzi, Kani-Kéli, Chiconi, Combani et Chirongui. Cette semaine, Oudjérébou sera aussi présent à Dembéni. “Nous sommes partis d’un constat simple : c’est difficile pour les gens de venir jusqu’à nous, avec les embouteillages, ils perdent trop de temps”, analyse la communicante, très pragmatique. Aujourd’hui, la journée est plutôt bonne, plus d’une dizaine de personnes sont venues se renseigner directement au stand dans la matinée. Signe de cette belle affluence, tous les flyers se sont envolés. « Si sur dix personnes informées, trois reviennent vers nous, nous avons gagné !”, espère Laure.

 

Un accompagnement sur la durée

 

Une fois passés au stand, les futurs entrepreneurs sont invités à suivre une journée d’information collective au local d’Oudjérébou. S’ils souhaitent intégrer la Couveuse, ils auront ensuite un accompagnement personnalisé par un conseiller et pourront lancer leur phase de test d’activité. La Couveuse est le seul organisme sur Mayotte à proposer cette étape qui permet aux entrepreneurs de se rendre compte, grandeur nature, de la possible réussite ou non de leur activité. Ils obtiennent alors un statut de stagiaire au sein de la structure. De quoi limiter les risques et réduire les charges. Et une aubaine pour ceux qui hésitaient à se lancer… voire n’y avaient pas encore pensé !

À Tsingoni, la répartition des subventions associatives crée l’indignation

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Le 30 mai, la mairie de Tsingoni a présenté la distribution des budgets à destination des associations de la commune. Une répartition qui ne plaît pas à tout le monde et qui crée des hauts mais surtout des débats.

24.000 euros, soit 14% du budget annuel des associations, c’est ce que représente le montant attribué pour le clip de la chanteuse Zily par la municipalité de Tsingoni ce dimanche 30 mai. Une décision qui passe mal alors que le tournage ne serait même pas réalisé dans la localité. Mais ce n’est pas tout, l’association qui aurait obtenu cette enveloppe n’en serait pas une… À en croire son numéro de Siret, Yeka Music est une entreprise basée à Châteauroux, dans l’Indre. Une information qui a mis le feu au poudre et qui expliquerait la colère de l’opposition à la mairie de Tsingoni. “Nous ne comprenons pas cette décision”, s’exclame Ibrahima Abdoul Hanyou. “On nous a présenté un tableau qui n’est pas assez détaillé. Nous soupçonnons des financements occultes et nous allons attaquer cette décision au tribunal. Il n’est pas normal qu’un tel budget ne soit pas attribué aux associations de la commune qui œuvrent sur notre territoire”, poursuit-il.

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Les associations se mobilisent…

 

La coordinatrice de l’office municipal des sports et entraîneuse de l’équipe Combani Handball, Babja Faoula, déplore un contexte déjà compliqué pour les associations sportives. “Auparavant dans notre club, nous avions 200 licenciés. Depuis la crise sanitaire, nous n’en avons plus que 100. Il faut aujourd’hui relancer notre activité, attirer de nouveaux jeunes, racheter du matériel… Pour cela, il faut des budgets conséquents et bien que nous ayons reçu une subvention de 2.000 euros, nous n’irons pas bien loin”, s’agace-t-elle. Avant d’ajouter : “Je crains que beaucoup d’associations soient dans le même cas de figure que nous et se tournent vers l’OMS pour demander des fonds. Malheureusement, nous ne pouvons pas répondre aux besoins de tous.

Sur Facebook, les internautes incrédules ne décolèrent pas. Ils demandent aux élus de justifier leur choix quant à ce montant accordé aux structures sportives qui accueillent et encadrent pourtant les jeunes de la commune. Une somme qu’ils considèrent dérisoire en comparaison à celle octroyée à Zily pour le tournage de son clip. “Tout le monde a remarqué la grosse différence de budget donné par la mairie à cette chanteuse et au reste des associations. Je pense que nous allons lancer des démarches et nous regrouper avec les autres associations pour faire appel de cette décision auprès de la mairie de Tsingoni”, prévient Babja Faoula.

 

… les élus répondent

 

De son côté, le maire de Tsingoni, Mohamed Bacar, dit ne pas se sentir inquiété par ces accusations. “La commune ne s’exprimera pas à ce sujet”, fulmine-t-il. Preuve en est avec Ambass Ridjali, directeur général administratif en charge de la culture et du sport, qui préfère se ranger derrière la décision votée par le conseil municipal. “Les associations et l’opposition peuvent nous insulter et aller au tribunal administratif, le conseil municipal est serein”, s’agace Mohamed Bacar, visiblement très irrité par les attaques prononcées contre lui et les membres de son équipe. Ambiance !

France Relance : Mayotte pépinières unique lauréat mahorais

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Le gouvernement continue sa politique de mobilisation pour relancer l’économie. Une partie du budget du plan de relance sera consacrée à la production agricole et forestière. À Mayotte, seule l’entreprise Mayotte pépinières pourra en bénéficier. Re-boisement, modernisation, aménagement : la société a déjà entamé les travaux.

107.000 euros, c’est la somme exacte reçue par la société Mayotte pépinières grâce au plan France Relance. Mieux encore, elle est l’unique entreprise mahoraise parmi les 67 lauréats ultramarins. « Nous sommes encore à l’ancienne méthode, nos salariés travail-lent à même le sol avec un parasol en guise d’ombrière… Nous sommes loin de la méca-nisation européenne », raconte Vanessa Besancenet, responsable d’affaires à Mayotte pépinières. Les salariés s’épuisent également parce qu’ils cultivent la terre exclusivement à la main. « Ils doivent chercher les graines, le bois, ils doivent vérifier la pousse des plantes et faire un suivi phytosanitaire pour chacune d’elle. C’est difficile parce que c’est un gros travail qui se fait en plein soleil », détaille Vanessa Besancenet.

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À cela s’ajoutent les contraintes liées directement à la parcelle utilisée par Mayotte pépinières qui se trouve à Combani. Si la société possède dix hectares, seulement trois sont actuellement cultivés. « Toute la parcelle n’est pas aménagée. Il y a encre des arbres, le terrain n’est pas droit et nous ne pouvons pas mettre des plantations dessus », déroule la responsable d’affaires. À cause de ces conditions de travail, la productivité de l’entreprise n’est pas à son maximum. Pourtant, les terres mahoraises sont assez fertiles et les conditions météorologiques favorisent la pousse des plantes et des fleurs. Il est donc indispensable pour Mayotte pépinières de passer un cap !

 

Modernisation de l’outil de travail

 

Un investissement évalué à près de 300.000 euros. Sachant cela, les 107.000 euros oc-troyés par le plan de relance sont un joli coup de pouce pour envisager l’avenir plus se-reinement. « Cela va nous permettre de moderniser la pépinière. À l’heure actuelle, il n’y a pas de suivi réel des sorties et entrées de tout ce que nous avons en culture. Nous avons demandé un logiciel pépiniériste qui va nous permettre d’avoir une traçabilité du moment où nous mettons la graine jusqu’à la vente de la plante », indique Vanessa Besancenet.

Le logiciel, qui aura d’autres fonctions, aidera l’entreprise aussi bien sur la logistique que sur la production et sur la gestion commerciale de la pépinière. L’enveloppe financière sera également utilisée pour acheter de nouveaux outils, comme des tables d’irrigation à hauteur d’homme, dans le but d’améliorer les conditions de travail des employés. Et pour anticiper les futures pénuries d’eau, les gérants prévoient d’ores et déjà d’acheter une cuve de stockage de pluie de 290 mètres cube. « Avec tout ce matériel, nous ne serons toujours pas aux standards européens, mais cela nous aidera un minimum », relativise la responsable d’affaires.

 

Aménagement des parcelles

 

L’autre objectif de cette aide accordée par le gouvernement consiste à aménager les dix hectares de parcelle de l’entreprise pour augmenter sa productivité. En effet, face à une demande de plus en plus forte, les trois hectares ne lui permettent plus de répondre à tous les marchés. « Nous nous efforçons de répondre à la demande à Mayotte, mais en ce moment il y a un plan de reboisement sur l’île initié par l’office national des forêts. Il fallait absolument aménager la pépinière pour avoir de la place et mettre en culture de nouveaux plans forestiers », informe Vanessa Besancenet.

Mayotte pépinières a également répondu au marché du projet Caribus qui nécessite une grosse production d’arbres, de plantes et de fleurs. Si les travaux d’aménagement et de reboisement ont déjà commencé, Mayotte pépinières annonce déjà poser sa candidature pour d’autres subventions afin de mener à bien tous les travaux.

Avec Mudu, le rappeur Reed Blowz voit les choses en grand

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Au détour d’une vadrouille sur l’île, vous avez sans aucun doute aperçu dix grands panneaux publicitaires pour annoncer la sortie du son Mudu. L’origine de cette campagne de communication ? Reed Blowz, un jeune artiste mahorais qui fait vibrer toutes les générations avec les premiers extraits de son EP intitulé Rissala. Rencontre avec un jeune homme qui entremèle ambitions personnelle et collective.

Originaire de Kawéni, Reed Blowz a toujours été un artiste. Danseur à ses débuts, puis topliner, il commence à chanter plus tard, avec un groupe d’amis. En 2018, à l’époque toujours dans son groupe, il sort son premier son solo, Bastui. Rapidement un succès, le son comptabilise trois ans plus tard plus d’un million de vues sur Youtube. “Ca a explosé, mais je ne me voyais pas encore dans la notoriété”, se remémore Reed Blowz. Car sur un territoire aussi petit que Mayotte, un visage ne reste jamais inconnu très longtemps… Pas encore prêt à enchaîner les selfies en pleine rue avec ses fans, le jeune homme préfère se recentrer sur lui-même et sa famille, dans l’optique de déterminer ses ambitions et de choisir le chemin qu’il voulait suivre.

 

Pallier la méconnaissance du milieu musical sur l’île

 

Pour trouver sa voie, Reed Blowz suit donc plusieurs formations “pour comprendre ce monde”. Rapidement, il déplore le manque de connaissance sur l’industrie musicale. Et selon lui, à cause de ces lacunes, beaucoup de jeunes mahorais se font avoir. “On me proposait des contrats, mais dans les petites lignes, je comprenais que moi, je ne ferais pas d’argent”, raconte le rappeur. Alors pour changer la situation et inverser la tendance, il prône une certaine solidarité entre les artistes de l’île aux parfums. “Est-ce qu’on a le luxe de se chamailler alors que dans le top 200.000 Billboard il n’y a pas un Mahorais ?”, s’interroge Reed Blowz pour défendre sa position. Et c’est justement pendant cette période de flou que l’envie de créer un label taraude l’esprit du jeune papa. Un projet qui se concrétise aujourd’hui avec Rissala Records. Un label indépendant, dont le premier titre est le fameux Mudu, sorti le 15 mai dernier.

 

Une promotion en grand

 

Mudu”, qui signifie “noir”, est un son aux paroles engagés contre le colorisme à Mayotte. “Je ne voulais pas de victimisation ! Je voulais simplement exprimer la fierté d’être noir.” À travers ce titre, Reed Blowz cherche à sensibiliser sur le sujet, qui est complexe et presque tabou dans le 101ème département. Car oui, le shimaoré comporte de nombreuses expressions qui s’attaquent à la couleur de peau, en fonction des carnations. Peu importe les reproches et les raccourcis sur son éventuelle “musique communautaire”, il se lance dans cette chanson, qui lui tient tout bonnement à cœur.

Pour cela, il met même les petits plats dans les grands ! Loin de se contenter d’une banale promotion sur les réseaux sociaux, Reed Blowz préfère faire poser des Mahorais et des Mahoraises, vétus d’un tissu africain, devant un banga. Dix de ces photos se trouvent actuellement aux quatre coins de l’île : certaines à Kawéni, d’autres à Chirongui, sans oublier la Petite-Terre… Cerise sur le gâteau, l’artiste décide d’organiser une interview en live sur Instagram, le jour de la sortie de son titre. La veille de la sortie de son clip. “Je voulais montrer qu’on pouvait faire mieux que ce qu’on fait sur l’île, pour que la barre soit poussée plus haut par les autres”, insiste le rappeur, derrière ses lunettes. Un pari réussi pour le moment puisque le clip de Mudu comptabilise déjà 80.000 vues sur Youtube.

 

Un son qu’on entend partout sur l’île

 

Après deux ans d’absence, Reed Blowz revient avec le titre Tsena en décembre 2020. De retour sur l’île, le rappeur renoue avec son public. Et le son devient rapidement viral avec plus de 800.000 vues, en l’espace de quelques mois ! Intergénérationnel, Tsena se retrouve aussi bien dans les soirées des plus jeunes que dans les radios des plus âgés. “J’ai laissé mon public faire ma promotion”, sourit l’artiste. Et avec Mudu, il espère recevoir un tout aussi bel accueil de la part de ses admirateurs. C’est d’ailleurs un point sur lequel Reed Blowz souhaite insister : au-delà de son équipe, en qui il a totalement confiance, il est fan de son public, qu’il qualifie de “très respectueux”. Ne reste plus qu’à finaliser son EP intitulé Rissala, dont la date de sortie reste encore inconnue. Entre le lancement du label et sa carrière musicale prometteuse, le jeune homme de 28 ans n’a pas fini de faire parler de lui.

Grenelle : 700 millions d’euros et une feuille de route fournie pour le rectorat de Mayotte

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À l’issue du Grenelle de l’éducation engagé depuis octobre dernier, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a pris une série de 12 engagements, avec comme mesure phare une enveloppe globale de 700 millions d’euros mobilisée en 2022 pour revaloriser les personnels. À Mayotte, comme dans chaque académie, le rectorat a sorti sa feuille de route, qui doit mieux prendre en compte les spécificités du territoire. Le recteur Gilles Halbout présente ces ambitions pour le 101ème département.

Flash Infos : Quelles traductions concrètes va avoir le Grenelle de l’éducation sur les personnels de l’Éducation nationale ?

Gilles Halbout : Au niveau national, déjà, je pense qu’il est important de rappeler cette enveloppe de 700 millions d’euros mise sur la table. Nous allons continuer de revaloriser les débuts de carrières, renforcer les efforts consentis sur certaines catégories de personnels,comme les directeurs d’école, revaloriser aussi les aesh (accompagnants d’élèves en situation de handicap) sans oublier l’accent mis sur la formation. Les conclusions du Grenelle ont permis d’aboutir à 12 axes de développement forts dans lesquels nous pouvons retenir toute une partie sur l’accompagnement personnel, pour valoriser les compétences, faire de la gestion individuelle de carrière. Il y a aussi tout ce qui a trait au travail collectif et au rapport à l’administration, avec un travail pour donner plus d’autonomie aux établissements, et aussi pour établir des passerelles entre monde de l’inspection et enseignants. Le troisième type de mesure d’ordre plus administratif avec les moyens pour assurer la continuité pédagogique, renforcer le remplacement de la vie scolaire, cela nous parle d’ailleurs beaucoup ici à Mayotte, ou encore développer la formation continue avec les plans maths et français. Enfin, il y a cette question transversale sur les revalorisations salariales qui doit mieux reconnaître les engagements personnels et la mise en place d’un observatoire des rémunération et du bien-être. L’objectif : surveiller qu’il n’y ait pas à nouveau des décrochages de pouvoir d’achat ou dans les conditions de travail.

FI : Comment ces engagements du ministre de l’Éducation nationale vont-ils se traduire à Mayotte, département qui connaît son lot de défis spécifiques dans le domaine de l’éducation ?

G. H. : Comme chaque académie, nous avons effectué un travail local pour avoir des mesures plus spécifiques pour nos personnels. Cette feuille de route est le fruit de mois de concertations, suivis d’un gros travail pour faire valider ces mesures au niveau national. Il ne s’agit pas d’un courrier envoyé comme ça au ministère ! Non, ce document nous engage, et engage l’État. C’est la première fois que l’État par la voix du rectorat et du recteur prend un certain nombre d’engagements, attendus par ailleurs depuis longtemps par les organisations syndicales. À l’issue de cette concertation que nous avons eu à partir de décembre à l’initiative de la députée Ramlati Ali, avec les parlementaires, les organisations syndicales, les chefs d’établissements, nous avons établi cette feuille de route organisée autour de quatre axes. C’est une trajectoire, et il s’agit maintenant de mettre des dates. Certaines mesures sont déjà mises en œuvre de manière anticipée, je pense par exemple aux mesures d’attractivité avec l’ISG pour les néo titulaires, et aussi pour les contractuels aux primes à la mobilité vers les territoires d’Outre-mer. Ces dispositions-là, nous avons pu les prendre sans attendre les évolutions réglementaires et administratives au niveau national. Avec cette feuille de route, il s’agit d’avoir derrière l’appui juridique et la sécurisation car nous ne pouvons pas non plus nous retrouver trop en dehors des clous réglementaires. Toutes ces avancées sont des nouveautés que nous avons pu mettre en place depuis un peu plus d’un an. D’autres sont en passe d’être mises en route, comme la question des départs en retraite des instituteurs d’État recrutés à Mayotte. Nous avons trouvé un point d’accord entre le SNUIPP, le ministère, les représentants des professeurs du premier degré, et il faut désormais le mettre en route. L’idée est de travailler avec l’ensemble des personnels pour accompagner ceux qui voudront partir dans le cadre des propositions effectuées.

Enfin, nous avons des mesures de plus long terme, au-delà par exemple des 700 millions d’euros actés au niveau national, nous avons les demandes locales pour harmoniser par le haut la revalorisation de l’ensemble des personnels, pour nous aligner sur la Guyane et La Réunion. Cette fois-ci, il nous faut un véhicule au moins réglementaire ou législatif. Nous avons eu l’accord de notre ministère pour l’inscrire dans notre feuille de route, maintenant nous espérons passer par le projet de loi Mayotte ou tout autre véhicule pour accélérer les choses.

FI : Vous l’évoquiez, l’une des spécificités locales à Mayotte concerne la situation particulière des instituteurs de la collectivité territoriale, dont certains ont été lésés dans leurs pensions de retraite au moment de la départementalisation. Avec cette nouvelle feuille de route, pouvons-nous imaginer des départs importants à la retraite ? Selon quel calendrier ?

G. H. : Nous sommes en discussion. Nous pouvons décemment imaginer dépasser la centaine dans les semaines ou mois à venir via ces mesures, (comme la retraite chapeau, pour améliorer les pensions en contrepartie d’un engagement au départ par les bénéficiaires, ou un dispositif de rupture conventionnelle, NDLR). Mais attention ! Il ne faut pas le voir comme une obligation, il faudra le temps de la discussion. D’autant qu’un départ à la retraite peut être une étape douloureuse, où l’on quitte son mode de vie professionnel, une grande partie de sa vie… Nous ne sommes pas là pour faire du chiffre, j’insiste, mais au contraire pour accompagner les collègues qui le voudront. Il y a donc aussi un travail d’information important à mener, d’où l’importance de passer entre autres par les syndicats. Mais tout cela peut prendre du temps, c’est du cas par cas en fonction de la famille aussi, du nombre d’enfants, nous rentrons dans l’intimité des gens. Il ne s’agit pas d’une mesure que nous érigeons comme un slogan, nous allons progresser pas à pas.

FI : La proportion de contractuels dans le 2nd degré est passée de 20% à 50% en quelques années, comme le rappelle la feuille de route. Cette part importante de contractuels entraîne d’ailleurs régulièrement des mouvements sociaux, quand certains se sentent lésés en fin d’année pour non-renouvellement par exemple : qu’apporte rectorat comme réponse à cette situation ?

G. H. : Nous avons reçu jeudi les organisations syndicales et au-delà des discours, nous sommes d’accord, à la fois sur le fait qu’il ne faut pas se priver de contractuels qui font bien leur travail mais aussi qu’il ne faut pas renouveler tout le monde. Nous ne nous privons pas d’étudier tous les cas particuliers, mais la DRH ne m’a fait part d’aucune demande de révision particulière. Il faut aussi nuancer entre un avis défavorable établi par un inspecteur sur des personnes en contrat encore pour deux ou trois ans, où il s’agit davantage d’une alerte. Après, un enseignant est un cadre à qui nous confions une classe. Bien sûr, nous l’accompagnons, nous le formons et nous n’avons trouvé aucun syndicat autour de la table pour dire que notre plan de formation était défaillant. Nos contractuels sont accompagnés, maintenant si la personne ne s’avère pas autonome après quelques années, c’est peut-être aussi qu’elle n’a pas vocation à être professeur. Et bien sûr cela nous attriste, car nous investissons nous-mêmes beaucoup dans ces personnels, et nous en avons besoin à Mayotte ! Donc nous allons continuer à les former. Après je le redis, les contractuels non renouvelés représentent 2% des ces personnes…

FI : L’autre objectif serait aussi d’obtenir davantage de titularisation, pour fidéliser les enseignants ?

G. H. : Au bout de six ans, ils peuvent passer en CDI, mais ce n’est pas satisfaisant, au regard de la loi il faut encore passer un concours pour devenir fonctionnaire. Nous accompagnons beaucoup de contractuels pour passer ces concours et nous avons beaucoup milité en maths et lettres pour le concours à bac+3. Ce n’est pas un concours dévalorisé mais justement pour offrir à nos collègues d’autres voies de titularisation. Après c’est un concours national et certains n’ont pas le niveau pour être professeur certifié. Au-delà d’un gage d’équité par rapport aux collègues, ce qui nous intéresse c’est bien sûr leur niveau. Si un jury a jugé que ces collègues n’avaient pas le niveau, il n’y a pas raison qu’à Mayotte, nous baissions le niveau et que nous recommencions à Mayotte à prendre des gens qui sont jugés en dessous. Ces collègues-là, il faut continuer à les former. Nous ouvrons un maximum de concours externe, interne, externe Mayotte, interne Mayotte, tout un tas de possibilités, pour ces enseignants. Et nous avons d’ailleurs à Mayotte de très très bons résultats. Après il y a aussi ceux qui passent le concours et s’en vont… Heureusement c’est une minorité.

FI : Quid des AED, ces assistants d’éducation dont le statut ne permet pas leur renouvellement au bout de six ans ?

G. H. : Il faut rappeler qu’un AED, à l’origine, c’est un surveillant, le “pion”, qui étaient souvent des étudiants qui faisaient ça pour compléter leurs études, d’ailleurs souvent en visant des métiers dans l’Éducation nationale, en attendant de passer des concours CAPES ou CPE par exemple. Il se trouve qu’à Mayotte, nous avons une double logique : d’une part nous avons des collègues qui n’étaient pas dans des démarches de faire des études ; de l’autre côté, nous avons un besoin très très particulier en vie scolaire. Nous avons donc fait la proposition de créer un statut intermédiaire, entre l’AED et le CPE. Cela permettra de stabiliser des gens en vie scolaire tout en maintenant ce statut de surveillant à mi-temps pour des jeunes. Et aussi peut-être les former pour devenir des surveillants capables comme en métropole de faire de l’aide au devoir.

FI : Maintenant que cette feuille de route spécifique à Mayotte a été établie, quelles sont les priorités selon vous ?

G. H. : La feuille de route est très riche. Mais je dis toujours que si l’on dit quelque chose il faut aller jusqu’au bout. Il faut le faire ! Mais il faut en effet que nous nous donnions des priorités et un calendrier car derrière la mise en place de ces mesures, il y a des hommes et des femmes et nous ne pouvons pas mobiliser tout le monde. Dans les urgences, je pense que nous allons d’abord clore ce dossier des retraites des instituteurs d’État ; l’autre priorité, c’est bien sûr la sécurisation des établissements, et nous avons déjà bien avancé, au point qu’on nous dit parfois que nous en avons trop fait ! Le dossier de la formation lui aussi doit être en haut de la pile. Et bien sûr l’augmentation des rémunérations que nous devons doser entre les nouvelles mesures nationales et celles spécifiques à Mayotte.

 

Manifestation en Petite-Terre jeudi dernier : le recteur appelle à l’apaisement

Des propos parfois durs, signes peut-être d’une fatigue générale. La manifestation du corps enseignants jeudi dernier en Petite-Terre a pris une tournure de “chasse à l’homme, ou chasse à la femme”, selon l’expression du recteur Gilles Halbout. Une ambiance délétère alors que les manifestants, mobilisés à l’appel du syndicat SNUIPP, appelaient au départ de leur inspectrice Corinne Delvallé. “Mme Delvallé, s’il y a quelque chose qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est sa conscience professionnelle, elle travaille avec beaucoup d’application, avec l’envie de faire avancer les dossiers”, insiste le responsable d’académie. “Elle a pris ses fonctions à la rentrée et on m’a en effet alerté en décembre sur le fait qu’elle pouvait mettre davantage les formes.” De là à parler de “dictature” et de “harcèlement”… Selon le recteur, “les esprits se sont échauffés, dans un mouvement d’humeur”, lié à la forte pression subie par tous cette année, dans le cadre particulier de la crise sanitaire. “Certains sont à bout, et ils ont pu avoir le sentiment d’un manque de reconnaissance de leur travail passé”, poursuit le recteur qui y voit surtout un problème de communication. Et qui se dit prêt à organiser une réunion avec les uns et les autres. Pour calmer tout le monde.

NPRU : lancement des travaux de réhabilitation dans le secteur SPPM de Kawéni

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Vendredi signait le lancement de grands travaux dans le secteur SPPM de Kawéni. Ceux-ci s’inscrivent dans le Nouveau programme de rénovation urbaine (NPRU) et permettront de rendre fonctionnel un espace déjà utilisé mais dont le potentiel n’est pas encore exploité. Tout le secteur de la zone scolaire va notamment être rénové, un point très positif selon le maire de la ville et les habitants.

Sous un chapiteau entre la MJC de Kawéni et l’école poste, le maire de Mamoudzou a annoncé ce vendredi le lancement des travaux d’aménagement du secteur SPPM de Kawéni. Attendus depuis longtemps par les habitants du village, ces travaux, qui dureront 18 mois, sont accueillis avec le sourire. La première étape consistera à aménager le terre-plein, afin d’en faire un espace de vie. Il sera aménagé en une place publique avec trottoirs, jeux pour enfants et agrès de sport. La rue SPPM et la passerelle vont elles aussi être réhabilitées, une phase de travaux contraignante mais nécessaire pour redonner vie à cette partie du village. Pour le maire de Mamoudzou, ces travaux vont permettre de “rendre la liaison avec le village plus directe et plus efficace”.

 

Un passage clé pour les élèves

 

Si c’est dans cette zone qu’a démarré l’histoire économique de Kawéni, c’est aujourd’hui un passage clé pour les élèves à la fois des écoles primaires mais aussi du collège et des lycées. Kawéni compte plus de 10.000 élèves, et leurs trajets jusqu’aux établissements doivent pouvoir se faire en sécurité. “Le chemin est la première étape vers la réussite éducative”, relève Ambdilwahedou Soumaila. Une plateforme de bus a aussi été imaginée au cœur de la place, afin de faciliter les déplacements des jeunes et leur accorder un espace où attendre en sécurité. La circulation dans la zone devrait elle aussi être moins perturbée. Le dernier aménagement important du terre-plein sera la création d’une ombrière où les élèves pourront s’abriter pour attendre leurs transports mais qui fera aussi office de “salle des fêtes” pour certaines cérémonies.

 

Le début d’un projet plus large

 

D’autres zones sont concernées par le Nouveau programme de rénovation urbaine. La zone scolaire, où la ville a pour ambition de développer la restauration afin que les élèves puissent manger sur place mais aussi les équipements sportifs, pour favoriser les activités à proximité des jeunes. Le quartier basama et le village sont des zones elles aussi comprises dans le programme complet de rénovation, dont le coût s’élève à 150 millions d’euros. Le revers de la médaille : les déplacements dans le secteur SPPM risquent d’être perturbés pendant plusieurs mois… Mais d’ici un an et demi, Kawéni aura changé de visage.

À la rivière de Majimbini, Nayma passe (déjà) à l’action

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Nettoyage et prévention à l’ordre du jour pour l’équipe de Nayma dans la rivière de Majimbini ce vendredi 28 mai. La jeune association a lancé il y a quelques semaines ses premières actions environnementales et entend bien changer durablement les mentalités sur le territoire mahorais.

A 9h, une foule de t-shirts verts et bleus se réunit sur le parking de la DEAL. Sacs poubelles et râteaux à la main, les employés de Nayma sont prêts. Fatima, encadrante, se réjouit du travail de sa toute nouvelle équipe. “Ils sont bien impliqués. Je supervise 12 personnes de 20 à 60 ans, il y a une belle diversité et une bonne cohésion”, se satisfait la jeune agricultrice. Les soixante-douze employés en contrat d’insertion de Nayma se rendent aujourd’hui à la rivière de Majimbini afin de ramasser les déchets qui s’y trouvent et effectuer de la prévention auprès des riverains.

“La sécurité avant tout”

Abdallah Faizi, en charge de la coordination et du recrutement chez Nayma rappelle des règles mises en place par l’association en matière de santé et de sûreté. “Nos employés ont d’abord suivi une semaine de formation avant de débuter les chantiers pour éviter les risques et savoir comment bien ramasser les déchets. De plus, avant de partir sur le nettoyage d’une zone comme aujourd’hui, nous effectuons au préalable une sortie terrain pour estimer l’intervention à venir. Par ailleurs, il y a certains endroits où nous n’intervenons pas, notamment là où s’écoulent les eaux usées. À terme nos employés seront vaccinés contre le tétanos ou encore l’hépatite A mais nous faisons passer la sécurité avant tout et nous ne voulons surtout pas les exposer à des risques notamment sanitaires« , confie-t-il.

 

Un travail de longue haleine

 

Une semaine plus tôt, l’équipe de Nayma avait déjà nettoyé ce tronçon de rivière. Aujourd’hui, tous sont ravis de voir que certaines zones sont restées intactes même si les déchets continuent à joncher les berges. “La dernière fois, il nous a fallu trois jours pour évacuer tous les déchets. Là, il ne nous faudra qu’une seule journée pour enlever ce qui reste. C’est encourageant”, souligne Abdallah Faizi. L’équipe se scinde en deux. Certains continuent à ramasser tandis que d’autres partent à la rencontre des habitants afin de les sensibiliser. “Bonjour Madame, est-ce que vous jetez vos déchets ?”, lance un des salariés de l’association à une habitante du quartier. Avant de préciser : “Nous faisons de la sensibilisation pour faire changer les mentalités. Nous pensons que la sensibilisation est plus efficace quand les gens nous voient nous aussi nous impliquer et nettoyer. Comme ici par exemple, cette dame est venue spontanément avec son balais ramasser les déchets devant chez elle. Nous sommes venus lui parler une première fois et aujourd’hui elle a pris conscience qu’en agissant à son niveau elle peut faire changer les choses”. Il reste encore beaucoup de travail aux membres de l’association pour faire évoluer les mentalités sur l’île au parfum. Car pour les populations très précaires, c’est bien souvent l’accès direct et facilité à un conteneur poubelle qui pèche… Et leurs déchets finissent bon gré mal gré à même le sol.

Nadjayedine Sidi et Hélène Pollozec, rassemblés pour de nouvelles ambitions

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Investis par le parti Le rassemblement présidé par l’ancien maire de Mamoudzou Mohamed Majani, Nadjayedine Sidi et Hélène Pollozec veulent être le visage de la nouvelle génération mahoraise. Une génération, jeune, moderne et ambitieuse, qui a besoin d’être représentée sur la scène politique. Et c’est tout l’enjeu de ce binôme qui se présente dans le canton de Mamoudzou 3.

Flash Infos : Dans votre profession de foi, vous parlez de « six ans d’inertie », estimez-vous que rien n’a été fait durant les six dernières années de mandature ?

Nadjayedine Sidi : Dire que rien n’a été fait serait faux. Il y a eu quelques éléments lancés mais rien de palpable. Les 26 élus du Département étaient tous dans la majorité, mais on n’en voit pas la couleur. Sur le terrain, on nous a dit que des choses allaient être faites mais nous n’avons rien vu. La collaboration qui aurait dû émerger avec la commune de Mamoudzou ne s’est pas faite, alors que le Département est la maison mère, c’est là qu’il y a les moyens pour impulser une politique d’investissement sur le territoire. En termes d’économie, aucun chantier n’a été concrétisé, sans parler du manque d’accompagnement pour les créations d’entreprises.

Hélène Pollozec : Certains dossiers ont été ralentis à cause de la mauvaise entente entre la municipalité et le conseiller départemental de Mamoudzou 3 en la personne d’Ali Debré Combo.

FI : Vote slogan est « Nouvelle génération, nouvelles ambitions », quelles sont vos ambitions ?

H. P. : Nous parlons de nouvelle génération parce que notre groupe est jeune. Je prends mon exemple, j’en suis à ma deuxième expérience en politique. J’étais colistière pendant les municipales l’année dernière avec Nadjayedine Sidi et Mohamed Majani. Mon suppléant et moi sommes jeunes et dynamiques. Nous revenons à Mayotte pour mettre nos compétences au service de la population. En ce qui concerne les ambitions, notre première est d’accélérer le rattrapage institutionnel de Mayotte. Nous voulons aussi rendre le conseil départemental accessible. Nous voulons rester proche de la population et être transparents dans toutes les décisions que nous prenons.

FI : De quelles manières allez-vous rester proches de la population ?

H.P : Nous le sommes déjà sur le terrain. Nous avons aussi ouvert deux permanences pour que nous puissions avoir des endroits dédiés au dialogue avec la population et nous recevons beaucoup de monde. Nous avons aussi lancé des meetings numériques quand nous ne pouvions pas aller physiquement à la rencontre des habitants, cela nous a permis de maintenir le dialogue et de leur présenter tous nos projets.

N.S : Jusqu’à maintenant, nous avons toujours dit que l’élu de proximité est l’élu municipal, or c’est faux. Un élu départemental est aussi un élu de proximité. Cette personne doit être au plus près des habitants parce qu’elle est chargée de l’accompagnement associatif et du développement économique.

FI : Quelles sont les attentes des habitants que vous rencontrez ?

S.N : La population du canton de Mamoudzou 3 a faim, elle a envie de travailler, elle a envie d’être éduquée. Elle veut aussi vivre paisiblement. Aujourd’hui à Mayotte on travaille et on rentre à la maison pour dormir. Alors qu’il y a l’après travail et il y a des choses qui manquent. Notre objectif est d’accompagner les municipalités pour qu’il y ait une sécurité sur le territoire et qu’il y ait des moments et des endroits où les gens puissent se reposer.

H.P : Grâce à mon métier je suis très proche des jeunes, et ils me disent souvent qu’il manque de terrains de sport pour pouvoir se défouler, qu’il manque d’endroits pour pouvoir pratiquer la danse etc. Le fait d’être proche d’eux nous permet de récupérer les doléances précises des habitants et ainsi mettre en place rapidement tous ces projets.

FI : Quelles sont les mesures phares de votre programme ?

H.P : Pour nous, le point le plus important est l’emploi. On ne peut pas développer un territoire sans développer l’économie et cela passe par l’emploi. Nous voulons aussi restructurer la filière agricole et celle de la pêche.

S.N : Nous voulons accompagner les jeunes dans la création d’entreprise. On dit toujours que pour réussir il faut être fonctionnaire. Nous voulons faire comprendre que ce n’est pas le fonctionnariat qui va développer le territoire. C’est plutôt l’accompagnement de l’entrepreneuriat. Nous voulons aussi aider les collectivités à mettre en place des projets structurants où ils pourront créer de l’emploi. Sans oublier l’économie sociale et solidaire, à travers cela on peut énormément créer d’emplois, notamment dans le domaine environnemental et sportif.

FI : Mamoudzou suffoque sous les embouteillages, quelles sont vos pistes pour remédier à ce fléau ?

H.P : Nous avons déjà pensé à tous les aménagements nécessaires pour désengorger Mamoudzou. Nous avons aussi pensé à les échelonner. Ce dont nous avons besoin maintenant ce sont des solutions à très court terme, donc cela passera par la mise en place de transports maritimes parce que la construction d’un quai met moins de temps que celle d’une route. Cela prendrait à peu près un an. Notre deuxième solution à court terme qui mettrait moins de 3 ans à se réaliser, c’est le téléphérique. L’avantage est que cela ne nécessite pas énormément de foncier. Tous ces projets devront se réaliser en même temps, parce que j’ai constaté que le conseil départemental a du mal à faire plusieurs choses à la fois. Puis, en parallèle, nous sortons les gros dossiers des cartons comme celui de la route de contournement de Mamoudzou qui mettra une dizaine d’années à se réaliser. Et nous ne mettons pas le projet du train au placard. Nous le mettons en route mais cela prendra une trentaine d’années. Sans oublier le projet Caribus que nous appuierons. Tous ces modes de transports ne sont pas en concurrence, ils se complètent.

N.S : Les quais des transports maritimes seraient à Longoni et à Iloni où il y a déjà un projet en cours. Nous construirons à côté de ces quais de grands parcs relais pour que les gens puissent garer leurs voitures et prendre les transports communs maritimes. Concernant le téléphérique, il a un atout touristique parce que cela va permettre d’admirer Mayotte par les airs. On mettrait une ligne de Combani à Vahibé, une autre de Passamainty jusqu’au CUFR de Dembeni et une de Mamoudzou jusqu’aux Hauts Vallons.

FI : Dans votre profession de foi, vous parlez également de la création d’un centre éducatif fermé. Comment allez-vous mener à bien ce projet ?

N.S : C’est un projet qu’il va falloir concrétiser en partenariat avec la direction de la protection judiciaire de la jeunesse, avec les services de l’État et la commune parce que c’est elle qui maîtrise le foncier, pour trouver l’endroit adéquat. Le tribunal via la PJJ pourra réfléchir sur le fonctionnement de ce centre. C’est un travail qu’il faut que l’on porte rapidement avec les partenaires pour décider la politique de réalisation. Mais cela peut également être porté par une association.

FI : Est-ce que vous visez la présidence du Département si jamais vous êtes élus au canton de Mamoudzou 3 ?

H.P : Nous entendons beaucoup parler de femme présidente mais cela ne fait pas partie de mes ambitions personnelles.

N.S : Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Nous sommes en campagne, et nous ne nous concentrons pas sur ça. Pour le moment cette idée n’est pas posée sur la table, nous espérons gagner les élections et nous verrons par la suite si nous sommes élus.

FI : Hélène Pollozec, vous êtes jeune, seulement 23 ans, et à ce jour vous n’avez qu’une seule expérience en politique. Pourquoi souhaitez-vous vous engager à votre âge ?

H.P : Pour moi, il était naturel de m’engager. Je l’ai fait à 22 ans pour les municipales parce que j’ai pensé que les jeunes avaient besoin d’être représentés, d’avoir une voix dans les décisions prises. Et puis j’ai grandi dans la politique, ma mère était première adjointe au maire de Koungou. J’ai fait un master de diplomatie et pour moi c’était la suite logique. J’ai eu la chance d’avoir vécu à l’étranger et voir ce qui a été fait là-bas, donc j’ai une vision précise de ce qui pourrait être fait ici à Mayotte.

N.S : C’est une chance d’avoir des jeunes qui démarrent tôt dans le milieu politique parce qu’ils ont le temps d’apprendre et de connaître. Et puis quand on est jeune, la façon de réfléchir est différente. Hélène sera en adéquation avec ce que pense et souhaite la jeunesse.

10 ans de réclusion criminelle pour avoir éborgné un policier de la BAC en 2018

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L’accusé, âgé de 17 ans au moment des faits, n’a pas bénéficié de l’excuse atténuante de minorité. Il repart à Majicavo pour sept ans supplémentaires.

10-ans-reclusion-criminelle-eborgne-policier-bac-2018Le verdict est tombé vendredi, après un jour et demi de procès. La cour d’assises des mineurs a condamné à dix ans de prison – et autant d’interdiction de territoire français – l’homme accusé d’avoir éborgné le major de la brigade anti-criminalité (BAC) Philippe Meyer en 2018. À l’annonce de la décision, c’est comme un soupir de soulagement collectif qui a été relâché du côté de la victime et de ses proches. “Je suis soulagé ! Quand je suis venu, je n’attendais rien de ce procès car je pensais qu’il n’allait écoper que de quatre ou cinq ans, étant donné qu’il était mineur. Et il a finalement pris plus que les réquisitions de l’avocat général”, a soufflé Philippe Meyer après une accolade avec ses anciens collègues, venus le soutenir dans cette étape difficile de sa reconstruction.

“Après ça, il n’a plus jamais été le même”

Le policier avait reçu un projectile au visage, lors d’une intervention le 24 mai 2018 à Passamaïnty après des troubles à l’ordre public à la sortie d’un mourengué. Avec plus d’une dizaine de fractures à la mâchoire, au visage, et au plancher orbital de son œil gauche, le major avait finalement perdu l’usage de son œil. Depuis trois ans, la victime enchaîne donc les opérations, au CHM la nuit de l’agression, puis à La Réunion où il avait été évasané, et encore en métropole. Des blessures qui ont eu des séquelles irréversibles tant sur les plans physiques, psychologiques que professionnels ou familiaux. “À l’époque, mon père, il savait faire la part des choses entre son travail et quand il rentrait à la maison. Après ça, il n’a plus jamais été le même”, témoigne son fils, qui s’est constitué partie civile, comme l’un de ses collègues présent la nuit de l’intervention.

La peine est légitime sans que cela ne répare jamais le préjudice subi par la victime, ni n’atténue le sentiment de colère et d’injustice”, confirme à la sortie de l’audience Maître Le Bonnois, l’avocat du major Philippe Meyer, avec un regard en direction du garçon toujours marqué par cette agression. Plusieurs fois à la barre, l’accusé avait tenté de présenter ses excuses au policier ainsi qu’à son fils. “À la fin, il s’est retourné vers mon père et moi et je bouillonnais, je me suis dit ‘‘comment il ose s’adresser à nous ?’’”, enrage le jeune homme, qui s’est retrouvé seul du jour au lendemain à 17 ans, à Mayotte.

 

Pas d’excuse de minorité pour l’accusé

 

Ces mots n’auront donc pas trouvé d’écho salvateur, ni chez les victimes, ni du côté de la cour et des jurés… Accusé de violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente sur personne dépositaire de l’autorité publique, l’homme, qui avait 17 ans au moment des faits, aurait pu bénéficier d’une atténuation de sa peine, à savoir la moitié de celle encourue par un majeur pour des faits similaires (15 ans de réclusion criminelle). Mais la cour d’assises a choisi d’exclure l’excuse atténuante de minorité, et a même alourdi les réquisitions de l’avocat général, qui demandait huit ans de prison ferme. L’accusé, qui a déjà effectué trois ans de détention provisoire, repart donc à Majicavo pour les sept prochaines années. “J’espère qu’il prendra ce temps pour réfléchir à ses actes”, hausse les épaules Philippe Meyer, d’un air un peu contrit. Comme s’il n’osait trop y croire…

Ouverture du procès aux assises d’un policier de la BAC blessé à l’oeil en 2018

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La cour d’assises des mineurs juge depuis hier un homme accusé d’avoir envoyé un projectile sur un policier de la brigade anti-criminalité en 2018, provoquant la perte de son œil. Cette agression, qui intervenait un an après l’attaque similaire du lieutenant-colonel de gendarmerie Olivier Pech en Petite-Terre, avait connu un certain retentissement. La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, avait notamment condamné « cet acte de violence inacceptable« .

Silence dans la salle. La présidente bataille quelques minutes pour ouvrir le sachet en papier kraft, solidement scotché. À l’intérieur du scellé, un morceau de parpaing de 600 grammes. La pièce passe de main en main, jusqu’à celle de l’accusé. “Soupesez-le, Monsieur, qu’en pensez-vous ?”, demande la présidente. “C’est un caillou qui peut tuer un homme…”, avoue l’intéressé.

C’est un procès chargé d’émotion qui s’est ouvert ce jeudi à la chambre d’appel de Mamoudzou. La cour d’assises pour mineurs étudiait l’affaire qui avait conduit un policier de la brigade anti-criminalité (BAC) à perdre un œil en intervention, visé par un projectile dans le village de Passamaïnty, une nuit de mai 2018. Prévue à huis clos en raison de l’âge du mis en cause au moment des faits, l’audience a finalement été rendue publique, l’accusé n’ayant pas opposé d’objection.

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Les faits se sont déroulés dans la nuit du 24 au 25 mai, en pleine période de ramadan. Ce soir-là, un mourengué rameute des bandes de jeunes de Tsoundzou et de Passamaïnty. À l’issue du combat de boxe, des violences urbaines éclatent, entraînant l’intervention du GSP (groupe de sécurité de proximité), qui envoie des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Afin de prévenir d’éventuelles résistances de la part des fauteurs de trouble, le GSP demande du renfort, et une brigade de la BAC arrive sur les lieux. À ce moment-là, un calme relatif semble avoir repris ses droits sur la route de Vahibé.

“C’était le calme plat”

Les forces de l’ordre quadrillent malgré tout la zone et suivent à la trace les quelques jeunes restants, qui s’éparpillent rapidement sur leur passage. “Nous avons attendu cinq, dix minutes, c’était le calme plat, pas un bruit”, retrace le policier, entendu à la barre trois ans après son attaque. Mais il faut s’en assurer. D’autant que le tracé de la route forme un léger virage, sur cette portion entre le terrain de foot et la Croix Rouge. “Un mois avant cela, ils faisaient ça, c’est-à-dire qu’ils faisaient des barrages tous les cent mètres en incendiant des palettes.

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L’homme se poste donc au milieu de la chaussée, bien visible sous la lumière d’un lampadaire. Il s’apprête à annoncer le R.A.S dans sa radio, quand soudain… “J’ai ressenti un choc en plein visage, et d’un coup, j’étais dans le noir complet. J’ai porté ma main sur mon visage, j’ai essayé d’ouvrir les yeux, mais impossible”, souffle-t-il, en alliant le geste à la parole, comme s’il revivait la scène. S’ensuit alors une nuit d’angoisse. Transporté au CHM, le fonctionnaire de police attendra plusieurs heures sur son brancard avant que le verdict ne tombe, au petit jour. Il souffre d’une dizaine de fractures au visage dont celle au plancher orbital de l’œil gauche. “Un médecin en sortie de garde m’a dit ‘‘pour moi, l’œil est perdu’’.

 

Des séquelles physiques, professionnelles et familiales

 

Après une première opération, la victime est évacuée vers La Réunion où elle passera encore plusieurs fois sous le scalpel. Trois ans plus tard, l’agent de la BAC en retraite forcée attend encore la pose d’une prothèse, repoussée en raison de la crise sanitaire. Un traumatisme qui ne s’arrête pas à ses séquelles physiques. “Je vivais à Mayotte avec mon fils. Du jour au lendemain, j’étais à La Réunion, et il s’est retrouvé tout seul à 17 ans. Donc j’ai abandonné mon fils”, poursuit-il, la voix brisée. Présent ce jeudi à l’audience, ce dernier s’est d’ailleurs constitué partie civile. “Je suis un dommage collatéral, mais un dommage quand même”, explique-t-il aux juges.

 

L’accusé reconnaît les faits

 

Dix-sept ans, c’est également l’âge de l’accusé au moment des faits. Identifié grâce au témoignage d’une voisine, qui l’a décrit, un chapeau de Père Noël en guise de couvre-chef, ramasser “quelque chose” au sol avant de le jeter en direction du policier, le jeune homme ne niera pas les faits, ni en garde à vue, ni pendant l’instruction. “Je suis vraiment désolé… Il ne peut pas jouer avec son fils comme avant. Tout le monde fait des erreurs, j’aimerais avoir une chance”, bégaie-t-il à la barre, en triturant nerveusement ses cheveux crépus.

Lors de sa première audition, il tente d’expliquer son geste par la consommation d’une cigarette, imbibée de chimique. Puis par celle de cannabis. Des explications peu convaincantes de l’aveu même de l’expert psychiatre qui infirme le rôle de ces drogues pour justifier le passage à l’acte. Alors simple coup de sang ? Ou action préméditée à l’égard d’un représentant des forces de l’ordre ? Difficile à dire. Et l’accusé peine à amadouer l’audience. D’ailleurs peu soutenu par son avocat, lui-même presque plus amène avec la partie adverse… “Tout à l’heure, vous avez indiqué que vous étiez aussi des sauveurs et je voulais vous le confirmer”, adresse l’avocat de la défense à la victime.

Les débats doivent se poursuivre ce jour, avant le verdict attendu à la mi-journée.

En Petite-Terre l’inspectrice d’académie sommée par le corps enseignant de quitter ses fonctions

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Drapeau et djembé à la main, les enseignants et directeurs d’écoles maternelles et primaires de Petite-Terre ont manifesté aujourd’hui pour la démission de Corinne Delvallé, inspectrice d’académie dans la circonscription de Petite-Terre.

Au mois de novembre les représentants du corps enseignant de la petite île mahoraise avaient rencontré le recteur afin de discuter du comportement de leur supérieure. Des abus dénoncés par les professeurs et directeurs d’écoles qui ont saisi les syndicats afin de se faire entendre. Mais à la suite du rendez-vous avec Gilles Halbout, le dialogue ne semble pas avoir été rétabli entre l’inspectrice d’académie et le corps enseignant.

Certains des grévistes dénoncent aujourd’hui un harcèlement moral et souhaitent une réponse tranchée de la part du rectorat. “C’est la dictature ! Elle n’a aucune bienveillance, elle n’accompagne pas, elle n’écoute pas. Il faut qu’elle parte !”, s’exclame une directrice d’école de Petite-Terre avant d’être rejointe par un de ses collègues, adjoint de direction en école primaire. “Il ne faut pas qu’elle soit protégée. Nous manquons déjà de professeurs à cause des problèmes de délinquance, si maintenant les enseignants démissionnent à cause de nos supérieurs où va l’éducation ?”, déplore-t-il.

“Il y a vraiment un problème de comportement”

Une situation qui attriste Rakotondravelo Rivomalala, secrétaire départemental du SNUipp FSU Mayotte. “Nous sommes face à des relations très tendues. Les professeurs se sentent dévalorisés dans leur travail. Aujourd’hui, tous souhaitent le départ de l’inspectrice. Nous avons assez attendu que le problème se règle de manière pacifique mais cela n’a pas fonctionné. Le recteur s’était engagé à changer les choses et à faire un point avec les enseignants au mois de juin.

Des parents d’élèves ont également pris part à la manifestation, reprochant à l’inspectrice de ne pas donner suite à leur différentes requêtes. “Elle ne répond ni aux mails, ni aux appels et encore moins à nos demandes de rendez-vous. Ce que nous craignons aujourd’hui, c’est que le stress des enseignants se répercute sur la qualité de l’enseignement et sur nos enfants. Il ne faut plus que l’académie prenne ce problème à la légère. Certains professeurs se mettent en arrêt maladie, un enseignant a déjà quitté ses fonctions, que leur faut-il de plus ?”, s’agace la maman d’un écolier de Labattoir 3.

Mayotte 1ère se mobilise pour ce “moment démocratique”

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La période des élections est lancée sur Mayotte, les premiers candidats sont déjà apparus sur les chaînes du service public. Pour Mayotte 1ère, c’est une mission d’utilité publique que de mettre en avant chacun des candidats à la même échelle. Pour respecter ce pari, toute la rédaction est mobilisée.

« On a mis en place un dispositif 360 pour les élections, en mobilisant tous les supports », souligne Toufaili Andjilani, rédacteur en chef chez Mayotte 1ère. À la télévision, cela se traduit par 20 Kala oi dala, des émissions de débat au sens classique du terme et pas moins de 24 Place publique, l’émission de débats dans laquelle les internautes peuvent interagir. Et la radio n’est pas en reste avec 74 Za kwéli, en français et shimaore. Le but : permettre à tous les binômes d’avoir la chance de pouvoir s’exprimer. « Nous sommes très ambitieux parce que nous considérons que c’est un moment démocratique important », insiste le rédacteur en chef. Il a d’ailleurs été stipulé à tous les binômes de laisser les deux candidats s’exprimer. Même si certains candidats n’ont cependant pas joué le jeu, présentant le même pour chacune des émissions de télévision. Dommage !

 

Un Live minute par minute sur le site internet

 

Cette année, le numérique sera particulièrement mobilisé lors des campagnes électorales. En effet, un live minute par minute a été mis en place sur le site, permettant de suivre chaque jour les émissions diffusées à la télévision ou à la radio. Une manière simple pour les auditeurs, pas forcément disponible dans la journée, de pouvoir découvrir les nombreux candidats et de suivre les débats. L’autre nouveauté de cette année : la carte interactive. Mayotte y est découpée en canton et dans chacun d’entre eux, la liste des candidats y est détaillée. Il est aussi possible de retrouver les émissions auxquelles ils ont participé. Les habitants peuvent donc choisir de se concentrer uniquement sur les candidats de leur zone de vote respective.

 

Une mission d’utilité publique

 

S’il est dans la nature du service public “d’être utile pour la population”, ces élections en sont le parfait exemple. Car la situation sanitaire empêche les grands meetings de se tenir. Malgré quelques entorses au règlement, les médias deviennent donc le seul endroit où les candidats peuvent s’exprimer en masse. La rédaction de la 1ère a pour ambition “de donner la parole à tout le monde”, afin de contrer au mieux ces contraintes. Pour faire ce travail minutieux, l’ensemble de la rédaction de Mayotte 1ère est mobilisée.

Et pour le jour de l’annonce des résultats, un lourd dispositif sera mis en place par la 1ère et France Télévisions pour donner les résultats, à 20h, tout pile, heure nationale. Pour se faire, une plateforme de recueil des résultats basée sur des estimations sera mise en place. Un dispositif qui devrait permettre d’avoir le nom des élus avant d’attendre les résultats de la préfecture.

Salama Youssouf, un parcours exemplaire pour la première notaire mahoraise

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Son nom vous est peut-être inconnu mais Salama Youssouf est entrée dans l’histoire de Mayotte depuis peu. Elle est désormais la première notaire mahoraise du pays. Cette acharnée du travail au parcours sans faute ambitionne de grands projets pour son île natale, dans l’espoir d’ouvrir la voie à d’autres Mahorais.

Combien de notaires mahorais existe-t-il à Mayotte ? Un seul et il s’agit d’une femme. Salama Youssouf, 34 ans, a été officiellement nommée notaire en décembre 2020, après plus de 5 ans d’exercice. Pourtant au départ, le notariat ne l’attirait pas. Après son baccalauréat, elle se tourne vers des études de droits, une évidence pour cette amoureuse de la politique. Elle rêve de travailler dans le milieu mais à l’issue de sa première année d’université, ses idées s’éclaircissent. « J’ai changé mon fusil d’épaule car la façon de pratiquer la politique me dérangeait », affirme Salama Youssouf. Après avoir songé au métier d’avocat, elle finit par s’intéresser au notariat. Master de droit en poche, elle se consacre aux formations notariales pour une raison bien précise. « La grosse problématique du foncier à Mayotte m’a incitée à faire ce choix », indique la notaire.

Mais son parcours ne sera pas de tout repos. Salama le sait, le monde du notariat est très fermé. La plupart du temps, ceux qui sont dans le milieu favorisent les membres de leurs familles. « Quand je me suis lancée, je me suis même demandée ce que je faisais parce que je ne connaissais personne dans le milieu et dans ma promo j’étais la seule dans ce cas. Les autres avaient un avenir tout tracé alors que je me lançais dans le vide », raconte-t-elle. Mais il en faut beaucoup plus pour la décourager. Malgré ses chances infimes d’être accueillie dans un cabinet, l’étudiante qu’elle était termine ses études et fait des demandes de stage à différents endroits. C’est finalement l’étude notariale Popineau à Mayotte qui lui ouvre ses portes en 2015.

Aujourd’hui le cabinet l’a nommée notaire. « Après les études on est diplômé mais tant qu’on n’est pas nommé par un office notarial on ne peut pas exercer en tant que notaire », précise-t-elle. Aujourd’hui elle se dit reconnaissante de la confiance accordée par le groupe Popineau, puisque, comme elle le dit si bien, « ce n’est déjà pas facile d’entrer dans le milieu, encore moins quand on s’appelle Salama Youssouf. » Elle a pu également compter sur le soutien infaillible de sa famille. « Elle a été mon pilier durant toutes ces années. Sans elle j’aurais tout lâché, parce que c’était dur et il y a eu des moments de doutes » admet la jeune femme.

 

De grandes ambitions face à une réalité mahoraise

 

Comme la majorité des professionnels, Salama Youssouf débute en bas de l’échelle en tant que clerc rédacteur. Mais sa motivation et son ambition feront évoluer sa carrière assez rapidement. « J’ai voulu sortir de ma zone de confort. J’ai demandé à mon cabinet de me donner autre chose à faire parce que je voulais évoluer et devenir notaire. Ils ont accepté, et j’ai traité des cas des droits des affaires, créé des sociétés etc », soutient-elle.

Derrière cette envie d’évoluer rapidement se cache l’ambition d’apporter sa pierre à l’édifice à la construction de Mayotte. Salama sait que la question du foncier sur le département est un problème ancré depuis des décennies. « Cela impacte le développement du territoire. Les gens ne peuvent pas faire leurs projets parce que les terrains sur lesquels ils veulent travailler ne sont pas en règle. Ils n’ont pas de titres de propriété, la banque refuse donc de les aider et le projet est bloqué », explique la notaire. Tout le monde doit mettre la main à la patte pour régler ce problème à Mayotte. Salama invite donc les jeunes à s’engager comme elle dans le notariat. « C’est vrai que c’est difficile mais il ne faut pas que ça nous freine » insiste la jeune femme.

De quoi faire aussi évoluer le métier de notaire à Mayotte puisque, pour l’instant, il n’existe aucun cabinet notarial mahorais. Ils sont tous basés à l’île de La Réunion. Et la situation n’évoluera pas tant que leterritoire n’aura pas de chambre de notaire propre. « C’est ce qui m’empêche de créer mon étude. Mais paradoxalement nous n’avons pas de chambre parce qu’il n’y a pas assez de cabinets », souligne Salama Youssouf. C’est donc le serpent qui se mord la queue. Mais Salama ne perd pas espoir. Elle l’assure, Mayotte est son île et elle y restera. Le territoire est amené à se développer, et les jeunes mahorais sont de plus en plus ambitieux. Un début d’espoir pour la première notaire mahoraise.

Covid-19 à Mayotte : les nouvelles mesures pour voyager à la limite de l’illégalité

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C’est un fait, les Mahorais ont soif de voyage. Depuis l’amélioration de la situation sanitaire à Mayotte, beaucoup avaient espéré l’allègement des conditions pour voyager. Le gouvernement a en effet annoncé une évolution du dispositif des motifs impérieux, mais celui-ci fait une différence entre certains territoires d’Outre-mer et le reste du pays. Une situation qui en intrigue plus d’un et qui remet en cause la légalité des mesures prises.

Désormais dans le monde, il existe deux types de personnes. Celles qui sont vaccinées contre le Covid-19 et celles qui ne le sont pas. Ce clivage sera d’autant plus marqué à Mayotte à partir du 9 juin. Depuis le 11 janvier, les habitants de l’île sont strictement soumis aux motifs impérieux pour voyager. Une mesure qui était nécessaire lorsque la crise sanitaire frappait de plein fouet le territoire. Aujourd’hui, le département est presque un exemple à suivre. Son taux de positivité et le taux d’incidence sont « les plus bas de tous les départements français », affirme le député Mansour Kamardine dans un communiqué.

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Malgré tout, des restrictions pour sortir du territoire sont maintenues. La plus contestée ? Le maintien des motifs impérieux pour les personnes non vaccinées. Celles qui le sont pourront voyager en toute tranquillité à partir du 9 juin. Soit seulement 7% de la population mahoraise… « Le vaccin n’est pas obligatoire, mais à travers cette exigence le gouvernement le rend obligatoire implicitement. Le préfet s’immisce dans un domaine qui n’est pas le sien », explique Me Asskani Moussa, avocat au barreau de Paris. Or, la vaccination ne peut être rendue obligatoire par simple arrêté ou décret. « Cela doit être fixé par un cadre juridique. Mais nous n’avons pas de loi qui stipule clairement l’obligation de se faire vacciner. Par conséquent, on a une mesure prise au niveau locale qui va au-delà de ce que dit la loi », précise-t-il.

Une fois n’est pas coutume, le département voisin de l’île de La Réunion, se retrouve dans la même situation. De quoi crier à l’injustice, pour certains avocats. À l’image de Me Alex Vardin qui s’est expliqué sur le sujet à l’antenne de Réunion la 1ère. « On ne peut pas imposer le vaccin à ceux qui veulent prendre l’avion… Il y a de multiples violations des droits et des libertés des citoyens. C’est une dictature sanitaire ! », s’indigne-t-il. C’est la raison pour laquelle il se joindra à un groupe d’avocats de l’île Bourbon et de l’hexagone pour saisir la justice afin de « faire déclarer illégale cette décision », annonce-t-il.

Le vaccin n’est pas la seule condition, puisqu’à cela s’ajoute l’obligation de présenter un test PCR négatif de 72h, l’engagement d’isolement pendant 7 jours sur le lieu de destination, et un test PCR à l’issue de la septaine. Autant d’exigences qui irritent Me Asskani Moussa. « Ces restrictions posent problème parce que cela crée une rupture d’égalité devant la loi. Il s’agit d’une injustice envers les habitants de Mayotte parce que sur certains territoires de France les gens peuvent voyager sans toutes ces conditions alors que leur situation sanitaire est pire que la nôtre. »

« Il y a des indices qui indiquent que cette situation est illégale »

Les conditions de voyage vers l’Hexagone imposées à Mayotte sont d’autant plus surprenantes que d’autres territoires d’Outre-mer en sont exonérés alors que le virus circule activement chez eux, à l’exemple de la Guadeloupe. Ses habitants pourront voyager sans aucune restriction alors que l’île enregistre un taux de positivité de 7,6% selon les derniers chiffres de l’agence régionale de santé, et un taux d’incidence de 110,1 pour 100.000 habitants. Un niveau supérieur au seuil d’alerte. À titre de comparaison, selon les derniers chiffres de l’ARS Mayotte, le taux de positivité sur l’île au lagon se maintient autour de 2,5%, et le taux d’incidence est tombé à 22,2 pour 100.000 habitants.

Comment expliquer une telle différence de traitement ? Avec un taux de positivité de 2,5% et d’incidence de 26, la Martinique, qui présente donc une situation presque similaire à celle de Mayotte, est également exemptée de toute restriction. « Nous sommes en état d’urgence sanitaire et c’est une situation d’exception. Mais il faut que l’exception soit parfaitement justifiée et adaptée au territoire. Le cas de Mayotte avec le maintien des motifs impérieux et la vaccination est loin de la réalité », indique Me Asskani Moussa. Il invite la population et les juristes de l’île à porter l’affaire au tribunal pour faire valoir les droits des habitants de Mayotte. « On n’a pas le même niveau d’exigence ailleurs. Je ne peux pas me substituer au juge des libertés publiques, mais en tant que juriste j’estime qu’il y a des indices qui indiquent que cette situation est illégale. » La liberté d’aller et venir protégée par la Constitution serait-elle bafouée ? Cela ne fait aucun doute pour l’avocat qui songe à mener l’affaire en justice si d’autres le rejoignent, pour avoir plus de poids.

INSEE : nouveau record de création d’entreprises à Mayotte et les femmes à l’honneur

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Malgré la situation sanitaire, Mayotte a connu un nouveau record de créations d’entreprise sur l’année 2020. Pas moins de 1.353 entreprises ont vu le jour, soit un bond de 33% comparé à l’année 2019, qui avait déjà marqué le cap des 1.000 entreprises créées en un an. Une nouvelle prometteuse pour le développement de l’île.

C’est un point très très positif, surtout compte-tenu de la situation sanitaire”, se réjouit Bertrand Aumand, chef régional de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). En effet, malgré près de deux mois de confinement en mars et avril 2020, la création d’entreprises a explosé sur l’île, comme en métropole. Un résultat qui s’explique par l’apparition du statut de micro-entrepreneur à Mayotte en mai 2020, qui permet des facilités de création d’entreprises et dans la gestion des comptes. 256 entreprises sont nées sous ce statut, permettant notamment à des jeunes de se lancer dans l’entrepreneuriat. L’autre explication ? La crise sanitaire, pendant laquelle les aides étaient conditionnées à la validation d’un statut. Bénéficier du chômage partiel et des prêts à taux zéro a pu en motiver certains !

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Les femmes grandement représentées

 

Mais ce n’est pas tout. À Mayotte, 46% des entreprises créées l’ont été par des femmes. Un chiffre supérieur de sept points au niveau national. On retrouve les femmes principalement dans les activités pour la santé humaine et l’action sociale, le commerce et le service au particulier. Une spécificité locale, qui s’explique notamment par l’organisation dite matriarcale de la société à Mayotte. Les femmes étaient ainsi déjà majoritaires les premières créatrices d’entreprises en 2017 et 2018. “Mais l’on pourrait en effet s’attendre à ce que ce soit plus faible”, analyse le chef de service régional de l’INSEE.

 

Un bon dans les créations sous forme sociétaire

 

Pour Bertrand Aumand, la nouvelle la plus encourageante est l’explosion de la création d’entreprises sous forme sociétaire (SA, SARL, SAS…). “Ce sont des entreprises qui embauchent, qui investissent, donc c’est intéressant pour le développement de Mayotte”, commente-t-il. Si elles représentent 29% des créations d’entreprises sur l’île, elles sont aussi et surtout en augmentation de 53% par rapport à 2019. Ces nouvelles entreprises vont pouvoir permettre de développer le secteur de l’emploi à Mayotte en créant de nouveaux postes. Un bon point pour l’île, où le taux de chômage, qui oscille autour de 30%, reste l’un des plus forts de France.

« Écriture de textes, poésies urbaines, musiques et chants traditionnels » : le projet de l’artiste Ahamada Smis avec les collégiens de Sada et Bandrélé

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Le 27 et 28 mai 2021, les élèves du collège de Sada et de Bandrélé se produiront au pôle culturel de Chirongui. Un concert inspiré des rythmes de l’océan Indien, entièrement pensé, écrit et composé par les collégiens.

Depuis le mois de novembre les élèves travaillent avec l’auteur, compositeur, musicien et ingénieur du son, Ahamada Smis, sur un projet d’expression par la musique. “L’objectif est de faire travailler leur imaginaire, tout raconter, tout faire vivre, puis arriver à le verbaliser en français. Le travail par la musique permet de créer une osmose, une confiance. Nous sommes partis de jeux pour amener l’expression orale puis écrite”, témoigne Ahamada Smis.

“Plus qu’un cours c’est un atelier de création”

Les séances musicales ont réuni pendant deux périodes de 15 jours chacune au mois de novembre puis au mois de mai, 32 élèves du collège de Sada et de Bandrélé. « J’ai constaté une évolution des jeunes dans leur expression, dans leur façon de s’affirmer. Avec l’écriture tout est possible. Nous sommes partis de la composition des musiques avec des percussions et des rythmes. Nous avons ensuite travaillé sur la mise en bouche du texte, le son des mots. Ils ont appris à utiliser leur corps en tant qu’instrument, à se mettre dans la peau d’un conteur et faire vivre une histoire”, argumente l’intervenant, très satisfait du travail réalisé avec les jeunes artistes en herbe. Nicole Jarousse, professeure de français au collège de Bandrélé, soulève quant à elle la dimension humaine de ce projet. “Pour ces jeunes qui n’ont pas toujours l’habitude de se déplacer, les trajets en car entre les deux collèges étaient de vrais moments de convivialité. Ils chantaient durant le transport et avaient hâte de se retrouver séance après séance.

“Un souvenir qu’ils garderont toute leur vie”

Le vendredi 28 mai, les enfants réaliseront la première partie du concert d’Ahamada Smis au pôle culturel de Chirongui. Victime de son succès, l’événement affiche déjà complet, mais une seconde date a été ajoutée le jeudi 27 mai afin de permettre à ceux qui le souhaitent de venir profiter d’un interlude musical à partir de 19h. Par ailleurs, l’artiste réalisera un enregistrement des trois chansons créées et interprétées par les enfants pour que ceux-ci puissent garder une trace de ces quelques semaines de création artistique.

Numéro de réservation pour le concert de jeudi 27 : 06 39 68 51 00

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes