Le lycée de Tsararano a rejoint la liste des 253 établissements français retenus lors de la campagne de labellisation “internat d’excellence”. Une fierté pour le premier internat de ce type dans le 101ème département français.
Chambre simple ou triple, cantine scolaire, salle de jeux et de détente ou encore vue sur le lagon, bienvenue à l’internat de Dembéni. Ouvert en 2018, l’établissement d’une capacité de 116 places accueille cette année un peu plus de 80 élèves. Il y a une quinzaine de jours, il a reçu sa labellisation “internat d’excellence”. Un label gage de qualité en termes d’éducation et de pédagogie, soutenu par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, lequel avait souhaité la création d’une telle structure d’excellence dans chaque département français, à destination des élèves à fort potentiel.
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Un projet académique
Le projet “internat d’excellence” est avant tout porté par l’État et l’académie. En effet, le lycée de Tsararano fait aujourd’hui partie des 253 établissements français retenus lors de cette campagne. “Aujourd’hui, nous redécouvrons les vertus de l’internat, un concept qui est longtemps tombé en désuétude”, souligne Stéphane Planchand, conseiller technique du recteur. Un idéal partagé par Gilles Halbout. “L’internat de Dembéni permet à chacun de mener à bien un parcours d’excellence dans les meilleures conditions, en sécurité et préservé des longues heures de transport scolaire. L’internat reste plus globalement un formidable outil d’égalité des chances que nous entendons développer : aux 116 places de Dembeni, s’ajouteront, dans un futur le plus proche possible, les 400 places des internats de Kawéni, de Chirongui et du futur lycée de Longoni« , assure-t-il.
“Former l’élite mahoraise de demain”
Pour Michel Toumoulin, proviseur du lycée de Dembéni, l’objectif de ce projet est avant tout la promotion des talents et la valorisation des mérites sur le plan intellectuel mais aussi collectif. “C’est un vrai projet d’équipe. Les niveaux des internes vont de la seconde à la terminale et dès la rentrée prochaine, nous accueillerons des étudiants du CUFR ou de la CPGE de Sada. C’est un public très diversifié qui s’enrichira mutuellement, à coup sûr.”
L’internat ? Les élèves en parle
L’internat d’excellence permet aux jeunes filles en classe sport de conjuguer parcours d’excellence sportif et scolaire. Des lycéens en section football en témoignent. Comme Issie, jeune habitante de Koungou en classe de seconde générale, pour qui cette possibilité de loger à proximité de son établissement constitue un gain de temps considérable. “Avant, je prenais le bus à 5h, j’arrivais souvent en retard à cause des bouchons. J’étais très fatiguée et je n’arrivais pas à suivre le rythme des cours et des entraînements. Aujourd’hui, grâce à l’internat je me couche tôt et je me lève une heure plus tard. Au début, mes proches me manquaient, mais maintenant j’ai bien vu que c’était la meilleure des solutions pour moi afin de mener de front football et études”, confie-t-elle.
Ses camarades, reconvertis en guides le temps d’une journée, rapportent les mêmes problèmes de transports qui les ont amenés à l’internat afin de retrouver un peu de sérénité au quotidien. Chaïma, étudiante de classe de première Sciences et Technologies de Laboratoire évoque quant à elle le plaisir de pouvoir se rendre à l’entraînement tous les soirs sans pour autant rogner un temps précieux sur ses études, mais encore le cadre donné par les horaires de l’internat. Plus question de traîner une fois la nuit tombée !
Des ateliers d’échanges entre parents sont organisés chaque semaine par l’association Coup de Pouce, en partenariat avec les Céméa. Tournée vers l’accompagnement des jeunes, l’association de Kawéni profite de ces moments pour aborder l’éducation des enfants et les conflits qui peuvent subvenir au sein du cocon familial. Et depuis 2016, une quinzaine de parents est présente à chaque séance.
Tous les vendredis, c’est le même rituel. Les parents de Kawéni se retrouvent dans les locaux de l’association Coup de Pouce pour échanger sur le thème de l’éducation. “Ils parlent de leur vie quotidienne, de l’éducation, de leurs méthodes”, déroule Halima Moussa Combo, membre de la structure. Installés autour de la table, une quinzaine de pères et de mères regardent des films, tournés par les Ceméa (centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active), représentant des scènes de vie familiale quotidienne. À chaque fin de projection, un débat est lancé, sur la manière dont le parent a réagi et sur comment eux-mêmes auraient réagi. Chacun donne son point de vue, sa manière de penser. “Ils sont inquiets pour la sécurité et l’éducation de leurs enfants et en venant ici, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls”, souligne Halima, fière de réunir depuis 2016 des parents dans ces ateliers et de voir que les choses bougent, petit à petit.
Des échanges qui portent leur fruit
Le partenariat entre l’association Coup de Pouce et les Ceméa est né il y a bientôt cinq ans. Depuis, de réels changements ont pu être observés à Kawéni. “Beaucoup de jeunes ont lâché leurs bêtises et font maintenant des formations avec l’association”, note Amini Ousseni, formateur auprès de l’association. Initialement, cette action avait été mise en place après le constat par les médiateurs de Coup de Pouce de l’existence de nombreux conflits entre les jeunes et les parents. Pour que les participants se sentent libres de partager leurs expériences, les groupes ne devaient pas dépasser les quinze participants, avaient-ils jugé. C’est encore la configuration qui fait loi ce vendredi. Comme chaque semaine, différents parents sont présents pour aborder les questions qui les taraudent : l’autorité, les relations pères-filles… Il n’y a pas de tabou entre ces murs, et certains parents utilisent les conseils de leurs pairs pour essayer de faire changer les choses sous leur toit.
Une association proche de la population
Les ateliers du vendredi ne sont qu’une petite partie des actions menées par l’association. En plus des formations proposées aux jeunes, Coup de Pouce est très proche des habitants du quartier. Ils nettoient ensemble les rues et organisent même des brocantes, pour éviter que du matériel inutilisé s’entasse chez les habitants de Kawéni alors qu’il pourrait servir à d’autres. Les membres de l’association et les Kawéniens sont donc très proches. Un lien de confiance s’est tissé entre eux et permet aussi cette libération de la parole. Cette semaine, l’atelier se termine en chanson. Samuel, animateur de l’association mais aussi chanteur, entame des notes a capella, à destination de ces pères et mères de famille. Qui repartent le cœur léger, un sourire aux lèvres après ce spectacle inopiné. Et avant de retrouver leur foyer, des idées plein la tête.
La Chambre de commerce et d’industrie, le Département et leurs partenaires ont posé ce jeudi la première pierre de ce campus d’innovation, censé accompagner la croissance des entreprises et faire rayonner l’île au-delà de son lagon.
Casque orange vissé sur le crâne, les deux gaillards de la Colas prennent la pose, bras croisés à côté de leur muret qui fait face au lagon. “Alors il est beau, hein ?”, se targuent-ils en bombant le torse. Un parpaing bancal boude un peu le reste de la structure, se permet-on de leur signaler. “Ah, mais ça, c’était pour la photo, en dessous, la partie qui est bien, c’est nous qui l’avons faite.” Cinq minutes plus tôt, les caméras immortalisaient en effet la pose de la première pierre de la Technopole, lançant officiellement les travaux pour ce chantier d’envergure. Un projet de longue haleine, qui date au moins de 2018 avec une étude conjointe de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et l’Agence française de développement (AFD).
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Trois ans plus tard, ce travail partenarial, qui a reçu le concours du Département, de l’État, de l’Europe, du centre universitaire de formation et de recherche (CUFR), de l’Agence de développement et d’innovation (ADIM), de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) et bien sûr de la ville de Dembéni, hôte de l’infrastructure, sort enfin de terre. “Ce projet ardemment souhaité devient une réalité. Aujourd’hui, nous faisons ensemble le pari de l’innovation et de l’avenir”, a salué le maire de la commune Moudjibou Saidi, en rappelant sa volonté de “faire de notre ville une alternative à Mamoudzou pour désengorger de manière pérenne et efficace le chef-lieu”. Après l’annonce du campus connecté et l’inauguration à quelques semaines d’intervalle du nouveau pôle de formation de la CCI, la deuxième ville de Mayotte marque une fois de plus son ambition de devenir un hub universitaire.
Future Silicon Valley de Mayotte
Il faut dire que le terrain trouvé pour accueillir la Technopole est plutôt bien choisi. Situé en haut d’une longue pente qui prend son départ à l’Hôtel de ville, le site surplombe l’île aux parfums, avec une vue imprenable sur le lagon. “Je vous invite à vous tourner vers votre droite, pour admirer ce beau paysage, cette belle vue qui probablement va inspirer toutes celles et ceux qui vont travailler ici”, a prédit le président du conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani. “Cette Technopole sera la future Silicon Valley de Mayotte.”
Il faudra sûrement quelques années pour s’en assurer, mais l’affaire semble sur de bons rails. Avec son venturelab, ses espaces de coworking et d’événementiel, ses laboratoires de recherche, l’infrastructure a pour objectif de faire de Mayotte une “terre d’industrie”, et un territoire “leader en recherche et développement et en innovation dans le canal du Mozambique”, a souligné Nadine Hafidou, secrétaire du bureau de la CCI. Avec un accent mis sur quatre domaines stratégiques : l’agro-transformation, les activités marines, les technologies de l’information et de la communication (TIC), et les services aux entreprises (stratégies d’innovation, aide dans la recherche de financements, ou l’élaboration d’un business model…).
Création de richesses et rayonnement régional
Un vrai défi pour le département, qui compte 98% d’entreprises avec moins de cinq salariés, 63% spécialisées dans le commerce qui emploient moins de un salarié et 5% dans l’industrie qui concentre 25% des salariés du privé. “Face à ce constat qui fait de Mayotte un territoire de consommation, nous avons compris que l’industrie était notre meilleur atout pour la création de richesses tout en résorbant le chômage de masse qui gangrène le territoire”, a poursuivi la cheffe d’entreprise.
Coût de l’opération : 16,3 millions d’euros, dont 12,8 millions rien que pour les travaux. Le projet a notamment bénéficié des fonds européens via le Feder et du contrat plan État-Région (CPER), ainsi que d’un coup de pouce du Département de 3 millions d’euros. Il faudra maintenant deux ou trois ans pour que les premiers entrepreneurs, étudiants ou enseignants chercheurs investissent les lieux. Et que, d’un coup d’œil au-dessus de leur écran vers l’horizon, ils fassent de cette “petite Mayotte”, la “tête de pont du rayonnement de la France et de l’Europe dans cette partie du monde”, se prend à rêver Soibahadine Ibrahim Ramadani.
Le festival est un lieu de rencontre, de partage et d’échanges pour tous les amoureux de la mer. Son objectif principal est la sensibilisation du public le plus large possible à l’environnement marin, ainsi qu’à la nécessité de sa préservation. Le FISM met en avant la sauvegarde et le respect de l’environnement, et s’articule depuis sa création, autour de plusieurs concours ouverts à tous : enfants et adultes, initiés et novices, passionnés ou simples curieux.
Malgré la crise sanitaire, les quatre concours ont bien eu lieu en 2020. Le lundi 3 mai et le samedi 29 mai, les gagnants du concours de dessin destiné aux jeunes (deux catégories : moins de 12 ans et plus de 12 ans), ont pu profiter de leur baptême de plongée. Ce sont 23 heureux gagnants qui ont exploré les fonds marins du lagon en embarquant à bord du catamaran O’Bulles Croisière et également avec les équipes du club Nautilus Plongée. Un moment particulier et inoubliable pour ces enfants qui, pour la plupart, découvrait la richesse du lagon de Mayotte.
Cette année encore, le Festival de l’image sous-marine, pour sa 27ème édition, se déroulera à Mamoudzou du 7 au 10 octobre. Pour cette nouvelle édition, quatre concours sont lancés :
un concours de dessin réservé aux jeunes (deux catégories : moins de 12 ans et plus de 12 ans) ;
un concours de photographie au sein de deux catégories « amateur et expert » ; un concours de film (grand format 52’, petit format 26’, clip de moins de 3’, scolaire) ; un concours de musique : sur le thème de la mer bien-sûr.
L’inscription aux différents concours est gratuite. Vous pouvez vous inscrire et récupérer le règlement directement sur : le site officiel du FISM soireesdelimagesousmarine.fr ou sur la page Facebook « Festival de l’image sous-marine de Mayotte ». Date limite des concours : le vendredi 20 août à 18h (photos et films) et le mardi 6 juillet à 18h (dessin et musique).
Le projet de compagnie aérienne mahoraise continue son bonhomme de chemin et les prochains mois s’annoncent rythmés et riches en bonnes nouvelles. Mais il va falloir encore prendre quelque peu son mal en patience. D’ici le lancement officiel de Zena Airlines, les frères Novou espèrent convaincre la future majorité du Département de mettre la main à la poche et font déjà face à la concurrence d’Air Austral et d’Ewa Air.
Flash Infos : En décembre dernier, vous aviez dévoilé dans nos colonnes votre intention de lancer une compagnie aérienne mahoraise. Où en est l’état d’avancement du projet Zena Airlines ?
Régis Novou : Nous allons déposer les statuts dans le courant de la semaine prochaine. La structure juridique sera créée d’ici une quinzaine de jours. Nous pourrons alors lancer la phase de certification durant l’été. Sur l’équipe de six responsables désignés, nous en avons déjà trois qui vont nous aider à porter le projet auprès de l’aviation civile. Vers la fin du mois d’août, nous serons en capacité de déposer la demande de CTA (certificat de transporteur aérien). Nous allons en parallèle rédiger nos manuels, en conformité avec la réglementation.
Dans le même temps, nous discutons avec des loueurs d’avion, qui nous ont envoyé des propositions très intéressantes. Le point concernant la location de deux appareils est bien avancé ! Le plan de flotte est prévu à moyen terme. Il pourra évoluer en fonction de la réalisation de la piste longue et du calendrier établi. Nous prévoyons de contractualiser les avions aux alentours de septembre, histoire de modifier les cabines selon notre business plan. Nous avons reçu la garantie que cette étape ne prendrait que trois mois. Pour finir, nous débuterons la campagne de recrutement des équipages vers la fin de l’année. Il faudra alors compter un peu plus de deux mois pour compléter leur cycle de formation.
Nous avons fait, entre guillemets, une pause dans nos démarches. Comme vous l’avez vu, nous sollicitons une participation du conseil départemental. Mais attention, ce n’est pas pour un financement en soi. En termes de capitalisation, nous pouvons mener à bien notre projet avec des fonds privés. Mais nous souhaitons les intégrer pour nous assurer que la stratégie de la compagnie restera à Mayotte. Même si nous sommes les gérants, nous restons avant tout les employés des actionnaires… Si la collectivité mettait la main à la poche, elle serait alors en mesure de rajouter du capital le jour où un investisseur privé voudrait détenir la majorité de Zena Airlines. Nous discuterons avec le nouveau bureau après les élections départementales pour voir si nous avancerons ensemble ou non.
FI : Mardi dernier se tenait la dernière commission permanente du Département pour cette mandature. Le collectif des citoyens de Mayotte 2018 a semé le trouble en pleine séance pour réclamer la subvention du projet Zena Airlines. Comment avez-vous vécu cet épisode ?
R. N. : Ce mouvement ne vient pas de notre fait. Nous n’en sommes en aucun cas les instigateurs. D’ailleurs, nous avons été avertis le matin-même à 9h. Les membres du collectif souhaitaient avoir l’avis des élus. Je comprends leur impatience ! Dans le cadre de réunions que nous avons pu avoir ensemble, on nous a interrogés à plusieurs reprises sur la position du conseil départemental… Pour tout vous dire, nous en sommes à la troisième demande de subvention. On nous a demandé des éléments complémentaires que nous avons fournis en début d’année. Malheureusement, quand nous voulons rencontrer les élus, tout le monde est occupé… Donc nous avançons sans le Département pour le moment. Et visiblement, c’est là que le collectif n’a pas apprécié. Et il est allé leur demander des comptes.
Je pense que les politiques n’ont pas réalisé à quel point la desserte aérienne est un sujet vital pour les Mahorais. D’une part, parce qu’une grande majorité des habitants a de la famille ailleurs. Et d’autre part parce qu’il y a aussi la question des soins médicaux. Cela concerne donc tout le monde ! Nous voyons le soutien populaire à notre égard sur les réseaux sociaux. On nous relance quotidiennement sur la volonté de nous donner un coup de pouce financier via un crowdfunding. Nous sommes en train de nous renseigner pour que cela soit possible, mais d’un point de vue légal, nous ne pouvons pas être à l’origine de cette initiative. Nous essayons de faire le nécessaire pour que ce soit réalisable, histoire que les Mahorais s’accaparent le projet. Nous sommes très attendus par la population. Ce que nous voulons faire leur parle, et cela nous galvanise. Cela nous conforte dans notre idée d’aller au bout de ce long périple !
FI : Le Journal de Mayotte a relayé ce jeudi matin une information qui risque de faire grincer des dents : Air Austral a décidé de positionner Ewa Air sur les lignes régionales que vous convoitez, comment réagissez-vous à cette tentative d’intimidation ?
R. N. : En tant que citoyen, je trouve que ce positionnement sur Pierrefonds est une très bonne chose. Cela permettrait aux voyageurs de choisir de ne pas forcément partir de Roland-Garros et ainsi d’éviter les embouteillages dans le Nord de l’île. Maintenant, si Ewa Air décide d’allier les actes à la parole, très bien. Le client sera capable de comparer les deux produits, comme les prestations à bord. Quand je travaillais pour la compagnie aérienne, elle n’avait pas l’opportunité d’en fournir. En tant que challenger, nous essaierons de tirer le service vers le haut. Et encore une fois, ce sont les habitants de Mayotte qui vont en sortir gagnants !
Mais il y a aussi l’annonce d’Air Austral de proposer des dessertes à Marseille, comme nous souhaitons le faire. C’est aussi une bonne nouvelle ! Il y aura la garantie pour les Mahorais de ne plus voyager sur une seule ligne, avec une seule compagnie aérienne. C’est un petit peu le but que nous recherchions quand nous nous sommes lancés dans cette aventure : apporter de la concurrence sur le trafic aérien et proposer une guerre d’image et de services saine.
Ce jeudi 3 juin, les directions des transports scolaires ont décidé de suspendre l’activité des bus pour manque de matériel sur le réseau. Depuis près d’une semaine, plusieurs bus subissent des caillassages à répétition, mettant en danger les élèves et les chauffeurs. Les instances représentatives du personnel ont donc été réunis à Sohoa par la direction pour exprimer leur avis sur le futur.
Des pierres visibles à travers les fenêtres… Des élèves en panique… Puis le bruit d’une vitre qui se casse, suivi d’une autre et d’une autre. Et des cris. Voilà ce à quoi doivent s’attendre chaque jour les élèves et les chauffeurs de bus sur la route des établissements scolaires. « Ça fait des années que ça dure !”, s’exaspère Yasmina Mabouroukou, membre du conseil syndical CFDT. “Les chauffeurs partent travailler avec la peur au ventre”, assure la jeune femme. Selon elle, les chauffeurs s’écrivent tous les soirs pour dire s’ils sont rentrés sains et saufs. “Ils en viennent à avoir peur de ne pas rentrer chez eux le soir.”
La situation d’insécurité dans laquelle ils se trouvent en a poussés plus d’un au burn out, voire à la reconversion. Pourtant, tous déclarent aimer leur métier et ne pas forcément avoir envie d’arrêter. Mais les dangers auxquels ils doivent faire face quotidiennement ne cessent d’augmenter. Entre les routes mal éclairées, les arrêts de bus guère plus lumineux, les nouveaux ralentisseurs dans des zones à risques comme à Vahibé et une jeunesse désoeuvrée et frustrée, les chauffeurs n’y trouvent plus leur compte.
Des actes de délinquance à répétition
Cette fois-ci, c’est un incident particulier qui a poussé la direction à suspendre l’activité des transporteurs. Après le caillassage de plusieurs bus à Kahani lundi, des représailles ont eu lieu le lendemain à Chiconi. L’une des pierres a traversé le pare-brise du véhicule et a blessé l’un des élèves. Touché à la tête, il serait toujours dans un état critique au centre hospitalier. Au grand désespoir des transporteurs, cet acte n’était malheureusement pas isolé. À la rentrée dernière, le 10 mai, une chauffeure s’est retrouvée avec un couteau sous la gorge, alors qu’un jeune homme s’était glissé à l’intérieur du bus pendant que les élèves descendaient. Ces incidents sont devenus monnaie courante pour les transporteurs, totalement dépassés par la situation.
La volonté de conduire en sécurité
“Tout ce qu’on demande, c’est plus de sécurité, pas en mettant la police partout, mais en réglant le problème sociétal qui existe à Mayotte vis-à-vis de la jeunesse”, préconise Yasmine Mabouroukou. Les transporteurs réclament de “réelles solutions” de la part de l’État. “Les professeurs et nous, sommes en contact direct avec la jeunesse mahoraise”, souligne Amir, chauffeur scolaire. Face à cette jeunesse désœuvrée, les conducteurs se veulent force de propositions. Force est de constater que l’ajout de médiateurs n’a pas arrangé cette situation périlleuse et stressante. “Ce sont les premiers à partir quand il y a un problème, et les chauffeurs se retrouvent seuls, dépassés”, se désole la membre du conseil syndical CFDT.
Leurs doléances ? Des structures pour s’occuper des jeunes et une implication réelle de l’État sur les questions de sécurité des transports. “Ce ne sont pas que des enfants d’immigrés ou des jeunes qui sont dans la précarité. Mais bel et bien l’ensemble de la jeunesse mahoraise”, analyse la jeune femme, qui se questionne sur la rentrée prochaine et les conditions de travail qui les attendent. Avant de se projeter aussi loin dans le temps, quid du présent ? À l’heure où nous écrivons ces lignes, la suspension des lignes pourrait être reconduite ce jour par les syndicats. Conséquences : de nombreux élèves pourraient à nouveau ne pas être en capacité de rejoindre leurs établissements scolaires. Le concours d’éloquence qui devait se tenir hier a lui aussi été reporté au 9 juin.
On ne le présente plus. Naftal Dylan, producteur, scénariste et réalisateur de la série FBI Mayotte, a fait un bond en avant. Parti d’une série diffusée sur les réseaux sociaux, il est aujourd’hui passé à un autre niveau. Il y aura bel et bien une saison entière de la série policière, mais Naftal Dylan n’est pas au bout de ses peines. Les partenaires financiers se multiplient, mais le Département censé soutenir la culture est aux abonnés absents.
Flash Infos : Depuis la diffusion du dernier épisode de FBI Mayotte sur les réseaux sociaux, que s’est-il passé ?
Naftal Dylan : Le projet a bien évolué. Nous avons signé avec la préfecture de Mayotte qui devient officiellement notre plus important partenaire. L’équipe du préfet m’a dit qu’ils sont contents de voir la réalisation d’un tel projet chez nous. Ils sont prêts à travailler avec moi. Ils estiment que le territoire a besoin de ce genre de projet pour encourager les jeunes talents. Je suis également en négociation avec d’autres gros partenaires, à l’exemple de Marcel Rinaldy. Il m’a dit qu’il encourage les initiatives des jeunes talents mahorais afin de développer l’île. Je dois maintenant écrire mon scénario afin de pouvoir inclure certains de ses produits. Je comprends sa démarche et c’est tout à fait possible. J’ai aussi beaucoup de partenaires qui vont m’aider sur la logistique, notamment pour la location des voitures, les scènes en hélicoptère, ou encore la prise en charge des personnes qui vont travailler avec nous. L’office du tourisme de Petite-Terre fera aussi partie des nôtres. La Cadema et la mairie de Mamoudzou, avec qui je suis en négociation, sont très intéressés. J’espère que d’autres offices de tourisme et intercommunalités suivront aussi.
FI : Tous ces financeurs seront-ils suffisants pour couvrir tous les frais de la série ?
N. D. : Pour le moment, cela ne suffira pas. J’ai fait appel au conseil départemental qui est l’instituion qui pourrait me donner le plus gros budget, mais pour l’instant, je n’ai pas eu de retour. Le cinéma est nouveau pour tout le monde, alors je prendrai le temps qu’il faut pour leur expliquer les enjeux et la positivité d’un tel projet pour l’île. Un tournage n’est pas facile, il y a plein de choses à payer, toute une logistique, chaque centime sera déboursé à bon escient. Je vais travailler avec une vingtaine de personnes, c’est conséquent ! J’ai bon espoir qu’ils reviennent vers moi et qu’ils me soutiennent sur ce projet pour le bien de Mayotte puisque finalement, je mets en avant la culture mahoraise, l’île, la gastronomie.
FI : Quelles seront vos alternatives si le conseil départemental ne revient pas sur sa décision ?
N. D. : J’espère avant tout que les élus verront l’intérêt de ce projet et tout l’engouement qu’il y a derrière. Certains candidtas aux cantonales me promettent de me soutenir s’ils sont élus… Je ne sais pas si c’est vrai ou pas, mais il y a une petite lueur d’espoir. Malgré tout, je ne suis pas naïf… Je continue à toquer aux portes de tout le monde. Je ne baisserai pas les bras et je chercherai des partenaires ailleurs. Je ferai tout pour atteindre mes objectifs. Sans la subvention du conseil départemental, cela prendra beaucoup plus de temps, mais je crois fermement à l’aboutissement de ce projet.
FI : Quel est le stade d’avancement de la série FBI Mayotte actuellement ?
N. D. : Nous sommes à la phase d’écriture du scénario, nous avons fini de rédiger l’épisode 4. Nous allons proposer une saison de 10 épisodes de 30 minutes. Et la série sera diffusée à la télé.
FI : Qu’y-aura-t’il dans cette nouvelle saison ?
N. D. : Il y aura beaucoup de rebondissements, de suspens, d’actions et surtout beaucoup de surprises. Je ne peux entrer dans les détails, mais des surprises il y en aura ! Je souhaite également tourner dans les pays de la région, notamment aux Comores et à Madgascar. Mais cela dépendra du budget que j’aurai parce que tous ces déplacements sont coûteux. Nous allons aussi voir l’arrivée de nouveaux acteurs. Je reçois pleins de messages de personnes qui veulent jouer dans la série. Je vais d’ailleurs lancer le casting dès que le scénario sera bien ficelé. Nous espérons tout finir cette année pour une diffusion courant 2022.
FI : Le secteur du cinéma est encore très peu développé à Mayotte, n’êtes-vous pas freiné par certaines contraintes sur l’île ?
N. D. : Mon associé et moi avons un rêve et nous nous disons que rien n’est impossible. Il fallait que nous nous lancions et nous l’avons fait avec notre vision, sans savoir ce qui nous attendait. Nous n’avons aucune certitude que cela va fonctionner, nous devons juste travailler et essayer d’atteindre nos objectifs. Par rapport à FBI Mayotte, nous puisons notre inspiration dans la vie de tous les jours. J’ai grandi ici, je connais le territoire, j’ai des souvenirs qui m’inspirent. Je n’invente rien, je raconte simplement la vie des Mahorais.
FI : Avez-vous d’autres projets en cours ?
N. D. : Je suis en train de préparer des émissions télé. Je prévois aussi prochainement le retour de Zana za mahorais, pour la troisième édition. Mon objectif est de faire de grosses productions de séries et d’émissions afin de développer le secteur du divertissement à Mayotte et par la même occasion créer de l’emploi. Parce que si nous faisons uniquement FBI Mayotte, mon équipe ne travaillera que de temps en temps, et ce n’est pas ce que voulons.
Du 5 au 12 juin aura lieu l’exposition « Tschiéga, Ségas : musiques et danses de l’océan Indien ». Un événement qui voit le jour dans le cadre de la création phonothèque historique de l’océan Indien (PHOI) à découvrir au comité départemental du tourisme de 8h à 17h en semaine et de 9h à 15h le samedi.
À l’origine de ce projet ? La phonothèque historique de l’océan Indien en lien avec
le conseil départemental de Mayotte mais aussi la direction des archives départementales et de la documentation scientifique. « La PHOI est un projet culturel porté par le pôle régional des musiques actuelles (PRMA) de La Réunion », dévoile la collectivité de l’île aux parfums. « Elle est montée dans le cadre des fonds européens et a pour objectif de valoriser le patrimoine musical de l’océan Indien. »
Au total, six structures, une par île partenaire, travaillent main dans la main sur ce projet, le centre de ressources des arts actuels à Madagascar, le centre national de documentation et de recherche scientifique aux Comores, la commission des arts et de la culture à Rodrigues, le conservatoire national de musique François Mitterrand à Maurice, l’école de musique (Dhow Countries Music Academy) à Zanzibar et le département de la culture aux Seychelles.
Mais au fait, le Séga qu’est-ce que c’est ?
Basé sur une tradition orale, le Séga est à la fois une musique et une danse. Il constitue une pratique traditionnelle spécifique à la région de l’océan indien et est issu d’un métissage qui lui a donné aujourd’hui son esthétique et son instrumentalisation. « Sa création répond aux besoins des communautés des îles du Sud-Ouest de l’océan Indien d’exprimer leur identité musicale et chorégraphique », précise la PHOI.
Du 5 au 12 juin, l’exposition « Tschiéga, Ségas : musiques et danses de l’océan Indien » veut mettre à l’honneur cette culture. Les habitants de Mayotte pourront venir découvrir au comité du tourisme – de 8h à 17h en semaine et de 9h à 15h le samedi – les différentes formes de Séga présente dans les Mascareignes, à Madagascar et aux Seychelles . Par ailleurs, grâce à un livret de partitions édité par la PHOI, chacun pourra retrouver les six territoires représentés par deux titres.
Une volonté d’écrire l’Histoire
À partir du 21 juin, les curieux pourront se rendre sur le site internet de la PHOI afin de consulter des articles, des expositions, des podcasts et encore des playlists, le tout en français, anglais, shibushi et malgache. Par le biais de cette plateforme d’archives numériques, la PHOI espère valoriser le patrimoine musical traditionnel des territoires de l’océan Indien. De plus, après le 12 juin, les structures qui le souhaitent pourront emprunter l’exposition en se rapprochant des archives départementales de Mayotte.
Six prévenus comparaissaient ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou pour plusieurs cambriolages en juillet 2018. Ils ont été reconnus coupables et ont écopé de quatre ans de prison ferme.
“18 ans de réclusion aux assises pour viol, vols avec violences aggravées et en réunion. Et il s’agit seulement des faits d’avril-mai 2015, il y en a d’autres antérieurs… Oui, vous, on s’est déjà vu, en tout cas moi je m’en souviens”, réalise la présidente, qui jette un regard au-dessus du dossier fourni du prévenu, au moment d’énumérer ses casseroles. C’est que l’homme qui toise l’audience en secouant la tête, n’est pas n’importe quel lascar. Connu notamment pour une escapade et une cavale rocambolesque de deux ans, le mis en cause n’est autre qu’Abderemane Nassur, dit M’Déré. Le criminel et coupeur de routes, qui avait terrorisé la population de Mayotte avec sa bande en 2015-2016, se retrouve une fois encore au tribunal. Cette fois-ci, il est flanqué d’une autre célébrité locale, le “bandit” Magnélé – lui-même déjà condamné par deux fois dans deux procédures depuis décembre 2020 – et quatre autres prévenus.
Dans cette belle brochette, il y a aussi “Kambi” (ou “DJ”), ”Sera”, ou encore “Faiz”. Au total, ils sont six, sur les neuf suspects de la bande : deux n’ont pas encore été interpellés, et l’un doit être jugé par le tribunal des enfants. Les prévenus du jour sont entendus par le tribunal correctionnel pour avoir tenté de cambrioler, munis d’une machette, une hache, un couteau et même un pistolet, deux habitations à Sada dans la nuit du 1er au 2 juillet 2018, puis le lycée professionnel de Chirongui la nuit suivante. Des faits précédés, accompagnés ou suivis de violences, ayant entraîné des incapacités temporaires de travail pour certains des occupants des logements, et commis en réunion. Ils ont échappé de peu à la cour d’assises.
Le pistolet sur la tempe
Tout commence à Sada, vers 1h du matin. Un bruit de ferraille réveille brusquement l’une des occupantes de la maison. Arrivée dans la cuisine, la grand-mère, qui garde ses deux petits enfants, comprend vite que quelque chose cloche. Les verrous sont cassés… Alors qu’elle ouvre la porte, la voilà face à cinq bonshommes, tapis dans la pénombre. Seule une grille la sépare de ses agresseurs. Alors, elle s’y cramponne, malgré “le pistolet que l’un d’entre eux à ma droite a posé sur ma tête”. À la barre, la victime semble revivre avec intensité ce moment d’angoisse. “J’ai crié à l’aide ! Youssoupha à l’aide !”, s’époumone-t-elle devant les magistrats, en agitant ses bras en l’air. “J’étais la seule personne à pouvoir leur porter secours, on m’a confié les enfants, ils sont tout pour moi”, lâche-t-elle en reprenant son souffle. Son mari, arrivé sur ces entrefaites, reçoit un coup de pilon dans le crâne qui lui vaudra trois jours d’ITT. Elle en aura gagné 13 de plus.
Les assaillants finissent malgré tout par déguerpir, affolés par l’arrivée imminente des gendarmes. Mais pas question de finir la nuit sans butin. C’est pourquoi ils s’attaquent ensuite à un autre habitat, celui d’un commerçant de téléphones. Il est entre 2h50 et 3h du matin, et cette fois-ci, ce sont les cris d’une petite fille qui alertent ses parents. Là encore, le remue-ménage fait fuir les cambrioleurs, non sans quelques coups au passage. Et le lendemain, rebelote, au lycée professionnel de Chirongui, où ils rencontrent moins de résistance. Ils piquent dans la caisse plusieurs centaines d’euros, ainsi qu’une tablette, huit ordinateurs portables, un écran d’ordinateur, mais aussi un chéquier, un passeport et un billet pour Madagascar. Bon vol !
Les prévenus brouillent les pistes
Entendus à tour de rôle, les six prévenus tentent tous à leur façon de noyer le poisson. L’un nie sa participation, l’autre avoue seulement un cambriolage. Celui-là refuse de répondre, celui-ci change de surnom en cours de route. “Madame la juge, je vous dis, la première maison, on l’a pas cambriolée”, martèle par exemple Magnélé. “Là, on est dans un endroit où chacun veut sauver sa peau, donc ils m’accusent”, balance “Sera”, le seul à complètement nier sa participation à l’ensemble des infractions. Et pourtant le plus “monstrueux” ? Son surnom, qu’il nie également à la barre, signifie “monstre” en mahorais, rappellera Maître Kamardine, conseil du deuxième couple victime. “Les Mahorais sont mauvais, ils sont racistes”, poursuit le malfrat au moment d’évoquer sa personnalité. “J’ai un champ à Majimbini.” “Il vous appartient ce champ ?”, s’étonne la présidente. “Non, parce qu’à Mayotte, on peut aller où on veut”, rétorque “Sera” sans sourciller.
“L’opinion publique nous regarde”
De quoi exaspérer les avocats des parties civiles, juste avant leur plaidoirie. “Ils disent qu’ils sont venus des Comores pour avoir une vie meilleure, mais quand on voit ces faits-là, on n’a pas l’impression. Au contraire, ils sont venus pour semer la terreur à Mayotte”, dénonce Maître Abdel Latuf Ibrahim, qui demande 3.000 euros en plus d’un renvoi sur intérêts civils pour dédommager ses clients. “Ces agressions, les Mahorais en ont marre. L’opinion publique nous regarde”, ajoute Maître Kamardine, qui avance quant à lui les sommes de 10.000 euros de dommages et intérêts pour le couple qu’il défend, et encore 6.000 et 3.500 euros respectivement pour leurs enfants. Face au “faisceau d’indices” incriminant les six prévenus, le ministère public requiert une peine de six ans chaque, plus cinq ans d’interdiction de porter une arme. Malgré les arguments de Maître Baudry, l’avocate de l’un de six prévenus, qui fera valoir l’absence de preuves dans ce dossier, et notamment de traces ADN, les juges seront à peine plus cléments. Tous les prévenus sont reconnus coupables et écopent de quatre ans de prison et cinq ans d’interdiction de porter une arme.
La bande repart donc pour Majicavo. Sans en avoir fini avec la justice pour autant. Le pistolet, brandi sur la tempe de l’une des victimes, viendrait en effet d’une autre affaire, encore en instruction. Un meurtre, dans lequel les six prévenus sont entendus sous le statut de témoins assistés.
Le mercredi 2 juin avait lieu la cérémonie de remise des prix du concours académique des Olympiades des géosciences au lycée des Lumières. Un concours national destiné aux élèves de 1ère générale auquel ont participé à Mayotte les lycéens de Bamana, de Sada, de Chirongui et de Petite-Terre.
Réunis dans l’amphithéâtre Khams du lycée de Kawéni, les lauréats du concours académique des Olympiades des géosciences se sont vus remettre un diplôme ainsi qu’un échantillon de roche du nouveau volcan sous-marin apparu au large de Mayotte en mai 2018. Des fragments venus tout droit de la mission Sismaore qui a réalisé différents prélèvements du 23 décembre 2020 au 11 février 2021 lors de son étude scientifique sur les traces de ce phénomène géologique unique au monde.
Comme l’explique Laurence Comte, inspectrice d’académie et inspectrice pédagogique régionale de SVT, l’objectif de cet exercice était avant tout pédagogique “Nous voulions susciter l’intérêt des élèves pour les géosciences, développer leur goût pour les sciences et leur culture scientifique”. Divisé en trois thématiques, le concours offrait aux lycéens un large panel de thématiques abordées en géosciences. “[Ils] ont dû répondre à trois questions à l’aide de documents. Dans la première, les candidats devaient étudier un épisode de grêle dans la région Rhône-Alpes et envisager la meilleure manière de protéger des cultures. Dans la deuxième, ils ont été confrontés à un débat de l’Histoire des sciences et ont travaillé sur le catastrophisme de Georges Cuvier et l’uniformitarisme de Charles Lyell. Enfin, la dernière question traitait des origines de gisements de cuivre à Chypre.” De quoi se gratter la tête pendant de longues heures…
Le lycée Bamana sur le podium
Les trois meilleures copies de l’académie de Mayotte ont été réalisées au lycée Bamana. Assina Youssouf, Anjara Rabe et Anedda Lucile, respectivement première, deuxième et troisième du concours, ont pu repartir avec leur diplôme, un fragment de roche mais aussi un ouvrage réalisé par le BRGM, Les curiosités géologiques de Mayotte. Très fière, Assina Youssouf arrivée sur la première marche du podium raconte son expérience et se permet même de rêver plus grand. “Grâce à ce concours, j’ai pu en apprendre davantage sur la géologie. Au mois de septembre nous aurons le classement national et si celui-ci est bon, je me rendrai à Paris pour être récompensée”, croise les doigts la lycéenne en spécialité Sciences de la Vie et de la Terre et qui espère que son prix lui permettra de réaliser son rêve, à savoir travailler dans le domaine de la biologie.
La mission Sismaore
Jocelyn Jacquot, enseignant et membre de la mission Sismaore, est également intervenu afin de présenter aux élèves les découvertes faites lors de cette expédition. 800 mètres de haut, soit l’équivalent de trois Tour Eiffel, et trois kilomètres de diamètre… Voilà en quelques chiffres les dimensions de ce tout nouveau volcan qui a fait irruption à 50 kilomètres des côtes mahoraises. Apparu à plus de 3.400 m de profondeur, ce volcan sous-marin est le quatrième actif de France. “C’est la première fois que nous observons la naissance d’un volcan”, souligne l’enseignant “Nous avons fait des découvertes considérables, qui attirent la curiosité des chercheurs jusqu’aux États-Unis, notamment l’enregistrement d’ondes de très basse fréquence qui n’ont été enregistrées qu’à trois moments de l’Histoire dans le monde. Celles-ci indiquent la résonance du magma dans une chambre magmatique très importante.” s’extasie-t-il. Une intervention riche de savoir pour ces jeunes scientifiques en herbe.
Âgée de seulement 16 ans, Nasrine Wissam, élève en première au lycée Younoussa Bamana, a été mise à l’honneur par le ministère de l’Intérieur en la personne de la ministre Marlène Schiappa. Cette dernière l’a nommée « Prodige de la République », au titre de toutes les actions sociales que mène la lycéenne dans son établissement.
Au sein de la nouvelle cafétéria du lycée Younoussa Bamana ouverte il y a de cela une semaine, Nasrine Wissam a tout d’une patronne, du haut de ses 16 ans. Non seulement, elle supervise les autres élèves qui travaillent bénévolement, mais elle effectue également les mêmes tâches qu’eux. Serveuse, gérante, cuisinière… La jeune fille est au four et au moulin ! Vice-présidente du conseil de la vie lycéenne (CVL), elle a porté le projet d’une main de maître pour le bien-être de ses camarades. « On a voulu aider les élèves qui restent au lycée et qui n’ont pas les moyens de payer la cantine. Ici, on leur propose une alternative, des produits moins chers. Mais la cafétéria permet aussi de garder nos élèves en sécurité au sein du lycée et éviter qu’ils soient exposés à la violence qu’il y a à l’extérieur », résume l’adolescente.
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Nasrine Wissam est parfaitement consciente du travail qu’il y a à faire pour que son lycée soit des plus exemplaires. Pour cela, elle ne ménage pas ses efforts et peut compter sur la collaboration de ses camarades du CVL. Et des idées, elle n’en manque pas ! Exemple avec l’organisation d’une collecte de vêtements et de fournitures scolaires pour les élèves les plus défavorisés. Ou encore avec la mise en place cette année d’une journée culturelle pour faire découvrir à qui le veut les différentes cultures qui cohabitent au sein de son enceinte. Également en réflexion : la création d’une salle de jeux pour que les jeunes puissent se retrouver pendant les heures de pause et faire connaissance.
Autant de projets rendus possible par son investissement et son statut de vice-présidente de la vie lycéenne, soit le plus haut grade que peut avoir un lycéen au sein de son établissement, le CVL étant présidé par le proviseur lui-même. Nasrine Wissam occupe ce poste depuis maintenant deux ans, mais elle compte bien céder sa place à d’autres l’année prochaine. « Je ne compte pas me présenter officiellement parce que je serai en terminale et je veux me concentrer sur mon baccalauréat. Mais j’aiderai mes camarades dans l’ombre, je surveillerai si tout se passe bien », sourit-elle. Il faut croire que la demoiselle a déjà tout d’une grande politicienne qui ne se retire jamais complètement.
Prodige de la République, la récompense suprême
L’implication et le travail acharné de Nasrine Wissam ont été reconnus jusqu’au ministère de l’Intérieur. Pour preuve, la lycéenne mahoraise fait partie des heureux lauréats qui ont été mis en lumière aux quatre coins de la France pour leur engagement auprès d’autrui par la ministre en charge de la citoyenneté, Marlène Schiappa. « J’étais surprise quand le proviseur me l’a annoncé. Je me demandais même s’il ne s’était pas trompé de personne parce que certes, je mène quelques actions, mais pour moi il est tout à fait normal de faire ce que je fais », raconte l’adolescente, encore émue.
À l’annonce de cette nouvelle, Nasrine Wissam a fondu en larme, submergée par ses émotions. Elle ne pensait pas que son travail serait un jour reconnu jusqu’au sommet du gouvernement, mais c’était sans compter sur son chef d’établissement qui la soutient de manière inconditionnelle. « Quand monsieur le recteur m’a demandé si j’aimerais proposer la candidature d’un élève, j’ai immédiatement pensé à elle parce que c’est une élève très impliquée dans la vie lycéenne, c’est un plaisir de travailler avec elle. Le service de vie scolaire et moi nous appuyons beaucoup sur elle pour construire toutes les actions au bénéfice des élèves », indique Laurent Prévost, le responsable du lycée Younoussa Bamana.
Ce dernier lui prédit un grand avenir, tout comme sa professeure d’espagnol Lidia Capel. « Nasrine est une élève merveilleuse, on a la chance de l’avoir en cours et comme déléguée parce qu’elle est investie dans tout ce qu’elle fait. Mes collègues et moi avons tous le même avis, c’est une élève très courageuse et elle travaille beaucoup. Peu importe la voie qu’elle choisira, je sais qu’elle va réussir parce qu’elle a des capacités humaines et professionnelles admirables. » D’ailleurs, la vice-présidente de la vie lycéenne aspire déjà à devenir obstétricienne. Selon elle, il est primordial que la jeunesse mahoraise soit au service de son île. « Je veux voyager et découvrir d’autres pays, mais sur le long terme je rentrerai chez moi à Mayotte parce qu’on manque de spécialistes dans le domaine de la santé et si tout le monde part, le territoire n’avancera pas… »
Un modèle pour ses camarades
Il suffit de se promener quelques minutes dans la cour du lycée Bamana avec la jeune fille pour comprendre davantage sa nomination en tant que prodige de la République. Les actions mises en place par elle sont nombreuses, et ses camarades ne tarissent pas d’éloges à son égard. Sollicitée constamment, Nasrine Wissam répond toujours avec le sourire. « Elle est un peu notre star au lycée. Elle fait beaucoup pour nous, elle gère bien la vie lycéenne et je suis admirative », révèle l’une de ses camarades.
Loin d’être timide, Nasrine Wissam mène ses projets jusqu’au bout et s’impose subtilement auprès des autres élèves qui semblent accepter son mode de travail. « Elle est très organisée, elle gère tout et elle le fait bien. C’est une élève motivée et je suis fier d’elle », souligne Annelddine, l’un de ses amis. « J’aime son implication dans tout. C’est un plaisir de travailler avec elle », renchérit Soibia, l’une de ses copines. Avec un tel parcours, l’adolescente est un exemple pour toutes les générations. À 16 ans, Nasrine Wissam est la preuve vivante que l’avenir de Mayotte repose sans aucun doute sur les épaules de la jeunesse montante.
Directeur adjoint en charge des affaires générales sous le mandat de Catherine Barbezieux, Christophe Blanchard assure l’intérim à la tête de l’hôpital jusqu’à la nomination du nouveau successeur. Pas question pour autant de rester les bras croisés tant les dossiers s’accumulent et le temps presse. Deuxième hôpital, gestion de crises, recrutement, développement de l’offre de soins… Entretien.
Flash Infos : Depuis le départ de Catherine Barbezieux le 14 mai dernier, vous assurez l’intérim à la direction du centre hospitalier de Mayotte. Comment appréhendez-vous ce nouveau poste ?
Christophe Blanchard : La continuité de la chefferie de l’établissement doit être assurée, c’est réglementaire. Je suis le trait d’union entre Madame Barbezieux qui a quitté ses fonctions et l’heureux ou heureuse élu(e) qui doit vraisemblablement arriver au mois de septembre. Tous les projets amorcés ne vont bien évidemment pas s’arrêter. Tout en gérant les crises, à savoir le Covid-19 et maintenant l’épidémie de bronchiolite. C’est un exercice de style assez compliqué… Mais il faut relever le challenge !
FI : Vous évoquez celui ou celle qui va prendre la suite de la direction de manière pérenne. Quelles raisons expliquent que vous ne comptez pas aller plus loin que cette période d’intérim ?
C. B. : Là aussi c’est réglementaire, tout simplement. Le poste est paru au mois d’avril, mais quand on est directeur adjoint, on ne peut pas être nommé sur place. Si je veux devenir chef d’établissement, je dois partir dans un autre établissement avant de revenir à Mayotte si le poste était republié ultérieurement. Mais effectivement, cela aurait pu tout naturellement m’intéresser : les moyens mis à disposition sont considérables. Il y a tout à développer. Sans oublier les équipes qui sont très impliquées en plus d’être agréables : on peut travailler correctement.
FI : Vous jouissez d’une certaine expérience aux Antilles et en Guyane, quelles similitudes pouvez-vous faire avec Mayotte et au contraire, quelles différences notables avez-vous relevé ?
C. B. : Après 25 ans d’exercice dans les Outre-mer, il y a effectivement des similitudes, plus particulièrement avec la Guyane où l’offre de soins est, certes, plus développée puisque le territoire compte plus de 600 lits et places rien qu’à Cayennes, contre 417 pour l’ensemble de Mayotte, alors que la population y est moins élevée… Il faut que l’on rattrape notre retard ! Sans oublier de former les jeunes mahorais sur les professions médicales et paramédicales. D’ailleurs, c’est un point que l’on est en train de travailler avec une étude qui est en cours pour faire en sorte que dans les dix prochaines années on puisse davantage former de professionnels de santé (d’infirmières, des IADE (infirmières anesthésistes), des IBODE (infirmières de bloc opératoire) entre autres et des médecins bien sûr).
Par l’anecdote : j’ai pris mes fonctions le 1er décembre 2019, et quatre jours plus tard, il y a eu l’épisode Belna. À ce moment-là, je me suis aperçu que Mayotte n’était pas du tout habituée aux phénomènes climatiques par rapport aux Antilles, où j’ai vécu Irma en 2017, qui sont très aguerris aux passages des cyclones. Ici, on n’est pas du tout prêt ! Il faut apprendre, non seulement, à se protéger, mais aussi à accueillir un afflux massif de victimes si un tel événement se produisait.
Dans toutes ces destinations, il y a toujours l’éloignement avec la métropole, qui a pour conséquence une complexité logistique pour maintenir les équipements en place. Exemple avec l’IRM en panne ces dernières semaines au CHM à la suite d’un incident. Il a fallu faire venir l’hélium de l’Hexagone.
FI : Le mandat de Catherine Barbezieux a été marqué par une série de conflits avec les organisations syndicales. Comment gérez-vous cette situation avec elles qui sont toujours sur le qui-vive pour pointer des dysfonctionnements ?
C. B. : C’est la continuité également, je vous rassure ! Les syndicats sont toujours aussi actifs, cela n’a pas changé depuis ma prise de fonction (rires). Les partenaires sociaux sont effectivement très proches des équipes et n’hésitent pas à me faire remonter, quelquefois de manière plus musclée que d’habitude, les problèmes rencontrés dans les services.
Je les ai déjà rencontrés à plusieurs reprises, notamment dans le cadre du projet d’établissement puisqu’on est en train de le revisiter. Il y aura par exemple une nouvelle réunion avec eux demain matin [ce jeudi 3 juin].
FI : Parmi les dossiers prioritaires, il y a la construction du deuxième hôpital en Grande-Terre où il se dit que le terrain aurait été trouvé du côté de Combani, mais aussi l’épineuse question du recrutement et de la fidélisation des soignants…
C. B. : Effectivement, tous ces dossiers s’inscrivent dans la durée. Avec les deux crises successives, on a subi plusieurs départs massifs de médecins. Mais l’attractivité est en lien direct avec le sentiment d’insécurité qui règne sur l’île, et qui ne favorise pas la venue de nouveaux personnels. À cause de cela, on rencontre quelques difficultés à recruter… Par exemple, en psychiatrie, il ne reste plus qu’une seule psychiatre pour assurer le service. On est, par conséquent, obligé de réduire la voilure sur cette offre de soins, à savoir la santé mentale, le temps de trouver de nouveaux professionnels.
Si l’on parle de priorités, l’une d’elles est Petite-Terre, avec la visite de la commission de sécurité le 11 juin, en espérant que l’avis soit favorable pour enfin ouvrir les 50 lits. On a un jeune médecin MPR (il a pour principale mission d’élaborer et d’encadrer des programmes de réadaptation et de rééducation de personnes atteintes de pathologies graves ou victimes d’un accident requérant une prise en charge pluridisciplinaire, ndlr.) mahorais revenu à Mayotte, donc on a le personnel médical et paramédical pour le service de soins de suite et de réadaptation. On va l’ouvrir de façon progressive avec une dizaine de lits, le temps de se roder.
Il y a également le budget que l’on doit faire repasser aux instances, en négociation avec l’agence régionale de santé, le plan pluriannuel d’investissement, le plan global de financement pluriannuel qui intègre le deuxième site, avec cette construction dont on parle et qui ne sera pas une rumeur, je l’espère, dans les dix prochaines années, mais bien une réalité. Pour le terrain dont vous parlez, ce n’est pas encore officialisé. Ce sont pour le moment des idées qui sont posées sur la table.
FI : Le service de psychiatrie, dont vous avez parlé plus tôt, est en proie à des difficultés profondes alors que la santé mentale à Mayotte est un enjeu majeur et un sujet tabou pour bon nombre d’habitants. Comment inverser la tendance ?
C. B. : L’infrastructure ne se prête pas vraiment à l’accueil de dix patients en psychiatrie. Donc là-dessus, on avance. Il faut que cela se règle par la construction d’un bâtiment qui soit digne de ce nom. Il faut que toutes les filières – CATTP (centre d’accueil thérapeutique à temps partiel) et CMP (centre médico-psychologique) en lien avec la santé mentale soient identifiées dans un pôle. Sur la partie construction, on travaille avec l’agence régionale de santé. Mais ensuite, c’est au CHM de faire sa promotion à l’extérieur, d’aller à la rencontre de, de créer des partenariats. Pas plus tard qu’il y a deux jours, j’étais en ligne avec le directeur de l’établissement public de santé mentale de La Réunion pour savoir s’il pouvait nous envoyer en rotation des missionnaires sur des durées assez courtes. Idem avec les associations et les groupements en métropole. On doit s’inscrire dans cette logique pour « vendre » nos projets structurants et innovants !
FI : Selon vous, sur quels aspects moins visibles que ceux cités précédemment, le CHM devrait-il mettre l’accent à court, moyen et long terme ?
C. B. : Il faut que tout le monde se mette en ordre de bataille pour faire en sorte que le CHM développe son offre de soins. On va lancer un appel d’offre pour un programmiste et un assistant à maîtrise d’ouvrage pour que tous les moyens alloués à Mayotte ne repartent pas un jour vers la métropole ou l’Europe. Il faut agir très rapidement dans tous les domaines ! On a que 17 lits en réanimation… Ce n’est pas suffisant, on l’a très bien constaté durant la crise Covid.
FI : Justement, quel bilan aussi bien positif que négatif tirez-vous de cette crise sanitaire ?
C. B. : Le point à améliorer est le temps de latence entre le moment où l’on déclenche l’alerte et celui où l’aide arrive. Il faut compter une quinzaine de jours… C’est quand même critique car les équipes en ont beaucoup souffert. L’approvisionnement est délicat, notamment lors de l’envoi de matériel biomédical. Heureusement, on n’a pas de nouveau bloqué les liaisons aériennes avec Paris lors de la seconde vague en 2021.
Mais le point positif est qu’on a reçu une aide sans précédent. On a accueilli l’équipe de réanimation militaire par deux fois et on a pu compter sur le soutien de la réserve sanitaire. On a eu des renforts en nombre, ce n’est pas négligeable. Cela démontre à quel point on a été entendu au niveau national et ce, grâce au travail mené de concert avec notre tutelle.
FI : En termes de renforts durant la crise Covid, le CHM a pu bénéficier d’un hélicoptère et d’un avion privé pour effectuer les évacuations sanitaires. Où en est le projet de garder de manière pérenne ces deux moyens de transport ? Et quelles seront les travaux à réaliser sur l’île, comme les hélistations ?
C. B. : On a reçu les réponses à l’offre de marché pour l’avion sanitaire. On est en train de les étudier avec les équipes des Evasan, on pense avoir un résultat dans les prochains jours. Il s’agira d’un contrat sur plusieurs années car cela demande un engagement et un investissement lourd pour l’entreprise qui sera retenue.
Pour l’hélicoptère, on a acté un marché intermédiaire de 18 mois avec un pilote et un assistant, dans l’attente du marché définitif pour un hélismur dédié à Mayotte. Mon collègue de la direction des plans et des travaux a pris contact avec les maires des communes pour identifier les zones de pose et pouvoir les sécuriser et les éclairer si l’on décide de procéder à des vols de nuit par la suite.
FI : Ce dernier point est à prendre légitimement en compte, puisque plusieurs incidents frappent régulièrement les ambulanciers lors des transferts aux quatre coins de l’île. Quelles réponses leur avez-vous apportées pour les rassurer ?
C. B. : On peut comprendre que le personnel ait des craintes légitimes à circuler à partir d’une certaine heure le soir. En réponse, on a renforcé les ambulances, de la même façon que les véhicules des forces de l’ordre, avec des vitres latérales sur lesquelles sont appliquées des feuilles de polycarbonate. Après, les gendarmes et les policiers ne peuvent pas être systématiquement présents lors de chaque transfert. Donc un protocole est mis en place pour engager en toute sécurité les effectifs sur le trajet. On leur demande aussi de passer par la route intérieure car la route vers Dzoumogné depuis le littoral est plus problématique à partir de Koungou et de se faire discret en n’activant pas le gyrophare et la sirène lorsque cela n’est pas nécessaire.
Dans le cadre de la journée internationale de l’enfance du 1er juin, le club Soroptimist Mayotte a offert cinq tablettes à destination des enfants de l’association Autisme Mayotte. Un geste symbolique qui permet de mettre en lumière ce trouble neuro-développemental, encore bien trop méconnu par un grand nombre de familles et d’habitants de l’île aux parfums. Au-delà de ce don, cette rencontre a été l’occasion de pointer du doigt l’absence de structures spécialisées sur le territoire.
« Waouh ! » Au moment de recevoir l’une des cinq tablettes offertes par le club Soroptimist Mayotte des mains de la présidente Sophia Hafidou, Youness exprime à sa façon sa gratitude. Idem pour Fatima, Sadjaad, Yann Lucas, Dosty ou encore Kaen. Âgés de 4 à 17 ans et atteints d’un trouble neuro-développemental, tous font partie d’Autisme Mayotte. « Ça va l’aider à reconnaître l’alphabet et à écrire son nom », s’emballe Addidja, la mère de la seule petite fille présente lors de cette remise de dons organisée à Tsararano ce mardi 1er juin à l’occasion de la journée internationale de l’enfance.
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« Avant, il ne tenait pas dix minutes sans bouger », sourit fièrement Elly, avec un regard attendri en direction de son fils Dosty. Sage comme une image et confortablement assis sur sa chaise, le garçon de 11 ans le mois prochain manipule déjà l’objet d’une main de maître. « Il est accro, ça le canalise », poursuit l’habitante de Kani-Kéli. Même son de cloche pour sa voisine du jour, Binti Radhuya : « Sadjaad ? Il est toujours sur mon téléphone. » Avec ce nouvel outil pédagogique en leur possession, non seulement cela « va soulager les familles », mais en plus cela « va faciliter la compréhension et le langage », insiste Ernestine Bakobog, la présidente de l’association initiée par des parents en janvier 2017.
1.500 autistes sur l’île aux parfums
Et que de chemin parcouru depuis cette création. « Il est difficile de dire que l’autisme existe à Mayotte où la santé mentale reste un sujet tabou. Nous sommes jugés coupables d’avoir des enfants autistes », regrette la responsable, qui se bat depuis toutes ces années pour faire avancer cette cause qui lui tient tant à cœur. Malgré la mise en place de consultations par visioconférence avec des spécialistes fin 2019 ou encore la naissance de plusieurs petites unités début 2020 dans lesquelles leur sont réservées 20% des places, les moyens déployés restent en deçà des besoins pour accompagner les 1.500 autistes recensés sur le territoire selon l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). « Nous avons commencé l’école des parents avec des groupes de parole. Nous avons organisé des formations pour sensibiliser les médecins afin qu’ils arrivent à identifier les signes », rembobine Ernestine Bakobog, elle-même maman de Yann Lucas, un adolescent « non-verbal », qui « ne peut pas écrire avec un stylo » et qui « gribouille comme un maternelle ».
Liste d’attente en institut médico-éducatif
Mais l’association a aussi et surtout pour but de proposer des sorties hebdomadaires à ces jeunes, généralement cloisonnés chez eux, au parc de Passamaïnty et à la plage de Musicale à Bandrélé. « Grâce à vous, mon fils arrive à participer à des activités », s’illumine Binti Radhuya, ravie de voir Sadjaad, passionné de moto et de cuisine, sortir régulièrement du domicile familial depuis son départ de l’association départementale des pupilles de l’enseignement public (Adpep) il y a de cela trois ans. Car à ce jour, l’absence de suivi et de structures spécialisées constitue bel et bien le nerf de la guerre pour ces parents dévoués mais désoeuvrés.
Si Dosty a la chance d’être suivi par le service d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) de l’association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) de Mangajou, beaucoup d’autres se retrouvent le bec dans l’eau, le temps d’intégrer un institut médico-éducatif (IME). « Youness a été scolarisé jusqu’à ses six ans, mais ce n’était évident ni pour lui ni pour les enseignants. Depuis, il a beaucoup régressé. Il est victime d’insomnie et se calme difficilement le matin quand il voit ses frères et sœurs partir à l’école », soupire Dharina. « On fait toutes les démarches, mais il n’y a rien au bout… Il y a toujours un blocage administratif au niveau de la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) ou un manque de place. » Ce discours revient inlassablement dans toutes les bouches de ces mamans, qui jouent quotidiennement les rôles conjugués d’orthophoniste, de psychomotricienne ou d’animatrice.
Colère froide
Si Autisme Mayotte se targue d’avoir obtenu, vendredi dernier, en partenariat avec Mlézi Maoré et l’Apajh, l’aval pour monter un centre de diagnostic et un centre de ressources pour l’autisme, auxquels s’ajoute un centre d’accueil de jour de huit places dans les futurs locaux de l’association situés à Tsingoni, la présidente Ernestine Bakobog ne décolère pas face à l’immobilisme institutionnel. « Le Département n’a rien fait alors qu’il aurait pu financer des lieux de vie pour les enfants et des lieux de répit pour les parents ! » Et à ce rythme-là, Dharina compte bien prendre des mesures drastiques, dans l’intérêt de Youness. « À la rentrée, on pense sérieusement à quitter Mayotte pour la métropole. »
Combien de places dans les structures adéquates pour les enfants atteints d’autisme ?
Le 29 juin 2020, l’agence régionale de santé a lancé un appel à projet relatif à la création d’une plateforme de dispositifs intégrés IME-SESSAD sur le territoire de Mayotte. « Dans la mise en œuvre du PRS 2 (plan régional de santé), l’accueil et l’accompagnement des jeunes de 6 à 20 ans en situation de handicap, autistes ou souffrant de trouble du neuro-développement, en institut médico-éducatif et en service d’éducation spéciale et de soins à domicile, répondent aux attentes et aux besoins des jeunes », peut-on lire.
Dans le 101ème département, Mlézi Maoré gère un IME de 96 places et un SESSAD de 174 places tandis que la fédération APAJH s’occupe d’un IME de 54 places, dont 18 places autismes ou souffrant de TND, et un SESSAD de 22 places, dont 9 places autistes ou souffrant de TND. Toujours selon l’appel à projet, il est prévu de consacrer 3 places en IME et 3 autres en SESSAD pour enfants et adolescents, autistes ou souffrant de TND. La date prévisionnelle d’ouverture était « idéalement » prévue en juillet 2021, soit dans un mois. Un nombre qui semble dérisoire lorsque l’on sait que l’association Autisme Mayotte accompagne 80 enfants à elle-seule…
Le premier opérateur d’hélicoptères de Mayotte a lancé hier, mardi 1er juin, son activité sur l’île aux parfums. Après trois années de travail, la jeune entreprise mahoraise a obtenu les autorisations nécessaires pour prendre son envol.
Attachez votre ceinture ! Dès ce week-end, les premiers passagers pourront fendre l’air et découvrir le lagon comme ils ne l’ont jamais vu. Plus précisément, à bord d’un Robinson R44 Clipper II. D’une capacité de trois passagers, cet hélicoptère flambant neuf qui arbore fièrement le logo de l’opérateur peint sur un bleu océan, proposera des virées de 15 à 50 minutes selon les circuits. À l’intérieur, sièges en cuir, climatisation ou encore verrière panoramique permettront aux clients de profiter au maximum des richesses de l’île vues du ciel.
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Une activité très réglementée
Aujourd’hui, la législation impose de nombreuses règles et autorisations aux opérateurs avant de pouvoir leur permettre de transporter des passagers dans le domaine aérien. “Nous avons tout d’abord dû obtenir un agrément auprès de la direction générale de l’avion civile qui se nomme le certificat de transporteur aérien. C’est une certification difficile à obtenir, nous avons initié les démarches en 2019 et nous l’avons reçue le 21 mai 2021. En plus de celle-ci, nous avons besoin d’une dizaine d’autres agréments afin de correspondre aux normes européennes”, confie Georges Chang, patron de Récif Hélicoptères. Cet ancien pilote de ligne pour la compagnie Air Austral se réjouit de voir son projet aboutir. “J’ai eu la chance de venir souvent à Mayotte pendant 27 ans. J’ai toujours adoré les hélicoptères. Et quoi de mieux que de découvrir ce magnifique lagon depuis les airs !”
Du mercredi au dimanche, la secrétaire de Récif Hélicoptères assurera les réservations et l’accueil des clients dans les locaux du prestataire. De plus, un hangar viendra bientôt jouxter les bureaux et accueillir l’hélicoptère pour l’instant installé dans le bâtiment de Mayotte Air Service. Par ailleurs, sur le site internet recif-helicopteres.yt, les curieux pourront découvrir les différentes formules de vols mais aussi réserver directement en ligne. En bref, une petite entreprise déjà bien organisée et à qui il ne reste plus qu’à souhaiter bon vol !
Les circuits et les tarifs
“Le Shipanga” : un vol de 15 min au-dessus de Petite-Terre et la passe en “S”. “Vous aurez l’occasion de découvrir les plages de Moya et le Lac Dziani avant un retour sur l’aéroport de Pamandzi.” Tarif : 125 euros par personne
“Le Tsoholé” : un vol de 30min au-dessus de la passe en “S” et de la barrière de corail. “Direction plein Sud pour un survol panoramique de l’îlot de sable blanc avant de mettre le cap au Nord. Sur la gauche, vous pourrez voir le Mont Choungui ainsi que le Mont Bénara, le plus haut sommet de l’île. Vous survolerez l’îlot Bandrélé pour ensuite revenir sur Petite-Terre. Enfin, le vol se terminera par la découverte des plages de Moya et du Lac Dziani, avant de revenir se poser.” Tarif : 249 euros par personne
“Le Kuba” : un vol de 40 min qui commence par un survol panoramique des plages de Moya et du Lac Dziani. “Cap ensuite vers le Grand Récif du Nord pour découvrir les îlotMtsamboro et Choizil. Retour vers Longoni et son port de transport maritime en passant parla baie d’Handréma. Le vol se termine par un survol de la côte nord-est de l’île et un survol de Dzaoudzi avant un retour sur Pamandzi.” Tarif : 329 euros par personne
“L’Hippocampe” : pour découvrir Mayotte à 360° degrés du nord au sud. “Un circuit qui débute par un survol de Petite-Terre avec les plages de Moya et une superbe vue sur le Lac Dziani. Cap ensuite sur le nord de l’île avec un survol du Grand Récif du Nord et de labaie d’Handréma pour découvrir les magnifiques îlot Mtsamboro et Choizil. Direction pleinsud avec un survol d’Acoua en longeant la côté et Sada vers la baie de Bouéni. Sur lagauche de l’appareil, vous apercevrez le Mont Bénara, le plus haut sommet de l’île. Le vol se poursuivra avec le passage du col de Chirongui d’où vous découvrirez le Mont Choungui et son pic vertigineux. Direction la pointe de Sazilé, puis survol panoramique de l’îlot de sable blanc et de la magnifique barrière de corail. Le vol se terminera par un survol de l’îlot Bandrélé et de la passe en “S” avant le retour sur Pamandzi.” Tarif : 379 euros par personne
Le vendredi 28 mai, le préfet, la directrice générale de l’agence régionale de santé et le procureur de la République ont signé un protocole d’accord qui vise à améliorer la coordination et les actions de lutte contre l’habitat indigne entre les trois autorités. Au regard de la situation sur le territoire, le travail est colossal.
L’habitat indigne, impossible d’ignorer le sujet à Mayotte. Ces modestes maisons de bric et de broc qui s’amoncellent à perte de vue sur des pentes souvent à risques, ont parfois fait la triste réputation de l’île au lagon. D’après l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), ce sont pas moins de 81.000 personnes qui vivent au quotidien dans ces cases en tôle insalubres, sans eau courante ou confort sanitaire de base. Et encore, ces chiffres remontent à 2017… L’agence régionale de santé de Mayotte, la préfecture et le parquet ont donc décidé de prendre le sujet à bras le corps et d’unir leurs forces afin de lutter contre cette réalité du territoire. Et depuis vendredi dernier, cela passe notamment par un protocole impliquant les trois institutions. « Il n’initie pas une nouvelle action, parce que tous les 15 jours, je signe des remises aux normes d’habitats insalubres. Le protocole va mieux organiser la transmission d’informations au regard d’un certain nombres d’évolutions réglementaires », explique Jérôme Millet, sous-préfet et secrétaire général adjoint de la préfecture.
Chaque institution a une fonction précise, mais elles ne sont pas en compétition. Elles interviennent à des moments différents pour une même opération de lutte contre l’habitat indigne. « Le parquet saisit l’ARS pour signaler des habitats indignes. Les agents de l’ARS vont sur place, prennent des photos et montent un dossier qui établira l’insalubrité et l’indignité du logement. L’ARS transmet ensuite ces informations à l’autorité judiciaire et à la préfecture pour organiser des travaux nécessaires afin d’en faire un logement sain », détaille Jérôme Millet. L’initiative peut également venir de la personne logée qui estime vivre dans un logement indigne. Elle peut tout simplement envoyer un courrier à l’ARS ou au procureur. Et qu’importe la personne à l’origine de la procédure, les propriétaires de ces habitats devront répondre de leurs actes. À noter que le protocole signé vendredi privilégie la réparation : le propriétaire est ainsi vivement incité à rendre son logement conforme aux normes sanitaires.
Lutte contre les marchands de sommeil
À quel moment parle-t-on de logement indigne ? « Quand cela remet en cause la dignité humaine, le protocole sanitaire de base, qu’il n’y a pas de toilettes, pas de point d’eau », précise le sous-préfet. Une définition qui correspond aux conditions de vie dans les cases en tôles. Mais ces dernières, souvent illégales, sont-elles incluses dans le protocole signé entre l’ARS de Mayotte, la préfecture, et le parquet ? Affirmatif, indique Jérôme Millet. Mais le sous-préfet note tout de même une différence avec les opérations de démolition que mène la préfecture depuis quelques mois. « Sur les opérations Élan, nous sommes sur 50 à 100 cases démolies en même temps. Alors que dans le cadre de ce protocole, nous sommes sur des opérations individuelles puisque nous traitons d’infraction de droit commun du code pénal et des infractions spéciales au titre de la santé publique et du code de la construction et de l’habitation. »
Deux modes de fonctionnement qui ont une finalité commune : la lutte contre les marchands de sommeil. Le sous-préfet en est convaincu, ce nouveau protocole sera efficace dans ce combat. Lorsque le propriétaire du terrain admet qu’il est fautif d’avoir commis une infraction, il peut comparaître sur reconnaissance préalable de culpabilité. Autrement dit, il peut plaider coupable. Pour les plus récalcitrants, la procédure judiciaire est plus ferme. « Pour les dossiers les plus emblématiques dans lesquels les marchands de sommeil sont connus des services de l’État et contestent des faits qui leur sont reprochés, les propriétaires reçoivent une convocation par l’officier de police judiciaire devant le tribunal correctionnel », expose Jérôme Millet. Deux voies qui relèvent du procureur de la République, et donc de la justice. « Le préfet n’a pas de droit de regard », précise-t-il. Pour une fois !
La couveuse Oudjérébou accompagne les jeunes entrepreneurs pour tester leur activité, notamment du côté administratif, par exemple pour obtenir une immatriculation ou des subventions. Si le service est intéressant pour de nombreuses personnes, il est encore très méconnu sur l’île. Pour pallier ce manque d’information, le personnel de la couveuse a lancé le concept Oudjérébou Proximité.
“On est là pour chercher des gens !”, s’exclame Inaya, en zyeutant autour d’elle, prête à alpaguer le chaland. En plus du stand installé sur la place en face du Douka Bé de Cavani, cette employée de la Couveuse fait le tour du quartier, ses flyers sous le bras. Sa mission du jour : expliquer les objectifs d’Oudjérébou et en quoi ils peuvent aider les jeunes entrepreneurs à se lancer. Selon le personnel de l’association, trop de personnes ont encore le réflexe de vouloir chercher du travail en frappant à la porte des entreprises. Alors qu’il est tout à fait possible d’entrer dans le monde professionnel par une autre porte : à savoir, en créant sa propre activité.
Sous un chapiteau au cœur de Cavani, c’est l’occasion pour la Couveuse de Mayotte de se faire connaître par le plus grand nombre. Le stand intrigue, les passants s’arrêtent, posent des questions. Un jeune homme, qui souhaite lancer une entreprise dans le bâtiment semble vouloir passer le cap. Casquette sur la tête, il s’installe timidement à la table. Quelques minutes plus tard, il repart tout sourire avec un rendez-vous fixé la semaine prochaine. Et peut-être les outils nécessaires pour lancer son business.
Un système très utile à Mayotte
Le nombre de créations d’entreprises sur Mayotte a explosé en 2019, dépassant les 1.000 entreprises créées sur l’année. En 2020, le record a encore été dépassé avec 1.353 nouvelles entreprises. Mais si le chiffre est en hausse, nombreux sont ceux qui n’osent pas se jeter à l’eau, faute de connaissances du milieu. Et ce, malgré les 19 structures qui existent à Mayotte pour s’occuper d’accompagner les jeunes dans l’entrepreneuriat. Couveuses, pépinières, incubateurs… ces organisations souffrent malheureusement d’un manque de notoriété. “C’est pour cette raison que nous nous rendons directement dans les villages”, explique Laure, chargée de communication pour la Couveuse.
Avant Cavani, des actions ont été menées à Koungou, Pamandzi, Kani-Kéli, Chiconi, Combani et Chirongui. Cette semaine, Oudjérébou sera aussi présent à Dembéni. “Nous sommes partis d’un constat simple : c’est difficile pour les gens de venir jusqu’à nous, avec les embouteillages, ils perdent trop de temps”, analyse la communicante, très pragmatique. Aujourd’hui, la journée est plutôt bonne, plus d’une dizaine de personnes sont venues se renseigner directement au stand dans la matinée. Signe de cette belle affluence, tous les flyers se sont envolés. « Si sur dix personnes informées, trois reviennent vers nous, nous avons gagné !”, espère Laure.
Un accompagnement sur la durée
Une fois passés au stand, les futurs entrepreneurs sont invités à suivre une journée d’information collective au local d’Oudjérébou. S’ils souhaitent intégrer la Couveuse, ils auront ensuite un accompagnement personnalisé par un conseiller et pourront lancer leur phase de test d’activité. La Couveuse est le seul organisme sur Mayotte à proposer cette étape qui permet aux entrepreneurs de se rendre compte, grandeur nature, de la possible réussite ou non de leur activité. Ils obtiennent alors un statut de stagiaire au sein de la structure. De quoi limiter les risques et réduire les charges. Et une aubaine pour ceux qui hésitaient à se lancer… voire n’y avaient pas encore pensé !
Le 30 mai, la mairie de Tsingoni a présenté la distribution des budgets à destination des associations de la commune. Une répartition qui ne plaît pas à tout le monde et qui crée des hauts mais surtout des débats.
24.000 euros, soit 14% du budget annuel des associations, c’est ce que représente le montant attribué pour le clip de la chanteuse Zily par la municipalité de Tsingoni ce dimanche 30 mai. Une décision qui passe mal alors que le tournage ne serait même pas réalisé dans la localité. Mais ce n’est pas tout, l’association qui aurait obtenu cette enveloppe n’en serait pas une… À en croire son numéro de Siret, Yeka Music est une entreprise basée à Châteauroux, dans l’Indre. Une information qui a mis le feu au poudre et qui expliquerait la colère de l’opposition à la mairie de Tsingoni. “Nous ne comprenons pas cette décision”, s’exclame Ibrahima Abdoul Hanyou. “On nous a présenté un tableau qui n’est pas assez détaillé. Nous soupçonnons des financements occultes et nous allons attaquer cette décision au tribunal. Il n’est pas normal qu’un tel budget ne soit pas attribué aux associations de la commune qui œuvrent sur notre territoire”, poursuit-il.
Les associations se mobilisent…
La coordinatrice de l’office municipal des sports et entraîneuse de l’équipe Combani Handball, Babja Faoula, déplore un contexte déjà compliqué pour les associations sportives. “Auparavant dans notre club, nous avions 200 licenciés. Depuis la crise sanitaire, nous n’en avons plus que 100. Il faut aujourd’hui relancer notre activité, attirer de nouveaux jeunes, racheter du matériel… Pour cela, il faut des budgets conséquents et bien que nous ayons reçu une subvention de 2.000 euros, nous n’irons pas bien loin”, s’agace-t-elle. Avant d’ajouter : “Je crains que beaucoup d’associations soient dans le même cas de figure que nous et se tournent vers l’OMS pour demander des fonds. Malheureusement, nous ne pouvons pas répondre aux besoins de tous.”
Sur Facebook, les internautes incrédules ne décolèrent pas. Ils demandent aux élus de justifier leur choix quant à ce montant accordé aux structures sportives qui accueillent et encadrent pourtant les jeunes de la commune. Une somme qu’ils considèrent dérisoire en comparaison à celle octroyée à Zily pour le tournage de son clip. “Tout le monde a remarqué la grosse différence de budget donné par la mairie à cette chanteuse et au reste des associations. Je pense que nous allons lancer des démarches et nous regrouper avec les autres associations pour faire appel de cette décision auprès de la mairie de Tsingoni”, prévient Babja Faoula.
… les élus répondent
De son côté, le maire de Tsingoni, Mohamed Bacar, dit ne pas se sentir inquiété par ces accusations. “La commune ne s’exprimera pas à ce sujet”, fulmine-t-il. Preuve en est avec Ambass Ridjali, directeur général administratif en charge de la culture et du sport, qui préfère se ranger derrière la décision votée par le conseil municipal. “Les associations et l’opposition peuvent nous insulter et aller au tribunal administratif, le conseil municipal est serein”, s’agace Mohamed Bacar, visiblement très irrité par les attaques prononcées contre lui et les membres de son équipe. Ambiance !
Le gouvernement continue sa politique de mobilisation pour relancer l’économie. Une partie du budget du plan de relance sera consacrée à la production agricole et forestière. À Mayotte, seule l’entreprise Mayotte pépinières pourra en bénéficier. Re-boisement, modernisation, aménagement : la société a déjà entamé les travaux.
107.000 euros, c’est la somme exacte reçue par la société Mayotte pépinières grâce au plan France Relance. Mieux encore, elle est l’unique entreprise mahoraise parmi les 67 lauréats ultramarins. « Nous sommes encore à l’ancienne méthode, nos salariés travail-lent à même le sol avec un parasol en guise d’ombrière… Nous sommes loin de la méca-nisation européenne », raconte Vanessa Besancenet, responsable d’affaires à Mayotte pépinières. Les salariés s’épuisent également parce qu’ils cultivent la terre exclusivement à la main. « Ils doivent chercher les graines, le bois, ils doivent vérifier la pousse des plantes et faire un suivi phytosanitaire pour chacune d’elle. C’est difficile parce que c’est un gros travail qui se fait en plein soleil », détaille Vanessa Besancenet.
À cela s’ajoutent les contraintes liées directement à la parcelle utilisée par Mayotte pépinières qui se trouve à Combani. Si la société possède dix hectares, seulement trois sont actuellement cultivés. « Toute la parcelle n’est pas aménagée. Il y a encre des arbres, le terrain n’est pas droit et nous ne pouvons pas mettre des plantations dessus », déroule la responsable d’affaires. À cause de ces conditions de travail, la productivité de l’entreprise n’est pas à son maximum. Pourtant, les terres mahoraises sont assez fertiles et les conditions météorologiques favorisent la pousse des plantes et des fleurs. Il est donc indispensable pour Mayotte pépinières de passer un cap !
Modernisation de l’outil de travail
Un investissement évalué à près de 300.000 euros. Sachant cela, les 107.000 euros oc-troyés par le plan de relance sont un joli coup de pouce pour envisager l’avenir plus se-reinement. « Cela va nous permettre de moderniser la pépinière. À l’heure actuelle, il n’y a pas de suivi réel des sorties et entrées de tout ce que nous avons en culture. Nous avons demandé un logiciel pépiniériste qui va nous permettre d’avoir une traçabilité du moment où nous mettons la graine jusqu’à la vente de la plante », indique Vanessa Besancenet.
Le logiciel, qui aura d’autres fonctions, aidera l’entreprise aussi bien sur la logistique que sur la production et sur la gestion commerciale de la pépinière. L’enveloppe financière sera également utilisée pour acheter de nouveaux outils, comme des tables d’irrigation à hauteur d’homme, dans le but d’améliorer les conditions de travail des employés. Et pour anticiper les futures pénuries d’eau, les gérants prévoient d’ores et déjà d’acheter une cuve de stockage de pluie de 290 mètres cube. « Avec tout ce matériel, nous ne serons toujours pas aux standards européens, mais cela nous aidera un minimum », relativise la responsable d’affaires.
Aménagement des parcelles
L’autre objectif de cette aide accordée par le gouvernement consiste à aménager les dix hectares de parcelle de l’entreprise pour augmenter sa productivité. En effet, face à une demande de plus en plus forte, les trois hectares ne lui permettent plus de répondre à tous les marchés. « Nous nous efforçons de répondre à la demande à Mayotte, mais en ce moment il y a un plan de reboisement sur l’île initié par l’office national des forêts. Il fallait absolument aménager la pépinière pour avoir de la place et mettre en culture de nouveaux plans forestiers », informe Vanessa Besancenet.
Mayotte pépinières a également répondu au marché du projet Caribus qui nécessite une grosse production d’arbres, de plantes et de fleurs. Si les travaux d’aménagement et de reboisement ont déjà commencé, Mayotte pépinières annonce déjà poser sa candidature pour d’autres subventions afin de mener à bien tous les travaux.
Au détour d’une vadrouille sur l’île, vous avez sans aucun doute aperçu dix grands panneaux publicitaires pour annoncer la sortie du son Mudu. L’origine de cette campagne de communication ? Reed Blowz, un jeune artiste mahorais qui fait vibrer toutes les générations avec les premiers extraits de son EP intitulé Rissala. Rencontre avec un jeune homme qui entremèle ambitions personnelle et collective.
Originaire de Kawéni, Reed Blowz a toujours été un artiste. Danseur à ses débuts, puis topliner, il commence à chanter plus tard, avec un groupe d’amis. En 2018, à l’époque toujours dans son groupe, il sort son premier son solo, Bastui. Rapidement un succès, le son comptabilise trois ans plus tard plus d’un million de vues sur Youtube. “Ca a explosé, mais je ne me voyais pas encore dans la notoriété”, se remémore Reed Blowz. Car sur un territoire aussi petit que Mayotte, un visage ne reste jamais inconnu très longtemps… Pas encore prêt à enchaîner les selfies en pleine rue avec ses fans, le jeune homme préfère se recentrer sur lui-même et sa famille, dans l’optique de déterminer ses ambitions et de choisir le chemin qu’il voulait suivre.
Pallier la méconnaissance du milieu musical sur l’île
Pour trouver sa voie, Reed Blowz suit donc plusieurs formations “pour comprendre ce monde”. Rapidement, il déplore le manque de connaissance sur l’industrie musicale. Et selon lui, à cause de ces lacunes, beaucoup de jeunes mahorais se font avoir. “On me proposait des contrats, mais dans les petites lignes, je comprenais que moi, je ne ferais pas d’argent”, raconte le rappeur. Alors pour changer la situation et inverser la tendance, il prône une certaine solidarité entre les artistes de l’île aux parfums. “Est-ce qu’on a le luxe de se chamailler alors que dans le top 200.000 Billboard il n’y a pas un Mahorais ?”, s’interroge Reed Blowz pour défendre sa position. Et c’est justement pendant cette période de flou que l’envie de créer un label taraude l’esprit du jeune papa. Un projet qui se concrétise aujourd’hui avec Rissala Records. Un label indépendant, dont le premier titre est le fameux Mudu, sorti le 15 mai dernier.
Une promotion en grand
“Mudu”, qui signifie “noir”, est un son aux paroles engagés contre le colorisme à Mayotte. “Je ne voulais pas de victimisation ! Je voulais simplement exprimer la fierté d’être noir.” À travers ce titre, Reed Blowz cherche à sensibiliser sur le sujet, qui est complexe et presque tabou dans le 101ème département. Car oui, le shimaoré comporte de nombreuses expressions qui s’attaquent à la couleur de peau, en fonction des carnations. Peu importe les reproches et les raccourcis sur son éventuelle “musique communautaire”, il se lance dans cette chanson, qui lui tient tout bonnement à cœur.
Pour cela, il met même les petits plats dans les grands ! Loin de se contenter d’une banale promotion sur les réseaux sociaux, Reed Blowz préfère faire poser des Mahorais et des Mahoraises, vétus d’un tissu africain, devant un banga. Dix de ces photos se trouvent actuellement aux quatre coins de l’île : certaines à Kawéni, d’autres à Chirongui, sans oublier la Petite-Terre… Cerise sur le gâteau, l’artiste décide d’organiser une interview en live sur Instagram, le jour de la sortie de son titre. La veille de la sortie de son clip. “Je voulais montrer qu’on pouvait faire mieux que ce qu’on fait sur l’île, pour que la barre soit poussée plus haut par les autres”, insiste le rappeur, derrière ses lunettes. Un pari réussi pour le moment puisque le clip de Mudu comptabilise déjà 80.000 vues sur Youtube.
Un son qu’on entend partout sur l’île
Après deux ans d’absence, Reed Blowz revient avec le titre Tsena en décembre 2020. De retour sur l’île, le rappeur renoue avec son public. Et le son devient rapidement viral avec plus de 800.000 vues, en l’espace de quelques mois ! Intergénérationnel, Tsena se retrouve aussi bien dans les soirées des plus jeunes que dans les radios des plus âgés. “J’ai laissé mon public faire ma promotion”, sourit l’artiste. Et avec Mudu, il espère recevoir un tout aussi bel accueil de la part de ses admirateurs. C’est d’ailleurs un point sur lequel Reed Blowz souhaite insister : au-delà de son équipe, en qui il a totalement confiance, il est fan de son public, qu’il qualifie de “très respectueux”. Ne reste plus qu’à finaliser son EP intitulé Rissala, dont la date de sortie reste encore inconnue. Entre le lancement du label et sa carrière musicale prometteuse, le jeune homme de 28 ans n’a pas fini de faire parler de lui.
À l’issue du Grenelle de l’éducation engagé depuis octobre dernier, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a pris une série de 12 engagements, avec comme mesure phare une enveloppe globale de 700 millions d’euros mobilisée en 2022 pour revaloriser les personnels. À Mayotte, comme dans chaque académie, le rectorat a sorti sa feuille de route, qui doit mieux prendre en compte les spécificités du territoire. Le recteur Gilles Halbout présente ces ambitions pour le 101ème département.
Flash Infos : Quelles traductions concrètes va avoir le Grenelle de l’éducation sur les personnels de l’Éducation nationale ?
Gilles Halbout : Au niveau national, déjà, je pense qu’il est important de rappeler cette enveloppe de 700 millions d’euros mise sur la table. Nous allons continuer de revaloriser les débuts de carrières, renforcer les efforts consentis sur certaines catégories de personnels,comme les directeurs d’école, revaloriser aussi les aesh (accompagnants d’élèves en situation de handicap) sans oublier l’accent mis sur la formation. Les conclusions du Grenelle ont permis d’aboutir à 12 axes de développement forts dans lesquels nous pouvons retenir toute une partie sur l’accompagnement personnel, pour valoriser les compétences, faire de la gestion individuelle de carrière. Il y a aussi tout ce qui a trait au travail collectif et au rapport à l’administration, avec un travail pour donner plus d’autonomie aux établissements, et aussi pour établir des passerelles entre monde de l’inspection et enseignants. Le troisième type de mesure d’ordre plus administratif avec les moyens pour assurer la continuité pédagogique, renforcer le remplacement de la vie scolaire, cela nous parle d’ailleurs beaucoup ici à Mayotte, ou encore développer la formation continue avec les plans maths et français. Enfin, il y a cette question transversale sur les revalorisations salariales qui doit mieux reconnaître les engagements personnels et la mise en place d’un observatoire des rémunération et du bien-être. L’objectif : surveiller qu’il n’y ait pas à nouveau des décrochages de pouvoir d’achat ou dans les conditions de travail.
FI : Comment ces engagements du ministre de l’Éducation nationale vont-ils se traduire à Mayotte, département qui connaît son lot de défis spécifiques dans le domaine de l’éducation ?
G. H. : Comme chaque académie, nous avons effectué un travail local pour avoir des mesures plus spécifiques pour nos personnels. Cette feuille de route est le fruit de mois de concertations, suivis d’un gros travail pour faire valider ces mesures au niveau national. Il ne s’agit pas d’un courrier envoyé comme ça au ministère ! Non, ce document nous engage, et engage l’État. C’est la première fois que l’État par la voix du rectorat et du recteur prend un certain nombre d’engagements, attendus par ailleurs depuis longtemps par les organisations syndicales. À l’issue de cette concertation que nous avons eu à partir de décembre à l’initiative de la députée Ramlati Ali, avec les parlementaires, les organisations syndicales, les chefs d’établissements, nous avons établi cette feuille de route organisée autour de quatre axes. C’est une trajectoire, et il s’agit maintenant de mettre des dates. Certaines mesures sont déjà mises en œuvre de manière anticipée, je pense par exemple aux mesures d’attractivité avec l’ISG pour les néo titulaires, et aussi pour les contractuels aux primes à la mobilité vers les territoires d’Outre-mer. Ces dispositions-là, nous avons pu les prendre sans attendre les évolutions réglementaires et administratives au niveau national. Avec cette feuille de route, il s’agit d’avoir derrière l’appui juridique et la sécurisation car nous ne pouvons pas non plus nous retrouver trop en dehors des clous réglementaires. Toutes ces avancées sont des nouveautés que nous avons pu mettre en place depuis un peu plus d’un an. D’autres sont en passe d’être mises en route, comme la question des départs en retraite des instituteurs d’État recrutés à Mayotte. Nous avons trouvé un point d’accord entre le SNUIPP, le ministère, les représentants des professeurs du premier degré, et il faut désormais le mettre en route. L’idée est de travailler avec l’ensemble des personnels pour accompagner ceux qui voudront partir dans le cadre des propositions effectuées.
Enfin, nous avons des mesures de plus long terme, au-delà par exemple des 700 millions d’euros actés au niveau national, nous avons les demandes locales pour harmoniser par le haut la revalorisation de l’ensemble des personnels, pour nous aligner sur la Guyane et La Réunion. Cette fois-ci, il nous faut un véhicule au moins réglementaire ou législatif. Nous avons eu l’accord de notre ministère pour l’inscrire dans notre feuille de route, maintenant nous espérons passer par le projet de loi Mayotte ou tout autre véhicule pour accélérer les choses.
FI : Vous l’évoquiez, l’une des spécificités locales à Mayotte concerne la situation particulière des instituteurs de la collectivité territoriale, dont certains ont été lésés dans leurs pensions de retraite au moment de la départementalisation. Avec cette nouvelle feuille de route, pouvons-nous imaginer des départs importants à la retraite ? Selon quel calendrier ?
G. H. : Nous sommes en discussion. Nous pouvons décemment imaginer dépasser la centaine dans les semaines ou mois à venir via ces mesures, (comme la retraite chapeau, pour améliorer les pensions en contrepartie d’un engagement au départ par les bénéficiaires, ou un dispositif de rupture conventionnelle, NDLR). Mais attention ! Il ne faut pas le voir comme une obligation, il faudra le temps de la discussion. D’autant qu’un départ à la retraite peut être une étape douloureuse, où l’on quitte son mode de vie professionnel, une grande partie de sa vie… Nous ne sommes pas là pour faire du chiffre, j’insiste, mais au contraire pour accompagner les collègues qui le voudront. Il y a donc aussi un travail d’information important à mener, d’où l’importance de passer entre autres par les syndicats. Mais tout cela peut prendre du temps, c’est du cas par cas en fonction de la famille aussi, du nombre d’enfants, nous rentrons dans l’intimité des gens. Il ne s’agit pas d’une mesure que nous érigeons comme un slogan, nous allons progresser pas à pas.
FI : La proportion de contractuels dans le 2nd degré est passée de 20% à 50% en quelques années, comme le rappelle la feuille de route. Cette part importante de contractuels entraîne d’ailleurs régulièrement des mouvements sociaux, quand certains se sentent lésés en fin d’année pour non-renouvellement par exemple : qu’apporte rectorat comme réponse à cette situation ?
G. H. : Nous avons reçu jeudi les organisations syndicales et au-delà des discours, nous sommes d’accord, à la fois sur le fait qu’il ne faut pas se priver de contractuels qui font bien leur travail mais aussi qu’il ne faut pas renouveler tout le monde. Nous ne nous privons pas d’étudier tous les cas particuliers, mais la DRH ne m’a fait part d’aucune demande de révision particulière. Il faut aussi nuancer entre un avis défavorable établi par un inspecteur sur des personnes en contrat encore pour deux ou trois ans, où il s’agit davantage d’une alerte. Après, un enseignant est un cadre à qui nous confions une classe. Bien sûr, nous l’accompagnons, nous le formons et nous n’avons trouvé aucun syndicat autour de la table pour dire que notre plan de formation était défaillant. Nos contractuels sont accompagnés, maintenant si la personne ne s’avère pas autonome après quelques années, c’est peut-être aussi qu’elle n’a pas vocation à être professeur. Et bien sûr cela nous attriste, car nous investissons nous-mêmes beaucoup dans ces personnels, et nous en avons besoin à Mayotte ! Donc nous allons continuer à les former. Après je le redis, les contractuels non renouvelés représentent 2% des ces personnes…
FI : L’autre objectif serait aussi d’obtenir davantage de titularisation, pour fidéliser les enseignants ?
G. H. : Au bout de six ans, ils peuvent passer en CDI, mais ce n’est pas satisfaisant, au regard de la loi il faut encore passer un concours pour devenir fonctionnaire. Nous accompagnons beaucoup de contractuels pour passer ces concours et nous avons beaucoup milité en maths et lettres pour le concours à bac+3. Ce n’est pas un concours dévalorisé mais justement pour offrir à nos collègues d’autres voies de titularisation. Après c’est un concours national et certains n’ont pas le niveau pour être professeur certifié. Au-delà d’un gage d’équité par rapport aux collègues, ce qui nous intéresse c’est bien sûr leur niveau. Si un jury a jugé que ces collègues n’avaient pas le niveau, il n’y a pas raison qu’à Mayotte, nous baissions le niveau et que nous recommencions à Mayotte à prendre des gens qui sont jugés en dessous. Ces collègues-là, il faut continuer à les former. Nous ouvrons un maximum de concours externe, interne, externe Mayotte, interne Mayotte, tout un tas de possibilités, pour ces enseignants. Et nous avons d’ailleurs à Mayotte de très très bons résultats. Après il y a aussi ceux qui passent le concours et s’en vont… Heureusement c’est une minorité.
FI : Quid des AED, ces assistants d’éducation dont le statut ne permet pas leur renouvellement au bout de six ans ?
G. H. : Il faut rappeler qu’un AED, à l’origine, c’est un surveillant, le “pion”, qui étaient souvent des étudiants qui faisaient ça pour compléter leurs études, d’ailleurs souvent en visant des métiers dans l’Éducation nationale, en attendant de passer des concours CAPES ou CPE par exemple. Il se trouve qu’à Mayotte, nous avons une double logique : d’une part nous avons des collègues qui n’étaient pas dans des démarches de faire des études ; de l’autre côté, nous avons un besoin très très particulier en vie scolaire. Nous avons donc fait la proposition de créer un statut intermédiaire, entre l’AED et le CPE. Cela permettra de stabiliser des gens en vie scolaire tout en maintenant ce statut de surveillant à mi-temps pour des jeunes. Et aussi peut-être les former pour devenir des surveillants capables comme en métropole de faire de l’aide au devoir.
FI : Maintenant que cette feuille de route spécifique à Mayotte a été établie, quelles sont les priorités selon vous ?
G. H. : La feuille de route est très riche. Mais je dis toujours que si l’on dit quelque chose il faut aller jusqu’au bout. Il faut le faire ! Mais il faut en effet que nous nous donnions des priorités et un calendrier car derrière la mise en place de ces mesures, il y a des hommes et des femmes et nous ne pouvons pas mobiliser tout le monde. Dans les urgences, je pense que nous allons d’abord clore ce dossier des retraites des instituteurs d’État ; l’autre priorité, c’est bien sûr la sécurisation des établissements, et nous avons déjà bien avancé, au point qu’on nous dit parfois que nous en avons trop fait ! Le dossier de la formation lui aussi doit être en haut de la pile. Et bien sûr l’augmentation des rémunérations que nous devons doser entre les nouvelles mesures nationales et celles spécifiques à Mayotte.
Manifestation en Petite-Terre jeudi dernier : le recteur appelle à l’apaisement
Des propos parfois durs, signes peut-être d’une fatigue générale. La manifestation du corps enseignants jeudi dernier en Petite-Terre a pris une tournure de “chasse à l’homme, ou chasse à la femme”, selon l’expression du recteur Gilles Halbout. Une ambiance délétère alors que les manifestants, mobilisés à l’appel du syndicat SNUIPP, appelaient au départ de leur inspectrice Corinne Delvallé. “Mme Delvallé, s’il y a quelque chose qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est sa conscience professionnelle, elle travaille avec beaucoup d’application, avec l’envie de faire avancer les dossiers”, insiste le responsable d’académie. “Elle a pris ses fonctions à la rentrée et on m’a en effet alerté en décembre sur le fait qu’elle pouvait mettre davantage les formes.” De là à parler de “dictature” et de “harcèlement”… Selon le recteur, “les esprits se sont échauffés, dans un mouvement d’humeur”, lié à la forte pression subie par tous cette année, dans le cadre particulier de la crise sanitaire. “Certains sont à bout, et ils ont pu avoir le sentiment d’un manque de reconnaissance de leur travail passé”, poursuit le recteur qui y voit surtout un problème de communication. Et qui se dit prêt à organiser une réunion avec les uns et les autres. Pour calmer tout le monde.