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Autodidacte, Assimo peint et dépeint Mayotte

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Du 6 au 12 septembre 2021 se tient la huitième édition du forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Sur la place de la République à Mamoudzou, quarante artisans se réunissent tout au long de la semaine afin de mettre à l’honneur la culture et les savoir-faire mahorais. Retour sur le parcours d’Assimo.

Un pinceau à la main et le sourire aux lèvres, Assimo raconte au travers de ses peintures la société mahoraise. L’artiste puise l’inspiration dans son quotidien, qui lui dicte les sujets de ses toiles. « Je regarde, j’observe, j’enregistre et je retranscris ce que j’ai vu sur le papier », résume le quinquagénaire. Un don qui le suit depuis toujours ou presque. « Je faisais des peintures et je les offrais à mes amis. Un jour, mon père m’a dit que plutôt que de donner mes œuvres, je devrais les vendre ! Il a apporté l’une de mes toiles à l’aéroport de Nosy Bé où il travaillait. J’ai tout de suite été exposé et j’ai reçu de nombreuses commandes. Cet événement a lancé ma carrière d’artiste », raconte-il avec un brin de nostalgie. Après divers emplois dans des sociétés malgaches, le peintre décide de venir vivre à Mayotte. En 2019, il obtient l’immatriculation de son entreprise – Assimo Décor – et ouvre son atelier à Chiconi.

Technique et sens du détail

Aujourd’hui, Assimo se présente comme un artiste polyvalent. « Je peins sur toutes les surfaces et sur tous les sujets. J’ai réalisé des peintures de décoration, des panneaux publicitaires, de l’écriture sur bateaux, des fresques, de la peinture sur toile, sur bois ou encore sur du tissu », détaille-t-il. Depuis 1984, l’artisan peint en fonction de ses diverses commandes. Pour ses toiles, il met au point plusieurs techniques : il trace d’abord ses croquis sur des feuilles de papier, puis il décalque le motif sur la surface à travailler avant de commencer à peindre. Il utilise également des pochoirs et crée lui-même ses couleurs à l’aide des trois couleurs primaires, de noir et de blanc. Un travail de patience et de précision qu’il réalise à la vue des visiteurs lors de cette huitième édition du forum international des métiers de l’artisanat de l’océan Indien.

« Vivre de ma passion »

Son métier, Assimo le découvre sur le tard. Plus jeune, il cherche sa voie en étudiant dans différents domaines… « Je suis allé à l’école technique pendant trois ans pour acquérir les qualités d’un soudeur et d’un menuisier. J’ai aussi une formation en cuisine et une autre de conducteur de bateau. Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre de ma passion », retrace l’artiste, très heureux de s’exposer du 6 au 12 septembre sur la place de la République de Mamoudzou.

Papa d’une jeune fille inscrite en seconde au lycée de Sada, il est important pour Assimo de transmettre son art. « [Elle] ne m’a jamais demandé de lui apprendre à dessiner, mais j’en serais ravi si elle le désire un jour. » Soucieux de partager ses talents à la nouvelle génération, l’artiste commence alors à dispenser des cours de dessin. Comme à Mazena : « Je lui apprends la technique, l’échelle, le choix du dessin, la peinture… Il y a peu de temps, elle a fini première d’un concours de dessin à Mayotte ! Je suis très content pour elle. » Un bon moyen pour lui de faire perdurer son art sur l’île aux parfums.

Wema Organics, un concept créé par une femme pour les femmes à Mayotte

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À 27 ans, Azma Mohamed, originaire de Pamandzi, vient de créer son entreprise entièrement dédiée au bien-être des femmes. Wema Organics propose des solutions naturelles à base de plantes traditionnelles africaines pour que la femme se sente bien dans son corps. Un concept qui en a déjà séduit plus d’une.

Il y a un an, Azma Mohamed était loin d’imaginer qu’elle serait chef d’entreprise aujourd’hui. Son parcours professionnel est plutôt orienté vers les banques et les assurances. Consultante dans ce domaine, elle se retrouve comme la plupart des Français confinée chez elle en mars 2020. Dès lors, elle passe ses journées à discuter avec un groupe de filles qui partagent des astuces entre elles. La jeune maman fait alors découvrir des plantes ivoiriennes qu’elle a utilisées après son accouchement. « Ce sont des plantes que l’on utilise en bain de vapeur vaginal ou en thé. Ce sont des secrets de femmes en Afrique, malheureusement pas assez connus en Europe », raconte-t-elle. Cette dernière partage ses secrets sur les réseaux sociaux et reçoit de nombreux messages de femmes qui souhaitent en bénéficier.

De fil en aiguille, la jeune femme finit par commander certaines plantes qu’elle vend à son groupe d’amies. « J’avais tellement de commandes que je n’arrivais pas à gérer. En même temps, il était primordial pour moi de déclarer mon activité », se souvient-elle. En deux mois, Azma Mohamed dépose sa marque Wema Organics, mais elle veut aller encore plus loin. Passionnée par sa nouvelle activité, elle décide d’y investir son temps et ses économies. Et s’envole même pour les États-Unis, dans le but d’avoir plus de légitimité. « J’ai suivi une formation d’une semaine et j’ai été diplômée en tant que praticienne apte à accompagner une femme lors d’un bain de vapeur vaginal », précise-t-elle fièrement. Cette pratique est très répandue outre Atlantique où il y existe par ailleurs des instituts entièrement dédiés. « C’est très connu là-bas parce que les bains de vapeur vaginaux sont bénéfiques à la femme. Ils diminuent les infections vaginales, les kystes ovariens, les douleurs liées aux règles », énonce Azma Mohamed qui rappelle toutefois qu’elle n’est pas médecin et qu’en cas de problème grave, elle renvoie ses clientes vers un professionnel.

Mais la Pamandzienne d’origine souhaite offrir une alternative naturelle aux femmes qui souffrent de petits désagréments intimes en leurs faisant découvrir la médecine holistique. « Ma motivation est d’aider les femmes à se sentir bien dans leur corp et dans leur esprit en utilisant des pratiques ances-trales et des plantes 100 % naturelles. » Elle propose également du thé qui permet de « nettoyer le ventre » et de « favoriser l’ovulation ». À cela s’ajoutent des poudres aphrodisiaques, des produits naturel de bien-être en tout genre…

« Je pensais que ça n’allait intéresser personne »

Le site de Wema Organics n’est pas encore opérationnel, mais le bouche à oreille semble avoir porté ses fruits pour Azma Mohamed. En peu de temps, des femmes des quatre coins de la France, y com-pris aux Antilles, la contactent pour acheter les plantes. « Je pensais que ça n’allait intéresser personne, ça a été tout le contraire ! », se réjouit-elle, encore surprise de l’engouement qu’il y a autour de ses produits. Cela la pousse à se perfectionner pour offrir un service de qualité. Elle participe à la conception des produits du début à la fin. « Je veux que les femmes se sentent accompagnées, je veux leur offrir quelque chose de bien, mais aussi de beau », indique l’entrepreneure. Elle met donc un point d’honneur à proposer un packaging épuré et féminin.

Sa nouvelle entreprise occupe la plupart de son temps, mais Azma Mohamed l’assure : elle n’est pas prête à abandonner son métier de consultante en banque et assurance. « J’aime beaucoup mon travail, je ne peux pas le laisser pour l’instant. Lorsque le site sera en ligne, je ne sais pas ce que ça va donner, mais je vais gérer. » Wema Organics en est qu’à ses débuts, mais Azma Mohamed ne se ferme aucune porte. Elle souhaite intégrer les plantes comoriennes et mahoraises dans ses produits phares. Avant cela, elle compte d’abord « voyager dans les Comores et à Mayotte pour découvrir ces plantes, parce que je veux connaître les produits que je propose », affirme-t-elle. Et pourquoi par la suite, créer son institut dédié au bien-être de la femme, comme c’est le cas aux États-Unis ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Avec COLOCS !, Jacqueline Djoumoi-Guez donne un coup de pied dans la fourmilière

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La série événement débarque sur Mayotte la 1ère ce lundi. Vendredi, trois premiers épisodes étaient dévoilés en avant-première au lycée des Lumières de Kawéni. Une claque qui donne déjà envie de voir la suite !

Elles s’appellent Raissa, Farzati, Oumie et Nadjila. Elles sont ingénieure en bâtiment, gestionnaire administrative, entrepreneure et sage-femme. De retour à Mayotte après des années d’études en métropole pour trois d’entre elles, quatre jeunes femmes mahoraises se retrouvent tiraillées entre les impératifs d’une société attachée à ses traditions et leur soif de vivre une vie plus moderne, qui leur corresponde. Ensemble, elles font le choix de prendre un appartement à Mamoudzou, à rebours des schémas et des attentes de leur famille. Annoncer la nouvelle dans leurs cercles respectifs sera une autre paire de manches…

Avec la série COLOCS !, qui débarque sur Mayotte la 1ère dès ce lundi 6 septembre, Jacqueline Djoumoi-Guez signe un récit initiatique à la fois drôle et engagé, qui interroge la place de la femme mahoraise et de la jeune génération, partagées entre des envies de liberté et la volonté de préserver leur culture. Une histoire racontée en 14 épisodes de 13 minutes, et produite par Clap Productions, avec le soutien de France Télévisions, Mayotte la 1ère et la préfecture via la direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes. “J’ai toujours eu le souhait que chacun puisse s’investir pour cette cause… Et quelle fierté de voir une femme dans l’audiovisuel !”, a salué Taslima Soulaïmana, la déléguée aux droits des femmes, à l’occasion de la diffusion des trois premiers épisodes en avant-première vendredi.

« C’est le moule qu’il faut changer »

Cette série, elle est entre fiction et documentaire, j’ai voulu raconter un point de vue”, a présenté la réalisatrice, Jacqueline Djoumoi-Guez. Parmi les thèmes abordés : les droits des femmes, “un sujet qui me tient particulièrement à cœur”, le choc des générations, les violences sexistes et sexuelles mais aussi la perte de repères, la mauvaise maîtrise du shimaoré, la réussite sociale, le déficit de prise en compte des maladies mentales… Avec Colocs !, Jacqueline Djoumoi-Guez fait aussi le vœu pieux de libérer la parole dans les familles, en permettant à tous d’échanger sur les sujets abordés par la série. “La jeune génération a souvent du mal à aborder ces thématiques. Le moule n’est pas adapté à nous, mais c’est le moule qu’il faut changer !

Première série 100% mahoraise qui sera diffusée en dehors de Mayotte, dans tous les Outre-mer, le projet met aussi à l’honneur une jeune génération de créatifs, qu’ils soient réalisateurs, acteurs, monteurs, producteurs… Les images, la qualité du tournage et des dialogues, portés par un quatuor d’actrices amateures dont le talent crève l’écran, illustrent tout le potentiel de cette jeunesse qui ne demande qu’à pouvoir s’exprimer et sortir des carcans. “La jeunesse mahoraise, nous avons besoin de votre soutien pour faire des projets qui nous ressemblent. On ne se retrouve pas en regardant des télénovelas”, a plaidé Jacqueline Djoumoi-Guez. Vu les ovations qui ont accueilli ses trois premiers épisodes vendredi soir, on lui souhaite de recevoir beaucoup d’autres soutiens. Pour continuer à en mettre plein la vue !

Le parcours préparatoire au professorat des écoles fait sa rentrée à Mayotte

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Ce vendredi 3 septembre, Mayotte a officiellement lancé son parcours préparatoire au professorat des écoles (3PE), en partenariat entre le lycée polyvalent de Tsararano et le centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni. Une fierté pour l’académie du 101ème département qui fait partie des 22 retenues de l’appel à manifestation d’intérêt. Cette licence s’inscrit dans une politique d’excellence souhaitée par le territoire.

« C’est notre rêve depuis longtemps de devenir enseignant, surtout à Mayotte. Je suis très contente de cette formation… » Avant même de terminer sa phrase, Yousra éclate en sanglots, submergée par ses émotions et surtout sa fierté d’intégrer le parcours préparatoire au professorat des écoles. Une licence nouvellement expérimentée dans 22 académies à l’échelle nationale, à la suite d’un appel à manifestation d’intérêt lancé en octobre 2020.

En lien entre le centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) et le lycée polyvalent de Tsararano, ce 3PE s’avère déjà victime de son succès. Alors que la métropole se décarcasse tant bien que mal pour redynamiser une filière en perte de vitesse, la tendance est toute autre dans le 101ème département, comme en témoignent les 10.000 vœux de néo-bacheliers pour le rejoindre, pour seulement 35 places… « Vous êtes l’élite du territoire, vous êtes un exemple pour les autres élèves », leur souffle fièrement Gilles Halbout, dont le leitmotiv depuis son arrivée en tant que recteur sur l’île aux parfums se résume au développement de « politiques d’excellence ».

« Je ne partirai pas avant la fin de votre troisième année »

« Aujourd’hui est un événement symbolique, ce n’est pas une cérémonie banale. » Derrière le pupitre, l’engouement est palpable à l’écoute des discours institutionnels, tous plus élogieux les uns que les autres. « En tant que jeunes inscrits triés sur le volet, vous avez fait un choix magnifique, celui de l’alternance intégrative, pour élever le niveau de qualification », se réjouit Frédéric Tupin, professeur des universités en science de l’éducation à l’institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPE) de La Réunion. Un enthousiasme partagé par le proviseur de l’établissement scolaire qui se languit d’accueillir cette nouvelle classe d’élèves dans son enceinte à raison de trois semaines par mois. « Je ne partirai pas avant la fin de votre troisième année », promet Michel Toumoulin, sur le pont depuis le mois de janvier pour organiser cette rentrée. « Je veux être présent dans les bons comme dans les mauvais moments, et vous aider à surmonter les obstacles. »

Une préparation au concours d’entrée pour le master MEEF

Car oui, ce parcours préparatoire au professorat des écoles, synonyme de « classe prépa » pour Gilles Halbout, représente avant tout une symbiose « hybride » entre les équipes pédagogiques du second degré et celles de l’enseignement supérieur. Toutes deux sur le qui-vive pour cette « formidable aventure, qui va modifier notre approche », insiste le responsable du lycée polyvalent de Tsararano. Le tout dans le but de préparer au mieux cette promotion pour le concours d’entrée au master des métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation du premier degré. Et ainsi de garnir la longue liste des 414 fonctionnaires diplômés depuis 2019. « Vous allez être formés progressivement pour faire le plus beau métier du monde », souligne d’un air plus que ravi, Aurélien Siri, le directeur du CUFR. Des mots qui poussent Grace, fraîchement titulaire d’un bac général spécialité maths-physique, à faire de ce rêve une réalité. Arrivé à Mayotte en octobre 2017, le Congolais d’origine aspire à devenir une référence pour la nouvelle génération. « Il faut nous soutenir ! Habiter dans une famille d’accueil a été l’élément déclencheur, c’est ce qui m’a poussé vers le professorat », sourit le jeune homme de 18 ans, convaincu par ce choix d’études. En attendant d’être titularisé d’ici cinq ans, il se plaît toujours autant à enfiler le costume de maître d’école face à ses frères et sœurs d’adoption. « Ça me passionne ! »

Un séminaire pour libérer la parole sur les violences sexuelles à Mayotte

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L’association Souboutou ouhédzé jilaho – Ose libérer ta parole continue sa semaine de sensibili-sation sur les les violences sexuelles, notamment celles faites aux enfants. Vendredi 3 septembre elle organisait un séminaire à la bibliothèque de Chiconi. Sociologue, juristes, gendarmes, victimes, et bien d’autres, ont répondu à l’appel de Saïrati Assimakou, la présidente de l’association, qui lutte activement contre ce types de violences.

En 2019, lorsque Saïrati Assimakou décide de raconter sur les réseaux sociaux les viols à répétition subis par son géniteur étant enfant, jamais elle n’aurait imaginé mobilisé autant de monde. Depuis, avec son association Souboutou ouhédzé jilaho – Ose libérer ta parole, elle enchaîne les actions de mobilisation pour que chaque victime n’ait plus peur de raconter son calvaire et que la société n’émet plus de jugement.

seminaire-liberer-parole-violences-sexuelles-mayotteSaïrati Assimakou a entamé une semaine de sensibilisation à travers des ateliers, une marche blanche blanche et un séminaire tenu à la bibliothèque de Chiconi le vendredi 3 septembre. Le public est ve-nu nombreux pour écouter les témoignages des victimes de violences sexuelles, mais également les avis des divers professionnels présents tels que les gendarmes, une juge, un sociologue, un anthropologue. La forte affluence est une surprise pour la présidente de l’association Souboutou ouhédzé jilaho – Ose libérer ta parole. « Je ne m’attendais pas du tout à remplir la salle, j’ai peut-être minimisé l’impact que cela aurait pu avoir dans notre société », admet-elle, consciente que cette mobilisation ne peut qu’être bénéfique pour son combat. « Leur présence prouve qu’ils ont pris conscience de l’urgence qu’il y a à parler de violences sexuelles et notamment celles faites aux enfants. »

Une prise de conscience auprès des femmes et des hommes, mais également auprès des quelques enfants présents au séminaire. Du haut de ses 13 ans, Nouraynah porte un réel intérêt sur les questions de violences sexuelles. « C’est quelque chose de très tabou à Mayotte, on n’en parle pas, sou-vent parce que les gens sont gênés. Alors que je pense que les parents devraient en discuter avec leurs enfants parce que cela fait aussi partie de l’éducation », explique-t-elle, très au fait de ce qui se passe dans la société. Malgré sa profession d’éducatrice spécialisée, sa mère avoue ne pas réussir à évoquer certains sujets avec sa fille. « C’est toujours plus facile avec les enfants des autres », sourit-elle. « La sexualité reste encore tabou chez nous, et il y a des questions auxquelles je n’ai pas de réponses. Je l’ai donc emmenée pour qu’elle puisse se renseigner et écouter les témoignages des victimes. Je veux qu’elle se rende compte de l’impact des violences sexuelles sur les personnes qui les subissent », raconte Némati Saïd Bacar, la mère de Nouraynah. Cette présence mère-fille est le signe que les men-talités évoluent à Mayotte, même si le chemin de la sensibilisation est encore long et sera certaine-ment semé d’embuches pour Saïrati Assimakou.

Depuis qu’elle a lancé son « cri de cœur » sur les réseaux sociaux il y a deux ans, elle a reçu un accueil mitigé. La jeunesse reconnaît son histoire et la soutient. « Mais nous n’allons pas nous mentir, parler de violences sexuelles à Mayotte, surtout intrafamiliales a des conséquences. Certaines personnes nous mettent de côté, à leurs yeux nous n’avons plus la même importance qu’avant », révèle-t-elle.

La gendarmerie mobilisée pour briser les tabous

seminaire-liberer-parole-violences-sexuelles-mayotteParmi les intervenants du séminaire se trouvaient deux gendarmes, venus rappeler les dispositifs mis en place par la gendarmerie pour améliorer la prise en charge des victimes de violences sexuelles. Nombreuses sont celles qui affirment ne pas être prises en compte lorsqu’elles se rendent au commissariat pour dénoncer un fait de violence sexuelle, à Mayotte ou ailleurs en France. La gendarmerie veut changer cette image et cela commence par une formation des militaires. « Tous les gendarmes de Mayotte ont suivi une formation afin de pouvoir optimiser leurs connaissances sur la prise en compte des victimes qui viennent dénoncer ce type de faits. On veut proposer une approche plus complète », déclare Dayane Chanfi, responsable de la maison de la protection des familles à Mayotte. L’augmentation des chiffres sur les violences sexuelles accélère cette prise de conscience du côté des forces de l’ordre. « Nous enregistrons chaque année entre 150 et 170 faits portés à la connaissance de la gendarmerie, dont 50% concernent des mineurs. Depuis deux ans, il y a une évolution constante d’environ 15%, mais je ne suis pas convaincu que ces chiffes illustrent la réalité sur le territoire. »

Il pense que la réalité est bien pire et que de nombreuses victimes n’osent pas se faire connaître, par peur du regard des autres ou pour des raisons administratives. « Je rappelle que tout le monde a droit à la justice parce qu’aujourd’hui, nous sommes confrontés à des cas où les personnes qui sont dans des situations administratives compliquées pensent qu’elles ne peuvent pas porter plainte », rapporte-t-il. Depuis trois ans, la gendarmerie de Mayotte, à travers la maison de la protection des familles, sensibilise les habitants de l’île, notamment les proches de la victime. « Nous esseyons toujours d’identifier une tierce personne qui pourra l’accompagner dans la situation qu’elle traverse », précise le gendarme.

Le séminaire organisé par l’association Souboutou ouhédzé jilaho – Ose libérer ta parole, est un premier pas pour sa présidente pour qui le combat ne fait que commencer. Satisfaite des retombées de la semaine de sensibilisation sur les violences sexuelles faites aux enfants, elle annonce d’ores et déjà l’organisation d’une seconde édition.

Violences conjugales à Mayotte : mise en place du bracelet anti-rapprochement et du téléphone grave danger

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Vendredi 3 septembre, le 101ème département français a franchi une étape dans la lutte contre les violences conjugales. Cinq bracelets anti-rapprochement et autant de téléphones grave danger pourront être mis en service afin de protéger les victimes de violences intrafamiliales.

Lors du Grenelle des violences conjugales en 2019, la mise en place des différents dispositifs, tels que le bracelet anti-rapprochement et le “téléphone grave danger”, constituaient des mesures phares. Deux ans plus tard, ces appareils tant attendus arrivent enfin à Mayotte. “Nous avons des statistiques sur les violences intrafamiliales et ce que nous voyons n’est seulement que la partie émergée de l’iceberg”, affirme le préfet du 101ème département, Thierry Suquet. Avant de poursuivre : “Aujourd’hui, avec [leur] mise en service, c’est une priorité politique que nous traduisons en actes avec le soutien et l’appui des associations qui nous accompagnent. »

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En effet, si la machine judiciaire sera l’un des principaux acteurs dans la mise en fonction et le suivi de ce nouveau dispositif, l’association Mlézi Maoré sera largement sollicitée pour évaluer la situation des victimes et les protéger au mieux. “Nous menons d’ores et déjà des actions de sensibilisation et de prévention au sein de notre structure. Dans le cadre des dispositifs de bracelet anti-rapprochement et de téléphone grave danger, nous serons sollicités par la justice afin de réaliser des rencontres avec les victimes pour évaluer leur situation, mais aussi avec les auteurs. Ainsi, nous pourrons estimer le degré de vulnérabilité de la victime et de dangerosité de l’auteur pour adapter aux mieux les actions à mener”, détaille Dahalani M’Houmadi, le directeur général de Mlézi Maoré.

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Le procureur de la République, Yann Le Bris, se félicite pour sa part de la mise en fonction de ce dispositif qui permettra selon lui “d’endiguer les violences intrafamiliales, mais aussi de s’inscrire dans une démarche plus globale de lutte contre la violence sur le territoire mahorais”. Afin d’utiliser au mieux ces nouveaux outils, il affirme par ailleurs qu’un magistrat du parquet sera spécialement délégué aux affaires de violences conjugales. Les services de police et de gendarmerie seront également mobilisés pour intervenir le plus rapidement possible et protéger les victimes.

Un périmètre autour de la victime

Voilà pour la partie théorique. Mais concrètement comment fonctionne ce bracelet anti-rapprochement ? “Dans le cadre de faits de violences avérés, l’autorité judiciaire définit un périmètre autour de la victime. Si l’auteur arrive à deux kilomètres de celle-ci, ils sont tous deux avertis via le boîtier. Ce qui permet à la victime de se mettre en sécurité et à l’auteur de rebrousser chemin s’il le souhaite. Si l’auteur continue à se rapprocher et arrive à moins d’un kilomètre de la victime, les forces de l’ordre sont alertées pour mettre la victime sous protection et interpeller l’auteur de violences”, explique à titre d’exemple Anne-Leroy, la directrice du service pénitentiaire d’insertion et de probation de Mayotte. Le défi à l’heure actuelle sera d’adapter ce dispositif sur l’île aux parfums. Car la densité de population et l’étroitesse de l’île pourraient rendre difficile la mise en service du bracelet anti-rapprochement…

De plus, auteurs comme victimes devront s’habituer à recharger et à porter sur eux quotidiennement ce qui ressemble à un cellulaire. Et lorsque ce dernier est utilisé sans le bracelet anti-rapprochement, on parle alors de téléphone grave danger qui permet à la victime d’alerter à tout moment les secours si elle se sent en insécurité. Une phase de test “grandeur nature” est prévue dans les semaines à venir afin de pouvoir mettre en service les premiers bracelets anti-rapprochement et téléphones grave danger de Mayotte.

Dominique Voynet quitte l’agence régionale de santé de Mayotte : vers la retraite et au-delà !

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La directrice générale de l’agence régionale de santé (ARS), Dominique Voynet, qui a annoncé son départ depuis quelques jours, a fait ses adieux à la presse ce jeudi. L’occasion de dresser le bilan de ses deux ans à la tête de la première agence de plein exercice de Mayotte, sur fond de pandémie.

C’est une page qui se tourne pour la jeune agence régionale de santé de Mayotte. Sa première directrice générale Dominique Voynet plie bagages et laisse la place à sa secrétaire générale Stéphanie Fréchet pour l’intérim, avant l’arrivée d’un successeur a priori fin novembre. L’heure du bilan a donc sonné, deux ans après sa prise de fonctions pour créer une agence de plein exercice dans le 101ème département. À bon endroit, d’ailleurs ! Il y a en effet fort à parier que la gestion de la crise du Covid-19 aurait été nettement moins reluisante si le sort de la petite île hippocampe avait continué à dépendre de La Réunion… “Ce n’est pas une question d’amour ou non comme on peut l’entendre parfois, c’est que c’est très difficile de gérer cela à distance”, insiste Dominique Voynet. L’ancienne ministre avait d’ailleurs eu le nez creux, en inscrivant dès son arrivée la gestion de crise “en point numéro 1” de sa feuille de route.

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Bien vu ! La création officielle de l’ARS à peine actée, la pandémie vient frapper à la porte en mars 2020. Avec des conséquences plus ou moins positives pour la jeune structure. “Le ministère a oublié que nous étions vieux de trois mois et a exigé de nous la même qualité de service qu’une ARS plus ancienne”, retrace la directrice générale. Alors que l’agence n’en est qu’à ses balbutiements, il faut s’adapter très vite à ce contexte de crise, pour les masques, les tests, les gestes barrières, la communication, les vaccins… Mais paradoxalement, cette réorganisation à marche forcée “a aussi accéléré beaucoup de choses”.

Le message, c’est qu’on est prêt”

Bilan : en moins de deux ans d’existence, les effectifs des différents services sont montés en flèche, les crédits ont suivi la même pente – le fond d’intervention régional (FIR) est passé de 7 millions d’euros à 18 millions en 2019 et 32 millions d’euros cette année, signe de “notre capacité à consommer les crédits” – et certains dossiers enfouis sont enfin sortis des cartons. “Il n’y avait pas de plan ORSAN (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles, ndlr), juste un plan blanc qui datait de dix ans, qui est plutôt fait pour des crises passagères”, mentionne à titre d’exemple Dominique Voynet. Même scénario pour le dispositif d’hospitalisation à domicile, “on l’a fait en pleine crise”, ou encore la validation d’une deuxième IRM au CHM. Aujourd’hui, même si une nouvelle vague de variant Delta devait frapper le territoire, “le message, c’est qu’on est prêt”, assure la directrice. “On peut passer de 16 lits en réanimation à 32 en quatre jours !”

Bien sûr, d’autres dossiers ont plutôt pris la poussière, le temps de laisser passer la tempête Covid. Comme celui de la formation et de l’attractivité pour les personnels, un « marronnier », qui ne dépend d’ailleurs plus des sommes d’argent sur la table, juge l’anesthésiste de profession. Pour elle, la solution viendra de la délégation de tâches sur certains soins de base et de prévention, comme la récente formation au Mans de deux infirmières en orthoptie. Autre incontournable du département : l’espacement des naissances. “Attention, le chiffre des femmes comoriennes qui ont plus d’enfants, il est extrêmement corrélé au niveau d’éducation. Et quand vous regardez le nombre de naissances des femmes mahoraises, il y en a beaucoup plus qu’il y a dix ans, là où le message 1,2,3 bass était passé”, analyse Dominique Voynet. Une nouvelle campagne de communication doit être lancée fin septembre.

Le second hôpital est sur les rails

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Dernier sujet et non des moindres : le second hôpital, mis en stand by pendant plusieurs mois, d’abord de gestion de crise, puis de campagne électorale pour le nouveau conseil départemental… L’affaire est de nouveau sur les rails, garantit la responsable de l’autorité sanitaire. Reste à choisir le terrain qui devra accueillir ce nouveau site hospitalier de près de 400 lits. Deux options sont sur la table, l’une à Sada, l’autre à Combani, qui respectent toutes deux le critère principal de protection contre les risques naturels. La décision finale reviendra au ministère de la Santé, et les seuls arguments devront être sanitaires, met en garde Dominique Voynet. Histoire de prévenir toute guéguerre sur fond de velléité politique…

Et justement, sur ce terrain-là, la future “retraitée” (ou future ex ?) n’exclut pas une reprise de service, dès l’année prochaine. “Vous n’êtes pas sans savoir qu’une élection présidentielle se profile, cela m’étonnerait qu’elle me laisse indifférente”, glisse la femme politique qui ne s’est jamais éloignée trop longtemps des urnes. Avant d’enchaîner sans laisser le temps de la réplique : “je serai peut-être aussi amenée à revenir à Mayotte en mission ponctuelle comme médecin inspecteur de santé publique”. Alors, au revoir, Madame la ministre.

Un poste avancé de la police municipale à Kawéni pour poursuivre la chasse aux incivilités

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Poumon économique de l’île, Kawéni reste le théâtre d’incivilités en tout genre. Avec l’ouverture d’un nouveau poste avancé de la police municipale ce jeudi 3 septembre, les élus de Mamoudzou souhaitent renforcer leurs effectifs sur ce secteur mais aussi s’attaquer aux chiens errants et aux ruminants par le biais de deux conventions.

Jeudi. 13h54. Gyrophare allumé, un véhicule de la police municipale de Mamoudzou fonce à tout berzingue au milieu du rond-point SFR, direction la mairie annexe de Kawéni. Malgré les embouteillages, pas question d’arriver en retard pour l’inauguration de leur nouveau poste avancé prévue à 14h. Pas de stress Messieurs les agents, les chaises vides se remplissent encore au compte-gouttes.

« Après la place du marché couvert, la décision de créer cette nouvelle structure est une volonté municipale », introduit Said Malidi, l’adjoint en charge de la sécurité urbaine et de la prévention. Face à l’assemblée, l’élu réitère la priorité de cette mandature, à savoir rendre la ville chef-lieu « plus sûre » et « apaisée » et offrir « un meilleur cadre de vie » à la population. « Dernièrement, le territoire communal a été le théâtre de phénomènes d’incivilités », concède-t-il, pour justifier la mise en place de cette politique (ultra) sécuritaire. Qui doit d’ailleurs continuer à s’étendre dans la commune, avec notamment une autre ouverture dans les anciens locaux de la Croix Rouge situés à l’entrée de Passamaïnty.

« Une unité de référence »

L’objectif donc ? « Faire de la police municipale une unité de référence » sur l’ensemble de l’île aux parfums, rappelle le candidat malheureux aux dernières élections départementales sur le canton de Mamoudzou 1. Pour cela, la municipalité ne lésine pas sur les moyens humains, puisqu’elle s’engage à doubler ses effectifs, au nombre de 38 à l’heure actuelle, d’ici 2026. « Huit agents supplémentaires vont nous rejoindre avant la fin de l’année », assure Said Malidi, avant de se féliciter de l’acquisition de caméras piétonnes individuelles reliées au quartier général. Un QG amené lui aussi, tout comme le centre de supervision urbaine, à déménager sur la place mariage dans un avenir proche pour être « plus performant en matière de surveillance de biens publics ».

Si s’attaquer aux petits larcins est une chose, la mairie n’en oublie pas la prolifération des animaux errants. D’où « le choix de [nous] conventionner » pendant une année avec le groupement de défense sanitaire et la société One dog Mayotte pour y remédier. L’un doit faire office de fourrière pour les ruminants, « dans un lieu tenu secret pour éviter les vols ». « À Mayotte, il y a un gros problème d’identification. Notre objectif n’est pas de réprimander, mais de sensibiliser les éleveurs pour qu’ils rentrent dans la réglementation », prévient Chouanibou Youssouffi, le directeur de l’association. L’autre a pour mission de capturer « une centaine » de chiens dits « dangereux » sur appel des forces de l’ordre et des pompiers. Et ensuite de les garder dans le – soi-disant – plus grand chenil de l’océan Indien. Et c’est là que le bât blesse. Avec la mise à l’arrêt de Gueule d’Amour, l’avenir des meilleurs amis de l’homme se retrouve entre deux eaux. « Certains seront proposés à l’adoption, d’autres seront euthanasiés… euh stérilisés pour les empêcher de se reproduire avant d’être ensuite renvoyés dans la nature », détaille sans sourciller Ousseni Bourahima Ali, le gérant.

Avec une brigade de maximum six agents affectée quotidiennement sur Kawéni, la ville de Mamoudzou tente une fois de plus le pari de la proximité. « La police est le maillon essentiel de la sécurité publique », persiste et signe Said Malidi. Reste à confirmer cette stratégie dans les chiffres.

La mairie de Mamoudzou succède au Département à la présidence du conseil de surveillance du CHM

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Ce jeudi 2 septembre, au CHM, les membres du conseil de surveillance de l’hôpital ont procédé à l’élection du nouveau président de l’instance. Dhinouraine M’Colo Mainti, 1er adjoint au maire de Mamoudzou, a été élu à l’unanimité. Il succède à Issa Issa Abdou, ancien 4ème vice-président du conseil départemental, qui occupait le poste depuis le 21 décembre 2017. Le nouveau président sera à la tête du conseil de surveillance jusqu’en 2026 et il devra répondre aux enjeux de la santé à Mayotte.

La passation de pouvoir de la présidence du conseil de surveillance de l’hôpital de Mayotte s’est déroulée à huis clos… Pour quelles raisons ? On l’ignore ! Quoi qu’il en soit, il n’y avait aucun suspens quant au choix du nouveau président de l’instance. Dhinouraine M’Colo Mainti, l’actuel 1er adjoint au maire de Mamoudzou, succède à Issa Issa Abdou, 4ème vice-président du conseil départemental de l’ancienne mandature, après avoir recueilli les onze voix en lice.

Si le conseil de surveillance de l’hôpital de Mayotte est habituellement composé de seize membres, cinq d’entre eux ont décidé de jouer au jeu de la chaise vide. La campagne s’est faite en coulisses, avec le soutien inconditionnel du maire de la commune chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaïla, qui a « profondément fait confiance » à Dhinouraine M’Colo Mainti selon ce dernier, dans le but de faire siéger la ville de Mamoudzou au sein de l’organe du CHM. Élu, le nouveau président a désormais cinq ans pour s’attaquer au chantier de la santé à Mayotte et répondre aux besoins des Mahorais. « Mon objectif principal est la santé des Mahorais, qui n’a pas de prix. Nous entendons les cris de la population et nous devons faire en sorte pour que ces gens-là puissent trouver leur vraie place ici à Mayotte. En tant que Mahorais, nous ne devrions pas avoir besoin d’aller en métropole ou à La Réunion pour des opérations bénignes », soulève Dhinouraine M’Colo Mainti. D’où l’importance de de veiller au bon déroulement du dossier concernant le deuxième hôpital. À travers ses nouvelles fonctions, l’élu a pour mission première de se prononcer sur la stratégie de l’établissement et d’exercer le contrôle de sa gestion. Une tâche rude qu’il ne pourra accomplir seul. « Je ne suis pas un professionnel de santé, je suis un politique. Nous sommes là pour mettre la politique au service des Mahorais », déclare-t-il pour démontrer sa volonté de rassembler autour de lui.

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Le sentiment du devoir accompli pour Issa Issa Abdou

Après presque quatre années à la tête du conseil de surveillance du CHM, Issa Issa Abdou dresse un bilan positif. « J’ai le sentiment du devoir accompli. Nous avons fait face à deux crises Covid majeures à Mayotte, cela a été des moments d’épreuve et le personnel a su faire face. Malgré cela, il y a eu de belles avancées », indique le président sortant. Parmi ses réussites, il évoque notamment la finalisation et l’inauguration de l’hôpital Martial Henry, l’augmentation du nombre de places de formation pour les infirmiers et en puériculture au sein de l’IFSI, ou encore « la sortie du groupement hospitalier du territoire avec La Réunion », les prémices de ce qui deviendra plus tard l’agence régionale de santé de pleine exercice.

Même si Issa Issa Abdou se dit satisfait de sa mandature, il cède sa place, non sans quelques regrets. « Ça ne va jamais assez vite comme nous le souhaitons. Nous n’étions pas venus pour gérer la crise du Covid-19, mais elle est arrivée. Résultat des courses : nous avons mis beaucoup de temps à inaugurer l’hôpital de Petite-Terre, nous avons mis beaucoup de temps à lancer le projet du deuxième hôpital », souffle-t-il. Alors forcément, il reste encore un long chemin à parcourir : code de la santé, développement du secteur libéral, lutte contre le désert médical… La santé à Mayotte est un domaine qui nécessite des investissements humains, matériels et financiers. Ce sera tout l’enjeu du nouveau président du conseil de surveillance du CHM.

Avec les annonces, Roukia Lahadji veut croire à un grand rassemblement à Mayotte

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Durant quatre jours, Mayotte a été attentive à toutes les prises de parole des ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu. La section locale de la République en Marche, par la voix de Rokia Lahadji, salue les initiatives présentées par les deux membres du gouvernement et espère que les engagements pris ont convaincu les Mahorais.

Flash Infos : Dans le projet de loi de finances présenté cet automne au Parlement, dix millions d’euros seront débloqués en faveur de la jeunesse. Le nerf de la guerre dans le 101ème département tant plusieurs milliers de jeunes se trouvent toujours en déshérence et sont susceptibles de sombrer dans la délinquance…

Roukia Lahadji : Vous savez, les associations mahoraises portent déjà de multiples projets et accumulent bon nombre de missions, à travers les maisons d’enfants à caractère social et les lieux de vie et d’accueil. Sans oublier les actions d’encadrement en termes de loisirs. Il fallait les renforcer financièrement : c’est désormais chose faite ! Plusieurs milliers de jeunes en déshérence sont encore déscolarisés… Il faut trouver des solutions pour les réorienter vers le chemin de l’école ou les centres de formation. Cette enveloppe arrive donc à point nommé afin de continuer à accompagner les structures et les acteurs de terrain qui luttent contre ce fléau, dans le but de diminuer les actes de violence.

FI : Comme l’a dit Sébastien Lecornu, il s’agit de mettre les moyens sur l’aval et la prévention. Pour autant, le gouvernement n’abandonne pas sa politique de lutte contre l’habitat illégal. Au contraire, le ministre des Outre-mer a annoncé, lors de son déplacement à Kahani ce lundi, son désir d’éradiquer tous les bidonvilles du territoire à l’horizon 2031. Est-ce selon vous une promesse tenable ?

R. L. : Le chantier contre l’habitat illégal est en cours depuis maintenant plus d’un an. Des actions concrètes de décasement ont été initiées par l’ancien préfet, Jean-François Colombet, avec pas moins de 1.000 cases détruites en 2020. Très bien, mais en parallèle, il faut aussi construire du logement social. Or, pour cela, il faut trouver du foncier disponible et alléger les procédures réglementaires ! Nous reléverons ce défi, si et seulement si, nous arrivons tous, l’État, les collectivités et les propriétaires fonciers, à nous concerter et à nous mettre d’accord.

FI : De nouveaux moyens ont aussi été promis pour renforcer les effectifs de gendarmerie et de police, pour pérenniser la surveillance aérienne et pour soutenir l’installation de la vidéoprotection. Des mesures « louables » et « offensives » qui ne datent pourtant pas d’aujourd’hui et qui tardent encore à faire leur preuve…

R. L. : Une chose est sure : il faut renforcer la répression ! Sans cela, ce serait le chaos à Mayotte. Effectivement, des fonds supplémentaires doivent arriver en termes de surveillance aérienne, maritime et terrestre, avec le développement de la vidéoprotection. Mais attention, il faut les compléter en lien avec le volet social. L’un ne va pas sans l’autre. Des moyens pour appréhender les jeunes, c’est bien, des moyens pour les encadrer, c’est mieux.

FI : Dans ce cadre-là, il semble que la construction d’un centre éducatif fermé soit en bonne voie. Comment accueillez-vous cette nouvelle ?

R. L. : Les Mahorais, le sénateur Thani en tête, militent pour la construction d’un centre éducatif fermé depuis des années. Nous nous réjouissons que cet écho soit enfin entendu ! C’est un dispositif qui vient enrichir l’arsenal existant qui doit être rénové pour tenir compte de notre réalité actuelle. Il n’y a pas une solution miracle pour éradiquer durablement ce fléau, toutefois cet établissement fait partie des outils nécessaires à mettre en place.

FI : Aussi bien dans la loi Mayotte que durant cette visite, le thème de l’environnement a été largement oublié. En tant que fondatrice de l’association environnementale Nayma, n’éprouvez-vous pas une certaine amertume à cet égard ?

R. L. : Déçue ? Non… Pas vraiment… Bien d’autres combats devaient être traités en priorité. Évidemment aujourd’hui, l’environnement est celui qu’il nous reste à mener de front. Le lagon de Mayotte est de plus en plus malade ! Si nous le laissons dépérir, nous nous tirerons une balle de pied, au risque de mettre à mal tout un pan de l’économie de l’île. Entretenir les rivières et les mangroves, enlever les déchets en amont et en aval, assurer l’entretien sont autant de réponses à apporter. Et à ce sujet, nous n’avons pas attendu la visite ministérielle pour sensibiliser le préfet et les différents ministères. Comme pour le centre éducatif fermé, nous espérons être entendus favorablement.

visite-ministerielle-roukia-lahadjiFI : Beaucoup d’habitants ont le sentiment que cette venue s’apparente à un énième coup de communication en perspective des élections présidentielles de 2022… Que répondez-vous à ce sentiment ?

R. L. : Le ministre des Outre-mer a mis du temps à se déplacer, mais il est venu ! Il a sillonné le territoire et a rencontré les différents acteurs privés, publics et associatifs. C’est avant tout une reconnaissance. Bien sûr, quoique le gouvernement fasse, il y aura toujours des éternels insatisfaits. Ce ne sera jamais suffisant à leurs yeux… Ici, nous voudrions avoir tout en même temps : le beurre, l’argent du beurre et la crémière. Rome ne s’est pas faite en un jour, non ?! Mayotte se développe très rapidement, en bien et en mal. Nous devons prendre l’exemple et emmagasiner l’expérience des autres territoire, que ce soit d’un point de vue identitaire, environnemental ou structurel. Et nous allons réussir ce challenge si, encore une fois, nous nous concertons et tirons dans le même sens.

FI : Justement, plusieurs photos sur les réseaux sociaux ont montré une communion entre des élus de différents bords politiques. Comme si les divergences affichées lors des dernières scrutins n’étaient plus qu’un mauvais souvenir…

R. L. : Cette séquence avec tous les élus était d’ordre privé. Vous savez quand des ministres se rendent sur un territoire, ils affichent aussi leur costume de militant pour partager des idées et des actions communes. Chez Sébastien Lecornu, j’ai beaucoup apprécié sa volonté de nous rassembler le plus largement possible. Et je dirais que la voix de la raison l’a emporté puisque de nombreux Macron compatibles ont répondu présent à cette invitation. La République en Marche est un parti ouvert. La preuve, nous nous y retrouvons avec le ministre des Outre-mer, qui est un ancien Républicain alors que je suis une ancienne Socialiste.

La technologie s’invite au 8ème forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien

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Du 6 au 12 septembre, la place de la République accueillera le forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Un événement qui souffle sa huitième bougie cette année et qui espère bien attirer les foules.

La grande nouveauté de cette nouvelle édition ? Une manifestation en multiplex. En raison de la crise sanitaire, les artisans qui venaient habituellement de Madagascar et des Comores ne pourront pas se rendre à Mayotte. Alors le forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien aura lieu simultanément à Antananarivo, Mamoudzou et Moroni. Pour réaliser cette prouesse technique et technologique, rien n’est laissé au hasard. Fibre optique, écran géant et drones seront ainsi déployés en grande pompe.

Et pour dire, les organisateurs espèrent réitérer la performance de 2019, qui avait accueilli 140 artisans et pas moins de 145.000 visiteurs. Rien que cela ! Ce qui lui avait valu le titre de plus grande manifestation de l’océan Indien. Cette année, 130 exposants seront répartis sur les trois îles comme l’explique Jean-Denis Larroze, le secrétaire général et directeur des services à la chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte. « À Mamoudzou, 40 artisans seront présents. Idem à Antananarivo. Tandis qu’à Moroni, 50 viendront présenter leur travail”, détaille-t-il ce jeudi 2 septembre, à quatre jours du grand lancement sur la place de la République. Au programme de toute la semaine prochaine : des ateliers, des colloques, des visioconférences, des animations, une tombola, mais aussi une heure de démonstration ou de reportage vidéo quotidienne pour mettre en avant l’artisanat local de chaque territoire représenté.

La brique de terre compressée, l’avenir de l’artisanat mahorais

L’objectif des trois îles est simple : faire rayonner leur savoir-faire local. À Mayotte, la grande star de cette année sera la BTC ou brique de terre compressée. Un matériau de construction 100% naturel fabriqué à base d’argile, qui constitue une solution écologique et économique pour l’avenir du bâtiment dans le 101ème département français, mais également dans le monde. La normalisation de la BTC via l’appréciation technique d’expérimentation (ATEX) permet aujourd’hui de revaloriser le travail des quelques 12 briquetiers de l’île. Un agrément qui devrait permettre l’utilisation de la BTC pour la construction du futur lycée de Longoni (voir notre édition de ce mardi 31 août) et ainsi devenir la nouvelle vitrine de cette terre tamisée fortement comprimée à l’aide d’une presse. Du 6 au 12 septembre, les curieux pourront admirer leur savoir-faire, symbolisé par une arche spécialement érigée pour l’événement.

 

Programmation et tracas de dernière minute

L’événement débutera ce lundi 6 septembre sur la place République à 8h30 avec l’accueil des invités. La journée se poursuivra avec différents discours d’accueil de la part des pays participants puis un mot de bienvenue du président de la chambre des métiers et de l’artisanat France. À 11h20, l’inauguration officielle du Forum aura lieu en simultané à Madagascar, à Mayotte et aux Comores. Tout au long de la semaine, les expositions et multiples animations mettront à l’honneur l’artisanat des territoires de l’océan Indien. Si Jean-Denis Larroze et Didier Gonet, président de l’assemblée régionale des chambres de métiers et de l’artisanat de l’océan Indien, se réjouissent de la coopération entre les membres de l’événement, une ombre de dernière minute vient ternir le tableau. En effet, le gouvernement de l’Union des Comores demande la modification des affiches et documents publicitaires destinés à promouvoir le forum. Selon lui, le nom de Mayotte et le logo du conseil départemental posent problème. Conséquence : le pays pourrait tout bonnement annuler sa participation à l’événement. À l’heure actuelle, les organisateurs ne savent toujours pas si Moroni fera partie ou non de cette huitième édition. Une décision politique qui pourrait bien pénaliser les artisans comoriens déjà privés, comme leurs voisins, de forum international des métiers et de l’artisanat en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.

1926-2021 : Mayotte fait ses adieux au sénateur honoraire Marcel Henry

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Depuis l’annonce de son décès lundi 30 août 2021, les Mahorais pleurent la perte de leur père, celui appelé affectueusement Papa Marcel ou encore Chef Marcel. Le séna-teur Marcel Henry s’est éteint dans sa demeure de Pamandzi, son lieu de vie depuis toujours. C’est donc tout naturellement que ses obsèques ont eu lieu en Petite-Terre. Des funérailles qui ont mobilisé l’ensemble de la classe politique mais également les habitants venus des quatre coins de l’île pour lui rendre un dernier hommage.

Depuis maintenant trois jour, Mayotte pleure un grand homme qui a œuvré à sa construction. Marcel Henry s’en est allé, laissant une population mahoraise orpheline de ses pères et mères. Il était l’un des derniers combattants de Mayotte française. Celui qui était surnommé « Papa Marcel » manquera à ses proches, mais aussi à beaucoup de Mahorais. Assis devant l’église Saint-Michel de Dzaoudzi, son beau-frère évoque le « calme olympien » de ce fervent défenseur de la départementalisation. « Un homme qui a donné sa vie à Mayotte », décrit-il, teinté d’une émotion plus que palpable. Ce mercredi 1er septembre, plusieurs centaines d’administrés ont afflué des quatre coins de l’île, direction Petite-Terre, pour saluer une dernière fois le tant apprécié sénateur honoraire. À bord d’un des bus affrété spécialement pour l’occasion, une habitante venue de Mronabéja témoigne de sa gratitude à l’égard de cette personnalité publique. « Je savais que c’était quelqu’un qui aimait Mayotte. Sans lui, Mayotte ne serait pas là où elle est maintenant. C’est donc nécessaire que tous les habitants de l’île lui rendent hommage, nous lui devons bien cela. Je viens de loin, mais je devais faire le déplacement », affirme-t-elle.

Comme elle, son voisin de siège a fait toute la route depuis Doujani. S’il n’avait pas noué de liens particuliers ou personnels avec Marcel Henry, il reste admiratif de sa contribution pour le territoire. « C’était important de lui dire adieu et de l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. C’est une manière aussi de le remercier pour tout ce qu’il a fait, son travail, son engagement. Il est une fierté pour sa génération, maintenant la nôtre doit continuer le combat. Ce qu’il a fait hier a donné des résultats aujourd’hui, ce qu’il a fait est visible », déclare-t-il. En ce sens, le prochain défi sera d’assurer le devoir de mémoire selon Farah. « Marcel Henry est une figure à ne pas oublier, à transmettre à nos enfants. Mais malheureusement, les miens ne le connaissaient pas. Lors de sa mort, j’ai dû leur expliquer qui il était. Mais il ne faut pas que cela s’arrête à une simple explication. Nous devons faire con-naitre à nos enfants notre histoire, au-delà même de notre appartenance à la France. Il s’est battu pour notre liberté », rappelle l’habitante de Mamoudzou, avant de revenir avec mélancolie sur les luttes menées par l’homme politique sur l’île aux parfums. « Avec la mort de Marcel Henry, une page se tourne… Nous n’avons plus de personne comme lui aujourd’hui qui combattait avec le cœur et non par égocentrisme ou opportunisme. Il était âgé, son combat était achevé, mais cela rend tout de même nostalgique », déplore-t-elle, avec une pointe d’amertume.

Le conseil départemental se mobilise pour un dernier hommage

Les obsèques du sénateur Marcel Henry devaient être à la hauteur du personnage. Et pour cela, le conseil départemental a mis les petits plats dans les grands pour permettre à tous les Mahorais qui le souhaitent de se rendre aux funérailles. À titre d’exemple, les piétons pouvaient prendre la barge gratuitement, un souhait du Département combiné à la mobilisation des autocars. « Nous avions prévu deux bus de 60 places par commune. C’est la commande qui a été faite auprès des transporteurs, et nous avions aussi des bus censés faire la rotation permanente », précise Ben Issa Ousseni, le président de la collectivité. Pour ce dernier, il était logique et important que le conseil départemental réponde présent. « Nous avons mis en place tout cela parce que Marcel Henry méritait un hommage départemental… Je dirais même un hommage national ! Aujourd’hui, c’est le minimum que le territoire peut faire pour lui », poursuit le chef de l’exécutif. Toutes ces dispositions permettaient à la population de se rendre massivement à l’enterrement du sénateur, et ce fût le cas.

Prise d’assaut, la messe tenue à l’église Saint-Michel n’a pu accueillir en priorité que les membres de sa famille, ses amis et les personnalités politiques et publiques. Celles et ceux qui n’ont pas pu pénétrer dans l’enceinte de l’établissement se sont tout de même recueillis à l’extérieur. Il y avait également foule sous les chapiteaux dressés vers le rond-point de Pamandzi et au cimetière chrétien de Pamandzi. Les Mahorais reconnaissants de l’engagement du sénateur se sont déplacés en masse. Marcel Henry qui s’est éteint un mois avant de souffler sa 95ème bougie repose désormais au cimetière de Pamandzi.

 

Aéroport Marcel-Henry ? Un souhait sur le point de se réaliser

L’aéroport de Mayotte est-il sur le point de changer de nom ? C’est du moins le souhait du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, et celui en charge des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Au lendemain de la disparition du sénateur Marcel Henry, le locataire la rue Oudinot a annoncé son intention de faire baptiser l’aéroport de Mayotte qui n’a pas de nom pour l’instant. « Au nom du gouvernement, après avoir échangé avec le président de la République, je peux vous annoncer que cet aéroport portera le nom du sénateur dont on sait qu’on doit tant pour la vie aujourd’hui de Mayotte et pour son avenir institutionnel. C’est la marque du respect et de l’engagement du gouvernement à l’égard de sa mémoire, mais aussi de sa famille », a-t-il indiqué lors de l’inauguration du marché couvert de La-battoir ce mardi 31 août, quelques minutes avant son départ.

Si la décision sera prise à Paris, en concertation avec les élus mahorais, ce souhait ne date pas d’hier. « Ces dernières années, le conseil départemental et des communes avaient demandé à ce que cet aéroport puisse porter le nom de notre regretté sénateur. Ce n’était pas possible jusqu’à présent parce qu’il était toujours de ce monde. Il y a un usage pour l’État de ne pas baptiser le nom d’infrastructure de personnes qui seraient encore en vie », a rappelé le ministre des Outre-mer. Pour l’heure, aucun membre de la classe poli-tique ne s’est opposé à la proposition des ministres, mais Marcel Henry n’est pas le seul candidat. Un autre nom a été suggéré ces dernières années : celui de Abdourahamane Aboudou Moulkandjy. Une figure emblématique de Mayotte, un diplomate et libraire qui a formé l’élite mahoraise et comorienne, y compris le sénateur Marcel Henry. Ses descendants aspire à ce que l’aéroport de Mayotte porte son nom, mais le projet n’a pas abouti jusqu’au bout. Vont-il le relancer à nouveau ? L’avenir très proche nous le dira…

Trafic de stupéfiants : relaxe dans l’affaire du GIR, dix ans après la mort de Roukia d’une overdose à Mayotte

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L’ex-patron du groupement d’intervention régional, un gendarme et six autres prévenus comparaissaient ce mercredi au tribunal dans le dossier du GIR. Soupçonnés d’avoir organisé un trafic de stupéfiants pour faire gonfler les chiffres des saisies, les deux hommes ont obtenu la relaxe, des années après le décès d’une jeune femme, affaire qui avait défrayé la chronique.

Il aura fallu dix ans d’enquêtes, d’auditions, d’écoutes téléphoniques et de battage médiatique pour voir (peut-être ?) le bout de l’affaire Roukia et de ses ricochets. Ce dossier, qui porte le nom d’une jeune femme morte par overdose après avoir sniffé de l’héroïne importée à Mayotte, avait entaché le jeune groupement d’intervention régional (GIR), une unité composée de policiers et gendarmes chargée de lutter contre l’immigration clandestine et les trafics de stupéfiants et implantée sur le territoire en 2008, sous le mandat de Nicolas Sarkozy. À l’époque, la question de l’origine de la drogue responsable du décès de Roukia Soundi, soupçonnée d’avoir transité par les mains d’agents du GIR, donne un retentissement tout particulier à l’affaire, jusqu’à éclabousser le patron même de l’institution.

Dix ans après les faits, le désormais ex-patron, Gérard Gautier, ainsi que le gendarme Christophe Le Mignant comparaissaient ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou, cités aux côtés de six autres prévenus, dans un dossier connexe. Les deux membres du GIR devaient répondre des faits d’importation et de détention non autorisée de stupéfiants, les autres, non comparants, des faits d’aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en France.

Gonfler les chiffres” du GIR

Derrière l’enquête hors-normes qui a amené ces prévenus à la barre, il faut ici mentionner l’implication d’un homme : le juge d’instruction Hakim Karki, le premier de Mayotte (nous sommes alors en 2011, et le tribunal de grande instance vient tout juste d’être créé), qui, après la découverte du cadavre de Roukia, va tenter de tirer les ficelles pour lever le voile sur un trafic de drogues présumé au sein du GIR. Cette enquête amènera d’abord le gendarme Daniel Papa et le policier Jérémy Bouclet à comparaître devant la justice, où ils écoperont finalement de peines allégées en appel. Mais dans le viseur du juge Karki, figurent aussi Gérard Gautier et Christophe Le Mignant, soupçonnés d’avoir sciemment orchestré ce trafic pour “gonfler les chiffres” du GIR en matière de saisies. Alors que le juge se trouve lui-même poursuivi en 2014 dans une affaire de viol, l’enquête patine pendant des années, jusqu’à ce que le procureur Camille Miansoni décide d’appeler enfin à la barre les huit prévenus sur la base de charges qu’il estime “suffisantes”.

Hakim Karki en visioconférence

Ce mercredi, c’est donc une audience lourde d’émotions, à la hauteur de cette histoire rocambolesque, qui s’est ouverte, avec notamment l’un de ténors du barreau de Paris, Maître Szpiner, conseil de Gérard Gautier. Et l’intervention préliminaire du juge Karki a d’emblée donné le ton de ce procès sous tension… “Dans ce dossier-là, il y a eu clairement des pressions des magistrats, des greffiers, des enquêteurs… Une des greffières a été entendue 17 fois par le service d’inspection pour lui faire dire que le GIR ne faisait pas de trafic, une autre a demandé à être mutée en raison des pressions psychologiques et morales dont elle faisait l’objet. Et je pourrais continuer comme ça pendant dix minutes”, déroule le magistrat, joint par visioconférence.

Le GIR et ses informateurs

Objectif du jour : comprendre le fonctionnement d’une filière de passeurs entre Anjouan et Mayotte, gérée par un dénommé Adi, et surtout ses liens avec les deux gendarmes, dont le patron du GIR. Adi, qui possède quatre embarcations et effectue déjà des trajets pour 500 euros, plus chers mais réputés plus garantis de succès que ceux de ses concurrents, veut entrer en contact avec un service de police. Visiblement, son dernier contact avec un flic a fini par tourner court, sur fond “de papiers qu’il n’aurait pas obtenus”, explique Christophe Le Mignant. Via un ami d’enfance d’Adi, le gendarme nautique, qui assure travailler à obtenir des renseignements à livrer aux services compétents, obtient le numéro du passeur. Il est ensuite appelé dans les locaux du GIR, où l’attend notamment Gérard Gautier. Là, il est convenu d’appeler Adi, sur haut-parleur, pour tenter de le faire venir à Mayotte… et pour l’interpeller.

Dans la procédure, plusieurs auditions de membres du réseau indiquent que les gendarmes auraient demandé à faire venir des trafiquants d’Anjouan à Mayotte, en échange de la promesse d’un titre de séjour. Une accusation que les principaux concernés nient en bloc. “C’est pas moi, petit gendarme, qui allait promettre quelque chose que je ne pouvais pas lui donner !”, s’étouffe Christophe Le Mignant. “Ces gens-là, on leur a tendu un piège et ils ont eu le temps de parler en prison”, ajoute Gérard Gautier. Chez les deux co-prévenus, qui clament leur innocence, l’émotion est palpable. “Depuis dix ans, je suis suspendu à un fil ! (…) Sans l’affaire Roukia, il n’y aurait pas eu l’affaire du GIR, et je ne serais pas là devant vous aujourd’hui”, lâche en tremblant l’ex-patron du groupement, affecté par ces longues années de battage médiatique.

“Pas à vous de prouver votre innocence”

Une analyse que semble d’ailleurs partager le procureur lui-même. “Ce n’est pas à vous de prouver votre innocence, c’est au parquet d’apporter les preuves d’une culpabilité”, rappelle le magistrat. Lequel, dans des réquisitions aux airs de plaidoirie, s’attachera surtout à démonter point par point les qualifications retenues contre les deux hommes. Les instructions données pour faire venir des trafiquants, par exemple : “on n’a jamais entendu dire ‘‘tu viendras à telle heure etc.’’”, souligne-t-il. Ou encore la promesse du titre de séjour, “à qui ?”. Sans parler de l’intention pour ces deux hommes, qui “n’avaient rien à gagner”, à organiser ces trafics, pas même l’envie de réhausser les statistiques. “370 kilos saisis en quatre ans, vous ne serez pas vexé Monsieur Gautier, si je vous dis que ce n’est pas terrible”, s’était d’ailleurs amusé Me Szpiner.

Sans trop de surprise, le tribunal prononcera finalement la relaxe pour les deux gendarmes. Les autres prévenus écoperont de peines allant de trois mois de prison avec sursis à 18 mois de prison ferme pour le chef de la filière. Et avec cette nouvelle décision, c’est une nouvelle page qui se tourne dans la tumultueuse affaire du GIR…

Football : Entraîner l’équipe première du FCM, « un rêve » pour Mansour Ramia

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Intronisé entraîneur principal de l’équipe première du football club de M’Tsapéré au début du mois d’août, Mansour Ramia ne cache pas sa joie de relever ce nouveau défi. Une mission sportive à laquelle il compte greffer un volet social via son poste de directeur de l’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte (UDCSFM). Son objectif : lancer des jeunes du village pour en faire des modèles auprès de la génération en déshérence.

Assis sur le banc de touche du stade du Baobab, Mansour Ramia ne quitte jamais bien longtemps du regard le pré. Intronisé entraîneur principal de l’équipe première du football club de M’Tsapéré au début du mois d’août après des expériences à Dzoumogné, Passamaïnty et Kawéni, le quadragénaire vit « un rêve » depuis son retour au sein de sa formation de cœur. Et pour ses débuts, ses protégés le lui rendent bien, avec un bilan comptable d’un nul et deux victoires, sur les scores sans appel de quatre à zéro.

football-entrainer-equipe-premiere-fcm-reve-mansour-ramia (3)Mais indépendamment des résultats sportifs, le coach sportif de Moovafrica a une autre idée bien précise derrière la tête. « Je veux retrouver les valeurs que nous transmettaient les aînés lors de mon retour à Mayotte en 2005. » C’est bien là tout l’enjeu de sa nouvelle mission : s’appuyer sur le passé pour façonner l’avenir. Un avenir qui s’inscrit principalement avec « des jeunes du village pour qu’ils deviennent des modèles auprès de la génération en déshérence ». D’où la présence dans son groupe de trois joueurs âgés de seulement 16 ans.

Approcher les copains isolés des jeunes joueurs

Sauf que ce surclassement exige d’être irréprochable à tous les points de vue. « J’entame une relation en amont avec les parents pour qu’ils s’investissent, qu’ils puissent m’avertir si certains relaient de mauvais comportements à l’école, dans le but qu’avec tous les éducateurs du club, nous puissions serrer la vis et tirer dans le même sens dès l’âge de 13 ans. » Un vrai travail d’équipe, souhaité par le président du FCM, qui commence déjà à porter ses fruits : « Ils se donnent à fond ! » Et selon lui, cette exemplarité dans l’effort et cet encadrement peuvent à court terme donner envie à « leurs copains isolés, sans références, de se rapprocher de nous ». Un volet social primordial aux yeux de Mansour Ramia, également directeur de l’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte (UDCSFM), qui suit « 40 gamins déscolarisés à Koungou et 30 à Sada ».

Encore faut-il pouvoir bénéficier d’infrastructures dignes de ce nom pour mener à bien cette politique de réinsertion. Sinon, « les jeunes font n’importe quoi ! », insiste l’ancien joueur de Naval au Portugal. « Le sport est l’une des solutions pour lutter efficacement contre la délinquance. Nous ne pourrons y remédier tant que les collectivités et les techniciens haut placés depuis des lustres n’en prendront pas conscience. La priorité des élus est la jeunesse, mais rien n’est fait pour eux sur le territoire… Avoir un terrain de bonne facture, c’est le minimum syndical. En 2021, c’est tout simplement indigne pour le football mahorais de jouer sur un tel champ de patates. » En attendant un quelconque changement structurel, il compte bien jouer « la continuité entre mon rôle d’éducateur au FCM et celui de directeur de l’UDCSFM ». Avant peut-être de prendre les rênes de la sélection à l’occasion des prochains Jeux des Îles en 2023 ? « Je l’ambitionne ! Mais pour cela, il faut que je fasse mes preuves », admet-il, tout sourire, avant de reprendre le chemin de l’entraînement.

Second hôpital à Mayotte : “Dans les semaines prochaines, un choix de terrain devra être fait”, assure Lecornu

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Pour son quatrième et dernier jour de visite, le ministre des Outre-mer a inauguré le site Martial Henry en Petite-Terre, doté d’une cinquantaine de lits pour les soins de suite et de réadaptation. L’occasion de rappeler la nécessité de construire un deuxième centre hospitalier à Mayotte, qui n’est d’ailleurs pas à l’abri d’une nouvelle vague de Covid.

Tandis qu’un malade clopine le pied dans le plâtre, à quelques mètres, la foule en émulation n’a d’yeux que pour le ministre, qui vient tout juste d’arriver sur le nouveau site Martial Henry. “Attends, je remets mon rouge à lèvres !”, babille une soignante avec une collègue, en soulevant son masque. Le discret logo “CHM” brodé sur leurs salouvas d’un blanc impeccable donne une indication sur le contexte de ce rassemblement, qui mêle dans le désorde élus, directeurs et professionnels de santé. “Ah, il n’y a pas que des élus, il y a quand même aussi des gens qui travaillent à l’hôpital !”, s’exclame Sébastien Lecornu après une enième poignée de mains. “Si je peux me permettre Monsieur le ministre, c’est la maman de toutes les sage-femmes, à Mayotte… C’est la maman de 5.000 enfants par an, quelque part”, introduit Dominique Voynet, la directrice de l’ARS. Comme un clin d’œil aux capacités hospitalières limitées du 101ème département, face à sa démographie galopante…

Justement, la venue du ministre des Outre-mer ce mardi est l’occasion d’inaugurer (enfin) le nouveau site du centre hospitalier de Mayotte en Petite-Terre, dédié aux soins de suite et de réadaptation. Ouvert en catastrophe pendant la vague du début d’année, liée au variant sud-africain, le centre a depuis peaufiné ses dernières finitions, pour une ouverture officielle depuis le 1er juillet 2021. Il remplace ainsi le site de Dzaoudzi et le dispensaire de Labattoir et propose une nouvelle offre de soins SSR de 50 lits, pour limiter le recours aux structures de La Réunion. Et depuis ce mardi, le bâtiment a donc sa plaque inaugurale, dévoilée devant les caméras et le ministre.

Le second hôpital sur les rails ?

Au suivant ! Car dans le contexte de crise du Covid-19, les capacités hospitalières, et notamment les 16 lits que compte le service de réanimation du CHM de Mamoudzou restent encore largement insuffisantes pour un territoire aussi densément peuplé que Mayotte. “Il faut prévoir dès maintenant le second hôpital”, souligne celui qui a donné son nom au site, le Dr Martial Henry. Un sujet que le locataire de la rue Oudinot n’a d’ailleurs pas ignoré, à l’occasion de cette inauguration. “Ce second hôpital, c’est toujours la priorité du gouvernement. Les sommes sont inscrites dans les lois de finances. Et dans les prochains jours ou les prochaines semaines, un choix de terrain devra être fait sur la base de critères objectifs, notamment la prévention des risques naturels en cas de crise climatique”, promet Sébastien Lecornu. L’on s’étonnera peut-être, en passant, que ce fameux climat, “combat du siècle”, ait été le grand absent de cette visite de quatre jours, comme d’ailleurs des cinq volets de la loi Mayotte. Dommage pour une île en proie à la crise de l’eau et, bientôt, aux conséquences du réchauffement planétaire…

Mayotte, pas à l’abri d’un nouveau confinement

C’est que le gouvernement a bien d’autres “inquiétudes”. “Avec 20% de personnes qui présentent un schéma vaccinal complet, on est loin d’une protection forte. Si un nouveau variant devait pénétrer l’archipel, on ne serait pas à l’abri d’une nouvelle épidémie grave, et peut-être de confinements. (…) Je repars, à court terme, avec une inquiétude réelle”, explique ainsi le ministre lors de son second déplacement du jour, pour visiter un centre de vaccination au lycée de Petite-Terre. L’occasion pour lui de marteler le message gouvernemental, sans pour autant annoncer de mesures nouvelles.

À peu près au même moment, le conseil scientifique appelait d’ailleurs à anticiper la vague du variant Delta en Guyane, à La Réunion et à Mayotte. Malgré un taux d’incidence encore très faible (25/100.000 habitants) sur l’île aux parfums, celui-ci connaît une “croissance constante depuis quelques semaines” avec un taux de dépistage faible. L’arrivée du variant Delta « pourrait aggraver rapidement la situation, sachant que les capacités hospitalières y sont limitées », met en garde le conseil qui préconise de prendre précocement des mesures de freinage à titre transitoire, compte tenu du niveau bas de vaccination.

L’État, Pôle emploi et les communes de Mayotte s’engagent pour l’insertion professionnelle

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La préfecture et Pôle emploi ont accueilli les communes et les entreprises dans les locaux de lagence à Kaweni pour signer une demi-douzaine de conventions en lien avec linsertion professionnelle. PEC (parcours emploi compétences) et emplois dits « francs » étaient les mots dordre lors des signatures. Deux concepts différents qui ont le même objectif : faire baisser le chômage.

Avec un taux de chômage qui avoisine les 30% à Mayotte, les tentatives répétées pour faire baisser ce chiffre bien trop élevé sont les bienvenues. Cest en ce sens que l’État et Pôle emploi se sont unis pour favoriser linsertion professionnelle. Pour cela, ils doivent sallier avec les communes et les entreprises. Cest tout l’intérêt de la signature des conventions qui a eu lieu ce mardi matin dans les locaux de lagence Pôle emploi à Kaweni. « On a signé une demi-douzaine de conventions avec les entreprises et les collectivités territoriales qui ont décidé de jouer le jeu de lemploi. Ils se mobilisent pour consommer les dispositifs de lÉtat en faveur de lemploi des jeunes et des moins jeunes à Mayotte », indique Jéme Millet, le sous-préfet à la cohésion sociale.

Ces dispositifs sont principalement financiers, puisque le gouvernement n’hésite pas à mettre la main à la poche. Peut-être même plus à Mayotte quailleurs, au vu de la situation précaire dans laquelle se trouve une partie de la population qui devrait être active. « Les aides financières au profit des entreprises et des collectivités sont sans précédent dans lhistoire de l’île, sans équivoque dans le reste du territoire national. Lenveloppe des PEC (parcours emploi compétences) est de 2.400 postes, soit une augmentation de 40%. Et ce sont des postes qui sont financés à hauteur de 80% par l’État », précise Jéme Millet. Le reste est à la charge de lemployeur ou de la collectivité. À titre de comparaison, cette aide étatique ne s’élève qu’à 60% en métropole… Le budget mis à disposition est une chose, mais il est souvent méconnu du public visé. La collaboration avec Pôle emploi permet donc de faire connaître ces accompagnements. La structure doit en faire la promotion afin de satisfaire les employeurs et les demandeurs demploi. « On organise des visites dentreprises, on a des événements en ligne, notamment des salons pour pouvoir satisfaire lensemble des offres qui sont difficiles à pourvoir dans notre région », cite en exemple Salim Farssi, le directeur de lagence Pôle emploi de Kaweni.convention-etat-pole-emploi

Contrats PEC et emplois francs : « une oxygène » pour les entreprises

le emploi Mayotte et la préfecture sont en collaboration avec lensemble des communes dans le cadre des conventions pour les dispositifs PEC et emplois dits « francs ». Ils permettent aux entreprises mahoraises dembaucher plus facilement. « Les emplois francs, cest une oxygène que le gouvernement a souhaité mettre en place pour les entreprises en difficulté, mais aussi les demandeurs demploi en difficulté. Les demandeurs d’emploi qui sont visés sont ceux issus des quartiers prioritaires », détaille Salim Farssi. 70% de la zone géographique du 101ème département est concernée.

Pour les entreprises, embaucher une personne à travers un emploi franc peut également être attractif puisqu’elles bénéficient d’un soutien financier oscillant entre 15.000 et 17.000 euros étalés sur trois ans, selon l’âge du salarié. Younoussa Archidine gérant de la société Younoussa Elec basée à Chiconi en a profité pour recruter un salarié. Sans cela, il lui aurait été impossible de le faire. « J’ai employé un jeune grâce à l’emploi franc, il était en stage chez moi et je trouvais dommage de le laisser partir. À cause de la crise sanitaire, il me fallait un coup de pouce, alors quand j’en ai entendu parler, j’ai sauté sur loccasion. Cette aide est tombée à pic », témoigne l’entrepreneur.

De leur côté, les collectivités sont ravies de bénéficier de ces différentes aides qui ont pour objectif de faire baisser le chômage dans leurs communes. La ville de Mamoudzou et celle de Sada étaient les seules représentées lors de la signature. Dans la commune chef-lieu, qui renouvèle la convention pour la deuxième fois, les dispositifs de l’État ont eu un effet considérable. « On a déployé les PEC avec 280 agents l’année dernière. Le renouvellement de cette convention nous permet de recruter 120 agents en plus, soit au total 400 contrats aidés », annonce Fatima Msoili, élue conseillère déléguée en charge de la jeunesse, de l’insertion, de la formation et de l’emploi. Toutes ces appuis sont sans aucun doute bénéfiques pour le territoire, à condition que les principaux concernés saisissent leur chance et osent prendre leur avenir en main.

Après une parenthèse liée au Covid, l’épidémie de gastro-entérite aiguë repart sur les bases de 2018 et de 2019 à Mayotte

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Depuis le début du mois de juillet, le nombre de consultations aux urgences pour des suspicions de gastro-entérite aiguë virale explose. Il représentait près d’un tiers des passages au cours de la semaine dernière. En moyenne, pas moins de six enfants se font hospitaliser toutes les 24 heures, dont un dans un état de déshydratation assez sévère. Christophe Caralp, le responsable du SAMU 976, rappelle les bons gestes à appliquer pour enrayer l’épidémie.

Alerte, alerte ! Depuis début juillet, la proportion aux urgences pour des suspicions de gastro-entérite aiguë parmi tous les passages dans le service s’envole, passant de 7.7% (S27) à 27.1% (S33). Cette explosion se ressent également au centre 15, qui concentre 20% des appels ces derniers jours. « C’est une moyenne haute », précise Christophe Caralp, le responsable du SAMU 976. Et aux yeux du médecin, ces pourcentages ne risquent pas de retomber de sitôt. « A priori, nous n’avons pas encore atteint le pic. Il reste entre trois et quatres semaines d’épidémie. »

epidemie-gastro-chm-urgencesL’évolution des quinze derniers jours se rapproche sensiblement des indicateurs observés en 2018 et en 2019, années durant lesquelles le CHM recensait pas moins de 80 consultations hebdomadaires chez les moins de cinq ans. Selon les données du réseau des médecins Sentinelles, la semaine 33 fait déjà état de plus de 70 entrées, contre seulement 17 en semaine 27. Des chiffres qui pourraient s’expliquer par « un relâchement des gestes barrières ». « Nous hospitalisons environ six enfants par 24 heures pour une durée oscillant entre trois et quatre jours, dont un dans un état de déshydratation assez sévère. » Cette inflammation de la muqueuse du tube digestif se déclenche en temps normal « plus tard », en « octobre-novembre ». « Comme pour la bronchiolite, nous sommes complètement décalés en 2021 », soutient Christophe Caralp, encore étonné par la poussée du nombre d’infections respiratoires en juin dernier.

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Un fractionnement alimentaire

Virale et contagieuse, la gastro-entérite aiguë se transmet par les mains et est responsable de diarrhée, de douleurs abdominales et de nausées. « Il faut faire attention à ce que les autres enfants ne se contaminent pas entre eux. » Le remède miracle pour le professionnel de santé ? Pratiquer un fractionnement alimentaire à base d’eau ou de jus de pomme à partir de trente minutes après les derniers vomissements pour éviter toute rechute. « Il faut mettre l’équivalent de deux doigts dans un fond de verre et attendre une dizaine de minutes avant d’en reprendre », conseille le responsable du SAMU 976, avant de préconiser une bonne dose de repos pour reprendre des forces.

Alors que l’agence régionale de santé prévoit une nouvelle vague de Covid-19 d’ici au 15 septembre, il est primordial de faire en sorte que les deux épidémies ne se chevauchent pas dans le but de laisser vacant un maximum de lits. Toutefois, Santé Publique France ne se montre pas des plus rassurantes quant à la saison des gastro-entérites aiguës virales. « Nous poursuivons la surveillance de la GEA. Il est possible que les indicateurs continuent à augmenter… Le cohorte des bébés nés en 2020 moins exposés au rotavirus a fait accroître le nombre d’individus non immunisés ! Nous pourrions observer, en 2021 ou plus tard, des niveaux d’activité GEA inhabituellement élevés. »

L’immigration et l’habitat illégal dans le viseur de Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin

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Pour une troisième journée de visite (et dernière dans le cas du ministre de l’Intérieur), les deux membres du gouvernement ont annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre l’immigration et la prolifération des bidonvilles. Des promesses dont certaines restent conditionnées à la validation du projet de loi Mayotte.

Kahani, 15h30. Sous les chapiteaux bleu-blanc-rouge et le vacarme des percussions crachées par les baffles, les élus et autres figurants attendent. Longtemps. Tout à coup, les regards éteints s’illuminent en se tournant vers les hauteurs, pourtant assombries par des nuages denses. La délégation apparaît, enfin ! Souliers noirs et baskets blanches recouverts d’une épaisse couche de terre orange, voilà le digne souvenir d’une vraie virée dans les bangas. Quelques minutes plus tard, silence pour écouter le ministre. “Ce qui compte aujourd’hui, c’est de se projeter en 2031, quand on fêtera les 20 ans de la départementalisation. Et en 2031, pour ces vingt ans, ce qu’on ne voudra plus voir, c’est ce qu’on a vu, là, derrière cette colline ! C’est ce qui doit tous nous réunir !”, s’exclame Sébastien Lecornu avec emphase, aussitôt suivi par les applaudissements conquis de la foule.

Pour cette troisième journée de visite, le ministre des Outre-mer (seul) était en effet venu s’imprégner d’une autre réalité critique du territoire : la prolifération des bidonvilles. Et le choix du lieu ne tient pas au hasard. C’est là, à une centaine de mètres de la caserne de pompiers de Kahani, que le préfet de Mayotte finalisait en novembre 2020 la première opération de destruction effectuée dans le cadre de la loi Elan. En tout, une centaine de cases ont été démolies sur ce terrain du conseil départemental, qui doit accueillir le nouveau hub pour les transports scolaires. Un an plus tard, la collectivité a ainsi profité de la venue du ministre pour inaugurer ces belles voies de bus fraîchement goudronnées.

1.000 cases détruites en 2020

L’occasion pour les services concernés de vanter les mérites de cette loi, qui “permet au préfet d’ordonner la démolition des cases sans ordonnance du juge, à condition d’une enquête sociale, sanitaire et en garantissant le droit à des propositions d’hébergement temporaire à chaque habitant”, rappelle Jérôme Millet, le secrétaire général de la préfecture. “Cette politique n’a pas d’équivalent sur le territoire national, et nous avons ainsi pu détruire 1.000 cases en 2020, contre 50 en 2019.”

Pour poursuivre sur cette lancée, le locataire de la rue Oudinot a profité de son passage au pupitre pour annoncer de nouvelles mesures, dans le cadre de la loi Mayotte qu’il doit présenter en conseil des ministres en janvier. Ainsi ce nouveau texte prévoit-il de permettre la démolition immédiate de toute construction illégale de moins de 96h, allongeant par là le délai de flagrance, qui ne laisse jusqu’à présent que 48h au maire pour agir. “Les lignes budgétaires pour ces destructions vont continuer à être abondées par mon ministère”, notamment dans la prochaine loi de finances pour 2022, promet Sébastien Lecornu. Par ailleurs, pour construire plus de logements neufs, la loi Mayotte entend aussi créer un tribunal foncier, renforcer les pouvoirs de la CUF (commission d’urgence foncière) et créer un établissement public du Grand Mayotte pour mettre à disposition de tous des moyens et un savoir-faire dans les infrastructures. Autre nouveauté et pas des moindres : “nos discussions avec Action Logement avancent et nous serons à même d’avoir un deuxième bailleur sur le département”, promet le ministre.

Changement profond et révolutionnaire” du droit du sol

Un peu plus tôt dans l’après-midi, et accompagné cette fois du ministre de l’Intérieur, l’ancien maire de Vernon avait réitéré sa promesse d’aller plus loin et plus vite, également en matière d’immigration clandestine. Après leur virée à bord d’un intercepteur entre Mayotte et Anjouan, les deux membres du gouvernement ont ainsi souligné une fois de plus la pérennisation de la surveillance aérienne et la livraison prochaine de deux intercepteurs. L’aménagement de postes avancés au nord, pour permettre aux équipes de la police aux frontières et de la gendarmerie d’intervenir plus rapidement sur l’eau, a aussi été remis sur la table.

Plus important encore, deux propositions dans le projet de loi Mayotte viendront muscler un peu plus la réponse à l’immigration clandestine : les patrouilleurs pourront se rendre dans les zones contigües pour stopper les kwassas plus en amont ; et le droit du sol sera davantage limité, en conditionnant l’acquisition de la nationalité pour un enfant né sur le territoire à la présence régulière et ininterrompue pendant un an, contre trois mois actuellement, de l’un au moins de ses parents. “C’est un changement profond et révolutionnaire pour les Mahorais qui va permettre de lutter contre l’attractivité de Mayotte”, vante Gérald Darmanin. Des fois que les images de bidonvilles continuent à en faire rêver certains…

Décès du sénateur Marcel Henry : les condoléances attristées du peuple mahorais

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C’est avec une vive émotion et une grande tristesse que nous apprenons ce jour [lundi 30 août 2021] le décès de Marcel Henry, sénateur honoraire de Mayotte, ancien compagnon de lutte de notre défunt père, feu Younoussa Bamana, ancien président honoraire du conseil départemental de Mayotte.

Nous adressons par la présente nos sincères condoléances à la famille Henry, ainsi qu’à l’ensemble de la population mahoraise dont nous connaissons l’attachement envers l’un des plus illustres initiateurs du combat pour la départementalisation de Mayotte et pour ancrage pérenne dans la France.

Le sénateur honoraire Marcel Henry, né à M’tsapéré le 30 octobre 1926, est décédé à l’âge de 95 ans. Il tire sa révérence en présence de deux ministres, de passage dans l’île. Faut-il y voir le symbole d’une rupture ou d’un tournant dans la relation entre la France et Mayotte ? Les parcours politiques de Marcel Henry et Younoussa Bamana sont intimement liés. Après l’enfance à Pamandzi, quartier Sandravoingue, et l’école primaire à Dzaoudzi, les deux adolescents poursuivent leurs études secondaires à Madagacar, dans deux prestigieux établissements de Tananarive, l’un au lycée Le Myres de Villiers, l’autre au lycée Gallieni.

deces-marcel-henry-senateur-honoraireFormé dans la capitale malgache, Marcel Henry entre en politique après la création du territoire des Comores en 1946. Il occupe la fonction de secrétaire du Congrès des notables présidé par son oncle Georges Nahouda, l’initiateur du combat pour la départementalisation de Mayotte. Attaché rédacteur dans l’administration supérieure à Dzaoudzi, Marcel Henry est nommé ministre de l’agriculture en 1957, puis des transports sous les deux premiers gouvernements des Comores. Il y représentait Mayotte. Favori des familles créoles originaires de Sainte-Marie, Marcel est élu conseiller général à l’assemblée territoriale en 1958 avec son cadet Younoussa Bamana, aux côtés de leurs aînés Ibrahim Ramadani et Abdourraquib Ousseni. Les deux benjamins déposent à l’assemblée la motion de départementalisation de Mayotte, décidée lors du congrès de Tsoundzou. Ils siègent sous l’étiquette de l’Union pour la défense des intérêts de Mayotte, premier parti politique de l’ère moderne créé en 1959, promoteur du slogan révolutionnaire « Nous voulons être français pour être libre », et de la lutte pour la séparation de Mayotte du territoire d’Outre-mer des Comores promis à l’indépendance.

Au début de l’autonomie interne, lors des élections de 1962, la liste de Souffou Sabili gagne les élections, à la faveur de la division de l’UDIM. Toutefois, Marcel Henry est nommé conseiller économique et social. Siégeant à Paris, il revient à Mayotte en prévision des élections. Dans l’intervalle, la révolte des femmes éclate le 2 août 1966, révélant la personnalité irrésistible de Zena Mdéré et l’émergence des chatouilleuses animées par sa secrétaire Zaina Méresse. C’est à l’initiative des femmes que Marcel Henry crée le Mouvement populaire mahorais (MPM) avec trois grandes figures de l’histoire contemporaine, Younoussa Bamana; Abdallah Houmadi et Zoubert Adinani. Pour sceller leur union indéfectible, les femmes exigent qu’ils prêtent serment de fidélité à la France. La cérémonie se déroule à la mosquée de Sada. Sous l’influence de ce pacte religieux, les quatre assermentés gagnent les élections de 1967. Ils sont rejoints par Younoussa Benali, député en 1968.

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Dès lors, le MPM organise l’insurrection mahoraise : elle aboutit, après une période de quasi guerre civile entre Sorodas partisans de la France et Serrez-la-main pro-comoriens, d’abord au référendum d’autodétermination de 1974, prélude à l’indépendance unilatérale des Comores en 1975, ensuite à l’érection de Mayotte au statut de collectivité territoriale de la République française. Le séparatisme mahorais triomphe après une longue lutte d’émancipation mahoraise qui aura coûté la vie à la jeune militante Zakia Madi en 1969, tombée sous des éclats d’une grenade offensive jetée au milieu de la foule par la milice comorienne. Pour sceller la victoire et préparer l’avenir, c’est encore Marcel Henry et Younoussa Bamana qui sont choisis par la population en 1977 pour siéger au Parlement français, l’un comme sénateur et l’autre comme député. Le processus de départementalisation peut alors commencer, mais c’est là une autre histoire, celle des temps modernes.

Les réactions des institutionnels

Le préfet de Mayotte

C’est avec tristesse et profonde émotion que Thierry Suquet, préfet de Mayotte, délégué du gouvernement a appris ce jour le décès de Marcel Henry, ancien sénateur de Mayotte. Veritable figure de la vie politique mahoraise, ses actions ont marqué profondément l’histoire du territoire. Nous lui devons le combat pour Mayotte française. Nous lui devons son engagement pour le départementalisation de Mayotte et le développement du territoire. Il a été l’un des fondateurs du mouvement populaire pour Mayotte. Il était membre de la « Force de l’Alternance », un courant du Mouvement départementaliste mahorais. Le préfet de Mayotte adresse ses condoléances attristées à sa famille, ainsi qu’à ses proches éprouvés par cette disparition.

Le président du conseil économique, social et environnemental de Mayotte

Le Sénateur Marcel Henry, une des figures politiques emblématiques du combat pour le maintien de Mayotte dans la France et pour la départementalisation de l’île, nous a quittés. Abdou Dahalani ainsi que les membres du conseil économique, social et environnemental de Mayotte partagent le profond chagrin des Mahoraises et Mahorais pour cette disparition. Un compagnon, un initiateur, un défenseur de la première heure, Mayotte perd l’une de ses dernières figures historiques de son combat dans la France. En ces moments difficiles, je présente mes plus sincères condoléances à la famille et à ses proches.

Le président du conseil départemental

Le président du Département de Mayotte, Ben Issa Ousseni, salue la mémoire de l’ancien sénateur Marcel Henry, décédé ce 30 août. « Mayotte pleure un père, une des grandes figures de la révolution à la Mahoraise. En mon nom personnel, au nom des élus du conseil départemental et au nom de la population, je tiens à présenter mes condoléances attristées à sa famille et à ses proches. » Élu sénateur le 25 septembre 1977, réélu en 1986 et en 1995 jusqu’en 2004, il fut incontestablement une des personnalités emblématiques de l’histoire de notre île, un symbole en cette année anniversaire de la départementalisation. Grande est donc l’émotion collective. « Je propose que les modes de transports soient facilités pour que celles et ceux qui le souhaitent puissent assister à ses obsèques et lui rendre un dernier hommage. »

Retour à la terre pour le futur lycée des métiers du bâtiment à Longoni

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Depuis la parution de l’appel d’offres relatif au chantier scolaire, les producteurs de brique de terre mahoraise se sentent laissés sur le carreau. En cause, la mise en commun de la production et de la pose du matériau local, empêchant certains artisans de prendre part au projet, dont ils devaient occuper une place centrale.

Un pavé dans la marre. Ou plutôt, une brique… Depuis la publication de l’appel d’offres du rectorat concernant la création du lycée des métiers du bâtiment à Longoni, la jeune coopérative de brique de terre mahoraise voit rouge. Alors que le groupement d’une dizaine d’artisans estime avoir “pleinement contribué aux travaux en amont”, il s’estime aujourd’hui écarté in extremis du projet de construction.

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Nous sommes tombés des nues, car la fourniture de briques de terre compressée (BTC) n’a pas été isolée ou séparée de sa mise en œuvre comme nous l’avions tant réclamé lors de nos entretiens mais noyée dans les gros œuvres.” Autrement dit, plus question de séparer la production et la pose des briques, alors que tous les producteurs de la coopérative ne peuvent pas assurer eux-mêmes cette dernière. Pour eux, “tel qu’il est rédigé, cet appel d’offre exclut de facto la totalité des producteurs de briques de terre mahoraise”.

On ne veut pas que le marché soit arrêté ou annulé, mais juste qu’ils modifient deux lignes”, défend Amboudi Madi, secrétaire général de la coopérative. “Comme ça, les maçons pourront venir poser les briques que nous auront produites, comme envisagé dès le départ avec les architectes.” D’autant plus que des fonds conséquents ont déjà été engagés, notamment par l’envoi de briques en métropole afin d’analyser leur résistance en tant que matériau de construction ou encore via des animations organisées sur le site.

« On est prêt à se lancer ! »

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Les équipes autour de ce projet nous ont assuré que ce projet nous offrira l’opportunité de nous relancer, d’où l’accompagnement que le conseil départemental a décidé de mettre en place pour nous, dans cet objectif, pour contribuer à la structuration de notre filière.” L’accompagnement en question ? Une enveloppe de 200 à 300.000 euros dédiés à la brique mahoraise. “S’ils investissent pour la relance, mais que derrière on n’a pas de travail, à quoi bon ?”, interroge Amboudi Madi. “On a toute la matière première, toutes les machines et on est capable de produire le nombre de briques nécessaires [à la construction du futur lycée de Longoni, ndlr], on est prêt à se lancer !”

À travers l’écriture de l’appel d’offres, la coopérative artisanale craint que le rectorat n’essaie de privilégier une société en particulier. Interrogé à ce sujet, le recteur Gilles Halbout semble surpris de la polémique, au regard des efforts faits dans ce dossier pour encourager l’artisanat local. “D’habitude, nous demandons que le chiffre d’affaires des sociétés candidates soit deux fois supérieurs au montant de l’appel d’offres auquel elles répondent. Là nous sommes descendus à la moitié, voire au tiers pour certains lots afin que chacun puisse répondre à son activité, d’autant plus qu’il y aura encore plusieurs dizaines d’autres gros projets de constructions, qui sont autant d’opportunité pour nos producteurs”, commente le chef de l’académie, particulièrement soucieux de permettre au savoir-faire local d’être intégré à ce chantier d’ampleur. “Les artisans peuvent toujours répondre à l’appel d’offres en association avec un poseur”, précise à son tour Fahad Mestour, responsable des constructions scolaires. “Mais il va falloir qu’on leur apporte cette garantie-là !”

 

La brique en terre locale, véritable pépite mahoraise

La brique en terre compressée occupait autrefois à Mayotte une place de choix dans le monde de la construction. Il faut dire que nombreux sont ses avantages : économique et écologique, puisque recyclable à l’infini et faite d’une matière première locale, parfois issue de travaux de terrassement notamment. Sa solidité et sa robustesse sont d’autres atouts majeurs, alors même que la brique permet une isolation thermique particulièrement adaptée au climat de l’île. Pourtant, dans les années 80, le recours à l’utilisation massive et quasi systématique du béton a largement mis à mal la filière, dont il ne reste aujourd’hui plus qu’une dizaine d’aficionados.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes