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Une charte d’engagement destinée aux candidats des départementales pour agir dès demain

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À la veille des élections départementales, l’association Nayma a souhaité rappeler ce jeudi 17 juin aux candidats l’importance de la question environnementale sur l’île aux parfums, mais aussi leur permettre de s’engager pour cette cause via une charte.

Dans le 101ème département, l’enjeu environnemental est loin de faire partie des priorités. Alors pour tenter de changer les mentalités des prochains élus de la collectivité, plusieurs acteurs associatifs (Nayma, Oulanga Na Nyamba, Yes We Can Nette, Les Naturalistes, Mayotte Nature Environnement, Régie de territoire de Tsingoni ou encore Tifaki Hazi) ont décidé de se réunir autour de la table et de tirer, ensemble, la sonnette d’alarme. Comment ? En paraphant ce jeudi 17 juin la première charte d’engagement en faveur de l’environnement des candidats aux élections du conseil départemental. “Il est urgent d’agir. Le Département a vocation à donner un coup de pouce à l’environnement”, insiste Emmanuelle Martin, la vice-présidente de l’association Nayma. Avant de faire un appel de pied en cette période électorale. “Nous invitons [ceux] qui le souhaitent à nous contacter pour [la] signer et ainsi placer l’environnement comme objectif du territoire pour les six ans à venir.

 

Protéger ce qu’il reste à protéger

 

Pour les signataires de cette charte, il est important de rappeler aux prétendants qui souhaitent siéger dans l’hémicycle que la protection de l’environnement doit se traduire dans les politiques publiques. “Il y a plein de questions prioritaires à Mayotte. Mais il est clair que si nous continuons dans la dynamique qui est en cours en ce qui concerne l’environnement, la situation pourrait devenir critique à l’horizon de dix ans” , déplore Michel Charpentier, le président des Naturalistes de Mayotte. “Des solutions existent ! Nous nous devons de protéger ce qu’il reste à protéger tant qu’il est encore temps. Plus nous attendrons, plus cela va nous coûter cher de sauver ce qui peut l’être

 

Rétablir le cycle de l’eau

 

Pour cet habitué du territoire, les hommes et femmes politiques ne devraient plus prendre à la légère les questions environnementales car la mauvaise gestion des ressources entraîne de multiples répercussions que ce soit sur le plan écologique, sanitaire ou encore économique. “Pour planter un hectare de padza, cela coûte 250.000 euros. Il serait plus pertinent d’investir cet argent dans la formation et la sensibilisation des agriculteurs à la préservation des sols et à l’agriculture raisonnée. Nous rétablirions alors le cycle de l’eau qui infiltrerait à nouveau les sols et serait disponible dans les nappes phréatiques”, relate-t-il en bon professeur.

 

Concilier développement et préservation de l’environnement

 

Les présidents des associations environnementales réunis le 17 juin rappellent que lorsque l’on se tourne vers un développement durable, l’aménagement n’est pas incompatible avec la préservation de l’environnement. “Les politiques ne doivent pas nous voir comme un frein à leur projets. Nous pouvons être là pour les conseiller ou les accompagner dans les concertations sur des projets. Notre objectif n’est pas de mettre la nature sous cloche, mais de voir se développer des aménagements qui concilient nature, humain et activité économique. Il y a des territoires qui y arrivent très bien, je ne vois pas pourquoi Mayotte n’y arriverait pas”, affirme Emmanuelle Martin, la vice-présidente de l’association Nayma. Reste à savoir si cette charte fera réellement bouger les lignes ou si elle ne sera qu’un nouveau coup d’épée dans l’eau…

➡️ VOIR LA CHARTE D’ENGAGEMENT EN FAVEUR DEL’ENVIRONNEMENT

Zena Airlines : les chiffres et les raisons d’y croire

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Depuis plus de six mois, les frères Novou dévoilent petit à petit leur stratégie dans l’optique de lancer officiellement leur compagnie aérienne locale au premier semestre 2022. La présentation de ce jeudi 17 juin, en collaboration avec Airbus Consulting, vient apporter de nouveaux éclaircissements sur la fiabilité et la nécessité du projet.

Sur le tarmac, prêt à décoller ! S’il fallait faire une métaphore pour résumer le projet de la compagnie aérienne Zena Airlines, ce serait bien celle-là. Et ce n’est pas l’étude sur les opportunités de développement de la desserte aérienne à Mayotte, présentée en complément de celle du conseil départemental de novembre dernier par Airbus Consulting ce jeudi 17 juin, qui fera penser le contraire. L’idée ? « Identifier et illustrer statistiquement les marchés repoussés à plusieurs années. »

Des chiffres, ce n’est pas ce qu’il manque lorsqu’il s’agit de démontrer par A + B le besoin essentiel pour le 101ème département de jouir d’une entreprise de transport aérien locale. Et ce, pour plusieurs raisons. Premier enseignement : le nombre de déplacements par résident mahorais est inférieur au produit intérieur brut par habitant. « La desserte est contrainte et de moins bonne qualité », joue carte sur table Clélia Giry pour le compte du mastodonte toulousain. En 2019, les autres DROM-COM avaient une propension à voyager en moyenne deux fois plus élevée (1.55) qu’à Mayotte (0.75). À titre d’exemple, Mayotte se situe au même niveau que la République de Guinée…

À elle-seule, la métropole concentre 35% du trafic au départ de Mayotte. Sauf qu’un passager sur deux effectue une correspondance pour s’y rendre. Un « indicateur fort », synonyme d’une « demande insatisfaite » et de « marchés sous-desservis », précise Gabriel Hanot. Il n’est pas question ici de sortir « l’excuse » de la longueur de la piste, qui n’est pas « pertinente », puisque les compagnies aériennes actuelles effectuent toutes une escale technique pour rejoindre l’Hexagone, ce qui s’apparente à un vol direct.

 

Une desserte instable

 

Non, la véritable explication consiste simplement à dire que l’île aux parfums est moins bien reliée que de nombreux territoires ultramarins et destinations voisines, tant en termes de sièges offerts (60.000 par an) qu’en nombre d’opérateurs directs (un seul avec Air Austral contre « cinq dans les Caraïbes »). « Le nombre de sièges s’améliore, mais il est en dent de scie car la desserte n’est pas stable », continue le consultant senior. À ce jour, les frères Novou aspirent à doubler ce nombre et ainsi faciliter l’augmentation des déplacements vers la l’Hexagone. « Les compagnies qui n’ont pas de lien avec Mayotte obéissent à leur propre stratégie de réseau. » Ces fluctuations se démontrent avec les choix de XL Airways et Corsair, revenue sur le territoire en décembre dernier pour cette dernière après deux ans d’arrêt.

Conséquence : en l’absence de concurrence stable, les tarifs explosent. Le prix au kilomètre s’élève à 0.072 euros pour les passagers du 101ème département, contre 0.051 euros pour ceux des autres DROM-COM. En proie à une situation de monopole, Nouméa vit le même cas de figure que Dzaoudzi. Mais l’exemple récent de la Polynésie française vient prouver que l’arrivée d’une nouvelle compagnie aérienne sur le marché peut rebattre les cartes ! « À partir de 2018, le prix des billets d’avion a chuté de 41%, passant de 1.097 euros à 645 euros », rappelle Clélia Giry. Depuis, le nombre de touristes a grimpé de 20% sur cette destination. « Ce même scénario est attendu ici. »

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, on peut également s’attendre « à une forte stimulation du fret aérien, qui contribue à l’équilibre financier ». Une manière de « diversifier ses sources de revenu à hauteur de 10% du chiffre d’affaires total ». À l’heure actuelle, Mayotte comptabilise 120 tonnes transportées pour 10.000 habitants, contre 310 dans les autres territoires ultramarins. Un écart considérable sachant toutes les peines encourues de ce côté-là en temps normal et plus particulièrement durant la crise sanitaire. Or, il existe « une forte demande du marché cargo dans la région Grand Sud de La Réunion qui souhaite exporter un grand nombre de fruits et légumes », confie Régis Novou. D’où la volonté d’ouvrir une ligne avec l’aéroport de Pierrefonds, qui possède un fort potentiel de croissance.

Indépendamment de toutes ces annonces, l’impact de Zena Airlines peut s’avérer tout aussi positif pour les porte-monnaies du département. « Un billet à 740 euros, acheté auprès d’une compagnie aérienne locale, aura 312 euros de retombées pour l’économie mahoraise », indique la consultante d’Airbus Consulting. Même son de cloche concernant l’emploi. L’étude table sur près de 800 embauches : 100 directes, 160 indirectes, 119 induites et 397 catalytiques dans le secteur du tourisme. « Le développement du transport aérien va participer au développement de toute l’île », conclut Julien Novou, qui espère voir l’offre hôtelière suivre. Avec un envol prévu au premier semestre 2022, ça décoiffe déjà dans toutes les têtes !

 

Zena Airlines, une entreprise éco-responsable

 

Le transport aérien au service de l’environnement. L’image peut prêter à sourire et pourtant c’est bel et bien le désir des frères Novou. « Si une entreprise de premier plan ne prend pas en main cette problématique, qui le fera ? Les institutions ne suffisent pas », insiste Régis, qui apporte une attention toute particulière à cette cause. Ainsi, la compagnie souhaite fédérer la population aux enjeux environnementaux en lien avec le tissu associatif et créer un service de système de management à l’environnement directement rattaché à la direction générale. Mais surtout, elle compte mettre en place des suivis éco-responsables des partenaires, mener des politiques d’actions en local et à l’international – « dans la forêt du Gabon ou en Amazonie par exemple » – et intégrer la norme ISO 14001 sous trois ans, qui « oblige l’entreprise à toujours s’améliorer ». Si en plus de permettre aux Mahorais de voyager plus sereinement, Zena Airlines s’engage de manière pérenne sur le chemin de l’environnement, elle risque de convraince les derniers sceptiques au projet.

 

Quels avions pour la compagnie aérienne ?

 

« Nous sommes encore au stade des demi-finales », sourit Régis Novou. Quatre avions sont encore en lice. Le A330 et le B787 présentent « les mêmes avantages et inconvénients ». Ainsi, il faudrait retirer quelques sièges pour voler en direct vers Mayotte et réaliser une escale vers la métropole. Le B737 et le A321 ont un rayon d’action beaucoup plus restreint et exigent des escales à l’aller et au retour. Toutefois, « les coûts d’utilisation sont plus faibles puisqu’ils demandent moins de carburant et de personnel naviguant ». À l’heure actuelle, aucune décision n’est arrêtée. « Un appareil d’avant crise Covid nous revient désormais au prix de trois », souligne Julien Novou. Une option reste définitivement sur la touche : Zena Airlines ne volera pas avec des avions neufs, en raison d’un carnet de commande saturé jusqu’en 2027. La compagnie aérienne procédera à du leasing.

Sensibiliser sur la gestion durable des mangroves, la priorité de l’UICN

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Samedi dernier, acteurs associatifs et institutionnels étaient réunis dans les locaux de la communauté de communes du Sud à Bandrélé pour une matinée au cœur des mangroves mahoraises et leurs enjeux.

Chaussez vos bottes en caoutchouc, c’est parti pour découvrir la mangrove ! Après une visite ce samedi 12 juin à Bandrélé, place à une session d’échanges et de sensibilisation organisée dans les locaux de la communauté de communes du Sud dans le but d’évoquer la gestion durable des 735 hectares de biome. À Mayotte, cet écosystème gigantesque abrite pas moins de 7 espèces de palétuviers, 58 de poissons, 43 d’oiseaux, 15 de crabes et 2 de chauve-souris. Un petit monde qui vit entre terre et mer et qui évolue au gré des marées.

Sauf que cet habitat unique subit de nombreuses pressions sur les rives qu’il occupe ! Pression démographique, agriculture, aléas météorologiques… Autant d’attaques extérieures qui mettent à mal l’équilibre fragile de ce milieu. Par le biais d’actions de sensibilisation, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et les acteurs environnementaux de Mayotte espèrent pouvoir sauvegarder cette forêt en péril.

 

Protéger, préserver, restaurer

 

Essentielle à l’équilibre du lagon, la mangrove a de nombreuses fonctions. Primo, elle comporte un intérêt majeur vis-à-vis de la biodiversité, en particulier en matière de ressource halieutique. Deuxio, elle sert de pouponnière aux poissons mais aussi de lieu de vie aux tortues juvéniles. Terzio, elle protège la côte des intempéries et des marées. Par ailleurs, elle constitue un puit de carbone, stocké majoritairement dans l’humus des sols. Et par dessus tout, elle offre aussi une ressource économique pour les communautés locales. C’est pourquoi aujourd’hui, des institutions comme l’UICN mettent en avant sa protection, sa préservation et sa restauration.

Premier pas de la restauration de mangrove avec le diagnostic. L’objectif ? Étudier en profondeur cet écosystème de marais maritime afin de le comprendre. Tout d’abord, il faut établir l’origine de la perturbation ou de la dégradation, se demander si celle-ci est irréversible, définir les objectifs de la restauration mais aussi le degré d’implication des acteurs locaux ou encore les conditions du milieu. « Lorsque nous avons établi un constat et qu’une restauration de la mangrove est possible, nous sommes face à deux solution : la colonisation naturelle ou la plantation de palétuviers”, dévoile Grégoire Savourey, chargé de mission biodiversité de l’océan Indien à l’UICN de Mayotte.

 

La colonisation naturelle privilégiée

 

Avant de rentrer plus en détails sur ces deux approches. “La priorité est toujours donnée à la colonisation naturelle. Nous apportons des aménagements aux sites afin de restaurer l’hydrologie et l’hydrodynamique de ceux-ci pour permettre à la mangrove de prospérer à nouveau. Nous préconisons cette méthode car nous ne ferons jamais mieux que la nature. En revanche, quand celle-ci échoue nous devons nous tourner vers la plantation de palétuviers pour restaurer la forêt. Pour cela, il faut choisir, collecter et stocker les propagules*. Il faut ensuite les mettre en pépinière puis les planter”, précise-t-il. Seul souci : l’intervention humaine se révèle être une option à la fois coûteuse et contraignante. Pour la simple et bonne raison que les pépinières doivent être mises en place directement à l’intérieur de la mangrove…

Peu importe la démarche employée, l’association Nayma, le groupe d’actions locales de l’Ouest et du Grand Sud ou encore l’UICN prônent coûte que coûte une gestion durable des mangroves mahoraises afin de préserver le patrimoine naturel de l’île aux parfums.

*Élément pluricellulaire permettant à une plante de se reproduire.

Les personnels de l’ARS et du CHM en grève… encore une fois

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On ne compte plus le nombre de grèves menées par les personnels de l’agence régionale de santé et ceux du centre hospitalier de Mayotte. Ce jeudi matin, la CFDT était une nouvelle fois à la tête d’une manifestation qui incluait certains agents du CHM et de l’ARS. Leurs revendications restent quasiment inchangées au fil des mouvements, mais la communication semble rompue avec les directions.

Ils étaient une petite vingtaine à avoir répondu à l’appel de la CFDT. Les personnels du CHM et de l’ARS seraient-ils lassés par ces manifestations à répétition ? Une chose est sûre, ceux qui étaient présents étaient déterminés à se faire entendre. Après avoir campé sur la place de la République puis tourné autour du rond-point Zéna M’déré à Mamoudzou, les grévistes ont marché jusqu’à l’ARS de Mayotte, banderoles au poing. « Nous n’avons pas de revendications salariales. Elles sont plutôt liées aux conditions de travail, aux infrastructures nécessaires pour mieux accueillir la population, ou encore aux formations médicales et paramédicales », insiste le secrétaire général de la CFDT Mayotte, Ousseni Balahachi, selon lequel cette grève est faite au nom de tous les habitants de l’île.

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Des revendications qui ne diffèrent d’ailleurs pas beaucoup de celles réclamées lors des précédents mouvements. Et se résument en tout et pour tout en cinq demandes formulées à l’ARS. Parmi elles, un organigramme “digne d’une ARS de plein exercice”, la finalisation de l’intégration des agents de l’ARS, et la formation des personnels de santé. Du côté du CHM, les requêtes sont plus nombreuses. Douze pour être exact. La CFDT souhaite la planification des travaux d’extension du CHM et du deuxième hôpital, le maintien du service de la médecine à Pamandzi, ou encore la réalisation des travaux d’urgence, pour ne citer qu’eux.

Le pire, selon Ousseni Balahachi ? La souffrance dans laquelle cravachent les personnels du CHM et de l’ARS à cause de la surcharge de travail. « En radiologie, il devrait y avoir un effectif de 18 personnes alors qu’ils ne sont que 9 et bientôt ils passeront à 7. Il n’y a plus d’ophtalmologue au service d’ophtalmologie, et ils sont en train de démanteler le service de psychiatrie. Pensez-vous vraiment qu’on peut se permettre de ne pas avoir de service de psychiatrie à Mayotte ? », martèle le secrétaire général de la CFDT. S’ils ne sont pas entendus par les directions tour à tour pointées du doigt, ce dernier l’assure, les conséquences se feront rapidement ressentir auprès des malades. « Dans toute cette histoire, il va avoir des victimes », redoute-t-il.

 

Dialogue rompu ?

 

Prêts à en découdre, les grévistes se sont donc dirigés jusqu’à l’agence régionale de santé, et l’accueil qui leur a été réservé n’a pas été des plus cordial. À leur arrivée, une horde de policiers étaient postés devant l’entrée pour les empêcher de pénétrer dans l’enceinte. « Maintenant, ce sont les policiers qui assurent l’intérim de la direction de l’ARS ! », persifle Ousseni Balahachi, quelque peu agacé. Les manifestants avaient espéré être accueillis par Dominique Voynet pour entamer des négociations, mais cette dernière a préféré s’abstenir. Agacée, elle aussi ? Malgré nos tentatives répétées, la directrice de l’ARS Mayotte n’a jamais donné suite à nos sollicitations. Le groupe de grévistes ne s’est pas rendu à l’hôpital, mais selon le CHM, la direction aurait tenté des négociations. « Le directeur est en déplacement en dehors du territoire. Les syndicats ont refusé de parler avec celui qui le remplace. Ils ne veulent négocier qu’avec le directeur alors il fera une réponse à son retour la semaine prochaine », assure le service de communication de l’établissement.

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L’absence de dialogue avec les deux directions pousse la CFDT à renouveler le mouvement de grève. Un préavis sera déposé pour une manifestation le jeudi 24 juin. « Cela ne nous fait pas plaisir de manifester constamment, mais leur politique est basée sur des promesses qui ne voient jamais le jour », soutient Ousseni Balahachi. Il ne perd pas espoir, ses collègues et lui feront tout pour obtenir gain de cause. Mais pour cela, ils admettent avoir besoin d’une mobilisation plus massive et générale. La CFDT appelle toute la population et tous les professionnels de santé libéraux à rejoindre le mouvement. Peut-être arriveront-ils à se faire entendre…

Fin de mandature : Soibahadine Ibrahim Ramadani fait ses adieux aux agents

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Le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, a prononcé son dernier discours aux côtés de Larissa Salim Bé, la nouvelle Miss Excellence 2021, fierté locale et nationale. L’occasion pour l’homme politique de finir son mandat… en beauté !

Un p’tit discours et puis s’en va ! Le président du conseil départemental a tenu à clôturer ses six années de mandature par une dernière cérémonie dans les jardins de l’établissement. “Un moment convivial”, a-t-il précisé à la tribune, prêt à distiller ses ultimes traits d’esprit, sous les rires amusés de l’audience. À sa droite tout au long de la manœuvre, une Larissa Salime Bé non moins adoubée par la foule, laquelle a rythmé les clins d’œil du président de salves d’applaudissements comblés. En matière de remerciements, la Miss Excellence France, devenue étendard local, n’était d’ailleurs pas en reste. “Avec votre sourire légendaire qu’on ne voit pas (rires), vos dents éclatantes de blancheur, votre visage d’ange, vous êtes l’embellie qu’attendait le ciel mahorais, qui, ce samedi-là, était terne, assombri par le crime à Combani, les agressions et caillassages à Miréréni”, a flatté Soibahadine Ibrahim Ramadani, en tournant ses yeux malicieux vers la reine de beauté, que l’on imaginait un peu rougissante sous son masque.

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Bien sûr, l’assistance n’était pas réunie ce jour-là pour assister (uniquement) à cette scène de balcon. À trois jours des élections départementales qui pourraient bien rebattre les cartes dans l’hémicycle Younoussa Bamana, le président pour encore quelques instants souhaitait surtout adresser ses remerciements aux agents. “Je tenais à organiser ce moment convivial pour vous remercier et saluer tout le travail accompli au service de notre beau pays, de notre belle île de Mayotte et de ses habitants”, a-t-il introduit. Avec une traduction concrète : depuis 2017, 597 employés du Département ont reçu une distinction, associée d’une prime, pour une enveloppe globale de 422.000 euros.

 

5.611 régularisations foncières en six ans

 

Et Soibahadine Ibrahim Ramadani de rappeler les “efforts consentis pour mettre en œuvre notre ambitieux plan de mandature”. Le chef de la majorité a en effet profité de cette dernière occasion pour défendre son bilan. Le nombre de délibérations adoptées, d’abord, passé de 254 en 2015, à 461 en 2019 (et 382 en 2020, année marquée par le Covid-19). L’autre fierté de la mandature ? Les régularisations foncières, 5.611 en six ans, “un exploit quand l’on connaît la complexité et la lourdeur de la procédure”.

Ces années à la tête de la collectivité ont aussi permis de réorganiser les services. En resserrant son organigramme, en limitant le nombre de directions, en améliorant les procédures de recrutement, le conseil départemental a su “maîtriser (sa) masse salariale” sans pour autant rogner sur le social. Tickets de restauration passés à 9 euros au 1er janvier 2021, prise en charge de la mutuelle santé des agents depuis 2018 à hauteur de 150 euros par mois, plan de formation triennal pour favoriser la montée en compétence et la professionnalisation… Une politique qui s’est traduite, d’après le président, par une réduction des effectifs, de 3.215 agents en 2015 à 2.273 en 2020, assortie d’une augmentation des cadres de catégorie A, passés à 510 aujourd’hui, contre 373 en 2015. Enfin, le recrutement de huit ingénieurs pour les services techniques est venu renforcer les 20 projets de la mandature, comme la cité administrative ou les équipements sportifs.

 

Réduction du train de vie et vie politique

 

Un bilan dans le vert, en somme ! De quoi satisfaire la Chambre régionale des comptes (cette fois), laquelle on le sait, n’a pas manqué d’épingler par le passé la gestion parfois débonnaire des comptes publics et des ressources humaines dans le jeune département… Encore en 2018, les Sages déploraient des charges du personnel très dynamiques, saupoudrées d’un “absentéisme injustifié”. “Les frais de mission, qui ont atteint deux millions d’euros en 2014, ne correspondent pas aux textes en vigueur. L’attribution des véhicules et des logements de fonction n’est pas contrôlée”, soulignaient les magistrats. Loin d’occulter le sujet, le président sortant – qui a, faut-il le rappeler, succédé à Daniel Zaïdani en 2015 – a soulevé “les efforts sur la réduction du train de vie du conseil départemental, en nombre de véhicules, téléphonie, photocopies, voyages”. Battement de cils à destination des Sages (cette fois)… ou dernière taquinerie au candidat du canton de Pamandzi ? Avec Soibahadine, qui sait ?

Miss Excellence France 2021, Larissa Salim Bé a ramené la couronne à la maison

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Son retour à Mayotte était très attendu. Larissa Salim Bé, fraîchement élue Miss Excellence France 2021, est rentrée sur son île natale ce mercredi 16 juin. L’accueil qui lui a été réservé a été à la hauteur de son exploit lors du concours de beauté national. Les plus curieux ont fait le déplacement pour espérer l’approcher quelques secondes.

Tout Mayotte en rêvait, Larissa Salim Bé l’a fait ! Elle est entrée dans l’histoire des concours de beauté en étant la première mahoraise à remporter une couronne au niveau national. Elle le savait, elle devait partager son titre avec tous les Mahorais. « La couronne est pour nous, elle est pour Mayotte ! » a-t-elle lancé, devant la foule venue l’acclamer ce mercredi 16 juin sur la place de la République à Mamoudzou. La reine de beauté a reçu un accueil des plus chaleureux depuis l’aéroport jusqu’à son village natal de Poroani.

Vêtue de sa robe rouge, tirée à quatre épingles et la couronne visée sur sa tête, Larissa Salim Bé a pris le temps d’échanger quelques mots et de faire quelques selfies avec ceux qui ont pu l’approcher. Si la fatigue s’est par moment fait sentir sur son visage, celle-ci est rapidement effacée par son sourire. Miss Excellence France 2021 fait désormais la fierté de tous les Mahorais, et plus particulièrement de son comité de Mayotte qui l’a portée jusqu’au plus haut sommet du concours. « Ça n’a pas été facile parce que la France a de très belles femmes, mais nous l’avons fait ensemble ! » assure Némati Toumbou Dani, présidente du comité Miss Excellence Mayotte.

Le maire de Mamoudzou a également fait le déplacement jusqu’à la place de la République pour féliciter en personne la nouvelle Miss Excellence France. Lui aussi portait fièrement son écharpe. « J’ai voulu venir féliciter notre Miss Excellence. Sa victoire est un honneur pour Mayotte. En la félicitant, je félicite l’ensemble des jeunes femmes mahoraises. Je les encourage à investir ce champs de la beauté », a indiqué le maire avant de poser fièrement à côté de la reine de beauté.

« Elle sortait du lot »

La jeune femme, qui a fêté ses 23 ans la veille de son élection, a été choisie parmi 22 autres candidates. Son parcours en a surpris plus d’un, mais certainement pas son entourage qui la suit depuis l’année dernière. « Larissa est rayonnante, toujours souriante. Elle a une joie de vivre qui a fait la différence pendant l’intégration. Elle sortait du lot, elle a été remarquée par les partenaires qui suivent les candidates pendant les dix jours de préparation », s’est enthousiasmé Moidjouma Abasse, la directrice du comité Miss Excellence Mayotte. De son côté, la jeune femme a encore les yeux qui brillent. Elle était confiante, mais elle n’avait jamais imaginé aller aussi loin. « Je ne m’attendais pas à gagner, mais je m’étais préparée pour accéder au moins au podium. J’ai eu plus que ça donc forcément je suis la plus heureuse », a-t-elle confié.

Larissa Salim Bé a tenu à rentrer chez elle en guise de remerciement pour tous les Mahorais qui l’ont soutenue. Ce retour aux sources lui permettra également de faire le plein d’énergie avant de repartir pour l’Hexagone. « Maintenant, elle sera prise en charge par le comité national de Miss Excellence, ce n’est plus de notre ressort. Ça va être compliqué parce qu’on laisse un peu notre bébé, mais on ne l’abandonne pas, on va la suivre », a assuré Moidjouma Abbasse. Employée dans son village de Poroani, la jeune lauréate devra faire des concessions. Une chose est sure : elle souhaite garder son poste car elle le sait, le rêve ne sera pas éternel… Elle devra donc trouver un compromis pour pouvoir assurer son nouveau rôle de Miss Excellence France et garder son emploi !

Chimique : la justice se penche sur un réseau de 20 dealers démantelé en 2016

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Un dossier tentaculaire était jugé ce mercredi au tribunal correctionnel. Au total, 20 prévenus sont accusés d’avoir vendu de la chimique entre 2015 et 2016, à l’époque où cette drogue faisait ses premières victimes à Mayotte. L’affaire a été mise en délibéré.

C’était un sacré coup de filet. En 2016, après un an d’écoutes téléphoniques, d’enquête, de recoupement d’informations, la gendarmerie avait mis la main sur un réseau tentaculaire de trafic de stupéfiants, en l’occurrence, deux drogues aujourd’hui bien connues à Mayotte pour leurs effets délétères : la chimique et la mangrove. Au total, 20 individus avaient été interpellés pour avoir vendu ces produits à au moins 1.200 clients identifiés. Plus de cinq ans après les faits, le tribunal correctionnel se penchait ce mercredi sur le cas de ces prévenus, dont quatre étaient présents à l’audience.

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Surprise : contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas le chef de trafic de stupéfiants en tant que tel qui a été retenu, un crime ou délit – selon le rôle dans le trafic et son envergure – dont la peine maximale peut être la réclusion criminelle à perpétuité, mais plutôt celui de “provocation à l’usage ou au trafic de stupéfiants ou de substances présentées comme telles”. Les auteurs de ce genre d’infractions encourent des peines bien plus légères, allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.

 

Une drogue dangereuse, recensée il y a peu

 

La raison de ce subterfuge ? L’absence de la chimique, à l’époque des faits, dans la liste des stupéfiants recensés. Aujourd’hui en France, quelque 200 substances psychoactives y figurent. Or, en 2015, il s’agissait d’un “produit un peu nouveau”, souligne le procureur de la République. “Malheureusement, le législateur a un train de retard, car les chimistes sont malins, ils savent qu’il y a une liste donc ils font des ajustements dans leur laboratoire pour modifier très légèrement leur produit, de sorte qu’il n’apparaît plus”, développe-t-il.

Ce qui n’empêche pas la substance d’être particulièrement toxique. Et les années passant, Mayotte en a d’ailleurs fait l’amer constat. Pour rappel, la chimique se présente sous la forme de tabac imprégné d’alcool à 70 degrés, ou dans du rhum dans lequel on a préalablement mélangé une poudre blanche. La mangrove, quant à elle, est obtenue grâce à une algue présente à Mayotte qui permettait à l’époque de pêcher en empoisonnant le poisson. Une fois fumés, ces produits entraînent des effets proches de la MDMA ou des amphétamines, assortis d’une très forte addiction. Ils conduisent parfois à des états amorphes ou “zombies”, voire même à des comportements violents et agressifs. À l’époque des faits, le centre d’addictologie du CHM relevait d’ailleurs un nombre exponentiel de cas d’usage de chimique. Et aujourd’hui encore, le parquet doit régulièrement traiter des dossiers dans lesquels les mis en cause sont des consommateurs de cette drogue de synthèse.

Mais revenons-en aux faits. Tout commence en juillet 2015, quand la gendarmerie réalise dans le cadre d’une enquête de flagrance une saisie de 99 doses d’un produit testé à l’origine sur des kits de cannabis. Envoyés pour analyse, les échantillons s’avèrent contenir deux molécules, dont l’une a déjà été impliquée dans le décès d’un consommateur auparavant. Grâce à la mise sur écoute de plusieurs lignes téléphoniques, les enquêteurs vont commencer à dévoiler la toile de cet important réseau.

 

Un business en or

 

Rapidement l’une des “boss” du trafic, surnommée “Tina”, semble sortir du lot, même si d’autres maillons de la chaîne seront à leur tour identifiés comme des chefs lors des auditions. Avec son mari, elle est suspectée d’acheminer les produits nécessaires depuis l’Angleterre et de confectionner la chimique chez elle. C’est à son domicile qu’elle reçoit aussi les revendeurs, au moins 13 permanents, qu’elle surnomme ses “boutiques”. Ses sbires étaient chargés de se procurer les paquets de tabac, de préférence 100% naturel et de la marque “Domingo”, au Jumbo Score. Elle leur vendait alors au minimum 10 paquets au prix de 50 euros, qu’ils se chargeaient d’écouler dans les rues de Mayotte, à Passamaïnty, Dzoumogné, Koungou, Mtsapéré… Un business juteux, qui aurait permis au couple de chimistes amateurs de se forger une jolie petite fortune de 500.000 euros !

Du côté des 19 revendeurs, le degré d’implication comme le chiffre d’affaires semblent être plus variables. Certains déclarent aux enquêteurs avoir réalisé jusqu’à 3.000 euros par jour, pour subvenir aux besoins de leur famille… D’autres font valoir un usage avant tout personnel, et des ventes censées permettre d’assouvir leur manque. “J’étais devenu un zombie”, souffle l’un des prévenus entendus ce mercredi à la barre. La plupart des mis en cause ont en effet touché au moins une fois à cette drogue, que l’un d’eux a de lui-même associé à “un poison”. “Continuer à vendre la mort, si la chimique est un “poison” pour subvenir aux besoins de ses enfants, vous comprenez que c’est difficile à entendre”, lance le président.

 

Jusqu’à deux ans de prison requis

 

Seul l’un des prévenus dénote un peu. De retour à Mayotte après un long séjour en métropole, le bonhomme semble avoir été le dindon de la farce. Et c’est un différend avec son père, consommateur notoire de chimique, qui l’aurait plongé dans cette affaire contre son gré. “À cause de lui, je n’ai jamais fumé, je n’ai jamais vendu à qui que ce soit. Il m’a donné 2.000 euros pour passer commande en métropole, mais je ne l’ai pas fait”, se défend-il face aux juges.

Une justification et surtout un manque de preuves pour caractériser l’infraction, qui conduiront le procureur à requérir pour lui la relaxe. Perçue comme la “baronne” du réseau, malgré la défense de son avocat Maître Bazzanella qui tentera de faire valoir son profil de toxicomane avant tout, “une femme fragile, dépressive”, Tina, ne bénéficiera pas de cette clémence. Le parquet requiert contre elle la peine la plus lourde, deux ans de prison avec un an de sursis probatoire assorti d’une obligation de soins, de formation, de travail, et une amende de 10.000 euros. Pour les autres, ce sera entre un an et 15 mois de prison et des amendes entre 2.000 et 15.000 euros. L’affaire a été mise en délibéré, et le tribunal devrait rendre sa décision courant juillet.

Inauguration de la nouvelle borne EDM au marché couvert de Mamoudzou

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Mercredi 16 juin avait lieu l’inauguration de la toute nouvelle borne de paiement express d’EDM en plein cœur du marché couvert de la ville de Mamoudzou. La cinquième de ce genre sur la dizaine de bornes qui seront déployées dans les prochains mois aux quatre coins de l’île aux parfums.

Fini les galères ! Pour régler leurs factures d’électricité en temps et en heure, les habitants de Mamoudzou pourront dès à présent se rendre à la nouvelle borne, située en plein cœur du marché couvert. Plus besoin de se déplacer jusqu’à Kaweni et de subir les embouteillages et l’attente au guichet. Avec les bornes de paiement de la société d’électricité mahoraise, les nombreux clients verront le règlement de leurs redevances facilité.

“Favoriser l’autonomie et une meilleure inclusion sociale”

Sur place le matin-même pour prendre part à cette inauguration, le maire Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a profité de l’occasion pour rappeler les avantages de cette innovation pour ses administrés. “EDM s’est engagée de manière forte pour le confort des Mahorais. L’entreprise a apporté des outils nécessaires à la vie des habitants au plus près de leur habitation et de leur lieu de travail. Je suis heureux d’inaugurer cette borne qui permettra de favoriser l’autonomie et une meilleure inclusion sociale”, a-t-il déclaré avec enthousiasme.

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Un avis partagé par le directeur général d’EDM, Claude Hartmann, qui s’est félicité de la mise en place de cette cinquième borne. Un dispositif qui permettra de fluidifier le paiement mais pas seulement. “EDM est au service des Mahorais. Les bornes permettront de désengorger les guichets du site de Kawéni. Nous pourrons alors mieux conseiller et recevoir les clients qui le souhaitent”, a-t-il affirmé dans la foulée.

 

Les acteurs du projet au rendez-vous

 

La Chambre de commerce et d’industrie et le conseil départemental ont également œuvré à la naissance de ce projet. “Ce dispositif traduit parfaitement le slogan d’EDM qui est Notre énergie à votre service. Le déploiement de ces bornes permettra aux Mahorais en tout point du territoire de ne pas être obligés de se déplacer”, s’est félicité Issa Abdillah, le représentant du président de la collectivité. Avant de se réjouir de l’amélioration des services rendus aux citoyens : “Il a également un aspect social important. Il donnera la possibilité de sensibiliser et d’accompagner les citoyens pour que le changement ne soit pas subi mais maîtrisé.”

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Lever de rideau sur la borne

 

1,2,3 et ça y est la borne est inaugurée. Après les discours, place à la mise en fonction de ladite machine. Le chef de projet de la borne de paiement, Nassim Said, réalise une démonstration devant le premier magistrat, très attentif à la présentation. Une bonne nouvelle également pour les petits commerçants du marché couvert de Mamoudzou qui espèrent surfer sur la vague et attirer de nouveaux clients. Des bornes de paiement aux multiples facettes qui ne tarderont pas à fleurir sur tout le territoire dans les mois à venir.

Meilleure nutrition et activités sportives, la nouvelle vie de 15 mamans de Bandrélé

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Les 12 étudiants du BTS économie sociale familiale du lycée de Bandrélé ont réalisé un projet intitulé « Bien manger, bien bouger » à destination de 15 mamans de la commune. Ce mercredi 16 juin a été l’occasion de revenir sur l’action de sensibilisation ainsi que sur le bilan des ateliers culinaires et des activités sportives. Ambiance festive assurée par les participantes qui en redemandent.

Portable pointé en direction du tableau, Thaandhati ne cache pas sa joie depuis le troisième rang. Des « youyou, youyou, youyou » résonnent dans la salle. Sa manière à elle de remercier les 12 élèves du BTS économie sociale familiale du lycée polyvalent de Bandrélé postés en rang d’oignon devant elle. Derrière son large sourire communicatif, la mère de famille exulte en compagnie des 14 autres mamans de la commune. « Merci d’avoir pensé à nous », lâche-t-elle, la gorge un peu nouée et les yeux presque humides, lorsque Naïza lui demande de se joindre à ses côtés.

Cette rencontre intergénérationnelle remonte à 2019 lorsque l’équipe pédagogique décide de répondre à l’appel à projets intitulé « Bien manger, bien bouger » de l’agence régionale de santé (ARS) et de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) pour mener des actions nutritionnelles s’inscrivant dans le quatrième programme national nutrition santé. Après un petit retard à l’allumage en raison de la crise sanitaire, le dispositif débute réellement durant cette année scolaire.

Avec l’aide du centre communal d’action sociale, les étudiants identifient leur cible : des bénéficiaires en situation de précarité pour partager de la sensibilisation nutritionnelle sous forme ludique (pyramide alimentaire et assiette équilibrée), des ateliers culinaires et des activités sportives. « Nous nous sommes adaptés à leurs pathologies, nous avions des fiches spécifiques pour chacune d’elles », dévoilent, d’une seule et même voix, Naïda et Bachiroudine, respectivement âgés de 24 et 22 ans.

« Elles commencent à voir le changement »

Et le film retraçant les différentes actions du projet démontre bien l’ambiance de la cérémonie de ce mercredi 16 juin. Les rires fusent dans toute la salle à la diffusion des images, et plus particulièrement lors du passage des séances de fitness. « Au début, elles avaient du mal, elles n’arrivaient pas à toucher leurs chevilles », avoue Naïda. Un lointain souvenir, notamment grâce aux exercices de souplesse réalisés par « Monsieur Maou » de l’association Sport et Loisirs, qui reçoit un tonnerre d’applaudissements. « Elles peuvent tout reproduire à la maison, elles n’ont pas d’excuse », se permet le coach, quelques secondes avant de se faire alpaguer par trois mamans, désireuses d’immortaliser ces retrouvailles. Quelques semaines après la fin du projet, la rigueur est toujours de mise selon Naïza puisque certaines mères de famille se retrouvent encore aujourd’hui pour déambuler ensemble dans les rues de Bandrélé. « Elles commencent à voir le changement au niveau de leur corps. »

Même accueil pour « Madame Estelle », la diététicienne. Au menu des cours dispensés dans la cuisine familiale de l’établissement scolaire : un gratin de papaye verte, des rochers au coco, des sablés à la cannelle, du pilao au poulet, du kakamkou avec du riz jaune aux légumes ou encore du jus maison sans sucre ajouté… « Elles transmettent nos conseils dans leur entourage », se satisfait Bachiroudine, alias le chef cuisto de la bande d’étudiants. L’objectif de la démarche : diminuer les nutriments et privilégier la cuisson à l’eau pour jouir d’une bonne alimentation, trop souvent riche en glucides à Mayotte !

 

Un suivi avec les autres promotions

 

Contrat rempli pour les 2ème année de BTS économie sociale familiale. « En plus, ce projet, qui rentre dans le cadre de notre formation, nous a permis de mettre en pratique nos compétences théoriques », poursuit le jeune homme. Et pour s’assurer que ces bons plans perdurent dans le temps, toutes les mamans reçoivent un livret nutritionnel ainsi qu’une paire de chaussures de sport. De quoi ravir Hairati, qui s’imagine maintenant « apprendre à lire et à parler français ».

Mais surtout, Thaandhati espère « un suivi avec les autres promotions » pour que d’autres femmes comme elle puissent bénéficier de telles actions. « Pas de problème, mais il faut qu’il y ait une interaction », lui répond le proviseur, Joseph Buisan. Pas totalement convaincue, la mère de famille se précipite vers le recteur, Gilles Halbout, à la fin de la cérémonie pour échanger quelques mots en shimaoré. Avant de lui tomber dans les bras et de lui offrir une accolade et même une embrassade, illustrée par une trace de rouge aux lèvres sur le masque blanc du responsable de l’académie. Toute en vivacité !

Feuille de route : dans les coulisses des négociations entre le rectorat et le SNUIPP-FSU

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Après la présentation de la feuille de route locale à la suite du Grenelle de l’éducation qui s’est tenu en fin d’année dernière, le SNUipp-FSU a maintenu son appel à la grève ce mardi 15 juin. Flash Infos a pu, exceptionnellement, prendre part à la réunion d’échanges entre le recteur, Gilles Halbout, et les quatre représentants de l’organisation syndicale. Immersion.

Mardi, 9h30. Devant le cabinet du recteur, l’ambiance est bon enfant entre les quatre représentants du SNUipp-FSU. « Ma fille, Mirana Tle, a cru que j’étais à l’origine des barrages de ce matin », raconte hilare Rivomalala Rakotondravelo, le secrétaire départemental de l’organisation syndicale des enseignants du premier degré. Assis sur leur siège en face de lui, Moinecha Said, Anssiffoudine Port Said et Zaidou Ousseni, ses trois compères, pouffent de rire en guise de réponse. Une anecdote pas si anodine, qui rappelle l’engagement du leader dans les blocages de 2018. Car pour lui, la bataille est quotidienne lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts des Mahorais, et plus particulièrement ceux des instituteurs. Une franche camaraderie qui risque bien de se dissiper d’une minute à l’autre, une fois la visioconférence du responsable de l’académie terminée.

10h. Toute la bande pénètre dans le bureau de Gilles Halbout, entouré de Régine Vigier, directrice académique adjointe des services de l’Éducation nationale, et de Sébastien Bernard, directeur des ressources humaines. L’objet de la réunion ? Évoquer la feuille de route pour le 101ème département à la suite du Grenelle de l’éducation qui s’est tenu en fin d’année dernière. « On a pris en compte vos remarques, notamment sur les AED (assistants d’éducation) qui n’étaient pas dans le document initial. On a simplement rajouté deux-trois paragraphes positifs supplémentaires », attaque d’emblée le recteur. Derrière son masque, le chef de file de l’instance syndicale, plus connu sous le nom de Rivo, acquiesce timidement. « Il y a des éléments de nos revendications. »

 

Les tickets restos de la discorde

 

Mais une première « polémique » tombe rapidement sur le coin de la table : les tickets restaurants, qui ne sont pas inscrits dans le dossier validé par l’administration centrale. « Personne ne [les] a évoqués lors du comité technique paritaire », s’étonne le responsable de l’académie. Réponse du représentant syndical : « On en a parlé dès votre arrivée [en juillet 2019, ndlr]. » Un imbroglio vite mis au placard par Gilles Halbout, bien décidé à ne pas perdre de temps sur ce non-sujet. « On peut [les] mettre en place immédiatement, on est d’accord et on va le faire ! » Reste encore à réfléchir à son instauration. De ce côté-là, le rectorat a sa petite idée. « Il faut nous affranchir de l’histoire de revenu, mais plutôt nous concentrer sur les écoles qui ont des difficultés de recrutement », propose Sébastien Bernard, dans l’optique d’un consensus.

Mais revenons à nos moutons. La rencontre du jour consiste surtout à évoquer le calendrier de mise en application des mesures prises, qui pour certaines d’entre elles « auront besoin d’un ajustement réglementaire ou législatif », comme le stipule le recteur. À l’instar de l’indemnité de sujétion géographique (ISG) pour les nouveaux titulaires. Quid alors de la hausse de l’indexation des salaires ou encore du versement d’une indemnité spécifique qui tient compte des difficultés de travail dans le département ? « Des éclaircissements pourraient être apportés d’ici la fin de l’année », envisage, avec un certain optimisme, Gilles Halbout.

 

L’évolution des REP+ gelée en 2021

 

En revanche, le classement de l’ensemble du département en REP+ provoque davantage de remous. « Seules les écoles maternelles ou élémentaires de Kahani, de Tsararano, de Dembéni et de Ouangani basculent dans le projet », s’insurge Rivo, qui a fait de ce combat son cheval de bataille. « Elles n’étaient pas référencées, il s’agit d’une régularisation », répond du tac au tac Régine Vigier. Mayotte comptabilise 188 établissements du premier degré dans ce dispositif, qui concerne les quartiers ou les secteurs isolés connaissant les plus grandes concentrations de difficultés sociales avec des incidences fortes sur la réussite scolaire.

De quoi provoquer la colère vive de Zaidou Ousseni : « Donc on n’en est pas encore là ? » Sauf que cette décision ne revient pas au rectorat directement. « Le ministère a gelé l’évolution des REP+ sur tout le territoire national. Mais on se prépare pour la réforme de 2022, sinon on va reproduire les mêmes erreurs que par le passé », tempère Gilles Halbout, pour calmer les ardeurs de son interlocuteur. En attendant, l’académie fait le forcing pour que cinq secteurs de l’île – Koungou, Passamaïnty, Dzoumogné, Acoua et Kahani – puissent intégrer l’expérimentation sur l’accompagnement académique spécifique en 2021.

 

Les contractuels, le nerf de la guerre

 

Autre point qui tient particulièrement à cœur au secrétaire départemental du SNUipp-FSU ? La titularisation des contractuels par voie de concours. « Moi aussi », lui assure le recteur. Sauf qu’une vingtaine d’instituteurs, dotés d’un simple baccalauréat, possèdent un contrat précaire depuis bon nombre d’années. « Ils sont pénalisés par rapport aux jeunes qui ont un bagage bien plus important », regrette Anssiffoudine Port Said. Si Gilles Halbout rappelle l’augmentation du contingent pour les concours internes, il promet de regarder de plus près cette ineptie.

Sans oublier l’égalité de traitement pour tous les néo-contractuels. « On combat le décalage entre ceux qui arrivent sur le territoire et ceux qui y vivent », s’époumone Rivo. Avec la mise en place du concours interne de recrutement de professeurs des écoles depuis 2017, le primaire recense davantage d’enseignants locaux, qui ne sont, de fait, pas éligibles à la prime d’installation, équivalente à cinq mois de salaire. Hasard ou non, le 1er degré ne recense que 20% de contractuels, contre 51% dans le second degré. « On fait face à une urgence dans les collèges et les lycées », rétorque le recteur. « Vous, vous avez une position, d’autres organisations syndicales en ont une autre. Nous, on a tranché ! Mais il faut effectivement une convergence… » À savoir quand cette « discrimination », selon les mots du SNUipp-FSU, prendra fin.

11h. Le débat tantôt cordial tantôt houleux entre les deux parties prend fin. « Il y a des éléments qui vont dans le bon sens. Mais on devait en avoir le cœur net pour ne pas nous faire endormir », lâche Rivo à la sortie, avant d’aller débriefer avec les quelques enseignants postés devant le rectorat. Quoi qu’il en soit, toute la troupe promet de suivre avec attention l’évolution cinétique et temporelle de cette feuille de route. Et espère des avancées concrètes par rapport à leurs remarques d’ici la fin de l’année scolaire, lors du prochain comité technique paritaire.

Entre les barrages et le retrait des transporteurs, une première semaine agitée pour les épreuves du baccalauréat à Mayotte

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Le mouvement de mobilisation entamé ce lundi à la suite de l’agression mortelle d’un individu samedi à Combani arrive en pleine période d’examen. Mais des solutions émergent au cas par cas, pour permettre aux élèves et aux professeurs de rejoindre leurs établissements.

Blocus, jour 2. Ce mardi matin, les automobilistes sont à nouveau tombés nez à nez avec des barrages, cette fois-ci érigés dans le centre à Combani et Ongojou, mais aussi dans le sud au carrefour Nguzi ou encore à Bouyouni, au nord. “La population du sud s’est réunie par solidarité avec celle de Combani”, explique Safina Soula Abdallah, la représentante du collectif pour la défense des intérêts de Mayotte (CODIM), qui soutient le mouvement. Même son de cloche à Longoni, où les transporteurs scolaires ont eux aussi maintenu leur droit de retrait, malgré une réunion tenue la veille avec le rectorat, la préfecture et le conseil départemental. “Rien n’a abouti et il n’y a pas eu de nouvelle proposition pour améliorer les conditions de travail ou apporter les garanties juridiques et sociales que nous attendons. Les 256 transporteurs ne circulent pas”, confirme Anli Djoumoi (Siaka), délégué Force ouvrière.

Bref, c’est donc dans ce climat tendu que se déroulent les épreuves du baccalauréat depuis lundi. Les oraux de Français ont commencé, tandis que les écrits de Philosophie et les épreuves anticipées de Français se tiennent jeudi. Un contexte difficile pour les élèves et leurs professeurs, déjà éprouvés par une année chamboulée à cause de la crise sanitaire. “Je n’ai même pas pu me rendre au lycée de Chirongui, et aujourd’hui non plus visiblement…”, raconte un enseignant du lycée professionnel, dont les élèves sont censés passer leurs épreuves de Français et d’Histoire-Géographie ce jour et vendredi. Sans parler des élèves en stage depuis lundi. “L’absence de transport en commun et les barrages successifs rendent ces événements incertains… Dans l’attente d’une décision du rectorat, nous faisons ce que nous pouvons. Nous accueillerons les élèves qui pourront venir au lycée comme c’est le cas à Sada aujourd’hui”, poursuit le professeur.

 

Taxis et minibus pour les élèves

 

Mot d’ordre du côté de l’académie : la débrouille et le cas par cas, du moins pour l’instant. “Nous sommes en lien avec les directeurs d’établissement et la consigne donnée, c’est que quelle que soit la formule, nous appuyons les initiatives, nous finançons”, expose le recteur Gilles Halbout. C’est ainsi que des établissements, comme le lycée de Sada, ont obtenu de mobiliser des véhicules pour accompagner les élèves les plus démunis. La ville de Chiconi a mis en place dès ce mardi des minibus au départ de Sohoa, de Chiconi, de Sicotram et de Coconi pour aider les lycéens à passer leurs épreuves du bac. “Nous encourageons les familles qui en ont les moyens de déposer leurs enfants car il s’agit d’une solution alternative qui ne peut se substituer au transport scolaire”, précise la ville sur sa page Facebook. D’après le recteur, une “petite moitié de lycée”, ont eu recours à ces solutions de rafistolage. “Cela pourra se généraliser, en fonction de la demande.

 

Vers l’apaisement ?

 

Pour autant, entre la nouvelle formule du baccalauréat et les ajustements liés au Covid-19, les impacts restent pour l’instant mesurés. En effet, plus de 70% de la note est obtenue cette année via le contrôle continu. Et même sans la pandémie, les épreuves censées être réalisées en présentiel auraient dû avoir lieu en mars. “Il y a eu quelques absences pour les admissibles au concours de proviseur des écoles qui passent leurs oraux en ce moment, et aussi pour les épreuves de Français, où il manquait des professeurs ou des élèves… C’est un peu embêtant mais nous pouvons reprogrammer d’autres dates d’oraux”, assure Gilles Halbout, qui “espère une reprise progressive des transports” et “salue la grande implication des chauffeurs”.

Un plan régional pour familiariser la santé et l’environnement à Mayotte

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L’agence régionale de santé de Mayotte a annoncé ce mardi 15 juin la signature du plan régional santé environnement de Mayotte 2020-2024 (PRSE). Celui-ci se définit avant tout comme une déclinaison locale du plan national santé environnement (PNSE). Son objectif sera d’améliorer l’environnement de l’île au service de la santé des Mahorais.

Au programme de ce grand plan régional santé environnement ? Trois axes prioritaires ont été définis par l’agence régionale de santé, la préfecture et le Département de Mayotte. En outre, quarante actions liant environnement et santé devraient voir le jour. “Notre santé est conditionnée par l’environnement dans lequel nous évoluons jour après jour et avec lequel nous interagissons. Ainsi, l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et les aliments que nous consommons sont un tout que nous devons préserver », affirme l’ARS dans son communiqué.

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Dix-huit mois de travaux, d’échanges et de concertation ont été nécessaires pour aboutir à l’écriture de ce premier PRSE, avec le concours des acteurs de santé du territoire, des associations d’usagers et des pouvoirs publics. Les groupes de travail ont réuni plus de 90 personnes, représentant 45 structures différentes, et ont permis d’élaborer des propositions d’actions opérationnelles et d’identifier des structures pilotes et partenaires pour les mener à bien.

 

L’éducation en premier lieu

 

Premier cheval de bataille du PRSE : “le développement d’une culture commune en santé-environnement.” Dans cet axe les actions seront menées par différents acteurs de l’île comme l’ARS bien entendu, mais aussi la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS), Mayotte Nature Environnement (MNE) ou encore le centre universitaire de formation et de recherche (CUFR). Au menu : sensibilisation des collectivités sur leur rôle en matière de santé environnementale, éducation des jeunes publics à cette thématique, mise en œuvre de programmes dans les milieux de travail ou encore animation et structuration d’un réseau d’acteurs.

 

L’installation en second lieu

 

Le second volet du PRSE traitera quant à lui de “l’amélioration de l’accès et de la qualité sanitaire de l’eau de consommation humaine et alimentaire”. Pour cela, la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) sera en charge de la création et du développement de plateformes d’hygiène multi-services et de leur intégration dans l’espace public. Tandis que le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte (SMEAM) mènera une étude d’alimentation en gestion de crise et de résilience des installations d’eau potable à Mayotte. De plus, la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) et l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM) expérimenteront l’utilisation de l’eau de pluie et favoriseront les solutions alternatives d’économies d’eau pour des usages non destinés à la consommation humaine.

L’action en troisième lieu

 

Troisième et dernier axe avec “la diminution des risques dans les milieux de vie”. Pour ce dernier pan du PRSE, vingt actions sont prévues. Parmi elles, la mise en œuvre d’un plan d’action sur les principales pathologies émergentes liées aux accidents de la vie courante, l’élargissement des conditions d’accès aux aides favorisant l’amélioration des conditions de vie et de l’habitat mais aussi l’optimisation de la gestion de collecte des déchets sur le territoire.

Le PRSE n’a pas perdu de temps pour agir à Mayotte. En effet, certaines actions sont déjà en cours sur le territoire tandis que d’autres ne tarderont à venir. L’objectif premier de ce plan demeure son adaptation aux problématiques du territoire, “Le PRSE a pour vocation de mettre en réseau les acteurs et d’impulser des actions adaptées aux territoires et aux publics concernés. Il est donc par nature évolutif et adaptable.” Tous les partenaires ont jusqu’en 2024 pour apporter des réponses concluantes.

Statistiques : Après Parcoursup, le parcours du combattant

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* Image d'illustration

Ils sont de plus en plus nombreux à décider de s’envoler vers la métropole pour poursuivre leurs études supérieures, une fois le baccalauréat obtenu sur l’île. Pourtant, près de la moitié décrochent avant l’obtention du diplôme convoité. Retard de l’apprentissage local, difficultés d’intégration, rupture culturelle, les raisons de cet échec scolaire sont nombreuses. Mais paradoxalement, les perspectives d’évolution aussi.

En 2017, l’âge moyen des Mahorais était de 23 ans. Au même moment, il s’élevait à 35 ans à La Réunion, 28 en Guyane et même 41 en métropole. Avec près de 10.000 naissances enregistrées sur son sol chaque année, pas étonnant que le dernier né des départements français soit aussi celui à la population la plus jeune. Mais Mayotte cumule bien d’autres records lorsqu’il s’agit de sa jeunesse.

En 2014, trois Mahorais sur quatre de 15 ans ou plus n’avaient pas de diplôme, et seuls sept habitants de l’île sur dix âgés de 20 à 24 ans étaient allés jusqu’au collège. Pour autant, la scolarisation à Mayotte s’est fortement intensifiée à partir des années 1980, avec le développement d’infrastructures scolaires. Et désormais, l’arrêt de la scolarité dès le primaire, très fréquente auparavant, devient un phénomène de moins en moins répandu. En 2018, sur les 122.000 personnes de 15 ans ou plus sorties du système scolaires, 27% détenaient un diplôme qualifiant (au moins un CAP ou un BEP). Si le constat est toujours alarmant, il montre néanmoins la douce progression de la scolarisation. En 2017, ils étaient 65% des jeunes de 16 à 29 ans à avoir quitté le système scolaire sans aucun diplôme, contre 80% huit ans plus tôt.

Mais le défi reste de taille : en 2019, l’académie ne dépassait pas les 42% de réussite au bac toutes filières confondues. Le chiffre le plus bas de France. En outre, 35% des personnes scolarisées ne maîtriseraient pas les bases de la langue française, et un bachelier sur cinq de moins de 25 ans présente encore des lacunes à l’écrit, souvent bien plus lourdes que celles de leurs aînés de plus de 45 ans. La faute, possiblement, à la scolarisation de masse, puisqu’auparavant, « le système était plus élitiste, tout le monde n’allait pas à l’école », rappelle encore l’Insee.

 

Le dilemme des études supérieures

 

Entre 2007 et 2017, l’île aux parfums est le DOM affichant le plus de départs de ses natifs vers d’autres territoires français. Selon l’Insee, 55% des Mahorais âgés de 21 à 29 ans quitteraient le territoire pour poursuivre leurs études, contre 44% dans les Antilles et 25% à La Réunion. En cause, à Mayotte, le faible nombre de cursus proposés et l’absence totale de certaines filières, bien que l’offre tend à s’étayer, notamment grâce aux efforts du centre universitaire de formation et de recherche universitaire.

Ceux qui font le choix de partir étudier ailleurs – majoritairement en métropole et, en de plus faible proportion, à La Réunion –, se heurtent encore à bien des difficultés. En effet, le taux d’échec scolaire des étudiants mahorais en dehors de l’île en première année est l’un des plus importants sur le plan national : plus de la moitié d’entre eux décrocherait avant l’obtention de leur diplôme, contre moins d’un quart pour l’ensemble du pays. Le phénomène est tel qu’en 2019, une jeune étudiante de l’université de Lyon décide de consacrer sa thèse à ce sujet. « Bien qu’ils aient reçu les mêmes enseignements que leurs camarades métropolitains, le contexte de vie et d’études complexe dans lequel ils déroulent leurs scolarités antérieures impacte grandement leurs résultats scolaires dans le supérieur et les défavorise en termes de compétitivité », résume Nassabia Ali Saanda, autrice de « La mobilité et l’échec des étudiants mahorais en métropole ». « La différence socioculturelle très marquée qui les assimile aux étudiants étrangers en mobilité limite leur intégration sociale et académique. »

Pour la thésarde, « le public mahorais manque de compétitivité par la représentativité bachelière d’une part et les orientations dans les filières de l’enseignement supérieur de l’autre ». Après études des orientations post-bac, la majorité des jeunes mahorais s’oriente vers un BTS, dont les trois quarts des élèves en bac technologique et 90% en bac professionnel. « Nombreux sont les étudiants qui se voient refuser leurs vœux dans les formations sélectives et se replient par conséquent sur la Licence. L’étude de Gury (2007) montre que les étudiants refusés en BTS et DUT qui s’inscrivent à l’université ont 1,8 fois plus de chance de quitter l’enseignement supérieur sans valider de diplôme. » Or, selon l’étude déroulée dans la thèse, deux tiers des étudiants en 2011 étaient inscrits en première année de licence, contre un tiers au niveau national. « Or, c’est la filière la plus exposée à l’échec. »

 

Des difficultés extrascolaires

 

Autre facteur déterminant : l’attribution des bourses qui, dans le cas de nombre d’étudiants mahorais en métropole, remplacent totalement les aides familiales. « Elles conditionneraient le choix même de poursuivre des études en métropole », envisage la thèse. « La perte de la bourse après deux échecs en première année expliquerait que la majorité des abandons surviennent à ce stade, ce qui est le cas de nombreux étudiants pour qui la première année dans l’enseignement supérieur est une année de test. »

Au-delà de l’aspect financier, un fort sentiment de retard scolaire et culturel peut se faire ressentir chez les étudiants mahorais confrontés au niveau de leurs camarades métropolitains, alors même qu’ils ont suivi les mêmes programmes. « La faiblesse (ou l’absence) de scolarisation des parents et les difficultés dans la maîtrise de la langue française renforcent davantage la distance culturelle comparée à la culture dominante des milieux aisés qui répond plus aux attentes des institutions. Dès lors, la distance culturelle serait à l’origine du sentiment d’auto-exclusion pour ceux qui ne se sentent pas à la hauteur des exigences des institutions et dans l’incapacité de rivaliser avec les camarades plus aguerris et favorisés par le contexte social et culturel », considère encore le document. « Les entretiens nous montrent que les étudiants mahorais manquent d’ouverture sociale même dans le cadre de la socialisation scolaire. » Car en quittant Mayotte, ces jeunes découvrent aussi une culture à mille lieues de la tradition de leur île, et la perte de repères impacte directement leur réussite scolaire. Et dès la descente de l’avion, le simple fait de se repérer au milieu d’un dédale de béton et d’immeubles relève pour certains du parcours du combattant. D’autant plus lorsque l’on sait les siens à 8.000 kilomètres de là.

Pour autant, cet échec scolaire régresse petit à petit. Auparavant, les jeunes Mahorais étaient encouragés à se concentrer davantage sur la réussite familiale. Mais, particulièrement depuis ces dix dernières années, les femmes ont leur premier enfant moins tôt et sont de plus en plus diplômées avant de fonder une famille. Alors, si le modèle social de l’île tend à évoluer, cela se fera inévitablement ressentir sur le parcours scolaires des enfants du territoire. Et déjà, nombreux sont ceux à revenir au pays diplôme en poche, pour fonder leur business sur place et faire prospérer l’île avec les compétences qu’ils ont développé en la quittant.

 

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Deux lycéens mahorais admis à Sciences Po, un espoir pour la jeunesse

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* Photo d'illustration

La fin de l’année scolaire approche et une grande partie des élèves de terminale savent désormais vers quelles études supérieures ils vont s’orienter. Cette année, deux jeunes mahorais font partie des heureux et rares lycéens admis à Sciences Po. Farouk Kourati du lycée des Lumières et Oumaya Abdallah du lycée Younoussa Bamana se préparent à entrer dans un monde qu’ils n’imaginaient même pas il y a encore quelques mois.

deux-lyceens-mahorais-admis-sciences-po-espoir-jeunesseFarouk Kourati se souvient exactement du jour et de l’heure à laquelle il a reçu la bonne nouvelle. Sciences Po, il en rêvait. Il a tenté sa chance sans jamais songer à faire partie des heureux élus. Alors, lorsqu’il reçoit la notification de Parcoursup le 2 juin à 6h du matin, il a du mal à réaliser. « J’étais content, mais dans un premier temps, je ne me rendais pas compte de l’ampleur que cela représentait. Je l’ai annoncé à mes parents qui étaient très contents aussi. Quand je suis arrivé au lycée, j’ai reçu les félicitations des proviseurs et des professeurs. C’est en voyant leurs réactions que j’ai compris qu’il s’agissait d’une nouvelle importante pour moi-même, mais aussi pour mon établissement et Mayotte », raconte le jeune homme, encore nostalgique.

Sciences Po était son premier vœu sur Parcoursup, mais Farouk Kourati s’était déjà préparé à ne pas être admis. « J’avais en tête que l’échec faisait partie du jeu et j’envisageais aussi d’aller en prépa. Pour moi, Sciences Po n’était pas une fin en soi, mais plutôt un moyen d’atteindre mes objectifs », précise le lycéen, qui va poursuivre ses études à Reims. Par la suite, le jeune homme a pour ambition de passer les concours de la haute fonction publique. D’ailleurs, il s’y prépare depuis son année de première en ayant choisi des spécialités orientées vers les sciences politiques et la géopolitique. Farouk Kourati est conscient de tout le travail qui l’attend, mais il se dit motivé et il est même prêt à sacrifier ses loisirs durant ses études pour y arriver.

deux-lyceens-mahorais-admis-sciences-po-espoir-jeunesseL’élève du lycée des Lumières n’est pas le seul Mahorais à avoir été accepté à Sciences Po pour la prochaine rentrée scolaire. Scolarisée au lycée Younoussa Bamana, Oumaya Abdallah fait également la fierté de ses professeurs et de sa famille. Ce sont eux qui l’ont poussée à passer les concours pour la prestigieuse école. « J’avais énormément de doutes parce que je savais que pour être admis à Sciences Po, il fallait d’excellentes notes, et moi je suis autour de 16-17 de moyenne », avoue-t-elle. Malgré ses doutes, la jeune fille réussit la phase d’admissibilité et s’envole pour l’île de La Réunion afin de passer son oral. « J’étais la seule Mahoraise et j’avais peur de ne pas être prise. Je me disais que ma candidature serait moins intéressante », raconte-t-elle. Ce ne fut pas le cas puisqu’elle passe toutes les étapes avec succès. Aujourd’hui, Oumaya Abdallah n’a plus de doutes et voit encore plus grand. « J’envisage d’intégrer l’Ena par la suite ou faire un master en affaires internationales ou relations internationales pour travailler dans le milieu de la diplomatie », espère celle qui va prendre la direction de Bordeaux dans un premier temps.

 

Des rêves et de grandes ambitions pour Mayotte

 

Les deux élèves sont conscients de tout l’engouement autour d’eux. Ils représentent l’espoir d’une jeunesse qui contribuera au développement du département et prennent déjà leur mission à cœur. « Je suis engagée dans la vie associative depuis le collège. Je suis membre d’une association sportive et éducative à Doujani et je fais aussi partie du jeune club des Naturalistes de Mayotte. J’ai participé au concours des jeunes ambassadeurs de Mayotte, dont je fais désormais partie », précise Oumaya Abdallah, qui compte continuer à faire briller son île natale au-delà de ses frontières. « Je vais parler de Mayotte à travers les associations dans lesquelles je devrai m’engager. Tout ce que je vais acquérir en métropole et à l’étranger me permettra de contribuer au développement de Mayotte », assure la lycéenne pour encore quelques semaines.

Idem pour Farouk Kourati, très engagé dans la vie associative. Ce critère est d’ailleurs une obligation pour être accepté à Sciences Po. Le jeune homme profite de l’occasion pour faire passer un message à la jeunesse du territoire. « Ici, il y a une vision qui nous mène à nous autocensurer parce qu’on nous dit qu’on n’a pas le niveau exigé pour les écoles prestigieuses et on se dit que finalement on ne peut pas. Les adultes nous disent parfois de ne pas nous aventurer dans ces choix parce qu’on va échouer. Ils en font une réalité alors qu’à Mayotte il y a pleins de jeunes talentueux », relate l’adolescent, qui a une vision très lucide sur les clichés attribués à la jeunesse mahoraise. « Rien ne me prédestinait à postuler pour Sciences Po, et pourtant je l’ai fait et j’ai été accepté. Je suis convaincu que les futures générations pourront davantage accéder à ce type d’écoles et aller plus loin que ça. Il faut tenter sa chance et ne jamais douter ! », lance le futur étudiant. Finalement, nos jeunes mahorais ont aussi des têtes bien faites et savent nous faire rêver.

Centre de l’île : des barrages levés mais une colère qui gronde encore à Mayotte

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Montées dès 4h du matin par les populations de plusieurs villages, des barricades ont bloqué de nombreux automobilistes sur le chemin du travail toute la journée de lundi. En parallèle de cette mobilisation, une réunion avait lieu avec les élus de la communauté de communes du centre-ouest (3CO), mais les collectifs de citoyens n’ont pas obtenu les garanties espérées.

Journée noire sur les routes de Mayotte. Ce lundi, le centre de l’île a été partiellement bloqué par au moins six barrages à Combani, Coconi, Sada, Miréréni, Tsingoni et Tahiti plage. Dès 4h du matin, les images des files de voiture à l’arrêt devant des monticules de pneus, troncs d’arbre et autres branchages ont fait le tour des réseaux sociaux. À l’initiative de cette opération de grande ampleur, la mobilisation de la population des différents villages du centre, Combani, Chiconi, Sada ou encore Ouangani, soutenue par les collectifs de citoyens. Tous sont excédés par l’insécurité qui gangrène le territoire et qui a, une fois de plus, provoqué la mort d’un homme samedi, à Combani.

Apparemment leurs revendications c’est plus de sécurité. Les barrages sont coordonnés par le collectif de citoyens et une dame avait l’air de dire que c’était illimité…”, témoigne un automobiliste qui s’est retrouvé bloqué au carrefour Bamana à Sada, en milieu de journée. D’après nos différents interlocuteurs, seuls les médecins, infirmiers libéraux, et pompiers étaient autorisés à passer. Sur les coups de 16h-17h, néanmoins, les obstacles avaient été dégagés du bitume, d’après la gendarmerie. “Nous voulions des garanties juridiques et la présence du préfet, du procureur et des quatre parlementaires”, explique plus en détails Safina Soula, la présidente du Collectif de défense des intérêts de Mayotte (CODIM), qui a assisté à une réunion à Tsingoni avec les cinq maires de la communautés de communes du centre-ouest (3CO) ainsi que son président.

“Du mépris total”

Nous n’avons pas eu ce que nous avions demandé, donc nous avons quitté la salle. Résultat, ils envoient les gendarmes sur les barrages, c’est du mépris total !”, s’insurge la militante. D’après les participants à la réunion, le préfet était en effet absent du territoire et le procureur de la République, occupé par les investigations autour de l’homicide survenu samedi, n’était pas non plus en mesure d’y assister. Pour l’instant, aucune nouvelle rencontre n’est prévue au calendrier. Et les barrages ? “On ne sait pas encore, je ne peux pas vous dire”, botte en touche Safina Soula.

Mais avec ce dialogue au point mort, les bambous pourraient bien y perdre encore quelques plumes ! “Le collectif voulait des garanties du procureur sur la réponse de la justice et les condamnations des jeunes”, affirme Ibrahim Said Maanrifa, le président de la 3CO. À ces revendications s’ajoutent aussi la destruction de quartiers informels à Kahani, Combani, Tsingoni, une meilleure réponse face à l’hébergement illégal et la lutte contre l’immigration clandestine. “Nous avons toujours demandé à ce que les maires soient consultés pour les demandes de titres de séjour car ils savent ce qu’il se passe dans leur commune”, abonde l’élu de l’interco, qui déplore le manque de concertation entre tous les maillons de la chaîne. Et de rappeler que “la sécurité des biens et des personnes sont des compétences régaliennes”.

 

Transporteurs au point mort

 

Bref, la semaine s’annonce encore chargée. D’autant que de leurs côtés, les chauffeurs de bus réunis dès 7h ce lundi à Longoni entendent bien continuer à exercer leur droit de retrait. Dans ce climat tendu, difficile d’imaginer les élèves appréhender sereinement les examens de fin d’année…“Ils prennent l’excuse des examens pour lever les barrages, mais on sait tous que les transports scolaires sont arrêtés !”, dénonce la présidente du CODIM. À quand le téléphérique ?

Hyperbole, l’association qui veut œuvrer dans l’accompagnement des jeunes en errance à Mayotte

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Créée le 24 mai 2020, l’association Hyperbole porte un projet qui vise à accompagner les jeunes en errance à Mayotte via une équipe mobile de précarité infanto juvénile, sans marcher sur les plates-bande des structures existantes. Lors de sa venue il y a quelques jours sur l’île aux parfums, le président fondateur Patrick Tite a échangé avec Mlézi Maoré, la protection judiciaire de la jeunesse, le rectorat, le Département et un certain nombre d’associations. Entretien.

Flash Infos : Quelle est la genèse de votre association Hyperbole ?

Patrick Tite : Tout a commencé pendant le premier confinement ! Dans ce contexte de crise, j’ai regardé de très près la situation de Mayotte et j’ai vu les chiffres augmenter de manière vertigineuse. Cela a été l’élément déclencheur dans la mise en œuvre d’une idée concrète. J’ai monté autour de moi une équipe solide et sérieuse autour du sujet de l’accompagnement des jeunes en errance. J’ai ensuite informé les autorités de la création de l’association Hyperbole le 24 mai 2020 avant de venir la présenter sur place au mois de septembre, à l’époque où il y avait des affrontements inter-villages. La question sur toutes les lèvres était alors la lutte contre la délinquance…

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Il a fallu mûrir un projet, d’où la mise en place d’un équipe mobile de précarité infanto juvénile, qui s’appuie sur le modèle des équipes de précarité déjà existantes, qui ont un versant plutôt psy, et sur les maraudes sociales. Mais pour répondre aux besoins de Mayotte, il faut réunir à la fois des éducateurs et des acteurs sociaux, mais aussi et surtout des infirmiers, un psychologue, un médecin et un médecin psychiatre pour que toutes les corps de métier soient représentés. Nous le voyons bien : visuellement parlant, les enfants en errance, qui ne sont pas encore insérés dans des circuits d’aide ou de droits communs, ne sont pas en bonne santé physique ou psychique ! Le premier niveau d’intervention de l’association pourrait être celui-là. À mon sens, il n’existe pas de dispositif équivalent en métropole, avec une palette aussi large d’acteurs. À ce jour, nous sommes encore porteur de projet.

FI : D’où votre déplacement sur Mayotte il y a de cela quelques jours pour rencontrer les potentiels partenaires financiers et opérationnels et ainsi éviter de vous mettre des bâtons dans les roues.

P. T. : C’était effectivement tout l’enjeu de ces rencontres ! À savoir monter des partenariats financiers pour faire valider le projet et le présenter aux acteurs opérationnels dans le but de voir comment nous pouvions nous articuler afin de ne pas marcher sur les plates-bandes des uns et des autres. Avec Dahalani M’Houmadi, le directeur général de Mlézi Maoré, nous avons immédiatement convenu qu’il y avait de la place pour plusieurs acteurs sur le territoire. D’ailleurs, nous pensons qu’il serait intéressant de travailler avec la maison des adolescents, la maison de santé mentale, le service des mineurs non accompagnés, même si ce n’est pas l’unique cible, mais aussi les points accueil écoute jeunes pour celles et ceux que nous allons rencontrer et accompagner dans l’espace public.

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Une chose est sure : mieux vaut être trop que pas assez ! L’idée est d’identifier le champ d’actions de chacun sans superposer des couches au mille-feuille d’acteurs. À nous, l’association Hyperbole, de trouver un espace qui n’est pas encore occupé. Comme je le disais, il n’y a aucune équipe pluridisciplinaire travaillant dans cet axe de polycompétence, qui va au-devant de ces jeunes pour diagnostiquer et répondre aux problématiques. Ce projet est au carrefour du sanitaire, du médico-social et du social. En clair, il est au carrefour des politiques publiques concernant ces différents domaines ! Et c’est là toute la complexité puisqu’il faut obtenir l’adhésion tous les acteurs – agence régionale de santé, Département et État – et les faire dialoguer.

FI : Au-delà de votre échange avec Mlézi Maoré, vous avez également rencontré le recteur, Gilles Halbout, le directeur de la protection judiciaire de la jeunesse, Hugues Makengo, et des représentants du monde associatif. Qu’est-il ressorti de vos différents entretiens ?

P. T. : Ils ont tous bien vu un intérêt à notre projet qui peut croiser leur périmètre d’intervention ! Avec Gilles Halbout, nous avons évoqué le décrochage scolaire mais aussi le nécessaire accrochage à l’institution (scolarisation) pour les très nombreux jeunes en situation d’errance. Sans oublier l’accompagnement (par des formes d’engagement) vers les dispositifs d’insertion sociale et professionnelle pour les plus grands. Il a été particulièrement sensibile à la tranche d’âge des 14-15 ans, en situation de décrochage ou de rupture Dans la nouvelle organisation de l’État, le recteur est le patron des politiques en lien avec la jeunesse.

Avec Hugues Makengo, nous avons discuté de ces jeunes (dont certains pourraient poser des actes délictueux) pour avoir une meilleur approche de la prévention de la délinquance. Aborder la prise en charge des enfants et adolescents en errance et envisager les axes de réponses correspondant aux besoins non couverts, c’est poser, dans le même temps, les jalons d’une collaboration autant souhaitable que pertinente.

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J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer des représentants de l’association Espoir et réussite de Doujani, qui œuvre au sein du quartier du même nom avec qui nous avons abordé la lutte contre l’exclusion et l’illettrisme, l’aide à la parentalité, l’éducation à l’environnement et à la santé. École des parents, chantiers d’insertion, école de civisme à destination des jeunes en vue de la transmission des valeurs, du sens des devoirs et de la connaissance des risques, et préparation du certificat de formation générale sont au menu de leurs multiples activités. Nous nous sommes projetés sur les articulations possibles entre l’équipe mobile de précarité infanto juvénile et leur offre de service. Avec le centre de ressource de la politique de la ville basé à M’Gombani, en charge de la cohésion sociale et de la réduction contre les inégalités, les échanges ont également été de qualité.

Le problème à Mayotte n’est pas simplement le manque d’acteurs, mais la qualité des portages de projet. Le secteur gagne à se professionnaliser. Nous n’en sommes, dans le fond qu’au début de l’action sociale, au regard des chantiers à mener !

FI : Justement en parlant d’action sociale, vous avez participé aux travaux d’élaboration du futur schéma départemental de protection de l’enfance de Mayotte pour la période 2022-2027. Comment la collectivité a-t-elle accueilli votre projet ?

P. T. : Il m’a semblé que le Département a cerné la vraie plus-value de notre projet et de ses possibilités de contribution au diagnostic territorial, avec l’apport de données quantitatives et qualitatives. Le conseil départemental évaolue dans le bon sens et est en train d’endosser son rôle de chef de file par rapport à l’aide sociale à l’enfance. Rappelez-vous dans les années 2014-2015, il ne voulait pas construire de structures pour ne pas créer d’appel d’air…

Ma présence aux travaux d’élaboration du schéma départemental de protection de l’enfance m’a permis de mesure l’ampleur de ce qui est à faire. J’ai été heureux de présenter le projet d’équipe mobile de précarité infanto juvénile au directeur de la protection de l’enfance. Nous tablons sur une équipe de cinq professionnels avec une montée progressive des effectifs. Nous nous mettons ordre de marche de façon à déclencher la phase opérationnelle une fois le projet validé. J’espère avoir des réponses du Département d’ici la fin de l’année, même pour une expérimentation.

À mes yeux, Mayotte est un territoire où la République n’a pas encore tenu tous ses engagements. Hyperbole veut apporter une contribution significative au développement de l’île, en oeuvrant notamment aux questions de la prévention ! Nous ne voulons pas jouer les « pompiers de service » mais œuvre durablement à la résolution des problèmes. Si nous ne prenons pas en charge les jeunes en errance dans l’espace public, ils vont faire d’autres rencontres et s’inscrire durablement dans une logique d’exclusion

 

« Hyperbole ne fera de l’ombre à personne »

 

Pas de doute, la venue prochaine de l’association Hyperbole sur le territoire est accueillie avec enthousiasme. « Aucun souci », affirme Dahalani, M’houmadi, le directeur général de Mlézi Maoré, qui assure qu’il y a de « la place pour que d’autres acteurs développent des activités ». Et selon lui, la démarche d’aller se présenter aux autorités institionnelles est la « bonne » avant de démarrer. « Nous allons voir comment cela va se passer dans les semaines et les mois à venir. »

Avec sa caquette de délégué régional de la convention nationale des associations de protection de l’enfant (CNAPE), il invite même Patrick Tite à venir s’installer durablement sur le 101ème département « pour être au plus près des sujets qui le préoccupent pour les mener de front ». À ce sujet, l’association pourra travailler de concert avec les médiateurs citoyens de Mlézi Maoré qui vont à la rencontre de la population pour la sensibiliser, recueillir sa parole et l’orienter. « Il a beaucoup d’énergie à mettre au profit des Mahorais. »

L’entente entre les deux structures pourrait s’avérer fructueuse dans un avenir proche selon Dahalani M’Houmadi. « Les besoins sont tellements importants… Hyperbole ne fera de l’ombre à personne ! Au contraire, elle viendra renforcer des actions déjà en place et apporter un regard différent. » De bon augure pour l’avenir des jeunes en errance.

À l’approche des élections départementales, les soignants adressent une lettre ouverte aux candidats

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Dimanche 13 juin, une quarantaine de professionnels de santé de Mayotte ont cosigné une lettre ouverte à destination des candidats des élections cantonales 2021 afin de les alerter sur le contexte sanitaire de l’île.

Interpeller les autorités sur la situation sanitaire, voilà l’objectif de la lettre ouverte signée par une quarantaine de soignants aux quatre coins de l’île. En période de crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus, les soignants s’interrogent quant à la prise en charge et au traitement des autres pathologies sur l’île aux parfums. “Alors que tous les efforts sont exclusivement concentrés sur la vaccination anti-covid, (…) qui s’occupe de la Santé, avec un grand S ?”, écrivent les professionnels.

 

Un problème généralisé dans le domaine de la santé

 

Car les dysfonctionnements dans le domaine médical sont légions, s’inquiète ainsi l’un des cosignataire du courrier. “Ce que nous pointons du doigt c’est un ensemble de choses. Ce qu’il est important de relever c’est la problématique générale à laquelle nous sommes confrontés dans le domaine du soin à Mayotte. Les soignants ont tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises. Ils ne portent aucune accusation dans cette lettre, ils espèrent simplement pouvoir être entendus”, précise-t-il.

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Comme exposé dans la lettre, le désert médical “se creuse” à Mayotte. Les spécialistes quittent le territoire et peinent à être remplacés. Les services publics sont saturés et beaucoup rencontrent de graves difficultés de fonctionnement. Les travailleurs libéraux, quant à eux, n’ont pas la capacité de pallier les manques de moyens des hôpitaux et constatent une dégradation de certains patients souffrants de pathologies chroniques, faute de suivi. Par ailleurs, l’accès aux soins en dehors du territoire mahorais pose également problème car “entravé par les motifs impérieux et l’obligation vaccinale anti-covid, mesures profondément discriminatoires imposées à la population de Mayotte”.

 

Les maladies psychiatriques grandes oubliées du territoire

 

Pire encore, la psychiatrie est au bord du gouffre. “Les candidats évoquent souvent la santé de manière générale mais quid de la santé mentale des Mahorais ?”, interpelle Ismaël El Habib, infirmier libéral et vice-président de l’Urps (union régionale des professionnels de santé) océan Indien. “Avec le départ des psychiatres du CMP (centre médico-psychologique, ndrl), ce sont des milliers de patients qui vont se retrouver sans suivi. Le problème est non seulement sanitaire mais aussi sécuritaire car ces malades sont très instables. En tant que soignants, nous dialoguons au quotidien avec les médecins pour réajuster les traitements. Sans eux, nous ne pouvons rien faire. Notre rôle est de constater et d’apporter des soins, mais nous ne pouvons pas diagnostiquer ou encore moins prendre la responsabilité de modifier les traitements”, poursuit le soignant.

Un avis partagé par Allaoui Saindou, lui aussi infirmier libéral et président du SNIIL (syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux). “Il est primordial que l’unité de psychiatrie soit rouverte afin que les patients puissent bénéficier d’une prise en charge adaptée. Dans le cabinet infirmier où je travaille, nous accueillons des patients de psychiatrie depuis toujours mais aujourd’hui, nous sommes très inquiets quant à leur suivi. Nous espérons que cette lettre permettra d’alerter les autorités compétentes et que celles-ci prennent connaissance de la situation.

 

Une bouteille lancée à la mer

 

Le contexte n’est d’ailleurs pas anodin, en pleine période de campagne électorale et alors que les élections départementales approchent à vitesse grand V. Par le biais de cette lettre ouverte, les soignants souhaitent aujourd’hui une réponse des instances de santé et une prise en considération des élus. “Nous vous prions, chères candidates, chers candidats, de prêter oreille aux maux et aux besoins de santé des Mahorais, tafadali, car si nous ne réagissons pas rapidement, notre île court à la catastrophe sanitaire réelle.” Un appel au débat et à la réflexion afin de penser ensemble le système de santé mahorais de demain.

Public plus jeune, l’international : Zily s’inscrit dans une nouvelle ère

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La chanteuse Zily revient sur le devant de la scène avec son nouveau projet intitulé « Karibu Hangu » qui marquera certainement sa carrière. Sa chanson et son clip « Tsika » donnent le la en s’inscrivant dans un nouveau registre musical. L’objectif pour Zily est de viser un public plus jeune tout en s’exportant à l’international.

C’est un clip haut en couleurs que propose Zily. « Tsika » plonge pleinement les spectateurs dans la culture mahoraise. Tenues et danses traditionnelles, clin d’œil à Younoussa Bamana et à Zéna M’déré, ou encore paysages typiques mahorais… Zily fait découvrir l’île aux parfums sous toutes ses formes. Les paroles de la chanson « Tsika » sont tout aussi engagées puisque la chanteuse parle d’une tendre enfance durant laquelle Inter-net n’existait pas encore. « J’ai voulu raconter cette enfance joviale des années 80 que tous les Mahorais ont connu, la simplicité de la vie. Rappeler qu’on peut s’amuser simple-ment avec ce qui nous entoure, la vie n’est pas que sur les réseaux sociaux même si je n’ai rien contre », se souvient Zily. Dans son clip, on retrouve une ribambelle d’enfants qui jouent et qui dansent sans se soucier du monde qui les entoure. Si l’artiste se lance aussi dans quelques pas de danse, ce sont surtout ses tenues judicieusement choisies qui marquent les esprits de part leurs couleurs et leur extravagance, sans jamais oublier le rappel de Mayotte.

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Ce n’est certainement pas par hasard que toute l’équipe de Zily a décidé de sortir en premier la chanson Tsika. L’objectif ? Toucher un public plus jeune à travers une chanson plus dansante. Grande interprète de chants traditionnels, Zily s’aventure dans des sonorités différentes, mais il est hors de question pour elle d’oublier ses origines. « Je vise un public jeune et je ne pouvais pas continuer à ne faire que des chansons traditionnelles. J’essaye de changer de registre mais attention je n’arrête pas complètement les chansons traditionnelles. Je vais juste mieux structurer mon travail pour pouvoir tout proposer. Dans la chanson Tsika, on entend d’ailleurs les instruments du mbwi », précise la chanteuse, qui utilise des airs et des techniques vocales acquises avec les mamans.

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Connue et aimée dans son registre traditionnelle, cela n’a pas été facile pour Zily de franchir le pas et de changer d’univers musical. « Ça n’a pas été évident d’oser proposer autre chose, mais j’ai confiance en mon public et je pense que le message est très bien passé, même s’il est vrai que les fans étaient surpris parce qu’ils ne s’attendaient pas du tout à ça », affirme l’interprète, en activité depuis 2014.. Une appréhension rapidement dissipée après avoir pris conscience de tout l’engouement autour de sa chanson. En dix jours, le clip avoisine déjà les 190.000 vues.

 

Une carrière à l’international

 

Non seulement Zily vise un public plus jeune, mais elle souhaite également s’exporter à l’international. Tanzanie, Nigéria, Sénégal, États-Unis et bien plus… La chanteuse voit grand et rien ne l’arrête. « Aujourd’hui, si on peut écouter des chansons de tous ces pays à Mayotte alors je pense que là-bas aussi, ils peuvent écouter les nôtres et découvrir la langue mahoraise et notre culture », argumente-t-elle. Pour y arriver, elle n’a qu’une seule stratégie : le travail. Ainsi, elle a également décidé de s’entourer de professionnels, à l’instar du réalisateur et chorégraphe du clip, Karlos Da Silva, qui ont collaboré avec des artistes français adulés par le grand public. « J’ai élaboré ce projet avec un grand compositeur qui s’appelle Stillnass. Il a travaillé avec les grands comme Maitre Gims, Tayc, Say’z. J’ai voulu que ça soit lui parce qu’il est de la région et il a compris ma démarche », souligne Zily, surnommée La Diva.

Cette nouvelle ère lui permettra également de se professionnaliser. Car pour l’heure, elle ne vit pas pleinement de sa musique… La raison selon elle ? « Chez nous, les gens ne considèrent pas l’art comme un métier, parce que jusqu’à maintenant l’art est vu comme une normalité à Mayotte. Il est normal de danser et chanter dans notre culture. Mais je ne perds pas espoir parce qu’il y a un travail qui est fait et qui continue à être fait. Et je con-seille à tous ceux qui veulent s’engager dans la musique de ne pas se décourager. », martèle Zily, qui compte bien inverser la tendance dans un avenir proche malgré les difficultés propres au 101ème département.

Son message d’espoir s’adresse également à sa propre personne, elle qui a essuyé une polémique avant même la sortie de son dernier clip. En effet, la municipalité de Tsingoni, dont elle est originaire, a accordé une subvention de 24.000 euros à sa maison de disque pour son projet Karibu Hangu et certains ne l’ont pas vu d’un bon œil. « Je comprends parfaitement l’inquiétude des gens. Ils n’étaient pas informés, et personne ne m’a posé la question. Mais le maire de Tsingoni a tenu à nous accompagner dans mon projet parce que le clip Tsika met énormément en valeur la commune. Je le remercie pour ça et je souhaite que son équipe et lui continuent à accompagner beaucoup d’artistes, y compris moi avec mon projet », décrit Zily. Malgré la polémique, l’artiste a bon espoir d’être une nouvelle fois soutenue dans le futur car elle estime mettre en valeur Mayotte de manière générale et, Tsingoni en particulier.

Combani/Miréréni : décès d’un homme de 26 ans, dans une nouvelle escalade de violences

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Pris à partie par une bande d’individus, un jeune homme originaire des Comores est décédé ce samedi, dans un nouvel épisode de violences qui a aussi ciblé les lycéens et un contrôleur de bus. En réaction, les transporteurs scolaires ont déposé un droit de retrait, effectif dès ce lundi.

Le compteur s’affole. Entre Combani et Miréréni, la violence semble être montée d’un cran avec l’agression mortelle ce samedi d’un automobiliste. Prise à partie par une bande d’individus et poignardée, la victime, un homme d’une trentaine d’années originaire des Comores, a tenté de s’enfuir avant de succomber à ses blessures. “Peu de temps après ce premier acte, un lycéen puis un agent des transports scolaires ont été agressés, blessés et pris en charge par les services de secours”, a indiqué la préfecture en fin de journée.

Les faits se sont déroulés entre 4h et 6h du matin samedi, à l’heure où des élèves attendaient encore leur bus pour se rendre dans leurs établissements scolaires. “On peut dire qu’il y a un lien. Après avoir commis ce meurtre, les mêmes auteurs ont agressé les lycéens qui attendaient leur bus et le contrôleur qui était là à veiller sur les lieux”, rouspète Anli Djoumoi Siaka, le délégué Force ouvrière (FO) Transports. Face à l’agression de leur collègue, les transporteurs scolaires ont décidé de déposer un droit de retrait collectif illimité, qui commence dès ce lundi et doit se poursuivre jusqu’à la rentrée 2021-2022, le 23 août prochain. De quoi pousser les parents à “prendre leurs responsabilités”. “Ils devront emmener eux-mêmes leurs enfants, qui doivent pour certains passer des examens, à l’école. Ils sentiront ainsi nos souffrances quotidiennes sur le réseau”, ajoute le représentant syndical qui demande notamment que les auteurs de caillassages, les parents ou les élèves qui dégradent les bus soient identifiés et paient la facture.

 

Pas d’interpellation à ce stade

 

J’invite à la prudence sur le détail des faits puisque nous n’avons pas entendu de témoin direct et nous n’avons pas non plus interpellé les auteurs”, tempère toutefois le procureur de la République, Yann le Bris. “Il n’est pas exclu que les autres agressions soient liées mais il faut pour cela que les services de gendarmerie poursuivent leurs investigations.” À l’heure où nous écrivons ces lignes, les enquêteurs n’avaient entendu aucun témoin direct de l’agression mortelle de l’automobiliste. Aucun auteur n’a par ailleurs été interpellé. Le parquet confirme néanmoins l’âge de la victime, née en 1995, et son origine comorienne.

 

Sécurisation de la zone

 

A-t-elle été la cible d’un règlement de comptes ou s’est-elle simplement retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment ? Il reviendra à l’enquête d’apporter des réponses à ces questions. En attendant, cette zone “sensible” a fait l’objet d’un important dispositif de gendarmerie, à la fois pour “procéder aux investigations mais également pour sécuriser et pacifier les deux villages de Combani et Miréréni de manière à éviter que nous ayons à faire à de nouvelles violences ou représailles”, précise la gendarmerie qui invite “toute personne ayant des éléments à nous les communiquer et à ne pas s’enfermer dans le mutisme par crainte de représailles”. Dimanche, le calme semblait revenu dans la commune. Mais l’absence de bus dès ce matin risque bien de faire voler en éclat ce vernis si fragile…

Service fermé, démissions des professionnels de santé : la psychiatrie va mal à Mayotte

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* Photo d'illustration

La situation est arrivée à un point de non retour au centre hospitalier de Mayotte. Le service de psychiatrie ne tient plus qu’à un fil. Depuis plusieurs mois, les infirmiers en psychiatrie, les psychologues et les médecins psychiatres démissionnent un à un du CHM. Ils se sentent lésés et incompris par la direction de l’hôpital. Actuellement, il ne reste plus aucun psychiatre titulaire, une situation qui inquiète les infirmiers libéraux. Ces derniers qui suivent les patients à domicile, redoutent le pire.

« Le service de psychiatrie était l’un des plus dynamiques du CHM », regrette ce professionnel de santé qui a démissionné du centre hospitalier de Mayotte et qui a souhaité garder l’anonymat. Il se souvient avec amertume l’époque où le service psychiatrie tenait encore debout grâce à des médecins, des infirmiers et des psychologues. Depuis la fin du mois de mai, la réalité est différente au sein de l’établissement. Toute l’équipe qui assurait le service a démissionné, ne supportant plus le manque de considération de leur hiérarchie. La situation s’est dégradée petit à petit, pour arriver à un point de non retour et le mal ne date pas d’hier. « On a écrit et monté des projets pour faire de la santé communautaire, pour faire de la consultation pour les adolescents, ou encore un nouveau centre médico-psychologique (CMP) en Petite-Terre. L’ARS avait validé tous ces projets et en 2019, bizarrement au moment des recrutements le CHM n’a recruté personne », raconte le professionnel de santé. Les équipes qui avaient travaillé sur ces dossiers sont déçues, découragées et les infirmiers et psychologues commencent à partir petit à petit.

La crise sanitaire en 2020 a remué le couteau dans la plaie. Les médecins se voient obligés d’annuler toutes les consultations faites dans les différents CMP de l’île. « Les familles se sont retrouvées sans rien, ou bien obligées de venir à Mamoudzou donc on en a perdu beaucoup. Les infirmiers et psychologues ont été davantage déçus de ce qu’il se passait au CHM et ont continué à partir. Et aucun recrutement n’a été fait pour remplacer ces postes vacants », continue le démissionnaire. À ce moment-là, il reste encore les médecins psychiatres qui veulent y croire, mais lorsque les activités reprennent à l’hôpital, une grande partie du service psychiatrie reste fermée.

Les professionnels de santé ne comprennent pas cette décision et alertent leur direction. « C’est remonté jusqu’à l’agence régionale de santé, mais rien n’a été fait pour soutenir les équipes », assure notre interlocuteur. Petit à petit, l’hôpital se voit obligé de fermer certains services. « On a été très choqués que le CHM puisse valider la fermeture de quasi-ment un service entier, sans rien proposer, et sans communiquer. Suite à cela, les quatre derniers médecins qui restaient avec l’espoir que ça bouge, sont tous partis à la fin du mois de mai », déplore le professionnel. Les trois CMP éparpillés sur les quatre coins de l’île, et le service d’urgences psychiatriques ne sont plus en activité. Actuellement, seuls les quelques lits d’hospitalisation sont encore ouverts.

 

Une réserve sanitaire pour freiner l’hémorragie

 

Dans le numéro du Flash Infos du 3 juin, le directeur par intérim du centre hospitalier de Mayotte admettait à demi-mot la situation critique au sein de la structure de l’établissement. « En psychiatrie, il ne reste plus qu’une seule psychiatre pour assurer le service. On est, par conséquent, obligés de réduire la voilure sur cette offre de soins, à sa-voir la santé mentale, le temps de trouver de nouveaux professionnels », relatait alors Christophe Blanchard.

La direction a alors trouvé une alternative à court terme… « J’étais en ligne avec le directeur de l’établissement public de santé mentale de La Réunion pour savoir s’il pouvait nous envoyer en rotation des missionnaires sur des durées assez courtes. Idem avec les associations et les groupements en métropole », annonçait le responsable. Le CHM porte ses espoirs sur la réserve sanitaire qui vient pallier le manque de spécialistes psy. Leur présence permet de maintenir les lits d’hospitalisation, mais cette alternative est décriée par ceux qui ont travaillé au service psychiatrie pendant des années. « Quand la réserve sanitaire partira dans quelques semaines, je ne suis pas sûre que les lits d’hospitalisation puissent tenir », redoute le professionnel de santé.

 

Des conséquences désastreuses sur les patients

 

Le départ de tous les psychiatres du service hospitalier de Mayotte a des conséquences alarmantes sur les patients. La situation inquiète particulièrement les infirmiers libéraux qui s’occupent d’eux. « Le CHM n’a pas été capable d’anticiper les départs et on se dirige doucement vers une crise. Les gens schizophrènes vont se retrouver sans traitement, sans suivi, alors que ce sont des personnes difficiles à traiter parce qu’elles sont constamment dans le refus », redoute Jean Meunier, infirmier libéral. Les personnes atteintes de maladies psy doivent suivre des traitements parfois lourds, et les ordonnances ne peuvent être délivrées que par un psychiatre.

Pour le moment, les médecins qui ont démissionné ont pris la précaution d’en prescrire pour les six prochains mois, mais cette solution n’est pas vue d’un bon œil par les infirmiers libéraux. « L’état de santé d’un patient psychiatrique peut varier du jour au lendemain. Les ordonnances ne sont jamais définitives. Les infirmiers doivent signaler la nécessité de réajuster le traitement au médecin psychiatre et c’est ce dernier qui modifie l’ordonnance. Aujourd’hui, ça ne peut plus se faire », explique Ismael El Habib, représentant des infirmiers libéraux de Mayotte à l’Union régionale des professionnels de santé (URPS).

Par conséquent, qu’importe l’état d’amélioration ou d’aggravation du patient, il continuera à avoir le même dosage. « J’ai déjà des retours de collègues qui disent que la situation commence à s’aggraver, il y a des patients qui décompensent et ils n’ont aucun recours pour les retenir chimiquement (traitement médicamenteux). Ces patients vont empirer, certains deviennent agressifs. Ça peut péter à tout moment », prévient Ismael El Habib. Les infirmiers ont des limites, ces malades et leurs familles se retrouvent donc livrés à eux-mêmes. Sans traitement adapté ou en l’absence totale de médicaments, ils deviennent dangereux et les effets secondaires peuvent être désastreux. « Ma principale crainte c’est que ces gens retournent à nouveau à leurs béquilles artificielles qui sont les drogues et l’alcool et cela va entraîner des aggravations sévères de leur état avec des passages à l’acte violents », appréhende Jean Meunier. L’heure est grave, la psychiatrie à Mayotte est en décompensation et a besoin de psys.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes