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L’immigration et l’habitat illégal dans le viseur de Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin

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Pour une troisième journée de visite (et dernière dans le cas du ministre de l’Intérieur), les deux membres du gouvernement ont annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre l’immigration et la prolifération des bidonvilles. Des promesses dont certaines restent conditionnées à la validation du projet de loi Mayotte.

Kahani, 15h30. Sous les chapiteaux bleu-blanc-rouge et le vacarme des percussions crachées par les baffles, les élus et autres figurants attendent. Longtemps. Tout à coup, les regards éteints s’illuminent en se tournant vers les hauteurs, pourtant assombries par des nuages denses. La délégation apparaît, enfin ! Souliers noirs et baskets blanches recouverts d’une épaisse couche de terre orange, voilà le digne souvenir d’une vraie virée dans les bangas. Quelques minutes plus tard, silence pour écouter le ministre. “Ce qui compte aujourd’hui, c’est de se projeter en 2031, quand on fêtera les 20 ans de la départementalisation. Et en 2031, pour ces vingt ans, ce qu’on ne voudra plus voir, c’est ce qu’on a vu, là, derrière cette colline ! C’est ce qui doit tous nous réunir !”, s’exclame Sébastien Lecornu avec emphase, aussitôt suivi par les applaudissements conquis de la foule.

Pour cette troisième journée de visite, le ministre des Outre-mer (seul) était en effet venu s’imprégner d’une autre réalité critique du territoire : la prolifération des bidonvilles. Et le choix du lieu ne tient pas au hasard. C’est là, à une centaine de mètres de la caserne de pompiers de Kahani, que le préfet de Mayotte finalisait en novembre 2020 la première opération de destruction effectuée dans le cadre de la loi Elan. En tout, une centaine de cases ont été démolies sur ce terrain du conseil départemental, qui doit accueillir le nouveau hub pour les transports scolaires. Un an plus tard, la collectivité a ainsi profité de la venue du ministre pour inaugurer ces belles voies de bus fraîchement goudronnées.

1.000 cases détruites en 2020

L’occasion pour les services concernés de vanter les mérites de cette loi, qui “permet au préfet d’ordonner la démolition des cases sans ordonnance du juge, à condition d’une enquête sociale, sanitaire et en garantissant le droit à des propositions d’hébergement temporaire à chaque habitant”, rappelle Jérôme Millet, le secrétaire général de la préfecture. “Cette politique n’a pas d’équivalent sur le territoire national, et nous avons ainsi pu détruire 1.000 cases en 2020, contre 50 en 2019.”

Pour poursuivre sur cette lancée, le locataire de la rue Oudinot a profité de son passage au pupitre pour annoncer de nouvelles mesures, dans le cadre de la loi Mayotte qu’il doit présenter en conseil des ministres en janvier. Ainsi ce nouveau texte prévoit-il de permettre la démolition immédiate de toute construction illégale de moins de 96h, allongeant par là le délai de flagrance, qui ne laisse jusqu’à présent que 48h au maire pour agir. “Les lignes budgétaires pour ces destructions vont continuer à être abondées par mon ministère”, notamment dans la prochaine loi de finances pour 2022, promet Sébastien Lecornu. Par ailleurs, pour construire plus de logements neufs, la loi Mayotte entend aussi créer un tribunal foncier, renforcer les pouvoirs de la CUF (commission d’urgence foncière) et créer un établissement public du Grand Mayotte pour mettre à disposition de tous des moyens et un savoir-faire dans les infrastructures. Autre nouveauté et pas des moindres : “nos discussions avec Action Logement avancent et nous serons à même d’avoir un deuxième bailleur sur le département”, promet le ministre.

Changement profond et révolutionnaire” du droit du sol

Un peu plus tôt dans l’après-midi, et accompagné cette fois du ministre de l’Intérieur, l’ancien maire de Vernon avait réitéré sa promesse d’aller plus loin et plus vite, également en matière d’immigration clandestine. Après leur virée à bord d’un intercepteur entre Mayotte et Anjouan, les deux membres du gouvernement ont ainsi souligné une fois de plus la pérennisation de la surveillance aérienne et la livraison prochaine de deux intercepteurs. L’aménagement de postes avancés au nord, pour permettre aux équipes de la police aux frontières et de la gendarmerie d’intervenir plus rapidement sur l’eau, a aussi été remis sur la table.

Plus important encore, deux propositions dans le projet de loi Mayotte viendront muscler un peu plus la réponse à l’immigration clandestine : les patrouilleurs pourront se rendre dans les zones contigües pour stopper les kwassas plus en amont ; et le droit du sol sera davantage limité, en conditionnant l’acquisition de la nationalité pour un enfant né sur le territoire à la présence régulière et ininterrompue pendant un an, contre trois mois actuellement, de l’un au moins de ses parents. “C’est un changement profond et révolutionnaire pour les Mahorais qui va permettre de lutter contre l’attractivité de Mayotte”, vante Gérald Darmanin. Des fois que les images de bidonvilles continuent à en faire rêver certains…

Décès du sénateur Marcel Henry : les condoléances attristées du peuple mahorais

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C’est avec une vive émotion et une grande tristesse que nous apprenons ce jour [lundi 30 août 2021] le décès de Marcel Henry, sénateur honoraire de Mayotte, ancien compagnon de lutte de notre défunt père, feu Younoussa Bamana, ancien président honoraire du conseil départemental de Mayotte.

Nous adressons par la présente nos sincères condoléances à la famille Henry, ainsi qu’à l’ensemble de la population mahoraise dont nous connaissons l’attachement envers l’un des plus illustres initiateurs du combat pour la départementalisation de Mayotte et pour ancrage pérenne dans la France.

Le sénateur honoraire Marcel Henry, né à M’tsapéré le 30 octobre 1926, est décédé à l’âge de 95 ans. Il tire sa révérence en présence de deux ministres, de passage dans l’île. Faut-il y voir le symbole d’une rupture ou d’un tournant dans la relation entre la France et Mayotte ? Les parcours politiques de Marcel Henry et Younoussa Bamana sont intimement liés. Après l’enfance à Pamandzi, quartier Sandravoingue, et l’école primaire à Dzaoudzi, les deux adolescents poursuivent leurs études secondaires à Madagacar, dans deux prestigieux établissements de Tananarive, l’un au lycée Le Myres de Villiers, l’autre au lycée Gallieni.

deces-marcel-henry-senateur-honoraireFormé dans la capitale malgache, Marcel Henry entre en politique après la création du territoire des Comores en 1946. Il occupe la fonction de secrétaire du Congrès des notables présidé par son oncle Georges Nahouda, l’initiateur du combat pour la départementalisation de Mayotte. Attaché rédacteur dans l’administration supérieure à Dzaoudzi, Marcel Henry est nommé ministre de l’agriculture en 1957, puis des transports sous les deux premiers gouvernements des Comores. Il y représentait Mayotte. Favori des familles créoles originaires de Sainte-Marie, Marcel est élu conseiller général à l’assemblée territoriale en 1958 avec son cadet Younoussa Bamana, aux côtés de leurs aînés Ibrahim Ramadani et Abdourraquib Ousseni. Les deux benjamins déposent à l’assemblée la motion de départementalisation de Mayotte, décidée lors du congrès de Tsoundzou. Ils siègent sous l’étiquette de l’Union pour la défense des intérêts de Mayotte, premier parti politique de l’ère moderne créé en 1959, promoteur du slogan révolutionnaire « Nous voulons être français pour être libre », et de la lutte pour la séparation de Mayotte du territoire d’Outre-mer des Comores promis à l’indépendance.

Au début de l’autonomie interne, lors des élections de 1962, la liste de Souffou Sabili gagne les élections, à la faveur de la division de l’UDIM. Toutefois, Marcel Henry est nommé conseiller économique et social. Siégeant à Paris, il revient à Mayotte en prévision des élections. Dans l’intervalle, la révolte des femmes éclate le 2 août 1966, révélant la personnalité irrésistible de Zena Mdéré et l’émergence des chatouilleuses animées par sa secrétaire Zaina Méresse. C’est à l’initiative des femmes que Marcel Henry crée le Mouvement populaire mahorais (MPM) avec trois grandes figures de l’histoire contemporaine, Younoussa Bamana; Abdallah Houmadi et Zoubert Adinani. Pour sceller leur union indéfectible, les femmes exigent qu’ils prêtent serment de fidélité à la France. La cérémonie se déroule à la mosquée de Sada. Sous l’influence de ce pacte religieux, les quatre assermentés gagnent les élections de 1967. Ils sont rejoints par Younoussa Benali, député en 1968.

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Dès lors, le MPM organise l’insurrection mahoraise : elle aboutit, après une période de quasi guerre civile entre Sorodas partisans de la France et Serrez-la-main pro-comoriens, d’abord au référendum d’autodétermination de 1974, prélude à l’indépendance unilatérale des Comores en 1975, ensuite à l’érection de Mayotte au statut de collectivité territoriale de la République française. Le séparatisme mahorais triomphe après une longue lutte d’émancipation mahoraise qui aura coûté la vie à la jeune militante Zakia Madi en 1969, tombée sous des éclats d’une grenade offensive jetée au milieu de la foule par la milice comorienne. Pour sceller la victoire et préparer l’avenir, c’est encore Marcel Henry et Younoussa Bamana qui sont choisis par la population en 1977 pour siéger au Parlement français, l’un comme sénateur et l’autre comme député. Le processus de départementalisation peut alors commencer, mais c’est là une autre histoire, celle des temps modernes.

Les réactions des institutionnels

Le préfet de Mayotte

C’est avec tristesse et profonde émotion que Thierry Suquet, préfet de Mayotte, délégué du gouvernement a appris ce jour le décès de Marcel Henry, ancien sénateur de Mayotte. Veritable figure de la vie politique mahoraise, ses actions ont marqué profondément l’histoire du territoire. Nous lui devons le combat pour Mayotte française. Nous lui devons son engagement pour le départementalisation de Mayotte et le développement du territoire. Il a été l’un des fondateurs du mouvement populaire pour Mayotte. Il était membre de la « Force de l’Alternance », un courant du Mouvement départementaliste mahorais. Le préfet de Mayotte adresse ses condoléances attristées à sa famille, ainsi qu’à ses proches éprouvés par cette disparition.

Le président du conseil économique, social et environnemental de Mayotte

Le Sénateur Marcel Henry, une des figures politiques emblématiques du combat pour le maintien de Mayotte dans la France et pour la départementalisation de l’île, nous a quittés. Abdou Dahalani ainsi que les membres du conseil économique, social et environnemental de Mayotte partagent le profond chagrin des Mahoraises et Mahorais pour cette disparition. Un compagnon, un initiateur, un défenseur de la première heure, Mayotte perd l’une de ses dernières figures historiques de son combat dans la France. En ces moments difficiles, je présente mes plus sincères condoléances à la famille et à ses proches.

Le président du conseil départemental

Le président du Département de Mayotte, Ben Issa Ousseni, salue la mémoire de l’ancien sénateur Marcel Henry, décédé ce 30 août. « Mayotte pleure un père, une des grandes figures de la révolution à la Mahoraise. En mon nom personnel, au nom des élus du conseil départemental et au nom de la population, je tiens à présenter mes condoléances attristées à sa famille et à ses proches. » Élu sénateur le 25 septembre 1977, réélu en 1986 et en 1995 jusqu’en 2004, il fut incontestablement une des personnalités emblématiques de l’histoire de notre île, un symbole en cette année anniversaire de la départementalisation. Grande est donc l’émotion collective. « Je propose que les modes de transports soient facilités pour que celles et ceux qui le souhaitent puissent assister à ses obsèques et lui rendre un dernier hommage. »

Retour à la terre pour le futur lycée des métiers du bâtiment à Longoni

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Depuis la parution de l’appel d’offres relatif au chantier scolaire, les producteurs de brique de terre mahoraise se sentent laissés sur le carreau. En cause, la mise en commun de la production et de la pose du matériau local, empêchant certains artisans de prendre part au projet, dont ils devaient occuper une place centrale.

Un pavé dans la marre. Ou plutôt, une brique… Depuis la publication de l’appel d’offres du rectorat concernant la création du lycée des métiers du bâtiment à Longoni, la jeune coopérative de brique de terre mahoraise voit rouge. Alors que le groupement d’une dizaine d’artisans estime avoir “pleinement contribué aux travaux en amont”, il s’estime aujourd’hui écarté in extremis du projet de construction.

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Nous sommes tombés des nues, car la fourniture de briques de terre compressée (BTC) n’a pas été isolée ou séparée de sa mise en œuvre comme nous l’avions tant réclamé lors de nos entretiens mais noyée dans les gros œuvres.” Autrement dit, plus question de séparer la production et la pose des briques, alors que tous les producteurs de la coopérative ne peuvent pas assurer eux-mêmes cette dernière. Pour eux, “tel qu’il est rédigé, cet appel d’offre exclut de facto la totalité des producteurs de briques de terre mahoraise”.

On ne veut pas que le marché soit arrêté ou annulé, mais juste qu’ils modifient deux lignes”, défend Amboudi Madi, secrétaire général de la coopérative. “Comme ça, les maçons pourront venir poser les briques que nous auront produites, comme envisagé dès le départ avec les architectes.” D’autant plus que des fonds conséquents ont déjà été engagés, notamment par l’envoi de briques en métropole afin d’analyser leur résistance en tant que matériau de construction ou encore via des animations organisées sur le site.

« On est prêt à se lancer ! »

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Les équipes autour de ce projet nous ont assuré que ce projet nous offrira l’opportunité de nous relancer, d’où l’accompagnement que le conseil départemental a décidé de mettre en place pour nous, dans cet objectif, pour contribuer à la structuration de notre filière.” L’accompagnement en question ? Une enveloppe de 200 à 300.000 euros dédiés à la brique mahoraise. “S’ils investissent pour la relance, mais que derrière on n’a pas de travail, à quoi bon ?”, interroge Amboudi Madi. “On a toute la matière première, toutes les machines et on est capable de produire le nombre de briques nécessaires [à la construction du futur lycée de Longoni, ndlr], on est prêt à se lancer !”

À travers l’écriture de l’appel d’offres, la coopérative artisanale craint que le rectorat n’essaie de privilégier une société en particulier. Interrogé à ce sujet, le recteur Gilles Halbout semble surpris de la polémique, au regard des efforts faits dans ce dossier pour encourager l’artisanat local. “D’habitude, nous demandons que le chiffre d’affaires des sociétés candidates soit deux fois supérieurs au montant de l’appel d’offres auquel elles répondent. Là nous sommes descendus à la moitié, voire au tiers pour certains lots afin que chacun puisse répondre à son activité, d’autant plus qu’il y aura encore plusieurs dizaines d’autres gros projets de constructions, qui sont autant d’opportunité pour nos producteurs”, commente le chef de l’académie, particulièrement soucieux de permettre au savoir-faire local d’être intégré à ce chantier d’ampleur. “Les artisans peuvent toujours répondre à l’appel d’offres en association avec un poseur”, précise à son tour Fahad Mestour, responsable des constructions scolaires. “Mais il va falloir qu’on leur apporte cette garantie-là !”

 

La brique en terre locale, véritable pépite mahoraise

La brique en terre compressée occupait autrefois à Mayotte une place de choix dans le monde de la construction. Il faut dire que nombreux sont ses avantages : économique et écologique, puisque recyclable à l’infini et faite d’une matière première locale, parfois issue de travaux de terrassement notamment. Sa solidité et sa robustesse sont d’autres atouts majeurs, alors même que la brique permet une isolation thermique particulièrement adaptée au climat de l’île. Pourtant, dans les années 80, le recours à l’utilisation massive et quasi systématique du béton a largement mis à mal la filière, dont il ne reste aujourd’hui plus qu’une dizaine d’aficionados.

Agression à M’Tsapéré : « Les victimes ont soudain été considérées comme les agresseurs »

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Une centaine de personnes s’est rassemblée devant le commissariat de la police nationale à Mamoudzou dans la soirée du dimanche 29 août pour soutenir trois hommes de M’Tsapéré, mis en garde à vue pour avoir agressé un jeune. Ce dernier, accompagné d’autres individus, aurait dépouillé l’un des hommes devant son domicile alors qu’il était avec sa famille. Son entourage ne comprend pas le revirement de situation et pointe du doigt les dysfonctionnements de l’affaire.

Samedi soir. 21h. Un couple, accompagné de son fils âgé de deux ans et d’une amie, se retrouve dépouillé de toutes ses affaires devant son lieu de résidence, situé dans le quartier Mourowa Handra à M’Tsapéré. « Ils étaient entre 20 et 40 individus. Ils avaient des armes blanches, et même une arme à feu. Mais ce qui les a plus choqués, c’est le fait d’avoir mis un couteau sous la gorge du bébé de deux ans », raconte Kayeenda, le frère de l’homme agressé. Paniqués, les parents n’osent pas riposter et laissent le groupe d’individus leur dérober toutes leurs biens : pièces d’identités, permis de conduire, cartes bancaires et 3.000 euros en liquide. Un montant élevé qui serait à l’origine de l’altercation. « On connait ces jeunes et ils connaissent mon frère ! Ils le croisent tous les jours, il a le même sac depuis longtemps et il n’a jamais rien eu… Comment se fait-il qu’ils le dépouillent précisément le soir où il a tout cet argent ? », s’interroge Kayeenda, sans réellement attendre de réponse.

Après avoir chipé le butin, les délinquants prennent la fuite, laissant femmes et enfant en état de choc. Malgré cela, toute la troupe se dirige au commissariat de Mamoudzou pour porter plainte mais se confronte à une autre difficulté. « On leur dit qu’il n’y avait qu’un seul agent disponible ce soir-là et qu’il traitait déjà une affaire plus grave. L’un des agents leur demande de laisser leurs coordonnées et de revenir le lendemain », relate Kayeenda. Effrayé à l’idee de regagner son habitation, le groupe traumatisé se rend chez un membre de la famille pour y passer la nuit. « Ils ont été agressés devant leur maison. Le domicile de quelqu’un est censé être l’endroit où l’on se sent en sécurité… Or, ce n’est plus le cas pour eux », déplore le frère qui relate l’histoire.

Le père de famille, qui reconnait ses agresseurs, appelle des proches pour se rendre chez l’un des jeunes dans le but de récupérer ses affaires et son argent. Mais ils se retrouvent face à des individus pas vraiment coopératifs. « Il y a eu une confrontation entre les deux groupes, mais à aucun moment il y a eu une agression dans un seul sens. Mon frère et ses amis n’y sont pas allés pour tabasser ces jeunes », défend Kayeenda. Le lendemain, la mère d’un des jeunes en cause se présente au commissariat de Mamoudzou pour déposer plainte et par la même occasion rendre certaines affaires que son fils aurait dérobé. Mais aucune trace de la somme volatisée la veille…

Une mobilisation qui aurait tout fait basculer

La suite : des policiers interpellent le frère de Kayeenda et deux de ses amis et les emmènent au poste. « Quand ils sont arrivés au commissariat, ils ont tout de suite été considérés comme les agresseurs, comme des personnes violentes et ont été placés en garde à vue vers 10h du matin », continue Kayeenda. Les heures défilent. Aucune information ne filtre. La famille commence à s’impatienter et à s’inquiéter. En fin d’après-midi, la nouvelle commence alors à s’ébruiter dans le village de M’Tsapéré et petit à petit, une foule de personne se dressent devant le poste de police pour soutenir les trois habitants. Relayée sur les réseaux sociaux, cette mobilisation a alors l’effet escompté. « Je vous assure, la police avait déjà considéré cette affaire comme étant résolue. Mon frère et ses amis étaient déjà condamnés. Ce qui a changé la donne est tout ce monde qui s’est déplacé », soutient Kayeenda. Auditionnés, les trois hommes ressortent finalement aux alentours de minuit. Et déplorent le traitement reçu.. « Les victimes ont soudain été considérés comme des agresseurs sans que tous les éléments ne soient pris en compte », s’indigne Kayeenda. Les séquelles de cette agression se font déjà ressentir. Les deux femmes et l’enfant de deux ans seraient particulièrement traumatisés.

Les habitants de M’Tsapéré à la recherche de solutions

Parmi les soutiens de la première heure, plusieurs personnalités publiques à l’instar du nouveau conseiller départemental du canton de Mamoudzou 2, Elyassir Manroufou. « C’est une situation récurrente à M’Tsapéré et ça nous a agacé, alors nous devions nous mobiliser. Les gens sont excédés, il va falloir que nous réagissions », indique-t-il. À commencer par la création d’un comité pour trouver des solutions collectives et plus pérennes. « Nous nous disons que la justice n’est pas juste pour nous. Tout le monde a envie de se faire justice soi-même et c’est un problème. […] Si nous comptons sur les pouvoirs publics, il ne se passera rien », estime l’élu. Il a cependant l’intention d’user de son statut pour porter la voix des habitants de son village. En témoignent ses échanges avec les deux membres du gouvernement, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, ce dimanche et avec le préfet, Thierry Suquet, ce lundi, pour leur « expliquer l’ampleur de la situation et les conséquences qui peuvent en découler ». Même l’arrivée des ministres de l’Intérieur et des Outre-mer n’y change rien, l’insécurité est bel et bien ancrée à Mayotte…

Un essai sur l’évaluation de la départementalisation de Mayotte frappé d’effroi

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Ce lundi après-midi, la présentation du dernier ouvrage de Kira Bacar Adacolo intitulé « Essai d’évaluation de la départementalisation de Mayotte » est intervenue quelques minutes après le décès du sénateur honoraire Marcel Henry, l’un des artisans et défenseurs du statut départemental. Malgré la tristesse générale, les invités et l’auteur ont chacun apporté leur contribution lors de ce débat.

La voix tremblante, Kira Bacar Adacolo n’en revient toujours pas : « Nous ne pouvons commencer sans avoir une pensée pour Marcel Henry ! » Prêt à présenter son dernier ouvrage intitulé « Essai d’évaluation de la départementalisation de Mayotte », l’auteur apprend par téléphone le décès du sénateur honoraire, ardent défenseur du statut départemental. « La disparition d’un très grand homme », concède-t-il avec émoi. Une tristesse partagée par Charif Said Adinani, chargé de missions au Département, dont les souvenirs remontent rapidement à la surface. Un « leader », un « visionnaire », mais aussi et surtout une « lisibilité », une « clairvoyance »Un hommage unanime marqué par une minute de silence « en mémoire de son combat pour Mayotte française ».

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Un combat pour la départementalisation, approuvée par référendum le 29 mars 2009 et obtenue officiellement le 31 mars 2011. Dix ans plus tard, Kira Bacar Adacolo propose son bilan, comme l’a demandé le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, aux élus du territoire. « J’ai souhaité apporté ma contribution », précise le politiste et le publiciste spécialisé dans l’analyse des politiques publiques institutionnelles à destination de l’auditoire réuni ce lundi après-midi au sein de l’habitat traditionnel mahorais Nyumba Shandza au parc Mpweka Dinga à Passamaïnty. Au fil des chapitres, cinq idées majeures se démarquent : dresser des propositions sur l’évolution du statut sans le remettre en cause ; mettre en exergue les difficultés économiques et sociales ; relever l’enjeu démographique et celui du flux migratoire de masse qui déséquilibre l’île ; poser comme préalable la nécessité de réformer le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile ; apporter une note de clarification des compétences. « Je me suis replongé dans les rapports parlementaires sur les lois organiques de 2009 et de 2010. »

« Un acte unilatéral »

Mais c’est davantage son expérience professionnelle qui donne une légitimité à ses écrits. Exemple en 2008 lorsqu’il accompagne une délégation reçue par le président de l’époque, Nicolas Sarkozy. « J’ai eu le sentiment que le pacte de la départementalisation était un acte unilatéral. » Malgré « l’entrée en vigueur du code de l’urbanisme » ou « le passage en région ultrapériphérique », Kira Bacar Adacolo n’est pas spécialement tendre avec l’État. « Nous ne savons pas dans quel agrégat financier nous devons émerger… Nous sommes calqués sur un modèle départemental, mais où sont les fonds régionaux ? », s’interroge-t-il. « La carence en termes d’infrastructures doit être palliée ! Je reste persuadé que si nous supprimons les dix ronds-points entre Passamaïnty et Majicavo et que nous les remplaçons par des feux tricolores, nous réglerons les embouteillages. »

Un moyen à ses yeux de s’attaquer aux problèmes structurels et conjoncturels, tels que le chômage. En parallèle, l’ancien directeur général des services à la mairie de Tsingoni insiste sur l’importance de prendre en charge la jeunesse. « L’éducation et la formation sont primordiaux. Sinon dans dix ans, nous serons braqués par des pistolets comme à Bogota. » Même son de cloche pour le volet social. « La progression vers le droit commun est très lente. Nous devons rapidement nous aligner sur les standards nationaux. » Au grand dam des acteurs économiques…

« Ne plus subir l’égalitarisme »

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Dans l’assemblée, Alain Sarment se montre lui aussi véhément à l’égard de l’administration française, « qui fait exprès de nous déstabiliser » et « qui fait preuve de mauvaise volonté ». En ligne de mire : les conséquences de l’immigration clandestine. « Il faut l’accepter et trouver une autre stratégie », martèle le conseiller départemental sur le canton de Bandraboua. « Nous avons besoin d’un plan Marshall qui permettrait de mettre les moyens sur la table et de simplifier les lois. Nous ne pouvons plus subir de plein fouet l’égalitarisme. »

Plus retenu dans ses propos, Mohamadi Mdjassiri souhaite principalement écouter le point de vue « subjectif » de l’auteur de « Légende d’un promontoire », paru en décembre 2020. Dans l’espoir de mieux comprendre « les défaillances » des années passées et de trouver des pistes face « aux retards » accumulés. « Je suis confiant par rapport à l’avenir de Mayotte », insiste toutefois Kira Bacar Adacolo. « Depuis 1958, beaucoup a été fait, même s’il reste du chemin à parcourir. » Comme pour saluer une dernière fois le combat et la mémoire de Marcel Henry.

Immigration, sécurité, insertion : G. Darmanin et S. Lecornu veulent passer la seconde

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Les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur ont atterri samedi matin à Dzaoudzi, pour un voyage de quatre jours sur l’île aux parfums. Ce week-end, le ton était donné en matière d’insécurité et d’immigration clandestine. Plusieurs enveloppes doivent être débloquées par l’État avant même la loi Mayotte.

Enfin ! Il aura fallu trois meurtres en Petite-Terre, un nouveau confinement, deux lycéens tués et un nouvel anniversaire de la départementalisation pour voir à nouveau un ministre fouler le sol de Mayotte. Les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, ont atterri ce samedi sur l’île au lagon avec un programme chargé pour ces quelques jours. Au menu : gerbe de fleurs, immigration clandestine, sécurité et insertion.

Si les colliers de fleurs ont manqué à leur arrivée, une poignée d’élus était bien présente, en rang d’oignons sur le tarmac pour leur réserver un accueil républicain, avant la cérémonie du Monument aux morts en présence de la Légion étrangère, place de France à Dzaoudzi. Des moments solennels… mais qui étaient aussi l’occasion pour certains de rappeler d’ores et déjà les attentes fortes du territoire, notamment en matière de délinquance. “Nos attentes, ce sont les attentes des Mahorais, surtout la question de l’insécurité et de l’immigration, mais aussi au niveau des collectivités un accompagnement plus accentué, et pour le conseil départemental nous les attendons sur la compétence régionale”, a réagi le président du Département Ben Issa Ousséni.

Plus d’effectifs et un effort “à prolonger”

Sur les deux premières au moins, l’élu aura obtenu quelques annonces concrètes dès ce samedi. Après des visites à la nouvelle caserne de gendarmerie d’Hajangoua, à la police municipale de Dembéni et au commissariat de police de Mamoudzou, le ministre de l’Intérieur a annoncé un renfort de 40 policiers et gendarmes pour cette année. “Depuis l’élection du président de la République, il y a eu une augmentation continue des effectifs ici, de plus de 400 policiers et gendarmes. Aucun autre territoire de la République en proportion de sa population n’a reçu cet effort consenti par le gouvernement”, a rappelé Gérald Darmanin. “Cet effort est à prolonger”, a poursuivi le premier flic de France, avant d’évoquer la thématique de l’immigration clandestine.

Parmi les promesses fortes de cette première journée, on retiendra donc également la livraison de deux intercepteurs, un pour la police et un pour la gendarmerie. Le locataire de la place Beauvau a aussi confirmé la pérennisation de la surveillance aérienne entre Mayotte et Anjouan, financée par son ministère à hauteur de quatre millions d’euros pour l’année prochaine. Un dispositif mis en place depuis le 23 janvier 2021 par l’ancien préfet Jean-François Colombet, à l’origine à titre “exceptionnel et temporaire”, pour faire face aux arrivées de kwassas-kwassas en pleine vague épidémique aux Comores. Enfin, Gérald Darmanin a promis une enveloppe d’un million d’euros pour financer la vidéoprotection pour les collectivités locales, une compétence qui revient normalement aux communes. “La mairie de Mamoudzou va mettre en place 122 caméras supplémentaires, en plus des 60 existantes, qui seront ainsi subventionnées par l’État”, a félicité le ministre de l’Intérieur, après un entretien avec le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla dimanche. À l’issue de cette rencontre, l’ancien maire de Tourcoing a aussi évoqué sa volonté de mettre en place un système d’information unique pour l’état civil à Mayotte, afin de lutter contre la fraude, une proposition qui devrait être intégrée au projet de loi Mayotte attendu en conseil des ministres pour janvier 2022.

10 millions d’euros pour la jeunesse dès cet automne

Voilà pour l’aspect répressif. Mais face à des fauteurs de trouble qui ont parfois “14, 13 voire même 8 ans”, les deux ministres se sont aussi engagés à mettre les moyens sur l’aval et la prévention. “Sans attendre la loi Mayotte, dans le projet de loi de finances que le gouvernement va présenter cet automne au Parlement, pratiquement 10 millions d’euros seront débloqués pour la jeunesse”, a garanti Sébastien Lecornu. En visite au régiment du service militaire adapté (RSMA) à Combani dimanche, le locataire de la rue Oudinot a confirmé sa volonté de créer une nouvelle compagnie pour former 120 jeunes supplémentaires. Par ailleurs, le ministère des Outre-mer souhaite aussi expérimenter au régiment un bâtiment mère-enfant muni d’une garderie, pour permettre aux mères célibataires d’accéder elles aussi à cette offre de formation de la seconde chance, une première pour le SMA.

Les entreprises ont bon dos

Interrogé sur les débouchés de ces formations, alors que le département connaît toujours un fort taux de chômage, Sébastien Lecornu souhaite que les entreprises “jouent aussi le jeu”. “Il faut lutter contre le travail illégal, dans le bâtiment notamment, les entreprises ont bénéficié des aides du plan de relance qui leur permet d’avoir un carnet de commandes rempli”, a-t-il cité en guise de démonstration. Reste à faire passer la pilule aux patrons, eux aussi éprouvés par la crise, la vie chère et la délinquance, alors qu’à plus moyen terme, le projet de loi Mayotte, censé notamment répondre aux attentes de la population en matière de convergence sociale, risque bien de faire peser une charge supplémentaire sur leur dos… Les deux VIP du week-end devaient justement rencontrer ces “forces vives” lors d’un déjeuner dimanche. Peut-être pour tenter (un peu) d’arrondir les angles… Dur, dur d’être un ministre !

Loi Mayotte et Assises de la sécurité : de Mamoudzou au bureau de l’Élysée

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Au deuxième jour de leur déplacement à Mayotte, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, respectivement ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, ont donné rendez-vous au maire de Mamoudzou, chef-lieu de l’île, afin de recevoir le plan d’action partenarial qui fait suite aux Assises de la sécurité et de la citoyenneté. L’occasion, aussi, d’aborder les avancées du projet de loi Mayotte, et la reprise de l’activité économique et sociale après un an et demi de crise sanitaire.

« Une démarche à 360 degrés. » C’est ce que défendait dimanche, au lendemain de leur arrivée sur le territoire, les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur, à l’issue de leur première rencontre avec Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou. Car au-delà d’être le chef-lieu de l’île et la première ville en termes de population, la commune était instigatrice, en novembre dernier, des premières Assises de la sécurité et de la citoyenneté à Mayotte. Une consultation citoyenne afin de faire émerger un maximum de propositions censées « redonner à notre île sa tranquilité », selon le premier magistrat de Mamoudzou. Et, après plusieurs mois de travail, l’heure était venue, ce dimanche 28 août, de remettre le plan d’action partenarial aux deux représentants du gouvernement.

Le document tant attendu dresse une série d’engagements « réciproques à la fois de l’État et de la ville, en matière de prévention », défend Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer. À titre d’exemples, y figurent le développement du système de vidéosurveillance à travers le déploiement prochain de 122 caméras supplémentaires, subventionnées par l’État, alors que la ville en compte aujourd’hui une soixantaine.

«  Nous combattons cette spirale de la délinquance également par des effectifs de police supplémentaires », complète à son tour Gérald Darmanin, premier flic de France. « Je vais aussi étudier l’extension du commissariat de Mamoudzou, pour pouvoir loger ces nouveaux effectifs. » De plus, alors qu’il sont actuellement 36 policiers municipaux en poste dans le chef-lieu, le maire espère dépasser la barre des 40 d’ici la fin d’année, et projette même « 70 postes d’ici la fin de la mandature », afin de s’aligner progressivement sur la moyenne nationale. En attendant, un poste avancé de la police municipale sera inauguré le 2 septembre à Kawéni afin d’améliorer « la proximité et la visibilité ». Une installation du même genre est également prévue à Passamaïnty. « Avec le maire, nous avons mis en place un système d’informations qui nous permet d’échanger régulièrement autour de ces objectifs et d’adapter notre action face à la délinquance et la violence », poursuit Sébastien Lecornu. « C’est sur ces bases là que nous allons pouvoir continuer à travailler sur le diagnostic remis par la ville dans le cadre de ces Assises. »

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Les premières annonces dans le cadre de la Loi Mayotte

Il est l’un des autres enjeux clés de cette visite ministérielle. Alors que le ministère avait annoncé qu’un projet de loi spécifique à Mayotte serait déposé « avant la fin du quinquennat », l’échéancier semblait avoir pris du retard depuis la réception des propositions formulées par la population au gouvernement. Finalement, les premiers axes prioritaires ont été dévoilés sous le toit de l’Hôtel de ville.

Premier d’entre eux, « la question du logement, qui n’est pas déconnectée de la question sécuritaire », introduit encore Sébastien Lecornu. « Nous devons poursuivre les opérations de destruction de bangas, entamées ces dernier mois. S’il y a de l’habitat indigne, c’est qu’il y a des marchands de sommeil. Pour la première fois, nous allons avoir un programme de constructions que nous détaillerons dans les prochains jours et qui permettra de construire un parc de logement social à Mayotte », et ce afin de faire « concurrence à l’habitat insalubre ».

Une politique qui va de pair avec un autre problème bien connu à Mayotte : le manque de terrains disponibles. « C’est pourquoi il nous faut avancer sur un tribunal foncier », qui devrait être inclus au projet de loi Mayotte, à l’instar du renforcement des moyens de la commission d’urgence foncière. « Nous souhaitons aussi que les cadis jouent un rôle de médiateurs très opérationnels à ce sujet », envisage le ministre des Outre-mer.

Pour développer l’ensemble de ces stratégies, des fonds supplémentaires pourront être mobilisés, notamment à travers l’augmentation de la dotation globale de fonctionnement pour l’ensemble des collectivités ultramarines : « Sur la seule commune de Mamoudzou, c’est plus de 40% d’augmentation de la DGF depuis 2017, en volume globale sur l’ensemble des communes de Mayotte, cela représente plusieurs millions d’euros supplémentaires. »

Enfin, dans le cadre de la lutte contre l’immigration, l’une des priorités du projet de loi Mayotte, « il y a un enjeu majeur sur l’état civil et la falsification des documents, comme les reconnaissances de paternité », estiment les ministres. D’où l’idée de la création d’un « système d’informations unique à Mayotte, qui n’a jamais été fait ailleurs », qui permettra d’unifier l’ensemble des services d’état civil du département pour détecter plus facilement la fraude lorsqu’une même demande sera déposée dans plusieurs communes en même temps. « Tout cela est aujourd’hui compliqué à faire, nous le faisons à posteriori dans le cadre de l’enquête judiciaire, désormais nous proposons de le faire en amont pour agir plus rapidement », complète Gérald Darmanin.

 

Un rendez-vous avec les acteurs économiques et sociaux

Après le rendez-vous en mairie, direction, pour les deux ministres, le trottoir d’en face. C’est au restaurant Le Moana que Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu devaient rencontrer les acteurs du monde économique et social, afin de leur expliquer « ce que l’État déploie en la matière ». Ce temps de parole à huis clos a été aussi et surtout l’occasion d’aborder la crise sanitaire, qui a frappé de plein fouet ces deux champs de la vie publique. « Il n’y aura pas de reprise économique durable et possible sans protection de la population », martèle le ministre des Outre-mer, en référence au faible taux de vaccination dans les territoires ultramarins : « La reprise de l’épidémie est possible à Mayotte, il faut le dire et c’est ce à quoi je suis confronté aux Antilles et en Polynésie française. Le retour à la vie normale est quand même la plus belle des reprises économique et sociale. »

Mais d’autres sujets sont inscrits au menu, comme « les grands investissements de l’État en matière d’infrastructures » : piste longue, port de Longoni, travaux publics et filière du bâtiment en tête, afin de « faire émerger des filières et commencer à parler de tourisme ». Car en gagnant en attractivité, Mayotte deviendrait une candidate de choix pour l’organisation des Jeux des Îles de l’océan Indien, en 2027. Candidature d’ailleurs « pleinement soutenue par le gouvernement et le président de la République ». Un cheval de bataille qui séduit également Ambdilwahedou Soumaïla. « L’excellence sportive et éducative est un enjeu important sur un territoire à la population aussi jeune que Mayotte. Il faut donner de l’ambition et de l’espoir à nos jeunes ! », via le développement du numérique à l’école et le renforcement de l’apprentissage des langues étrangères, « pour leur donner l’opportunité de s’exporter au-delà même de nos frontières ».

 

Marseillaise, tourisme palestinien et caméléon… L’autre visite de Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin

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Tout au long du week-end, la rédaction de Flash Infos a pisté tant bien que mal les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, lors d’une visite très protocolaire… qui a toutefois offert son lot d’anecdotes salvatrices. Florilège.

Plus d’un an qu’aucun ministre n’avait posé les pieds dans le 101ème département. La dernière visite d’envergure remontait en effet à mai 2020, époque à laquelle Annick Girardin avait débarqué à la surprise générale pour surtout atténuer les tensions et les crispations entre l’agence régionale de santé et la préfecture. Depuis, pas grand chose à se mettre sous la dent, à l’exception d’Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de l’enfance et des familles, en octobre dernier… Avec la venue du duo Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, l’heure des retrouvailles protocolaires a de nouveau sonné. Avec son lot d’anecdotes croustillantes.

La Marseillaise en shimaoré : « peace of cake »

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En amont de la visite de l’hôtel de police municipale de Tsararano, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin ont pu savourer une Marseillaise du genre plutôt pittoresque. Face à eux, trente enfants âgés de 6 à 12 ans entonnent l’hymne national en shimaoré, sous les ordres de l’animateur communal, Oussene Attoumani. Une deuxième prestation publique après celle réalisée lors des festivités du 14 juillet. « Quand ils ont su qu’ils chantaient devant les ministres, ils étaient tout excités ! » Même pas le trac ! Selon ce chef d’orchestre, c’était « peace of cake ».

« Est-ce que nous avons les mêmes doléances ? »

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Le maire de Dembéni, Saïdi Moudjibou, n’hésite jamais à sortir le bleu de chauffe lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts de sa commune. Pour preuve, il a remis en mains propres une enveloppe nominative, contenant un certain nombre de revendications, aux membres du gouvernement. « Est-ce que nous avons les mêmes doléances ? », s’amuse le ministre des Outre-mer. Après y avoir jeté un regard furtif, les deux hommes politiques rangent délicatement le précieux sésame à l’intérieur de leur veston respectif.

« Il avait envie de visiter l’île ? »

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En avril dernier, un Palestinien s’était introduit dans la cour du commissariat de Mamoudzou, muni d’un pic à brochette, avant d’être maîtrisé par plusieurs agents en service. Deux d’entre eux ont été mis à l’honneur lors du déplacement du ministre de l’Intérieur. Un épisode qui a donné lieu à une discussion loufoque entre Gérald Darmanin et Laurent Simonin, le directeur territorial de la police nationale : « Comment il est arrivé ici ? » ; « Par la porte là ! » ; « Non, sur le territoire ? » ; « Par avion, il avait un visa ! » ; « Ahhh, il avait envie de visiter l’île ? »

Piano piano sur le champignon

Y a pas à dire, la délégation parisienne s’est déplacée en masse. Avec pas moins de 11 véhicules mobilisés, le dispositif pouvait difficilement passer inaperçu lors du trajet entre Tsararano et Mamoudzou samedi en fin d’après-midi pour rejoindre le commissariat de la ville chef-lieu. Pour ne pas faire perdre une minute au cortège, chaque intersection est bloquée par les forces de l’ordre. Et gare aux deux roues qui tentent un dépassement ! Car oui, en queue de peloton, le service de sécurité fait signe aux motards de rester bien au chaud derrière la voiture balai. Un ordre relayé à plusieurs reprises – avec plus ou moins de succès – par un scootériste qui prend un malin plaisir à imiter les faits et gestes du chauffeur cagoulé devant lui.

Ah, la grande famille républicaine !

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Attention, moment de complicité à droite ! Après la diffusion d’un spot sur la formation dispensée au RSMA, Sébastien Lecornu et Mansour Kamardine s’échangent des petits mots doux. « Moi aussi je vais vous former Monsieur le député. Vous former à être dans la majorité, pour réformer ! Je prendrai Monsieur le Maire aussi [Mohamed Bacar, maire de Tsingoni et président Les Républicains à Mayotte]. » S’il y avait encore des doutes sur la stratégie à mettre « en marche » d’ici à 2022…

« Continuez à faire semblant de recruter quelqu’un qui est déjà engagé »

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C’est pas tous les matins qu’on reçoit du beau monde, alors au RSMA, les militaires ont bien veillé à mettre les petits plats dans les grands. Façon jeu de piste dans l’enceinte du régiment, Sébastien Lecornu a été invité à suivre les étapes de la formation, du jour J du recrutement, au D-Day de l’embauche. Et, sûrement triés sur le volet, les volontaires disciplinés ont vraiment joué le jeu pour les beaux yeux de leur ministre. « Ce sont vraiment des personnes qui souhaitent s’engager ? », s’enquiert-il auprès du lieutenant-colonel devant le faux stand de recrutement. Rires gênés. « Ah bon… bah continuez à faire semblant de recruter quelqu’un qui est déjà engagé alors ! » À quand la formation théâtre ?

« Il croit qu’on ne le voit pas. C’est raté… »

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Pause cuteness en plein RSMA. Le cortège pile. Là, juste là, un petit caméléon tout vert fluo traverse péniblement le trottoir devant les souliers cirés du ministre. « Oh c’est quoi ça ? » Les flashs crépitent et la pauvre bête tente tant bien que mal d’échapper à cette célébrité soudaine. « Il croit qu’on ne le voit pas, c’est raté », glisse un Sébastien Lecornu, conquis. Quand on vous disait qu’ils savaient y faire, ces militaires !

« C’est la réputation que j’ai »

Alors que Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin s’apprêtent à aller ripailler gentiment avec les grands patrons, une fan passe par là. A Tourcoing ou ailleurs, cette réserviste a déjà rencontré le ministre de l’Intérieur. « S’il-vous-plaît, ce serait possible de prendre une photo avec vous ? », demande-t-elle, sans un regard pour Lecornu, qui aimerait bien parler vaccins. « Merci, c’est super sympa. » Darmanin sourit. « C’est la réputation que j’ai. »

Quand la police cache la poussière sous le tapis

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Difficile d’accès, une casse des Hauts-Vallons abrite depuis une dizaine de jours une quinzaine de véhicules « hors d’usage » de la police nationale. « Les Dusters, ils roulent », assure le gérant, pas spécialement ravi de nous voir fouiner de bon matin. « Je vais me faire tirer les oreilles si je cause. » Le problème : peu de monde semble au courant de ce grand ménage de printemps. Selon nos informations, le déménagement viserait en réalité à laisser la place à la brigade canine. Pourtant, on nous glisse aussi dans l’oreille que l’intégralité du parc automobile retournera bientôt à l’envoyeur. Qui croire ? Hasard du calendrier ou pas, reste qu’une photo officielle du premier flic de France devant une carlingue cabosssée, ça fait un peu tâche.

Loi Mayotte, sécurité, crise sanitaire : S. Lecornu et G. Darmanin, prêts à muscler leur jeu pour leur venue

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Les ministres de l’Outre-mer et de l’Intérieur, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, arrivent ce samedi dans le 101ème département pour une visite de quatre jours. Loi Mayotte, insécurité, crise sanitaire… Les deux membres du gouvernement sont attendus de pied ferme pour répondre à ces enjeux primordiaux. En exclusivité pour Flash Infos, ils répondent aux critiques d’une partie de la population et posent les jalons de leur vision stratégique pour le territoire.

Flash Infos : Après plusieurs annonces suivies de reports, vous posez enfin les pieds ce samedi à Mayotte. Votre venue était très attendue quelques mois plus tôt, après la série de trois meurtres en Petite-Terre puis l’assassinat de deux lycéens en moins d’une semaine. Comment expliquer aux Mahorais cette visite tardive au regard des événements ?

Sébastien Lecornu : J’ai exprimé dès le début de mon arrivée au ministère ma volonté de venir à Mayotte. Je connais déjà, par ailleurs, bien le territoire pour m’y être déjà rendu. Hélas, la crise sanitaire en a malheureusement décidé autrement. Pour autant, cela ne nous a pas empêché d’agir. Faire une visite sans annonce concrète est une chose, mais venir – certes plus tard – avec des dossiers qui vont concrètement avancer, c’est beaucoup mieux ! C’est tout le sens de ce que j’ai impulsé avec ce futur projet de loi programme pour Mayotte, notamment pour les dix ans de la départementalisation.

Gérald Darmanin : Mayotte est pourtant bien présente dans mon quotidien de ministre de l’Intérieur depuis mon arrivée. Je m’étais engagé voilà plusieurs mois à venir à Mayotte pendant plusieurs jours, mais tout comme le ministre des Outre-mer, la situation sanitaire nous a poussé à reporter cette visite. Dans l’attente, différents acteurs de l’archipel ont été reçus par mon cabinet lors de leur passage à Paris, et il ne se passe pas une semaine sans que le préfet, mais également les directeurs généraux de la police nationale, de la gendarmerie nationale et des étrangers en France, ne me fassent un point complet sur la situation mahoraise et les dossiers qui nous occupent. Ces directeurs m’accompagnent d’ailleurs dans cette visite, afin de travailler efficacement, au contact des forces et des agents sur le terrain, pour faire avancer ces dossiers. Je connais les défis particuliers de Mayotte et j’ai veillé personnellement à ce que des moyens exceptionnels soient mobilisés lors des épisodes dramatiques que vous mentionnez. De la même manière, nous avons veillé, avec le ministre des Outre-mer, à renforcer encore pour cette année 2021 les effectifs de la police et de la gendarmerie, notamment s’agissant des brigades nautiques de la gendarmerie et de la police, dont les effectifs ont doublé depuis 2017. Je suis donc heureux aujourd’hui de pouvoir être à Mayotte pour approfondir, auprès de nos effectifs et des élus, les travaux engagés : c’est bien ici que les bonnes décisions doivent se prendre pour répondre aux défis qui se posent en matière de sécurité.

FI : Sur un autre registre, Mayotte, territoire particulièrement attaché à la République française, fêtait en mars derniers les dix ans de la départementalisation. Pourquoi ne pas avoir fait le déplacement cette fois-là alors que vous aviez une annonce forte à faire, celle qui vous amène finalement aujourd’hui : la loi Mayotte ?

S. L. : Tout simplement parce que nous ne pouvions pas encore nous faire vacciner ! Mayotte sortait à peine de la crise sanitaire qui avait touché le territoire et nous ne voulions prendre aucun risque : nous avions mis en place des mesures d’isolement à l’aller et au retour pour protéger les Mahoraises et Mahorais d’une éventuelle autre vague. Il vaut mieux un échange à distance, suivi d’effets concrets, qu’une visite ministérielle sans lendemain ! Hélas, nous en avons connu dans le passé… Le succès des consultations citoyennes qui ont suivi cette annonce témoigne que la méthode était la bonne. Le fond, plutôt que la forme…

FI : Justement, où en est la préparation du texte sachant que la synthèse de la consultation a été envoyée en juillet et qu’il est question d’avancer vite sur ce projet de loi ?

S. L. : Mon objectif est clair : présenter en Conseil des ministres le projet de loi avant la fin du mois de janvier prochain. J’ai été transparent dès le début, nous ne pourrons hélas pas entamer la discussion parlementaire sous cette mandature. Mais au moins, notre ambition pour Mayotte sera définie et tout sera prêt pour le début du prochain quinquennat. Après plusieurs mois de travail – dont une réunion des ministres autour du premier ministre hier même (mercredi) – j’arrive avec des avancées concrètes. Autour des cinq thématiques que j’avais définies pour structurer ce projet (aller vers plus d’égalité en matière de droits sociaux, le renforcement de l’État régalien afin de faire face aux enjeux sécuritaires, migratoires et de sécurité civile, l’accélération du développement de Mayotte, le renforcement du conseil départemental, la jeunesse et l’insertion ) – je vais commencer à donner des orientations précises de ce que nous, avec le président de la République, le premier ministre et l’ensemble du gouvernement, voulons faire pour le territoire. Ce projet de loi et les échanges entre ministres ont aussi permis d’identifier des mesures que nous pouvons prendre sans passer par la loi. Ce déplacement servira à les annoncer et les expliquer. À ce titre, la présence du ministre de l’Intérieur à mes côtés est importante, car le projet de loi doit aussi s’articuler avec des annonces structurantes d’un point de vue régalien.

G. D. : Le ministère de l’Intérieur prendra toute sa part dans ce projet de loi déterminant pour les Mahoraises et les Mahorais. Mon premier objectif est de poursuivre le renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine. C’est également l’une des attentes prioritaires des habitants ici. Nous irons donc plus loin, au-delà de la mobilisation des moyens que le président de la République a engagé. Les règles d’acquisition de la nationalité par le droit du sol ont été durcies spécifiquement pour Mayotte en 2018, nous irons plus loin dans la loi à venir, par un nouveau durcissement des conditions. Il s’agira également de mieux réguler l’immigration familiale.

FI : Vous vous doutez que les Mahorais sont sceptiques après les nombreux plans pour Mayotte rédigés depuis plusieurs décennies… En deux mots, qu’est-ce que cette loi va changer dans le quotidien des habitants ?

S. L. : Un projet de loi, ce n’est pas un simple plan ! De plus, c’est rare qu’un projet de loi soit consacré uniquement à un territoire, et c’est la première fois qu’un projet de loi est consacré à Mayotte ! Il y a certes eu des plans précédemment, avec des résultats concrets, mais un projet de loi ce n’est pas pareil. Cela mobilise l’ensemble du gouvernement, le Parlement, et cela nous permet d’inscrire de manière structurante des avancées concrètes de premier ordre : ce ne sont pas des mesurettes conjoncturelles. Cette fois, on change la loi pour prendre en compte, dans la République, les enjeux spécifiques de Mayotte, et de par là-même améliorer et parachever une départementalisation réussie. Je pense notamment au droit de la nationalité pour lutter contre l’immigration clandestine ou à l’adaptation des normes de construction pour développer plus rapidement les infrastructures et le logement sur le territoire, tout en respectant le patrimoine naturel exceptionnel de l’archipel. Prendre en compte ses particularités, mais offrir la même promesse républicaine partout en France, y compris sur le territoire mahorais. La convergence vers l’égalité des droits constitue l’un des sujets importants sur lequel nous avons d’ores et déjà pris des décisions très importantes dans le cadre de la mandature actuelle. Si je veux que les Mahoraises et Mahorais ne retiennent qu’une seule chose de ce projet de loi, c’est que cette fois, nous voulons aller vite pour développer le territoire. Je sais qu’ils en ont marre d’attendre, et il y a urgence !

FI : Les attentes sont aussi très fortes concernant l’immigration clandestine. Le gouvernement d’Emmanuel Macron n’a eu de cesse de communiquer sur le renforcement des moyens de la LIC (opération Shikandra, destruction des bidonvilles avec la loi Elan…). Si les chiffres semblent probants sur le papier, la population dénonce toujours sur le terrain les arrivées massives de kwassas kwassas, et a le sentiment très ancré qu’elles pourraient toutes être empêchées grâce aux technologies modernes… Que répondez-vous face à ces critiques ?

G. D. : Les chiffres sont pourtant très parlants, l’opération Shikandra a permis d’obtenir de vrais succès : en 2019, dernière année de référence, nous avons atteint un niveau record d’éloignement avec 27.400 éloignements. Depuis le 1er janvier, 14.700 éloignements ont été conduits, et ceci malgré les très nombreuses contraintes sanitaires. Depuis le début de l’année 2021, 75% des kwassas kwassas détectés ont été interceptés ou ont fait demi-tour : comparé à 2019, ce sont plus de 1.300 étrangers en situation irrégulière qui n’ont pas réussi à atteindre Mayotte. Les opérations de destruction des bidonvilles se poursuivent, elles sont concrètes et visibles pour les habitants. Nous allons poursuivre et accentuer notre mobilisation, par le recours à la surveillance aérienne, qui reprendra dans les jours à venir et, je suis en mesure de vous l’annoncer, sera totalement pérennisée en 2022. De nouveaux intercepteurs plus performants sont en construction et seront livrés début 2022. Le dispositif est donc en constant renforcement et amélioration. Les Mahorais ne doivent pas avoir de doute, sur ce sujet, notre détermination est totale.

FI : Plus précisément au sujet de l’insécurité, le gouvernement met en avant la hausse constante des effectifs (gendarmerie et police). Pourtant, les chiffres de la délinquance explosent. Face à un sentiment d’abandon, on constate de plus en plus d’appels à se faire justice soi-même. Comment comptez-vous regagner la confiance des Mahorais ?

G. D. : Dès son élection, le président de la République a décidé d’augmenter de 10.000 le nombre de policiers et gendarmes en France. Grâce aux parlementaires de la majorité qui ont voté cet effort important, et je salue ici la députée Ali Ramlati ainsi que nos deux sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Abdallah Hassani, les effectifs de police et de gendarmerie ont augmenté de 45% depuis 2017, cela représente 381 policiers et gendarmes nets de plus en quatre ans, aucun autre territoire n’a bénéficié d’un tel renforcement des effectifs. Cet effort est justifié par la pression migratoire, mais également par la violence que subissent ici nos concitoyens. En début d’année, et en lien étroit avec le ministre des Outre-mer, j’ai décidé l’envoi très rapide de renforts pour faire face à cette violence : deux pelotons de gendarmes mobiles et une dizaine d’enquêteurs de gendarmerie, soit 42 gendarmes projetés rapidement. Notre objectif était bien de sécuriser le territoire, de mettre fin aux violences, mais également d’interpeller plus rapidement les auteurs pour les mettre à la disposition de la Justice. C’est ce qui a été fait car douze individus ont été interpellés puis placés sous écrous dans le cadre de trois homicides, faisant suite à des affrontements entre bandes. Seul ce travail de présence sur le terrain et d’enquête permettra d’obtenir des résultats durables. La lutte contre cette délinquance de plus en plus violente constitue l’un des objectifs que je fixe au préfet de Mayotte et aux forces de police et de gendarmerie, je leur rappellerai au cours de mon déplacement. Mais pour aller plus loin, nous aurons besoin du soutien des élus pour développer encore la médiation sociale, la vidéoprotection, les polices municipales : c’est parce que nous aurons une réponse globale et cohérente que nous ferons reculer cette violence et ces phénomènes de bande. L’État sera à leurs côtés pour progresser sur ces sujets.

FI : À l’inverse des autres DOM, Mayotte n’est pas encore touchée par la « quatrième » vague. Quelles décisions fortes comptez-vous prendre pour que l’île aux parfums ne revive pas un pic épidémique comme en début d’année civile ?

S. L. : Je ne cesserai de le redire : la seule solution pour se protéger du virus et de ses variants, c’est la vaccination ! Si nous voulons éviter à Mayotte ce que nous vivons dans les Antilles et en Polynésie – et j’aurais l’occasion de le dire sur place – il faut se faire vacciner. Les doses sont présentes en nombre sur le territoire, Mayotte, comme tous les Outre-mer, ont été les premiers territoires dotés de la République ; nous avons très tôt élargi la cible vaccinale pour tenir compte des spécificités de la pyramide des âges de Mayotte ; les centres de vaccinations sont présents en nombre et je tiens à saluer le dévouement des élus et des volontaires. Il faut maintenant poursuivre l’effort et que chacun aille se faire vacciner, ou puisse convaincre son entourage si c’est déjà fait pour lui. Je peux comprendre qu’il faille faire de la pédagogie autour de ce vaccin, nous continuerons à le faire, mais nous sommes dans une course contre la montre face à cette épidémie.

visite-ministerielle-lecornu-darmaninPendant ce temps-là, l’équipe du Petit Dom les attend de pied ferme

C’est devenu une tradition. Depuis 2015, toute visite ministérielle s’accompagne d’un bizutage respectueux, mais incisif du Petit Dom. La venue de Sébastien Lecornu et de Gérald Darmanin ne dérogent pas à cette règle, malgré leurs annulations à répétition « qui ont bien failli nous lasser ». Voici le message retranscrit en intégralité :

On n’y croyait plus ! Je viens – Je viens plus ! Je viens-je viens plus !

Bon c’est vrai aussi que y’a des sujets bien plus essentiels que les 375 km2 de terres tropicales plantées au beau milieu des îles de la Lune…

Mais alors du coup… On ne sait plus trop…

Visite de courtoisie ? Loi programme ? Vigilance sanitaire ? Misère humaine ? Rattrapage social ? Détresse sécuritaire ? Grands projets ?

Allez hop ! Vous avez 4 jours pour régler tout ça !!!

Bah oui, mais à force de reculer… Faut sauter plus haut, et plus loin !

En attendant, notre Petit Dom, il est bien énervé ! Ça fait si longtemps qu’il dénonce et que rien (ou pas grand-chose) ne change…

Les gosses viennent toujours à l’école pour avoir le goûter, au collège pour avoir la collation, et au lycée pour… se sentir en sécurité !

– Les promeneurs se comparent les cicatrices et les porte monnaies vidés,

– les automobilistes font toujours le bonheur des carrossiers,

– les travailleurs ne décollent plus le pied gauche de l’embrayage,

– les scootéristes se foutent du masque mais louent le casque, (et les coudières, et les genouillères, et les armures…),

– les restaurateurs usent leurs casseroles au rythme de nos QR codes,

– les chefs d’entreprises pansent leurs salariés éborgnés (et leur compte d’exploitation 2020),

– les villageois, passé le soir, tremblent toujours sous leurs draps,

– les fonctionnaires sont toujours ravis de faire leur rentrée au commissariat,

– les touristes sont toujours surpris qu’on les salue à coup de Chombo,

– les assoiffés subissent toujours les affres d’incompétents escrocs libres comme l’air (bah voui… C’est comme ça !).

Qu’est-ce qu’on oublie encore… ? …

Ah si… Ce qui change assurément, c’est que grâce au Pass sanitaire, maintenant, on se sent en « sécurité » !!! C’était vraiment prioritaire à Mayotte. Merci.

Nous vous souhaitons quand même une belle visite de notre île aux parpaings… N’en veuillez pas à notre Petit Dom de la ponctuer de quelques petites insolences !

L’équipe du Collectif Ton Petit Dom

“Wait and see” : la communauté malgache à Mayotte suspendue à l’ouverture possible des frontières avec Madagascar

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À l’occasion d’une visite officielle en France, le président malgache Andry Rajoelina a annoncé l’éventualité d’une réouverture du pays en octobre, en fonction de la situation sanitaire. À Mayotte, la nouvelle fait mouche, même si l’expérience a appris à ne pas se réjouir trop vite.

La nouvelle a fait le trajet Paris-Madagascar-Mayotte en à peine quelques minutes. À l’occasion d’une visite officielle en France, le président malgache Andry Rajoelina a annoncé que “l’ouverture des frontières pourrait avoir lieu d’ici octobre, c’est-à-dire dans deux mois”. Une petite bombe à prendre avec des pincettes alors que le chef de l’État a bien pris le soin de la conditionner à la situation sanitaire dans les pays de provenance des passagers des lignes aériennes.

Prudence, donc, même si à Mayotte, où une importante diaspora malgache est installée, la nouvelle est sur toutes les lèvres. “J’ai ma famille là-bas, je construis une maison, et oui, j’aimerais bien aller voir où ça en est, car les photos ne suffisent plus. Et je ne suis pas le seul dans ce cas !”, explique Thani Youssouf, représentant de la Fédération des associations malgaches de Mayotte (FAMM). Pour lui, comme pour ses compatriotes de la Grande Île, cela fait bientôt deux ans que l’hypothèse d’un retour est repoussée à plus tard. “C’est vraiment dur pour nous, car il y a des gens qui ont leur famille, leur femme, leurs enfants là bas…” Si les transferts d’argent ont heureusement pu se poursuivre pendant la crise, rassurant ceux qui doivent subvenir depuis le 101ème département aux besoins de leur foyer, ce sont bien les liens physiques qui souffrent de cet éloignement prolongé.

aerien-frontiere-reouverture-madagascarStatu quo

Sans compter la détresse du Sud, où un épisode de sécheresse qui dure depuis quatre ans conduit la population à la famine. La Fédération s’était justement mobilisée pour venir en aide aux habitants, en faisant un appel aux dons en octobre dernier. “Le conteneur est prêt à partir, mais nous ne voulions pas l’envoyer sans nous. On sait trop bien comment se passent les choses là-bas”, précise Thani Youssouf.

Depuis, c’est un peu le statu quo. “On attend cette ouverture, mais on n’y croit pas encore. À chaque fois, on entend que ça va s’ouvrir, et il y a un variant de Covid et paf !, ça retombe à l’eau”, soupire ce retraité. En effet, depuis la fermeture officielle le 19 mars 2020, les espoirs de voir le pays ouvrir ses frontières ont été douchés à plus d’une reprise. Seule l’île de Nosy Be avait recommencé timidement à accueillir des touristes en octobre 2020, avant que le gouvernement malgache ne rétropédale en janvier, face à la résurgence de l’épidémie, notamment en France.

Or, l’Hexagone est justement frappé par la quatrième vague de Covid-19, et son variant Delta. Mercredi encore, le pays enregistrait 23.706 nouveaux cas selon Santé Publique France, une réalité qui pourrait bien rattraper Mayotte dans quelques semaines. “J’attends avec impatience la décision, mais je suis pragmatique. Je crois ce que je vois, car dans la situation actuelle, on ne sait jamais si la pandémie va s’aggraver ou non… Donc wait and see !”, souligne Ayub Ingar, le directeur général d’Ewa Air.

Ewa prête à mettre les gaz

Pour autant, la compagnie, qui dessert trois destinations sur la Grande Île, soit 60% de son trafic, attend la confirmation de la réouverture au pied levé. “Nous sommes prêts et nous pouvons reprendre rapidement le programme de vol dès la réouverture de l’espace aérien malgache. Nous ne demandons que ça !”, assure-t-il. Mais impossible de savoir dès aujourd’hui si Ewa pourra reprendre ses huit vols hebdomadaires habituels (deux pour Nosy Be, trois pour Majunga, et trois pour Diego) ou s’il faudra adapter le programme à la situation sanitaire, comme l’année dernière avec Nosy Be pour seule desserte. Ou encore s’il faudra limiter le nombre de passagers, alors que la demande risque d’être forte. “Tout le monde voudra partir, et je crains que les avions n’aient pas assez de place”, prédit déjà Thani Youssouf. La bonne nouvelle ? Tous les voyageurs dont les vols avaient été annulés avec la crise du Covid pourront repartir sans frais, sauf adaptation tarifaire en fonction de la demande, assure le directeur d’Ewa.

Les entreprises malgaches au chevet du président

Bref, le sujet est surveillé de près, tant de notre côté du bras de mer que de Madagascar, où les acteurs économiques, hôteliers, restaurateurs et acteurs du tourisme en tête font pression sur le gouvernement malgache. Car si le secteur ne pèse que 7% du PIB national, il fait vivre près d’un million de personnes, selon le Groupement des entreprises de Madagascar (Gem). Et les sociétés privées n’ont pas bénéficié de mesures de soutien comme en France…

Après sa visite au MEDEF à l’Hippodrome de Longchamp, dans le cadre de la Rencontre des Entrepreneurs Francophones (REF), qui visait notamment à inciter les patrons français à venir s’installer de notre côté du globe, Andry Rajoelina doit rencontrer le président de la République Emmanuel Macron ce vendredi. Alors peut-être apportera-t-il des précisions sur les contours qu’il compte donner à cette réouverture.

Bientôt une vitrine numérique pour faciliter la proximité entre les artistes mahorais et leur public

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Ce jeudi, les différents collaborateurs de la jeune société Wimbo se retrouvaient pour leur première séance de travail dédiée à leur future application mobile. D’ici le début de l’année prochaine, ce nouveau média social devrait révolutionner la vie des artistes de Mayotte, et à plus long terme, du monde.

C’est un projet ambitieux que s’apprête à lancer la société Wimbo, fondée par un jeune Mahorais. Le projet novateur de Naoufal Chanfi Mari ? Un tout nouveau média social dédié à l’art sous toutes ses formes, afin de faciliter le contact entre les artistes, de Mayotte, de la région, et à terme, au-delà avec leurs public ou même avec d’autres créateurs.

« J’avais eu l’idée d’un projet similaire en 2010, quand j’étais encore étudiant », se remémore l’entrepreneur. À l’époque, Naoufal lance un blog afin de mettre en avant les artistes mahorais. « Mais beaucoup ont commencé à gagner en notoriété et à me demander où étaient les retombées économiques. » Alors, il envisage une plateforme musicale de streaming, avant de se raviser : « Finalement, ça n’avait rien d’innovant ou de nouveau, et se posaient de grosses difficultés de droit d’auteur. » Alors, il cherche une nouvelle alternative.

Rendez-vous début 2022

Là, germe son idée novatrice. Celle d’une nouvelle plateforme, sorte de mélange entre LinkedIn, Instagram, Spotifiy et Tik-Tok, où les artistes, qu’ils soient chanteurs, musiciens, sculpteurs, peintres, dessinateurs, performeurs, humoristes, comédiens, etc., pourraient directement partager leurs contenus, leurs nouveautés, leurs exclus, et interagir au plus près de leur public, comme aucun autre réseau social ne le permet jusqu’alors. Le tout via une application mobile, disponible d’ici début 2022 sur iOS et Androïd, en version française, mais aussi anglaise afin de viser une portée internationale.

« Une vraie visibilité »

« Avec la crise sanitaire, cela pourrait répondre à certains besoins, pour le public comme pour les créateurs », projette le président de Wimbo, dont le nom de la future application n’est pas encore définitivement arrêté. Jeudi avait lieu la première réunion de travail entre Naoufal Chanfi Mari, ses trois associés et une poignée d’autres collaborateurs, de proches amis entrepreneurs, issus du monde entrepreneurial, juridique, commercial et financier. De quoi faire émerger de nouvelles idées, comme faciliter la collaboration entre les artistes, mais aussi fluidifier les échanges avec les institutions et partenaires potentiels, et les lieux de spectacles, qu’il s’agisse de salles dédiées, comme de bars et boîtes de nuit. « À Mayotte, les artistes manquent d’une vitrine, d’une vraie visibilité et de structures adaptées », rappelle l’équipe, espérant bien permettre à la culture mahoraise de percer toujours un peu plus à l’échelon régional, national et international.

Le manque de personnel, une menace pour la survie des crèches de Mayotte

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Depuis deux mois, le siège de directeur au sein de la crèche des Beaux Enfants, en Petite-Terre, reste vacant. Entre petits moyens, alignement du droit commun et manque de personnels diplômés sur place, la petite enfance à Mayotte est confrontée à de lourds défis. Et si l’établissement ne les relève pas, il pourrait fermer ses portes définitivement.

La situation dure depuis le mois de juillet. Suite à la démission de son éducatrice de jeunes enfants, la garderie associative des Beaux Enfants, unique crèche de Petite-Terre, cherche désespéramment repreneur au poste. Mais faute de professionnels diplômés sur place, l’établissement ouvert depuis 32 ans menace de fermer définitivement ses portes.

« C’est un poste obligatoire pour ouvrir une crèche de plus de 30 enfants, alors que la nôtre compte 32 places », développe Victoria Carbou, présidente de l’association de la garderie, dont dépend une cinquantaine de familles au total. Problème : la formation nécessaire au poste n’existe pas à Mayotte, à l’instar des autres diplômes nécessaires à la gestion d’une crèche. Pour ne rien arranger, l’Hexagone connaît déjà un sous-effectif en la matière et la mauvaise image de Mayotte depuis la métropole nourrit nombre de réticences chez les potentiels néo-arrivants. « La petite enfance est sûrement l’un des domaines les plus difficiles à pourvoir en emploi à Mayotte », complète à son tour Namour Zidini, recruteur au sein de Maestria Recrutement, et par ailleurs administrateur de la crèche les Mini-explorateurs à Koungou.

creches-personnel-difficultes-fermeture« Un autre frein, c’est l’attractivité des salaires », concède-t-il. « Prenons l’exemple des infirmiers scolaires : à trois ans d’expérience, ils gagneront 2.000 euros par mois, contre 5 à 800 de plus au CHM… En sachant qu’il y a aussi une pénurie d’effectif à l’hôpital ! » Faute d’alignement des salaires, les candidats se bousculent d’autant moins aux portes des crèches. Pis, alors même que leur budget de fonctionnement est approvisionné à hauteur de 70% par des subventions publiques, « nous restons soumis à des barèmes fixés par la Sécurité sociale, qui valident également les grilles salariales », précise le recruteur. « Et c’est pour cela que l’on se retrouve avec beaucoup de candidats qui refusent de venir travailler ici, parce qu’ils jugent le salaire trop bas pour un endroit qui leur renvoie parfois une image d’insécurité. »

Le droit commun en décalage avec les réalités locales

Mais en matière de formation et de qualification, les difficultés ne s’arrêtent pas là, au contraire. « C’est de plus en plus compliqué », concède Fatima Abodou, présidente de la fédération des crèches à Mayotte. En effet, avec l’alignement du droit commun, la protection maternelle et infantile (PMI) exige désormais depuis une poignée d’années que seuls les professionnels diplômés puissent exercer en crèche. « Donc on se retrouve à essayer de recruter des gens sur l’Hexagone ou à La Réunion », complète Victoria Carbou. « Alors qu’on a des tatis qui s’occupent de nos enfants depuis 1991 ! Les conditions imposées par la PMI sont les conditions nationales, mais à ce stade, ça ne colle pas aux réalités locales. »

Pour remédier aux problèmes, plusieurs pistes ont déjà été lancées. Parmi elles, la fédération mahoraise des crèches espère pouvoir récolter des fonds publics supplémentaires, notamment par le biais du conseil départemental – en charge de la PMI –, de la préfecture ou de la caisse de Sécurité Sociale elle-même. « On souhaiterait que les salaires soient revus pour les professionnels qualifiés, dûment diplomés, à travers la mise en place d’un système de prime ou d’indexation », à la façon de ce qui se fait déjà dans le public, dans un souci d’attractivité.

Autre chantier, un projet de formation d’assistantes maternelles pour diversifier l’offre de garde des enfants, « en insérant des femmes au foyer éloignées de l’emploi mais qui savent s’occuper d’enfants pour l’avoir fait une grande partie de leur vie », défend Namour Zidini. Car à Mayotte, le statut d’assistance maternelle n’existe pas à ce jour, compliquant les alternatives pour les parents ne pouvant pas placer leurs bambins en crèche – une solution par ailleurs souvent moins coûteuse pour les ménages. Dans le cas de celle des Beaux Enfants, celle-ci risque de voir sa fermeture ordonnée si un ou une directrice diplômée n’est pas rapidement recrutée. « Là, on perdrait l’agrément, on devrait recommencer tout un dossier en repartant de zéro pour rouvrir, comme si la crèche n’avait jamais existé. » Une crèche qui, après plus de trois décennies d’existence, assure aujourd’hui l’emploi d’une quinzaine de personnes, et permet la garde d’enfants issus de familles précaires, modestes ou monoparentales, puisque les frais de scolarité sont calculés au prorata des revenus du foyer.

Budget 2021 : du mieux, mais encore des efforts à fournir pour le syndicats des eaux de Mayotte, juge la CRC

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Avec un déficit pour 2021 qui frôle les 400.000 euros pour le volet eau, et les 12,5 millions d’euros pour le volet assainissement, le syndicat des eaux a encore de la marge avant de pouvoir retrouver une stabilité financière. Mais la réduction de la voilure depuis l’arrivée de la nouvelle équipe il y a un an donne des signaux encourageants.

Peut mieux faire. C’est en substance l’appréciation obtenue par le Syndicat mixte d’eaux et d’assainissement de Mayotte auprès de la Chambre régionale des comptes pour le budget primitif 2021, voté le 3 juillet dernier. Étant donné les mesures de redressement dont il fait l’objet pour sa gestion débonnaire depuis déjà quelques années, le préfet a transmis à la chambre le compte administratif 2020 et le budget primitif 2021 du syndicat, conformément au code général des collectivités territoriales. Et le 19 août, sur la base des éléments fournis et dans un délai contraint, les Sages ont donc rendu leur avis. Ils reconnaîssent la trajectoire vertueuse de la nouvelle équipe mais rappellent que de nombreux efforts restent à fournir pour revenir enfin à l’équilibre.

Après correction par la CRC, les deux volets du budget 2021, l’eau et l’assainissement, présentent encore des déficits : 392.371 euros pour le premier, 12.305.449 euros pour le second. Pour les deux branches du syndicat, les magistrats jugent ainsi que “les mesures nouvelles prises par le syndicat pour rétablir l’équilibre budgétaire sont insuffisantes”. Pour la défense des élus, il faut dire que la structure revient de loin : l’année dernière, le même rapport pointait déjà une dette de 40 millions d’euros, fruit d’une gestion “lacunaire” et d’une évolution de la trésorerie “préoccupante”. Avec, pêle-mêle : des travaux de débroussaillage, des dépenses de formation “sans réalisation effective”, des “voyages et déplacements en métropole, à Madagascar, en Inde”, ou encore une “flotte de 34 véhicules pour 105 agents”, sans oublier bien sûr une masse salariale bien gourmande.

Le SMEAM a évité le pire en 2020

Bref, la nouvelle équipe avait hérité d’un joyeux désordre. À l’époque, la question se posait même de pouvoir payer tous les salaires à la fin du mois… Mais en un an, le syndicat a déjà réduit sensiblement la voilure. “La collectivité a réalisé des efforts importants afin de fiabiliser les résultats, et leur examen ne fait pas ressortir des dépenses et des recettes insincères”, souligne d’ailleurs la chambre. Et le nouvel avis de citer la baisse des charges du personnel de près de 240.000 euros pour le budget eau, qui s’explique notamment par le non renouvellement des contrats ou la non titularisation des agents, des mesures de redressement préconisées par la CRC dès 2019. Ou encore la vente de véhicules, sur recommandation datant de 2020 cette fois, pour un total de 20.000 euros.

Des impayés qui coûtent cher

Pour autant, il y a encore de grandes marches à franchir pour espérer retrouver une stabilité financière. La charge de la dette s’élève ainsi à près de 400.000 euros, en hausse de 60.000 euros par rapport à 2020, pour le budget eau, et à 625.000 euros pour l’assainissement. Des montants considérables qui s’expliquent par les emprunts effectués auprès de l’Agence frrançaise de développement (AFD) et de la Caisse des dépôts et consignations mais aussi par les retards de paiement des intérêts des années antérieures. Ces impayés concernent aussi les factures générées auprès des entreprises et qui s’empilent au syndicat des eaux, générant là encore intérêts moratoires et pénalités. “L’amélioration de sa trésorerie permettra au syndicat de payer dans les délais réglementaires ses factures et de réduire ainsi le montant des intérêts moratoires versés”, avance la chambre.

De l’autre côté de la balance, le syndicat peine lui aussi à recouvrer l’ensemble de ses factures, et son budget primitif laisse par exemple apparaître un montant de titre émis et non encaissés de plus de 3.9 millions d’euros pour la partie eau, et à peu près la même chose pour la partie assainissement. Problème : certains titres parmi les plus anciens datent de 2005 et une partie “paraît difficilement recouvrable”, note le rapport. “Le suivi du reste à recouvrer est un paramètre du retour à l’équilibre.”

Les investissements patinent

Du côté des investissements, tant en eau qu’en assainissement, même si les prévisions sont en hausse – une bonne chose vu le retard pris dans le développement des infrastructures – la CRC déplore un niveau de réalisation des dépenses très faible. Enfin, si les magistrats saluent la revalorisation des prix de vente d’eau aux abonnés, ils notent à la date du contrôle que le niveau de réalisation n’était que de 33%. Et au risque de faire monter la moutarde au nez des Mahorais, l’avis propose de revaloriser les tarifs en tenant compte du coût réel des investissements…

Au vu de cette analyse, “le retour à l’équilibre des budgets eau et assainissement est inenvisageable en 2021 et les budgets votés ne s’inscrivent pas dans les trajectoires arrêtées par la chambre en 2019 et 2020, notamment en matière de maîtrise des dépenses d’exploitation”, conclut l’avis. Les magistrats préconisent donc une poursuite de la fiabilité des comptes, un accompagnement technique externe de proximité et une priorisation des demandes de paiement pour se prémunir d’un alourdissement des demandes d’intérêts moratoire et de pénalités. Enfin, au niveau de la masse salariale, la mise en place d’une gestion prévisionnelle des effectifs, le non remplacement systématique des départs en retraite et le questionnement sur la pertinence des emplois contractuels semblent indispensables pour retourner dans le vert. Seulement alors le syndicat des eaux pourra “dégager les marges financières (tant en dépenses qu’en recettes) pour la réalisation des projets nécessaires au développement du territoire en matière d’eau potable et d’assainissement”. Et Dieu sait que Mayotte en a besoin !

Le comité de rugby, l’UNSS, le rectorat de Mayotte et le CUFR transforment l’essai

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Ce mercredi 25 août, le rectorat de Mayotte, le comité de rugby, le centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) ainsi que l’union nationale du sport scolaire (UNSS) ont signé une convention afin de valoriser et de développer cette activité sportive dans le 1er et le 2nd degré ainsi que dans l’enseignement supérieur. Le but est de former les futurs enseignants de l’académie et de dénicher les talents de demain, tout en favorisant la pratique sportive dès le plus jeune âge.

« La finalité de la démarche avec le rectorat, l’UNSS et le CUFR est de faire du bruit autour du rugby. » Au moment d’enchaîner non pas une mais trois signatures de convention, Éric Landmann, le président du comité du ballon ovale, ne cache pas sa joie de voir son sport de cœur être au centre de l’attention ce mercredi 25 août. « Je me réjouis de toutes les perspectives », s’exclame-t-il, avec une émotion certaine. De petites griffes, donc, qui risquent bien de mettre un coup d’accélérateur à ce jeu d’origine anglo-saxonne.

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Un engouement partagé par le directeur adjoint du centre universitaire, Abal-Kassim Cheik Ahamed. « Le rugby apporte de réelles valeurs, transposables aux études universitaires. » Raison pour laquelle cette activité fait son entrée au Panthéon du créneau culturel et sportif instauré le vendredi de 11h à 14h au sein de l’établissement public, créé en octobre 2011. « L’enseignement supérieur ne se limite pas aux cours… Il faut trouver un équilibre d’ensemble, c’est capital », insiste le supposé successeur d’Aurélien Siri. Tout cela, dans un souci de transmission comme le rappelle Éric Landmann. « Au CUFR, il y a les futurs instituteurs, qui vont toucher la jeunesse mahoraise. À nous de leur donner l’appétit, le goût et l’envie de rugby pour qu’ils se rajoutent une corde à leur arc. » Une manière de sensibiliser en amont cette nouvelle génération d’enseignants dans le 1er degré, pour ne pas les retrouver le bec dans l’eau une fois en poste ! « Les 11 circonscriptions vont être accompagnées par des formateurs de la fédération », ajoute pour sa part Gilles Halbout, le recteur.

Des infrastructures à perfectionner

Et cette ambition locale rejoint une volonté avant tout nationale : faire en sorte que la pratique du sport, rugby compris, se démocratise dès le plus jeune âge. Voeu pieux du ministre de l’Éducation national, Jean-Michel Blanquer qui souhaite mettre durablement en place 30 minutes d’activités physiques quotidiennes dans toutes les écoles. Mais pour atteindre cet objectif, encore faut-il bénéficier des infrastructures adéquates. Or, les pelouses brûlées par le soleil en cette saison sèche s’avèrent être davantage le terrain de jeu des zébus que des amateurs de l’ovalie. « La Drajes (délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports) a fait des études sur le mauvais état de certains équipements », admet volontiers le responsable de l’académie. « Mais il existe des projets en cours. » À l’instar de la construction du premier centre sportif de haut niveau de Mayotte, situé à Miréréni, dans la commune de Chirongui, dont l’appel d’offre vient d’être notifié par le conseil départemental le 19 août dernier.

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En attendant une livraison prévue d’ici 2027, le territoire peut compter sur l’investissement sans faille de l’union nationale du sport scolaire pour mettre en lumière le rugby – « déjà pas mal prisé dans les établissements du 2nd degré », souligne Philippe Montec, le directeur régional – lors des rendez-vous du mercredi après-midi. Avec en tête quatre objectifs clairs : le développement de la pratique féminine, la promotion du jeu sous toutes ses formes, la formation des jeunes arbitres ou encore la détection des talents de demain. Ne reste plus qu’à transformer l’essai !

Pour sa première rentrée après Miki, le lycée du Nord veut prendre un nouveau départ

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Les quelque 106.000 élèves du département retournent progressivement sur les bancs de l’Éducation nationale à partir de ce mardi. Pour l’occasion, le préfet et le recteur ont rendu visite au lycée de la cité du Nord, endeuillé l’année dernière par une agression mortelle. Aujourd’hui, tous veulent tourner la page de l’insécurité.

Il est 8h53 à Mtsangadoua, et un petit groupe de responsables administratifs et représentants des parents d’élèves jettent des coups furtifs à leur montre. Ce mardi, le préfet Thierry Suquet et le recteur Gilles Halbout sont attendus à la cité du Nord pour une rentrée hautement symbolique. Car c’est là, sur ce bitume aujourd’hui mouillé par les averses nocturnes, que le jeune Miki a reçu entre deux bus scolaires des coups de ciseau mortels à la tête, en avril dernier.

Depuis le drame, tout le monde s’accorde à dire que les choses ont changé. La preuve ? Devant le lycée, là où défilent chaque jour les autocars pour décharger les centaines d’élèves, un grillage surmonté de barbelés a bel et bien été érigé depuis la fin de l’année scolaire, grâce à la mobilisation du rectorat. “Vous pouvez voir ce qu’on a fait rapidement avec les équipes”, indique Gilles Halbout, à peine arrivé. Une action effectivement saluée de tous, et qui a donc fait ses preuves pour ce premier jour de rentrée. “Aujourd’hui, sur cette problématique des transports, nous avons pu constater la fluidité des rotations, c’est-à-dire que contrairement à auparavant, un bus ne reste pas là, il décharge et s’en va”, confirme Martine Banerjee, la proviseure de l’établissement, qui assure par ailleurs tout mettre en place pour éviter que les élèves ne traînent devant les grilles avant de monter dans le véhicule. Côté parents d’élèves aussi, on applaudit la réactivité de l’académie. “Ce qu’on a demandé a été instauré, on le voit, il y a la grille. Maintenant ce qu’il faut surtout, c’est du renforcement humain”, nuance toutefois Mariama Djailani, la représentante de la FCPE.

Le regard tourné vers les projets d’avenir

Mais le lycée et le rectorat ne comptent pas s’arrêter là et la visite du jour vise aussi et surtout à mettre l’accent sur l’avenir. En contrebas, le chantier du gymnase avance ainsi à grands pas. “Nous sommes en train de préparer une plaque en l’honneur de Miki. Il était footballeur au club des Abeilles”, souligne Gilles Halbout. Un chantier qui s’inscrit dans la lignée de développement des filières d’excellence, alors que le lycée lance aussi une section sportive pour les Secondes de cette année. L’autre nouveauté de cette rentrée : cinq classes supplémentaires en préfabriqué, pour soulager un peu cet établissement de plus de 1.700 élèves, conçu pour en accueillir initialement 900.

Pour être honnête Monsieur le Recteur, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant”, glisse la proviseure sur le chemin de la visite. Une réalité qui n’épargne malheureusement aucune structure de l’île. Temporaires, ces solutions, qui ont l’avantage d’être mises sur pied rapidement, visent à pallier un manque de salles, estimé à 800 sur le territoire. “Nous en avons 110 sur les lycées et nous commençons à en distribuer sur les collèges en attendant que les futurs établissements sortent de terre”, argumente le responsable de l’académie. Un ambitieux programme de constructions scolaires prévoit en effet la livraison de quatre lycées et neuf collèges d’ici à 2026.

La sécurité sur la table

Enfin, encore dans les cartons pour la cité du Nord : le projet d’une salle de restauration, demande réitérée par la nouvelle proviseure à l’occasion de cette visite institutionnelle. “C’est ce qu’il reste à faire, car comme il n’y a pas de cantine, certains élèves qui n’ont pas emporté de collation, seront malgré tout obligés de sortir”, explique Martine Banerjee. De quoi ramener le sujet de la sécurité sur la table…

Lequel n’est d’ailleurs jamais bien loin. Dans une classe de Seconde, une petite main se lève timidement : “Monsieur, j’ai une question, j’ai vraiment peur pour la sécurité”, lance le nouveau venu. Même si ce jour de rentrée est consacré aux nouveaux entrants, tous ont bien sûr déjà entendu les rumeurs. “Il y a une vigilance sur les bus, le préfet a mis les moyens et sur la vie scolaire, nous allons travailler avec Madame la proviseure, par exemple avec les élèves pairs”, mentionne Gilles Halbout pour calmer ses craintes. “Nous avons un système d’alerte en cas d’incident pour intervenir immédiatement, et nous avons mis en place des liaisons avec la gendarmerie. L’objectif pour nous c’est que vous soyez en sécurité car on ne peut pas faire des études sans cela. Mais cela dépend aussi de vous, et du respect des règles”, conclut Thierry Suquet.

Un plan d’ampleur pour sauver la couleuvre de Mayotte

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Espèce endémique du 101ème département, la couleuvre de Mayotte est classée depuis plusieurs années comme espèce en danger critique d’extinction. Pour œuvrer en faveur de sa préservation et donc de la biodiversité, un plan national d’actions fait actuellement l’objet d’une consultation du grand public, avant sa validation par le ministère de la transition écologique.

Elle est discrète, mal aimée, et surtout, classée « en danger critique d’extinction » par l’union internationale pour la conversation de la nature (UICN). Dans le 101ème département, rares sont les chanceux à avoir vu ramper la couleuvre endémique de l’île. En 2019, l’association des Naturalistes recensait seulement 38 observations de l’espèce à Mayotte, – pour environ 70 au niveau de l’archipel des Comores -, « dont cinq individus morts ».

Mais en mai dernier, un pas jusqu’alors inimaginable était franchi pour la préservation de la couleuvre de Mayotte, puisque le conseil nationale de protection de la nature (CNPN) donnait un avis favorable au plan national d’actions (PNA) en faveur de l’espèce. Un progrès considérable, à l’heure où aucun action n’avait encore été entreprise auprès de la population locale concernant les menaces qui planent sur le reptile terreste. Et depuis ce 19 août, le public peut désormais prendre part aux consultations liées à ce plan, jusqu’au 12 septembre 2021, avant que celui-ci ne soit soumis à la validation par le ministère de la transition écologique.

Depuis 2016, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages prévoit que l’État établisses des plans nationaux d’actions en faveur des espèces endémique de faune ou de flore sauvage particulièrement menacées, identifiées comme en danger dans la liste rouge nationale établie par l’UICN, soit 120 espèces environ, dont 80% vivent dans les Outre-mer. Ainsi, le PNA fraîchement approuvé devrait permettre de concrétiser 14 actions et 57 activités autour de cinq objectifs principaux : l’amélioration des connaissances sur l’espèce et ses facteurs de régression, la sensibilisation, la communication l’information et la formation des différents acteurs susceptibles de la rencontrer sur le terrain, la mobilisation de fonds européens, nationaux, locaux et privés, l’anticipation des urgences de la conservation de l’espèce et des milieux naturels qu’elle fréquente et la création d’un réseau d’observateurs régulier pour améliorer la gestion de l’espèce.

« Au vu du manque actuel de connaissances sur la couleuvre de Mayotte (mise en œuvre d’une ou plusieurs thèses sur le sujet), de certaines actions qui nécessitent un temps long (par exemple la compréhension des origines à Mayotte de la peur du serpent en amont d’actions de sensibilisation importantes, création d’un conservatoire pour l’étude et la protection de l’espèce), le PNA couvre une période de dix ans », développe le ministère. « Pour tenir compte de l’avis du CNPN, sera mis en place un bilan à mi-parcours avec réorientation éventuelle des actions dans la seconde moitié du PNA, en complément du suivi annuel par le comité de pilotage. »

L’homme, principale menace de l’espèce

Si les connaissances autour de la couleuvre de Mayotte sont à ce jour « quasiment inexistantes », les menaces et causes de son extinction sont déjà connues, et ont même été hierarchisées par odre de priorité dans le cadre du plan national d’actions. Arrive en première position, à court et moyen terme, le développement de l’agriculture intensive (réduction des surfaces naturelles, augmentation des probabilités de rencontres avec l’homme), la peur du serpent due aux croyances locales menant à la destruction quasi systématiques des individus situés à proximité des activités humaines, le développement démographique et des surfaces urbanisées. À court et long terme cette fois, pèsent le risque d’incendies de forêt et celui d’invasions biologiques liées aux prédateurs (comme le chat, le rat ou la civette). « Toutefois, le plus dangereux reste l’Homme puisqu’il la craint et préfère la tuer », insistait déjà deux ans plus tôt les Naturalistes de Mayotte, par ailleurs autrice d’un Atlas de la distribution de toutes les espèces de reptiles et d’amphibiens de Mayotte en partenariat avec le Muséum de Munich et l’éditeur Biotope Édition.

Déjà le 5 janvier dernier, le conseil national de protection de la nature et le conseil scientifique du patrimoine naturel de Mayotte tiraient la sonnette d’alarmes quant à la disparition de la biodiversité due aux défrichements de forêts, bien souvent par brûlis, une pratique illégale. Entre 2011 et 2016, l’île aurait ainsi perdu 1.500 hectares de forêt, faisant d’elle le département le plus déforesté de France, à un niveau similaire à celui de l’Argentine ou de l’Indonésie.

Dans ce contexte, et comme recommandé par le CNPN, la réserve naturelle nationale de Mayotte voyait le jour en mai dernier, 14 ans après la création de celle de l’îlot M’Bouzi. Superficie totale : 2.801 hectares repartis sur six massifs forestiers, soit 7,5% du territoire terrestre mahorais, et 51% des forêts domaniales et départementales, où sont dorénavant strictement interdits exploitations, constructions, chasse, pêche, camping, bivouac, etc. Reste encore la menace à plus long terme liée au réchauffement climatique, face auquel Mayotte est particulièrement exposée, comme l’a récemment rappelé le dernier rapport du GIEC.

Pétanque à Mayotte : des résultats en dent de scie aux championnats de France jeune, mais du crédit pour l’avenir

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Six jeunes joueurs de pétanque se sont rendus à Nevers la semaine dernière pour participer aux championnats de France jeunes. Si les résultats ne sont pas ceux escomptés, le comité départemental aspire à prendre les choses en main pour mieux préparer et encadrer ses représentants à l’avenir.

Ils s’appellent Kaiss Abasse, Omar Djanfar Abdallah, Kamil Kamardine, Arsane Madi, Raoul Boinali Salime et Bravo Nassim Soulaimana. Âgés de 9 à 16 ans, ils reviennent tout droit de Nevers où ils ont pris part, au centre Expo, le week-end dernier aux championnats de France jeunes de pétanque. « Ce n’était pas la première fois que nous y participions », rappelle Madi Fahar, le président du comité de pétanque à Mayotte. « En 2019, notre équipe juniors avait atteint les demi-finales. » Un parcours remarquable, aux antipodes de celui réalisé cette année… Avec un bilan comptable de quatre défaites en autant de rencontres, les trois gaillards de la catégorie rentrent avec un goût amer en bouche.

Une déception atténuée par la prestation, plus qu’honorable, de leurs camarades engagés chez les minimes et éliminés en 32ème de finale. « Ce cinquième match était serré, il y avait quelques ajustements à régler pour l’emporter. Mais les jeunes ont fait le contraire de ce que je leur ai demandé », sourit après coup, Rafiki Nidhoimi, l’un des deux éducateurs qui a fait partie du voyage. Tantôt impressionnés par le gabarit de leurs adversaires, tantôt émoussés par le rythme effréné de la journée de samedi, les six participants ne nourrissent aucun regret tant la marche semblait tout simplement trop haute à atteindre.

Préparer dès maintenant l’édition 2022

Rentrée au bercail ce mardi, la délégation ne veut retenir que le positif et surtout apprendre de ses erreurs pour franchir un cap. À l’instar du coach titulaire des brevets fédéraux 1 et 2. « J’ai reçu une grande claque », avoue-t-il. « Je me suis dit que je devais prendre les choses en main pour rectifier le tir. » À commencer par l’endurance. Car oui, si la pétanque est un sport fixe, celui-ci exige des aptitudes physiques au-dessus de la moyenne pour concourir dans de bonnes conditions. Malgré une préparation individualisée au cours des six semaines qui ont précédé la compétition, rien ne remplace l’enchaînement des tournois, tout naturellement « freinés » en raison de la crise sanitaire. « Je vais me pencher sur le planning de toutes les rencontres prévues par le comité pour les préparer dès maintenant aux championnats de France de 2022. »

Pour autant, tout n’est pas à jeter, comme le précise Madi Fahar, qui se montre moins virulent dans ses propos. « Cela reste une grande satisfaction si l’on se compare aux autres départements métropolitains qui ont des moyens considérables, à l’image de leurs boulodromes. Nous, nous nous entraînons comme nous pouvons, où nous pouvons… » En effet, le président préfère relativiser et voir le verre à moitié plein. « À chaque inscription, de nouveaux jeunes rejoignent nos différents clubs. Cela nous motive à sortir ces gamins de la rue ! » Cette année, la ligue mahoraise recense pas moins de 662 licenciés, toutes catégories confondues et espère même nouer un partenariat avec l’union nationale du sport scolaire (UNSS) pour proposer cette activité aux collégiens.

Rayonnement sur la scène régionale

Au-delà de ces derniers résultats mi-figue mi-raisin, la pétanque mahoraise a sans aucun doute de beaux jours devant elle. Puisqu’elle domine largement la scène régionale (Union des Comores, La Réunion et Madagascar). Preuve en est à l’occasion du tournoi grand prix de Mayotte, un rendez-vous incontournable depuis 1998. « Aucun n’a été remporté par des contingents extérieurs à l’exception de la première édition. Cela montre bien notre capacité à pouvoir bien faire », vante Rafiki Nidhoimi. Une prouesse à laquelle s’ajoute la victoire lors de la coupe des DOM-TOM en 2019 à Dijon par l’équipe séniors. Certes, la relève tarde encore à performer à l’échelle nationale, mais cela ne doit pas remettre en cause la dynamique enclenchée. « Pour l’avenir, je reste vraiment confiant par rapport à ces jeunes. »

Port du masque, auto-test, vaccination : les grands enjeux sanitaires de la rentrée scolaire à Mayotte

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Alors que les élèves reprennent le chemin de l’école cette semaine, le rectorat fait en sorte que cette rentrée scolaire 2021-2022 se passe avec le moins de couacs possibles, malgré les contraintes sanitaires. Port du masque dès le CP, auto-test pour les enseignants, campagnes de vaccination pour les lycéens, cas contacts… Gilles Halbout, le responsable de l’académie, donne la tendance pour les prochaines semaines.

Si Mayotte est pour le moment épargnée par une nouvelle vague du Covid-19, la prudence reste de mise au rectorat. « Quand ça part, ça explose vite », rappelle Gilles Halbout, le responsable de l’académie. « Regardez dans les autres départements d’Outre-mer. » Entre le retour des vacances et la rentrée scolaire qui se dessine cette semaine, hors de question de prendre des risques inutiles. « Même si nous sommes dans le vert par rapport aux taux d’incidence et de positivité, nous avons quand même proposé, en lien avec l’agence régionale de santé et la préfecture, de passer en niveau 2, c’est-à-dire le protocole jaune. » Une manière de protéger l’infrastructure sanitaire fragile en cas de nouvelle vague épidémique. En d’autres termes, l’île aux parfums applique les mêmes mesures sanitaires que le territoire national, annoncées dimanche dernier dans le JDD par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale. Pêle-mêle des chiffres clés à retenir.

6. C’est l’âge à partir duquel le port du masque devient obligatoire en intérieur pour tous les élèves et le personnel. « Je ne dirais pas que nous en avons des millions, mais nous en possédons plusieurs centaines de milliers. » Alors oui, son achat s’est démocratisé au fil des derniers mois, mais le rectorat en garde sous la main en cas d’oubli de dernière minute ou de perte inopinée sur le chemin de l’école… Histoire de prévenir plutôt que de guérir ! Toute une logistique qui a tout de même de quoi donner quelques cheveux blancs. « L’expérience nous a montré que quand nous faisions des stocks locaux, ils disparaissaient », regrette Gilles Halbout. D’où la décision de tout centraliser et de procéder par un système de commandes. Aux chefs d’établissement de remonter les besoins pour se faire livrer dans les plus brefs délais.

18.000. C’est le nombre d’injections qu’espère atteindre le rectorat d’ici les prochaines vacances scolaires du mois d’octobre, soit entre 300 et 400 doses administrées quotidiennement dans les lycées. Deux établissements scolaires proposeront, « à tour de rôle » et « sur la base du volontariat », une campagne aux lycéens. Petite particularité par rapport à l’Hexagone : les jeunes mahorais de plus de 16 ans auront toujours besoin d’une autorisation parentale. « Nous sommes dans l’incitation, c’est un libre accès que nous donnons », tempère toutefois Gilles Halbout, qui insiste sur l’aspect « facultatif ».

1. Lorsqu’un cas de Covid-19 se déclare dans une classe, deux tendances prévalent. Dans le 1er degré, cela coïncide avec l’isolement strict de tous les écoliers. Et ce pendant une semaine. Dans le 2nd degré, la donne est sensiblement différente. Si tous les cas contacts à risque seront priés de rester chez eux, le reste des collégiens et lycéens pourront venir en cours. À quelques exceptions près… « Nous prendrons en compte le port du masque, le respect des distanciations physiques, le temps passé avec l’élève positif et l’évolution du schéma vaccinal », précise le recteur, avant de mentionner la réactivation de la cellule académique de contact-tracing dans le but de mener à bien ces opérations.

rentree-scolaire-protocole-sanitaire25. C’est le nombre d’auto-tests distribués à chacun des personnels éducatifs. Si ceux en poste l’an dernier sont déjà censés connaître leur mode d’emploi, celui-ci sera expliqué aux primo-arrivants à l’occasion de la journée de bienvenue prévue ce samedi. Avec un tel nombre, le rectorat conseille à chaque enseignant de se dépister chaque début de semaine pour éviter tout risque de contamination. « Nous avons des stocks à tire-larigot, il ne faut pas hésiter à les réclamer dans les infirmeries ou à nous remonter l’information pour nous faire la demande en cas de rupture. » Ils pourront par ailleurs être utilisés à l’occasion de campagnes massives ponctuelles lorsque l’augmentation du nombre de cas deviendra alarmante dans un établissement scolaire ou dans une commune en général.

 

La ventilation et la désinfection, les maîtres mots

La désinfection des surfaces les plus fréquemment touchées sera effectuée plusieurs fois par jour et les tables de réfectoire après chaque service. « Pour ce qui est du savon, nous n’avons pas de problème d’approvisionnement, mais il y a une vigilance de tous les instants », assure le responsable de l’académie. Concernant la ventilation, il y a eu toute une sensibilisation auprès des communes, qui se montraient parfois réticentes par le passé. « Nous aurons évidemment quelques couacs… », admet Gilles Halbout, mais le recteur assure qu’un état des lieux a été réalisé dans les établissements scolaires du second degré. « Nous avons encore quelques petites réparations parci parlà pour aérer l’intégralité des salles. »

Vaccination : derrière la bonne dynamique des dernières semaines, la stratégie très évolutive de l’ARS de Mayotte

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Si des disparités demeurent entre les communes, la tendance progresse très nettement ces dernières semaines, d’après les dernières données de Santé publique France. Des chiffres dopés par la levée des motifs impérieux pour les personnes vaccinées ou le passe sanitaire, mais aussi par l’adaptation du maillage territorial. En effet, depuis l’ouverture du premier centre à M’Gombani, les lieux de vaccination se sont multipliés avec pour objectif de toucher au maximum les populations les plus éloignées.

Ouverture d’un centre à l’école Koropa 2”, “nouvelle carte des centres de vaccination”, “centres fixes”, “équipes mobiles”… Au rythme des bulletins et des communiqués de l’agence régionale de santé de Mayotte, il devient parfois difficile d’y voir clair dans l’évolution de la campagne et de la stratégie vaccinales. Le dernier point de situation – données arrêtées au 16 août – envoyé vendredi par Santé publique France en lien avec l’autorité sanitaire vient toutefois jeter une lumière nouvelle sur la tendance des six dernières semaines, jugée “très dynamique, avec un taux de premières doses en forte augmentation”.

La campagne prend une tournure extrêmement différente de ce qu’on a vécu jusqu’à présent, les gens arrivent de façon massive dans les centres”, souligne Maxime Jean, infectiologue et chef de service adjoint à la veille sanitaire à l’ARS. Mieux encore : “dans chaque centre, nous faisons deux premières doses pour une deuxième dose. Ce sont des gens qui arrivent dans le système de vaccination alors qu’ils en étaient jusqu’alors éloignés”, se réjouit le pilote de l’opération. Par conséquent, la tendance actuelle pourrait bien se poursuivre ou du moins se confirmer dans les chiffres des deuxièmes doses d’ici quatre semaines.

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+70% d’injections à Koungou en deux semaines

Au premier abord, le pourcentage de vaccinés par rapport à la population totale – estimée à 279.471 personnes – semble pourtant patiner à 19,4%. Mais à y regarder de plus près, ramené à la population-cible, à savoir les plus de 12 ans, ce taux avoisine déjà les 30%. Plus intéressante encore, l’évolution du rythme de vaccination. Boosté sûrement en partie par la levée des motifs impérieux pour les voyageurs présentant un schéma vaccinal complet, et la mise en application du passe sanitaire depuis le 9 août, celui-là est monté en flèche, particulièrement sur les dernières semaines. Et la multiplication des points de vaccination y est sans doute un peu pour quelque chose. “L’ouverture des cinq sites de vaccination au CHM et dans les CMR en semaine 31, ainsi que l’ouverture d’un centre supplémentaire fixe à Koungou semaine 32 explique en partie l’augmentation importante du nombre d’injections entre les semaines 30 et 32 (+70%)”, précise le tableau de bord.

 

Centres fixes dans les grands bassins de population

strategie-vaccination-arsC’est donc en partie grâce au maillage évolutif du territoire que l’agence régionale de santé parvient à attirer les plus récalcitrants. Dans cette couverture territoriale, il y a d’abord les centres fixes qui “sont amenés à proposer une offre de vaccination pérenne à l’endroit où le bassin de population est le plus important”, c’est-à-dire à Mamoudzou, explique Maxime Jean. C’est ainsi que le premier centre avait vu le jour à la MJC de M’Gombani. Bien sûr, toute cette logistique doit se faire en lien étroit avec les municipalités, ce qui explique pourquoi il a dû être déplacé pendant les vacances au collège de M’Gombani, par exemple. Par ailleurs, compte tenu de la forte affluence les mardi et mercredi, l’ARS a fait le choix de mettre en place un centre à Tsoundzou “qui va être amené à se pérenniser pour proposer la vaccination à tous les habitants du sud du Grand Mamoudzou”, déroule le responsable.

Enfin, au vu de sa couverture vaccinale très inférieure au reste de l’île – 19,69% de premières doses, 8% de deuxième dose – un focus particulier a été mis sur la commune de Koungou, l’une des plus peuplées de l’île. Comme le précise le rapport de Santé publique France, l’analyse commune par commune, reste toutefois à prendre avec des pincettes car elle porte sur le lieu de vaccination, et non sur le lieu de résidence des personnes vaccinées. Ainsi, les populations de Koungou ont pu, par exemple, aller se faire vacciner à Mamoudzou. “Ces données constituent davantage un indicateur, une aide à la décision et non pas quelque chose de figé et de scientifique. Cela nous permet de réadapter l’offre à la hausse dans les zones où la vaccination semble plus faible”, explique Maxime Jean.

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Du centre éphémère à l’équipe mobile

C’est d’ailleurs tout l’intérêt des centres dits “éphémères”, dans le jargon de l’ARS. Ces centres sont ouverts une semaine dans chaque commune de l’île tous les 28 jours. “Ainsi, le jour de notre retour, nous pouvons assurer la deuxième injection”, développe l’infectiologue. Problème, certaines communes couvrent des territoires très étendus, et les habitants peuvent avoir des difficultés à se rendre dans les centres le jour J. “En travaillant avec les municipalités, nous nous sommes rendus compte qu’en restant au même endroit tous les 28 jours, il y avait des personnes que nous n’arrivions pas à atteindre”, retrace-t-il. D’où l’évolution vers des équipes mobiles, qui peuvent être amenées à vacciner les populations dans des écoles, bibliothèques, ou autres locaux mis à disposition par les municipalités.

Enfin, en plus de cet arsenal dont dispose l’ARS, le CHM propose lui aussi des centres dans ses CMR à Dzoumogné, Kahani, et Mramadoudou. À leur tour, le SDIS de Mayotte et le secteur libéral avec les trois maisons de santé pluridisciplinaire (Le Lagon, Jardin Créole et Hauts-Vallons) et la pharmacie des Hauts-Vallons ont pu rejoindre la course au gré de l’évolution réglementaire et de l’adoucissement des modalités de conservation – désormais, les flacons décongelés peuvent être utilisés dans les 30 jours suivant leur sortie du super congélateur, contre 5 jours en début d’année. Au total, ce sont ainsi pas moins de 18 lieux identifiés où les habitants de Mayotte peuvent désormais recevoir leur injection.

Wiz Szekonda, un artiste autodidacte de Mayotte à La Réunion

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À 26 ans, Wiz Szekonda est un artiste à part entière : chanteur, auteur, compositeur, le jeune homme multiplie les projets sur l’île de La Réunion, où il vit, mais n’oublie jamais Mayotte, d’où il vient. En quelques mois, il enchaîne les collaborations avec les talents locaux, dont, selon lui, l’île fait la force.

Son clip Aina, sorti l’année dernière, cumule déjà plus de 73.000 vues sur YouTube. Encore une preuve que Mayotte regorge de talents. Lui, c’est Wiz Szekonda, véritable couteau suisse de la musique régionale. Né de parents sadois, l’artiste aujourd’hui âgé de 26 ans est chanteur, auteur et compositeur autodidacte, et exerce son art depuis l’île de La Réunion.

chanteur-autodidacte-mayotte-reunionPour autant, à quelque 1.400 kilomètres de Mayotte, le jeune homme lui fait souvent quelques clins d’oeil, comme en début d’année, lorsqu’il sortait, au moins de janvier, “NivooSurNivoo”, en featuring avec les jeunes chanteurs locaux que sont StaCo et Weisley, respectivement connus pour leur titre Coeur Brisé et Lada Tou. “À Mayotte, il y a de bons sons, de bons artistes, de bons thèmes”, défend Wiz Szekonda, visiblement inspiré par la richesse du territoire. “C’est très différent de La Réunion, et c’est pour ça que je souhaite collaborer encore avec des artistes mahorais, car on sent que leur île leur donne beaucoup de force, le public est vraiment derrière eux. À La Réunion, le milieu est très concurrentiel et c’est difficile de faire son trou si on n’a pas les bons contacts…”

Une collaboration avec Siou

Mais Wiz Szekonda, lui, a fait le choix de marcher seul, ou presque. À ses côtés, ni producteur ni agent ni manager. “Je fais tout moi-même en termes de prod’, mon studio, je l’ai installé chez moi, et les scènes, c’est moi qui les cherche.” Un pari osé à l’heure de la crise sanitaire. “En ce moment, c’est compliqué de se produire face au public”, concède t-il, sans se laisser abattre, puisqu’un an après la sortie de sa première mixtape “Qui suis-je”, le jeune homme travaille sur la sortie de son prochain EP, “Afro Glacial”, sur lequel se succèderont une myriade d’artistes réunionnais et une certaine Siou, autre pépite mahoraise aux sept mmillions d’écoutes.

Un retour aux sources pour le jeune Wiz, qui a longtemps travaillé en équipe avant de se lancer en solo. Entre 2012 et 2014, alors qu’il est danseur de coupé-décalé, l’homme qui n’a pas encore passé la vingtaine, mais se produit déjà sur des scènes réunionnaises, a une sorte de déclic. “Je dansais sur les sons des autres, et un jour, je me suis dit qu’il était temps de danser sur mes sons à moi !” Il débute alors à tâtons avant d’intégrer un groupe, Les Experts, qui finira par se dissoudre et voir tous ses membres partir de son côté. Alors, Wiz Szekonda décide de continuer ses projets seuls. Il se lance dans l’afro, la trap, “le love”, comme il le dit, à l’image de ce qui se fait à Mayotte, et s’inspire de sa vie quotidienne, de ses rencontres. Dont certaines le rapprochent de l’île où sont fermement ancrées ses racines.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes