Tout au long de l’année, le centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) basé à Coconi organise diverses sessions thématiques à Mayotte. Cette semaine, dix-huit inscrits ont participé à la formation jardin vivrier agroécologique, animée par deux salariés de l’association Terre & Humanisme.
Trouver des légumes frais à Mayotte, quel casse-tête ! Le climat tropical et les ravageurs mènent la vie dure aux agriculteurs, qui souvent se résignent à traiter abondamment leurs cultures à l’aide de produits phytosanitaires. Heureusement, des solutions existent et c’est ce que veulent mettre en avant les intervenants au sein du centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) situé à Coconi.
Formation autour du maraîchage, de l’élevage, de la permaculture ou encore des modalités de conversion et de réglementation en agriculture biologique, les thèmes sont pléthores. Ce mardi 13 juillet, Clément Doche et Olivier Hebrard, salariés au sein de l’association Terre & Humanisme, basée à Lablachère en Ardèche, animent des ateliers autour de la protection des sols et de la lutte contre l’érosion. Réunis chez Toioussi, producteur à Mroalé, les agriculteurs peuvent commencer leur formation.
Première étape : récolter de la matière organique pour réaliser un paillage qui sera disposé au pied des cultures et dans les allées. De vieilles feuilles de bananiers, des écorces de cocotiers ou encore des herbes diverses feront l’affaire. “Nous allons alterner les différents types de paillages et des zones de terre que nous laisserons nues. Ainsi, nous verrons le réel impact de ce paillage sur les plants et la qualité du sol”, détaille Clément Doche. “Protéger le sol avec un paillage permet de ne pas le dévitaliser, d’économiser de l’eau et diviser par trois ou quatre l’évaporation.”
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Utilisation des ressources naturelles
Second atelier du jour : la fabrication d’une baissière. Une technique de récupération des eaux de ruissellement mise en avant en permaculture, qui permet une utilisation optimale des ressources naturelles en eau. L’objectif ? Adapter cette technique à un terrain en pente afin d’éviter l’érosion de celui-ci à la saison des pluies. “Pour réaliser une baissière, nous creusons une tranchée de 30 centimètres de profondeur sur 60 centimètres de large, puis nous disposons du bois à l’intérieur. L’idée est de ne pas reboucher le fossé et laisser les sédiments le remplir à la prochaine pluie”, précise Olivier Hebrard. En associant des techniques comme celle de la baissière et des cultures comme l’ananas ou la papaye, même les terrains agricoles les plus pentus peuvent être cultivés sans risquer d’être dégradés.
Expérimentation et transmission du savoir
Les professionnels venus se former cette semaine recherchent tous de nouvelles méthodes pour vivre au mieux de leur activité sans dégrader le patrimoine naturel de leur île. Toioussi qui les accueille a également suivi diverses formations et continue à se documenter pour développer son exploitation. “Pour éviter les attaques de ravageurs, j’utilise des filets que je dispose au-dessus de mes champs. Je pratique également la rotation des cultures sur mes parcelles afin de ne pas appauvrir les sols. Je n’avais jamais disposé de paillage sur mes plants auparavant, mais je croise les doigts pour que l’expérience soit concluante. Quant aux baissières, c’est une technique qui a fait ses preuves ailleurs dans le monde et j’espère qu’elle puisse être adaptée à Mayotte. Je pourrai en faire le constat dès que la saison des pluies débutera”, affirme-t-il. Des idées innovantes apportées par les formateurs venus spécialement de métropole pour l’occasion et qui espèrent que les Mahorais présents pourront, à leur tour, former les nouvelles générations d’agriculteurs de l’île.
À Mayotte, la culture de l’ylang et de vanille est une tradition de longue date. Et si les deux produits sont connus pour être d’une très bonne qualité sur l’île, le développement des filières est un chemin lent et sinueux. Retour sur l’histoire de la production de l’ylang et de la vanille dans le 101ème département français, dont la culture lui a valu le surnom d’île aux parfums.
L’huile d’ylang est produite à Mayotte depuis les années 1900. Entre 1950 et 1980, il y avait plus de 1.000 hectares d’ylang sur l’île, dont une large partie – 15 tonnes par an – était déjà exportée à l’international. Il existait alors trois grands domaines de production sur l’île : la Bambao, la SPPM et Achery-Bellemare. Toutes ont cessé leur activité dans les années 90, avec le changement de statut du territoire, qui les a contraintes à payer leurs petits mains non plus à un prix arbitraire, mais au tarif imposé par les dispositifs légaux.
Dès lors, des petits producteurs se sont installés progressivement sur Mayotte, sur des terrains personnels de moins d’un hectare. L’huile d’ylang mahoraise est considérée comme supérieure aux autres du fait de la qualité de ses fractions “Extra S” et “Extra”, ce qui lui donne beaucoup d’atouts auprès des parfumeurs. Elle a été choisie pendant sept ans par Guerlain, entre 1995 et 2002, avant qu’il se retire car la main-d’œuvre devenait “trop chère” comparée à celle des Comores ou de Madagascar pour une huile de qualité plus ou moins similaire. À titre d’exemple, à Anjouan, un litre d’huile d’ylang était acheté deux fois moins cher qu’à Mayotte par les parfumeurs.
Aujourd’hui, le potentiel du 101ème département en termes de production d’ylang serait de cinq tonnes d’huile essentielle par an. Mais la plupart de ces plantations sont vieilles de 50 à 70 ans. Peu d’exploitations sont récentes, on compte seulement une dizaine d’hectares plantés depuis 2005 selon la direction territoriale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF). Les producteurs ont maintenu leurs plantations par passion et volonté de continuer la tradition de la culture d’ylang. Et depuis l’arrivée des aides européennes, ils sont incités à garder leurs arbres et à faire perdurer leur savoir-faire. Les subventions leur
permettant de ne pas se noyer face à un coût de production extrêmement cher et peu de ventes. En 2010, le recensement agricole estimait qu’il existait 198 exploitations d’ylang sur Mayotte, qui se partageaient 145 hectares.
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Moins d’une tonne de vanille produite chaque année
La vanille noire de Mayotte, très grasse, est réputée pour sa qualité. Depuis le XIXème siècle, elle est reconnue dans l’océan Indien, et même bien plus loin, puisqu’elle a été récompensée par les médailles d’or et d’argent au concours agricole de Paris. Les représentants de la Compagnie des Comores notent dans un courrier des années 1860 que “la vanille croît parfaitement et donne de superbes gousses quand elle est fécondée”. Une belle production qui serait liée au climat de l’île. Dans les années 1940, l’inspecteur colonial de la circonscription de Mayotte déclare que la vanille est un point clé de l’économie de l’archipel [des Comores] et une source de revenus non négligeable. À l’époque, 3.5 tonnes de vanille sont produites chaque année à Mayotte, contre 36 tonnes à Anjouan et 80 tonnes en Grande Comore.
Depuis, on produit sur le territoire moins d’un tonne de vanille par an, contre 35 à La Réunion ou encore 140 aux Comores. En plus de la concurrence régionale, la vanille doit faire face à la concurrence artificielle. En effet, dans le monde, on vend six fois plus de vanille artificielle que naturelle !
Aujourd’hui, 85 producteurs de vanille sont déclarés à Mayotte, mais 80% d’entre eux ne parlent pas français, un gros frein pour l’exportation de ce produit de qualité, a fait remonter le ministère de l’agriculture et de l’alimentation en novembre 2020. Les producteurs sont aussi pour la plupart âgés, environ 60 ans, leurs exploitations pourraient donc être laissés à l’abandon si le savoir-faire traditionnel ne se transmet pas. On note aussi une technique de production peu efficace en termes de rendement, un marché déstructuré qui ne permet pas une bonne expansion de la filière et une qualité des gousses inégales liée aux différents moyens de production.
Ce lundi, Thierry Suquet est officiellement devenu le nouveau préfet de Mayotte et succède à ce poste à Jean-François Colombet. Après la tenue d’une cérémonie très protocolaire, le délégué du gouvernement a rencontré, pour la première fois, les acteurs phares du département, avec lesquels il devra œuvrer pour l’application locale des politiques gouvernementales.
Sur le quai de l’embarcadère de Dzaoudzi, la barge de 8h30 vient de débarquer son flot de passagers. Mais à peine le pied posé à terre, les voilà stoppés net et filtrés un à un par un cordon de gendarmes mobiles. Une opération de contrôle routinière ? Il semblerait que oui. À l’exception que ce lundi matin, il s’agissait, aussi et surtout, de sécuriser le secteur où doit se tenir d’ici quelques minutes la cérémonie de prise de fonction de Thierry Suquet, nouveau préfet de Mayotte, tout juste arrivé dans le 101ème département.
Autour du monument commémoratif qui trône devant l’entrée de la caserne de la Légion étrangère, aucune personnalité ne semble avoir manqué le rendez-vous. Parlementaires, maires, élus départementaux, recteur, directeurs du service d’incendie et des secours, des forces de l’ordre… Tous ont répondu présents pour rencontrer celui qui sera, pour les mois ou les années à venir, leur premier partenaire sur le territoire.
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Premier contact avec les acteurs phares
Entre le chant de la Marseillaise et celui des trompettes, Thierry Suquet, tout sourire et l’air décontracté, salue, les uns après les autres, les acteurs phares avec lesquels il devra désormais travailler étroitement afin de mettre en œuvre les politiques gouvernementales à Mayotte. Puis, une fois le monument décoré de sa gerbe de fleurs, la petite cohorte s’anime pour prendre le chemin de la Case Rocher, à quelques pas de là, où tous ont été invités à prendre “un pot républicain”. De quoi établir un premier contact particulièrement important en ce jour solennel.
Devant l’entrée des nouveaux quartiers du délégué au gouvernement, les services préfectoraux veillent au grain. “Les journalistes, vous ne pouvez pas rentrer aujourd’hui !” La présence des médias risquerait de perturber les échanges entre Thierry Suquet et ses nouveaux coopérateurs. Alors pour en connaître la teneur, la presse est contrainte d’attendre la rencontre prévue spécialement pour eux le lendemain.
Évaluer et corriger en conséquence
Devant le grand portail noir, seul reste Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou. Et évidemment, le premier élu du chef-lieu attend beaucoup du nouveau préfet ! “Les sujets ne manquent pas à Mayotte : la sécurité, l’éducation, le logement indigne, l’immigration clandestine, le défi démographique”, égrène-t-il. Des chantiers déjà opérés, en partie, par Jean-François Colombet, ancien homme fort de la préfecture. “Nous avons beaucoup avancé sur certains points, mais tout n’a pas été parfait”, concède Ambdilwahedou Soumaïla. “Il conviendra d’évaluer ce qui a été fait et de corriger en conséquence.” Un travail commun qui commencera dès le lendemain, Thierry Suquet ayant prévu une visite de courtoisie en mairie de Mamoudzou.
70 bacheliers faisant partie des meilleurs de l’île ont été reçus par le recteur vendredi dernier au rectorat. Ils ont tous eu la mention très bien, et sont promis à des brillants avenirs. Le représentant de l’académie a souhaité les féliciter en personne, et leur offrir un présent avant d’écrire ce nouveau chapitre qui commence pour eux.
Les masques sur les visages cachent leur sourire, mais les yeux qui brillent témoignent leurs émotions. Accompagnés de leurs familles, 70 bacheliers ont répondu à l’invitation du recteur qui a mis un point d’honneur à les féliciter. S’ils sont là, ce n’est certainement pas par hasard. Ces anciens lycéens font partie des meilleurs de l’île. Ils ont tous eu la mention très bien, et certains ont même reçu les félicitations du jury. Autrement dit, ils ont eu plus de 18 de moyenne. Ce qui est un exploit au vue des conditions pas toujours évidentes dans lesquelles ils ont dû travailler ces deux dernières années. « Elles ont été particulièrement difficiles, il y a eu beaucoup de moment au cours desquelles nous nous sommes dit que nous n’allions pas y arriver. Les équipes pédagogiques ont eu des moments de découragement, mais personne n’a lâché. Les élèves ont tenu, les familles ont tenu, tout le monde a travaillé jusqu’au bout. Cette promotion est celle du courage et de la volonté », rappelle fièrement Gilles Halbout.
Message de soutien aux bachelières
Ces adolescents viennent de terminer le lycée, mais une autre grande aventure les attend. La plupart d’entre eux s’envoleront dans quelques jours pour la métropole afin de poursuivre leurs études supérieures. Le responsable de l’académie a donc souhaité avoir une pensée particulière pour les jeunes femmes, qui force est de constater, renoncent plus rapidement que les garçons. « J’ai tenu à lancer un message à toutes les filles pour leur dire qu’elles n’ont aucune raison de se décourager. Aucun métier ne leur est interdit. C’est peut-être difficile pour elles de travailler avec l’éloignement et la pression sociale, il y a aussi une forme d’auto censure, mais aujourd’hui, elles font partie des meilleurs et il n’y aucune raison qu’elles abandonnent », martèle Gilles Halbout.
Les filles étaient bien présentes lors de la cérémonie de remise de diplôme qui a eu lieu dans la cours du rectorat. Tous les bacheliers ont reçu des cadeaux, des chèques, des livres, des bons d’achat et même des tablettes et des portables pour ceux qui ont mérité les félicitations du jury. Cette jeunesse est sans aucun doute l’avenir de Mayotte. Ils en sont conscients et tous promettent de revenir contribuer au développement de leur île. « Ce sont des élèves qui ont de grandes perspectives. Ils sont représentatifs de la grande majorité de ces jeunes. Nous parlons beaucoup des petits voyous, mais en réalité, ils ne sont qu’une minorité. Il faut que nous évoquions aussi de la grande majorité qui s’accroche, qui réussit, qui travaille dans des conditions pas faciles », soutient Gilles Halbout qui ne cache pas sa fierté. Cette année, le nombre de bacheliers ayant obtenu la mention très bien est supérieur à la promotion de 2019, année de référence. Un constat qui ferait presque oublier la polémique sur l’harmonisation des notes.
Shaana Christin, major de promo
Du haut de ses 16 ans, Shaana Christin représente la crème de la crème. Originaire du lycée de Chirongui, elle est major de cette nouvelle promotion de bacheliers. « Je suis contente d’autant plus que le bac de cette année a été compliqué à cause du confinement. J’ai dû travailler beaucoup plus », indique-t-elle. Des propos confirmés par sa mère qui l’accompagne ce jour-là. « Cela ne m’étonne pas, parce que depuis toute petite, elle a toujours voulu plus, et elle est très assidue dans son travail. Il y a des moments où je suis obligée de lui imposer des pauses », raconte sa maman, qui espère tout de même que sa fille restera aussi motivée lors de ses études supérieures. Passionnée par les mathématiques, l’adolescente a été acceptée dans une école d’ingénieur à Lyon. Elle a l’ambition de devenir ingénieure en génie civile et urbanisme. « J’ai choisi cette filière parce que j’ai toujours aimé les maths, j’aime le fait qu’il y ait une logique », explique la principale concernée. Mais Shaana n’excelle pas simplement dans cette matière, elle est également fan de football. Elle fait partie de l’équipe des Jumelles de Mzouazia.
Moustoifa Ali Djoumoi, amoureux des énergies renouvelables
Moustoifa Ali Djoumoi est un élève issu du lycée de Kahani. Le baccalauréat était une évidence pour lui, mais pas la mention très bien. Lui qui affirme avoir eu une année compliquée. « Le Coronavirus ne m’a du tout aidé, bien au contraire. Cela a été difficile pour moi, car je devais faire des recherches par moi-même alors je regardais des vidéos sur Youtube. » Il a fait avec les moyens du bord, mais n’a jamais abandonné. Moustoifa va intégrer un IUT à Poitiers afin de faire un DUT génie mécanique et productile. « Je veux travailler dans les énergies renouvelables, car j’ai constaté qu’à Mayotte, elles ne sont pas assez exploitées », souligne-t-il judicieusement. Le jeune homme fait également la fierté de sa mère qui l’a toujours soutenu malgré la barrière de la langue. « Je n’ai jamais été à l’école, alors je ne pouvais pas l’aider dans ses devoirs, mais je l’ai aidé comme j’ai pu en le surveillant. Il n’avait pas le droit d’aller traîner dehors », raconte sa mère. Des parents qui accompagnent leurs enfants malgré leurs limites, c’est peut-être cela la clé de la réussite…
El-Hamid Aha Majani, du concours d’éloquence aux mathématiques
Lors de la remise de diplôme, El-Hamid Aha Majani s’est fait remarquer en prenant la parole. Scolarisé au lycée de Dembeni, il a remercié sa famille et a motivé ses camarades pour la suite. Toute l’assemblée a noté son aisance à l’orale, devant un public. Et si le jeune homme en a impressionné plus d’un, ce n’est pas par hasard. « J’ai participé au concours d’éloquence cette année et j’ai réalisé que j’ai les capacités d’un bon orateur », dit-il le sourire au coin. Pourtant, il compte un autre chemin : celui de l’enseignement ! « Je veux être professeur de mathématiques, parce qu’au lycée, je suis tombé amoureux de cette matière. J’avais un professeur qui expliquait très bien et de là j’ai vu ma vocation naitre », affirme-t-il. En septembre, il intégrera donc une classe préparatoire avant de tenter le concours aux grandes écoles. Le bachelier fait partie des rares qui ont reçu les félicitations du jury.
Sakina, réussir envers et contre tous
Avec une mention très bien, les résultats du bac de Sakina vont au-delà de ses espoirs. « Je pensais avoir la mention bien, mais pas très bien. J’étais très surprise. Je suis fière de moi parce que cela représente deux ans d’accomplissement et de travail », indique la jeune fille. Le parcours de cette dernière n’a pas été évident durant les semaines de confinement. « La première année a été difficile, parce que je n’avais pas de connexion Internet chez moi. Des fois, j’avais du mal à envoyer les devoirs, mais je n’ai jamais rien lâché », soutient-elle. Un message d’espoir pour tous ceux qui rencontrent encore ce genre de difficultés. Sakina veut contribuer au rayonnement de Mayotte à travers toute la France. « On doit montrer à ceux qui sont en métropole que Mayotte ce n’est pas que la violence. Chez nous aussi, on a des élèves intelligents et on est capables d’être aussi meilleurs qu’eux », lance-t-elle. Pour cela, elle s’est inscrite au CUFR de Dembeni en licence de droit. Elle n’est pas encore prête à quitter son île qui a encore tant à lui offrir. « Après l’obtention de ma licence, je partirai finir mes études pour devenir magistrat, mais je promets de revenir par la suite, car c’est à nous de développer notre territoire », rappelle Sakina qui a déjà tout d’une femme engagée.
Les travaux de sécurisation et mise au gabarit de l’ouvrage de franchissement de la RN2 suivent leur cours à Sada. Débutées au mois de juin, les opérations préparatoires à la construction devraient s’achever en octobre pour laisser place à la démolition et la reconstruction du pont.
Finis les embouteillages interminables ! Dès février 2022, le nouveau et tant attendu pont de Mangajou viendra fluidifier le trafic routier du Sud. L’ouvrage comportera deux voies de circulation de trois mètres ainsi qu’un cheminement piéton sécurisé d’une largeur de deux mètres. L’opération d’aménagement s’inscrit dans le cadre du plan de relance pour un budget total de 1.5 million d’euros.
Vendredi dernier, différents acteurs de la direction de l’environnement de l’aménagement et du logement (DEAL) ainsi que le maire de Sada, Houssamoudine Abdallah, étaient réunis afin de revenir sur l’avancée des travaux. “Il y a beaucoup de pressions autour de ce pont”, affirme l’élu, qui ne peut que déplorer les fils interminables de véhicules à l’entrée de sa commune. “Nous avons évoqué ce projet en octobre dernier et avons acté le calendrier en décembre. Je comprends que les usagers soient pressés de voir la mise en service de ce bel ouvrage, mais les choses avancent très bien. Nous avons attendu 34 ans, il faudra être patient encore sept mois”, déclare-t-il. De quoi donner quelques perspectives d’avenir aux conducteurs, qui rongent inlassablement leur frein lorsqu’ils traversent la passerelle…
Afin de garantir la circulation des automobilistes sur la RN2, une déviation provisoire régulée par des feux tricolores verra le jour parallèlement à l’actuel pont. Les véhicules légers, les transports scolaires et les véhicules de secours et d’intervention pourront utiliser cette voie tandis que les poids lourds de plus de 3.5 tonnes devront emprunter un itinéraire alternatif par la RD5, la RN3 et la RN2.
L’environnement, l’une des priorités
La construction de ce nouveau pont, plus large et pourvu d’un accès piéton, a avant tout pour but de désengorger la circulation anxiogène sur cette partie de l’île et de sécuriser le déplacement des marcheurs. Sans oublier de contribuer à la protection de l’environnement. En effet, que ce soit en amont ou en aval des travaux, plusieurs actions sont envisagées. Pendant la phase de construction qui doit débuter en octobre, un prestataire spécialisé dans la qualité de l’eau et la protection des espèces animales et végétales réalisera un suivi. La déviation spécialement érigée sur du remblais sera démolie dès la mise en service du nouvel ouvrage.
Enfin, dès que le chantier sera achevé, la DEAL s’engage à replanter des espèces indigènes d’arrière-mangrove sur la zone concernée par l’emprise de la déviation mais aussi à expérimenter un rééquilibrage hydraulique. Ceci permettant de favoriser le retour de la mangrove, actuellement ensablée et en mauvais état en contrebas du pont. Un ouvrage aux multiples enjeux que les habitants espèrent pouvoir traverser au cours du premier trimestre 2022.
Chaque dimanche, le Nyamba Club emmène les apnéistes confirmés et amateurs pour une session de plongée dans les eaux turquoises du lagon. Une pratique cérébrale dans laquelle la recherche de la performance passe au second plan. Immersion aux côtés de Franck Gaultier.
Oubliez la plongée en bouteilles, Franck Gaultier vous emmène pour un voyage dans le bleu profond de l’océan Indien et sans bulles ! Sur le ponton, deux groupes se divisent et montent à bord d’un des deux navires jaunes du Nyamba Club : d’un côté les plongeurs « classiques », de l’autre les apnéistes. L’éducateur sportif en milieu carcéral troque chaque week-end ses baskets pour des palmes. Apnéiste depuis ses 15 ans, l’amoureux des fonds marins partage aujourd’hui sa passion avec les Mahorais en quête de sérénité.
“Le plus important, c’est le relâchement”, prévient d’emblée Franck à ses élèves du jour. Mais avant de prétendre descendre à vingt mille lieues sous les mers, il faut savoir se préparer ! Le visage fouetté par les embruns, les apnéistes écoutent attentivement les consignes. “Tout d’abord, il faut évacuer au maximum le dioxyde de carbone (CO2) présent dans notre corps et le recharger en oxygène (O2). Nous adoptons alors un rythme respiratoire beaucoup plus lent, beaucoup plus profond pour nous détendre au maximum et consommer le moins d’oxygène possible”, détaille-t-il, en bon professeur, avant d’ordonner la mise à l’eau.
Une fois en plein cœur de la Passe en S, les apnéistes descendent, tour à tour et lentement, le long de la corde. “Nous recherchons l’économie dans tout, en évitant les mouvements ou les pensées parasites. Par ailleurs, il faut bien compenser afin d’équilibrer nos oreilles et ne pas risquer de nous percer un tympan.” Un calme qui leur permet de retenir leur respiration et de se concentrer sur leurs sensations tout en décompressant mètre après mètre.
Un appel à la méditation
Pour Laurent, douanier à l’aéroport de Dzaoudzi et novice en la matière, ce sport est avant tout un moment de zénitude : “l’apnée m’aide à améliorer mon niveau de concentration. Dans mon travail, je suis au contact du public et l’apnée m’aide à lâcher prise. C’est une forme de méditation. » Peu importe le niveau, cela demeure, ni plus ni moins, une pratique cérébrale. “En apnée, la seule limite c’est toi. L’apnée, c’est un peu de physique et beaucoup de mental. L’important, ce n’est pas la performance, mais nos sensations pour profiter au maximum de l’instant”, déroule Franck Gaultier. Seul au milieu de l’océan et des poissons, quoi de mieux pour se détendre ?
Après des mois de travaux préparatoires, l’heure est venue de faire des choix, avant l’enquête publique et l’autorisation de démarrer les travaux. D’ici au premier coup de pelle, toujours prévu en 2023 selon le calendrier actuel, la population est invitée à s’informer via plusieurs canaux de communication lancés depuis ce jeudi.
C’est un moment “charnière”, assure Christophe Masson, le délégué à la piste longue, à l’occasion d’une conférence de presse à l’aéroport ce jeudi. Et pas juste pour cet habitué des grands projets d’infrastructures qui vient poser ses bagages sur l’île aux parfums à partir du mois de septembre, dans le but de suivre pas à pas ce dossier d’envergure. “Nous avons beaucoup travaillé sur les travaux préparatoires. Aujourd’hui, nous rentrons dans le concret.” Autre promesse, pas nouvelle de notre côté du globe : “on ne parle plus de s’il faut ou pas la faire, cette piste, elle va être faite, comme le président de la République l’a dit en octobre 2019.” L’objectif du jour : lancer officiellement le “dispositif d’information, d’échanges et de participation du public”.
Quèsaco ? En substance, une campagne d’information, une obligation pour des projets de cette ampleur, et qui vient en amont de l’enquête publique. “Nous avons besoin d’informer sur les décisions prises compte tenu des travaux préparatoires et de partager les besoins sur la réalisation avec le public”, explique le responsable du projet à la direction générale de l’aviation civile (DGAC). En effet, depuis l’allocution du chef de l’État, Emmanuel Macron, le 22 octobre 2019, de nombreux travaux préparatoires ont été entrepris sur un large éventail de thématiques, des dimensions techniques de la piste (axe, longueur, largeur, hauteur), aux gisements et transports de matériaux, en passant par les risques naturels, les impacts environnementaux, les coûts et l’organisation du chantier…
Des millions de mètres cubes de matériaux
Parmi les questions à trancher figurent par exemple le choix entre les deux scénarii de pistes convergentes issus du débat public, mais aussi les risques naturels, nombreux dans le cadre de ce projet à Mayotte, exposée aux risques sismiques. La stabilité du sol, la résistance de l’ouvrage face à un potentiel tsunami et la subsidence de l’île face au volcan font partie des éléments à prendre en compte pour lancer le chantier. L’autre question à un million : l’approvisionnement et l’acheminement des matériaux. À savoir plusieurs millions de mètres cubes de matières premières, non seulement à dénicher – à Mayotte de préférence – mais aussi à transporter jusqu’à leur point de chute ! “Cela ne se fera pas en mettant des camions sur la barge”, ironise Christophe Masson en évoquant la possibilité de liens maritimes particuliers, avec de nouveaux quais de chargement en Grande-Terre. Troisième enjeu et non des moindres : l’impact environnemental et le cadre de vie. Une dimension du projet qui avait déjà fait l’objet d’un avis mitigé de l’autorité environnementale en décembre, appelant à plusieurs révisions avant l’étude d’impact finale.
Tenir le calendrier
Face à ces nombreux travaux, l’heure est donc maintenant au choix. Et pour en informer la population, le maître d’ouvrage met en place un certain nombre d’outils de communication avec l’ambition de recueillir un maximum de questions, avis, points d’attention. Dès ce jeudi matin, le site internet de la piste longue (https://pistelongue-mayotte.fr/) est ainsi actif. À parution bi-mensuelle, la première lettre d’information datée du mois de juillet récapitule l’état d’avancement du projet tandis qu’un dossier de présentation détaillera plus en profondeur certaines thématiques. Des stands itinérants sont aussi prévus ainsi que des actions et événements tous les deux mois. Enfin, une maison du projet “où chacun pourra venir se renseigner et poser ses questions”, doit voir le jour en septembre en Petite-Terre.
En clair, l’État est bien décidé à mettre les petits plats dans les grands pour satisfaire une opinion publique mahoraise lassée par cette arlésienne vieille de plus de dix ans. “Le dispositif est classique”, défend toutefois Christophe Masson, qui met en avant l’importance de ficeler au mieux le dossier à soumettre à l’enquête publique. De quoi tenir le calendrier pour un démarrage des gros travaux en 2023, soit une échéance qui a déjà été annoncée en fin d’année dernière. “Nous sommes toujours sur cette perspective”, présage le Monsieur piste longue de la DGAC. Le nez dans le guidon !
Jeudi 8 juillet, la Caisse de sécurité sociale de Mayotte organisait en lien avec l’URSSAF et la Chambre de commerce et d’industrie, un webinaire sur l’auto-entreprenariat dans le 101ème département français. Simplification des formalités administratives, exonération des cotisations sociales ou encore protection sociale et droit à la formation professionnelle sont les atouts de ce nouveau statut, mis en place sur le territoire en avril dernier.
Petit guide de l’auto-entreprenariat pour les nuls ! Dans une ambiance très studieuse, la directrice générale de la caisse de sécurité sociale de Mayotte, Ymane Alihamidi Chanfi, présente le nouveau régime de micro-entreprise mis en place à Mayotte depuis le 1er avril 2021. Ce dispositif qui se veut simplifié s’adresse aux travailleurs indépendants qui ne pouvaient, jusqu’à présent, pas prétendre au statut d’auto-entrepreneur à Mayotte.
Une excellente nouvelle en soi. Mais pour y postuler, les actifs intéressés doivent respecter quelques conditions. Heureusement, les membres de la caisse de sécurité sociale de Mayotte, attablés face à leur public virtuel, sont là pour répondre aux interrogations des uns et des autres. “Cette nouvelle mesure s’articule en trois points« , dévoile Monique Harang, la directrice relations entreprises créances flux entrants à CCSM. Premier volet, en ce qui concerne les formalités administratives celles-ci sont simplifiées par le dispositif. “Les futurs auto-entrepreneurs peuvent s’inscrire directement sur le site autoentrepreneur.urssaf.fr, puis réaliser leurs déclarations et paiements en ligne”, détaille-t-elle, précisant au passage que la comptabilité s’avère également allégée.
Dans un deuxième temps, les cotisations sociales s’adaptent elles-aussi à ce statut inédit. “Les créateurs pourront bénéficier d’une exonération de cotisations sociales pendant 24 mois, mais aussi de taux spécifiques et progressifs, en revanche pour les travailleurs indépendants en activité depuis plus de 24 mois, des cotisations devront être payées”, précise-t-elle, en bonne maître de conférence. Autre avantage de l’auto-entreprenariat ? Les actifs peuvent bénéficier d’une protection sociale complète et d’un droit à la formation professionnelle.
Le tout numérique
Pour simplifier la déclaration de leur activité et de leurs revenus, les auto-entrepreneurs peuvent réaliser leurs démarches en ligne à partir du site autoentrepreneur.urssaf.fr ou via l’application mobile AutoEntrepreneur Urssaf. “Les actifs auront à leur disposition des services en ligne sécurisés et gratuits et pourront également, au besoin, entrer en contact avec des membres de CSSM par mail ou par téléphone”, assure Christoph-Colomb Ali, responsable offre de service à la CSSM. Des services qui se veulent maternants et sécurisants afin d’encourager les Mahoraises et Mahorais à se lancer dans une aventure entrepreneuriale.
Dans le cadre de la mise en place du système d’alerte et d’information des populations, des essais de sirènes sont programmés jusqu’au mercredi 15 juillet sur les 23 sites où elles sont installées (quatre sur des mairies, quatorze sur des établissements scolaires, une sur une maison de la jeunesse et de la culture, une sur le centre universitaire et une sur un centre départemental de secours et d’incendie). Un test mensuel sera ensuite effectué le premier mercredi de chaque mois à partir du mois d’août. L’objectif est de sensibiliser la population en cas de cyclone ou de tsunami. État des lieux avec Laurence Carval, la directrice de cabinet du préfet.
Flash Infos : Ce jeudi matin, vous avez procédé aux premiers essais de la sirène installée à la mairie de Koungou. Un test de fonctionnement qui en précède bien d’autres sur les 22 autres sites d’ici le 15 juillet, comme l’avait annoncé le désormais ex-préfet, Jean-François Colombet, en octobre dernier.
Laurence Carval : Cette sirène, que nous venons de tester, qui fonctionne et que nous entendons de loin, fait partie d’un réseau de système d’alerte et d’information aux populations. Ce réseau est mis en place par le ministère de l’Intérieur, qui finance l’expédition, l’installation et la pose. Il y aura dans les prochains jours des tests sur les 23 sirènes qui maillent l’ensemble de l’île, sur Petite-Terre et Grande-Terre, à l’exception de Ouangani, qui n’a pas de façade côtière, et de Tsingoni, qui est moins susceptible d’être victime d’un tsunami.
Les sirènes sont déployées en premier lieu pour les tsunamis, avec le risque immédiat d’arrivée de houles et de dangers pour les populations situées en bord de mer. Mais elles pourront aussi servir, à terme, pour d’autres événements climatiques ou de grande ampleur, à l’instar des alertes cycloniques quand nous demandons, par exemple, aux habitants de rentrer se confiner à leur domicile. Tout le monde n’est pas en permanence avec un poste de radio à portée de main. Le bruit de la sirène doit devenir un bruit familier, qui donne le réflexe à toutes les Mahoraises et tous les Mahorais de se mettre en sécurité.
FI : Concrètement, comment fonctionnent les sirènes ? Sont-elles déclenchées à distance ou manuellement depuis chaque site ?
L. C. : L’intérêt du système mis en place est qu’il peut être déclenché de façon manuelle sur chacun des sites. Vous l’avez vu : il y a un petit bouton poussoir. C’est assez simple ! Mais il peut aussi être contrôlé par le service de la protection civile de la préfecture depuis Dzaoudzi. Par une simple commande par voie de téléphone, nous pouvons allumer l’ensemble du réseau.
Nous sommes totalement à l’identique du système national : le déclenchement des alarmes le premier mercredi de chaque mois, à midi, est une tradition en France. Eh bien à Mayotte aussi, nous aurons un test mensuel à partir du mois d’août !
FI : Comment comptez-vous vous y prendre pour sensibiliser la population ?
L. C. : Comme nous étions encore en phase de pose des sirènes, nous n’avons pas communiqué pour nous assurer que le dispositif fonctionne. D’ici la mi-juillet, toutes les sirènes vont être testées. Et nous allons lancer une grande campagne de sensibilisation dans les écoles, parce que les enfants seront les premiers ambassadeurs des gestes réflexes à acquérir. Mais aussi mettre l’accent par voie de presse audiovisuelle, avec des clips et des messages, et par la diffusion de prospectus en français et en shimaoré avec la graphie arabe, de façon à ce que tout le monde puisse, au fur et à mesure, s’approprier la bonne conduite à tenir pour se mettre en sécurité.
C’est tout un travail de pédagogie. Au déclenchement, cela n’interpelle pas grand monde. Ici, à Koungou, les gens ont l’habitude avec la carrière à proximité où une alarme retentit lors de tirs d’explosifs. Il faut pouvoir revenir sur le sujet, expliquer au quotidien à quoi cela sert et les bonnes mesures qui sauvent. Cela ne se fera pas en huit jours, nous en sommes tous parfaitement conscients. Mais au moins maintenant, nous avons l’outil, ce qui n’était pas le cas auparavant. Il ne nous reste plus qu’à former les populations et à les mettre dans la boucle de ce système.
Trois humoristes issus du Jamel Comedy Club sont actuellement à Mayotte. Charly Nyobe, John Sulo, et Jason Brokerss vont se frotter au public mahorais durant trois dates. Mais avant de monter sur scène, ils sont partis à la rencontre des enfants à travers un atelier d’initiation au stand-up à la MJC de M’Gombani, ce jeudi.
Ils s’appellent Charly Nyobe, John Sulo, et Jason Brokerss. Trois humoristes issus du Jamel Comedy Club qu’on ne présente plus. Après avoir sillonné les scènes de l’hexagone, ils posent leurs valises à Mayotte quelques jours. Les humoristes ont passé la matinée de jeudi avec une quarantaine d’enfants pour les initier à l’écriture de sketch. Si les frimousses ignorent tout de cet art, ils se sont très vite mis dans le bain. « Ils sont très ouverts et ils sont à l’écoute des conseils. Les enfants ont plein d’imagination, donc il n’y a pas beaucoup à faire. Il faut juste les guider et les corriger », affirme John Sulo. Les comédiens pensaient travailler avec des adolescents, mais les petits qui ont répondu pré-sent sont âgés en moyenne de dix ans. Alors il était impératif d’adapter leur discours. « Quand on travaille avec des enfants il ne faut pas hésiter à redescendre en enfance, se mettre au même niveau qu’eux. Cela nous permet de retrouver notre âme de gamin, ainsi ils nous comprennent mieux et on les comprend aussi », révèle John Sulo.
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De leur côté, les enfants qui découvrent tout du Stand-up, ont quelques difficultés à comprendre ses subtilités. Ils écrivent, gribouillent, rayent puis recommencent. L’aide des humoristes est donc grandement appréciée. « On réussit à travailler avec eux, il faut juste être dans la compréhension, prendre le temps de discuter avec eux, de savoir ce qu’ils ai-ment et les suivre », explique Charly Nyobé. Malgré les difficultés de certains, beaucoup arrivent à écrire un récit qui tient la route, et qui fait rire leurs camarades. L’atelier a même permis de déceler quelques talents cachés. « Il y a quelques enfants qui ont un vrai talent d’écriture. En peu de temps, ils nous ont écrit de très bonnes histoires », insiste John Sulo. Et qui de mieux pour tester ces fameuses histoires drôles que les enfants eux-mêmes ? Les volontaires ont pris leur courage à deux mains et sont montés sur les planches pour raconter leur sketchs devant un public très bon client qui a ri à chaque intervention. Les enfants sont ravis, certains ont même surpassé leur peur à l’exemple de Farza, 11 ans. « J’ai appris à écrire des blagues et à monter sur scène. Mais je suis surtout très contente parce que je n’ai plus honte de prendre la parole devant tout le monde. »
L’association Sadaka à l’origine de tout
Derrière cette rencontre entre les enfants et les humoristes se cache l’association Sadaka. Sa fondatrice, Julia Daka, en a eu l’idée pour « emmener un souffle nouveau de métiers d’art qui n’existent pas chez nous et les allier à notre culture », indique-t-elle. Elle a crée l’association durant le confinement pour venir en aide à son île. « Je voyais beaucoup d’associations qui aidaient les hôpitaux et les personnes vulnérables à Paris et je me suis demandée qui pouvait le faire à Mayotte. Qui pour aider cette jeunesse un peu torturée aujourd’hui ? », raconte Julia Daka. Il ne lui en faut pas plus pour passer quelques coups de fils et lancer son projet. Elle veut aider la jeunesse mahoraise à travers l’art sous toutes ses formes. « Mon combat, c’est de changer le système éducatif dans sa globalité. Pour moi, l’art est tout aussi important que les maths et le français. Aujourd’hui, les gens sont enfermés dans un schéma linéaire et ne veulent pas que les enfants aient des pensées divergentes alors qu’un enfant né créatif, il faut donc le pousser à développer cet aspect pour qu’il se sente mieux dans sa peau », explique la fondatrice de l’association.
Julia Daka voit encore plus grand puisqu’elle souhaite créer une résidence d’artistes d’ici 2024. « Elle fonctionnerait un peu comme un orphelinat. Ça serait un lieu de vie, mais aussi d’exposition et de création », précise-t-elle. Pour cela, elle espère avoir l’appui des collectivités, même si l’association est consciente qu’elle doit aussi pouvoir subvenir à ses propres besoins. Raison pour laquelle Julia Daka et ses collaborateurs ont crée une plateforme créative afin d’avoir des fonds propres pour pouvoir faire venir plus d’artistes à Mayotte. En attendant les futurs artistes, on pourra déjà voir Charly Nyobe, John Selon, et Jason Brokerss sur scène durant trois jours. Ils jouent ce vendredi dans le concept store Samani à Mamoudzou, ce samedi au MistiqBar en Petite-Terre et à la MJC de M’Gombani ce dimanche. En quelques jours, ils ont eu le temps d’observer notre mode de vie et pro-mettent d’adapter leurs sketchs à la réalité mahoraise. « On est obligés de le faire ! C’est la première fois que je viens à Mayotte et il y a certaines choses qui m’ont marqué à l’exemple de l’unique route qui existe ici. Je n’en reviens toujours pas… », s’étonne Charly Nyobé, en riant. Il n’en dira pas plus, mais ses amis et lui promettent des surprises.
Alors que la France connaît une résurgence de l’épidémie de coronavirus qui fait craindre de nouvelles restrictions dès cet été, l’agence régionale de santé de Mayotte suit de près la nouvelle souche, plus contagieuse, détectée en Inde. Le contrôle sanitaire aux frontières et la vaccination restent les seuls remparts pendant cette période de vacances scolaires propice aux voyages.
C’est l’heure ! Le bras piqué deux fois et le nez docilement présenté au coton-tige, des centaines de voyageurs s’apprêtent à décoller de Dzaoudzi en ce mercredi 7 juillet qui marque le top départ des vacances. Depuis lundi, le gouvernement a autorisé qui plus est l’ouverture progressive de la frontière avec les Comores voisines. Et, à en croire la foule qui patientait devant le laboratoire Mayobio de Kawéni hier, l’annonce a fait mouche. “8h30 ? La plupart ici sont arrivés même à 3h du matin ! Moi je suis là depuis 5h”, témoigne un candidat au test PCR, adossé contre un mur à l’ombre. Certaines pharmacies de Mamoudzou, qui peuvent réaliser les tests antigéniques, sont quant à elles bookées sur au moins deux jours. Les voyageurs entre Mayotte et les autres départements français ont en effet le choix entre les deux options. Pour se rendre sur l’archipel voisin en revanche, seul est accepté le test PCR. L’autre condition pour voyager ? Présenter la preuve d’un schéma vaccinal complet, ou bien les justificatifs du motif impérieux.
On l’aura compris, la population de l’île aux parfums attendait ce moment avec impatience. Surtout compte tenu des chiffres plutôt très rassurants de l’épidémie à Mayotte, qui reste l’un des départements de France le moins touché par le Covid-19. Selon le dernier bulletin de l’agence régionale de santé (ARS), le centre hospitalier n’accueille plus aucun patient, ni en médecine, ni en réanimation et seuls 15 cas ont été recensés sur la semaine du 28 juin au 4 juillet. Les taux d’incidence (5,4) et de positivité (0,4%) confirment aussi ce calme plat. Ces temps-ci, il n’y a guère que Saint-Pierre et Miquelon et leur 0 cas pour 100.000 habitants pour nous voler le podium !
Immunité et vaccination
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette bonne santé. En haut de la pile : la flambée du début de l’année et la campagne de vaccination. “Nous avons eu une grosse épidémie il y a quelques mois, et il y a donc une part d’immunité dans la population. Ensuite, la vaccination commence et continue à prendre tout son sens”, note ainsi Florine Clavier, cheffe de la veille et sécurité sanitaire à l’ARS. La grande enquête de séroprévalence, censée déterminer l’immunité collective du 101ème département est toujours dans les plans, mais n’a pas encore débuté, nous informe-t-elle. Quant au Pfizer, aux dernières nouvelles (bulletin du 7 juillet), 76.145 injections ont été réalisées, et 33.053 personnes ont été vaccinées à Mayotte. Et la tendance s’est accélérée à l’approche des vacances scolaires. “Plus de 27.000 injections ont été faites le mois dernier, c’est une progression très favorable”, ajoute la pharmacienne de profession.
Une dynamique qui s’explique aisément par la levée des motifs impérieux pour les personnes vaccinées. Un peu moins par l’ouverture de la vaccination dès l’âge de 12 ans, effective depuis le 15 juin. “Si vous allez dans un centre de vaccination, vous avez toutes les tranches d’âges, mais sur les dernières semaines, le 30-50 ans étaient plus présents”, nuance Florine Clavier. Un nouveau centre a par ailleurs été ouvert cette semaine à la MJC de Tsoundzou 2, qui sera accessible tous les mardis et mercredis de 9h à 15h, pour “permettre au plus grand nombre d’être protégé”, écrit l’ARS sur son compte Facebook.
La France face au risque d’une 4ème vague
Tout cela suffira-t-il à épargner Mayotte face à une nouvelle vague ? L’orage gronde en effet à l’horizon, surtout dans l’Hexagone, qui fait face à une forte recrudescence de l’épidémie, à peine un mois après la levée progressive des restrictions. En cause : le variant Delta, qui représente déjà 40% des tests positifs, d’après Santé Publique France. Face à cette souche “redoutable” et “extrêmement rapide”, “l’heure est à la mobilisation générale”, a souligné le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à la sortie du conseil de défense sanitaire et du conseil des ministres, ce mercredi. En seulement une semaine, le taux d’incidence a grimpé de 20% en France et le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a d’ores-et-déjà mis en garde contre la possibilité d’une quatrième vague dès la fin juillet.
“Nous sommes très en lien avec l’ARS de La Réunion et le ministère concernant le variant Delta”, explique Florine Clavier. Pour l’instant, aucun séquençage n’a permis de démontrer la présence de cette souche plus contagieuse du coronavirus à Mayotte. Mais sur l’île Bourbon, 28 cas ont déjà été recensés. “Nous sommes, et c’est bien normal, inquiets quant à l’éventuelle apparition du variant, c’est pour cela que nous essayons d’y répondre au mieux en augmentant la capacité de dépistage, en maintenant un contrôle sanitaire strict aux frontières, en renforçant nos systèmes de surveillance et en garantissant l’accès à la vaccination.” Pour les autorités sanitaires, la première arme contre ce variant reste le vaccin, qui, d’après les premières études disponibles, protège des formes graves, à condition d’avoir reçu les deux doses.
Ce mardi 6 juillet, le recteur Gilles Halbout a décoré 17 personnels de l’Éducation nationale de la médaille de l’ordre des palmes académiques. Une remise solennelle durant laquelle les larmes et les sourires se sont entrechoqués, qui récompense l’engagement de ces femmes et de ces hommes au service des élèves de l’académie.
« Au nom du premier ministre, j’ai l’honneur de vous faire chevalier/officier de l’ordre des palmes académiques. » Qu’ils soient conseiller pédagogique, directeur d’école, principale de collège, ou encore animateur informatique, ils étaient 17 réunis ce mardi dans l’enceinte du rectorat pour se faire épingler par le responsable de l’académie à la suite du décret du 28 octobre 2020. « Dans ce genre de cérémonie, nous prenons un grand plaisir à nous retrouver », a d’abord introduit Gilles Halbout, heureux se présenter face à ses collaborateurs pour ce moment de partage.
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Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, petite piqûre de rappel ! Créée en 1808 par Napoléon, cette distinction, « l’une des plus anciennes de la République », honore une action au service de l’école. Elle est le reflet de la réalité de la communauté éducative, du travail réalisé par chaque agent quelle que soit sa fonction au sein de l’Éducation nationale. Un insigne représenté par un rameau d’olivier et une branche de laurier. Ce n’est qu’en 1955 que le président René Coty institue l’ordre des palmes académiques et ses trois grades : chevalier, officier et commandeur. « Cela nous rappelle que l’éducation est un combat. Vous en êtes les héros du quotidien pour un monde meilleur et paisible. Vous êtes les soldats de la connaissance ! » Tous se sont présentés un par un, sous les yeux de leurs proches et de leurs collègues, aux côtés de Gilles Halbout pour recevoir leur médaille.
Anissat Widad Abdourrahamane
Secrétaire à Dembéni à partir de 1998, Anissat Widad Abdourrahamane rejoint la circonscription de Mamoudzou Sud en 2006. Accueillante, dévouée, loyale et toujours disponible, « vous êtes ce que d’aucuns appellent la mémoire vivante de l’inspection ». « Celles et ceux qui franchissent la porte de vos bureaux ont le droit, quels qu’ils soient, quel que soit leur niveau de responsabilité, qu’ils soient personnels enseignants ou parents d’élèves et quelles que soient les circonstances, à un accueil convivial et quelques mots attentionnés. »
Ahmed Attoumani
En poste depuis 1999, Ahmed Attoumani possède un parcours professionnel aussi riche que varié. « Vous êtes une personne ressource disponible et votre engagement au service des élèves et des enseignants est sans équivoque. Vous assumez désormais une mission d’animateur informatique. » Depuis deux ans, l’ancien professeur des écoles porte le projet Fluence dans sa circonscription de Mamoudzou Centre, qui vise le développement et la validation de dispositifs numériques innovants dans les établissements scolaires. « Votre contribution à la formation statutaire des directeurs d’écoles fut particulièrement appréciée et remarquée. » Le quinquagénaire doit acquérir dans les prochains mois le statut de formateur, option informatique. « Vous avez les compétences nécessaires pour relever ce défi, elles sont reconnues de toutes et tous. »
Jocelyne Bernard
Après un début de carrière comme cheffe d’entreprise dans le secteur privé puis comme attachée territoriale, Jocelyne Bernard se tourne vers l’enseignement en 1993. Arrivée à Mayotte en 2018, celle qui a exercé précédemment dans les académies de La Réunion et d’Aix Marseille prend la tête du collège de Bouéni, alors en construction. « Malgré un établissement qui n’était pas fonctionnel, vous avez su piloter l’ensemble de votre équipe répartie sur trois sites tout en suivant l’avancée et le bon déroulement des travaux. » Reconnue comme un personnel de direction aguerri et investi qui sait partager son engagement au bénéfice de la réussite de tous ses élèves, elle a su franchir les nombreux obstacles qui se sont présentés face à elle pour faire sortir de terre l’un des plus beaux établissements scolaires du territoire.
Rose-Marie Bloquet
Directrice d’école à Passamaïnty village depuis 2015, après un premier passage entre 2009 et 2013, Rose-Marie Bloquet s’investit corps et âme auprès d’un « public particulièrement démuni », avec qui elle réussit « à initier un travail de grande qualité ». Au cours du premier puis du second confinement, la Nordiste d’origine, travaillant pour l’institution depuis 1982, anime une émission de télévision quotidienne dans le but de préserver la continuité pédagogique. « Cette classe fut un véritable succès et a suscité l’admiration de tous. »
Jean-Jacques Ewane
Professeur puis chef de travaux, Jean-Jacques Ewane devient personnel de direction en 2012 avant de rejoindre le collège de M’Tsamboro deux années plus tard, comme principal adjoint. « De toutes celles et ceux interrogés, chacun nous dit apprécier l’excellence de votre positionnement, votre capacité à mobiliser les équipes, votre remarquable constance mais également votre connaissance précise de l’établissement et de son histoire. » Formé aux situation de crise à Rochefort, il effectue un travail pédagogique remarqué durant la période sensible des séismes. « Les crises succédant aux crises, Mayotte a été tous les ans le terrain le plus exigeant possible pour mettre en avant vos capacités. »
Véronique Fabre
Professeure d’éducation physique et sportive pendant près de dix ans, Véronique Fabre débute son parcours de personnel de direction au collège Château Forbin à Marseille. Arrivée sur le territoire en 2018, la quadragénaire occupe depuis quelques mois le poste de principal à Passamaïnty. « Il n’est pas un matin sans que les élèves, présents pour beaucoup dès 5h30, ne vous voient pas ouvrir les portes de leur collège. » Preuve de son dévouement et de sa capacité à fédérer ses équipes et à impulser de nombreux projets.
Marie-Gabrielle Furion
Sur le territoire depuis août 2016, Marie-Gabrielle Furion commence son aventure mahoraise à l’école maternelle annexe de Mamoudzou en tant qu’adjointe avant d’en prendre la direction en 2017. « Vos collègues saluent les nombreuses qualités qui sont les vôtres, des capacités d’adaptation et des compétences de gestion de groupe en faveur de la continuité du service public. » Par ailleurs, elle met ses compétences de formatrice à l’attestation de premiers secours au service de ses pairs, dans le cadre de la formation initiale et continue.
Gilles Grillet
Après une carrière comme maître auxiliaire en EPS dans les Hauts-de-France et au Maroc, Gilles Grillet obtient le concours de professeur des écoles en 1992. Ce n’est qu’en 2015 qu’il fait le choix de rejoindre l’académie du 101ème département pour prendre les rênes de l’école élémentaire de Kawéni Poste. « À travers les nombreuses fonctions et missions occupées, vous avez développé des compétences multiples que vous savez quotidiennement mettre au service de nos élèves et de notre institution. » Ses qualités relationnelles, ses capacités d’adaptation et ses expériences professionnelles en font des atouts de grande valeur au sein de sa circonscription.
Mariame Kambi
C’est à Mamoudzou, rue des Manguiers, que Mariame Kambi commence ses missions d’enseignement en 1997. Son sérieux, son organisation et sa volonté affichée de contribuer à améliorer le service public l’amènent à son premier poste à responsabilité, à Passamaïnty en 2006. « Vous êtes aujourd’hui directrice d’une école primaire de 33 divisions (celle de Foundi Ade à Tsoundzou 1, ndlr). L’ensemble de vos collègues et des cadres de la circonscription saluent un pilotage de votre école optimal tant dans le domaine administratif que pédagogique. »
Patrick Marvie
Directeur adjoint chargé de la section d’enseignement général et professionnel adapté au collège de Kwalé depuis 2018, Patrick Marvie baigne dans l’enseignement spécialisé, désormais appelé ASH, après une mutation en Haute-Loire en 1992. « Les chefs d’établissements n’hésitent d’ailleurs pas à [vous] confier d’autres missions, comme celles du suivi des élèves à PPS (projet personnalisé de scolarisation), de l’ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire) ou de l’UPE2A (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants). » D’ailleurs, il est associé à la formation CAPPEI (certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive) et aux jurys d’examen ainsi qu’à la commission départementale d’orientation vers la SEGPA.
Adbou Raoufou Mohamadi Said
Conseiller pédagogique depuis 2006, « vous assurez vos missions exigeantes avec enthousiasme et professionnalisme ». Depuis deux ans, Abdou Raoufou Mohamadi Said est en charge du dossier « formation continue des contractuels » et coordonne dans ce cadre l’accompagnement et le suivi des PS2 et PS1 dans la circonscription de Mamoudzou Centre. « Vos compétences pédagogiques et votre sens des relations humaines vous ont permis très vite de vous faire connaître comme l’une de ces personnes ressources fiables, toujours disponibles et particulièrement diligentées auprès des enseignants, des écoles, des parents d’élèves et des autorités municipales. »
Ayouba Sarouma
Directeur de l’école de Cavani Sud 2 depuis 2010, Ayouba Sarouma y développe des relations de partenariat fondées sur la confiance et l’entente, notamment avec la mairie de Mamoudzou. « Vous faites preuve d’un réel engagement professionnelle et d’une rigueur dans l’exercice de votre direction. » Mais surtout, l’ancien instituteur auxiliaire suppléant lors de ses débuts en 1995 saisit depuis avec aisance les évolutions des responsabilités de directeur d’école, à l’instar des missions d’animation, d’impulsion et de pilotage.
Adounia Sulleman
Sorti de l’IUT de Nancy, Adounia Sulleman commence professeur contractuel de biologie au lycée de Sada 2005. Avant d’obtenir le concours d’IERM et d’être titularisé en 2008. Il rejoint alors les rangs du premier degré, dans une classe de CP à l’école annexe élémentaire. Depuis 2016, il est à la tête de l’école élémentaire Kawéni Village et a en charge le projet « les Jeux d’échec au service des stratégies mathématiques » sur le circonscription de Mamoudzou Nord. « Votre sérieux et votre rigueur vous ont permis de dessiner un projet professionnel, le vôtre, au bénéfice d’un plus grand nombre. »
Hamadi Thany
Successivement maître d’internat, enseignant d’histoire puis psychologue de l’Éducation nationale, Hamadi Thany occupe aujourd’hui, après 25 ans de carrière aux côtés de la jeunesse mahoraise, les fonctions de chargé de mission au service académique d’information et d’orientation. « Votre engagement en direction des élèves et des familles, votre loyauté envers notre institution méritent d’être salués. Vous œuvrez quotidiennement pour la réussite et l’épanouissement des élèves de l’académie. »
Allaoui Ahamada Yves
D’enseignant à responsable de formation au RSMA pour la préparation du CFG (certificat de formation générale) avant de devenir conseiller pédagogique, Allaoui Ahamada Yves possède un parcours singulier, qui l’a amené aux quatre coins de l’île : Mamoudzou, Sada, Dembéni, Miréréni, Acoua, Tsingoni… « Vous êtes de ces premiers agents ayant passé le concours externe des instituteurs du cadre bacheliers sur le territoire en 1983. » Salué par ses pairs pour sa connaissance fine du terrain, il officie dorénavant au sein de la circonscription de Mamoudzou Sud. « Vous allez prochainement quitter notre ministère pour vous consacrer à une nouvelle mission, essentielle et méritée, celle du repos. » Un départ à la retraite bien mérité !
Claudine Haab
Après 22 ans de carrière à l’enseignement des lettres modernes dans les académies de Besançon puis de Créteil, Claudine Haab devient conseillère auprès du chef d’établissement de Bobigny en 2005. En 2017, là voilà nommée principale du collège de M’Tsamboro. « C’est sous votre pilotage que l’école ouverte aux parents verra le jour dans votre établissement, que des liens avec le premier degré seront initiés, qu’une revalorisation de la SEGPA sera lancée par des projets pédagogiques novateurs ou encore que la nuit des contes sera mise en place. » La binôme de Jean-Jacques Ewane s’emploie à créer un véritable sentiment d’appartenance au cœur de son enceinte et y assure un climat scolaire le plus propice aux apprentissages.
Sandi-Ali Mlanao
Titulaire du CAFIPEMF, Sandi-ali Mlanao jouit d’une carrière de 35 ans durant laquelle il a pu découvrir plusieurs fonctions : directeur dans une école d’application, conseiller pédagogique en charge du dossier « formation continue » des maîtres dans le département, puis directeur dans une école relevant des programmes du réseau d’éducation prioritaire renforcé. « Votre engagement professionnel, salué et estimé de tous, a été reconnu par la médaille d’honneur du travail qui vous a été remise en 2002 puis en 2004. » Chevalier de l’ordre des palmes académiques en 2006, il reçoit à juste titre le grade d’officier.
La mission locale en collaboration avec l’école d’apprentissage maritime ont organisé une journée d’information à la mairie de Labattoir ce mercredi. L’intérêt de cet événement est de se rapprocher des jeunes sans emploi ni formation afin de leur faire découvrir les différents métiers de la mer et susciter quelques vocations.
« L’école maritime n’attend que vous ! » C’est la phrase que martèle l’une des enseignantes de l’école d’apprentissage maritime à la vingtaine de jeunes, pris en charge par la mission locale, assis en face d’elle. Durant près de deux heures, son collègue et elle présentent les différentes formations que propose leur établissement, ainsi que les métiers de la mer que ces jeunes sont loin d’imaginer. « Je pensais que les métiers de la mer consistaient uniquement à être pêcheur. Mais j’ai découvert ici qu’il n’y a pas que la pêche. On peut être mécanicien, cuisinier, et même photographe en mer », s’étonne Fakri, 20 ans. Cet amoureux de la photographie pense d’ailleurs avoir trouvé le métier de ses rêves grâce à cette matinée d’information. « J’aimerais être photographe dans un bateau. Je fais déjà un peu de photo et j’aime la mer. Je suis rassuré de savoir que je peux combiner les deux », assure-t-il. Une vocation est née, et c’est ce que recherchent les représentants de l’école. « Nous les encourageons à embrasser ces métiers parce que ce sont les métiers d’avenir. Les filières qui intéressent le plus sont celles de la plaisance et de la marine nationale », indique Chamsidine Anlifayadhu, formateur dans l’établissement. Malheureusement, pour certains jeunes présents ce jour-là, l’école d’apprentissage maritime ne s’occupe pas de la marine nationale, ils n’ont donc pas pu être guidés à ce niveau.
Au plus près des jeunes
Faire découvrir les professions de la mer et les formations qui s’accompagnent permet de susciter des vocations. Et les jeunes qui ne trouvent pas leur place dans la société ont l’impression d’être enfin estimés. « C’est une bonne chose que la mission locale et l’école maritime soient venus jusqu’à nous. Cela prouve qu’ils s’intéressent à la jeunesse de Mayotte », déclare Ben Walid, âgé de 19 ans. C’est d’ailleurs tout l’intérêt des évènements comme celui-ci organisé par l’organisme de l’insertion professionnelle et sociale des 16-25 ans. « Nous faisons de l’information de proximité… La plupart des centres de formation sont en Grande-Terre, alors nous essayons de les faire venir en Petite-Terre parce que nous savons que ces jeunes ont des soucis de mobilité », explique Nayar Saïd, conseiller en insertion socio-professionnelle à la mission locale de Petite-Terre.
Le public visé ce jour-là par l’école d’apprentissage maritime a été spécialement choisi. Les jeunes sont en décrochage scolaire et font partie du dispositif Garantie jeunes de la mission locale. Ils sont « en situation de grande précarité vers l’emploi ou la formation ». Suivis par la structure pour une durée oscillant entre neuf mois et un an en moyenne, ils n’ont donc pas de temps à perdre et doivent trouver un travail ou une formation. La matinée d’information de l’école d’apprentissage maritime a éveillé la curiosité de certains qui affirment vouloir s’engager dans les métiers de la mer. Mais les places sont chers dans l’établissement. « Chaque année, nous recevons entre 100 et 150 candidatures pour le CAP alors que nous sommes limités à 25 places. Nous faisons passer des tests et prenons les meilleurs », rappelle Chamsidine Anlifayadhu. Le CAP étant ouvert à tous, ces jeunes pris en charge dans le dispositif Garantie jeunes ont-ils des chances de faire partie des meilleurs ? Rien n’est sûr, mais ils restent motivés et déterminés à reprendre leur vie en mains.
Au cours des prochaines semaines, le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) va réaliser différents relevés géophysiques sur la petite île mahoraise. L’objectif : modéliser le potentiel géothermique profond du territoire et découvrir si le développement d’une centrale électrique géothermique serait envisageable.
Et si Mayotte produisait de l’électricité verte ? Depuis plus de 15 ans, le bureau de recherches géologiques et minières mène un programme d’exploration du sous-sol mahorais. Au mois de juillet, l’organisme doit réaliser des mesures géophysiques dans l’optique de construire une image 3D de celui-ci. Un réseau de capteurs disposés sur terre et en mer permettront alors de quadriller la zone. Le but de cette étude : détecter les lieux propices à l’implantation d’un forage d’exploration d’une profondeur d’un à deux kilomètres afin d’accéder aux potentiels fluides géothermaux qui circulent sous les pieds des Petits-Terriens.
Une échographie de l’île
“Nous avons disposé deux générateurs électriques au sud et au nord de Petite-Terre et nous installons des électrodes au sol pour mesurer la difficulté du courant à passer et ainsi déterminer la nature des sols. Par des calculs et des mesures, nous arrivons à savoir ce qui compose le sol”, détaille Alexandre Stopin, membre du bureau de recherches géologiques et minières et chargé de relever ces mesures. Dans son communiqué, le BRGM dévoile les coulisses de cette opération. En effet, ils chercheront à “compléter les informations déjà connues par une étude détaillée de la fracturation des roches de Mayotte, dans le but de cartographier et de caractériser le réseau de fractures naturelles dans lequel circule le fluide géothermal”.
Un potentiel énergétique
À Bouillante en Guadeloupe, une centrale géothermique produit de l’énergie renouvelable depuis 2005. De quoi en faire rêver plus d’un. Et notamment, l’agence de la transition écologique qui espère pouvoir accomplir la même idée à Mayotte si les conditions s’y prêtent. “La géothermie permet de produire de l’électricité”, affirme Yann Le Bigot, ingénieur à l’ADEME, qui complète sa pensée : “S’il s’avère que le fluide géothermal présent en sous-sol a une température supérieur à 120 ou 130 degrés, nous pourrions envisager l’implantation d’une centrale géothermique sur Petite-Terre”, dévoile t-il. À l’heure actuelle, le projet n’en est qu’à ses balbutiements… La réalisation de premiers forages expérimentaux seraient déjà une belle avancée.
Dans le cadre du troisième volet du projet de lutte contre l‘érosion des sols et l’envasement du lagon de Mayotte (LESELAM), le lycée de Coconi en lien avec le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a créé différents ateliers pédagogiques pour sensibiliser les Mahorais à cette problématique.
À proximité du parking du lycée de Coconi, d’étranges parcelles rectangulaires interloquent. Ces dispositifs expérimentaux serviront dès la prochaine saison des pluies à mesurer les effets des cultures sur l’érosion des sols. Enjeu majeur sur le territoire, les facteurs d’érosion y sont divers. En matière d’agriculture, ce processus entraîne la “perte des sols qui s’accompagne d’une baisse du potentiel de production”, décrit le bureau de recherches géologiques et minières sur le site web du programme LESELAM. En consultation avec le lycée de Coconi, les deux acteurs ont décidé de sensibiliser les élèves, mais aussi les agriculteurs et tous ceux qui le souhaitent à cette thématique préoccupante à Mayotte.
“En préservant les sols, nous avons tout à gagner”
“Notre objectif est de mettre en évidence que plus un sol est enrichi, plus il est vivant, plus il y a de minéraux, meilleure sera la nutrition des plantes et potentiellement la récolte. En préservant les sols, nous avons tout à gagner”, affirme Sylvain Gutjahr, chargé de mission au sein du RITA (réseaux d’innovation et de transfert agricole), avant de détailler les différents aspects des ateliers sur le lycée de Coconi, “Nous avons mis en place trois blocs de test sur une parcelle en pente. Sur le premier, nous allons réalisé une monoculture de manioc sur un sol nu. Sur le deuxième, nous allons planter la même espèce, mais nous ajouterons de la matière organique au sol. Sur le troisième, nous allons planter du manioc, mais aussi des fascines ou rangées d’ananas pour maintenir le sol, de la matière organique et peut-être aussi une plante qui viendra coloniser le sol.”
Au pied de ces zones agraires encerclées par des plaques de ferrailles et reliées en aval à un tuyau, des bacs gradués viendront récupérer l’eau et les possibles sédiments. Un véritable suivi sera instauré aussi bien par les élèves de l’établissement scolaire que par les personnes en charge de ce projet, afin d’évaluer si le réseau racinaire des plantes permet à l‘eau de s’infiltrer plus facilement dans la terre sans ruisseler et ainsi préserver le sol de l’érosion.
Le jardin mahorais mis à l’honneur
Jugé trop peu productif, le modèle du jardin mahorais a largement été délaissé par les agriculteurs de l’île. Même s’il a redoré son blason avec l’émergence de nouvelles techniques en agroécologie. Les parcelles expérimentales implantées au lycée de Coconi serviront de cas pratique lors de la formation des étudiants, mais aussi des sessions destinées aux professionnels. “Nous avons pris conscience que les formations théoriques ne suffisent pas. Il faut montrer concrètement les avantages des techniques agro-écologiques que nous prônons pour faire évoluer les manières de travailler la terre”, insiste le chargé de mission. Un dispositif grandeur nature a but pédagogique.
Au lycée Younoussa Bamana, les résultats du baccalauréat 2021 ont fait des heureux. Après la débâcle de 2019 dans le département, le bilan du jour s’avère plutôt positif pour les élèves, premiers cobayes d’une nouvelle mouture de l’examen, chahutée qui plus est par la crise sanitaire.
Ce mardi matin, quelques poignées d’élèves se pressent devant les panneaux d’affichage du lycée Younoussa Bamana. Pas une foule à proprement parler, car les résultats étant disponibles sur Internet cette année, tous n’ont pas trouvé le courage, de bon matin, d’effectuer ce bout de pèlerinage jusqu’à leur établissement… Il y a aussi une autre raison à cela : “Vous ne verrez pas ceux qui ne l’ont pas eu, les déçus sont vite repartis”, glisse un Terminale STMG, lui-même un peu angoissé à l’idée de devoir retaper. “J’ai vu dix potes ce matin qui n’ont pas été admis ! Dans ma filière techno, on est juste deux ou trois au rattrapage là, les résultats doivent tomber à midi, je suis hyper stressé. Ma mère attend que ça, je te jure, elle a même prévu une grande fête !”, sourit-il comme pour évacuer la pression, en tirant nerveusement sur les deux poignées d’un loufoque bonnet rouge floqué Louis Vuitton et Supreme. Avant de prendre la poudre d’escampette dès les douze coups de midi !
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Comme lui, ils sont un peu plus de 5.000 élèves à Mayotte à avoir espéré décrocher le Graal pour cette session du baccalauréat 2021, dont les résultats officiels sont tombés ce mardi dans toute la France. Un baccalauréat à la sauce Blanquer, déjà décrié par certains syndicats d’enseignants et élèves, et qui s’est heurté qui plus est à la crise sanitaire et ses vagues successives. Les élèves de Mayotte, bien qu’épargnés en octobre par rapport à leurs camarades de l’Hexagone, ont tout de même perdu trois semaines de cours en février à la faveur de la flambée épidémique. Sans compter les protocoles sanitaires et les fermetures de classe dès l’apparition d’un cas positif, en sortie de confinement. “Ça a été un peu la galère toute l’année avec le Covid, on n’a pas pu tout faire, il y a eu le confinement et tout, et ça nous a un peu limités dans notre préparation”, confirme Sarah, qui a finalement décroché sa mention Assez bien.
Une nouvelle formule modifiée par la crise
Le plus stressant ? L’oral de philosophie avec “le jury en face de toi qui connaît tout”, renchérit sa comparse Josiline, tout sourire d’avoir vu écrit “admise” à côté de son nom. « Choukran j’ai eu la moyenne, en classe j’avais jamais la moyenne ! C’est un peu… ouf ! évanouissement”, mime l’élève en poussant un énième soupir de soulagement. Une chance pour elle donc, même s’il était prévu que la meilleure note entre la moyenne annuelle et l’épreuve finale serait retenue pour l’épreuve de philosophie. Objectif : éviter de pénaliser les élèves dont le parcours a été chahuté par la crise sanitaire. Ainsi le contrôle continu représente-t-il exceptionnellement cette année 82% de la note finale et les 18% restants correspondent aux épreuves de philosophie et du grand oral. À la base, la nouvelle formule prévoyait d’organiser l’examen autour de quatre épreuves écrites et d’un grand oral (60% de la note), et d’un contrôle continu (composé à 30% par les “épreuves communes” organisées par les établissements, et à 10% des bulletins scolaires).
Renforcer le contrôle continu
Un contrôle continu que le ministre Jean-Michel Blanquer entend encore renforcer pour la prochaine édition, au grand dam de certains. “Le truc, avec ça, c’est que dès que tu as une mauvaise note, ta moyenne peut rapidement tomber en-dessous de 16”, explique Brieuc, la tête de sa classe qui visait la mention Très bien. Bingo ! Le premier de cordée en Système informatique et numérique a réussi son coup. Son diplôme en poche, le fan de programmation s’envole satisfait pour un BTS SIO (services informatiques aux organisations) en métropole. Et fait la fierté de son professeur principal. “Cette année, ça a été un peu plus compliqué avec le Covid, mais on ne s’est pas laissé dépasser ! Dans cette classe, ils sont 30 et il doit n’y en avoir qu’un seul au rattrapage. C’est une vraie fierté pour moi d’avoir pu apporter ma pierre à l’édifice”, se gargarise Monsieur Dahya Petit.
Dans l’ensemble, le lycée Younoussa Bamana affiche un score honorable pour cette nouvelle session du baccalauréat, avec un total de 73.87% d’élèves diplômés du premier coup. Au niveau du département tout entier, la filière générale obtient un taux de réussite de 73.60% contre 54.80% pour les bac pro. Des chiffres légèrement en deçà du cru 2020, avec respectivement 80.1% et 76.50% d’admis sans rattrapage. Jusqu’à la fin de la semaine, les oraux offriront une seconde chance aux candidats malheureux. “Nous ne sommes pas surpris, cela correspond à ce à quoi nous nous attendions. Mis à part la philosophie et le grand oral, tout a été passé en contrôle continu. À la différence de 2020, il y a eu moins de semaines de confinement cette année, donc plus de notes. Cela se rapproche de la réforme du nouveau bac et nous sommes dans la vérité des prix”, réagit le recteur Gilles Halbout. Contre l’idée tenace d’un bac “bradé”. “C’est un vrai bac !”
Dans sa relation avec les collectivités territoriales et les acteurs socioprofessionnels, l’objectif du préfet est d’alléger les démarches administratives, de réduire les délais de procédure et de favoriser l’accès aux aides publiques.
Ce mois de juillet est marqué par deux événements : l’élection de Ben Issa Ousseni à la présidence du conseil départemental, jeudi dernier, et l’arrivée prochaine du nouveau préfet, Thierry Suquet. Ces deux personnalités vont jouer un rôle décisif dans l’élaboration de la future Loi spécifique à Mayotte. Le premier est élu pour six ans, le second nommé par le gouvernement pour un séjour de deux ans. Leur relation va déterminer l’avenir de l’île, qui dépend de l’efficacité des politiques publiques financées et mises en œuvre par l’État, le Département et les collectivités territoriales (communes et intercommunalités), avec la participation des organisations socioprofessionnelles, des associations et des représentants de la société civile.
Le système de gouvernance mis en place par le président du conseil départemental, assis sur une majorité stable ou bancale, aura forcément des répercussions sur l’action du préfet, dont les attributions sont désormais inscrites dans le cadre de la territorialisation et de la simplification administrative.
De la centralisation à la déconcentration
Pour Henri Bouillon, Maître de conférences en droit public, la fonction première du préfet est d’appliquer localement les politiques du gouvernement, dont il est en quelque sorte « le bras armé territorial ». Cependant, les attributions des préfets ont été redéfinies par des décrets successifs. Le système administratif français est historiquement centralisé : l’impulsion politique émane du pouvoir central, de l’État. Cette organisation protège de grands principes issus de la Révolution. Elle assure d’abord l’indivisibilité de la République : les décisions adoptées au niveau central prévaudront dans toute la République, assurant ainsi l’unité du territoire et de la population par un droit uniforme.
La centralisation préserve aussi l’égalité des citoyens devant la loi : tous seront soumis au droit unique édicté par l’État central. L’unité de décision de l’État garantit la cohésion sociale et l’identité du droit applicable à tous. La centralisation engendre toutefois le risque d’une déconnexion entre le niveau central, qui adopte les décisions, et le niveau d’exécution, aux prises avec les réalités de terrain. En effet, un État centralisé où toutes les décisions seraient prises depuis la capitale et appliquées uniformément sur le territoire aurait une grande rigidité bureaucratique, en faisant abstraction des particularités locales. Les autorités dites déconcentrées furent instituées pour préserver ces principes, tout en remédiant à cette difficulté. La déconcentration se définit comme le fait d’octroyer des compétences aux services de l’État placés sur le territoire (services déconcentrés) plutôt qu’à ses services centraux. Le préfet est la figure de proue de ces autorités déconcentrées. Il est l’État au cœur du département. Il garantit donc les principes de l’État unitaire.
Réorganisation des administrations de l’État
À partir de 1982, avec les lois de décentralisation, les fonctions de préfet ont été marquées par la réorganisation des administrations au sein de l’État. La déconcentration devient la règle. Les administrations centrales ne sont plus chargées que des missions qui présentent un caractère national ou dont l’exécution ne peut être déléguée à un échelon territorial. Les services déconcentrés ont donc une compétence de principe, et ce n’est que par exception qu’agissent les autorités centrales, même si, dans la pratique, les outils numériques facilitent et multiplient leurs interventions.
Cette répartition des compétences a été confortée par le décret n°2020-412 du 8 avril 2020, qui confère au préfet un droit de dérogation dans certaines matières. Le décret du 29 décembre 2017 autorise les préfets à déroger, à titre expérimental, aux normes réglementaires dans sept domaines (aménagement du territoire, construction, emploi et activité économique, etc.). Les dérogations doivent être justifiées par un motif d’intérêt général et par l’existence de circonstances locales. Elles doivent avoir pour effet d’alléger les démarches administratives, de réduire les délais de procédure ou de favoriser l’accès aux aides publiques.
Dans cet objectif de simplification, le préfet peut dispenser des particuliers, des entreprises ou des associations de certaines obligations administratives. L’évolution est importante : elle rompt avec la stricte uniformité du droit sur tout le territoire, en laissant le préfet moduler les actes du gouvernement dans son département. Faute de réduire la complexité des règles, le préfet peut l’atténuer lors de son application.
Un président décomplexé face au préfet
La fonction de préfet est ainsi revalorisée par la République décentralisée. Il conquiert une nouvelle liberté d’initiative. Mais il ne faut pas s’y tromper. Il reste représentant du gouvernement et, donc, subordonné à ses orientations politiques. Son autonomie est certes amplifiée, mais bornée par la loyauté politique dont il doit faire preuve à l’égard du gouvernement. Sa marge de manœuvre ne s’épanouit que dans le cadre défini par les politiques gouvernementales.
Pour éviter tout abus de cette liberté accordée au préfet, le conseil départemental doit assumer pleinement les compétences qui lui sont dévolues, notamment au niveau de l’échelon régional. Cette exigence suppose que le président nouvellement élu, Ben Issa Ousseni, joue le rôle d’exécutif du territoire avec une grande rigueur, sans réserve et sans complexe vis-à-vis du représentant de l’État et des directeurs des services déconcentrés.
Mahoraise, originaire de Mamoudzou, Malika Djoumoi vise l’excellence. Elle fait partie des rares jeunes diplômés qui ont réussi à intégrer un cabinet d’audit du groupe Big Four. Un groupement des quatre cabinets d’audit et de conseil les plus influents au monde. La jeune femme est actuellement en poste au Luxembourg où elle compte se perfectionner avant de rentrer dans son île natale, Mayotte.
À seulement 23 ans, Malika Djoumoi a déjà atteint ses objectifs et est même allée au-delà. Elle a intégré l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Poitiers et en est ressortie diplômée d’un Master 2 comptabilité contrôle d’audit. Dès la fin de ses études, elle tombe sur une opportunité qu’elle ne peut laisser passer. « J’ai vu qu’un cabinet du groupe Big Four recrutait un comptable au Luxembourg. J’avais l’intention de travailler en région parisienne, mais j’ai immédiatement postulé lorsque j’ai vu l’annonce », se souvient la jeune femme, âgée de 22 ans à ce moment-là. Considérée comme junior, elle réussit tout de même à obtenir le poste. Les cabinets d’audit Big Four sont réputés pour être les meilleurs au monde, Malika Djoumoi a donc parfaitement conscience de la chance qu’elle a.
Cette expérience rend son curriculum vitae plus qualitatif et lui permet de s’exporter au-delà des frontières françaises. « Le Luxembourg est arrivé par hasard et je m’y sens très bien. L’audit au Luxembourg est quelque chose de très réputé et il y a plein d’opportunités. C’est bien aussi parce que je ne suis pas dépaysée. Les gens parlent français, allemand et luxembourgeois donc je ne me sens pas à l’étranger, mais je sais que je ne suis pas en France », souligne-t-elle. L’aventure européenne plaît d’autant plus à Malika Djoumoi qu’elle s’accompagne d’une très bonne rémunération ! « Pour quelqu’un qui sort du public et non du privé comme moi, c’est plus intéressant de commencer dans un grand cabinet au Luxembourg plutôt que dans un grand cabinet en métropole. Je suis au même niveau que ceux qui font HEC ou d’autres grandes écoles », assure-t-elle. La comptable a commencé à travailler en octobre 2020, et elle a l’intention d’y rester quelque temps pour se forger et gagner en expérience.
Rigueur et détermination, les clés du succès
Malika Djoumoi a obtenu son baccalauréat économique et social à seulement 16 ans. Comme la grande majorité des bacheliers mahorais, elle quitte Mayotte pour poursuivre ses études en métropole. « C’était un peu compliqué, parce que j’étais très jeune et la métropole était un vrai changement pour moi. J’ai donc choisi d’aller à Saint-Nazaire parce que j’avais de la famille là-bas et ça me rassurait », indique-t-elle. Elle s’entoure également d’étudiants mahorais pour se sentir moins seule. Un entourage qui a joué un rôle déterminant dans sa réussite, insiste-t-elle. Mais si la jeune femme a réussi à gravir les échelons, c’est surtout parce qu’elle a fait du travail son meilleur allié. « Les études de comptabilité ne sont pas difficiles, mais cela demande beaucoup de rigueur. Il faut se donner un cadre et faire le travail demandé. » Elle était également motivée à mettre en application le plan de carrière qu’elle avait élaboré dès le début de ses études. « Je savais où je voulais aller, et le fait d’avoir un objectif très clair m’a aidée à me motiver », assure Malika Djoumoi.
À l’obtention de son diplôme, elle se dit heureuse de ne pas s’être éloignée de sa famille « pour rien », mais elle est aussi contente de pouvoir tordre le cou aux préjugés qui l’ont suivie durant ses études supérieures. « Quand on vient de l’Outre-mer, parfois on subit du mépris de la part des professeurs et des élèves. Il est donc important d’avoir confiance en soi, en ce que l’on a appris, et continuer à travailler », déclare la comptable. Elle parle en connaissance de cause puisqu’elle affirme avoir subi cette arrogance. « Durant mes premières années à Saint-Nazaire, je n’étais pas major de ma promo, mais j’avais eu les meilleures notes dans quelques matières et une professeure m’a dit que connaissant le niveau de Mayotte, elle ne s’attendait pas à ça. C’est une remarque qui m’avait surprise, car j’avais un très bon dossier. Il ne faut pas oublier qu’il y a des éléments très bons chez nous aussi. »
Un manque de considération qu’elle remarque également auprès de ses camarades, mais qu’importe ! Elle ne perdra jamais de vue ses objectifs. Aujourd’hui, la carrière de Malika Djoumoi n’en est qu’à ses débuts, mais elle dépasse déjà tout ce qu’elle avait espéré. Si pour l’instant, elle se plaît au Luxembourg, elle envisage de rentrer chez elle à Mayotte. Un jour. Car si elle veut se mettre « au service de son île et faire quelque chose de bien », l’heure est encore aux rêves de sommets et d’aventures.
Après une année éprouvante marquée par un nouveau confinement de cinq semaines, ce jeudi 7 juillet marque le début des vacances scolaires. Si le recteur Gilles Halbout se satisfait globalement des progrès réalisés, il revient pour Flash Infos sur le dossier épineux des constructions scolaires, promesse de campagne du président de la République, Emmanuel Macron. Le chantier a beau être en bonne voie pour l’horizon 2025, le responsable de l’académie ne relâche en aucun cas la pression.
Flash Infos : Quel bilan général tirez-vous de cette année scolaire, entre les grèves des transporteurs, les barrages inopinés et le nouveau confinement, qui pour ce dernier peut avoir des conséquences désastreuses sur un territoire comme Mayotte ?
Gilles Halbout : Nous avons fait deux choses à la fois : nous avons tenu et nous n’avons rien lâché ! Dès que nous en avons eu les capacités, nous avons toujours privilégié l’enseignement. Nous n’avons été ni moins bien ni mieux par rapport à la métropole… Dans beaucoup d’académies, le baccalauréat s’est mal passé, ce n’est pas notre cas. Il y a eu une grosse mobilisation des équipes pédagogiques et des chefs d’établissements pour atteindre ce résultat.
Après, nous ne sommes pas allés aussi loin que je l’aurais voulu sur le plan des constructions scolaires, sur le travail de différenciation, notamment entre la 6ème et la 5ème, ou encore sur les questions d’orientation. Mais petit à petit, nous notons l’émergence de filières d’excellence et de parcours de réussite. Et en même temps, nous avons mis l’accent sur des dispositifs conséquents pour faire de la remédiation, comme les petits lecteurs et scripteurs. Nous avons mis des briques et des pierres pour pouvoir avoir un rythme de croisière dès la rentrée prochaine. Nous avons posé les jalons, même s’il nous faudra encore quelques années pour converger vers le régime métropolitain.
Après, nous avons tellement de retard que je ne me satisferai pas de ce que nous avons réalisé… Néanmoins, tout le monde – les personnels et les parents – a joué le jeu, je suis confiant. Nous allons y arriver, j’en suis intimement persuadé !
FI : Vous évoquez quelques regrets concernant les constructions scolaires. Nous le savons tous, un long chemin reste à parcourir de ce côté-là. Où en sommes-nous un an après l’installation des nouveaux conseils municipaux ?
G. H. : Nous constatons une volonté commune d’avancer ! Mais tout le monde n’est pas encore au même niveau… Plutôt que de crier partout que nous devons ou allons reprendre la compétence, il faut les accompagner. C’est un travail partenarial avec la préfecture et l’agence française de développement (AFD) pour aider les communes les plus en difficulté et en retard à se structurer pour qu’elles franchissent les étapes.
Aujourd’hui, elles font face à des doubles difficultés. Non seulement, elles sont en retard structurellement parlant car elles n’ont pas toujours les équipes techniques. Mais en plus, elles doivent « corriger » 10, 20, voire 30 ans d’arriérés en matière de constructions. Si nous devions prendre n’importe quelle commune de France pour procéder au même réajustement que Koungou, elle n’y arriverait pas non plus ! Ces municipalités doivent vivre la décentralisation et effectuer ce rattrapage. Nous sommes en train de finaliser une convention avec l’AFD, l’association des maires, la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) et la préfecture pour apporter des moyens supplémentaires.
Nous allons avoir quelques mois cruciaux, il va vraiment falloir que ça décolle. Si nous avons réussi à sécuriser la rentrée scolaire de 2021, je suis plus inquiet pour celle de 2022 ! Après, de toute façon, ce sera compliqué jusqu’en 2025… Dans le premier degré, nous avons scolarisé 2.000 nouveaux élèves cette année. Ils seront 2.500 supplémentaires en août prochain. Au bout d’un moment, nous voyons bien que toutes les solutions trouvées – les classes itinérantes, le passage en rotation, les modulaires – atteignent leur limite. Alors oui, cela ira mieux à partir de 2025. D’ici là, il ne faut pas se louper, il faut mettre un coup d’accélérateur maintenant, sinon nous sommes foutus.
FI : Grosso modo, il manque encore 800 salles de classe à Mayotte. Un chiffre abyssal au vu de la vitesse démographique sur l’île avec presque 10.000 naissances par an…
G. H. : C’est l’hypothèse idéale ! Si nous sortons de terre la moitié, nous pourrons a minima scolariser tous les enfants. L’autre moitié servira pour faire de vrais dédoublements en CP et en CE1. Nous arrivons à un plateau démographique : l’immigration clandestine d’un côté et le taux de natalité de l’autre commencent à se stabiliser, voire même à régresser. Il faut éviter que des familles ne puissent pas scolariser leurs petits de quatre ans. Et il faut surtout être prêt à absorber la même vague dans les collèges.
FI : Justement, le rectorat a la compétence pour gérer la construction des établissements du second degré, alors qu’elle repose sur les départements et les régions ailleurs. La nouvelle majorité de la collectivité vient d’être élue jeudi dernier. Bonne ou mauvaise nouvelle, tant certains dossiers structurants de l’Éducation nationale dépendent d’elle ?
G. H. : Avec le nouveau président, Ben Issa Ousseni, nous nous sommes croisés samedi dernier à l’occasion de l’inauguration de la Maison de la jeunesse et de la culture de M’Tsapéré. Nous sommes plutôt en phase ! Reste maintenant à s’assurer que l’opposition ne soit pas systématiquement opposée aux projets pour lesquels le foncier peut être un enjeu de taille. Il ne faut pas que la politique vienne interférer dans les projets de l’Éducation nationale… Chaque semaine perdue peut avoir des répercussions énormes. Nous l’avons vu à M’Tsangamouji où nous avons tergiversé pendant un an pour la viabilisation et l’aménagement autour de la parcelle que nous voulions acheter.
Nous avons lancé tous les projets de lycée. Et nous sommes sur la bonne voie pour un tiers, voire la moitié, des collèges. Sur les huit, nous avons encore quelques incertitudes pour deux ou trois d’entre eux par rapport au foncier. La grande difficulté est de les inscrire dans un projet urbain. L’exemple typique se trouve à Kahani : l’établissement se situe au milieu de nulle part et devient une forteresse assiégée. Ces enceintes doivent s’inscrire dans une politique de la ville. À l’instar du projet du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, qui propose d’implanter un collège dans un nouveau quartier situé à Tsoundzou 2. C’est exactement comme cela qu’il faut penser.
Aujourd’hui, je n’ai pas de véritable alerte. Mais cela se surveille comme le lait sur le feu ! Pour les collèges, nous allons gagner un an et demi en faisant un marché global de performance. Je ne suis pas inquiet… Disons que je serai plus tranquille à la fin de l’année 2021 avec le lancement de l’ensemble des chantiers.
L’indexation des salaires, bientôt réhaussée au niveau de La Réunion ?
C’est le cheval de bataille des organisations syndicales. Dans un post Facebook publié ce lundi, le secrétaire départemental du SNUIpp-FSU, Rivomalala Rakotondravelo, annonce l’aval du ministère des Outre-mer concernant l’alignement du taux de l’indexation des salaires sur La Réunion. Minute papillon ! Interrogé sur ce sujet, le recteur calme le jeu. « Il faut tempérer cela », explique Gilles Halbout, avant de préciser qu’il s’agit bel et bien d’une demande de l’académie dans le cadre du projet de loi Mayotte. « Tout cela va être discuté, cela va prendre du temps… » Fausse joie pour le moment, donc.
Mansour Kamardine, ici avec le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, se lance dans une deuxième bataille électorale après les législatives de juin.
Il visait la présidence du Département, il devra se contenter du siège de conseiller départemental du canton de Sada-Chirongui. Le député Mansour Kamardine n’a pas fait l’unanimité lors du fameux troisième tour et a dû revoir ses ambitions à la baisse. La campagne et l’élection n’ont pas été de tout repos pour celui qui en ressort avec des regrets. Il dénonce certains acteurs économiques d’avoir influencé les votes. Alors que d’autres accusent son parti d’être à l’origine de nombreuses irrégularités. Mansour Kamardine revient pour Flash Infos sur cette période électorale qui lui laisse un goût amer.
Flash Infos : Dans vos communiqués, vous affirmez que des « puissances finan-cières » ont mené un combat contre vous afin d’influencer les votes et vous empê-cher de les gagner. À qui faites-vous allusion ?
Mansour Kamardine : Je n’ai cité personne en particulier, mais je parle d’acteurs économiques influents qui cherchent à influer sur un vote démocratique dans un pays démocratique. Ce n’est pas acceptable. Nous le voyons, nous avons plusieurs témoignages de gens, soit des bénéficiaires des généreuses donations soit des acteurs qui sont sur le terrain et que nous avons vus devant les bureaux de vote en train de distribuer des billets pour acheter des électeurs. L’achat d’électeurs est une réalité que personne ne peut soupçonner.
Nous avons vu également les primo votants, des Français d’origine étrangère, qui ne résident pas forcément dans certaines communes et qui sont pourtant inscrits dans ces communes là. Ils prétendent demeurer chez un tel, sans que nous ne vérifions jamais si ces jeunes habitent réellement à l’adresse indiquée. C’est une véritable fraude électorale organisée, qui n’est pas de nature à respecter les règles électorales et démocratiques.
FI : Une plainte et un recours ont été déposés par vos adversaires, dénonçant des irrégularités de votre côté. Allez-vous faire la même chose ?
M. K. : Nous, nous n’avons pas à porter plainte. On nous a annoncé un contentieux parce qu’on nous accuse d’avoir triché et notamment d’avoir refusé de faire voter les ordonnances. Nous attendons avec beaucoup d’intérêt le recours parce que ce sont des affabulations. Et puis il y a effectivement une plainte, toujours concernant ces fameuses ordonnances et nous allons nous associer à la plainte pour demander au procureur de vérifier qui a triché. Rira bien qui rira le dernier.
FI : Ben Issa Ousseni vous a accusé à la télé de vouloir l’« assassiner politique-ment ». On vous pensait broyés, mais finalement lors du troisième tour vous avez décidé de vous rallier à lui. Pour quelles raisons ?
M. K. : Je ne sais pas si c’est moi qui me suis rallié à lui ou si c’est lui qui s’est rallié à moi… Ce qui est certain, c’est que pendant la campagne, je m’étais battu pour dire toute mon opposition à l’idée de voir le port entre les mains d’acteurs économiques qui font la loi. Je ne voulais pas que le conseil départemental tombe dans le même panneau que le port. Je souhaitais avoir une collectivité qui soit lucide, responsable, capable de porter les intérêts de Mayotte. J’ai constaté que je n’avais pas les moyens de constituer une majorité la plus large possible comme je l’avais souhaité, compte tenu des enjeux du territoire. Et entre les différents candidats qu’il y avait, j’ai accepté et appelé à ce que nous nous mobilisions tous pour Ben Issa Ousseni. J’ai considéré que les propos qu’il avait tenus retournaient de l’émotion de son succès. Il n’avait pas su les gérer et il a dit des choses que personne ne pouvait croire. J’ai apporté la démonstration en votant pour lui et en demandant à tous ceux qui pouvaient me suivre de voter pour lui. Nous ne construisons pas un pays avec des rancœurs et des haines. Il faut savoir tourner les pages en politique. J’avais souhaité construire un projet qui parle à l’ensemble des Mahorais. Le président Ben Issa Ousseni s’inscrit dans cette direction donc je me retrouve pleinement dans son discours.
FI : Alors pourquoi ne faites-vous pas partie des vices-présidents ?
M. K. : Parce que la majorité est à quatorze et il y a sept vice présidents. Nous avons con-venu que chaque binôme désigne un vice-président. J’ai souhaité donné la primauté à ma binôme, Tahamida Ibrahim. C’est une femme douée d’intelligence avec des capacités de développement considérables. Elle doit s’affirmer et je lui ai laissé la chance de pou-voir le faire. Durant toute ma carrière politique, à chaque fois que j’ai eu l’occasion de favoriser l’émancipation de la femme mahoraise, je l’ai fait. C’était un moyen de prouver que je peux me mettre derrière Tahamida Ibrahim et participer à cette aventure.
FI : Le parti des Républicains avait investi neuf binômes à Mayotte, seulement trois sont élus. Est-ce que les LR, tel qu’ils sont actuellement, ont encore leur place à Mayotte ou envisagez-vous des changements ?
M. K. : Seuls les LR étaint un parti organisé. Nous avons certes perdu les élections, nous ne pouvons pas dire le contraire, mais nous avions un projet commun qui pouvait parler à l’ensemble de Mayotte. Alors que les autres n’avaient pas véritablement de projet. Sur ce territoire, les partis politiques sont éclatés, nous nous résistons, et il faudra que nous continuions à faire de la résistance et à nous organiser davantage. Même si nous avons perdu, nous sommes de loin la seule formation politique organisée et ce n’est pas par hasard si nous avons réussi à construire cette majorité. Le rôle des LR au sein de cette majorité a été extrêmement bénéfique pour l’ensemble du groupe parce que dans les allers et venus de certains, ceux qui sont restés ensemble et soudés étaient les LR.
FI : Entre les trahisons et les coalitions, quels enseignements retenez-vous des semaines de campagne et des résultats des élections ?
M. K. : Nous avons eu un environnement malsain composé de gens et d’acteurs économiques qui n’avaient rien à voir dans cette campagne. C’est un regret. J’observe égale-ment que la quasi totalité des candidats soutenus par les maires élus il y a un an ont été battus. C’est surprenant, et c’est sujet à des interrogations. Je regrette également les valses des élus du troisième tour. Nous avions la majorité le matin, nous la perdions l’après-midi, avant de la récupérer le soir… Et ainsi de suite. Ce troisième tour a été un véritable naufrage de la démocratie locale. Cette situation ne doit plus se reproduire. Pour cela, il faudrait modifier le mode de scrutin de façon à être plus transparent auprès des électeurs. Dès le départ, ils doivent savoir qui sera président si telle liste gagne.
J’ai également un sentiment de regret, car les jeunes nous ont épatés pendant la campagne en parlant d’intérêt général, et par la suite nous avons constaté que la traduction de l’intérêt général était de savoir s’ils allaient être président ou vice-président. En réalité, l’intérêt général était de l’intérêt personnel. Je souhaite appeler solennellement cette jeunesse à redéfinir l’intérêt général. Dès mon jeune âge, j’avais acquis comme leçon de principe que lorsque mon intérêt personnel était en conflit avec l’intérêt général, ma personne devait passer en second plan. C’est ce que j’ai fait en portant mon soutien à Ben Issa Ousseni. Il ne peut avoir d’intérêt général quand chacun pense uniquement à soi, c’est ce qui a causé le naufrage électoral.
L’autre leçon que doivent retenir les jeunes c’est qu’une démocratie vivace et vivante se traduit par une majorité et une opposition. Une majorité qui décide et une opposition qui rend compte à la population des décisions prises par la majorité. Hors, ce que nous avons vu dans les valses politiques, c’est que tout le monde veut être dans la majorité simple-ment parce qu’on a peur de son électeur. Je n’ai pas peur d’être dans l’opposition, pendant très longtemps je l’ai été et j’ai construit des choses. Si nous voulons construire Mayotte, il faut que nous acceptions qu’il y ait une majorité et une opposition. Malgré tout ce qu’il s’est passé, je tiens à remercier toutes celles et ceux qui nous ont soutenu. Ma binôme et moi étions surpris, mais heureux de voir cet engagement de jeunes qui nous ont accompagnés.