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Carole Berthod, cheffe de mission océanographique : « Nous avons récolté des échantillons pour 5 à 10 ans d’études ! »

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Dans la région, les missions scientifiques se suivent mais ne ressemblent pas. La dernière en date, la campagne océanographique SCRATCH, a sillonnée les eaux et les fonds de Mayotte, Glorieuses, Tromelin dans les îles Éparses, et de La Réunion, du 1er au 22 juillet derniers. Trois semaines d’études pluridisciplinaires à bord du Marion Dufresne, organisées en urgence et dont les résultats pourraient livrer des données capitales pour le 101ème département. Carole Berthod, cheffe de mission, en dévoile les contours.

Flash Infos : La campagne SCRATCH a dû être organisée in extremis, suite à l’annulation des campagnes dites DIPOMOUSS et SEZAME. Que s’est-il passé ?

Carole Berthod : Ces deux campagnes ont été annulées à cause de problèmes liés au Covid notamment. Sur la première, il devait y avoir du personnel étranger, donc c’était très compliqué de pouvoir rassembler tout le monde à bord et à temps. Pour la seconde, c’était un problème d’autorisation de travaux dans les eaux du Mozambique… Résultat, un nouvel appel d’offre a été ouvert et nous avons eu 15 jours pour monter la campagne, alors qu’en général, on y réfléchit plusieurs mois, voire une année entière à l’avance…

En général, les campagnes sont présentées en septembre, pour être programmées sur l’année à venir ou la suivante. Là, nous avons dû tout faire dans l’urgence, nous avons discuté une bonne semaine avec tous les acteurs impliqués, dont 10 laboratoires français et les 34 scientifiques embarqués, et finalement nous sommes parvenus à tout faire. Donc campagne montée dans l’urgence, oui, mais surtout réussie !

FI : Quel était le but de la mission SCRACTH ?

C. B. : C’est une campagne très multidisciplinaire. Grâce à ces opérations, nous avons prélevé des roches pour étudier le volcanisme de la région, des sédiments pour étudier la biodynamie, de l’eau pour étudier la faune et la flore planctonique et l’impact des îles sur l’environnement marin. L’objectif, c’était de prélever de l’eau à différentes distances des îles, et nous l’avons d’ailleurs fait de chaque côté de Mayotte, pour voir le type d’ADN présent dans la région et l’impact qu’il peut avoir dans son environnement.mission-oceanographique-etudes-volcanFI : Comment avez-vous procédé pour récolter ces données ?

C. B. : Au total, nous avons réalisé 85 opérations de prélèvements en mer. Nous avons réussi à faire deux carottages (extraction d’échantillons de terrain sur fonds marins, ndlr) de 50 mètres qui vont nous permettre de faire des reconstructions climatiques sur les 2.5 millions d’années écoulées, afin de voir comment l’océan et le climat étaient auparavant sur les points de prélèvements.

Pour les carottages autour de Mayotte, où nous avons récolté l’un des échantillons les plus intéressants, nous avons utilisé des déstabilisations des sédiments de terrain pour étudier leur causes, leurs provenances, leur récurrence, et pouvoir discuter des risques selon nos résultats. Car une fois que l’on connaît les aléas en mer, c’est plus facile de s’organiser en fonction sur terre.

FI : Avez-vous réalisé des prélèvements au niveau du volcan sous-marin de Mayotte ?

C. B. : Nous ne sommes pas passé par le nouveau volcan, ce n’était pas l’objectif de la mission, qui visait à étudier le volcanisme à l’échelle régionale, y compris dans les Glorieuses et sur un banc à proximité de Madagascar, afin de mieux comprendre d’où vient le volcanisme dans cette zone et comment il se développe. Mais bien évidemment, les résultats de ces recherches auront un impact sur la connaissance du volcanisme à Mayotte. À la demande du Revosima, le réseau de surveillance volcanologique et sismique local, nous avons fait un petit relevé sur le Fer à cheval (une ancienne structure volcanique situé à l’aplomb de la zone de l’essaim sismique principale), au niveau de la ride active pour étudier les panaches qui s’en dégageaient. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’ils sont toujours actifs, mais il est trop tôt pour déterminer s’il y a eu une évolution. Là-dessus, une nouvelle mission MAYOBS est prévue en septembre et cela permettra de récolter plus d’éléments.mission-oceanographique-etudes-volcan

F.I : Quand les résultats des recherches menées dans le cadre de la campagne océanographique SCRATCH seront-ils connus ?

C. B. : Nous avons énormément d’échantillons, il y en a pour cinq à dix ans d’études et cela devrait bénéficier à une dizaine de thèses ! Dans les prochains mois, courant septembre ou octobre, nous allons rapatrier tous les échantillons par container en direction de Brest. Nous avons huit tonnes de carottes et plusieurs centaines de kilos de roche et d’eau. Chaque échantillon sera ensuite distribué, aux laboratoires compétents, et les premiers résultats arriveront début 2022.

FI : Une mission SCRATCH 2 est-elle déjà prévue ?

C. B. : Nous avons forcément des envies de compléter les choses, de voir plus loin, mais avant de programmer une autre campagne, il faut étudier ce que l’on a déjà. Nous pourrons peut-être en refaire une dans quelques années, mais il faut d’abord justifier le fondement de cette campagne, car elle coûte cher, environ un million d’euros en l’occurrence, financée par la flotte océanographique française. Mais c’est une région très intéressante, et ne serait-ce que pour la population mahoraise, ce travail scientifique est capital.

MaVilleMonShopping, une plateforme pour accroître la visibilité des entreprises mahoraises sur Internet

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La plateforme de e-commerce dédiée au commerce de proximité arrive à Mayotte. Un dispositif qui doit permettre d’accélérer et d’accentuer la digitalisation des entreprises mahoraises mais aussi de renforcer la consommation locale. La chambre de commerce et d’industrie invite les commerçants à rejoindre cette marketplace solidaire dans le but d’accroître leur visibilité.

« Quand on cherche une entreprise sur Internet, c’est assez compliqué de la trouver. Bien souvent, on a très peu de retour. » Face à ce constat, la chambre de commerce et d’industrie, par la voix de sa responsable marketing digital et commercial, Yanina Mogne-Mali, lance la plateforme MaVilleMonShopping. Une solution déployée essentiellement en métropole au cours des confinements successifs qui fait ses premiers pas dans le 101ème département. Ce dispositif « nous a été vivement recommandé », assure celle qui a animé un webinaire à ce sujet ce jeudi matin.

Concrètement, l’objectif de cette plateforme est double : accélérer et accentuer la digitalisation des entreprises mahoraises et surtout renforcer la consommation locale. Filiale du groupe La Poste, cette marketplace dite solidaire envisage, une fois bien rôdée, d’accroître la visibilité des commerçants sur la toile et ainsi de relancer des activités durement touchées par la crise sanitaire. « La frontière entre le point de vente physique et celui en ligne est aujourd’hui très mince. » Reste encore à convaincre les entrepreneurs de jouer le jeu. « Le frein ou la réticence pourrait être la prise en main », admet Yanina Mogne-Mali. D’où l’appui d’une équipe numérique composée de quatre-cinq conseillers de la CCI pour désacraliser l’outil Internet. « Nous allons accélérer la prise de contact à partir de mi-août. Une fois la barre des 50 entreprises atteinte, nous communiquerons auprès du grand public. »

Simplifier la vie des clients et des commerçants

Car les bienfaits de cet interface sont multiples. Outre sa mise en place rapide, il permet de toucher de nouveaux consommateurs et d’éviter de faire la queue en magasin. Mais aussi d’augmenter son chiffre d’affaires et d’avoir un site à moindre coût. « Ce n’est pas soumis à un abonnement ou à un engagement. Il y a juste une faible commission de 5.5% sur les ventes réalisées. » Et si les internautes réservent leur produit en ligne et le récupérent sur place, ils se délestent même de ces quelques frais supplémentaires. Dans le cas contraire, un facteur peut se charger de la livraison. « Un atout non négligeable » selon Yanina Mogne-Mali.

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Pour rejoindre ce réseau, rien de plus simple. Il suffit de s’inscrire et de personnaliser son espace en insérant des images. « Plus le descriptif sera complet, moins le client sera réticent. Partagez un maximum d’informations », martèle Priscilla du dispositif MaVilleMonShopping lors de la présentation. En clair, l’idée est de donner envie de cliquer et de passer le cap de l’achat… Et tout le monde s’y retrouve : la commande se voit traiter dans les 48 heures ouvrées tandis que le paiement intervient sous 8 jours pour les commerces alimentaires ou 14 jours pour les autres. Gagnant-gagnant !

Sécurisation, communication, renouveau : le fil conducteur du nouveau directeur du SDIS976

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Le colonel Olivier Neis, le nouveau directeur du Service départemental d’incendie et de secours de Mayotte, a pris ses fonctions en mars 2021, mais il n’est pas nouveau sur le territoire. Il a exercé sur l’île pendant huit ans avant de partir en 2016. Il revient cette année avec de nouveaux objectifs pour le SDIS 976 et une nouvelle stratégie de communication avec les sapeurs-pompiers. Un renouveau grandement apprécié dans un contexte où les professionnels sont sujets aux agressions.

Flash Infos : Des pompiers ont récemment été agressés alors qu’ils étaient en intervention à Vahibé. C’est devenu un phénomène récurrent à Mayotte, pour quelles raisons selon vous ?

Olivier Neis : L’agression est une habitude et il n’y a pas que les pompiers. Les particuliers aussi se font agresser. Lors de la récente agression, les auteurs voulaient les portefeuilles et les téléphones. Leur motif n’était pas de caillasser les pompiers en particulier. Je souhaiterais que lon arrive à discuter avec ces jeunes pour leur faire comprendre que personne n’est là pour faire du mal. Nous devons porter assistance et chaque seconde qui passe est une seconde de perdue pour préserver une vie.

FI : Allez-vous mettre en place des mesures pour renforcer la sécurité des agents ?

O. N. : À l’heure actuelle, l’ensemble des vitres sont filmées pour éviter la casse et la projection des débris de verre. Ils ont également la radio pour pouvoir prévenir. Nous allons mettre un certain nombre d’outils à leur disposition avec des moyens audiovisuels pour pouvoir les protéger. Et puis il y a les protocoles que nous avons avec les forces de l’ordre pour pouvoir être accompagnés dans certains secteurs. Nous connaissons ceux qui sont plus dangereux à partir de la tombée de la nuit.

FI : Les syndicalistes avaient évoqué l’idée de ne pas intervenir sur certaines zones à partir d’une certaine heure. Est-ce réellement possible ?

O. N. : L’obligation du service public est de remplir sa mission de service public. S’il y a une entrave à la bonne marche des opérations, c’est à la justice de faire ce qu’il faut, mais quelque que soit la mission, nous l’accomplirons. Si nous ne pouvons pas la faire parce qu’il y a un barrage, nous nous mettrons en sécurité en attendant d’être accompagnés par les forces de l’ordre pour aller sur le lieu de la mission. Il ne faut pas que cela soit toujours nous qui fassions marche arrière, c’est un obstacle à la sécurité des Mahorais. Nous mettons des moyens en place pour préserver l’intégrité et la sécurité des agents et du matériel, mais le but du jeu n’est pas de rajouter des couches de sécurité.

FI : En tant que directeur du SDIS, quels types de dilemmes devez-vous affronter ?

O. N. : Toutes les problématiques opérationnelles sont réunies. Il y a l’isolement de l’île, les problèmes de circulation, de langue. Ici, le matériel vieillit deux à trois fois plus vite en raison des conditions climatiques. La durée d’amortissement d’un véhicule en métropole est de 20 ans, ici au bout de 10 ans nous sommes avec du matériel qui a souffert. Il faut le changer, le réactualiser.

FI : Quels sont vos enjeux pour Mayotte ?

O. N. : Nous sommes dans une société qui évolue très vite, les besoins sont importants. Il faut avoir une vision sur les 20 prochaines années dans des conditions qui sont particulières. Concernant les ressources humaines, il faut former les gens. Nous devons aussi trouver des solutions qui tiennent dans le temps. L’enjeu stratégique de la construction du SDIS de Mayotte pour les années à venir c’est d’avoir une réponse adaptée à la situation la plus défavorable qui est celle d’un cyclone qui passe avec tous les réseaux coupés.

FI : Cela fait cinq mois que vous êtes rentrés à Mayotte, quel regard portez-vous sur ces mois où vous avez travaillé avec les sapeurs-pompiers de l’île ?

O. N. : Je connaissais déjà donc c’est un avantage. Aujourd’hui, un certain nombre de dossiers ont été résolus. Des dossiers qui étaient en attente depuis X temps. Mais nous reprenons, nous allons remettre du lien entre les services, entre les groupements. Nous présenterons des documents structurants comme le projet d’établissement, le règlement intérieur et d’autres dossiers qui devaient être faits et qui n’avaient pas eu le temps d’être réalisés. Le projet d’établissement, c’est la vision de la construction du service sur un temps donné. Cela permet la définition du budget financier qu’il faut y allouer pour pouvoir y répondre.

FI : La communication était rompue entre votre prédécesseur et les syndicalistes. On a l’impression qu’avec vous l’entente est meilleure. Quel est votre secret pour réussir à calmer les choses ?

O. N. : Je n’ai pas de secret, mais c’est peut-être parce que nous sommes tous des sapeurs-pompiers dans l’âme. J’ai un devoir de réserve vis-à-vis de mes prédécesseurs, mais je partage, j’échange avec tout le monde. Ma porte est toujours ouverte. Je travaille dans la logique et la communication. Si vous regardez mon emploi du temps, il est plus côté terrain que côté administration. Le but de ma présence est de mettre mon savoir-faire au service de la construction d’une réponse de sécurité civique pour Mayotte. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais il faut savoir négocier. Quand on me demande de mettre quelque chose en place, je mesure le poids de la chose. Je pars du principe que tout problème a une solution. La seule chose que nous avons à l’esprit, c’est que nous avons une obligation d’apporter une réponse à toute demande de secours, le plus approprié possible.

FI : Qu’en est-il du conflit avec l’aéroport et les sapeurs-pompiers du SDIS 976 ?

O. N. : Il n’y a plus de convention, elle s’est arrêtée le 31 décembre 2020. Nous avons récupéré nos agents et ils sont chez nous. Maintenant, à l’aéroport, il y a un service privé, ce sont des agents de sécurité aéroportuaire. Je ne suis pas demandeur pour négocier une nouvelle convention, l’aéroport ne l’est pas non plus. La convention a été créée en 2011, je faisais partie de l’équipe qui l’a écrite quand nous sommes passés de l’ancien aéroport à la nouvelle structure. Tout le monde savait à l’époque que nous partions sur une période de neuf ans, avec une renégociation possible tous les trois ans, elle a été reportée à chaque fois. Je n’étais pas là dans les négociations de 2020, mais aujourd’hui, c’est impossible de revenir sur la convention, elle est terminée.

Se former à la conduite de travaux à Mayotte, un chantier d’avenir

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Depuis le mois de juillet, la première promotion du diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques (DEUST), spécialité conduite de travaux en éco-construction, a débuté sa formation. Un cursus en alternance en partenariat avec le conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de Mayotte et avec le GRETA-CFA, qui a surtout de beaux jours devant lui tant le chantier dans le 101ème département est colossal.

Baccalauréat en poche, vous ne savez que choisir entre le monde professionnel et la poursuite de vos études ? L’alternance est faite pour vous ! Comme les 12 étudiants en formation DEUST (diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques) conduite de chantier, vous pouvez réaliser un cursus universitaire tout en vous formant en entreprise.

Le conservatoire national des arts et métiers (Cnam) projette avec ce nouveau diplôme de former la population mahoraise et ainsi répondre aux contributions du territoire. “Notre logique est de travailler en cohérence entre la formation professionnelle et le développement économique », précise Anfane Hafidou, directeur général adjoint au conseil départemental, avant d’adresser un message porteur d’espoir aux jeunes en formation réunis ce mardi 27 juillet dans les locaux du rectorat. “Les besoins sur le territoire sont réels et vous êtes la solution à ceux-ci. L’objectif de cette formation est que vous deveniez les acteurs du développement de l’île, qu’on ne soit plus à l’avenir obligés de faire appelle à du personnel extérieur à Mayotte afin de trouver ces compétences là”, affirme-t-il. Un avis partagé par l’ensemble des invités du séminaire d’intégration des apprentis. À l’instar de la directrice du Cnam, Antufati Bacar. « Le BTP est classé comme la première filière à développer à Mayotte et la première filière porteuse d’emploi.” Un domaine non négligeable sur un territoire en pleine expansion et où la formation des jeunes est au cœur de nombreux enjeux.

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La vie c’est ça, elle est remplie de défis”

Une semaine sur les bancs de l’école et une semaine sur les chantiers, c’est ce qu’a choisi Faïda Mohamed Mmadi. Cette jeune bachelière pleine d’ambition n’a pas peur de se lancer dans une aventure inédite. “Je suis la seule fille de la promotion pour l’instant et la seule à sortir d’un lycée général. Les autres ont tous un bac pro, mais je suis réellement motivée pour aller dans le domaine du BTP”, assure-t-elle, déterminée. Si elle convient que s’intégrer dans cette voie professionnelle principalement masculine s’avère être un réel défi, elle n’en oublie pas moins son objectif. “Je suis très déterminée. Mon rêve est de devenir architecte et pour moi, l’alternance apporte un plus. Cela me permet d’acquérir des compétences sur le terrain. C’est un défi certes, mais la vie c’est ça, elle est remplie de défis”, s’exclame-t-elle, sure et certaine de son choix. Aucun doute à ses yeux, l’architecture et le bâtiment sont deux domaines qui la passionnent. “Ce qui me pousse dans cette voie ? C’est la réalisation d’un projet concret, qu’on voit se développer. J’ai toujours eu un côté artistique au fond de moi et j’aimerais voir que grâce à mes travaux, j’ai permis de donner une nouvelle image à Mayotte.” Un rêve qu’on lui souhaite se réaliser et un avenir radieux plein de développement sur l’île aux parfums.

Avec le parc Amina Oili, « Tsoundzou 1 est sur la bonne voie pour évoluer positivement »

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Samedi dernier s’est déroulée l’inauguration du parc Amina Oili situé à Tsoundzou 1. Un investissement conséquent de plus de 2.5 millions d’euros pour la commune qui doit permettre aux habitants du village de se retrouver sur ce nouveau lieu de vie. Si d’autres aménagements doivent suivre à l’avenir, il reste à la population à se l’approprier.

Des sourires en veux-tu en voilà. Telle est l’image à retenir de l’inauguration du parc Amina Oili de Tsoundzou 1, organisée ce samedi 24 juillet. Mais aussi des émotions puisqu’il rend hommage à la première habitante du village, surnommée « M’mabole », membre des chatouilleuses et grande militante pour la départementalisation. « J’ai vu dans les yeux de ses proches que ce moment avait une signification particulière », relate Faysal Abou Bacar, président de la fédération des associations de Tsoundzou, qui voit en ce jour l’occasion de perpétuer « la richesse de son histoire ».

Et c’est tout le sens du message adressé par le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla. « La création d’un nouvel espace de vie revêt une symbolique forte de sens, signifcative de son développement et de l’amélioration du cadre de vie des citoyens. » Cet aménagement de détente et de loisirs, où s’entremêlent un city stade, un terrain de pétanque, des agrès, une aire de jeux pour enfants ou encore des mobiliers de repos, doit permettre de se réapproprier ce site. « [Cette] requalification s’inscrit dans une démarche globale du plan paysage de la ville. » Une stratégie ayant pour but d’anticiper le recul progressif du trait de côté, tout en valorisant le quartier.

Sécurité, prévention, sensibilisation

Attendu depuis 2015, ce parc financé à hauteur de 2.5 millions d’euros par la commune devient enfin réalité. « Les habitants demandaient un endroit à l’air libre pour s’aérer, se reposer, se rencontrer… », se réjouit Faysal Abou Bacar, qui espère rassembler toujours plus d’associations au sein de sa fédération « pour participer à des projets communs et faire découvrir nos structures ». Car ce nouveau lieu en dépend. De nombreux enjeux attendent ces nombreux bénévoles, tant en termes de sécurité et de prévention que de sensibilisation à l’environnement, puisque la mangrove se situe à deux pas seulement. « Nous allons essayer de faire le maximum pour qu'[il] soit le moins dégradé possible. » D’où l’intensification des opérations de nettoyage dans les prochaines semaines pour conserver durablement ce sol à la saveur patrimoniale.

L’autre objectif primordial ? Favoriser le vivre-ensemble et renforcer le lien intergénérationnel, qui « contribue pleinement à l’apaisement dont nous avons tous besoin », martèle le premier magistrat de la ville chef-lieu. Un discours partagé par Faysal Abou Bacar. « Il faut que les habitants se l’approprient : soit la population jouera le jeu, soit les délinquants prendront le pas. » Toujours est-il que selon lui, « Tsoundzou est en bonne voie pour évoluer positivement ». Et ce n’est que le début du renouveau. D’autres aménagements doivent suivre dans les prochains mois avec la création de terrasses et d’une passerelle pour observer la biodiversité ainsi que la construction d’un skatepark pour les adeptes de sports de glisse. Avant la réalisation d’une seconde phase qui doit sortir de terre des commerces et une offre de restauration.

Au vu de la foule présente pour l’inauguration, le pari semble déjà réussi. « Ce ne sera pas qu’un simple parc », insiste Faysal Abou Bacar. En effet, ce nouvel équipement rentre dans le cadre de stratégies territoriale (avec la prochaine installation de l’agence régionale de la biodiversité de Mayotte à horizon 2022) et nationale (avec l’adoption du nouveau contrat d’objectifs et de performance par le conseil d’administration du Conservatoire du littoral le 15 juin dernier). Ne reste qu’à Tsoundzou de démontrer sa résurgence !

Le Krav-Maga fait ses débuts à Mayotte avec un instructeur de renom

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Le Krav-Maga est un sport de combat encore méconnu sur l’île, pourtant au vu de l’insécurité grandissante à Mayotte, son enseignement serait utile à la population. C’est dans cet objectif que s’est créée l’association Mayotte Krav-Maga il y a six mois. Samedi 24 juillet s’est tenu le premier stage officiel en présence de Jérôme Roesch, un instructeur au parcours reconnu dans le monde entier.

Il fallait être préparé physiquement mais surtout mentalement avant de se rendre au stage de découverte de Krav-Maga qui se tenait au dojo de Mamoudzou. Parmi la quarantaine de volontaires qui a suivi le stage de découverte de trois heures, aucun n’est ressorti indemne. « Je fais de la boxe et quand je sors de mes cours habituels, je suis certes transpirante, mais je n’ai pas aussi mal au corps », affirme Tanya, l’une des participantes. Malgré cela, elle ne regrette pas d’avoir pris part à la session avec Jérôme Roesch, instructeur de la fédération française de karaté (FFK), spécialisé dans la discipline. Ceinture noire, sixième dan de Krav-Maga autrement dit, il est une référence dans le milieu. « Il est très qualifié, c’est un instructeur qui s’est formé en Israël et a développé le Krav-Maga partout en France », explique Christophe Guilbault, président de l’association Mayotte Krav Maga (MKM). Le professionnel est invité dans le département par l’association qui a tenu son premier stage officiel reconnu par la FFK.

Tous les participants étaient des débutants, mais le cours semble avoir été apprécié. « Les techniques que j’ai apprises me seront utiles dans la réalité. Je n’ai pas tout retenu, mais j’aimerais approfondir l’apprentissage », assure Youmna. Même son de cloche pour Junior, un autre apprenti. « J’ai pris beaucoup de coups et je ne m’attendais pas vraiment à cela parce que je fais de la boxe. J’ai tout de même apprécié le cours et j’ai envie de connaître davantage ce sport. » Un souhait qui peut se réaliser puisque l’association MKM va développer la pratique à Mayotte. « Nous finissons la saison début août et à partir de septembre, nous aurons de nouveaux instructeurs que nous aurons formés. Nous allons mettre en place d’autres stages avec Jérome Roesch et les autres instructeurs, notamment pour les femmes et les enfants. Et nous ouvrirons des sections consacrées à ces deux catégories de personnes », annonce le président de l’association. Le stage de découverte de samedi a porté ses fruits puisque nombreux sont ceux qui ont approché MKM pour s’inscrire.

Le Krav-Maga, une pratique adaptée à la réalité

Contrairement aux idées reçues, le Krav-Maga n’est pas un art martial à l’exemple du karaté ou du judo. « Il s’agit d’une pratique d’auto-défense adaptée à la réalité. L’intérêt est de pouvoir reproduire les techniques apprises en cas d’agression. Une personne est capable d’assimiler les bases en quelques séances, ce qui n’est pas le cas des arts martiaux », dévoile Jérôme Roesch. Le Krav-Maga est également en constante évolution en fonction de la société et des types d’agressions qui existent. Raison pour laquelle MKM a vu le jour sur l’île. « Nous sommes partis d’un constat simple : au vu du climat social et sécuritaire de Mayotte, il fallait une alternative à la population pour qu’elle puisse se défendre », indique Christophe Guilbault. Et selon le professionnel Jérôme Roesch, les techniques d’auto-défenses de la discipline correspondent aux types d’agressions présentes à Mayotte.

De ce fait, une grande partie des participants au stage y ont assisté dans le but d’avoir une arme de défense en cas d’agression à l’extérieur. « C’est une pratique que nous devrions même enseigner aux enfants à l’école, dès le plus jeune âge, surtout dans les territoires compliqués comme Mayotte », souhaite Tanya. Il reste encore du chemin avant d’en arriver à ce niveau. Pour l’heure, Mayotte Krav-Maga espère s’étendre sur toute l’île et faire connaître ce sport d’auto-défense qui peut être utile à notre société.

Extension du pass sanitaire : ce qui va changer (ou pas) à Mayotte

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Un vote « au forceps » selon certains élus. Dans la nuit de dimanche à lundi, le Parlement a adopté le projet de loi concernant l’extension du pass sanitaire, comprenant plus de 200 mesures. Reste encore l’approbation du Conseil constitutionnel, saisi par le Premier ministre, afin de mettre le texte en application dès le mois prochain. Enfin, pas dans tous les département d’outre-mer…

« Pitié, cinq minutes ! » Il est 22h09 ce dimanche 25 juillet au soir lorsque le vice-président du Sénat, Roger Karoutchi, demande une brève suspension de la séance publique afin de statuer sur le dernier amendement du projet de loi sur le pass sanitaire. Au total, le texte en compte plus de 260. Mais à la dernière minute, le gouvernement, à travers Olivier Véran, décide d’en déposer un nouveau, qui sera adopté dix minutes plus tard. Ainsi, les préfets pourront désormais décider de mettre en place le pass sanitaire à l’entrée des « grands centres commerciaux, si les conditions l’exigent, en garantissant l’accès aux services essentiels ». Mais a priori, la mesure sera inapplicable à Mayotte, puisque le texte ne concerne que les centres de plus de 20 000 mètres carrés, alors que l’île n’en compte pas un seul du genre sur son sol. A titre de comparaison, l’hypermarché du Baobab affiche une superficie de 3 000 mètres carrés, et 1 400 mètres carrés de galerie marchande. Très loin du compte, donc.

Et la mesure n’est pas la seule à laquelle échappera le 101ème département. En effet, les parlementaires ont finalement décidé que la situation sanitaire de Mayotte ne nécessitait pas d’y déclarer l’état d’urgence sanitaire, du moins pour l’instant. Car au milieu du projet de loi, une petite phrase discrète est sans appel : « « Par dérogation (…) si l’état d’urgence sanitaire est déclaré sur le territoire de Mayotte avant le 30 août 2021, cet état d’urgence est applicable jusqu’au 30 septembre 2021 inclus », à l’instar de la Guyane, de la Martinique et de la Guadeloupe. Une précision qui permet de retarder la mise en place du dispositif sur le territoire, mais n’empêchera pas de l’y déployer rapidement si le contexte se dégrade. Alors autant savoir tout de suite à quoi pourraient s’attendre les Mahorais dans les prochaines semaines si le gouvernement décide de faire machine arrière.

D’abord, l’attestation vaccinale pourra être demandée dans les bars, les restaurants, les cafés, les foires ou salons professionnels, dans certains transports en commun, comme l’avion, le train ou encore les cars long trajet, ainsi que dans les établissements médicaux hors urgence. Pour mémoire, jusqu’à présent, et ce depuis le 21 juillet, le pass sanitaire ne pouvait être exigé que dans les lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes (cinéma, festivals, salles de concert, de conférence, de spectacles, de jeux, événements sportifs, etc.). Selon l’accord trouvé entre les parlementaires, les 12-17 ans sont exempts de pass sanitaire jusqu’au 30 septembre.

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Licenciement, contrôle, amende, isolement…

Si le texte fraîchement adopté maintient l’obligation vaccinale pour certaines professions, le licenciement ne sera plus de mise chez les soignants, sapeurs-pompiers et certains militaires non vaccinés, comme le prévoyait le projet de loi initial. En revanche, ceux-ci verront leur contrat et leur rémunération suspendus s’ils ne sont pas vaccinés à partir du 30 août. Si la situation perdure au-delà de trois jours, les salariés concernés seront convoqués pour un entretien afin d’être réaffecté à un poste où le pass vaccinal n’est pas obligatoire. Une subtilité de langage, en somme.

Contrairement à ce qu’envisageait initialement le gouvernement, les contrôles concernant l’isolement obligatoire (en cas de contamination ou de contact à risque) ne seront pas réalisés par la police mais par l’assurance-maladie. Ainsi, les établissements qui n’effectueront pas le contrôle des pass sanitaire de leur clientèle s’exposeront à une fermeture administrative de sept jours maximum, mais plus à la prison avec sursis ou à l’amende de 45 000 euros, annoncée plus tôt. En cas de manquement à plus de trois reprises sur 45 jours, le gestionnaire encourra toutefois un an de prison et 9 000 euros d’amende. Même sanction pour les transporteurs en cas de plus de trois défaut de contrôle sur 30 jours – qui s’exposent, eux, à une amende de 1 500 euros dès la première absence de contrôle.

Toute utilisation de pass frauduleux sera sanctionnée par une amende de 135 euros, et jusqu’à six mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende en cas de trois infractions en 30 jours. Salariés et agents publics bénéficieront d’une autorisation d’absence afin de se rendre à leurs rendez-vous médicaux si ceux-ci sont liés à la vaccination.

Enfin, dernière mesure phare du projet de loi, l’isolement strict et total sur une durée non renouvelable de 10 jours est de mise pour toutes les personnes dépistées positives au Covid-19. Cette durée pourra être écourtée en cas de présentation d’un nouveau test négatif. Un recours sera possible devant le juge des libertés et de la détention. Les sorties resteront envisageables entre 10h et midi uniquement en cas d’urgence. Le non-respect de cet isolement sera puni d’une amende de 1 500 euros.

L’ensemble de ces mesures ne pourra être applicables que jusqu’au 15 novembre, avant d’être soumises à un nouveau votes des parlementaires. Si le projet de loi a été adopté dans la nuit de samedi à dimanche, le Premier ministre Jean Castex a assuré soumettre le texte au Conseil constitutionnel, dont le feu vert est attendu d’ici au 5 août, afin d’accélérer son entrée en vigueur. Pour le cas de Mayotte, le retour des vacances sera assurément un élément déterminant.

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En marge des débats, la protestation anti pass sanitaire prend de l’ampleur

Alors que l’ensemble de ces mesures est supposée, selon le gouvernement, permettre d’endiguer la quatrième vague épidémique que connaît actuellement la métropole, la colère gronde partout à travers le pays contre ce que certains jugent être une forme d’obligation vaccinale. Dimanche, après un week-end de manifestations rassemblant quelque 161 000 participants, dont 11 000 à Paris, le syndicat Sud-Rail a appelé les cheminots à ne réaliser aucun contrôle sur les pass sanitaires. La semaine dernière, le Premier ministre avait annoncé l’ouverture de cinq millions de créneaux de vaccination supplémentaire sous 15 jours. « Le fameux variant Delta est là, majoritaire. Il est plus contagieux que les autres. Nous avons enregistré une hausse de 140% des cas positifs en une semaine, et plus de 18.000 hier. Un autre chiffre caractérise cette situation : 96% de ces 18.000 cas n’étaient pas des gens vaccinés », avait défendu Jean Castex sur le plateau du 13 heures de TF1.

Où en est l’épidémie à Mayotte ?

Contrairement à la métropole, où sous l’effet du variant Delta, l’épidémie repart en flèche, Mayotte connaît une accalmie depuis plusieurs semaines. Alors que la dernière hospitalisation liée au Covid-19 remonte à la fin du mois de juin, seuls 12 nouveaux cas ont été recensés entre le 13 et le 19 juillet selon l’ARS. Sur la même période, le taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants est de 4,3, pour 0,3% de taux de positivé, ce qui peut se traduire par une perte de vitesse des contaminations, mais aussi un plus faible nombre de tests réalisés, notamment sous l’effet des vacances. Le retour des personnes ayant voyagé en dehors de l’île, courant août, pourrait d’ailleurs marquer une recrudescence du nombre de cas. Depuis le début de l’épidémie, il y a un an et demi, Mayotte enregistre 19 465 cas confirmés, pour 30 535 personnes vaccinées, soit 11,3% de la population, contre près de 50% en France métropolitaine.

À l’image de Latouldine, la nouvelle génération mahoraise à la main verte

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À Barakani, le jeune agriculteur Latouldine Madi cultive les terres de ses grands-parents avec amour et passion. Respectueuse de l’environnement, son activité est en pleine expansion. Prochaine étape : accueillir des curieux dans une maison traditionnelle en torchis construite sur son exploitation, et ainsi pouvoir véritablement vivre de son métier.

Depuis la classe de troisième, Latouldine Madi rêve d’agriculture. Aujourd’hui, il cultive ses 3.000 mètres carrés de terrain à Barakani et espère pouvoir développer une activité d’agrotourisme. Ananas, fruits de la passion, vanille, curcuma ou encore bananes… L’agriculteur dispose d’une collection d’espèces végétales en tout genre qu’il souhaite encore davantage étoffer. “Ici, je voudrais créer une sorte de jardin forêt, avec des arbres et différentes strates d’espèces végétales”, précise-t-il d’un ton enjoué. Avant d’ajouter : “Je n’ai pas encore atteint mon objectif, je ne cultive ici que depuis deux ou trois ans. Sur Youtube, j’ai vu des jardins qui m’ont inspiré et c’est comme ça que j’ai été attiré par la permaculture.” Sur son exploitation, pas d’intrants ou de produits phytosanitaires, Latouldine s’emploie dans le respect des sols et de la nature qui l’entoure. “Je me suis tourné vers une agriculture qui ne nécessite pas trop de travail de la terre. Au temps de ma grand-mère, il fallait labourer chaque année les parcelles, alors qu’aujourd’hui, nous savons qu’en enrichissant jour après jour la terre, le sol est en meilleure santé et les plantes aussi…”

Un parcours atypique

Bon élève au collège, les professeurs de Latouldine lui conseille de suivre une voie technologique au lycée de Sada, mais son envie de nature ne le quitte jamais. “Après mon bac, j’ai suivi plusieurs formations dans le tourisme, l’agroalimentaire ou encore l’hôtellerie qui m’ont permis de voyager et de perfectionner mon anglais. Puis j’ai travaillé au sein d’une exploitation agricole et j’ai décidé de concrétiser mon projet en créant ma propre exploitation”, rembobine-t-il, avec une certaine nostalgie des années passées. Depuis, Latouldine produit essentiellement pour sa consommation personnelle et vend à quelques observateurs qui viennent lui rendre visite dans les champs. “Mon objectif est de développer mon activité et d’accueillir des personnes qui souhaitent découvrir mon modèle agricole. Mon dernier projet a été la construction d’une maison traditionnelle en torchis », détaille-t-il en pointant la bâtisse du doigt. Un futur logement où il projette d’accueillir les curieux voulant profiter d’une nuit en toute simplicité dans la campagne mahoraise.

Un travail rigoureux

Chaque jour, Latouldine se rend sur son exploitation pour tenir un carnet de bord dans lequel il réalise un suivi de chaque nouveau plant. “Je note la date et l’endroit où je l’ai planté mais aussi si elle est exposée au soleil, à l’ombre ou encore sur une parcelle en pente. J’écris ensuite quand la plante fleurit et enfin quand je procède à la récolte”, énumère les étapes tout en méthodologie. De la mise en culture des espèces en pépinière jusqu’à la consommation des fruits et légumes, Latouldine est attentif à tous les paramètres afin de savoir quelle espèce est la mieux adaptée à ses besoins. “Je n’ai pas fait de formation professionnelle agricole, mais je me renseigne en permanence et fais des expérimentations”, conclut l’agriculteur. Aujourd’hui, il est plus que jamais décidé à vivre de sa passion et à la partager.

Un avenir incertain pour les taxis de Mayotte

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La chambre des métiers et de l’artisanat a tenu un séminaire porté sur l’avenir des taxis à Mayotte ce mercredi. L’occasion de parler des conditions de travail des chauffeurs de taxis et de l’évolution de leur métier dans les années à venir. Mais le futur n’est pas tout rose pour la profession qui semble être oubliée par les politiques.

Ils étaient très attendus mais figuraient aux abonnés absents. Les représentants des différentes collectivités de l’île n’ont pas répondu à l’appel de la chambre des métiers et de l’artisanat pour assister au séminaire sur le futur des artisans taxis de Mayotte. Pourtant, leur présence était plus que nécessaire. « Aujourdhui était loccasion de réunir les intercommunalités, le Département avec l’État et leur dire que lavenir des taxis est vraiment menacé », rappelle Salama Ramia, directrice du service développement économique à la CMA. Par le passé, les politiques ont été mis au courant des inquiétudes de la profession qui a l’impression d’être menacée par les projets de transports urbains qui sortent des tiroirs. « Il y a trois ans, lorsque tous ces projets ont été lancés, il y a eu une grosse inquiétude des taxis qui se demandaient où serait leur place…. Jusqu’à il y a un an, nous étions rassurés par la Cadema, mais depuis l’installation de la nouvelle équipe, ce n’est plus le cas », affirme Salama Ramia. Leurs craintes se portent particulièrement sur le Caribus !

La communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou aurait promis aux taxis artisans de les inclure dans le projet en autorisant les véhicules neuf places sur leurs lignes. Une promesse qui ne semble plus d’actualité selon les professionnels. « Ces voitures seraient remplacées par des bus de quinze places. Cela reste à confirmer parce que nous n’avons aucun retour de la Cadema, mais qui dit bus de 15 places, dit plus de taxis ! », prévient la directrice. Les échanges ne sont pas plus avancés avec le Département, au grand désespoir de la chambre des métiers et de l’artisanat, mais aussi et surtout des chauffeurs professionnels. Si le séminaire en question était le parfait rendez-vous pour jouer carte sur table, l’absence des autorités complique la donne… « La Cadema était représentée, l’État aussi, mais il n’y avait personne du Département et des autres intercommunalités. Nous sommes déçus parce que ceux qui devaient entendre notre message n’étaient pas là », regrette Salama Ramia. Selon elle, cet immobilisme prédit en quelque sorte l’avenir des taxis. « Le futur est sombre si la situation daujourdhui se répète. Mais il peut aussi être sauvé si toutes les collectivités s’unissent à nous pour trouver des solutions », indique-t-elle, espérant se faire entendre.

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Des taxis plus modernes

Les taxis font partie du patrimoine culturel de Mayotte, ils sont ancrés dans le paysage depuis plusieurs dizaines d’années. Même si les transports en commun se multiplient dans l’avenir, il sera difficile de se passer d’eux. « Il ne peut pas avoir de bus partout dans Mayotte. Que ce soit le projet de la Cadema ou celui du Département, ils ne peuvent pas aller dans tous les quartiers ni toutes le communes », selon Salama Ramia. Les professionnels doivent donc être considérés comme des alliés et non des adversaires par les collectivités. Mais le taxi, tel que nous le connaissons actuellement, n’a peut-être plus sa place dans notre société où les clients sont de plus en plus exigeants. Les propriétaires de l’entreprise Taxi vanille 976 l’ont compris. La société aux véhicules blancs et jaunes existe depuis 2019 et elle n’a qu’un seul mot d’ordre : la modernité. « Nous faisons en sorte pour que le public ait tout le confort nécessaire, que la voiture soit toujours propre, climatisée, que le client puisse payer par carte bancaire », explique Abalkini Chanfi, directeur adjoint de la société. Il est également possible de réserver son taxi 48 heures en avance, mais concernant la réservation instantanée, il faudra encore attendre, faute de professionnels. Pour l’heure, la société regroupe 102 artisans taxis, « dont soixante véhicules que nous espérons moderniser d’ici six mois », précise Abalkini Chanfi.

La modernité est une chose, mais le système des taxis mahorais reste authentique. Une authenticité qu’il faudrait préserver. « J’entends souvent dire qu’il faut faire du copier-coller, mais je ne suis pas favorable. Il ne faut pas croire quailleurs ça passe bien. Nous avons notre particularité et nous pouvons même créer un modèle pour les autres départements », souhaite la directrice du service développement économique à la chambre des métiers et de l’artisanat. Et cela peut commencer par le choix d’une couleur unique pour tous les véhicules. Mayotte est le seul département à avoir un décret en ce sens. Au delà de l’esthétique, il s’agirait d’un bon moyen pour différencier les professionnels en règle aux taxis clandestins.

À Mayotte, le retour des soirées signe celui du sexisme ordinaire

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On dit souvent de Mayotte qu’elle est une société matriarcale. Pourtant, tout comme en métropole, si ce n’est plus, le sexisme est ici aussi bien présent, et revêt plusieurs formes. La plus banalisée d’entre elle, le sexisme ordinaire, semble avoir, dans les Outre-mer, de beaux jours devant lui.

C’est une date que tout le monde – ou du moins, une bonne partie de la France – attendait avec impatience. Depuis le 9 juillet, les boîtes de nuit sont rouvertes. Avec elles, les bars, durement touchés par la crise sanitaire, mettent les bouchées doubles pour proposer, chaque week-end, des soirées à faire oublier le temps du confinement et de la distanciation sociale.

Au milieu des affiches bariolées qui circulent toutes les semaines sur les réseaux sociaux afin de promouvoir ces événements, certaines imposent un dress code ouvertement sexy aux clientes féminines, afin de gonfler la fréquentation et le chiffre d’affaires de certains établissements, sous couvert de lubricité. Celles en mini-jupe sont dispensées de payer l’entrée, ou, une paire de talons aux pieds, se verront offrir une consommation gratuite. Les hommes, eux, doivent payer plein pot, quel que soit leur accoutrement.

Souvent, une tenue « chic » est exigée, mais particulièrement codifiée lorsque celle-ci concerne ces dames. Le procédé n’a rien de nouveau. Au contraire, il est devenu tellement habituel, à Mayotte et au-delà, qu’il ne choque plus personne. Et pourtant, offrir des avantages à une femme selon sa tenue vestimentaire, au mépris de sa liberté d’incarner sa féminité comme chacune l’entend, relève ni plus ni moins que du sexisme ordinaire. Sa forme la plus banalisée.

Le sexisme ordinaire, c’est celui qui n’a l’air ni méchant, ni violent, à tel point qu’on ne le relève pas – ou plus. C’est ces petits gestes, ces sifflements dans la rue, ces petits surnoms, ces phrases, « Ma jolie », « Et les enfants, c’est pour quand ? », « Oh, tu devrais te maquiller, fais un effort ! », ces blagues misogynes, dénigrantes, qui remettent sans cesse en question et en cause la condition de la femme.

À Mayotte, ce sont les taxis qui vous demandent en mariage dès lors que vous ouvrez leur portière. Ce sont ces hommes qui, lourdement, insistent pour vous raccompagner quand ils vous aperçoivent marcher seule dans la rue. Ce sont les regards déplacés portés sur une poitrine ou un fessier bombé. Tout ce qui pourrait sembler flatteur, mais ne fait que renforcer les stéréotypes de genre. Alors non, le sexisme ordinaire n’est ni un viol ni une agression, mais il n’en est pas moins du sexisme. Il enroule ses tentacules autour des corps trop sexualisés des femmes, dont l’étreinte lancinante est une atteinte permanente à leur liberté d’être et de choisir.

Les Outre-mer, plus touchés par le sexisme que la métropole

En 2019, le ministère des Outre-mer lançait une enquête dédiée aux violences et rapports de genre (VIRAGE), à La Réunion, en Guadeloupe et en Martinique. Si la consultation n’a pas pu être menées à Mayotte, où beaucoup de données étaient encore (et sont toujours, pour certaines) inconnues des institutions compétentes, le tableau dépeint sur l’île Intense pourrait faire écho au contexte local : dans les espaces publics, le sexisme y serait deux fois plus présent qu’en métropole, au vu du nombre de femmes ayant déclaré avoir déjà été sifflées ou interpellées sous prétexte de drague (36%). Elles sont aussi trois fois plus nombreuses que sur l’Hexagone à rapporter « des propositions sexuelles indécentes » malgré leur refus (3%).

Selon les conclusions de l’enquête, « près d’une femme sur deux en emploi ou au chômage a subi au moins un fait de violences dans les espaces publics contre un tiers chez les femmes inactives ». Par ailleurs, les femmes âgées de 20 à 29 ans seraient les plus exposées aux insultes, aux sifflements et autres interpellations. Dans leur vie professionnelle, près d’un quart d’entre elles ont déjà subi des violences psychologiques, les plus courantes, et une femme sur vingt est victime d’harcèlement sexuel au travail, contre une sur trente en métropole. Au sein du couple, une Réunionnaise sur trois a déjà été victime de violences psychologiques, là encore. Et les principaux sujets de dispute porteraient sur la répartition des tâches ménagères et l’éducation des enfants. Évidemment.

Point positif néanmoins, depuis l’émergence du mouvement #MeToo, la dénonciation des violences sexuelles et sexistes prend de l’ampleur et est davantage acceptée socialement. Enfin, les victimes sont entendues, reconnues. Dans le cas de Mayotte, « c’est par l’éducation que la femme mahoraise peut s’émanciper », défendait il y un an Taslima Soulaimana, directrice régionale aux droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes. Depuis sa prise de fonction, les campagnes de sensibilisation au sexisme et aux violences sexuelles se multiplient à travers l’île, dans le milieu sportif, professionnel et médical notamment. « Il est aujourd’hui encore difficile de changer les mentalités, mais nous continuons à y travailler avec les partenaires. » Car aussi vrai qu’il faille sensibiliser le plus grand nombre au danger du sexisme, encore faut-il savoir le reconnaître partout où il se cache.

Balades artistiques et patrimoniales à Mamoudzou

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Le projet “Nouveau regard sur ma ville 2021” mis en œuvre par la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou (Cadema) a pour objectif de faire découvrir ou redécouvrir aux jeunes mahorais, les sites patrimoniaux de l’île aux parfums.

Comme chacun le sait, la culture est souvent une des grandes oubliées à Mayotte. Avec “Nouveau regard sur ma ville 2021”, la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou (Cadema) souhaite mettre en lumière les lieux remarquables de la ville chef-lieu et montrer aux 15-18 ans toute la richesse du patrimoine de leur île. Durant les mois de juillet et d’août, dix groupes de huit jeunes participeront aux différentes sessions du projet qui mêle découverte du patrimoine et expression artistique.

Premier jour ce mardi : les jeunes chaussent leurs baskets pour une balade patrimoniale d’une dizaine de kilomètres dans Mamoudzou. Au programme ? Visite du square Papaye, du rectorat, de la place Mariage ou encore de la mangrove de M’tsapéré. L’occasion pour les néophytes d’observer en détails ces lieux devant lesquels ils passent tous les jours sans y prêter attention, “Cette activité nous permet d’avoir un nouveau regard sur Mamoudzou. J’avais envie de découvrir ces lieux autrement car on ne connaît jamais assez notre ville”, témoigne Nolan, élève en classe de première. Comme lui, sept autres jeunes ont fait le choix de venir s’aérer et se cultiver pendant leurs vacances.

Et le lendemain, le petit groupe retourne même, accompagné du photographe professionnel, Toibrane de la société Mayan’Art Studio, sur leurs lieux préférés pour un cours de photo. “L’objectif est de donner à ces jeunes la possibilité de s’exprimer par l’art”, explique Géry Liausu, directeur de la culture, du patrimoine, du tourisme et des loisirs à la Cadema. Pour accompagner leurs clichés, les adolescents planchent pendant les deux journées suivantes sur l’écriture d’un cartel, encadrés par l’artiste Jean-François Bocle. “L’atelier d’écriture est l’occasion pour les jeunes d’exprimer ce qu’ils ressentent mais aussi de justifier leurs choix artistiques. Pourquoi ont-ils choisi tel cadre photographique ou tel sujet ou encore ce qu’ils ont aimé dans ce paysage ou ce détails qu’ils ont choisi de photographier”, déroule le responsable.

Une exposition en guise de reconnaissance

Fans de photographie ou novices mais surtout curieux de voir la capitale mahoraise autrement, les jeunes se disent ravis de goûter à cette activité. “Je n’avais jamais participé à des sorties comme ça avant. Je trouve ça ludique, en plus cela allie sport et culture, c’est intéressant. J’aimerais apprendre à faire de la photo car je n’en ai jamais fait avant, ce sera l’occasion”, affirme Kiliane, qui s’est inscrit aux balades de “Nouveau regard sur ma ville 2021” avec ses proches. Pour Laïnya et Tanay deux cousines réunies à Mayotte pour les vacances, c’est le même enthousiasme. “On a l’habitude de marcher, on aime bien ça. En plus, on adore prendre des photos avec nos téléphones, c’est super d’apprendre à utiliser un appareil photo et voir nos clichés dans une exposition”, se réjouissent-elles. En effet, pour elles comme pour Ynesse Amelka, le vernissage est très attendu. « J’ai hâte que ma photo soit exposée et pouvoir partager les photos prises sur les réseaux sociaux”, s’exclame t-elle. Un pari qui semble réussi pour cette première édition du projet lancé par la Cadema et la promesse d’une exposition riche de diversité.

Ces mahorais qui quittent l’île aux parfums pour se construire une carrière

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Asma* vit à Paris. Originaire de Mamoudzou, la Mahoraise de 28 ans affirme aujourd’hui ne pas regretter un instant avoir quitté le 101ème département français. Partie pour poursuivre des études littéraires, elle prépare actuellement les concours du barreau au Luxembourg et en France.

Flash Infos : Quel est votre parcours scolaire ? Pourquoi avoir quitté Mayotte pour poursuivre vos études ?

Asma : Lorsque je suis partie à l’âge de 16 ans, ma première destination a été Lyon. J’ai quitté Mayotte car la filière que je convoitais n’y existait pas et n’y existe toujours pas. J’ai suivi un parcours en classe préparatoire littéraire hypokhâgne et khâgne, à l’issue duquel j’ai réalisé une licence en droit privé puis un master en droit des affaires internationales en Égypte. Je me suis spécialisée par la suite dans le droit des pays arabes grâce à un échange universitaire au Qatar. Afin d’étoffer mon parcours, j’ai également occupé une place au sein du bureau de l’intégrité et de la lutte contre la corruption à Abidjan que j’ai délaissé par la suite pour rejoindre le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. J’ai alors travaillé un an pour le consulat général de France à Alger. Puis en raison de la crise sanitaire, j’ai été mobilisée pour aider au rapatriement des Français bloqués à l’étranger et j’ai décidé de me consacrer à la préparation de plusieurs concours, dont celui du barreau.

FI : Un sacré parcours alors que vous n’avez que 28 ans. Mais alors riche de vos expériences, regrettez-vous aujourd’hui d’avoir quitté Mayotte ?

Asma : Je ne regrette pas d’être partie car j’ai pris goût aux voyages. J’espère que la fin de la crise sanitaire me permettra de repartir en Afrique. Je suis bien consciente aujourd’hui que je n’aurais jamais eu autant d’opportunités professionnelles si j’étais restée sur l’île.

FI : Vous parlez d’opportunités professionnelles. Pensez-vous qu’il est possible à l’heure actuelle de se constituer une carrière à Mayotte ?

Asma : En l’état actuel des choses, je ne vois pas quels débouchés l’île offriraient aux jeunes diplômés. Il n’existe aucun dispositif de retour et d’accompagnement à la recherche d’emploi. L’État ne soutient que très peu les jeunes entrepreneurs. C’est la raison pour laquelle je suis admirative du parcours de jeunes mahorais qui excellent dans leurs domaines. Que faire lorsque l’on n’a pas d’âme entrepreneuriale ? Le département n’a aucun moyen d’absorber le contingent de jeunes diplômés alors la plupart restent en métropole. Quel intérêt de venir grossir le flot des chômeurs ?

FI : Selon vous comment s’explique la fuite des cerveaux à Mayotte ?

Asma : Pour moi, la fuite des cerveaux à Mayotte s’explique d’abord par l’environnement hostile et l’insécurité. Mayotte connaît des pics de violence que l’on ne rencontre pas ailleurs. Mais aussi par le manque d’attractivité liée à l’absence d’activité sur l’île. Également par les salaires peu élevés au regard du coût de la vie. De plus, la pratique du piston peut rendre l’insertion professionnelle difficile. Enfin, les porteurs de projets qui souhaitent ouvrir une entreprise sont confrontés à des lourdeurs administratives qui viennent freiner la mise en place de leur activité.

FI : Voilà un bilan bien triste que vous dressez là… Si vous deviez donner un conseil à un jeune bachelier mahorais, que lui diriez-vous ?

Asma : Si je devais donner un conseil à un étudiant, je lui demanderais de bien se renseigner sur son orientation. Par manque d’information, certains étudiants se réorientent ou peinent à trouver leurs voies. Je leur conseillerai également de cumuler les dispositifs d’aide et de préparer un plan B au cas où tout ne se passerait pas comme prévu. Je leur demanderai d’être curieux du parcours de leurs aînés, on apprend de nos erreurs mais également de celles des autres.

* le prénom a été modifié

Au conseil départemental, “l’opposition constructive” ne lâchera rien

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Toujours privés d’hémicycle, les nouveaux élus du conseil départemental étaient réunis ce lundi 19 juillet dans l’Hôtel de ville de Mamoudzou pour une assemblée plénière marquée par les tensions entre membres de la majorité et ceux de l’opposition.

À l’ordre du jour de cette première assemblée plénière du conseil départemental depuis les élections des 20 et 27 juin ? Une dizaine de rapports à voter et vingt-six élus à contenter. Un défi de taille pour le nouveau président de la collectivité, Ben Issa Ousseni, fraîchement nommé. Un à un, le responsable de l’exécutif énumère les rapports adoptés à l’unanimité par l’assemblée : “Rapport n°2021-00868 relatif à l’adoption du règlement intérieur du conseil départemental ; Rapport n°2021-00869 relatif aux délégations d’attributions du conseil départemental données à sa commission permanente ; Rapport n°2021-00870 relatif aux délégations d’attributions du conseil départemental données au président.”

Place ensuite à la présentation des présidents des commissions spécialisées et des domaines de compétences. Pour la gestion de l’administration générale, des transports et de la transition écologique, c’est Omar Ali, l’élu de Dzaoudzi-Labattoir, qui rafle la mise. Sa collègue de M’Tsamboro, Zouhourya Mouayad Ben, se voit confier quant à elle les dossiers sportifs et culturels, mais aussi ceux en lien avec la jeunesse. Pour ce qui est de la solidarité, de l’action sociale et de la santé, le totem reste entre les mains du canton de Dembéni puisque Madi Velou remplace son adversaire du mois dernier, Issa Issa Abdou. Mais dans l’assemblée d’apparence si docile sommeillent des tensions.

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L’opposition constructive et la majorité

Des représentants désignés au sein des diverses commissions administratives et des organismes extérieurs du conseil départemental en fonction de leurs aptitudes et de leurs compétences dans ces domaines, selon Ben Issa Ousseni. Mais ces choix font quelque peu grincer des dents le groupe dit d’opposition constructive. “Nous souhaitons être représentés dans chacune des commissions afin de garantir le principe de démocratie et de proportionnalité”, soumet la présidente, Hélène Pollozec. La benjamine de « l’hémicycle » rappelle, en vain, sa volonté d’équité au sein des différentes commissions. “Notre objectif est d’œuvrer dans l’intérêt de la population et de nous mettre au travail rapidement”, assure-t-elle. Une demande entendu… Mais pas toujours écoutée par le principal intéressé ! Si certains obtiennent finalement un siège dans des comités, d’autres se retrouvent le bec dans l’eau. Un refus justifié par une simple et bonne raison : la supériorité numérique des membres de la majorité et le professionnalisme de ceux nommés.

Impossible cohabitation ou tensions nécessaires ?

Des avis divergents certes, mais pas question pour autant d’altérer l’ambiance de travail et la mission première des nouveaux élus. “Nous sentons que l’opposition, qui est forte de propositions, a avant tout envie de travailler. L’objectif du conseil départemental demeure le développement de l’activité économique du territoire et son attractivité dans le cadre de nos fonctions régionales. Mais nous devons aussi agir au plus près de la population dans le cadre de nos fonctions départementales”, résume Ben Issa Ousseni, en bon maître de cérémonie. Un sentiment partagé par Hélène Pollozec. Suffisant pour que tout le monde tire dans le même sens ? L’avenir le dira…

Ben Issa Ousseni : « La diversité de la majorité, comme celle de tous les élus de l’assemblée, doit être envisagée comme une richesse »

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À la tête du conseil départemental depuis près de trois semaines, le nouveau président Ben Issa Ousseni se confie en exclusivité pour Flash Infos sur son élection, sur ses priorités, sur le projet territorial de la majorité, sur sa relation avec l’opposition, sur sa vision du poste mais aussi sur le mode de scrutin.

Flash Infos : Depuis bientôt trois semaines, vous êtes le nouveau président du conseil départemental. Racontez-nous les coulisses de ce scrutin. Pensiez-vous réussir à faire l’unanimité auprès de vos pairs et obtenir le siège ? Selon vous, qu’est-ce qui a fait la différence en votre faveur : le fait d’incarner la continuité avec l’ancienne mandature ou tout simplement l’expérience politique ?

Ben Issa Ousseni : D’abord, je veux redire ma fierté d’être devenu le 7ème président du conseil départemental. C’est un immense honneur et une charge dont je mesure toute la portée, tant les défis sont nombreux pour Mayotte et sa population. Raconter les coulisses m’est impossible, mais je me réjouis que nous ayons réussi à former une majorité de projet, même si à ce stade je me refuse à parler d’opposition. Nous avons à travailler ensemble. Les Mahoraises et les Mahorais ne comprendraient pas de nouveaux déchirements, même si, et c’est bien normal, il y aura forcément des points de convergence à rechercher, des différences à dépasser. Ce qui a été décisif ? Je crois avoir été clair vis-à-vis du bilan de la majorité précédente, dont je partageais les grandes lignes, ce qui ne m’empêche pas d’amener ma sensibilité, mon regard et celui d’une équipe largement renouvelée.

FI : Dans votre discours d’investiture, vous avez évoqué les nombreux défis dont doit faire face le conseil départemental ? Quelle sera la première de vos priorités ? Dans quel domaine, comptez-vous mettre l’accent ?

B. I. O. : Durant lle précédent mandat, j’étais vice-président en charge de l’économie : le développement économique de Mayotte me tient toujours particulièrement à cœur, parce que rien n’est possible sans le tissu économique. La crise sanitaire a considérablement fragilisé ces acteurs. Nous devons donc continuer d’être aux côtés des acteurs économiques pour créer les conditions d’un développement harmonieux, maîtrisé.

La question de la sécurité est centrale, même si ce n’est pas à proprement parler une compétence départementale, elle me semble nécessiter un partenariat renforcé avec tous les acteurs comme l’État, la Justice, l’Éducation nationale, les communes et les intercommunalités. Sans sécurité, chacun le sait, il n’est pas de véritable liberté. Le défi écologique aussi est une priorité que nous devons défendre : Mayotte doit valoriser ses atouts ! Mais pour les valoriser, il faut protéger cette extraordinaire biodiversité, qui ne s’oppose pas au développement des infrastructures nécessaires.

En termes d’aménagement, des dossiers lancés comme l’extension de la piste longue (80 millions d’euros du CD), l’aménagement du quai n°1 au port de Longoni, les constructions d’équipement sportifs pour les Jeux des Iles 2027 doivent aussi se concrétiser. Nous avons du pain sur la planche et l’équipe qui m’entoure est à pied d’œuvre pour que nous avancions dans l’efficacité et le souci d’être au plus près des besoins de la population.

FI : Il reste maintenant à déterminer un projet territorial clair, net et précis pour les six prochaines années. Comment comptez-vous vous y prendre ? Allez-vous vous appuyer sur celui défendu par les LR lors de la campagne, avec qui vous incarnez la majorité ? Quels seront les 4-5 axes principaux ?

B. I. O. : La contribution du conseil départemental au projet de loi Mayotte est une excellente base de travail. La mise à niveau du territoire, la protection de celui-ci ou les urgences à traiter comme l’alignement des minimas sociaux dessinent des enjeux clairs. Mais je souhaite effectivement donner un cap clair à notre action autour d’un projet de mandat qui donnera des grandes orientations sur les questions majeures : transports, économie, habitat, jeunesse/insertion, solidarités, coopération… Je ne suis pas l’homme d’un parti, mais j’entends être le président de tous les Mahorais. Et la diversité de la majorité, comme celle de tous les élus de l’assemblée, doit être envisagée comme une richesse. À nous de rechercher ce qui nous rassemble et pas ce qui nous divise.

FI : Quel type de président comptez-vous être ? Plutôt discret comme votre prédécesseur pour laisser la place à vos vice-présidents ou engagé sur le terrain dans le but de communiquer le plus régulièrement possible vos actions ?

B. I. O. : J’ai envie de vous répondre que l’un n’empêche pas l’autre. Je m’appuierai beaucoup sur mes vice-président(e)s bien sûr, sur ce qu’on appelle l’exécutif – comme l’a fait mon prédécesseur Soibahadine Ibrahim Ramadani qui nous a fait pleine confiance – mais je serais aussi un président impliqué, disponible, présent sur le terrain. Je ne conçois pas l’engagement politique autrement ! Après, je ne suis pas un surhomme, mes journées n’ont que 24 heures et nous travaillerons dans le respect des compétences et des sensibilités de tous et toutes.

FI : Ces dernières élections ont aussi démontré le besoin vital de changer de mode de scrutin pour que la population n’ait plus à voter pour un binôme mais pour une liste. Que pensez-vous de cette demande répétée ?

B. I. O. : Je ne sais pas si c’est un besoin vital ! Ce qui est vital, ce sont d’abord les problématiques que vivent les Mahoraises et les Mahorais au quotidien. Bien sûr que les questions institutionnelles sont importantes, mais à ce compte-là, le renforcement des capacités institutionnelles et financières du Département, pour être pleinement une collectivité unique, me semble au moins aussi important. Qu’il faille aller vers un mode de scrutin plus proche de ce qui existe dans les municipalités et les régions, c’est l’évidence, mais il nous faudra alors trouver le moyen de continuer à représenter nos cantons et leurs populations, sans perdre de vue la globalité du territoire.

Le développement des activités économiques et agricoles, le leitmotiv de la communauté de communes du Sud

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Vendredi dernier, la communauté de communes du sud et l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte ont signé une série de conventions pour le développement de zones touristiques et économiques et des baux pour l’installation d’agriculteurs sur le territoire. Une nouvelle étape entre les deux institutions qui conforte l’attractivité de cette partie de l’île.

Si les pelleteuses ne sont pas encore au pied d’oeuvre, l’avancement de trois projets structurants sur la communauté de communes du Sud est en bonne voie puisqu’ils sont déjà en phase dite « opérationnelle ». Preuve en est vendredi dernier avec la signature de plusieurs conventions avec l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam) qui doivent permettre d’ici un à trois ans de complètement transformer le visage de cette partie de l’île.

Ancien lieu touristique de référence de la baie de Bouéni, la zone écotouristique d’Hagnoundrou s’avère être à la fois un chantier inédit et ambitieux. Sur une surface totale de 46 hectares, le rendu final fait rêver avec près de 300 lits d’hébergement, 16.000 mètres carrés d’activités économiques (restauration, pôle VTT, centre équestre, ferme éducative, accrobranche…), 5.000 mètres carrés d’équipements publics (base nautique, halle des fêtes, centres de formation modulables) ou encore de multiples espaces aussi divers que variés (ponton de plaisance, bassin de baignade, jeux nautiques et terrestres, desserte cyclable..). « La conception de l’avant-projet va débuter. Les demandes d’autorisation liées aux codes de l’urbanisme et de l’environnement vont être soumises aux services de l’instructeurs », assure Ali Moussa Moussa Ben, le maire de Bandrélé et le président de l’intercommunalité, qui envisage de commencer les travaux en 2024.

À quelques kilomètres, la zone d’activité économique multifonctionnelle de 18 hectares située à Malamani est elle-aussi sur les rails. Lancée en 2018 avec les études de faisabilité, elle doit accueillir des entreprises industrielles, commerciales et artisanales et voir notamment sortir de terre une cuisine centrale, un garage solidaire, un pôle déchets, mais aussi un abattoir. Pour réussir ces deux défis, l’opération d’aménagement urbain, baptisée « Mjini Héritage », s’intègre parfaitement à cette vision. Imaginée en 2015 à l’occasion de l’élaboration d’un schéma d’aménagement et de développement communal, elle prévoit la création d’un nouveau éco-quartier sur Bandrélé qui « domine le centre-bourg ». Au programme : la construction de 670 logements, de commerces de proximité, d’un groupe scolaire, d’un gymnase, d’un stade, d’une salle polyvalente et d’un collège. Le tout en mettant en valeur les vestiges de la mosquée et les arbres centenaires. Une dernière étape de concertation se déroule du 20 juillet au 20 septembre avant la finalisation du projet.

Un symbole de réussite

En attendant la pose des différentes premières pierres, un autre pôle, agricole cette fois-ci, vient également pointer le bout de son nez, dans le but de « favoriser l’installation et la professionnalisation des agriculteurs », détaille Ali Moussa Moussa Ben. C’est tout l’intérêt du site de Mro-Mouhou qui doit permettre la valorisation du foncier, la mise en place de l’irrigation nécessaire et la construction de bâtiments collectifs de stockage, de bureaux et d’une chambre froide. Tout cela à destination de 11 exploitants, sélectionnés à la suite d’un appel à projets et accompagnés par l’Epfam dans le montage de leur plan de développement et de leurs demandes de financements publics. « Ce projet phare, audacieux et en même temps expérimental, me motive à réunir nos forces, nos expériences et nos pratiques. […] Je fais un vœu pieu républicain : que cette initiative sera un symbole de réussite pour la structuration et le développement endogène de notre territoire », confie Zaïna Silahi, désignée porte-parole de son père, Abdou. Tous deux ravis d’allier innovation et tradition mais aussi d’oeuvrer pour une agriculture raisonnée et raisonnable.

Avec ces 13 hectares acquis par le mairie et mis à disposition sous forme de baux ruraux de neuf ans, assermentés d’une close environnementale, tous vont pouvoir bénéficier d’un découpage parcellaire à partir du 1er septembre. Et ainsi mettre à profit leurs filières d’élevage (bovins, poules pondeuses, poulets de chair) et de maraîchage. « Cette stratégie va se généraliser sur l’ensemble du territoire intercommunal », promet le premier magistrat. « Nous menons une étude de faisabilité sur l’aménagement de quatre autres pôles agricoles : à Malamani sur 91 hectares, à Caroni sur 133 hectares, à Kani-Kéli sur 14 hectares et à Mronabeja sur 46 hectares. »

À l’heure où les intercommunalités du 101ème département peinent à se mettre en ordre de marche, celle du Sud fait figure d’exemple. « Notre mission est de porter haut et fort les projets qui vont rendre attractif notre territoire. […] Notre ambition est de conduire des opérations à hauteur de 50 millions d’euros d’ici 2026 », conclut Ali Moussa Moussa Ben, convaincu de cette orientation politique. Comme en témoigne la signature de près de 20 conventions opérationnelles avec l’Epfam depuis juin 2017.

Réélection du maire de Kani-Kéli : comme un air de déjà vu

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Un an après les élections municipales de 2020, les habitants de la commune de Kani-Kéli ont été obligés de retourner aux urnes dimanche dernier. Le Conseil d’État a confirmé l’annulation des élections de l’année dernière. Une décision qui ne fait pas l’unanimité auprès de la population qui aurait préféré que les choses se passent autrement.

Alors que le reste de la population de l’île vaquait à ses occupations dominicales, les habitants de la commune de Kani-Kéli étaient obligés de retourner aux urnes dimanche dernier. Pour cause ? La réélection de leur nouveau maire. Une idée qui n’enchante pas tout le monde visiblement. « J’ai voté l’année dernière, j’ai voté récemment pour les départementales et aujourd’hui, on me demande encore de voter. Je n’ai jamais autant voté en si peu de temps de toute ma vie ! », déclare Hadidja, une habitante du village de Passi-Kéli qui ne cache pas son agacement. Si elle a tout de même mis un point d’honneur à accomplir son devoir civique, elle ne soutient pas la procédure engagée par Assani Soufiane Ayouba, celui qui a signalé des irrégularités lors des élections de l’année dernière et qui a porté l’affaire devant les tribunaux. « Cela me dérange de devoir réélire un nouveau maire, parce qu’on en avait déjà un. Il était en place, pourquoi vouloir lui retirer son titre ? J’aurais préféré que l’autre candidat le laisse finir son mandat et puis il aurait pu se présenter aux prochaines élections », soutient Hadidja. Et elle ne semble pas être la seule à penser ainsi.

Le maire déchu, Rachadi Abdou, n’a plus la main sur aucun dossier depuis l’annulation des élections municipales de l’année dernière par le Conseil d’État au mois de mai. La préfecture assure l’intérim, mais en attendant, l’avancement des chantiers prioritaires est à l’arrêt. La population redoute devoir en faire les frais. « Cette situation est inquiétante parce que des projets pour la jeunesse ont été mis en place et ils n’avancent pas, à l’exemple des terrains à Kani-Bé et à Kani-Kéli. Il y a aussi des projets d’école qui se sont arrêtés d’un coup parce que l’on doit retourner aux urnes », déplore Foulera Chamssidine Abdallah, un autre habitant de Passi-Kéli. Ce dernier souhaite que les habitants de la commune de Kani-Kéli renouvellent leur choix et élisent à nouveau Rachadi Abdou. « Si un autre arrive au pouvoir, rien ne nous garantit qu’il va continuer les projets actuels. Il peut vouloir initier les siens et ils vont mettre du temps à se réaliser », poursuit-il.

D’autres en revanche se plient aux règles de la démocratie sans rechigner, et soutiennent cette réélection. « La marge qui séparait les deux candidats était tellement mince, je pense qu’il est normal que nous revenions pour que nous ayons une mandature sereine qui se gère de façon indiscutable », estime Ahmed Attoumani Douchina, un habitant du village de Mronabeja et accessoirement ancien conseiller départemental. Selon lui, le doute qui s’est installé autour de la légitimé de Rachadi Abdou aurait entaché son mandat. « Quand il y a des doutes il faut les lever. Après cette élection, peu importe l’issue, nous ne remettrons plus en cause les résultats », selon lui. Rien n’est moins sûr puisque lors du dépouillement des bulletins dimanche soir, deux bureaux de vote ont été source de conflits. Les sympathisants des candidats qui observaient le spectacle à travers les fenêtres criaient au scandale, accusant certains assesseurs de tricher. Des mots d’oiseaux ont été échangés et certains voulaient même en venir aux mains… Un triste spectacle qui a retardé l’annonce des résultats officiels !

Vers un renouveau ou une répétition ?

L’année dernière, les habitants de la commune de Kani-Kéli avaient porté les listes de Rachadi Abdou et d’Assani Soufiane Ayouba au second tour. Plus d’un an plus tard, le scénario se répète. Le maire sortant, Rachadi Abdou est placé en tête avec 44,45%, tandis que son principal adversaire obtient 36,38% des suffrages. Plus de 200 voix les séparent, et cela ne semble pas rassurer l’équipe d’Assani Soufiane Ayouba. À l’annonce des résultats dans son QG, beaucoup avaient du mal à y croire. « Nous pouvons rattraper 150 voix, mais 200 c’est beaucoup ! Je ne sais pas comment nous allons faire », avoue une partisane à ses camarades, le visage dépité. Pourtant, la tête de liste et ses colistiers pensent encore pouvoir inverser la tendance qui se dessine. « Nous espérons avoir des alliances, nous allons solliciter les candidats qui n’iront pas au deuxième tour pour qu’ils soient avec nous », indique Faïna Ousseni, l’une des membres de la liste d’Assani Soufiane Ayouba. Même si le jeu des coalitions a commencé, ils portent surtout leurs espoirs sur les habitants des six villages de Kani-Kéli qui n’ont pas voté. « C’est important d’aller voter. Nous avons des projets sérieux pour développer notre commune », assure Faïna Ousseni.

De son côté, Rachadi Abdou reste tout aussi confiant. Le score obtenu cette année est d’ailleurs trois fois plus élevé que celui des municipales de 2020. « La population nous a placés en tête et c’est une première victoire. Je leur demande de confirmer cet engouement le 25 juillet », lance le candidat. Et pour ratisser encore plus large, il mise également sur les abstentionnistes et les autres candidats qui ont comptabilisé 14,19% des voix pour Achirafi Hanyou et 4,98% pour Ahmed Soilihi, l’ancien maire de Kani-Kéli. « Je [les] ai contactés, nous allons discuter et faire des alliances. Je veux rassembler toutes les forces vives pour remporter cette mandature car il y a beaucoup à faire à Kani-Kéli et je ne peux pas tout faire seul », poursuit Rachadi Abdou. Il aurait d’ailleurs préféré mettre fin au suspens dès le 18 juillet et ainsi éviter le deuxième tour. Beaucoup d’habitants de la commune avaient souhaité le même scénario, lassés par ce conflit qui suspend le fonctionnement de leur ville. Mais ce scénario n’a pas pu se réaliser… Les électeurs sont donc invités à se rendre de nouveau aux urnes, dimanche prochain, en espérant que cette fois-ci sera la bonne !

Les 2 Makis, un atelier de couture responsable pour les tout petits

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Si les couturiers à Mayotte ne manquent pas, de nouvelles initiatives émergent dans le domaine pour renouveler l’offre et proposer un éventail plus large de produits. Créé il y a dix mois, l’atelier Les 2 Makis de Noémie Delteil, spécialisé dans les vêtements pour enfants, propose une gamme de vêtements réversibles, de jeux en tissu réutilisable ou double emploi, en conciliant matières locales, développement durable, fait main et budget accessible.

La 8ème édition de l’expo Made In Mayotte s’est achevée samedi dernier, mais pour la vingtaine d’artisans présents pour l’événement, le travail se poursuit toute l’année ! Parmi eux, Les 2 Makis, tout jeune atelier de couture spécialisé dans les vêtements et accessoires pour enfants, de l’âge d’un mois jusqu’à cinq ans – voire plus, sur commande.

La force de la marque ? Des tissus locaux, sains pour la peau des chérubins, mais surtout, une créativité à toute épreuve. Car ici, robes, chemises, shorts et barboteuses sont tous réversibles. De quoi offrir deux tenues en une, tout en permettant de limiter la surconsommation.

Côté accessoires, le choix est large : bavoirs, bandeaux, chouchous, poncho de plage, tablier de cuisine pour enfant, nid d’ange (sorte de sac de couchage d’intérieur pour les bébés), serviettes de bain personnalisées et lingettes lavables, l’atelier a de quoi faire le bonheur des touts petits, à des prix qui raviront les parents. La gamme entièrement confectionnée à la main inclut également des tissus à colorier réutilisable à souhait après un passage en machine, et des tapis de jeux d’un mètre de diamètre, lui aussi réversible, et transformable en sac.

On manque beaucoup de vêtements pour bébé et enfant à Mayotte”, explique Noémie Delteil, la créatrice des 2 Makis. “Quand on cherche des choses sympas, on tombe souvent sur des articles plutôt chers qui viennent de Chine et de Dubaï, qui sont de mauvaise qualité et ne sont pas bons au niveau de la santé.” Alors, lorsqu’elle déménage de Petite à Grande-Terre, il y a dix mois, Noémie Delteil décide de quitter son emploi d’enseignante pour lancer son atelier, auquel elle consacre désormais tout son temps.

Je voulais me démarquer, ne pas juste proposer des vêtements classiques, tout en étant dans l’idée d’une consommation responsable.” Et si de plus en plus nombreux sont les artisans et entrepreneurs à Mayotte à se lancer dans la couture, le sur-mesure et le zéro déchet, seule Noémie propose à ce jour des confections réversibles, qu’elle confectionne chez elle, dans son petit atelier, et dévoile chaque mois lors du marché paysan de Coconi.

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Où trouver Les 2 Makis ?

Pour consulter le catalogue de l’atelier ou commander un modèle sur-mesure, rendez-vous sur la page Facebook Les 2 Makis, ou sur le marché de Coconi tous les premiers samedis du mois. Vous pouvez également contacter Noémie Delteil au 06.39.66.78.77.

 

 

La continuité avant tout, le maître mot du nouveau préfet de Mayotte, Thierry Suquet

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Nommé en conseil des ministres le 24 juin dernier, le nouveau préfet du 101ème département, Thierry Suquet, a exposé sa feuille de route aux médias locaux. Sa mission s’articule autour de cinq axes principaux : le projet de loi Mayotte, la lutte contre l’immigration clandestine, la sécurité, le développement économique et la vaccination. Le délégué du gouvernement veut apporter son expérience et son engagement républicain au service des collectivités et de la population. Une entrée en matière qui se base sur une ligne directrice : la continuité.

Engagement. C’est sans aucun doute le mot qui revient le plus souvent dans la bouche du nouveau préfet, Thierry Suquet, à l’occasion de sa présentation auprès de la presse locale, ce mardi 13 juillet. À travers son parcours dans la fonction territoriale et ses différents postes à la sortie de l’ENA, le délégué du gouvernement veut « apporter la plus-value dont le département a besoin ». Mais aussi « l’expérience ». Et compte bien mettre en pratique la ligne tracée par le gouvernement. « C’est une confiance énorme ! Je suis conscient de la responsabilité que l’on m’a confiée. Toute ma vie, j’ai appris à servir la République. »

Pas besoin d’une boule de cristal, donc, pour découvrir et comprendre sa mission qui s’articule autour de cinq axes clairement identifiés. Le « long » échange avec son prédécesseur, Jean-François Colombet, au cours duquel il est revenu sur « la méthode de travail », lui permet de prendre à bras le corps les dossiers brûlants. Avec en ligne de mire la poursuite de la préparation de la loi Mayotte, annoncée par le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, le jour des dix ans de la départementalisation. « Nous sommes actuellement dans la phase de travail parisien », assure-t-il. La venue du locataire de la rue Oudinot, officialisée sur son compte Twitter par ce dernier, du 28 au 31 août prochain, doit d’ailleurs permettre de dresser un premier bilan.

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Le point d’orgue de sa feuille de route concerne bien évidemment la lutte contre l’immigration clandestine, ce « sujet majeur ». « Un mandat très clair » l’attend de pied ferme. Pour cela, Thierry Suquet compte « pérenniser les moyens terrestres et nautiques » dans le but de « raccompagner vite et bien » les personnes invitées à quitter le territoire. Autre priorité sur ce volet : la démolition des quartiers informels. « Le programme lancé fonctionne, j’espère que nous allons pouvoir l’amplifier. » La résorption de l’habitat insalubre s’avère être un champ de compétence qu’il connaît sur le bout des doigts. En effet, il en avait directement la charge lorsqu’il était préfet délégué à la défense et à la sécurité à Lyon, où il a détruit de « nombreux squats ».

Justement, l’insécurité reste, là aussi, son cheval de bataille. « Il faut assurer la protection de la population » dans l’espoir de « vivre en tranquillité », martèle-t-il. Pour y arriver, le nouveau préfet aspire à collaborer en toute intelligence avec les collectivités et la justice. « Il faut travailler sur des plans de prévention et comprendre le déroulement des phénomènes de délinquance », insiste-t-il. À ses yeux, il ne s’agit pas d’un manque d’effectif chez les forces de l’ordre, qui patrouillent jour et nuit en nombre conséquent, mais bel et bien d’un souci d’efficience. La réponse passe visiblement par les actions entreprises par Jean-François Colombet, comme le déploiement de la vidéoprotection dans le cadre de la signature de pactes de sécurité avec les différentes communes.

Discours responsables des élus

Un enjeu rappelé par les élus rencontrés dès ce lundi à la Case Rocher. Outre la sécurité, le développement économique du territoire, à travers la création d’entreprises, est aussi l’une de leurs attentes fortes. « J’ai été frappé par leurs discours responsables », confie Thierry Suquet, qui a déjà prévu d’organiser des « points de rendez-vous » réguliers avec les principaux concernés. Parmi eux, le nouveau président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, arrive en tête de liste. En haut de la pile des premières discussions : le groupement d’intérêt public pour la gestion des fonds européens. « Il a un programme ambitieux de formation des services départementaux. » Sans oublier le foncier, le nerf de la guerre sur l’archipel de 376km2. Une situation complexe que seule la loi Mayotte pourrait débloquer selon lui. Et ainsi offrir, à terme, une bouffée d’oxygène au rectorat, en recherche perpétuelle d’hectares pour atteindre l’objectif des 800 nouvelles salles de classe fixé par le chef de l’État, Emmanuel Macron. « Il faut trouver des solutions rapides et à court terme. »

La vaccination coûte que coûte

Des objectifs possiblement atteignables qu’en cas de contrôle de la crise sanitaire. « Nous nous remettons à respirer », souffle Thierry Suquet. Pas question pour autant de relâcher la pression, surtout en cette période de vacances scolaires ! « Pour maintenir l’épidémie éloignée de l’île, le seul remède est la vaccination. » Or, seulement 18% de la population a pour le moment reçu deux doses. Bien loin des standards métropolitains… Et avec le spectre du variant Delta, le délégué du gouvernement, qui se dit sur « la même longueur d’onde que Dominique Voynet », souhaite mettre les bouchées doubles. « Il faut monter en puissance et ne pas nous contenter de la multiplication des tests. […] Nous ne pouvons pas soigner les gens si nous n’avons pas confiance dans le système de santé… » D’où sa volonté « de concentrer nos énergies » pour aller au contact des habitants les plus reculés. Et « ne pas revenir à des mesures coercitives ».

Un discours d’ensemble calqué, mot pour mot ou presque, sur celui de Jean-François Colombet. « Je m’inscris dans la continuité et je vais m’engager aussi longtemps qu’on aura besoin de moi », insiste son successeur, qui a pour ambition de « tirer son équipe » vers le haut et de « mettre en ordre de marche les services de l’État ». À l’image de son prédécesseur, Thierry Suquet veut par dessus tout « être présent et actif » mais aussi « faire et faire savoir ». Entendu. Après la parole, place aux actes !

Avec Sunday, soyez femmes jusqu’au bout des seins

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Son nom appelle à la gourmandise, et sa promesse aussi. Depuis le mois dernier, Sunday, un concept unique de vente de lingerie à Mayotte, fait particulièrement parler de lui sur le territoire. En mêlant choix, qualité, prix attractifs et showroom privé, la marque a su répondre aux problématiques de nombre de Mahoraises.

Elle va vous faire fondre de plaisir… Il y a tout juste un mois, Klervi Pigeard lançait Sunday, un concept inédit à Mayotte de vente de lingerie, maillots de bain et tenues de sport, le tout dans un showroom privé ou lors de soirées entre copines à domicile, animée par l’instigatrice de la marque elle-même. Mais l’idée de l’entrepreneuse, qui a rapidement su trouver son public, ne s’arrête pas là.

Avec Sunday, ni concession, ni frustration. Au menu : plus de 450 articles, allant de la taille S au cinq XL. De quoi satisfaire chaque femme, quelle que soit sa morphologie, en lui offrant un large éventails de modèles, coloris et motifs frais et dans l’ère du temps. « Quand quelque chose ne va pas à une cliente, je lui dis tout de suite ! », lâche Klervi Pigeard dans un large sourire qui ne quitte jamais ses lèvres. « Parce que je sais qu’on arrivera toujours à trouver quelque chose qui soit vraiment fait pour elle : je veux que toutes les femmes puissent s’exprimer grâce à Sunday ! »

Autre point fort de la marque, son accessibilité, dans tous les sens du terme. Ici, pas question de débourser des centaines d’euros pour une jolie parure, dont le prix moyen ne dépasse pas les 40 euros. Soit deux, voire trois ou quatre fois moins cher que dans la plupart des autres enseignes installées sur l’île. Et le tout pour une qualité et des finitions irréprochables.

En organisant les ventes chez ses clientes ou au sein de son showroom très privé dont l’adresse n’est dévoilée qu’au moment de la réservation, Sunday permet à toutes les femmes de Mayotte, où qu’elles soient, de s’accorder un moment à elle. « Je ne voulais pas attendre qu’elles viennent vers moi, mais plutôt aller directement à leur rencontre », résume l’entrepreneuse. « Je ne veux plus que les femmes se privent de s’accorder du temps, quel qu’en soit la raison ! » Pas de moyen de vous déplacer ? Sunday viendra chez vous gratuitement pour une session de vente à domicile. Des enfants à faire garder ? Ils sont les bienvenus au showroom où un espace leur est prévu. Gênée de pousser la porte d’un magasin de lingerie ? Les deux solutions assurent toute la discrétion dont certaines ont besoin pour trouver les dessous de leurs rêves. Besoin d’une livraison ? Elle est assurée partout à travers l’île pour 2.50 euros, sans minimum d’achat. En clair, à chaque problème, Sunday a la solution !

Des événements par les femmes, pour les femmes

Après quelques semaines d’activité seulement, Klervi Pigeard cherche déjà à développer son concept, portée par le goût du challenge. Alors, une nouvelle idée inédite lui est venue : proposer des événements pensés par les femmes, pour les femmes, en partenariat avec d’autres entreprises mahoraises. « Je crois que nous devrions toutes se soutenir, que le réseau et la visibilité des unes profitent aux autres, et inversement. À Mayotte et surtout dans l’entrepreneuriat, les femmes prennent de plus en plus de place, alors nous devons briser la glace, car la force de l’entrepreneuriat, c’est le partage ! », défend la patronne de la maison Sunday.

Alors, après plusieurs semaines de travail, mené notamment avec l’agence Kitoko Event, l’enseigne s’apprête à lancer son premier événement du genre, Ouzouri Watru, le dimanche 1er août, au sein du restaurant Les Artistes à Combani. Henné, coiffure, maquillage, manucure, lingerie, vêtements et décoration y seront mis à l’honneur, une petite dizaine de professionnelles seront au rendez-vous pour chouchouter ces dames à des prix ultra attractifs : comptez cinq euros la prestation de henné et entre deux et cinq euros pour les tresses. Et l’une des participante aura même la chance de gagner, sur tirage au sort, un enterrement de vie de jeune fille d’une valeur de 700 euros.

« J’ai découvert le concept de ces soirées 100% féminines à Toulouse, quand j’étais bloggeuse mode », retrace Klervi Pigeard. « À Mayotte, entre les embouteillages, les taxis, la contrainte de devoir aller à Mamoudzou pour ses soins et son shopping, créer ce genre d’événement était comme une évidence ! » Une évidence, voilà qui résumerait bien le parcours de la « mzunguette » qui a découvert l’île aux parfums 18 ans plus tôt, par amour pour un Mahorais qui est depuis devenu son mari.

 

Lorsqu’elle débarque sur le territoire, Klervi comprend vite qu’ici, le terreau est riche pour entreprendre. Mais dans quel secteur ? « J’ai d’abord pensé aux écoles de conduite, car ici, nous savons que ça marche… » Puis, germe dans l’esprit de la fashion addict l’idée de se lancer dans les sous-vêtements. « Quand on est à Mayotte, l’offre est vite limitée, ou alors très peu accessible financièrement et géographiquement », souligne-t-elle. Elle prévoit alors un voyage en Chine, pour découvrir le marché et trouver ses premiers fournisseurs. Mais, sur les conseils de sa mère, couturière de profession, elle reconsidère son choix pour se tourner vers la Turquie, l’un des plus gros fabricants et exportateurs de lingerie à travers le monde. Elle y passera alors près de trois semaines, chinant au gré de ses visites et rencontres des articles et des professionnels qui correspondent à sa philosophie, après avoir mené un sondage sur un échantillon de 100 femmes afin de mieux cerner leurs attentes. Et si la crise sanitaire lui a imposé un délai de six à sept mois pour pouvoir recevoir son premier conteneur de marchandises jusqu’à Mayotte, ses efforts portent déjà leurs fruits. « Et je ne compte pas m’arrêter là ! », prévient la business woman, la tête pleine d’idées.

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Vous aussi, goûtez au plaisir de Sunday

Pour découvrir les produits proposés par Sunday, ainsi que les prestations de plusieurs professionnelles de la beauté à des prix très attractifs, rendez-vous dimanche 1er août au restaurant Les Artistes à Combani, pour une journée exclusivement féminine, de 10h à 17h. Au programme : henné, coiffure, make-up, manucure, lingerie, vêtements et décoration, le tout en un seul et même lieu, pour cinq euros l’entrée, avec plusieurs cadeaux à gagner pour les participantes, pour une valeur de 1.000 euros. Plus de renseignements au 06.39.39.09.62.

Un défilé du 14 juillet très attendu après un an d’absence à Mayotte

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C’est entre excitation et émerveillement qu’a été célébrée la cérémonie du 14 juillet à Mayotte. Mercredi matin, une centaine d’hommes et de femmes en uniforme ont défilé sur le boulevard Mawana-Madi à Mamoudzou, sous les regards émerveillés des spectateurs et des officiels, heureux de partager ce moment après un an d’absence.

6h, le soleil se lève timidement sur le boulevard Mawana-Madi. Assises face à la mer, quelques personnes l’admirent, impatientes de découvrir la suite. Si elles sont sur les lieux à une heure si matinale un jour férié, ce n’est pas pour observer le lever du jour, mais bel et bien le défilé du 14 juillet, organisé dans la commune chef-lieu. Alors les plus déterminés veulent s’assurer d’avoir la meilleure place pour regarder les troupes défilées. Certains viennent de loin et ont dû prendre la route dès l’aube. À l’exemple de Marina, une adolescente de 16 ans, et sa famille qui sont partis de Longoni à 4h30. « Nous voulions arriver très tôt pour bien [le] voir. C’est un évènement très important pour moi parce que je rêve d’être gendarme depuis toute petite », explique la jeune fille. « Depuis lundi, elle ne me parle que de ça. Je ne pouvais pas ne pas l’emmener », ajoute son père partagé entre la fatigue et le plaisir de vivre ce moment avec son enfant.

Le public s’installe petit à petit, autour des barrières placées pour assurer une distance de sécurité. L’an dernier, le défilé n’a pas eu lieu à cause du contexte pandémique inédit, alors cette année, certaines familles n’auraient raté cela pour rien au monde. « Je viens tous les ans avec mes enfants. Alors nous attendons celui d’aujourd’hui avec beaucoup d’impatience », confie Laïla, une maman. Il y a les habitués et puis il y a les novices comme Mohamadi et ses filles. « Je suis déjà venu, mais c’est une première pour mes enfants. Généralement, elles regardent le défilé à la télévision, cette fois-ci j’ai décidé de leur faire vivre en vrai », raconte le père de famille qui vient de Chiconi.

Si beaucoup sont venus simplement pour regarder le défilé, d’autres sont motivés pour des raisons bien particulières. Dans le public se trouve une jeune femme stagiaire volontaire au RSMA. Elle est arrivée plusieurs heures avant le début du défilé, seule, car personne n’a voulu l’accompagner, mais qu’importe, Baraka devait être présente. « Je suis venue pour voir mes camarades du RSMA qui vont défiler. Malheureusement, je n’ai pas été sélectionnée pour faire partie du groupe, mais je tenais à supporter les autres », dit-elle. Le RSMA en a fait venir plus d’un puisqu’à quelques mètres de Baraka se trouve Olivier qui a fait le déplacement pour son fils. « Il est en formation au RSMA depuis un mois. Aujourd’hui, c’est l’occasion de le voir défiler pour la première fois », confie-t-il, très ému. Qu’ils soient arrivés très tôt ou un peu plus tard, les spectateurs ont assisté à un défilé du 14 juillet qui leur a certainement mis du baume au cœur et les a émerveillés.         

« Notre défilé n’a rien à envier à ce qu’il passe ailleurs »

Qu’ils soient gendarmes, sapeurs-pompiers, légionnaires, ou policiers, les femmes et les hommes en uniforme ont séduit le public et le parterre d’élus venus les acclamer. Thierry Suquet, le nouveau préfet de Mayotte, présidait pour l’occasion sa première cérémonie mahoraise. Et il remarque déjà l’implication des Mahorais. « Je me réjouis de voir autant de personnes rassemblées autour de cette fête. En dehors du défilé parisien, cela faisait longtemps que je n’avais pas vu autant de monde sur une manifestation pareille », assure le délégué du gouvernement. Ce dernier n’était pas le seul à vivre une première. Ben Issa Ousseni a également assisté au défilé du 14 juillet sous la casquette de président du Département. Il a traversé le boulevard Mawana-Madi aux côtés du locataire de la Case Rocher, du maire de Mamoudzou ou encore du président de l’association des maires. L’exécutif du conseil départemental a pleinement vécu le moment, sans jamais oublier la signification de sa présence. « C’est important pour moi d’être là en tant que président du conseil départemental afin de représenter notre département au sein de cette République qui nous est chère. Cela permet aussi de faire le constat des troupes, de ceux qui assurent la sécurité des Mahorais tous les jours », indique-t-il.

Les troupes, il y en avait par dizaine. Chaque groupe s’est pavané sous les yeux des spectateurs et tous ont exposé leurs moyens humains mais aussi militaires. Les stagiaires volontaires du RSMA qui ont défilé avec les élèves en classe préparatoire au concours d’entrée à la gendarmerie ont particulièrement étaient applaudis par le public. Est-ce dû à leur tenue militaire ? Ou peut-être à leur chant du régiment qui parle de Mayotte ? Probablement un peu des deux. La troupe du RSMA est d’ailleurs la seule à avoir défilé en chantant. Les sapeurs-pompiers n’ont pas eu de chant, mais ils ont aussi été accompagnés par les applaudissements appuyés du public. Une manière de manifester leur soutien dans un contexte mahorais où les soldats du feu se font souvent agresser.

L’apparition de toutes les forces de l’ordre, des forces armées et des agents civils, qui assurent la sécurité des Mahorais était également un moyen de rappeler les moyens attribués à Mayotte. « Souvent, on ne s’en rend pas compte dans la vie quotidienne, mais on a vu ce matin qu’il y a beaucoup de forces de sécurité pour protéger l’île et sa population », souligne le député Mansour Kamardine. Ce dernier ne cache d’ailleurs pas sa fierté. « Notre défilé n’a rien à envier à ce qu’il se passe ailleurs, mis à part celui des Champs-Élysées. Le nôtre était très beau », insiste-t-il. Adepte ou pas, la cérémonie du 14 juillet à Mayotte a au moins le mérite de rassembler les élus qui ont oublié leurs divergences pour ne faire qu’un, le temps de quelques heures. Du moins en apparence.

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Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes