Il aura fallu prendre son mal en patience, mais la délégation territoriale de la Croix Rouge française à Mayotte bénéficie d’un siège flambant neuf à Passamaïnty. Une inauguration réalisée ce lundi 28 juin 2021 en présence du directeur général, Jean-Christophe Combe, qui a rappelé les principes et les valeurs de l’association fondée par Henry Dunant. Avec cette nouvelle maison, la Croix Rouge ouvre une nouvelle page de son histoire, sur un territoire où les missions ne manquent pas.
« On n’a pas fait les choses à moitié ! » Dans le brouhaha des mbiwis, toutes les voix sont unanimes à quelques secondes de dévoiler officiellement la plaque du nouveau siège de la Croix Rouge française à Passamaïnty, situé à proximité du lotissement Les Palétuviers. Un projet débuté il y a une décennie qui voit enfin le jour après deux ans de travaux. Dans l’euphorie du rendez-vous, des dizaines de bénévoles s’adonnent même à plusieurs déhanchés au passage du directeur général de l’association, Jean-Christophe Combe, venu spécialement sur le territoire pour l’inauguration. Reconnaissable de loin, de par sa couleur caractéristique, cette « maison » construite sur le principe de l’unité accueille désormais l’ensemble des directions des différents pôles. « Chacun dans nos responsabilités a le devoir de protéger cet emblème, ses principes et ses valeurs », rappelle l’invité du jour, sans oublier de mentionner l’acte fondateur d’Henry Dunant lors de la bataille de Solférino le 24 juin 1859. « Le grand public viendra toujours frapper à [notre] porte, il faudra continuer à l’accompagner et à l’orienter. »
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« Nous faisons partie de l’écosystème »
Présente depuis une vingtaine d’années, la délégation territoriale se positionne depuis comme un acteur incontournable sur le 101ème département. Comme en témoignent son implication au cours de la crise sanitaire avec le centre de dépistage, sans lequel « 15.000 passagers n’auraient pas pu voyager depuis janvier », le dispositif de vaccination alors que le variant Delta est aux portes de Mayotte, le programme de prévention santé (accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement) et la distribution des bons alimentaires d’urgence. « Nous faisons partie de l’écosystème et il faut le cultiver », se réjouit celui qui est en poste depuis 2017. Mais aussi et surtout, la structure locale ne cesse de croître et comptabilise aujourd’hui plus de cent salariés et quelque 300 bénévoles. « Que nous soyons fiers collectivement du travail qui a été fait. De mémoire de Mahorais, nous n’avons jamais vu autant la Croix Rouge auprès de la population », se félicite Jean-Christophe Combe, convaincu de devoir « assurer la résilience des individus et des collectifs vers un retour à l’autonomie » et « tendre la main à celui qui en a besoin pour lui rendre sa dignité ». En clair, cela ne se résume pas seulement à « nourrir les gens » et à « leur donner accès à la santé ».
Peu importe les animosités des uns et des autres, notamment à l’égard des populations en situation irrégulière, le directeur général persiste et signe. « Nous ne regardons pas la nationalité et la situation administrative. Même si cela peut poser question, nos actions parlent d’elles-mêmes. Nous sommes pleinement implantés », indique-t-il en guise de réponse à ses détracteurs. Avant d’ajouter : « Le procès fait à la Croix Rouge est injuste, c’est méconnaître nos activités ! » Preuve en est avec le doublement des capacité du service de soins infirmiers à domicile dans le but de couvrir l’ensemble du territoire et l’accompagnement des personnes âgées et en situation de handicap. « Nous sommes sur tous les fronts et nous aidons tout le monde. C’est notre raison d’être et d’agir. » Voilà qui est dit.
« La Croix Rouge, c’est vous ! »
Pour « probablement » sa dernière apparition publique à Mayotte, le préfet Jean-François Colombet ne cache pas non plus sa joie de côtoyer « les plus hauts dignitaires de la Croix Rouge », à l’instar de Françoise Fromageau, la vice-présidente de la Fondation, ou encore Gaëlle Nerbard, la directrice nationale Outre-mer. Un contingent réuni durant quatre jours pour structurer et professionnaliser encore davantage l’association. « Cette maison aussi belle fut-elle reste du béton, du plastique et de l’acier, et les salariés et les bénévoles vont lui donner une âme. […] La Croix Rouge, c’est vous ! », conclut-il, comme pour remercier une dernière fois de vive voix l’engagement et la détermination des Mahoraises et des Mahorais qui se plient en quatre pour faire avancer leur île.
Ce lundi 28 juin, le conseil départemental en lien avec le rectorat de Mayotte a remis 85 ordinateurs portables au collège Ouvoimoja de Passamaïnty.
Au lendemain du terme de la période électorale qui a attiré tous les regards durant plus d’un mois, le conseil départemental réalise enfin sa promesse de 2015 avec l’équipement numérique des collèges de Passamaïnty et de Kwalé ! Au total, pas moins 154 ordinateurs portables seront répartis entre les deux enceintes scolaires. Le tout pour un budget global de 115.000 euros. “Bientôt, tous les collèges de Mayotte recevront des ordinateurs portables afin de lutter contre la fracture numérique sur le territoire”, précise Mohamed Sidi, vice-président sortant de la collectivité, qui n’a pas hésité à donner de sa personne lors de l’allumage des machines.
“Favoriser l’apprentissage des élèves”
De leur côté, Véronique Fabre et Benjamin Lazar-Peillon, les chefs d’établissements de Passamaïnty et de Kwalé se félicitent de l’apport de ces nouveaux outils de travail à destination des élèves. « Les ordinateurs portables vont permettre de favoriser les apprentissages des élèves. De plus, l’avantage de ces appareils est qu’ils ne nécessitent pas de salle spécifique pour être utilisés. Les professeurs d’anglais, d’arts plastiques ou toute autre matière pourront les emprunter et travailler avec leurs élèves sur des supports numériques”, confient-ils, ravis de cette opportunité, aussi bien pour les collégiens que pour les enseignants. D’ores et déjà configurés, les ordinateurs pourront officiellement être mis en service dès la rentrée prochaine.
Dans l’attente de la fibre optique
Les quelques élèves en classe de troisième présents pour cette remise regrettent quant à eux de ne pas pouvoir les utiliser. Il faut dire que les appareils flambants neufs, bien au chaud dans leur malle, qui sert à la fois de rangement et de base de chargement, font envie. Le corps enseignant espère pour sa part que les élèves sauront prendre soin de ce matériel informatique fragile.
En plus de l’équipement des 18 collèges de Mayotte en ordinateurs portable, le Département prévoit le déploiement de la fibre optique dans les établissements. Au total 57 sites, dont les collèges et lycées de l’île, devraient être reliés à la fibre d’ici fin 2022. Une nouvelle manière de faciliter l’inclusion numérique des quelques 100.000 élèves sur le territoire, qui ont pour certains d’entre eux connu des difficultés de continuité pédagogique lors des deux confinements.
Devenu directeur d’une nouvelle structure expérimentale en faveur de l’insertion des personnes en situation de handicap, Soumaïla-Soula M’Madi a été décoré ce lundi pour son combat pendant la crise sanitaire, en tant que responsable du CCAS de Tsingoni. Une lutte qui n’aura pas été de tout repos pour lui…
La médaille à peine épinglée sur son veston bleu nuit, une ribambelle de colliers de fleurs s’enroulent autour du cou de Soumaïla-Soula M’Madi, sous les rires et les exclamations de ses proches. “On tient notre nouveau président du conseil départemental !”, s’amuse-t-on dans la foule pressée autour de lui. S’il n’est pas (encore ?) élu à la tête de l’Hémicycle, le principal intéressé incline malgré tout la tête avec une grâce modeste. Avant de commencer son discours, tout juste visible sous sa pile de jasmin. “Quand j’ai reçu le texto de mon directeur général, je ne suis pas tombé du canapé, mais presque…”, souffle le nouveau Chevalier avec une émotion palpable.
Depuis son éviction du centre communal d’action sociale de Tsingoni en septembre 2020, celui qui est aujourd’hui directeur de la PPRAP, une plateforme pour l’insertion des personnes en situation de handicap, est en tout cas plutôt bien retombé sur ses pattes. Tellement bien, qu’il recevait ce lundi la médaille de l’Ordre national du mérite, deuxième ordre national après la Légion d’honneur. “Votre parcours est celui d’un honnête homme au sens des Lumières, mais aussi d’un homme honnête”, salue la directrice de l’agence régionale de santé Dominique Voynet, qui lui remettait l’insigne. Une décoration décernée, selon les mots de l’ancienne ministre, pour “ces qualités humaines que l’on ne retrouve pas souvent : l’exigence morale, l’intégrité, le refus des petits arrangements qui travaillent la conscience pendant longtemps, ces défauts qui ruinent la confiance dans la démocratie”.
De la psychologie du travail au CCAS
Parti étudier la psychologie du travail en métropole, Soumaïla Soula M’Madi a d’abord rempli les fonctions de chef de projet pour la politique de la ville de Tsingoni, avant de devenir directeur du CCAS. Un poste qu’il occupait encore l’année dernière, en pleine période de crise sanitaire et de confinement. “Pendant la crise du Covid, j’ai vu de près des hommes et des femmes sortir de leur zone de confort, apprendre de nouveaux métiers, aller au contact des concitoyens pour leur donner des protections, des tests, les sensibiliser aux gestes barrières et répondre aux difficultés énormes d’une partie de la population de Mayotte”, poursuit Dominique Voynet.
Sur le front à Miréréni pour venir en aide aux familles précaires éprouvées par la crise, Soumaïla Soula M’Madi fait partie de ces soldats de la première ligne. Le responsable du CCAS avait mené un combat acharné pour fournir les fameux bons alimentaires, qui avaient fait couler beaucoup d’encre à quelques mois des élections municipales de 2020… “J’ai apprécié l’action de Monsieur Soula, pour leur permettre d’accéder aux aides alimentaires sans passe droit. Un comportement aussi droit conduit à prendre des risques professionnels et personnels”, ajoute la directrice de l’ARS, dans une référence à peine dissimulée à sa démission forcée du CCAS, sur fond de tension avec l’équipe municipale.
Une “reconnaissance nationale”
Un combat qui lui aura finalement été bénéfique. Depuis la fin de l’année dernière, le père de famille s’est vu confier une nouvelle mission, en tant que directeur de la PPRAP. Ce dispositif expérimental sur trois ans, affilié à la fédération APAJH (l’association pour adultes et jeunes handicapés), propose une nouvelle offre de formation à destination des personnes en situation de handicap, pour les accompagner vers l’emploi et l’insertion sociale. Surtout, sa “haute idée de l’intérêt public, de la nécessité de répondre aux besoins des plus précaires et des laissés pour compte”, lui auront valu une “reconnaissance nationale”, avec l’annonce officielle de sa nomination au titre de chevalier de l’Ordre national du mérite. “Ma deuxième grande surprise, cela a été quand j’ai su que la proposition venait de vous”, lance-t-il avec un regard plein de gratitude en direction de la responsable de l’autorité sanitaire. Aujourd’hui, Soumaïla M’Madi Soula entend bien poursuivre son combat avec ce “nouveau cheval de bataille, le handicap”. Et ainsi continuer d’œuvrer pour “une société plus juste, solidaire, inclusive et laïque”.
Les sapeurs-pompiers de la caserne de Kawéni ont une nouvelle fois été victimes d’une agression dans la nuit du 24 au 25 juin. Ils n’ont pas été blessés physiquement, mais sont très choqués. L’un des agresseurs a été présenté devant le juge en comparution immédiate ce lundi, mais l’audience n’a pas pu se tenir, faute d’identité. De son côté, le SDIS multiplie les mesures pour garantir la sécurité des pompiers.
Tout commence avec un appel d’une dame sur le point d’accoucher. Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, trois sapeurs-pompiers de Kawéni embarquent dans une voiture pour la récupérer et l’emmener à l’hôpital. Mais arrivés à l’arrêt de bus de Vahibé, ils tombent sur un barrage. « Ils se sont arrêtés pour analyser la situation, et soudainement, des individus sont sortis de nulle part avec des machettes et des pierres et ont attaqué le véhicule ainsi que mes collègues », relate Ahmed Allaoui Abdoul Karim, président du syndicat SNSPP-PATS 976. Les soldats du feu n’ont pas d’autre choix que de forcer le barrage et de prendre la fuite. Ils se réfugient alors dans la caserne de Kahani et n’ont plus la force ni le courage de secourir la dame qui les avait initialement appelés. « On pense qu’il s’agissait d’un guet-apens planifié pour agresser les agents », soutient le syndicaliste.
Les pompiers agressés ne sont pas blessés physiquement, mais le traumatisme psychologique est bien présent. Les trois sont en arrêt maladie « jusqu’à ce qu’ils se sentent prêts à reprendre le travail », indique le représentant qui porte leur voix. Prenant très au sérieux la situation, leur direction accompagne les victimes dans leur processus de guérison. « Toute la chaîne de commandement s’est mobilisée. Le directeur a vu les agents, et ils ont été examinés par le médecin du SDIS qui a indiqué que des psychologues seront mis à leur disposition s’ils ont besoin de soutien psychologique », indique Ahmed Allaoui Abdoul Karim.
Comparution immédiate d’un des agresseurs
L’un des auteurs présumés de l’agression des pompiers a rapidement été identifié et mis en garde à vue. Le procureur de la République a demandé une comparution immédiate ce lundi 28 juin. « Nous saluons la rapidité de la justice qui a fait son travail. J’espère qu’avec ce jugement les délinquants comprendront l’importance des pompiers. Nous sommes là pour la population de Mayotte et non pas pour se faire agresser », déclare le président de SNSPP-PATS 976. Mais quelle n’a pas été sa surprise lorsque sur le banc des accusés, un seul jeune homme était présent. « Il n’y avait que lui, je trouve cela dommage parce que le soir de l’agression, ils étaient une dizaine. La justice doit l’obliger à dénoncer les autres », insiste Ahmed Allaoui Abdoul Karim.
Problème : le tribunal doit avant tout vérifier l’identité exacte du prévenu… qui semble jouer des tours à tout le monde. Lors de l’audience, le seul suspect a donné plusieurs dates de naissance, semant le trouble sur son identité. Les magistrats ont eu beau essayer de retrouver son acte de naissance pendant toute l’après-midi, impossible de mettre la main dessus ! Résultat, le procès n’a pas pu avoir lieu… La mairie de Mamoudzou aurait été sollicitée pour le délivrer. En attendant, l’avocat du jeune homme a demandé un renvoi du procès. Ce manque de précision n’est pas le seul élément qui intrigue. L’adolescent ne coche pas vraiment les cases du délinquant type, tel que dépeint à l’envi par l’opinion publique à Mayotte. « Il s’agit d’un jeune français qui a des parents bien insérés. Son père est d’ailleurs policier municipal », indique Ahmed Allaoui Abdoul Karim.
Choux blanc, donc, pour les pompiers qui avaient fait le déplacement jusqu’au tribunal afin d’assister à la comparution immédiate. Déçus, les soldats du feu ne perdent toutefois pas espoir. Le jugement aura lieu tôt ou tard et toute la profession espère qu’il sera dissuasif pour d’éventuels futurs malfrats. Autre revendication : faire payer les dégâts causés et obliger à dédommager les victimes pour chaque agresseur reconnu coupable. « Ces agressions provoquent aussi des pertes financières. Les victimes sont arrêtées, il faut donc les remplacer, et il faut aussi réparer la voiture endommagée. Tout cela coûte de l’argent aux contribuables », argue Ahmed Allaoui Abdoul Karim. Encore faudrait-il que les coupables aient les sommes demandées en poche !
De nouvelles mesures de sécurité
Face à l’intensification des agressions perpétrées sur les sapeurs-pompiers ces dernières années, les agents ont maintes fois été en grève pour réclamer un renforcement de leur sécurité. Une mobilisation qui avait conduit au départ l’ancien directeur du SDIS, le colonel Fabrice Terrien. Le dialogue et la bonne entente semblent être rétablis avec son successeur, le lieutenant-colonel Olivier Neis. La direction est en train d’effectuer des changements pour optimiser la sécurité des pompiers. « Le directeur a pris la décision d’acheter des caméras piétons. Les agents l’accrocheront sur la poitrine et dès que la situation risque d’être tendue, ils peuvent l’activer. Cela permettra d’identifier les agresseurs », explique Ahmed Allaoui Abdoul Karim. Les vitres des véhicules sont également protégées. Afin d’anticiper les futurs caillassages, elles ont été plastifiées avec du papier film pour éviter qu’elles ne se brisent.
Une autre mesure est en discussion entre le directeur du SDIS et les syndicats des pompiers. Ces derniers ont proposé de ne plus intervenir sur « certaines zones difficiles à partir d’une certaine heure ». « Notre direction a pris l’engagement d’appliquer cette mesure. Nous sommes conscients qu’il s’agit d’une décision lourde de conséquences parce que c’est la population qui va en pâtir, mais nous ne pouvons pas risquer la vie des sapeurs-pompiers », justifie le président de SNSPP-PATS 976. Pour le moment, les zones à risque et l’heure limite d’intervention n’ont pas été définies. Mais le représentant syndicaliste se dit « très satisfait » de la nouvelle politique de la direction du SDIS qui cherche par tous les moyens à protéger ses soldats. Un discours totalement à l’opposé de celui qu’il tenait pendant son bras de fer avec le colonel Terrien…
Ce dimanche, les électeurs étaient à nouveau appelés pour départager les candidats restants et composer le futur visage du conseil départemental. Mais alors que les élus sortants ont accusé de nombreuses défaites, et que le parti de l’actuel président Soibahadine Ibrahim Ramadani n’a obtenu que deux cantons, l’heure pourrait bien être au changement.
Ils sont près de 60% des électeurs à avoir pris le chemin des urnes ce dimanche. À 17h, environ une heure avant la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation enregistré était de 56,63% des voix, contre 54,12% en 2015. Une preuve supplémentaire de l’intérêt que porte la population de Mayotte pour ce scrutin qui doit élire les nouveaux représentants du conseil départemental, pour les six prochaines années. A contrario, au niveau national, les Français ont continué à bouder les urnes, avec une abstention de 65,7% confirmant la tendance du premier tour (66,72%).
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Si cette élection suscite un tel attrait à Mayotte, c’est aussi parce qu’elle doit rebattre les cartes après la mandature (à majorité Les Républicains) de Soibahadine Ibrahim Ramadani, l’actuel président du conseil départemental qui a confirmé son choix de ne pas se représenter. Ouvrant alors la porte à de nouvelles ambitions… Daniel Zaïdani, l’ancien président de la collectivité et actuel candidat de Pamandzi, Issa Issa Abdou, le vice-président en charge de l’action sociale, candidat à Dembéni, et bien sûr Mansour Kamardine, le député et candidat de Sada, tous ont manifesté leur intérêt pour prendre la tête de la collectivité. Dimanche soir, les regards se sont donc tournés tout particulièrement vers ces cantons stratégiques. Avec quelques surprises à la clé.
La claque pour Les Républicains
Non sans embûches, Mansour Kamardine et sa binôme Tahamida Ibrahim ont remporté la partie à Sada avec 50,26% des voix. Mais la course n’est pas finie pour autant, et si le parlementaire espère en effet devenir président, encore faudra-t-il réunir une majorité derrière lui… Et c’est là que le bât blesse, car mis à part à Sada et Mtsamboro, Les Républicains n’ont pas fait de percée significative. Avec ces deux cantons, ils totalisent quatre petits sièges, sur les 26 à pourvoir ! Pour transformer l’essai, il leur faudra se rapprocher des autres formations politiques dans les jours à venir, avant l’élection jeudi.
Plus surprenant encore, aucune des têtes d’affiche LR n’a gagné le cœur des électeurs dans les trois cantons de Mamoudzou, malgré des duels parfois serrés. Comme dans le canton de Mamoudzou 1 où la tendance n’a eu de cesse de s’inverser pendant cette soirée électorale sous tension : finalement, ce sont bien El Anrif Hassani et Farianti M’Dallah qui sortent vainqueurs avec 53,60% des voix contre le binôme LR de Hassana Ahmed Houmadi et Said Mlimi Malidi (46,40%). À Mamoudzou 2, Elyassir Manfourou et sa binôme Laina Abdallah Boina (MDM) ont coiffé au poteau les candidats LR Zaidou Tavanday et Zakia Mambo, avec 50,99% des voix contre 49,01%, inversant ainsi la tendance du premier tour. Et à Mamoudzou 3, Hélène Pollozec et Sidi Nadjayedine, du parti Le Rassemblement, soutenus par l’ancien maire de la commune chef-lieu Mohamed Majani, ont eux confirmé leur victoire et évincé définitivement le duo Saoudat Abdou et Ali Debré Combo, élu sortant de l’actuelle mandature.
Daniel Zaïdani revient en force
Côté têtes d’affiche, l’on notera aussi la défaite d’Issa Issa Abdou à Dembéni, malgré, faut-il le rappeler, une intense campagne de terrain pour promouvoir son bilan en termes d’action sociale avec notamment le chantier des PMI… Le vice-président sortant termine la course avec 49,08% des suffrages, contre les 50,92% obtenus par ses concurrents, Zamimou Ahamadi et Madi Velou, de tendance droite. Un score significatif qui illustre le dégagisme souhaité par les électeurs, qui n’ont accordé leur grâce qu’à un seul élu de l’actuelle majorité, à savoir Ben Issa Ousséni, vice-président en charge des finances, qui est sorti premier avec 41,79% des voix dans la seul triangulaire de ce second tour. Enfin, à Pamandzi, Daniel Zaïdani a confirmé l’élan de dimanche dernier, en raflant avec sa binôme Soihirat El Hadad les 54,08% de la victoire. De quoi opérer un changement dans le paysage politique de Mayotte ? Réponse jeudi prochain.
Le jardin botanique de Coconi accueillait samedi 26 juin la fête de la nature. Un événement organisé par la fédération Mayotte Nature Environnement à travers le réseau éducation à l’énvironnement et au développement durable 976 (EEDD).
Stands, ateliers et jeux en tout genre, bienvenue à la fête de la nature ! Petits et grands ont pu profiter samedi dernier des activités proposées au jardin botanique de Coconi. Sous les arbres, dans un havre de paix, les acteurs environnementaux de l’île ont présenté leurs actions mais aussi sensibilisé les visiteurs à la protection de la nature.
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Pour l’occasion, le groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) s’était armé de ses meilleurs outils pédagogiques pour intéresser les enfants à l’ornithologie. L’association concentre tout au long de l’année ses actions sur trois pôles : l’étude des oiseaux, leur protection et la sensibilisation. Samedi, celle-ci avait mis à disposition des curieux un stand d’observation des oiseaux à l’aide de jumelles, un atelier origami pour apprendre à façonner son volatile préféré à l’aide de papier, des puzzles et un jeu de mémory.
Artisanat et patrimoine
L’association économique, sociale et solidaire Kaja Kaona, créée en 2017, a quant à elle présenté le travail de ses jeunes volontaires. Ces derniers confectionnent à partir de noix de coco des objets en tout genre. Un travail minutieux que leur enseigne Abdillah, membre fondateur de l’association, “Nous réalisons toutes nos pièces entièrement à la main. Il faut d’abord trancher les noix de coco en deux à l’aide d’une scie puis choisir les motifs que nous voulons sculpter”, explique-t-il. Lors de la fête de la nature, le grand public a pu découvrir le travail de la coco dont les fibres sont utilisées pour créer des sommiers et les noix, des verres, des gobelets ou des tasses.
Réflexion et débat autour de la nature
Afin de sensibiliser les plus jeunes aux espaces naturels, l’office national des forêts a proposé aux enfants de créer une carte postale représentant leur vision de la forêt. Feuilles, terre, sable ou encore bouts de bois, les bambins ont collé selon leurs envies les éléments sur une carte afin de modéliser cet environnement telle qu’ils l’imaginent. Plus loin, le stand de l’association Horizon avait mis en place des ateliers de débat sur les thématiques de l’eau, la déforestation, la biodiversité, mais aussi la santé. Chacun pouvait écrire ou dessiner sur des feuilles libres leurs propositions afin de limiter la pollution des milieux naturels sur l’île aux parfums. Une journée chargée en découvertes, dans le calme et la quiétude du jardin botanique de Coconi.
Ce vendredi 25 juin, la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS) et le régime du service militaire adapté (RSMA) ont signé deux conventions de partenariat dans le but de faciliter l’insertion professionnelle et la création d’entreprises sociales sur le territoire. De quoi offrir de nouvelles perspectives aux 750 volontaires qui intègrent chaque année le détachement mahorais.
Vendredi 25 juin, 10h. Pas de levée du drapeau ou de chant au pas de course au régime du service militaire adapté (RSMA) de Combani, mais une signature de conventions avec la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire. L’objectif des griffes du jour ? « Accompagner le départ de nos volontaires vers l’entreprise », affirme le lieutenant-colonel, Pierre-Louis Dubois, qui voit défiler chaque année 600 stagiaires entre six et dix mois et 150 techniciens pour une période d’un an, renouvelable trois fois.
Si le cadre du détachement leur permet de côtoyer « le vernis militaire », l’idée est surtout de leur offrir une expérience professionnelle dans des secteurs d’activités aussi riches que variés, tels que le BTP, l’aide à la personne, la restauration ou encore la mécanique. Avant « qu’ils ne prennent leur envol dans la vie active », insiste l’adjoint-chef, Patricia Lallemand. « Quand ils arrivent ici, ils sont souvent perdus. » Et visiblement, le concept paie puisque 83% des jeunes sortis du RSMA en 2020 ont trouvé un emploi ou ont repris leurs études. Un motif de satisfaction pour le chef de corps.
Fanya Lab et clauses sociales
Alors pour aller encore plus loin, le renouvellement de ce partenariat paraphé pour la première fois en juin 2019 a pour ambition de faciliter toujours plus l’insertion professionnelle et la création d’entreprises sociales. Comment ? Avec des clauses sociales dans les marchés publics via le dispositif ASR (achat socialement responsable) et avec un accompagnement personnalisé via le Fanya Lab (accélérateur de l’économie sociale et solidaire et de l’innovation sociale). Ainsi, l’association s’engage à proposer des sessions collectives de six mois – les jeudis et vendredis matins – aux bénéficiaires qui ont des projets relevant de l’ESS dans la création de leur entreprise. « La prochaine doit commencer en septembre », indique Roukia Lahadj, la trésorière de la CRESS de Mayotte.
À titre d’exemple, « une esthéticienne passée par le RSMA pour réaliser sa formation s’installe aujourd’hui à Combani », informe l’ancienne maire de Chirongui. De quoi donner le sourire et le sentiment du devoir accompli au lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois. « Nous aussi on entreprend pour Mayotte », lance-t-il en guise de réponse. Une belle manière de « montrer qu’ils peuvent réaliser leur projet et leur concrétisation ». Et c’est par le désormais traditionnel « check » de poings que les deux signataires scellent leur collaboration à destination des volontaires, diplômés ou non et éloignés de l’emploi.
L’ASR et le Fanya Lab en quelques chiffres
Depuis le création du dispositif ASR (achat socialement responsable) en octobre 2016, ce sont 110 marchés publics ayant intégré une clause sociale, 341.442 heures d’insertion générées par les clauses sociales, soit 188 équivalents temps plein travaillés, 46 personnes insérées, 7 marchés réservés à des SIAE (structures d’insertion par l’activité économique) et 17 acheteurs publics associés à la démarche.
Depuis la naissance du Fanya Lab en juillet 2019, ce sont 96 porteurs de projets qui ont été accompagnés dans leurs démarches de création, consolidation et/ou développement d’entreprises de l’économie sociale et solidaire. Impact emploi de l’accompagnement : 244, dont 88 emplois créés et 156 emplois pérennisés.
La cité éducative de Kaweni a organisé un concours de logos pour trouver celui qui la représentera. Le grand gagnant a été dévoilé vendredi au collège K1 lors de la re-mise des prix. Son dessin qui symbolise la paix et la réussite s’est démarqué de la soixantaine de participants qui font tous partie du dispositif.
Il s’appelle Nayil Sidi et c’est un lycéen âgé de 17 ans. Cet adolescent est le grand gagnant du concours des logos organisé par la cité éducative de Kaweni. « Je savais qu’il y aurait beaucoup de participants alors je ne pensais pas du tout gagner », déclare le garçon très timide en tenant fièrement son certificat. Une soixantaine de jeunes ont pris part au concours organisé par la cité éducative de Kaweni. Elle a été labellisée à la fin de l’année 2019 et a lancé la compétition à la rentrée scolaire 2020 pour une raison bien précise. « Il existe un logo national qui représente un enfant avec les couleurs bleu blanc rouge, mais nous voulions aussi que nos jeunes puissent s’approprier la cité éducative. Qu’ils y prennent pleinement leur place et que leurs idées soient prises en compte », ex-plique Cyrielle Randrianarivony, coordinatrice du dispositif au rectorat.
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Douze finalistes ont été sélectionnés par le jury composé de représentants de la mairie de Mamoudzou, de la préfecture et de l’académie de Mayotte, les trois institutions signataires de la convention liée à la cité éducative. Les jeunes ont pu représenter leur vision de l’éducation et de la réussite et quelques symboles sont récurrents dans les dessins. « Nous voyons beaucoup de livres, beaucoup d’ordinateurs mais également du partage et des signes de paix. Ce qui nous a vraiment touché quand nous avons vu le logo du gagnant, c’est cette colombe qui distribue des livres, apportant la paix à Kaweni », indique Cyrielle Randrianarivony.
Des garçons passionnés par le dessin
Nayil Sidi a été désigné comme le grand gagnant du concours des logos, mais il n’a pas été le seul à faire le dessin choisi. Il s’agit en réalité d’un travail en groupe effectué par certains jeunes de l’association Coup de Pouce. Participer à ce concours était comme une évidence pour eux. « Nous avons voulu donner une autre image de Kaweni. Lorsque nous [en] parlons, c’est toujours de manière négative, et aujourd’hui nous voulons que cela change », raconte Salim Hafif, l’un des jeunes. Cette compétition leur permet également de dévoiler leur talent à un public plus large. « Je me suis dit que c’est une occasion de participer à quelque chose de grand, et par la même occasion de faire connaître notre art », précise-t-il, avec une pointe de fierté.
Preuve en est, le groupe d’amis a proposé non pas un mais trois logos et tous faisaient partie des finalistes. Ces adolescents de l’association Coup de pouce sont animés par leur passion pour le dessin. Pour dire : leurs yeux brillent lorsqu’ils en parlent. « Pour moi, dessiner est une manière de m’exprimer. Nous pouvons dire tout ce que nous ressentons dans le dessin », affirme Nayil Sidi. Les jeunes dessinateurs souhaitent aller encore plus loin et envisagent de réaliser une bande dessinée.
La cité éducative à la rescousse des jeunes
La cité éducative de Kaweni est la première de l’île. Le dispositif a été mis en place par différents ministères du gouvernement, notamment celui de l’Éducation nationale et celui de la Cohésion sociale. Lors de ses débuts en 2019, sur tout le territoire national, 80 cités éducatives ont été sectionnées et labellisées par le gouvernement et celle de Kaweni était dans le lot. Elle prend en charge des jeunes âgés de 3 à 25 ans pour « améliorer les conditions d’études », selon le recteur Gilles Halbout. Plus de 9.000 élèves scolarisés dans le secteur de Kaweni en font partie. « Nous avons un beau campus, et cette concentration de jeunes est une chance. Vous allez travailler collectivement et mener des projets d’envergure », continue Gille Halbout en s’adressant à la dizaine de finalistes du concours des logos lors de la remise des prix.
La cité éducative a trois grands objectifs : celle de conforter le rôle de l’école, de promouvoir la continuité éducative et d’ouvrir les champs des possibles. En 2020, à Kaweni, 19 actions ont été réalisées en ce sens, et pour cette année, 35 ont été déposées. La cité éducative de Kaweni ne s’occupe que des jeunes du même secteur, mais une nouvelle vague de labellisation a récemment été faite par le gouvernement. Dzoumogné comptera très prochainement elle aussi une cité éducative. « Ce ne sont pas toutes les académies qui ont la chance d’avoir deux cités éducatives », rappelle le recteur. Une belle opportunité donc pour ces jeunes qui en bénéficient, il ne reste plus qu’à espérer qu’elle porte ses fruits.
Djounaid Abdourraquib, plus connu sous le nom de scène de Démo, célèbre ce samedi au restaurant-bar musical Le Voulé une grande partie de sa vie, entourée d’une vingtaine de musiciens. Une carrière d’artiste longue de 40 ans qui pourrait en faire pâlir plus d’un. Mais l’idée avant tout de cet événement consiste à définitivement oublier les conséquences de la crise sanitaire sur la culture et à retrouver le public pour faire une belle fête.
Sourire malicieux, Démo dégage un charisme rare. Une sympathie contagieuse. Et un talent évident. Âgé de 60 ans depuis ce jeudi, l’artiste traîne derrière lui une carrière de musicien longue de 40 ans. Alors, au moment de regarder dans le rétroviseur, Djounaid Abdourraquib se la joue pensif, un poil marqué par l’émotion. Ses premiers pas dans le milieu, il les partage avec son grand-frère et ses cousins. Mais le véritable top départ de cette folle aventure sonne lorsqu’il rejoint l’école Folk Comores Océan à Moroni, avec son pote de toujours, Maalesh. Sous la houlette de son mentor Abu Chihabi. « On avait 14-15 ans », rembobine le natif de M’Tsapéré, qui n’a lui aussi jamais cessé de transmettre son savoir à qui le veut, « sans contrepartie financière ». À l’instar de M’Toro Chamou, « que j’ai envoyé sur scène », ou encore de Alpha Dini.
Quarante années marquées par « le folk inspiré du folklore des îles ». De retour à Mayotte en 1980, il fonde son groupe « Démo Music », avec qui il enchaîne les shows jusqu’en 1995. « Depuis cette année-là, je fais cavalier seul », s’amuse-t-il aujourd’hui. Pas rancunier pour un sou, fidèle en amitié, Djounaid Abdourraquib ne retient que le positif. Et notamment ses deux albums : l’un sorti en 1999, l’autre en 2016. « Le premier, Kiyasi Ivo, qui veut dire Ras-le-bol, est mon plus beau souvenir », clame-t-il, sans une once d’hésitation. Sans oublier ses tournées aux Comores à ses débuts, à La Réunion, aux Seychelles et dans quelques villes de France. Mais aussi et surtout son deuxième prix en 1990 au concours organisé par la banque internationale de l’Afrique de l’Ouest. « Mon but était simplement de participer ! Il y avait tout de même plusieurs dizaines d’artistes venus de 14 pays de l’Afrique de l’Est », rappelle-t-il fièrement.
Technicien en « in », musicien en « off »
Sauf que la réalité revient rapidement au galop. Il lui est impossible de vivre de la musique. « J’ai vécu une partie de mon existence comme intermittent du spectacle après avoir suivi une formation de régisseur », précise-t-il. Mais cela ne l’empêche en aucun cas de toujours garder sa guitare à portée de main. Bien au contraire. Au cours de huit éditions au festival d’Avignon, Démo alterne comme technicien en « in » et musicien en « off ». Un exemple parmi tant d’autres qui démontre sa volonté de continuellement partager son goût pour les accords et les mélodies !
Quoi de mieux alors pour célébrer ses 40 ans de carrière que de proposer un nouveau moment de communion. D’autant plus après avoir traversé une crise sanitaire qui aura complètement mis à mal le champ de la culture. Pas question de marquer le coup avec un énième concert privé comme il a l’habitude de faire, plutôt un rendez-vous officiel au restaurant-bar musical Le Voulé. « C’est son idée », précise Paul Tibere, le gérant. « Je lui ai donné carte blanche : il invite qui il veut ! » Au total, pas moins d’une vingtaine de musiciens doivent l’accompagner tout au long de cette soirée du samedi 26 juin. « Il a envie d’encourager ma démarche qui se résume à favoriser l’émergence d’artistes Il a compris ma philosophie. » Une manière aussi de clôturer de la meilleure des manières une semaine riche en festivité pour l’établissement, entre la scène ouverte ce lundi à l’occasion de la fête de la musique et la présentation du nouvel album Yellow Tears de C.C ce vendredi. Et ainsi de « chasser les mauvais esprits » et de « repartir du bon pied ». Pour qu’enfin, la culture musicale résonne de nouveau sur l’île aux parfums.
Les trois cantons de Mamoudzou sont probablement le plus disputés durant ces élections départementales à Mayotte. La commune divisée par trois, compte à elle seule 20 binômes, soit 40 candidats pour le premier tour. Les électeurs ont fait leurs choix, il ne reste plus que six duos. Tous affirment être le bon choix pour Mamoud-zou et pour Mayotte. Ils ont des priorités différentes, mais pour l’heure ils jouent tous au jeu des négociations pour parvenir à leurs fins.
Mamoudzou 3
Ils ont réussi à se hisser à la première place des binômes plébiscités par les électeurs de Mamoudzou 3. Sidi Nadjayedine et Hélène Pollozec arrivent en tête avec 28,1% des votes. Et le binôme n’est pas surpris du résultat. « Nous nous y attendions parce que nous avons travaillé pour avoir cette place. C’était un travail difficile, mais quand nous nous en-gageons en politique ou dans un combat, il faut y croire. Et nos meetings nous donnaient déjà une idée », assure Sidi Nadjayedine. C’est donc tout naturellement que le duo part une nouvelle fois au front plein d’assurance. Ils doivent sceller des alliances et mener une campagne intense afin de convaincre les plus réticents.
Pour ces candidats étiquetés du centre, les pourparlers ont commencé dès dimanche soir dernier. « Nous sommes allés voir les différentes personnes. Nous sommes beaucoup dans le dialogue et certains ont déjà répondu favorablement et veulent soutenir notre projet », affirme Hélène Pollozec. Parmi leurs alliés, on compte le binôme Mariame Saïd et Cheih Ali ainsi que celui de Marie Boura et El-Had Mascati. Les négociations ont duré toute la semaine ! Les nuits sont courtes et les journées très longues… Alors la fatigue se fait parfois ressentir, mais Sidi Nadjayedine et Hélène Pollozec n’en sont pas à leur première campagne électorale. « Il y a moins d’un an, nous étions en campagne municipale, nous sommes donc rodés. Notre essence,c’est la population qui a besoin de nous, celle qui nous encourage tous les jours et nous félicite », précise Sidi Nadjayedine.
Pour ratisser large, le binôme a l’intention de se démarquer de leurs adverses en jouant la carte de la proximité avec la population. Il maintient donc la même stratégie depuis le début, mais cela sera-t-il suffisant ? L’équipe adverse va également au plus près des habitants du canton de Mamoudzou 3 et c’est là tout l’enjeu puisque dans les villages du canton, tout le monde se connait. « À Mamoudzou, beaucoup de candidats sont issus du même quartier. Pour le premier tour, nous étions quatre venant du même quartier, c’était donc compliqué de convaincre et d’avoir une force unie à Mamoudzou », admet Hélène Pollozec. Pourtant, les électeurs de Mamoudzou village sont probablement ceux qui feront la différence, entre les partisans de Saoudat Abdou et Hélène Pollozec, toutes deux originaires de Mamoudzou.
Alors oui, les négociations vont bon train, mais hors de question pour les candidats de perdre de vue leur projet et leurs priorités. S’ils sont élus, ils promettent de mettre l’accent sur la création d’emplois. « Nous avons le poumon économique de Mayotte sur notre canton, nous allons l’utiliser à bon escient. Nous soutenons les entreprises créatrices d’emplois en renforçant l’économie sociale et solidaire, en mettant en place l’insertion par l’activité économique », explique Hélène Pollozec. Mais pour soutenir financièrement les entreprises, encore faudrait-il régler les dettes de la collectivité dues aux entreprises mahoraises. « Quand nous allons arriver au Département, c’est la première chose que nous allons faire. Nous allons payer les entreprises qui ne l’ont pas été parce que le développement économique n’est pas possible si nous les payons pas », continue la candidate. La création d’emplois passera également par la mise en application de toutes les études qui sont encore dans les tiroirs du conseil départemental depuis des années. « Il faut booster la commande publique. Nous ne pouvons pas passer une mandature à faire des schémas. Il faut lancer les chantiers et ainsi donner du travail aux entreprises », soutient Sidi Nadjayedine. Ce dernier et sa binôme sont conscients qu’ils devront mener tous ces projets en collaboration avec les autres élus des deux autres cantons de Mamoudzou, qu’importe les gagnants.
Malgré nos multiples sollicitations, nous n’avons pu joindre le binôme adverse, Ali Debré Combo et Saoudat Abdou.
Mamoudzou 2
Dans le canton de Mamoudzou 2 arrive en première position l’équipe LR menée par Zaidou Tavanday et Zakia Mambo et en deuxième position les représentants de Mamoudzou c’est nous aved Elyassir Manroufou et Laini Abdallah-Boina. Si le deuxième binôme ob-tient un score plus qu’honorable de 34,35%, il aurait espéré faire mieux. « Nous nous attendisions à avoir la première place pour cette élection. Nous ne savons pas ce qu’il s’est passé… Nous avons comptabilisé plus d’une centaine de procurations qui n’ont pas pu être utilisées. Nous ne remettons pas en cause la régularité des élections, mais il y a eu des petits couacs… Des personnes ont été délibérément découragées de ne pas aller voter alors que nous savions pour qui elles voteraient », sous-entend Elyassir Manroufou. Mais force est de constater que les problèmes de procurations ont pénalisé tous les candidats, y compris ceux soutenus par le maire de la commune. « Mon équipe en a aussi fait les frais. Nous n’avons pas pu utiliser plus de la moitié de nos procurations. Malgré tout, je ne pense pas qu’il y ait eu manœuvre de la part de l’administration communale. Je parlerai plutôt de manquement », ajoute Zaidou Tavanday. Les deux équipes espèrent pouvoir utiliser cette force de frappe lors du second tour, car ces centaines de documents pour-raient faire toute la différence.
Les priorités
Les Républicains ont élaboré un projet territorial que chaque conseiller départemental encarté du parti devra traduire dans son canton. Il y figure une formule qui a fait écho tout au long de la campagne électorale : un jeune, une formation, un diplôme, un emploi. « Il faut un pilote politique qui dynamise la formation professionnelle et les filières d’excellence à Mayotte. Le conseil départemental doit jouer son rôle de chef de file », souhaite Zaidou Tavanday, ancien président de la mission locale de l’île. Cet ex footballeur du territoire met également un point d’honneur à placer le sport au centre des priorités de son canton. « Mayotte a un calendrier, celui des jeux des îles. Il faut donc mettre les moyens et piloter tout cela. Former les sportifs et construire les infrastructures nécessaires », précise-t-Il. Le binôme des LR du canton de Mamoudzou 2 a l’ambition de faire développer Mayotte à travers les subventions européennes. « Notre département est le territoire qui en reçoit le moins et pourtant les élus n’arrivent pas à utiliser l’intégralité des sommes envoyées… Nous devons avoir un plan musclé pour pouvoir gérer les subventions. Pour cela, il faut un pilote politique averti et j’ai envie d’être celui-là », déclare Zaidou Tavanday.
Du côté de leurs adversaires, la priorité réside dans l’entente avec les autres conseillers départementaux des différents cantons de Mamoudzou. « Nous voulons faire en sorte que les trois cantons de Mamoudzou parlent d’une seule et même voix au sein de la majorité qui va siéger au conseil départemental. Plus du tiers de la population de Mayotte réside sur notre territoire et les conseillers départementaux du chef-lieu se retrouvent souvent exclus des décisions alors que la majorité des problématiques sont concentrées chez nous », rappelle Elyassir Manroufou. Ce dernier désire un représentant fort qui parle au nom des habitants de Mamoudzou au sein du Département, mais il devra aussi composer avec l’actuel maire de la ville. Pour rappel, Elyassir Manroufou se trouve actuellement dans l’opposition au sein de la mairie de Mamoudzou, alors que Zaidou Tavanday est le directeur de cabinet d’Ambdilwahedou Soumaila. « Si c’est l’autre, qui est dans l’opposition du maire, qui gagne, il y a un risque élevé à ce qu’il y ait un combat de coqs au détriment de la population comme nous le voyons aujourd’hui entre la Cadema et la ville de Mamoudzou », estime Zaidou Tavanday qui semble bien informé.
Les alliances
À Mamoudzou 2, les deux finalistes ont essayé par tous les moyens de convoiter le binôme de « Ra Tayari », composé de Mohamed Hamissi et Ambaria Madi, qui a terminé en troisième position avec plus de 18% des voix. Leur appui pourrait donc faire pencher la balance de manière considérable. Mais le mouvement a décidé de se positionner pour aucun des deux duos encore en lice. Aucune consigne de vote n’a donc été donnée, un manque à gagner pour ceux qui sont encore dans la course. Ils repartent en campagne, dans l’espoir de conquérir les électeurs indécis ou ceux qui ont préféré s’abstenir. « Nous continuons la campagne avec les meetings et le porte-à-porte », indique Zaidou Tavanday. Ce dernier assure avoir le soutien de Hakim Nourdine qui est arrivé en quatrième position lors du premier tour. « Nous partageons les mêmes valeurs. Nous sommes des enfants et petits-enfants de Sorodats, nous avons voulu la municipalité actuelle et avons fait cam-pagne ensemble. Il pense que ma victoire peut être utile à la ville de Mamoudzou », précise le candidat.
En parallèle, Elyassir Manroufou et Laini Abdallah-Boina espèrent se rallier à ceux du MDM. « Je suis issu d’une famille politique qui est fortement rattachée aux valeurs du MDM. Suite aux difficultés qu’il y a eu au sein du mouvement, nous avons décidé de prendre un peu nos distances, mais toujours est-il que nous gardons cet attachement très fort avec le MDM. Nous avons appelé à la mobilisation de notre famille politique d’origine », annonce Elyassir Manroufou. Ils peuvent déjà compter sur le soutien du groupe Imani qui a obtenu la dernière place dans le classement.
Mamoudzou 1
Hassana Ahmed Houmadi et Said Malidi Mlimi forment le binôme qui est arrivé en tête dans le canton de Mamoudzou 1. Ils sont aussi investis par le LR et s’inscrivent donc dans le projet territorial élaboré par le parti. Mais pour Said Malidi Mlimi, actuellement ad-joint au maire de Mamoudzou en charge de la sécurité, une priorité se démarque des autres. « Si nous avons la chance d’être élus, l’une de mes principales batailles sera la sécurité. Nous savons que c’est l’une compétence de l’État, mais je pense que c’est l’affaire de tous. » Selon lui, le conseil départemental devra jouer la carte de la proximité avec la population pour y arriver. Cela passera également par un changement des méthodes de travail du conseil cadial. « Il doit être plus efficace et impliqué dans les questions de sécurité parce que je considère qu’à l’heure actuelle il joue le rôle de pompier de service.. Quand il y a le feu, nous les emmenons pour l’éteindre alors que ces membres doivent travailler en amont pour trouver des solutions durables », détaille Said Malidi Mlimi.
Leurs adversaires, El Anrif Hassani et Farianti M’dallah, estiment qu’il est primordial de faire partie de la prochaine majorité du conseil départemental. « Cela ne sert à rien d’être dans l’opposition parce que cela serait mettre des bâtons dans les roues. Le plus important est de faire avancer le territoire », indique El Anrif Hassani. Pour cela, il se focalisera sur le rôle des associations. « Il manque beaucoup d’encadrants. Nous devons les former pour qu’ils puissent ensuite s’occuper des jeunes », précise-t-il. Le candidat fait notamment allusion aux structures sportives et éducatives.
Les alliances
Les deux binômes n’ont qu’un objectif pour le moment : ils doivent rassembler le maximum de voix. Si le porte à porte et les meetings ont été organisés durant toute la semaine, le plus important est d’avoir l’appui des candidats qui n’ont pas passé l’épreuve du premier tour. Mais le jeu des coalitions peut être cruel. « Je ne vous cache pas que c’est difficile. Le partenaire sur lequel nous comptions beaucoup, le binôme du MDM, nous a dit qu’il préfère ne pas donner de consignes de vote », indique Said Malidi Mlimi. Malgré tout, sa binôme et lui préfèrent voir les choses de manière positive. « Le champs est libre, nous sommes à même de pouvoir travailler encore plus et avoir plus d’énergie pour convaincre les électeurs qui n’ont pas voté au premier tour, mais aussi celles et ceux qui soutenaient d’autres binômes », relativise le candidat.
En face, El Anrif Hassani et Farianti M’dallah peuvent compter sur le soutien de Jacques-Martial Henry et de Mahamoud Sidi Moukou qui ont été classés en troisième et cinquième position. « Les LR disent qu’il faut absolument élire un conseiller LR, sinon il ne pourra pas travailler avec le maire de Mamoudzou, c’est une aberration ! », s’indigne El Anrif Hassani qui veut dépasser les clivages politiques et s’inscrire dans la continuité de ce qu’ont fait les conseillers départementaux sortant.
Dans les trois cantons de Mamoudzou, la compétition est rude. Les jeux sont faits, et dimanche soir chacun saura s’il a misé sur le bon binôme.
Pendant ce temps-là à Sada…
Tous les regards se tourneront également vers le canton de Sada-Chirongui dimanche prochain. Le candidat Mansour Kamardine attire la curiosité de tous. Sa binôme et lui arriveront-ils à gagner contre Mariam Said Kalame et Mohamed Abdou ? Pour l’heure, aucune certitude n’est garantie puisque les deux duos sont au coude à coude. Seulement un point les départage. Ils auraient pu compter sur le soutien des autres candidats perdants, mais la majorité d’entre eux a décidé de ne pas se positionner. « Les candidats Nomani Ousseni, Rahmatou Bamana, Anchya Bamana, Adams Ridjali, Kourati Youssouf-fa, Hamada Binali, soutenus par leurs partis et mouvements politiques respectifs […] ont pris la décision de ne pas donner de consignes de vote pour le second tour dans le canton 12 », peut-on lire dans le communiqué qu’ils ont envoyé. Les électeurs seront donc plus libres de leurs choix et la bataille d’autant plus intrigante et incertaine.
L’intersyndicale composée de la CFDT et de l’Unsa a répondu à l’appel contre le plan de départs volontaires annoncé par Altice. À Mayotte, neuf suppressions de postes sont prévues dans les 1.700 au niveau national.
Il est environ 15h30 ce jeudi, et l’incessant vacarme des embouteillages annonce déjà la fin de journée pour les travailleurs de Kawéni. Au rond point SRF, difficile d’entendre la sono qui accompagne pourtant bien la dizaine de grévistes du jour. Les voitures défilent avec une certaine indifférence devant la tonnelle et les drapeaux oranges qui ont paré la devanture de l’opérateur rouge. L’intersyndicale locale composée de la CFDT et de l’Unsa a répondu présente pour le débrayage annoncé par les instances nationales. “On a voulu se caler sur l’appel national, qui était à 11h à Paris, car il s’agit d’un PDV qui concerne l’ensemble des sociétés du groupe Altice”, explique Anrmy Bourhane, le délégué et porte-parole de la CFDT.
PDV, pour “plan de départ volontaire”. Le groupe de télécoms présidé par Patrick Drahi et qui détient SFR a annoncé une grande restructuration, qui passe notamment par des suppressions de postes. Au total, ce sont pas moins de 2.000 emplois qui sont censés disparaître cette année, dont 1.700 départs volontaires. Et la pilule passe mal, surtout compte tenu des très bons résultats de l’entreprise, qui a “largement résisté à la crise”, rappelle le communiqué de l’intersyndicale : en 2020, le deuxième opérateur téléphonique de France a vu son chiffre d’affaires augmenter de 2,4% ! La semaine dernière, l’intersyndicale nationale (CFDT, CFTC, Unsa) a claqué la porte des négociations, arguant qu’il était “impossible de dialoguer et de négocier de façon constructive avec la direction”, notamment au sujet des suppressions de postes, mais aussi “des conditions d’emploi et de travail des milliers de salariés qui resteront”.
Des coupes au détriment de la qualité du service
Et Mayotte n’est pas épargnée : “1.700 suppressions, cela représente 20% des effectifs du groupe. Ici, nous sommes 51 salariés, et le plan prévoit 9 départs volontaires, ce qui représente aussi presque 20% des effectifs”, chiffre Anrmy Bourhane. Des coupes qui risquent d’avoir des conséquences sur les troupes restantes. “Le service après vente doit disparaître totalement, de même que le service marketing communication et 30% du service client. Mais à Mayotte, vous avez des gens qui ne parlent pas français et 70% de la clientèle qui achète du prépayé ! Ce sont des gens qui viennent en boutique, et qui ont besoin de ces services. En faisant cela, on enlève de la proximité et de la qualité”, déroule le représentant syndical.
Si le plan de restructuration prévoit la fermeture de 400 boutiques en métropole, les points de vente du 101ème département échappent heureusement au rouleau compresseur. Pour l’instant… “Il y a le réseau Red SFR qui se développe, bientôt les gens feront tout depuis Internet, et il n’y aura plus besoin de venir en boutique.” C’est d’ailleurs peut-être aussi ce qui inquiète les salariés mahorais, venus aujourd’hui des quatre coins de l’île pour répondre à l’appel des syndicats.
À plus court terme, les grévistes espèrent surtout obtenir des garanties. Et l’heure tourne ! Après la phase de consultation des instances, qui s’étale de mars à fin août, une demande de validation doit être envoyée à la Dieccte en septembre, pour des départs volontaires attendus avant la fin de l’année. “Moi par exemple, si je prends le risque de partir, je veux être sûr d’avoir les moyens de refaire ma vie”, illustre Anrmy Bourhane.
Ce jeudi 24 juin, les volontaires jeunes cadets du régiment du service militaire adapté (RSMA) de Mayotte étaient réunis dans la mangrove de Mtsapéré pour une matinée de nettoyage. L’occasion pour eux de participer au bien-être environnemental de leur île.
Quand il n’y en a plus, il y en a encore ! Ce jeudi 24 juin, ce sont les volontaires jeunes cadets du RSMA qui sont sur le terrain pour nettoyer la mangrove de Mtsapéré. À 9h, gants et sacs poubelles à la main, tous sont prêts à passer à l’action. Une première pour ces novices qui avouent n’avoir jamais participé aux nettoyages des mangroves de l’île aux parfums jusqu’alors.
Un à deux jours par mois pendant un an, les volontaires se retrouvent pour des ateliers d’insertion. L’objectif ? Permettre à des jeunes de moins de 18 ans souvent en situation de décrochage scolaire de mettre un pied dans le monde du travail. “Dans le cadre du dispositif volontaires jeunes cadets, dont Emmanuel Macron a été à l’initiative, les inscrits suivent une formation militaire, une remise à niveau, des séances de sport, une découverte de leur territoire par le biais de sorties, mais aussi des visites de structures institutionnelles comme la préfecture, la gendarmerie ou encore le Palais de Justice”, explique l’adjudant Suvelor. “Les treize jeunes que nous encadrons en ce moment sont très motivés. Nous nous investissons pour leur avenir et ils nous le rendent bien. À terme, certains reprendront leurs études et d’autres pourront intégrer le RSMA afin de prétendre à une formation professionnelle”, poursuit-il.
Une découverte de la “vie citoyenne”
“Ces ateliers m’ont permis de découvrir le monde du travail et la vie citoyenne”, témoigne Halidi, l’un de ces braves soldats de la mangrove. “Je me sens concerné par l’avenir de mon île et cela me fait mal de la voir comme ça. Je suis heureux de pouvoir contribuer à cette action aujourd’hui”, affirme-t-il. Même enthousiasme du côté d’Abdou Rahamane, heureux de pouvoir partager son expérience. “Au mois de septembre, nous avons suivi une formation militaire pour apprendre la discipline. Les ateliers sont très variés nous apprenons plein de choses. Bientôt nous partirons en métropole avec tous les volontaires jeunes cadets pour assister au défilé du 14 juillet.”
Lorsque la marée titille les chevilles des uns et des autres vers 13h, il faut remonter les sacs et les déchets ramassés durant la matinée. Les jeunes quittent le site avec un sentiment de devoir accompli. En espérant que les lieux restent propres au moins jusqu’au lendemain…
Ce mardi, le directeur de l’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte (UDCSFM) a publié une photo sur laquelle il maîtrise un individu au sol. Pour Flash Infos, Mansour Ramia revient sur cet événement qui s’inscrit dans le cadre des actions de l’association, telles que la sécurisation aux abords et dans les établissements scolaires, en proie à une insécurité grandissante.
L’image fait le « buzz » sur les réseaux sociaux depuis mardi soir. Sur le cliché, Mansour Ramia réalise une clé de bras à un individu plaqué au sol. Agrémenté d’un message clair : « Nous n’accepterons plus que l’on touche à nos enfants, ni aux établissements scolaires qui sont les symboles de la République et des valeurs de notre société. Mahorais, ne restez pas attentistes et rejoignez l’UDCSFM dans ce combat contre la criminalité. La peur doit changer de camp ! Nous devons agir si nous voulons endiguer cette violence qui pourrit notre île. »
Il est 10h ce jour-là lorsque le directeur de l’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte reçoit l’alerte par talkie-walkie au sujet d’une agression devant le lycée de Sada. Ni une ni deux, l’équipe de l’association, composée d’une vingtaine de membres, pourchasse jusqu’au pont de Mangajou la dizaine de jeunes armés de haches, de coupe-coupe et de couteaux. « Un gendarme qui n’était pas en service nous a vus et nous a emmenés en voiture depuis laquelle j’ai sauté pour déséquilibrer un jeune. Un autre a aussi été stoppé alors qu’il se dirigeait vers la mangrove avec le reste de son groupe », retrace le quadragénaire, comme s’il revivait la scène. Bilan de l’incident : un lycéen blessé derrière la tête !
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Le lendemain, ce mercredi 23 juin, rendez-vous à la cité des métiers de Koungou pour superviser la formation de 350 heures prise en charge par le Département à destination de 25 demandeurs d’emploi, âgés de 18 à 48 ans, amenés à devenir des animateurs socio-éducatifs. L’idée ? Renforcer d’ici deux mois le projet « Habitants en action ». Mais aussi compléter la sécurisation existante dans et aux abords des enceintes du second degré. « Nous avons reçu l’autorisation du recteur en septembre. Et nous ciblons depuis un mois les lycées de Sada, de Kahani et de Bamana », précise celui qui a rejoint l’association de parents d’élèves, tout d’abord comme bénévole, en janvier dernier après que sa fille inscrite au collège de M’Gombani a reçu des jets de pierre. À terme, la structure aspire également à proposer des ateliers tels que de la prévention de la délinquance, du suivi scolaire ou encore des temps d’échange durant les pauses récréatives.
Main dans la main avec les forces de l’ordre
Malgré l’absence de financement des institutions jusqu’à maintenant, le dispositif semble plutôt bien huilé. « Nous assurons une présence quotidienne en civil et nous adaptons nos plages horaires en fonction des remontées du terrain », dévoile Mansour Ramia, qui travaille de concert avec les forces de l’ordre, aussi bien les polices nationale et municipale que la gendarmerie. « Cette collaboration entre les forces de l’ordre et la population est indispensable ! » Avant de bien préciser les contours de ce partenariat. « Nous ne faisons jamais rien sans leur accord. Notre premier rôle est de protéger les élèves puis de repousser les assaillants. Nous ne voulons pas que l’épisode de Labattoir où des parents ont fini derrière les barreaux se reproduise », insiste avec fermeté l’habitant de M’Tsapéré. Raison pour laquelle il ne dissimule pas son visage sur la photo de l’intervention de la veille. « Je l’ai aussi postée pour montrer qu’il ne faut pas se cacher ! »
L’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte s’appuie sur la bonne volonté de « toutes les communautés pour avancer ». Pas question pour le coach sportif de Moovafrica de dissocier les Mahorais et les Comoriens. Tout le monde a un rôle à jouer ! Le danger selon lui ? « Ce ne sont pas les jeunes, mais les adultes qui sont de moins en moins respectés et qui montrent leur crainte aux enfants. Il faut suivre les familles ! » D’où l’accompagnement à la parentalité une fois les trouble-fêtes formellement identifiés, qui seraient une centaine par établissement scolaire surveillé. « C’est surtout un effet de masse car il n’y a que cinq leaders par lycée, il suffit d’une étincelle pour que ça s’embrase », concède-t-il, précisant au passage qu’il ne s’agit en aucun cas de bandes déscolarisées. « Bien au contraire ! »
Mais ce n’est pas pour autant que l’association ne s’attaque pas non plus à ce public oisif. Pour preuve, elle compte suivre une cinquantaine de jeunes de Koungou à partir du 1er juillet pour qu’ils retrouvent, d’ici un an, les bancs de l’école ou la voie d’une formation qualifiante. « Notre arme, c’est l’éducation », persiste et signe Mansour Ramia, qui invite d’ailleurs les entreprises à se greffer au projet. « Nous souhaitons nous professionnaliser, mais pour cela, nous avons besoin d’être soutenus par l’État, le conseil départemental et les communes. Nous avons démontré notre efficacité, maintenant nous attendons des actes après les belles paroles ! »
Les communes de Tsingoni, M'tsangamouji et Acoua ont été privées d'électricité, ce mercredi 4 janvier.
Deux affaires de rétrocession ont conduit Électricité de Mayotte à poursuivre des particuliers, soupçonnés d’avoir volé de l’énergie. Des comportements dangereux qui exposent les fraudeurs à des peines pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45.000 € d’amende. Mais le tribunal a prononcé la relaxe, faute de pouvoir attribuer formellement le délit à chacun des prévenus.
La pratique est courante à Mayotte. D’après l’enquête sur le logement menée par l’INSEE en 2017, un foyer sur quatre fait l’objet d’une rétrocession d’énergie électrique. Soit plus de 16.000 cas de revente ou fourniture gratuite estimés ! Mais si la magouille est bien connue, elle n’en demeure pas moins interdite, car très dangereuse. C’est pour cette raison que EDM a décidé de poursuivre deux particuliers, qui étaient attendus (l’un était non-comparant) ce mercredi au tribunal pour vol d’électricité et abus de confiance. Dans les deux affaires, assez similaires, les faits sont simples : à partir d’un compteur électrique, les mis en cause alimentaient plusieurs foyers environnants.
Le premier dossier a toutefois donné un peu plus de fil à retordre aux magistrats, et le prévenu était venu accompagné de son avocat Maître Nadjim Ahamada pour sa défense. Les faits qui lui sont reprochés s’étalent sur plusieurs années, entre janvier 2018 et juin 2020. Entre ces deux dates, trois procès verbaux sont réalisés par des agents assermentés d’EDM. Lors du premier contrôle, l’électricien constate en effet que le compteur a été trafiqué. Au lieu des 15 ampères prévus par l’abonnement, la famille consomme en réalité le double d’énergie ! “Ma tante a pris l’électricité, on ne savait pas qu’on ne pouvait pas donner, même à sa propre famille”, reconnaît le prévenu, qui assure avoir régularisé sa situation illico presto… Avant de déménager dans une résidence indépendante de la maison familiale. À ce moment-là, le jeune homme a payé son amende et résilié son contrat, selon ses dires.
EDM veut sensibiliser la population
Quelle n’est alors pas sa surprise, quand il apprend que la manipulation a continué : lors du deuxième contrôle, les agents notent que le compteur fournit encore de l’énergie aux quatre habitations à proximité. “Je ne comprends pas, l’abonnement je l’avais arrêté, je ne sais pas comment elle a fait pour le rouvrir”, réitère ce technicien de profession, bien embêté de voir que c’est encore son nom qui apparaît sur le contrat. Bis repetita un an plus tard : mais cette fois-ci, la famille s’est même branchée directement sur le réseau pour utiliser l’électricité sans payer, le compteur étant depuis inactif !
Si l’homme joue aujourd’hui les blanches colombes, Maître Souhaïli, avocat d’EDM, rappelle qu’un constat réalisé sur son nouveau logement, en plus de faire figurer le nom du prévenu accolé aux deux adresses, montre “lui aussi des choses illicites”. Autant d’éléments qui poussent EDM à poursuivre le titulaire du compte. “L’électricité, c’est quelque chose de dangereux, et EDM fait tout pour éviter un drame. EDM veut que la population soit sensibilisée”, fait valoir l’avocat, qui évalue les dommages et intérêts de son client à 6.192,80 euros au total, dont il faut retirer quelque 5.000 euros déjà régularisé par l’abonné frauduleux.
140 incendies chaque année
EDM demande aussi 5.000 euros au titre du préjudice moral – même somme pour le deuxième dossier, où le prévenu ne s’est pas présenté à l’audience – et 1.500 pour les frais de justice. Les réquisitions du procureur iront dans le sens d’une condamnation, avec 1.000 euros d’amende assortie d’un sursis. “Sur ce territoire avec une forte immigration clandestine, on a des gens qui distribuent de l’électricité dans tous ces bangas, et EDM a donc décidé de faire le choix de taper sur les personnes qui volent ; mais dans le lot, il y a des gens qui sont pris dans la charrette, et à qui on a volé de l’électricité ”, défend Maître Ahamada. C’est bon pour cette fois ! Le tribunal décide finalement de relaxer son client, pour défaut d’imputabilité. En espérant que cette mésaventure judiciaire suffise à décourager les petits arrangements entre voisins…
Pour rappel, les branchements sauvages peuvent provoquer des incidents graves, comme des brûlures, des électrocutions, ou bien des incendies. Chaque année, près de 140 habitations sont concernées, estime EDM sur son site Internet. En 2019, un homme de 27 ans était décédé après une électrocution sur le toit de sa maison à Kawéni, où les cas de rétrocessions sont encore une triste réalité.
La nouvelle est tombée en conseil des ministres ce mercredi 23 juin 2021. Jean-François Colombet quitte Mayotte après deux ans, direction le Doubs. Il sera remplacé par Thierry Suquet, délégué au préfet du Rhône pour la défense et la sécurité. Des dossiers qui risquent bien de faire écho à ses missions mahoraises.
Il a côtoyé un certain Bruno Le Maire sur les bancs de l’École nationale d’administration (ENA), dans la fameuse promotion “Valmy” (1998) et il sera bientôt le nouveau préfet de Mayotte – la date de son arrivée n’est pas encore connue. Thierry Suquet, préfet délégué à la défense et la sécurité dans le Rhône, a été nommé ce mercredi 23 juin 2021 en conseil des ministres. Il remplacera ainsi Jean-François Colombet, qui s’envole pour le Doubs après ses deux ans de loyaux services dans le 101ème département.
Né le 10 avril 1960 à Constantine, en Algérie, Thierry Suquet a intégré l’ENA en 1996, après un début de carrière dans les collectivités territoriales. Il a notamment été « secrétaire général de la mairie d’Ollainville, directeur adjoint de l’office public d’habitation à loyer modéré (OPHLM) de Montereau-Fault-Yonne, directeur de l’antenne sud du comité de développement économique de l’Essonne, chef du bureau de la fiscalité locale à la direction générale des collectivités locales, sous-préfet de Lannion, secrétaire général de la préfecture de la Gironde », précise le communiqué du ministère des Outre-mer. Une carrière d’administrateur donc, pour celui qui a aussi occupé le poste de secrétaire général du Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie. Et c’est à peu près tout, à en croire son curriculum vitae, pour ses expériences ultramarines.
Violences urbaines et crise sanitaire
Nommé il y a moins d’un an dans le Rhône, le délégué pour la défense et la sécurité a eu l’occasion de gérer des dossiers allant des rodéos sauvages à Lyon, cette pratique de la motocross dite “en Y” – qui n’est d’ailleurs pas complètement étrangère à nos contrées -, à des tags menaçant de mort la police, en passant par la gestion sanitaire du centre de rétention administrative (CRA) ou encore des violences urbaines. À titre d’exemple, en mars de cette année, 13 voitures avaient été incendiées à Rillieux-la-Pape, commune du nord de la métropole lyonnaise après des affrontements dans un autre quartier de la ville. Gageons que le nouveau délégué du gouvernement a donc un peu de bouteille pour gérer les nombreux dossiers sensibles de l’île aux parfums !
Pour l’instant, sa feuille de route s’inscrit dans la continuité des actions menées par Jean-François Colombet, à savoir : poursuivre le processus mis en place dans le cadre du projet de « Loi Mayotte» ; la lutte contre l’immigration illégale ; la protection des Mahoraises et des Mahorais. Il devra ainsi “accompagner les prochaines étapes du développement du plus jeune département français”, souligne le ministère. Sébastien Lecornu “salue le travail effectué par Jean-François Colombet, depuis juillet 2019, notamment dans la lutte contre l’immigration illégale, les habitats insalubres, plus récemment lors des consultations citoyennes mises en place pour l’élaboration de la « Loi Mayotte » mais aussi pour sa gestion de la crise sanitaire”.
Le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, a lui aussi tenu à remercier le préfet « sortant » avec lequel « nous avons noué des relations cordiales et pu travailler dans un esprit républicain et dans le respect des prérogatives de chacun sur de très nombreux dossiers, souvent complexes. Pour le chef d’un exécutif, le préfet est un interlocuteur essentiel, il incarne l’État en « Région » et ces deux années n’ont pas manqué de chantiers ou de dossiers d’ampleur, de la piste longue aux transports scolaires, en passant par les questions de sécurité ou de lutte contre l’immigration clandestine. Je veux souligner plus particulièrement le rôle majeur du préfet, délégué du gouvernement, dans la gestion de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 ou dans la lutte contre l’habitat illégal« .
À trois jours du second tour des élections départementales, synonyme de la fin de son mandat, le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani, a accepté de revenir en exclusivité pour Flash Infos sur le scrutin actuel, sur son bilan et plus largement sur sa carrière politique. Et d’adresser un message fort à la jeunesse mahoraise. Entretien.
Flash Infos : Vous entamez votre dernière semaine comme président du conseil départemental. Comment l’appréhendez-vous ? Allez-vous garder votre rythme de croisière quotidien ? Ou bien allez-vous plutôt profiter de vos derniers instants en faisant le tour des services pour remercier individuellement les agents ?
Soibahadine Ibrahim Ramadani : J’ai dit lors de mes vœux que je comptais bien exercer mes fonctions jusqu’au dernier jour de la mandature, ainsi que le prévoient les textes et comme j’en ai pris l’engagement. J’ai adressé des remerciements particuliers aux élus, de tous horizons, lors de la dernière commission permanente du 25 mai dernier. Et j’ai organisé une petite réception, simple et émouvante, pour remercier les agents du conseil départemental de leur investissement le 27 juin dernier. Je réponds aux sollicitations des uns et des autres et j’exerce mes prérogatives liées à mes fonctions jusqu’au dernier jour, le 1er juillet, où sera installé(e) celui ou celle qui me succédera. Je m’entretiendrai bien entendu avec le futur président une fois celui-ci connu, soucieux d’une passation républicaine et sereine à l’image de ce mandat.
FI : Vos collègues de la majorité actuelle qui se sont représentés ont connu des résultats divers : Issa Issa Abdou et Ben Issa Ousseni sont en ballotage favorable tandis que Fatima Souffou et Mariame Said ont pris la porte. Quel regard portez-vous sur ce premier tour ? Est-ce selon vous un désaveu de votre mandature ou l’émergence de candidats plus en phase avec la réalité du terrain ?
S. I. R. : Le scrutin départemental n’est pas un scrutin de liste. Chaque binôme porte une réalité et une identité bien spécifiques sur des territoires distincts. Il n’y a pas, comme aux municipales, un chef de file commun et cela rend difficile une analyse globale. Il faut regarder canton par canton. Ben Issa Ousseni, Issa Issa Abdou et Ali Debré Combo sont qualifiés et dans des ballottages favorables. Je pense que les candidats de la majorité ont plutôt bien défendu leurs candidatures et je n’ai entendu, de la part d’aucun candidat, de désaveu du bilan de cette mandature, même s’il est logique qu’il y ait des propositions différentes, des critiques et des impatiences. Au terme d’un mandat de six ans, marqué, qui plus est, par deux ans de crise sanitaire, il n’est pas forcément si simple de faire face à des candidats qui n’ont pas nécessairement « gouverné ».
FI : Sur le canton de Dzaoudzi-Labattoir, on a vu l’émergence et la victoire d’un duo jeune et novice en politique. Comment expliquer ce choix ?
S. I. R. : Il s’agissait d’un duel qui annonçait forcément (ou presque) des vainqueurs au premier tour. J’observe que Fatima Souffou, qui fut ma 1ère vice-présidente, et son colistier ont mieux que résisté. Je félicite le binôme Ali Omar et Maymounati Moussa Ahamadi pour leur succès et leur entrée au sein de la future assemblée départementale. L’aspiration au renouvellement est une chose tout à fait légitime dans notre processus démocratique.
FI : En parlant de jeunesse justement, celle-ci semble s’être complètement désintéressée de la politique et des urnes. Comment analysez-vous ce boycott sachant que le département est le jeune de France ?
S. I. R. : La participation électorale est déjà bien supérieure à Mayotte de ce qu’elle est en France métropolitaine, pour des élections locales et nous devons nous en féliciter. S’agissant des jeunes, ce phénomène de fossé qui s’établit entre la jeune génération et le monde politique n’est, pour le coup, pas spécifique à notre territoire. Et nous voyons que la présence de jeunes candidats ne suffit pas nécessairement à dynamiser la participation de ces mêmes jeunes. C’est un phénomène qui nécessite un travail dans la durée pour construire une offre de réponses plus fortes encore aux questions qui préoccupent les jeunes comme l’emploi, l’habitat, l’insertion, la culture, le sport… Mais je vois aussi tous les jours de jeunes mahorais qui s’investissent autrement, et souvent brillamment, dans de multiples disciplines et c’est aussi quelque chose d’important. Cessons de voir la jeunesse comme un problème alors que c’est une richesse….
FI : Au cours de votre mandat, nous retiendrons deux points positifs : le dégagement de bénéfices et la réduction des effectifs. Des choix politiques qui ne sont peut-être pas assez spectaculaires aux yeux des administrés. Quel bilan tirez-vous de ces six années ? Et si vous pouviez revenir en arrière, que changeriez-vous ? Regrettez-vous par exemple le fait de ne pas vous être déplacé plus régulièrement et d’être plus visible aux yeux de la population, laissant ce champ d’action à vos vice-présidents ?
S. I. R. : C’est une question qui nécessiterait une réponse longue ! Vous parlez du redressement des finances, de la réduction des effectifs, mais on pourrait ajouter aisément le déploiement de la coopération régionale, la normalisation des relations avec l’État, la montée en compétence des services et des directions départementales… La réorganisation des services, la gestion des prestations sociales avec le régime indemnitaire, les tickets restaurants (3.000 bénéficiaires), l’indexation salariale passée de 20 à 40%, les mutuelles pour tous, sont à souligner.
Le conseil départemental s’est aussi tenu aux côtés des communes, des intercommunalités et de leurs élus, pour la réalisation de leurs projets : l’effort financier exceptionnel consenti de 2015 à 2020 s’est élevé à près de 106 millions d’euros ! C’est aussi un mandat dont chacun doit mesurer qu’il jette les bases de l’avenir, qu’il s’agisse des grands projets (Jeux des Îles 2027, réseau ferré, piste longue, coopération internationale, schéma d’aménagement régional…) mais aussi de la vie quotidienne – les PMI, la MDPH, les routes en sont un bon exemple. Un chiffre : 95% des routes, soit 140 km, sont en bon état. Les transports scolaires ont été juridiquement sécurisés. La collectivité a débloqué une enveloppe de 80 millions d’investissement pour la piste longue et les travaux du quai n°1 du port de Longoni sont engagés. Alors, oui, nous avons un bilan, oui, je ne suis pas un homme d’esbroufe, mais je crois que nous n’avons pas à rougir de ce qui a été fait pour Mayotte et sa population. Et si c’était à refaire, peut-être que nous renforcerions davantage la pédagogie et l’explication !
FI : Vous mettez un terme à une carrière politique de plus de 20 ans. Que retiendrez-vous de toutes ces années ? Et surtout qu’aimeriez-vous que la population retienne de votre engagement pour Mayotte ?
S. I. R. : Je ne suis pas fasciné par la trace ou l’empreinte que je laisse, je n’ai pas cette prétention. Nous sommes de passage ! Ce qui a guidé tout mon engagement, c’est d’agir pour le développement dont Mayotte a besoin, d’essayer de trouver des réponses aux attentes des Mahorais. Il me semble que c’est le sens de tout engagement politique ou citoyen. Comme président du SMIAM (syndicat mixte d’investissement pour l’aménagement de Mayotte), j’ai ainsi contribué à la construction de 400 salles de classes, à la réhabilitation d’écoles, ou à la création d’équipements sportifs (plateaux polyvalents).
Et en tant que sénateur, j’ai notamment œuvré pour le déplafonnement des allocations familiales, l’extension à Mayotte de l’allocation de rentrée scolaire et pour l’intervention de l’ANRU (agence nationale pour la rénovation urbaine) au bénéfice de la restructuration du quartier de M’Gombani à Mamoudzou. Mais, plus largement, défendre les valeurs qui nous sont chères, comme la solidarité et l’équité, agir pour la convergence des droits, porter les enjeux liés au positionnement de Mayotte… Voilà rapidement ce qui m’a mobilisé tout au long de mes différents mandats.
FI : Avec votre expérience, comment imaginez-vous Mayotte dans 10, 20, 30 ans ? Que faudrait-il faire pour que Mayotte puisse définitivement prendre son envol et soit respectée à sa juste valeur par Paris ?
S. I. R. : Des progrès se sont faits tous les jours. La voix de Mayotte est désormais mieux entendue, même s’il reste beaucoup à faire pour tendre vers l’égalité réelle. La future loi Mayotte marquera, je l’espère, de nouvelles avancées. Dans la contribution du conseil départemental à ce texte, la vision que je propose s’articule en trois volets : le traitement des sujets nécessitant rattrapage sur une période de 10 ans, la projection du territoire à l’échelle de 30 ans, soit la période du prochain schéma d’aménagement régional (SAR) de Mayotte et deux sujets « focus » de préoccupation, à savoir la jeunesse et la protection civile.
Au titre du renforcement des capacités institutionnelles et financières du Département, il conviendrait d’achever et de parfaire le processus institutionnel engagé depuis (les lois de 2009, 2010 et le référendum de 2009) pour aboutir au statut de collectivité unique siégeant en configuration régionale et départementale et de donner ainsi à cette institution tous les leviers nécessaires à son développement. Dans le schéma d’aménagement régional, nous dessinons les grandes lignes d’un développement à 30 ans et c’est important, car demain se joue vraiment aujourd’hui ! Un point me semble important pour ne pas dire essentiel : aucun véritable développement ne pourra se faire sans une sécurité retrouvée. Nos efforts doivent converger en ce sens.
FI : Dernière question : comment allez-vous occuper vos journées une fois cette page de votre vie tournée ?
S. I. R. : La vie ne s’arrête pas avec l’engagement politique, fort heureusement. D’autres manières de rester actifs existent, dans les associations par exemple. Pour l’heure, j’aspire à retrouver le chemin d’une vie familiale bien méritée.
Depuis le mois de mars, les élèves de CM2 de l’école primaire Mongomé à Pamandzi travaillent sur un projet de valorisation du patrimoine immatériel mahorais pensé par le musée de Mayotte. Au programme : création d’un film d’animation sur les instruments traditionnels de l’île aux parfums.
C’est une course contre la montre dans laquelle s’est lancé le musée de Mayotte pour inventorier et préserver la culture musicale mahoraise de l’île. “Il y a urgence ! Beaucoup de choses sont en train de disparaître, nous nous devons de continuer à mettre en avant ces richesses culturelles”, confie Nathalie Vlody, la chargée de la valorisation du patrimoine immatériel du musée. Avec le lancement du projet “Les instruments traditionnels de Mayotte”, l’objectif est simple : créer un outil de transmission permettant de présenter au grand public les instruments de musique typiques du 101ème département. Pour cela, le musée a travaillé en lien avec la société mahoraise Anteou studio graphique. Celle-ci a réalisé les images du futur court-métrage animé et la classe de Lisette, institutrice de CM2 à l’école primaire de Mongomé, a travaillé à l’élaboration du script, des voix off et des génériques.
En studio à la rentrée prochaine
Très fiers de leur travail, les élèves de primaire ont exposé le projet avec beaucoup de sérieux et de précisions. “À partir des croquis et du scénario que nous a présenté le musée, nous avons rédigé les dialogues et choisi les chansons du film d’animation. À la rentrée prochaine, nous irons en studio pour nous enregistrer et prêter nos voix aux personnages”, détaille Ilyana. De plus, en s’appuyant sur le script rédigé en classe, les futurs collégiens ont réalisé avec la directrice de leur école une pièce de théâtre sur la même thématique. L’occasion pour eux de monter sur les planches devant leurs familles, de chanter, mais aussi de mettre en lumière des instruments traditionnels. “Je savais déjà jouer de la musique et ce projet m’a permis d’accompagner mes camarades au Fumba et au Kayamba”, raconte Nia, ravie de pouvoir mettre en avant la culture musicale de son île.
Un projet made in Mayotte
Pour toucher le cœur des Mahorais, rien n’a été laissé au hasard. La musique du générique en shimaoré a été soigneusement choisie par les enfants. “Les paroles signifient : Vous qui avez appelé, nous sommes là aujourd’hui, venez on va jouer pour calmer les cœurs, nous qui savons bien jouer, nous qui savons bien danser, nous allons vous montrer”, récite avec beaucoup d’assurance Radhua, l’une des autres élèves de CM2. Une introduction poétique à la musique mahoraise qui annonce une histoire accessible aux petits comme aux grands où un jeune mahorais se laisse guider par la mascotte du Musée de Mayotte, Ankil, vers une découverte des instruments de musique traditionnels. Aujourd’hui, le musée espère que la vidéo sera largement diffusée, dès sa sortie en début d’année 2022, par les institutions à Mayotte et partout ailleurs pour diffuser la culture musicale mahoraise au-delà des mers.
En sommeil depuis 2018 en raison de l’absence de moyen nautique, l’antenne locale de la société nationale du sauvetage en mer (SNSM) a reçu en janvier dernier une nouvelle embarcation semi-rigide. Après quatre mois de formation, une équipe d’astreinte d’une quinzaine de bénévoles peut désormais être sollicitée depuis le 15 juin par le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage. Prochaine mission : réunir les fonds nécessaires pour boucler un budget annuel de fonctionnement de l’ordre de 50.000 euros.
« Nous avons tablé sur un budget annuel de fonctionnement de l’ordre de 50.000 euros pour assurer nos missions en toute sécurité. » Un énième casse-tête pour le président de l’antenne locale de la société nationale du sauvetage en mer (SNSM), Frédéric Niewiadomski, après celui du non-remplacement du navire de secours, Haraka, qui avait empêché les marins sauveteurs de participer aux recherches à la suite de la disparition en jet-ski de l’humoriste Khams le 13 juin 2020. Sorti de l’eau, inanimé, le lendemain par un groupe de pêcheurs…
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Un an plus tard, presque jour pour jour, les bénévoles peuvent de nouveau être sollicités par le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) de La Réunion pour se rendre à un point spécifique du lagon, grâce à leur bateau flambant neuf, baptisé Tamani et réceptionné fin janvier. Un semi-rigide de 9.30 mètres de long, équipé de deux moteurs Mercury de 300 chevaux, capable de se projeter jusqu’à 30 milles nautiques et de recevoir jusqu’à 22 personnes. « Nous ne pouvions pas lancer d’appel aux dons puisque l’association était en sommeil jusqu’au 15 juin dernier, date à laquelle la station a été jugée apte par les autorités », retrace Romain Prenveille, le secrétaire de la structure depuis le mois de mai. Reste maintenant à convaincre les mécènes de mettre à la main au portefeuille, en attendant de solliciter des aides auprès de la future majorité du conseil départemental. Le nerf de la guerre, sachant qu’à peine 1% des utilisateurs du lagon font un don aux sauveteurs. Et qu’aucun prestataire ne cotise !
À la recherche d’un local… En vain
Une fois cette manne financière en poche, l’idée serait surtout de louer un local pour entreposer le matériel et surtout être au plus proche de l’embarcation, amarrée à proximité du quai Ballou. Mais la tâche s’annonce rude, car les places sont chères sur Petite-Terre… « Nous sommes toujours en recherche. Nous n’avons, pour l’instant, qu’une seule offre en cours de négociation ! Dzaoudzi, ce n’est pas grand, donc ce n’est pas évident de trouver l’emplacement idoine », dévoile le marin en service à la base navale. L’autre objectif de ce futur QG ? Pouvoir y dispenser des formations internes, comme l’apprentissage du remorquage, mais aussi d’éviter d’avoir à s’envoler jusqu’à Saint-Nazaire pour être habilité nageur, chef de bord ou équipier de pont.
Courant mars, huit d’entre eux ont suivi une session intensive de dix jours à Mayotte et ont obtenu leurs qualifications. Deux mois plus tard, ils ont même pris part à un exercice pratique en lien avec l’aéroport, qui consistait en un chargement de trois radeaux de survie à livrer sur zone en cas de crash aérien. Sans oublier « l’entraînement permanent » et « les deux à trois sorties hebdomadaires pour apprendre à travailler ensemble », précise le trentenaire. Et depuis une semaine, une équipe d’astreinte, composée au minimum de quatre bénévoles, est désormais sur le qui-vive 24 heures sur 24 « pour se rendre à un point spécifique » en cas d’alerte. « Nous n’avons pas encore eu de déclenchement opérationnel. Il faut s’en réjouir, cela veut dire que tout se passe bien en mer », poursuit Romain Prenveille, qui rappelle l’engagement associatif « de manière permanente » pour la quarantaine de membres de la SNSM. « Nous avons tous un métier, c’est en plus de nos vies professionnelle et personnelle. Soit nous sommes conventionnées avec les patrons pour nous absenter dans le cadre de ces missions, soit nous les réalisons sur nos temps de repos. » En 2017, pas moins de 180 personnes, dont huit réanimées, ont été secourues sur un total de 71 interventions.
On ne la présente plus, Larissa Salim Bé, Miss Excellence France 2021, fait la fierté des Mahorais. Elle qui a réussi là où beaucoup ont échoué. Elle est la première mahoraise à décrocher le titre national d’un concours de beauté. Après l’effervescence de son retour sur son île natale et dans son village de Poroani, elle revient pour Flash Infos sur cette folle aventure, son couronnement et nous dévoile ses ambitions.
Flash Infos : Comment s’est passé le retour à la maison ?
Larissa Salim Bé : J’étais tellement heureuse de retrouver ma famille ! Ma mère a pleuré, j’étais émue. Ma famille m’a tout de suite dit qu’elle était fière de moi et elle veut que j’aille encore plus loin.
FI : Vous étiez en compétition avec 21 autres candidates, de quelle manière avez-vous vécu cette expérience ?
L. S. B. : Au début, j’avais peur parce que les filles sont toutes magnifiques. Mais nous avons passé toutes nos journées ensemble pendant dix jours, nous avons appris à nous connaître, nous avons crée des liens, et ça allait mieux. Je n’avais même plus le temps d’y penser parce que nous avions un programme bien chargé. Les répétitions occupaient une grande partie de nos journées, de 9h à 18h. Puis de 19h à 21h, nous faisions les sorties.
FI : La cérémonie est arrivée rapidement. Quel était votre état d’esprit ce soir là ?
L. S. B. : Je suis arrivée tranquille et sereine le soir de l’élection. Ceci dit, je ne pensais pas faire partie des deux dernières finalistes. Quand le présentateur a annoncé que j’étais la nouvelle Miss Excellence, j’ai immédiatement pensé à Némati Toumbou Dani et à Moidj Abasse (respectivement présidente et directrice du comité Miss Excellence Mayotte) parce qu’elles attendaient ça depuis longtemps. Elles se sont données à fond pendant toute mon année pour m’emmener là où je suis.
J’appréhendais cependant une chose : le jury de présélection ! Nous devions passer devant lui deux jours avant le jour J. Tous les partenaires étaient en face de nous, il ne fallait vraiment pas se louper… Nous avons commencé à défiler toutes ensemble, ensuite une par une, puis chacune s’est présentée. Nous avons ensuite répondu à leurs questions, ils voulaient mieux nous connaître. Les jurés m’ont demandée comment se passe le Covid à Mayotte, puis ils m’ont interrogée sur mes futurs projets. Je leur ai parlé de mon projet de fondation…
FI : En quoi consiste-t-il ?
L. S. B. : Je travaille dans l’éducation et avec les jeunes. Je me rends compte qu’il ne faut pas les lâcher, je souhaite donc créer une fondation pour accompagner ces jeunes et ne pas les abandonner dans l’oisiveté. Toutes les familles ne peuvent pas se permettre de payer des assistants scolaires pour accompagner leurs enfants dans leurs études alors je veux faciliter l’éducation des plus jeunes parce qu’ils sont l’avenir de Mayotte et de la France.
FI : Comment va se dérouler votre année de Miss Excellence France ?
L. S. B. : Pour l’instant, rien n’est défini ! Je reste ambassadrice de Mayotte et je dois continuer à promouvoir mon île. Je dois donc garder un pied ici et un autre en métropole parce que je dois aussi couronner toutes les futures Miss Excellence des régions de France. Je ne sais pas comment nous allons nous ranger, mais nous ferons en sorte pour que ça marche. Nous attendons aussi que le programme du comité national arrive, parce que je dois faire des interventions, honorer des invitations dans des salons et rencontrer la presse nationale aussi.
FI : Quelle est votre stratégie pour concilier votre nouveau rôle de Miss Excellence France et votre travail ?
L. S. B. : J’ai pris des congés. Mes employeurs ont toujours été conciliants. Ils connais-sent mon titre, tant que nous les prévenons de ce que je dois faire, ils ne disent jamais non. Le matin, je suis à la mairie de Chirongui et l’après-midi à Sada dans une association qui s’occupe d’enfants. Je fais du soutien scolaire et je veux continuer à le faire.
FI : Vous sentez-vous prête à participer aux concours de beauté internationaux ?
L. S. B. : Je me sens prête à concourir aux élections prévues aux niveaux européen et international, même si je vais encore avoir besoin de préparation. Le tout est de rester soi-même ! Je vais garder le même état d’esprit que lors de la compétition nationale, et après nous verrons ce que ça donnera.
FI : Qu’avez-vous à dire aux détracteurs des concours de beauté qui estiment que c’est dégradant pour l’image de la femme ?
L. S. B. : Nous ne pouvons pas toujours faire l’unanimité. C’est leur opinion, mais pour moi, le plus important est de mettre en valeur sa région. Qu’importe le domaine : qu’il s’agisse d’un concours de science, de beauté, de culture… Le résultat est le même ! De plus, de nos jours, les concours de beauté ne jugent pas que le physique. On nous fait faire des tests de culture générale. Les jurés s’intéressent aussi à notre façon de parler, ils s’assurent que nous soyons capables de réfléchir, de raisonner sur tout. Tout ceci est la preuve que nous nous intéressons aussi à ce qu’il y a dans nos têtes. C’est dommage que certains ne voient que la beauté physique alors qu’il y a plein de critères derrière.
FI : Avez-vous déjà songé à ce que vous allez faire une fois que votre année de règne sera terminée ?
L. S. B. : Je resterai dans le comité Miss Excellence Mayotte parce que Miss un jour, Miss toujours ! (rires) Je me suis reconnue dans cette famille et j’ai envie d’être présente pour les futures Miss, tout comme le comité a été là pour moi. Et je compte également mener à bien mon projet de fondation.
Samedi 11 juin 2021, 29 étudiants de la promotion 2020-2021 se sont vu remettre leur diplôme universitaire Valeurs de la République et Religions. L’occasion pour le doyen de la faculté de rappeler l’importance de cette formation, en particulier sur le territoire de l’île aux parfums.
C’est une mission bien spéciale qui incombe à Frantz Thille, le responsable du diplôme universitaire Valeurs de la République et Religions. “Ce DU est né en 2015 d’une demande institutionnelle pour former les aumôniers à la suite des attentats de Charlie Hebdo”, explique l’enseignant à la faculté de Dembéni. “Aujourd’hui, nous accueillons des étudiants de tous les horizons, désireux d’améliorer leurs compétences dans le milieu professionnel mais aussi leur connaissance de la laïcité”, précise-t-il.
Au menu : 140 heures de cours, trois blocs de compétences et un diplôme à la clé, voilà les éléments qui composent le DU Valeurs de la République et Religions. Cette année, la formation accueillait 29 élèves. Parmi eux, des cadres, des maires ou encore des professeurs, tous de retour sur les bancs de la fac ou plutôt derrière leur écran d’ordinateur pour assister aux cours des huit intervenants du DU. En effet, le cycle 2020-2021 s’est principalement déroulé en distanciel, crise sanitaire oblige. Mais ce n’est que partie remise ! Dès l’année prochaine, les étudiants pourront suivre la formation en “hybride” avec des cours dispensés au centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) mais aussi accessibles en visioconférence sur Zoom.
Les grandes thématiques
“La formation se compose de trois blocs de compétences. Le diplôme universitaire comprend l’ensemble de ces trois unités et la formation complète comprend neuf modules” détaille Frantz Thille. Première thématique : “Sciences des religions”. Un bloc de compétence qui comprend un module “Histoire religieuse de la France”, un autre intitulé “Sociologie des religions” et enfin un dernier nommé “Approche culturelle des religions”. Deuxième thématique : “Droit et religions”. Dans ce package de 60 heures de formation, les étudiants abordent les institutions de la République française, la laïcité et les religions, leurs aspects théoriques et leur analyse pratique, mais aussi les libertés fondamentales ainsi que le droit des religions et enfin le droit privé et public. Dernier bloc et non des moindres, l’“approche de la radicalité”. Une thématique qui brasse large, des “dérives sectaires et indicateurs de basculement” à la “géopolitique du Moyen-Orient et du djihad global”. Des sujets qui s’inscrivent parfois cruellement dans l’actualité, jusque chez nos voisins du Mozambique…
Objectifs et inscriptions
Bref, ce DU a de quoi attirer les curieux, et Frantz Thille espère bien accueillir cette année de nouveaux étudiants désireux d’en apprendre davantage sur la question religieuse en France. “Ce diplôme universitaire est ouvert à tous”, insiste le responsable. Aucune condition de diplôme n’est en effet exigée pour l’inscription, qui se déroule à la fin du mois d’août pour une rentrée début octobre. “Nous souhaitons toucher un public divers. Le DU nous permet de montrer à chacun que la laïcité est avant tout protectrice.”
Et les étudiants fraîchement diplômés le savent bien désormais. “J’ai suivi cette formation avant tout car je trouvais que les enseignements proposés étaient très intéressants. Cela m’a permis de mieux appréhender la question religieuse dans le cadre de mon travail au contact du public mais aussi, de mener un débat nourri d’arguments historiques, juridiques, géopolitiques ou encore sociologiques. Je me suis rendu compte que personne ne sait réellement définir la laïcité. Ce diplôme universitaire m’a apporté un niveau de connaissance élevé que je pourrais mettre à profit dans le domaine professionnel« , rapporte par exemple un fonctionnaire de police, ravi de repartir avec son DU en poche. Même son de cloche pour une autre étudiante, enseignante dans le 101ème département. “Je me suis rendue compte du poids de la religion dans l’éducation à Mayotte. Cette formation m’a permis d’appréhender la religion de manière profane et de l’expliciter.”