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Anjouan : les quotas dans le sens Comores-Mayotte inquiètent les voyageurs, à la veille de la rentrée

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La réouverture des frontières avec l’archipel voisin le 9 juillet dernier a provoqué un mouvement de foule après des mois de blocage lié à la crise sanitaire. Problème : dans l’autre sens, la préfecture impose un nombre restreint de passagers, tant pour la compagnie maritime SGTM que pour Ewa Air et AB Aviation.

Ça bouchonne de l’autre côté du bras de mer ! Alors que les élèves et le personnel de l’académie sont censés reprendre le chemin de l’école en début de semaine prochaine, plusieurs témoignages font état d’une situation problématique : des voyageurs mahorais venus profiter de l’ouverture des frontières et des vacances pour se rendre aux Comores voisines se sont vus refuser l’embarquement et se retrouvent le bec dans l’eau, sans date de retour. Ismaël*, un transporteur de Mayotte, devait ainsi s’envoler avec sa fille mercredi dernier. Depuis, il est toujours en attente d’une solution. “AB Aviation ne nous a donné aucune réponse, ni prise en charge”, raconte-t-il sous couvert d’anonymat. “Quand on s’est présenté à l’aéroport, l’armée nous a dégagés comme des malpropres, sur les ordres d’AB. C’est inadmissible ce qui se passe ici…”

Même son de cloche pour Kassim* qui devait pourtant retourner au travail dès le 9 août. “Déjà quand je suis allé à Maria Galanta à Mayotte, je voulais prendre un aller simple, et on m’a dit que je devais prendre un aller-retour, mais sans date de retour !”, retrace ce médecin avec consternation. S’il parvient à embarquer finalement à bord du navire, c’est dans le sens Anjouan-Mayotte que les choses se corsent. “Je vais pour acheter le billet retour, et on me dit ‘‘non, il y a un quota, vous ne pouvez pas rentrer avant le 28 septembre’’. Mais moi je suis médecin, j’ai des consultations !”, s’insurge ce voyageur qui est même revenu à la charge avec une attestation de son employeur, sans succès. Sa fille, venue de France, avec un passage par Mayotte, aura dû débourser quelque 700 euros de frais pour changer son billet et rentrer à Toulouse, via Moroni…

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230 places par semaine seulement

Mais que sont ces fameux quotas ? En réalité, les compagnies maritimes et aériennes ne sont pas vraiment responsables de cet imbroglio. Et si elle est quelque peu passée sous les radars, l’information a bel et bien été transmise via le compte Facebook de la préfecture de Mayotte, notamment. Dans un post daté du 12 juillet, l’administration indique qu’il “est fortement recommandé aux voyageurs de se préoccuper de leur billet retour, les capacités de voyage vers Mayotte étant limitées (180 places par voie aérienne et 150 par voie maritime chaque semaine)”. Dans une interview accordée à nos confrères du Journal de Mayotte, le directeur de la compagnie maritime SGTM Maria-Galanta Michel Labourdère déconseillait d’ailleurs de saisir cette opportunité de la réouverture des frontières pour partir en vacances : “Actuellement il y a des quotas sur les retours, en aérien comme en maritime. (…) Comme ils ne sont pas certains de pouvoir revenir, on dit bien à nos passagers qu’il serait prudent de reporter le voyage”.

C’est là toute l’absurdité de la situation : car les bateaux et les avions sont bien partis chargés à bloc du port et du tarmac, dans le sens inverse. Dans la même interview, la compagnie vantait d’ailleurs les capacités de son nouveau catamaran, le Maria-Galanta Express qui, avec ses “400 places contre 200 pour les anciens”, permettait de diminuer les rotations, normalement de “2 à 3 bateaux par jour en haute saison”. Dès lors, l’on pouvait donc naturellement s’attendre à quelques embouteillages en retour de vacances !

Test antigénique à l’arrivée

La raison de ces mesures restrictives n’est pas non plus un secret : en effet, en plus de leur test PCR au départ, les passagers en provenance des Comores, vaccinés ou non, doivent passer sous le coton-tige (antigénique) à leur arrivée à l’aéroport ou à la gare maritime de Mayotte. Or, pour mener à bien cette stratégie, il est indispensable de pouvoir réguler les flux… “C’est une question de logistique pour l’agence régionale de santé (ARS), qui doit pouvoir mobiliser des infirmiers et du personnel”, confirme Ayub Ingar, le directeur général de la compagnie Ewa Air, elle-même limitée à deux vols par semaine sur rotation, comme AB Aviation. Si l’explication se tient, difficile d’imaginer les centaines de Mahorais laisser passer sans bruit la date de la rentrée. “Notre agence à Moroni est envahie, surtout depuis cette semaine”, confirme Ayub Ingar.

*les prénoms ont été modifiés

Le projet de coopération commerciale entre Corsair et Air Austral pose question

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Dans un communiqué en date du 17 août, Corsair et Air Austral indiquent lancer un projet de coopération commerciale sur les routes entre la métropole et l’océan Indien pour faire face aux impacts de la crise Covid. Si les deux compagnies aériennes ne souhaitent pas divulguer davantage d’informations sur ce rapprochement, les internautes mahorais ont du mal à avaler la pilule.

L’effet d’une bombe. C’est le sentiment qui prédomine à la suite de la publication ce mardi 17 août d’un communiqué co-signé par Air Austral et Corsair, dans lequel les deux compagnies aériennes annoncent conclure un accord de coopération commerciale sur les routes entre la métropole et l’océan Indien, « dans un contexte de crise sanitaire persistante qui affecte durablement la rentabilité du secteur aérien ».

C’est un secret de polichinelle. Depuis plus d’un an et demi, la filière aéronautique subit de plein fouet les conséquences de la pandémie coriace de Covid-19. Alors pour relever la tête, il apparaît nécessaire de mettre de l’eau dans son vin. Autrement dit, d’entamer des discussions pour le moins étonnantes, dans le but de sceller un partenariat inédit entre Air Austral et Corsair. « Ce projet d’envergure permettra le déploiement d’une offre de services enrichie au bénéfice des passagers de l’océan Indien, tout en améliorant la rentabilité économique des opérations grâce à la mise en commun de moyens et mise en œuvre de synergies. » Un jargon qui peut laisser dubitatif tant les relations entre les deux compagnies ne transpiraient pas le bonheur par le passé…aerien-corsair-air-austral-cooperation

« Offre tarifaire élargie et plus compétitive »

Les tensions se seraient-elles alors apaisées entre les deux mastodontes régionaux de l’aviation, qui n’ont ni l’un ni l’autre souhaité s’étendre davantage sur la question ? Il semble que ce soit le cas à la lecture dudit communiqué. « Sur ces liaisons, Air Austral et Corsair en unissant leurs forces et leurs atouts respectifs, souhaitent développer une offre qui sera de nature à générer des avantages et bénéfices pour les clients : programme de vols renforcé, choix élargi et diversifié (accès à deux aéroports parisiens, diversité de créneaux horaires de départ et d’arrivée), connexions plus riches grâce aux réseaux cumulés des deux compagnies, offre tarifaire élargie et plus compétitive, et également une offre fret améliorée. » Alléchant sur le papier ! Et pourtant, ce mariage reposerait sur des fondements économiques, tant Air Austral se trouve en grande difficulté financière.

En effet, l’entreprise réunionnaise accuse un manque de recettes de près de 100 millions d’euros par rapport à l’estimation établie au tout début de la crise. Et ce, malgré un soutien financier sous la forme d’un prêt d’actionnaire en compte courant d’associé pour un montant de 15 millions d’euros et d’un emprunt obligataire simple de l’ordre de 25 millions d’euros. Huguette Bello, la présidente de la région Réunion, actionnaire majoritaire de la compagnie via la Sematra, avait d’ailleurs profité de l’inauguration des trois nouveaux Airbus 220-300 la semaine dernière pour rappeler à l’État « son devoir de solidarité nationale » envers Air Austral pour faire face à l’ogre Corsair.

Toujours est-il qu’un lien les unit aujourd’hui. Et cela ne semble pas au goût des Mahorais qui n’ont pas tardé à donner leur sentiment sur ce rapprochement volcanique. Certains font état non pas d’une « coopération » mais d’une « entente commerciale ». D’autres voient une manière de tuer dans l’œuf le projet Zéna Airlines porté par les frères Novou et dénoncent des « pratiques anticoncurrentielles ». Quels que soient les arguments portés par les uns et les autres, tous craignent un nouveau coup d’arrêt pour le transport aérien mahorais ou plutôt un monopole déguisé. Ayant anticipé ce genre de réactions, Air Austral et Corsair assurent que « ce projet de coopération commerciale préserve l’identité et l’indépendance des deux compagnies »… En signe de bonne foi, il doit encore être soumis à l’avis des instances représentatives du personnel et à l’autorité de la concurrence française. Avant de bel et bien prendre son envol.

La Meiitod d’Adrien

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À Mayotte, presque tout le monde sait qui il est et ce qu’il chante. Il faut dire qu’aucun autre artiste mahorais ne peut se targuer d’avoir le succès que Meiitod connaît aujourd’hui. Pour la sortie de son premier EP Silence, Adrien a tenu à venir faire une tournée à domicile, pour retrouver le public face auquel il a fait ses premiers pas sur scène, dix ans plus tôt.

Au bar où il vient de commander son café, les serveuses le reconnaissent immédiatement. Derrière le comptoir, les jeunes femmes rient, s’esclaffent, trépignent. Finalement, le pas hésitant et l’air timide, l’une d’entre elles s’avance vers Adrien. « Meiitod, je peux prendre une photo avec toi ? », interroge-t-elle, la voix chevrotante, le regard ému. Presque fier.

Ici, sur l’île où il a grandi, Meiitod n’est pas « que » le jeune chanteur a succès dont les derniers clips culminent à plusieurs millions de vues sur YouTube en seulement quelques mois. Ici, Meiitod est d’abord Adrien. Celui qui une dizaine d’années plutôt bidouillait le micro des écouteurs de son téléphone pour pouvoir enregistrer ses premiers morceaux, dans une case en tôle érigée sur les hauteurs de Bandrélé, avec sa bande de copains. Ceux-là qui dès le collège, lui ont donné le surnom dont il a fait son nom de scène. Depuis, sa carrière a connu une ascension fulgurante, sur le continent et en Afrique notamment, bien au-delà des frontières qu’impose l’océan à Mayotte. Son « petit bout de terre » dont il est devenu la fierté, l’ambassadeur. Le porte-voix.

« Ça fait du bien de pouvoir revenir ici, de profiter des retombées à la maison », glisse t-il derrière les lunettes fumées qui le quittent rarement. Arrivé sur l’île il y a quelques jours, Adrien est venu y donner une série de concerts pour la promotion de son premier EP, Silence, sorti en janvier dernier. « L’ambiance ici m’avait manqué. C’est avec le public mahorais que j’ai fait mes premières armes, et je dis souvent qu’il est plus difficile à conquérir ! »

« J’ai le sentiment de représenter Mayotte »

Petit à petit, Adrien se remémore ses débuts dans la musique, ses premières. « Quand j’étais plus jeune, il n’y a encore pas si longtemps, la musique était mal vue à Mayotte, en dehors des mariages, des événements traditionnelles ou religieux, elle a parfois même été diabolisée. » Il sourit en avalant une gorgée de café. « J’ai des souvenirs, quand j’étais petit, où quand des grands artistes venaient de métropole, les gens restaient assis devant la scène, les bras croisés, comme s’ils observaient, mais ça voulait pas dire qu’ils aiment pas, attention, ils n’avaient juste pas le réflexe de danser, d’applaudir. La culture du spectacle n’est pas très ancienne ici… »

Ici, cette île qu’il a quittée en 2014, à sa majorité, pour s’envoler poursuivre ses études à Montpellier où il vit encore aujourd’hui. Pour autant, son petit bout de terre n’est jamais loin, et il n’y a qu’à écouter ses paroles pour voir qu’Adrien porte la marque de Mayotte en son cœur. « Quand je chante en mahorais, je vois les gens sur YouTube demander ce que veulent dire telles ou telles phrases, quelle est la langue, d’où ça vient et des Mahorais leur répondent ! » Car plus Meiitod est sous le feu des projecteurs, plus l’île rayonne avec lui. « D’une certaine manière, et même si je ne le voulais pas, j’ai le sentiment de représenter Mayotte sur scène. Il y a des choses qui font partie de moi que j’ai acquises ici. Mayotte m’a construit, elle me suit », reconnaît Adrien sous le durag noir qui dissimule ses cheveux.

« Sur le plan musical, ça m’a malgré tout énormément aider de partir de Mayotte », concède t-il, le regard tourné vers son manager, Faz, qu’il a rencontré ici alors qu’ils étaient tout petits. « Au départ, je ne chantais quasiment qu’en mahorais et quand je suis arrivée en métropole, ça faisait déjà trois ans que je faisais des scènes activement à Mayotte. Alors j’ai voulu fermer ce projet pour en commencer un nouveau, pour essayer de transposer ça ailleurs. En commençant à chanter en français, j’ai réussi à franchir certaines barrières. » Puis, en 2019, un « déclic » opère, avec la sortie de son single Arrêt de bus : « J’ai fini par prendre conscience que je pouvais allier mon amour pour la musique et mon amour pour l’écriture. Avant, je dissociais beaucoup les deux, je faisais de la musique et j’écrivais à côté. Mais avec ce morceau j’ai commencé à avoir une approche plus littéraire. » Une révélation. À ce jour, le clip sorti il y a moins de deux ans affiche 3,6 millions de vues au compteur. Depuis, Adrien a signé avec le label de Maître Gims.

Et alors que sa carrière est en plein essor, Meiitod continue de voir toujours plus loin. « Maintenant, je vais pouvoir travailler avec de nouvelles personnes, et surtout, composer et écrire pour d’autres gens, c’est quelque chose que j’aime beaucoup faire », projette celui qui se décrit comme un grand fan de Jean-Jacques Goldman. « J’ai toujours admiré sa façon de se déguiser en quelque sorte, en écrivant pour d’autres artistes. C’est se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre, jouer le marionnettiste, j’aimerais vraiment pouvoir faire ça, pour plein de personnes et dans plein de genres différents. » En attendant, dans un avenir plus proche, le jeune artiste planche déjà sur la sortie de son prochain album, prévue pour début 2022, voire fin 2021. Un nouveau chapitre qu’il écrira en gardant Mayotte au cœur, où il a profité de son séjour pour tourner plusieurs clips.

“On est prêt à se défendre” : le message des habitants de Mtsapéré en soutien à Chamsidine Boinali

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Ce week-end, les villageois de Mtsapéré ont protesté contre la garde à vue d’un jeune homme, qui s’était défendu contre ses agresseurs mercredi dernier. Réunis à nouveau devant le commissariat de Mamoudzou ce lundi, une vingtaine de personnes sont venues soutenir leur proche, cette fois pour déposer plainte. Pour l’instant, et dans l’attente de l’audition des différents témoins et de la victime, le parquet n’a pas engagé de poursuite.

15h pile. Son casque sous le bras, Chamsidine Boinali emboîte le pas à son avocat et traverse la rue en direction du commissariat, avec un dernier signe de la main vers le petit groupe de personnes venues le soutenir. Deux jours après la fin de sa garde à vue, le jeune homme s’est présenté cette fois-ci comme victime, pour porter plainte contre ses agresseurs.

Il y a un peu moins d’une semaine, mercredi en fin de journée, le trentenaire s’était retrouvé pris à partie par des délinquants à Mtsapéré. Menacé par cinq jeunes, d’après ses dires et ceux d’un témoin, la victime finit par user d’un couteau contre l’un de ses agresseurs. Un jour plus tard, il est placé en garde à vue, avant d’être relâché samedi en fin de journée. Mais face à cette situation, les habitants du village ont décidé de se rassembler le week-end dernier, pour protester contre cette interpellation, vécue comme une injustice. Ce lundi, pour la troisième fois, une vingtaine de personnes, parmi lesquelles des proches et des habitants du quartier, ont à nouveau souhaité afficher leur soutien devant le commissariat de Mamoudzou.

Heureusement qu’il avait son casque et qu’il sait se défendre, sinon, c’était lui qui y passait !”, souffle Balou, l’un de ses amis qui a déjà été entendu comme témoin et retrace les événements. Comme tous les jours, Chamsidine et ses amis se retrouvent vers 17h pour prendre le café vers le parking à Mtsapéré. “Il y a des jeunes qui avaient déjà essayé de voler un scooter, mais le propriétaire ne s’est pas laissé faire. Ensuite, ils ont trouvé un homme qui avait sa valise et s’apprêtait à voyager, là encore, il a riposté. Puis, ils ont essayé de s’attaquer à un automobiliste, et là, nous avons voulu riposter”, déroule le témoin.

Je n’avais pas d’autre solution”

Les jeunes prennent alors la poudre d’escampette… mais reviennent quelques minutes plus tard, avec des renforts. “On a vu une cinquantaine de jeunes arriver vers le plateau, et c’est là qu’il y en a quatre ou cinq qui se sont acharnés sur Chamou, ils avaient des bâtons, des cailloux, des barres de fer, des chumbos”, décrit-il. Au milieu de la cohue, la victime sort son couteau et plante l’un de ses agresseurs. “C’est un couteau multifonction, comme un couteau suisse pour ouvrir une bière. Depuis vingt ans que je l’ai, je n’ai jamais agressé personne avec… mais là, je n’avais pas d’autre solution”, assure pour sa part Chamsidine, joint par téléphone.

Ce lundi au commissariat, la tension est palpable et le message est clair : “maintenant, on est prêt à se défendre, quoi qu’il en soit, même si on meurt, on ne doit pas se laisser faire”, résume l’un des habitants. Un sentiment de devoir rendre justice soi-même qui tend à prendre de l’ampleur ces derniers mois à Mayotte, alors que la population déplore le manque de réponse des autorités judiciaires par rapport à l’insécurité. “Ce qui nous choque, c’est que ce sont toujours les mêmes jeunes, matin, midi et soir qui cassent nos voitures, dégradent nos biens, harcèlent nos enfants avec leurs chiens… Eux, quand ils font des bêtises, il n’y a pas de poursuite, en revanche quand on ne se laisse pas faire, c’est nous qui avons des problèmes”, résume Balou.

Contacté, le parquet explique n’avoir pas encore engagé de poursuite, en attendant de pouvoir entendre toutes les parties prenantes, et notamment la victime, dont le pronostic vital ce lundi n’était plus engagé. “Pour le moment, nous poursuivons l’enquête pour essayer de comprendre ce qu’il s’est passé, pour définir la responsabilité des uns et des autres et voir si le mis en cause est en situation de légitime défense ou si c’est lui qui attaque”, explique le procureur Yann Le Bris. Une enquête se poursuit en parallèle sur les violences qu’il dit avoir subies. La prudence est donc de mise dans cette affaire que l’on sait très observée par la population. “Si le juge le condamne, on est mort à Mayotte”, présage ainsi une habitante.

À une semaine de la rentrée à Mayotte, l’heure est à la révision des fondamentaux avec les stages de réussite

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Alors que la rentrée scolaire débute officiellement mardi prochain, des élèves du premier degré ont repris cette semaine le chemin des bancs de l’école dans le cadre des stages de réussite. L’occasion pour plusieurs d’entre eux de revoir quelques fondamentaux et de combler certaines lacunes pour celles et ceux qui intègrent les classes de CE1 ou de sixième. Immersion dans deux établissements de Passamaïnty.

« Le S, c’est comme le serpent ! » Face à un groupe de quatre bambins, Hamiyati Chytti mime la lettre avec ses doigts. « Maintenant, un peu plus difficile, vous allez me mettre le pion sur le F », demande la professeure de CP à l’école de Passamaïnty 3 Mhogoni. « Ne regardez pas les autres, faites-vous confiance ! » Depuis ce lundi, huit élèves prêts à faire leurs premiers pas en classe de CE1 la semaine prochaine participent à un stage de réussite, à raison de trois heures par jour. Un dispositif qui en complète d’autres mis en place tout au long de l’année, tels que l’aide au devoir et les activités pédagogiques complémentaires.

Direction ensuite Passamaïnty village où Jayf-Al-Din Boinaidi accueille de son côté sept futurs collégiens. « Ismaël, j’ai appelé ton papa hier pour lui dire que le cours commençait à 8h20. » Un message visiblement mal compris puisque le garçon se présente, sans masque, avec près d’une heure de retard. De quoi agacer l’enseignant au moment de lancer un atelier de lecture. D’autant plus que cette remise à niveau pour ces jeunes, « volontaires qui ont besoin de révisions », est une étape cruciale pour eux dans l’optique de se fondre rapidement dans le bain du second degré où l’autonomie prime. « L’idée ici consiste à consolider les acquis fondamentaux et à combler les lacunes, le tout dans une atmosphère sécurisante », précise l’enseignant, en prêtant attention à l’application des consignes données quelques minutes plus tôt.

« Éveiller les esprits avant la rentrée »

Car c’est bien là tout l’intérêt de ce stage de réussite, dont un premier se déroule au mois de juillet. L’objectif selon Mariama Abdou Kaphet, l’inspectrice de la circonscription Mamoudzou Sud, se résume à « éveiller les esprits avant la rentrée ». Et si ce rendez-vous concerne « des élèves fragiles issus de tous les niveaux », les CM2 semblent être priorisés au vu de l’échéance qui les attend. Ainsi, Jayf-Al-Din Boinaidi n’hésite pas à leur faire découvrir les rudiments du cahier de texte pour que les pré-adolescents soient prêts le jour J.

Présent ce matin-là pour s’assurer du bon déroulement de la semaine, le recteur Gilles Halbout insiste sur l’importance de « ne pas prendre de retard » auprès du corps enseignant mais aussi et surtout des écoliers. « En tout cas, vous êtes bien courageux », les félicite-t-il au fil de ses intrusions dans les différentes classes ouvertes spécialement pour l’occasion. « Cela leur permet de progresser », assure avec conviction Hamiyati Chytti, en particulier « les enfants défavorisés qui débarquent régulièrement, des écoles voisines en cours d’année ».

« Nous n’avons pas de limite financière »

Et pour le directeur de l’école élémentaire de Passamaïnty 3 Mhogoni, Laidine Said Bacar, il faudrait aller encore plus loin et mettre davantage le paquet sur ces rencontres en catimini, qui concernent une cinquantaine d’établissements scolaires sur l’ensemble du territoire. « En nombre réduit, nous travaillons très bien ! Nous pouvons amener les élèves dans la direction voulue. C’est juste dommage que ce dispositif soit un peu court dans le temps. » Un message entendu et approuvé par le responsable de l’académie, qui ne compte pas lésiner sur les moyens lorsqu’il s’agit d’éducation. « Nous payons tout, nous n’avons pas de limite financière. Mais nous ne pouvons pas forcer les enseignants à écourter leurs vacances. » Reste donc à trouver le bon équilibre pour que tout le monde y trouve son compte.

Combani et Miréréni se jettent la pierre

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Les habitants de Combani et Miréréni n’ont eu que quelques semaines de répit. Les rivalités qui opposent les jeunes de ces deux villages de la commune de Tsingoni ont une nouvelle fois entraîné des affrontements ce week-end. Les villageois des deux côtés campent sur leurs positions. Chaque camp accuse l’autre d’être à l’origine du problème.

« Ils étaient tellement nombreux… J’ai cru qu’ils allaient en finir avec Combani. » Djamal, habitant du village, a encore la voix tremblante lorsqu’il évoque l’après-midi et la nuit de terreur du dimanche 15 août. Des bandes rivales originaires de Combani et Miréréni se sont une nouvelle fois affrontées dans le quartier appelé Badjoni. Le secteur a été le théâtre d’une nouvelle scène de violences qui inquiète les citoyens. « Les jeunes étaient armés de machettes, de fusils de mer, de cailloux. Ils ont commencé à brûler la cour d’un riverain à côté. Nous sommes partis éteindre le feu, mais ils nous ont accueillis avec des pierres. Le soir, c’était pire, il y avait une vraie guérilla », décrit avec amertume Moller, qui a assisté à toute la scène depuis sa maison. Sur place à partir de 17h, les gendarmes départementaux et mobiles ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les foules jusqu’à 1h du matin, une fois la situation apaisée…

Cet énième affrontement semble trouver son origine quelques jours plus tôt selon les témoignages. « Ça a commencé depuis vendredi. Un groupe de jeunes de Miréréni étaient venus vers 12h avec des machettes et ils lançaient des pierres. Certains de Combani les ont repoussés. Ils ont aussi brûlé un véhicule de quelqu’un de Miréréni et à partir de là, tout a dégénéré », continue Moller. Une version corroborée, à quelques détails près. « Ce sont les jeunes de Combani qui sont montés jusqu’à la mosquée de Miréréni. Ensuite, ils ont été repoussés jusqu’au pont », insiste pour sa part une habitante de Miréréni qui souhaite garder l’anonymat pour éviter les représailles. Quoi qu’il en soit, le résultat est le même : des maisons et des boutiques vandalisées, des voitures incendiées et la population terrorisée de part et d’autre. Les conséquences sont lourdes et le ras-le-bol se fait ressentir. « On est fatigués, on en a marre. Il faut que ça cesse », martèle-t-elle, après plus d’un an d’agressions à répétition.

« Derrière tout cela, il y a des adultes qui les manipulent »

Les langues commencent à se délier à Miréréni tout comme à Combani, et une hypothèse revient de manière récurrente. « Ces jeunes se connaissent depuis longtemps, ils étaient ensemble et maintenant, ils ont été instrumentalisés. Je pense que derrière tout cela il y a des adultes qui les manipulent. Tout le monde les connaît : la mairie, la police, les habitants », affirme l’habitante de Miréréni. Même son de cloche du côté de Combani. « Ces jeunes sont encouragés par leurs parents. Ils les nourrissent avant d’aller se battre et leur donnent leur bénédiction », soutient de son côté Djamal. La situation serait d’ailleurs montée d’un cran puisque dimanche, les bandes rivales auraient été appuyées par des renforts venus d’autres communes. « Quand ils sont descendus à Combani, beaucoup de jeunes n’étaient pas de Miréréni. Je pense qu’ils ont été recrutés à droite à gauche », indique Moller. Rejoint par Djamal : « J’ai reconnu des délinquants de Doujani et Vahibé. » Difficile de confirmer de tels propos, d’autant plus que la gendarmerie ne laisse échapper pratiquement aucune information concernant les faits.

À qui la faute ?

Les habitants sont loin d’être unanimes quant à l’origine de cette escalade de violences, chacun prend la défense des jeunes de son village. Combani accuse Miréréni et vice-versa. « Si on dit à nos enfants d’arrêter, ils vont arrêter. Mais comment pouvons-nous leur demander cela s’ils se font tout le temps agresser ? Ce conflit s’arrêtera si Combani arrête. Mais comme ils n’ont rien à perdre, ils ne cesseront pas. Ils utilisent des jeunes qui sont déscolarisés, qui sont hors du système. Alors que chez nous, ce sont des jeunes qui vont à l’école. Il n’y a pas de bandes de délinquants à Miréréni, ça n’existe pas. Nous avons des enfants qui ne demandent qu’à aller à l’école tranquillement », défend l’habitante de Miréréni. Moller réfute cette hypothèse qui le met en colère. « Les gens de Miréréni accusent ceux de Combani alors comment se fait-il que ces guérillas se déroulent toujours chez nous ? Ce sont donc les gens de Combani qui cassent les choses chez eux ? Je n’ai jamais vu les jeunes de chez nous aller jusqu’à Miréréni pour se battre. Je ne dis pas que ceux de Combani sont innocents, il y a des délinquants partout, mais il y a aussi des parents qui n’assument pas. »

Si la journée de lundi s’est déroulée sans affrontements, le climat était tendu dans les deux villages. Tous savent que la guerre entre les bandes rivales n’est pas finie. Les habitants s’attendent à un nouvel épisode de violences.

Ressource en eau : une situation plus favorable qu’en 2020 mais la vigilance reste de mise au SMEAM

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Avec des taux de remplissage plutôt dans le vert pour les deux retenues collinaires, le syndicat des eaux aborde cette fin de saison sèche un peu plus serein que l’année dernière. Attention toutefois, car les capacités de production sont au maximum et les bons gestes restent indispensables pour préserver la ressource.

La même réunion un an plus tôt avait donné quelques sueurs froides. Ouf ! Cette fois-ci, il semblerait que Mayotte puisse peut-être échapper aux tours d’eau, avant l’arrivée salvatrice du kashkazi. C’est en substance le message qu’a fait passer le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte (SMEAM), lors d’une réunion d’information avec les associations familiales et la presse vendredi, qui faisait suite au comité de pilotage lundi dernier. “La situation est plus favorable, mais il ne faut pas relâcher nos efforts”, met toutefois d’emblée en garde la vice-présidente en charge de l’eau potable Aminat Hariti.

Par rapport à la même période l’année dernière, les taux de remplissage de deux retenues collinaires affichent des niveaux nettement plus satisfaisants : 79,4% pour Combani (contre 72,6% en 2020) et 89,8% pour Dzoumogné (contre 61% en 2020). Le taux de remplissage à Combani frôle même les 92% si l’on exclut du calcul la réhausse, effectuée entre l’année dernière et cette année, et qui donne justement un peu plus de marge au territoire. En effet, ce sont – en partie – les travaux pour augmenter la capacité de stockage du bassin qui avaient conduit à maintenir un niveau relativement bas en 2020. Désormais opérationnelle, cette réhausse augmente de 250.000 mètres cubes le volume d’eau que peut recevoir la retenue de Combani. “Cela représente un mois d’approvisionnement pour la population, le mois qui nous avait manqué l’année dernière”, analyse Aminat Hariti.

L’autre bonne nouvelle ? Les prévisions de Météo France, qui laissent espérer un début des recharges à partir de mi-novembre, “sauf imprévu”. Le SMEAM estime donc possible d’assurer l’approvisionnement en eau potable pendant au moins toute la saison sèche et probablement jusqu’à la jonction avec la prochaine saison des pluies.

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Gare aux bactéries !

Alors, tout roule ? Pas tout à fait. “Nous sommes sauvés en termes de ressources, mais pas nécessairement en termes de production”, avertit la directrice de la SMAE, Françoise Fournial. Si les deux retenues sont au maximum de leurs capacités, une inconnue demeure quant à la qualité de l’eau, et donc la capacité réelle de production. D’autant que ces grands bassins ne viennent pas sans contraintes. Avec l’eau stagnante vient ainsi le risque de prolifération de cyanobactéries – des micro-organismes qui peuvent modifier la couleur et la surface de l’eau – qui libèrent alors des cyanotoxines, un sujet sur lequel l’agence régionale de santé (ARS) veille au grain. “En termes de qualité, il n’est pas impossible qu’on ne puisse pas utiliser toute cette eau intégralement”, explique Christophe Riegel, le responsable de la cellule eaux d’alimentation de l’ARS.

L’économie d’eau reste indispensable

Sans compter que le retour des vacanciers entraînera inévitablement de nouveaux pics de consommation. “Nous aurons du mal à absorber les pointes, et ce sont tous les petits gestes du quotidien qui vont nous permettre de garder un service constant pour tous les usagers”, souligne Françoise Fournial. Les bons réflexes : installer les kits fournis l’année dernière, éviter de surconsommer en lavant sa voiture par exemple, vérifier son compteur en cas de soupçon de fuite et faire remonter toute anomalie constatée. Sans quoi les restrictions préfectorales ne tarderont pas à tomber… et le spectre des coupures pourrait bien pointer le bout de son nez.

Bien sûr, les fuites des particuliers ne sont pas les seules à surveiller. Et justement, le SMEAM assure avoir mis les bouchées doubles depuis l’année dernière, en lançant notamment une grande campagne de recherche de fuites sur le département, qui a permis de générer des économies de 500.000 mètres cubes jour de production.

ressource-en-eau-smeam-2021De lourds investissements à mener

Quid de l’augmentation de la population, s’est alors enquise l’une des représentantes des associations familiales. Une étude commandée par la nouvelle équipe a montré l’important retard accusé par le syndicat en termes d’investissements, et un manque d’anticipation, concède sa vice-présidente. À moyen terme, quelques travaux sont d’ores et déjà dans les tuyaux : le forage de Mirereni, dont la livraison prévue fin octobre devrait apporter quelque 400 mètres cubes d’eau par jour ; celui de Kaweni La Jolie/Béja est attendu pour septembre, et la potabilisation de Kawé 2 est en phase de lancement de la maîtrise d’oeuvre. Malgré tout, “selon le schéma directeur, et les scenarii qui intègrent l’augmentation de la population, la situation sera en tension au moins jusqu’en 2025”, reconnaît Aminat Hariti.

Le SMEAM, lourdement endetté après des années d’une gestion calamiteuse, commence à peine à sortir la tête de l’eau, grâce notamment aux 15 millions d’euros octroyés par le conseil départemental. De quoi commencer à éponger une ardoise de 35 millions d’euros. “Des travaux sont faits avec l’AFD, nous avons aussi bénéficié du plan de convergence et du plan de relance, à hauteur de 11 millions d’euros”, liste ainsi Aminat Hariti. Des coups de pouce, qui, doublés d’une réduction de la voilure sur le train de vie des élus, permettent d’envisager un peu plus sereinement l’avenir. Et regagner la confiance des entreprises ?

À Sada, le maire s’attaque aux incivilités en partenariat avec le procureur de la République

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Pour faire face à la recrudescence de la délinquance dans la commune, le maire de Sada, Houssamoudine Abdallah, a décidé de prendre le taureau par les cornes et de s’appuyer sur le soutien du procureur de la République, Yann Le Bris, pour lutter contre ce fléau. En signant des conventions de rappel à l’ordre et de transaction, le premier magistrat a pour ambition de relever toutes les infractions et ainsi d’éviter la récidive.

Flash Infos : Vendredi, vous avez signé des conventions de rappel à l’ordre et de transaction avec le procureur de la République. Qui est à l’initiative de ce partenariat ? Et comment a-t-il été imaginé ?

Houssamoudine Abdallah : Depuis que nous avons pris nos quartiers à la mairie de Sada, l’ensemble du conseil municipal travaille d’arrache-pied sur la question sécuritaire. Dans un premier temps, nous avons fait le tour de l’ensemble des quartiers, dans lesquels nous avons pu observer la présence de marchands de sommeil mais aussi de jeunes qui traînent jusque tard dans la nuit. Face aux incivilités croissantes, nous avons reçu les parents des fauteurs de trouble.

Mais nous n’avions pas un cadre spécifique pour lutter contre ce fléau. Nous avons alors pris contact avec le procureur de la République, Yann Le Bris, pour bénéficier d’un certain nombre d’outils et ainsi intervenir efficacement en matière sécuritaire. Cela a abouti par la signature de deux conventions de rappel à l’ordre et de transaction.

FI : Vous dites qu’il s’agit d’une première pour lutter contre la délinquance à Mayotte. En quoi est-ce indispensable selon vous ?

H. A. : Nous avons ciblé toutes les difficultés en matière d’incivilité. À la différence de la Vigie en Petite-Terre ou de Koungou, nous n’avons pas de bangas à Sada. Donc nous rassemblons toute notre énergie pour nous attaquer aux marchands de sommeil. Nous avons, à titre d’exemple, mené des actions contre eux. Nous avons pris contact avec l’agence régionale de santé pour recenser tous les habitats indignes de la commune. La meilleure solution est de cadrer les choses et de suivre une procédure claire pour que ces initiatives portent leurs fruits.

Concrètement, ces conventions vont nous permettre de passer à la vitesse supérieure. Je m’explique : si un jeune sèche les cours ou est à l’origine d’actes délictueux, nous remplissons une fiche sur laquelle nous notons les différents méfaits en lien avec cet individu. Prévenu, le parquet nous précise alors si nous pouvons intervenir face à ces incivilités ! Nous le rencontrons avec ses parents puis nous envoyons un compte-rendu au procureur de la République.

Tous les trois mois, nous devrons dresser une série de statistiques pour remonter toutes les problématiques. Cela nous aidera par la suite à savoir si nous avons besoin de médiateurs, si nous devons revoir la famille, ou bien si des efforts sont à faire en termes d’éducation. Car nous nous rendons bien compte au fil des réunions que cela ne donne pas toujours les résultats escomptés ! La prévention a malheureusement ses limites… Mais désormais, avec l’appui de la justice, en cas de récidive, nous serons en capacité de porter plainte et de nous appuyer sur tous les faits.

sada-insecurite-convention-procureurFI : En résumé, ce que l’on appelle la troisième voie de la justice est une manière de relever systématiquement les petites infractions dans l’espoir d’éviter la récidive ou l’escalade criminelle. Comment comptez-vous y prendre ?

H. A. : Nous pouvons compter sur les rondes effectuées par la police municipale, sur des associations qui veillent à la tranquillité de la commune, mais aussi sur la bienveillance des uns et des autres par rapport aux problèmes de voisinage. Toute la population est aux aguets : les habitants n’hésitent pas à interpeller les élus et les agents de la mairie. Certains jeunes qui mettent en danger la population sont bien connus de nos services. Nous savons qu’ils se déplacent en vélo et avec des chiens ou qu’ils font appel à des personnes de l’extérieur pour commettre des dégâts. Ce genre de situations sont régulièrement relevées et dénoncées. Jusqu’alors, nous essayions de les rencontrer, mais comme je le disais, cela n’aboutit pas. Avec ce travail partenarial, nous avons l’occasion cette fois-ci d’aller plus loin !

Mayotte : une maison de santé pluridisciplinaire, le rêve du Dr Elhad Mohamadi

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Une nouvelle maison de santé pluridisciplinaire pour les Mahorais ? C’est le rêve du docteur Elhad Mohamadi. Ce médecin s’est lancé le défi d’apporter une offre de soins diversifiée et complète aux habitants de l’île grâce à cette structure qui sera située au centre de Mayotte. Il a présenté son projet de 3.5 millions d’euros vendredi dernier aux investisseurs et aux autorités politiques qui ont fait le déplacement jusqu’à l’Hôtel de ville de Ouangani.

C’est un parterre d’élus et d’investisseurs qui ont répondu à l’invitation du maire de Ouangani et du docteur Elhad Mohamadi, ce vendredi 13 août à la mairie de cette commune du centre de l’île. Leur présence était cruciale puisque le sujet du jour aura des conséquences directes sur les habitants du territoire. Le médecin généraliste a présenté la future maison de santé pluridisciplinaire (MSP) d’une superficie de 1.100 mètres carrés. Un projet rêvé, pensé et créé depuis 2018. Dès son arrivée à Mayotte il y a huit ans, le professionnel s’est rendu compte des difficultés que rencontrent les Mahorais pour se soigner. « Les délais de rendez-vous étaient extrêmement longs avec une offre très en deçà de ce que nous pouvons attendre d’un département français. Pour réaliser des examens complémentaires, les patients doivent se rendre jusqu’à Mamoudzou. Cela veut dire qu’il faut avoir un moyen de transport ou payer un taxi », relate le Dr Elhad Mohamadi. Aujourd’hui, la situation ne s’est pas améliorée, elle tend même à se dégrader.

Si l’on a tendance à parler de désert médical à Mayotte, la réalité serait bien pire. « Un désert médical se définit par un seuil critique de 250 médecins pour 100.000 habitants. À Mayotte, pour 256.000 habitants, il y avait en tout 244 médecins toutes spécialités confondues en 2019. Cela veut dire qu’il y avait 95 médecins pour 100.000 habitants, ce qui est très peu par rapport au seuil critique déterminé du désert médical », détaille en chiffres le Dr Elhad Mohamadi. Autrement dit, le cas de Mayotte est alarmant. Il est donc urgent pour le médecin de répondre à cette problématique. « Selon moi, cela devait passer par la création d’une structure pour limiter l’impact que représente le désert médical dans la zone. Nous savons très bien qu’un problème de santé a des retombées sociales et économiques », prévient-il.maison-sante-pluridisciplinaire-ouangani

La maison de santé pluridisciplinaire a pour objectif de proposer une offre de soins plus complète et variée. Les professionnels qui y travailleront ont déjà été contactés et nombreux sont ceux qui ont accepté de prendre part à cette aventure. « Il y aura des médecins généralistes, une pharmacie, un gynécologue, une annexe de prélèvements biologiques du laboratoire, une radiologie, des dentistes, une sage-femme, des kinésithérapeutes, une psychologue, des infirmiers », énumère le Dr Elhad Mohamadi. Autant de praticiens qui seront au service des 50.000 habitants de la zone du centre et centre-ouest de Mayotte. Mais nul doute que cette MSP sera prisée par une grande partie de la population de l’île.

Un soutien financier local

Pour mettre en route son projet, le Dr Elhad Mohamadi et son associé ont mis sur la table un apport financier d’une centaine de milliers d’euros et le foncier où sera construit l’établissement. Cela ne l’a pas empêché d’aller toquer aux portes des investisseurs. L’agence française de développement est la structure ayant par exemple apporté la plus grosse subvention. « L’AFD met 1.6 million d’euros sur 3.5 », annonce Yves Rajat, le directeur de l’institution financière publique. Un investissement qui permet de dynamiser le secteur de la santé à Mayotte. « Nous avons voulu investir dans cette MSP parce qu’il s’agit de la raison d’être de l’AFD, à savoir de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des habitants, ici à Mayotte comme partout ailleurs. Et il est clair qu’avec ce projet, nous nous inscrivons dans cette dynamique », continue le responsable local.

maison-sante-pluridisciplinaire-ouanganiLe Département a également apporté sa pierre à l’édifice avec une coquette somme de 500.000 euros. « Dès le début en 2018, ce projet a eu l’adhésion générale du conseil départemental sous la présidence de Soibahadine Ibrahim Ramadani », rappelle son successeur, Ben Issa Ousseni. Il se réjouit d’autant plus que la MSP sera bénéfique de manières différentes. « Elle va pallier le manque de professionnels de santé, mais il ne faut pas oublier l’angle économique. Cette maison de santé sera créatrice d’emplois », précise le nouveau chef de file de la collectivité. L’AFD et le conseil départemental sont les plus gros financeurs du projet, mais ils ne sont pas les seuls. Ils sont suivis par huit autres, en l’occurrence EDM, l’ARS, la 3CO, la ville de Ouangani, la Cress, la Caisse d’épargne ainsi que les entreprises Créa’Pépites et Tand’M. La construction de la maison de santé n’a pas encore commencé, mais le docteur Elhad Mohamadi espère la mettre en marche en décembre 2022.

Piste de Majimbini : à qui jeter la pierre ?

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Après les signalements des riverains et des associations au sujet de ce tronçon censé rallier la future carrière, le préfet a décidé de suspendre les travaux lancés par l’entreprise de bâtiment, Tetrama. Un emballement qui en dit long sur ce dossier sensible… et qui ne date pas d’hier.

Pilate, stop !” Le pas vif, Omar Rasta traverse les fourrés à la poursuite de l’un de ses deux bergers allemands, qui s’en est allé chercher des noises à quelques cabris de campagne. D’un coup, le petit sentier à flanc de colline laisse la place à la terre fraîchement retournée de la “piste sauvage” de Majimbini. Impossible de la louper. Les pieds s’enfoncent dans ce sol soudain meuble et rouge, qui contraste avec la forêt verdoyante aux alentours. “Avant, ici, c’était tout vert comme ça”, lance l’agriculteur dépité, en pointant du doigt les arbustes qui longent la large voie.

La piste, censée à terme rallier la future carrière de Majimbini, aura décidément fait couler beaucoup d’encre depuis le lancement des travaux par l’entreprise Tetrama, il y a une dizaine de jours. En cause : des infractions aux codes de l’environnement, forestier et de l’urbanisme commis sur cette parcelle classée et protégée, que dénoncent un collectif de riverains cultivateurs et la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE). Arbres abattus, défrichement, mais aussi le remblai d’un cours d’eau et les risques sanitaires dans cette zone humide qui abreuve les nappes phréatiques font partie des critiques soulevées par les défenseurs de l’environnement. “Majimbini, c’est le songe, et le songe demande beaucoup d’eau, ça veut bien dire qu’on est sur une zone capitale pour la ressource en eau de Mayotte !”, s’étrangle Ali Madi, le président de la FMAE, qui entend déposer plainte et se porter partie civile.

Suites judiciaires

Mercredi, c’est tout le gratin – DAAF, DEAL, conseil départemental, ONF, OFB – qui a fait le déplacement dans le cadre de la mission inter-service de l’eau et de la nature (MISEN) pour dresser les procès-verbaux en réponse à ces signalements. Dans la foulée, le préfet Thierry Suquet décidait alors de signer un arrêté de suspension des travaux immédiat, intégrant l’interdiction d’utiliser la piste, l’évacuation des engins, et le rétablissement immédiat de la continuité écologique du cours d’eau, sous peine d’une astreinte de 1.500 euros par jour en cas de non-respect. “Des suites judiciaires seront également engagées au titre du code de l’environnement et du code forestier”, précise le communiqué. “Nous sommes rassurés par cette décision que nous félicitons, toutefois, cette terre, à la première goutte de pluie, elle va se retrouver dans la rivière et dans le village de M’tsapéré, j’ai donc écrit au préfet pour demander des mesures d’urgence et de long terme pour stabiliser ce terrain”, soulève Ali Madi.

Tetrama répond aux accusations

Dans les faits, Tetrama avait interrompu les travaux un jour avant l’arrêté préfectoral mais nie avoir réagi en réponse à la mise en demeure dont elle aurait fait l’objet dès le week-end dernier. “Nous n’avons reçu aucun courrier, mais face à l’ampleur que cela prenait nous avons préféré arrêter”, assure Malik Kalfane, le gérant de l’entreprise, qui ne s’attendait pas à un tel retentissement. Sous le feu des critiques, Tetrama a souhaité répondre point par point aux accusations dont elle fait l’objet, dans l’attente qu’une enquête fasse la lumière sur l’affaire. “Nous avons mis un point d’honneur à éviter les arbres pour accéder au fameux site. Quant à la rivière, il n’y avait qu’un très faible débit d’eau qui n’a pas été modifié par le remblai”, explique le directeur, photo à l’appui. Et l’entrepreneur de mettre en avant les nombreux travaux bénéfiques effectués par Tetrama dans le secteur ces dernières années. “Nous avons refait les routes, il y avait des ponts écroulés pour mener à l’ancienne carrière ouverte pour la rocade, et nous avons fait le contournement, nous avons même ramassé toutes les carcasses de voitures, tout cela en accord avec l’ancienne équipe municipale !”, soupire-t-il.

La piste de la discorde

Alors pourquoi diable tout ce tintouin ? “Une carrière, c’est un projet très politique et beaucoup de gens dans les milieux économiques ne veulent pas la voir s’ouvrir, c’est normal, chacun veut préserver ses intérêts”, souffle Malik Kalfane. Il faut dire que la pomme de discorde ne date en effet pas d’hier. Déjà, en 2014, Jacques Martial Henry, alors conseiller départemental, dénonçait l’attitude des élus de l’hémycicle, qui avaient voté à la quasi-unanimité le cession d’une parcelle à l’entreprise. C’est grâce à ce bail emphytéotique avec contrat de fortage que Tetrama a obtenu ce terrain lui permettant de rallier la future carrière (elle avait déjà acquis une partie de la terre à exploiter 15 ans plus tôt). Concrètement, cette concession à durée limitée – de 18 ans pour la partie route et de 30 ans pour la partie carrière – lui permet d’exploiter le granulat moyennant une redevance par tonne de caillou extraite.

Deux millions d’euros déjà investis

Reste que le dossier contient plusieurs zones d’ombre. “À l’époque, il n’y a pas eu d’évaluation de domaine, pas eu d’étude d’impact, ni de consultation publique, c’est-à-dire que plusieurs procédures n’ont pas été respectées pour céder ce terrain”, avance Jacques Martial Henry, qui avait déposé un recours devant le tribunal administratif, sans succès. “Donc dire aujourd’hui que Tetrama n’a pas été autorisée, il faut vraiment être très prudent, je soupçonne qu’il y a eu autorisation, même si ces autorisations s’avèrent illégales.”

Interrogée au sujet de l’absence de permis de construire sur la piste de Majimbini, l’entreprise concernée ne se dédouane toutefois pas de toute responsabilité. “Peut-être que nous avons commis un faux pas, mais ce sera à l’enquête de le déterminer.” En attendant, l’heure tourne alors que Tetrama a déjà investi deux millions d’euros pour ce projet qui doit créer au moins cinquante emplois. “Cette carrière, elle se fera un jour. Par nous ou par un autre”, conclut Malik Kalfane.

Edeis, allié de Pamandzi, pour nettoyer le littoral près de l’aéroport

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Ce jeudi 12 août, Edeis, le délégataire de l’aéroport, a mené conjointement avec les services techniques de la ville de Pamandzi une opération de nettoyage le long de la clôture de la piste, côté littoral. Au total, pas moins d’1.5 tonne de déchets a été ramassée sur un périmètre de 600 mètres au cours de la matinée. Les deux partenaires ont déjà prévu de renouveler cette initiative de manière régulière.

« Vous n’avez pas remarqué que toutes les claquettes se trouvent au même endroit ?» Sous une chaleur de plomb, Bousry n’en perd pas son humour malgré la tâche ardue qui l’incombe ce jeudi 12 août. Entouré d’une quinzaine de ses collègues du service technique de la ville de Pamandzi et autant de l’entreprise Edeis, le délégataire de l’aéroport, l’agent au chapeau fleuri se démène comme un diable pour dénicher toutes les babioles englouties sous ses pieds. « C’est top de réaliser cette opération pour la commune », confie-t-il, large sourire aux lèvres, avant de connaître le résultat de ce dur labeur, à savoir 1.5 tonne collectée en l’espace de quelques heures.

À deux pas de la piste aéroportuaire et face à une vue idyllique sur Grande-Terre, le groupe balaie un périmètre de 600 mètres sur lequel les déchets s’accumulent en masse à cause des forts coefficients de marée des dernières semaines. « Il faut que les gens fassent davantage attention. Nous faisons leur boulot là », souffle désabusé Django, au moment de balancer son sac plastique par dessus la clôture afin d’être récupéré par un camion, direction la déchetterie de Petite-Terre. « Je ne m’attendais pas à en ramasser autant ! » Réfrigérateurs, bonbonnes de gaz, chaussures… Et une avalanche de bouteilles en plastique, dont le temps de décomposition peut prendre jusqu’à 1.000 ans.

La pêche et l’immigration en cause ?

D’où cette initiative de donner une cure de jouvence à cette partie du littoral, pourtant peu prisée par les promeneurs et les baigneurs en raison de sa difficulté d’accès. « Une partie est peut-être générée par les pêcheurs », émet comme hypothèse Olivier Capiaux, le directeur d’Edeis sur le territoire. « Mais nous ne pouvons pas non plus s’empêcher de penser aux effets de l’immigration clandestine. Certains déchets sont peut-être aussi l’objet de drames au large. » Deux possibilités qui restent encore à prouver tant la quantité rejetée par le lagon s’avère abyssale.

Pas question pour autant d’incriminer qui que ce soit. Le but de la démarche reste avant tout de mettre un coup de projecteur sur ce type d’action et de sensibiliser le plus grand nombre sur ce fléau qui gangrène l’île depuis de nombreuses années. « Il nous faut un système pédagogique qui va petit à petit pousser la population à prendre conscience et à faire évoluer les mentalités », persiste et signe Ibrahim Madi M’Dahoma, le premier adjoint de Pamandzi en charge de l’urbanisme, de l’aménagement et de la propreté. Avant de pointer du doigt la prolifération désastreuse de matériaux non putrescibles, délaissés par terre comme de vulgaires feuilles de manioc ou de cocotier. « Nous avons continué à faire comme avant », regrette-t-il, tout en assurant que la municipalité fait de la protection de l’environnement l’une des priorités de sa mandature. « Tous les jours, nous nous efforçons d’expliquer aux habitants la façon dont il faut jeter les ordures. »

Face à cette mission générationnelle, la ville peut compter sur un soutien de poids avec Edeis. « En tant qu’allié des territoires, nous nous devions d’apporter notre pierre à l’édifice », assure Olivier Capiaux. « Nous sommes sensibles à l’environnement. Nous avons un aéroport extramarin, il faut le protéger. Avec le projet de piste longue convergente, tout cela va de pair. » Alors pour montrer sa bonne foi, le délégataire promet de renouveler cette opération tous les trois ou six mois en fonction des besoins. Voire même de s’attaquer également à la plage de Moya 1, qui se trouve dans l’empreinte de l’infrastructure. Une belle promesse aux yeux de Bousry. « C’est une bonne nouvelle pour nos enfants avec l’espoir qu’ils ne se baignent plus dans cette saleté ambiante. »

L’ARS et la mairie de Koungou mettent les bouchées double pour vacciner la population

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La ville de Koungou enregistre le taux le plus bas de vaccination du département. L’agence régionale de santé et la mairie mettent donc les moyens pour rattraper le retard. Mise à disposition de bâtiments, des agents, campagne de communication, tout est mis en oeuvre pour inciter la population à se faire vacciner.

Situé à l’école élémentaire, le centre de vaccination de Koungou était bien calme ce jeudi après-midi. Une accalmie qui arrive après l’effervescence de la matinée. « Les deux premier jours, il y a avait beaucoup de monde, et ce matin aussi. Maintenant, c’est un peu plus tranquille », évoque l’une des agents postée à l’accueil. Ses collègues et elle ont été mis à disposition par la mairie de Koungou pour accueillir les personnes souhaitant se faire vacciner. Atsem (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles), ils sont appuyés dans leur tâche par les médiateurs sanitaires embauchés par l’association Mlézi Maorais. Ils représentent les moyens humains apportés par la ville pour optimiser la stratégie de vaccination puisque pour l’instant les chiffres de la commune ne sont pas exemplaires. « À Mayotte, nous sommes à presque 26% de personnes vaccinées complètement, alors que sur la commune de Koungou, seulement 7% sont venues se faire vacciner », révèle Maxime Jean, docteur infectiologue à l’agence régionale de santé.

Plusieurs freins ont été identifiés par les différents acteurs du système de vaccination. En effet, Koungou est une commune très étendue. Installé dans le village du même nom, le centre de vaccination n’est pas forcément accessible aux habitants de Trévani, Kangani ou Longoni qui n’ont aucun moyen de locomotion. « Le centre communal d’action sociale a un véhicule et il est possible de lutiliser pour emmener les personnes âgées au centre de vaccination. Nous avons aussi évoqué le fait davoir des équipes mobiles pour aller dans les villages qui sont un peu éloignés dun jour à l’autre », annonce Maylis Pouny Fagalde, chargée de mission et coordinatrice des centres de vaccination dans la ville de Koungou. À cela va s’ajouter un nouveau centre de vaccination fixe dès mardi 17 août dans le village de Majicavo Koropa.

La PAF, un frein majeur à la vaccination des habitants

Le taux de vaccination très bas enregistré à Koungou s’explique également par un phénomène évoqué par de nombreux agents du centre de vaccination du village lors de la visite de la directrice de l’ARS ce jeudi après-midi. « Il y avait du monde et lorsque la PAF est arrivée, ils se sont tous éparpillés », affirme l’une des médiatrices. Des propos confirmés par son collègue encadrant, Rachid Madi Saïd. « Jai constaté qu’à Koungou une grande partie de la population est en situation irrégulière. Les personnes ont donc peur de venir quand elles voient la police et les gendarmes dans les parages. » Surprise d’entendre cela, Dominique Voynet affirme qu’elle « en touchera un mot au préfet ». Une petite phrase qui donne grand espoir au responsable du centre de vaccination de Koungou qui s’attend déjà à une grosse journée samedi.

« Il y avait besoin de renforcer les moyens »

Comme tous les autres, le centre de Koungou fait partie de la campagne vaccinale qui se décline en un système de rotation. « Nous avons cinq centres de vaccination gérés par lARS qui tournent de commune en commune. L’idée est de revenir dans chaque commune toutes les quatre semaines afin de faire la première dose pour les nouvelles personnes qui se présentent et injecter la deuxième à celles qui étaient venues quatre semaines avant », détaille Dominique Voynet. Une routine qui aide grandement l’ARS puisque « nous nous sommes rendus compte quil y avait besoin de renforcer les moyens, notamment à l’hôpital car nous y vaccinons très peu », précise la directrice de l’institution. À Koungou, au delà des moyens humains, la mairie a également mis à disposition ses bâtiments. La bibliothèque avait été réquisitionnée la semaine dernière, puis l’école élémentaire, et un autre établissement sera choisi à partir de la rentrée. « Nous avons voulu mettre laccent dans cette commune où il y a le moins de personnes vaccinées sur tout Mayotte. Nous avons mobilisé la mairie et notre idée est de rattraper le retard ici », insiste Dominique Voynet. Et la mission ne semble pas impossible selon l’ARS puisque le nombre de personnes ayant reçues une première dose à Koungou augmente de plus en plus.

Sécurisation, nouvelles flottes : les transporteurs scolaires préparent la rentrée

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Dans un peu plus d’une semaine, les milliers d’élèves mahorais reprendront le chemin de l’école. Certains le feront avec les bus scolaires. Un rendez-vous très attendu par les transporteurs qui travaillent d’arrache-pied pour relever le défi. Sécurisation des véhicules, nouveaux bus, nouveau marché, voici la feuille de route des transporteurs scolaires de cette rentrée.

Sur le parking du groupe de transport Matis, les bus sont alignés, chacun attend son tour. Les agents s’activent sur chacun d’eux pour les habiller avant le 23 août, jour de la rentrée pour les élèves. La société Matis s’est unie avec d’autres transporteurs scolaires pour créer un groupement momentané d’entreprises (GME) appelé « Narendré Mbeli » afin de pouvoir mieux répondre au nouveau marché de transport proposé par le Département pour une durée de six ans. « Nous sommes 24 transporteurs partenaires parce que l’idée est de mutualiser les efforts dans le cadre de ce marché des transports scolaires. Dans le GME, nous avons des plus petites entreprises et Matis est le mandataire pour apporter son expérience au sein du groupement », indique Lanto Thomas, la directrice de Matis et mandataire du GME Narendre Mbeli.

Pour ce nouveau marché, le GME en question a remporté deux secteurs, celui du nord et du sud. « Ce sont les plus gros lots du marché en termes de kilométrage. Cela représente 127 véhicules, soit plus de la moitié des services du réseau et nous devons transporter 14.300 élèves au quotidien », continue la responsable de l’entreprise. Le groupement a également reçu quelques nouveaux bus, mais il n’est pas le seul. Pour cette rentrée, le GIE Ouvoimoja a mis la main à la poche et a acheté 50 véhicules flambants neufs. « Cela représente près de sept million d’euros d’investissement. L’envergure du marché est tel qu’il a fallu acquérir conformément à nos engagements des véhicules. Ils seront en remplacement des anciens pour avoir un parc de véhicules neufs à l’horizon janvier 2022 au plus tard », annonce Anisse Boinaidi, directeur administratif et financier du GIE-Ouvoimoja. Qui dit nouveaux bus, dit nouveaux chauffeurs.

Le GIE-Ouvoimoija va générer 50 créations d’emplois de conducteur. Le conseil départemental et la DIECCTE ont déjà financé 30 formations. Mais il reste encore des postes à pourvoir et Mayotte Formation ainsi que Pôle emploi accompagnent le groupement en ce sens. « Nous sommes tout à fait optimistes sur la formation et le recrutement de conducteurs en nombre suffisant compte tenu de la dynamique exceptionnelle qui nous entoure et des conditions sociales favorables que nous proposons aux candidats », précise Anisse Boinaidi.transport-scolaire-rentree-securisation

Sécurisation des véhicules coûte que coûte

Les transporteurs scolaires entament la rentrée, tout en gardant en tête l’année particulièrement désastreuse qui s’est écoulée en termes d’insécurité. De nombreux bus ont été vandalisés et les conducteurs ont été agressés. Pour cette année, le nouveau marché de transports scolaires a plus d’exigences pour assurer la sécurité des élèves et des chauffeurs. « Nous avons de nouvelles obligations sur ce marché, notamment l’installation de vidéos-protection, de girouettes et de la géolocalisation qui permettra de suivre les véhicules et de les réorienter en cas de problème. Et nous devons aussi installer du papier film anti-caillassage sur les vitres », détaille Charmane Ben Mohamed Houlam, directeur du GIE-Tama ya léo na messo. Et si certains comme Ouvoimoja ou encore Narendré Mbeli ont déjà entamé le processus de sécurisation des vitres, Tama ya léo na messo est encore réticent. « Nous avons besoin d’aide parce que c’est à notre charge et c’est très cher. Cela nous coûte 180.000 euros pour mettre le film sur les vitres », confie Charmane Ben Mohamed Houlam. De plus, le papier film anti-caillassage atténue les dégâts, mais ne les empêche pas. « Il évite l’explosion des vitres pour qu’elles ne blessent pas les personnes, mais elles sont quand même brisées et il faut les réparer. Nous sommes pénalisés parce que nous devons les remplacer et nous ne trouvons pas des vitres sur le territoire », continue le directeur de Tama ya léo na messo.

Les transporteurs scolaires doivent parer leurs véhicules, mais la question de l’insécurité est également longuement discutée entre les différentes parties. « Il y a des rencontres avec le Département et la préfecture pour essayer de sécuriser les axes routiers et impliquer les maires. Ils doivent se sentir concernés par la sécurité », rapporte Charmane Ben Mohamed Houlam. Du côté du GME-Narendré Mbéli, les responsables s’inquiètent du sort de leurs employés. « Nous allons mettre en place une cellule psychologique pour le personnel. Nous serons prêts pour la rentrée, nous serons sur tous les fronts », assure Lanto Thomas pour Matis. L’ambition de tous les transporteurs scolaires est de réussir cette rentrée coûte que coûte. Les bus et les chauffeurs sont parés pour affronter les routes et les élèves mahorais, dans un contexte sécuritaire optimal, du moins on l’espère.

Un happening entraînant pour annoncer le festival Nole Zatru Mwili Watru

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Dans le cadre du festival « Nole Zatru Mwili Watru » prévu ce samedi 14 août à la MJC de Mangajou, l’association Wassi Watru Mama a organisé un happening en plein cœur du marché couvert de Mamoudzou pour faire un écho à cet événement, qui a pour objectif de mettre en lumière et de rappeler l’importance de la femme dans la société mahoraise.

10h30, mercredi 11 août. Entre les saveurs et les senteurs du rayon fruits et légumes du marché couvert de Mamoudzou s’élèvent haut et fort le nom des célèbres Chatouilleuses, ces personnalités féminines qui se sont battues pour réduire l’influence des autres îles de l’archipel des Comores sur Mayotte et arrimer cette dernière à la République française. Zéna M’Déré, Zakia Madi, Boueni M’Titi, Echati Maoulida, et bien d’autres se rendent coup pour coup… Leur mémoire résonne à l’appel des membres de l’association Wassi Watru Mama. Un pan d’histoire refait naturellement surface.

Poings levés au ciel et bérets à l’effigie de l’ylang-ylang vissés sur la tête, les dames haranguent une par une les badauds. Dans l’euphorie de l’action, les voilà rejointes par les vendeuses installées ici et là et prises au jeu. Dégaînés, les téléphones immortalisent cette communion. Les flash crépitent au rythme des allées et venues. « Aujourd’hui, il s’agit d’un happening, une performance artistique de courte durée, pour faire un écho sur notre festival maopop culturel qui se déroule ce samedi 14 août à la MJC de Mangajou », concède Elcy Madi, la présidente organisatrice de l’événement intitulé « Nole Zatru Mwili Watru », en queue de peloton pour fermer la marche.

« La femme noire est belle »

Ce rendez-vous, plus communément appelé « Nos cheveux, notre peau », est une manière de « nous ouvrir au monde en gardant une identité locale très forte » et de « rappeler que la femme noire est belle ». « Acceptez-vous telle que vous êtes », insiste l’instigratrice de ce projet qui fête sa deuxième édition après celle de Chirongui en 2019. Au programme de cette journée prévue de 9h à 21h : une conférence suivie d’un débat sur la féminité, l’éducation, la sexualité et le handicap, un défile en présence des Miss Excellence France et Salouva, des ateliers sur l’entrepreneuriat en partenariat avec la BGE, la couveuse

d’entreprises Oudjerebou ou encore la Cress (chambre régionale de l’économie sociale et solidaire), deux master-class payantes avec places limitées sur le cuir chevelu mahorais et le make-up…

Mais pas que. Bien d’autres surprises attendent le public, telles que des concours de nappy hair et de tresse ainsi que 11 stands tenus par des entrepreneuses en lien avec le maquillage, la coiffure, le bien-être. Sans oublier un concert avec trois jeunes artistes de la scène musicale pop-urbaine mahoraise. « L’objectif est de mettre en valeur la femme dans toute son entité et son ensemble, mais aussi de parler de sujets plus sensibles, comme l’autisme à Mayotte », précise Elcy Madi. Boudé financièrement par les institutions, ce genre d’événement risque bien de démontrer à tout à chacun la place prépondérante des Mahoraises dans la société, depuis notamment l’émergence des Chatouilleuses dans les années 60. Cinquante ans plus tard, le festival « Nole Zalu Mwili Watru » est là pour le rappeler.

À Mayotte, O’Bulles réinvente la croisière

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Plongée, apnée, paddle, snorkeling – ou palmes-masque-tuba – le tout accessible sur un seul et même catamaran, pour un, deux jours, voire une semaine ! C’est ce que propose le prestataire O’Bulles depuis une poignée de mois. Un concept novateur pour profiter pleinement de l’un des plus beaux lagons du monde, et pas que.

Une virée en catamaran ? Oui, mais pas n’importe laquelle. Si les croisières tout confort en voilier se démocratisent de plus en plus dans le lagon de Mayotte et ses alentours, O’Bulles, lancé en mars dernier, a su tirer son épingle du jeu. À bord, toutes les activités qu’il est possible de faire sur le lagon, ou presque, sont accessibles. Kayak, paddle, plongée et même apnée… Le tout sur un ou plusieurs jours, dans les eaux mahoraises, mais aussi malgaches et comoriennes.

L’idée des croisières de plongée n’est pas nouvelle. Quelques années plus tôt, un prestataire en proposait déjà dans le lagon et au-delà, avant d’arrêter. « C’est un concept que j’aimais beaucoup », se souvient Alex Eynard, fondateur du club Nautilus, et par ailleurs féru d’apnée. Alors, il revend ses parts et décide de se jeter à l’eau. Il fait venir d’Afrique du Sud un bateau de 40 pieds et quatre cabines spécialement conçu pour le projet O’Bulles, ouvert au niveau 1 et 2 de plongée sous-marine. « Notre particularité, ce sont les plongées sur le banc de l’Iris », un sport très prisé qu’Alex Eynard connaît comme sa poche.

Sur l’embarcation, tout est inclus : équipements complets, matériel de pêche, deux paddle et même une bibliothèque. Évidemment, les croisiéristes peuvent compter sur un skyper professionnel et un moniteur de plongée et d’apnée, en la personne de l’instigateur du concept, qui se chargent par ailleurs de la cuisine, à base de produits locaux. « On propose essentiellement des croisières sur le week-end, mais on peut aussi faire du sur-mesure, comment partir 15 jours ou privatiser le bateau ! », y compris pour des croisières plus « classiques ». Autre point fort, la dimension écologique du projet, le catamaran étant entièrement autonomie en énergie solaire et production d’eau. De quoi pleinement profiter de la faune et la flore sous-marine, sans leur porter atteinte.

 

Pour réserver une croisière avec O’Bulles

Pour connaître les croisières à venir, rendez-vous sur le site https://www.obullescroisiere-mayotte.yt/, ou contactez l’équipe par téléphone au 06.39.65.42.15 ou par mail à l’adresse contact@obullescroisiere-mayotte.yt. Comptez 130 euros pour une journée plongée ou apnée (matériel inclus), 500 euros par personne pour une croisière plongée de deux jours et deux nuits et 1.600 euros pour une croisière d’une semaine vers Mohéli ou Madagascar.

Passe sanitaire : “avec un taux de vaccination de 20%, quelle masse de clientèle va-t-on recevoir ?”, s’inquiète l’UMIH 976

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Pour répondre à l’application du dispositif gouvernemental à Mayotte, l’Union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie a demandé à ses adhérents de centraliser les données d’accueil, afin de mesurer l’impact de ces nouvelles restrictions sur leur activité. Le monde de la restauration craint des surcoûts et une perte de clientèle. Sans compter le grand flou de la rentrée, quand les salariés qui n’auront pas de preuve sanitaire risqueront de voir leur contrat suspendu.

Il aura fallu attendre lundi soir pour avoir confirmation : le passe sanitaire étendu s’applique bien à Mayotte, comme ailleurs en France, sauf quelques rares exceptions liées aux spécificités du territoire. Relativement épargné par la vague de Covid-19 qui frappe plus durement d’autres régions, comme la Martinique et la Guadeloupe, le 101ème département espérait bien échapper à l’extension du dispositif, au moins tant qu’il ne repassait pas en état d’urgence sanitaire. “Nous étions restés dans cette optique optimiste, donc effectivement, c’est une surprise et une déception”, réagit Charles-Henri Mandallaz, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) 976, et gérant du restaurant L’Orient Express.

Immédiatement concernés, les restaurateurs ont dû, bon gré mal gré, intégrer cette nouvelle consigne dès ce mardi. “C’est encore un coup de restrictions sur la profession, encore une obligation contraignante et délicate à mettre en place selon les établissements”, poursuit le représentant de la profession, qui s’inquiète du “casse-tête” pour ceux qui servent essentiellement en terrasses, “ouvertes aux quatre vents”.

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Un “refus net” d’une cliente

Parmi ses principales sources d’inquiétudes, le surcoût des potentielles embauches liées au filtrage, doublé d’un risque de perte de clientèle. “L’équation économique ne va pas ! D’autant que nous avons toujours un taux vaccinal très faible, de 20%, quelle masse de clientèle va-t-on recevoir ?”, s’insurge le patron, pour qui l’application du passe tombe pile le jour de la réouverture. Heureusement, son premier service s’est déroulé sans trop de heurts. “Le premier retour n’est pas trop catastrophique, même si nous avons tout de même eu un refus net de quelqu’un qui n’a pas du tout accepté l’idée de cette loi, qu’elle considérait comme liberticide”, rapporte Charles-Henri Mandallaz.

Pour avoir une idée de l’impact du dispositif sur les établissements de l’île, l’UMIH a conseillé à ses adhérents de faire remonter leurs données d’accueil, afin d’apporter des statistiques fiables aux services de l’État. “Nous aurons un peu plus de recul d’ici une dizaine de jours.” À noter que le passe sanitaire ne constitue pas une obligation vaccinale : il laisse en effet le choix de présenter un schéma vaccinal complet, un test PCR ou antigénique négatif, ou encore un certificat de rétablissement pour les personnes ayant contracté le virus.

L’heure tourne pour les salariés

Enfin, l’autre aspect à prendre en compte pour les restaurateurs concerne les employés. Pour les salariés des lieux et établissements recevant du public, un délai supplémentaire a certes été accordé, jusqu’au 30 août prochain. “Mais il se pose alors la question de l’embauche, quel type de contrat on propose, pour quelle durée… Et bien sûr celle de la poursuite des contrats de nos salariés qui ne sont pas vaccinés”, ajoute le président de l’UMIH. Un point qui inquiétait d’ailleurs aussi les syndicats du centre hospitalier de Mayotte, réunis jeudi dernier pour discuter notamment de la situation des contractuels.

Si les juges constitutionnels ont retoqué la possibilité introduite par la loi de rompre un CDD ou contrat d’intérim avant son terme par l’employeur, faute de passe sanitaire, rien n’empêche de ne pas le renouveler. À partir du 30 août, si l’employé n’a pas de preuve sanitaire à présenter, ne peut pas se mettre en télétravail ou être affecté sur un autre poste non soumis au passe sanitaire, il s’expose à la suspension de son contrat. Et, d’après le code du travail, “la suspension du contrat de travail à durée déterminée ne fait pas obstacle à l’échéance du terme”.

Avec Rando Raid Mayotte, découvrez l’île aux parfums autrement

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Découvrir Mayotte à travers des randonnées, c’est le défi que s’est lancé un groupe d’amis mahorais il y a quelques mois. Leurs images publiées sur les réseaux sociaux ont encouragé de nombreuses personnes à les rejoindre dans leur aventure. La dernière randonnée a rassemblé plus de 150 participants. Une mobilisation qui pousse l’équipe de Rando Raid Mayotte à rêver plus grand.

Ils n’étaient que deux au départ. Deux amis mahorais qui avaient soif d’aventure. Adjimal et Mourchidi, tous deux amoureux de leur île ont décidé en octobre 2020 de découvrir le territoire en faisant de la randonnée. Une idée qui en a séduit plus d’un puisqu’ils ont rapidement été rejoints par d’autres copains. Et c’est ainsi que naît Rando Raid Mayotte avec six jeunes mahorais. Le groupe d’amis continue ses excursions et publie ses parcours sur les réseaux sociaux. Ils passent de six à vingt, et leur clan ne cesse de prendre de l’ampleur.

Leur dernière randonnée appelée « Koh Lanta » a ressemblé plus de 150 participants. « On ne pensait pas pouvoir réunir autant de monde. On est heureux et fiers d’avoir réussi à le faire parce qu’on n’a jamais vu ça à Mayotte », s’émeut encore Adjimal Badja, l’un des organisateurs. Pour mettre en place une randonnée, toute l’équipe est mobilisée, rien ne doit être laissé au hasard. « On repère le parcours, on le teste pour savoir s’il est praticable ou pas et si on peut le faire avec beaucoup de personnes », précise-t-il, tel un guide.

Les heures de marche ne leur font pas peur. Les randonneurs voient là une manière différente de découvrir l’île. « Il n’y a pas que les sorties en bateau. On visite tous les sites en marchant parce qu’on aime ça. Mes amis et moi sommes des sportifs, on aime les épreuves physiques », précise Adjimal Badja. Un aspect de l’aventure qui fait hésiter certains. « Pour l’instant, les personnes âgées n’ont pas participé aux randonnées. L’âge maximale des participants tourne autour de la trentaine », indique-t-il, avec un certain regret.

Une expérience qui a conquis le coeur du public

Mont Choungui, Passamaïnty, Vahibé, plages et bien d’autres, les randonneurs s’aventurent là où peu de gens osent s’élancer. C’est ce qui a séduit Kayiss. Ce dernier a participé à plusieurs randonnées organisées par Rando Raid Mayotte. « Je pense qu’ils ont proposé cela au bon moment parce qu’à cause de la situation sécuritaire à Mayotte, on a tous peur de sortir. Mais le fait d’être nombreux nous permet de nous sentir en sécurité. On peut aller dans des endroits où on ne serait pas allés seuls. On ne pense plus à l’insécurité, on vit l’instant présent », raconte Kayiss, complétement fan du concept.

Qu’ils soient résidants ou vacanciers, les participants promettent tous de renouveler l’expérience. « Avant Rando Raid Mayotte, je n’avais jamais fait de randonnée. J’en ai fait une avec eux et depuis, j’ai continué. L’équipe nous fait découvrir Mayotte dans la bonne ambiance et c’est ce qui me pousse à toujours en refaire », soutient Zayah, une autre participante. Actuellement en congés sur l’île, elle prend plaisir à marcher des kilomètres avec ses amis. « On dit souvent qu’il n’y a rien à faire à Mayotte alors que c’est faux. Rando Raid Mayotte nous a prouvés qu’il y a beaucoup à faire et à découvrir sur notre île », rappelle celle qui ne réchigne devant aucun effort.

Tout cet engouement incite les six membres de Rando Raid Mayotte à voir plus grand. Ils se définissent pour l’instant comme un groupe d’amis mais souhaitent se développer. « Nous allons officialiser notre statut pour devenir une association », annonce Adjimal Badja. Cela leur permettra notamment d’accueillir les mineurs. Pour l’heure, ils ne sont pas autorisés à participer aux randonnées faute d’assurance. « Une fois que tout sera en règle, nous préparerons des parcours adaptés aux petits et aux personnes âgées afin que chacun puisse participer à l’aventure », espère Adjimal Badja. La dernière randonnée a eu lieu il y a quelques jours, elle marque la fin de la saison avant une reprise en octobre. Un rendez-vous déjà très attendu par les habitués et les novices.

Ce week-end, le Bambo Beach Festival met à l’honneur les talents de Mayotte

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Vendredi et samedi, le Bambo Beach Festival met à l’honneur une douzaine d’artistes 100% mahorais à Bouéni. Parmi eux, M’Toro Chamou, Komo, Meiitod, Terrel Elymoor et bien d’autres. De quoi prouver et défendre l’étendu du talent local.

Réunir sur une seule et même scène toutes les têtes d’affiche locales du moment et les jeunes talents mahorais émergents. Voilà l’ambition du Bambo Beach Festival, dont la première édition se tiendra ces vendredi 13 et samedi 14 août, sur la plage du même nom, à Bouéni. « On voulait favoriser les artistes de Mayotte, ceux qui ont commencé ici. Certains se sont fait connaître à l’international, mais ils feront toujours partie de notre communauté », sourit l’organisateur, Chaf Masta.

Au programme, les personnalités incontournables de la culture mahoraise, comme M’Toro Chamou et son m’godro rebel ou bien Komo, l’homme au gabussi. À leurs côtés, ceux qui représentent déjà sérieusement la nouvelle génération : Meiitod, dont le titre Tes Yeux comptabilise six millions de vues sur Youtube, Rekman Seller, récompensé par le titre de meilleur artiste mahorais lors de la cérémonie des Voix de l’océan Indien et Terrell Elymoor et son célèbre « Bam Bam ». Mais bien évidemment, la programmation ne s’arrête pas là et comprend aussi de jeunes noms de plus en plus présents sur la scène mahoraise, comme 2Nivac, DJ Aska, DJ Madys, Annice, DJ Sweety, Reed Blowz, Youbbee et DJ Zazu.

« Ces artistes, je les ai toujours connus, toujours suivis », commente Chaf Masta, lui-même du milieu. Après une carrière locale dans la musique, il décide de créer, avec deux autres passionnés, le label indépendant Almawt Music l’année dernière, afin de promouvoir les musiques de Mayotte, dont elle a légué son nom ancestrale à la jeune enseigne. « Ce sont des artistes que j’ai toujours suivis. J’ai vu pas mal de faille, de choses qui n’allaient pas, des gens qui nous ont exploités dans tous les sens du terme. Il y a des gens qui favorisent leur projet personnel au dépend de la musique mahoraise. J’ai souvent cru pouvoir compter sur des gens qui ne m’ont finalement mené nulle part », retrace t-il en évoquant sa propre carrière. « Mais lorsque qu’on s’entoure de personnes de confiance et compétentes, on se rend compte qu’on peut aller très loin. Si j’avais su il y a dix ans qu’on organiserait un événement comme celui-ci, je ne l’aurais pas cru, car ces choses-là me semblaient inaccessibles, mais Mayotte aussi mérite d’avoir accès à la culture et de défendre la sienne ! »

 

Le Bambo Beach Festival, en pratique

Pour venir profiter de la douzaine de concerts prévus dans le cadre du festival dans un environnement entièrement sécurisé, rendez-vous les vendredi 13 et samedi 14 au Bambo Beach Snack, sur la plage de Bambo-Ouest à partir de 16h. Les préventes (à partir de 25 euros la journée) sont disponibles sur place, à May’Salon en Petite et Grande-Terre ou sur le site Internet de Almawt Music, rubrique « Bambo Beach Festival ». Informations et réservations VIP au 06.39.60.89.89. Passe sanitaire ou test antigénique négatif de moins de 48h obligatoire.

Avec les balises Mactoo, les entreprises mahoraises optimisent leur flotte de véhicules

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Depuis plus de cinq ans, la société 4G Technologie et sa solution Mactoo propose la géolocalisation et la gestion de flotte de véhicules, de bus et d’engins de chantier. Pour un prix de 50 centimes par jour, les entreprises clientes peuvent optimiser leur trajet sur un territoire où les embouteillages font rages. D’ici peu, ces balises connectées doivent s’étendre aux deux roues et aux bateaux, en attendant la mise sur le marché de caméras embarquées.

Bandrélé-Hauts Vallons, Longoni-Coconi, Passamaïnty-Barakani… Représentés par des flèches vertes, les véhicules indiquent en temps réel – vitesse à l’appui – leur état d’avancement sur la carte interactive du système de géolocalisation Mactoo. Ce GPS « révolutionnaire » sur Mayotte revient à 4G Technologie. « Nous avons environ une cinquantaine d’entreprises qui nous font confiance et 300 balises actives », précise Saidi Yahaya, le directeur commercial, face à son écran. Le tout grâce à un tarif « qui n’excède pas plus de 50 centimes par jour », « soit 14.99 euros par mois », et à une installation « rapide en partenariat avec un garage situé à Kawéni ».

Plus concrètement, quel est le but de cette solution ? Optimiser la flotte et les ressources des clients. Exemple : lorsqu’un patron reçoit une demande d’intervention, il est en capacité depuis son ordinateur de dénicher son collaborateur le plus proche pour réaliser cette tâche. Mais pas seulement. Il peut être averti lorsqu’une automobile atteint un kilométrage spécifique pour l’envoyer en révision ou encore recevoir une alerte en cas de déplacement aux heures non prévues, comme la nuit ou le week-end. Un procédé qui pourrait s’apparenter à du flicage aux yeux des plus téméraires…

« En aucun cas intrusif »

Notion balayée d’un revers de la main par Saidi Yahaya. « Ce n’est en aucun cas intrusif. Quand il s’agit d’une voiture de service, le salarié doit la laisser au bureau, c’est la loi. Par contre, lorsqu’il s’agit d’une voiture de fonction, il a la possibilité d’installer un boîtier pour désactiver la balise et réaliser ses trajets personnels en toute impunité. » Mieux encore, selon le directeur commercial, ce suivi permet également aux employés de justifier leurs heures supplémentaires auprès des ressources humaines et de démontrer aux employeurs la tâche de leur mission ainsi que la réalité du terrain. « C’est gagnant-gagnant pour tout le monde. »

Si 4G Techologie fait son petit bonhomme de chemin depuis sa création en 2015, la société continue de brasser large. En témoignent les négociations en cours avec certaines collectivités au sein desquelles les abus sont malheureusement monnaie courante ou encore avec Transdev « pour la surveillance de la gestion du marché » des transports scolaires. Sans oublier les pourparlers avec Taxi Vanille 976 qui « souhaite centraliser ses appels et orienter ses véhicules en fonction des besoins ».

« Pas un système d’anti-vol »

Et surtout, elle compte se diversifier dans les tout prochains jours, avec une nouvelle offre pour les bateaux et les deux roues, « le véhicule le plus volé à Mayotte ». Car oui, avec sa fonction de localisation, Mactoo peut rendre de grands services en termes de traçabilité aux forces de l’ordre. « Attention, la balise n’est pas un système d’anti-vol, mais une aide », préfère prévenir Saidi Yahaya, et ainsi se dédouaner de toute responsabilité en cas de recherche infructueuse. Soit, mais quand même ! Enfin, une dernière nouveauté est en cours de finalisation juridique : les caméras embarquées. « Elles sortiront avant la fin de l’année », assure le directeur commercial, impatient de proposer cet outil, qui devrait assurément plaire aux entreprises, bien trop souvent victimes des coupeurs de route…

Passe sanitaire : les mesures qui s’appliquent à Mayotte depuis ce lundi

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Depuis le 9 août, les habitants de l’île aux parfums doivent se plier à l’obligation de présenter une preuve sanitaire, à l’image du reste du pays. Restaurants, mariages, spectacles… Le préfet Thierry Suquet a détaillé l’application du dispositif.

40. C’est le nombre de nouveaux cas détectés sur la semaine du 31 juillet au 6 août à Mayotte. Rien à voir avec les plus de 20.000 cas quotidiens enregistrés en France. Ni même avec les 3.000 par semaine qui inquiètent nos voisins de La Réunion, c’est certain. Reste que l’arrivée du variant Delta, dont 17 souches ont été séquencées pour l’instant sur l’île aux parfums, fait craindre des jours plus sombres, à quelques semaines de la rentrée. “Nous avons les chiffres les plus bas de France, et en même temps, nous avons multiplié les cas par quatre en une semaine, et il y a un décès supplémentaire”, a ainsi commenté le préfet Thierry Suquet.

Interrogé lundi soir sur le plateau de Mayotte la 1ère, le délégué du gouvernement a détaillé les mesures du fameux passe sanitaire étendu, qui s’applique en France depuis ce 9 août et jusqu’au 15 novembre. Depuis la nuit de débat qui avait agité le Sénat le 25 juillet dernier, quelques zones d’ombre subsistaient quant à la mise en place concrète de ce texte dans le 101ème département. En effet, un petit amendement semblait exclure Mayotte du cadre la loi, en précisant que « par dérogation (…) si l’état d’urgence sanitaire est déclaré sur le territoire de Mayotte avant le 30 août 2021, cet état d’urgence est applicable jusqu’au 30 septembre 2021 inclus ». Seul semblait donc concerner le territoire la première version du passe, instauré par la loi du 31 mai 2021 pour les voyageurs en provenance ou à destination de la France et pour l’accès à de grands rassemblements (de plus de 50 personnes depuis le 21 juillet) occasionnés par des activités de loisirs (salles de cinémas, théâtres, musées…) ou des foires et salons.

Les restaurateurs devront flasher les QR codes

En réalité, la préfecture de Mayotte a décidé de brasser un peu plus large… N’en déplaise à certains ! Et en tête de liste, ce sont les restaurateurs qui risquent fort de grincer des dents, eux qui tombent donc finalement sous le giron du dispositif. Le passe sanitaire obligatoire s’applique ainsi depuis hier sur les activités de restauration commerciales (bars, restaurants et leurs terrasses), à l’exception de la restauration collective ou de la vente à emporter, de la restauration professionnelle routière ou de débit de boisson. Idem pour les services et établissements de santé, sociaux et médico-sociaux, sauf urgence : les visiteurs, et les patients accueillis pour des soins programmés devront d’abord dégaîner le fameux QR code. Pour ces différents lieux, il reviendra alors aux personnels d’en vérifier la validité avec l’application de lecture “TousAntiCovid Vérif”.

Le cas du manzaraka

Comme prévu, les séminaires et salons professionnels sont aussi concernés, ainsi que les événements dans un établissement couvert, “les concerts et les spectacles dans les MJC”, a cité le préfet à titre d’exemple. Autre information notable : pour les mariages, si le lieu de réception est loué, il reviendra “par défaut” à la charge des mariés de contrôler l’attestation de leurs invités. Et caribou surtout ! Pas besoin en revanche de présenter le passe en mairie ou dans les lieux de culte.

La barge et les centres commerciaux exemptés

De leur côté, les centres commerciaux de Mayotte échappent à la règle, puisqu’ils n’excèdent pas la taille réglementaire de 20.000 mètres carrés. Quant aux déplacements au sein du territoire, et notamment avec la barge, ils ne font pas non plus l’objet de ce nouveau dispositif. “On connaît l’obligation, c’est pour partir à La Réunion, en métropole ou pour des voyages internationaux, mais pas pour les voyages à l’intérieur de Mayotte… en attendant le train”, a glissé Thierry Suquet, qui en a profité pour rappeler l’importance de respecter les gestes barrières, port du masque, limitation à six personnes par table, etc. Enfin, “pour tenir compte de la situation spécifique de certaines catégories de personnes”, la présentation du passe est repoussée au 30 août pour les salariés des lieux et établissements recevant du public et au 30 septembre pour les jeunes de 12 à 17 ans.

Pour rappel, le passe sanitaire consiste en la présentation numérique via l’application gouvernementale TousAntiCovid ou papier d’une preuve sanitaire : soit un schéma vaccinal complet, à savoir sept jours après la deuxième injection pour les vaccins à deux injections (Pfizer, AstraZeneca ou Moderna), ou après une dose unique pour les personnes ayant un antécédent de Covid, ou quatre semaines après l’injection pour le Johnson&Johnson ; soit un certificat de test négatif de moins de 72 heures (RT-PCR ou antigénique) ; soit le résultat d’un test RT-PCR ou antigénique positif attestant du rétablissement du Covid-19, datant d’au moins 11 jours et de moins de 6 mois.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes