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Une journée insertion professionnelle et recrutement à Mayotte pour ne pas lâcher les lycéens en pleine nature

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Ce jeudi 1er juillet, les élèves du lycée des Lumières de Kawéni ont pu rencontrer et échanger avec différents acteurs tels que la police, le RSMA, Pôle Emploi ou encore des associations et des entreprises à l’occasion d’une journée sur le thème de l’insertion professionnelle et le recrutement. Dans l’optique de ne pas se retrouver le bec dans l’eau une fois l’obtention du baccalauréat.

Youpi c’est les vacances ! Enfin presque… À peine les premiers résultats du baccalauréat annoncés, les terminales doivent déjà penser à leur avenir. BTS, service civique, premier emploi, le monde du post-bac leur ouvre grand les bras. Seul problème, comme chaque année, beaucoup de lycéens peinent à trouver une formation sur Parcoursup. Alors pour ne pas les laisser livrés à eux-mêmes, la direction du lycée des Lumières a décidé d’organiser un événement ce jeudi 1er juillet afin de présenter aux élèves les différentes solutions qui s’offrent à eux après le lycée.

“Lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre ailleurs”

Qu’ils aient ou non leur bac, nous ne voulons pas qu’ils se retrouvent lâchés dans la nature sans activité”, affirme Marine Boulakhras, professeur de lettres et d’histoire-géographie au sein de l’établissement scolaire. “Notre objectif avec cette journée est de leur présenter des possibilités d’avenir à Mayotte”, poursuit-t-elle. Dans l’amphithéâtre du lycée, les élèves de Bac Pro accueil et relation clients et usagers (ARCU) et Bac Pro gestion-administration (GA) assistent toute la matinée à une présentation générale des différents acteurs venus les rencontrer. Police, GRETA, RSMA ou encore Pôle Emploi proposent aux jeunes des solutions concrètes d’insertion dans le monde du travail. Au cours de l’après-midi, direction les stands afin de rencontrer les associations et les entreprises qui ont fait le déplacement. “Les élèves peuvent à la fois prendre des renseignements mais aussi laisser leur contact à de potentiels employeurs. Cela leur permet de voir que lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre ailleurs et des solutions existent sur leur territoire”, souligne Marine Boulakhras.

 

Un suivi post-bas de trois ans

 

journee-insertion-professionnelle-recrutement-mayotte-lyceensTout juste bachelière, Fatima Hattime se retrouve pour l’heure sans solution. D’où sa présence aux côtés de ses camarades pour tenter de dénicher une porte de sortie. “J’ai intégré le bac pro ARCU pour devenir hôtesse d’accueil. Malheureusement, à l’heure actuelle, je n’ai été admise dans aucun des BTS que j’avais demandé. Je m’oriente alors vers une remise à niveau en restauration avant d’intégrer un BTS dans ce secteur. Ce n’était pas mon premier choix, mais cela me permettra d’intégrer le monde du travail”, détaille la lycéenne. “Cette journée est importante en particulier pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’être pris dans l’une des formations qu’ils avaient choisi sur Parcoursup.

Comme pour elle, la plateforme numérique a fait beaucoup de déçus. Pour Patrick Loval, le proviseur au lycée de Kawéni, l’objectif à court terme est le suivi des jeunes et leur insertion dans la vie professionnelle. “Nous voulons mettre en place dès cette année un suivi post-bac de nos élèves pendant les trois années qui suivent la terminale. L’idée est de mesurer notre impact sur l’insertion de ces jeunes et de mener une enquête via un questionnaire que nous enverrons aux élèves par mail ou par téléphone afin de continuer à les accompagner après le lycée”, explique le responsable de l’enceinte. Une manière aussi de repêcher certains bacheliers perdus en cours de route et pourquoi pas, de les remettre dans le droit chemin, le cas échéant.

Des enfants atteints de handicap découvrent le lagon de Mayotte

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L’association départementale des Pupilles de l’enseignement public, qui prend en charge des enfants en situation de handicap, a organisé des sorties en mer pour permettre à ces jeunes de découvrir le lagon. Un moyen d’éveiller leurs sens et de les sortir de leur quotidien.

Gonzales, le pilote maritime du bateau Némo, accueillait un public pas comme les autres dans son navire ce jeudi matin. Neuf enfants en situation de handicap, pris en charge par l’association départementale des Pupilles de l’enseignement public, ont eu le privilège de monter à bord de l’engin de 12 mètres de long à la découverte des merveilles qui se cachent dans le lagon de Mayotte. La structure s’occupe d’une soixantaine d’enfants vivant avec un handicap. Ils ne vont pas à l’école et sont isolés, alors les membres leur apprennent les bases du français et organisent des activités pour éveiller leurs sens.

Durant trois jours cette semaine, les enfants volontaires ont pu faire une sortie en mer. Une première pour eux. Arrivés au ponton de Mamoudzou à 9h, le petit groupe découvre la surprise qui les attend. « Ils pensaient sûrement qu’on allait prendre la barge. Ils ne savaient pas qu’ils allaient monter sur un bateau », indique Taoidoudi Chamssidine, l’accompagnant éducatif et social (AES) de l’association. Malgré l’appréhension, ils grimpent tous dans l’embarcation de manière volontaire. Sans plus tarder, le navire se dirige vers la passe en S, site de plongée connu pour sa richesse d’espèces sous-marines. L’association a expressément choisi le bateau Némo de l’opérateur nautique Randonnée palmée car il est doté d’une immense bulle. Les passagers peuvent ainsi observer les fonds marins sans plonger dans l’eau. Les enfants s’y approchent, craintifs. « Ils pensent qu’ils vont tomber dans l’eau », explique l’AES.

Après quelques mots rassurants, les jeunes acceptent de se pencher pour admirer les différentes espèces de poissons, les tortues ainsi que les coraux. « On peut manger le poisson ? », interroge l’une d’entre eux. Si le guide donne des informations et anime la sortie, force est de constater que son discours n’atteint pas sa cible… La plupart des enfants ne parlent pas français, alors les accompagnatrices essayent de traduire en langue locale, mais même ainsi, certains jeunes préfèrent regarder la toiture du bateau plutôt que d’écouter et regarder les spécimens qui défilent sous leurs yeux. « C’est compliqué de s’adapter à la clientèle, surtout à des enfants qui ont des problèmes. On n’y connait rien, on n’est pas formés pour cela. On ne sait pas si notre discours sert à quelque chose mais dans tous les cas, il faut le faire », selon le pilote du bateau.

« Ils peuvent vivre ce que les autres enfants vivent »

Après l’observation des poissons et autres espèces sous-marines, les enfants sont invités à aller dans l’eau un par un avec une bouée, un masque de plongée et le moniteur à leur côté. Contrairement à ce qu’avaient pensé les accompagnatrices, presque tous acceptent d’y aller. Seulement deux préfèrent rester sur le banc. Certains relèvent le défi avec le sourire, d’autres sont en panique une fois dans l’eau. « Ils n’ont jamais fait cela donc for-cément ça les secoue un peu. Mais on s’attendait à ce type de réactions. Malgré tout, ils ont fait un gros effort et ont été très courageux », soutient Halima Ali Youssouf, l’enseignante des jeunes.

L’équipe pédagogique est convaincue des bienfaits d’une sortie comme celle-ci pour ces enfants atteints d’autisme, de trisomie ou de problèmes mentaux en tout genre. « Même s’ils ne disent rien, je sais qu’ils sont contents. Ce sont des enfants qui ne quittent pratiquement jamais leurs domiciles. Une activité comme celle-ci les fait sortir de l‘ordinaire et ils peuvent vivre ce que les autres enfants vivent », précise Taoidoudi Chamssidine, l’AES. Et pour les aider à se surpasser davantage, une visite au centre équestre de Hajangua est prévue dans les prochains jours. Il s’agira également d’une première pour ces jeunes de l’association les Pupilles de l’enseignement public. Une chance pour les principaux concernés mais également un soulagement pour leurs parents qui « n’ont pas les moyens de payer des sorties comme celles-là ». Une chose est sûre, tous les enfants ont quitté le bateau les yeux émerveillés et le sourire aux lèvres. Mission accomplie pour l’association !

Cérémonie au RSMA : à Combani, 600 recrues formées chaque année en ordre serré à Mayotte

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Ce jeudi, une trentaine de jeunes recrues étaient présentées au drapeau après leur premier mois de formation initiale tandis qu’une quinzaine de volontaires se voyaient remettre leur certificat d’aptitude personnelle à l’insertion (CAPI). L’occasion de faire le point sur le dispositif du service militaire adapté, qui fête cette année ses soixante bougies dans les départements d’Outre-mer. À Mayotte, face au chômage et à la délinquance, le régiment confirme sa place dans l’insertion des jeunes.

Volontaires de Mayotte, souviens-toi de ce nom, défile la tête haute !” Les paroles chantées en chœur résonnent depuis l’arrière du RSMA à Combani. Ce refrain, entonné distinctement par les jeunes recrues, est rapidement rejoint par le reconnaissable son des rangers qui battent le bitume en ordre serré. Ils sont un peu plus d’une trentaine ce jeudi à avoir défilé derrière le drapeau bleu blanc rouge, à l’occasion d’une cérémonie qui acte la fin de leur formation militaire initiale (FMI). Après trois semaines intensives, une nouvelle promotion, débutée en juin 2021, rejoint ainsi le circuit du RSMA de Mayotte, qui forme chaque année près de 600 jeunes et les accompagne vers l’insertion sociale et l’emploi. Seule condition pour intégrer le dispositif : être Français et avoir entre 18 et 25 ans.

Vous avez fait le choix d’entrer au RSMA. C’est un choix respectable, courageux et digne”, salue en introduction de cette cérémonie de présentation au drapeau le Lieutenant-Colonel Pierre-Louis Dubois, commandant du régiment. “Vous avez renoncé à la facilité, à l’oisiveté et vous avez choisi la droiture du comportement plutôt que la délinquance”, ajoute-t-il avant de leur rappeler la devise du régiment. “La réussite par l’effort et le travail !”, clament d’une même voix les jeunes en rang dans leur treillis.

“Au bout de deux mois, ils ont les idées claires”

Réveil matin 4h, travaux d’intérêt général, apprentissage des codes de l’armée, savoir-vivre… Au cours de ce premier mois de formation, les volontaires du RSMA apprennent le bé-a-ba de la vie en communauté et de la cohésion, enjeux clé de toute formation militaire. Sans oublier les “factures”, punitions et pompes, qui tombent sur tout le groupe si l’un d’entre eux fait une bourde. De quoi rééduquer des jeunes en pertes de repères, souvent éloignés des circuits de formation et de l’emploi. “Quand ils arrivent ici, ils sont perdus. Et au bout de deux mois, on le voit, ils ont les idées claires”, souligne le sergent Jean Youmouddine, sous-officier adjoint au chef de section VSC (volontaires service court). “J’ai vu le RSMA se construire et venir faire de l’insertion ici, c’est un honneur”, ajoute le militaire originaire de Mayotte qui a passé 22 ans à Angoulême.

Grâce aux encadrants, les jeunes recrues peuvent en effet s’orienter vers l’une des 19 formations proposées par le régiment. Neuf d’entre elles concernent le bâtiment, avec des ateliers dédiés directement sur le site de Combani. Mais les volontaires peuvent aussi s’orienter vers le tertiaire : restauration, sécurité, commerce, aide à la personne, transport routier… En bonus ? Le permis, qu’ils passent gratuitement et un petit revenu de quelque 300 euros par mois payé à tous les volontaires stagiaires. À l’issue de la formation, qui peut s’étaler sur dix mois, le jeune peut directement postuler à un poste ou tenter de rejoindre une formation qualifiante.

 

80% d’insertion à Mayotte

 

Ce jeudi, une quinzaine de recrues se voyaient ainsi remettre leur CAPI, certificat d’aptitude personnelle à l’insertion, après dix mois passés entre ces murs. De quoi garantir à leur futur employeur la validation des “compétences nécessaires et attendues : un savoir-être, un savoir-faire, un savoir, et un savoir secourir”, rappelle le Lieutenant-Colonel Dubois. “Quand vous serez seuls face à votre employeur, face à votre famille, vous devrez vous rappeler d’être à l’heure, la bonne tenue, le goût du travail en équipe, le respect de son chef. N’oubliez pas les valeurs qui vous ont été inculquées.” Un volontaire est considéré comme inséré quand il décroche un contrat de plus de six mois. Face à la jeunesse de la population et le chômage de masse, ce dispositif dédié aux Outre-mer, devenu officiellement un régiment du service militaire adapté en 2018 et qui fête ses soixante bougies en France (33 années d’existence sur le département), confirme son implantation sur le territoire. À Mayotte, 80% des jeunes trouvent une sortie positive, dans l’emploi ou dans la poursuite d’une formation.

La pharmacie à usage intérieur du CHM rentre dans les standards métropolitains

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La pharmacie à usage intérieur du centre hospitalier de Mayotte a un fonctionnement bien particulier par rapport au reste de la France. Elle développe une ribambelle de projets, comme la fabrication de sirops pédiatriques, de gélules et de poches de nutrition parentérales standardisées, pour répondre aux spécificités du territoire. Pour autant, elle tend aussi vers la normalité en modernisant son unité de stérilisation. Entretien avec Makrem Ben Reguiga, le chef de service.

Flash Infos : Le mois dernier, vous avez annoncé la modernisation de l’unité de stérilisation de la pharmacie à usage intérieur du CHM, un projet d’établissement en attente depuis quelques années. Expliquez-nous les contours de ce chantier.

Makrem Ben Reguiga : Il s’agit d’une exigence réglementaire en termes de qualité et de sécurité des soins. Le matériel chirurgical qui est souvent précieux et rare nécessite d’être stérilisé après chaque utilisation. Il y a tout un processus qui est normalisé. Des normes internationales auxquelles nous devons répondre sans aucune dérogation. Dans ce processus là, nous avons des équipements vieillissants et des locaux non conformes. Nos demandes de remise à niveau depuis des années n’ont jusqu’alors pas été suivies d’effet. Il faut savoir que l’unité de stérilisation a été créée en 2003 avant l’achat de laveurs en 2007, qui ont une durée de vie de dix ans. À ce jour, nous les utilisons encore en raison des aléas qui ont empêché leur remplacement. Et nous sommes arrivés à un point de non retour. Les équipements sont fatigués, désuets… Et ne répondent plus aux besoins ! À titre d’exemple, nous avons dû arrêter plusieurs jours en avril dernier la production, ce qui a grandement impacté les blocs opératoires, les maternités et l’obstétrique.

Comme je le disais, l’ensemble de la chaîne de stérilisation n’est plus conforme en termes de qualité et de sécurité. À chaque fois, cela nous impose de procéder à énormément de vérifications et de contrôles et à redoubler de vigilance et d’efforts pour aboutir à un produit fini, conforme à la législation. Typiquement, nous sommes obligés de réaliser un bionettoyage des locaux quasiment quotidiennement, alors qu’en métropole ce n’est le cas qu’une fois par semaine, voire une fois par mois… Pourquoi ? Parce que nous avons des doutes sur la qualité de l’air et de l’eau.

FI : Comment se fait-il qu’au cours de toutes ces années aucune autorité ne vous ait jamais rappelés à l’ordre ?

M. B. R. : Depuis 2003, nous n’avons jamais été inspectés, donc nous n’avions pas le pouvoir de demander des travaux. Dans ces conditions, impossible que l’autorité suprême ne vienne démontrer par A + B qu’il faut les faire. En septembre 2019, nous avons eu nos premiers contacts avec le pharmacien inspecteur avant que celui-ci ne se rende sur place un an plus tard. Dans son rapport d’inspection, il a indiqué nos efforts pour répondre à ces normes, mais il a souligné l’importance de renouveler le matériel mais aussi de nous doter d’outils pour laver les équipements de transport qui prennent la barge et qui transitent entre les blocs opératoires dans le but de limiter la transmission des germes.

Le soutien de l’agence régionale de santé et cette inspection pharmaceutique nous ont permis d’être visibles aux yeux de la direction et d’avoir une certaine écoute. Le projet, qui est écrit depuis 2018, a eu un coup d’accélération avec l’arrivée de Christophe Blanchard à la tête de l’établissement. Il est dans le tiroir, il faut simplement effectuer quelques mises à jour. Nous avons déjà les devis, il suffit simplement de passer à l’acte, d’engager la dépense et de qualifier les travaux. Nous sommes sur un chantier d’un peu moins d’un million d’euros, financé par le CHM sur fonds propres.

FI : Dites-nous en plus sur les équipements que vous allez recevoir… Et que vont-t-ils apporter dans la prise en charge des patients ?

M. B. R. : Nous sommes en contact avec le fournisseur suédois Getinge, qui est le numéro un mondial en stérilisation et qui a une qualité incomparable C’est la meilleure marque internationale. Nous allons donc nous doter d’équipements de dernière génération. Autre avantage avec cet équipementier : il a un service après-vente local pour Mayotte et La Réunion, ce qui nous permet de bénéficier d’une réactivité et d’une prise en charge rapide. Nous allons acheter trois laveurs-désinfecteurs – pour laver et désinfecter les matériaux avant stérilisation qui se fait sous condition de humide à haute température- et une cabine de lavage, qui sera une nouveauté sur le territoire et qui assure une désinfection à haut niveau des équipements de transport et de stockage.

En résumé, nous aurons du matériel et du contenant stériles. Cela va énormément limiter le nombre d’infections nosocomiales. Au cours des dernières années, nous avons eu une hausse importante du nombre de cas épidémiques liés à un portage manuel. Cela va permettre de casser cette chaîne de transmission. Nous rentrerons alors dans les standards nationaux. Et avec le projet de traçabilité des quelque 10.000 dispositifs médicaux réutilisables, nous allons pouvoir suivre les maladies infectieuses qui pourraient être liées aux patients précédents. C’est le principe de ceinture-bretelle : d’un côté, nous stérilisons correctement, de manière robuste, de bout en bout, de l’autre, nous n’aurons plus de croisement des instruments. Sans présomption, nous serons meilleurs que bon nombre d’hôpitaux métropolitains de ce point de vue-là.

FI : Sur quel calendrier tablez-vous pour ces deux projets transversaux ?

M. B. R. : Sur la traçabilité, nous avons reçu les équipements. Malheureusement, la personne censée paramétrer les logiciels et former les collègues a eu un aléas de santé. Nous espérons pouvoir commencer au mois de juillet. C’est en bonne voie.

Sur la grosse cavalerie, il s’agit d’un projet multidisciplinaire : il y a l’équipementier Getinge, la direction des travaux du CHM qui est actuellement très prise avec l’hôpital de Petite-Terre, mais aussi nous, la pharmacie. Car durant le chantier, il va falloir trouver des solutions alternatives pour stériliser. Aujourd’hui, où en sommes-nous ? Le matériel a été commandé et la fabrication a commencé, nous avons eu la confirmation il y a quinze jours. Ce sont des produits dédiés à une installation donnée donc forcément cela prend trois à quatre mois. Auxquels il faut ajouter trois mois de transport maritime. Nous pensons recevoir les équipements vers mi-décembre et les installer fin février 2022. Entre-temps, en interne, nous devons, avec le bureau d’études que nous allons engager, planifier les travaux et la transition de quatre à six semaines.

FI : De tels outils vont demander une montée en compétences des agents de la pharmacie. Comment va se dérouler ce volet formation ?

M. B. R. : Nous avons commencé depuis 2020 à former neuf personnes sur la conduite d’autoclaves. Et en novembre prochain, nous allons entamer la partie lavage et désinfection pour l’ensemble de l’équipe. Un prestataire, le centre national d’enseignement hospitalier, va rester trois semaines à Mayotte et attribuer in fine l’équivalent d’un diplôme universitaire. Je tiens à remercier la direction qui a été très réactive, car en temps normal, les demandes de formation se font l’année précédente. Mais comme le projet a été validé début mai, il a fallu aller vite.

FI : La pharmacie est une véritable usine avec plus de cent salariés. Quelles sont vos particularités par rapport aux autres territoires d’Outre-mer et à la métropole ?

M. B. R. : À Mayotte, la pharmacie hospitalière a évolué. Il faut savoir que notre cœur de métier est de tout faire pour que le patient hospitalisé reçoive le traitement adapté. Nous sommes responsables juridiquement et pénalement de la rupture d’approvisionnement si nous n’arrivons pas à proposer un équivalent thérapeutique.

Depuis trois ans, nous essayons de développer de nouvelles solutions appropriées au territoire. Par exemple, nous produisons nous-mêmes notre oxygène médical, ce qui fait de nous la troisième pharmacie de France dans ce domaine. En 2021, nous allons multiplier par 2.5 notre capacité et allons devenir la plus importante production hospitalière.

Depuis un an, nous avons aussi monté une unité de production de sirops pédiatriques pour faire face au nombre important de naissances, de cardiopathies (maladies héréditaires du cœur) et de spécificités liées au bassin océan Indien. Précédemment, nous préparions des médicaments à la demande, c’est-à-dire des préparations magistrales. Aujourd’hui, nous procédons à des séries semi-industrielles. À moyen fixe, cela nous permet de répondre plus facilement aux besoins des patients, notamment des enfants en pédiatrie. Par ailleurs, les maladies rénales nécessitent de faire venir des gélules extrêmement onéreuses de la métropole. Nous allons investir d’ici juillet-août dans un gélulier semi-automatique pour les réaliser nous-mêmes sous forme semi-industrielle. L’ambition consiste vraiment à devenir autonome !

Le troisième projet que nous menons avec la médecine néonatale est la production de poches de nutrition standardisées afin de prendre en charge rapidement les enfants prématurés très fragiles, qui ont besoin d’alimentation par voie sanguine. Nous allons démarrer avant la fin de l’année. Ce sont des activités très techniques dans lesquelles la marge d’erreur n’est pas du tout acceptée. En gros, si nous avons des valeurs avec 1% d’écart par rapport à la cible, cela peut être délétère pour le patient.

Pour revenir sur l’organisation générale, nous sommes une structure multi-site avec une pharmacie centrale et cinq autres périphériques ainsi qu’un site logistique à Longoni qui concentre quasiment 5.000 mètres carrés de stockage, soit 3.000 palettes. Ce qui nous permet d’avoir une autonomie, en cas d’aléas, de cyclones, de poussées épidémiques. C’est une fourmilière, même si nous sommes toujours en sous-effectif, car nous avons une file active de patients indéfinie… Il nous faut plus de moyens : nous n’avons qu’un poste et demi pour l’approvisionnement en médicaments, un seul pour le dispositif médico-stérile et 0.5 pour les chimiothérapies. Mais ce n’est pas tout. En métropole, nous parlons de rupture lorsque le médicament n’est pas reçu sous trois jours. En 2020, mon délai moyen d’acheminement maritime est de 110 jours ! Sans parler des contraintes et plafonds financiers, qui nous imposent d’avoir un pilotage financier et à prioriser les dépenses.

FI : Mayotte connaît son lot de spécificités… La pharmacie y échappe-t-elle ? Par exemple, quels médicaments génériques sont plus utilisés ici qu’ailleurs ?

M. B. R. : Dans notre pharmacie, un quart de nos dépenses, hors médicaments onéreux, repose sur les vaccins alors que nous ne sommes pas censés vacciner le couple mère-enfant, c’est à la charge des 22 PMI ouvertes en théorie. Ce ne se fait nulle part ailleurs, c’est typique à Mayotte ! En 2018 et en 2019, nous avons vécu des épidémies de coqueluche et de rougeole par défaut de vaccination… Nous prenons aussi en charge le VIH. Habituellement remboursés à l’hôpital, ces produits ne le sont pas chez nous car la majorité de nos patients sont non affiliés sociaux. Sans oublier les antibiotiques courants, pour l’angine par exemple, qui représentent une part non négligeable de notre ligne budgétaire. L’état socio-économique de la population et les conditions de vie soumettent les patients à de fortes pressions infectieuses. Ces trois caractéristiques-là sont censées être dépendantes du circuit officinal. Or, c’est une empreinte du CHM ! Nous devons assumer cette part pour garantir un minimum de santé publique conforme.

Toufaili Andjilani s’envole pour de nouvelles aventures en Nouvelle-Calédonie

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Après 20 ans au service de la rédaction RFO, puis Mayotte la 1ère, Toufaili Andjilani, l’actuel rédacteur en chef de la chaîne publique à Mayotte, quitte son île et son équipe pour la Nouvelle-Calédonie. Un départ qu’il prend avec sérénité, mais non sans une pointe de nostalgie.

toufaili-andjilani-nouvelles-aventures-nouvelle-caledonieConfortablement assis sur son siège, ses doigts pianotent le clavier d’ordinateur. Le regard rivé sur l’écran, Toufaili Andjilani prend à cœur son rôle de rédacteur en chef de Mayotte la 1ère jusqu’aux derniers instants. Avant de quitter son poste et son équipe de toujours, il tient à finir sur un coup de maître ! « Nous avons une grande cérémonie qui nous attend, nous devons couvrir l’élection du futur président du Département », indique-t-il. Ce dernier grand évènement marque la fin de son aventure à Mayotte pour de longues années. Car celui qui a porté la rédaction commune de Mayotte la 1ère durant deux ans a accepté une mutation à l’autre bout du monde, plus précisément en Nouvelle-Calédonie. De nouveaux horizons et challenges qu’il a hâte de découvrir. « C’est un autre pays avec des enjeux importants. Il y a le 3ème référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie prévu au mois de décembre. Tous les projecteurs de la France seront braqués là-bas, et nous relèverons le défi », assure-t-il, impatient de rentrer dans le vif du sujet.

Mais si Toufaili Andjilani quitte Mayotte, c’est également pour pouvoir se confronter à une autre réalité. Dans un territoire où tout le monde connaît tout le monde, il est parfois difficile de prendre du recul « Parfois, il faut prendre des décisions tout en sachant qu’ici, toutes les familles se connaissent. C’est donc difficile d’avoir le rôle de chef objectif. Il faut préserver les liens tout en imposant une certaine rigueur au travail », dévoile-t-il. C’est donc tout naturellement qu’il se dit heureux de vivre une nouvelle expérience à plusieurs milliers de kilomètres de son île natale, même s’il ne s’en cache pas, il aura toujours une pensée pour ses collègues de Mayotte la 1ère avec qui il a tout vécu. Les bons comme les mauvais moments.

En évoquant ces instants, il a immédiatement une pensée pour la regrettée Anliat Boina Issa, journaliste pionnière de Mayotte qui nous a quittés il y a quelques mois. « Sa mort m’a complètement bouleversé, c’est le moment le plus difficile de ma carrière. Je me suis beaucoup questionné. Elle était quelqu’un qui m’a toujours soutenu, elle était bienveillante et travaillait beaucoup. Son absence est un vide au sein de la rédaction que nous ne pourrons pas combler », avoue-t-il encore ému. Il n’oublie pas non plus les moments intenses qu’il a vécu depuis qu’il est à la tête des trois rédactions – télé, radio et Internet -, à l’exemple de la visite du président Emmanuel Macron en octobre 2019. Ses équipes et lui avaient assuré sept heures de direct, sans oublier la couverture des dernières élections municipales et départementales.

 

Le journaliste de terrain face aux postes à responsabilités

 

Toufaili Andjilani a intégré la rédaction de RFO au début des années 2000. Il a gravi les échelons grâce à sa détermination et son acharnement pour le travail. Le métier de journaliste, il en rêvait depuis son adolescence. « J’avais vu un reportage sur la guerre du Golfe avec Bertrand Cocq qui faisait un plateau de situation et c’est ce qui m’a donné envie de faire ce métier », se souvient-il. Si ce dernier a adoré être au cœur de l’actualité et aller au contact des gens, tout cela n’était plus possible depuis sa promotion en tant que rédacteur toufaili-andjilani-nouvelles-aventures-nouvelle-caledonieen chef. « Je suis partagé parce que plus j’évolue, plus je m’éloigne du terrain. Je veux garder ce lien avec le journalisme aussi longtemps que je pourrai », affirme-t-il. Son ascension laisse croire qu’il vise le poste de directeur régional d’une station de France Télévisions, mais la réalité est loin de ce que l’on peut imaginer. « En tant que rédacteur en chef, je fais encore du journalisme même si je ne suis pas sur le terrain. Le poste de directeur, c’est autre chose… Tu es plus administrateur ! Et je n’ai pas envie de faire ça, ce n’est pas mon métier », déclare le futur rédacteur en chef de Nouvelle-Calédonie la 1ère.

Qu’importe ses choix, il sait qu’il pourra compter sur son épouse qui accepte le rythme de travail intense qui s’accompagne avec son statut. « Quand nous faisons ce que je fais, nous travaillons sept jours sur sept, quasiment 24heures sur 24. Nous nous levons tôt et nous nous couchons très tard. C’est important d’avoir quelqu’un dans sa vie qui puisse comprendre cela et c’est le cas de ma femme. Elle ne me fait jamais culpabiliser mes absences », dit-il fièrement. Son départ signe le fin d’une époque au sein de la rédaction de Mayotte la 1ère, mais aussi le début d’une nouvelle ère. Tous ses collègues l’affirment, il sera fortement regretté. Bon vent Toufaili !

Une journée dans la peau des volontaires du service national universel à Mayotte

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Depuis lundi 21 juin, 42 jeunes participent à la première phase du Service National Universel à l’internat du lycée de Dembéni à Tsararano. En 2021, ce dispositif national rassemble 17.000 volontaires, âgés de 15 à 17 ans en France métropolitaine et dans les départements d’Outre-mer. À Mayotte, ils sont 43 lycéens à y prendre part. Cerise sur le gâteau, l’un d’eux se rendra même à Paris à l’occasion du défilé du 14 juillet.

Dring, dring ! 5h10… Le réveil sonne. Les yeux des 43 jeunes volontaires du service national universel s’ouvrent péniblement, au gré des premières lumières du jour. Pas le temps toutefois de somnoler et de retomber dans les bras de Morphée. Ni une ni deux, les lycéens s’activent et revêtent leur uniforme pour hisser le drapeau tricolore dans la cour du lycée polyvalent de Tsararano, à 6h pile. Hors de question d’arriver en retard ! “Après la levée des couleurs, nous leur apprenons un peu d’ordre serré tous les matins. Ce sont eux qui ont insisté afin de pouvoir participer au défilé du 14 juillet à Dembéni”, précise Marie Charifou, la cadre de compagnie.

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Un programme chargé jusqu’au dodo

 

Place ensuite aux tâches ménagères avec le rangement des chambres, moment durant lequel ils font leur lit au carré, et le nettoyage de tout l’étage de l’internat où ils logent. Un réveil pour le moins militaire ! À 7h, direction le self pour la collation, qui coïncide avec l’un des seuls temps mort de la journée. Parfait pour se remplir le ventre avant la répartition des volontaires en deux groupes pour une séance de sport et de sophrologie. Ce mercredi matin, c’est l’occasion pour eux de prendre soin de leurs corps et de leur mental. Au programme ? Différentes thématiques telles que la cohésion, la découverte du patrimoine culturel, de l’engagement, la sécurité, l’autonomie en lien avec l’accès aux droits et la connaissance des services publics, la défense sécurité et les résiliences nationales ainsi que le développement durable.

Bis repetita l’après-midi, après la pause déjeuner. Les ateliers redémarrent sur les chapeaux de roue, histoire de brasser, en long, en large et en travers, tous les sujets à l’ordre du jour. Quatre heures intenses au bout desquelles s’enchaînent le temps libre de 17h à 18h pour profiter des derniers rayons de soleil, puis le dîner jusqu’à 19h30. Pas le temps de réellement relâcher la pression qu’arrivent le brief sur la démocratie et les activités du soir. Le coup de grâce intervient avec l’extinction des feux à 22h. Exténués, les jeunes peuvent enfin profiter d’une nuit de sommeil bien méritée.

 

Moustoihi, symbole de Mayotte le 14 juillet

 

Une routine quotidienne qui se répète inlassablement depuis le 21 juin. Avant la cérémonie de clôture organisée ce jeudi 1er juillet avec l’ensemble des volontaires, des encadrants, des personnalités et des membres du comité de pilotage. À l’approche du bilan, les retours s’avèrent plus que positifs. Depuis le début de leur formation, les 43 participants au séjour de cohésion font preuve d’un enthousiasme sans faille. Et une petite surprise de dernière minute s’invite même à la partie. “Le président de la République, Emmanuel Macron, a demandé pour le 14 juillet la création d’une chorale engagée de 132 jeunes, parmi lesquels 12 jeunes volontaires en service national universel pourront participer. Nous avons alors été contactés pour savoir si nous avions une perle à présenter dans nos rangs », confie la directrice déléguée aux formations professionnelle et technologiques au lycée de Tsararano. « Nous avons fait passer des auditions et l’un d’entre eux a été retenu. Il va alors intégrer le chœur de la chorale et chanter place de la Concorde. C’est vraiment une expérience formidable pour ce jeune qui a été félicité par tous ses camarades.” Élève au lycée Younoussa Bamana, Moustoihi représentera donc fièrement le 101ème département français dans quinze jours lors de la fête nationale dans la capitale.

 

Le SNU quésako ?

 

Le service national universel était l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron en 2017. Une session test avait été mise en place en 2019 et avait rassemblé 2.000 volontaires. Cette année, le nombre de ceux-ci a été multiplié par 8.5. Le SNU se présente comme un dispositif qui vise à faire découvrir aux jeunes de nouveaux horizons. Il ne veut en aucun cas être perçu comme un retour du service militaire, suspendu en 1997 par Jacques Chirac, mais comme “une aventure inclusive et universelle pour donner aux jeunes les clés de leur avenir commun”.

Grande distribution, petites surfaces : les doukas indépendants menacés à Mayotte ?

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Une nouvelle enquête de l’Institut national de la stastiques et des études économiques (INSEE) analyse les lieux d’achats à Mayotte en 2018. En une petite dizaine d’années, les supérettes des grands groupes comme Sodifram et BDM (Bourbon Distribution Mayotte, qui détient les Douka bé) se sont développées, attirant davantage de consommateurs que les grandes surfaces. Lesquelles restent essentiellement prisées par les ménages à plus hauts revenus. Des disparités de consommation qui confirment les inégalités sociales et économiques du 101ème département.

Le paysage de la distribution évolue à Mayotte et avec lui, les habitudes des consommateurs. C’est ce qu’analyse une nouvelle publication de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) sur les lieux d’achats en 2018. Première conclusion : les Mahorais effectuent 55% de leurs courses alimentaires en grandes surfaces, soit nettement moins que leurs voisins de La Réunion (77%) ou que dans l’Hexagone (69%). Entre 2011 et 2018, cette part diminue même de trois points.

Les gagnants de cette tendance ? Les petites surfaces alimentaires de moins de 400 m2, qui voient quant à elles défiler quatre fois plus d’achats alimentaires qu’en France. Et parmi elles, les “petites surfaces alimentaires d’enseignes locales” se développent fortement depuis 2010. Il faut y voir sans surprise l’œuvre de Sodifram et BDM, et sa chaîne de Douka Bé, qui ont maillé le territoire avec des supérettes plus petites et plus accessibles pour tous. Ces nouvelles enseignes ont été “développées dans le courant de la décennie par les grands groupes pour atteindre davantage les populations les plus pauvres”, confirme l’étude.

 

Les épiceries indépendantes à la peine

 

Et elles commencent ainsi à faire de l’ombre aux “doukas”, ces 2.000 petites épiceries indépendantes qui détiennent en 2018 12% des parts du marché alimentaire. “Les petits doukas se font un peu manger, car ils ont une offre de produits très concentrée : quatre produits représentent 70% de leur chiffre d’affaires, or les gens ne consomment pas que ces produits-là, donc ils vont naturellement se fournir ailleurs”, développe Bertrand Aumand, chef du service régional de l’INSEE à Mayotte. Une concentration du marché qui pourrait augurer une hausse des prix ? “C’est une possibilité”, concède avec prudence le Monsieur Statistiques de l’île aux parfums. “Il ne s’agit pas là d’une enquête sur le niveau de prix, que l’on fera par ailleurs. Mais le prix n’est pas le seul facteur de détermination du choix, et là, c’est plutôt un facteur de proximité.

 

Des inégalités qui se creusent

 

Une habitude de consommation qui découle naturellement du niveau de vie des Mahorais. “Si les gens sont plus pauvres et n’ont pas de voiture, ils vont au plus près”, résume Bertrand Aumand. Seulement un ménage pauvre sur dix dispose d’une voiture, contre huit sur dix pour les ménages plus aisés. Les familles les plus précaires vont donc faire leurs courses à pied ou en taxi, ce qui limite les déplacements. Et c’est l’une des autres clés de lecture de l’étude : si les ménages consacrent en moyenne 24% de leur budget en produits alimentaires – huit points de plus qu’en France métropolitaine et dans les autres DOM, mais aussi trois points de moins qu’en 2011, en lien avec l’élévation du niveau de vie -, ceux à très bas revenus y sacrifient deux fois plus de leur budget que les ménages non pauvres : 36% soit 210 euros par mois, contre 17%, qui représentent 410 euros par mois pour les plus riches.

En gros, les écarts de richesse restent considérables – et se creusent d’ailleurs, comme l’avait déjà démontré une enquête antérieure en juillet 2020 – et cela se traduit dans les types de consommation. “Les plus aisés vont plus facilement faire leurs achats en grande surface, c’est quasiment trois points de plus que les plus bas revenus, c’est énorme !”, souligne le chef de l’INSEE Mayotte. Des ménages plus riches, qui vont aussi pouvoir effectuer leurs achats hors alimentaires à l’extérieur du département, en France ou à l’étranger. C’est notamment le cas pour les téléphones portables, qui étaient encore deux fois plus chers à Mayotte que dans l’Hexagone en 2015. De même pour l’habillement, qui représente une part deux fois plus élevée du budget de ménages mahorais qu’en métropole ou dans les autres DOM.

Quant aux produits frais, poisson, fruits et légumes, manioc et fruit à pain, ce sont encore les marchés ou marchands ambulants des bords de route qui sont les plus prisés, même si l’enquête note un léger infléchissement depuis 2011, au profit des petites surfaces alimentaires. Une donnée qui illustre la difficulté à formaliser certaines filières.

Conflits sociaux, projet gazier, immigration : Jean-François Colombet tire sa révérence

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Le représentant de l’État s’envolera lundi pour le Doubs, à Besançon, où il doit prendre ses fonctions le 12 juillet en tant que préfet, dans cette région industrielle de Bourgogne Franche-Comté aux enjeux bien différents de Mayotte. Avant de quitter officiellement le territoire, Jean-François Colombet revient pour Flash Infos sur ses deux années à la tête de la préfecture.

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Flash Infos : Arrivé en juillet 2019 à Mayotte, vous aviez déjà une expérience des Outre-mer à La Réunion et en Guadeloupe, mais c’était votre premier poste de préfet. Et en deux ans, presque un record de longévité pour le département, vous avez vécu un an de crise sanitaire, sans compter les nombreux épisodes de violences, les grèves… Un baptême du feu, cette expérience ? Quel bilan en faites-vous aujourd’hui ?

Jean-François Colombet : Un baptême du feu, non, on ne peut pas dire ça ! Il faut regarder le parcours complet, j’étais secrétaire général de la préfecture de Haute-Garonne, sous-préfet de Toulouse, avec ses 1,49 million d’habitants, directeur de cabinet du préfet en Alsace où j’étais quasiment préfet de police de Strasbourg, dans une ville très touchée par la radicalisation et la délinquance… Donc non, même s’il s’agit de mon premier poste en tant que préfet, dans le corps préfectoral, grâce au compagnonnage, on est formé par ses emplois successifs, on est préparé. Certes, c’est un premier poste difficile, Mayotte. C’est peut-être même le poste le plus difficile de la République. Mais on n’arrive pas là sans connaître les responsabilités. Il est vrai que l’adversité est présente à chaque instant, les défis à relever sont très nombreux et il y a bien sûr une attente très forte et légitime de la population.

Globalement, je dois dire que pendant ces deux années, nous avons maintenu une cohésion sur l’île par rapport aux secousses des années présentes, en 2018, en 2011… J’ai toujours veillé à ce que la convergence n’existe pas entre les violences urbaines et les conflits sociaux. Cela a vraiment été mon point de vigilance, à tel point que je me suis investi personnellement dans la résolution des conflits qui ont marqué ces deux années. Je pense par exemple au conflit des sapeurs-pompiers, vous vous en souvenez sûrement, celui de BDM l’année dernière, ou encore celui des transports scolaires. Y compris jusqu’à la semaine dernière, où il a fallu réagir très vite pour mettre fin aux barrages. Bref, cela a été mon combat le plus sensible, d’éviter que la violence urbaine se mêle aux revendications sociales, qui sont normales en soi.

FI : Le principal fléau de Mayotte, la délinquance, suscite encore énormément d’attentes. On se souvient qu’une déclaration d’Annick Girardin en 2020, alors ministre des Outre-mer, avait provoqué un tollé en affirmant que les faits de délinquances étaient en baisse. Non seulement, ce n’était pas le ressenti de la population, mais le bilan 2020 de la délinquance a plutôt montré le contraire. Après deux ans à Mayotte et malgré les nombreux moyens mis sur la table, comment expliquez-vous qu’on ne parvienne pas à endiguer ce fléau ?

conflits-sociaux-projet-gazier-immigration-jean-francois-colombet-tire-sa-reverenceJ.-F.C. : Cette violence n’est pas nouvelle. Sur les vingt dernières années, le sujet n’a eu de cesse de défrayer la chronique, il suffit de jeter un œil à l’INA pour s’en convaincre. Deuxièmement, Mayotte, je le dis souvent, a connu en dix ou quinze ans des évolutions considérables, telles que la société n’en avait pas connu pendant deux siècles. Comme par exemple, la disparition de l’influence des cadis, ou bien, me disait-on, le fait que le village éduquait les enfants, toujours placés sous le regard des adultes même sans lien de parenté. Ce sont autant de repères qui se sont dispersés, et il faut donc que la société mahoraise se réadapte. Ensuite, faut-il le rappeler, 60% de la population a moins de 25 ans. Avec cette donnée en tête, vous comprenez bien que nous sommes sur un territoire totalement éruptif ! Nous sommes confrontés à Mayotte à quatre défis, et le premier, c’est bien sûr l’éducation. Trop de jeunes encore ne sont pas intégrés dans le système éducatif. Le deuxième sujet, c’est la parentalité. J’ai tenté de m’y atteler en ouvrant des maisons de la famille et de parentalité, pour épauler ces personnes et les aider à suivre leurs enfants difficiles. Enfin, troisième défi, celui de la répression : il faut que nous ayons un dispositif plus adapté. Je trouve que la réaction de l’autorité judiciaire a pu être faible par le passé. Les choses évoluent mais les réponses ne sont pas toujours au rendez-vous. Reste enfin le défi de l’insertion, compétence qui relève davantage du conseil départemental et de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Ceux qui ont les clés de chacun ces défis doivent continuer à travailler ensemble comme nous avons commencé à le faire. Cela montre ses effets, même s’il faut du temps pour éradiquer l’ultra-violence. Il faut rester optimiste pour enfin arrêter que des bandes de jeunes d’un village aillent affronter les bandes de jeunes d’un autre village. Pour que l’État ne soit plus obligé d’affecter tous les jours des gendarmes mobiles pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de tuerie, car c’est bien de cela que l’on parle.

FI : Vous êtes arrivé en juillet 2019, au moment de la signature de l’accord-cadre avec les Comores. Deux ans plus tard, est-ce que ce partenariat s’est montré à la hauteur des attentes ?

J.-F.C. : L’accord-cadre commence aujourd’hui à se développer. Quelques millions d’euros ont été engagés et je le dis franchement : je pense que l’Union des Comores commence à faire des choses intéressantes et dont nous ressentons peu à peu les effets à Mayotte. Il faudra persévérer et je reste prudent, mais je crois que nos voisins sont sur une tonalité beaucoup plus partenariale. De notre côté, le dispositif Shikandra annoncé par le président de la République rencontre des effets très concrets. Ce n’est pas encore 100% satisfaisant, mais quand je regarde les interpellations au temps de mon prédécesseur, nous sommes passés de 1.691 entre janvier et mai 2019, à un bilan de 3.066 interpellations en 2021 pour mon équipe et les forces engagées. C’est presque le double ! Même chose pour les passeurs – 63 avaient été arrêtés en 2019, contre 179 entre janvier et mai 2021 -, pour les kwassas et pour les moteurs détruits ! Cela montre une avancée très positive sur ces sujets. Un autre signe : les kwassas que nous interceptons ont des moteurs moins puissants, ils sont en plus mauvais état. Et les passeurs sont de plus en plus agressifs, ce qui rend d’ailleurs les opérations délicates. On argumente souvent que les gens reviennent, ce n’est pas vrai. Ce n’est plus vrai. D’ailleurs, le prix de la traversée a augmenté. Sur 100 embarcations, nous interceptons aujourd’hui 80 bateaux et cela s’améliore grâce à l’avion que j’ai mis en place et que le ministère de l’Intérieur a accepté de financer pleinement. Nous avons donné un élan nouveau, plus performant, plus efficace à la lutte contre l’immigration clandestine. Nous avons aussi supprimé des titres de séjour, plus d’une centaine à ce jour. Et nous allons continuer à détruire les bidonvilles. Il y a encore une opération cette semaine et un programme ficelé après mon départ, qui ne laissera pas mon successeur sans ressource, je vous le garantis ! Et concomitamment, il faut bien sûr développer l’hébergement temporaire, nous avons aussi un programme sur ce sujet. Donc je pense que le bilan est positif, qu’il faut maintenir nos efforts, et d’ici une dizaine d’années, nous en sentirons les bénéfices.

FI : Mayotte est aussi un territoire en plein développement, avec pour preuve les créations d’entreprises qui atteignent de nouveaux records chaque année. Qu’est-ce qui illustre le plus ce développement selon vous ?

J.-F.C. : L’économie mahoraise est la plus dynamique des économies ultramarines. Le taux de création d’entreprises, qui était loin derrière, devance aujourd’hui ceux de la Martinique et la Guadeloupe et talonne celui de La Réunion. Les clignotants se mettent au vert les uns après les autres. Il y a le civisme fiscal qui progresse, de plus en plus de gens qui accèdent à l’emploi… Ce sont d’excellents signes. Et cela nous pose d’ailleurs des enjeux sur les plans de l’énergie et de l’eau sur lesquels il faudra avancer. Dans tout cela, ma plus grande satisfaction reste d’avoir pu arrimer le groupe Total à Mayotte. Nous l’avons fait à bas bruit, mais la base arrière du gaz du Mozambique, pour Total, ce sera Mayotte, c’est signé. La prochaine cible : les Américains, titulaires du deuxième lot. S’ils savent qu’à 400 kilomètres du gisement, il y a une île qui s’appelle la France, qui s’appelle Mayotte, croyez-moi, ils n’hésiteront pas à venir chercher leurs ressources arrières ici. De quoi générer des flux de salariés, qui transiteront à Longoni, et pourquoi pas, si la piste longue entre dans ces plans, imaginer un hub vers l’Asie. Et si nous sommes capables de bricoler un package touristique avec Madagascar et les autres, nous pourrons capter cette clientèle, et commencer à développer un tourisme qui ne soit pas seulement affinitaire. Les perspectives sont énormes pour Mayotte !

FI : Vous avez aussi animé la consultation des forces vives pour la future Loi Mayotte. Une loi programme qui a suscité son lot de critiques. Entendez-vous cette forme de résignation d’une partie de la population ? Pensez-vous que cette consultation ait fait émerger des idées nouvelles et pourront-elles vraiment trouver une déclinaison concrète ?

J.-F.C. : Je comprends la réticence. Nous avons fait venir tellement de missions d’inspection générale sur cette île avec de haut fonctionnaires qui passent trois jours et disent ensuite ce qui est bon pour les Mahorais… Aujourd’hui, la population est prudente, mais personnellement, je crois dans ce projet de loi. J’ai pu mesurer pendant ces deux ans à quel point nous sommes soutenus par le ministre des Outre-mer. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas encore venu qu’il a délaissé Mayotte, bien au contraire. Nous sommes aussi très soutenus par le ministère de l’Intérieur, je vous l’ai dit avec l’avion que nous avons réussi à pérenniser, et également par le ministère des Solidarités et de la Santé, nous l’avons vu avec cette crise sanitaire. Par Matignon, également. Certes, ce projet de loi ne sera pas adopté avant la fin du mandat, le ministre l’a toujours dit. Mais s’il est approuvé en conseil des ministres, il s’imposera à tout le monde quel que soit le titulaire de la présidence. De la même façon qu’Emmanuel Macron a appliqué en Guyane le plan prévu par François Hollande. Et tant mieux ! Car ce projet de loi contient des choses intéressantes sur le renforcement de l’État régalien, sur la sécurité, l’adaptation des textes, sur la LIC, des choses aussi sur la convergence sociale, sur les prestations sociales, qui s’imposent aujourd’hui comme une évidence. De plus, certaines propositions peuvent être mises en œuvre sans attendre. L’idée de consulter les maires avant de délivrer un titre de séjour, je l’ai très souvent entendue pendant la consultation, et elle n’est pas mauvaise. Pour les autres propositions, je pense que le gouvernement a l’intention d’avancer très vite, même s’il faut du temps pour traduire les 580 idées en articles de loi. Nous verrons ce que le ministre annoncera quand il viendra.

FI : Vous avez dit que vous partiez vous coucher découragé tous les soirs et repartiez motivé le matin. Quel est votre plus grand regret et votre plus grande satisfaction ?

J.-F.C. : Des satisfactions, j’en ai eues beaucoup et les Mahorais me le rendent. Cela me touche énormément. On est confronté à tellement de difficultés que le soir c’est difficile, quand on voit que les choses n’avancent pas aussi vite qu’on le voudrait, qu’elles ne sont pas aussi efficaces, que les situations ne se règlent pas comme on le souhaiterait… Mais cela donne envie de vous battre et moi je me suis battu jusqu’au bout ! D’ailleurs, je voudrais bien être ambassadeur de Mayotte, si l’on me confiait cette mission, pour porter les intérêts du département auprès des autorités que je fréquenterai dans mes nouvelles fonctions. Mais je dois dire que ma plus belle satisfaction – cela peut sembler un peu techno, je vous l’accorde – c’est le GIP (groupement d’intérêt public). J’ai eu le soutien du gouvernement, et le conseil départemental a eu l’intelligence de comprendre les enjeux, et c’est acté, ce GIP est créé. Et il fonctionne, avec une direction à 50/50 État, conseil départemental. Résultat, en 2027, cela apparaîtra comme une évidence que le Département devienne autorité de gestion en bonne et due forme. Et cela va nous permettre de capter les dizaines de millions d’euros d’assistance technique que nous n’avons jamais consommés à Mayotte, pour recruter des Mahorais et des cadres de haut niveau, de façon à ce que nos engagements et nos paiements soient plus forts encore, et à ce que des entreprises plus modestes puissent avoir la possibilité d’accéder à ces fonds européens. C’est une grande satisfaction, car nous avons ainsi préparé l’avenir sans faux débat, nous avons avancé ensemble avec le conseil départemental. Bien sûr, il y aura des gens qui voudront casser cette initiative, car cela ne servira pas les intérêts de tout le monde. Mais cela servira les intérêts de Mayotte. Et c’est ce qui m’importe.

Chaussez vos baskets, le premier trail de Mamoudzou vous attend

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Le club d’athlétisme de Mamoudzou organise sa première édition de trail le dimanche 4 juillet. Une course nature qui se fera dans les forêts du grand Mamoudzou. 12 kilomètres de parcours attendent les plus sportifs. En parallèle, une marche de 6 kilomètres sera également organisée pour que le sport soit accessible à tous.

Parés ! Le 4 juillet aura lieu le premier trail à l’initiative du club d’athlétisme de Mamoudzou. Le départ se fera à la MJC de Kawéni à 7h30, et le parcours de cette course nature a été tracé dans la forêt. Ce ne sont pas moins de 12 kilomètres qui attendent les coureurs. « Ils vont souffrir parce qu’il y a beaucoup de montées, c’est vraiment très dur comme trail ! », prévient d’emblée Michel Latour, le président du club. Une course qui s’annonce difficile mais qui ne fait visiblement pas peur aux 185 personnes déjà inscrites. Mais pour participer à la course, il faut être préparé et avoir une certaine endurance. Alors un parcours moins endurant est également organisé pour un public plus large, sous la forme d’une marche de 6 kilomètres. « Au début, pendant les quatre premiers kilomètres, les deux parcours sont communs, ensuite il y a une bifurcation, les marcheurs redescendent sur Kawéni et les coureurs continuent », détaille Michel Latour.

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Pour l’heure, 85 personnes se joignent à la marche, soit un total de 270 participants à l’heure actuelle. Une organisation sans faille est donc de rigueur pour assurer la sécurité de tous. « Nous aurons 70 bénévoles qui seront sur place pour aider. Les polices nationale et municipale de Mamoudzou sont au courant de la manifestation et pourront intervenir si nécessaire. Sur place, nous aurons également des secouristes et deux médecins du club », assure l’organisateur. Lesplus courageux auront le plaisir de se dépenser physiquement et les premiers de chaque catégorie seront récompensés par un bon d’achat de 100 euros ainsi que d’une coupe.

 

Rendre le sport plus accessible

 

Pour participer au trail de 12 kilomètres, il faut s’acquitter d’une somme de 12 euros. En revanche, la marche de 6 kilomètres est totalement gratuite pour une raison bien précise. « Nous avons un club sport santé et nous avons reçu des subventions pour le développer. L’idée est de rendre la pratique physique accessible à tous et notamment aux femmes. Nous ne voulons pas que l’argent soit un frein », explique le président du club d’athlétisme de Mamoudzou. Inciter les gens à faire du sport est d’ailleurs la principale motivation des organisateurs de cette course. « Cet événement ne nous rapporte rien. Nous voulons juste faire plaisir à la population locale, en proposant quelque chose d’intéressant, de sportif et convivial », tient à préciser Michel Latour. Ce dernier a d’ailleurs l’ambition de répéter l’événement chaque année.

Mais son amour pour le sport doit faire face au manque de volonté de la part des élus pour développer certaines pratiques. « Nous manquons d’installations sportives, notamment nous qui faisons de l’athlétisme. C’est une aberration de ne pas avoir de piste de 400 mètres digne de ce nom en Grand-Terre, surtout avec la candidature de Mayotte aux Jeux des îles 2027 », s’indigne Michel Latour. Celle du stade de Cavani est en travaux depuis plusieurs années et n’est pas officiellement praticable… Mais les athlètes n’ont d’autre choix que de l’utiliser de manière officieuse, notamment les sprinteurs. « Nous espérons que les nouveaux conseillers départementaux vont faire bouger les choses », souhaite le président du club d’athlétisme. Un changement nécessaire pour les sportifs mais également pour la jeunesse qui pourrait s’adonner au sport et tourner le dos à la délinquance.

La date limite d’inscription est le 30 juin à 23h59.
Vous pouvez vous inscrire sur le site : www.sportpro.re

Sortie ponte avec Oulanga Na Nyamba

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Lundi 28 juin, novices et adeptes des sorties pontes étaient réunis avec les membres d’Oulanga Na Nyamba pour une excursion en Petite-Terre.

Vous n’avez jamais observé une tortue pondre ? Oulanga Na Nyamba vous emmène. À la nuit tombée, la petite équipe se retrouve sur la plage de Moya. Quatre fois par mois, les bénévoles de l’association encadrent petits et grands afin de leur faire découvrir ce moment magique : la ponte des tortues. Lorsque la marée monte, les reptiles rejoignent la plage en quelques coups de nageoires et viennent creuser un nid avant d’y déposer leurs œufs.

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Extinction des lumières et consignes de sécurité. À pas de loup, tous se dirigent vers la plage. Sur le sable, plusieurs tortues ont déjà commencé le travail. “L’objectif de nos sorties pontes est de sensibiliser le grand public. Nous voulons mettre en avant la valeur de la tortue mais aussi véhiculer le message qu’il ne faut pas aller observer une ponte seul lorsqu’on est novice. Il y a des règles à respecter pour ne pas les déranger et ce n’est pas en une ou deux sorties que l’on peut les maîtriser« , confie Dina Andrianaivoravelona, employée de l’association Oulanga Na Nyamba. En effet, Mayotte fait partie des hotspots de reproduction des tortues dans le monde. Si le nombre d’individus qui vient y pondre est très important, il n’est pas moins primordial de ne pas perturber le cycle de reproduction de cette espèce menacée.

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La protection avant tout

 

En décembre dernier, le préfet de Mayotte avait réuni l’ensemble des acteurs institutionnels et associatifs, comme la Deal, le conseil départemental, les associations Oulanga Na Nyamba et les Naturalistes de Mayotte, les communautés de Commune du Sud et de Petite-Terre ou encore la gendarmerie maritime, afin de signer un pacte de sauvegarde des tortues. Ce document avait vu le jour au lendemain des périodes de confinement où le nombre de braconnages était monté en flèche. “Le premier objectif de ce pacte a été la coordination des acteurs autour de la préservation des tortues. Travailler de concert et être plus efficace”, assure Linda Zouari, stagiaire ENA auprès du préfet. Avant d’ajouter : “Le deuxième volet du pacte s’est concentré sur l’apport d’un soutien financier aux associations Oulanga Na Nyamba et Les Naturalistes de Mayotte. Ces dotations ont servi à embaucher des équipes pour assurer une présence sur les plages, mais aussi acheter du matériel adapté à la surveillance nocturne et ainsi lutter contre le braconnage. Enfin, le pacte a permis la mise en place d’actions visant à augmenter la sensibilisation de la population autour de la tortue. Faire comprendre à tous qu’une tortue vivante a bien plus de valeur qu’une tortue morte”, détaille-t-elle.

 

Écouter avant d’admirer

 

Mohamed, bénévole au sein de l’association Oulanga Na Nyamba depuis plus d’un an, avait pour mission ce lundi soir de repérer les tortues en train de pondre sur la plage. “D’abord, j’observe les traces au sol pour savoir si la tortue est montée puis redescendue à l’eau ou si elle est toujours sur la plage. Ensuite, j’écoute. Si j’entends du bruit, c’est que la tortue est en train de creuser son nid ou de le reboucher. Il ne faut alors pas la déranger ! Si je n’entends rien et que la tortue est immobile, je m’approche très doucement pour ne pas la perturber et je regarde. Lorsque la tortue a commencé à pondre, elle ne s’arrête plus. C’est le seul moment où en se plaçant derrière elle, on peut allumer une lumière rouge et admirer la ponte”, raconte ce passionné qui confie s’être beaucoup documenté sur les tortues depuis qu’il est bénévole.

Autant d’étapes minutieuses qu’il faut respecter à la lettre pour ne pas effrayer l’animal marin et risquer de compromettre la ponte. En effet, si une tortue peut répéter l’opération plusieurs fois au cours de sa vie, seul un individu sur 1.000 atteindra l’âge adulte. Ce qui entraîne une lente régénération de l’espèce. Et devrait pousser l’ensemble des habitants de l’île aux parfums à se préoccuper de ce patrimoine naturel unique au monde…

Passation de pouvoir au pôle Ursec entre Christophe Caralp et Karim Mechergui

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Après un peu plus de trois ans, Christophe Caralp quitte la chefferie du pôle Ursec (urgences, réanimation, SAMU-SMUR, Evasan, caisson hyperbare) pour s’occuper essentiellement du service d’aide médicale urgente et redevenir « un simple soldat ». Il passe le relais à Karim Mechergui, qui va devoir assimiler ses nouvelles fonctions et apprendre à jongler entre les obligations administratives et l’activité clinique.

Entre Christophe Caralp et Karim Mechergui se dégagent un respect mutuel et une amitié sincère. Il suffit de les regarder prendre la pose, bras dessus bras dessous, pour comprendre ce lien qui les unit. De la même génération, les deux quadragénaires nourrissent la même conception de la médecine. Et partagent surtout le même goût de la taquinerie et du second degré. Une copie conforme sur le papier qui tombe à pic alors que le premier laisse sa place au second à la tête du pôle Ursec (urgences, réanimation, SAMU-SMUR, Evasan, caisson hyperbare). « En vrai, le praticien de réa n’a pas accepté le poste », pouffe de rire le sortant à destination de son successeur. Avant de reprendre un air plus sérieux : « On a alors réalisé un audit interne et il s’est positionné. » Bingo !

Depuis décembre dernier, la passation de pouvoir s’opère en douceur pour que Karim Mechergui prenne ses marques et assimile les rouages de sa nouvelle fonction. « C’est important qu’il y ait une forme de continuité et d’accompagnement. Quand j’ai pris le poste, mon prédécesseur est parti au bout d’une semaine… », se remémore, la mine déconfite, celui qui aura tout de même tenu un peu plus de trois années. Une période marquée par de nombreuses crises : rougeole, peste, Ebola en Afrique, et bien entendu Covid-19… Dur dans ces conditions de repartir pour un nouveau cycle de quatre ans. « Je sais que je vais faire une pause avec Mayotte à un moment donné. Dans quelques mois, cela fera dix ans que je suis le territoire », souligne Christophe Caralp, tenté de voguer vers de nouvelles aventures.

À l’inverse du Bordelais d’origine qui s’inscrit plutôt dans la durée. « En tant que chef du caisson, j’ai géré des équipes médicales et paramédicales. Cela m’a plu d’être décideur ! Quand il m’a proposé l’intérim, j’ai dit oui, mais ce n’était en aucun une ambition de carrière. Plus sérieusement, je ne sais pas si j’aurais accepté sans ce cadre de transmission. » Reste maintenant à apposer sa patte et surtout à trouver son rythme de croisière entre les nombreuses réunions de direction et les décisions de projet qui s’enchaînent dernièrement. Sans oublier la correspondance et la proximité avec les autorités telles que l’agence régionale de santé et la préfecture. « On a un petit temps administratif, mais rien qu’avec cela, j’ai déjà rempli mes heures. »

 

De nombreux projets pour les deux

 

Et c’est bien là toute la complexité de la tâche : ne pas se noyer sous la paperasse et en oublier sa mission première, à savoir sauver des vies. « Il faut être légitime et vu sur le terrain pour ne pas perdre la confiance de tes équipes », lui souffle Christophe Caralp. D’où la volonté de ce dernier de se concentrer essentiellement sur le service d’aide médicale urgente. Sans amertume aucune. « Je n’ai pas de souci à redevenir un simple soldat, bien au contraire. Je suis très content de m’être détaché du pôle Ursec qui est un poste usant. » Au Samu, moult projets l’attendent de pied ferme : le lien entre le 15 et le 18, l’instauration de la visiophonie, la formation des permanenciers ou encore la création d’une plateforme d’accueil des patients.

Sous la supervision de Karim Merchegui. Qui a lui aussi du pain sur la planche avec le renouveau des urgences, l’informatisation des évacuations sanitaires, l’installation d’une salle de crise, la mise en place d’un hélicoptère 24 heures sur 24, la construction d’héliports dans tous les centres médicaux de référence… « Je vais essayer de me calquer sur Christophe car on a la même vision et tout ce qu’il a monté va dans mon sens. Mais il va aussi falloir que je trouve mon équilibre. » Si le nouveau responsable va continuer à mener le projet de pôle écrit jusqu’en 2025, il aimerait communiquer davantage avec les autres services, à l’instar de la médecine, de la chirurgie et de la pédiatrie, dans le but « travailler en pleine efficience avec tout l’hôpital ».

Tandis que l’un aspire à monter en compétences rapidement pour « avoir plus de billes » et « être un bon manageur d’équipes », l’autre souhaite se « régénérer » et redécouvrir l’adrénaline de la première ligne. Car tous deux le savent, « le risque sinon est de s’enkyster dans son bureau ». « Mayotte est un accélérateur d’apprentissage, pas question de ressembler à la caricature du prof hospitalier », conclut Christophe Caralp. Avant de repartir hilare avec son pote, bras dessus bras dessous.

Avec son nouveau siège, la Croix Rouge s’affirme comme un acteur indispensable du territoire

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Il aura fallu prendre son mal en patience, mais la délégation territoriale de la Croix Rouge française à Mayotte bénéficie d’un siège flambant neuf à Passamaïnty. Une inauguration réalisée ce lundi 28 juin 2021 en présence du directeur général, Jean-Christophe Combe, qui a rappelé les principes et les valeurs de l’association fondée par Henry Dunant. Avec cette nouvelle maison, la Croix Rouge ouvre une nouvelle page de son histoire, sur un territoire où les missions ne manquent pas.

« On n’a pas fait les choses à moitié ! » Dans le brouhaha des mbiwis, toutes les voix sont unanimes à quelques secondes de dévoiler officiellement la plaque du nouveau siège de la Croix Rouge française à Passamaïnty, situé à proximité du lotissement Les Palétuviers. Un projet débuté il y a une décennie qui voit enfin le jour après deux ans de travaux. Dans l’euphorie du rendez-vous, des dizaines de bénévoles s’adonnent même à plusieurs déhanchés au passage du directeur général de l’association, Jean-Christophe Combe, venu spécialement sur le territoire pour l’inauguration. Reconnaissable de loin, de par sa couleur caractéristique, cette « maison » construite sur le principe de l’unité accueille désormais l’ensemble des directions des différents pôles. « Chacun dans nos responsabilités a le devoir de protéger cet emblème, ses principes et ses valeurs », rappelle l’invité du jour, sans oublier de mentionner l’acte fondateur d’Henry Dunant lors de la bataille de Solférino le 24 juin 1859. « Le grand public viendra toujours frapper à [notre] porte, il faudra continuer à l’accompagner et à l’orienter. »

« Nous faisons partie de l’écosystème »

Présente depuis une vingtaine d’années, la délégation territoriale se positionne depuis comme un acteur incontournable sur le 101ème département. Comme en témoignent son implication au cours de la crise sanitaire avec le centre de dépistage, sans lequel « 15.000 passagers n’auraient pas pu voyager depuis janvier », le dispositif de vaccination alors que le variant Delta est aux portes de Mayotte, le programme de prévention santé (accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement) et la distribution des bons alimentaires d’urgence. « Nous faisons partie de l’écosystème et il faut le cultiver », se réjouit celui qui est en poste depuis 2017. Mais aussi et surtout, la structure locale ne cesse de croître et comptabilise aujourd’hui plus de cent salariés et quelque 300 bénévoles. « Que nous soyons fiers collectivement du travail qui a été fait. De mémoire de Mahorais, nous n’avons jamais vu autant la Croix Rouge auprès de la population », se félicite Jean-Christophe Combe, convaincu de devoir « assurer la résilience des individus et des collectifs vers un retour à l’autonomie » et « tendre la main à celui qui en a besoin pour lui rendre sa dignité ». En clair, cela ne se résume pas seulement à « nourrir les gens » et à « leur donner accès à la santé ».

Peu importe les animosités des uns et des autres, notamment à l’égard des populations en situation irrégulière, le directeur général persiste et signe. « Nous ne regardons pas la nationalité et la situation administrative. Même si cela peut poser question, nos actions parlent d’elles-mêmes. Nous sommes pleinement implantés », indique-t-il en guise de réponse à ses détracteurs. Avant d’ajouter : « Le procès fait à la Croix Rouge est injuste, c’est méconnaître nos activités ! » Preuve en est avec le doublement des capacité du service de soins infirmiers à domicile dans le but de couvrir l’ensemble du territoire et l’accompagnement des personnes âgées et en situation de handicap. « Nous sommes sur tous les fronts et nous aidons tout le monde. C’est notre raison d’être et d’agir. » Voilà qui est dit.

« La Croix Rouge, c’est vous ! »

Pour « probablement » sa dernière apparition publique à Mayotte, le préfet Jean-François Colombet ne cache pas non plus sa joie de côtoyer « les plus hauts dignitaires de la Croix Rouge », à l’instar de Françoise Fromageau, la vice-présidente de la Fondation, ou encore Gaëlle Nerbard, la directrice nationale Outre-mer. Un contingent réuni durant quatre jours pour structurer et professionnaliser encore davantage l’association. « Cette maison aussi belle fut-elle reste du béton, du plastique et de l’acier, et les salariés et les bénévoles vont lui donner une âme. […] La Croix Rouge, c’est vous ! », conclut-il, comme pour remercier une dernière fois de vive voix l’engagement et la détermination des Mahoraises et des Mahorais qui se plient en quatre pour faire avancer leur île.

Le collège de Passamaïnty en route vers la digitalisation

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Ce lundi 28 juin, le conseil départemental en lien avec le rectorat de Mayotte a remis 85 ordinateurs portables au collège Ouvoimoja de Passamaïnty.

Au lendemain du terme de la période électorale qui a attiré tous les regards durant plus d’un mois, le conseil départemental réalise enfin sa promesse de 2015 avec l’équipement numérique des collèges de Passamaïnty et de Kwalé ! Au total, pas moins 154 ordinateurs portables seront répartis entre les deux enceintes scolaires. Le tout pour un budget global de 115.000 euros. “Bientôt, tous les collèges de Mayotte recevront des ordinateurs portables afin de lutter contre la fracture numérique sur le territoire”, précise Mohamed Sidi, vice-président sortant de la collectivité, qui n’a pas hésité à donner de sa personne lors de l’allumage des machines.

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“Favoriser l’apprentissage des élèves”

De leur côté, Véronique Fabre et Benjamin Lazar-Peillon, les chefs d’établissements de Passamaïnty et de Kwalé se félicitent de l’apport de ces nouveaux outils de travail à destination des élèves. « Les ordinateurs portables vont permettre de favoriser les apprentissages des élèves. De plus, l’avantage de ces appareils est qu’ils ne nécessitent pas de salle spécifique pour être utilisés. Les professeurs d’anglais, d’arts plastiques ou toute autre matière pourront les emprunter et travailler avec leurs élèves sur des supports numériques”, confient-ils, ravis de cette opportunité, aussi bien pour les collégiens que pour les enseignants. D’ores et déjà configurés, les ordinateurs pourront officiellement être mis en service dès la rentrée prochaine.

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Dans l’attente de la fibre optique

 

Les quelques élèves en classe de troisième présents pour cette remise regrettent quant à eux de ne pas pouvoir les utiliser. Il faut dire que les appareils flambants neufs, bien au chaud dans leur malle, qui sert à la fois de rangement et de base de chargement, font envie. Le corps enseignant espère pour sa part que les élèves sauront prendre soin de ce matériel informatique fragile.

En plus de l’équipement des 18 collèges de Mayotte en ordinateurs portable, le Département prévoit le déploiement de la fibre optique dans les établissements. Au total 57 sites, dont les collèges et lycées de l’île, devraient être reliés à la fibre d’ici fin 2022. Une nouvelle manière de faciliter l’inclusion numérique des quelques 100.000 élèves sur le territoire, qui ont pour certains d’entre eux connu des difficultés de continuité pédagogique lors des deux confinements.

L’ex-directeur du CCAS de Tsingoni et directeur de la PPRAP reçoit l’Ordre national du mérite

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Devenu directeur d’une nouvelle structure expérimentale en faveur de l’insertion des personnes en situation de handicap, Soumaïla-Soula M’Madi a été décoré ce lundi pour son combat pendant la crise sanitaire, en tant que responsable du CCAS de Tsingoni. Une lutte qui n’aura pas été de tout repos pour lui…

La médaille à peine épinglée sur son veston bleu nuit, une ribambelle de colliers de fleurs s’enroulent autour du cou de Soumaïla-Soula M’Madi, sous les rires et les exclamations de ses proches. “On tient notre nouveau président du conseil départemental !”, s’amuse-t-on dans la foule pressée autour de lui. S’il n’est pas (encore ?) élu à la tête de l’Hémicycle, le principal intéressé incline malgré tout la tête avec une grâce modeste. Avant de commencer son discours, tout juste visible sous sa pile de jasmin. “Quand j’ai reçu le texto de mon directeur général, je ne suis pas tombé du canapé, mais presque…”, souffle le nouveau Chevalier avec une émotion palpable.

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Depuis son éviction du centre communal d’action sociale de Tsingoni en septembre 2020, celui qui est aujourd’hui directeur de la PPRAP, une plateforme pour l’insertion des personnes en situation de handicap, est en tout cas plutôt bien retombé sur ses pattes. Tellement bien, qu’il recevait ce lundi la médaille de l’Ordre national du mérite, deuxième ordre national après la Légion d’honneur. “Votre parcours est celui d’un honnête homme au sens des Lumières, mais aussi d’un homme honnête”, salue la directrice de l’agence régionale de santé Dominique Voynet, qui lui remettait l’insigne. Une décoration décernée, selon les mots de l’ancienne ministre, pour “ces qualités humaines que l’on ne retrouve pas souvent : l’exigence morale, l’intégrité, le refus des petits arrangements qui travaillent la conscience pendant longtemps, ces défauts qui ruinent la confiance dans la démocratie”.

 

De la psychologie du travail au CCAS

 

Parti étudier la psychologie du travail en métropole, Soumaïla Soula M’Madi a d’abord rempli les fonctions de chef de projet pour la politique de la ville de Tsingoni, avant de devenir directeur du CCAS. Un poste qu’il occupait encore l’année dernière, en pleine période de crise sanitaire et de confinement. “Pendant la crise du Covid, j’ai vu de près des hommes et des femmes sortir de leur zone de confort, apprendre de nouveaux métiers, aller au contact des concitoyens pour leur donner des protections, des tests, les sensibiliser aux gestes barrières et répondre aux difficultés énormes d’une partie de la population de Mayotte”, poursuit Dominique Voynet.

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Sur le front à Miréréni pour venir en aide aux familles précaires éprouvées par la crise, Soumaïla Soula M’Madi fait partie de ces soldats de la première ligne. Le responsable du CCAS avait mené un combat acharné pour fournir les fameux bons alimentaires, qui avaient fait couler beaucoup d’encre à quelques mois des élections municipales de 2020… “J’ai apprécié l’action de Monsieur Soula, pour leur permettre d’accéder aux aides alimentaires sans passe droit. Un comportement aussi droit conduit à prendre des risques professionnels et personnels”, ajoute la directrice de l’ARS, dans une référence à peine dissimulée à sa démission forcée du CCAS, sur fond de tension avec l’équipe municipale.

 

Une “reconnaissance nationale

 

Un combat qui lui aura finalement été bénéfique. Depuis la fin de l’année dernière, le père de famille s’est vu confier une nouvelle mission, en tant que directeur de la PPRAP. Ce dispositif expérimental sur trois ans, affilié à la fédération APAJH (l’association pour adultes et jeunes handicapés), propose une nouvelle offre de formation à destination des personnes en situation de handicap, pour les accompagner vers l’emploi et l’insertion sociale. Surtout, sa “haute idée de l’intérêt public, de la nécessité de répondre aux besoins des plus précaires et des laissés pour compte”, lui auront valu une “reconnaissance nationale”, avec l’annonce officielle de sa nomination au titre de chevalier de l’Ordre national du mérite. “Ma deuxième grande surprise, cela a été quand j’ai su que la proposition venait de vous”, lance-t-il avec un regard plein de gratitude en direction de la responsable de l’autorité sanitaire. Aujourd’hui, Soumaïla M’Madi Soula entend bien poursuivre son combat avec ce “nouveau cheval de bataille, le handicap”. Et ainsi continuer d’œuvrer pour “une société plus juste, solidaire, inclusive et laïque”.

Pompiers agressés à Vahibé : des mesures de sécurité renforcées et un jugement impossible

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Les sapeurs-pompiers de la caserne de Kawéni ont une nouvelle fois été victimes d’une agression dans la nuit du 24 au 25 juin. Ils n’ont pas été blessés physiquement, mais sont très choqués. L’un des agresseurs a été présenté devant le juge en comparution immédiate ce lundi, mais l’audience n’a pas pu se tenir, faute d’identité. De son côté, le SDIS multiplie les mesures pour garantir la sécurité des pompiers.

Tout commence avec un appel d’une dame sur le point d’accoucher. Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, trois sapeurs-pompiers de Kawéni embarquent dans une voiture pour la récupérer et l’emmener à l’hôpital. Mais arrivés à l’arrêt de bus de Vahibé, ils tombent sur un barrage. « Ils se sont arrêtés pour analyser la situation, et soudainement, des individus sont sortis de nulle part avec des machettes et des pierres et ont attaqué le véhicule ainsi que mes collègues », relate Ahmed Allaoui Abdoul Karim, président du syndicat SNSPP-PATS 976. Les soldats du feu n’ont pas d’autre choix que de forcer le barrage et de prendre la fuite. Ils se réfugient alors dans la caserne de Kahani et n’ont plus la force ni le courage de secourir la dame qui les avait initialement appelés. « On pense qu’il s’agissait d’un guet-apens planifié pour agresser les agents », soutient le syndicaliste.

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Les pompiers agressés ne sont pas blessés physiquement, mais le traumatisme psychologique est bien présent. Les trois sont en arrêt maladie « jusqu’à ce qu’ils se sentent prêts à reprendre le travail », indique le représentant qui porte leur voix. Prenant très au sérieux la situation, leur direction accompagne les victimes dans leur processus de guérison. « Toute la chaîne de commandement s’est mobilisée. Le directeur a vu les agents, et ils ont été examinés par le médecin du SDIS qui a indiqué que des psychologues seront mis à leur disposition s’ils ont besoin de soutien psychologique », indique Ahmed Allaoui Abdoul Karim.

 

Comparution immédiate d’un des agresseurs

 

L’un des auteurs présumés de l’agression des pompiers a rapidement été identifié et mis en garde à vue. Le procureur de la République a demandé une comparution immédiate ce lundi 28 juin. « Nous saluons la rapidité de la justice qui a fait son travail. J’espère qu’avec ce jugement les délinquants comprendront l’importance des pompiers. Nous sommes là pour la population de Mayotte et non pas pour se faire agresser », déclare le président de SNSPP-PATS 976. Mais quelle n’a pas été sa surprise lorsque sur le banc des accusés, un seul jeune homme était présent. « Il n’y avait que lui, je trouve cela dommage parce que le soir de l’agression, ils étaient une dizaine. La justice doit l’obliger à dénoncer les autres », insiste Ahmed Allaoui Abdoul Karim.

Problème : le tribunal doit avant tout vérifier l’identité exacte du prévenu… qui semble jouer des tours à tout le monde. Lors de l’audience, le seul suspect a donné plusieurs dates de naissance, semant le trouble sur son identité. Les magistrats ont eu beau essayer de retrouver son acte de naissance pendant toute l’après-midi, impossible de mettre la main dessus ! Résultat, le procès n’a pas pu avoir lieu… La mairie de Mamoudzou aurait été sollicitée pour le délivrer. En attendant, l’avocat du jeune homme a demandé un renvoi du procès. Ce manque de précision n’est pas le seul élément qui intrigue. L’adolescent ne coche pas vraiment les cases du délinquant type, tel que dépeint à l’envi par l’opinion publique à Mayotte. « Il s’agit d’un jeune français qui a des parents bien insérés. Son père est d’ailleurs policier municipal », indique Ahmed Allaoui Abdoul Karim.

Choux blanc, donc, pour les pompiers qui avaient fait le déplacement jusqu’au tribunal afin d’assister à la comparution immédiate. Déçus, les soldats du feu ne perdent toutefois pas espoir. Le jugement aura lieu tôt ou tard et toute la profession espère qu’il sera dissuasif pour d’éventuels futurs malfrats. Autre revendication : faire payer les dégâts causés et obliger à dédommager les victimes pour chaque agresseur reconnu coupable. « Ces agressions provoquent aussi des pertes financières. Les victimes sont arrêtées, il faut donc les remplacer, et il faut aussi réparer la voiture endommagée. Tout cela coûte de l’argent aux contribuables », argue Ahmed Allaoui Abdoul Karim. Encore faudrait-il que les coupables aient les sommes demandées en poche !

 

De nouvelles mesures de sécurité

 

Face à l’intensification des agressions perpétrées sur les sapeurs-pompiers ces dernières années, les agents ont maintes fois été en grève pour réclamer un renforcement de leur sécurité. Une mobilisation qui avait conduit au départ l’ancien directeur du SDIS, le colonel Fabrice Terrien. Le dialogue et la bonne entente semblent être rétablis avec son successeur, le lieutenant-colonel Olivier Neis. La direction est en train d’effectuer des changements pour optimiser la sécurité des pompiers. « Le directeur a pris la décision d’acheter des caméras piétons. Les agents l’accrocheront sur la poitrine et dès que la situation risque d’être tendue, ils peuvent l’activer. Cela permettra d’identifier les agresseurs », explique Ahmed Allaoui Abdoul Karim. Les vitres des véhicules sont également protégées. Afin d’anticiper les futurs caillassages, elles ont été plastifiées avec du papier film pour éviter qu’elles ne se brisent.

Une autre mesure est en discussion entre le directeur du SDIS et les syndicats des pompiers. Ces derniers ont proposé de ne plus intervenir sur « certaines zones difficiles à partir d’une certaine heure ». « Notre direction a pris l’engagement d’appliquer cette mesure. Nous sommes conscients qu’il s’agit d’une décision lourde de conséquences parce que c’est la population qui va en pâtir, mais nous ne pouvons pas risquer la vie des sapeurs-pompiers », justifie le président de SNSPP-PATS 976. Pour le moment, les zones à risque et l’heure limite d’intervention n’ont pas été définies. Mais le représentant syndicaliste se dit « très satisfait » de la nouvelle politique de la direction du SDIS qui cherche par tous les moyens à protéger ses soldats. Un discours totalement à l’opposé de celui qu’il tenait pendant son bras de fer avec le colonel Terrien…

Mansour Kamardine élu à Sada, les LR à la peine et le dégagisme des anciens, pour un second tour sous haute tension

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Ce dimanche, les électeurs étaient à nouveau appelés pour départager les candidats restants et composer le futur visage du conseil départemental. Mais alors que les élus sortants ont accusé de nombreuses défaites, et que le parti de l’actuel président Soibahadine Ibrahim Ramadani n’a obtenu que deux cantons, l’heure pourrait bien être au changement.

Ils sont près de 60% des électeurs à avoir pris le chemin des urnes ce dimanche. À 17h, environ une heure avant la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation enregistré était de 56,63% des voix, contre 54,12% en 2015. Une preuve supplémentaire de l’intérêt que porte la population de Mayotte pour ce scrutin qui doit élire les nouveaux représentants du conseil départemental, pour les six prochaines années. A contrario, au niveau national, les Français ont continué à bouder les urnes, avec une abstention de 65,7% confirmant la tendance du premier tour (66,72%).

Si cette élection suscite un tel attrait à Mayotte, c’est aussi parce qu’elle doit rebattre les cartes après la mandature (à majorité Les Républicains) de Soibahadine Ibrahim Ramadani, l’actuel président du conseil départemental qui a confirmé son choix de ne pas se représenter. Ouvrant alors la porte à de nouvelles ambitions… Daniel Zaïdani, l’ancien président de la collectivité et actuel candidat de Pamandzi, Issa Issa Abdou, le vice-président en charge de l’action sociale, candidat à Dembéni, et bien sûr Mansour Kamardine, le député et candidat de Sada, tous ont manifesté leur intérêt pour prendre la tête de la collectivité. Dimanche soir, les regards se sont donc tournés tout particulièrement vers ces cantons stratégiques. Avec quelques surprises à la clé.

 

La claque pour Les Républicains

 

Non sans embûches, Mansour Kamardine et sa binôme Tahamida Ibrahim ont remporté la partie à Sada avec 50,26% des voix. Mais la course n’est pas finie pour autant, et si le parlementaire espère en effet devenir président, encore faudra-t-il réunir une majorité derrière lui… Et c’est là que le bât blesse, car mis à part à Sada et Mtsamboro, Les Républicains n’ont pas fait de percée significative. Avec ces deux cantons, ils totalisent quatre petits sièges, sur les 26 à pourvoir ! Pour transformer l’essai, il leur faudra se rapprocher des autres formations politiques dans les jours à venir, avant l’élection jeudi.

Plus surprenant encore, aucune des têtes d’affiche LR n’a gagné le cœur des électeurs dans les trois cantons de Mamoudzou, malgré des duels parfois serrés. Comme dans le canton de Mamoudzou 1 où la tendance n’a eu de cesse de s’inverser pendant cette soirée électorale sous tension : finalement, ce sont bien El Anrif Hassani et Farianti M’Dallah qui sortent vainqueurs avec 53,60% des voix contre le binôme LR de Hassana Ahmed Houmadi et Said Mlimi Malidi (46,40%). À Mamoudzou 2, Elyassir Manfourou et sa binôme Laina Abdallah Boina (MDM) ont coiffé au poteau les candidats LR Zaidou Tavanday et Zakia Mambo, avec 50,99% des voix contre 49,01%, inversant ainsi la tendance du premier tour. Et à Mamoudzou 3, Hélène Pollozec et Sidi Nadjayedine, du parti Le Rassemblement, soutenus par l’ancien maire de la commune chef-lieu Mohamed Majani, ont eux confirmé leur victoire et évincé définitivement le duo Saoudat Abdou et Ali Debré Combo, élu sortant de l’actuelle mandature.

 

Daniel Zaïdani revient en force

 

Côté têtes d’affiche, l’on notera aussi la défaite d’Issa Issa Abdou à Dembéni, malgré, faut-il le rappeler, une intense campagne de terrain pour promouvoir son bilan en termes d’action sociale avec notamment le chantier des PMI… Le vice-président sortant termine la course avec 49,08% des suffrages, contre les 50,92% obtenus par ses concurrents, Zamimou Ahamadi et Madi Velou, de tendance droite. Un score significatif qui illustre le dégagisme souhaité par les électeurs, qui n’ont accordé leur grâce qu’à un seul élu de l’actuelle majorité, à savoir Ben Issa Ousséni, vice-président en charge des finances, qui est sorti premier avec 41,79% des voix dans la seul triangulaire de ce second tour. Enfin, à Pamandzi, Daniel Zaïdani a confirmé l’élan de dimanche dernier, en raflant avec sa binôme Soihirat El Hadad les 54,08% de la victoire. De quoi opérer un changement dans le paysage politique de Mayotte ? Réponse jeudi prochain.

Une 9ème fête de la nature pour sensibiliser à la protection de la nature à Mayotte

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Le jardin botanique de Coconi accueillait samedi 26 juin la fête de la nature. Un événement organisé par la fédération Mayotte Nature Environnement à travers le réseau éducation à l’énvironnement et au développement durable 976 (EEDD).

Stands, ateliers et jeux en tout genre, bienvenue à la fête de la nature ! Petits et grands ont pu profiter samedi dernier des activités proposées au jardin botanique de Coconi. Sous les arbres, dans un havre de paix, les acteurs environnementaux de l’île ont présenté leurs actions mais aussi sensibilisé les visiteurs à la protection de la nature.

Pour l’occasion, le groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) s’était armé de ses meilleurs outils pédagogiques pour intéresser les enfants à l’ornithologie. L’association concentre tout au long de l’année ses actions sur trois pôles : l’étude des oiseaux, leur protection et la sensibilisation. Samedi, celle-ci avait mis à disposition des curieux un stand d’observation des oiseaux à l’aide de jumelles, un atelier origami pour apprendre à façonner son volatile préféré à l’aide de papier, des puzzles et un jeu de mémory.

 

Artisanat et patrimoine

 

L’association économique, sociale et solidaire Kaja Kaona, créée en 2017, a quant à elle présenté le travail de ses jeunes volontaires. Ces derniers confectionnent à partir de noix de coco des objets en tout genre. Un travail minutieux que leur enseigne Abdillah, membre fondateur de l’association, “Nous réalisons toutes nos pièces entièrement à la main. Il faut d’abord trancher les noix de coco en deux à l’aide d’une scie puis choisir les motifs que nous voulons sculpter”, explique-t-il. Lors de la fête de la nature, le grand public a pu découvrir le travail de la coco dont les fibres sont utilisées pour créer des sommiers et les noix, des verres, des gobelets ou des tasses.

 

Réflexion et débat autour de la nature

 

Afin de sensibiliser les plus jeunes aux espaces naturels, l’office national des forêts a proposé aux enfants de créer une carte postale représentant leur vision de la forêt. Feuilles, terre, sable ou encore bouts de bois, les bambins ont collé selon leurs envies les éléments sur une carte afin de modéliser cet environnement telle qu’ils l’imaginent. Plus loin, le stand de l’association Horizon avait mis en place des ateliers de débat sur les thématiques de l’eau, la déforestation, la biodiversité, mais aussi la santé. Chacun pouvait écrire ou dessiner sur des feuilles libres leurs propositions afin de limiter la pollution des milieux naturels sur l’île aux parfums. Une journée chargée en découvertes, dans le calme et la quiétude du jardin botanique de Coconi.

L’insertion et l’entrepreneuriat social à Mayotte, l’objectif commun de la CRESS et du RSMA

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Ce vendredi 25 juin, la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS) et le régime du service militaire adapté (RSMA) ont signé deux conventions de partenariat dans le but de faciliter l’insertion professionnelle et la création d’entreprises sociales sur le territoire. De quoi offrir de nouvelles perspectives aux 750 volontaires qui intègrent chaque année le détachement mahorais.

Vendredi 25 juin, 10h. Pas de levée du drapeau ou de chant au pas de course au régime du service militaire adapté (RSMA) de Combani, mais une signature de conventions avec la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire. L’objectif des griffes du jour ? « Accompagner le départ de nos volontaires vers l’entreprise », affirme le lieutenant-colonel, Pierre-Louis Dubois, qui voit défiler chaque année 600 stagiaires entre six et dix mois et 150 techniciens pour une période d’un an, renouvelable trois fois.

Si le cadre du détachement leur permet de côtoyer « le vernis militaire », l’idée est surtout de leur offrir une expérience professionnelle dans des secteurs d’activités aussi riches que variés, tels que le BTP, l’aide à la personne, la restauration ou encore la mécanique. Avant « qu’ils ne prennent leur envol dans la vie active », insiste l’adjoint-chef, Patricia Lallemand. « Quand ils arrivent ici, ils sont souvent perdus. » Et visiblement, le concept paie puisque 83% des jeunes sortis du RSMA en 2020 ont trouvé un emploi ou ont repris leurs études. Un motif de satisfaction pour le chef de corps.

 

Fanya Lab et clauses sociales

 

Alors pour aller encore plus loin, le renouvellement de ce partenariat paraphé pour la première fois en juin 2019 a pour ambition de faciliter toujours plus l’insertion professionnelle et la création d’entreprises sociales. Comment ? Avec des clauses sociales dans les marchés publics via le dispositif ASR (achat socialement responsable) et avec un accompagnement personnalisé via le Fanya Lab (accélérateur de l’économie sociale et solidaire et de l’innovation sociale). Ainsi, l’association s’engage à proposer des sessions collectives de six mois – les jeudis et vendredis matins – aux bénéficiaires qui ont des projets relevant de l’ESS dans la création de leur entreprise. « La prochaine doit commencer en septembre », indique Roukia Lahadj, la trésorière de la CRESS de Mayotte.

À titre d’exemple, « une esthéticienne passée par le RSMA pour réaliser sa formation s’installe aujourd’hui à Combani », informe l’ancienne maire de Chirongui. De quoi donner le sourire et le sentiment du devoir accompli au lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois. « Nous aussi on entreprend pour Mayotte », lance-t-il en guise de réponse. Une belle manière de « montrer qu’ils peuvent réaliser leur projet et leur concrétisation ». Et c’est par le désormais traditionnel « check » de poings que les deux signataires scellent leur collaboration à destination des volontaires, diplômés ou non et éloignés de l’emploi.

 

L’ASR et le Fanya Lab en quelques chiffres

 

Depuis le création du dispositif ASR (achat socialement responsable) en octobre 2016, ce sont 110 marchés publics ayant intégré une clause sociale, 341.442 heures d’insertion générées par les clauses sociales, soit 188 équivalents temps plein travaillés, 46 personnes insérées, 7 marchés réservés à des SIAE (structures d’insertion par l’activité économique) et 17 acheteurs publics associés à la démarche.

Depuis la naissance du Fanya Lab en juillet 2019, ce sont 96 porteurs de projets qui ont été accompagnés dans leurs démarches de création, consolidation et/ou développement d’entreprises de l’économie sociale et solidaire. Impact emploi de l’accompagnement : 244, dont 88 emplois créés et 156 emplois pérennisés.

Une colombe en signe de paix pour la cité éducative de Kaweni

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La cité éducative de Kaweni a organisé un concours de logos pour trouver celui qui la représentera. Le grand gagnant a été dévoilé vendredi au collège K1 lors de la re-mise des prix. Son dessin qui symbolise la paix et la réussite s’est démarqué de la soixantaine de participants qui font tous partie du dispositif.

Il s’appelle Nayil Sidi et c’est un lycéen âgé de 17 ans. Cet adolescent est le grand gagnant du concours des logos organisé par la cité éducative de Kaweni. « Je savais qu’il y aurait beaucoup de participants alors je ne pensais pas du tout gagner », déclare le garçon très timide en tenant fièrement son certificat. Une soixantaine de jeunes ont pris part au concours organisé par la cité éducative de Kaweni. Elle a été labellisée à la fin de l’année 2019 et a lancé la compétition à la rentrée scolaire 2020 pour une raison bien précise. « Il existe un logo national qui représente un enfant avec les couleurs bleu blanc rouge, mais nous voulions aussi que nos jeunes puissent s’approprier la cité éducative. Qu’ils y prennent pleinement leur place et que leurs idées soient prises en compte », ex-plique Cyrielle Randrianarivony, coordinatrice du dispositif au rectorat.

Douze finalistes ont été sélectionnés par le jury composé de représentants de la mairie de Mamoudzou, de la préfecture et de l’académie de Mayotte, les trois institutions signataires de la convention liée à la cité éducative. Les jeunes ont pu représenter leur vision de l’éducation et de la réussite et quelques symboles sont récurrents dans les dessins. « Nous voyons beaucoup de livres, beaucoup d’ordinateurs mais également du partage et des signes de paix. Ce qui nous a vraiment touché quand nous avons vu le logo du gagnant, c’est cette colombe qui distribue des livres, apportant la paix à Kaweni », indique Cyrielle Randrianarivony.

 

Des garçons passionnés par le dessin

 

Nayil Sidi a été désigné comme le grand gagnant du concours des logos, mais il n’a pas été le seul à faire le dessin choisi. Il s’agit en réalité d’un travail en groupe effectué par certains jeunes de l’association Coup de Pouce. Participer à ce concours était comme une évidence pour eux. « Nous avons voulu donner une autre image de Kaweni. Lorsque nous [en] parlons, c’est toujours de manière négative, et aujourd’hui nous voulons que cela change », raconte Salim Hafif, l’un des jeunes. Cette compétition leur permet également de dévoiler leur talent à un public plus large. « Je me suis dit que c’est une occasion de participer à quelque chose de grand, et par la même occasion de faire connaître notre art », précise-t-il, avec une pointe de fierté.

Preuve en est, le groupe d’amis a proposé non pas un mais trois logos et tous faisaient partie des finalistes. Ces adolescents de l’association Coup de pouce sont animés par leur passion pour le dessin. Pour dire : leurs yeux brillent lorsqu’ils en parlent. « Pour moi, dessiner est une manière de m’exprimer. Nous pouvons dire tout ce que nous ressentons dans le dessin », affirme Nayil Sidi. Les jeunes dessinateurs souhaitent aller encore plus loin et envisagent de réaliser une bande dessinée.

 

La cité éducative à la rescousse des jeunes

 

La cité éducative de Kaweni est la première de l’île. Le dispositif a été mis en place par différents ministères du gouvernement, notamment celui de l’Éducation nationale et celui de la Cohésion sociale. Lors de ses débuts en 2019, sur tout le territoire national, 80 cités éducatives ont été sectionnées et labellisées par le gouvernement et celle de Kaweni était dans le lot. Elle prend en charge des jeunes âgés de 3 à 25 ans pour « améliorer les conditions d’études », selon le recteur Gilles Halbout. Plus de 9.000 élèves scolarisés dans le secteur de Kaweni en font partie. « Nous avons un beau campus, et cette concentration de jeunes est une chance. Vous allez travailler collectivement et mener des projets d’envergure », continue Gille Halbout en s’adressant à la dizaine de finalistes du concours des logos lors de la remise des prix.

La cité éducative a trois grands objectifs : celle de conforter le rôle de l’école, de promouvoir la continuité éducative et d’ouvrir les champs des possibles. En 2020, à Kaweni, 19 actions ont été réalisées en ce sens, et pour cette année, 35 ont été déposées. La cité éducative de Kaweni ne s’occupe que des jeunes du même secteur, mais une nouvelle vague de labellisation a récemment été faite par le gouvernement. Dzoumogné comptera très prochainement elle aussi une cité éducative. « Ce ne sont pas toutes les académies qui ont la chance d’avoir deux cités éducatives », rappelle le recteur. Une belle opportunité donc pour ces jeunes qui en bénéficient, il ne reste plus qu’à espérer qu’elle porte ses fruits.

Rendez-vous au Voulé pour fêter les 40 ans de carrière du musicien Démo

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Djounaid Abdourraquib, plus connu sous le nom de scène de Démo, célèbre ce samedi au restaurant-bar musical Le Voulé une grande partie de sa vie, entourée d’une vingtaine de musiciens. Une carrière d’artiste longue de 40 ans qui pourrait en faire pâlir plus d’un. Mais l’idée avant tout de cet événement consiste à définitivement oublier les conséquences de la crise sanitaire sur la culture et à retrouver le public pour faire une belle fête.

Sourire malicieux, Démo dégage un charisme rare. Une sympathie contagieuse. Et un talent évident. Âgé de 60 ans depuis ce jeudi, l’artiste traîne derrière lui une carrière de musicien longue de 40 ans. Alors, au moment de regarder dans le rétroviseur, Djounaid Abdourraquib se la joue pensif, un poil marqué par l’émotion. Ses premiers pas dans le milieu, il les partage avec son grand-frère et ses cousins. Mais le véritable top départ de cette folle aventure sonne lorsqu’il rejoint l’école Folk Comores Océan à Moroni, avec son pote de toujours, Maalesh. Sous la houlette de son mentor Abu Chihabi. « On avait 14-15 ans », rembobine le natif de M’Tsapéré, qui n’a lui aussi jamais cessé de transmettre son savoir à qui le veut, « sans contrepartie financière ». À l’instar de M’Toro Chamou, « que j’ai envoyé sur scène », ou encore de Alpha Dini.

Quarante années marquées par « le folk inspiré du folklore des îles ». De retour à Mayotte en 1980, il fonde son groupe « Démo Music », avec qui il enchaîne les shows jusqu’en 1995. « Depuis cette année-là, je fais cavalier seul », s’amuse-t-il aujourd’hui. Pas rancunier pour un sou, fidèle en amitié, Djounaid Abdourraquib ne retient que le positif. Et notamment ses deux albums : l’un sorti en 1999, l’autre en 2016. « Le premier, Kiyasi Ivo, qui veut dire Ras-le-bol, est mon plus beau souvenir », clame-t-il, sans une once d’hésitation. Sans oublier ses tournées aux Comores à ses débuts, à La Réunion, aux Seychelles et dans quelques villes de France. Mais aussi et surtout son deuxième prix en 1990 au concours organisé par la banque internationale de l’Afrique de l’Ouest. « Mon but était simplement de participer ! Il y avait tout de même plusieurs dizaines d’artistes venus de 14 pays de l’Afrique de l’Est », rappelle-t-il fièrement.

 

Technicien en « in », musicien en « off »

 

Sauf que la réalité revient rapidement au galop. Il lui est impossible de vivre de la musique. « J’ai vécu une partie de mon existence comme intermittent du spectacle après avoir suivi une formation de régisseur », précise-t-il. Mais cela ne l’empêche en aucun cas de toujours garder sa guitare à portée de main. Bien au contraire. Au cours de huit éditions au festival d’Avignon, Démo alterne comme technicien en « in » et musicien en « off ». Un exemple parmi tant d’autres qui démontre sa volonté de continuellement partager son goût pour les accords et les mélodies !

Quoi de mieux alors pour célébrer ses 40 ans de carrière que de proposer un nouveau moment de communion. D’autant plus après avoir traversé une crise sanitaire qui aura complètement mis à mal le champ de la culture. Pas question de marquer le coup avec un énième concert privé comme il a l’habitude de faire, plutôt un rendez-vous officiel au restaurant-bar musical Le Voulé. « C’est son idée », précise Paul Tibere, le gérant. « Je lui ai donné carte blanche : il invite qui il veut ! » Au total, pas moins d’une vingtaine de musiciens doivent l’accompagner tout au long de cette soirée du samedi 26 juin. « Il a envie d’encourager ma démarche qui se résume à favoriser l’émergence d’artistes Il a compris ma philosophie. » Une manière aussi de clôturer de la meilleure des manières une semaine riche en festivité pour l’établissement, entre la scène ouverte ce lundi à l’occasion de la fête de la musique et la présentation du nouvel album Yellow Tears de C.C ce vendredi. Et ainsi de « chasser les mauvais esprits » et de « repartir du bon pied ». Pour qu’enfin, la culture musicale résonne de nouveau sur l’île aux parfums.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes