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Université de l’innovation sociale : les CCAS de Mayotte passent en mode startup

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Pendant deux jours, les 17 centres communaux d’action sociale et l’union départementale des CCAS travaillent à imaginer des solutions nouvelles pour améliorer leurs actions en faveur de l’insertion et de la lutte contre la pauvreté. Un pas de plus dans la jeune histoire de ces organismes communaux, devenus des acteurs incontournables sur un territoire en proie à une pauvreté insoutenable.

Bonjour Mme Bareigts ! Merci d’être venue ! Vous avez fait la photo ?” La voix amplifiée de la modératrice qui fait ses derniers tests de micro retentit avec force dans la grande salle prêtée par la mairie de Dzaoudzi-Labattoir. “Teambuilding” oblige, l’ancienne ministre des Outre-mer n’échappe pas à l’incontournable photocall, et son visage flotte au milieu du lagon, à côté de celui de la conseillère départementale Maynoumati Moussa Ahamadi. Comme elles, élus et partenaires prennent tour à tour la pose devant les caméras instantanées, avant de se presser autour de la carte de Mayotte pour y scotcher fièrement leur polaroïd.

Une belle entrée en matière pour cette “Université de l’innovation sociale”, qui ouvrait ses portes ce lundi en Petite-Terre. Pendant deux jours, élus, membres et partenaires des 17 centres communaux d’action sociale (CCAS) et de l’union départementale des CCAS de Mayotte sont amenés à réfléchir à des projets cohérents avec les enjeux locaux, dans le cadre de “Design’Palas”, un programme de “formations-actions” pour professionnaliser les acteurs de l’action sociale. Financé par lunion nationale des CCAS et L’Europe s’engage avec le fonds social européen – pour une enveloppe globale de près d’1.9 million d’euros -, ce projet qui s’étale sur trois ans (2020-2022), fait suite à Pass’Palas, premier dispositif “sur mesure” déployé à Mayotte par l’Unccas en 2017.

Le design thinking appliqué au social

Le mot d’ordre pour ces deux jours intensifs : l’expérimentation. “Il n’y a pas d’innovation sans expérimentation”, a ainsi noté Ericka Bareigts, aujourd’hui maire de la ville de Saint-Denis à La Réunion et vice-présidente de l’Unccas. L’ancienne députée reprenait alors les propos introductifs de l’adjoint au maire de Dzaoudzi-Labattoir en charge de l’administration générale. “Il faut multiplier les audaces intellectuelles et les expérimentations, en acceptant de rechercher les questions, en acceptant aussi de ne pas trouver tout de suite les réponses, enfin en évaluant les réponses, testées sur le terrain”, a expliqué Mikidache Houmadi pour poser les bases de l’état d’esprit à insuffler dans les CCAS. Une méthodologie qui a un nom, d’ailleurs bien connu chez les startupers les plus chevronnés : le design. “Il ne s’agit pas d’un mot pour qualifier un objet, ou quelque chose de moderne, mais c’est la conception ; en shimaoré, on dit ‘‘bango’’, comme la posture qui prend en compte les problématiques, non pas par rapport à nos perceptions, mais par rapport à celles des usagers, et à leur parcours”, a-t-il développé.

La jeune professionnalisation des CCAS

À l’occasion du lancement de cette “université”, l’heure était aussi au bilan pour les jeunes CCAS de Mayotte. “Nous sommes venus en 2009, et quand nous sommes repartis à l’aéroport avec le président Patrick Kanner, nous étions à la fois fiers d’être Français face à ce territoire qui porte les valeurs de la République et moins fiers d’être Français car c’est un territoire qui a été très délaissé. Et nous nous sommes jurés de ne pas lâcher Mayotte”, a rappelé Benoît Calmels, le délégué général de l’Unccas. Depuis ce moment,17 CCAS ont été créés sur l’île aux parfums, un pour chaque commune, avec le soutien de l’union nationale. Un maillage indispensable pour le territoire le plus pauvre de France, où 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté contre 14% en métropole, comme l’a souligné la conseillère Maynoumati Moussa Ahamadi.

Toujours à la Une de l’actualité, la question de l’insécurité a aussi naturellement fait irruption dans les discours, Said Salim, le président de l’Unccas rappelant ainsi que “chacun a un rôle à jouer”. “Nous rencontrons beaucoup de difficultés sur le terrain qui nous poussent à nous réinventer […]. Il faut trouver des moyens plus précis pour donner un avenir à ces jeunes-là. L’innovation sociale fait partie de ces moyens.” Place maintenant aux ateliers… pour penser en dehors de la boîte !

Consultation sur l’avenir de l’Europe : les Mahorais appelés à donner leur avis

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830 citoyens français tirés au sort ont été sollicités par le gouvernement pour participer à la première édition de la consultation européenne sur l’avenir de l’Europe. Si les vingt-sept États membres y ont participé de manières différentes, la France a fait le choix de la consultation citoyenne. Les dix-huit régions de la métropole et de l’Outre-mer ont eu trois jours, de vendredi à dimanche, pour émettre leurs idées. Mayotte n’est pas en reste : trente citoyens ont répondu à l’appel ce week-end pour échanger. Et leurs préoccupations reflètent le quotidien des habitants de l’île.

« En tant que citoyen français, quels changements souhaitez-vous pour l’Europe ? » C’est la question ouverte posée aux 830 Français ayant accepté de participer à la consultation européenne. Réunis au rectorat durant trois jours, les trente participants mahorais ont pu débattre sur les sujets de leur choix mais aussi émettre des suggestions et des critiques. « C’est la première fois que nous faisons exprimer les citoyens sur les questions de l’avenir de l’Europe. Habituellement, ce genre d’exercice est fait par des spécialistes », a souligné Yves-Marie Renaud, le secrétaire général pour les affaires régionales, entouré d’un groupe de trois animateurs professionnels.

consultation-avenir-europe-mahorais-appeles-donner-avisDans les dix-huit régions de France, les citoyens ont donné leur ressenti sur l’Europe de demain ainsi que sur les manques actuels. Retranscrites, toutes les propositions seront par la suite transmises au gouvernement qui, à son tour, les partagera aux instances européennes. « À partir de [celles-ci], ils verront de quelle manière nous pouvons formuler des textes de loi, des normes européennes, qui façonneront l’Europe dans les années à venir », a détaillé le haut fonctionnaire, membre du corps préfectoral. Les sujets évoqués devront également nourrir l’agenda de la présidence française à l’Union européenne. Un mandat qui n’a lieu que tous les quinze ans et qui commencera le 1er janvier prochain pour une durée de six mois.

Les Mahorais partagés entre fierté et l’envie de plus

La question posée aux citoyens a laissé libre court à tout genre de débat. Avant de parler des grandes problématiques européennes, les Mahorais choisis, représentatifs des habitants de l’île, se sont focalisés sur les besoins concrets de Mayotte. « On me dit que nous vivons dans l’Europe mais sans les avantages. Ce serait bien de pouvoir voir les fruits de l’Europe », a déclaré l’un des participants. Si Mayotte est devenue une région ultrapériphérique de l’Union européenne en 2014, les lois européennes seraient trop éloignées de la réalité mahoraise, notamment en matière d’immigration, selon les principaux retours. « Nous le savons, l’Europe est une terre d’asile, mais à Mayotte, nous ne pouvons pas accueillir tout le monde. Ces lois européennes imposent des choses qui limitent les capacités de développement du territoire », a indiqué pour sa part Keisler. Le développement de l’île était de ce fait la principale préoccupation des Mahorais.

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Le sujet est revenu sur toutes les tables de discussions sous différentes formes. « Il y a un manque d’investissement dans les infrastructures, comme les hôpitaux ou les écoles. L’Europe a mal évalué les besoins de Mayotte », a poursuivi le jeune homme. « La loi dit qu’il faut punir les délinquants mineurs, mais chez nous, nous n’avons pas les infrastructures pour cela », déplore une autre citoyenne. Du haut de ses 18 ans, Kaldia a rapidement réalisé qu’être Européen à Mayotte consiste à ne pas avoir les mêmes droits que les autres jeunes des États membres. « À Mayotte, je ne sens pas vraiment la présence de l’Europe parce que j’ai des amis qui sont sans formation, ni travail… Ils ne peuvent pas s’insérer. »

Mais les Mahorais sont également conscients des nombreux avantages que peut apporter l’Union européenne. « Pas mal de choses ont changé à Mayotte depuis que nous sommes dans l’Europe. Le territoire a rapidement évolué », a noté Saoudati, une autre citoyenne. En d’autres termes, le changement de statut du territoire en RUP aurait permis d’accélérer son développement. « Nous pouvons par exemple voir de nombreuses constructions financées par l’Europe. Les entreprises ont aussi des avantages car elles reçoivent de plus en plus d’aides européennes », a constaté Saoudati. Infrastructures, immigration, développement économique… Autant de sujets qui ont été relevés lors des débats. Six Mahorais ont été tirés au sort pour les exposer à Paris lors de la synthèse de l’ensemble des travaux durant la deuxième quinzaine du mois d’octobre.

Les mangroves mahoraises à l’honneur au congrès mondial de la nature de l’UICN

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Du 3 au 11 septembre 2021 avait lieu le congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature à Marseille. L’occasion pour une délégation de Mahorais de mettre en avant les initiatives locales et de rencontrer leurs homologues venus du monde entier.

Huit jours, plus de 1.000 participants, plus de 1.300 sessions interactives et plus de 160 pays représentés… Voilà ce que promettait l’édition 2021 du congrès mondial de la nature de l’UICN. Un événement destiné à réunir les acteurs environnementaux à l’échelle planétaire afin de définir les priorités et guider les actions de conservation et de développement durable.

Venu tout droit de l’île au parfum, Manrifa Moustoifa Ali est revenu avec enthousiasme sur les découvertes et les rencontres que les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature à Mayotte ont pu faire lors de ce rendez-vous 2021. “Cet événement était très enrichissant, car nous avons vu ce qui se fait ailleurs en matière de protection de l’environnement. En ce qui concerne les tortues par exemple, à la Martinique la sensibilisation passe par le domaine artistique. Cela nous a donné des idées et nous allons réfléchir à mettre en place des ateliers similaires”, s’extasie-t-il.

Mayotte comme modèle

Directeur de l’association mangrove environnement (AME) à Tsimkoura, Boina Said a quant à lui présenté sa structure et son modèle économique innovant au congrès. “Mon objectif est de protéger la mangrove, mais pour ne pas dépendre uniquement de subventions, nous avons décidé de créer une base de kayak qui emmène petits et grands à la découverte des mangroves”, explique-t-il. Un projet qui a fait grande impression et qui montre que l’agrotourisme a toute sa place à Mayotte. Avec une équipe de cinq employés, composée de moniteurs de kayaks et gardiens de la biodiversité, Boina Said espère redonner à la mangrove de son village natal sa vitalité d’antan. “Quand j’étais petit, la mangrove était immense. Puis je suis parti vivre à la Réunion et en métropole… Et lorsque je suis rentré, j’ai été choqué par l’état de la mangrove. J’ai alors décidé d’agir”, confie le directeur. Modeste, le Mahorais confie avoir été étonné que des îles comme la Guadeloupe ou la Martinique ne possèdent pas de structure comme la sienne. “Je suis heureux de voir que nous ne sommes pas les derniers et que mon modèle puisse inspirer d’autres personnes”, affirme-t-il.

Des ambassadeurs du lagon

Formé depuis quelques mois seulement, Toihir Ali-Mari, ambassadeur du lagon pour l’UICN dans la commune de Mangajou, a également pu intervenir lors du congrès mondial de la nature. “Je me sens concerné par tout ce qu’il se passe au niveau du lagon. Dans mon village, nous subissons l’érosion liée notamment à la disparition de la mangrove. À mon échelle, j’ai pu malheureusement voir ce changement”, s’attriste le pêcheur, qui se désole de l’appauvrissement des ressources halieutiques à cause de la disparition de l’habitat des poissons mais aussi d’une pêche moins respectueuse de l’environnement. “Avant, les gens pêchait pour se nourrir et non pas pour devenir riche. Les méthodes de pêche de nos grands-parents n’avaient pas l’impact négatif sur le lagon qu’ont celles qui ont été importées.” Prochainement, Toihir Ali-Mari prendra ses fonctions de médiateurs au sein de sa commune afin de faire de la prévention auprès de la population. Grâce à son nouveau rôle, il espère ainsi participer à la préservation des ressources naturelles de Mangajou et plus largement sur l’ensemble du 101ème département.

Avec son DEUST BTP, le conservatoire national des arts et métiers forme les bâtisseurs de demain à Mayotte

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Ce samedi, le conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de Mayotte organisait sa pré-rentrée avec l’ouverture du diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques, spécialité conduite de travaux en éco-construction parcours BTP. En alternance, cette formation supérieure a pour objectif de faire émerger en deux ans les futurs bâtisseurs du territoire.

Répondre à une demande économique par une offre de formation supérieure adéquate, c’est désormais une réalité avec le lancement du diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques, spécialité conduite de travaux en éco-construction parcours BTP, par le conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de Mayotte. Un parcours professionnel qui vise à former « des techniciens supérieurs », « la future élite du territoire », dans le domaine du bâtiment et des travaux publics à Mayotte, où « la réalisation de grandes infrastructures est un enjeu des années à venir », rappelle Daoud Saindou-Malidé, en charge de la formation professionnelle, de l’éducation et de l’insertion au conseil départemental. Exemple avec les chantiers quotidiens qui fleurissent aux quatre coins de l’île ou encore le projet d’accueil des Jeux des îles en 2027.

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D’une durée de deux ans, cette alternance permet « d’être tout de suite dans le métier d’apprentis », se réjouit Philippe Lefèbvre, le délégué académique à la formation initiale et professionnelle. Et surtout d’« éviter une dichotomie » entre les besoins du monde de l’entreprise et les bâtisseurs de demain, insiste Enfanne Haffidhou. Pour le directeur général adjoint du pôle développement économique et attractivité au sein de la collectivité, il apparaît essentiel d’« intégrer » et de « lier structurellement » l’économie et la formation dans le but que le territoire soit « plus opérationnel et réactif ». En clair, l’objectif affiché consiste à ne plus subir l’importation de main d’œuvre formée, en apportant localement les compétences scientifiques, techniques et organisationnelles nécessaires.

Navigation entre trois sites

Et c’est là tout l’enjeu du CNAM, qui a récemment signé une convention de partenariat avec le rectorat pour travailler avec le GRETA-CFA. Ainsi, les 17 étudiants vont naviguer entre le conservatoire national des arts et métiers, le lycée Bamana pour les cours d’informatique et le centre de formation en apprentissage, comme l’explique le responsable de l’académie, Gilles Halbout. Très heureux de cette « collaboration entre de nombreux acteurs ». En attendant que d’autres BTS voient le jour dans l’enceinte du lycée des métiers du bâtiment de Longoni, dont la livraison de la première tranche est prévue en 2024. « Ce n’est que le début ! », promet-il.

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Car l’ouverture de ce DEUST fait avant tout la part belle à la stratégie de formation défendue par la collectivité dans le but d’exploiter tous les secteurs d’activités présents sur l’île. « Le Département a fixé le seuil de 500 apprentis en 2021 : nous l’avons atteint », se félicite Philippe Lefèbvre. « Nous avons noté une progression de 200% en l’espace de quelques années », renchérit même le recteur. Face à cette nouvelle promotion, la directrice du CNAM, Anfufati Bacar, n’a qu’une hâte : entrer dans le vif du sujet pour faire de ses protégés du jour les conducteurs de travaux d’une filière du BTP « porteuse d’emploi ».

À Mayotte, 59% de la population souffre d’illettrisme ou d’analphabétisme

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À l’occasion de la 8ème édition des journées nationales d’action contre l’illettrisme, la plateforme partenariale de lutte contre l’illettrisme – GIP Carif-Oref a organisé un temps d’échange ce jeudi 9 septembre à la cité des métiers de Koungou pour sensibiliser et rassembler les acteurs de la prévention, mais aussi pour mettre en lumière les solutions existantes.

« Je peux mener une conversation en français. » Du haut de ses 20 ans, Taenlim fait la fierté de la plateforme partenariale de lutte contre l’illettrisme et l’analphabétisme, au moment de partager son parcours de vie face à une ribambelle d’institutionnels. Un témoignage d’autant plus symbolique que la maîtrise de la lecture, de l’écriture, du calcul et des compétences fait encore plus défaut à Mayotte qu’ailleurs… « 59% de la population souffre d’illettrisme ou d’analphabétisme, un pourcentage sans équivalent sur le reste du territoire national », précise Jérôme Millet, le secrétaire général de la préfecture. « Nous héritons d’une situation très compliquée, mais les pouvoirs publics et la société mahoraise essaient d’endiguer et de prendre à bras le corps ce sujet. »

Car oui, le 101ème département accumule ce que l’on peut appeler « les freins à l’émancipation », comme le souligne Louhenvelle Leroux Delalande, conseillère municipale à la ville de Koungou et enseignante en section d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa) au collège de Majicavo. Ces freins se caractérisent notamment par un seuil de pauvreté de l’ordre de 77% mais aussi et surtout par des conditions de vie dans des habitats informels, dans lesquels « la transmission [des savoirs] dans les familles [y] est compliquée », ajoute le sous-préfet. Deux éléments qui contraignent l’employabilité et de facto le développement économique de l’île aux parfums, caractérisée par sa jeunesse.

« Les jeunes sont la richesse de Mayotte »

Tous les acteurs réunis ce jeudi 9 septembre à la cité des métiers de Koungou sont unanimes sur cette problématique. L’avenir de Mayotte passe par l’intérêt accordé à ces jeunes, qui « sont [notre] richesse pour peu que nous les accompagnons », déroule le 6ème vice-président du conseil départemental, Daoud Saindou-Malidé, en charge de la formation professionnelle, de l’éducation et de l’insertion, qui les invite à oser réaliser leurs rêves et à se rapprocher des structures compétentes pour mener à bien leurs projets. Et cela passe aussi par la formation des parents pour qu’ils puissent suivre correctement la scolarité de leurs progénitures. « Quand ma fille était au CP, elle avait mis en place une stratégie de mémorisation. Il faut faire attention à nos enfants qui peuvent être en situation d’illettrisme tout en étant de très bons lecteurs », met en garde l’élu au détour de cette confidence.

Toutefois des structures existent pour enrayer ce fléau, à l’instar la ligue de l’enseignement qui propose des ateliers de lecture au sein des établissements scolaires et dans les espaces publics et des formations de bénévoles pour encadrer des groupes en difficulté. Ou encore la mission locale qui est en capacité de mieux orienter ses bénéficiaires d’action d’insertion grâce à un outil d’identification des situations d’illettrisme. « C’est un travail de longue haleine qui n’est pas facile et qui ne se repose pas sur une seule entité… Tout le monde doit travailler dans la même direction », martèle Youssouf Moussa, le directeur du groupement d’intérêt public Carif-Oref (centre d’animation des ressources et d’information à la formation – observatoire régional de l’emploi et de la formation). Sachant « l’ampleur de la tâche », la plateforme partenariale de lutte contre l’illettrisme et l’analphabétisme, qui « apporte un concours capital pour les acteurs », selon Hervé Fernandez, le directeur général de l’agence national de lutte contre l’illettrisme, peut compter sur la venue prochaine d’un chargé de mission, soutenu par le ministère du Travail, pour organiser les initiatives et partager les informations.

De bon augure pour Louhenvelle Leroux Delalande, qui souhaite que « la détection de l’illettrisme soit de plus en plus précoce ». Dans le but de permettre à cette frange de la population de vivre pleinement en autonomie. À l’image de Taenlim. « Je ne pouvais pas rester à la maison sans rien faire, il fallait que je construise ma vie. » Une belle victoire qui doit donner envie aux autres de suivre ce chemin du renouveau !

Docteure en pharmacie : le parcours de Limouandjilati Ymamou donne de l’espoir à Mayotte

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À 26 ans, Limouandjilati Ymamou vient d’obtenir son doctorat en pharmacie. Le parcours n’a pas été de tout repos pour cette jeune mahoraise originaire d’Acoua. Livrée à elle-même dans un monde qu’elle ne connaissait pas, la jeune femme a dû faire preuve de détermination pour réussir à gravir les échelons. Elle veut désormais être utile à son île.

« Limou est une personne ambitieuse et très exigeante avec elle même ! » C’est en ces mots qu’Assou Ymamou décrit sa petite sœur Limouandjilati Ymamou. Cette dernière a passé sa soutenance de doctorat en pharmacie et a relevé le défi avec brio. Elle fait la fierté de toute sa famille. « Je suis très heureuse pour mon enfant. Je l’ai laissée partir tôt en métropole pour faire ses études et je suis heureuse qu’elle revienne avec le diplôme qu’elle voulait », ajoute Haffissoi, la maman. Mais le parcours universitaire de sa fille n’a pas été de tout repos.

docteure-pharmacie-parcours-limouandjilati-ymamou-espoir-mayotteÉlève studieuse à la Cité du nord, elle obtient son baccalauréat scientifique avec la mention bien. Elle se sent alors prête à entamer des études de santé pour devenir médecin. Mais une fois arrivée à l’université de Besançon, rien ne se passe comme prévu. « La première année a été très difficile. Je me suis sentie différente, parce que je suis arrivée dans une ville où je ne connaissais personne. Je devais tout faire toute seule et les démarches administratives empêchent de se concentrer pleinement dans les cours », raconte Limouandjilati. Elle doit alors s’habituer à sa nouvelle vie loin de sa famille, et se confronter à la dure réalité des études supérieures. « Il y a un système de sélection et les étudiants font tout pour te déstabiliser. De plus, le travail exigé à la fac n’est pas le même qu’à Mayotte. J’ai donc raté ma première année », continue la jeune diplômée. Déçue, elle songe un instant à abandonner, mais elle se raisonne rapidement et réussit un an plus tard le concours de PACES, exigé pour passer en deuxième année.

Mais patatras. À ce moment-là, l’étudiante qui voulait être médecin se retrouve face à une autre impasse… « Je n’étais pas admissible en médecin, car j’étais loin dans le classement, mais je pouvais aller en pharmacie. » Ne voulant pas perdre une autre année, Limouandjilati décide de se réorienter. Une décision qu’elle ne regrette pas aujourd’hui. « J’ai bien fait de ne pas être allée en médecin, parce que j’avais fait un tour à l’hôpital et je me suis rendue compte que je ne supporte pas le sang », rit-elle aujourd’hui.

« Les étudiants mahorais ont besoin de plus de préparation »

docteure-pharmacie-parcours-limouandjilati-ymamou-espoir-mayotteAprès avoir pris ses repères dans sa nouvelle vie, Limouandjilati se dévoue corps et âme à ses études. Elle valide chaque année et se spécialise en pharmacie d’officine. Elle a deux ans pour passer son doctorat, mais pressée d’en finir, elle décide de le passer en un an. « C’est beaucoup d’heures de travail. En journée, je travaillais à la pharmacie pour me faire de l’expérience et le soir, je me penchais sur ma thèse », se souvient-elle. Acharnée, elle passe sa soutenance, il y a de cela une semaine, et valide son diplôme. Mais elle n’oublie pas les moments de doutes rythmés par ses études. Un phénomène qui touche la plupart des étudiants, notamment ceux en provenance de Mayotte… « Les étudiants mahorais ont besoin de plus de préparation avant d’aller en métropole. Quand on arrive à la fac, c’est très difficile ! Beaucoup ratent leur première année ,mais il ne faut pas voir cela comme un échec. C’est plutôt une année d’adaptation pour voir comment les choses fonctionnent », confie-t-elle comme pour donner un peu d’espoir aux étudiants mahorais. Limouandjilati veut faire de son cas un exemple pour tous ceux qui vivront la même chose qu’elle. Sa réussite, elle la doit à son travail, à sa détermination et à rien d’autre. « Certains pensent que j’ai réussi parce que je viens d‘une grande famille, mais ce n’est pas du tout le cas. Ma mère et mon père n’ont jamais eu l’occasion de faire des études, et je viens d’une famille modeste. Mes parents ne pouvaient même pas me payer la prépa que tous les autres faisaient en première année. Ce sont les bourses qui m’ont maintenue jusqu’au bout », rappelle-t-elle. « Je suis fière d’elle et de toutes mes petites sœurs car elles cassent les préjugés que l’on peut avoir sur les familles nombreuses à Mayotte et sur les ambitions des femmes mahoraises », ajoute sa grande sœur.

Se rendre utile à son île

La docteure en pharmacie pense désormais à la suite. Et son avenir, elle ne le voit nulle part ailleurs qu’à Mayotte. Elle est persuadée qu’elle sera plus utile à sa communauté. « En métropole, il n’y a pas de manque de pharmaciens et en plus, les gens sont déjà habitués aux médicaments. Alors que chez nous, le travail d’un pharmacien est beaucoup plus intense et riche. Les personnes ont grandement besoin qu’on les accompagne dans leurs traitements », explique-t-elle. Limouandjilati a l’ambition d’ouvrir sa propre officine dans son village d’origine à Acoua, mais en attendant elle se fera la main en travaillant avec des collègues dans l’une des pharmacies de l’île.

La céramique et la porcelaine au cœur des créations de Nathalie Kortyewski

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Du 6 au 12 septembre 2021 se tient la huitième édition du forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Sur la place de la République à Mamoudzou, quarante artisans se réunissent tout au long de la semaine afin de mettre à l’honneur la culture et les savoir-faire mahorais. Découverte de la peinture sur porcelaine et de la céramique avec Dhâme.

Sculptures colorées, décors raffinés ou encore objets divers et variés… Bienvenue au stand de Nathalie Kortyewski. Il y a tout juste quatre mois, l’artiste originaire d’Albi se lance dans le grand bain. Ni une ni deux, elle monte son entreprise et s’inscrit sur le registre des artisans mahorais. Le début d’une nouvelle aventure ! “Au départ, c’est née d’une passion. Je réalisais des œuvres pour des amis et un jour, j’ai décidé de déposer ma marque, c’est ainsi que Dhâme est né.” Un projet dans les cartons depuis plusieurs années alors que la néo-mahoraise se formait à l’art de la céramique et de la peinture sur porcelaine.

On m’appelle l’artiste de la famille”, s’amuse celle qui s’inspire de la beauté de l’île aux parfums. Curieuse du monde qui l’entoure, la céramiste varie à la fois les sujets et les méthodes de création. “Je fais de la céramique, de la peinture sur porcelaine, des sculptures art déco, de la mosaïque. Tout m’inspire.” Une passion dévorante qui l’a amenée à tester diverses disciplines artistiques. Dans son atelier, Nathalie réalise ses propres céramiques, mais achète aussi de la vaisselle en porcelaine qu’elle peint. De quoi offrir un large catalogue de créations.

La fibre créatrice

Croquis, peinture, cuisson, le processus de création de ses œuvres s’avère minutieux et chronophage. Pour une pièce de céramique, de la conception jusqu’à la réalisation finale, deux à trois semaines sont nécessaires. “Les temps de séchage sont très longs, il faut compter plusieurs jours pour les pièces en céramique. Cela me permet de m’adonner à la peinture sur porcelaine« , dévoile-t-elle. Une organisation déjà bien rodée pour la jeune entrepreneure.

Avec Dhâme, un nom venu du Tchad qui signifie “le grenier”, l’artiste entend bien ne pas rester au placard. “C’est la première fois que je participe à une manifestation comme celle-ci. Je m’installe tout doucement et j’espère pouvoir continuer à me faire connaître”, détaille-t-elle. Dans l’atelier qu’elle a installé chez elle en Petite-Terre, elle accueille également les curieux lors de stages de découverte. “J’aimerais partager ma passion, car je pense que le rêve appartient à tout le monde. Le rêve fait vivre, le rêve booste« , déclare-t-elle. Un beau projet qui fleurit au pays de l’ylang-ylang.

“On veut des caméras dans les classes” : des élèves de 3ème interpellent les sénateurs en visite à Mayotte

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La commission des lois présidée par l’élu du Rhône François-Noël Buffet, en visite de deux jours sur le territoire, doit proposer un rapport courant novembre, pour poser un diagnostic sur la situation sécuritaire de l’île. Ce jeudi, les quatre parlementaires rencontraient une “Classe Défense” à Dembéni. Et la question des violences s’est naturellement invitée dans les débats.

Une Nation, c’est quand on n’est pas de la même origine et qu’on s’unit ?”, baragouine une jeune fille au fond de la classe, interrogée par le sénateur François-Noël Buffet. En visite ce jeudi au collège Zakia Madi de Dembéni pour rencontrer la trentaine d’élèves de la “Classe Défense”, le président de la commission des lois s’est soudain pris à jouer les maîtres d’école, entre deux sonneries. Matière du jour : l’éducation civique. “C’est quand on essaie d’être solidaires plutôt que de se ficher sur le nez, c’est ça être une Nation”, résume le parlementaire en se frottant les mains d’un air satisfait. Hochements de tête approbatifs dans l’assistance.

Conduite par François-Noël Buffet aux côtés des sénateurs Thani Mohamed Soilihi, Stéphane Le Rudulier et Alain Mars, la commission des lois du Sénat est en visite depuis deux jours à Mayotte, dans le cadre d’une mission d’information pour poser un diagnostic et faire des propositions face à la situation sécuritaire du département. Après leurs échanges avec les élus, les services de l’État et de la justice, l’équipe a naturellement fait un crochet pour rencontrer les jeunes, cette grosse moitié de la population qui cristallise beaucoup d’attentes quant à l’avenir de l’île. Objectif : “prendre en compte leurs espérances et leurs inquiétudes”, explique le sénateur.

Un lien “Armée-Nation

Au vu de la mission des quatre parlementaires, le choix de cette classe de 3ème du collège de Dembéni, engagée dans le dispositif “Classe Défense et Sécurités Globales”, n’a d’ailleurs rien d’anodin. Depuis 2017, l’établissement scolaire a mis en place ce partenariat avec le Détachement de la Légion étrangère de Mayotte (DLEM), qui doit permettre “à des jeunes mahorais de réaliser très concrètement le lien Armée-Nation”. Créé en 2005 à Nice, les CDSC “contribuent à la mise en œuvre d’un projet pédagogique et éducatif interdisciplinaire et pluriannuel, en lien avec la défense et la sécurité”, peut-on aussi lire sur le site du ministère de l’Éducation nationale.

Justement, en matière de sécurité, Mayotte n’est pas en reste. Et les 106.000 élèves qui prennent le chemin de l’école tous les jours sur le 101ème département français en sont les premières victimes. La classe du jour ne fait pas exception. “Levez la main ceux qui ont peur pour leur sécurité dans leur village ?” La moitié lève le doigt. “Et au collège ?” Quinze autres bras se tendent. D’abord timides, les langues se délient vite dès lors qu’il s’agit de parler des violences qui entachent leur quotidien. “Ils nous frappent sans raison”, dit l’une, “ils nous jettent des cailloux”, renchérit l’autre. “Il faut mettre des caméras dans le collège et dans le salle”, lance alors une voix au dernier rang à l’attention du sénateur.
Un rapport attendu en novembre

Cette dernière proposition n’est peut-être pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Après cette visite express à Mayotte, la commission doit rendre son rapport au mois de novembre prochain, soit un peu en amont de la présentation par le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu de la future loi Mayotte en conseil des ministres, prévue pour janvier. “Je suis déjà venu en 2006 et je constate des évolutions. Mais le climat de violences que vit l’île est nouveau et il faudra trouver des moyens juridiques nouveaux”, abonde François-Noël Buffet. Sans s’avancer sur le contenu du rapport, le sénateur identifie deux axes pour améliorer la situation sur le terrain : des modifications législatives sur “tout ce qui touche aux situations irrégulières sur le territoire” ; et “continuer de défendre la présence forte des institutions républicaines”. Le tribunal, notamment, doit être renforcé en effectifs, souligne-t-il. Et la rencontre du jour aura aussi rappelé une dernière chose : “si on ne donne pas d’espoir à tous ces jeunes…”, souffle le président de la commission.

#Wamitoo : deux mois pour sensibiliser sur les violences sexuelles sur mineurs à Mayotte

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À partir de ce 8 septembre et jusqu’au 20 novembre, une campagne de sensibilisation et de lutte contre les violences sexuelles sur mineurs est menée par différents acteurs locaux. Les institutions et les associations qui défendent les droits des enfants se sont réunis à l’école T12 de Kawéni ce mercredi matin pour échanger sur le sujet et lancer la campagne.

« Malheur à celui qui blesse un enfant. » C’est sur ces paroles de la chanson d’Enrico Macias que les élèves de CM1 scolarisés à l’école T12 de Kawéni ouvrent la cérémonie de lancement de la campagne de sensibilisation sur les violences sexuelles sur mineurs. Organisé par l’association Haki za Wanatsa et le collectif CIDE Mayotte (convention internationale des droits de l’enfant), l’événement rassemble différents acteurs institutionnels tels que le rectorat, la préfecture, le Département, la justice et bien d’autres… En collaboration avec une dizaine d’associations signataires, tous s’engagent au cours des deux prochains mois contre ce type de violences à travers une charte.

Cette mobilisation grandeur nature est une première pour Mayotte. « Cette initiative est basée sur l’article 19, donc spécialement sur les violences sexuelles sur mineurs. Dans chaque établissement, chaque commune, chaque structure partenaire, il y a aura des actions de sensibilisation, de formation de personnels, d’ateliers, de groupes de parole », liste Lydia Barneoud, la présidente de l’association Haki za Wanatsa. Un travail colossal mais ô combien nécessaire ! « Les violences sexuelles sont vécues par une très large partie de la population… Elles touchent en France trois enfants par classe. »

Les écoles au cœur de la sensibilisation

Les statistiques concernant les violences sexuelles faites aux enfants sont quasiment inexistantes sur l’île. Mais on sait qu’une quinzaine de signalements d’abus sexuels remontent chaque semaine auprès du rectorat de Mayotte. Un chiffre alarmant, qui semble pourtant à des années lumières de la réalité selon les acteurs réunis ce mercredi 8 septembre… Les écoles et les professionnels éducatifs ont donc un rôle crucial à jouer durant cette campagne. Le recteur doit mobiliser ses troupes pour que les élèves osent aborder le sujet. « La formation de nos personnels est importante. Nous devons les former à mieux réagir et à mieux écouter », indique Gilles Halbout.

La charte a également pour objectif de rapprocher les différents acteurs afin que les enfants aient une multitude de choix et qu’ils sachent à qui s’adresser. « Nous allons aussi créer des ateliers d’expression sur la sexualité et le consentement, et libérer ainsi la parole », continue le chef de l’académie. En réalité, ces ateliers ont déjà été expérimentés dans quelques établissements scolaires du premier et du second degré l’année dernière. Plus d’un millier de jeunes ont été sensibilisés, alors les signataires de la charte veulent dupliquer ces échanges partout dans le département.

« Protégez-nous »

« Quand on parle des enfants, il faut qu’il y ait des enfants c’est une évidence », affirme la présidente de Haki za Wanatsa. Et les enfants, il y en avait de tout âge : les petits de l’école primaire, mais également des plus grands, et plus particulièrement ceux du collège Ouvoimoja de Passamaïnty qui ont participé, lors de la précédente année scolaire, aux ateliers de sensibilisation sur les violences sexuelles sur mineurs, à titre d’expérimentation. Les adolescents ont pris leur courage à deux mains et se sont adressés aux signataires de la charte. « Vers qui dois-je me tourner si je suis victime ? », s’interroge l’une des collégiennes. « Avant notre projet, je n’avais jamais entendu parler d’inceste, maintenant j’ai découvert que certains de mes camarades en sont victimes », témoigne une autre. « Protégez-nous », répète tout simplement une adolescente. Ces jeunes ont saisi l’intérêt de l’évènement auquel ils ont été conviés et veulent à leur tour sensibiliser leur entourage. « La majorité des victimes ont peur d’en parler parce qu’elles pensent qu’elles vont être jugées ou harcelées. J’aimerais dire à toutes les victimes, qu’elles soient enfant ou adulte, de ne pas avoir peur d’en parler, qu’elles aient le courage de libérer la parole », déclare Mizna, une collégienne.

La campagne débutée cette semaine se terminera le 20 novembre, avec un colloque qui permettra d’établir le bilan de ce qui a été fait. À l’occasion, une bande dessinée intitulée « Des cailloux sur la mer » sortira également. C’est désormais une certitude : le thème des violences sexuelles s’installe lentement mais sûrement dans les grands débats de la société mahoraise.

Lodo Factory : des pièces uniques made in Mayotte

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Du 6 au 12 septembre 2021 se tient la huitième édition du forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Sur la place de la République à Mamoudzou, quarante artisans se réunissent tout au long de la semaine afin de mettre à l’honneur la culture et les savoir-faire mahorais. Laudoria présente cette semaine ses bijoux pensés et créés sur l’île au lagon.

Noix de coco, tissu, coquillages ou encore languettes de canettes… Tout devient art avec Laudoria. Ancienne employée de restauration, elle se découvre cette passion artistique en posant les pieds à Mayotte. “C’est ma rencontre avec la noix de coco qui a tout chamboulé« , raconte l’autodidacte. Par le passé, la Lyonnaise d’origine n’avait jamais créé, avant que son âme d’artiste ne se “réveille” sur l’île aux parfums… Depuis bientôt dix ans, la créatrice utilise des matériaux recyclés pour réaliser ses bijoux. “Je tiens beaucoup au fait que chaque pièce soit unique, car j’ai horreur de voir d’autres personnes porter les mêmes bijoux que moi”, sourit l’artiste.

Pour penser ses œuvres, l’artisane suit son inspiration du moment. “Quand vous commencez à créer, la machine intellectuelle se met en route et les idées viennent toutes seules.” Si Laudoria laisse libre court à son imagination, elle ne veut pas pour autant mettre la charrue avant les bœufs. “Quand je trouve un matériau qui me plaît, je l’achète et je le garde… Au moment voulu, il deviendra une nouvelle création”, dévoile-t-elle, purement et simplement. Mais finalement, comment s’y prend-elle ? Tout part d’une ébauche : la créatrice réalise des essais avant de donner vie au bijou imaginé. Et lorsqu’il s’agit de bijoux en noix de coco, la bijoutière devient également bricoleuse. Armée d’une scie et d’une dremel, l’artisane découpe la matière première puis la ponce. “J’adore ce matériau ! En le travaillant, nous le voyons se transformer et se révéler, c’est magique”, s’extasie-t-elle.

Tout quitter pour l’artisanat : un pari réussi

Du jour au lendemain, Laudoria quitte son poste de responsable administrative pour se plonger pleinement dans sa nouvelle activité, qui n’était jusqu’alors que secondaire. “Après quinze ans dans la boîte dans laquelle je travaillais à Kaweni, j’ai décidé de me consacrer à 100% au développement de ma structure, Lodo Factory.” Un grand pas pour la petite entreprise officiellement lancée en 2016. Tous les vendredis et samedis, l’artiste assure avec son conjoint la vente de ses bijoux à la maison artisanale de Mayotte (MAM), située à Mamoudzou. Une affaire familiale en soi. Pour dire, tout comme sa maman, le fils de Laudoria se dessine lui aussi un avenir d’artiste. “Du haut de ses huit ans, il aime la création. Il peint et il s’est mis également à faire des bracelets avec moi”, s’amuse-t-elle. Une passion dévorante qui semble se transmettre.

ZAE : il faudra entre 4 à 6 hectares par an pour développer l’activité économique à Mayotte, selon les projections

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Le rapport sur le futur schéma pour les zones d’activité économique, qui doit guider l’implantation des entreprises dans le département, a été présenté ce mercredi à la mairie de Mamoudzou. Si la surface nécessaire est disponible en termes géographiques ou d’accessibilité, demeure encore la question foncière, sur un territoire qui a besoin de se développer rapidement.

Le constat est presque optimiste. Au vu des projections basées sur la décennie passée (2010-2019) où seuls quatre hectares ont été utilisés pour construire des locaux, le développement de l’activité privée à Mayotte nécessitera entre 45 et 60 hectares de foncier sur les dix prochaines années. Soit entre 4 et 6 hectares par an. Et le foncier est suffisant, à première vue ! “Bien sûr, si le boom économique de l’île devait être multiplié par dix, cela changerait peut-être la donne”, fait bien de préciser David Sarrazin, directeur associé chez AID Observatoire, le bureau d’études retenu par le conseil départemental et l’EPFAM en mai 2020 pour lancer la révision du schéma ZAE (zone d’activité économique), vieux de près de 10 ans.

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Ce schéma est important, car une fois qu’il sera réalisé, il pourra donner une vision prospective afin de renforcer le tissu économique du territoire”, rappelle Bibi Chanfi, la vice-présidente chargée du développement économique et de la coopération décentralisée au Département. Plus précisément, ce document a pour objectifs : de définir le potentiel foncier et immobilier existant ou à créer ; de quantifier les demandes d’installations de locaux auprès des EPCI et des communes ; de déterminer les besoins des entreprises en matière de foncier et d’immobilier ; d’observer les possibilités de diversification et spécialisation des activités ; et enfin de permettre aux élus de définir les stratégies de développement et de création d’activités en lien avec les ressources du territoire. Ce mercredi, le bureau d’études présentait les conclusions de son rapport à la mairie de la commune chef-lieu, devant les collectivités et les services de l’État.

Des zones potentielles à court et moyen terme

La bonne nouvelle ? Environ 100 hectares ont déjà été identifiés comme pouvant être mobilisés pour les zones d’activité économique (ZAE) à court et moyen terme. À court terme, il s’agit des zones d’activité existantes qui peuvent être optimisées, comme par exemple à Kawéni ou Longoni. Au sujet de la zone Nel, espace essentiellement privé, “se pose la question de la gestion urbaine des espaces publics, avec une requalification et remise à niveau de la qualité de l’ouvrage. Il faut que Mamoudzou et la Cadema se positionnent de manière beaucoup plus forte”, indique le bureau d’études. Sans compter l’enjeu que feront peser dans les années à venir les contraintes environnementales et la montée des eaux. Les terrains disponibles à moyen renvoient quant à eux aux ZAE “à confirmer”, selon la catégorisation des experts, c’est-à-dire celles où des freins restent à lever comme l’accès au foncier. D’autres ZAE sont enfin “à réinterroger”, car les transformations à entreprendre pour devenir un lieu d’accompagnement économique semblent incompressibles dans le délai de 10 ans propre à ce schéma directeur.

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Des freins géographiques

Pour mener à bien son rapport, le bureau d’études a identifié les besoins des intercommunalités et des entreprises du 101ème département, puis a travaillé à des modèles de projection, en prenant en compte les évolutions réglementaires en matière d’urbanisme, la formalisation de l’économie informelle, mais aussi l’environnement, à savoir “des contextes topographiques et géographiques qui conditionnent la faisabilité des ZAE”. “En regardant les PLU, on se rend compte qu’il y a un volume de foncier assez important à vocation économique, mais dans des espaces qui ne sont pas les plus propices pour le développement d’activités”, déroule David Sarrazin. Comprendre : pour prévoir d’implanter une zone économique mieux vaut déjà avoir une route pour y accéder…

Dispatchées sur le territoire, ces ZAE doivent aussi permettre de désengorger Mamoudzou, avec notamment un projet à Ironi Bé (8.6 hectares), à Chirongui (1.7 hectare), à Malamani (18 hectares), aux Badamiers en Petite-Terre (10 hectares)… Pas assez, selon certains des élus présents ce mercredi. “Il y a des zones qui sont exclues alors même que nous, élus, nous y tenons pour développer notre territoire : du côté ouest à Mtsangamouji, Acoua, Mtsamboro, il n’y a aucune projection d’effectuée”, grommelle le président de la communauté de communes du centre ouest, Saïd Maanrifa Ibrahima, qui prêche pour sa paroisse.

Un enjeu d’attractivité pour les entreprises extérieures

Même son de cloche pour le maire de Koungou, Assani Saindou Bamcolo, qui aimerait bien voir une ZAE au carrefour de Dzoumogné. Problème : le curseur a plutôt été placé sur Mitséni, hameau occupé par des familles. De quoi remettre sur le tapis l’épineuse question des querelles foncières, trop peu abordée, selon le premier magistrat de la commune du nord, dans la présentation du jour. “Moi, j’ai un petit terrain à Koungou où j’essaie de faire un équipement pour occuper les jeunes, et on n’arrive pas à débloquer la situation, alors sur un terrain de plusieurs hectares, je n’imagine même pas !”, s’agace-t-il. “C’est le projet qui fera Mayotte et pas l’opportunité foncière qui fera Mayotte”, répond, philosophe, Yves-Michel Daunar, le directeur de l’EPFAM. Bien dit ! Pas sûr toutefois que les porteurs de projet voient les choses du même œil, après plusieurs mois de tentatives infructueuses. “Nous avons interrogé des grands groupes de l’océan Indien et du monde : certains ont essayé de s’implanter à Mayotte, mais ont renoncé”, glisse à ce sujet l’un des membres du bureau d’études. Nos voisins de Madagascar ou de La Réunion s’étaient montrés plus véloces…

À Mayotte, 1% des enfants sont victimes de troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale

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Ce jeudi 9 septembre se tient la journée mondiale du syndrome d’alcool fœtal. À La Réunion et à Mayotte, les représentants de l’association d’aide aux familles dans l’océan Indien profite de cet événement pour évoquer cette première cause de handicap mental non génétique en France. Entretien avec Cécile, maman adoptive d’un jeune homme de 21 ans atteint de séquelles neurologiques.

Flash Infos : En France, sur les 750.000 naissances annuelles, on estime à 8.000 le nombre de nouveaux-nés atteints de ce syndrome. Pis encore, au moins 500.000 personnes vivent avec des conséquences d’une exposition prénatale à l’alcool sans le savoir et sans accompagnement spécifique pour les handicaps…

Cécile : Il faut savoir qu’il n’y a pas de corrélation entre la quantité d’alcool consommée et la gravité des symptômes. Disons plutôt que les risques sont décuplés lors de la formation et du développement des organes au début de la grossesse. Et les répercussions sont bien évidemment dramatiques : les enfants rencontrent des difficultés d’apprentissage, de comportement, de repérage dans le temps et d’adaptation sociale. Ils se font beaucoup exclure des établissements scolaires. Aujourd’hui, 20% de la population carcérale est atteinte de troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale.

La raison pour laquelle nous profitons de cette journée, c’est avant tout pour faire connaître les TSAF et pouvoir échanger avec les parents. Les familles adoptives y sont particulièrement confrontées. Ces troubles peuvent être à l’origine de carences affectives très graves… Or, quand nous consultons, les médecins font porter la responsabilité sur l’histoire pré-adoptive de l’enfant et son abandon. Du coup, il n’y a aucune investigation complémentaire sur le volet de l’alcoolisation foetale ou sur celui des maladies génétiques. C’est la raison pour laquelle, nous souhaitons alerter les professionnels de santé pour qu’ils se renseignent sur le sujet et qu’ils ne passent pas à côté.

FI : Selon une enquête menée par l’association Mlézi Maoré en 2015 sur les conduites à risques chez les adolescents de Mayotte, 29% des jeunes déclarent être exposés à l’alcool et 1% des femmes enceintes avouent en consommer pendant leur grossesse. Que vous inspirent ces chiffres ?

mayotte-enfants-victimes-troubles-spectre-alcoolisation-foetaleC. : Si 1% des femmes enceintes avouent consommer de l’alcool pendant leur grossesse, cela signifie que 1% des enfants sont victimes de troubles. C’est catastrophique ! Cela peut naturellement porter préjudice au fœtus, surtout chez celles qui n’ont pas conscience des risques ou qui ont des comportements excessifs, du fait parfois de leur très jeune âge. Accompagner un enfant porteur d’un TSAF demande une surveillance de tous les instants, alors imaginez quand vous êtes un parent mineur…

À Mayotte, nous aurions pu penser que la jeunesse était moins confrontée au ravage de l’alcool, en raison de la proéminence de la religion musulmane sur le territoire. Or, ce n’est pas le cas puisque près d’un tiers des jeunes y sont exposés. Dans ces conditions, nous avons de façon certaine des enfants qui ne sont pas dépistés et dont les parents ne savent même pas qu’ils ont ce problème, alors que cela requiert une prise en charge spécialisée.

FI : Justement, dans le 101ème département, quelles sont les messages portés par les institutions sur ces troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale ?

C. : L’an dernier, il y a eu une campagne de communication de la part de l’agence régionale de santé pour sensibiliser sur le zéro alcool pendant la grossesse. Cela démontre bien que nous nous inscrivons dans la continuité depuis la création de l’autorité sanitaire de plein exercice. Nous espérons d’ailleurs rencontrer la nouvelle direction pour échanger avec elle sur cette thématique et faire reconnaître l’existence de ce syndrome, qui est la première cause de handicap mental non génétique.

De manière plus générale, tout le monde essaie de faire aboutir des projets de structures à destination des jeunes en situation de handicap. Il y a des appels à projets auxquels répondent les associations, mais le nerf de la guerre est toujours le même : il faut faire face aux difficultés de recrutement d’un personnel spécialisé… Il ne faut pas non plus oublier que la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) est toute récente (21 juin 2016, ndlr). L’idée est vraiment d’essayer de travailler ensemble et d’aller dans la bonne direction. Il y a sûrement un travail à réaliser sur le plan culturel pour faire prendre conscience à la population qu’avoir un enfant handicapé n’est pas une punition divine ! Tout le monde a le droit d’être scolarisé, d’être soutenu et d’être soigné. Il faut le faire savoir pour que les familles se mobilisent dans le but de faire reconnaître les handicaps de leurs proches et d’appuyer des demandes de centres adaptés, comme nous pouvons en trouver à La Réunion. Nous partons de loin, mais nous avançons à petit pas.

L’ESS Tour prêt à sillonner Mayotte pour aller au plus près des porteurs de projet

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Mercredi 8 septembre, en plein cœur de la ville de Sada, la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire Mayotte a inauguré l’ESS Tour. L’occasion de présenter au grand public ce nouvel outil de sensibilisation itinérant, qui a pour but de convaincre les porteurs de projet de passer le cap.

L’ESS Tour, quesaco ? Ce dispositif opérationnel a pour vocation d’être au plus près de la population dans l’espoir de promouvoir l’économie sociale et solidaire (ESS) au sein du 101ème département français. Toutes les deux ou trois semaines, la tente de l’ESS Tour se déplacera de villes en villes afin d’aller au plus près des habitants. L’objectif donc ? Accueillir toutes les générations, discuter, débattre et créer des projets autour de thématiques variées. “De nombreuses animations et ateliers destinés à un large public et adaptés aux besoins de chaque localité seront mises en place sous la tente de l’ESS Tour”, explique Alexandre Morau, responsable du Fanya’Lab au sein de la CRESS de Mayotte. Un projet plein de sens pour la chambre régionale, qui forte de ses résultats en 2020 entend bien continuer à agir sur le territoire. “L’année passée, nous avons accompagné 102 porteurs de projet dans la création ou la consolidation de leur activité. 77 emplois ont pu être créés et 123 pérennisés”, se félicite le nouveau directeur de l’institution, Kamal Youssouf.

L’ESS comme mantra

L’ESS est dans l’ADN des mahorais”, clame son président, Kadafi Attoumani, avant de rappeler la définition même de celle-ci. “Souvent, les gens pensent que l’ESS est un mode de structure, mais elle est un mode d’entreprendre.” En effet, l’ESS désigne un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, de mutuelles, d’ associations, ou encore de fondations. Leur fonctionnement interne et leurs activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. Un modèle ambitieux qui pourrait bien être l’avenir de Mayotte.

Le nouvel outil de la CRESS voit le jour dans un contexte de travail collectif. Financé par le conseil départemental et le fond de solidarité de l’Union européenne, il est aussi l’aboutissement d’un travail en lien avec les différents acteurs de l’île. “Notre but est de faire un travail de proximité. Lors de nos interventions dans les villes, nous travaillerons en lien avec les équipes des mairies et des associations locales afin d’identifier les besoins des territoires et des populations”, précise Alexandre Morau. Pour cela, Laydine Soulaimana et Saira Saïd, deux porteurs de projet de la CRESS, animeront les ateliers. Ils pourront également être épaulés par des intervenants si les sujets le permettent. “On peut imaginer que sur une thématique en lien avec la recherche d’emploi, des salariés de Pôle emploi puissent participer à des activités de l’ESS Tour”, affirme Kamal Youssouf. “Notre objectif étant la coordination entre les différents partenaires afin d’accompagner au mieux la population.” Un beau projet qui débute ce mercredi et qui n’a pas fini de faire parler de lui.

Entre 150 et 200 euros requis contre Estelle et Christophe Youssouffa, accusés de rébellion lors de la visite de Macron

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En visite à Mayotte le 22 octobre 2019, le président de la République, Emmanuel Macron, doit donner son premier discours à la sortie du ponton de Mamoudzou. Sur les lieux, Estelle et Christophe Youssouffa se font interpeller par les forces de l’ordre à l’angle du rond-point Passot. Poursuivis pour actes de rébellion, ils comparaissaient ce mercredi au tribunal judiciaire. Si le ministère public a requis entre 150 et 200 euros d’amende pour chacun d’eux, ils devront attendre une semaine de plus pour être fixés sur leur sort.

Salouva traditionnel pour l’une, chemise-cravate pour l’autre. Derrière les apparences convenables, Estelle et Christophe Youssouffa doivent répondre de leurs actes devant la justice ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou. Plus précisément d’actes de rébellion à l’encontre de deux fonctionnaires de police à l’occasion de la visite présidentielle le 22 octobre 2019.

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Ce jour-là, la scène de l’interpellation de la présidente du collectif des citoyens de Mayotte et de son frère par quatre agents se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Après avoir appelé la population à porter un t-shirt blanc pour marquer le coup, les deux militants se retrouvent dans le collimateur des forces de l’ordre. Passé le cordon de sécurité situé à l’angle du rond-point Passot, impossible d’approcher l’accès au podium sur lequel Emmanuel Macron doit donner son premier discours. Les deux voient rouge et manifestent leur « droit de circuler ». « On nous a empêchés de voir le président. L’idée n’était en aucun cas d’haranguer la foule », insiste Christophe Youssouffa. Face au mur de gros bras qui se dresse devant eux, l’incompréhension les gagne avant que le sous-préfet de l’époque en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, Julien Kerdoncuff, les informe de « notre mise à l’écart publique et humiliante », grimace Estelle Youssouffa. « On ne représentait aucune menace. »

« Emmenés manu militari »

En guise de contestation, le frère et la sœur décident de s’asseoir. « Vous avez refusé de vous lever d’un périmètre de sécurité, vous avez provoqué par votre comportement un rassemblement massif », déroule le président Kamel Souhail lors du rappel des faits. Les esprits s’échauffent. Christophe Youssouffa tente de poursuivre son chemin dans « la direction interdite », se retrouve nez à nez avec des fonctionnaires et adopte une « attitude provocatrice et moqueuse ». « On est restés passifs et ils nous ont emmenés manu militari ! Le policier a étouffé mon frère sous mes yeux pour l’immobiliser. Il était incapable de respirer », précise Estelle Youssouffa. « On vous a reproché d’être intervenue », lui répond du tac-au-tac le juge. Dans le feu de l’action, une bouteille se déverse sur les représentants du ministère de l’Intérieur. « Je me suis arrêté pour boire, c’est parti de manière involontaire. Il n’y avait aucune volonté de blesser ou de résister », se défend le trentenaire. Mais c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase… Direction le commissariat !

Des réquisitions d’apaisement

« Je n’ai pas vu, dans les images, de comportements ou de gestes qui qualifient un acte de rébellion », note toutefois le procureur de la République, Yann Le Bris, au moment d’effectuer ses réquisitions. Et de notifier que la jurisprudence a eu l’occasion de poser le principe selon lequel, « le fait d’opposer une résistance violente aux personnes dépositaires de l’autorité publique doit s’entendre d’un acte de résistance active à l’intervention de ces personnes : la simple résistance passive et la force d’inertie ne sont pas des éléments constitutifs du délit de rébellion » (Cour de cassation, chambre Criminelle 1er mars 2006). Aussi, le magistrat joue-t-il la carte de l’apaisement et de la pédagogie : Yann Le Bris plaide pour une peine de 150 à 200 euros pour « rappeler aux uns et aux autres leur responsabilité ».

Une note déjà bien trop salée au goût de l’avocate de la défense, qui souhaite « faire reconnaître le principe de leur innocence dans cette affaire ». Maître Sabrina Goldman dénonce un dossier vide et une extrapolation du procès-verbal. « Vous ne pourrez qu’entrer en voie de relaxe », conclut-elle. Suffisant pour convaincre le président du tribunal correctionnel, Kamel Souhail ? Décision le 14 septembre prochain.

Le dialogue : mot d’ordre du nouveau président du SDIS de Mayotte

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Le service départemental d’incendie et de secours de Mayotte vient de changer de conseil d’administration. Ce mardi après-midi, certains élus du Département, les syndicats et le directeur du SDIS se sont réunis pour installer le nouveau président de la structure. Ben Issa Ousseni a délégué son poste à Abdoul Kamardine, conseil-ler de M’tsamboro, qui n’a pour mot d’ordre que le dialogue.

Apprendre les erreurs du passé et entrer dans une nouvelle ère, c’est la politique du nouveau président du service départemental d’incendie et de secours de Mayotte, Abdoul Kamardine. Nommé par le président du collectivité, Ben Issa Ousseni, le conseiller du canton de M’Tsamboro prend les rênes du conseil d’administration de la structure pour les six prochaines années.

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Abdoul Kamardine hérite d’un SDIS marqué par les nombreux conflits entre les agents et sa prédécesseure, Moinécha Soumaila, mais aussi et surtout par un dialogue rompu entre les deux parties. De ce fait, le binôme de Zouhourya Mouayad Ben au conseil départemental souhaite rétablir le lien de confiance. « Nous ne pouvons pas faire mieux que le dialogue… L’avenir, c’est le dialogue social, c’est de travailler avec l’ensemble des agents du SDIS pour construire cette belle institution », martèle-t-il. Une stratégie soute-nue par le directeur, le colonel hors classe Olivier Neis, qui s’inscrit dans cette lignée. « Le passé est une leçon qu’il ne faut pas reproduire. Il faut savoir entendre et écouter », prévient celui qui a pris ses fonctions au mois de mars.

Des dossiers brûlants sur la table

Le nouveau président arrive avec des objectifs et des projets que l’ancienne mandature n’a pas pu finaliser. Modernisation, développement, sécurisation… Tous les dossiers sont brûlants, alors le conseil d’administration n’a plus de temps à perdre. « Nous allons commencer les travaux de notre école de formation à Kahani qui va s’agrandir, nous allons construire de nouvelles casernes à Dembéni et Chirongui. Notre objectif est d’assurer la couverture de tout le territoire pour que chaque Mahorais se sente protégé », assure Abdoul Kamardine. Et au colonel Olivier Neis d’ajouter : « Les casernes sont en cours de finalisation et de sécurisation, il faut compléter les équipements pour les sécuriser. »

La nouvelle équipe le sait, elle doit répondre aux nombreux besoins des sapeurs-pompiers. Et pour cela, il faudra énormément de moyens. D’où le budget de 35 millions d’euros alloués au SDIS de Mayotte : 25 millions d’euros pour la section fonctionnement et 10 millions d’euros pour la partie investissement. Une enveloppe financée à hauteur de 56% par le conseil départemental (contre 44% par les communes). Mais Abdoul Kamardine souhaite aller encore plus loin. « Il faut aller trouver d’autres moyens d’investissement, cela signifie aller sur le marché et emprunter », précise-t-il, toujours dans l’objectif d’être présent sur l’ensemble de l’île aux parfums.

Les syndicats restent vigilants

Des promesses et des ambitions passées au crible par les représentants des syndicats des sapeurs-pompiers et ceux du personnel administratif. Ainsi, ils gardent les pieds sur terre et n’oublient pas les discussions houleuses avec l’ancienne présidente… « Votre discours nous laisse rêver parce que le passé du SDIS 976 est amer », insiste Boucherane Colo, au nom de l’intersyndicale en s’adressant directement au nouveau président. Il n’hésite pas à rappeler le rôle des élus au sein de la structure et leur de-mande plus de considération. « La plupart du temps, nous avons du mal à avoir ne serait-ce que deux élus sur une commission, ils brillent par leur absence. J’ose espérer que c’est du passé », avertit-il.

Celui qui est aussi président du syndicat autonome FA/SPP-PATS Mayotte (fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs et techniques spécialisés) de-mande aux membres du conseil d’administration d’être à l’écoute de leurs doléances. « Les pompiers sont les techniciens qui sont sur le terrain et ce sont eux qui connaissent les réels besoins », rap-pelle-t-il, à l’égard de ceux qui en doutaient encore. La présence régulière des élus dans les casernes est plus que nécessaire pour Boucherane Colo puisqu’« ils ne peuvent pas rester au conseil départe-mental et savoir ce qu’il se passe chez nous ». Déterminé, le nouveau président a pour ambition de faire table rase du passé. Mieux, il promet un changement radical en termes de management ! Sur ces belles paroles, les syndicats acceptent de lui faire confiance et repartent avec beaucoup d’espoir. En guise de bonne foi

« L’école à Mayotte – Approches plurielles » : neuf auteurs interrogent les spécificités de l’école dans le 101ème département français

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Dans un livre publié le 30 août 2021 et bientôt disponible en librairies à Mayotte, des enseignants-chercheurs font le portrait d’une école mahoraise particulière, à la fois récente, et marquée par des spécificités locales : le plurilinguisme, les madrassas, la jeune formation des professeurs sur place… Un état des lieux nécessaire, au vu des innombrables défis qui pèsent sur l’éducation des enfants à Mayotte.

ecole-mayotte-approches-plurielles-neuf-auteurs-interrogent-specificites-ecole-101eme-departement-francaisLe saviez-vous ? La toute première école publique laïque de Mayotte a été inaugurée à Dzaoudzi en 1864. Avant cela, et quand les Français prennent possession de l’île en 1841, le système éducatif repose essentiellement sur les écoles coraniques. Il faudra attendre les années 1990 pour que “les transformations du système scolaire s’accélèrent pour faire face à la massification de la population scolaire”, écrit Liliane Pelletier, directrice adjointe du laboratoire Icare de l’Université de La Réunion, en ouverture de “L’école à Mayotte – Approches plurielles”, paru aux Éditions L’Harmattan le 30 août 2021. Depuis la fin du siècle, la petite île de l’océan Indien est passée de quelque 5.000 élèves aux 106.000 annoncés par le rectorat pour cette rentrée scolaire… De quoi bouleverser toute une organisation !

La parole aux acteurs de terrain

Pour tenter de dresser un portrait de ce système éducatif en perpétuelle évolution, neuf auteurs, dont cinq chercheurs du laboratoire Icare, signent ainsi pour cette même rentrée un ouvrage collectif sous la direction de Maryvonne Priolet, enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation au centre universitaire de Mayotte (CUFR). Objectif : interroger les particularités de l’école sur une île en proie à une croissance démographique galopante, et où le fort taux de pauvreté fait peser un enjeu majeur sur la scolarisation des enfants. Outre ces statistiques socio-économiques bien connues, il s’agit aussi pour les contributeurs d’étudier les représentations des différents acteurs – familles, enseignants, directeurs d’école notamment – au travers de travaux de recherche, établis via des questionnaires, des entretiens, des observations en classe, etc. Or, ces représentations se heurtent à un contexte particulier de plurilinguisme, de dualité de l’enseignement avec les écoles coraniques que fréquentent une majorité d’enfants, mais aussi de rotations, et d’enjeux de formation locale pour les futurs enseignants.

Nous ne voulions pas une approche linéaire, c’est pourquoi nous abordons de nombreuses thématiques dans un ouvrage volontairement collectif. Et chaque chapitre donne la parole à des acteurs de terrain”, insiste Maryvonne Priolet, pour qui cette publication signe l’aboutissement d’une carrière passée sur les bancs de l’éducation, comme institutrice, conseillère pédagogique et inspectrice de l’Éducation nationale. “La découverte de l’école à Mayotte a été un élément déclencheur dans ce projet. En arrivant en 2017, j’ai eu envie de faire connaître à d’autres ce qu’était cette école, qui évolue encore d’ailleurs”, sourit la chercheuse. Un intérêt partagé avec les autres auteurs, Stéphanie Bachelot, Yannick Bureau, Philippe Charpentier, Daourèche Hilali Bacar, Gaëlle Lefer-Sauvage, Miki Mori, Liliane Pelletier, et Jean-Jacques Salone.

Le dilemme des langues régionales

Regard des parents, rapports aux langues, dilemmes de l’activité enseignante face à un modèle calqué de l’Hexagone, formation des professeurs, usage des tablettes tactiles par des enseignants d’ULIS-école (unités localisées pour l’inclusion scolaire)… En sept chapitres, « L’école à Mayotte – Approches plurielles » dresse ainsi un portrait fourni du système scolaire à un instant T, dans un contexte où les représentations évoluent très rapidement, reconnaît Maryvonne Priolet. “Quelque part, ce livre est déjà presque daté ! En 2017, nous avons pu voir le dilemme professionnel qui se posait pour des personnes qui se sentaient interdites d’utiliser dans leurs classes des langues autres que le français”, cite par exemple la directrice d’ouvrage, en référence à la reconnaissance récente du kibushi et du shimaoré comme langues régionales et la volonté de l’Éducation nationale de permettre leur enseignement à l’école.

Trois chapitres sur la formation de ceux qui enseignent

Autre évolution rapide : la formation des enseignants. Créé en 2017 pour former les professeurs des écoles de “la nouvelle école de la République”, sur le principe d’une alternance intégrative qui mixe expérience de terrain et formation universitaire, le Master MEEF du CUFR s’étend au second degré à partir de cette rentrée 2021, avec le français et les maths. “Avec la formation des enseignants, nous avons des promotions de 200 personnes qui vont sortir chaque année pour le 1er degré, et le nombre de contractuels sera réduit d’autant”, explique Maryvonne Priolet. Comme quoi, “on voit que tout est en devenir.

Les recettes de grand-mère à l’honneur avec Simba agriculture

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Du 6 au 12 septembre 2021 se tient la huitième édition du forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Sur la place de la République à Mamoudzou, quarante artisans se réunissent tout au long de la semaine afin de mettre à l’honneur la culture et les savoir-faire mahorais. Découverte du patrimoine culinaire et aromatique de l’île avec Razia Simba-Ali.

Sadoise et fière de l’être. C’est ainsi que se présente Razia Simba-Ali. Assise derrière ses épices, elle accueille les badots avec bonne humeur et dynamisme. “Tout ce que vous voyez là, c’est moi qui le fais”, indique-t-elle en désignant des paquets d’aromates. “Les produits que je transforme viennent de Mayotte, mais aussi d’un peu partout dans l’océan Indien.” Après avoir été porte-parole d’une confédération paysanne sur le territoire, l’entrepreneure se lance en 2015 dans le commerce de produits agricoles.

En 2010, lorsque j’ai créé mon entreprise, je vendais des semences, des engrais et des produits phytosanitaires, mais lorsque j’ai eu ma famille, j’ai tout arrêté et j’ai décidé de suivre les traces de mes ancêtres qui travaillaient dans l’agriculture.” Petite-fille d’agricultrice et fille d’un papa passionné de pêche et de paysannerie, Razia Simba-Ali a toujours aimé la terre. “Nous avons toujours mangé les produits que nous cultivions et aujourd’hui, nous devons renouer avec ce patrimoine”, affirme la quadragénaire. Un retour essentiel pour elle au circuit-court et à la consommation de produits frais à l’heure où les produits transformés prennent une place prépondérante dans l’alimentation des Mahorais.

“Un produit des trois coins de l’île”

Son produit phare ? Son huile de massage. Une recette qu’elle tient de sa mère et de sa grand-mère. “C’est un mélange d’huile de coco et de vétiver. Ça calme la fièvre et ça soulage les coups… Ma touche personnelle, c’est l’ajout d’extrait d’ylang qui relaxe”, confie-t-elle, d’un air malicieux. Comme elle aime le dire, son huile est “100% locale”, avec une huile de coco qu’elle achète chez un producteur de Ouangani, celle de vétiver qui vient tout droit de Bouéni et l’extrait d’ylang-ylang cultivé à Acoua. “Un produit des trois coins de l’île”, s’amuse sa créatrice.

Un catalogue divers et varié

Épices, huiles, fruits et légumes… L’artisane vend des produits divers. Déjà présente sur le marché couvert de Mamoudzou, Razia Simba-Ali livre également ses articles sur l’ensemble du territoire. Pas en reste, elle espère encore développer son activité et réaliser de la vente en ligne. “J’ai reçu des demandes de la part de certains clients qui résident à La Réunion ou en métropole pour que je leur livre des produits. Mon objectif serait de pouvoir vendre à l’extérieur de Mayotte, mais aussi posséder pourquoi pas mon propre magasin afin d’agrandir mes stocks et pouvoir honorer mes commandes.” Un beau projet d’avenir pour la Mahoraise, qui avec ses diverses créations fait vivre le patrimoine culturel de l’île aux parfums.

Variant Delta : le port du masque dans l’espace public sera de nouveau obligatoire dès mercredi à Mayotte

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En seulement quelques semaines, la nouvelle souche du Covid-19 qui a débarqué à Mayotte est déjà majoritaire et se propage rapidement. Pour éviter une nouvelle vague meurtrière et des mesures de couvre-feu ou de confinement comme par le passé, les autorités de l’île ont décidé de prendre des mesures préventives.

C’est reparti pour un tour ! Alors que la plupart des restrictions avaient été levées sur le territoire depuis le 20 mai, avec notamment la fin du couvre-feu, le préfet de Mayotte Thierry Suquet a annoncé ce lundi un nouveau tour de vis. Objectif : freiner la propagation du variant Delta, qui représente désormais 95% des échantillons séquencés par l’agence régionale de santé. “Ce variant plus contagieux circule désormais très largement, et nous ne sommes pas sûrs que les gens qui ont déjà été atteints par le Covid, en particulier par la souche sud-africaine, soient aussi immunisés, c’est ce qui ressort d’un avis du conseil scientifique”, a mis en garde le délégué du gouvernement à l’occasion d’une conférence de presse.

Un patient admis en réanimation lundi

Preuve de la contagiosité de cette nouvelle souche, les voyants passent au rouge-orangé les uns après les autres. “Sur les quatre dernières semaines, tous les indicateurs sont en hausse avec une accélération particulièrement marquée la dernière semaine”, a présenté la directrice de l’ARS par intérim, Stéphanie Frechet. Ainsi, sur la semaine du 28 août au 3 septembre, le taux d’incidence est repassé au-dessus du premier seuil d’alerte, à 50 cas pour 100.000 habitants. “Compte tenu de l’accélération de l’épidémie, depuis la date du 3 septembre, ce seuil est très largement franchi”, a estimé la nouvelle responsable de l’autorité sanitaire. Le taux de positivité des tests, à 3.2%, suit la même pente, malgré des dépistages moins systématiques. Et le R0, qui indique le nombre de cas contaminés par une personne positive, est passé à 1.54. “Nous n’avions observé cette dynamique qu’une seule fois depuis mars 2020.” Pire, ces chiffres trouvent d’ores et déjà une traduction très concrète à l’hôpital, qui accueille à nouveau six personnes hospitalisées, dont une en réanimation depuis ce lundi matin. Il s’agit d’un patient non-vacciné et qui présente plusieurs comorbidités.

Des restrictions en vigueur dès mercredi

Face à ce rebond de l’épidémie, les autorités de l’île, en lien avec les maires, les élus du département et les responsables de cultes, ont décidé de prendre des mesures de freinage supplémentaires. Un arrêté préfectoral doit entrer en vigueur dès mercredi. Il prévoit le rétablissement du port du masque obligatoire dans l’espace public, en intérieur et en extérieur ; même chose dans les collèges, les lycées et en intérieur dans les écoles ; la réduction des jauges à 50% dans les commerces, et à une place sur deux dans les lieux de culte ; l’interdiction de la musique amplifiée dans l’espace public ; la présentation d’un passe sanitaire pour la pratique du sport en intérieur pour les personnes majeures, et, dans le cadre scolaire, une pratique encadrée par un protocole sanitaire strict et l’interdiction des sports de contact ; l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes, y compris pour les manzarakas et les voulés, sauf à appliquer le passe sanitaire et sous réserve d’une autorisation préalable à solliciter auprès de la préfecture dix jours avant l’événement ; enfin, la gratuité de l’eau aux bornes fontaines monétiques. Il est par ailleurs fortement recommandé aux employeurs d’encourager le télétravail et aux ménages de limiter le nombre d’invités extérieurs au foyer à six personnes.

La campagne vaccinale s’essouffle

Le rectorat, qui avait déjà opté pour le niveau 2 du protocole sanitaire dès la rentrée scolaire, reste sur la même lancée, avec une attention accrue sur le port du masque, les gestes barrières et le nettoyage des salles de classe plusieurs fois par jour, entre chaque rotation et entre chaque service pour la restauration. Si un cas est détecté dans une classe, tous les élèves sont isolés dans le premier degré. Dans le second degré, ils sont suivis et isolés en fonction des risques pour les cas contacts, et les élèves vaccinés peuvent revenir en classe à condition d’être testés. Pour rappel, les jeunes peuvent se faire vacciner dans les lycées, sur présentation de l’autorisation signée par les deux parents référents. Le dispositif sera étendu aux collèges dès la fin de la semaine prochaine.

Nerf de la guerre pour les autorités, la vaccination semble d’ailleurs montrer des signes d’essoufflement, après la bonne dynamique de la pré-rentrée. “Nous enregistrons plus de doses numéro 2, que de doses numéro 1, donc il y a moins de candidats à la vaccination”, a souligné Stéphanie Frecher. En outre, des primo-injectés manquent à l’appel pour la deuxième piqûre, avec un perte estimée à 1.800 doses numéro 2 par semaine. “D’après nos outils de projection, en l’état actuel et si aucune mesure de freinage n’est prise, la tendance montre un nombre de décès analogue à la vague de janvier-avril dernier”, a-t-elle alerté. Soit 113 décès en trois mois.

Zena Airlines : les pourparlers avec le Département de Mayotte poussent à l’optimisme

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Depuis décembre dernier, Régis et Julien Novou avancent progressivement leurs pions dans l’espoir de faire décoller leur compagnie aérienne locale, dénommée Zena Airlines, au cours du premier semestre 2022. Reste à concrétiser les premiers échanges fructueux avec la nouvelle majorité du Département, qui semble vouloir prendre le projet en vol et qui pourrait rebattre certaines cartes. Mais en cas de soutien de la collectivité, il faudra alors trouver un équilibre financier avec les actionnaires privés.

Près de deux mois après la présentation de leur projet en collaboration avec Airbus Consulting, les frères Novou reviennent sur le devant de la scène. Deux mois passés loin des radars à bûcher et à enchaîner les rendez-vous professionnels sur l’île aux parfums comme en métropole. Et celui avec la nouvelle majorité du conseil départemental, le 18 août dernier, peut donner quelques motifs d’espoir quant à l’implication économique de la collectivité dans le projet Zena Airlines. « Elle prendra sa décision finale en son âme et conscience, mais les questions étaient trop pertinentes à mes yeux pour que ce soit un simple entretien de courtoisie », résume Julien Novou, entouré ce jour-là de Cris Kordjee, la chef de file de l’association des usagers des transports aériens de Mayotte. « Le président m’a assuré qu’il soutenait toutes les initiatives permettant le désenclavement du territoire. Nous avons tous les deux saisi nos besoins respectifs ! »

Un bon point de départ pour les instigateurs de cette nouvelle compagnie aérienne 100% mahoraise. Reste à concrétiser ces premiers échanges pour le moins fructueux. Trois options s’offrent alors au Département : subventionner, rentrer au capital et/ou se porter caution. Sauf qu’une réponse positive pourrait rebattre certaines cartes… Et aussi faire grincer des dents. « En cas de partenariat, il va falloir trouver un équilibre financier avec nos investisseurs privés qui nous font confiance et qui nous suivent depuis le début de cette aventure », précise Régis Novou, désireux d’entendre les élus se positionner depuis juin sur ce dossier, qui agite régulièrement l’opinion publique et la sphère politique.

Changement du curseur stratégique

Alors oui, si « [ces] discussions changent quelque peu le curseur stratégique », le jeu en vaut la chandelle. En devenant actionnaire, la collectivité peut par exemple permettre de faire baisser de « 20 à 25% » le prix de location des avions. Une aubaine qui aurait des conséquences avantageuses sur le tarif des billets… Mais attention : l’heure tourne ! « Avec la fenêtre de tir actuelle, il faut agir de suite. L’aérien redécolle crescendo, de moins en moins d’appareils se retrouvent cloués au sol. » Autre bénéfice institutionnel à exploiter ? Le rôle de facilitateur du conseil départemental, notamment auprès d’entreprises telles que Total, l’unique fournisseur de carburant sur le territoire. Un élément à prendre en considération sachant que le kérosène représente « 30% des coûts variables ».

Peu importe la décision finale, les frères Novou assurent suivre leur calendrier initial. « Nous avons toujours pour ambition de pouvoir voler avant le début de la haute saison 2022 à destination de l’Hexagone et de La Réunion » Avant de relativiser le projet de coopération commerciale entre Air Austral et Corsair, annoncé le 17 août. « Cela fera de nous le seul concurrent », s’amuse Régis Novou. « Des partenariats, nous pouvons aussi en tisser », renchérit son cadet, en référence à la multitude de compagnies aériennes qui desservent l’île Bourbon. Même sens de l’ironie lorsqu’il s’agit d’évoquer le positionnement d’Ewa Air sur la ligne régionale convoitée par Zena Airlines. « Nous sommes ravis de ne pas encore exister et de déjà servir d’exemple. » En soi, aucune turbulence à l’horizon pour les deux spécialistes de l’aéronautique.

Autodidacte, Assimo peint et dépeint Mayotte

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Du 6 au 12 septembre 2021 se tient la huitième édition du forum international des métiers et de l’artisanat de l’océan Indien. Sur la place de la République à Mamoudzou, quarante artisans se réunissent tout au long de la semaine afin de mettre à l’honneur la culture et les savoir-faire mahorais. Retour sur le parcours d’Assimo.

Un pinceau à la main et le sourire aux lèvres, Assimo raconte au travers de ses peintures la société mahoraise. L’artiste puise l’inspiration dans son quotidien, qui lui dicte les sujets de ses toiles. « Je regarde, j’observe, j’enregistre et je retranscris ce que j’ai vu sur le papier », résume le quinquagénaire. Un don qui le suit depuis toujours ou presque. « Je faisais des peintures et je les offrais à mes amis. Un jour, mon père m’a dit que plutôt que de donner mes œuvres, je devrais les vendre ! Il a apporté l’une de mes toiles à l’aéroport de Nosy Bé où il travaillait. J’ai tout de suite été exposé et j’ai reçu de nombreuses commandes. Cet événement a lancé ma carrière d’artiste », raconte-il avec un brin de nostalgie. Après divers emplois dans des sociétés malgaches, le peintre décide de venir vivre à Mayotte. En 2019, il obtient l’immatriculation de son entreprise – Assimo Décor – et ouvre son atelier à Chiconi.

Technique et sens du détail

Aujourd’hui, Assimo se présente comme un artiste polyvalent. « Je peins sur toutes les surfaces et sur tous les sujets. J’ai réalisé des peintures de décoration, des panneaux publicitaires, de l’écriture sur bateaux, des fresques, de la peinture sur toile, sur bois ou encore sur du tissu », détaille-t-il. Depuis 1984, l’artisan peint en fonction de ses diverses commandes. Pour ses toiles, il met au point plusieurs techniques : il trace d’abord ses croquis sur des feuilles de papier, puis il décalque le motif sur la surface à travailler avant de commencer à peindre. Il utilise également des pochoirs et crée lui-même ses couleurs à l’aide des trois couleurs primaires, de noir et de blanc. Un travail de patience et de précision qu’il réalise à la vue des visiteurs lors de cette huitième édition du forum international des métiers de l’artisanat de l’océan Indien.

« Vivre de ma passion »

Son métier, Assimo le découvre sur le tard. Plus jeune, il cherche sa voie en étudiant dans différents domaines… « Je suis allé à l’école technique pendant trois ans pour acquérir les qualités d’un soudeur et d’un menuisier. J’ai aussi une formation en cuisine et une autre de conducteur de bateau. Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre de ma passion », retrace l’artiste, très heureux de s’exposer du 6 au 12 septembre sur la place de la République de Mamoudzou.

Papa d’une jeune fille inscrite en seconde au lycée de Sada, il est important pour Assimo de transmettre son art. « [Elle] ne m’a jamais demandé de lui apprendre à dessiner, mais j’en serais ravi si elle le désire un jour. » Soucieux de partager ses talents à la nouvelle génération, l’artiste commence alors à dispenser des cours de dessin. Comme à Mazena : « Je lui apprends la technique, l’échelle, le choix du dessin, la peinture… Il y a peu de temps, elle a fini première d’un concours de dessin à Mayotte ! Je suis très content pour elle. » Un bon moyen pour lui de faire perdurer son art sur l’île aux parfums.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes