Ce jeudi 2 septembre, au CHM, les membres du conseil de surveillance de l’hôpital ont procédé à l’élection du nouveau président de l’instance. Dhinouraine M’Colo Mainti, 1er adjoint au maire de Mamoudzou, a été élu à l’unanimité. Il succède à Issa Issa Abdou, ancien 4ème vice-président du conseil départemental, qui occupait le poste depuis le 21 décembre 2017. Le nouveau président sera à la tête du conseil de surveillance jusqu’en 2026 et il devra répondre aux enjeux de la santé à Mayotte.
La passation de pouvoir de la présidence du conseil de surveillance de l’hôpital de Mayotte s’est déroulée à huis clos… Pour quelles raisons ? On l’ignore ! Quoi qu’il en soit, il n’y avait aucun suspens quant au choix du nouveau président de l’instance. Dhinouraine M’Colo Mainti, l’actuel 1er adjoint au maire de Mamoudzou, succède à Issa Issa Abdou, 4ème vice-président du conseil départemental de l’ancienne mandature, après avoir recueilli les onze voix en lice.
Si le conseil de surveillance de l’hôpital de Mayotte est habituellement composé de seize membres, cinq d’entre eux ont décidé de jouer au jeu de la chaise vide. La campagne s’est faite en coulisses, avec le soutien inconditionnel du maire de la commune chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaïla, qui a « profondément fait confiance » à Dhinouraine M’Colo Mainti selon ce dernier, dans le but de faire siéger la ville de Mamoudzou au sein de l’organe du CHM. Élu, le nouveau président a désormais cinq ans pour s’attaquer au chantier de la santé à Mayotte et répondre aux besoins des Mahorais. « Mon objectif principal est la santé des Mahorais, qui n’a pas de prix. Nous entendons les cris de la population et nous devons faire en sorte pour que ces gens-là puissent trouver leur vraie place ici à Mayotte. En tant que Mahorais, nous ne devrions pas avoir besoin d’aller en métropole ou à La Réunion pour des opérations bénignes », soulève Dhinouraine M’Colo Mainti. D’où l’importance de de veiller au bon déroulement du dossier concernant le deuxième hôpital. À travers ses nouvelles fonctions, l’élu a pour mission première de se prononcer sur la stratégie de l’établissement et d’exercer le contrôle de sa gestion. Une tâche rude qu’il ne pourra accomplir seul. « Je ne suis pas un professionnel de santé, je suis un politique. Nous sommes là pour mettre la politique au service des Mahorais », déclare-t-il pour démontrer sa volonté de rassembler autour de lui.
Le sentiment du devoir accompli pour Issa Issa Abdou
Après presque quatre années à la tête du conseil de surveillance du CHM, Issa Issa Abdou dresse un bilan positif. « J’ai le sentiment du devoir accompli. Nous avons fait face à deux crises Covid majeures à Mayotte, cela a été des moments d’épreuve et le personnel a su faire face. Malgré cela, il y a eu de belles avancées », indique le président sortant. Parmi ses réussites, il évoque notamment la finalisation et l’inauguration de l’hôpital Martial Henry, l’augmentation du nombre de places de formation pour les infirmiers et en puériculture au sein de l’IFSI, ou encore « la sortie du groupement hospitalier du territoire avec La Réunion », les prémices de ce qui deviendra plus tard l’agence régionale de santé de pleine exercice.
Même si Issa Issa Abdou se dit satisfait de sa mandature, il cède sa place, non sans quelques regrets. « Ça ne va jamais assez vite comme nous le souhaitons. Nous n’étions pas venus pour gérer la crise du Covid-19, mais elle est arrivée. Résultat des courses : nous avons mis beaucoup de temps à inaugurer l’hôpital de Petite-Terre, nous avons mis beaucoup de temps à lancer le projet du deuxième hôpital », souffle-t-il. Alors forcément, il reste encore un long chemin à parcourir : code de la santé, développement du secteur libéral, lutte contre le désert médical… La santé à Mayotte est un domaine qui nécessite des investissements humains, matériels et financiers. Ce sera tout l’enjeu du nouveau président du conseil de surveillance du CHM.
Durant quatre jours, Mayotte a été attentive à toutes les prises de parole des ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu. La section locale de la République en Marche, par la voix de Rokia Lahadji, salue les initiatives présentées par les deux membres du gouvernement et espère que les engagements pris ont convaincu les Mahorais.
Flash Infos : Dans le projet de loi de finances présenté cet automne au Parlement, dix millions d’euros seront débloqués en faveur de la jeunesse. Le nerf de la guerre dans le 101ème département tant plusieurs milliers de jeunes se trouvent toujours en déshérence et sont susceptibles de sombrer dans la délinquance…
Roukia Lahadji : Vous savez, les associations mahoraises portent déjà de multiples projets et accumulent bon nombre de missions, à travers les maisons d’enfants à caractère social et les lieux de vie et d’accueil. Sans oublier les actions d’encadrement en termes de loisirs. Il fallait les renforcer financièrement : c’est désormais chose faite ! Plusieurs milliers de jeunes en déshérence sont encore déscolarisés… Il faut trouver des solutions pour les réorienter vers le chemin de l’école ou les centres de formation. Cette enveloppe arrive donc à point nommé afin de continuer à accompagner les structures et les acteurs de terrain qui luttent contre ce fléau, dans le but de diminuer les actes de violence.
FI : Comme l’a dit Sébastien Lecornu, il s’agit de mettre les moyens sur l’aval et la prévention. Pour autant, le gouvernement n’abandonne pas sa politique de lutte contre l’habitat illégal. Au contraire, le ministre des Outre-mer a annoncé, lors de son déplacement à Kahani ce lundi, son désir d’éradiquer tous les bidonvilles du territoire à l’horizon 2031. Est-ce selon vous une promesse tenable ?
R. L. : Le chantier contre l’habitat illégal est en cours depuis maintenant plus d’un an. Des actions concrètes de décasement ont été initiées par l’ancien préfet, Jean-François Colombet, avec pas moins de 1.000 cases détruites en 2020. Très bien, mais en parallèle, il faut aussi construire du logement social. Or, pour cela, il faut trouver du foncier disponible et alléger les procédures réglementaires ! Nous reléverons ce défi, si et seulement si, nous arrivons tous, l’État, les collectivités et les propriétaires fonciers, à nous concerter et à nous mettre d’accord.
FI : De nouveaux moyens ont aussi été promis pour renforcer les effectifs de gendarmerie et de police, pour pérenniser la surveillance aérienne et pour soutenir l’installation de la vidéoprotection. Des mesures « louables » et « offensives » qui ne datent pourtant pas d’aujourd’hui et qui tardent encore à faire leur preuve…
R. L. : Une chose est sure : il faut renforcer la répression ! Sans cela, ce serait le chaos à Mayotte. Effectivement, des fonds supplémentaires doivent arriver en termes de surveillance aérienne, maritime et terrestre, avec le développement de la vidéoprotection. Mais attention, il faut les compléter en lien avec le volet social. L’un ne va pas sans l’autre. Des moyens pour appréhender les jeunes, c’est bien, des moyens pour les encadrer, c’est mieux.
FI : Dans ce cadre-là, il semble que la construction d’un centre éducatif fermé soit en bonne voie. Comment accueillez-vous cette nouvelle ?
R. L. : Les Mahorais, le sénateur Thani en tête, militent pour la construction d’un centre éducatif fermé depuis des années. Nous nous réjouissons que cet écho soit enfin entendu ! C’est un dispositif qui vient enrichir l’arsenal existant qui doit être rénové pour tenir compte de notre réalité actuelle. Il n’y a pas une solution miracle pour éradiquer durablement ce fléau, toutefois cet établissement fait partie des outils nécessaires à mettre en place.
FI : Aussi bien dans la loi Mayotte que durant cette visite, le thème de l’environnement a été largement oublié. En tant que fondatrice de l’association environnementale Nayma, n’éprouvez-vous pas une certaine amertume à cet égard ?
R. L. : Déçue ? Non… Pas vraiment… Bien d’autres combats devaient être traités en priorité. Évidemment aujourd’hui, l’environnement est celui qu’il nous reste à mener de front. Le lagon de Mayotte est de plus en plus malade ! Si nous le laissons dépérir, nous nous tirerons une balle de pied, au risque de mettre à mal tout un pan de l’économie de l’île. Entretenir les rivières et les mangroves, enlever les déchets en amont et en aval, assurer l’entretien sont autant de réponses à apporter. Et à ce sujet, nous n’avons pas attendu la visite ministérielle pour sensibiliser le préfet et les différents ministères. Comme pour le centre éducatif fermé, nous espérons être entendus favorablement.
FI : Beaucoup d’habitants ont le sentiment que cette venue s’apparente à un énième coup de communication en perspective des élections présidentielles de 2022… Que répondez-vous à ce sentiment ?
R. L. : Le ministre des Outre-mer a mis du temps à se déplacer, mais il est venu ! Il a sillonné le territoire et a rencontré les différents acteurs privés, publics et associatifs. C’est avant tout une reconnaissance. Bien sûr, quoique le gouvernement fasse, il y aura toujours des éternels insatisfaits. Ce ne sera jamais suffisant à leurs yeux… Ici, nous voudrions avoir tout en même temps : le beurre, l’argent du beurre et la crémière. Rome ne s’est pas faite en un jour, non ?! Mayotte se développe très rapidement, en bien et en mal. Nous devons prendre l’exemple et emmagasiner l’expérience des autres territoire, que ce soit d’un point de vue identitaire, environnemental ou structurel. Et nous allons réussir ce challenge si, encore une fois, nous nous concertons et tirons dans le même sens.
FI : Justement, plusieurs photos sur les réseaux sociaux ont montré une communion entre des élus de différents bords politiques. Comme si les divergences affichées lors des dernières scrutins n’étaient plus qu’un mauvais souvenir…
R. L. : Cette séquence avec tous les élus était d’ordre privé. Vous savez quand des ministres se rendent sur un territoire, ils affichent aussi leur costume de militant pour partager des idées et des actions communes. Chez Sébastien Lecornu, j’ai beaucoup apprécié sa volonté de nous rassembler le plus largement possible. Et je dirais que la voix de la raison l’a emporté puisque de nombreux Macron compatibles ont répondu présent à cette invitation. La République en Marche est un parti ouvert. La preuve, nous nous y retrouvons avec le ministre des Outre-mer, qui est un ancien Républicain alors que je suis une ancienne Socialiste.
Du 6 au 12 septembre, la place de la République accueillera le forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Un événement qui souffle sa huitième bougie cette année et qui espère bien attirer les foules.
La grande nouveauté de cette nouvelle édition ? Une manifestation en multiplex. En raison de la crise sanitaire, les artisans qui venaient habituellement de Madagascar et des Comores ne pourront pas se rendre à Mayotte. Alors le forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien aura lieu simultanément à Antananarivo, Mamoudzou et Moroni. Pour réaliser cette prouesse technique et technologique, rien n’est laissé au hasard. Fibre optique, écran géant et drones seront ainsi déployés en grande pompe.
Et pour dire, les organisateurs espèrent réitérer la performance de 2019, qui avait accueilli 140 artisans et pas moins de 145.000 visiteurs. Rien que cela ! Ce qui lui avait valu le titre de plus grande manifestation de l’océan Indien. Cette année, 130 exposants seront répartis sur les trois îles comme l’explique Jean-Denis Larroze, le secrétaire général et directeur des services à la chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte. « À Mamoudzou, 40 artisans seront présents. Idem à Antananarivo. Tandis qu’à Moroni, 50 viendront présenter leur travail”, détaille-t-il ce jeudi 2 septembre, à quatre jours du grand lancement sur la place de la République.Au programme de toute la semaine prochaine : des ateliers, des colloques, des visioconférences, des animations, une tombola, mais aussi une heure de démonstration ou de reportage vidéo quotidienne pour mettre en avant l’artisanat local de chaque territoire représenté.
La brique de terre compressée, l’avenir de l’artisanat mahorais
L’objectif des trois îles est simple : faire rayonner leur savoir-faire local. À Mayotte, la grande star de cette année sera la BTC ou brique de terre compressée. Un matériau de construction 100% naturel fabriqué à base d’argile, qui constitue une solution écologique et économique pour l’avenir du bâtiment dans le 101ème département français, mais également dans le monde. La normalisation de la BTC via l’appréciation technique d’expérimentation (ATEX) permet aujourd’hui de revaloriser le travail des quelques 12 briquetiers de l’île. Un agrément qui devrait permettre l’utilisation de la BTC pour la construction du futur lycée de Longoni (voir notre édition de ce mardi 31 août) et ainsi devenir la nouvelle vitrine de cette terre tamisée fortement comprimée à l’aide d’une presse. Du 6 au 12 septembre, les curieux pourront admirer leur savoir-faire, symbolisé par une arche spécialement érigée pour l’événement.
Programmation et tracas de dernière minute
L’événement débutera ce lundi 6 septembre sur la place République à 8h30 avec l’accueil des invités. La journée se poursuivra avec différents discours d’accueil de la part des pays participants puis un mot de bienvenue du président de la chambre des métiers et de l’artisanat France. À 11h20, l’inauguration officielle du Forum aura lieu en simultané à Madagascar, à Mayotte et aux Comores. Tout au long de la semaine, les expositions et multiples animations mettront à l’honneur l’artisanat des territoires de l’océan Indien. Si Jean-Denis Larroze et Didier Gonet, président de l’assemblée régionale des chambres de métiers et de l’artisanat de l’océan Indien, se réjouissent de la coopération entre les membres de l’événement, une ombre de dernière minute vient ternir le tableau. En effet, le gouvernement de l’Union des Comores demande la modification des affiches et documents publicitaires destinés à promouvoir le forum. Selon lui, le nom de Mayotte et le logo du conseil départemental posent problème. Conséquence : le pays pourrait tout bonnement annuler sa participation à l’événement. À l’heure actuelle, les organisateurs ne savent toujours pas si Moroni fera partie ou non de cette huitième édition. Une décision politique qui pourrait bien pénaliser les artisans comoriens déjà privés, comme leurs voisins, de forum international des métiers et de l’artisanat en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.
Depuis l’annonce de son décès lundi 30 août 2021, les Mahorais pleurent la perte de leur père, celui appelé affectueusement Papa Marcel ou encore Chef Marcel. Le séna-teur Marcel Henry s’est éteint dans sa demeure de Pamandzi, son lieu de vie depuis toujours. C’est donc tout naturellement que ses obsèques ont eu lieu en Petite-Terre. Des funérailles qui ont mobilisé l’ensemble de la classe politique mais également les habitants venus des quatre coins de l’île pour lui rendre un dernier hommage.
Depuis maintenant trois jour, Mayotte pleure un grand homme qui a œuvré à sa construction. Marcel Henry s’en est allé, laissant une population mahoraise orpheline de ses pères et mères. Il était l’un des derniers combattants de Mayotte française. Celui qui était surnommé « Papa Marcel » manquera à ses proches, mais aussi à beaucoup de Mahorais. Assis devant l’église Saint-Michel de Dzaoudzi, son beau-frère évoque le « calme olympien » de ce fervent défenseur de la départementalisation. « Un homme qui a donné sa vie à Mayotte », décrit-il, teinté d’une émotion plus que palpable. Ce mercredi 1er septembre, plusieurs centaines d’administrés ont afflué des quatre coins de l’île, direction Petite-Terre, pour saluer une dernière fois le tant apprécié sénateur honoraire. À bord d’un des bus affrété spécialement pour l’occasion, une habitante venue de Mronabéja témoigne de sa gratitude à l’égard de cette personnalité publique. « Je savais que c’était quelqu’un qui aimait Mayotte. Sans lui, Mayotte ne serait pas là où elle est maintenant. C’est donc nécessaire que tous les habitants de l’île lui rendent hommage, nous lui devons bien cela. Je viens de loin, mais je devais faire le déplacement », affirme-t-elle.
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Comme elle, son voisin de siège a fait toute la route depuis Doujani. S’il n’avait pas noué de liens particuliers ou personnels avec Marcel Henry, il reste admiratif de sa contribution pour le territoire. « C’était important de lui dire adieu et de l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. C’est une manière aussi de le remercier pour tout ce qu’il a fait, son travail, son engagement. Il est une fierté pour sa génération, maintenant la nôtre doit continuer le combat. Ce qu’il a fait hier a donné des résultats aujourd’hui, ce qu’il a fait est visible », déclare-t-il. En ce sens, le prochain défi sera d’assurer le devoir de mémoire selon Farah. « Marcel Henry est une figure à ne pas oublier, à transmettre à nos enfants. Mais malheureusement, les miens ne le connaissaient pas. Lors de sa mort, j’ai dû leur expliquer qui il était. Mais il ne faut pas que cela s’arrête à une simple explication. Nous devons faire con-naitre à nos enfants notre histoire, au-delà même de notre appartenance à la France. Il s’est battu pour notre liberté », rappelle l’habitante de Mamoudzou, avant de revenir avec mélancolie sur les luttes menées par l’homme politique sur l’île aux parfums. « Avec la mort de Marcel Henry, une page se tourne… Nous n’avons plus de personne comme lui aujourd’hui qui combattait avec le cœur et non par égocentrisme ou opportunisme. Il était âgé, son combat était achevé, mais cela rend tout de même nostalgique », déplore-t-elle, avec une pointe d’amertume.
Le conseil départemental se mobilise pour un dernier hommage
Les obsèques du sénateur Marcel Henry devaient être à la hauteur du personnage. Et pour cela, le conseil départemental a mis les petits plats dans les grands pour permettre à tous les Mahorais qui le souhaitent de se rendre aux funérailles. À titre d’exemple, les piétons pouvaient prendre la barge gratuitement, un souhait du Département combiné à la mobilisation des autocars. « Nous avions prévu deux bus de 60 places par commune. C’est la commande qui a été faite auprès des transporteurs, et nous avions aussi des bus censés faire la rotation permanente », précise Ben Issa Ousseni, le président de la collectivité. Pour ce dernier, il était logique et important que le conseil départemental réponde présent. « Nous avons mis en place tout cela parce que Marcel Henry méritait un hommage départemental… Je dirais même un hommage national ! Aujourd’hui, c’est le minimum que le territoire peut faire pour lui », poursuit le chef de l’exécutif. Toutes ces dispositions permettaient à la population de se rendre massivement à l’enterrement du sénateur, et ce fût le cas.
Prise d’assaut, la messe tenue à l’église Saint-Michel n’a pu accueillir en priorité que les membres de sa famille, ses amis et les personnalités politiques et publiques. Celles et ceux qui n’ont pas pu pénétrer dans l’enceinte de l’établissement se sont tout de même recueillis à l’extérieur. Il y avait également foule sous les chapiteaux dressés vers le rond-point de Pamandzi et au cimetière chrétien de Pamandzi. Les Mahorais reconnaissants de l’engagement du sénateur se sont déplacés en masse. Marcel Henry qui s’est éteint un mois avant de souffler sa 95ème bougie repose désormais au cimetière de Pamandzi.
Aéroport Marcel-Henry ? Un souhait sur le point de se réaliser
L’aéroport de Mayotte est-il sur le point de changer de nom ? C’est du moins le souhait du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, et celui en charge des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Au lendemain de la disparition du sénateur Marcel Henry, le locataire la rue Oudinot a annoncé son intention de faire baptiser l’aéroport de Mayotte qui n’a pas de nom pour l’instant. « Au nom du gouvernement, après avoir échangé avec le président de la République, je peux vous annoncer que cet aéroport portera le nom du sénateur dont on sait qu’on doit tant pour la vie aujourd’hui de Mayotte et pour son avenir institutionnel. C’est la marque du respect et de l’engagement du gouvernement à l’égard de sa mémoire, mais aussi de sa famille », a-t-il indiqué lors de l’inauguration du marché couvert de La-battoir ce mardi 31 août, quelques minutes avant son départ.
Si la décision sera prise à Paris, en concertation avec les élus mahorais, ce souhait ne date pas d’hier. « Ces dernières années, le conseil départemental et des communes avaient demandé à ce que cet aéroport puisse porter le nom de notre regretté sénateur. Ce n’était pas possible jusqu’à présent parce qu’il était toujours de ce monde. Il y a un usage pour l’État de ne pas baptiser le nom d’infrastructure de personnes qui seraient encore en vie », a rappelé le ministre des Outre-mer. Pour l’heure, aucun membre de la classe poli-tique ne s’est opposé à la proposition des ministres, mais Marcel Henry n’est pas le seul candidat. Un autre nom a été suggéré ces dernières années : celui de Abdourahamane Aboudou Moulkandjy. Une figure emblématique de Mayotte, un diplomate et libraire qui a formé l’élite mahoraise et comorienne, y compris le sénateur Marcel Henry. Ses descendants aspire à ce que l’aéroport de Mayotte porte son nom, mais le projet n’a pas abouti jusqu’au bout. Vont-il le relancer à nouveau ? L’avenir très proche nous le dira…
L’ex-patron du groupement d’intervention régional, un gendarme et six autres prévenus comparaissaient ce mercredi au tribunal dans le dossier du GIR. Soupçonnés d’avoir organisé un trafic de stupéfiants pour faire gonfler les chiffres des saisies, les deux hommes ont obtenu la relaxe, des années après le décès d’une jeune femme, affaire qui avait défrayé la chronique.
Il aura fallu dix ans d’enquêtes, d’auditions, d’écoutes téléphoniques et de battage médiatique pour voir (peut-être ?) le bout de l’affaire Roukia et de ses ricochets. Ce dossier, qui porte le nom d’une jeune femme morte par overdose après avoir sniffé de l’héroïne importée à Mayotte, avait entaché le jeune groupement d’intervention régional (GIR), une unité composée de policiers et gendarmes chargée de lutter contre l’immigration clandestine et les trafics de stupéfiants et implantée sur le territoire en 2008, sous le mandat de Nicolas Sarkozy. À l’époque, la question de l’origine de la drogue responsable du décès de Roukia Soundi, soupçonnée d’avoir transité par les mains d’agents du GIR, donne un retentissement tout particulier à l’affaire, jusqu’à éclabousser le patron même de l’institution.
Dix ans après les faits, le désormais ex-patron, Gérard Gautier, ainsi que le gendarme Christophe Le Mignant comparaissaient ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou, cités aux côtés de six autres prévenus, dans un dossier connexe. Les deux membres du GIR devaient répondre des faits d’importation et de détention non autorisée de stupéfiants, les autres, non comparants, des faits d’aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en France.
“Gonfler les chiffres” du GIR
Derrière l’enquête hors-normes qui a amené ces prévenus à la barre, il faut ici mentionner l’implication d’un homme : le juge d’instruction Hakim Karki, le premier de Mayotte (nous sommes alors en 2011, et le tribunal de grande instance vient tout juste d’être créé), qui, après la découverte du cadavre de Roukia, va tenter de tirer les ficelles pour lever le voile sur un trafic de drogues présumé au sein du GIR. Cette enquête amènera d’abord le gendarme Daniel Papa et le policier Jérémy Bouclet à comparaître devant la justice, où ils écoperont finalement de peines allégées en appel. Mais dans le viseur du juge Karki, figurent aussi Gérard Gautier et Christophe Le Mignant, soupçonnés d’avoir sciemment orchestré ce trafic pour “gonfler les chiffres” du GIR en matière de saisies. Alors que le juge se trouve lui-même poursuivi en 2014 dans une affaire de viol, l’enquête patine pendant des années, jusqu’à ce que le procureur Camille Miansoni décide d’appeler enfin à la barre les huit prévenus sur la base de charges qu’il estime “suffisantes”.
Hakim Karki en visioconférence
Ce mercredi, c’est donc une audience lourde d’émotions, à la hauteur de cette histoire rocambolesque, qui s’est ouverte, avec notamment l’un de ténors du barreau de Paris, Maître Szpiner, conseil de Gérard Gautier. Et l’intervention préliminaire du juge Karki a d’emblée donné le ton de ce procès sous tension… “Dans ce dossier-là, il y a eu clairement des pressions des magistrats, des greffiers, des enquêteurs… Une des greffières a été entendue 17 fois par le service d’inspection pour lui faire dire que le GIR ne faisait pas de trafic, une autre a demandé à être mutée en raison des pressions psychologiques et morales dont elle faisait l’objet. Et je pourrais continuer comme ça pendant dix minutes”, déroule le magistrat, joint par visioconférence.
Le GIR et ses informateurs
Objectif du jour : comprendre le fonctionnement d’une filière de passeurs entre Anjouan et Mayotte, gérée par un dénommé Adi, et surtout ses liens avec les deux gendarmes, dont le patron du GIR. Adi, qui possède quatre embarcations et effectue déjà des trajets pour 500 euros, plus chers mais réputés plus garantis de succès que ceux de ses concurrents, veut entrer en contact avec un service de police. Visiblement, son dernier contact avec un flic a fini par tourner court, sur fond “de papiers qu’il n’aurait pas obtenus”, explique Christophe Le Mignant. Via un ami d’enfance d’Adi, le gendarme nautique, qui assure travailler à obtenir des renseignements à livrer aux services compétents, obtient le numéro du passeur. Il est ensuite appelé dans les locaux du GIR, où l’attend notamment Gérard Gautier. Là, il est convenu d’appeler Adi, sur haut-parleur, pour tenter de le faire venir à Mayotte… et pour l’interpeller.
Dans la procédure, plusieurs auditions de membres du réseau indiquent que les gendarmes auraient demandé à faire venir des trafiquants d’Anjouan à Mayotte, en échange de la promesse d’un titre de séjour. Une accusation que les principaux concernés nient en bloc. “C’est pas moi, petit gendarme, qui allait promettre quelque chose que je ne pouvais pas lui donner !”, s’étouffe Christophe Le Mignant. “Ces gens-là, on leur a tendu un piège et ils ont eu le temps de parler en prison”, ajoute Gérard Gautier. Chez les deux co-prévenus, qui clament leur innocence, l’émotion est palpable. “Depuis dix ans, je suis suspendu à un fil ! (…) Sans l’affaire Roukia, il n’y aurait pas eu l’affaire du GIR, et je ne serais pas là devant vous aujourd’hui”, lâche en tremblant l’ex-patron du groupement, affecté par ces longues années de battage médiatique.
“Pas à vous de prouver votre innocence”
Une analyse que semble d’ailleurs partager le procureur lui-même. “Ce n’est pas à vous de prouver votre innocence, c’est au parquet d’apporter les preuves d’une culpabilité”, rappelle le magistrat. Lequel, dans des réquisitions aux airs de plaidoirie, s’attachera surtout à démonter point par point les qualifications retenues contre les deux hommes. Les instructions données pour faire venir des trafiquants, par exemple : “on n’a jamais entendu dire ‘‘tu viendras à telle heure etc.’’”, souligne-t-il. Ou encore la promesse du titre de séjour, “à qui ?”. Sans parler de l’intention pour ces deux hommes, qui “n’avaient rien à gagner”, à organiser ces trafics, pas même l’envie de réhausser les statistiques. “370 kilos saisis en quatre ans, vous ne serez pas vexé Monsieur Gautier, si je vous dis que ce n’est pas terrible”, s’était d’ailleurs amusé Me Szpiner.
Sans trop de surprise, le tribunal prononcera finalement la relaxe pour les deux gendarmes. Les autres prévenus écoperont de peines allant de trois mois de prison avec sursis à 18 mois de prison ferme pour le chef de la filière. Et avec cette nouvelle décision, c’est une nouvelle page qui se tourne dans la tumultueuse affaire du GIR…
Intronisé entraîneur principal de l’équipe première du football club de M’Tsapéré au début du mois d’août, Mansour Ramia ne cache pas sa joie de relever ce nouveau défi. Une mission sportive à laquelle il compte greffer un volet social via son poste de directeur de l’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte (UDCSFM). Son objectif : lancer des jeunes du village pour en faire des modèles auprès de la génération en déshérence.
Assis sur le banc de touche du stade du Baobab, Mansour Ramia ne quitte jamais bien longtemps du regard le pré. Intronisé entraîneur principal de l’équipe première du football club de M’Tsapéré au début du mois d’août après des expériences à Dzoumogné, Passamaïnty et Kawéni, le quadragénaire vit « un rêve » depuis son retour au sein de sa formation de cœur. Et pour ses débuts, ses protégés le lui rendent bien, avec un bilan comptable d’un nul et deux victoires, sur les scores sans appel de quatre à zéro.
Mais indépendamment des résultats sportifs, le coach sportif de Moovafrica a une autre idée bien précise derrière la tête. « Je veux retrouver les valeurs que nous transmettaient les aînés lors de mon retour à Mayotte en 2005. » C’est bien là tout l’enjeu de sa nouvelle mission : s’appuyer sur le passé pour façonner l’avenir. Un avenir qui s’inscrit principalement avec « des jeunes du village pour qu’ils deviennent des modèles auprès de la génération en déshérence ». D’où la présence dans son groupe de trois joueurs âgés de seulement 16 ans.
Approcher les copains isolés des jeunes joueurs
Sauf que ce surclassement exige d’être irréprochable à tous les points de vue. « J’entame une relation en amont avec les parents pour qu’ils s’investissent, qu’ils puissent m’avertir si certains relaient de mauvais comportements à l’école, dans le but qu’avec tous les éducateurs du club, nous puissions serrer la vis et tirer dans le même sens dès l’âge de 13 ans. » Un vrai travail d’équipe, souhaité par le président du FCM, qui commence déjà à porter ses fruits : « Ils se donnent à fond ! » Et selon lui, cette exemplarité dans l’effort et cet encadrement peuvent à court terme donner envie à « leurs copains isolés, sans références, de se rapprocher de nous ». Un volet social primordial aux yeux de Mansour Ramia, également directeur de l’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte (UDCSFM), qui suit « 40 gamins déscolarisés à Koungou et 30 à Sada ».
Encore faut-il pouvoir bénéficier d’infrastructures dignes de ce nom pour mener à bien cette politique de réinsertion. Sinon, « les jeunes font n’importe quoi ! », insiste l’ancien joueur de Naval au Portugal. « Le sport est l’une des solutions pour lutter efficacement contre la délinquance. Nous ne pourrons y remédier tant que les collectivités et les techniciens haut placés depuis des lustres n’en prendront pas conscience. La priorité des élus est la jeunesse, mais rien n’est fait pour eux sur le territoire… Avoir un terrain de bonne facture, c’est le minimum syndical. En 2021, c’est tout simplement indigne pour le football mahorais de jouer sur un tel champ de patates. » En attendant un quelconque changement structurel, il compte bien jouer « la continuité entre mon rôle d’éducateur au FCM et celui de directeur de l’UDCSFM ». Avant peut-être de prendre les rênes de la sélection à l’occasion des prochains Jeux des Îles en 2023 ? « Je l’ambitionne ! Mais pour cela, il faut que je fasse mes preuves », admet-il, tout sourire, avant de reprendre le chemin de l’entraînement.
Pour son quatrième et dernier jour de visite, le ministre des Outre-mer a inauguré le site Martial Henry en Petite-Terre, doté d’une cinquantaine de lits pour les soins de suite et de réadaptation. L’occasion de rappeler la nécessité de construire un deuxième centre hospitalier à Mayotte, qui n’est d’ailleurs pas à l’abri d’une nouvelle vague de Covid.
Tandis qu’un malade clopine le pied dans le plâtre, à quelques mètres, la foule en émulation n’a d’yeux que pour le ministre, qui vient tout juste d’arriver sur le nouveau site Martial Henry. “Attends, je remets mon rouge à lèvres !”, babille une soignante avec une collègue, en soulevant son masque. Le discret logo “CHM” brodé sur leurs salouvas d’un blanc impeccable donne une indication sur le contexte de ce rassemblement, qui mêle dans le désorde élus, directeurs et professionnels de santé. “Ah, il n’y a pas que des élus, il y a quand même aussi des gens qui travaillent à l’hôpital !”, s’exclame Sébastien Lecornu après une enième poignée de mains. “Si je peux me permettre Monsieur le ministre, c’est la maman de toutes les sage-femmes, à Mayotte… C’est la maman de 5.000 enfants par an, quelque part”, introduit Dominique Voynet, la directrice de l’ARS. Comme un clin d’œil aux capacités hospitalières limitées du 101ème département, face à sa démographie galopante…
Justement, la venue du ministre des Outre-mer ce mardi est l’occasion d’inaugurer (enfin) le nouveau site du centre hospitalier de Mayotte en Petite-Terre, dédié aux soins de suite et de réadaptation. Ouvert en catastrophe pendant la vague du début d’année, liée au variant sud-africain, le centre a depuis peaufiné ses dernières finitions, pour une ouverture officielle depuis le 1er juillet 2021. Il remplace ainsi le site de Dzaoudzi et le dispensaire de Labattoir et propose une nouvelle offre de soins SSR de 50 lits, pour limiter le recours aux structures de La Réunion. Et depuis ce mardi, le bâtiment a donc sa plaque inaugurale, dévoilée devant les caméras et le ministre.
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Le second hôpital sur les rails ?
Au suivant ! Car dans le contexte de crise du Covid-19, les capacités hospitalières, et notamment les 16 lits que compte le service de réanimation du CHM de Mamoudzou restent encore largement insuffisantes pour un territoire aussi densément peuplé que Mayotte. “Il faut prévoir dès maintenant le second hôpital”, souligne celui qui a donné son nom au site, le Dr Martial Henry. Un sujet que le locataire de la rue Oudinot n’a d’ailleurs pas ignoré, à l’occasion de cette inauguration. “Ce second hôpital, c’est toujours la priorité du gouvernement. Les sommes sont inscrites dans les lois de finances. Et dans les prochains jours ou les prochaines semaines, un choix de terrain devra être fait sur la base de critères objectifs, notamment la prévention des risques naturels en cas de crise climatique”, promet Sébastien Lecornu. L’on s’étonnera peut-être, en passant, que ce fameux climat, “combat du siècle”, ait été le grand absent de cette visite de quatre jours, comme d’ailleurs des cinq volets de la loi Mayotte. Dommage pour une île en proie à la crise de l’eau et, bientôt, aux conséquences du réchauffement planétaire…
Mayotte, pas à l’abri d’un nouveau confinement
C’est que le gouvernement a bien d’autres “inquiétudes”. “Avec 20% de personnes qui présentent un schéma vaccinal complet, on est loin d’une protection forte. Si un nouveau variant devait pénétrer l’archipel, on ne serait pas à l’abri d’une nouvelle épidémie grave, et peut-être de confinements. (…) Je repars, à court terme, avec une inquiétude réelle”, explique ainsi le ministre lors de son second déplacement du jour, pour visiter un centre de vaccination au lycée de Petite-Terre. L’occasion pour lui de marteler le message gouvernemental, sans pour autant annoncer de mesures nouvelles.
À peu près au même moment, le conseil scientifique appelait d’ailleurs à anticiper la vague du variant Delta en Guyane, à La Réunion et à Mayotte. Malgré un taux d’incidence encore très faible (25/100.000 habitants) sur l’île aux parfums, celui-ci connaît une “croissance constante depuis quelques semaines” avec un taux de dépistage faible. L’arrivée du variant Delta « pourrait aggraver rapidement la situation, sachant que les capacités hospitalières y sont limitées », met en garde le conseil qui préconise de prendre précocement des mesures de freinage à titre transitoire, compte tenu du niveau bas de vaccination.
La préfecture et Pôle emploi ont accueilli les communes et les entreprises dans les locaux de l’agence à Kaweni pour signer une demi-douzaine de conventions en lien avec l’insertion professionnelle. PEC (parcours emploi compétences) et emplois dits « francs » étaient les mots d’ordre lors des signatures. Deux concepts différents qui ont le même objectif : faire baisser le chômage.
Avec un taux de chômage qui avoisine les 30% à Mayotte, les tentatives répétées pour faire baisser ce chiffre bien trop élevé sont les bienvenues. C’est en ce sens que l’État et Pôle emploi se sont unis pour favoriser l’insertion professionnelle. Pour cela, ils doivent s’allier avec les communes et les entreprises. C’est tout l’intérêt de la signature des conventions qui a eu lieu ce mardi matin dans les locaux de l’agence Pôle emploi à Kaweni. « On a signé une demi-douzaine de conventions avec les entreprises et les collectivités territoriales qui ont décidé de jouer le jeu de l’emploi. Ils se mobilisent pour consommer les dispositifs de l’État en faveur de l’emploi des jeunes et des moins jeunes à Mayotte », indique Jérôme Millet, le sous-préfet à la cohésion sociale.
Ces dispositifs sont principalement financiers, puisque le gouvernement n’hésite pas à mettre la main à la poche. Peut-être même plus à Mayotte qu’ailleurs, au vu de la situation précaire dans laquelle se trouve une partie de la population qui devrait être active. « Les aides financières au profit des entreprises et des collectivités sont sans précédent dans l’histoire de l’île, sans équivoque dans le reste du territoire national. L’enveloppe des PEC (parcours emploi compétences) est de 2.400 postes, soit une augmentation de 40%. Et ce sont des postes qui sont financés à hauteur de 80% par l’État », précise Jérôme Millet. Le reste est à la charge de l’employeur ou de la collectivité. À titre de comparaison, cette aide étatique ne s’élève qu’à 60% en métropole… Le budget mis à disposition est une chose, mais il est souvent méconnu du public visé. La collaboration avec Pôle emploi permet donc de faire connaître ces accompagnements. La structure doit en faire la promotion afin de satisfaire les employeurs et les demandeurs d’emploi. « On organise des visites d’entreprises, on a des événements en ligne, notamment des salons pour pouvoir satisfaire l’ensemble des offres qui sont difficiles à pourvoir dans notre région », cite en exemple Salim Farssi, le directeur de l’agence Pôle emploi de Kaweni.
Contrats PEC et emplois francs : « une oxygène » pour les entreprises
Pôle emploi Mayotte et la préfecture sont en collaboration avec l’ensemble des communes dans le cadre des conventions pour les dispositifs PEC et emplois dits « francs ». Ils permettent aux entreprises mahoraises d’embaucher plus facilement. « Les emplois francs, c’est une oxygène que le gouvernement a souhaité mettre en place pour les entreprises en difficulté, mais aussi les demandeurs d’emploi en difficulté. Les demandeurs d’emploi qui sont visés sont ceux issus des quartiers prioritaires », détaille Salim Farssi. 70% de la zone géographique du 101ème département est concernée.
Pour les entreprises, embaucher une personne à travers un emploi franc peut également être attractif puisqu’elles bénéficient d’un soutien financier oscillant entre 15.000 et 17.000 euros étalés sur trois ans, selon l’âge du salarié. Younoussa Archidine gérant de la société Younoussa Elec basée à Chiconi en a profité pour recruter un salarié. Sans cela, il lui aurait été impossible de le faire. « J’ai employé un jeune grâce à l’emploi franc, il était en stage chez moi et je trouvais dommage de le laisser partir. À cause de la crise sanitaire, il me fallait un coup de pouce, alors quand j’en ai entendu parler, j’ai sauté sur l’occasion. Cette aide est tombée à pic », témoigne l’entrepreneur.
De leur côté, les collectivités sont ravies de bénéficier de ces différentes aides qui ont pour objectif de faire baisser le chômage dans leurs communes. La ville de Mamoudzou et celle de Sada étaient les seules représentées lors de la signature. Dans la commune chef-lieu, qui renouvèle la convention pour la deuxième fois, les dispositifs de l’État ont eu un effet considérable. « On a déployé les PEC avec 280 agents l’année dernière. Le renouvellement de cette convention nous permet de recruter 120 agents en plus, soit au total 400 contrats aidés », annonce Fatima Msoili, élue conseillère déléguée en charge de la jeunesse, de l’insertion, de la formation et de l’emploi. Toutes ces appuis sont sans aucun doute bénéfiques pour le territoire, à condition que les principaux concernés saisissent leur chance et osent prendre leur avenir en main.
Depuis le début du mois de juillet, le nombre de consultations aux urgences pour des suspicions de gastro-entérite aiguë virale explose. Il représentait près d’un tiers des passages au cours de la semaine dernière. En moyenne, pas moins de six enfants se font hospitaliser toutes les 24 heures, dont un dans un état de déshydratation assez sévère. Christophe Caralp, le responsable du SAMU 976, rappelle les bons gestes à appliquer pour enrayer l’épidémie.
Alerte, alerte ! Depuis début juillet, la proportion aux urgences pour des suspicions de gastro-entérite aiguë parmi tous les passages dans le service s’envole, passant de 7.7% (S27) à 27.1% (S33). Cette explosion se ressent également au centre 15, qui concentre 20% des appels ces derniers jours. « C’est une moyenne haute », précise Christophe Caralp, le responsable du SAMU 976. Et aux yeux du médecin, ces pourcentages ne risquent pas de retomber de sitôt. « A priori, nous n’avons pas encore atteint le pic. Il reste entre trois et quatres semaines d’épidémie. »
L’évolution des quinze derniers jours se rapproche sensiblement des indicateurs observés en 2018 et en 2019, années durant lesquelles le CHM recensait pas moins de 80 consultations hebdomadaires chez les moins de cinq ans. Selon les données du réseau des médecins Sentinelles, la semaine 33 fait déjà état de plus de 70 entrées, contre seulement 17 en semaine 27. Des chiffres qui pourraient s’expliquer par « un relâchement des gestes barrières ». « Nous hospitalisons environ six enfants par 24 heures pour une durée oscillant entre trois et quatre jours, dont un dans un état de déshydratation assez sévère. » Cette inflammation de la muqueuse du tube digestif se déclenche en temps normal « plus tard », en « octobre-novembre ». « Comme pour la bronchiolite, nous sommes complètement décalés en 2021 », soutient Christophe Caralp, encore étonné par la poussée du nombre d’infections respiratoires en juin dernier.
Un fractionnement alimentaire
Virale et contagieuse, la gastro-entérite aiguë se transmet par les mains et est responsable de diarrhée, de douleurs abdominales et de nausées. « Il faut faire attention à ce que les autres enfants ne se contaminent pas entre eux. » Le remède miracle pour le professionnel de santé ? Pratiquer un fractionnement alimentaire à base d’eau ou de jus de pomme à partir de trente minutes après les derniers vomissements pour éviter toute rechute. « Il faut mettre l’équivalent de deux doigts dans un fond de verre et attendre une dizaine de minutes avant d’en reprendre », conseille le responsable du SAMU 976, avant de préconiser une bonne dose de repos pour reprendre des forces.
Alors que l’agence régionale de santé prévoit une nouvelle vague de Covid-19 d’ici au 15 septembre, il est primordial de faire en sorte que les deux épidémies ne se chevauchent pas dans le but de laisser vacant un maximum de lits. Toutefois, Santé Publique France ne se montre pas des plus rassurantes quant à la saison des gastro-entérites aiguës virales. « Nous poursuivons la surveillance de la GEA. Il est possible que les indicateurs continuent à augmenter… Le cohorte des bébés nés en 2020 moins exposés au rotavirus a fait accroître le nombre d’individus non immunisés ! Nous pourrions observer, en 2021 ou plus tard, des niveaux d’activité GEA inhabituellement élevés. »
Pour une troisième journée de visite (et dernière dans le cas du ministre de l’Intérieur), les deux membres du gouvernement ont annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre l’immigration et la prolifération des bidonvilles. Des promesses dont certaines restent conditionnées à la validation du projet de loi Mayotte.
Kahani, 15h30. Sous les chapiteaux bleu-blanc-rouge et le vacarme des percussions crachées par les baffles, les élus et autres figurants attendent. Longtemps. Tout à coup, les regards éteints s’illuminent en se tournant vers les hauteurs, pourtant assombries par des nuages denses. La délégation apparaît, enfin ! Souliers noirs et baskets blanches recouverts d’une épaisse couche de terre orange, voilà le digne souvenir d’une vraie virée dans les bangas. Quelques minutes plus tard, silence pour écouter le ministre. “Ce qui compte aujourd’hui, c’est de se projeter en 2031, quand on fêtera les 20 ans de la départementalisation. Et en 2031, pour ces vingt ans, ce qu’on ne voudra plus voir, c’est ce qu’on a vu, là, derrière cette colline ! C’est ce qui doit tous nous réunir !”, s’exclame Sébastien Lecornu avec emphase, aussitôt suivi par les applaudissements conquis de la foule.
Pour cette troisième journée de visite, le ministre des Outre-mer (seul) était en effet venu s’imprégner d’une autre réalité critique du territoire : la prolifération des bidonvilles. Et le choix du lieu ne tient pas au hasard. C’est là, à une centaine de mètres de la caserne de pompiers de Kahani, que le préfet de Mayotte finalisait en novembre 2020 la première opération de destruction effectuée dans le cadre de la loi Elan. En tout, une centaine de cases ont été démolies sur ce terrain du conseil départemental, qui doit accueillir le nouveau hub pour les transports scolaires. Un an plus tard, la collectivité a ainsi profité de la venue du ministre pour inaugurer ces belles voies de bus fraîchement goudronnées.
1.000 cases détruites en 2020
L’occasion pour les services concernés de vanter les mérites de cette loi, qui “permet au préfet d’ordonner la démolition des cases sans ordonnance du juge, à condition d’une enquête sociale, sanitaire et en garantissant le droit à des propositions d’hébergement temporaire à chaque habitant”, rappelle Jérôme Millet, le secrétaire général de la préfecture. “Cette politique n’a pas d’équivalent sur le territoire national, et nous avons ainsi pu détruire 1.000 cases en 2020, contre 50 en 2019.”
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Pour poursuivre sur cette lancée, le locataire de la rue Oudinot a profité de son passage au pupitre pour annoncer de nouvelles mesures, dans le cadre de la loi Mayotte qu’il doit présenter en conseil des ministres en janvier. Ainsi ce nouveau texte prévoit-il de permettre la démolition immédiate de toute construction illégale de moins de 96h, allongeant par là le délai de flagrance, qui ne laisse jusqu’à présent que 48h au maire pour agir. “Les lignes budgétaires pour ces destructions vont continuer à être abondées par mon ministère”, notamment dans la prochaine loi de finances pour 2022, promet Sébastien Lecornu. Par ailleurs, pour construire plus de logements neufs, la loi Mayotte entend aussi créer un tribunal foncier, renforcer les pouvoirs de la CUF (commission d’urgence foncière) et créer un établissement public du Grand Mayotte pour mettre à disposition de tous des moyens et un savoir-faire dans les infrastructures. Autre nouveauté et pas des moindres : “nos discussions avec Action Logement avancent et nous serons à même d’avoir un deuxième bailleur sur le département”, promet le ministre.
“Changement profond et révolutionnaire” du droit du sol
Un peu plus tôt dans l’après-midi, et accompagné cette fois du ministre de l’Intérieur, l’ancien maire de Vernon avait réitéré sa promesse d’aller plus loin et plus vite, également en matière d’immigration clandestine. Après leur virée à bord d’un intercepteur entre Mayotte et Anjouan, les deux membres du gouvernement ont ainsi souligné une fois de plus la pérennisation de la surveillance aérienne et la livraison prochaine de deux intercepteurs. L’aménagement de postes avancés au nord, pour permettre aux équipes de la police aux frontières et de la gendarmerie d’intervenir plus rapidement sur l’eau, a aussi été remis sur la table.
Plus important encore, deux propositions dans le projet de loi Mayotte viendront muscler un peu plus la réponse à l’immigration clandestine : les patrouilleurs pourront se rendre dans les zones contigües pour stopper les kwassas plus en amont ; et le droit du sol sera davantage limité, en conditionnant l’acquisition de la nationalité pour un enfant né sur le territoire à la présence régulière et ininterrompue pendant un an, contre trois mois actuellement, de l’un au moins de ses parents. “C’est un changement profond et révolutionnaire pour les Mahorais qui va permettre de lutter contre l’attractivité de Mayotte”, vante Gérald Darmanin. Des fois que les images de bidonvilles continuent à en faire rêver certains…
C’est avec une vive émotion et une grande tristesse que nous apprenons ce jour [lundi 30 août 2021] le décès de Marcel Henry, sénateur honoraire de Mayotte, ancien compagnon de lutte de notre défunt père, feu Younoussa Bamana, ancien président honoraire du conseil départemental de Mayotte.
Nous adressons par la présente nos sincères condoléances à la famille Henry, ainsi qu’à l’ensemble de la population mahoraise dont nous connaissons l’attachement envers l’un des plus illustres initiateurs du combat pour la départementalisation de Mayotte et pour ancrage pérenne dans la France.
Le sénateur honoraire Marcel Henry, né à M’tsapéré le 30 octobre 1926, est décédé à l’âge de 95 ans. Il tire sa révérence en présence de deux ministres, de passage dans l’île. Faut-il y voir le symbole d’une rupture ou d’un tournant dans la relation entre la France et Mayotte ? Les parcours politiques de Marcel Henry et Younoussa Bamana sont intimement liés. Après l’enfance à Pamandzi, quartier Sandravoingue, et l’école primaire à Dzaoudzi, les deux adolescents poursuivent leurs études secondaires à Madagacar, dans deux prestigieux établissements de Tananarive, l’un au lycée Le Myres de Villiers, l’autre au lycée Gallieni.
Formé dans la capitale malgache, Marcel Henry entre en politique après la création du territoire des Comores en 1946. Il occupe la fonction de secrétaire du Congrès des notables présidé par son oncle Georges Nahouda, l’initiateur du combat pour la départementalisation de Mayotte. Attaché rédacteur dans l’administration supérieure à Dzaoudzi, Marcel Henry est nommé ministre de l’agriculture en 1957, puis des transports sous les deux premiers gouvernements des Comores. Il y représentait Mayotte. Favori des familles créoles originaires de Sainte-Marie, Marcel est élu conseiller général à l’assemblée territoriale en 1958 avec son cadet Younoussa Bamana, aux côtés de leurs aînés Ibrahim Ramadani et Abdourraquib Ousseni. Les deux benjamins déposent à l’assemblée la motion de départementalisation de Mayotte, décidée lors du congrès de Tsoundzou. Ils siègent sous l’étiquette de l’Union pour la défense des intérêts de Mayotte, premier parti politique de l’ère moderne créé en 1959, promoteur du slogan révolutionnaire « Nous voulons être français pour être libre », et de la lutte pour la séparation de Mayotte du territoire d’Outre-mer des Comores promis à l’indépendance.
Au début de l’autonomie interne, lors des élections de 1962, la liste de Souffou Sabili gagne les élections, à la faveur de la division de l’UDIM. Toutefois, Marcel Henry est nommé conseiller économique et social. Siégeant à Paris, il revient à Mayotte en prévision des élections. Dans l’intervalle, la révolte des femmes éclate le 2 août 1966, révélant la personnalité irrésistible de Zena Mdéré et l’émergence des chatouilleuses animées par sa secrétaire Zaina Méresse. C’est à l’initiative des femmes que Marcel Henry crée le Mouvement populaire mahorais (MPM) avec trois grandes figures de l’histoire contemporaine, Younoussa Bamana; Abdallah Houmadi et Zoubert Adinani. Pour sceller leur union indéfectible, les femmes exigent qu’ils prêtent serment de fidélité à la France. La cérémonie se déroule à la mosquée de Sada. Sous l’influence de ce pacte religieux, les quatre assermentés gagnent les élections de 1967. Ils sont rejoints par Younoussa Benali, député en 1968.
Dès lors, le MPM organise l’insurrection mahoraise : elle aboutit, après une période de quasi guerre civile entre Sorodas partisans de la France et Serrez-la-main pro-comoriens, d’abord au référendum d’autodétermination de 1974, prélude à l’indépendance unilatérale des Comores en 1975, ensuite à l’érection de Mayotte au statut de collectivité territoriale de la République française. Le séparatisme mahorais triomphe après une longue lutte d’émancipation mahoraise qui aura coûté la vie à la jeune militante Zakia Madi en 1969, tombée sous des éclats d’une grenade offensive jetée au milieu de la foule par la milice comorienne. Pour sceller la victoire et préparer l’avenir, c’est encore Marcel Henry et Younoussa Bamana qui sont choisis par la population en 1977 pour siéger au Parlement français, l’un comme sénateur et l’autre comme député. Le processus de départementalisation peut alors commencer, mais c’est là une autre histoire, celle des temps modernes.
Les réactions des institutionnels
Le préfet de Mayotte
C’est avec tristesse et profonde émotion que Thierry Suquet, préfet de Mayotte, délégué du gouvernement a appris ce jour le décès de Marcel Henry, ancien sénateur de Mayotte. Veritable figure de la vie politique mahoraise, ses actions ont marqué profondément l’histoire du territoire. Nous lui devons le combat pour Mayotte française. Nous lui devons son engagement pour le départementalisation de Mayotte et le développement du territoire. Il a été l’un des fondateurs du mouvement populaire pour Mayotte. Il était membre de la « Force de l’Alternance », un courant du Mouvement départementaliste mahorais. Le préfet de Mayotte adresse ses condoléances attristées à sa famille, ainsi qu’à ses proches éprouvés par cette disparition.
Le président du conseil économique, social et environnemental de Mayotte
Le Sénateur Marcel Henry, une des figures politiques emblématiques du combat pour le maintien de Mayotte dans la France et pour la départementalisation de l’île, nous a quittés. Abdou Dahalani ainsi que les membres du conseil économique, social et environnemental de Mayotte partagent le profond chagrin des Mahoraises et Mahorais pour cette disparition. Un compagnon, un initiateur, un défenseur de la première heure, Mayotte perd l’une de ses dernières figures historiques de son combat dans la France. En ces moments difficiles, je présente mes plus sincères condoléances à la famille et à ses proches.
Le président du conseil départemental
Le président du Département de Mayotte, Ben Issa Ousseni, salue la mémoire de l’ancien sénateur Marcel Henry, décédé ce 30 août. « Mayotte pleure un père, une des grandes figures de la révolution à la Mahoraise. En mon nom personnel, au nom des élus du conseil départemental et au nom de la population, je tiens à présenter mes condoléances attristées à sa famille et à ses proches. » Élu sénateur le 25 septembre 1977, réélu en 1986 et en 1995 jusqu’en 2004, il fut incontestablement une des personnalités emblématiques de l’histoire de notre île, un symbole en cette année anniversaire de la départementalisation. Grande est donc l’émotion collective. « Je propose que les modes de transports soient facilités pour que celles et ceux qui le souhaitent puissent assister à ses obsèques et lui rendre un dernier hommage. »
Depuis la parution de l’appel d’offres relatif au chantier scolaire, les producteurs de brique de terre mahoraise se sentent laissés sur le carreau. En cause, la mise en commun de la production et de la pose du matériau local, empêchant certains artisans de prendre part au projet, dont ils devaient occuper une place centrale.
Un pavé dans la marre. Ou plutôt, une brique… Depuis la publication de l’appel d’offres du rectorat concernant la création du lycée des métiers du bâtiment à Longoni, la jeune coopérative de brique de terre mahoraise voit rouge. Alors que le groupement d’une dizaine d’artisans estime avoir “pleinement contribué aux travaux en amont”, il s’estime aujourd’hui écarté in extremis du projet de construction.
“Nous sommes tombés des nues, car la fourniture de briques de terre compressée (BTC) n’a pas été isolée ou séparée de sa mise en œuvre comme nous l’avions tant réclamé lors de nos entretiens mais noyée dans les gros œuvres.” Autrement dit, plus question de séparer la production et la pose des briques, alors que tous les producteurs de la coopérative ne peuvent pas assurer eux-mêmes cette dernière. Pour eux, “tel qu’il est rédigé, cet appel d’offre exclut de facto la totalité des producteurs de briques de terre mahoraise”.
“On ne veut pas que le marché soit arrêté ou annulé, mais juste qu’ils modifient deux lignes”, défend Amboudi Madi, secrétaire général de la coopérative. “Comme ça, les maçons pourront venir poser les briques que nous auront produites, comme envisagé dès le départ avec les architectes.” D’autant plus que des fonds conséquents ont déjà été engagés, notamment par l’envoi de briques en métropole afin d’analyser leur résistance en tant que matériau de construction ou encore via des animations organisées sur le site.
« On est prêt à se lancer ! »
“Les équipes autour de ce projet nous ont assuré que ce projet nous offrira l’opportunité de nous relancer, d’où l’accompagnement que le conseil départemental a décidé de mettre en place pour nous, dans cet objectif, pour contribuer à la structuration de notre filière.” L’accompagnement en question ? Une enveloppe de 200 à 300.000 euros dédiés à la brique mahoraise. “S’ils investissent pour la relance, mais que derrière on n’a pas de travail, à quoi bon ?”, interroge Amboudi Madi. “On a toute la matière première, toutes les machines et on est capable de produire le nombre de briques nécessaires [à la construction du futur lycée de Longoni, ndlr], on est prêt à se lancer !”
À travers l’écriture de l’appel d’offres, la coopérative artisanale craint que le rectorat n’essaie de privilégier une société en particulier. Interrogé à ce sujet, le recteur Gilles Halbout semble surpris de la polémique, au regard des efforts faits dans ce dossier pour encourager l’artisanat local. “D’habitude, nous demandons que le chiffre d’affaires des sociétés candidates soit deux fois supérieurs au montant de l’appel d’offres auquel elles répondent. Là nous sommes descendus à la moitié, voire au tiers pour certains lots afin que chacun puisse répondre à son activité, d’autant plus qu’il y aura encore plusieurs dizaines d’autres gros projets de constructions, qui sont autant d’opportunité pour nos producteurs”, commente le chef de l’académie, particulièrement soucieux de permettre au savoir-faire local d’être intégré à ce chantier d’ampleur. “Les artisans peuvent toujours répondre à l’appel d’offres en association avec un poseur”, précise à son tour Fahad Mestour, responsable des constructions scolaires. “Mais il va falloir qu’on leur apporte cette garantie-là !”
La brique en terre locale, véritable pépite mahoraise
La brique en terre compressée occupait autrefois à Mayotte une place de choix dans le monde de la construction. Il faut dire que nombreux sont ses avantages : économique et écologique, puisque recyclable à l’infini et faite d’une matière première locale, parfois issue de travaux de terrassement notamment. Sa solidité et sa robustesse sont d’autres atouts majeurs, alors même que la brique permet une isolation thermique particulièrement adaptée au climat de l’île. Pourtant, dans les années 80, le recours à l’utilisation massive et quasi systématique du béton a largement mis à mal la filière, dont il ne reste aujourd’hui plus qu’une dizaine d’aficionados.
Une centaine de personnes s’est rassemblée devant le commissariat de la police nationale à Mamoudzou dans la soirée du dimanche 29 août pour soutenir trois hommes de M’Tsapéré, mis en garde à vue pour avoir agressé un jeune. Ce dernier, accompagné d’autres individus, aurait dépouillé l’un des hommes devant son domicile alors qu’il était avec sa famille. Son entourage ne comprend pas le revirement de situation et pointe du doigt les dysfonctionnements de l’affaire.
Samedi soir. 21h. Un couple, accompagné de son fils âgé de deux ans et d’une amie, se retrouve dépouillé de toutes ses affaires devant son lieu de résidence, situé dans le quartier Mourowa Handra à M’Tsapéré. « Ils étaient entre 20 et 40 individus. Ils avaient des armes blanches, et même une arme à feu. Mais ce qui les a plus choqués, c’est le fait d’avoir mis un couteau sous la gorge du bébé de deux ans », raconte Kayeenda, le frère de l’homme agressé. Paniqués, les parents n’osent pas riposter et laissent le groupe d’individus leur dérober toutes leurs biens : pièces d’identités, permis de conduire, cartes bancaires et 3.000 euros en liquide. Un montant élevé qui serait à l’origine de l’altercation. « On connait ces jeunes et ils connaissent mon frère ! Ils le croisent tous les jours, il a le même sac depuis longtemps et il n’a jamais rien eu… Comment se fait-il qu’ils le dépouillent précisément le soir où il a tout cet argent ? », s’interroge Kayeenda, sans réellement attendre de réponse.
Après avoir chipé le butin, les délinquants prennent la fuite, laissant femmes et enfant en état de choc. Malgré cela, toute la troupe se dirige au commissariat de Mamoudzou pour porter plainte mais se confronte à une autre difficulté. « On leur dit qu’il n’y avait qu’un seul agent disponible ce soir-là et qu’il traitait déjà une affaire plus grave. L’un des agents leur demande de laisser leurs coordonnées et de revenir le lendemain », relate Kayeenda. Effrayé à l’idee de regagner son habitation, le groupe traumatisé se rend chez un membre de la famille pour y passer la nuit. « Ils ont été agressés devant leur maison. Le domicile de quelqu’un est censé être l’endroit où l’on se sent en sécurité… Or, ce n’est plus le cas pour eux », déplore le frère qui relate l’histoire.
Le père de famille, qui reconnait ses agresseurs, appelle des proches pour se rendre chez l’un des jeunes dans le but de récupérer ses affaires et son argent. Mais ils se retrouvent face à des individus pas vraiment coopératifs. « Il y a eu une confrontation entre les deux groupes, mais à aucun moment il y a eu une agression dans un seul sens. Mon frère et ses amis n’y sont pas allés pour tabasser ces jeunes », défend Kayeenda. Le lendemain, la mère d’un des jeunes en cause se présente au commissariat de Mamoudzou pour déposer plainte et par la même occasion rendre certaines affaires que son fils aurait dérobé. Mais aucune trace de la somme volatisée la veille…
Une mobilisation qui aurait tout fait basculer
La suite : des policiers interpellent le frère de Kayeenda et deux de ses amis et les emmènent au poste. « Quand ils sont arrivés au commissariat, ils ont tout de suite été considérés comme les agresseurs, comme des personnes violentes et ont été placés en garde à vue vers 10h du matin », continue Kayeenda. Les heures défilent. Aucune information ne filtre. La famille commence à s’impatienter et à s’inquiéter. En fin d’après-midi, la nouvelle commence alors à s’ébruiter dans le village de M’Tsapéré et petit à petit, une foule de personne se dressent devant le poste de police pour soutenir les trois habitants. Relayée sur les réseaux sociaux, cette mobilisation a alors l’effet escompté. « Je vous assure, la police avait déjà considéré cette affaire comme étant résolue. Mon frère et ses amis étaient déjà condamnés. Ce qui a changé la donne est tout ce monde qui s’est déplacé », soutient Kayeenda. Auditionnés, les trois hommes ressortent finalement aux alentours de minuit. Et déplorent le traitement reçu.. « Les victimes ont soudain été considérés comme des agresseurs sans que tous les éléments ne soient pris en compte », s’indigne Kayeenda. Les séquelles de cette agression se font déjà ressentir. Les deux femmes et l’enfant de deux ans seraient particulièrement traumatisés.
Les habitants de M’Tsapéré à la recherche de solutions
Parmi les soutiens de la première heure, plusieurs personnalités publiques à l’instar du nouveau conseiller départemental du canton de Mamoudzou 2, Elyassir Manroufou. « C’est une situation récurrente à M’Tsapéré et ça nous a agacé, alors nous devions nous mobiliser. Les gens sont excédés, il va falloir que nous réagissions », indique-t-il. À commencer par la création d’un comité pour trouver des solutions collectives et plus pérennes. « Nous nous disons que la justice n’est pas juste pour nous. Tout le monde a envie de se faire justice soi-même et c’est un problème. […] Si nous comptons sur les pouvoirs publics, il ne se passera rien », estime l’élu. Il a cependant l’intention d’user de son statut pour porter la voix des habitants de son village. En témoignent ses échanges avec les deux membres du gouvernement, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, ce dimanche et avec le préfet, Thierry Suquet, ce lundi, pour leur « expliquer l’ampleur de la situation et les conséquences qui peuvent en découler ». Même l’arrivée des ministres de l’Intérieur et des Outre-mer n’y change rien, l’insécurité est bel et bien ancrée à Mayotte…
Ce lundi après-midi, la présentation du dernier ouvrage de Kira Bacar Adacolo intitulé « Essai d’évaluation de la départementalisation de Mayotte » est intervenue quelques minutes après le décès du sénateur honoraire Marcel Henry, l’un des artisans et défenseurs du statut départemental. Malgré la tristesse générale, les invités et l’auteur ont chacun apporté leur contribution lors de ce débat.
La voix tremblante, Kira Bacar Adacolo n’en revient toujours pas : « Nous ne pouvons commencer sans avoir une pensée pour Marcel Henry ! » Prêt à présenter son dernier ouvrage intitulé « Essai d’évaluation de la départementalisation de Mayotte », l’auteur apprend par téléphone le décès du sénateur honoraire, ardent défenseur du statut départemental. « La disparition d’un très grand homme », concède-t-il avec émoi. Une tristesse partagée par Charif Said Adinani, chargé de missions au Département, dont les souvenirs remontent rapidement à la surface. Un « leader », un « visionnaire », mais aussi et surtout une « lisibilité », une « clairvoyance »… Un hommage unanime marqué par une minute de silence « en mémoire de son combat pour Mayotte française ».
Un combat pour la départementalisation, approuvée par référendum le 29 mars 2009 et obtenue officiellement le 31 mars 2011. Dix ans plus tard, Kira Bacar Adacolo propose son bilan, comme l’a demandé le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, aux élus du territoire. « J’ai souhaité apporté ma contribution », précise le politiste et le publiciste spécialisé dans l’analyse des politiques publiques institutionnelles à destination de l’auditoire réuni ce lundi après-midi au sein de l’habitat traditionnel mahorais Nyumba Shandza au parc Mpweka Dinga à Passamaïnty. Au fil des chapitres, cinq idées majeures se démarquent : dresser des propositions sur l’évolution du statut sans le remettre en cause ; mettre en exergue les difficultés économiques et sociales ; relever l’enjeu démographique et celui du flux migratoire de masse qui déséquilibre l’île ; poser comme préalable la nécessité de réformer le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ; apporter une note de clarification des compétences. « Je me suis replongé dans les rapports parlementaires sur les lois organiques de 2009 et de 2010. »
« Un acte unilatéral »
Mais c’est davantage son expérience professionnelle qui donne une légitimité à ses écrits. Exemple en 2008 lorsqu’il accompagne une délégation reçue par le président de l’époque, Nicolas Sarkozy. « J’ai eu le sentiment que le pacte de la départementalisation était un acte unilatéral. » Malgré « l’entrée en vigueur du code de l’urbanisme » ou « le passage en région ultrapériphérique », Kira Bacar Adacolo n’est pas spécialement tendre avec l’État. « Nous ne savons pas dans quel agrégat financier nous devons émerger… Nous sommes calqués sur un modèle départemental, mais où sont les fonds régionaux ? », s’interroge-t-il. « La carence en termes d’infrastructures doit être palliée ! Je reste persuadé que si nous supprimons les dix ronds-points entre Passamaïnty et Majicavo et que nous les remplaçons par des feux tricolores, nous réglerons les embouteillages. »
Un moyen à ses yeux de s’attaquer aux problèmes structurels et conjoncturels, tels que le chômage. En parallèle, l’ancien directeur général des services à la mairie de Tsingoni insiste sur l’importance de prendre en charge la jeunesse. « L’éducation et la formation sont primordiaux. Sinon dans dix ans, nous serons braqués par des pistolets comme à Bogota. » Même son de cloche pour le volet social. « La progression vers le droit commun est très lente. Nous devons rapidement nous aligner sur les standards nationaux. » Au grand dam des acteurs économiques…
« Ne plus subir l’égalitarisme »
Dans l’assemblée, Alain Sarment se montre lui aussi véhément à l’égard de l’administration française, « qui fait exprès de nous déstabiliser » et « qui fait preuve de mauvaise volonté ». En ligne de mire : les conséquences de l’immigration clandestine. « Il faut l’accepter et trouver une autre stratégie », martèle le conseiller départemental sur le canton de Bandraboua. « Nous avons besoin d’un plan Marshall qui permettrait de mettre les moyens sur la table et de simplifier les lois. Nous ne pouvons plus subir de plein fouet l’égalitarisme. »
Plus retenu dans ses propos, Mohamadi Mdjassiri souhaite principalement écouter le point de vue « subjectif » de l’auteur de « Légende d’un promontoire », paru en décembre 2020. Dans l’espoir de mieux comprendre « les défaillances » des années passées et de trouver des pistes face « aux retards » accumulés. « Je suis confiant par rapport à l’avenir de Mayotte », insiste toutefois Kira Bacar Adacolo. « Depuis 1958, beaucoup a été fait, même s’il reste du chemin à parcourir. » Comme pour saluer une dernière fois le combat et la mémoire de Marcel Henry.
Les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur ont atterri samedi matin à Dzaoudzi, pour un voyage de quatre jours sur l’île aux parfums. Ce week-end, le ton était donné en matière d’insécurité et d’immigration clandestine. Plusieurs enveloppes doivent être débloquées par l’État avant même la loi Mayotte.
Enfin ! Il aura fallu trois meurtres en Petite-Terre, un nouveau confinement, deux lycéens tués et un nouvel anniversaire de la départementalisation pour voir à nouveau un ministre fouler le sol de Mayotte. Les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, ont atterri ce samedi sur l’île au lagon avec un programme chargé pour ces quelques jours. Au menu : gerbe de fleurs, immigration clandestine, sécurité et insertion.
Si les colliers de fleurs ont manqué à leur arrivée, une poignée d’élus était bien présente, en rang d’oignons sur le tarmac pour leur réserver un accueil républicain, avant la cérémonie du Monument aux morts en présence de la Légion étrangère, place de France à Dzaoudzi. Des moments solennels… mais qui étaient aussi l’occasion pour certains de rappeler d’ores et déjà les attentes fortes du territoire, notamment en matière de délinquance. “Nos attentes, ce sont les attentes des Mahorais, surtout la question de l’insécurité et de l’immigration, mais aussi au niveau des collectivités un accompagnement plus accentué, et pour le conseil départemental nous les attendons sur la compétence régionale”, a réagi le président du Département Ben Issa Ousséni.
Plus d’effectifs et un effort “à prolonger”
Sur les deux premières au moins, l’élu aura obtenu quelques annonces concrètes dès ce samedi. Après des visites à la nouvelle caserne de gendarmerie d’Hajangoua, à la police municipale de Dembéni et au commissariat de police de Mamoudzou, le ministre de l’Intérieur a annoncé un renfort de 40 policiers et gendarmes pour cette année. “Depuis l’élection du président de la République, il y a eu une augmentation continue des effectifs ici, de plus de 400 policiers et gendarmes. Aucun autre territoire de la République en proportion de sa population n’a reçu cet effort consenti par le gouvernement”, a rappelé Gérald Darmanin. “Cet effort est à prolonger”, a poursuivi le premier flic de France, avant d’évoquer la thématique de l’immigration clandestine.
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Parmi les promesses fortes de cette première journée, on retiendra donc également la livraison de deux intercepteurs, un pour la police et un pour la gendarmerie. Le locataire de la place Beauvau a aussi confirmé la pérennisation de la surveillance aérienne entre Mayotte et Anjouan, financée par son ministère à hauteur de quatre millions d’euros pour l’année prochaine. Un dispositif mis en place depuis le 23 janvier 2021 par l’ancien préfet Jean-François Colombet, à l’origine à titre “exceptionnel et temporaire”, pour faire face aux arrivées de kwassas-kwassas en pleine vague épidémique aux Comores. Enfin, Gérald Darmanin a promis une enveloppe d’un million d’euros pour financer la vidéoprotection pour les collectivités locales, une compétence qui revient normalement aux communes. “La mairie de Mamoudzou va mettre en place 122 caméras supplémentaires, en plus des 60 existantes, qui seront ainsi subventionnées par l’État”, a félicité le ministre de l’Intérieur, après un entretien avec le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla dimanche. À l’issue de cette rencontre, l’ancien maire de Tourcoing a aussi évoqué sa volonté de mettre en place un système d’information unique pour l’état civil à Mayotte, afin de lutter contre la fraude, une proposition qui devrait être intégrée au projet de loi Mayotte attendu en conseil des ministres pour janvier 2022.
10 millions d’euros pour la jeunesse dès cet automne
Voilà pour l’aspect répressif. Mais face à des fauteurs de trouble qui ont parfois “14, 13 voire même 8 ans”, les deux ministres se sont aussi engagés à mettre les moyens sur l’aval et la prévention. “Sans attendre la loi Mayotte, dans le projet de loi de finances que le gouvernement va présenter cet automne au Parlement, pratiquement 10 millions d’euros seront débloqués pour la jeunesse”, a garanti Sébastien Lecornu. En visite au régiment du service militaire adapté (RSMA) à Combani dimanche, le locataire de la rue Oudinot a confirmé sa volonté de créer une nouvelle compagnie pour former 120 jeunes supplémentaires. Par ailleurs, le ministère des Outre-mer souhaite aussi expérimenter au régiment un bâtiment mère-enfant muni d’une garderie, pour permettre aux mères célibataires d’accéder elles aussi à cette offre de formation de la seconde chance, une première pour le SMA.
Les entreprises ont bon dos
Interrogé sur les débouchés de ces formations, alors que le département connaît toujours un fort taux de chômage, Sébastien Lecornu souhaite que les entreprises “jouent aussi le jeu”. “Il faut lutter contre le travail illégal, dans le bâtiment notamment, les entreprises ont bénéficié des aides du plan de relance qui leur permet d’avoir un carnet de commandes rempli”, a-t-il cité en guise de démonstration. Reste à faire passer la pilule aux patrons, eux aussi éprouvés par la crise, la vie chère et la délinquance, alors qu’à plus moyen terme, le projet de loi Mayotte, censé notamment répondre aux attentes de la population en matière de convergence sociale, risque bien de faire peser une charge supplémentaire sur leur dos… Les deux VIP du week-end devaient justement rencontrer ces “forces vives” lors d’un déjeuner dimanche. Peut-être pour tenter (un peu) d’arrondir les angles… Dur, dur d’être un ministre !
Au deuxième jour de leur déplacement à Mayotte, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, respectivement ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, ont donné rendez-vous au maire de Mamoudzou, chef-lieu de l’île, afin de recevoir le plan d’action partenarial qui fait suite aux Assises de la sécurité et de la citoyenneté. L’occasion, aussi, d’aborder les avancées du projet de loi Mayotte, et la reprise de l’activité économique et sociale après un an et demi de crise sanitaire.
« Une démarche à 360 degrés. » C’est ce que défendait dimanche, au lendemain de leur arrivée sur le territoire, les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur, à l’issue de leur première rencontre avec Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou. Car au-delà d’être le chef-lieu de l’île et la première ville en termes de population, la commune était instigatrice, en novembre dernier, des premières Assises de la sécurité et de la citoyenneté à Mayotte. Une consultation citoyenne afin de faire émerger un maximum de propositions censées « redonner à notre île sa tranquilité », selon le premier magistrat de Mamoudzou. Et, après plusieurs mois de travail, l’heure était venue, ce dimanche 28 août, de remettre le plan d’action partenarial aux deux représentants du gouvernement.
Le document tant attendu dresse une série d’engagements « réciproques à la fois de l’État et de la ville, en matière de prévention », défend Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer. À titre d’exemples, y figurent le développement du système de vidéosurveillance à travers le déploiement prochain de 122 caméras supplémentaires, subventionnées par l’État, alors que la ville en compte aujourd’hui une soixantaine.
« Nous combattons cette spirale de la délinquance également par des effectifs de police supplémentaires », complète à son tour Gérald Darmanin, premier flic de France. « Je vais aussi étudier l’extension du commissariat de Mamoudzou, pour pouvoir loger ces nouveaux effectifs. » De plus, alors qu’il sont actuellement 36 policiers municipaux en poste dans le chef-lieu, le maire espère dépasser la barre des 40 d’ici la fin d’année, et projette même « 70 postes d’ici la fin de la mandature », afin de s’aligner progressivement sur la moyenne nationale. En attendant, un poste avancé de la police municipale sera inauguré le 2 septembre à Kawéni afin d’améliorer « la proximité et la visibilité ». Une installation du même genre est également prévue à Passamaïnty. « Avec le maire, nous avons mis en place un système d’informations qui nous permet d’échanger régulièrement autour de ces objectifs et d’adapter notre action face à la délinquance et la violence », poursuit Sébastien Lecornu. « C’est sur ces bases là que nous allons pouvoir continuer à travailler sur le diagnostic remis par la ville dans le cadre de ces Assises. »
Les premières annonces dans le cadre de la Loi Mayotte
Il est l’un des autres enjeux clés de cette visite ministérielle. Alors que le ministère avait annoncé qu’un projet de loi spécifique à Mayotte serait déposé « avant la fin du quinquennat », l’échéancier semblait avoir pris du retard depuis la réception des propositions formulées par la population au gouvernement. Finalement, les premiers axes prioritaires ont été dévoilés sous le toit de l’Hôtel de ville.
Premier d’entre eux, « la question du logement, qui n’est pas déconnectée de la question sécuritaire », introduit encore Sébastien Lecornu. « Nous devons poursuivre les opérations de destruction de bangas, entamées ces dernier mois. S’il y a de l’habitat indigne, c’est qu’il y a des marchands de sommeil. Pour la première fois, nous allons avoir un programme de constructions que nous détaillerons dans les prochains jours et qui permettra de construire un parc de logement social à Mayotte », et ce afin de faire « concurrence à l’habitat insalubre ».
Une politique qui va de pair avec un autre problème bien connu à Mayotte : le manque de terrains disponibles. « C’est pourquoi il nous faut avancer sur un tribunal foncier », qui devrait être inclus au projet de loi Mayotte, à l’instar du renforcement des moyens de la commission d’urgence foncière. « Nous souhaitons aussi que les cadis jouent un rôle de médiateurs très opérationnels à ce sujet », envisage le ministre des Outre-mer.
Pour développer l’ensemble de ces stratégies, des fonds supplémentaires pourront être mobilisés, notamment à travers l’augmentation de la dotation globale de fonctionnement pour l’ensemble des collectivités ultramarines : « Sur la seule commune de Mamoudzou, c’est plus de 40% d’augmentation de la DGF depuis 2017, en volume globale sur l’ensemble des communes de Mayotte, cela représente plusieurs millions d’euros supplémentaires. »
Enfin, dans le cadre de la lutte contre l’immigration, l’une des priorités du projet de loi Mayotte, « il y a un enjeu majeur sur l’état civil et la falsification des documents, comme les reconnaissances de paternité », estiment les ministres. D’où l’idée de la création d’un « système d’informations unique à Mayotte, qui n’a jamais été fait ailleurs », qui permettra d’unifier l’ensemble des services d’état civil du département pour détecter plus facilement la fraude lorsqu’une même demande sera déposée dans plusieurs communes en même temps. « Tout cela est aujourd’hui compliqué à faire, nous le faisons à posteriori dans le cadre de l’enquête judiciaire, désormais nous proposons de le faire en amont pour agir plus rapidement », complète Gérald Darmanin.
Un rendez-vous avec les acteurs économiques et sociaux
Après le rendez-vous en mairie, direction, pour les deux ministres, le trottoir d’en face. C’est au restaurant Le Moana que Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu devaient rencontrer les acteurs du monde économique et social, afin de leur expliquer « ce que l’État déploie en la matière ». Ce temps de parole à huis clos a été aussi et surtout l’occasion d’aborder la crise sanitaire, qui a frappé de plein fouet ces deux champs de la vie publique. « Il n’y aura pas de reprise économique durable et possible sans protection de la population », martèle le ministre des Outre-mer, en référence au faible taux de vaccination dans les territoires ultramarins : « La reprise de l’épidémie est possible à Mayotte, il faut le dire et c’est ce à quoi je suis confronté aux Antilles et en Polynésie française. Le retour à la vie normale est quand même la plus belle des reprises économique et sociale. »
Mais d’autres sujets sont inscrits au menu, comme « les grands investissements de l’État en matière d’infrastructures » : piste longue, port de Longoni, travaux publics et filière du bâtiment en tête, afin de « faire émerger des filières et commencer à parler de tourisme ». Car en gagnant en attractivité, Mayotte deviendrait une candidate de choix pour l’organisation des Jeux des Îles de l’océan Indien, en 2027. Candidature d’ailleurs « pleinement soutenue par le gouvernement et le président de la République ». Un cheval de bataille qui séduit également Ambdilwahedou Soumaïla. « L’excellence sportive et éducative est un enjeu important sur un territoire à la population aussi jeune que Mayotte. Il faut donner de l’ambition et de l’espoir à nos jeunes ! », via le développement du numérique à l’école et le renforcement de l’apprentissage des langues étrangères, « pour leur donner l’opportunité de s’exporter au-delà même de nos frontières ».
Tout au long du week-end, la rédaction de Flash Infos a pisté tant bien que mal les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, lors d’une visite très protocolaire… qui a toutefois offert son lot d’anecdotes salvatrices. Florilège.
Plus d’un an qu’aucun ministre n’avait posé les pieds dans le 101ème département. La dernière visite d’envergure remontait en effet à mai 2020, époque à laquelle Annick Girardin avait débarqué à la surprise générale pour surtout atténuer les tensions et les crispations entre l’agence régionale de santé et la préfecture. Depuis, pas grand chose à se mettre sous la dent, à l’exception d’Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de l’enfance et des familles, en octobre dernier… Avec la venue du duo Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, l’heure des retrouvailles protocolaires a de nouveau sonné. Avec son lot d’anecdotes croustillantes.
La Marseillaise en shimaoré : « peace of cake »
En amont de la visite de l’hôtel de police municipale de Tsararano, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin ont pu savourer une Marseillaise du genre plutôt pittoresque. Face à eux, trente enfants âgés de 6 à 12 ans entonnent l’hymne national en shimaoré, sous les ordres de l’animateur communal, Oussene Attoumani. Une deuxième prestation publique après celle réalisée lors des festivités du 14 juillet. « Quand ils ont su qu’ils chantaient devant les ministres, ils étaient tout excités ! » Même pas le trac ! Selon ce chef d’orchestre, c’était « peace of cake ».
« Est-ce que nous avons les mêmes doléances ? »
Le maire de Dembéni, Saïdi Moudjibou, n’hésite jamais à sortir le bleu de chauffe lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts de sa commune. Pour preuve, il a remis en mains propres une enveloppe nominative, contenant un certain nombre de revendications, aux membres du gouvernement. « Est-ce que nous avons les mêmes doléances ? », s’amuse le ministre des Outre-mer. Après y avoir jeté un regard furtif, les deux hommes politiques rangent délicatement le précieux sésame à l’intérieur de leur veston respectif.
« Il avait envie de visiter l’île ? »
En avril dernier, un Palestinien s’était introduit dans la cour du commissariat de Mamoudzou, muni d’un pic à brochette, avant d’être maîtrisé par plusieurs agents en service. Deux d’entre eux ont été mis à l’honneur lors du déplacement du ministre de l’Intérieur. Un épisode qui a donné lieu à une discussion loufoque entre Gérald Darmanin et Laurent Simonin, le directeur territorial de la police nationale : « Comment il est arrivé ici ? » ; « Par la porte là ! » ; « Non, sur le territoire ? » ; « Par avion, il avait un visa ! » ; « Ahhh, il avait envie de visiter l’île ? »
Piano piano sur le champignon
Y a pas à dire, la délégation parisienne s’est déplacée en masse. Avec pas moins de 11 véhicules mobilisés, le dispositif pouvait difficilement passer inaperçu lors du trajet entre Tsararano et Mamoudzou samedi en fin d’après-midi pour rejoindre le commissariat de la ville chef-lieu. Pour ne pas faire perdre une minute au cortège, chaque intersection est bloquée par les forces de l’ordre. Et gare aux deux roues qui tentent un dépassement ! Car oui, en queue de peloton, le service de sécurité fait signe aux motards de rester bien au chaud derrière la voiture balai. Un ordre relayé à plusieurs reprises – avec plus ou moins de succès – par un scootériste qui prend un malin plaisir à imiter les faits et gestes du chauffeur cagoulé devant lui.
Ah, la grande famille républicaine !
Attention, moment de complicité à droite ! Après la diffusion d’un spot sur la formation dispensée au RSMA, Sébastien Lecornu et Mansour Kamardine s’échangent des petits mots doux. « Moi aussi je vais vous former Monsieur le député. Vous former à être dans la majorité, pour réformer ! Je prendrai Monsieur le Maire aussi [Mohamed Bacar, maire de Tsingoni et président Les Républicains à Mayotte]. » S’il y avait encore des doutes sur la stratégie à mettre « en marche » d’ici à 2022…
« Continuez à faire semblant de recruter quelqu’un qui est déjà engagé »
C’est pas tous les matins qu’on reçoit du beau monde, alors au RSMA, les militaires ont bien veillé à mettre les petits plats dans les grands. Façon jeu de piste dans l’enceinte du régiment, Sébastien Lecornu a été invité à suivre les étapes de la formation, du jour J du recrutement, au D-Day de l’embauche. Et, sûrement triés sur le volet, les volontaires disciplinés ont vraimentjoué le jeu pour les beaux yeux de leur ministre. « Ce sont vraiment des personnes qui souhaitent s’engager ? », s’enquiert-il auprès du lieutenant-colonel devant le faux stand de recrutement. Rires gênés. « Ah bon… bah continuez à faire semblant de recruter quelqu’un qui est déjà engagé alors ! » À quand la formation théâtre ?
« Il croit qu’on ne le voit pas. C’est raté… »
Pause cuteness en plein RSMA. Le cortège pile. Là, juste là, un petit caméléon tout vert fluo traverse péniblement le trottoir devant les souliers cirés du ministre. « Oh c’est quoi ça ? » Les flashs crépitent et la pauvre bête tente tant bien que mal d’échapper à cette célébrité soudaine. « Il croit qu’on ne le voit pas, c’est raté », glisse un Sébastien Lecornu, conquis. Quand on vous disait qu’ils savaient y faire, ces militaires !
« C’est la réputation que j’ai »
Alors que Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin s’apprêtent à aller ripailler gentiment avec les grands patrons, une fan passe par là. A Tourcoing ou ailleurs, cette réserviste a déjà rencontré le ministre de l’Intérieur. « S’il-vous-plaît, ce serait possible de prendre une photo avec vous ? », demande-t-elle, sans un regard pour Lecornu, qui aimerait bien parler vaccins. « Merci, c’est super sympa. » Darmanin sourit. « C’est la réputation que j’ai. »
Quand la police cache la poussière sous le tapis
Difficile d’accès, une casse des Hauts-Vallons abrite depuis une dizaine de jours une quinzaine de véhicules « hors d’usage » de la police nationale. « Les Dusters, ils roulent », assure le gérant, pas spécialement ravi de nous voir fouiner de bon matin. « Je vais me faire tirer les oreilles si je cause. » Le problème : peu de monde semble au courant de ce grand ménage de printemps. Selon nos informations, le déménagement viserait en réalité à laisser la place à la brigade canine. Pourtant, on nous glisse aussi dans l’oreille que l’intégralité du parc automobile retournera bientôt à l’envoyeur. Qui croire ? Hasard du calendrier ou pas, reste qu’une photo officielle du premier flic de France devant une carlingue cabosssée, ça fait un peu tâche.
Les ministres de l’Outre-mer et de l’Intérieur, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, arrivent ce samedi dans le 101ème département pour une visite de quatre jours. Loi Mayotte, insécurité, crise sanitaire… Les deux membres du gouvernement sont attendus de pied ferme pour répondre à ces enjeux primordiaux. En exclusivité pour Flash Infos, ils répondent aux critiques d’une partie de la population et posent les jalons de leur vision stratégique pour le territoire.
Flash Infos : Après plusieurs annonces suivies de reports, vous posez enfin les pieds ce samedi à Mayotte. Votre venue était très attendue quelques mois plus tôt, après la série de trois meurtres en Petite-Terre puis l’assassinat de deux lycéens en moins d’une semaine. Comment expliquer aux Mahorais cette visite tardive au regard des événements ?
Sébastien Lecornu : J’ai exprimé dès le début de mon arrivée au ministère ma volonté de venir à Mayotte. Je connais déjà, par ailleurs, bien le territoire pour m’y être déjà rendu. Hélas, la crise sanitaire en a malheureusement décidé autrement. Pour autant, cela ne nous a pas empêché d’agir. Faire une visite sans annonce concrète est une chose, mais venir – certes plus tard – avec des dossiers qui vont concrètement avancer, c’est beaucoup mieux ! C’est tout le sens de ce que j’ai impulsé avec ce futur projet de loi programme pour Mayotte, notamment pour les dix ans de la départementalisation.
Gérald Darmanin : Mayotte est pourtant bien présente dans mon quotidien de ministre de l’Intérieur depuis mon arrivée. Je m’étais engagé voilà plusieurs mois à venir à Mayotte pendant plusieurs jours, mais tout comme le ministre des Outre-mer, la situation sanitaire nous a poussé à reporter cette visite. Dans l’attente, différents acteurs de l’archipel ont été reçus par mon cabinet lors de leur passage à Paris, et il ne se passe pas une semaine sans que le préfet, mais également les directeurs généraux de la police nationale, de la gendarmerie nationale et des étrangers en France, ne me fassent un point complet sur la situation mahoraise et les dossiers qui nous occupent. Ces directeurs m’accompagnent d’ailleurs dans cette visite, afin de travailler efficacement, au contact des forces et des agents sur le terrain, pour faire avancer ces dossiers. Je connais les défis particuliers de Mayotte et j’ai veillé personnellement à ce que des moyens exceptionnels soient mobilisés lors des épisodes dramatiques que vous mentionnez. De la même manière, nous avons veillé, avec le ministre des Outre-mer, à renforcer encore pour cette année 2021 les effectifs de la police et de la gendarmerie, notamment s’agissant des brigades nautiques de la gendarmerie et de la police, dont les effectifs ont doublé depuis 2017. Je suis donc heureux aujourd’hui de pouvoir être à Mayotte pour approfondir, auprès de nos effectifs et des élus, les travaux engagés : c’est bien ici que les bonnes décisions doivent se prendre pour répondre aux défis qui se posent en matière de sécurité.
FI : Sur un autre registre, Mayotte, territoire particulièrement attaché à la République française, fêtait en mars derniers les dix ans de la départementalisation. Pourquoi ne pas avoir fait le déplacement cette fois-là alors que vous aviez une annonce forte à faire, celle qui vous amène finalement aujourd’hui : la loi Mayotte ?
S. L. : Tout simplement parce que nous ne pouvions pas encore nous faire vacciner ! Mayotte sortait à peine de la crise sanitaire qui avait touché le territoire et nous ne voulions prendre aucun risque : nous avions mis en place des mesures d’isolement à l’aller et au retour pour protéger les Mahoraises et Mahorais d’une éventuelle autre vague. Il vaut mieux un échange à distance, suivi d’effets concrets, qu’une visite ministérielle sans lendemain ! Hélas, nous en avons connu dans le passé… Le succès des consultations citoyennes qui ont suivi cette annonce témoigne que la méthode était la bonne. Le fond, plutôt que la forme…
FI : Justement, où en est la préparation du texte sachant que la synthèse de la consultation a été envoyée en juillet et qu’il est question d’avancer vite sur ce projet de loi ?
S. L. : Mon objectif est clair : présenter en Conseil des ministres le projet de loi avant la fin du mois de janvier prochain. J’ai été transparent dès le début, nous ne pourrons hélas pas entamer la discussion parlementaire sous cette mandature. Mais au moins, notre ambition pour Mayotte sera définie et tout sera prêt pour le début du prochain quinquennat. Après plusieurs mois de travail – dont une réunion des ministres autour du premier ministre hier même (mercredi) – j’arrive avec des avancées concrètes. Autour des cinq thématiques que j’avais définies pour structurer ce projet (aller vers plus d’égalité en matière de droits sociaux, le renforcement de l’État régalien afin de faire face aux enjeux sécuritaires, migratoires et de sécurité civile, l’accélération du développement de Mayotte, le renforcement du conseil départemental, la jeunesse et l’insertion ) – je vais commencer à donner des orientations précises de ce que nous, avec le président de la République, le premier ministre et l’ensemble du gouvernement, voulons faire pour le territoire. Ce projet de loi et les échanges entre ministres ont aussi permis d’identifier des mesures que nous pouvons prendre sans passer par la loi. Ce déplacement servira à les annoncer et les expliquer. À ce titre, la présence du ministre de l’Intérieur à mes côtés est importante, car le projet de loi doit aussi s’articuler avec des annonces structurantes d’un point de vue régalien.
G. D. : Le ministère de l’Intérieur prendra toute sa part dans ce projet de loi déterminant pour les Mahoraises et les Mahorais. Mon premier objectif est de poursuivre le renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine. C’est également l’une des attentes prioritaires des habitants ici. Nous irons donc plus loin, au-delà de la mobilisation des moyens que le président de la République a engagé. Les règles d’acquisition de la nationalité par le droit du sol ont été durcies spécifiquement pour Mayotte en 2018, nous irons plus loin dans la loi à venir, par un nouveau durcissement des conditions. Il s’agira également de mieux réguler l’immigration familiale.
FI : Vous vous doutez que les Mahorais sont sceptiques après les nombreux plans pour Mayotte rédigés depuis plusieurs décennies… En deux mots, qu’est-ce que cette loi va changer dans le quotidien des habitants ?
S. L. : Un projet de loi, ce n’est pas un simple plan ! De plus, c’est rare qu’un projet de loi soit consacré uniquement à un territoire, et c’est la première fois qu’un projet de loi est consacré à Mayotte ! Il y a certes eu des plans précédemment, avec des résultats concrets, mais un projet de loi ce n’est pas pareil. Cela mobilise l’ensemble du gouvernement, le Parlement, et cela nous permet d’inscrire de manière structurante des avancées concrètes de premier ordre : ce ne sont pas des mesurettes conjoncturelles. Cette fois, on change la loi pour prendre en compte, dans la République, les enjeux spécifiques de Mayotte, et de par là-même améliorer et parachever une départementalisation réussie. Je pense notamment au droit de la nationalité pour lutter contre l’immigration clandestine ou à l’adaptation des normes de construction pour développer plus rapidement les infrastructures et le logement sur le territoire, tout en respectant le patrimoine naturel exceptionnel de l’archipel. Prendre en compte ses particularités, mais offrir la même promesse républicaine partout en France, y compris sur le territoire mahorais. La convergence vers l’égalité des droits constitue l’un des sujets importants sur lequel nous avons d’ores et déjà pris des décisions très importantes dans le cadre de la mandature actuelle. Si je veux que les Mahoraises et Mahorais ne retiennent qu’une seule chose de ce projet de loi, c’est que cette fois, nous voulons aller vite pour développer le territoire. Je sais qu’ils en ont marre d’attendre, et il y a urgence !
FI : Les attentes sont aussi très fortes concernant l’immigration clandestine. Le gouvernement d’Emmanuel Macron n’a eu de cesse de communiquer sur le renforcement des moyens de la LIC (opération Shikandra, destruction des bidonvilles avec la loi Elan…). Si les chiffres semblent probants sur le papier, la population dénonce toujours sur le terrain les arrivées massives de kwassas kwassas, et a le sentiment très ancré qu’elles pourraient toutes être empêchées grâce aux technologies modernes… Que répondez-vous face à ces critiques ?
G. D. : Les chiffres sont pourtant très parlants, l’opération Shikandra a permis d’obtenir de vrais succès : en 2019, dernière année de référence, nous avons atteint un niveau record d’éloignement avec 27.400 éloignements. Depuis le 1er janvier, 14.700 éloignements ont été conduits, et ceci malgré les très nombreuses contraintes sanitaires. Depuis le début de l’année 2021, 75% des kwassas kwassas détectés ont été interceptés ou ont fait demi-tour : comparé à 2019, ce sont plus de 1.300 étrangers en situation irrégulière qui n’ont pas réussi à atteindre Mayotte. Les opérations de destruction des bidonvilles se poursuivent, elles sont concrètes et visibles pour les habitants. Nous allons poursuivre et accentuer notre mobilisation, par le recours à la surveillance aérienne, qui reprendra dans les jours à venir et, je suis en mesure de vous l’annoncer, sera totalement pérennisée en 2022. De nouveaux intercepteurs plus performants sont en construction et seront livrés début 2022. Le dispositif est donc en constant renforcement et amélioration. Les Mahorais ne doivent pas avoir de doute, sur ce sujet, notre détermination est totale.
FI : Plus précisément au sujet de l’insécurité, le gouvernement met en avant la hausse constante des effectifs (gendarmerie et police). Pourtant, les chiffres de la délinquance explosent. Face à un sentiment d’abandon, on constate de plus en plus d’appels à se faire justice soi-même. Comment comptez-vous regagner la confiance des Mahorais ?
G. D. : Dès son élection, le président de la République a décidé d’augmenter de 10.000 le nombre de policiers et gendarmes en France. Grâce aux parlementaires de la majorité qui ont voté cet effort important, et je salue ici la députée Ali Ramlati ainsi que nos deux sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Abdallah Hassani, les effectifs de police et de gendarmerie ont augmenté de 45% depuis 2017, cela représente 381 policiers et gendarmes nets de plus en quatre ans, aucun autre territoire n’a bénéficié d’un tel renforcement des effectifs. Cet effort est justifié par la pression migratoire, mais également par la violence que subissent ici nos concitoyens. En début d’année, et en lien étroit avec le ministre des Outre-mer, j’ai décidé l’envoi très rapide de renforts pour faire face à cette violence : deux pelotons de gendarmes mobiles et une dizaine d’enquêteurs de gendarmerie, soit 42 gendarmes projetés rapidement. Notre objectif était bien de sécuriser le territoire, de mettre fin aux violences, mais également d’interpeller plus rapidement les auteurs pour les mettre à la disposition de la Justice. C’est ce qui a été fait car douze individus ont été interpellés puis placés sous écrous dans le cadre de trois homicides, faisant suite à des affrontements entre bandes. Seul ce travail de présence sur le terrain et d’enquête permettra d’obtenir des résultats durables. La lutte contre cette délinquance de plus en plus violente constitue l’un des objectifs que je fixe au préfet de Mayotte et aux forces de police et de gendarmerie, je leur rappellerai au cours de mon déplacement. Mais pour aller plus loin, nous aurons besoin du soutien des élus pour développer encore la médiation sociale, la vidéoprotection, les polices municipales : c’est parce que nous aurons une réponse globale et cohérente que nous ferons reculer cette violence et ces phénomènes de bande. L’État sera à leurs côtés pour progresser sur ces sujets.
FI : À l’inverse des autres DOM, Mayotte n’est pas encore touchée par la « quatrième » vague. Quelles décisions fortes comptez-vous prendre pour que l’île aux parfums ne revive pas un pic épidémique comme en début d’année civile ?
S. L. : Je ne cesserai de le redire : la seule solution pour se protéger du virus et de ses variants, c’est la vaccination ! Si nous voulons éviter à Mayotte ce que nous vivons dans les Antilles et en Polynésie – et j’aurais l’occasion de le dire sur place – il faut se faire vacciner. Les doses sont présentes en nombre sur le territoire, Mayotte, comme tous les Outre-mer, ont été les premiers territoires dotés de la République ; nous avons très tôt élargi la cible vaccinale pour tenir compte des spécificités de la pyramide des âges de Mayotte ; les centres de vaccinations sont présents en nombre et je tiens à saluer le dévouement des élus et des volontaires. Il faut maintenant poursuivre l’effort et que chacun aille se faire vacciner, ou puisse convaincre son entourage si c’est déjà fait pour lui. Je peux comprendre qu’il faille faire de la pédagogie autour de ce vaccin, nous continuerons à le faire, mais nous sommes dans une course contre la montre face à cette épidémie.
Pendant ce temps-là, l’équipe du Petit Dom les attend de pied ferme
C’est devenu une tradition. Depuis 2015, toute visite ministérielle s’accompagne d’un bizutage respectueux, mais incisif du Petit Dom. La venue de Sébastien Lecornu et de Gérald Darmanin ne dérogent pas à cette règle, malgré leurs annulations à répétition « qui ont bien failli nous lasser ». Voici le message retranscrit en intégralité :
On n’y croyait plus ! Je viens – Je viens plus ! Je viens-je viens plus !
Bon c’est vrai aussi que y’a des sujets bien plus essentiels que les 375 km2 de terres tropicales plantées au beau milieu des îles de la Lune…
Mais alors du coup… On ne sait plus trop…
Visite de courtoisie ? Loi programme ? Vigilance sanitaire ? Misère humaine ? Rattrapage social ? Détresse sécuritaire ? Grands projets ?
Allez hop ! Vous avez 4 jours pour régler tout ça !!!
Bah oui, mais à force de reculer… Faut sauter plus haut, et plus loin !
En attendant, notre Petit Dom, il est bien énervé ! Ça fait si longtemps qu’il dénonce et que rien (ou pas grand-chose) ne change…
Les gosses viennent toujours à l’école pour avoir le goûter, au collège pour avoir la collation, et au lycée pour… se sentir en sécurité !
– Les promeneurs se comparent les cicatrices et les porte monnaies vidés,
– les automobilistes font toujours le bonheur des carrossiers,
– les travailleurs ne décollent plus le pied gauche de l’embrayage,
– les scootéristes se foutent du masque mais louent le casque, (et les coudières, et les genouillères, et les armures…),
– les restaurateurs usent leurs casseroles au rythme de nos QR codes,
– les chefs d’entreprises pansent leurs salariés éborgnés (et leur compte d’exploitation 2020),
– les villageois, passé le soir, tremblent toujours sous leurs draps,
– les fonctionnaires sont toujours ravis de faire leur rentrée au commissariat,
– les touristes sont toujours surpris qu’on les salue à coup de Chombo,
– les assoiffés subissent toujours les affres d’incompétents escrocs libres comme l’air (bah voui… C’est comme ça !).
Qu’est-ce qu’on oublie encore… ? …
Ah si… Ce qui change assurément, c’est que grâce au Pass sanitaire, maintenant, on se sent en « sécurité » !!! C’était vraiment prioritaire à Mayotte. Merci.
Nous vous souhaitons quand même une belle visite de notre île aux parpaings… N’en veuillez pas à notre Petit Dom de la ponctuer de quelques petites insolences !
À l’occasion d’une visite officielle en France, le président malgache Andry Rajoelina a annoncé l’éventualité d’une réouverture du pays en octobre, en fonction de la situation sanitaire. À Mayotte, la nouvelle fait mouche, même si l’expérience a appris à ne pas se réjouir trop vite.
La nouvelle a fait le trajet Paris-Madagascar-Mayotte en à peine quelques minutes. À l’occasion d’une visite officielle en France, le président malgache Andry Rajoelina a annoncé que “l’ouverture des frontières pourrait avoir lieu d’ici octobre, c’est-à-dire dans deux mois”. Une petite bombe à prendre avec des pincettes alors que le chef de l’État a bien pris le soin de la conditionner à la situation sanitaire dans les pays de provenance des passagers des lignes aériennes.
Prudence, donc, même si à Mayotte, où une importante diaspora malgache est installée, la nouvelle est sur toutes les lèvres. “J’ai ma famille là-bas, je construis une maison, et oui, j’aimerais bien aller voir où ça en est, car les photos ne suffisent plus. Et je ne suis pas le seul dans ce cas !”, explique Thani Youssouf, représentant de la Fédération des associations malgaches de Mayotte (FAMM). Pour lui, comme pour ses compatriotes de la Grande Île, cela fait bientôt deux ans que l’hypothèse d’un retour est repoussée à plus tard. “C’est vraiment dur pour nous, car il y a des gens qui ont leur famille, leur femme, leurs enfants là bas…” Si les transferts d’argent ont heureusement pu se poursuivre pendant la crise, rassurant ceux qui doivent subvenir depuis le 101ème département aux besoins de leur foyer, ce sont bien les liens physiques qui souffrent de cet éloignement prolongé.
Statu quo
Sans compter la détresse du Sud, où un épisode de sécheresse qui dure depuis quatre ans conduit la population à la famine. La Fédération s’était justement mobilisée pour venir en aide aux habitants, en faisant un appel aux dons en octobre dernier. “Le conteneur est prêt à partir, mais nous ne voulions pas l’envoyer sans nous. On sait trop bien comment se passent les choses là-bas”, précise Thani Youssouf.
Depuis, c’est un peu le statu quo. “On attend cette ouverture, mais on n’y croit pas encore. À chaque fois, on entend que ça va s’ouvrir, et il y a un variant de Covid et paf !, ça retombe à l’eau”, soupire ce retraité. En effet, depuis la fermeture officielle le 19 mars 2020, les espoirs de voir le pays ouvrir ses frontières ont été douchés à plus d’une reprise. Seule l’île de Nosy Be avait recommencé timidement à accueillir des touristes en octobre 2020, avant que le gouvernement malgache ne rétropédale en janvier, face à la résurgence de l’épidémie, notamment en France.
Or, l’Hexagone est justement frappé par la quatrième vague de Covid-19, et son variant Delta. Mercredi encore, le pays enregistrait 23.706 nouveaux cas selon Santé Publique France, une réalité qui pourrait bien rattraper Mayotte dans quelques semaines. “J’attends avec impatience la décision, mais je suis pragmatique. Je crois ce que je vois, car dans la situation actuelle, on ne sait jamais si la pandémie va s’aggraver ou non… Donc wait and see !”, souligne Ayub Ingar, le directeur général d’Ewa Air.
Ewa prête à mettre les gaz
Pour autant, la compagnie, qui dessert trois destinations sur la Grande Île, soit 60% de son trafic, attend la confirmation de la réouverture au pied levé. “Nous sommes prêts et nous pouvons reprendre rapidement le programme de vol dès la réouverture de l’espace aérien malgache. Nous ne demandons que ça !”, assure-t-il. Mais impossible de savoir dès aujourd’hui si Ewa pourra reprendre ses huit vols hebdomadaires habituels (deux pour Nosy Be, trois pour Majunga, et trois pour Diego) ou s’il faudra adapter le programme à la situation sanitaire, comme l’année dernière avec Nosy Be pour seule desserte. Ou encore s’il faudra limiter le nombre de passagers, alors que la demande risque d’être forte. “Tout le monde voudra partir, et je crains que les avions n’aient pas assez de place”, prédit déjà Thani Youssouf. La bonne nouvelle ? Tous les voyageurs dont les vols avaient été annulés avec la crise du Covid pourront repartir sans frais, sauf adaptation tarifaire en fonction de la demande, assure le directeur d’Ewa.
Les entreprises malgaches au chevet du président
Bref, le sujet est surveillé de près, tant de notre côté du bras de mer que de Madagascar, où les acteurs économiques, hôteliers, restaurateurs et acteurs du tourisme en tête font pression sur le gouvernement malgache. Car si le secteur ne pèse que 7% du PIB national, il fait vivre près d’un million de personnes, selon le Groupement des entreprises de Madagascar (Gem). Et les sociétés privées n’ont pas bénéficié de mesures de soutien comme en France…
Après sa visite au MEDEF à l’Hippodrome de Longchamp, dans le cadre de la Rencontre des Entrepreneurs Francophones (REF), qui visait notamment à inciter les patrons français à venir s’installer de notre côté du globe, Andry Rajoelina doit rencontrer le président de la République Emmanuel Macron ce vendredi. Alors peut-être apportera-t-il des précisions sur les contours qu’il compte donner à cette réouverture.
Ce jeudi, les différents collaborateurs de la jeune société Wimbo se retrouvaient pour leur première séance de travail dédiée à leur future application mobile. D’ici le début de l’année prochaine, ce nouveau média social devrait révolutionner la vie des artistes de Mayotte, et à plus long terme, du monde.
C’est un projet ambitieux que s’apprête à lancer la société Wimbo, fondée par un jeune Mahorais. Le projet novateur de Naoufal Chanfi Mari ? Un tout nouveau média social dédié à l’art sous toutes ses formes, afin de faciliter le contact entre les artistes, de Mayotte, de la région, et à terme, au-delà avec leurs public ou même avec d’autres créateurs.
« J’avais eu l’idée d’un projet similaire en 2010, quand j’étais encore étudiant », se remémore l’entrepreneur. À l’époque, Naoufal lance un blog afin de mettre en avant les artistes mahorais. « Mais beaucoup ont commencé à gagner en notoriété et à me demander où étaient les retombées économiques. » Alors, il envisage une plateforme musicale de streaming, avant de se raviser : « Finalement, ça n’avait rien d’innovant ou de nouveau, et se posaient de grosses difficultés de droit d’auteur. » Alors, il cherche une nouvelle alternative.
Rendez-vous début 2022
Là, germe son idée novatrice. Celle d’une nouvelle plateforme, sorte de mélange entre LinkedIn, Instagram, Spotifiy et Tik-Tok, où les artistes, qu’ils soient chanteurs, musiciens, sculpteurs, peintres, dessinateurs, performeurs, humoristes, comédiens, etc., pourraient directement partager leurs contenus, leurs nouveautés, leurs exclus, et interagir au plus près de leur public, comme aucun autre réseau social ne le permet jusqu’alors. Le tout via une application mobile, disponible d’ici début 2022 sur iOS et Androïd, en version française, mais aussi anglaise afin de viser une portée internationale.
« Une vraie visibilité »
« Avec la crise sanitaire, cela pourrait répondre à certains besoins, pour le public comme pour les créateurs », projette le président de Wimbo, dont le nom de la future application n’est pas encore définitivement arrêté. Jeudi avait lieu la première réunion de travail entre Naoufal Chanfi Mari, ses trois associés et une poignée d’autres collaborateurs, de proches amis entrepreneurs, issus du monde entrepreneurial, juridique, commercial et financier. De quoi faire émerger de nouvelles idées, comme faciliter la collaboration entre les artistes, mais aussi fluidifier les échanges avec les institutions et partenaires potentiels, et les lieux de spectacles, qu’il s’agisse de salles dédiées, comme de bars et boîtes de nuit. « À Mayotte, les artistes manquent d’une vitrine, d’une vraie visibilité et de structures adaptées », rappelle l’équipe, espérant bien permettre à la culture mahoraise de percer toujours un peu plus à l’échelon régional, national et international.