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Le lait maternel et ses bienfaits considérables pour l’enfant et la mère

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L’allaitement maternel a toujours fait partie des coutumes à Mayotte. Un geste naturel que les mères mahoraises accomplissaient sans se poser de questions. De nos jours, la mondialisation a relégué le lait maternel au second plan, au profit du lait artificiel. Pourtant, l’allaitement maternel est un allié incontournable pour le bébé et la mère. Les professionnels se démènent pour informer les familles, particulièrement durant la semaine mondiale de l’allaitement, du 2 au 6 août. Le réseau périnatal de Mayotte s’est déplacé dans différentes villes du territoire pour mener une campagne de sensibilisation. L’occasion de rappeler l’importance du lait maternel avec le président du Répéma, le docteur Soumeth Abasse, également pédiatre au CHM.

Flash Infos : Quels retours avez-vous eu des mères qui vous ont approchés durant la semaine mondiale de l’allaitement ?

Soumeth Abasse : C’est la première fois que le Répéma se mobilise pour une campagne directement ciblée à la population. Les autres années, nous faisions des formations destinées aux professionnels, tels que les infirmiers, les auxiliaires de puériculture, certains médecins. Nous avons mené des actions sur le terrain, nous avons mis des affiches un peu partout. Nous avons l’impression que tout cela a été utile, parce que nous avons des mamans qui ont été surprises par certains messages positifs sur le lait maternel.

FI : Quels sont les bienfaits du lait maternel pour un bébé ?

S. A. : Ils sont nombreux ! Le lait maternel est un aliment de qualité et complet pour le bébé. Il est nourrissant, nous n’avons pas besoin de le compléter avec d’autres aliments. En plus de cela, il est personnalisé pour chaque enfant. Nous voudrions casser le cliché qui dit que le lait maternel est destiné aux familles défavorisées. Certains pensent que lorsque l’on nourrit son enfant avec le lait maternel, c’est parce que nous n’avons pas les moyens d’acheter le lait artificiel… Nous devons arrêter de penser ainsi. Le lait maternel protège le bébé des infections. Cela ne veut pas dire qu’il ne tombera jamais malade, mais cela réduit la dangerosité de ces infections. Un bébé nourrit exclusivement au lait maternel est moins hospitalisé.

Il y aussi un autre aspect non négligeable. Quand on allaite, la mère et le bébé sécrètent de l’ocytocine, plus communément appelé l’hormone de l’amour. Cela permet de renforcer ce lien entre les deux, et c’est très important pour le développement de l’enfant. Il y a aussi des études qui montrent que le lait maternel participe largement au développement intellectuel du bébé. L’organisation mondiale de la santé (OMS) recommande fortement de nourrir son bébé exclusivement avec du lait maternel jusqu’à six mois. Plus l’allaitement maternel dure, plus l’enfant est protégé.

FI : Et qu’en est-il de la mère qui allaite ?

S. A. : Elle a tout à y gagner également. Après l’accouchement, l’utérus d’une mère qui allaite reprend sa place plus rapidement que celui d’une mère qui n’allaite pas. Nous savons aussi que l’allaitement permet aux mamans de perdre plus de poids. Et il réduit aussi les risques de cancer du sein.

FI : Combien de mères allaitent à Mayotte ?

S. A. : Nous savons qu’à la sortie de la maternité beaucoup de mamans allaitent. Le taux est autour de 80 à 90%. Le problème c’est que nous savons pas à six mois de vie du bébé, combien de mères continuent le lait maternel exclusif. Une enquête doit être publiée par santé publique France, mais pour l’instant, nous n’avons pas encore les données. Cela étant, je pense que le taux ne doit pas être très élevé parce que beaucoup font l’allaitement mixte.

FI : Le lait artificiel a pris beaucoup de place dans la société. Avez-vous l’impression que les mères sont assez sensibilisées sur les bienfaits du lait maternel ?

S. A. : Peut-être pas suffisamment. Dans nos traditions, les mamans étaient habituées à allaiter, c’était un geste naturel. Et de ce fait, nous ne nous sommes pas creusés la tête pour encourager l’allaitement. Parallèlement, les laboratoires ont mis pas mal d’énergie et de moyens pour promouvoir le lait artificiel. Dans les pays du tiers monde et même en Europe jusqu’aux années 90, le lait artificiel était la référence. Et maintenant, depuis environ 20 ans, onous encourageons beaucoup le lait maternel. Ce sont même les femmes issues d’un milieu aisé qui allaitent davantage.

Malheureusement sur notre île, souvent les mamans préfèrent un allaitement mixte alors qu’elles peuvent complètement allaiter leur bébé. Nous n’avons pas besoin de rajouter du lait artificiel à moins que la mère ne produise pas assez de lait, et même dans ce cas nous pouvons l’aider. Il ne faut pas que le code standard soit l’allaitement mixte. Les mères actives préfèrent le lait artificiel afin d’être plus libres, mais il existe le tire-lait. Les mamans peuvent tirer le lait et le garder au réfrigérateur, et ainsi avoir leur autonomie. Cet appareil est remboursé par la sécurité sociale jusqu’à six mois de vie du bébé. Donc je pense qu’il y a un certains nombre d’actions qu’il faudrait mettre en place pour valoriser le lait maternel.

FI : Le lait artificiel a longtemps été plébiscité, et depuis une dizaine d’années la tendance tend vers un retour au lait maternel. Pour quelles raisons ?

S. A. : Le lait artificiel nest pas mauvais, sa fabrication doit respecter des règles très strictes. Le problème c’est qu’il s’agit de lait de vache qui a été modifié pour ressembler le plus possible au lait maternel. Beaucoup de soignants sont un peu frustrés, parce que nous faisons beaucoup de publicité pour le lait artificiel alors qu’il n’y en n’a pas assez pour le lait maternel.

FI : Une mère atteinte de la Covid-19 peut-elle allaiter son bébé ?

S. A. : Au départ, en Chine ils avaient interdit le lait maternel pour les mères infectées en pensant qu’il y avait un risque pour le bébé. Maintenant, nous avons assez de recul pour savoir qu’il y a plus de risques à ne pas allaiter son bébé. La mère peut mettre son masque et allaiter le bébé tout en prenant ses précautions d’hygiène. En plus, les anticorps de la mère passent à travers le lait maternel et renforcent l’immunité du bébé.

À Mayotte, la prévention contre les noyades nage en eaux troubles

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La fin du mois de juillet a vu se jouer la première journée mondiale de prévention de la noyade, alors que nombre de jeunes perdent chaque année la vie dans les eaux mahoraises. Pour pallier au manque d’équipements et d’effectifs, l’association du Cercle des Nageurs de Mayotte envisage plusieurs solutions.

Mars 2021. Sur la plage de Trévani, une enfant de cinq ans perd la vie après s’être noyée. Moins d’un an plus tôt, un jeune homme décédait dans les mêmes conditions, cette fois à Sakouli. À quelques mois d’intervalle, un adolescent d’une douzaine d’années disparaît dans les eaux de la retenue collinaire de Combani où il était parti se baigner, malgré l’interdit, avec sa bande de copains. En 2019, cette fois, un garçonnet de neuf ans se noyait dans le plan d’eau près du remblai de M’tsapéré. L’historique pourrait encore être long, tant le problème, à Mayotte, est récurrent. Il faut dire qu’à ce jour, aucune plage n’est aménagée pour la surveillance de baignade. Et culturellement, sur une île où l’océan nourrit nombre de craintes, la pratique de la natation est loin d’être acquise par le plus grand nombre.

Alors, le 25 juillet, la première journée mondiale de prévention de la noyade revêtait, ici, un enjeu tout particulier, dont le Cercle des Nageurs de Mayotte s’en est fait le porte-voix, le week-end dernier, à l’occasion d’une journée de sensibilisation organisée spécialement pour l’occasion avec les jeunes du centre de loisirs de Chiconi, sur la plage de Sohoa. « C’est là que j’ai commencé à y faire mes premiers cours, quand je suis arrivée à Mayotte en 2017 », retrace Hervé Ducongé, président de l’association et instigateur de l’événement. « À l’époque, j’ai été choqué de voir qu’aucune surveillance n’était mise en place, y compris sur les jours à forte fréquentation et à haut risque. D’autant plus qu’ici, peu de personnes savent vraiment nager. »

Manque d’équipements et d’effectifs

Depuis, le Cercle des Nageurs poursuit trois objectifs. D’abord, le développement de la natation « scolaire », censée « [faire] partie intégrante des programmes d’enseignement de l’école, comme le rappelle le ministère de l’Éducation nationale sur son site Internet ». « Mais à Mayotte, on ne remplit pas, ou peu cette obligation », souligne Hervé Ducongé. La faute, essentiellement, au manque d’infrastructures sportives et de personnel compétent. Or, « quand vous ne savez pas jouer au foot, vous n’êtes pas en danger. Quand vous ne savez pas nager, oui ».

« L’autre difficulté, c’est de pouvoir recruter des locaux, ce qui est une volonté affichée du rectorat », souffle-t-il. Car pour être titularisé, tout professeur doit présenter une attestation de natation… « C’est aussi le cas pour les pompiers, les gendarmes, les hôtesses de l’air, les animateurs… » C’est donc tout naturelle que le Cercle des Nageurs ambitionne également de former un large nombre d’éducateurs et d’initiateurs à la surveillance de la baignade, selon les standards nationaux. « Mais à Mayotte, cela implique d’aller faire reconnaître le diplôme à La Réunion, ce qui coûte très cher. »

Un bassin mobile dans les cartons

Certes, quelques initiatives voient sporadiquement le jour, mais trop peu à en juger par les besoins du territoire. « Dans la communauté de communes du Sud, ou à Bandrélé, il y a des tentatives de surveiller les plages, mais exclusivement à terre », salue le président de l’association reconnue d’utilité publique, qui ambitionne de faire nager « 15 à 20.000 gamins par an » grâce à un projet inédit.

Pour apprendre à nager, encore faut-il pouvoir le faire dans les bonnes conditions, soit « à marée haute, qui dure entre quatre et six heures selon les plages ». D’où, outre l’idée d’installer des postes de secours, celle d’un bassin mobile d’apprentissage, installé dans un conteneur, en complément de bassins lagunaires en eaux profondes au-delà du tombant. « Avec cette solution, on réglerait beaucoup de problèmes », défend Hervé Ducongé. « Il faudra dans un premier temps faire venir des tuteurs et maîtres-nageurs de l’extérieur, mais cela permettra ensuite de former et de tutorer des locaux ! C’est un vrai travail de continuité. » Actuellement, aucun maître-nageur n’est déployé à plein temps sur ne serait-ce qu’une seule plage mahoraise. Car légalement, seuls les sites de baignade aménagée doivent être surveillés. À Mayotte, aucun ne l’est. Résultat, l’île affiche entre cinq et dix morts par noyade chaque année. « Les municipalités sont responsables dans la zone des 300 mètres s’il se passe quoique ce soit. Elles ont obligation de prêter assistance et secours et de garantir la sécurité de leurs administrés. » Mais à ce jour, force est de constater que la sécurisation des espaces de baignade n’est pas une priorité, alors que nombre de parents manquent de vigilance sur les plages, comme le rappellent régulièrement de morbides faits divers.

Un enjeu sécuritaire, mais pas seulement…

Mais l’apprentissage de la natation n’est pas qu’une question de loisirs ou de sécurité des personnes, puisque la pratique présente aussi des avantages considérables pour la santé. « Nous proposons aussi des cours, comme l’aquagym, à destination des personnes diabétiques, âgées ou qui ont des problèmes de tension. Nous sommes aussi affiliés à la fédération pour la pratique du handiscport », se réjouit Hervé Ducongé, dont les cours vont jusqu’aux bébés nageurs. Le tout, toujours, évidemment, sérieusement encadré.

Et là où la mer est synonyme de potentiel touristique et d’attractivité, elle pourrait également se faire ambassadrice du sport mahorais. À condition que la compétition s’y développe. En ce sens, une section UNSS de natation ouvrira dès la rentrée prochaine avec des cours hebdomadaires donnés par des professeurs d’éducation physique et sportive. Puissent-ils finir par se jeter dans le grand bain de la piscine olympique qui devrait voir le jour à Mayotte avant les prochains Jeux des Îles de l’océan Indien, en 2027.

noyade-cercle-des-baigneurs-natationPour apprendre à nager… Et plus

Le Cercle des Nageurs propose des cours hebdomadaires de natation à Tahiti Plage et, selon les périodes, de waterpolo à Iloni pour tous les publics. Comptez 110 euros par trimestre et par adulte, et 50 euros pour les mineurs (déductibles des impôts à hauteur de 65%). Plus de renseignement sur la page Facebook Cercle des nageurs de Mayotte.

Chaharoumani Chamassi : « J’ai commencé comme gardien de la paix et j’ai fini comme capitaine, échelon exceptionnel »

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Après près de 30 ans de bons et loyaux services, le capitaine Chaharoumani Chamassi est parti à la retraite mercredi dernier en recevant la médaille de la direction territoriale de la police nationale des mains du commissaire général, Laurent Simonin. Retour sur une carrière bien remplie au cours de laquelle il a fini chargé de mission auprès de la préfecture.

Flash Infos : Mercredi dernier coïncidait avec votre départ à la retraite, à l’âge de 57 ans. Comment avez-vous vécu cette journée qui marque la fin de votre carrière professionnelle au sein de la police nationale ?

Chaharoumani Chamassi : J’étais très ému, car ce n’était pas du tout prévu ! À l’origine, je passais simplement dire au revoir. C’était un honneur de recevoir cette médaille symbolique de la direction territoriale de la police nationale des mains de Monsieur Simonin, un haut fonctionnaire très engagé qui va changer beaucoup de choses à Mayotte. Même si elle est habituellement réservée aux personnalités qui arrivent sur l’île, c’est une grande fierté !

Beaucoup de mes collègues étaient à mes côtés. Certains me disaient leur regret de me voir partir aussi tôt, alors que je pars à l’âge légal selon nos statuts (rires). Mais je tiens à les rassurer, je ne vais pas me tourner les pouces, plein d’opportunités vont se présenter : je vais rester actif et contribuer à mon niveau au rayonnement et au développement de l’île. Je n’ai pas lu de critique à mon égard, je n’ai reçu que des messages de sympathie, c’était très touchant.

FI : Durant près de 30 ans, vous avez exercé au sein de la police nationale. Quelle image garderez-vous en tête ? Quels ont été vos meilleurs moments au cours de toutes ces années ?

C. C. : J’ai eu l’occasion d’exercer en métropole, en tant que CRS en région parisienne, dans des quartiers bien connus. Cela n’a rien à voir avec les petits cailloux que l’on lance ici lors des manifestations. Là-bas, c’était des boules de pétanque, des fers à repasser, des micro-ondes ! J’ai aussi eu la chance de travailler à Orly, à Melun… Ces expériences m’ont permis de mieux comprendre le métier.

J’ai été le premier responsable de la brigade anti criminalité en 2001-2002. Avant de rentrer fin 2006 à l’École nationale de la police nationale, un passage obligé pour tous les officiers. J’étais face à des jeunes qui avaient la trentaine, alors que j’étais déjà père de famille. J’ai dû vendre l’une de mes parcelles de terrain pour emmener tout le monde. Je ne voulais pas laisser mes enfants seuls alors qu’ils atteignaient l’âge de l’adolescence. J’ai pu louer une maison et leur faire continuer leur scolarité en toute sérénité.

Ma formation était très lourde, mais elle m’a énormément apporté. En 2007, à mon retour à Mayotte, j’ai occupé des postes d’adjoint au commandant des unités de voie publique, Mogné Mali Hervé, avec le grade de lieutenant. Puis de 2014 à 2016, je suis passé chef du commissariat annexe, situé sur la place de marché.

Bien avant que j’aille en métropole, j’étais déjà gradé au sein du commissariat. J’ai commencé comme gardien de la paix et j’ai fini comme capitaine, échelon exceptionnel. Ce qui correspond à un commandant au 4ème échelon, c’est-à-dire avec huit ans d’expérience.

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FI : Vous avez exercé la majeure partie de votre carrière à Mayotte. Comment analysez-vous l’évolution de votre métier et comment sont perçus les policiers selon vous ?

C. C. : Vous savez, je suis rentré au sein de la police en 1992, après un bref passage dans les rangs de l’Éducation nationale. Et jusqu’à maintenant, la tenue est encore bien acceptée et respectée. Nous avons la chance de circuler seul sans nous faire agresser. Chose qui est pratiquement devenue impossible en métropole… Alors oui, nous avons quelques brebis galeuses, des jeunes délinquants qui copient ce qu’ils voient à la télé et dans les films. C’est bien dommage, mais ceux-là sont sous la responsabilité de leurs parents. Ce sont eux qui enfantent et qui doivent éduquer leurs enfants. S’ils rencontrent des difficultés, ils doivent demander de l’aide. Mais ce n’est en aucun cas la faute des collectivités et de l’État, qui arrivent en dernier ressort.

FI : Depuis 2016, vous étiez chargé de mission auprès de la préfecture. En quoi consistait votre rôle ?

C. C. : Mon poste exact était de gérer la coordination et la planification de la sécurité intérieure mais aussi la prévention de la délinquance. Sur ce sujet-là, nous avons travaillé avec les différents services de l’État, aussi bien les polices municipale et nationale que la gendarmerie et les mairies. J’ai réussi à mettre en place des réunions mensuelles de sécurité et de prévention de la délinquance dans les 17 communes de Mayotte. Elles ont changé les comportements entre les élus et les forces de l’ordre. À mon arrivée, le courant ne passait pas forcément, car nous n’avions tout simplement pas la possibilité de nous rencontrer régulièrement. Cela nous a permis de nous asseoir autour de la même table et de chercher des solutions ensemble sur le court terme.

FI : Comment comptez-vous occuper vos journées désormais ? Certaines rumeurs parlent de vous pour prendre la tête de la direction de la police municipale de Mamoudzou…

C. C. : Des propositions et des opportunités m’ont été offertes. Si le maire veut m’accorder la possibilité de partager mon expérience, pourquoi pas. Mais rien n’est officiel pour le moment. Quoi qu’il en soit, je vais me concentrer sur la jeunesse à travers mon association « 2 mains pour les enfants ».

L’intersyndical du CHM dénonce l’obligation vaccinale du personnel de l’hôpital

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Ce jeudi 5 août, l’intersyndical du centre hospitalier de Mayotte s’est réunie afin d’émettre son avis sur la vaccination des agents de l’hôpital. Les représentants des syndicats redoutent les sanctions prévues si l’un d’entre eux refusent de se faire vacciner.

La date fatidique du 15 septembre approche à grands pas et l’inquiétude s’intensifie dans les différents hôpitaux de France. L’annonce du ministre de la Santésur les sanctions prévues par le gouvernement en cas de non vaccination du personnel soignant a encore du mal à passer auprès des principaux concernés. Olivier Véran avait indiqué qu’ils ne pourraient plus travailler et perdraient ainsi leurs salaires. Depuis, une vague de contestation s’est soulevée un peu partout dans le pays. À Mayotte, les agents de l’hôpital se sont fait discrets jusqu’à présent. Désormais, la donne a changé : les différents syndicats présents sur l’île montent également au créneau pour dénoncer l’application de la loi sanitaire adoptée par le Parlement.

Le syndicat SUD Santé Sociaux a lancé un appel national à la grève à partir de ce mercredi 4 août. Le mouvement n’est pas encore suivi à Mayotte, mais les organisations syndicales se sont réunies ce jeudi 5 août pour mettre en garde le centre hospitalier de Mayotte. « Nous ne pouvons pas juste appliquer ce que le gouvernement dit sans discuter. Nous savons que la direction du CHM n’a pas d’autre choix que d’appliquer la décision, mais cela doit se faire dans la négociation. Nous devons avoir notre mot à dire et trouver la meilleure solution pour nous », explique Anli Madi Rigotard, secrétaire général adjoint de la CFDT. La position de l’intersyndical n’est pas celle des anti-vaccins. Elle n’est pas contre le vaccin, mais est plutot opposée contre les sanctions envisagées à l’égard des agents de l’hôpital qui n’auraient pas reçu leur dose. « Ce qui nous importe, c’est de ne pas mettre en danger le statut de l’agent hospitalier. L’intersyndical sera vigilant pour voir ce que la direction va appliquer. Le plus important est de ne pas licencier et de renouveler les contrats parce que nous en avons besoin », indique Darmi Dhoifiri, secrétaire général de Force ouvrière à Mayotte. De son côté, la direction du CHM ne souhaite pas s’exprimer avant la mise en vigueur de la loi.

« Le gouvernement nous a mis le couteau sous la gorge »

Le Conseil constitutionnel a validé en partie la loi sur le pass sanitaire, ce jeudi après-midi. Si certaines mesures ont été rejetées par les Sages, d’autres ont été acceptées. La vaccination obligatoire du personnel soignant en fait partie. Une nouvelle qui enlève tout espoir aux syndicats. « Le gouvernement nous a mis le couteau sous la gorge. Même s’il dit quil nous donne du temps pour nous faire vacciner », assure Darmi Dhoifiri. « Nous resterons vigilants et sil faut que nous soyons en grève pour nous faire entendre alors nous le ferons. Sil faut aller dans la rue et fermer l’hôpital, nous le ferons », prévient Anli Madi Rigotard.

L’intersyndical redoute les conséquences qui découleront de ce projet de loi qui entrera en vigueur après une révision du Conseil constitutionnel. Selon les représentants, les contrats précaires sont les plus exposés. « Ceux qui sont en CDD de remplacement ou de renfort vont se sentir obligés de se faire vacciner par peur de ne pas être recrutés ou renouvelés », précise le secrétaire général de FO. Pour la CFDT, il s’agit tout simplement d’un « chantage auprès des contractuels », même si on rappelle que c’est l’ensemble du personnel soignant qui est concerné par le projet de loi du pass sanitaire. De plus, « chez nous, l’hôpital ne peut pas se permettre de ne pas renouveler les contractuels parce que nous sommes en manque de personnel. Il ne faut pas rajouter d’autres complications », complète Anli Madi Rigotard. Les licenciements et le non renouvellement des contrats sont en effet un luxe que le CHM ne peut pas se payer, puisque la direction rencontre des difficultés à recruter. Elle devra donc trouver le juste milieu entre l’application de la loi et la réalité mahoraise.

Un groupe de randonneurs dépouillé au Mont Choungui

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Une nouvelle agression s’est produite le vendredi 23 juillet à l’occasion de l’ascension du Mont Choungui. Si aucun blessé n’est à déplorer, l’organisateur de randonnées en charge du groupe dépouillé dénonce l’immobilisme des autorités compétentes et quémande une sécurisation des sites touristiques du territoire.

Vendredi 23 juillet, 8h10. Onze personnes, dont quatre femmes et trois mineurs, s’élancent pour l’ascension du Mont Choungui. Quelques secondes après une pause fraîcheur au niveau du deuxième faré, la troupe du jour attaque la montée. Mais au bout de seulement cinquante mètres, elle tombe nez à nez avec sept individus, armés de coupe-coupe. « Ils nous ont encerclés et nous ont demandé nos téléphones et notre matériel qui sert à filmer les excursions », relate l’organisateur officiel de randonnées, sous couvert d’anonymat. « Ils étaient à la fois très excités et nerveux. »

Immédiatement, la peur gagne les esprits de ces amoureux de la nature, qui ne cherchent pas à se défendre. « Nous ne pouvions rien faire à part coopérer », confie le trentenaire, encore sous le choc de cette première agression depuis le lancement de sa société il y a de cela près de trois ans. Alors que l’un des marcheurs se fait la malle pour revenir au point de départ dans le but de prévenir les autres promeneurs et d’alerter les forces de l’ordre, Ismaël* et un autre membre du groupe tentent de poursuivre leurs agresseurs, évaporés sur le GR (un itinéraire balisé de randonnée pédestre, ndlr.) en direction de Dapani. « Je salue l’intervention des gendarmes qui se sont déplacés en nombre et qui ont même sorti l’hélicoptère pour scruter les alentours. » Mais la chasse à l’homme s’avère rapidement infructueuse, en raison d’une végétation dense.

Après les paroles, place aux actes

Deux semaines plus tard, l’entrepreneur ne décolère toujours pas. « Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas davantage de patrouilles autour de ce site, qui est l’un des plus visités de Mayotte, surtout durant cette période de vacances scolaires. C’est inadmissible alors que ce genre d’événements est récurrent ! » Dans son viseur : les élus du conseil départemental, dont l’absence de réaction le fait sortir de ses gonds. « Pendant les élections, les candidats promettent monts et merveilles. Mais derrière ces belles paroles, il n’y a aucun acte. C’est à eux de réagir et de prendre leur responsabilité par rapport à la sécurité des touristes. Ils ont laissé leur île à l’abandon. »

Face à ce constat, Ismaël s’interroge sur le devenir de son secteur d’activité, durement touché par la crise sanitaire. « Nous sommes dans un État de droit. Je ne peux pas demander aux clients de se déplacer les poches vides, par peur de se faire dépouiller, et systématiquement prévenir les autorités à chaque sortie… » Conséquence, « les professionnels du tourisme mahorais prennent très cher ». Malgré sept dépôts de plainte à la brigade de M’Zouazia le matin-même, les conséquences de cette mésaventure risquent de laisser des traces indélébiles. « Une jeune dame du groupe vivait sa première expérience à Mayotte. Je ne sais pas si elle y remettra les pieds », lâche-t-il d’un ton désespéré, à quelques heures de repartir, le moral en berne, à l’assaut des sentiers du Sud.

* le prénom a été modifié

Le président d’Interco’ Outre-mer reçu en grande pompe à Mayotte

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Sur l’invitation de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, Maurice Gironcel, le président d’Interco’ Outre-mer, est venu rencontrer les acteurs de terrain du 101ème département. Préfecture, conseil départemental et bien évidemment, communautés de communes, ce tour d’horizon devrait permettre à l’île d’être mieux représentée auprès de Paris et de l’Europe.

Sa première visite officielle à Mayotte s’est achevée ce mercredi. Maurice Gironcel, maire de Sainte-Suzanne et surtout président d’Interco’ Outre-mer, est venu, sur invitation de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, rencontrer les acteurs de terrain locaux afin de mieux comprendre la façon dont se décline le rôle des intercommunalités sur le territoire. « Ce fut un séjour très dense et très riche ! », salue-t-il au lendemain de son départ.

Et pour cause, en seulement quelques jours de déplacement, Maurice Gironcel a pu échanger avec Thierry Suquet, nouveau préfet de Mayotte, et Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental. S’agissant de ce dernier, « nous lui avons expliqué l’intérêt de l’intercommunalité dans les Outre-mer », retrace le maire réunionnais. « Elles prennent de plus en plus d’importance dans le développement économique du territoire, alors nous devons faire en sorte que dès le départ, les intercos soient parties prenantes des discussions et des orientations de nos différents territoires pour travailler de concert avec l’État, les départements et régions, et l’Europe. »

Mais alors, pourquoi les représenter sous un groupement commun aux cinq départements d’outre-mer ? « Quand on ira discuter avec les pouvoirs publics nationaux et européens, on pourra parler d’une seule et même voix », défend encore Maurice Gironcel. « Si chacun vient avec son petit projet, il pourrait y avoir une certaine tentation de jouer la division. » D’où l’intéret d’un porte-voix global, à la façon de l’association des maires de France.

Transports divers et variés

Une méthode face à laquelle le préfet de Mayotte se serait montré très sensible, selon le président d’Interco’ Outre-mer. « Il a été très attentif, notamment en matière économique, environnementale, et sur la question de la mobilité et des transports. » Un dernier sujet qui a par ailleurs fait l’objet de « très longues discussions avec la Cadema », aussi bien en terme de transports des personnes que des marchandises, et ce par voie maritime. « Avec les embouteillages que connaît Mayotte, il y a une sérieuse piste à creuser ! », envisage Maurice Gironcel, qui salue par la même le travail mené par la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou concernant le déploiement de panneaux solaires.

« À Mayotte, les intercommunalités sont jeunes », rappelle le premier magistrat de Sainte-Suzanne. « Pourtant, des choses déjà très concrètes se mettent en place », à l’image du projet de hall de pêche à Dzaoudzi-Labattoir, dont les travaux, lancés par la communauté de communes de Petite-Terre, se chiffrent à 1.6 million d’euros. « C’est tout l’enjeu de cette visite : sensibiliser les intercos, comprendre comment elle travaille pour restituer au mieux à Paris et à l’Europe les spécificités des territoires ultramarins, de nos retards certains mais aussi de nos fils communs. » Alors, au travail !

Crédit photos : Conseil départemental de Mayotte

Après la mort d’un homme, agressé à Koungou, la mairie montre les crocs

En fin de semaine dernière, un homme âgé d’une quarantaine d’années est décédé à Koungou, après avoir été agressé par des bloqueurs de routes. Entre mercredi et vendredi, la ville a connu une explosion de violences, entre caillassages et incendies criminels.

« Prendre des mesures en urgence. » Jeudi et vendredi derniers, la municipalité de Koungou organisait deux réunions de crise afin de prendre des mesures d’urgence. Car lourd est le bilan laissé par les derniers jours : plusieurs barrages entre la commune et sa voisine, Trévani, deux maisons et plusieurs voitures brûlées, trois blessés, et même un mort. En réponse, la ville a annoncé vouloir « déployer des moyens supplémentaires pour la police municipale », « sollicitater la préfecture pour des interventions plus soutenues des forces de l’ordre », « réfléchir sur la mise en place d’un couvre-feu dès 17 ou 18h » et « envisager des mesures à moyen terme dans le quartier de Barakani ».

À l’origine de ce nouveau déferlement de violences, le vol d’un sac à main. Il est 20h30, mercredi soir, lorsqu’un homme s’interpose entre une femme et un groupe de jeunes, qui tentent de lui voler ses effets personnels. L’équipe de voleurs répond immédiatement à grands coups de chombo, puis vont jusqu’à incendier intentionnellement la maison de l’individu, dans le quartier de Barakani. Dès lors, des affrontements éclatent entre des bandes de Trévani, de Koungou et de Dzoumogné. Ils dureront pendant 48 heures.

Ainsi, jeudi soir, un homme âgé d’une quarantaine d’années a été pris à partie, dépouillé puis agressé aux abords d’un barrage, dont il parviendra finalement à s’extirper. Mais, lourdement blessé au crâne, il décédera dans la nuit. Son corps a été ramené à Mamoudzou, un obstacle médico-légal ayant été émis par le parquet afin de faire la lumières sur les circonstances exactes du décès, a confirmé la gendarmerie.

Selon la municipalité de Koungou, où un homme avait été tué à l’arme blanche trois mois plus tôt, la délinquance s’est particulièrement accentuée ces derniers mois au sein et aux abords du quartier Jamaïque, visé par des opérations de décasage en mars dernier. La commune estime par ailleurs que les armes y circulent de plus en plus, et sont de plus en plus dangereuses, alors que certains sites se retrouvent particulièrement difficiles d’accès pour les véhicules d’intervention des forces de l’ordre et des secours.

Variant Delta à Mayotte : « Nous avons vraiment intérêt à gagner du temps pour retarder la vague »

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Alors que Mayotte était jusqu’alors épargnée par le variant Delta, celui-ci a fait son entrée sur le territoire la semaine dernière. Face à sa prolifération ultra rapide, l’agence régionale de santé rappelle l’importance de respecter les consignes sanitaires pour éviter un retour des mesures restrictives et une flambée des hospitalisations. Seule option : la vaccination, qui va continuer à s’accélérer.

Et de deux ! Si deux cas suspects du variant Delta tiennent encore en haleine l’agence régionale de santé, leur confirmation ne fait presque plus aucun doute. « Le criblage donne une forte présemption », admet Dominique Voynet, la directrice générale de l’autorité sanitaire dans le 101ème département. Les résultats du séquençage (cette technique de biologie moléculaire est la seule manière de savoir si le virus a muté, ndlr), envoyé jeudi dernier en métropole, doivent revenir d’ici quelques jours. Et ainsi passer en alerte l’île aux parfums, jusqu’alors épargnée après la l’hécatombe subie en début d’année.

En attendant l’officialisation, quelques prémisses démontrent une circulation de nouveau active sur Mayotte. Avec en premier lieu le doublement du taux d’incidence, passé de 5.7 à 11 en moins d’une semaine. « Les données commencent à trembloter ! Nous n’avons toujours pas d’hospitalisés, mais nous recensons une augmentation du nombre d’appels au centre 15. » Autre préoccupation ? La formation de deux clusters sur Petite-Terre et Barakani, en lien avec les deux cas cités. Or, l’une des dix personnes diagnostiquées se serait présentée à un mariage ce dimanche. De quoi faire bondir l’ancienne ministre. « Cela m’énerve un peu ! Si les gens ne respectent pas les gestes barrières et les mesures de septaine, ce ne sera pas la faute de l’ARS », insiste-t-elle face aux risques encourus.

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« Si cela se passe comme en Martinique, qui a connu trois semaines de frémissement avant une explosion, nous avons vraiment intérêt à gagner un maximum de temps pour retarder la vague. » Car oui, en cas de flambée épidémique dans l’ensemble des territoires ultramarins, comme cela se précise dans les Antilles et à La Réunion, les moyens allouées pourraient fondre comme neige au soleil. « S’il y en a en simultanée, nous ne pourrons pas bénéficier de renforts consistants de la réserve sanitaire et du service de santé des armées. » D’où le rappel à l’ordre de Dominique Voynet, qui note un relâchement significatif des habitants, notamment dans les mosquées, sur les plages et à l’occasion de manzarakas. L’objectif de la manœuvre ? Faire en sorte d’être en décalage avec les autres départements d’Outre-mer au mois de septembre.

La vaccination, une course contre la montre

Encore faut-il que la campagne de vaccination soit à la hauteur des espérances. « La semaine dernière, nous avons procédé à 6.900 injections. C’est un record. À ce jour, 30.71% de la population cible a reçu sa première dose » Un chiffre « correct » mais loin d’être suffisant aux yeux de Dominique Voynet, en raison d’une mise en route en dent de scie. Conséquence : en plus des cinq centres « tournants » aux quatre coins de l’île et du fixe tenu à Tsoundzou par la Croix Rouge les mardis et mercredis, « les deux jours les plus chargés », elle a récemment obtenu l’ouverture de créneaux dans les différents CMR (centres médicaux de référence) du CHM dans l’espoir de passer à la vitesse supérieure et d’atteindre les standards métropolitains.

La vaccination, une course contre la montre

Cette stratégie de déploiement s’inscrit dans un seul et unique but, à savoir réduire les inégalités territoriales. « Nous n’avons pas le droit de réaliser une statistique ethnique, mais nous avons des indications sur les classes d’âge et les communes. » Tandis que certains jouent les bons élèves, à l’instar de M’Tsangamouji, d’autres portent le bonnet d’âne, comme Koungou où « le nombre de vaccinés est ridicule ». Et c’est vers cette dernière en particulière que la directrice de l’ARS souhaite mettre le paquet. Comment ? En y installant très prochainement une structure pérenne. « J’ai demandé l’appui du maire, des associations et des services de l’État », assure-t-elle, avant de s’attaquer aux plus réticents. « Beaucoup disent que la vaccination tue ou qu’elle provoque des effets secondaires. Ce n’est pas rationnel, il faut toujours déconstruire ce genre de discours ! L’efficacité de Pfizer est plus importantante que nous le pensions puisqu’il serait efficace à 96% sur les formes sévères. »

L’autre défi de taille qui attend Dominique Voynet est la rentrée scolaire ainsi que la mise en place du pass sanitaire. La chef de file travaille de concert avec le rectorat pour s’attaquer à la vaccination des 12-17 ans, qui demande une présence et une autorisation parentales. Sans oublier les sportifs, avec le soutien du comité régional olympique et sportif (Cros) et des ligues respectives. « Le sens des responsabilités et de la solidarité envers les personnes les plus fragiles doit se développer », martèle-t-elle. Dans le cas contraire, de nouvelles restrictions pourraient refaire leur apparition… « Nous limiterons les déplacements si nous devons en arriver là… Même si la réflexion se fait de façon collégiale avec la préfecture, l’ARS, les ministères de la santé et de l’Outre-mer, à la fin c’est le gouvernement qui arbitre », prévient-elle. La balle est dans le camp des Mahorais.

Nickel, le service bancaire pour tous installé à Mayotte

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Cela fait une semaine que le service bancaire Nickel a fait ses débuts à Mayotte. Il est proposé par le salon de coiffure La Pause situé à Cavani. Le service se différencie des banques traditionnelles grâce à son accessibilité pour tous et sa rapidité. Cinq minutes suffisent pour obtenir une carte bancaire. Une solution pour les personnes ayant des difficultés à ouvrir un compte bancaire.

Ouvrir un compte bancaire dans une banque traditionnelle à Mayotte peut rapidement devenir infernal tant les documents et les conditions demandés sont nombreux. Beaucoup de personnes en font les frais et doivent s’en passer. Une situation qui a des conséquences sur leur vie. À l’exemple d’Abdillah qui voit les portes de son avenir se fermer à cause d’un relevé d’identité bancaire. « Je voulais faire une formation, mais on me demandait un RIB. J’ai alors essayé d’ouvrir un compte bancaire dans les différentes banques qui sont ici, mais elles exigeaient toujours un avis d’imposition ou un contrat de travail, choses que je n’ai pas », raconte-t-il. Abdillah n’a jamais pu créer son compte bancaire et a dû faire une croix sur la formation. Il est loin d’être un cas isolé.

« Cela fait des années que j’essaye d’ouvrir un compte, mais je n’ai jamais réussi. On m’exige toujours un contrat de travail alors que lorsque j’ai une proposition de travail, on me demande le RIB. C’est une histoire sans fin », déplore Fatima Youssouf. Dans la salle d’attente du salon de coiffure La Pause situé à Cavani, ils sont des dizaines à raconter le même scénario. Et tous se sont rendus sur place non pas pour se coiffer, mais pour trouver une solution à leur problème. Depuis le 26 juillet, le salon propose le service bancaire Nickel pour le plus grand bonheur de la centaine de personnes inscrites en l’espace de quelques jours. « Cela fait plusieurs années que je n’arrivais pas à faire des économies. Désormais, je sais qu’avec mon compte Nickel je vais pouvoir mieux gérer mon argent », assure Aliani Seda, fraîchement inscrit. D’autres pourront prétendre à leurs droits. « J’ai des enfants, et je ne reçois pas les allocations parce que je n’ai pas de compte bancaire. Nickel va me changer la vie », espère Fatima Youssouf.

Une solution pour les oubliés de la société

L’arrivée de Nickel à Mayotte s’est vite répandue et depuis, la salle d’attente du point d’accueil ne désemplit pas. Plus accessible, le service semble déjà avoir été ado pté par une catégorie de la population de l’île. Des personnes souvent sans travail, ou qui ne sont pas de nationalité française. Mais même si ces profils sont récurrents, Nickel est ouvert à tous. « Nous avons beaucoup de monde depuis l’ouverture, mais nous nous y attendions », indique Soiphiat Youssouf Bacar, la gérante du commerce qui propose les services Nickel. Ses collaborateurs et elle ont voulu installer ce service sur le territoire lorsqu’ils ont réalisé qu’une partie de la population vivant sur l’île faisaient face aux mêmes problèmes. « Nous avions beaucoup de retour de personnes qui avaient des difficultés à ouvrir des comptes bancaires. Les banques traditionnelles demandent énormément de documents et certaines personnes n’ont pas la possibilité de les avoir. Nous avons pensé que Nickel serait la solution pour elles », poursuit la responsable. En effet, cette banque un peu particulière est moins exigeante. Pour s’inscrire il suffit d’avoir une pièce d’identité en cours de validité, qu’importe la nationalité, une adresse postale et 20 euros pour les frais annuels. Le tout en un temps record de cinq minutes. « L’avantage c’est que nous consommons uniquement ce que nous avons sur notre compte. Il n’y a pas de découvert ni de crédit possible », précise-t-elle.

Grâce à ce nouveau service, certains pourront avoir un contrat de travail, un salaire, une bourse ou bénéficier des allocations. Nickel s’adapte également à la réalité locale où les transactions d’argent en espèces est monnaie courante. « Ici, nous faisons beaucoup de chicowa, nous gagnons aussi de l’argent dans les grands mariages. Les sommes atteignent plusieurs milliers d’euros. Mais lorsque nous plaçons cet argent dans les banques traditionnelles, elles veulent connaître leur provenance, ce qui n’est pas le cas avec Nickel », rappelle Abdillah. À l’heure actuelle, le service est victime de son succès puisqu’en seulement une semaine, toutes les cartes bancaires commandées ont été écoulées. Mais les inscriptions continuent dans l’attente d’un nouvelle arrivage d’ici quelques jours.

Carole Berthod, cheffe de mission océanographique : « Nous avons récolté des échantillons pour 5 à 10 ans d’études ! »

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Dans la région, les missions scientifiques se suivent mais ne ressemblent pas. La dernière en date, la campagne océanographique SCRATCH, a sillonnée les eaux et les fonds de Mayotte, Glorieuses, Tromelin dans les îles Éparses, et de La Réunion, du 1er au 22 juillet derniers. Trois semaines d’études pluridisciplinaires à bord du Marion Dufresne, organisées en urgence et dont les résultats pourraient livrer des données capitales pour le 101ème département. Carole Berthod, cheffe de mission, en dévoile les contours.

Flash Infos : La campagne SCRATCH a dû être organisée in extremis, suite à l’annulation des campagnes dites DIPOMOUSS et SEZAME. Que s’est-il passé ?

Carole Berthod : Ces deux campagnes ont été annulées à cause de problèmes liés au Covid notamment. Sur la première, il devait y avoir du personnel étranger, donc c’était très compliqué de pouvoir rassembler tout le monde à bord et à temps. Pour la seconde, c’était un problème d’autorisation de travaux dans les eaux du Mozambique… Résultat, un nouvel appel d’offre a été ouvert et nous avons eu 15 jours pour monter la campagne, alors qu’en général, on y réfléchit plusieurs mois, voire une année entière à l’avance…

En général, les campagnes sont présentées en septembre, pour être programmées sur l’année à venir ou la suivante. Là, nous avons dû tout faire dans l’urgence, nous avons discuté une bonne semaine avec tous les acteurs impliqués, dont 10 laboratoires français et les 34 scientifiques embarqués, et finalement nous sommes parvenus à tout faire. Donc campagne montée dans l’urgence, oui, mais surtout réussie !

FI : Quel était le but de la mission SCRACTH ?

C. B. : C’est une campagne très multidisciplinaire. Grâce à ces opérations, nous avons prélevé des roches pour étudier le volcanisme de la région, des sédiments pour étudier la biodynamie, de l’eau pour étudier la faune et la flore planctonique et l’impact des îles sur l’environnement marin. L’objectif, c’était de prélever de l’eau à différentes distances des îles, et nous l’avons d’ailleurs fait de chaque côté de Mayotte, pour voir le type d’ADN présent dans la région et l’impact qu’il peut avoir dans son environnement.mission-oceanographique-etudes-volcanFI : Comment avez-vous procédé pour récolter ces données ?

C. B. : Au total, nous avons réalisé 85 opérations de prélèvements en mer. Nous avons réussi à faire deux carottages (extraction d’échantillons de terrain sur fonds marins, ndlr) de 50 mètres qui vont nous permettre de faire des reconstructions climatiques sur les 2.5 millions d’années écoulées, afin de voir comment l’océan et le climat étaient auparavant sur les points de prélèvements.

Pour les carottages autour de Mayotte, où nous avons récolté l’un des échantillons les plus intéressants, nous avons utilisé des déstabilisations des sédiments de terrain pour étudier leur causes, leurs provenances, leur récurrence, et pouvoir discuter des risques selon nos résultats. Car une fois que l’on connaît les aléas en mer, c’est plus facile de s’organiser en fonction sur terre.

FI : Avez-vous réalisé des prélèvements au niveau du volcan sous-marin de Mayotte ?

C. B. : Nous ne sommes pas passé par le nouveau volcan, ce n’était pas l’objectif de la mission, qui visait à étudier le volcanisme à l’échelle régionale, y compris dans les Glorieuses et sur un banc à proximité de Madagascar, afin de mieux comprendre d’où vient le volcanisme dans cette zone et comment il se développe. Mais bien évidemment, les résultats de ces recherches auront un impact sur la connaissance du volcanisme à Mayotte. À la demande du Revosima, le réseau de surveillance volcanologique et sismique local, nous avons fait un petit relevé sur le Fer à cheval (une ancienne structure volcanique situé à l’aplomb de la zone de l’essaim sismique principale), au niveau de la ride active pour étudier les panaches qui s’en dégageaient. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’ils sont toujours actifs, mais il est trop tôt pour déterminer s’il y a eu une évolution. Là-dessus, une nouvelle mission MAYOBS est prévue en septembre et cela permettra de récolter plus d’éléments.mission-oceanographique-etudes-volcan

F.I : Quand les résultats des recherches menées dans le cadre de la campagne océanographique SCRATCH seront-ils connus ?

C. B. : Nous avons énormément d’échantillons, il y en a pour cinq à dix ans d’études et cela devrait bénéficier à une dizaine de thèses ! Dans les prochains mois, courant septembre ou octobre, nous allons rapatrier tous les échantillons par container en direction de Brest. Nous avons huit tonnes de carottes et plusieurs centaines de kilos de roche et d’eau. Chaque échantillon sera ensuite distribué, aux laboratoires compétents, et les premiers résultats arriveront début 2022.

FI : Une mission SCRATCH 2 est-elle déjà prévue ?

C. B. : Nous avons forcément des envies de compléter les choses, de voir plus loin, mais avant de programmer une autre campagne, il faut étudier ce que l’on a déjà. Nous pourrons peut-être en refaire une dans quelques années, mais il faut d’abord justifier le fondement de cette campagne, car elle coûte cher, environ un million d’euros en l’occurrence, financée par la flotte océanographique française. Mais c’est une région très intéressante, et ne serait-ce que pour la population mahoraise, ce travail scientifique est capital.

MaVilleMonShopping, une plateforme pour accroître la visibilité des entreprises mahoraises sur Internet

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La plateforme de e-commerce dédiée au commerce de proximité arrive à Mayotte. Un dispositif qui doit permettre d’accélérer et d’accentuer la digitalisation des entreprises mahoraises mais aussi de renforcer la consommation locale. La chambre de commerce et d’industrie invite les commerçants à rejoindre cette marketplace solidaire dans le but d’accroître leur visibilité.

« Quand on cherche une entreprise sur Internet, c’est assez compliqué de la trouver. Bien souvent, on a très peu de retour. » Face à ce constat, la chambre de commerce et d’industrie, par la voix de sa responsable marketing digital et commercial, Yanina Mogne-Mali, lance la plateforme MaVilleMonShopping. Une solution déployée essentiellement en métropole au cours des confinements successifs qui fait ses premiers pas dans le 101ème département. Ce dispositif « nous a été vivement recommandé », assure celle qui a animé un webinaire à ce sujet ce jeudi matin.

Concrètement, l’objectif de cette plateforme est double : accélérer et accentuer la digitalisation des entreprises mahoraises et surtout renforcer la consommation locale. Filiale du groupe La Poste, cette marketplace dite solidaire envisage, une fois bien rôdée, d’accroître la visibilité des commerçants sur la toile et ainsi de relancer des activités durement touchées par la crise sanitaire. « La frontière entre le point de vente physique et celui en ligne est aujourd’hui très mince. » Reste encore à convaincre les entrepreneurs de jouer le jeu. « Le frein ou la réticence pourrait être la prise en main », admet Yanina Mogne-Mali. D’où l’appui d’une équipe numérique composée de quatre-cinq conseillers de la CCI pour désacraliser l’outil Internet. « Nous allons accélérer la prise de contact à partir de mi-août. Une fois la barre des 50 entreprises atteinte, nous communiquerons auprès du grand public. »

Simplifier la vie des clients et des commerçants

Car les bienfaits de cet interface sont multiples. Outre sa mise en place rapide, il permet de toucher de nouveaux consommateurs et d’éviter de faire la queue en magasin. Mais aussi d’augmenter son chiffre d’affaires et d’avoir un site à moindre coût. « Ce n’est pas soumis à un abonnement ou à un engagement. Il y a juste une faible commission de 5.5% sur les ventes réalisées. » Et si les internautes réservent leur produit en ligne et le récupérent sur place, ils se délestent même de ces quelques frais supplémentaires. Dans le cas contraire, un facteur peut se charger de la livraison. « Un atout non négligeable » selon Yanina Mogne-Mali.

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Pour rejoindre ce réseau, rien de plus simple. Il suffit de s’inscrire et de personnaliser son espace en insérant des images. « Plus le descriptif sera complet, moins le client sera réticent. Partagez un maximum d’informations », martèle Priscilla du dispositif MaVilleMonShopping lors de la présentation. En clair, l’idée est de donner envie de cliquer et de passer le cap de l’achat… Et tout le monde s’y retrouve : la commande se voit traiter dans les 48 heures ouvrées tandis que le paiement intervient sous 8 jours pour les commerces alimentaires ou 14 jours pour les autres. Gagnant-gagnant !

Sécurisation, communication, renouveau : le fil conducteur du nouveau directeur du SDIS976

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Le colonel Olivier Neis, le nouveau directeur du Service départemental d’incendie et de secours de Mayotte, a pris ses fonctions en mars 2021, mais il n’est pas nouveau sur le territoire. Il a exercé sur l’île pendant huit ans avant de partir en 2016. Il revient cette année avec de nouveaux objectifs pour le SDIS 976 et une nouvelle stratégie de communication avec les sapeurs-pompiers. Un renouveau grandement apprécié dans un contexte où les professionnels sont sujets aux agressions.

Flash Infos : Des pompiers ont récemment été agressés alors qu’ils étaient en intervention à Vahibé. C’est devenu un phénomène récurrent à Mayotte, pour quelles raisons selon vous ?

Olivier Neis : L’agression est une habitude et il n’y a pas que les pompiers. Les particuliers aussi se font agresser. Lors de la récente agression, les auteurs voulaient les portefeuilles et les téléphones. Leur motif n’était pas de caillasser les pompiers en particulier. Je souhaiterais que lon arrive à discuter avec ces jeunes pour leur faire comprendre que personne n’est là pour faire du mal. Nous devons porter assistance et chaque seconde qui passe est une seconde de perdue pour préserver une vie.

FI : Allez-vous mettre en place des mesures pour renforcer la sécurité des agents ?

O. N. : À l’heure actuelle, l’ensemble des vitres sont filmées pour éviter la casse et la projection des débris de verre. Ils ont également la radio pour pouvoir prévenir. Nous allons mettre un certain nombre d’outils à leur disposition avec des moyens audiovisuels pour pouvoir les protéger. Et puis il y a les protocoles que nous avons avec les forces de l’ordre pour pouvoir être accompagnés dans certains secteurs. Nous connaissons ceux qui sont plus dangereux à partir de la tombée de la nuit.

FI : Les syndicalistes avaient évoqué l’idée de ne pas intervenir sur certaines zones à partir d’une certaine heure. Est-ce réellement possible ?

O. N. : L’obligation du service public est de remplir sa mission de service public. S’il y a une entrave à la bonne marche des opérations, c’est à la justice de faire ce qu’il faut, mais quelque que soit la mission, nous l’accomplirons. Si nous ne pouvons pas la faire parce qu’il y a un barrage, nous nous mettrons en sécurité en attendant d’être accompagnés par les forces de l’ordre pour aller sur le lieu de la mission. Il ne faut pas que cela soit toujours nous qui fassions marche arrière, c’est un obstacle à la sécurité des Mahorais. Nous mettons des moyens en place pour préserver l’intégrité et la sécurité des agents et du matériel, mais le but du jeu n’est pas de rajouter des couches de sécurité.

FI : En tant que directeur du SDIS, quels types de dilemmes devez-vous affronter ?

O. N. : Toutes les problématiques opérationnelles sont réunies. Il y a l’isolement de l’île, les problèmes de circulation, de langue. Ici, le matériel vieillit deux à trois fois plus vite en raison des conditions climatiques. La durée d’amortissement d’un véhicule en métropole est de 20 ans, ici au bout de 10 ans nous sommes avec du matériel qui a souffert. Il faut le changer, le réactualiser.

FI : Quels sont vos enjeux pour Mayotte ?

O. N. : Nous sommes dans une société qui évolue très vite, les besoins sont importants. Il faut avoir une vision sur les 20 prochaines années dans des conditions qui sont particulières. Concernant les ressources humaines, il faut former les gens. Nous devons aussi trouver des solutions qui tiennent dans le temps. L’enjeu stratégique de la construction du SDIS de Mayotte pour les années à venir c’est d’avoir une réponse adaptée à la situation la plus défavorable qui est celle d’un cyclone qui passe avec tous les réseaux coupés.

FI : Cela fait cinq mois que vous êtes rentrés à Mayotte, quel regard portez-vous sur ces mois où vous avez travaillé avec les sapeurs-pompiers de l’île ?

O. N. : Je connaissais déjà donc c’est un avantage. Aujourd’hui, un certain nombre de dossiers ont été résolus. Des dossiers qui étaient en attente depuis X temps. Mais nous reprenons, nous allons remettre du lien entre les services, entre les groupements. Nous présenterons des documents structurants comme le projet d’établissement, le règlement intérieur et d’autres dossiers qui devaient être faits et qui n’avaient pas eu le temps d’être réalisés. Le projet d’établissement, c’est la vision de la construction du service sur un temps donné. Cela permet la définition du budget financier qu’il faut y allouer pour pouvoir y répondre.

FI : La communication était rompue entre votre prédécesseur et les syndicalistes. On a l’impression qu’avec vous l’entente est meilleure. Quel est votre secret pour réussir à calmer les choses ?

O. N. : Je n’ai pas de secret, mais c’est peut-être parce que nous sommes tous des sapeurs-pompiers dans l’âme. J’ai un devoir de réserve vis-à-vis de mes prédécesseurs, mais je partage, j’échange avec tout le monde. Ma porte est toujours ouverte. Je travaille dans la logique et la communication. Si vous regardez mon emploi du temps, il est plus côté terrain que côté administration. Le but de ma présence est de mettre mon savoir-faire au service de la construction d’une réponse de sécurité civique pour Mayotte. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais il faut savoir négocier. Quand on me demande de mettre quelque chose en place, je mesure le poids de la chose. Je pars du principe que tout problème a une solution. La seule chose que nous avons à l’esprit, c’est que nous avons une obligation d’apporter une réponse à toute demande de secours, le plus approprié possible.

FI : Qu’en est-il du conflit avec l’aéroport et les sapeurs-pompiers du SDIS 976 ?

O. N. : Il n’y a plus de convention, elle s’est arrêtée le 31 décembre 2020. Nous avons récupéré nos agents et ils sont chez nous. Maintenant, à l’aéroport, il y a un service privé, ce sont des agents de sécurité aéroportuaire. Je ne suis pas demandeur pour négocier une nouvelle convention, l’aéroport ne l’est pas non plus. La convention a été créée en 2011, je faisais partie de l’équipe qui l’a écrite quand nous sommes passés de l’ancien aéroport à la nouvelle structure. Tout le monde savait à l’époque que nous partions sur une période de neuf ans, avec une renégociation possible tous les trois ans, elle a été reportée à chaque fois. Je n’étais pas là dans les négociations de 2020, mais aujourd’hui, c’est impossible de revenir sur la convention, elle est terminée.

Se former à la conduite de travaux à Mayotte, un chantier d’avenir

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Depuis le mois de juillet, la première promotion du diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques (DEUST), spécialité conduite de travaux en éco-construction, a débuté sa formation. Un cursus en alternance en partenariat avec le conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de Mayotte et avec le GRETA-CFA, qui a surtout de beaux jours devant lui tant le chantier dans le 101ème département est colossal.

Baccalauréat en poche, vous ne savez que choisir entre le monde professionnel et la poursuite de vos études ? L’alternance est faite pour vous ! Comme les 12 étudiants en formation DEUST (diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques) conduite de chantier, vous pouvez réaliser un cursus universitaire tout en vous formant en entreprise.

Le conservatoire national des arts et métiers (Cnam) projette avec ce nouveau diplôme de former la population mahoraise et ainsi répondre aux contributions du territoire. “Notre logique est de travailler en cohérence entre la formation professionnelle et le développement économique », précise Anfane Hafidou, directeur général adjoint au conseil départemental, avant d’adresser un message porteur d’espoir aux jeunes en formation réunis ce mardi 27 juillet dans les locaux du rectorat. “Les besoins sur le territoire sont réels et vous êtes la solution à ceux-ci. L’objectif de cette formation est que vous deveniez les acteurs du développement de l’île, qu’on ne soit plus à l’avenir obligés de faire appelle à du personnel extérieur à Mayotte afin de trouver ces compétences là”, affirme-t-il. Un avis partagé par l’ensemble des invités du séminaire d’intégration des apprentis. À l’instar de la directrice du Cnam, Antufati Bacar. « Le BTP est classé comme la première filière à développer à Mayotte et la première filière porteuse d’emploi.” Un domaine non négligeable sur un territoire en pleine expansion et où la formation des jeunes est au cœur de nombreux enjeux.

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La vie c’est ça, elle est remplie de défis”

Une semaine sur les bancs de l’école et une semaine sur les chantiers, c’est ce qu’a choisi Faïda Mohamed Mmadi. Cette jeune bachelière pleine d’ambition n’a pas peur de se lancer dans une aventure inédite. “Je suis la seule fille de la promotion pour l’instant et la seule à sortir d’un lycée général. Les autres ont tous un bac pro, mais je suis réellement motivée pour aller dans le domaine du BTP”, assure-t-elle, déterminée. Si elle convient que s’intégrer dans cette voie professionnelle principalement masculine s’avère être un réel défi, elle n’en oublie pas moins son objectif. “Je suis très déterminée. Mon rêve est de devenir architecte et pour moi, l’alternance apporte un plus. Cela me permet d’acquérir des compétences sur le terrain. C’est un défi certes, mais la vie c’est ça, elle est remplie de défis”, s’exclame-t-elle, sure et certaine de son choix. Aucun doute à ses yeux, l’architecture et le bâtiment sont deux domaines qui la passionnent. “Ce qui me pousse dans cette voie ? C’est la réalisation d’un projet concret, qu’on voit se développer. J’ai toujours eu un côté artistique au fond de moi et j’aimerais voir que grâce à mes travaux, j’ai permis de donner une nouvelle image à Mayotte.” Un rêve qu’on lui souhaite se réaliser et un avenir radieux plein de développement sur l’île aux parfums.

Avec le parc Amina Oili, « Tsoundzou 1 est sur la bonne voie pour évoluer positivement »

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Samedi dernier s’est déroulée l’inauguration du parc Amina Oili situé à Tsoundzou 1. Un investissement conséquent de plus de 2.5 millions d’euros pour la commune qui doit permettre aux habitants du village de se retrouver sur ce nouveau lieu de vie. Si d’autres aménagements doivent suivre à l’avenir, il reste à la population à se l’approprier.

Des sourires en veux-tu en voilà. Telle est l’image à retenir de l’inauguration du parc Amina Oili de Tsoundzou 1, organisée ce samedi 24 juillet. Mais aussi des émotions puisqu’il rend hommage à la première habitante du village, surnommée « M’mabole », membre des chatouilleuses et grande militante pour la départementalisation. « J’ai vu dans les yeux de ses proches que ce moment avait une signification particulière », relate Faysal Abou Bacar, président de la fédération des associations de Tsoundzou, qui voit en ce jour l’occasion de perpétuer « la richesse de son histoire ».

Et c’est tout le sens du message adressé par le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla. « La création d’un nouvel espace de vie revêt une symbolique forte de sens, signifcative de son développement et de l’amélioration du cadre de vie des citoyens. » Cet aménagement de détente et de loisirs, où s’entremêlent un city stade, un terrain de pétanque, des agrès, une aire de jeux pour enfants ou encore des mobiliers de repos, doit permettre de se réapproprier ce site. « [Cette] requalification s’inscrit dans une démarche globale du plan paysage de la ville. » Une stratégie ayant pour but d’anticiper le recul progressif du trait de côté, tout en valorisant le quartier.

Sécurité, prévention, sensibilisation

Attendu depuis 2015, ce parc financé à hauteur de 2.5 millions d’euros par la commune devient enfin réalité. « Les habitants demandaient un endroit à l’air libre pour s’aérer, se reposer, se rencontrer… », se réjouit Faysal Abou Bacar, qui espère rassembler toujours plus d’associations au sein de sa fédération « pour participer à des projets communs et faire découvrir nos structures ». Car ce nouveau lieu en dépend. De nombreux enjeux attendent ces nombreux bénévoles, tant en termes de sécurité et de prévention que de sensibilisation à l’environnement, puisque la mangrove se situe à deux pas seulement. « Nous allons essayer de faire le maximum pour qu'[il] soit le moins dégradé possible. » D’où l’intensification des opérations de nettoyage dans les prochaines semaines pour conserver durablement ce sol à la saveur patrimoniale.

L’autre objectif primordial ? Favoriser le vivre-ensemble et renforcer le lien intergénérationnel, qui « contribue pleinement à l’apaisement dont nous avons tous besoin », martèle le premier magistrat de la ville chef-lieu. Un discours partagé par Faysal Abou Bacar. « Il faut que les habitants se l’approprient : soit la population jouera le jeu, soit les délinquants prendront le pas. » Toujours est-il que selon lui, « Tsoundzou est en bonne voie pour évoluer positivement ». Et ce n’est que le début du renouveau. D’autres aménagements doivent suivre dans les prochains mois avec la création de terrasses et d’une passerelle pour observer la biodiversité ainsi que la construction d’un skatepark pour les adeptes de sports de glisse. Avant la réalisation d’une seconde phase qui doit sortir de terre des commerces et une offre de restauration.

Au vu de la foule présente pour l’inauguration, le pari semble déjà réussi. « Ce ne sera pas qu’un simple parc », insiste Faysal Abou Bacar. En effet, ce nouvel équipement rentre dans le cadre de stratégies territoriale (avec la prochaine installation de l’agence régionale de la biodiversité de Mayotte à horizon 2022) et nationale (avec l’adoption du nouveau contrat d’objectifs et de performance par le conseil d’administration du Conservatoire du littoral le 15 juin dernier). Ne reste qu’à Tsoundzou de démontrer sa résurgence !

Le Krav-Maga fait ses débuts à Mayotte avec un instructeur de renom

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Le Krav-Maga est un sport de combat encore méconnu sur l’île, pourtant au vu de l’insécurité grandissante à Mayotte, son enseignement serait utile à la population. C’est dans cet objectif que s’est créée l’association Mayotte Krav-Maga il y a six mois. Samedi 24 juillet s’est tenu le premier stage officiel en présence de Jérôme Roesch, un instructeur au parcours reconnu dans le monde entier.

Il fallait être préparé physiquement mais surtout mentalement avant de se rendre au stage de découverte de Krav-Maga qui se tenait au dojo de Mamoudzou. Parmi la quarantaine de volontaires qui a suivi le stage de découverte de trois heures, aucun n’est ressorti indemne. « Je fais de la boxe et quand je sors de mes cours habituels, je suis certes transpirante, mais je n’ai pas aussi mal au corps », affirme Tanya, l’une des participantes. Malgré cela, elle ne regrette pas d’avoir pris part à la session avec Jérôme Roesch, instructeur de la fédération française de karaté (FFK), spécialisé dans la discipline. Ceinture noire, sixième dan de Krav-Maga autrement dit, il est une référence dans le milieu. « Il est très qualifié, c’est un instructeur qui s’est formé en Israël et a développé le Krav-Maga partout en France », explique Christophe Guilbault, président de l’association Mayotte Krav Maga (MKM). Le professionnel est invité dans le département par l’association qui a tenu son premier stage officiel reconnu par la FFK.

Tous les participants étaient des débutants, mais le cours semble avoir été apprécié. « Les techniques que j’ai apprises me seront utiles dans la réalité. Je n’ai pas tout retenu, mais j’aimerais approfondir l’apprentissage », assure Youmna. Même son de cloche pour Junior, un autre apprenti. « J’ai pris beaucoup de coups et je ne m’attendais pas vraiment à cela parce que je fais de la boxe. J’ai tout de même apprécié le cours et j’ai envie de connaître davantage ce sport. » Un souhait qui peut se réaliser puisque l’association MKM va développer la pratique à Mayotte. « Nous finissons la saison début août et à partir de septembre, nous aurons de nouveaux instructeurs que nous aurons formés. Nous allons mettre en place d’autres stages avec Jérome Roesch et les autres instructeurs, notamment pour les femmes et les enfants. Et nous ouvrirons des sections consacrées à ces deux catégories de personnes », annonce le président de l’association. Le stage de découverte de samedi a porté ses fruits puisque nombreux sont ceux qui ont approché MKM pour s’inscrire.

Le Krav-Maga, une pratique adaptée à la réalité

Contrairement aux idées reçues, le Krav-Maga n’est pas un art martial à l’exemple du karaté ou du judo. « Il s’agit d’une pratique d’auto-défense adaptée à la réalité. L’intérêt est de pouvoir reproduire les techniques apprises en cas d’agression. Une personne est capable d’assimiler les bases en quelques séances, ce qui n’est pas le cas des arts martiaux », dévoile Jérôme Roesch. Le Krav-Maga est également en constante évolution en fonction de la société et des types d’agressions qui existent. Raison pour laquelle MKM a vu le jour sur l’île. « Nous sommes partis d’un constat simple : au vu du climat social et sécuritaire de Mayotte, il fallait une alternative à la population pour qu’elle puisse se défendre », indique Christophe Guilbault. Et selon le professionnel Jérôme Roesch, les techniques d’auto-défenses de la discipline correspondent aux types d’agressions présentes à Mayotte.

De ce fait, une grande partie des participants au stage y ont assisté dans le but d’avoir une arme de défense en cas d’agression à l’extérieur. « C’est une pratique que nous devrions même enseigner aux enfants à l’école, dès le plus jeune âge, surtout dans les territoires compliqués comme Mayotte », souhaite Tanya. Il reste encore du chemin avant d’en arriver à ce niveau. Pour l’heure, Mayotte Krav-Maga espère s’étendre sur toute l’île et faire connaître ce sport d’auto-défense qui peut être utile à notre société.

Extension du pass sanitaire : ce qui va changer (ou pas) à Mayotte

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Un vote « au forceps » selon certains élus. Dans la nuit de dimanche à lundi, le Parlement a adopté le projet de loi concernant l’extension du pass sanitaire, comprenant plus de 200 mesures. Reste encore l’approbation du Conseil constitutionnel, saisi par le Premier ministre, afin de mettre le texte en application dès le mois prochain. Enfin, pas dans tous les département d’outre-mer…

« Pitié, cinq minutes ! » Il est 22h09 ce dimanche 25 juillet au soir lorsque le vice-président du Sénat, Roger Karoutchi, demande une brève suspension de la séance publique afin de statuer sur le dernier amendement du projet de loi sur le pass sanitaire. Au total, le texte en compte plus de 260. Mais à la dernière minute, le gouvernement, à travers Olivier Véran, décide d’en déposer un nouveau, qui sera adopté dix minutes plus tard. Ainsi, les préfets pourront désormais décider de mettre en place le pass sanitaire à l’entrée des « grands centres commerciaux, si les conditions l’exigent, en garantissant l’accès aux services essentiels ». Mais a priori, la mesure sera inapplicable à Mayotte, puisque le texte ne concerne que les centres de plus de 20 000 mètres carrés, alors que l’île n’en compte pas un seul du genre sur son sol. A titre de comparaison, l’hypermarché du Baobab affiche une superficie de 3 000 mètres carrés, et 1 400 mètres carrés de galerie marchande. Très loin du compte, donc.

Et la mesure n’est pas la seule à laquelle échappera le 101ème département. En effet, les parlementaires ont finalement décidé que la situation sanitaire de Mayotte ne nécessitait pas d’y déclarer l’état d’urgence sanitaire, du moins pour l’instant. Car au milieu du projet de loi, une petite phrase discrète est sans appel : « « Par dérogation (…) si l’état d’urgence sanitaire est déclaré sur le territoire de Mayotte avant le 30 août 2021, cet état d’urgence est applicable jusqu’au 30 septembre 2021 inclus », à l’instar de la Guyane, de la Martinique et de la Guadeloupe. Une précision qui permet de retarder la mise en place du dispositif sur le territoire, mais n’empêchera pas de l’y déployer rapidement si le contexte se dégrade. Alors autant savoir tout de suite à quoi pourraient s’attendre les Mahorais dans les prochaines semaines si le gouvernement décide de faire machine arrière.

D’abord, l’attestation vaccinale pourra être demandée dans les bars, les restaurants, les cafés, les foires ou salons professionnels, dans certains transports en commun, comme l’avion, le train ou encore les cars long trajet, ainsi que dans les établissements médicaux hors urgence. Pour mémoire, jusqu’à présent, et ce depuis le 21 juillet, le pass sanitaire ne pouvait être exigé que dans les lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes (cinéma, festivals, salles de concert, de conférence, de spectacles, de jeux, événements sportifs, etc.). Selon l’accord trouvé entre les parlementaires, les 12-17 ans sont exempts de pass sanitaire jusqu’au 30 septembre.

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Licenciement, contrôle, amende, isolement…

Si le texte fraîchement adopté maintient l’obligation vaccinale pour certaines professions, le licenciement ne sera plus de mise chez les soignants, sapeurs-pompiers et certains militaires non vaccinés, comme le prévoyait le projet de loi initial. En revanche, ceux-ci verront leur contrat et leur rémunération suspendus s’ils ne sont pas vaccinés à partir du 30 août. Si la situation perdure au-delà de trois jours, les salariés concernés seront convoqués pour un entretien afin d’être réaffecté à un poste où le pass vaccinal n’est pas obligatoire. Une subtilité de langage, en somme.

Contrairement à ce qu’envisageait initialement le gouvernement, les contrôles concernant l’isolement obligatoire (en cas de contamination ou de contact à risque) ne seront pas réalisés par la police mais par l’assurance-maladie. Ainsi, les établissements qui n’effectueront pas le contrôle des pass sanitaire de leur clientèle s’exposeront à une fermeture administrative de sept jours maximum, mais plus à la prison avec sursis ou à l’amende de 45 000 euros, annoncée plus tôt. En cas de manquement à plus de trois reprises sur 45 jours, le gestionnaire encourra toutefois un an de prison et 9 000 euros d’amende. Même sanction pour les transporteurs en cas de plus de trois défaut de contrôle sur 30 jours – qui s’exposent, eux, à une amende de 1 500 euros dès la première absence de contrôle.

Toute utilisation de pass frauduleux sera sanctionnée par une amende de 135 euros, et jusqu’à six mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende en cas de trois infractions en 30 jours. Salariés et agents publics bénéficieront d’une autorisation d’absence afin de se rendre à leurs rendez-vous médicaux si ceux-ci sont liés à la vaccination.

Enfin, dernière mesure phare du projet de loi, l’isolement strict et total sur une durée non renouvelable de 10 jours est de mise pour toutes les personnes dépistées positives au Covid-19. Cette durée pourra être écourtée en cas de présentation d’un nouveau test négatif. Un recours sera possible devant le juge des libertés et de la détention. Les sorties resteront envisageables entre 10h et midi uniquement en cas d’urgence. Le non-respect de cet isolement sera puni d’une amende de 1 500 euros.

L’ensemble de ces mesures ne pourra être applicables que jusqu’au 15 novembre, avant d’être soumises à un nouveau votes des parlementaires. Si le projet de loi a été adopté dans la nuit de samedi à dimanche, le Premier ministre Jean Castex a assuré soumettre le texte au Conseil constitutionnel, dont le feu vert est attendu d’ici au 5 août, afin d’accélérer son entrée en vigueur. Pour le cas de Mayotte, le retour des vacances sera assurément un élément déterminant.

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En marge des débats, la protestation anti pass sanitaire prend de l’ampleur

Alors que l’ensemble de ces mesures est supposée, selon le gouvernement, permettre d’endiguer la quatrième vague épidémique que connaît actuellement la métropole, la colère gronde partout à travers le pays contre ce que certains jugent être une forme d’obligation vaccinale. Dimanche, après un week-end de manifestations rassemblant quelque 161 000 participants, dont 11 000 à Paris, le syndicat Sud-Rail a appelé les cheminots à ne réaliser aucun contrôle sur les pass sanitaires. La semaine dernière, le Premier ministre avait annoncé l’ouverture de cinq millions de créneaux de vaccination supplémentaire sous 15 jours. « Le fameux variant Delta est là, majoritaire. Il est plus contagieux que les autres. Nous avons enregistré une hausse de 140% des cas positifs en une semaine, et plus de 18.000 hier. Un autre chiffre caractérise cette situation : 96% de ces 18.000 cas n’étaient pas des gens vaccinés », avait défendu Jean Castex sur le plateau du 13 heures de TF1.

Où en est l’épidémie à Mayotte ?

Contrairement à la métropole, où sous l’effet du variant Delta, l’épidémie repart en flèche, Mayotte connaît une accalmie depuis plusieurs semaines. Alors que la dernière hospitalisation liée au Covid-19 remonte à la fin du mois de juin, seuls 12 nouveaux cas ont été recensés entre le 13 et le 19 juillet selon l’ARS. Sur la même période, le taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants est de 4,3, pour 0,3% de taux de positivé, ce qui peut se traduire par une perte de vitesse des contaminations, mais aussi un plus faible nombre de tests réalisés, notamment sous l’effet des vacances. Le retour des personnes ayant voyagé en dehors de l’île, courant août, pourrait d’ailleurs marquer une recrudescence du nombre de cas. Depuis le début de l’épidémie, il y a un an et demi, Mayotte enregistre 19 465 cas confirmés, pour 30 535 personnes vaccinées, soit 11,3% de la population, contre près de 50% en France métropolitaine.

À l’image de Latouldine, la nouvelle génération mahoraise à la main verte

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À Barakani, le jeune agriculteur Latouldine Madi cultive les terres de ses grands-parents avec amour et passion. Respectueuse de l’environnement, son activité est en pleine expansion. Prochaine étape : accueillir des curieux dans une maison traditionnelle en torchis construite sur son exploitation, et ainsi pouvoir véritablement vivre de son métier.

Depuis la classe de troisième, Latouldine Madi rêve d’agriculture. Aujourd’hui, il cultive ses 3.000 mètres carrés de terrain à Barakani et espère pouvoir développer une activité d’agrotourisme. Ananas, fruits de la passion, vanille, curcuma ou encore bananes… L’agriculteur dispose d’une collection d’espèces végétales en tout genre qu’il souhaite encore davantage étoffer. “Ici, je voudrais créer une sorte de jardin forêt, avec des arbres et différentes strates d’espèces végétales”, précise-t-il d’un ton enjoué. Avant d’ajouter : “Je n’ai pas encore atteint mon objectif, je ne cultive ici que depuis deux ou trois ans. Sur Youtube, j’ai vu des jardins qui m’ont inspiré et c’est comme ça que j’ai été attiré par la permaculture.” Sur son exploitation, pas d’intrants ou de produits phytosanitaires, Latouldine s’emploie dans le respect des sols et de la nature qui l’entoure. “Je me suis tourné vers une agriculture qui ne nécessite pas trop de travail de la terre. Au temps de ma grand-mère, il fallait labourer chaque année les parcelles, alors qu’aujourd’hui, nous savons qu’en enrichissant jour après jour la terre, le sol est en meilleure santé et les plantes aussi…”

Un parcours atypique

Bon élève au collège, les professeurs de Latouldine lui conseille de suivre une voie technologique au lycée de Sada, mais son envie de nature ne le quitte jamais. “Après mon bac, j’ai suivi plusieurs formations dans le tourisme, l’agroalimentaire ou encore l’hôtellerie qui m’ont permis de voyager et de perfectionner mon anglais. Puis j’ai travaillé au sein d’une exploitation agricole et j’ai décidé de concrétiser mon projet en créant ma propre exploitation”, rembobine-t-il, avec une certaine nostalgie des années passées. Depuis, Latouldine produit essentiellement pour sa consommation personnelle et vend à quelques observateurs qui viennent lui rendre visite dans les champs. “Mon objectif est de développer mon activité et d’accueillir des personnes qui souhaitent découvrir mon modèle agricole. Mon dernier projet a été la construction d’une maison traditionnelle en torchis », détaille-t-il en pointant la bâtisse du doigt. Un futur logement où il projette d’accueillir les curieux voulant profiter d’une nuit en toute simplicité dans la campagne mahoraise.

Un travail rigoureux

Chaque jour, Latouldine se rend sur son exploitation pour tenir un carnet de bord dans lequel il réalise un suivi de chaque nouveau plant. “Je note la date et l’endroit où je l’ai planté mais aussi si elle est exposée au soleil, à l’ombre ou encore sur une parcelle en pente. J’écris ensuite quand la plante fleurit et enfin quand je procède à la récolte”, énumère les étapes tout en méthodologie. De la mise en culture des espèces en pépinière jusqu’à la consommation des fruits et légumes, Latouldine est attentif à tous les paramètres afin de savoir quelle espèce est la mieux adaptée à ses besoins. “Je n’ai pas fait de formation professionnelle agricole, mais je me renseigne en permanence et fais des expérimentations”, conclut l’agriculteur. Aujourd’hui, il est plus que jamais décidé à vivre de sa passion et à la partager.

Un avenir incertain pour les taxis de Mayotte

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La chambre des métiers et de l’artisanat a tenu un séminaire porté sur l’avenir des taxis à Mayotte ce mercredi. L’occasion de parler des conditions de travail des chauffeurs de taxis et de l’évolution de leur métier dans les années à venir. Mais le futur n’est pas tout rose pour la profession qui semble être oubliée par les politiques.

Ils étaient très attendus mais figuraient aux abonnés absents. Les représentants des différentes collectivités de l’île n’ont pas répondu à l’appel de la chambre des métiers et de l’artisanat pour assister au séminaire sur le futur des artisans taxis de Mayotte. Pourtant, leur présence était plus que nécessaire. « Aujourdhui était loccasion de réunir les intercommunalités, le Département avec l’État et leur dire que lavenir des taxis est vraiment menacé », rappelle Salama Ramia, directrice du service développement économique à la CMA. Par le passé, les politiques ont été mis au courant des inquiétudes de la profession qui a l’impression d’être menacée par les projets de transports urbains qui sortent des tiroirs. « Il y a trois ans, lorsque tous ces projets ont été lancés, il y a eu une grosse inquiétude des taxis qui se demandaient où serait leur place…. Jusqu’à il y a un an, nous étions rassurés par la Cadema, mais depuis l’installation de la nouvelle équipe, ce n’est plus le cas », affirme Salama Ramia. Leurs craintes se portent particulièrement sur le Caribus !

La communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou aurait promis aux taxis artisans de les inclure dans le projet en autorisant les véhicules neuf places sur leurs lignes. Une promesse qui ne semble plus d’actualité selon les professionnels. « Ces voitures seraient remplacées par des bus de quinze places. Cela reste à confirmer parce que nous n’avons aucun retour de la Cadema, mais qui dit bus de 15 places, dit plus de taxis ! », prévient la directrice. Les échanges ne sont pas plus avancés avec le Département, au grand désespoir de la chambre des métiers et de l’artisanat, mais aussi et surtout des chauffeurs professionnels. Si le séminaire en question était le parfait rendez-vous pour jouer carte sur table, l’absence des autorités complique la donne… « La Cadema était représentée, l’État aussi, mais il n’y avait personne du Département et des autres intercommunalités. Nous sommes déçus parce que ceux qui devaient entendre notre message n’étaient pas là », regrette Salama Ramia. Selon elle, cet immobilisme prédit en quelque sorte l’avenir des taxis. « Le futur est sombre si la situation daujourdhui se répète. Mais il peut aussi être sauvé si toutes les collectivités s’unissent à nous pour trouver des solutions », indique-t-elle, espérant se faire entendre.

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Des taxis plus modernes

Les taxis font partie du patrimoine culturel de Mayotte, ils sont ancrés dans le paysage depuis plusieurs dizaines d’années. Même si les transports en commun se multiplient dans l’avenir, il sera difficile de se passer d’eux. « Il ne peut pas avoir de bus partout dans Mayotte. Que ce soit le projet de la Cadema ou celui du Département, ils ne peuvent pas aller dans tous les quartiers ni toutes le communes », selon Salama Ramia. Les professionnels doivent donc être considérés comme des alliés et non des adversaires par les collectivités. Mais le taxi, tel que nous le connaissons actuellement, n’a peut-être plus sa place dans notre société où les clients sont de plus en plus exigeants. Les propriétaires de l’entreprise Taxi vanille 976 l’ont compris. La société aux véhicules blancs et jaunes existe depuis 2019 et elle n’a qu’un seul mot d’ordre : la modernité. « Nous faisons en sorte pour que le public ait tout le confort nécessaire, que la voiture soit toujours propre, climatisée, que le client puisse payer par carte bancaire », explique Abalkini Chanfi, directeur adjoint de la société. Il est également possible de réserver son taxi 48 heures en avance, mais concernant la réservation instantanée, il faudra encore attendre, faute de professionnels. Pour l’heure, la société regroupe 102 artisans taxis, « dont soixante véhicules que nous espérons moderniser d’ici six mois », précise Abalkini Chanfi.

La modernité est une chose, mais le système des taxis mahorais reste authentique. Une authenticité qu’il faudrait préserver. « J’entends souvent dire qu’il faut faire du copier-coller, mais je ne suis pas favorable. Il ne faut pas croire quailleurs ça passe bien. Nous avons notre particularité et nous pouvons même créer un modèle pour les autres départements », souhaite la directrice du service développement économique à la chambre des métiers et de l’artisanat. Et cela peut commencer par le choix d’une couleur unique pour tous les véhicules. Mayotte est le seul département à avoir un décret en ce sens. Au delà de l’esthétique, il s’agirait d’un bon moyen pour différencier les professionnels en règle aux taxis clandestins.

À Mayotte, le retour des soirées signe celui du sexisme ordinaire

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On dit souvent de Mayotte qu’elle est une société matriarcale. Pourtant, tout comme en métropole, si ce n’est plus, le sexisme est ici aussi bien présent, et revêt plusieurs formes. La plus banalisée d’entre elle, le sexisme ordinaire, semble avoir, dans les Outre-mer, de beaux jours devant lui.

C’est une date que tout le monde – ou du moins, une bonne partie de la France – attendait avec impatience. Depuis le 9 juillet, les boîtes de nuit sont rouvertes. Avec elles, les bars, durement touchés par la crise sanitaire, mettent les bouchées doubles pour proposer, chaque week-end, des soirées à faire oublier le temps du confinement et de la distanciation sociale.

Au milieu des affiches bariolées qui circulent toutes les semaines sur les réseaux sociaux afin de promouvoir ces événements, certaines imposent un dress code ouvertement sexy aux clientes féminines, afin de gonfler la fréquentation et le chiffre d’affaires de certains établissements, sous couvert de lubricité. Celles en mini-jupe sont dispensées de payer l’entrée, ou, une paire de talons aux pieds, se verront offrir une consommation gratuite. Les hommes, eux, doivent payer plein pot, quel que soit leur accoutrement.

Souvent, une tenue « chic » est exigée, mais particulièrement codifiée lorsque celle-ci concerne ces dames. Le procédé n’a rien de nouveau. Au contraire, il est devenu tellement habituel, à Mayotte et au-delà, qu’il ne choque plus personne. Et pourtant, offrir des avantages à une femme selon sa tenue vestimentaire, au mépris de sa liberté d’incarner sa féminité comme chacune l’entend, relève ni plus ni moins que du sexisme ordinaire. Sa forme la plus banalisée.

Le sexisme ordinaire, c’est celui qui n’a l’air ni méchant, ni violent, à tel point qu’on ne le relève pas – ou plus. C’est ces petits gestes, ces sifflements dans la rue, ces petits surnoms, ces phrases, « Ma jolie », « Et les enfants, c’est pour quand ? », « Oh, tu devrais te maquiller, fais un effort ! », ces blagues misogynes, dénigrantes, qui remettent sans cesse en question et en cause la condition de la femme.

À Mayotte, ce sont les taxis qui vous demandent en mariage dès lors que vous ouvrez leur portière. Ce sont ces hommes qui, lourdement, insistent pour vous raccompagner quand ils vous aperçoivent marcher seule dans la rue. Ce sont les regards déplacés portés sur une poitrine ou un fessier bombé. Tout ce qui pourrait sembler flatteur, mais ne fait que renforcer les stéréotypes de genre. Alors non, le sexisme ordinaire n’est ni un viol ni une agression, mais il n’en est pas moins du sexisme. Il enroule ses tentacules autour des corps trop sexualisés des femmes, dont l’étreinte lancinante est une atteinte permanente à leur liberté d’être et de choisir.

Les Outre-mer, plus touchés par le sexisme que la métropole

En 2019, le ministère des Outre-mer lançait une enquête dédiée aux violences et rapports de genre (VIRAGE), à La Réunion, en Guadeloupe et en Martinique. Si la consultation n’a pas pu être menées à Mayotte, où beaucoup de données étaient encore (et sont toujours, pour certaines) inconnues des institutions compétentes, le tableau dépeint sur l’île Intense pourrait faire écho au contexte local : dans les espaces publics, le sexisme y serait deux fois plus présent qu’en métropole, au vu du nombre de femmes ayant déclaré avoir déjà été sifflées ou interpellées sous prétexte de drague (36%). Elles sont aussi trois fois plus nombreuses que sur l’Hexagone à rapporter « des propositions sexuelles indécentes » malgré leur refus (3%).

Selon les conclusions de l’enquête, « près d’une femme sur deux en emploi ou au chômage a subi au moins un fait de violences dans les espaces publics contre un tiers chez les femmes inactives ». Par ailleurs, les femmes âgées de 20 à 29 ans seraient les plus exposées aux insultes, aux sifflements et autres interpellations. Dans leur vie professionnelle, près d’un quart d’entre elles ont déjà subi des violences psychologiques, les plus courantes, et une femme sur vingt est victime d’harcèlement sexuel au travail, contre une sur trente en métropole. Au sein du couple, une Réunionnaise sur trois a déjà été victime de violences psychologiques, là encore. Et les principaux sujets de dispute porteraient sur la répartition des tâches ménagères et l’éducation des enfants. Évidemment.

Point positif néanmoins, depuis l’émergence du mouvement #MeToo, la dénonciation des violences sexuelles et sexistes prend de l’ampleur et est davantage acceptée socialement. Enfin, les victimes sont entendues, reconnues. Dans le cas de Mayotte, « c’est par l’éducation que la femme mahoraise peut s’émanciper », défendait il y un an Taslima Soulaimana, directrice régionale aux droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes. Depuis sa prise de fonction, les campagnes de sensibilisation au sexisme et aux violences sexuelles se multiplient à travers l’île, dans le milieu sportif, professionnel et médical notamment. « Il est aujourd’hui encore difficile de changer les mentalités, mais nous continuons à y travailler avec les partenaires. » Car aussi vrai qu’il faille sensibiliser le plus grand nombre au danger du sexisme, encore faut-il savoir le reconnaître partout où il se cache.

Balades artistiques et patrimoniales à Mamoudzou

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Le projet “Nouveau regard sur ma ville 2021” mis en œuvre par la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou (Cadema) a pour objectif de faire découvrir ou redécouvrir aux jeunes mahorais, les sites patrimoniaux de l’île aux parfums.

Comme chacun le sait, la culture est souvent une des grandes oubliées à Mayotte. Avec “Nouveau regard sur ma ville 2021”, la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou (Cadema) souhaite mettre en lumière les lieux remarquables de la ville chef-lieu et montrer aux 15-18 ans toute la richesse du patrimoine de leur île. Durant les mois de juillet et d’août, dix groupes de huit jeunes participeront aux différentes sessions du projet qui mêle découverte du patrimoine et expression artistique.

Premier jour ce mardi : les jeunes chaussent leurs baskets pour une balade patrimoniale d’une dizaine de kilomètres dans Mamoudzou. Au programme ? Visite du square Papaye, du rectorat, de la place Mariage ou encore de la mangrove de M’tsapéré. L’occasion pour les néophytes d’observer en détails ces lieux devant lesquels ils passent tous les jours sans y prêter attention, “Cette activité nous permet d’avoir un nouveau regard sur Mamoudzou. J’avais envie de découvrir ces lieux autrement car on ne connaît jamais assez notre ville”, témoigne Nolan, élève en classe de première. Comme lui, sept autres jeunes ont fait le choix de venir s’aérer et se cultiver pendant leurs vacances.

Et le lendemain, le petit groupe retourne même, accompagné du photographe professionnel, Toibrane de la société Mayan’Art Studio, sur leurs lieux préférés pour un cours de photo. “L’objectif est de donner à ces jeunes la possibilité de s’exprimer par l’art”, explique Géry Liausu, directeur de la culture, du patrimoine, du tourisme et des loisirs à la Cadema. Pour accompagner leurs clichés, les adolescents planchent pendant les deux journées suivantes sur l’écriture d’un cartel, encadrés par l’artiste Jean-François Bocle. “L’atelier d’écriture est l’occasion pour les jeunes d’exprimer ce qu’ils ressentent mais aussi de justifier leurs choix artistiques. Pourquoi ont-ils choisi tel cadre photographique ou tel sujet ou encore ce qu’ils ont aimé dans ce paysage ou ce détails qu’ils ont choisi de photographier”, déroule le responsable.

Une exposition en guise de reconnaissance

Fans de photographie ou novices mais surtout curieux de voir la capitale mahoraise autrement, les jeunes se disent ravis de goûter à cette activité. “Je n’avais jamais participé à des sorties comme ça avant. Je trouve ça ludique, en plus cela allie sport et culture, c’est intéressant. J’aimerais apprendre à faire de la photo car je n’en ai jamais fait avant, ce sera l’occasion”, affirme Kiliane, qui s’est inscrit aux balades de “Nouveau regard sur ma ville 2021” avec ses proches. Pour Laïnya et Tanay deux cousines réunies à Mayotte pour les vacances, c’est le même enthousiasme. “On a l’habitude de marcher, on aime bien ça. En plus, on adore prendre des photos avec nos téléphones, c’est super d’apprendre à utiliser un appareil photo et voir nos clichés dans une exposition”, se réjouissent-elles. En effet, pour elles comme pour Ynesse Amelka, le vernissage est très attendu. « J’ai hâte que ma photo soit exposée et pouvoir partager les photos prises sur les réseaux sociaux”, s’exclame t-elle. Un pari qui semble réussi pour cette première édition du projet lancé par la Cadema et la promesse d’une exposition riche de diversité.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes