Trois humoristes issus du Jamel Comedy Club sont actuellement à Mayotte. Charly Nyobe, John Sulo, et Jason Brokerss vont se frotter au public mahorais durant trois dates. Mais avant de monter sur scène, ils sont partis à la rencontre des enfants à travers un atelier d’initiation au stand-up à la MJC de M’Gombani, ce jeudi.
Ils s’appellent Charly Nyobe, John Sulo, et Jason Brokerss. Trois humoristes issus du Jamel Comedy Club qu’on ne présente plus. Après avoir sillonné les scènes de l’hexagone, ils posent leurs valises à Mayotte quelques jours. Les humoristes ont passé la matinée de jeudi avec une quarantaine d’enfants pour les initier à l’écriture de sketch. Si les frimousses ignorent tout de cet art, ils se sont très vite mis dans le bain. « Ils sont très ouverts et ils sont à l’écoute des conseils. Les enfants ont plein d’imagination, donc il n’y a pas beaucoup à faire. Il faut juste les guider et les corriger », affirme John Sulo. Les comédiens pensaient travailler avec des adolescents, mais les petits qui ont répondu pré-sent sont âgés en moyenne de dix ans. Alors il était impératif d’adapter leur discours. « Quand on travaille avec des enfants il ne faut pas hésiter à redescendre en enfance, se mettre au même niveau qu’eux. Cela nous permet de retrouver notre âme de gamin, ainsi ils nous comprennent mieux et on les comprend aussi », révèle John Sulo.
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De leur côté, les enfants qui découvrent tout du Stand-up, ont quelques difficultés à comprendre ses subtilités. Ils écrivent, gribouillent, rayent puis recommencent. L’aide des humoristes est donc grandement appréciée. « On réussit à travailler avec eux, il faut juste être dans la compréhension, prendre le temps de discuter avec eux, de savoir ce qu’ils ai-ment et les suivre », explique Charly Nyobé. Malgré les difficultés de certains, beaucoup arrivent à écrire un récit qui tient la route, et qui fait rire leurs camarades. L’atelier a même permis de déceler quelques talents cachés. « Il y a quelques enfants qui ont un vrai talent d’écriture. En peu de temps, ils nous ont écrit de très bonnes histoires », insiste John Sulo. Et qui de mieux pour tester ces fameuses histoires drôles que les enfants eux-mêmes ? Les volontaires ont pris leur courage à deux mains et sont montés sur les planches pour raconter leur sketchs devant un public très bon client qui a ri à chaque intervention. Les enfants sont ravis, certains ont même surpassé leur peur à l’exemple de Farza, 11 ans. « J’ai appris à écrire des blagues et à monter sur scène. Mais je suis surtout très contente parce que je n’ai plus honte de prendre la parole devant tout le monde. »
L’association Sadaka à l’origine de tout
Derrière cette rencontre entre les enfants et les humoristes se cache l’association Sadaka. Sa fondatrice, Julia Daka, en a eu l’idée pour « emmener un souffle nouveau de métiers d’art qui n’existent pas chez nous et les allier à notre culture », indique-t-elle. Elle a crée l’association durant le confinement pour venir en aide à son île. « Je voyais beaucoup d’associations qui aidaient les hôpitaux et les personnes vulnérables à Paris et je me suis demandée qui pouvait le faire à Mayotte. Qui pour aider cette jeunesse un peu torturée aujourd’hui ? », raconte Julia Daka. Il ne lui en faut pas plus pour passer quelques coups de fils et lancer son projet. Elle veut aider la jeunesse mahoraise à travers l’art sous toutes ses formes. « Mon combat, c’est de changer le système éducatif dans sa globalité. Pour moi, l’art est tout aussi important que les maths et le français. Aujourd’hui, les gens sont enfermés dans un schéma linéaire et ne veulent pas que les enfants aient des pensées divergentes alors qu’un enfant né créatif, il faut donc le pousser à développer cet aspect pour qu’il se sente mieux dans sa peau », explique la fondatrice de l’association.
Julia Daka voit encore plus grand puisqu’elle souhaite créer une résidence d’artistes d’ici 2024. « Elle fonctionnerait un peu comme un orphelinat. Ça serait un lieu de vie, mais aussi d’exposition et de création », précise-t-elle. Pour cela, elle espère avoir l’appui des collectivités, même si l’association est consciente qu’elle doit aussi pouvoir subvenir à ses propres besoins. Raison pour laquelle Julia Daka et ses collaborateurs ont crée une plateforme créative afin d’avoir des fonds propres pour pouvoir faire venir plus d’artistes à Mayotte. En attendant les futurs artistes, on pourra déjà voir Charly Nyobe, John Selon, et Jason Brokerss sur scène durant trois jours. Ils jouent ce vendredi dans le concept store Samani à Mamoudzou, ce samedi au MistiqBar en Petite-Terre et à la MJC de M’Gombani ce dimanche. En quelques jours, ils ont eu le temps d’observer notre mode de vie et pro-mettent d’adapter leurs sketchs à la réalité mahoraise. « On est obligés de le faire ! C’est la première fois que je viens à Mayotte et il y a certaines choses qui m’ont marqué à l’exemple de l’unique route qui existe ici. Je n’en reviens toujours pas… », s’étonne Charly Nyobé, en riant. Il n’en dira pas plus, mais ses amis et lui promettent des surprises.
Alors que la France connaît une résurgence de l’épidémie de coronavirus qui fait craindre de nouvelles restrictions dès cet été, l’agence régionale de santé de Mayotte suit de près la nouvelle souche, plus contagieuse, détectée en Inde. Le contrôle sanitaire aux frontières et la vaccination restent les seuls remparts pendant cette période de vacances scolaires propice aux voyages.
C’est l’heure ! Le bras piqué deux fois et le nez docilement présenté au coton-tige, des centaines de voyageurs s’apprêtent à décoller de Dzaoudzi en ce mercredi 7 juillet qui marque le top départ des vacances. Depuis lundi, le gouvernement a autorisé qui plus est l’ouverture progressive de la frontière avec les Comores voisines. Et, à en croire la foule qui patientait devant le laboratoire Mayobio de Kawéni hier, l’annonce a fait mouche. “8h30 ? La plupart ici sont arrivés même à 3h du matin ! Moi je suis là depuis 5h”, témoigne un candidat au test PCR, adossé contre un mur à l’ombre. Certaines pharmacies de Mamoudzou, qui peuvent réaliser les tests antigéniques, sont quant à elles bookées sur au moins deux jours. Les voyageurs entre Mayotte et les autres départements français ont en effet le choix entre les deux options. Pour se rendre sur l’archipel voisin en revanche, seul est accepté le test PCR. L’autre condition pour voyager ? Présenter la preuve d’un schéma vaccinal complet, ou bien les justificatifs du motif impérieux.
On l’aura compris, la population de l’île aux parfums attendait ce moment avec impatience. Surtout compte tenu des chiffres plutôt très rassurants de l’épidémie à Mayotte, qui reste l’un des départements de France le moins touché par le Covid-19. Selon le dernier bulletin de l’agence régionale de santé (ARS), le centre hospitalier n’accueille plus aucun patient, ni en médecine, ni en réanimation et seuls 15 cas ont été recensés sur la semaine du 28 juin au 4 juillet. Les taux d’incidence (5,4) et de positivité (0,4%) confirment aussi ce calme plat. Ces temps-ci, il n’y a guère que Saint-Pierre et Miquelon et leur 0 cas pour 100.000 habitants pour nous voler le podium !
Immunité et vaccination
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette bonne santé. En haut de la pile : la flambée du début de l’année et la campagne de vaccination. “Nous avons eu une grosse épidémie il y a quelques mois, et il y a donc une part d’immunité dans la population. Ensuite, la vaccination commence et continue à prendre tout son sens”, note ainsi Florine Clavier, cheffe de la veille et sécurité sanitaire à l’ARS. La grande enquête de séroprévalence, censée déterminer l’immunité collective du 101ème département est toujours dans les plans, mais n’a pas encore débuté, nous informe-t-elle. Quant au Pfizer, aux dernières nouvelles (bulletin du 7 juillet), 76.145 injections ont été réalisées, et 33.053 personnes ont été vaccinées à Mayotte. Et la tendance s’est accélérée à l’approche des vacances scolaires. “Plus de 27.000 injections ont été faites le mois dernier, c’est une progression très favorable”, ajoute la pharmacienne de profession.
Une dynamique qui s’explique aisément par la levée des motifs impérieux pour les personnes vaccinées. Un peu moins par l’ouverture de la vaccination dès l’âge de 12 ans, effective depuis le 15 juin. “Si vous allez dans un centre de vaccination, vous avez toutes les tranches d’âges, mais sur les dernières semaines, le 30-50 ans étaient plus présents”, nuance Florine Clavier. Un nouveau centre a par ailleurs été ouvert cette semaine à la MJC de Tsoundzou 2, qui sera accessible tous les mardis et mercredis de 9h à 15h, pour “permettre au plus grand nombre d’être protégé”, écrit l’ARS sur son compte Facebook.
La France face au risque d’une 4ème vague
Tout cela suffira-t-il à épargner Mayotte face à une nouvelle vague ? L’orage gronde en effet à l’horizon, surtout dans l’Hexagone, qui fait face à une forte recrudescence de l’épidémie, à peine un mois après la levée progressive des restrictions. En cause : le variant Delta, qui représente déjà 40% des tests positifs, d’après Santé Publique France. Face à cette souche “redoutable” et “extrêmement rapide”, “l’heure est à la mobilisation générale”, a souligné le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à la sortie du conseil de défense sanitaire et du conseil des ministres, ce mercredi. En seulement une semaine, le taux d’incidence a grimpé de 20% en France et le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a d’ores-et-déjà mis en garde contre la possibilité d’une quatrième vague dès la fin juillet.
“Nous sommes très en lien avec l’ARS de La Réunion et le ministère concernant le variant Delta”, explique Florine Clavier. Pour l’instant, aucun séquençage n’a permis de démontrer la présence de cette souche plus contagieuse du coronavirus à Mayotte. Mais sur l’île Bourbon, 28 cas ont déjà été recensés. “Nous sommes, et c’est bien normal, inquiets quant à l’éventuelle apparition du variant, c’est pour cela que nous essayons d’y répondre au mieux en augmentant la capacité de dépistage, en maintenant un contrôle sanitaire strict aux frontières, en renforçant nos systèmes de surveillance et en garantissant l’accès à la vaccination.” Pour les autorités sanitaires, la première arme contre ce variant reste le vaccin, qui, d’après les premières études disponibles, protège des formes graves, à condition d’avoir reçu les deux doses.
Ce mardi 6 juillet, le recteur Gilles Halbout a décoré 17 personnels de l’Éducation nationale de la médaille de l’ordre des palmes académiques. Une remise solennelle durant laquelle les larmes et les sourires se sont entrechoqués, qui récompense l’engagement de ces femmes et de ces hommes au service des élèves de l’académie.
« Au nom du premier ministre, j’ai l’honneur de vous faire chevalier/officier de l’ordre des palmes académiques. » Qu’ils soient conseiller pédagogique, directeur d’école, principale de collège, ou encore animateur informatique, ils étaient 17 réunis ce mardi dans l’enceinte du rectorat pour se faire épingler par le responsable de l’académie à la suite du décret du 28 octobre 2020. « Dans ce genre de cérémonie, nous prenons un grand plaisir à nous retrouver », a d’abord introduit Gilles Halbout, heureux se présenter face à ses collaborateurs pour ce moment de partage.
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Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, petite piqûre de rappel ! Créée en 1808 par Napoléon, cette distinction, « l’une des plus anciennes de la République », honore une action au service de l’école. Elle est le reflet de la réalité de la communauté éducative, du travail réalisé par chaque agent quelle que soit sa fonction au sein de l’Éducation nationale. Un insigne représenté par un rameau d’olivier et une branche de laurier. Ce n’est qu’en 1955 que le président René Coty institue l’ordre des palmes académiques et ses trois grades : chevalier, officier et commandeur. « Cela nous rappelle que l’éducation est un combat. Vous en êtes les héros du quotidien pour un monde meilleur et paisible. Vous êtes les soldats de la connaissance ! » Tous se sont présentés un par un, sous les yeux de leurs proches et de leurs collègues, aux côtés de Gilles Halbout pour recevoir leur médaille.
Anissat Widad Abdourrahamane
Secrétaire à Dembéni à partir de 1998, Anissat Widad Abdourrahamane rejoint la circonscription de Mamoudzou Sud en 2006. Accueillante, dévouée, loyale et toujours disponible, « vous êtes ce que d’aucuns appellent la mémoire vivante de l’inspection ». « Celles et ceux qui franchissent la porte de vos bureaux ont le droit, quels qu’ils soient, quel que soit leur niveau de responsabilité, qu’ils soient personnels enseignants ou parents d’élèves et quelles que soient les circonstances, à un accueil convivial et quelques mots attentionnés. »
Ahmed Attoumani
En poste depuis 1999, Ahmed Attoumani possède un parcours professionnel aussi riche que varié. « Vous êtes une personne ressource disponible et votre engagement au service des élèves et des enseignants est sans équivoque. Vous assumez désormais une mission d’animateur informatique. » Depuis deux ans, l’ancien professeur des écoles porte le projet Fluence dans sa circonscription de Mamoudzou Centre, qui vise le développement et la validation de dispositifs numériques innovants dans les établissements scolaires. « Votre contribution à la formation statutaire des directeurs d’écoles fut particulièrement appréciée et remarquée. » Le quinquagénaire doit acquérir dans les prochains mois le statut de formateur, option informatique. « Vous avez les compétences nécessaires pour relever ce défi, elles sont reconnues de toutes et tous. »
Jocelyne Bernard
Après un début de carrière comme cheffe d’entreprise dans le secteur privé puis comme attachée territoriale, Jocelyne Bernard se tourne vers l’enseignement en 1993. Arrivée à Mayotte en 2018, celle qui a exercé précédemment dans les académies de La Réunion et d’Aix Marseille prend la tête du collège de Bouéni, alors en construction. « Malgré un établissement qui n’était pas fonctionnel, vous avez su piloter l’ensemble de votre équipe répartie sur trois sites tout en suivant l’avancée et le bon déroulement des travaux. » Reconnue comme un personnel de direction aguerri et investi qui sait partager son engagement au bénéfice de la réussite de tous ses élèves, elle a su franchir les nombreux obstacles qui se sont présentés face à elle pour faire sortir de terre l’un des plus beaux établissements scolaires du territoire.
Rose-Marie Bloquet
Directrice d’école à Passamaïnty village depuis 2015, après un premier passage entre 2009 et 2013, Rose-Marie Bloquet s’investit corps et âme auprès d’un « public particulièrement démuni », avec qui elle réussit « à initier un travail de grande qualité ». Au cours du premier puis du second confinement, la Nordiste d’origine, travaillant pour l’institution depuis 1982, anime une émission de télévision quotidienne dans le but de préserver la continuité pédagogique. « Cette classe fut un véritable succès et a suscité l’admiration de tous. »
Jean-Jacques Ewane
Professeur puis chef de travaux, Jean-Jacques Ewane devient personnel de direction en 2012 avant de rejoindre le collège de M’Tsamboro deux années plus tard, comme principal adjoint. « De toutes celles et ceux interrogés, chacun nous dit apprécier l’excellence de votre positionnement, votre capacité à mobiliser les équipes, votre remarquable constance mais également votre connaissance précise de l’établissement et de son histoire. » Formé aux situation de crise à Rochefort, il effectue un travail pédagogique remarqué durant la période sensible des séismes. « Les crises succédant aux crises, Mayotte a été tous les ans le terrain le plus exigeant possible pour mettre en avant vos capacités. »
Véronique Fabre
Professeure d’éducation physique et sportive pendant près de dix ans, Véronique Fabre débute son parcours de personnel de direction au collège Château Forbin à Marseille. Arrivée sur le territoire en 2018, la quadragénaire occupe depuis quelques mois le poste de principal à Passamaïnty. « Il n’est pas un matin sans que les élèves, présents pour beaucoup dès 5h30, ne vous voient pas ouvrir les portes de leur collège. » Preuve de son dévouement et de sa capacité à fédérer ses équipes et à impulser de nombreux projets.
Marie-Gabrielle Furion
Sur le territoire depuis août 2016, Marie-Gabrielle Furion commence son aventure mahoraise à l’école maternelle annexe de Mamoudzou en tant qu’adjointe avant d’en prendre la direction en 2017. « Vos collègues saluent les nombreuses qualités qui sont les vôtres, des capacités d’adaptation et des compétences de gestion de groupe en faveur de la continuité du service public. » Par ailleurs, elle met ses compétences de formatrice à l’attestation de premiers secours au service de ses pairs, dans le cadre de la formation initiale et continue.
Gilles Grillet
Après une carrière comme maître auxiliaire en EPS dans les Hauts-de-France et au Maroc, Gilles Grillet obtient le concours de professeur des écoles en 1992. Ce n’est qu’en 2015 qu’il fait le choix de rejoindre l’académie du 101ème département pour prendre les rênes de l’école élémentaire de Kawéni Poste. « À travers les nombreuses fonctions et missions occupées, vous avez développé des compétences multiples que vous savez quotidiennement mettre au service de nos élèves et de notre institution. » Ses qualités relationnelles, ses capacités d’adaptation et ses expériences professionnelles en font des atouts de grande valeur au sein de sa circonscription.
Mariame Kambi
C’est à Mamoudzou, rue des Manguiers, que Mariame Kambi commence ses missions d’enseignement en 1997. Son sérieux, son organisation et sa volonté affichée de contribuer à améliorer le service public l’amènent à son premier poste à responsabilité, à Passamaïnty en 2006. « Vous êtes aujourd’hui directrice d’une école primaire de 33 divisions (celle de Foundi Ade à Tsoundzou 1, ndlr). L’ensemble de vos collègues et des cadres de la circonscription saluent un pilotage de votre école optimal tant dans le domaine administratif que pédagogique. »
Patrick Marvie
Directeur adjoint chargé de la section d’enseignement général et professionnel adapté au collège de Kwalé depuis 2018, Patrick Marvie baigne dans l’enseignement spécialisé, désormais appelé ASH, après une mutation en Haute-Loire en 1992. « Les chefs d’établissements n’hésitent d’ailleurs pas à [vous] confier d’autres missions, comme celles du suivi des élèves à PPS (projet personnalisé de scolarisation), de l’ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire) ou de l’UPE2A (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants). » D’ailleurs, il est associé à la formation CAPPEI (certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive) et aux jurys d’examen ainsi qu’à la commission départementale d’orientation vers la SEGPA.
Adbou Raoufou Mohamadi Said
Conseiller pédagogique depuis 2006, « vous assurez vos missions exigeantes avec enthousiasme et professionnalisme ». Depuis deux ans, Abdou Raoufou Mohamadi Said est en charge du dossier « formation continue des contractuels » et coordonne dans ce cadre l’accompagnement et le suivi des PS2 et PS1 dans la circonscription de Mamoudzou Centre. « Vos compétences pédagogiques et votre sens des relations humaines vous ont permis très vite de vous faire connaître comme l’une de ces personnes ressources fiables, toujours disponibles et particulièrement diligentées auprès des enseignants, des écoles, des parents d’élèves et des autorités municipales. »
Ayouba Sarouma
Directeur de l’école de Cavani Sud 2 depuis 2010, Ayouba Sarouma y développe des relations de partenariat fondées sur la confiance et l’entente, notamment avec la mairie de Mamoudzou. « Vous faites preuve d’un réel engagement professionnelle et d’une rigueur dans l’exercice de votre direction. » Mais surtout, l’ancien instituteur auxiliaire suppléant lors de ses débuts en 1995 saisit depuis avec aisance les évolutions des responsabilités de directeur d’école, à l’instar des missions d’animation, d’impulsion et de pilotage.
Adounia Sulleman
Sorti de l’IUT de Nancy, Adounia Sulleman commence professeur contractuel de biologie au lycée de Sada 2005. Avant d’obtenir le concours d’IERM et d’être titularisé en 2008. Il rejoint alors les rangs du premier degré, dans une classe de CP à l’école annexe élémentaire. Depuis 2016, il est à la tête de l’école élémentaire Kawéni Village et a en charge le projet « les Jeux d’échec au service des stratégies mathématiques » sur le circonscription de Mamoudzou Nord. « Votre sérieux et votre rigueur vous ont permis de dessiner un projet professionnel, le vôtre, au bénéfice d’un plus grand nombre. »
Hamadi Thany
Successivement maître d’internat, enseignant d’histoire puis psychologue de l’Éducation nationale, Hamadi Thany occupe aujourd’hui, après 25 ans de carrière aux côtés de la jeunesse mahoraise, les fonctions de chargé de mission au service académique d’information et d’orientation. « Votre engagement en direction des élèves et des familles, votre loyauté envers notre institution méritent d’être salués. Vous œuvrez quotidiennement pour la réussite et l’épanouissement des élèves de l’académie. »
Allaoui Ahamada Yves
D’enseignant à responsable de formation au RSMA pour la préparation du CFG (certificat de formation générale) avant de devenir conseiller pédagogique, Allaoui Ahamada Yves possède un parcours singulier, qui l’a amené aux quatre coins de l’île : Mamoudzou, Sada, Dembéni, Miréréni, Acoua, Tsingoni… « Vous êtes de ces premiers agents ayant passé le concours externe des instituteurs du cadre bacheliers sur le territoire en 1983. » Salué par ses pairs pour sa connaissance fine du terrain, il officie dorénavant au sein de la circonscription de Mamoudzou Sud. « Vous allez prochainement quitter notre ministère pour vous consacrer à une nouvelle mission, essentielle et méritée, celle du repos. » Un départ à la retraite bien mérité !
Claudine Haab
Après 22 ans de carrière à l’enseignement des lettres modernes dans les académies de Besançon puis de Créteil, Claudine Haab devient conseillère auprès du chef d’établissement de Bobigny en 2005. En 2017, là voilà nommée principale du collège de M’Tsamboro. « C’est sous votre pilotage que l’école ouverte aux parents verra le jour dans votre établissement, que des liens avec le premier degré seront initiés, qu’une revalorisation de la SEGPA sera lancée par des projets pédagogiques novateurs ou encore que la nuit des contes sera mise en place. » La binôme de Jean-Jacques Ewane s’emploie à créer un véritable sentiment d’appartenance au cœur de son enceinte et y assure un climat scolaire le plus propice aux apprentissages.
Sandi-Ali Mlanao
Titulaire du CAFIPEMF, Sandi-ali Mlanao jouit d’une carrière de 35 ans durant laquelle il a pu découvrir plusieurs fonctions : directeur dans une école d’application, conseiller pédagogique en charge du dossier « formation continue » des maîtres dans le département, puis directeur dans une école relevant des programmes du réseau d’éducation prioritaire renforcé. « Votre engagement professionnel, salué et estimé de tous, a été reconnu par la médaille d’honneur du travail qui vous a été remise en 2002 puis en 2004. » Chevalier de l’ordre des palmes académiques en 2006, il reçoit à juste titre le grade d’officier.
La mission locale en collaboration avec l’école d’apprentissage maritime ont organisé une journée d’information à la mairie de Labattoir ce mercredi. L’intérêt de cet événement est de se rapprocher des jeunes sans emploi ni formation afin de leur faire découvrir les différents métiers de la mer et susciter quelques vocations.
« L’école maritime n’attend que vous ! » C’est la phrase que martèle l’une des enseignantes de l’école d’apprentissage maritime à la vingtaine de jeunes, pris en charge par la mission locale, assis en face d’elle. Durant près de deux heures, son collègue et elle présentent les différentes formations que propose leur établissement, ainsi que les métiers de la mer que ces jeunes sont loin d’imaginer. « Je pensais que les métiers de la mer consistaient uniquement à être pêcheur. Mais j’ai découvert ici qu’il n’y a pas que la pêche. On peut être mécanicien, cuisinier, et même photographe en mer », s’étonne Fakri, 20 ans. Cet amoureux de la photographie pense d’ailleurs avoir trouvé le métier de ses rêves grâce à cette matinée d’information. « J’aimerais être photographe dans un bateau. Je fais déjà un peu de photo et j’aime la mer. Je suis rassuré de savoir que je peux combiner les deux », assure-t-il. Une vocation est née, et c’est ce que recherchent les représentants de l’école. « Nous les encourageons à embrasser ces métiers parce que ce sont les métiers d’avenir. Les filières qui intéressent le plus sont celles de la plaisance et de la marine nationale », indique Chamsidine Anlifayadhu, formateur dans l’établissement. Malheureusement, pour certains jeunes présents ce jour-là, l’école d’apprentissage maritime ne s’occupe pas de la marine nationale, ils n’ont donc pas pu être guidés à ce niveau.
Au plus près des jeunes
Faire découvrir les professions de la mer et les formations qui s’accompagnent permet de susciter des vocations. Et les jeunes qui ne trouvent pas leur place dans la société ont l’impression d’être enfin estimés. « C’est une bonne chose que la mission locale et l’école maritime soient venus jusqu’à nous. Cela prouve qu’ils s’intéressent à la jeunesse de Mayotte », déclare Ben Walid, âgé de 19 ans. C’est d’ailleurs tout l’intérêt des évènements comme celui-ci organisé par l’organisme de l’insertion professionnelle et sociale des 16-25 ans. « Nous faisons de l’information de proximité… La plupart des centres de formation sont en Grande-Terre, alors nous essayons de les faire venir en Petite-Terre parce que nous savons que ces jeunes ont des soucis de mobilité », explique Nayar Saïd, conseiller en insertion socio-professionnelle à la mission locale de Petite-Terre.
Le public visé ce jour-là par l’école d’apprentissage maritime a été spécialement choisi. Les jeunes sont en décrochage scolaire et font partie du dispositif Garantie jeunes de la mission locale. Ils sont « en situation de grande précarité vers l’emploi ou la formation ». Suivis par la structure pour une durée oscillant entre neuf mois et un an en moyenne, ils n’ont donc pas de temps à perdre et doivent trouver un travail ou une formation. La matinée d’information de l’école d’apprentissage maritime a éveillé la curiosité de certains qui affirment vouloir s’engager dans les métiers de la mer. Mais les places sont chers dans l’établissement. « Chaque année, nous recevons entre 100 et 150 candidatures pour le CAP alors que nous sommes limités à 25 places. Nous faisons passer des tests et prenons les meilleurs », rappelle Chamsidine Anlifayadhu. Le CAP étant ouvert à tous, ces jeunes pris en charge dans le dispositif Garantie jeunes ont-ils des chances de faire partie des meilleurs ? Rien n’est sûr, mais ils restent motivés et déterminés à reprendre leur vie en mains.
Au cours des prochaines semaines, le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) va réaliser différents relevés géophysiques sur la petite île mahoraise. L’objectif : modéliser le potentiel géothermique profond du territoire et découvrir si le développement d’une centrale électrique géothermique serait envisageable.
Et si Mayotte produisait de l’électricité verte ? Depuis plus de 15 ans, le bureau de recherches géologiques et minières mène un programme d’exploration du sous-sol mahorais. Au mois de juillet, l’organisme doit réaliser des mesures géophysiques dans l’optique de construire une image 3D de celui-ci. Un réseau de capteurs disposés sur terre et en mer permettront alors de quadriller la zone. Le but de cette étude : détecter les lieux propices à l’implantation d’un forage d’exploration d’une profondeur d’un à deux kilomètres afin d’accéder aux potentiels fluides géothermaux qui circulent sous les pieds des Petits-Terriens.
Une échographie de l’île
“Nous avons disposé deux générateurs électriques au sud et au nord de Petite-Terre et nous installons des électrodes au sol pour mesurer la difficulté du courant à passer et ainsi déterminer la nature des sols. Par des calculs et des mesures, nous arrivons à savoir ce qui compose le sol”, détaille Alexandre Stopin, membre du bureau de recherches géologiques et minières et chargé de relever ces mesures. Dans son communiqué, le BRGM dévoile les coulisses de cette opération. En effet, ils chercheront à “compléter les informations déjà connues par une étude détaillée de la fracturation des roches de Mayotte, dans le but de cartographier et de caractériser le réseau de fractures naturelles dans lequel circule le fluide géothermal”.
Un potentiel énergétique
À Bouillante en Guadeloupe, une centrale géothermique produit de l’énergie renouvelable depuis 2005. De quoi en faire rêver plus d’un. Et notamment, l’agence de la transition écologique qui espère pouvoir accomplir la même idée à Mayotte si les conditions s’y prêtent. “La géothermie permet de produire de l’électricité”, affirme Yann Le Bigot, ingénieur à l’ADEME, qui complète sa pensée : “S’il s’avère que le fluide géothermal présent en sous-sol a une température supérieur à 120 ou 130 degrés, nous pourrions envisager l’implantation d’une centrale géothermique sur Petite-Terre”, dévoile t-il. À l’heure actuelle, le projet n’en est qu’à ses balbutiements… La réalisation de premiers forages expérimentaux seraient déjà une belle avancée.
Dans le cadre du troisième volet du projet de lutte contre l‘érosion des sols et l’envasement du lagon de Mayotte (LESELAM), le lycée de Coconi en lien avec le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a créé différents ateliers pédagogiques pour sensibiliser les Mahorais à cette problématique.
À proximité du parking du lycée de Coconi, d’étranges parcelles rectangulaires interloquent. Ces dispositifs expérimentaux serviront dès la prochaine saison des pluies à mesurer les effets des cultures sur l’érosion des sols. Enjeu majeur sur le territoire, les facteurs d’érosion y sont divers. En matière d’agriculture, ce processus entraîne la “perte des sols qui s’accompagne d’une baisse du potentiel de production”, décrit le bureau de recherches géologiques et minières sur le site web du programme LESELAM. En consultation avec le lycée de Coconi, les deux acteurs ont décidé de sensibiliser les élèves, mais aussi les agriculteurs et tous ceux qui le souhaitent à cette thématique préoccupante à Mayotte.
“En préservant les sols, nous avons tout à gagner”
“Notre objectif est de mettre en évidence que plus un sol est enrichi, plus il est vivant, plus il y a de minéraux, meilleure sera la nutrition des plantes et potentiellement la récolte. En préservant les sols, nous avons tout à gagner”, affirme Sylvain Gutjahr, chargé de mission au sein du RITA (réseaux d’innovation et de transfert agricole), avant de détailler les différents aspects des ateliers sur le lycée de Coconi, “Nous avons mis en place trois blocs de test sur une parcelle en pente. Sur le premier, nous allons réalisé une monoculture de manioc sur un sol nu. Sur le deuxième, nous allons planter la même espèce, mais nous ajouterons de la matière organique au sol. Sur le troisième, nous allons planter du manioc, mais aussi des fascines ou rangées d’ananas pour maintenir le sol, de la matière organique et peut-être aussi une plante qui viendra coloniser le sol.”
Au pied de ces zones agraires encerclées par des plaques de ferrailles et reliées en aval à un tuyau, des bacs gradués viendront récupérer l’eau et les possibles sédiments. Un véritable suivi sera instauré aussi bien par les élèves de l’établissement scolaire que par les personnes en charge de ce projet, afin d’évaluer si le réseau racinaire des plantes permet à l‘eau de s’infiltrer plus facilement dans la terre sans ruisseler et ainsi préserver le sol de l’érosion.
Le jardin mahorais mis à l’honneur
Jugé trop peu productif, le modèle du jardin mahorais a largement été délaissé par les agriculteurs de l’île. Même s’il a redoré son blason avec l’émergence de nouvelles techniques en agroécologie. Les parcelles expérimentales implantées au lycée de Coconi serviront de cas pratique lors de la formation des étudiants, mais aussi des sessions destinées aux professionnels. “Nous avons pris conscience que les formations théoriques ne suffisent pas. Il faut montrer concrètement les avantages des techniques agro-écologiques que nous prônons pour faire évoluer les manières de travailler la terre”, insiste le chargé de mission. Un dispositif grandeur nature a but pédagogique.
Au lycée Younoussa Bamana, les résultats du baccalauréat 2021 ont fait des heureux. Après la débâcle de 2019 dans le département, le bilan du jour s’avère plutôt positif pour les élèves, premiers cobayes d’une nouvelle mouture de l’examen, chahutée qui plus est par la crise sanitaire.
Ce mardi matin, quelques poignées d’élèves se pressent devant les panneaux d’affichage du lycée Younoussa Bamana. Pas une foule à proprement parler, car les résultats étant disponibles sur Internet cette année, tous n’ont pas trouvé le courage, de bon matin, d’effectuer ce bout de pèlerinage jusqu’à leur établissement… Il y a aussi une autre raison à cela : “Vous ne verrez pas ceux qui ne l’ont pas eu, les déçus sont vite repartis”, glisse un Terminale STMG, lui-même un peu angoissé à l’idée de devoir retaper. “J’ai vu dix potes ce matin qui n’ont pas été admis ! Dans ma filière techno, on est juste deux ou trois au rattrapage là, les résultats doivent tomber à midi, je suis hyper stressé. Ma mère attend que ça, je te jure, elle a même prévu une grande fête !”, sourit-il comme pour évacuer la pression, en tirant nerveusement sur les deux poignées d’un loufoque bonnet rouge floqué Louis Vuitton et Supreme. Avant de prendre la poudre d’escampette dès les douze coups de midi !
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Comme lui, ils sont un peu plus de 5.000 élèves à Mayotte à avoir espéré décrocher le Graal pour cette session du baccalauréat 2021, dont les résultats officiels sont tombés ce mardi dans toute la France. Un baccalauréat à la sauce Blanquer, déjà décrié par certains syndicats d’enseignants et élèves, et qui s’est heurté qui plus est à la crise sanitaire et ses vagues successives. Les élèves de Mayotte, bien qu’épargnés en octobre par rapport à leurs camarades de l’Hexagone, ont tout de même perdu trois semaines de cours en février à la faveur de la flambée épidémique. Sans compter les protocoles sanitaires et les fermetures de classe dès l’apparition d’un cas positif, en sortie de confinement. “Ça a été un peu la galère toute l’année avec le Covid, on n’a pas pu tout faire, il y a eu le confinement et tout, et ça nous a un peu limités dans notre préparation”, confirme Sarah, qui a finalement décroché sa mention Assez bien.
Une nouvelle formule modifiée par la crise
Le plus stressant ? L’oral de philosophie avec “le jury en face de toi qui connaît tout”, renchérit sa comparse Josiline, tout sourire d’avoir vu écrit “admise” à côté de son nom. « Choukran j’ai eu la moyenne, en classe j’avais jamais la moyenne ! C’est un peu… ouf ! évanouissement”, mime l’élève en poussant un énième soupir de soulagement. Une chance pour elle donc, même s’il était prévu que la meilleure note entre la moyenne annuelle et l’épreuve finale serait retenue pour l’épreuve de philosophie. Objectif : éviter de pénaliser les élèves dont le parcours a été chahuté par la crise sanitaire. Ainsi le contrôle continu représente-t-il exceptionnellement cette année 82% de la note finale et les 18% restants correspondent aux épreuves de philosophie et du grand oral. À la base, la nouvelle formule prévoyait d’organiser l’examen autour de quatre épreuves écrites et d’un grand oral (60% de la note), et d’un contrôle continu (composé à 30% par les “épreuves communes” organisées par les établissements, et à 10% des bulletins scolaires).
Renforcer le contrôle continu
Un contrôle continu que le ministre Jean-Michel Blanquer entend encore renforcer pour la prochaine édition, au grand dam de certains. “Le truc, avec ça, c’est que dès que tu as une mauvaise note, ta moyenne peut rapidement tomber en-dessous de 16”, explique Brieuc, la tête de sa classe qui visait la mention Très bien. Bingo ! Le premier de cordée en Système informatique et numérique a réussi son coup. Son diplôme en poche, le fan de programmation s’envole satisfait pour un BTS SIO (services informatiques aux organisations) en métropole. Et fait la fierté de son professeur principal. “Cette année, ça a été un peu plus compliqué avec le Covid, mais on ne s’est pas laissé dépasser ! Dans cette classe, ils sont 30 et il doit n’y en avoir qu’un seul au rattrapage. C’est une vraie fierté pour moi d’avoir pu apporter ma pierre à l’édifice”, se gargarise Monsieur Dahya Petit.
Dans l’ensemble, le lycée Younoussa Bamana affiche un score honorable pour cette nouvelle session du baccalauréat, avec un total de 73.87% d’élèves diplômés du premier coup. Au niveau du département tout entier, la filière générale obtient un taux de réussite de 73.60% contre 54.80% pour les bac pro. Des chiffres légèrement en deçà du cru 2020, avec respectivement 80.1% et 76.50% d’admis sans rattrapage. Jusqu’à la fin de la semaine, les oraux offriront une seconde chance aux candidats malheureux. “Nous ne sommes pas surpris, cela correspond à ce à quoi nous nous attendions. Mis à part la philosophie et le grand oral, tout a été passé en contrôle continu. À la différence de 2020, il y a eu moins de semaines de confinement cette année, donc plus de notes. Cela se rapproche de la réforme du nouveau bac et nous sommes dans la vérité des prix”, réagit le recteur Gilles Halbout. Contre l’idée tenace d’un bac “bradé”. “C’est un vrai bac !”
Dans sa relation avec les collectivités territoriales et les acteurs socioprofessionnels, l’objectif du préfet est d’alléger les démarches administratives, de réduire les délais de procédure et de favoriser l’accès aux aides publiques.
Ce mois de juillet est marqué par deux événements : l’élection de Ben Issa Ousseni à la présidence du conseil départemental, jeudi dernier, et l’arrivée prochaine du nouveau préfet, Thierry Suquet. Ces deux personnalités vont jouer un rôle décisif dans l’élaboration de la future Loi spécifique à Mayotte. Le premier est élu pour six ans, le second nommé par le gouvernement pour un séjour de deux ans. Leur relation va déterminer l’avenir de l’île, qui dépend de l’efficacité des politiques publiques financées et mises en œuvre par l’État, le Département et les collectivités territoriales (communes et intercommunalités), avec la participation des organisations socioprofessionnelles, des associations et des représentants de la société civile.
Le système de gouvernance mis en place par le président du conseil départemental, assis sur une majorité stable ou bancale, aura forcément des répercussions sur l’action du préfet, dont les attributions sont désormais inscrites dans le cadre de la territorialisation et de la simplification administrative.
De la centralisation à la déconcentration
Pour Henri Bouillon, Maître de conférences en droit public, la fonction première du préfet est d’appliquer localement les politiques du gouvernement, dont il est en quelque sorte « le bras armé territorial ». Cependant, les attributions des préfets ont été redéfinies par des décrets successifs. Le système administratif français est historiquement centralisé : l’impulsion politique émane du pouvoir central, de l’État. Cette organisation protège de grands principes issus de la Révolution. Elle assure d’abord l’indivisibilité de la République : les décisions adoptées au niveau central prévaudront dans toute la République, assurant ainsi l’unité du territoire et de la population par un droit uniforme.
La centralisation préserve aussi l’égalité des citoyens devant la loi : tous seront soumis au droit unique édicté par l’État central. L’unité de décision de l’État garantit la cohésion sociale et l’identité du droit applicable à tous. La centralisation engendre toutefois le risque d’une déconnexion entre le niveau central, qui adopte les décisions, et le niveau d’exécution, aux prises avec les réalités de terrain. En effet, un État centralisé où toutes les décisions seraient prises depuis la capitale et appliquées uniformément sur le territoire aurait une grande rigidité bureaucratique, en faisant abstraction des particularités locales. Les autorités dites déconcentrées furent instituées pour préserver ces principes, tout en remédiant à cette difficulté. La déconcentration se définit comme le fait d’octroyer des compétences aux services de l’État placés sur le territoire (services déconcentrés) plutôt qu’à ses services centraux. Le préfet est la figure de proue de ces autorités déconcentrées. Il est l’État au cœur du département. Il garantit donc les principes de l’État unitaire.
Réorganisation des administrations de l’État
À partir de 1982, avec les lois de décentralisation, les fonctions de préfet ont été marquées par la réorganisation des administrations au sein de l’État. La déconcentration devient la règle. Les administrations centrales ne sont plus chargées que des missions qui présentent un caractère national ou dont l’exécution ne peut être déléguée à un échelon territorial. Les services déconcentrés ont donc une compétence de principe, et ce n’est que par exception qu’agissent les autorités centrales, même si, dans la pratique, les outils numériques facilitent et multiplient leurs interventions.
Cette répartition des compétences a été confortée par le décret n°2020-412 du 8 avril 2020, qui confère au préfet un droit de dérogation dans certaines matières. Le décret du 29 décembre 2017 autorise les préfets à déroger, à titre expérimental, aux normes réglementaires dans sept domaines (aménagement du territoire, construction, emploi et activité économique, etc.). Les dérogations doivent être justifiées par un motif d’intérêt général et par l’existence de circonstances locales. Elles doivent avoir pour effet d’alléger les démarches administratives, de réduire les délais de procédure ou de favoriser l’accès aux aides publiques.
Dans cet objectif de simplification, le préfet peut dispenser des particuliers, des entreprises ou des associations de certaines obligations administratives. L’évolution est importante : elle rompt avec la stricte uniformité du droit sur tout le territoire, en laissant le préfet moduler les actes du gouvernement dans son département. Faute de réduire la complexité des règles, le préfet peut l’atténuer lors de son application.
Un président décomplexé face au préfet
La fonction de préfet est ainsi revalorisée par la République décentralisée. Il conquiert une nouvelle liberté d’initiative. Mais il ne faut pas s’y tromper. Il reste représentant du gouvernement et, donc, subordonné à ses orientations politiques. Son autonomie est certes amplifiée, mais bornée par la loyauté politique dont il doit faire preuve à l’égard du gouvernement. Sa marge de manœuvre ne s’épanouit que dans le cadre défini par les politiques gouvernementales.
Pour éviter tout abus de cette liberté accordée au préfet, le conseil départemental doit assumer pleinement les compétences qui lui sont dévolues, notamment au niveau de l’échelon régional. Cette exigence suppose que le président nouvellement élu, Ben Issa Ousseni, joue le rôle d’exécutif du territoire avec une grande rigueur, sans réserve et sans complexe vis-à-vis du représentant de l’État et des directeurs des services déconcentrés.
Mahoraise, originaire de Mamoudzou, Malika Djoumoi vise l’excellence. Elle fait partie des rares jeunes diplômés qui ont réussi à intégrer un cabinet d’audit du groupe Big Four. Un groupement des quatre cabinets d’audit et de conseil les plus influents au monde. La jeune femme est actuellement en poste au Luxembourg où elle compte se perfectionner avant de rentrer dans son île natale, Mayotte.
À seulement 23 ans, Malika Djoumoi a déjà atteint ses objectifs et est même allée au-delà. Elle a intégré l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Poitiers et en est ressortie diplômée d’un Master 2 comptabilité contrôle d’audit. Dès la fin de ses études, elle tombe sur une opportunité qu’elle ne peut laisser passer. « J’ai vu qu’un cabinet du groupe Big Four recrutait un comptable au Luxembourg. J’avais l’intention de travailler en région parisienne, mais j’ai immédiatement postulé lorsque j’ai vu l’annonce », se souvient la jeune femme, âgée de 22 ans à ce moment-là. Considérée comme junior, elle réussit tout de même à obtenir le poste. Les cabinets d’audit Big Four sont réputés pour être les meilleurs au monde, Malika Djoumoi a donc parfaitement conscience de la chance qu’elle a.
Cette expérience rend son curriculum vitae plus qualitatif et lui permet de s’exporter au-delà des frontières françaises. « Le Luxembourg est arrivé par hasard et je m’y sens très bien. L’audit au Luxembourg est quelque chose de très réputé et il y a plein d’opportunités. C’est bien aussi parce que je ne suis pas dépaysée. Les gens parlent français, allemand et luxembourgeois donc je ne me sens pas à l’étranger, mais je sais que je ne suis pas en France », souligne-t-elle. L’aventure européenne plaît d’autant plus à Malika Djoumoi qu’elle s’accompagne d’une très bonne rémunération ! « Pour quelqu’un qui sort du public et non du privé comme moi, c’est plus intéressant de commencer dans un grand cabinet au Luxembourg plutôt que dans un grand cabinet en métropole. Je suis au même niveau que ceux qui font HEC ou d’autres grandes écoles », assure-t-elle. La comptable a commencé à travailler en octobre 2020, et elle a l’intention d’y rester quelque temps pour se forger et gagner en expérience.
Rigueur et détermination, les clés du succès
Malika Djoumoi a obtenu son baccalauréat économique et social à seulement 16 ans. Comme la grande majorité des bacheliers mahorais, elle quitte Mayotte pour poursuivre ses études en métropole. « C’était un peu compliqué, parce que j’étais très jeune et la métropole était un vrai changement pour moi. J’ai donc choisi d’aller à Saint-Nazaire parce que j’avais de la famille là-bas et ça me rassurait », indique-t-elle. Elle s’entoure également d’étudiants mahorais pour se sentir moins seule. Un entourage qui a joué un rôle déterminant dans sa réussite, insiste-t-elle. Mais si la jeune femme a réussi à gravir les échelons, c’est surtout parce qu’elle a fait du travail son meilleur allié. « Les études de comptabilité ne sont pas difficiles, mais cela demande beaucoup de rigueur. Il faut se donner un cadre et faire le travail demandé. » Elle était également motivée à mettre en application le plan de carrière qu’elle avait élaboré dès le début de ses études. « Je savais où je voulais aller, et le fait d’avoir un objectif très clair m’a aidée à me motiver », assure Malika Djoumoi.
À l’obtention de son diplôme, elle se dit heureuse de ne pas s’être éloignée de sa famille « pour rien », mais elle est aussi contente de pouvoir tordre le cou aux préjugés qui l’ont suivie durant ses études supérieures. « Quand on vient de l’Outre-mer, parfois on subit du mépris de la part des professeurs et des élèves. Il est donc important d’avoir confiance en soi, en ce que l’on a appris, et continuer à travailler », déclare la comptable. Elle parle en connaissance de cause puisqu’elle affirme avoir subi cette arrogance. « Durant mes premières années à Saint-Nazaire, je n’étais pas major de ma promo, mais j’avais eu les meilleures notes dans quelques matières et une professeure m’a dit que connaissant le niveau de Mayotte, elle ne s’attendait pas à ça. C’est une remarque qui m’avait surprise, car j’avais un très bon dossier. Il ne faut pas oublier qu’il y a des éléments très bons chez nous aussi. »
Un manque de considération qu’elle remarque également auprès de ses camarades, mais qu’importe ! Elle ne perdra jamais de vue ses objectifs. Aujourd’hui, la carrière de Malika Djoumoi n’en est qu’à ses débuts, mais elle dépasse déjà tout ce qu’elle avait espéré. Si pour l’instant, elle se plaît au Luxembourg, elle envisage de rentrer chez elle à Mayotte. Un jour. Car si elle veut se mettre « au service de son île et faire quelque chose de bien », l’heure est encore aux rêves de sommets et d’aventures.
Après une année éprouvante marquée par un nouveau confinement de cinq semaines, ce jeudi 7 juillet marque le début des vacances scolaires. Si le recteur Gilles Halbout se satisfait globalement des progrès réalisés, il revient pour Flash Infos sur le dossier épineux des constructions scolaires, promesse de campagne du président de la République, Emmanuel Macron. Le chantier a beau être en bonne voie pour l’horizon 2025, le responsable de l’académie ne relâche en aucun cas la pression.
Flash Infos : Quel bilan général tirez-vous de cette année scolaire, entre les grèves des transporteurs, les barrages inopinés et le nouveau confinement, qui pour ce dernier peut avoir des conséquences désastreuses sur un territoire comme Mayotte ?
Gilles Halbout : Nous avons fait deux choses à la fois : nous avons tenu et nous n’avons rien lâché ! Dès que nous en avons eu les capacités, nous avons toujours privilégié l’enseignement. Nous n’avons été ni moins bien ni mieux par rapport à la métropole… Dans beaucoup d’académies, le baccalauréat s’est mal passé, ce n’est pas notre cas. Il y a eu une grosse mobilisation des équipes pédagogiques et des chefs d’établissements pour atteindre ce résultat.
Après, nous ne sommes pas allés aussi loin que je l’aurais voulu sur le plan des constructions scolaires, sur le travail de différenciation, notamment entre la 6ème et la 5ème, ou encore sur les questions d’orientation. Mais petit à petit, nous notons l’émergence de filières d’excellence et de parcours de réussite. Et en même temps, nous avons mis l’accent sur des dispositifs conséquents pour faire de la remédiation, comme les petits lecteurs et scripteurs. Nous avons mis des briques et des pierres pour pouvoir avoir un rythme de croisière dès la rentrée prochaine. Nous avons posé les jalons, même s’il nous faudra encore quelques années pour converger vers le régime métropolitain.
Après, nous avons tellement de retard que je ne me satisferai pas de ce que nous avons réalisé… Néanmoins, tout le monde – les personnels et les parents – a joué le jeu, je suis confiant. Nous allons y arriver, j’en suis intimement persuadé !
FI : Vous évoquez quelques regrets concernant les constructions scolaires. Nous le savons tous, un long chemin reste à parcourir de ce côté-là. Où en sommes-nous un an après l’installation des nouveaux conseils municipaux ?
G. H. : Nous constatons une volonté commune d’avancer ! Mais tout le monde n’est pas encore au même niveau… Plutôt que de crier partout que nous devons ou allons reprendre la compétence, il faut les accompagner. C’est un travail partenarial avec la préfecture et l’agence française de développement (AFD) pour aider les communes les plus en difficulté et en retard à se structurer pour qu’elles franchissent les étapes.
Aujourd’hui, elles font face à des doubles difficultés. Non seulement, elles sont en retard structurellement parlant car elles n’ont pas toujours les équipes techniques. Mais en plus, elles doivent « corriger » 10, 20, voire 30 ans d’arriérés en matière de constructions. Si nous devions prendre n’importe quelle commune de France pour procéder au même réajustement que Koungou, elle n’y arriverait pas non plus ! Ces municipalités doivent vivre la décentralisation et effectuer ce rattrapage. Nous sommes en train de finaliser une convention avec l’AFD, l’association des maires, la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) et la préfecture pour apporter des moyens supplémentaires.
Nous allons avoir quelques mois cruciaux, il va vraiment falloir que ça décolle. Si nous avons réussi à sécuriser la rentrée scolaire de 2021, je suis plus inquiet pour celle de 2022 ! Après, de toute façon, ce sera compliqué jusqu’en 2025… Dans le premier degré, nous avons scolarisé 2.000 nouveaux élèves cette année. Ils seront 2.500 supplémentaires en août prochain. Au bout d’un moment, nous voyons bien que toutes les solutions trouvées – les classes itinérantes, le passage en rotation, les modulaires – atteignent leur limite. Alors oui, cela ira mieux à partir de 2025. D’ici là, il ne faut pas se louper, il faut mettre un coup d’accélérateur maintenant, sinon nous sommes foutus.
FI : Grosso modo, il manque encore 800 salles de classe à Mayotte. Un chiffre abyssal au vu de la vitesse démographique sur l’île avec presque 10.000 naissances par an…
G. H. : C’est l’hypothèse idéale ! Si nous sortons de terre la moitié, nous pourrons a minima scolariser tous les enfants. L’autre moitié servira pour faire de vrais dédoublements en CP et en CE1. Nous arrivons à un plateau démographique : l’immigration clandestine d’un côté et le taux de natalité de l’autre commencent à se stabiliser, voire même à régresser. Il faut éviter que des familles ne puissent pas scolariser leurs petits de quatre ans. Et il faut surtout être prêt à absorber la même vague dans les collèges.
FI : Justement, le rectorat a la compétence pour gérer la construction des établissements du second degré, alors qu’elle repose sur les départements et les régions ailleurs. La nouvelle majorité de la collectivité vient d’être élue jeudi dernier. Bonne ou mauvaise nouvelle, tant certains dossiers structurants de l’Éducation nationale dépendent d’elle ?
G. H. : Avec le nouveau président, Ben Issa Ousseni, nous nous sommes croisés samedi dernier à l’occasion de l’inauguration de la Maison de la jeunesse et de la culture de M’Tsapéré. Nous sommes plutôt en phase ! Reste maintenant à s’assurer que l’opposition ne soit pas systématiquement opposée aux projets pour lesquels le foncier peut être un enjeu de taille. Il ne faut pas que la politique vienne interférer dans les projets de l’Éducation nationale… Chaque semaine perdue peut avoir des répercussions énormes. Nous l’avons vu à M’Tsangamouji où nous avons tergiversé pendant un an pour la viabilisation et l’aménagement autour de la parcelle que nous voulions acheter.
Nous avons lancé tous les projets de lycée. Et nous sommes sur la bonne voie pour un tiers, voire la moitié, des collèges. Sur les huit, nous avons encore quelques incertitudes pour deux ou trois d’entre eux par rapport au foncier. La grande difficulté est de les inscrire dans un projet urbain. L’exemple typique se trouve à Kahani : l’établissement se situe au milieu de nulle part et devient une forteresse assiégée. Ces enceintes doivent s’inscrire dans une politique de la ville. À l’instar du projet du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, qui propose d’implanter un collège dans un nouveau quartier situé à Tsoundzou 2. C’est exactement comme cela qu’il faut penser.
Aujourd’hui, je n’ai pas de véritable alerte. Mais cela se surveille comme le lait sur le feu ! Pour les collèges, nous allons gagner un an et demi en faisant un marché global de performance. Je ne suis pas inquiet… Disons que je serai plus tranquille à la fin de l’année 2021 avec le lancement de l’ensemble des chantiers.
L’indexation des salaires, bientôt réhaussée au niveau de La Réunion ?
C’est le cheval de bataille des organisations syndicales. Dans un post Facebook publié ce lundi, le secrétaire départemental du SNUIpp-FSU, Rivomalala Rakotondravelo, annonce l’aval du ministère des Outre-mer concernant l’alignement du taux de l’indexation des salaires sur La Réunion. Minute papillon ! Interrogé sur ce sujet, le recteur calme le jeu. « Il faut tempérer cela », explique Gilles Halbout, avant de préciser qu’il s’agit bel et bien d’une demande de l’académie dans le cadre du projet de loi Mayotte. « Tout cela va être discuté, cela va prendre du temps… » Fausse joie pour le moment, donc.
Mansour Kamardine, ici avec le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, se lance dans une deuxième bataille électorale après les législatives de juin.
Il visait la présidence du Département, il devra se contenter du siège de conseiller départemental du canton de Sada-Chirongui. Le député Mansour Kamardine n’a pas fait l’unanimité lors du fameux troisième tour et a dû revoir ses ambitions à la baisse. La campagne et l’élection n’ont pas été de tout repos pour celui qui en ressort avec des regrets. Il dénonce certains acteurs économiques d’avoir influencé les votes. Alors que d’autres accusent son parti d’être à l’origine de nombreuses irrégularités. Mansour Kamardine revient pour Flash Infos sur cette période électorale qui lui laisse un goût amer.
Flash Infos : Dans vos communiqués, vous affirmez que des « puissances finan-cières » ont mené un combat contre vous afin d’influencer les votes et vous empê-cher de les gagner. À qui faites-vous allusion ?
Mansour Kamardine : Je n’ai cité personne en particulier, mais je parle d’acteurs économiques influents qui cherchent à influer sur un vote démocratique dans un pays démocratique. Ce n’est pas acceptable. Nous le voyons, nous avons plusieurs témoignages de gens, soit des bénéficiaires des généreuses donations soit des acteurs qui sont sur le terrain et que nous avons vus devant les bureaux de vote en train de distribuer des billets pour acheter des électeurs. L’achat d’électeurs est une réalité que personne ne peut soupçonner.
Nous avons vu également les primo votants, des Français d’origine étrangère, qui ne résident pas forcément dans certaines communes et qui sont pourtant inscrits dans ces communes là. Ils prétendent demeurer chez un tel, sans que nous ne vérifions jamais si ces jeunes habitent réellement à l’adresse indiquée. C’est une véritable fraude électorale organisée, qui n’est pas de nature à respecter les règles électorales et démocratiques.
FI : Une plainte et un recours ont été déposés par vos adversaires, dénonçant des irrégularités de votre côté. Allez-vous faire la même chose ?
M. K. : Nous, nous n’avons pas à porter plainte. On nous a annoncé un contentieux parce qu’on nous accuse d’avoir triché et notamment d’avoir refusé de faire voter les ordonnances. Nous attendons avec beaucoup d’intérêt le recours parce que ce sont des affabulations. Et puis il y a effectivement une plainte, toujours concernant ces fameuses ordonnances et nous allons nous associer à la plainte pour demander au procureur de vérifier qui a triché. Rira bien qui rira le dernier.
FI : Ben Issa Ousseni vous a accusé à la télé de vouloir l’« assassiner politique-ment ». On vous pensait broyés, mais finalement lors du troisième tour vous avez décidé de vous rallier à lui. Pour quelles raisons ?
M. K. : Je ne sais pas si c’est moi qui me suis rallié à lui ou si c’est lui qui s’est rallié à moi… Ce qui est certain, c’est que pendant la campagne, je m’étais battu pour dire toute mon opposition à l’idée de voir le port entre les mains d’acteurs économiques qui font la loi. Je ne voulais pas que le conseil départemental tombe dans le même panneau que le port. Je souhaitais avoir une collectivité qui soit lucide, responsable, capable de porter les intérêts de Mayotte. J’ai constaté que je n’avais pas les moyens de constituer une majorité la plus large possible comme je l’avais souhaité, compte tenu des enjeux du territoire. Et entre les différents candidats qu’il y avait, j’ai accepté et appelé à ce que nous nous mobilisions tous pour Ben Issa Ousseni. J’ai considéré que les propos qu’il avait tenus retournaient de l’émotion de son succès. Il n’avait pas su les gérer et il a dit des choses que personne ne pouvait croire. J’ai apporté la démonstration en votant pour lui et en demandant à tous ceux qui pouvaient me suivre de voter pour lui. Nous ne construisons pas un pays avec des rancœurs et des haines. Il faut savoir tourner les pages en politique. J’avais souhaité construire un projet qui parle à l’ensemble des Mahorais. Le président Ben Issa Ousseni s’inscrit dans cette direction donc je me retrouve pleinement dans son discours.
FI : Alors pourquoi ne faites-vous pas partie des vices-présidents ?
M. K. : Parce que la majorité est à quatorze et il y a sept vice présidents. Nous avons con-venu que chaque binôme désigne un vice-président. J’ai souhaité donné la primauté à ma binôme, Tahamida Ibrahim. C’est une femme douée d’intelligence avec des capacités de développement considérables. Elle doit s’affirmer et je lui ai laissé la chance de pou-voir le faire. Durant toute ma carrière politique, à chaque fois que j’ai eu l’occasion de favoriser l’émancipation de la femme mahoraise, je l’ai fait. C’était un moyen de prouver que je peux me mettre derrière Tahamida Ibrahim et participer à cette aventure.
FI : Le parti des Républicains avait investi neuf binômes à Mayotte, seulement trois sont élus. Est-ce que les LR, tel qu’ils sont actuellement, ont encore leur place à Mayotte ou envisagez-vous des changements ?
M. K. : Seuls les LR étaint un parti organisé. Nous avons certes perdu les élections, nous ne pouvons pas dire le contraire, mais nous avions un projet commun qui pouvait parler à l’ensemble de Mayotte. Alors que les autres n’avaient pas véritablement de projet. Sur ce territoire, les partis politiques sont éclatés, nous nous résistons, et il faudra que nous continuions à faire de la résistance et à nous organiser davantage. Même si nous avons perdu, nous sommes de loin la seule formation politique organisée et ce n’est pas par hasard si nous avons réussi à construire cette majorité. Le rôle des LR au sein de cette majorité a été extrêmement bénéfique pour l’ensemble du groupe parce que dans les allers et venus de certains, ceux qui sont restés ensemble et soudés étaient les LR.
FI : Entre les trahisons et les coalitions, quels enseignements retenez-vous des semaines de campagne et des résultats des élections ?
M. K. : Nous avons eu un environnement malsain composé de gens et d’acteurs économiques qui n’avaient rien à voir dans cette campagne. C’est un regret. J’observe égale-ment que la quasi totalité des candidats soutenus par les maires élus il y a un an ont été battus. C’est surprenant, et c’est sujet à des interrogations. Je regrette également les valses des élus du troisième tour. Nous avions la majorité le matin, nous la perdions l’après-midi, avant de la récupérer le soir… Et ainsi de suite. Ce troisième tour a été un véritable naufrage de la démocratie locale. Cette situation ne doit plus se reproduire. Pour cela, il faudrait modifier le mode de scrutin de façon à être plus transparent auprès des électeurs. Dès le départ, ils doivent savoir qui sera président si telle liste gagne.
J’ai également un sentiment de regret, car les jeunes nous ont épatés pendant la campagne en parlant d’intérêt général, et par la suite nous avons constaté que la traduction de l’intérêt général était de savoir s’ils allaient être président ou vice-président. En réalité, l’intérêt général était de l’intérêt personnel. Je souhaite appeler solennellement cette jeunesse à redéfinir l’intérêt général. Dès mon jeune âge, j’avais acquis comme leçon de principe que lorsque mon intérêt personnel était en conflit avec l’intérêt général, ma personne devait passer en second plan. C’est ce que j’ai fait en portant mon soutien à Ben Issa Ousseni. Il ne peut avoir d’intérêt général quand chacun pense uniquement à soi, c’est ce qui a causé le naufrage électoral.
L’autre leçon que doivent retenir les jeunes c’est qu’une démocratie vivace et vivante se traduit par une majorité et une opposition. Une majorité qui décide et une opposition qui rend compte à la population des décisions prises par la majorité. Hors, ce que nous avons vu dans les valses politiques, c’est que tout le monde veut être dans la majorité simple-ment parce qu’on a peur de son électeur. Je n’ai pas peur d’être dans l’opposition, pendant très longtemps je l’ai été et j’ai construit des choses. Si nous voulons construire Mayotte, il faut que nous acceptions qu’il y ait une majorité et une opposition. Malgré tout ce qu’il s’est passé, je tiens à remercier toutes celles et ceux qui nous ont soutenu. Ma binôme et moi étions surpris, mais heureux de voir cet engagement de jeunes qui nous ont accompagnés.
Coincés d’abord à Madagascar, puis à Mayotte, crise sanitaire oblige, Tom et Emma cherchent à nouveau à former leur équipage pour reprendre le large. Une invitation au voyage qui veut avant tout promouvoir un autre mode de vie. Au grand air.
Vendredi, 10h, le vent souffle fort sur le lagon. À bord du Karaka, qui mouille à quelques encablures de l’école de voile de Petite-Terre, l’on entend presque craquer les mâts, comme si l’on voguait déjà vers le grand large. En descendant les marches en bois qui mènent à la cabine, il flotte dans l’air un parfum d’encens et d’aventure. Les instruments de musique qui recouvrent le plafond, les livres qui tapissent les moindres centimètres des étagères… Tous les bibelots dont regorge l’embarcation semblent être le souvenir d’un pays lointain, récolté au gré des océans. “Ça, c’est quand on a sauvé 45 gamins à bord d’une petite barge, dans un atoll du Pacifique (au Kiribati, à mi-chemin entre Tahiti et Hawaï)”, se remémore Tom, le capitaine, en désignant une broderie qui orne un pan de mur. Sur le chemin de l’école, la barque de fortune se trouve emportée par le courant, direction la haute mer ! “On est allé les récupérer, et au village, ils ont organisé une grande fête pour nous remercier. Ils nous ont couverts de cadeaux !”, complète Emma, ancienne experte de la data et du marketing à Paris, reconvertie en équipière depuis sept ans.
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Un bateau à un dollar
Des récits comme ceux-là, les deux navigateurs les collectionnent. L’histoire même du Karaka, vieux rafiot acheté pour un dollar symbolique par Tom en 2004 alors qu’il “rouillait au « Causeway Bay Typhoon Shelter » sur l’île de Hong Kong”, vaut le détour. Construit en Nouvelle-Zélande par un mécanicien de la banlieue d’Auckland, derrière chez lui, le voilier fait le tour du monde depuis les années 70 ! Trois propriétaires plus tard, le Karaka échoue à Hong-Kong, avant d’être récupéré par son actuel capitaine, alors que les autorités locales menaçaient de détruire ce qu’ils voyaient comme une épave. À l’époque, Tom a 24 ans et a déjà “pas mal bourlingué”, retrace ce titulaire d’un BTS tourisme, passé par l’étape backpacker avant de travailler sur des charters. Quand il tombe sur le Karaka, le moussaillon y voit assez naturellement l’occasion de poursuivre sa découverte du monde, sur la mer plutôt que sur terre. Le concept ? Trouver des équipiers prêts à partager ses aventures.
Co-living en mer
Attention, rien à voir avec une croisière ! “C’est un peu comme le concept de coopérative, c’est du co-living en mer, de la co-navigation en gros. Il y a d’autres bateaux qui fonctionnent sur le même principe, chacun contribue. Parce que ça coûte quand même cher d’entretenir un bateau de cette taille, qui plus est assez vieux. Mais on essaie de rester sur un but non lucratif, parce qu’on ne fait pas du charter”, développe le propriétaire, en caressant nonchalamment Plume, le troisième occupant – félin, celui-là – du navire. Il faut donc compter environ 150 euros par mois de contribution financière par équipier. Et quelques donations sur Internet “permettent de faire tourner le site”. Pour le reste, il suffit de mettre la main à la patte. Créatifs, aventuriers, débrouillards sont les bienvenus à bord. Et pas besoin de CV ! “C’est plus une histoire d’attitude, on ne veut pas des gens expérimentés, mais plus des gens qui cherchent à s’initier à ce mode de vie”, expose Tom, qui cherche justement ces perles rares, en ce moment à Mayotte.
Le Covid réduit la voilure
Coincé par la crise sanitaire, l’équipage du Karaka trépigne à l’idée de reprendre le large. “On est d’abord resté pendant quelques mois à Madagascar l’année dernière, avant de devoir partir. Mais on a peut-être dû passer un mois et demi à bord, tous les deux, sans voir personne, ça nous a fait bizarre”, sourit Emma en jetant un œil nostalgique au planisphère derrière elle. À la base, plusieurs équipiers devaient venir les rejoindre des quatre coins du monde pour naviguer sur l’océan Indien, mais le Covid les a stoppés en plein vol. Objectif, aujourd’hui : reprendre la course et profiter des alizés pour filer vers la Tanzanie, avant de redescendre vers l’Afrique du Sud puis de traverser l’Atlantique, vers l’Amérique du Sud.
Si le Covid le permet ! “Vu la situation, on cherche plutôt des Français vaccinés, cette fois-ci”, précise le couple de marins. Pour se lancer dans cette traversée, mieux vaut donc aussi avoir prévu du temps, au moins un mois, si ce n’est six. En tout, Tom et Emma recherchent aujourd’hui quatre équipiers motivés. “Pour partir de Tanzanie, la fenêtre est assez petite, maximum jusqu’à octobre novembre pour éviter les tempêtes”, rappellent-ils. Même si, “aujourd’hui, avec les technologies, il faut vraiment rater son coup pour tomber sur une tempête. En général, on se débrouille pour mouiller quelque part le temps que ça passe”. Mais entre la menace terroriste au Mozambique et la possible fermeture de Madagascar à cause du coronavirus, mieux vaut éviter la saison cyclonique pour passer dans le bras de mer en direction du Cap de Bonne Espérance… Sinon ? Retour à la case départ à Mayotte, le temps de laisser passer des cyclones… et une pandémie. Avant de répondre à nouveau à l’appel du large.
Après des années de préparation, Lidie Ousseni-Ali a enfin pu se lancer dans son projet de transformation agricole spécialisée bien-être. De quoi rappeler les bienfaits de la nature pour le corps et aussi promouvoir sa philosophie d’entrepreneure accomplie. Le tout à découvrir en ce moment au comité du tourisme pour la 8ème édition de l’exposition Made in Mayotte. Garantis sans conservateur !
“Tu sais que le baobab disparaît ? En ce moment, le moringa est en vogue, tout le monde en parle dans la cosmétique. Ça m’énerve, parce qu’en réalité, le baobab concentre beaucoup plus de vitamines !” Quand il s’agit de parler des plantes et des fruits de son île, Lidie Ousseni-Ali est intarissable. C’est que l’artisane, qui a lancé il y a deux mois L.O.A Cosmétique et tient un blog spécialisé sur le sujet, connaît la nature sur le bout des doigts. Surtout quand elle frotte avec énergie son gommage coco curcuma sur les bras des curieux. Huiles et gommages parfumés au coco, curcuma ou gingembre trônent depuis ce lundi sur son stand à l’expo Made in Mayotte au Comité du tourisme.
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“Moi, j’ai eu la chance d’avoir un père, un oncle, une famille d’agriculteurs qui aiment le plein air, qui sont très sensibles à la nature. Mon père faisait de la plongée, c’est lui qui a fait notre combat aujourd’hui. Dans les voulés, on regardait, on prenait le manioc, le fruit à pain, et quand tu es enfant, je pense que tu emmagasines beaucoup de choses”, raconte la jeune femme originaire du sud de Mayotte pour tenter de retracer l’origine de sa passion. Un savoir qu’elle cultive aussi quotidiennement pour entretenir son blog. “Quand je dois faire un article, c’est simple, je suis obligée de lire les cinq premières pages de Google”, résume l’entrepreneure qui ne recule devant rien.
Trois ans pour monter son projet
Car pour en arriver là, ça n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. De retour à Mayotte après avoir grandi en métropole, la mahopolitaine ambitionne de devenir consultante en leadership pour les femmes, après des études centrées sur le développement personnel. Mais arrivée sur place, première tuile : difficile de faire bouillir la marmite pour ses deux petites filles et son mari avec ce projet-là ! Forte d’une formation d’aide-soignante et dans la petite enfance, Lidie intègre alors le centre hospitalier. Mais sur son temps libre, elle garde dans un coin de sa tête l’idée de monter son projet de transformation agricole spécialisée dans le bien-être. “J’ai galéré pendant deux ans, avant de finalement obtenir le SIRET. Heureusement, j’étais soutenue par le GIASM, le groupement intercommunal des agriculteurs du sud de Mayotte”, sourit-elle avec reconnaissance. De quoi tester son idée sur des marchés, et attirer une première clientèle. “Après tout s’est fait par du bouche à oreilles et grâce aux réseaux sociaux.”
Agro-tourisme et environnement à l’honneur
Son carnet de commandes commence à s’étoffer et L.O.A Cosmétique peut enfin voir le jour en 2021. Désormais, Lidie est présente tous les dimanches au marché de Chirongui et reçoit des demandes via Facebook et Instagram. Pas de boutique en revanche, ni de livraison. “Déjà parce que j’ai mes deux petites filles, mais aussi parce que l’idée, c’est de venir chez nous dans le sud. Le concept c’est aussi de développer l’agro-tourisme”, ajoute la confectionneuse qui débite une nouvelle idée à la seconde. Comme elle aime à le rappeler, L.O.A Cosmétique se base sur quatre volets : la production et agriculture ; la transformation ; l’agro-tourisme ; et enfin l’environnement, fer de lance de cette mère de famille sensibilisée tôt à la protection de la nature. “À Kani Bé, ils sont très branchés environnement, tu peux voir une coco s’énerver parce que t’as jeté un truc !” Face à la disparition de la mangrove, Lidie et ses partenaires, son mari et son frère, ont donc décidé de travailler main dans la main avec l’AME, l’association mangroves environnement, pour planter des palétuviers.
Si son projet a franchi une belle étape cette année, le combat de Lidie Ousseni ne s’arrête pas là. Objectif : sensibiliser en rappelant les bienfaits pour la santé de “toutes ces choses que l’on a ici, mais dont on n’exploite pas le plein potentiel”, explique-t-elle. Une logique qui dépasse le simple produit pour devenir chez cette pro du développement personnel une vraie philosophie. “J’ai le droit de réussir en étant une femme épanouie, c’est ça, le message que je souhaite faire passer.” Surtout à ses filles, ses “deux pépites d’or à qui je veux donner des ailes”, conclut-elle.
20 artisans à l’honneur pour la 8ème édition de Made in Mayotte
C’est reparti pour un tour ! Depuis ce lundi 10h et jusqu’au 17 juillet, les artisans vous donnent à nouveau rendez-vous au Comité du Tourisme pour découvrir leurs créations. Confections en tissu, céramique, bijoux, bois et produits de beauté et du terroir sont à l’honneur pour cette 8ème édition de l’exposition Made in Mayotte. “Cette fois-ci, nous avons centré l’expo sur la valorisation du bien-être avec L.O.A Cosmétique ou Hippocampe Nature, et sur l’ylang-ylang”, souligne Marlène Fraytag, la coordinatrice de l’événement qui tient le stand Touch’du Bois. Au total, une vingtaine d’entreprises et associations d’artisanat se sont regroupées dans le petit hall du comité pour mettre en lumière leurs productions. “On a de plus en plus d’artisans qui participent, c’est très encourageant !”, se réjouit la créatrice. En prime, un invité d’honneur a investi l’entrée, avec ses meubles en bois de récupération : l’association Wenka Culture de Kawéni, “qui organise entre autres des ateliers créations poterie pour le retour à l’emploi des jeunes et la préservation d’un savoir-faire ancestral”.
Ce lundi 5 juillet, le recteur Gilles Halbout est venu personnellement donner un recueil des Fables de La Fontaine à quelques élèves de CM2 de l’école élémentaire de Doujani 1. Pas moins de 8.500 exemplaires doivent être distribués aux futurs collégiens. Un geste symbolique qui a pour but de faire la transition entre le 1er et le 2nd degrés mais aussi le lien avec le français et la culture humaniste.
« Maître Corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l’odeur alléché… » La voix tremblante, Nadiurou prend son courage à deux mains. Une récitation d’autant plus stressante qu’elle se passe sous le regard averti de Gilles Halbout, le recteur, venu ce lundi offrir un recueil des Fables de Jean de La Fontaine à 20 élèves de CM2 de l’école élémentaire de Doujani 1. Puis vient le tour d’Himidat, avec cette fois-ci Le lion et le rat. « Je les connais presque toutes », sourit fièrement la jeune fille de 11 ans.
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Une opération devenue récurrente à quelques heures des vacances scolaires depuis l’arrivée du responsable de l’académie sur le territoire. « J’ai accueilli cette annonce très favorablement. Pour 90% d’entre eux, c’est leur premier livre », se réjouit Mohamed, le directeur de l’établissement. Qui considère le choix de l’auteur comme tout sauf anodin. « Les contes traditionnels mettent aussi en scène des animaux et accouchent d’une morale à la fin. Donc les enfants ne sont pas perdus quand ils les lisent. Cela ne peut être que bénéfique ! »
Des élèves au niveau à la veille de leur entrée au collège
D’autant que les principaux intéressés ont l’habitude de manier les mots, avec leur professeur Clément, un adepte des moments littéraires au retour de la récréation et des jeux de langage le matin « pour les faire parler ». Ou encore de « l’apprentissage des poèmes à l’occasion de la fête des mères ». Une méthode de travail qui porte ses fruits aux yeux de Gilles Halbout, convaincu des progrès réalisés au cours de l’année. « Mine de rien, ils savent lire ! Pas tous avec la même exigence, mais ils ont le niveau. » Une bonne nouvelle à l’approche de leur grand début au collège de Kwalé pour certains et de Doujani pour d’autres…
Cette distribution a également un objectif pédagogique : ne pas perdre le rythme durant la coupure « estivale » ! « La majorité vont le feuilleter, et surtout il va passer de main en main. Une seule personne ne va pas le lire. Ce sera une petite victoire pour la lecture », s’enthousiasme leur enseignant. Et avec cette version illustrée par Rébecca Dautremer, « c’est beaucoup plus coloré et imagé », poursuit Mohamed, persuadé que ce bouquin va faire la transition entre le CM2 et la sixième. Sans oublier « le lien avec le français et la culture humaniste », ajoute le recteur.
Alors pour pimenter le tout, le responsable de l’académie lance même un défi à ses interlocuteurs du jour. « Maintenant, il faut les apprendre par cœur car vous allez les étudier à la rentrée. Vous avez toutes les vacances pour vous préparer. » Un défi largement réalisable selon Himidat. « Cela prendra deux jours, tout au plus », s’amuse-t-elle, sûre de pouvoir réaliser le challenge en un temps record. Rendez-vous fin août pour l’interro surprise.
Depuis la mi-mai, l’association Saveurs et Senteurs utilise un séchoir confectionné sur-mesure et installé au pôle rural d’excellence. Grâce à cet outils, pas moins de 750 kg de vanille verte, collectés auprès de 26 agriculteurs du territoire, ont été transformés. Une évolution exponentielle au regard de la relance de la filière commencée en 2018.
Derrière les 40 tiroirs en bois d’acajou rouge se cachent des milliers de gousses de vanille. « Quand elles roulent, elles sont prêtes à passer au séchage à l’ombre », confie Julie Moutet, coordinatrice au sein de Saveurs et Senteurs, à l’initiative de ce nouveau séchoir confectionné sur-mesure – « au millimètre près » – par Agrikagna dans un container « dernier voyage » pour la somme de 26.000 euros. Avec ce nouvel outil « emblématique » reçu mi-mai, la filière fait un bon en avant et passe dans un autre monde. Ou plutôt celui de la voie de la professionnalisation ! D’où l’embauche en alternance d’Ediamine, qui suit une formation au lycée agricole, pour assurer tout le processus.
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Première étape : la collecte hebdomadaire chez les agriculteurs de l’île pour trier et peser la vanille verte avant de la ramener au pôle rural d’excellence. « Nous leur garantissons un prix minimum variant de 35 à 50 euros le kilo », se félicite l’unique salariée de l’association. Et en échange de 20% minimum de leur production annuelle, les amoureux de la terre peuvent même recevoir des formations et des conseils complémentaires. « Pour nourrir un pied de vanille, il faut lui donner du compost », donne pour exemple le futur conseiller agricole au termes de ses deux années d’apprentissage.
Échaudage, étuvage, séchage, affinage…
De retour à Coconi pour débuter l’échaudage, qui consiste à plonger les épices dans une eau à 65 degrés durant trois minutes. En d’autres termes, il s’agit de créer un choc thermique. « La difficulté varie en fonction des gousses. Quand elles sont mûres, c’est plus facile. Si elles sont trop cuites ou crues, ça peut vite pourrir », déroule le gaillard de 25 ans, au moment de vérifier la température à l’aide d’un thermomètre. Au bout du temps imparti, place à l’étuvage, qui revient à faire monter et à maintenir le cœur de la gousse à 50 degrés dans un caisson enroulé d’une couverture pendant 24 à 48h. Une opération primordiale en soi dans le but de déclencher une réaction enzymatique avec la chaleur et ainsi permettre la transformation de la glucovanille en vanille.
Direction ensuite le fameux séchoir, d’une surface totale de 50m2, en version déplié. « Nous sortons les tiroirs entre 1h30 et 3h par jour, les UV ont une action désinfectante », précise Julie Moutet, un brin nostalgique du système D élaboré sur sa terrasse avant le récent déménagement en plein cœur du site départemental, inauguré en fin d’année dernière. Un confort de travail non négligeable et un outil beaucoup plus adapté aux aléas climatiques. « Et en cas de pluie, nous pouvons tout remballer en deux minutes. » Avant d’envoyer tout le bardas au séchage à l’ombre puis à l’affinage, considérée comme une période de maturation pour permettre le développement des arômes au cours des six prochains mois. « Nous avons mis en place un cahier des charges pour garantir une qualité homogène. »
Une collecte multipliée par 10 en 3 ans
Grâce à ce parcours mené d’une main de maître, les partenariats se multiplient aux quatre coins du territoire, dont une majeure partie entre Combani et Bouyouni. En 2021, Saveurs et Senteurs comptabilise dans ses rangs 26 producteurs sur les 85 recensés, contre seulement 7 en 2018, année de la relance de la filière. Et forcément la quantité achetée explose elle-aussi, passant au cours de ce laps de temps de 65 à 750kg. « En moyenne, nous collectons entre 80 et 100kg chaque semaine. » Une méthode de travail qui fonctionne et qui réjouit les professionnels agricoles, à l’instar de Mohamadi Ahamada. « Que l’association en arrive là aujourd’hui, c’est une fierté pour moi car elle s’est beaucoup investie. Elle a un rôle primordiale, elle nous accompagne de la plantation à la transformation », souligne l’instituteur à la retraite, surnommé Foundi. De quoi le rendre plus efficace confie sa fille, Mariama, qui ne réchigne jamais à lui donner un coup de main, avec sa sœur Salimati. « Il a reçu des formations de la part des anciens, mais aussi des techniques plus récentes pour améliorer sa vanille. C’est super pour lui ! »
Aujourd’hui, tous les voyants sont au vert pour que l’île au lagon redevienne avant tout l’île aux parfums. « L’ylang et la vanille peuvent redorer le blason du territoire », assure le sexagénaire, qui accueille régulièrement de jeunes curieux sur les trois hectares familiales dans le but de transmettre sa passion. « Faire rêver » cette nouvelle génération, c’est également tout l’objectif de Julie Moutet. À l’image d’Ediamine, pour qui « cette aventure a complètement changé ma vie ».
La vanille demande de prendre son mal en patience
La saison de fécondation se déroule d’août à novembre, tandis que celle de la récolte débute à partir du mois de mai. « La vanille produit ses premières gousses au bout de trois ans de plantation », confie Julie Moutet. Avant d’ajouter que « le pic de production est atteint à partir de sept ans ». Un calendrier bien souvent obscure aux yeux du grand public, comme le confirme Mariama, la fille du producteur Mohamadi Ahamada. « Des amis pensent que nous cueillons la vanille lorsqu’elle est noire », sourit celle qui suit actuellement une formation pour devenir professeur des écoles, mais qui n’hésite pas à dévoiler au grand jour son savoir transmis par son père.
Si le préfet est toujours le dépositaire territorial de la puissance étatique, sa fonction a évolué sous l’influence de la décentralisation ou de la modernisation de la gestion publique. À Mayotte, un gros travail reste à faire pour la transformation de l’État, en particulier dans ses relations avec les acteurs locaux.
Ancien préfet de Mayotte, Jean-François Colombet quitte l’île lundi. Son successeur, Thierry Suquet, nommé le 23 juin dernier, hérite de l’élaboration de la future Loi Mayotte voulue par le ministre de l’Outre-mer dont la visite est annoncée courant juillet. Ce dossier n’est pas anodin puisqu’il comporte un volet décentralisation, le département de Mayotte étant la seule collectivité de France où cette réforme n’est pas achevée. L’État y exerce toujours la compétence en matière de gestion des collèges et des lycées. Il a aussi la main sur les routes nationales. Le transfert de ces compétences au département et à la région est une des revendications formulées pour la rédaction définitive de la Loi Mayotte.
La feuille de route de Thierry Suquet doit donc comporter une discussion sur ces sujets sensibles, intéressant les secteurs de l’éducation, notamment le second degré, et des transports. À cet égard, deux grandes thématiques seront sur la table de travail du délégué du gouvernement. D’une part, la maîtrise de la démographie scolaire explosive, qui rend prioritaire la concrétisation du projet immobilier du rectorat, y compris dans le premier degré où persiste le déficit en salles de classes. D’autre part, le désengorgement de la capitale, la fluidification de la circulation routière, thème récurrent compte tenu des conséquences néfastes des embouteillages sur le dynamisme de l’économie locale. Pour tous les citoyens, lancer le chantier du contournement de Mamoudzou est une urgence signalée.
Ces deux domaines, éducation et transports, ont attisé les tensions entre le préfet Colombet et les collectifs, tensions qui, bien souvent, sont attribuables à la méconnaissance du rôle et des attributions du préfet. Il n’est donc pas inutile de rappeler ses fonctions, pour éclairer la société civile.
Changer les mentalités coloniales
Le préfet est un haut fonctionnaire nommé en conseil des ministres, par décret du président de la République, sur proposition du premier ministre et du ministre de l’Intérieur. Selon l’article 72 de la Constitution, il a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif et du respect des lois. Chef de l’administration préfectorale, le préfet met en œuvre les politiques gouvernementales. Il est garant de l’ordre public et de la sécurité.
Traditionnellement, les préfets remplissaient une double mission à la tête du département : ils représentaient l’État et détenaient le pouvoir exécutif. Depuis la loi du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions nouvellement créées, la fonction exécutive a été transférée aux présidents de conseil général (devenu « départemental » en 2015) et régional. À Mayotte, la bascule a eu lieu tardivement, en 2014.
Ce retard explique le comportement hautain de certains hauts-fonctionnaires affectés dans l’île, qui se croient revêtus de pouvoirs omnipotents, à l’exemple des gouverneurs d’ancien régime, de l’époque coloniale. À l’inverse, la décentralisation tardive, encore inachevée, explique l’attitude soumise de certains Mahorais à l’égard du représentant de l’État, posture obéissante observée aussi chez certains qui pensent, à tort, que le préfet est leur supérieur hiérarchique. Cette image paternaliste, persistante, ajoutée à la peur de l’uniforme, nuit au bon fonctionnement des institutions, à l’exercice des responsabilités locales. Le séjour de Thierry Suquet peut contribuer à instaurer des relations plus saines avec les acteurs locaux. Un changement de conduite, de part et d’autre, est nécessaire pour faire évoluer les mentalités et mettre un terme aux rapports de domination coloniaux.
Jusqu’en 1982, la fonction de dépositaire de l’autorité étatique avait créé une relation particulière entre le préfet et les collectivités territoriales (communes et départements). Ce dernier exerçait une tutelle sur elles. Cette tutelle avait un but politique : de crainte que les collectivités n’acquièrent trop de puissance et n’empiètent sur les attributions de l’État, la tutelle visait à les soumettre aux décisions et réglementations nationales. L’objectif était de maintenir la supériorité de l’intérêt général national sur des intérêts locaux. Les collectivités ne pouvaient donc délimiter l’intérêt public local que dans le respect des politiques étatiques.
Dans la pratique, ce système n’était toutefois pas aussi vertical. Dans ses relations avec les élus locaux, le préfet a toujours essayé de collaborer et de négocier avec eux plutôt que de leur imposer unilatéralement ses décisions. Son ascendant tenait ainsi davantage à son prestige et à sa compétence technique qu’à ses prérogatives juridiques. Ce système centralisateur fut profondément réformé.
Une fonction moins autoritaire
En effet, la décentralisation consiste à conférer et à renforcer les compétences dévolues à des collectivités territoriales indépendantes de l’État, c’est-à-dire essentiellement les communes, les départements et les régions. Le centre, l’État, est ainsi délesté de certaines prérogatives remises aux collectivités. Le processus de renforcement des compétences locales se poursuit aujourd’hui et nécessite une reconfiguration continuelle de l’organisation administrative.
La fonction du préfet, en tant que représentant territorial de l’État, se trouve modifiée par ce partage de compétences avec les collectivités décentralisées. Le préfet est de moins en moins une autorité confinée à l’exécution passive des directives gouvernementales et à la surveillance des collectivités territoriales, émancipées par la décentralisation. Au contraire, il s’érige en partenaire des collectivités. Il doit davantage initier des projets ou aider les collectivités à porter les leurs que censurer leurs actes ou comportements illégaux. Sa fonction est moins autoritaire.
Les missions du préfet ont ainsi été re-délimitées, par opposition à celles que l’État a transférées aux collectivités. Les fonctions préfectorales se sont resserrées sur leurs fondamentaux, tout en conservant un champ d’application relativement important, compte tenu des intérêts essentiels que les préfets sont chargés de préserver. Elles maintiennent ainsi la prépondérance du préfet sur les collectivités territoriales, dans le but d’assurer le respect de la loi et de préserver les principes d’indivisibilité de la République et d’égalité devant la loi, que l’on ne saurait sacrifier à la décentralisation.
Réalisée par les lycéens de Chirongui, l’exposition « Artistes en herbe » présente une série d’affiches, planches et photographies destinées à la prévention des comportements à risque. Le fruit d’un partenariat entre la mairie, le pôle culturel et le corps enseignant, qui ont dévoilé le résultat de leurs efforts lors du vernissage ce vendredi.
« La femme n’est pas un tamtam. » Disposés sur les murs du pôle culturel, les messages des lycéens de Chirongui vont droit au but. Violences, comportement addictif, conduites à risques… Leur exposition « Artistes en herbe » pointe du doigt les maux du quotidien. Présenté au public vendredi dernier, son objectif vise à valoriser le travail des élèves au travers de messages de prévention.
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« Ce sont des problèmes qu’on peut constater à Mayotte« , glisse timidement Oumadi, élève en seconde parcours au lycée général de Chirongui. Durant toute l’année scolaire, ses camarades et lui du lycée professionnel ont travaillé en groupe sous la direction de leur professeur. « C’est un très beau projet qui a permis à nos élèves de s’exprimer sur des sujets sensibles qui leur tiennent à cœur« , se réjouit Robert Varga professeur de lettres au lycée général. « On a voulu alterner entre des messages chocs et des concepts plus doux« , décrit de son côté Damanti, élèves en terminale AMA (artisanat et métiers d’art). « Certaines photos sont difficiles à regarder, mais nous avons également proposé des dessins avec des animaux et des personnages dans un registre plus léger« , complètent ses camarades de classe.
L’art au cœur du lien social
Dans les cartons de la mairie de Chirongui depuis 2017, le projet « Artistes en herbe » a été repris en main dès 2018 sous la coordination de Madi Nadhoimati, coordinatrice du CLSPD (conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance). « Face aux affrontements entre les jeunes du lycée professionnel et ceux du lycée général qui sont situés sur un même site, le but était de travailler sur un projet commun« , rembobine-t-elle. Des grèves et des confinements plus tard, le concept finit par se concrétiser dans un sentiment de fierté général. « Il y a certes un travail sur l’image, le texte, le développement d’une thématique… Mais l’objectif est surtout dans la valorisation d’élèves qui sont en difficulté avec l’école ou la représentation d’eux-mêmes. Au-delà de la visée pédagogique, c’est la question humaine qui est en jeu« , sourit Éric Keiser, proviseur du lycée Tani Malandi.
Pour le corps enseignant, l’ambition est également de parvenir à croiser les niveaux comme les disciplines. « Nous avons pu créer un lien entre les spécialités art graphique, l’infographie et le français. Les secondes et les terminales ont travaillé sur des projets communs. C’est aussi la première fois que nous avons des aller-retours entre les établissements sur ce genre de travaux« , apprécient respectivement madame Ruiz, enseignante en arts graphiques, et madame Blondy, enseignante en communication visuelle.
La prévention avant la répression
Face au problème endémique de la violence sur le territoire, chacun demeure conscient de la portée symbolique de ce type d’action. « La violence n’est pas réservée à quelques jeunes délinquants à Mayotte. Elle nous concerne tous. N’importe qui peut rapidement être emporté par une bande et être impliqué dans des comportements déviants. On ne peut pas être systématiquement dans la répression. Voilà pourquoi il est nécessaire de passer par la prévention« , insiste Éric Keiser. Un sentiment partagé par Madi Nadhoimati. « Quand on passe au stade de la répression, c’est qu’on a laissé traîner les choses. La prévention commence dès le plus jeune âge. Raison pour laquelle j’interviens même dans les établissements élémentaires« , martèle-t-elle. Devant le succès de l’opération, l’ensemble des acteurs tourne désormais les yeux vers l’année prochaine avec de belles productions en perspectives. D’ici là, le public est invité à apprécier celles de cette année jusqu’au 18 juillet au pôle culturel de Chirongui.
L’association Ngizi Ya Nyoshi rassemble le deuxième dimanche de chaque mois sur le site Valarano, agriculteurs et passionnés autour de l’abeille mahoraise. Son but ? Développer la filière apicole sur l’île. Si du chemin reste à parcourir pour professionnaliser la filière, les projets ne manquent pas. Une miellerie doit prochainement voir le jour.
Suivez le guide ! Éric Bellais, apiculteur amateur et trésorier de l’association Ngizi Ya Nyoshi, nous ouvre les portes du rucher. « Notre but est d’accompagner les Mahorais au développement de la filière apicole sur l’île. Leur donner les clés afin qu’ils puissent par la suite créer et entretenir les ruches et leurs essaims, mais aussi récolter le miel que ce soit à des fins personnelles ou professionnelles« , détaille-t-il. L’association travaille en lien avec le lycée agricole de Coconi dans le cadre des réseaux d’Innovation et de transfert agricole (RITA). Ce dispositif vise à soutenir le développement local des productions animales et végétales dans les départements d’Outre-Mer. L’objectif commun est alors de recenser tous les apiculteurs de Mayotte, réaliser une cartographie des ruchers et amener les apiculteurs à collaborer avec les acteurs associatifs et institutionnels pour protéger et promouvoir l’abeille mahoraise sur l’île aux parfums.
Une espèce endémique
Présentation de ces demoiselles à la robe rayée. L’abeille mahoraise est plus petite que ses congénères métropolitaines et possède un temps de travail plus long. À l’heure actuelle, cette espèce reste encore très largement méconnue, car très peu étudiée. Néanmoins aucune hybridation n’a été réalisée sur l’abeille mahoraise, ce qui a permis de la préserver des maladies. “Nous réfléchissons actuellement sur un arrêté pour interdire l’introduction d’abeilles et de matériel usager à Mayotte afin de protéger les essaims des pathologies externes. Nous travaillons également sur le type de ruche le plus adapté à l’abeille mahoraise. Ou encore sur les périodes de récoltes, mais aussi les fleurs mellifères de Mayotte. Cela fait quatre ans seulement que des études structurées sur l’abeille mahoraise ont été initiées. Il nous reste encore beaucoup à apprendre sur cette espèce”, confie Éric Bellais.
Le miel et les abeilles
Mais alors ce miel comment est-il ? À en croire notre apiculteur amateur, il est “excellent, assez fort et très parfumé”, s’extasie-t-il. Un met rare qui se vend 50 euros le litre. De quoi inciter les amis de la nature à se lancer. “Nous invitons tous ceux qui souhaitent faire de l’apiculture à nous rejoindre. Chaque dimanche a sa thématique. Nous commençons par l’ouverture d’une ruche, afin de vérifier son état et réaliser un cours pratique à nos adhérents. Ensuite, nous travaillons la théorie, sur l’abeille et la réglementation. Puis nous mettons en place des ateliers de fabrication de ruches”, détaille Éric Bellais. Le futur projet de l’association ? La création d’une miellerie avec un extracteur produit de manière locale. Un défi pour la petite structure qui veut montrer à tous qu’à Mayotte il est possible de faire du miel tout en respectant “la philosophie de l’abeille mahoraise”.
L’association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) et le centre communal d’action sociale de Mamoudzou ont signé vendredi dernier une convention visant à faciliter l’insertion professionnelle des personnes prises en charge par l’APAJH. Un partenariat sur trois ans qui fait partie des grands projets de l’association à Mayotte.
Nul doute qu’il reste encore beaucoup à faire pour les personnes en situation de handicap en France, et particulièrement à Mayotte où les préjugés leur mènent la vie dure. Alors afin de faciliter leur quotidien et leur permettre une meilleure insertion professionnelle, le centre communal d’action sociale de Mamoudzou et la fédération APAJH ont signé une convention pour une durée de trois ans. Le but ? Créer un partenariat entre la plateforme de parcours renforcés d’accès à la professionnalisation (PPRAP) et le CCAS de la ville chef-lieu pour faciliter la collaboration entre les deux structures. La PPRAP, qui se trouve à l’espace Corralium à Kaweni mais qui sera prochainement déplacée au centre Kinga, existe depuis bientôt un an. Elle fait de l’insertion pour les personnes en situation de handicap qui sont capables de travailler.
« À Mayotte, nous avons du mal à insérer ce public parce que même si ces personnes ont des compétences, nous avons des préjugés et avons du mal à les accepter. La plateforme sert à sensibiliser et à mobiliser les partenaires pour qu’ils aillent chercher des compétences », précise Soumaïla Soula Madi, directeur du pôle adulte de la fédération APAJH Mayotte. La convention engage donc le CCAS de Mamoudzou à rendre plus fluide les démarches administratives des stagiaires de la PPRAP. Cela passe en premier lieu par une mise à disposition de moyens de locomotion pour une meilleure mobilité. « Nous devons également les aider à construire les dossiers d’aides, ou encore à recenser sur le terrain les personnes qui sont en situation de vulnérabilité, fusionner des listes entre le CCAS et l’APAJH pour que nous puissions les accompagner », détaille Zaïtouni Abdallah, vice-présidente du CCAS de Mamoudzou. Cette convention ne concerne que le public de la commune chef-lieu qui représente néanmoins « 70% des personnes accompagnées », souligne Soumaïla Soula Madi.
De grands projets pour Mayotte
La fédération APAJH existe en France depuis bientôt soixante ans, mais elle n’est arrivée à Mayotte que depuis le début de la départementalisation. Et a commencé à créer des structures uniquement depuis trois ans. Le retard à rattraper est donc colossal, alors l’APAJH multiplie les projets sur le territoire. Elle veut signer d’autres conventions avec les autres communes de l’île. « Plus nous aurons de points d’accroche sur le terrain, plus les choses avanceront facilement. Nous avons commencé à discuter avec plusieurs municipalités », indique Jean-Louis Garcia, président de l’APAJH qui est actuellement en visite à Mayotte. À l’exemple de la ville de Bandrélé qui devra également établir un partenariat avec la fédération. « À la rentrée prochaine à Bandrélé, nous allons ouvrir une unité d’enseignement élémentaire pour les enfants autistes et pour cela, nous avons besoin de la ville pour qu’elle puisse ouvrir une classe », souligne-t-il encore.
Lors de la signature de la convention à la mairie de Mamoudzou, les représentants de l’APAJH ont également annoncé la création d’une entreprise adaptée avant la fin de l’année 2021. « C’est un intermédiaire entre le monde ordinaire de production et le monde protégé des ESAT (établissements et services d’aide par le travail). Les travailleurs qui seront dans cette entreprise auront droit à un contrat de travail ordinaire, sauf que l’État aidera au poste », éclaire le président de l’APAJH. L’État va compenser les structures qui embaucheront ces personnes en situation de handicap car il considère qu’elles ne peu-vent pas travailler aussi vite que les autres et apporter la même part de productivité. Pour rendre les choses plus faciles et sécuriser les travailleurs, la fédération a cherché des partenaires pour rendre une prestation de services. « Nous allons travailler avec l’agence régionale de santé de Mayotte. Nous allons former une petite équipe qui participera à la démoustication. Le deuxième partenaire est le CHM qui a accepté d’intégrer une équipe dans le cadre de l’hospitalisation à domicile. Elle viendra en renfort pour faire le ménage, les courses, aider les patients, etc », déclare Jean-Louis Garcia. L’APAJH prévoit de mettre en route l’entreprise adaptée avec une quinzaine de personnes, mais elle ambitionne déjà de doubler les effectifs l’année prochaine car ce ne sont pas les aides qui manquent. « Tous les ans arrivent à Mayotte des aides au poste et comme il n’y a pas de porteur de projet d’entreprise adaptée, à la fin de l’année les aides retournent à Paris », déplore le président de l’APAJH. Ce dernier promet de rattraper le retard cumulé dans le départe-ment. « Il faut donner plus à ceux qui en ont le moins et donner moins à ceux qui en ont le plus », affirme-t-il. Une manière pour lui d’assurer l’égalité républicaine. Il ne reste plus qu’à voir de quelle manière cette vision s’articulera à Mayotte.
À peu de chose près, le conseil départemental aurait pu élire ce 1er juillet sa première femme présidente en la personne de Maymounati Moussa Ahamadi. Mais c’était sans compter le retournement de veste de certains élus dans les dernières heures précédant le scrutin. Finalement, c’est le vice-président en charge des finances sous l’ancienne mandature, Ben Issa Ousseni, qui remporte la victoire 14 voix contre 12. Récit d’une matinée qui rappelle à quel point la politique à Mayotte n’a pas d’égale en France.
« On l’a fait ! La droite reste au pouvoir ! » À la lecture du 26ème et dernier bulletin de vote, Abdoul Kamardine, élu dans le canton de M’Tsamboro, ne peut cacher sa joie à l’annonce de la victoire de Ben Issa Ousseni. L’ancien vice-président en charge des finances sous la mandature de Soibahadine Ibrahim Ramadani succède à son mentor, au nez et à la barbe de Maymounati Moussa Ahamadi. « La démocratie a parlé… », avoue, quelques minutes après le dépouillement, celle qui avait remporté sa place dans l’hémicycle au soir du premier tour sur Dzaoudzi-Labattoir. Si la directrice de la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire la joue fair-play à l’égard de son adversaire, elle analyse tout de même ce résultat final avec une certaine amertume : « Peut-être que Mayotte n’est pas encore prête à avoir une femme à la tête de son territoire. »
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En face, la coalition de droite et de centre-droite, porté par 14 voix contre 12 pour l’opposition, exulte. Les scènes de liesse et les embrassades se multiplient. À l’image de Rossette Vitta et Madi Velou qui se ruent vers le nouveau chef de l’exécutif pour lui tomber dans les bras. « C’est une première dans l’histoire de Mayotte depuis l’avènement de la décentralisation que nous avons une majorité cohérente. Au lendemain de cette séance de droit, il va falloir construire le projet de mandature et fixer un cap », récapitule le duo de Zouhourya Mouayad Ben. Le programme territorial annoncé par Les Républicains durant la campagne risque de revenir sur un coin de table, histoire de poser quelques bases pour les six prochaines années.
« Un véritable capharnaüm »
Pourtant, dix heures encore avant le dépouillement, aucune majorité claire et précise ne se dégageait… « Je ne sais pas si nous sommes dans la surprise. En tout cas, l’organisation pour arriver jusque-là a été un véritable capharnaüm », se désole Mansour Kamardine, abasourdi de toujours constater que « les puissances visibles de l’argent s’immiscent dans le jeu démocratique et prennent en otage le conseil départemental ». Et modifient ainsi à leur guise un échiquier politique fébrile tout au long des quatre derniers jours. Dans sa ligne de mire ? Ida Nel, pistée lors de visites domiciliaires nocturnes, qui « a contacté les environnements des conseillers » pour arracher ces derniers des griffes de son groupe. « Je demanderai de nous pencher très sérieusement sur l’intérêt de Mayotte vis-à-vis du port de Longoni. Il en va de l’économie de ce territoire. » Des accusations lourdes de sens qui risquent de faire couler beaucoup d’encre !
Face à ces délations, Elyassir Manroufou défend les agissements du MDM au sujet des retournements de veste qui ont fait pencher la balance. « Certains binômes n’ont pas été soudés et n’ont pas parlé d’une seule et même voix. » Exemple avec Omar Ali et Daoud Saindou Malide qui ont préféré les rangs de la majorité pour devenir respectivement 3ème et 6ème vice-présidents. À l’inverse de Maymounati Moussa Ahamadi et d’Echati Issa. Une « trahison » visible avant même le début du scrutin au regard du plan de table. Toujours selon lui, le coupable se nomme Ambdilwahedou Soumaïla. « Nous trouvons regrettable que le maire de Mamoudzou n’ait pas saisi cette opportunité de travailler avec les trois cantons (les candidats LR ont tous perdu le 2nd tour). Il a préféré faire élire un président issu davantage de sa famille politique, en oubliant la proximité et le choix des électeurs de sa commune. »
Boycott au retour de séance
Dans ces conditions et avec deux camps bien distincts, comment envisager la suite ? « Nous assumerons la responsabilité d’avoir fait le choix de porter la candidature d’une femme. Mais cela ne nous empêchera pas de travailler. Nous sommes là pour l’intérêt des Mahorais et rien d’autre », assure le vainqueur sur M’Tsapéré et Doujani. Même son de cloche pour la candidate malheureuse du jour. « Ce n’est pas ce qui va m’arrêter et m’empêcher de porter haut et fort les engagements pris auprès de la population de Dzaoudzi-Labattoir. Au contraire, cela me donne la force d’aller voir tout ce que nous pouvons faire pour développer Mayotte et surtout donner de l’espoir », assure la Petite-Terrienne.
Nouveau retournement de situation inattendu à l’issue de la suspension de séance. Pendant cette pause d’une heure, chacun détermine et propose sa liste des membres de la commission permanente. Mais patatra ! Le temps est écoulé et les élus de l’opposition boycottent leur présence. « Ils viennent ou ils ne viennent pas », s’impatiente Ben Issa Ousseni, en se tournant vers quelques agents administratifs de la collectivité. Plus de 15 minutes s’écoulent avant qu’ils ne pointent le bout de leur nez… « Il n’y a que les Mahorais pour faire la politique de la chaise vide », chuchote Bahati Houmadi, suppléante de « Fifi » sur Koungou. Un retard assumé aux conséquences non négligeables ! Avec une seule note en sa possession au bout du temps imparti, le chef de l’exécutif n’a pas d’autre alternative que de constituer le nouveau bureau du Département avec les sept premiers noms de la liste présentée (voir encadré), à savoir Salime Mdéré, Tahamida Ibrahim, Ali Omar, Zouhourya Mouayad Ben, Bibi Chanfi, Daoud Saindou Malide et Madi Vélou.
Entre espoir et désespoir
Place enfin au premier discours de Ben Issa Ousseni. Au cours de celui-ci, le nouveau responsable de la collectivité rabâche les indispensables défis de la jeunesse, de la formation, de la précarité sociale, du renforcement des soins médicaux de proximité, de l’économie, de l’aménagement. « Pour les relever, nous devons travailler en synergie », prône-t-il. Avant d’insister sur l’utilisation à bon escient du plan de relance, des fonds européens et du contrat de convergence. « Nous voulons un territoire fort qui s’affirme davantage dans la région de l’océan Indien et le canal du Mozambique. Restons unis et solidaires pour conforter Mayotte dans un élan social et économique. »
Des mots forts qui n’attendent que des actes concrets. Mais en ce 1er juillet, reste surtout l’espoir déçu pour certains de voir une femme accéder pour la première fois à la présidence du Département. « La difficulté est que ce n’était pas [Maymounati Moussa Ahamadi] qui était candidate. C’est ça le problème, elle a été mise comme un paravent. Elle était avec nous jusqu’à hier [mercredi 30 juin]. À 14h, elle était première vice-présidente… Quelqu’un l’a arrachée pour la présenter en face et la faire reine. Était-ce vraiment une façon de promouvoir la femme ? », confie et s’interroge Mansour Kamardine. De quoi nourrir de profonds regrets pour la principale concernée. Qui a raison, qui a tort dans tout ce schmilblick ? C’est toute la singularité de la vie politique dans le 101ème département…
La répartition des sièges de la commission permanente
Aussitôt après l’élection du président et sous sa présidence, le conseil départemental fixe le nombre des vice-présidents et des autres membres de la commission permanente. Ces derniers sont élus au scrutin de liste. Chaque conseiller départemental peut présenter une liste de candidats, qui doit être composée alternativement d’un candidat de chaque sexe.
Les listes sont déposées auprès du président dans l’heure qui suit la décision du conseil départemental relative à la composition de la commission permanente. Si, à l’expiration de ce délai, une seule liste a été déposée, les différents sièges de la commission permanente sont alors pourvus immédiatement dans l’ordre de la liste et il en est donné lecture par le président. Dans le cas contraire, le conseil départemental procède d’abord à l’élection de la commission permanente, à la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne, sans panachage ni vote préférentiel. Les sièges sont attribués aux candidats dans l’ordre de présentation sur chaque liste. Si plusieurs listes ont la même moyenne pour l’attribution du dernier siège, celui-ci revient à la liste qui a obtenu le plus grand nombre de suffrages. En cas d’égalité de suffrages, le siège est attribué au plus âgé des candidats susceptibles d’être proclamés élus. Si le nombre de candidats figurant sur une liste est inférieur au nombre de sièges qui lui reviennent, le ou les sièges non pourvus sont attribués à la ou aux plus fortes moyennes suivantes.
Après la répartition des sièges de la commission permanente, le conseil départemental procède à l’élection des vice-présidents au scrutin de liste à la majorité absolue, sans panachage ni vote préférentiel. Sur chacune des listes, l’écart entre le nombre des candidats de chaque sexe ne peut être supérieur à un. Si, après deux tours de scrutin, aucune liste n’a obtenu la majorité absolue, il est procédé à un troisième tour de scrutin et l’élection a lieu à la majorité relative. En cas d’égalité de suffrages, les candidats de la liste ayant la moyenne d’âge la plus élevée sont élus.
Les femmes n’ont pas emboîté le pas de Maymounati
À l’issue du scrutin, Said Omar Oili ne remet aucunement en cause le choix de la désormais opposition d’avoir présenté Maymounati Moussa Ahamadi au poste de présidente du Département. « Le combat de Mayotte a été mené par des femmes, donc nous avons voulu [en] présenter [une] qui a la tête sur les épaules et les compétences », précise le maire de Dzaoudzi-Labattoir. « Les élus n’ont pas voulu rentrer dans l’histoire, c’est dommage… » Celui-ci fustige surtout les autres élues qui ont préféré jouer la carte politique plutôt que de saisir la balle au rebond. « J’avais l’espoir qu’elles auraient une réaction. Certaines ont rejeté cette candidature. Il y a à méditer. » S’il dit n’avoir « ni frustration ni déception », il regrette « cette continuité dans l’incertitude ».
Le choix de la continuité pour Soibahadine Ibrahim Ramadani
Soibahadine Ibrahim Ramadani est un ancien président de Département heureux. Pour lui, l’élection de Ben Issa Ousseni est « le choix de la continuité ». « D’autant plus qu’il a fait pour l’essentiel sa campagne sur le bilan et les projets de cette mandature. » Une manière de légitimer ses réalisations. « Si ce bilan était si mauvais que cela, il aurait dû être victime de dégagisme. Or, les électeurs lui ont renouvelé leur confiance et ses pairs l’ont choisi majoritairement. »
Le désormais retraité de la vie politique a également un œil très averti sur la vision des femmes dans le milieu. « Malgré leurs compétences, les Mahoraises et les Mahorais ne sont pas encore prêts à les placer à la tête des grandes institutions et entreprises. Mais cela ne les déclasse pas. » Avant d’adresser un message à Maymounati Moussa Ahamadi. « Elle fait partie de ces femmes qui ont crevé l’écran pendant la campagne. Nous pouvions penser qu’elle était prédestinée à un avenir au plus haut sommet du Département. Il y a peut-être un moment où il faut enrichir l’expérience, se faire connaître, entretenir des relations encore plus fortes et convaincre les réticences. »