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« Nous sommes méprisés par l’État », le cri de colère de Safina Soula

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Le collectif des association mahoraises monte au créneau et s’adresse directement au ministre de l’Intérieur à travers une lettre ouverte, paraphée par douze collectifs et associations. Ils accusent l’État d’avoir abandonné Mayotte. Les signataires se sont retrouvés ce jeudi après-midi pour discuter de la suite de leur démarche qui consiste essentiellement à porter plainte contre l’État pour non-assistance à peuple en danger.

Un sentiment d’abandon et de mépris, c’est ce que ressentent les représentants des as-sociations et collectifs de défense des droits des Mahorais. Et selon eux, ces droits sont tout simplement bafoués par l’État… « La France a failli à ses missions à Mayotte, alors faisons en sorte que tout le monde le sache », lance Said Mouhoudhoiri, le porte-parole du collectif des citoyens 2018. Et cela commence par l’envoi d’une lettre ouverte à Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, paraphée par une douzaine d’associations et de collectifs du territoire. Ils dénoncent les récents évènements impliquant des bénévoles de la Croix Rouge en situation irrégulière.

Pour rappel, lors d’un contrôle d’identité ordinaire mené par la police, deux personnes ont été arrêtées et emmenées au centre de rétention administrative car elles n’étaient pas en règle. La sous-préfète chargée de la lutte contre l’immigration clandestine, Nathalie Gimonet, a alors demandé le relâchement de ces individus. « Nous sommes indignés, scandalisés par ce qu’a fait la sous-préfète. La préfecture n’avait pas à intervenir dedans. Nous sommes certains que ce n’est pas une première affaire », s’emporte Safina Soula, la présidente du collectif des citoyens 2018. « Nous devons demander son départ ! », ré-torque une autre participante de la réunion organisée ce jeudi 18 novembre. La quinzaine de sympathisants réunies ce jour pour discuter de la situation de Mayotte veulent avoir des explications sur cette affaire qui n’a visiblement pas fini de faire réagir.

Porter plainte contre l’État, l’ultime tentative

L’assemblée en profite également pour évoquer les autre sujets brûlants qui consument le 101ème département français. Évacuation sanitaire, surcharge des écoles, actes de délinquance font partie de leurs principales préoccupations. Le groupe ne se réunit pas pour trouver des solutions à ces problèmes, mais pour s’assurer que tous s’engageront pour traduire l’État en justice et l’obliger à prendre ses responsabilités. « Nous allons porter plainte pour non-assistance à peuple en danger. On est en train de nous tuer et ils ne font rien pour arrêter cela. Alors nous mobilisons nos avocats sur ça, nous nous y préparons », assure Said Mouhoudhoiri. Reste à voir maintenant si la procédure ira jusqu’au bout…

Quoi qu’il en soit, le sentiment de ras-le-bol est bien présent auprès de ces Mahorais qui ne croient plus en rien ! « Nous sommes méprisés par l’État, il nous a abandonnés », déplore Safina Soula. Et les différentes visites ministérielles programmées depuis le mois d’août jusqu’à la fin de l’année ne font pas baisser la colère, bien au contraire. « La venue de ces ministres est une mascarade. Nous sommes en période électorale et nous savons tous pourquoi ils viennent ici. Les préoccupations des Mahorais ne les intéressent pas. Ils ne veulent même pas rencontrer la population ni échanger avec elle », relève Safina Soula. Les élus aussi en prennent pour leur grade, eux « que l’on voit chez nous lors des campagnes, mais qui disparaissent une fois qu’ils sont élus », critique la présidente du collectif des citoyens 2018. « Ils passent leurs temps à aller à Paris, mais où sont les résultats ? La relation avec les élus est rompue », continue-t-elle très en colère. Les échanges et prises de paroles se poursuivent, mais les participants sont réalistes : ils sa-vent que leur réunion n’aura pas d’influence sur les décisions de l’État. « Cela n’aura probablement pas d’impact, mais le jour où les Mahorais vont se réveiller ça va faire très mal », conclut Said Mouhoudhoiri. Alors à quand le réveil ?

Handicap : Immersion dans les ateliers Enzo Technic Recyclage pour le Duoday

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Jeudi 18 novembre, l’entreprise Enzo Technic Recyclage accueillait des personnes en situation de handicap à l’occasion du Duoday. Pendant cette journée, un professionnel et une personne handicapée ont formé un duo afin que l’actif lui fasse découvrir son poste, ses missions et son environnement de travail. L’objectif ? Faciliter l’insertion dans l’emploi des personnes en situation de handicap encore trop souvent mises à l’écart du monde du travail.

Le tri des déchets, je veux en faire mon métier !” Pour Ismaël, 21 ans, cette journée est une révélation. Si le jeune homme se désole de passer le plus clair de son temps chez lui à ne rien faire, ici, il se sent utile et a tout de suite mis la main à la pâte. Casquette, tenue fluorescente et chaussures de chantier, il possède déjà la panoplie des employés de Enzo Technic Recyclage.

Notre objectif avec cette journée est de faire découvrir notre activité. Voir comment se passe l’intégration de personnes en situation de handicap avec nos équipes et pourquoi pas à la suite de cette journée les embaucher”, explique Andrian Toilibo, le directeur général de l’entreprise. Au milieu des machines de tri, Ismaël est déjà comme un poisson dans l’eau. Si pour cette première journée, la communication avec les autres membres de l’équipe se fait par l’intermédiaire d’une traductrice, le courant passe bien avec les autres employés et une fois lancé, rien ne semble arrêter le jeune homme atteint de surdité. Au milieu des engins de chantier, il affirme qu’il espère pouvoir intégrer l’équipe prochainement.

Dans les bureaux, Ramdati, atteinte d’épilepsie, suit quant à elle une formation d’assistante administrative. Savoir comment accueillir les clients, apprendre à utiliser les logiciels… Autant de compétences qu’elle se doit d’acquérir si elle veut pouvoir intégrer la société. Durant cette journée, elle aura le loisir de découvrir ce nouveau métier et de voir si elle arrive à s’y projeter.

Des employés motivés et des équipes adaptées

Comme en témoigne son directeur, l’entreprise de tri affirme aujourd’hui sa volonté d’employer du personnel reconnu handicapé. “Nous avons déjà des employés qui souffrent de handicap, mais qui n’ont pas la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Nous avons adapté leurs postes et si nous prenons la décision d’embaucher Ismaël et Ramdati, nous devrons également nous adapter à leur besoin pour qu’ils se sentent à l’aise dans nos équipes”, explique Andrian Toilibo. En effet, en intégrant Ismaël et Ramdati à leurs équipes, l’ensemble de leurs collègues devront être formés au geste de premier secours afin de savoir gérer une crise d’épilepsie mais aussi à quelques rudiments de langue des signes pour communiquer avec le jeune agent de tri. Une nouvelle accueillie avec beaucoup de bienveillance par les membres de l’entreprise comme Ismaila Assani, chef d’équipe qui se dit prêt à se former aux prérequis essentiels pour assurer une bonne cohésion d’équipe.

Une journée nationale

En France, 12 millions de personnes sont touchées par le handicap et 80 % de ceux-ci sont invisibles. Déployé depuis 2018 sur l’intégralité du territoire français, le DuoDay vise à lever les préjugés du monde du travail sur le handicap. À Mayotte pour la 4ème édition du Duoday, dix employeurs ont joué le jeu et ont reçu des personnes en situation de handicap dans leurs locaux. Un bon moyen de mettre le pied à l’étrier des travailleurs handicapés, mais aussi de montrer à tous que le handicap n’est pas un frein à l’employabilité.

Le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte perquisitionné par le parquet financier

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Ouverte depuis la fin de l’année 2019, une enquête du parquet national financier a débouché sur une perquisition au siège du syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte ce mercredi matin. L’opération en cours vise l’ancienne mandature pour délit de favoritisme, détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts.

Stupeur ce mercredi matin au siège du syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte. Des dizaines de cartons jonchent le long des préfabriqués installés dans la cour de l’établissement public. La conséquence d’une enquête préliminaire ouverte fin 2019 par le parquet national financier. « Nous avons été destinataires de signalements de la part de la cour des comptes de Mayotte », indique Emmanuelle Fraysse, la secrétaire générale de l’institution judiciaire française, en charge du dossier depuis Paris.

« S’ils sont là, c’est parce qu’ils ont déjà des informations, c’est pas tombé du ciel », lâche un employé du SMEAM, pas forcément malheureux de voir la section de gendarmerie de Paris, dépêchée sur place, s’activer, avec l’appui de la section de recherche de Mamoudzou. Il faut dire que la nouvelle équipe en place depuis le 31 juillet 2020 a du pain sur la planche pour redresser la situation économique dramatique du syndicat laissée par l’ancienne mandature.

Entre deux et dix ans d’emprisonnement

Et c’est là tout l’enjeu des recherches puisque les signalements évoquent plusieurs chefs d’accusation : délit de favoritisme, détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts. Des délits qui peuvent respectivement faire encourir jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 200.000 euros d’amende, dix ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende, et cinq ans d’emprisonnement et 500.000 euros d’amende. « Les enquêteurs font les actes d’enquête nécessaires à la manifestation de vérité », tient toutefois à rappeler Emmanuelle Fraysse. En d’autres termes, ils s’emploient à apporter les preuves ou non des infractions citées précédemment. Aucun nom n’a pour l’heure filtré.

Concernant les rumeurs faisant état de perquisition aux domiciles de l’ancien président du SMEAM, Moussa Mouhamadi Bavi, et l’ancien directeur de cabinet, Camille Abdillahi, la secrétaire générale du parquet national financier préfère botter en touche. Une affaire qui risque de faire énormément de bruit à une période de l’année où les tours d’eau se multiplient…

Avec le cycle de « savoir-nager », les élèves de 6ème de Majicavo se jettent à l’eau

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Depuis la dernière semaine du mois d’août, les élèves de 6ème Turrell du collège de Majicavo ont débuté leur cycle de “savoir-nager”. Encadrés par leur professeur d’éducation physique et sportive Jérôme Dufour, ils se rendent pendant dix séances à la piscine de Majicavo Koropa. L’objectif ? Familiariser les jeunes mahorais avec le milieu aquatique et se jeter à l’eau.

Tout le monde a son maillot ? Allez, on est partis !” À 7h20, les collégiens grimpent dans le bus direction la piscine. Le programme du jour : perfectionner leurs acquis en vue de la dernière séance de natation qui aura lieu mercredi prochain. Après une rapide explication des consignes et le rappel des modalités d’évaluation du “savoir-nager”, les élèves se trouvent d’attaque pour le grand bain. Sous l’œil attentif de leur professeur, Jérôme Dufour, ils réalisent pendant 45 minutes divers exercices adaptés à leur niveau pour éliminer toute appréhension dans l’eau.

Moi je nage” ; “Moi je flotte” ; “Moi je fais la planche”, racontent avec enthousiasme Zarouki, Lyana et Sayra, fiers de leurs exploits aquatiques. Sur le ventre, sur le dos ou seulement au bord en plongeant ponctuellement la tête dans l’eau, chacun avance à son rythme… “Notre objectif est de nous adapter aux différents profils d’élèves et à leurs besoins. Lors de la première séance, ils ont été répartis en trois groupes : ceux qui ont peur et refusent de rentrer dans l’eau, ceux qui acceptent de s’immerger et ceux qui ont déjà des compétences aquatiques”, détaille leur enseignant. L’idée première n’est pas d’en faire des tritons prêts à enchaîner les longueurs, mais bien d’assurer leur sécurité, de ne pas paniquer dans ce nouvel environnement et surtout d’éviter la noyade.

Des progrès non négligeables

En effet, le “savoir-nager” correspond à une maîtrise du milieu aquatique enseignée aux classes de 6ème et mise en place par l’Éducation nationale depuis la rentrée 2015. Ce certificat reconnaît la compétence à nager en toute quiétude, dans un espace surveillé et ne doit pas être confondu avec les activités de natation fixées par les programmes d’enseignement. Un enjeu pour l’île au lagon où une majorité de la population ne sait pas nager.

Si lors des premières séances, certains élèves refusaient de glisser un orteil dans la piscine, tous plongent désormais sans appréhension dans l’eau chlorée du Koropa. “C’est très important de savoir nager”, affirme d’une petite voix Charafoudine. Comme lui, ses camarades sont convaincus de l’importance et de la priorité d’évoluer en milieu aquatique en sûreté. Mais le but de ces sessions d’initiation est aussi et avant tout de s’amuser : certains rêvent d’éclabousser leurs camarades, d’autres veulent apprendre à faire la course tels des poissons dans l’eau. “C’est un comble d’habiter sur une île et de ne pas savoir nager”, se désole Jérôme Dufour. Une première étape avant de perfectionner leur technique et ainsi de découvrir ce fabuleux terrain de jeu qu’est le lagon.

Une bande dessinée pour mieux comprendre la projection judiciaire de la jeunesse

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« Les enfants du Lagon – protection et justice », c’est le titre de la bande dessinée initiée par la protection judiciaire de la jeunesse, publiée aux éditions du Signe. Le scénario raconte l’histoire de trois mineurs qui grandissent dans un milieu propice à la délinquance. Les tentations sont trop fortes pour ces enfants qui commettent des crimes et délits et qui sont pris en charge par la PJJ. On y découvre des unités souvent méconnues du grand public et qui pourtant permettent à certains jeunes de s’en sortir. Hugues Makengo, le directeur territorial de la protection judiciaire de la jeunesse, nous raconte les coulisses de la création de la bande dessinée et de la réalité du terrain.

Flash Infos : Comment est né le projet de la bande dessinée pour présenter la protection judiciaire de la jeunesse ?

Hugues Makengo : Ce projet est né d’une préoccupation à faire connaître les métiers éducatifs, plus précisément ceux de la protection judiciaire de la jeunesse à Mayotte parce que nous avons constaté que nos métiers étaient méconnus… Donc il fallait trouver un outil qui serait accessible à tous, notamment aux jeunes. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer les éditions du Signe lors d’un passage à Mayotte et de cette rencontre va naître une collaboration. Nous avons mis en place une équipe d’éducateurs, pilotée par une directrice de service et ce sont eux qui ont contribué au scénario. Ils ont aussi encadré les jeunes, sous la main de la justice, qui ont participé à cet ouvrage.

FI : De quelles manière ces jeunes ont-ils participé à la création de la bande dessinée ?

H. M. : Ils ont réalisé quelques planches avec le dessinateur lors des ateliers bande dessinée. Le but était de montrer les parcours des mineurs pris en charge par la PJJ. Nous avons le principe d’individualisation, il faut traiter chaque jeune individuellement selon sa problématique. L’histoire parle de trois mineurs qui sont amis, mais qui ont des parcours très différents, ce qui permet de les individualiser. Selon leurs profils, ils vont dans des structures très différentes. Certains jeunes ont pu modifier les dialogues pour les rendre plus tropicalisés et plus compréhensibles pour les jeunes mahorais. Ils ont aussi participé à la couverture, même si évidemment nous avons apporté quelques corrections.

FI : Pourquoi avez-vous choisi le titre « Les enfants du Lagon – protection et justice » ?

H. M. : Nous l(‘avons choisi pour mettre en avant l’enfance et pour bien expliquer que notre action est protectrice. Mais il y a aussi la sanction de la justice qui vient toujours à un moment donné. Et les éducateurs sont là pour accompagner les jeunes à aller vers cette sanction et à réparer leurs fautes.

FI : Pourtant à Mayotte, beaucoup ont l’impression que les mineurs délinquants restent impunis…

H. M. : Il est important pour nous de faire comprendre que contrairement à ce qu’il se dit, la justice des mineurs n’est pas laxiste. Elle est peut-être un peu trop longue dans ses décisions, ce qui fait que le jeune peut récidiver et avoir un sentiment d’impunité. Mais souvent, une fois que la sanction est tombée, elle est toujours mesurable et correspond à la faute. Avant la décision, il y a des mesures de protection qui peuvent être prises du type le placement judiciaire comme dans la BD. C’est-à-dire que ce sont des jeunes qui ne sont pas condamnés mais que nous enlevons de chez eux pour les protéger. Le nouveau code de justice pénal est entré en vigueur en septembre, donc il y aura une accélération des procédures qui fera que les jeunes seront plus vite condamnés.

FI : Pourquoi la justice des mineurs prend plus de temps ?

H. M. : Nous prenons en compte d’abord l’enfant et nous voulons mieux connaître sa personnalité. Les juges des enfants prennent ce temps là pour bien comprendre ce profil et sanctionner en fonction de cela. Selon la catégorisation du délit ou du crime, s’il faut de l’emprisonnement il y en aura, la peine est adaptée il n’y a pas de peine d’excuse. Quand nous nous attardons au profil du mineur c’est pour donner une autre alternative qui lui permettra de sortir de la spirale de la délinquance. Cela prend du temps parfois parce que c’est un individu qui a tout un langage culturel, éducatif… Il a des carences affectives souvent et pour le réparer les équipes disciplinaire (psychologues, assistantes sociales) vont faire tout un travail pour permettre à chacun des mineurs de sortir de la délinquance. Nous y arrivons globalement à 75% sur le territoire national.

FI : Dans la bande dessinée, il est annoncé que la PJJ suivait en 2019 143.356 jeunes au niveau national, qu’en est-il à Mayotte ?

H. M. : Il faut savoir que dans les territoires ultramarins, Mayotte est celui où les chiffres sont en train d’augmenter. En 2013-2014, nous avions entre 300 et 400 mineurs à l’année, en 2020 nous étions à 950. Depuis 2014, il y a une augmentation vertigineuse qui ne s’arrête pas. Nous pensons que vu la démographie et tous les problèmes de société, ce n’est pas près de s’arrêter. Il faut savoir qu’au bout d’un an, 70% des jeunes sortent de nos registres, ce qui veut dire que tous les ans, nous rencontrons de nouveaux jeunes de tous les milieux sociaux, des primo-délinquants. Les 30% restent en général de 13 à 18 ans.

Je rappelle que les jeunes qui sont suivis par la PJJ sont passés devant le juge, ce qui veut dire que certains délinquants restent inconnus car personne ne porte plainte et ils continuent à faire ce qu’ils font et ils ne sont pas suivis. Il y a une sous-évaluation de la délinquance.

FI : Selon vous, quelle portée aura cette bande dessinée sur l’opinion publique et les jeunes mahorais ?

H. M. : Sur l’opinion publique, je ne peux qu’espérer que les gens auront une meilleure connaissance, qu’ils comprendront quel est notre rôle. Nous sommes là pour éduquer les mineurs et les accompagner. Et quand nous prenons soin d’eux, nous les préparons à être des citoyens ordinaires. J’espère que les lecteurs comprendront cela. Concernant les jeunes mahorais, aujourd’hui nos métiers ne sont plus attractifs parce qu’ils sont méconnus. Avec cette BD, nous voulons mettre en lumière les métiers éducatifs en priorité : il est possible de travailler à Mayotte et d’accompagner ces jeunes. Mais aussi ceux avec qui nous travaillons comme les magistrats, la police et les agents pénitentiaires ! En 2022, nous allons faire le tour des établissements scolaires et organiser des opérations tous les ans auprès des étudiants de sciences sociales pour montrer qu’il y a des débouchés à la PJJ.

FI : Quels sont les futurs projets de la PJJ à Mayotte ?

H. M. : Nous avons pour projet de créer une unité en Petite-Terre et d’en délocaliser une autre dans le Sud parce que tout est concentré sur Mamoudzou pour l’instant. Nous voulons aussi ouvrir un service d’investigation pour mieux répondre aux besoins des magistrats lors des enquêtes sur les mineurs. C’est nécessaire pour mieux connaître l’histoire du jeune et dans ce cas-là, il faut aller interroger l’entourage, la famille…
Et en janvier, des jeunes avec des éducateurs vont présenter la BD au festival d’Angoulême ! Moi-même, je vais la dévoiler à la clôture d’un festival international qui s’appelle Bulles en fureur.

Djemilah Hassani, un patchwork plein de vie

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Il y a encore quatre ans, son blog, The Patchwork Life, était exclusivement tourné vers la cuisine végétarienne. Mais, depuis son retour à Mayotte, Djemilah Hassani n’hésite plus à y aborder ses réflexions sur la société mahoraise, et notamment sur son aspect traditionnel. Par sa créativité, la jeune femme pousse à s’interroger sur la place que chacun y occupe et la façon dont chacun est perçu et accepté.

Elle dépeint les différentes facettes, “les différentes réalités” de la vie mahoraise et de ceux qui la rythment à la façon d’un patchwork. Sur son blog, naturellement intitulé The Patchwork Life, Djemilah Hassani partage ses réflexions, ses inspirations, ses anecdotes et ses idées. Voyage, musique, gastronomie… Un contenu que certains pourraient qualifier de “lifestyle” ou “feel good”, mais où légèreté et divertissement riment aussi avec militantisme et engagement.

djemilah-hassani-patchwork-plein-de-vieEn 2017, la jeune femme, végétarienne et gourmande, crée son blog depuis la métropole, où elle vit alors, afin d’y partager ses recettes végétales, et conseiller ceux qui voudraient à leur tour franchir le pas du végétarisme. Puis, elle décide d’ouvrir sa chaîne YouTube afin d’ajouter de la vidéo à son contenu. En 2018, Djemilah rentre à Mayotte, où elle n’a pas posé le pied depuis 15 ans. “J’ai voulu parler de l’île,de mes impressions lorsque je suis arrivée.” Dès lors, son blog s’ouvre à une nouvelle dimension.

Je me suis vite rendu compte qu’en termes de représentation en ligne, c’était très limité.” Car en ligne, justement, Mayotte est systématiquement associée à l’insécurité ou à la beauté de son lagon. “Mais c’est tellement plus que ça !”, fait-elle remarquer. Concernant la représentation de la femme, le constat apparaît, là encore, bien manichéen : “il y a d’un côté l’image de la femme très traditionnelle, et de l’autre, celle de la Mahoraise qui a quitté le territoire pour découvrir autre chose au point de devenir une ‘bounty”, s’exclame la blogueuse pleine de vie. De quoi lui inspirer un nouveau contenu sur la place de la femme, des femmes, quel que soit leur parcours, dans la société mahoraise.

Montrer Mayotte “sous un autre prisme

Au départ, il y a eu pas mal de résistance, comme à chaque fois qu’on essaie d’apporter du changement, un nouveau point de vue”, retrace Djemilah. À propos du végétarisme qu’elle dévoile et développe sur son blog, d’autres réticences émergent. “On me disait que c’était impossible d’être Mahoraise sans manger de viande, que je rejetais ma culture, que je ne l’aimais pas”, s’indigne-t-elle. “Mais justement, l’idée est d’explorer de nouvelles recettes avec ce que l’île peut offrir”, comme une allégorie de son contenu et de sa philosophie.

Puis vient une nouvelle vidéo, celle “qui a vraiment changé les choses” : un vlog sur le quotidien à M’tsapéré, dans son quartier. “Elle a reçu un gros écho à Mayotte comme à l’extérieur.” Au Nord, au Sud, Djemilah est invitée à venir filmer un contenu similaire dans d’autres localités mahoraises. “C’est là que j’ai réalisé que les gens, surtout ici, avaient besoin d’être vus pour ce qu’ils étaient. Pour une fois, on montrait Mayotte sous un autre prisme, on était vu pour autre chose !

Montrer Mayotte à l’extérieur, oui, mais aussi à ceux qui y sont déjà, comme une invitation à ouvrir son horizon culturel, questionner la tradition. “Même s’il y a un côté hyper fun et ludique dans ce que je crée, il y a quand même quelque chose de très engagé derrière”, défend la chef de projet dans le milieu associatif. Preuve en est, sa prochaine vidéo devrait aborder l’épineux sujet du retour au pays des jeunes mahoraises ayant quitté le territoire. “Est-ce qu’on peut se réhabituer à Mayotte, à cette société traditionnelle ?”, interroge Djemilah. Bien consciente du fait de son “statut” de jeune femme mahoraise, nombre de pressions pèsent encore sur ses épaules. Une problématique abordée par la nouvelle série Colocs !, dont la sortie n’a pas manqué de faire éclater une petite polémique. “Cette série montre bien que beaucoup de challenges s’imposent à nous lorsqu’on rentre, mais aussi que l’on peut apporter une nouvelle identité au paysage. Il était temps que l’on puisse enfin en parler !” Parler, parler pour briser les tabous, et surtout, pour que toutes les individualités puissent être représentées, de façon juste et équitable. Parler pour exister, se rendre visible et se faire accepter.

Djiha, chanteur de Miréréni au clip provocateur, sort du silence

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Le clip intitulé « deuxième acte » sorti il y a dix jours fait couler beaucoup d’encre. On y voit des jeunes hommes et des femmes d’un certain âge arborer fièrement des armes blanches. Si certains dénoncent un appel à la haine, l’interprète de la chanson réfute ces accusations et ne comprend pas le manque d’indulgence de l’opinion publique.

Il avait fait parler de lui lors de la sortie de son premier clip il y a sept mois, qui comptabilise à ce jour près de 200.000 vues. Djiha revient sur le devant de la scène avec son nouveau clip, encore plus provocateur. Sorti il y a dix jours, « Deuxième acte », qui dépasse les 45.000 vues, est le nouveau projet musical du chanteur en herbe originaire de Miréréni.

Depuis, le clip essuie les critiques négatives puisqu’il met en scène des jeunes tenant fièrement des couteaux, haches, et autres armes blanches. Mais ce qui interloque particulièrement est la présence des femmes qui jouent le jeu et imitent les jeunes avec des armes blanches. Selon Djiha, il s’agit de mères en colère qui ont voulu participer au tournage. « Je sais que beaucoup de gens veulent donner une mauvaise image de ces mamans alors qu’ils ignorent la réalité. L‘une d’entre elles a une douleur immense, son fils a été blessé au pied à Combani. Il est devenu handicapé à cause de ça et ça l’attriste. Cette mère est en colère et c’est sa manière de le montrer, mais elle ne ferait jamais de mal à une mouche », assure le jeune homme.

Ce nouveau clip se veut en réalité une réponse pour les jeunes de Combani qui en auraient aussi tourné un, visant ceux de Miréréni. Djiha l’assume pleinement, il s’agit d’une riposte qu’il veut menaçante. « Ils ont fait une chanson pour nous provoquer, donc je devais répondre. Ce n’est pas du tout pour faire la paix, c’est pour sauver notre honneur », lance-t-il. Ce dernier refuse cependant d’être catalogué comme un délinquant. « J’ai mis des chombos dans mon clip parce que c’est la mode en ce moment à Mayotte, non ?! Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis pas comme ça, je ne fais de mal à personne. On a juste fait ça pour s’amuser », rétorque le jeune chanteur. Le rameau d’olivier ne sera pas pour maintenant visiblement…

« À Miréréni, on est discriminés »

Djiha est parfaitement conscient des vives critiques à son encontre, mais il les essuie d’un revers de la main. « Chacun est libre de dire ce qu’il veut, mais je me fiche de ces commentaires. Je ne veux même pas répondre à ces gens », indique-t-il avec nonchalance. Il ne veut pas non plus entendre parler de réconciliation lorsqu’il s’agit des deux villages de la commune de Tsingoni. « Certains veulent la paix entre nous deux, mais c’est une grande ambition ! Je ne pense pas que ça arrivera un jour. »

Pour qu’il y ait une entente entre les deux camps, encore faudrait-il connaître l’origine du problème… Et à l’image de nombreux jeunes de Miréréni et de Combani, Djiha ignore pour quelles raisons ils se battent depuis des années. Il est seulement persuadé que son village est délaissé par les autorités. « À Miréréni, on est discriminés. Il n’y a rien, aucun projet n’est fait chez nous. Pour acheter la moindre chose, on doit aller jusqu’à Vahibé. On ne peut pas aller à Combani parce qu’on se fait agresser, on est fatigués », admet-il dans un moment d’émotion. Les affrontements à répétition entre les deux villages seraient-ils un appel au secours ? L’hypothèse n’est pas exclue, mais elle mérite que les autorités compétentes se penchent réellement dessus puisque certains jeunes ne demandent qu’à s’en sortir, à l’exemple de Djiha. « Je suis allé à l’école et j’ai eu mon bac, mais ensuite je ne savais pas quoi faire », raconte-t-il. À 20 ans, il est aujourd’hui sans formation ni emploi et met tous ses espoirs dans la musique. « J’espère en faire mon métier parce que je ne me vois pas faire autre chose. Malheureusement, je n’ai personne pour m’encadrer, je me débrouille tout seul », dit-il. L’avenir nous dira si Djiha fera tout pour réussir dans ce domaine ou si cela ne restera qu’un rêve.

Le lycée de Kahani mué en champ de bataille

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Ce lundi 15 novembre, le lycée de Kahani a connu un épisode d’une violence inédite. Dès 6h30, les rixes entre élèves ont commencé, se transformant en véritables émeutes. Peu avant 8h, les forces de l’ordre sont intervenues et près de 80 gendarmes ont été déployés pour sécuriser l’établissement et tenter d’apaiser les tensions.

« Ça a été la pire journée dans l’établissement depuis que j’y travaille”, se désole Jérémie Saiseau, enseignant de Français au lycée polyvalent Gustave Eiffel de Kahani et secrétaire CGT, pour évoquer son premier jour de la semaine. Une fois de plus, l’enceinte a été le théâtre de terribles scènes de violences. Loin du calme nécessaire à l’apprentissage, les cours ont été une nouvelle fois perturbés par des bagarres et des actes de vandalisme à répétition. Des événements qui ont provoqué la fermeture des grilles par le rectorat pour deux jours et une réunion d’urgence du corps enseignant ce mardi 16 novembre. Conséquence : le retour des élèves, en jauge réduite à 50%, n’est prévu que ce jeudi.

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Confinement dans les classes

Des mesures drastiques en réponse à ce lundi noir. À peine le soleil s’était levé sur la malavoune que déjà les grenades lacrymogènes claquaient dans la cour du lycée de Kahani. “Les pierres pleuvaient de toute part, les jeunes sortaient des tiges en métal et chumbo de leur sac, c’était le KO total”, affirme le professeur, encore sous le choc. Un sentiment partagé par un collègue de mathématiques et sciences. “Dès lors qu’on entend la sonnerie de confinement, un sentiment de panique envahit les élèves. J’étais en classe avec dix élèves de seconde qui étaient terrifiées et m’ont demandé paniquées de les protéger et de ne pas quitter la classe.

Un climat de tension insoutenable pour les lycéens, les professeurs, mais aussi les parents d’élèves qui s’inquiètent chaque matin de laisser leurs progénitures prendre le chemin de l’école. “Tout le monde a le droit à l’éducation et à cause d’événements comme ceux-ci, celle de nos enfants est en péril« , s’insurge Rafza Youssouf Ali. La présidente de l’union départementale de la confédération syndicale des familles demande un dialogue entre les différentes institutions de l’île et une table ronde afin de penser ensemble à un avenir meilleur pour les jeunes du 101ème département français.

Des effectifs renforcés

Sur ce véritable champ de bataille, la gendarmerie nationale a déployé ses équipes ainsi qu’un hélicoptère. “Nous avons calmé la situation et sécurisé la zone afin que les élèves enfermés dans les classes depuis le début de matinée puissent regagner les bus et leurs domiciles à midi”, témoigne un officier de gendarmerie, sur le terrain au moment des faits. Des forces de l’ordre présentes quotidiennement devant l’enceinte de l’établissement comme le rappelle le recteur, Gilles Halbout. “Notre objectif à présent est de renforcer les équipes mobiles de sécurité, mais aussi le nombre de personnels scolaires, comme les assistants d’éducation et les assistants de conseiller principal d’éducation.

Malgré ces renforts, le responsable de l’académie privilégie avant tout un travail de fond avec les élèves dans le but d’éviter que les querelles extrascolaires ne se cristallisent au sein du lycée. “Lorsque les jeunes reprendront les cours jeudi, des professeurs et des professionnels habilités réaliseront un travail avec eux. Ainsi, ceux qui ont été choqués auront un espace de discussion et ces temps d’échanges permettront de rappeler les règles du vivre ensemble et les valeurs de la République.” En effet, la seule multiplication des forces de sécurité ne permet plus d’enrayer la violence à Mayotte. À ce stade, une véritable mobilisation des associations de parents d’élèves et de quartiers semble pouvoir inverser la tendance et aider à déconstruire ce modèle de réponse à toutes les situations par la violence… Qui n’est, on le sait, jamais la solution.

Les enfants prématurés, l’autre enjeu des 10.000 naissances annuelles

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Chaque année, quelque 1.000 prématurés naissent au centre hospitalier de Mayotte. Si ce chiffre est semblable aux autres territoires d’Outre-mer, il met surtout en lumière les multiples facteurs de risque, le difficile suivi de grossesse et les conséquences néfastes pour les nouveau-nés. Un enjeu de santé publique rappelé à l’occasion de la journée mondiale de la prématurité, qui repose sur la nécessaire coordination des actions.

« Il s’agit d’un enjeu de santé publique. » Président du réseau périnatal de Mayotte (Répéma) depuis quatre ans, le docteur Soumeth Abasse ne cache pas son inquiétude au moment d’évoquer les quelque 1.000 prématurés annuels du 101ème département. « Dans les Outre-mer en général, ici comme en Guyane ou chez nos voisins de La Réunion, nous sommes aux alentours de 10 ou 11% contre 7% en métropole… C’est énorme ! » Un pourcentage qui se justifie notamment par la présence plus nombreuse de maladies maternelles, telles que le diabète et l’hypertension artérielle, mais aussi d’infections utérines ou urinaires dans les territoires ultramarins.

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Des facteurs qui s’ajoutent à un suivi de grossesse local moins complet qu’ailleurs… « Il est conseillé que les femmes enceintes puissent voir mensuellement leur sage-femme, leur gynécologue ou leur médecin pour faire le point et prendre part aux trois échographies », poursuit le professionnel de santé à l’occasion de la journée mondiale de la prématurité qui se déroule ce 17 novembre. Or, bien souvent, ce quota est loin d’être respecté. Pour une raison principalement socio-économique : un accès à la santé limité pour certaines, une arrivée à la dernière minute sur le territoire pour d’autres. Sans oublier l’âge puisque celles qui ont moins de 18 ans ou plus de 35 ans multiplient les risques.

Des altérations sur le développement psycho-moteur

Si les bébés proches du terme – après la 33ème semaine d’aménorrhée – présentent des complications mineures après la naissance, c’est une autre paire de manche pour les extrêmes prématurés (nés à partir de 25 semaines ou avec un poids de 500 grammes), susceptibles de subir des séquelles et des altérations sur le développement psycho-moteur, telles qu’une paralysie cérébrale, des troubles d’apprentissage et de langage, etc. Selon les données présentées lors du colloque sur la grande prématurité de 2016, leur durée d’hospitalisation en néonatologie varie d’un à quatre mois. Pour un coût annuel de prise en charge dans le service de l’ordre de cinq millions d’euros.

Une fois sorti du système hospitalier, il est indispensable qu’il y ait « un suivi médical et éducationnel jusqu’à 7, 8 ou 9 ans », insiste le docteur Soumeth Abasse. Et sur ce point, les réponses apportées restent encore en-dessous des attentes… Heureusement, le réseau périnatal de Mayotte peut toutefois compter sur le centre d’action médico-sociale précoce pour assurer, par exemple, le dépistage. « Nous partions de loin lors de mon arrivée il y a dix ans. Désormais, il faut que tout le monde, pas seulement le centre hospitalier de Mayotte, tire dans le même sens pour suivre l’évolution de ces enfants vulnérables et avoir une homogénéité. »

Un long chemin reste donc à parcourir, notamment en termes de ressources humaines, de concertation et de coordination. « Il faut faire en sorte que les PMI (protections maternelles et infantiles) puissent recevoir sans difficultés les femmes enceintes et que les médecins libéraux apportent les bons conseils », martèle le praticien en néonatologie, tout en évoquant les tournées du camion mobile du Répéma aux quatre coins de l’île pour se rendre dans les quartiers reculés et rencontrer une population de plus en plus précaire. « Il n’y a que de cette manière que nous arriverons à lutter contre ce taux élevé. Certes, nous avons l’impression qu’il y a un petit mieux depuis 2010, mais nous pouvons faire beaucoup plus ! »

La laïcité à Mayotte, une problématique qui interpelle le gouvernement

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Une vingtaine d’auditeurs de l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation passent une semaine à Mayotte pour comprendre de quelle manière la question de la laïcité et des valeurs de la République est abordée dans les établissements scolaires de l’île. De ce voyage d’étude devra résulter un rapport qui sera ensuite remis aux ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, tous deux à l’origine du projet.

La laïcité dans les écoles à Mayotte est-elle un leurre ou une réalité ? C’est ce que les 23 cadres issus de l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation (IH2EF) vont tenter d’analyser pendant une semaine. Proviseurs, éducateurs, enseignants et autres professionnels issus de domaines très divers dans l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la société civile… Ils ont été reçus ce lundi par le recteur Gilles Halbout qui leur a présenté les projets académiques de Mayotte et qui a surtout évoqué des difficultés que l’on peut trouver sur l’île.

Leur mission s’inscrit dans une série de dix sessions en dix mois portées sur la laïcité et les valeurs de la République, de l’école à l’université. Le choix de Mayotte a été comme une évidence pour l’IH2EF, puisqu’ici se mêlent religion et tradition. « Il y a deux complexités dans les territoires ultramarins, c’est la Guyane et Mayotte. L’année dernière, nous avions choisi la Guyane pour le rapport entre l’éducation et le territoire. Et donc naturellement, nous sommes venus à Mayotte où il se trouve que la problématique de laïcité est très intéressante ici », explique Pascal Lalanne, le chef de projet du cycle des auditeurs de l’IH2EF. Intéressante parce que le 101ème département est le seul de France à avoir une population majoritairement musulmane.

Et comme l’Islam est présent dans chaque aspect de la vie d’un mahorais, les enfants ne sont pas épargnés. Il est d’ailleurs courant de voir les jeunes filles se rendre à l’école la tête couverte. Une particularité qui peut porter à confusion lorsque l’on ne connait pas la culture mahoraise. « Comment est abordée la question du voile à Mayotte ? », questionne à ce sujet l’un des auditeurs au recteur. Ce dernier distingue le voile du kichali. « Une fille qui arrive avec un kichali, qui ne couvre pas le visage, mais qui le porte comme on porterait un bandana, c’est tout à fait admis », répond Gilles Halbout. Cependant, certaines portent tout de même le voile comme on l’entend en métropole et dans ces cas-là, les équipes pédagogiques se chargent de « discuter avec l’élève ». « Nous lui parlons des valeurs de la République, ce que cela implique, et invitons l’élève et la famille à s’intégrer dans ces règles républicaines, parce que souvent c’est une méconnaissance de ces règles », argumente le représentant de l’académie.

Sur le terrain pour mieux s’imprégner de la réalité

Même si la religion est très présente dans les mœurs mahoraises et peut parfois s’insérer dans les écoles, l’île aux parfums n’est pas un cas isolé en France. « La question de la laïcité mérite d’être posée à Mayotte, mais elle se pose aussi en Bretagne avec l’enseignement catholique par exemple. Les auditeurs vont ensuite de rendre à Strasbourg pour étudier le Concordat. Mais ici, il y a des particularités qu’il faut comprendre », souligne Pascal Lalanne. Pendant une semaine, les 23 auditeurs vont passer de la théorie à la pratique en allant sur le terrain pour analyser de quelle manière la laïcité est traduite dans les établissements scolaires à Mayotte. « Nous allons rencontrer des associations et des représentants du préfet, nous allons aller dans des établissements du premier et second degré, et nous allons surtout discuter avec les cadis et visiter deux écoles coraniques », annonce Pascal Lalanne, le chef de projet du cycle des auditeurs de l’IH2EF. Des rencontres qui seront riches en informations puisque les membres de l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation découvrent en même temps Mayotte et ses particularités.

À l’issue de leur session, ils devront rédiger des rapports détaillés à remettre aux ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur qui sont à l’origine de ce projet. Cependant, on ignore encore l’influence que peuvent avoir ces rapports sur la politique des deux ministères. « Mais c’est l’occasion d’avoir une approche un peu transversale, externe sur une problématique de l’Education nationale et de la rendre compte à un ministre. C’est quelque chose dont nous n’avions pas l’habitude de faire », assure le chef de projet du cycle des auditeurs de l’IH2EF.

L’emploi pour tous à Mayotte : un objectif en passe de devenir une réalité

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Du 15 au 21 novembre a lieu la semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap (SEEPH). Pour l’occasion, l’association pour les déficients sensoriels de Mayotte (ADSM) organisait ce lundi une matinée “handicap et emploi” afin de présenter les dispositifs existants à Mayotte. Et ainsi mettre le pied à l’étrier à ce public ainsi qu’aux employeurs.

Depuis 1978, Said Youssouf réalise des charpentes. Menuiserie, charpente, métal et soudures, c’est ainsi qu’il a nommé son entreprise fondée en 2001 à Bonovo, dans le quartier de M’tsapéré. Sourd et muet, le cinquantenaire honore seul les différentes commandes de particuliers et d’institutions publiques. “Quand j’étais petit, je ne suis pas allé à l’école… Pendant mon temps libre, je passais de longues heures à regarder les hommes travailler sur les chantiers. Un jour, l’un d’eux m’a proposé de me montrer comment réaliser des travaux de menuiserie et c’est ainsi que j’ai tout appris”, raconte-t-il en langue des signes et d’un large sourire, ce lundi 15 novembre sur la place de la République à Mamoudzou.

Accueillir, échanger et orienter, tel était l’objectif de la matinée “handicap et emploi”. Un rendez-vous au cours duquel les institutions et les associations de l’île présentaient les dispositifs d’accompagnement à l’emploi à destination des personnes en situation de handicap. “Ces personnes ont des compétences et des qualifications. Les différents établissements publics présents aujourd’hui sont là pour les aider à les mettre en avant et ainsi les amener vers l’embauche”, relate Tanzilou Chanfi, cheffe de service au pôle adulte de l’association ADSM. À l’image de Said Youssouf, dont le parcours tumultueux est un exemple pour tous. Une fois les compétences pratiques acquises, l’artisan s’est fait aider d’un ami pour monter sa société. “Il m’emmenait dans différentes institutions et faisait l’interprète. Ainsi, j’ai pu obtenir des financements et acheter des scies et du matériel pour lancer mon activité”, témoigne l’entrepreneur, qui accueille à son tour depuis un mois un jeune stagiaire sourd et muet afin de lui apprendre le métier. Un excellent moyen de transmettre son savoir-faire et de partager son expérience de vie.

Le duoday pour créer des vocations

Sur le parvis de l’agence d’attractivité et de développement touristique, la maison départementale des personnes handicapées, Pôle emploi ou encore la Mission locale de Mayotte étaient réunis pour renseigner les personnes en situation de handicap ainsi que les entrepreneurs. “Beaucoup de dispositifs à destination des demandeurs d’emploi et des employeurs existent, mais bien souvent ils ne connaissent pas ces outils”, témoigne Allaoui Attoumani, référent travailleurs handicapés au Pôle emploi de Dzoumogné. En effet, en France, toute entreprise de plus de vingt salariés a l’obligation d’employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6% de l’effectif total. Bien trop souvent encore, les personnes atteintes de handicap se retrouvent éloignées de l’emploi. À l’occasion de la semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap se tiendra le Duoday ce jeudi 18 novembre. Le principe de la journée : une entreprise, une collectivité ou une association accueille une personne en situation de handicap, en duo avec un professionnel volontaire. Dans l’optique de créer des vocations et pourquoi pas une collaboration.

Coupe de France de football : Les Jumeaux de M’Zouazia créent l’exploit contre le CS Plédran (5-1)

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Samedi après-midi, la rencontre du 7ème tour de Coupe de France opposant le club breton du CS Plédran aux Jumeaux de M’Zouazia a vu ces derniers l’emporter largement. Plus que la qualification pour le 8ème tour, l’histoire retiendra que l’équipe mahoraise devient la première à vaincre un club métropolitain.

Cinq buts à un. Le score est sans appel, autant que la domination des Mahorais sur le terrain de Saint-Brieuc. C’est dans le froid breton que l’équipe des Jumeaux de M’Zouazia (Régionale 1) affrontait ce samedi 13 novembre le CS Plédran (Régionale 3), dans le cadre du 7ème tour de la Coupe de France, compétition permettant aux clubs amateur de se frotter aux gros calibres du football français. Si le club mahorais n’en est pas encore là, il avait tout d’un cador, ce week-end. Devant des tribunes emplies de la diaspora mahoraise bretonne, les Jumeaux l’ont remporté 5-1, avec des buts d’Ymadoudine Abdou (28′), Adifane Noussoura (43′), Antoissi Loutoufi (53′), Belayd Dina Kamal (62′) et Saindou Bamdou (93′). Pasco (86′) a sauvé l’honneur pour Plédran, qui a vu son gardien se faire exclure à la suite d’un carton rouge à la 39ème minute.

Avec cette large victoire, l’AJM devient la première équipe mahoraise de l’histoire à triompher d’un adversaire de métropole. Un exploit retentissant qui devrait faire tourner les têtes des footballeuses et footballeurs de l’île au lagon, à l’image du parcours exceptionnel du FC Mtsapéré la saison dernière. En effet, le club de la commune de Mamoudzou avait passé les 7ème et 8ème tours de la compétition pour atteindre les 32èmes de finale, une première pour un club mahorais. Si les Jumeaux de M’Zouazia veulent égaler ou surpasser cette performance, il faudra déjà sortir victorieux du 8ème tour de la Coupe de France, qui les opposera à Trouville-Deauville (R1, Normandie) ou à Plancoët-Arguenon (R2, Bretagne). C’est dans deux semaines, le week-end du 27 et 28 novembre plus exactement, que la rencontre aura lieu.

Un match gâché par des heurts en tribune

Malheureusement, la victoire historique de M’Zouazia restera ternie par des événements ayant eu lieu en dehors du terrain. Après l’expulsion du gardien de Plédran et le deuxième but des Jumeaux, un homme s’est introduit sur la pelouse, obligeant l’arbitre à brièvement interrompre le match. Mais le pire s’est produit en seconde mi-temps, aux alentours de la 70ème minute. Alors que l’AJM mène déjà 4-0, les esprits des nombreux supporters bretons et mahorais s’échauffent. Selon les sources locales, certains soutiens du club de Mayotte auraient chambré leurs adversaires, leur arrachant des mains un drapeau du CS Plédran.

Une bagarre aurait ainsi éclaté par la suite, impliquant plusieurs dizaines de personnes. Entre deux et huit individus, dont des Mahorais, ont été interpellés par les agents de police. Deux blessés sont à déplorer, dont une jeune femme ayant fait un malaise dans les tribunes au moment des affrontements. Ne reste qu’à espérer un apaisement lors du prochain match de coupe de M’Zouazia, dans deux semaines. En attendant, les joueurs et le staff se prennent à rêver d’un 32ème de finale, stade de la compétition voyant l’entrée en lice des clubs de Ligue 1, durant lequel ils pourraient affronter le Paris-Saint-Germain ou l’Olympique de Marseille.

Inauguration de la première unité d’enseignement pour enfants autistes à Mayotte

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Depuis la rentrée 2021, les jeunes autistes mahorais âgés de 6 à 11 ans peuvent bénéficier d’une scolarisation adaptée. À Bandrélé, cinq enfants ont déjà rejoint l’unité d’enseignement qui leur est dédiée au sein de l’école élémentaire de la commune.

Mal diagnostiquées, isolées, stigmatisées… Les personnes atteintes d’autisme se retrouvent bien trop souvent en marge de la société. Pour éviter cela, le gouvernement, l’agence régionale de santé et la fédération association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) ont travaillé main dans la main pour créer une unité d’enseignement destinée à ces jeunes enfants. “Notre objectif est de favoriser l’inclusion, le vivre ensemble, l’autonomie, mais aussi la tolérance et la connaissance des personnes qui ne sont pas atteintes de ces troubles”, affirme Patrick Boutier, directeur de l’offre de soins et de l’autonomie au sein de l’ARS.

Une classe comme les autres

Dans la salle aménagée pour accueillir les jeunes enfants autistes : des tableaux, des jeux, des bureaux… Rien de bien différent de la bonne vieille salle de classe que nous connaissons tous. Ce qui change ici c’est l’accompagnement et l’attention qui est portée aux jeunes élèves. “En tout, nous sommes quatre à travailler avec les enfants. Il y a un accompagnant d’élèves en situation de handicap, une éducatrice spécialisée, une accompagnante éducative et sociale et moi-même qui suit enseignante spécialisée”, déroule Angélique Pochon, leur maîtresse. Au sein de la classe, l’éducatif se réinvente et les apprentissages sont adaptés à chacun. “Les niveaux sont très différents d’un élève à l’autre et notre but principal est avant tout de socialiser ces jeunes enfants”, détaille l’enseignante avant d’ajouter : “C’est très encourageant, dans la cour, nos élèves commencent à jouer avec les autres et les enfants qui ne sont pas en situation de handicap apprennent la différence et l’accepte.

Un plan national

En France, les troubles du spectre de l’autisme (TSA) représentent entre 0.9 % et 1.2 % des naissances. Chaque année à Mayotte, entre 88 et 117 bébés naissent avec cette pathologie. Afin que ces personnes soient diagnostiquées et accompagnées dès leur plus jeune âge, des dispositifs comme celui-ci luttent pour l’inclusion des autistes au sein de l’école et de la société, ce qui permet de changer le regard sur le handicap, de sensibiliser et d’informer. “Tous les hommes naissent libres et égaux en droit et cette notion d’égalité doit se traduire par un accompagnement spécifique”, affirme le recteur de l’académie de Mayotte, Gilles Halbout. À l’échelle nationale, 45 unités spécialisées devraient voir le jour d’ici 2022-2023. Un grand pas dans l’évolution du regard porté sur le handicap et un réel bon en avant pour l’inclusion des personnes atteintes de pathologies.

Avec sa nouvelle agence, Proman veut désacraliser l’intérim à Mayotte

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Mercredi 10 novembre, Proman Mayotte fêtait l’inauguration de sa seconde agence mahoraise située en Petite-Terre. L’occasion pour le groupe de réaffirmer sa place dans l’océan Indien.

660 agences situées dans 15 pays différents, un chiffre d’affaires de 2.9 milliards en 2021, 31 ans d’expérience et une volonté de s’étendre dans la région. Vous l’aurez deviné, avec l’ouverture de sa toute nouvelle agence en Petite-Terre, Proman n’en est pas son coup d’essai. “Nous avons été les premiers à nous positionner sur le marché de l’intérim à Mayotte, dès son autorisation en 2018”, rappelle Nicolas Puluhen, le responsable de secteur océan Indien chez Proman. Grâce à ses implantations à La Réunion, à l’île Maurice et à Mayotte, le groupe emploie quotidiennement 220 à 250 personnes sur l’île aux parfums.

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Petite agence mais grand projet

Avec ses cinq mètres par trois, l’agence Proman de Petite-Terre est la benjamine du groupe.
En effet, bien loin de ses racines, l’entreprise française spécialisée dans le domaine du travail temporaire et dans le recrutement en CDD/CDI compte bien se développer durablement sur l’île aux parfums. Mais pas que ! “Notre volonté est d’avoir une grande légitimité dans l’océan Indien, de nous installer, de rester et de mailler tout le territoire avec notre savoir-faire« , détaille Nicolas Puluhen. Bâtiment, industrie, services, transport, logistique… L’intérim a de multiples facettes. Pour gérer leurs agences, les responsables de Proman peuvent compter sur une équipe de cinq salariés permanents, répartis entre les deux agences.

Pour célébrer l’ouverture de cette nouvelle antenne de l’entreprise, le groupe n’a pas fait les choses à moitié. Après-midi jet-ski, réception avec plus de 150 personnes, privatisation du Faré et même la présence de Nassur Attoumani, venu spécialement pour dédicacer son dernier ouvrage “Mayotte rencontre de peuples et de civilisations”. Pas de doute, Proman affiche sa réussite et espère bien étendre son activité dans la région.

La prise en charge des élèves primo-arrivants par le rectorat pour une meilleure insertion

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Savoir lire et écrire français dans l’école de la République est un idéal qui n’existe pas dans les écoles mahoraises. Nombreux sont les enfants scolarisés qui ne maîtrisent pas la langue de Molière. Une partie d’entre eux sont ceux que l’on appelle les primo-arrivants, c’est-à-dire des étrangers qui suivent leur scolarité en France. Le rectorat de Mayotte a mis en place tout un dispositif permettant de suivre ces enfants grâce au centre académique pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés, plus connu sous l’acronyme CASNAV. S’ils sont évalués pour connaître leur niveau, les professionnels analysent également leurs comportements afin de s’assurer que ces enfants ne soient pas un danger lorsqu’ils intègrent les établissements scolaires.

L’élève accusé d’avoir poignardé son camarade au collège de M’Gombani lundi dernier est un primo-arrivant. Il s’agit d’un enfant comorien âgé de 12 ans qui est arrivé dans l’établissement quelques semaines après la rentrée. Les spéculations vont bon train concernant ce jeune garçon. Enfant harcelé par ses camarades ? Élève ayant des lacunes à l’école ? N’aurait-il pas réussi à s’intégrer ? Beaucoup de questions restent pour l’instant sans réponses, et ses motivations ne sont toujours pas connues. Il est cependant exclu à titre conservatoire du collège. Et après l’effervescence qu’a généré son acte, se soulève la problématique de la prise en charge de ces jeunes qui arrivent, souvent des pays voisins, et qui doivent être absolument scolarisés. Le recteur de Mayotte, Gilles Halbout, se veut rassurant : ses équipes mettent tout en œuvre pour permettre aux primo-arrivants de s’insérer au mieux dans leur nouvel environnement.

Flash Infos : Quand les enfants étrangers arrivent à Mayotte et qu’ils doivent être scolarisés, de quelle manière sont-ils pris en charge par le rectorat ?

Gilles Halbout : De manière générale, ils sont pris en charge par le centre académique pour la scolarisation des allophones nouvellement arrivés. Tous les rectorats en ont un ! Ces équipes sont chargées de l’accueil et du suivi des enfants détectés avant de les inscrire à l’école. Ils sont évalués : nous regardons par exemple s’ils n’ont pas de problèmes comportementaux et de troubles psychologiques, en collaboration avec les associations et l’agence régionale de santé. L’objectif est qu’ils rentrent très rapidement dans des structures éducatives adaptées quand il n’y a pas de souci.

Le Casnav se rend sur le terrain à la rencontre des familles et de ces enfants pour faire ces évaluations et les orienter. Nous développons en même temps les enseignements de français en tant que langue seconde pour ceux qui ne le parlent pas. Mais nous sommes très vite dépassés par le nombre et c’est aussi une population qui est difficile d’accès. C’est pour cela que les associations nous aident.

FI : Une fois que le travail du CASNAV est fait et que les élèves sont scolarisés, ces enfants sont-ils encore suivis ?

G.H : À l’intérieur des établissements scolaires, le travail continue avec tout le dispositif de la mé-diation sur la langue française. Mais à Mayotte, il y a aussi des jeunes qui ne viennent pas d’arriver, qui sont là depuis longtemps et qui ont aussi des difficultés d’apprentissage. Donc nous utilisons la deuxième partie de la mission du Casnav, c’est-à-dire l’apprentissage du français quand ce n’est pas la langue première pour des enfants qui ne sont pas des primo-arrivants.

FI : Les jeunes passent des tests d’évaluation mais sont parfois placés dans des classes qui ne sont pas à leur niveau. Pour quelles raisons ?

G.H : Ils passent des tests de niveau, même si la logique dans l’Éducation nationale est d’orienter les élèves selon leur âge. Un jeune de 15 ans ne peut pas être en primaire… Nous militons plus pour travailler par groupe de compétences. Il peut y avoir des niveaux très hétérogènes dans une classe et les enseignants ont du mal à avancer car ce n’est pas évident de gérer l’hétérogénéité. En plus, cela tire tout le monde vers le bas, parce les difficultés ne sont pas traitées. L’enseignant essaye de faire comme il peut, mais globalement il ralentit les uns et ne comble pas les lacunes des autres !

FI : Ils sont orientés selon leur date de naissance, mais comment pouvez-vous être sûrs qu’ils ont l’âge annoncé ?

G.H : Nous ne pouvons pas faire des tests osseux aux élèves ! Nous prenons les informations qu’on nous donne… Nous pouvons émettre des doutes, et lorsque c’est le cas nous les faisons remonter, mais cela prend du temps pour vérifier les informations. Il y a vraiment un souci de suivi alors que l’âge est important. Toutefois, ce n’est pas à nous de certifier l’âge. D’autant plus que les représentants légaux ou les parents sont souvent absents. Nous les voyons à l’inscription, mais ensuite c’est difficile de les revoir. Pour y remédier, nous mobilisons énormément nos assistantes sociales sur ce sujet.

FI : Finalement quel est l’objectif du rectorat ? Est-ce seulement de scolariser en masse ces enfants qui arrivent ?

G.H : Non ! C’est aussi d’être vigilant sur leur suivi de santé et social. Nos services sont toujours en alerte, nous nous assurons qu’il y ait un référent, un parent… À la sortie de l’école, nos personnels n’ont pas à suivre les enfants, mais à l’intérieur, nous sommes vigilants. Il est vrai que beaucoup de choses remontent : malheureusement, nous ne pouvons pas tout traiter !

Lionel Canesi : « Il ne faut pas se cacher derrière la facilité comme les réductions et les avantages fiscaux »

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En visite à Mayotte pendant deux jours, les 9 et 10 novembre, à l’occasion de l’assemblée générale du comité départemental des experts-comptables, Lionel Canesi, le président de l’ordre national de la profession, a profité de son séjour pour rencontrer différents acteurs économiques et politiques afin de dresser un constat de la situation locale. Entretien.

Flash Infos : Vous êtes le président de l’ordre national des experts-comptables depuis le 15 décembre 2020. Une organisation pas forcément très connue sur l’île aux parfums. Concrètement, en quoi consiste-t-elle ?

Lionel Canesi : Les experts-comptables ont aujourd’hui un rôle essentiel qui est d’accompagner les entreprises, à la fois pour trouver les aides et les préparer à la relance dans le but de sauver les TPE. C’est capital, c’est ce qui nous anime tous depuis le premier confinement, qui a mis en valeur notre métier qui était parfois méconnu.
Je profite de l’assemblée générale du comité départemental des experts-comptables de Mayotte, dont le président est Djoumoi Ramia, pour rencontrer des interlocuteurs du monde économique et politique et pour venir porter la parole des experts-comptables sur cette sortie de crise. C’est un message qui est important à nos yeux.
Quand j’ai débuté ma mandature, j’ai commencé par faire 50 propositions de relance de l’économie, que j’ai portées dans les différents ministères, dont une quinzaine ont été reprises par le gouvernement, comme certains fonds de solidarité, le coût fixe, les procédures de sauvegarde simplifiées…

FI : Certaines de ces propositions étaient-elles spécifiques aux Outre-mer ?

L. C. : Très peu, seulement une ou deux… Originaire de Corse, je connais ces problèmes d’insularité, mais aussi ces particularités et ces complexités. Donc nous avons décidé de rédiger un livre spécifique de propositions ultramarines qui est porté par Abdoullah Lala, le président du comité Outre-mer. D’ici une dizaine de jours, je rencontrerai Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, pour lui présenter ces mesures.

FI : Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous avant cet entretien ?

L. C. : Si nous n’essayons pas, nous n’y arriverons pas ! Il faut que les mesures viennent du terrain : ce n’est pas depuis Paris que nous allons trouver des solutions pour les territoires ultramarins. Nous allons les défendre et expliquer leur intérêt pour les entreprises. Après il ne faut pas se cacher derrière la facilité comme les réductions, les avantages fiscaux, etc. Au vu du contexte actuel et de l’endettement du pays, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne stratégie à adopter.

FI : Selon vous, quelle position devrait défendre le 101ème département ?

L. C. : Mayotte a plein d’atouts, mais ce n’est pas en attribuant encore et encore des subventions et des réductions fiscales que l’économie et la mobilité vont se développer. Comment voulez-vous tirer le territoire vers le haut avec de tels bouchons ? Je me mets à la place des artisans qui doivent se déplacer pour se rendre sur un chantier, c’est invivable… Il faut aussi mettre le paquet sur l’éducation en faisant en sorte que les élèves aient des débouchés économiques.

FI : Justement, en parlant d’éducation, vous avez au cours de votre séjour rencontré le recteur, Gilles Halbout, ainsi que des étudiants en Petite-Terre. Un moyen de mettre en lumière la voie de la comptabilité et de la gestion.

L. C. : C’est une profession qui ne connaît pas la crise en termes de chômage et qui a des besoins de recrutement non pourvus. Rien qu’à Mayotte, il y a 150 postes vacants… Et 10.000 au niveau national ! En clair, les étudiants sont sûrs et certains de trouver un boulot à la fin de leurs études. C’est aussi une formation qui mène à beaucoup de choses : si nous préférons lancer notre entreprise plutôt que de travailler dans la branche, c’est toujours mieux d’avoir des notions de comptabilité et de gestion. Sans omettre l’ascenseur social. Il y a très peu d’experts-comptables qui sont fils d’experts-comptables.
Pour revenir au recteur, je l’ai trouvé très à l’écoute des besoins des entreprises. Il a envie de mettre en place les formations en fonction des demandes pour faire rayonner le territoire. De notre côté, nous lui avons fait part de notre volonté de proposer un bac+3 car une grande partie de notre métier se digitalise et doit monter en compétences. Banco, la licence débute à partir de la rentrée prochaine !

FI : Parmi vos autres rendez-vous, il y a eu celles avec le président du conseil départemental et le secrétariat général des affaires régionales pour échanger sur le plan de relance et la situation économique. Qu’en est-il ressorti ?

L. C. : Par rapport aux aides à la crise, je défends leur territorialisation, leur sectorisation et leur temporalité. Nous ne pouvons pas traiter de la même manière un restaurant à Marseille et à Mayotte. La courbe de l’épidémie n’est pas la même !
Après, il y a le plan de relance et d’investissement qui arrive. Il faut en profiter pour que les territoires portent des idées et des projets structurants. Il y a des secteurs d’activités porteurs à pousser, comme ceux de la biodiversité, du transport, de la construction, du numérique… Il faut que les acteurs du territoire s’unissent ! La période actuelle demande de la solidarité. C’est le moment de récupérer des fonds : il reste 50 milliards d’euros sur la table.

FI : Vous avez également rencontré le président de la CPME (confédération des petites et moyennes entreprises) pour évoquer les difficultés et le quotidien des petites entreprises. Une étape incontournable pour pouvoir assimiler les subtilités locales.

L. C. : Quand je rencontre Bruno Le Maire ou Alain Griset, c’est important de porter les revendications des différents territoires. Une TPE reste une TPE, mais chacune a ses complexités locales. C’est nécessaire de comprendre pour pouvoir aider. Je l’ai fait pour La Réunion, la Martinique et la Guadeloupe, au tour de Mayotte !
Comme je le disais précédemment, il faut flécher la fiscalité et les réductions d’impôts vers les secteurs incitatifs. De cette manière, nous pouvons influencer les dirigeants à se tourner vers ceux qui sont l’avenir de l’île, plutôt que d’aider des entreprises qui font des bénéfices. Or bien souvent, pour se donner bonne conscience, il suffit de saupoudrer…

FI : Le prix annuel de suivi des cabinets d’experts-comptables s’élève en moyenne 1.500 euros en métropole contre 2.900 euros à Mayotte pour une entreprise individuelle. Comment l’expliquez-vous ?

L. C. : Pour le national, cela ne veut strictement rien dire ! Une entreprise individuelle peut y avoir une facture client par mois, comme mille… Il faut juste savoir qu’il n’y a ni de numerus clausus chez les experts-comptables ni de tarifs fixés. Nous sommes en totale concurrence, donc il n’y a aucune raison que les montants appliqués soient plus élevés d’un territoire à l’autre.
La moyenne nationale d’un dossier est à peu près de 2.400 euros. Je vous mets au défi de rencontrer tous les cabinets de Mayotte : vous verrez qu’ils ne sont pas plus chers qu’en métropole. Les experts-comptables sont les seuls autorisés à tenir des comptabilités. Les autres, ceux que l’on appelle les comptables « marrons », sont dans l’illégalité. Ce n’est pas du corporatisme : comme ils n’ont pas les compétences, ces derniers font prendre des risques aux entreprises ! Après, nous pouvons toujours trouver qu’un expert-comptable est onéreux, mais sa plus-value est bien plus importante que le coût en face.

En plus des 240 nouveaux logements sociaux, le maire de Labattoir rêve encore plus grand

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Trois ans après le début des travaux des lotissements Marzoukou situés à Labattoir, la moitié des appartements sont prêts à accueillir leurs locataires. 117 familles devraient recevoir les clés de leurs nouveaux logements d’ici la fin du mois de novembre. Ils font partie du projet de construction de la société immobilière de Mayotte qui doit fournir 6.000 logements en dix ans.

Dans les lotissements Marzoukou à Labattoir, les ouvriers s’affairent encore pour le crépissage des murs, la pose du carrelage et l’installation des fenêtres. Alors que de l’autre côté, 117 appartements sont déjà prêts à accueillir leurs tous premiers occupants. « Nous allons enfin donner de la dignité à ceux qui vivent dans des conditions difficiles », se réjouit Said Omar Oili, le maire de Dzaoudzi-Labattoir. Qu’il s’agisse de T3 ou de T4, les habitations sont spacieuses et chaque famille pourra trouver son bonheur.

À termes, 240 logements doivent sortir de terre : « une grande première pour le territoire de Mayotte », selon Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat. Mais trois ans après le début des travaux, il reste encore beaucoup à faire et le contexte mahorais n’est pas toujours favorable. « Construire à Mayotte ce n’est pas simple, c’est plus compliqué et plus long qu’ailleurs parce qu’il faut d’abord maîtriser le foncier et avoir tous les titres de permis… Malgré tout, ce lotissement a été fait en trois ans, ce qui est plutôt une très belle performance », assure la responsable de la filiale immobilière de la Caisse des dépôts. Il faudra faire encore mieux dans les prochaines années puisque la société immobilière de Mayotte doit construire 6.000 logements en l’espace de dix ans, au rythme de 600 par an.

Un défi de taille qui se confronte aux difficultés liées à la construction à Mayotte. La SIM n’a d’autre choix que de s’appuyer sur les collectivités pour espérer mener à bien ses projets dans les temps. Pour cela, elle a d’ailleurs paraphé mardi dernier une convention avec la ville de Mamoudzou pour la construction de 1.500 logements au cours des cinq prochaines années. Un engagement partenarial réédité le lendemain avec la commune de Dzaoudzi-Labattoir. « Notre rôle est de faciliter les opérations de la SIM pour que tout aille plus vite. Nous devons aider le groupe à acquérir les terrains et en parallèle, nous devons recenser les personnes qui ont besoin d’être relogées de manière urgente », détaille à l’image d’une feuille de route Said Omar Oili.

L’État finance mais cela ne suffit plus

La question du logement est toute aussi cruciale qu’urgente à Mayotte. Les habitats in-dignes font toujours partie du paysage mahorais, dix ans après la départementalisation de l’île… Dans ces conditions, l’État met les bouchées doubles pour rectifier le tir. Reste aux différentes municipalités à prendre leur part de responsabilité face à la manne financière allouée par le gouvernement ! « Nous n’avons engagé que 600 millions d’euros sur le milliard six destiné aux logements des Outre-mer. C’est paradoxal car nous avons des problèmes de logements, et l’État n’a jamais autant accompagné les collectivités à Mayotte », regrette le maire de Dzaoudzi-Labattoir, non sans une pointe de provocation à l’égard de ses confrères. « Si nous ne les utilisons pas maintenant, ils ne vont pas disparaître. Ils peuvent être réaffectés à l’Outre-mer. Maintenant, c’est à la préfecture, avec les élus et les opérateurs locaux, de faire en sorte de consommer [l’enveloppe] mise à disposition », indique Claude VoDinh, le secrétaire générale de la préfecture de Mayotte. Hors de question pour Said Omar Oili de voir cette somme filer entre les doigts des mahorais. « Il faut transformer ces nuages d’argent pour qu’ils arrosent Mayotte, sinon ils iront arroser d’autres territoires et cela serait vraiment dommage pour notre département. Que les élus prenons les choses en main ! » lance-t-il plein d’entrain et d’espoir.

Vouloir construire est une chose, mais encore faut-il que les collectivités aient l’espace nécessaire pour loger ou reloger toutes les familles qui en ont besoin. Et à Dzaoudzi-Labattoir, les ambitions sont grandes. Mais à première vue, les terrains disponibles pouvant accueillir des projets de construction de grande envergure se font de plus en plus rares… Cela étant, pour le maire de la ville, ce problème a une solution. « Il faut que nous changions nos modes de vie parce que le monde évolue. Nous allons trouver là où il y a de la place et construire en hauteur. C’est tout l’objet de la convention avec la SIM. Nous allons discuter en amont et voir dans notre PLU (plan local d’urbanisme) jusqu’à combien de mètres nous pouvons monter », indique Said Omar Oili. Avec cela, ce dernier espère éradiquer les habitats indignes de son territoire. Seul hic : les logements ne sont pas ac-cessibles aux personnes en situation irrégulière. De fait, la solution se trouve probablement ailleurs…

Après la ZAC du Soleil Levant, Mamoudzou veut construire 1.500 logements sociaux en 5 ans

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En déplacement à Mayotte, et plus particulièrement sur la zone d’aménagement concertée dite du Soleil Levant, Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat, a signé une convention de partenariat avec la ville de Mamoudzou, dans laquelle le groupe s’engage, à travers la société immobilière de Mayotte, à construire 1.500 logements sociaux sur cinq ans dans la ville chef-lieu.

9h53. Deux femmes de ménage s’activent pour faire briller de mille feux le mur vert extérieur du bâtiment Juwa. D’une minute à l’autre, Anne-Sophie Grave, la présidente du directoire de CDC Habitat, Ahmed Ali Mondroha, le directeur général de la société immobilière de Mayotte, et Hamidani Magoma, le 2ème adjoint à la mairie de Mamoudzou en charge des projets structurants, doivent débarquer pour sillonner la zone d’aménagement concertée Hamaha dite du Soleil Levant dans le prolongement des Hauts-Vallons.

Un rendez-vous à marquer d’une pierre blanche près de dix ans après le lancement de cette vaste opération de plus de 22 millions d’euros et de 12 hectares qui porte sur la transformation d’un secteur à dominante d’exploitation de carrière de pouzzolane et agricole en un quartier de ville mixte. « Cela va être une référence pour nos concitoyens qui vont commencer à y croire », s’emballe l’élu de la ville chef-lieu, au moment de découvrir un T4 situé au quatrième étage, dans lequel vit depuis juillet dernier la famille d’Abdouramane Mbaé.

Un air de vent frais dans les immeubles et les logements

Depuis 2018, le chantier bat son plein pour sortir de terre les 185 logements locatifs très sociaux. « Nous essayons de proposer différentes typologies pour que les habitants s’y retrouvent », décrypte Stéphane Aimé, le cogérant de Tand’M Architectes, avant de présenter une varangue traversante aux invités du jour pour amener de la fraîcheur naturelle et ainsi éviter la prolifération des climatiseurs. Car oui, le projet urbain et social s’inscrit dans la perspective d’un développement durable et solidaire, en cohérence avec les engagements pris dans le dispositif d’approche environnementale de l’urbanisme.

D’où « l’accent mis sur la végétalisation aux abords des habitations pour diminuer la température ». « Y’a plein d’air », opine le père de quatre enfants. Une réflexion d’ensemble qui justifie l’utilisation de fibrociment très résistant pour éviter les noircissements ainsi que l’achat de bardages de meilleure qualité pour proposer une protection supplémentaire. Si les immeubles Hawa et Mwezi accueillent déjà leurs premiers occupants, il va falloir attendre un peu – « entre trois et six mois » selon Estelle Rousseaux, en charge de l’aménagement de la ZAC pour la SIM – pour que Juwa et Nyora en fassent de même. Pour l’heure, on note tout de même un taux d’occupation de près de 70%.

Du tertiaire, des commerces et des équipements structurants

Et ce n’est pas tout : 78 logements en accession sociale à la propriété doivent s’y greffer autour d’ici les quatre prochaines années. « Une dizaine de lots vont débuter leur construction dès 2022. » Dans le même temps, « place aux privés » qui vont également pouvoir investir puisqu’une cinquantaine de parcelles libre (à bâtir et intermédiaires) les attend de pied ferme, dans l’optique d’ajouter 250 logements. Sans oublier les 3.000 mètres carrés dédiés aux activités, notamment tertiaires, et la vingtaine de rez-de-chaussée commerciaux. Le site a également vocation à accueillir des équipements culturels et publics structurants sur près de 6.000 mètres carrés, tels qu’un groupe scolaire, une maison de quartier, un plateau sportif, ou encore une mosquée. De quoi améliorer « le cadre de vie de la population », assure Hamidani Magoma.

1.500 logements sociaux à construire d’ici 5 ans

D’ailleurs, la municipalité ne compte s’arrêter en si bon chemin. Preuve en est avec la signature ce mardi matin d’une convention de partenariat avec CDC Habitat. Le but ? Que sa filiale mahoraise depuis 2017, à savoir la SIM, construise 300 logements sociaux par an au cours des cinq prochaines années sur le territoire communal. « Nous apportons notre pierre à l’édifice pour atteindre l’objectif affiché », poursuit l’adjoint en charge de l’aménagement. Une excellente nouvelle pour Anne-Sophie Grave tant les contraintes en matière « de foncier aménagé » sont récurrentes sur l’île. Ainsi, cet engagement va rapidement augmenter de moitié le parc locatif de la SIM, composé de 2.107 logements fin 2020. Et par la même occasion réduire le temps d’attente entre le dépôt de dossier et le passage en commission d’attribution. « Il n’y a pas assez d’offres par rapport à la demande sur Mamoudzou, ce n’est pas un scoop », confirme Ahmed Ali Mondroha, le directeur de la société immobilière de Mayotte. Bientôt de l’histoire ancienne ?!

Émanciper Mayotte envoie les étudiants mahorais au Québec

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Connue pour accompagner les jeunes mahorais en dehors du département, l’association Émanciper Mayotte passe à un autre niveau. Elle vise désormais le continent américain avec une nouvelle antenne au Québec. Dans quelques mois, des étudiants mahorais pourront aller étudier outre-Atlantique pendant trois ans. Un projet rendu possible grâce au soutien de la fondation La France s’engage.

Les représentants de l’association Émanciper Mayotte en avaient rêvé… C’est désormais gravé dans le marbre ! Ce lundi 8 novembre, la fondation La France s’engage a affirmé son soutien total envers la structure en la désignant lauréat Outre-mer de son concours annuel qui soutient les projets d’innovation sociale. « Le prix que nous avons reçu permet à Émanciper Mayotte d’être accompagné par la fondation grâce à un montant de 60.000 euros », indique Houssaini Assani Tafara, le directeur de l’organisation. Et si cette somme est la bienvenue, ce qui l’intéresse réellement est le réseau de la fondation.

emanciper-mayotte-envoie-etudiants-mahorais-quebecEt pour cause ? Émanciper Mayotte a l’intention d’emmener les jeunes mahorais au Québec afin qu’ils puissent faire leurs études pendant trois ans. « Quand nous avons commencé à parler du sujet au niveau local, on nous a dit que c’était impossible, et quand nous sommes arrivés à la France s’engage, ils nous ont écoutés », raconte Houssaini Assani Tafara. Ce soutien a permis la création de deux nouvelles antennes de l’association au Québec et à La Réunion. Et ce n’est pas tout ! Deux autres devraient voir le jour : l’une à Paris avant la fin de l’année, l’autre à Saint-Martin d’ici le deuxième trimestre 2022. « Il nous a semblé nécessaire de développer nos antennes dans les quatre coins du monde pour améliorer la mobilité des jeunes mahorais », explique Abdou Said Gaba, le directeur adjoint d’Émanciper Mayotte. Et le choix du Québec ne s’est pas fait par hasard. Il peut être le nouvel Eldorado des jeunes mahorais. « Nous les envoyons sur un territoire où il y a plus d’opportunités d’emplois. Le Québec recrute 30.000 personnes par an dans les professions où il y a un besoin de mains-d’œuvre important », rappelle Houssaini Assani Tafara.

Objectif : 50 jeunes envoyés tous les ans

Le projet d’Émanciper Mayotte n’est pas nouveau dans la région. En effet, cela fait des années que des étudiants réunionnais sont envoyés sur l’île canadienne pour continuer leurs études. « La Réunion envoie 150 jeunes au Québec tous les ans depuis 20 ans. Nous nous sommes dit que nous aimerions faire la même chose au départ de Mayotte et envoyer une cinquantaine de jeunes mahorais tous les ans », précise le directeur de l’association. Ils devront cependant se soumettre à une phase de préparation sur le 101ème département avant de s’envoler. Une fois sur place, ils seront épaulés par les partenaires choisis soigneusement par les porteurs de projet. « Nous nous appuyons sur des personnes qui sont déjà dans ces lieux, qui connaissent bien les territoires et qui sauront accompagner les jeunes. Ces collaborateurs bénéficient eux aussi d’une formation en interne pour mieux guider les étudiants », annonce Abdou Said Gaba, le directeur adjoint d’Émanciper Mayotte.

Le projet a séduit la fondation La France s’engage, mais également le rectorat de Mayotte qui « a compris l’intérêt ». « Il nous a approchés pour travailler ensemble », confie Houssaini Assani Tafara. Il espère que le changement s’opérera auprès des politiques. « Nous essayons de les mobiliser. Nous attendons de voir si au niveau local, ils vont revoir leur copie », ajoute-t-il. C’est une autre paire de manche qui s’annonce donc pour Émanciper Mayotte. Quoi qu’il en soit, avec ou sans le soutien des élus, une poignée d’étudiants mahorais aura l’opportunité d’aller au Québec pour la prochaine rentrée scolaire en septembre 2022.

Réduire et améliorer l’utilisation des pesticides, l’objectif du plan Ecophyto

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Du 5 au 10 novembre, sur le parvis de l’office du tourisme de Mamoudzou, l’équipe Ecophyto Mayotte reçoit petits et grands pour découvrir et apprendre à reconnaître les ravageurs, les auxiliaires et les plantes de services que l’on croise tous les jours.

La chouette : amie ou ennemie des cultures ? Et le tangue ? Et la guêpe ?” Face à son petit public de CE1, venu du quartier de Cavani, la chargée de mission animation pour le plan Ecophyto à Mayotte, énumère les différents habitants des jardins mahorais. “On les connaît peu et pourtant, ils sont partout”, s’amuse Sarah Bunel. Des petits voisins discrets, mais qui jouent un rôle essentiel dans l’équilibre des systèmes agricoles, parfois même à l’échelle microscopique.

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Maquettes, affiches, jeux interactifs… Tout est fait pour capter l’attention du public et le sensibiliser aux problématiques environnementales induites par l’usage des produits phytosanitaires. Des écoliers aux professionnels de l’agriculture, tout le monde peut venir se renseigner et découvrir des solutions innovantes. L’objectif du plan Ecophyto à terme ? Réduire de 50% l’utilisation des pesticides à l’horizon 2025. “Notre but à Mayotte est de proposer plus d’alternatives pour utiliser le moins possible les produits phytosanitaires sur les cultures”, explique Loïc Larroche, chef de projet Ecophyto. Un travail de longue haleine qui se fait en réseau avec les cultivateurs et qui passe surtout par la sensibilisation de la population.

De la documentation à destination de tous

En tête de gondole sur le stand Ecophyto se retrouvent étalés des manuels d’utilisation, des flyers et des plaquettes de communication expliquant comment manipuler et appliquer les produits phytosanitaires en réduisant les risques pour l’Homme et la nature. Préférer des intrants produits de bio-contrôles aux produits chimiques de synthèse, lire les étiquettes, mettre des gants, des masques, des lunettes… Le traitement des cultures n’est pas un jeu d’enfants et nécessite des précautions encadrées par la règlementation. “La formation certiphyto pour les agriculteurs permet de leur apprendre comment utiliser ces intrants sur leurs parcelles et comment se protéger, mais aussi trouver des alternatives grâce aux auxiliaires de culture par exemple”, détaille Loïc Larroche.

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Plan d’action national et spécificités régionales

Porté par les ministères de l’Agriculture et de l’alimentation, de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la santé, et de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le plan Ecophyto s’est structuré en quatre pôles d’activités à Mayotte. Tout d’abord, l’animation régionale. Avec la mobilisation des acteurs et la communication sur la réduction des produits phytosanitaires. Puis, la surveillance biologique du territoire. “Nous produisons chaque mois un bulletin de santé du végétal afin de réaliser un suivi des bioagresseurs au fil de l’année”, précise l’ingénieur spécialisé en protection des plantes en horticulture. Ensuite, on retrouve les réseaux Déphy Ferme qui accompagnent des agriculteurs volontaires afin d’éprouver, valoriser et déployer des systèmes de cultures durables économes en pesticides. Enfin, l’action transfert à travers le projet « A-PIC » permet de diffuser vers des groupes plus larges des techniques qui ont fait leurs preuves dans le cadre de programmes de recherche et développement.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes