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Eau [1/3] : Contamination par le manganèse, les risques réels sur la santé

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Les tours d'eau du week-end dernier n'ont pas permis d'équilibrer les réservoirs sur la zone nord-est de Mayotte.

Depuis quelques semaines, l’eau est au coeur des préoccupations des habitants. Coupures, factures au montant excessif, qualité de l’eau… Autant de sujets qui inter-rogent les habitants de l’île et que nous traiterons cette semaine dans une série d’articles consacrée aux problématiques de l’eau. La SMAE a annoncé vendredi 19 novembre la présence de manganèse à un taux plus élevé que la norme habituelle dans la retenue collinaire de Dzoumogné. Les consommateurs sont inquiets, et pour cause, ce métal peut provoquer des effets secondaires sur une partie de la population. C’est le sujet du jour.

Les photos montrant de l’eau colorée provenant des robinets de Mayotte pullulent sur les réseaux sociaux ces derniers jours. La couleur jaunâtre inquiète les consommateurs, et certains accusent même la Mahoraise des Eaux de vouloir « les rendre malades ». Ce phénomène est en réalité lié à une présence anormalement élevée de manganèse dans la retenue collinaire de Dzoumogné. « La station de traitement d’eau potable de Bouyouni n’étant pas équipée d’un dispositif de traitement du manganèse, le taux de celui-ci est supérieur à la référence qualité en sortie de l’usine de Bouyouni », annonce la SMAE dans un communiqué. Conséquences, les habitants du nord de l’île jusqu’à Labattoir ne peuvent utiliser l’eau du robinet pour la consommation alimentaire.

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Le manganèse est un métal qui est naturellement présent dans les sols et le corps en a besoin « en petite quantité », précise le docteur Albert Ducastel. Mais lors d’un contrôle, la SMAE s’est rendue compte que « le taux de manganèse est plus élevé que le taux réglementaire qui est de 50 microgrammes par litre et nous nous étions aux alentours de 300 », affirme Françoise Fournial, la directrice de l’entreprise. Cette dernière se veut rassurante et avance que les conséquences sur la santé sont minimes. « Dans les taux qui sont présents actuellement dans les distributions, ça ne peut avoir un impact sur le long terme, ce n’est pas parce que vous buvez de l’eau avec du manganèse à ce taux-là que vous allez être malade, il n’y aucune crainte. » Une version contestée par le docteur Albert Ducastel qui met en garde sur les risques sanitaires. « Si le manganèse se trouve en grande quantité dans les eaux, il va devenir dangereux, toxique pour le corps humain. Ça va créer une neurotoxicité, cela veut dire que ça peut avoir des effets sur le développement neurologique de l’enfant », affirme le professionnel de santé. Il peut souffrir de vertiges, de surdité, de problèmes d’apprentissage ou encore de troubles du langage, dans le cas où il est exposé à l’eau contaminée pendant une longue période.

Les adultes ne sont pas épargnés

Dans ces conditions, la SMAE recommande une restriction d’usage de l’eau contaminée par le manganèse uniquement pour les enfants âgés de zéro à quatre ans. « L’agence régionale de santé nous dit que c’est à cet âge-là qu’ils ont un développement important de leur système nerveux. Alors par mesure de précaution, nous disons aux gens d’arrêter de donner de l’eau aux tous petits. Il n’y a pas de crainte pour les adultes et les grands enfants », se défend Françoise Fournial. Mais selon le docteur Albert Ducastel, la recommandation doit s’étendre pour toutes les catégories de personnes. « Une personne adulte en bonne santé aura les mêmes risques puisque que c’est toxique », insiste-t-il.

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Les témoignages de maux de ventre après avoir consommé l’eau du robinet se multiplient mais la directrice de la SMAE ne trouve pas d’explications à ce phénomène. « Je ne sais pas pourquoi certains disent qu’ils ont mal au ventre, c’est peut-être psychologique… », suppose Françoise Fournial. Pourtant, les effets secondaires sur le court terme sont indéniables selon le médecin. « Si nous consommons une eau dans laquelle le manganèse est trop élevé pendant plusieurs jours, nous pouvons avoir des problèmes de santé d’ordre digestif. La personne souffre de maux de ventre, de nausées et même de maux de tête », assure-t-il. Et inutile de faire bouillir l’eau pour la consommer, cela est contre productif. « L’eau va s’évaporer et le manganèse va rester, sa concentration va donc augmenter », prévient le professionnel de santé. Un retour à une situation normale n’est pas prévu dans les prochains jours. L’eau infectée par le manganèse va couler dans certains robinets mahorais pendant encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Echati Issa, première femme présidente du conseil de surveillance d’EDM

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Ce lundi 22 novembre se déroulait l’élection de la présidence du conseil de surveillance d’EDM. Actionnaire majoritaire à hauteur de 50.01%, le Département a ainsi défendu la nomination d’Echati Issa. L’élue du canton de Koungou souhaite faire de la transition énergétique sa priorité.

Flash Infos : Vous venez d’être élue présidente du conseil de surveillance d’EDM. Quelle est votre sentiment après cette prise de fonction ? Quelles seront vos missions et vos marges de manœuvre ?

Echati Issa : Je suis très heureuse dans la mesure où je suis la première femme présidente du conseil de surveillance. Je suis honorée de représenter le Département, qui est actionnaire majoritaire, à hauteur de 50.01% dans le capital social d’EDM. Mon rôle sera d’accompagner l’équipe dirigeante et de veiller à ce que les bonnes décisions soient prises au profit de la population. Au cours de cette élection, j’ai rappelé ma volonté d’accompagner EDM dans le développement de l’énergie à Mayotte.

FI : Plus largement, quelles seront vos priorités durant votre mandature ?

E. I. : La transition énergétique est l’un des grands projets de Mayotte. Le photovoltaïque se développe de plus en plus… Le siège d’EDM vient d’ailleurs d’installer des panneaux sur son toit (cf le Flash Infos n°5111). Cette énergie renouvelable prolifère de plus en plus sur le territoire, comme sur Mamoudzou, sur Kawéni et bientôt sur Tsoundzou. Et demain ce sera le biocarburant ou autre chose pour essayer de limiter la pollution. C’est vraiment l’objectif de ma mandature !

FI : Comme vous l’avez dit, il y a un projet solaire sur la résidence Jardin des Épices à Tsoundzou 2 menée par la société immobilière de Mayotte, dont vous êtes membre du conseil d’administration. Avec vos différentes casquettes (EDM, Département), comment allez-vous vous y prendre pour démocratiser l’installation de panneaux photovoltaïques sur les infrastructures communales, mais aussi pour faire aboutir d’autres réflexions sur les énergies renouvelables ?

E. I. : Avec les différents partenaires, il faut faire en sorte que tous les projets bénéfiques pour les Mahorais soient mis en place. Nous verrons tous ensemble comment nous pourrons par exemple valoriser le photovoltaïque sur le territoire. Et comme je vous le disais, nous souhaitons vraiment avoir des résultats probants pour réduire notre empreinte carbone. L’essai sur le bio-liquide avec de l’huile de colza mené en juin dernier est un succès. Tout ce qui pourra permettre d’agir en ce sens, nous y travaillerons avec EDM et le conseil départemental.

L’espace citoyen, le nouveau dispositif pour faciliter la vie des habitants de Mamoudzou

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Ce lundi 22 novembre avait lieu sur la place de la République le lancement officiel de l’espace citoyen de Mamoudzou. À l’heure du numérique, la capitale du 101ème département souhaite devenir une ville connectée. Pour cela, les services municipaux ont mis en place un service en ligne destiné à ses citoyens.

Fini les files d’attente interminables dans les services administratifs de la mairie de Mamoudzou. Dès le 1er décembre, les habitants pourront se rendre sur le site de la ville pour réaliser leurs démarches administratives. Acte d’état civil, inscription sur les listes électorales, prise de rendez-vous pour déposer ou récupérer son titre d’identité, dépôt d’un dossier de mariage ou de PACS, demande de rectification matérielle ou de changement de prénom… Autant d’actes administratifs qui demandaient autrefois aux citoyens de se déplacer jusqu’à l’Hôtel de ville et qui seront désormais accessibles en ligne à l’aide d’un “guichet unique”, explique Soiyinri Mhoudhoir, l’adjoint au maire de Mamoudzou en charge du numérique. Grâce à leur tableau de bord, les utilisateurs pourront également consulter l’historique de leurs demandes, suivre l’état de traitement et disposer d’un « coffre-fort » destiné à leurs pièces justificatives.

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Quatre conseillers et une dizaine de techniciens

Notre politique en matière de numérique prend forme”, se félicite l’adjoint à la mairie de la ville chef-lieu. En août dernier, la municipalité a inauguré son premier hotspot Wifi, qui s’inscrit lui aussi dans la lignée de la dématérialisation des services, censée faciliter les démarches des Mahorais. Avec le lancement du nouveau portail numérique disponible directement sur le site de la mairie, Mamoudzou poursuit son objectif de “smart city” à l’horizon 2030. “Ce dispositif répond directement à la politique d’inclusion numérique à l’échelle du territoire communal”, affirme Soiyinri Mhoudhoir. En février 2022, les habitants pourront se connecter à la plateforme en ligne via leurs identifiants FranceConnect (un dispositif d’authentification unique qui se substitue à la fédération de comptes proposée jusqu’alors par mon.service.public.fr et ses partenaires et qui permet d’accéder aux sites et services publics numériques l’ayant intégré sans avoir à créer de nouveau compte). Pour gérer ce tout nouvel outil numérique, quatre conseillers numériques et une dizaine de techniciens travailleront chaque jour pour garantir aux usagers une expérience optimale. Alors tous à vos clics, Mamoudzou entre dans une nouvelle ère…

EDM se met au vert avec son plan solaire

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Électricité de Mayotte poursuit son virage « vert » avec son plan solaire. Depuis plusieurs mois, le service transition énergétique et innovations s’emploie pour déployer des centrales photovoltaïques sur le territoire. D’ici 2030, le département a pour ambition de produire 30% d’énergie renouvelable, contre seulement 5.5% actuellement.

En installant 294 panneaux photovoltaïques sur le toit de son siège, Électricité de Mayotte souhaite montrer « l’exemple » pour développer l’offre sur le territoire et par la même occasion réduire son empreinte carbone. Un projet qui complète celui finalisé sur le poste source de Longoni, en attendant l’imposante couverture de la centrale thermique située sur la même commune. Un virage « vert » que la société aspire à consolider dans le temps. « Nous ne sommes pas là pour faire un one-shot », assure Christian Freu, le chef du service transition énergétique et innovations. Une équipe de six salariés opérationnelle depuis seulement quelques mois.

Cette diversification est surtout une manière de réduire la dépendance du département aux hydrocarbures importés. À l’heure actuelle, « les 5.5% d’énergie renouvelable produites absorbent les 3% de croissance annuelle de la demande en électricité », avoue Claude Hartmann, le directeur délégué d’EDM. Une production qui s’approche de celle de la Martinique (7%). À titre de comparaison, la part de La Réunion et de la Guyane atteint respectivement 33% « grâce au biomasse et à l’éolien » et 64%. Un écart abyssal qui se justifie par l’étroitesse de l’île aux parfums et la difficulté à dénicher du foncier pour implanter des fermes solaires.

Plusieurs facteurs en ligne de compte

D’autant plus que la production électrique solaire n’est pas sans peine… Elle exige de prendre en compte la localisation du site, l’orientation (plein Nord) et l’inclinaison des modules (entre 10 et 20 degrés). « Les ombrages, comme les arbres et les bâtiments, sont le plus gros problème. Ils peuvent impacter tout la chaîne, donc il faut bien adapter le calculage », détaille Azatassou Dessa, l’ingénieur d’études. En tout, les différentes étapes avant la livraison peuvent durer jusqu’à deux ans, comme le souligne Nabil Koudsi, le chargé de prospection.

Après une période creuse, de 2013 à 2018, le photovoltaïque revient en force. Mayotte comptabilisait 120 installations en 2020 pour une puissance cumulée de 23 mégawatt-crêtes, contre 93 un an plus tôt. « La commission de régulation de l’énergie a décidé de donner un nouveau coup d’élan à la suite de l’arrêt des investissements », relate Claude Hartmann. Pour autant, le tarif d’achat évalué à 15.24 centimes le kilowatt-heure au 1er octobre s’avère beaucoup moins incitatif qu’il y a une dizaine d’années !

Toujours est-il que le département a pour ambition d’atteindre 30% d’énergie renouvelable d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, EDM compte bien apporter sa pierre à l’édifice, comme en témoignent les trois projets contractualisés qui verront le jour en février prochain. « Nous avons signé l’équivalent de trois mégawatt-crêtes en 2021 », se réjouit Christan Freu, impatient de pouvoir recouvrir davantage de toitures. Avec un taux annuel d’ensoleillement de près de 365 jours, Mayotte a une vraie carte à jouer.

La première édition du rallye environnement à Chiconi fait un tabac

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Samedi 20 novembre avait lieu la première édition du rallye environnement organisé par la maison des jeunes, de la culture et des sports de la commune de Chiconi (MJCSC) en partenariat avec l’association Randoclean. Au programme : une randonnée fléchée au cœur du village situé dans la baie éponyme et un ramassage de déchets tout au long du parcours.

Parcours plante ou parcours eau, à 9h les 120 randonneurs s’élancent. Gants et sacs poubelles à la main, c’est parti pour trois heures de marche sur les routes de Chiconi ! Répartis en 21 équipes et âgés de 6 à 56 ans, les participants sont prêts à découvrir le village tout en nettoyant ses rues. “Ce premier rallye environnement s’inscrit dans l’objectif de la maison des jeunes, de la culture et des sports de la commune de Chiconi (MJCSC) qui est de mener un maximum d’actions culturelles, sportives et environnementales”, affirme quelques minutes avant le départ le secrétaire général de la structure, Rifay Abdou Boina. Au détour d’un jeu de piste géant, les équipiers doivent résoudre des énigmes et s’orienter pour visiter un à un les points d’étape. Sur le “parcours plante”, ils découvrent différentes plantes médicinales de l’île et apprennent à les reconnaître. Puis sur le “parcours eau”, ils visitent les “vovous” ou puits traditionnels utilisés autrefois par les habitants.

La jeunesse au rendez-vous

Arrivées les premières sur la ligne d’arrivée, l’équipe Tseki Matandzaka ou les jeunes dynamiques composée de Zoulaika, Nayma, Razafinah et Tanyia, âgées de 15 à 17 ans et habitantes de la commune de Chiconi sont ravies de leur matinée. “Nous nous sommes trompées d’itinéraire au début, nous n’aurions jamais pensé arriver en tête. Notre but était de participer et de nous amuser.” Et à en croire leurs sourires, c’est la mission accomplie ! Maintenant, ils ne leur restent plus qu’à présenter au grand public une chanson inventée durant la course et rendre le quizz qui leur a été distribué en début de journée afin de déterminer si oui ou non elles ont les grandes gagnantes de ce rallye…

Peu après elles, les groupes rejoignent la plage de Sohoa, point d’arrivée de cette course d’orientation grandeur nature. Parmi eux, quatre autres jeunes filles du village – Ahmfaty, Elia, Melya et Nawel – foulent le sable ravies de leur parcours. “Nous étions sur le parcours plante. Nous avons appris beaucoup de choses mais ce que nous retiendrons surtout c’est la quantité incroyable de déchets que nous avons ramassés”, s’insurge Ahmfaty du haut de ses 13 ans. “Au bout d’un kilomètre, nous avions presque déjà rempli tous nos sacs”, se désolent ses amies. Si ce bilan s’avère désastreux pour l’environnement, l’idée des organisateurs qui était d’éveiller les consciences des participants semble atteint.

Victoire des chiconiennes

Suspense… Parmi les 21 équipes engagées, qui remporte le premier prix ? Et c’est la Golden Force qui se distingue, suivie de ses camarades de Tseki Matandzaka, puis de l’équipe Mbongi 976 de Petite-terre et des membres de Jeunesse en cours de Tsoundzou. Les quatre vainqueurs repartent avec un tour en bateau dans le lagon. De quoi motiver de nouveaux participants pour la prochaine édition…

Coupe de France : Les Jumeaux de Mzouazia filent en 32èmes de finale

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Une semaine près avoir écrit l’histoire au 7ème tour de Coupe de France en devenant la première équipe mahoraise à vaincre un club métropolitain, les Jumeaux ont réédité l’exploit au 8ème tour face à Plancoët-Arguenon (3-1). Mzouazia se qualifie pour les 32èmes de finale de la compétition, comme le FC Mtsapéré la saison dernière.

Une fois encore, les chants et couleurs de la diaspora mahoraise auront fait vivre les tribunes du Stade du Roudourou, sans pour autant provoquer d’incident comme celui ayant lieu à Saint-Brieuc, au tour précédent. Ce dernier s’était soldé par un large triomphe de Mzouazia sur le CS Plédran (5-1), première victoire mahoraise contre un club de métropole. Après une semaine de préparation dans l’Hexagone, les héros de l’île avaient donc un nouveau rendez-vous avec l’histoire, à Guingamp, face à Plancoët-Arguenon (Régional 2). Et force est de constater que les Mahorais l’ont honoré de la plus belle manière. Si la mairie de Plancoët a chaleureusement accueilli quatre membres de l’AJM dans la semaine, il n’y a pas de place pour les sentiments sur le terrain. Ce dernier, gorgé de l’eau des pluies guingampaises et refroidi par une température n’excédant pas les 9 degrés, aurait dû compliqué la tâche des joueurs du sud de l’île.

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Ce sont bien eux, pourtant, qui se montrent les plus en jambes, enchaînant les passes et portant le danger jusque dans la surface adverse. Et ces efforts paient : le début de match disputé bascule à la 34ème minute, avec une tête rageuse de Ben Djadid Dina Kamal à la suite d’un corner. Le capitaine des Jumeaux, déjà buteur lors du 5-1 contre Plédran, double la mise à la 42ème, permettant à son équipe de compter deux buts d’avance à la mi-temps. Mais la seconde période voit entrer des Bretons bien plus entreprenants. Ce regain de détermination aboutit au but de Maxime Letonturier, à la 53ème minute. À 2-1 avec encore plus de 35 minutes à jouer, les observateurs pouvaient légitimement craindre pour Mzouazia. Mais ces derniers, poussés par leurs soutiens mahorais, n’ont pas baissé les bras.

La « magie de la Coupe »

La fin du match procure beaucoup d’émotions aux supporters. L’espoir d’abord, avec une frappe de l’AJM sur la barre transversale. La frayeur ensuite, avec ce même montant touché par un tir de Plancoët-Arguenon. La tension est à son comble dans les dernières minutes de la partie, avec ce petit but d’avance en guise de maigre avantage pour Mzouazia. Puis, la délivrance finale intervient dans les arrêts de jeu, avec le but du 3-1 marqué par Fouad Dina Kamal. La tribune visiteurs explose : ça y est, les Jumeaux sont en 32èmes de finale. Le club mahorais inscrit son nom dans l’histoire de la Coupe de France en atteignant ce stade de la compétition, à l’image du FC Mtsapéré la saison dernière, ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Mais aussi en éliminant deux clubs métropolitains coup sur coup, exploit unique du foot mahorais.

Les yeux et les esprits de l’intégralité de l’île sont désormais tournés sur ces fameux 32èmes de finale de Coupe de France, qui auront lieu lors du week-end des 18 et 19 décembre. Les Jumeaux de Mzouazia pourront alors tomber sur de grands clubs de Ligue 2, tels que l’AJ Auxerre ou Toulouse, et même sur l’élite de la Ligue 1, qui ne fera son entrée dans la compétition qu’à ce moment. Un système inégalitaire contre lequel de nombreuses voix s’élèvent, mais qui réserve de belles surprises pour les plus déterminées des équipes amateur. La « magie de la Coupe », comme on l’appelle, réservera-t-elle justement un bon sort aux vaillants Mahorais ? Une chose est sûre, ils ont déjà prouvé à la France qu’elle ne doit pas sous-estimer les sportifs de son 101ème département.

Frédérique Vidal en immersion dans la mangrove mahoraise

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La ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a achevé sa visite à Mayotte dans la mangrove de la vasière de Dzaoudzi. Enseignants-chercheurs et doctorants lui ont expliqué l’importance de préserver cet écosystème et de continuer les recherches. La ministre a promis que l’État était déjà en train d’apporter des réponses pour satisfaire leurs besoins.

La mangrove, une richesse mahoraise que la ministre de l’Enseignement supérieur a pu découvrir à l’occasion d’une immersion dans la vasière de Dzaoudzi. Frédérique Vidal a montré un réel intérêt pour le sujet, pour le grand plaisir des chercheurs qui ont assuré la visite guidée. « Il y a une curiosité intellectuelle, elle comprend ce qu’on lui dit et c’est très agréable pour nous parce qu’on se demande toujours si notre interlocuteur trouve de l’intérêt dans ce qu’il apprend », a indiqué Claire Golléty, maître de conférence en écologie marine et responsable du département sciences et technologie au CUFR de Mayotte. Durant près d’une heure, la ministre a pu constater l’état de la mangrove de Dzaoudzi qui se porte plutôt bien. « Celle de la vasière des Badamiers est en pleine croissance », a assuré Claire Golléty.

Contrairement à celles situées dans le sud de l’île qui sont en train de disparaître sous l’effet naturel et les autres dégradées par l’urbanisation. « Il ne suffit pas de dire que la mangrove est importante, la population doit comprendre pourquoi elle l’est », a ainsi déclaré Anliati Ahmed Abdallah, doctorante en géographie de l’environnement au CUFR. La mangrove est en réalité essentielle pour l’équilibre de l’écosystème marin et elle est bénéfique aux riverains. « Elle est une ressource pour certaines espèces marines, elle permet aussi de filtrer les eaux usées qui arrivent du côté terrestre, elle limite l’énergie des vagues et protège les villages qui se situent à proximité des mangroves », a rappelé Anliati Ahmed Abdallah. Pour arriver à faire passer le message, les chercheurs doivent être en mesure de faire leur travail dans de meilleures conditions, chose pas toujours évidente au centre universitaire de Mayotte.

Besoin de soutien humain pour continuer la recherche

Les enseignants-chercheurs ont profité de la visite pour faire part de leurs difficultés quotidiennes. Le manque de personnel au sein du CUFR de Mayotte a un impact sur leurs travaux. Claire Golléty l’a évoqué, pour faire de la recherche au même niveau que les autres universités, ils ont besoin d’un soutien administratif, « pour aider au montage de projet, répondre aux appels à projet, etc » et de personnel technique « pour travailler dans les laboratoires de recherche, sur le terrain ». La ministre de l’Enseignement supérieur a écouté d’une oreille attentive les doléances de chacun et a assuré que des réponses à cette problématique sont déjà prévues dans le contrat pluriannuel pour la période 2020-2025. « Dans les priorités évoquées, les postes ont été identifiés, ils vont arriver et on est bien en phase entre ce que l’État va proposer et la réalité du terrain, ce qui est important parce que des fois on propose des choses à Paris qui ne sont pas adaptées à la réalité du terrain », a-t-elle promis. Des propos qui semblent satisfaire les principaux concernés. « La ministre a tout à fait compris et entendu notre demande », s’est réjoui la responsable du département sciences et technologie du CUFR de Mayotte. Cependant, aucune échéance n’a été annoncée pour le recrutement de ce personnel manquant. Les enseignants-chercheurs de l’île doivent encore composer avec cette configuration qui les oblige à faire un travail interdisciplinaire.

Ben Issa Ousseni aux Açores pour défendre le cas de Mayotte et des régions ultrapériphériques

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À l’occasion de la 26ème conférence des présidents des régions ultrapériphériques, le chef de l’exécutif du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, est revenu en exclusivité pour Flash Infos sur l’importance de ce rendez-vous, mais aussi sur les grands enjeux qui attendent Mayotte dans le cadre de la nouvelle programmation 2021-2027.

Flash Infos : La semaine dernière, vous vous êtes rendu aux Açores dans le cadre de la conférence des présidents des régions ultrapériphériques. Quelles étaient vos attentes d’un point de vue général ?

Ben Issa Ousseni : D’abord, c’était ma première participation en tant que président de la collectivité départementale à cette conférence annuelle – dont c’était la 26ème édition – et il me tenait à cœur de rencontrer mes homologues des RUP et d’échanger sur les nombreuses problématiques communes que nous rencontrons. Situées dans plusieurs bassins géographiques, les RUP, « terres d’Europe dans le monde », contribuent en effet au rayonnement international de l’Europe. Du fait de leurs liens historiques, culturels et de leurs diasporas, elles constituent des points d’appui pour la coopération de l’Union européenne avec les pays tiers, y compris en dehors de leurs zones géographiques. Leurs atouts uniques constituent une réelle valeur ajoutée européenne et les positionnent en tant que véritables bases stratégiques de l’UE.

L’autre aspect essentiel, c’était d’affirmer par ma présence l’enjeu de la défense de l’ultrapériphérie, avec ces neuf territoires très différents, mais qui ont bien des points communs. Et puis bien sûr, au sortir d’une crise sanitaire sans précédent et à ses conséquences, il fallait défendre et évoquer le cas de Mayotte face aux grands défis mondiaux du changement climatique, du défi de la transition vers l’économie durable et numérisée ou bien sûr de la desserte en transports.

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FI : Les sujets évoqués reviennent régulièrement sur le devant de la scène à Mayotte : l’énergie, le numérique, la gestion des risques, la recherche et innovation, la croissance bleue… Qu’est-ce que cette conférence peut réellement changer dans l’émergence de ces secteurs à fort potentiel ?

B. I. O. : La conférence permet d’affirmer des positions le plus souvent communes, de les partager, d’être entendus dans les instances européennes et nationales. Une déclaration finale a été adoptée. Nous pouvons peser sur les futures orientations de la Commission européenne à l’heure du renouvellement de sa stratégie envers les RUP. Pour cette nouvelle période de programmation 2021-2027, de nombreuses avancées ont d’ailleurs déjà été obtenues pour les RUP, notamment sur le fonds social européen. Certaines spécificités des RUP doivent pouvoir faire l’objet d’une plus grande attention. Je pense, en particulier à l’amélioration de l’accessibilité physique, notamment le développement du port de Mayotte. L’augmentation du volume des trafics maritimes favoriserait le désenclavement de département. La nouvelle période de programmation qui s’annonce inclut des avancées pour les RUP… Le maintien de ce dialogue politique ainsi que le renouvellement du partenariat construit au fil de ces 26 dernières années avec les institutions européennes, demeurent donc une priorité forte.

FI : D’autres thématiques intéressent fortement l’opinion publique : la pêche et l’immigration. Pour l’un comme pour l’autre, quelles positions avez-vous défendu ? Et quelles réponses espérez-vous de l’Union européenne ?

B. I. O. : Notre filière pêche demeure en attente d’une véritable concrétisation des aides au renouvellement de la flotte. Notre pêche artisanale mahoraise reste impuissante face aux géants que représentent les pavillons étrangers. Dans cet esprit, les accords internationaux tels que l’accord UE-Seychelles affaiblissent la protection nécessaire de notre zone économique exclusive. Il faut donc agir et vite.
La question de la gestion de flux migratoires constants est, bien sûr, une préoccupation majeure pour notre région. Mayotte se trouve, depuis plus de dix ans, au cœur d’une croissance démographique exponentielle, d’une urbanisation spontanée et d’une pression sur ses moyens financiers. Elle ne peut faire face seule à ses défis. Avec une moyenne de 27.400 reconduites aux frontières en 2019, les enjeux sont colossaux.
Au-delà des compétences nationales en la matière, j’ai donc lancé un appel pour que Mayotte soit considérée comme une zone d’urgence et pour que les dispositifs Frontex puissent être déployés. Cette approche est vitale pour la cohésion sociale de notre région.

FI : En avril dernier était installé le groupement d’intérêt public « L’Europe à Mayotte » pour la période 2021-2027 qui permet au Département de gérer à parts égales les fonds européens avec la préfecture. Six mois plus tard, quelles premières conclusions pouvez-vous tirer ?

B. I. O. : Il s’agit d’une structure partenariale innovante entre l’État et le conseil départemental pour la gestion des fonds européens créée en avril 2021 : FEDER (fonds européen de développement régional), FSE (fonds social européen) et FEDER CTE (programmes opérationnels 2014-2020 et REACT EU), FEDER, FSE+ (programmes opérationnels 2021-2027). Il prend pleinement son essor, maintenant que ses équipes sont constituées et opérationnelles. Il y a une ambition très forte de la Commission européenne, de l’État et du Département pour relever avec succès les défis majeurs qui se posent à Mayotte et consommer tous les crédits fléchés vers notre territoire dans le cadre des programmes opérationnels autour du défi du développement économique, du défi de l’insertion sociale et de la réussite de la jeunesse, du défi du numérique, du pacte vert, du défi environnemental, du désenclavement et de l’indispensable citoyenneté. Les moyens alloués dans le cadre du GIP vont permettre d’accompagner les porteurs de projets et de réaliser des contrôles en amont pour disposer de dossiers de qualité. Je suis donc confiant pour consommer l’enveloppe restante. L’Europe croit en Mayotte qui y est pleinement intégrée au titre des RUP et qui bénéficie des fonds structurels, comme du plan de relance européen à hauteur de 135 millions d’euros dans le cadre du REACT EU.

FI : L’enveloppe allouée pour Mayotte a semble-t-il doublé, de 211.3 millions à 479.3 millions d’euros. Quelles sont vos priorités, sachant que les chantiers structurants sont pléthoriques ?

B. I. O. : Pléthoriques, je ne sais pas, mais nombreux c’est certain ! Je note que la raison d’être du GIP « L’Europe à Mayotte », c’est de permettre l’aboutissement des projets, de stimuler les initiatives, de communiquer sur les réussites afin d’en susciter de nouvelles et ainsi de créer cette dynamique positive qui permettra l’essor rapide du territoire. J’ai énuméré un certain nombre de défis et d’enjeux dans lesquels devront s’inscrire ces projets structurants qui visent notamment à mieux équiper Mayotte qu’ils s’agisse des grandes infrastructures (piste longue, port), de nos modes de transports (barge et amphidromes), des équipements nécessaires au développement de Mayotte, en vue des Jeux des Îles 2027 et de la pratique quotidienne qui est aussi importante.

FI : Selon vous, que faut-il faire et mettre en place pour que les RUP soient davantage reconnues aux yeux de Bruxelles ? Et surtout que les Mahorais se sentent davantage européens ?

B. I. O. : Depuis 26 ans, les RUP agissent et leurs prises de position sont entendues. Prenons l’exemple de la récente présidence de Mayotte : elle a permis l’augmentation à 40 euros par habitant de l’allocation additionnelle pour les RUP dans le cadre du FEDER ; l’augmentation de l’allocation additionnelle prévue dans le cadre du FSE+ pour les RUP et les régions septentrionales à faible densité de population, passant de 175 millions d’euros à 473 millions d’euros ; ou la création d’une allocation spécifique pour les RUP dans le cadre de l’initiative REACT EU. Enfin, le rétablissement du taux historique à 85% des taux de cofinancement du FEDER et du FSE pour les RUP est aussi un acquis ! Ceci pour souligner que, même si le grand public ne le voit pas toujours, il y a des avancées réelles. À nous – mais ce n’est pas propre à Mayotte – de montrer en quoi l’Europe contribue à soutenir et financer des projets de notre vie quotidienne. C’est déjà me semble-t-il l’un des enjeux des prochaines échéances présidentielles qui s’annoncent !

Les parents d’élèves du lycée de Kahani disent “STOP !”

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Stop à la violence, stop aux agressions, stop à l’insécurité. Les mamans de Kahani se sont soulevées jeudi matin pour crier haut et fort leur mécontentement. Alors que le lycée devait rouvrir ses portes en jauge réduite après deux jours de fermeture administrative, les parents d’élèves ont bloqué l’accès à l’enceinte de l’établissement et comptent bien reconduire ce mouvement tant que la sécurité de leurs enfants ne sera pas assurée.

Dès 5h, les mamans se sont massées devant le lycée afin de bloquer l’arrivée des bus et des élèves. “Tous les matins, on tend l’oreille pour savoir si ça va péter. Aujourd’hui, on dit stop ! On veut que les autorités nous prennent au sérieux et nous n’arrêterons pas tant que ce ne sera pas le cas”, s’exclame l’une des mères. De bloc face aux caillasseurs, ces héroïnes des temps modernes ont même réussi à repousser les fauteurs de troubles venus une nouvelle fois pour en découdre. Une méthode bien à elles et non violente qui semble marcher mais qui ne résout pas le climat de tension auquel doivent faire face les élèves depuis des mois.

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Avec elles, les professeurs incrédules se réjouissaient de voir les parents se mobiliser pour que les lycéens de Kahani puissent enfin étudier dans des conditions de travail décentes. Brandissant une banderole “Bienvenue au pire lycée de France”, rappelant les tristes résultats obtenus au baccalauréat par les élèves de l’établissement les années précédentes, les mamans espèrent faire entendre leur cri de détresse et ne céderont pas. Leur réclamation ? Obtenir une discussion avec le recteur, le préfet, le procureur, le maire de Kahani et le président du conseil départemental. En attendant, celles-ci ne décolèrent pas et attendent dans les jours à venir des réponses concrètes afin que leurs enfants puissent reprendre décemment le chemin de l’école.

La ministre Frédérique Vidal réaffirme l’engagement de l’État auprès du CUFR

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En déplacement à Mayotte pour deux jours, la ministre de l’Enseignement supérieur s’est rendue au centre universitaire de formation et de recherche ce jeudi 18 novembre pour poser la première pierre d’une nouvelle extension, mais aussi et surtout pour réaffirmer l’engagement de l’État à travers la signature d’un contrat d’établissement pour la période 2020-2025. Avec toujours en ligne de mire, l’évolution en institut national universitaire à l’horizon 2024.

Un mois après avoir soufflé sa dixième bougie, le centre universitaire de formation et de recherche accueillait un invité de prestige ce jeudi 18 novembre, en la personne de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Un déplacement à marquer d’une pierre blanche, notamment pour la famille Bacar, dont le père Achiraf, décédé le 11 septembre dernier, n’était autre que le premier directeur de l’institut de formation des maîtres, dont l’enceinte se situait dans ses mêmes locaux. « C’est une belle histoire », admet avec une certaine émotion l’un de ses fils, Abdallah, membre de la première promotion diplômée 21 ans plus tôt en présence de Jean-Jack Queyranne, le secrétaire d’État à l’Outre-mer de l’époque.

Une mise en bouche empreinte de nostalgie qui en dit long sur le chemin parcouru par l’établissement depuis sa mise en activité. Aujourd’hui, le site de Dembéni recense 1.800 étudiants et s’étend sur 2.3 hectares. Pas suffisant au vu de la réalité démographique. « En 2030, nous tablons sur 3.700 élèves », prévient Aurélien Siri, le directeur du CUFR. Des prévisions qui exigent une nécessaire restructuration des bâtiments, alors qu’il faut déjà pousser les murs. « Ici, nous disposons de 2.13 mètres carrés par étudiant, contre 3.50 en métropole. Nous devons mener une stratégie immobilière ambitieuse. »

Un nouveau bâtiment à 6.5 millions d’euros

Ce besoin d’agrandissement rebondit avec la pose de la première pierre de l’extension du CUFR, en lieu et place de l’actuel parking du personnel. Un projet évalué à 6.5 millions d’euros, inscrit dans le contrat de convergence et de transformation. La surface de 1.000 mètres carrés prévue à cet effet permet ainsi la construction d’un nouvel amphithéâtre reconvertible en salle de spectacles, de cinq salles de cours et de cinq bureaux. Coïncidence ou pas, la livraison envisagée en décembre 2024 doit tomber pile poil l’année du passage en institut national universitaire. « L’idée est aussi de sortir de terre un campus avec des logements et des commerces », promet Frédérique Vidal, comme pour rassurer l’assemblée sur son émancipation.

D’où la signature d’un contrat d’établissement pour la période 2020-2025. « Il s’agit d’un engagement réciproque », insiste la ministre. D’un côté, le centre universitaire continue de porter haut et fort les couleurs de la recherche et de l’enseignement supérieur. De l’autre, l’État épaule le CUFR dans sa transformation institutionnelle, qui lui permettra de gagner en autonomie (accréditation pour la délivrance de diplômes spécifiques), sans toutefois avoir les pleins pouvoirs sur la gestion financière et les ressources humaines. « Il faut qu’il y ait plus d’offres de formation pour que [vous] décidiez de [vos] créations d’emploi. » En d’autres termes, ce futur statut ne lui assurera pas une mainmise sur la masse salariale. Un mode opératoire somme toute classique pour les petites structures, à l’instar de celle de Mayotte, qui restent sous la tutelle du ministère.

En clair, le CUFR doit encore faire ses preuves pour mériter le nom d’université. Cela commence avec le lancement de deux nouveaux projets de recherche financés à hauteur de 250.000 euros. L’un sur la biodiversité et l’évolution du lagon, l’autre sur l’accompagnement des cultures maraîchères et l’amélioration de la qualité alimentaire. « L’engagement de l’État ne se résume pas à la signature d’une ministre, il survit à tout quinquennat », défend Frédérique Vidal. Histoire de faire taire les plus sceptiques. Et de rappeler que la balle est dans le camp des Mahorais.

Quinze projets touristiques expérientiels accompagnés par l’AaDTM

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L’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte a dévoilé ce jeudi 18 novembre les quinze projets qu’elle va accompagner pour développer des offres touristiques expérientielles. Les touristes, habitants de Mayotte ou venant de l’extérieur, ne seront plus observateurs, ils pourront vivre pleinement les traditions mahoraises. Pour cela, un travail de fond et de forme est à faire pour que les porteurs de projets puissent répondre aux nouvelles exigences du tourisme.

Avez-vous déjà voulu pêcher au djarifa, organiser un manzaraka ou voir une usine sucrière en réalité virtuelle ? Si ce n’est pas déjà fait, cela sera bientôt possible sur l’île aux parfums. L’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte se mobilise pour développer des offres touristiques expérientielles. Quinze porteurs de projets font partie des heureux élus choisis par la structure pour être accompagnés dans la concrétisation de leurs idées. « On va travailler sur l’accueil, sur les tarifs que les gens vont payer, sur la mise en scène. L’objectif est que ces offres soient uniques, qu’on ne puisse les vivre qu’à Mayotte », insiste Michel Madi, le directeur de l’AaDTM, convaincu des bienfaits de cette opération séduction.

Pour ce faire, l’agence a fait appel à un cabinet de conseil dont la mission consiste à rendre ces offres attractives. L’accompagnement se fera durant les six prochains mois et sera individualisé. « Chaque porteur de projet aura sa feuille de route avec ses besoins. On va les aider à répondre aux questions qui se posent et qui ne se posent pas pour que ça marche », indique David Martin, le directeur du cabinet Ted conseil. En commençant par définir le contenu des projets. Puis en trouvant une appellation qui marque les esprits et qui soit assez vendeur pour attirer les clients. « Le choix du nom est important parce que c’est le premier contact qu’aura le futur client, qu’il soit Mahorais ou extérieur à Mayotte. Le nom est une évocation de la promesse qu’on lui fait, du voyage qu’on lui propose. »

Cet accompagnement est crucial pour ces porteurs de projet qui manquent cruellement d’outils pour s’inscrire dans le temps. « Le projet ne doit pas disparaître au bout d’un an, on va les accompagner pour que ça soit viable et pour cela, ils doivent générer de l’argent. Le tourisme est un secteur économique, certaines de ces activités sont déjà pratiquées, mais elles n’ont pas cette approche expérientielle ni commerciale », selon Michel Madi. Les touristes devront donc apporter une participation financière pour vivre l’expérience mahoraise !

Les consommateurs deviennent des consom’acteurs

En partenariat avec les différents offices de tourismes de l’île, l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte a choisi les quinze projets. Triés sur le volet, tous proposent une autre forme de tourisme, qui sort de l’ordinaire et qui répond aux besoins des touristes de plus en plus exigeants. « Les gens ne veulent plus être observateurs, ils veulent essayer, vivre les expériences. Ils passent de consommateurs à consom’acteurs », prévient le directeur du cabinet Ted Conseil. De nos jours, le secteur du tourisme ne cesse de s’innover et si Mayotte veut devenir une destination prisée, elle doit jouer de ses atouts. L’environnement, la gastronomie ou encore les traditions doivent être mises sur le devant de la scène selon le directeur de l’AaDTM. « Il s’agit de faire de l’ADN de Mayotte des offres touristiques. Les touristes veulent vivre ce que nous vivons et c’est pour cela que ces projets ont été retenus. » Rendez-vous courant 2022 pour voir leur concrétisation.

Participer à un manzaraka

Il est indéniable que les manzaraka, les grands mariages mahorais, font désormais partie du paysage de l’île. Attoumani Harouna, le porteur de ce projet veut faire vivre pleinement l’expérience aux touristes qui viendront visiter l’île. « Ils ne vont pas simplement regarder le mariage et s’habiller comme les Mahorais, ils vont participer à l’organisation, cuisiner avec la famille, préparer les mariés et tout ce qu’il s’en suit », explique-t-il. Et pourquoi pas donner envie à un touriste d’organiser son mariage à Mayotte comme les Mahorais.

La pêche au djarifa

C’est une pratique qui est en train de se perdre et que Taambati Moussa veut préserver coûte que coûte. Cette fervente défenseure des traditions mahoraises propose aux touristes locaux et étrangers de découvrir la pêche au djarifa. « Cela se faisait beaucoup avant, mais aujourd’hui ça se fait de manière anecdotique. Pourtant, je sais que les touristes adorent cela car ceux que j’accueille me le réclament sans cesse », affirme Taambati Moussa. La pêche au djarifa consiste à aller attraper des petits poissons avec de longs tissus de six mètres que l’on plonge directement dans l’eau, au bord de la mer.

Usine de Soulou en réalité virtuelle

Le tourisme 2.0 est également très apprécié par certain, et El Farouk Adinani l’a bien compris. Ce porteur de projet a l’idée de « faire découvrir les usines sucrières et autres sites anciens en réalité virtuelle ». Vous vivrez le temps passé comme si vous y étiez.

Découverte de la mangrove

Les scientifiques ne cessent de le répéter : la mangrove mahoraise est en danger ! Elle a complètement disparu à certains endroits de l’île alors qu’elle préserve une biodiversité riche. L’association Haïdo veut participer à cette préservation en faisant découvrir la mangrove de Mayotte tout en proposant des activités. « On pourra faire du kayak et de la pirogue pour prendre soin de la santé environnemental. »

Apprendre les danses traditionnelles

Le debaa et le mbiwi sont des danses traditionnelles mahoraises agréables à regarder, mais difficiles à réaliser. L’association Fleurs des îles veut initier les touristes à la pratique de ces danses. Ils apprendront la technique, mais pourront également choisir les tenues et les fleurs qui font partie intégrante de ces moments artistiques.

« Nous sommes méprisés par l’État », le cri de colère de Safina Soula

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Le collectif des association mahoraises monte au créneau et s’adresse directement au ministre de l’Intérieur à travers une lettre ouverte, paraphée par douze collectifs et associations. Ils accusent l’État d’avoir abandonné Mayotte. Les signataires se sont retrouvés ce jeudi après-midi pour discuter de la suite de leur démarche qui consiste essentiellement à porter plainte contre l’État pour non-assistance à peuple en danger.

Un sentiment d’abandon et de mépris, c’est ce que ressentent les représentants des as-sociations et collectifs de défense des droits des Mahorais. Et selon eux, ces droits sont tout simplement bafoués par l’État… « La France a failli à ses missions à Mayotte, alors faisons en sorte que tout le monde le sache », lance Said Mouhoudhoiri, le porte-parole du collectif des citoyens 2018. Et cela commence par l’envoi d’une lettre ouverte à Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, paraphée par une douzaine d’associations et de collectifs du territoire. Ils dénoncent les récents évènements impliquant des bénévoles de la Croix Rouge en situation irrégulière.

Pour rappel, lors d’un contrôle d’identité ordinaire mené par la police, deux personnes ont été arrêtées et emmenées au centre de rétention administrative car elles n’étaient pas en règle. La sous-préfète chargée de la lutte contre l’immigration clandestine, Nathalie Gimonet, a alors demandé le relâchement de ces individus. « Nous sommes indignés, scandalisés par ce qu’a fait la sous-préfète. La préfecture n’avait pas à intervenir dedans. Nous sommes certains que ce n’est pas une première affaire », s’emporte Safina Soula, la présidente du collectif des citoyens 2018. « Nous devons demander son départ ! », ré-torque une autre participante de la réunion organisée ce jeudi 18 novembre. La quinzaine de sympathisants réunies ce jour pour discuter de la situation de Mayotte veulent avoir des explications sur cette affaire qui n’a visiblement pas fini de faire réagir.

Porter plainte contre l’État, l’ultime tentative

L’assemblée en profite également pour évoquer les autre sujets brûlants qui consument le 101ème département français. Évacuation sanitaire, surcharge des écoles, actes de délinquance font partie de leurs principales préoccupations. Le groupe ne se réunit pas pour trouver des solutions à ces problèmes, mais pour s’assurer que tous s’engageront pour traduire l’État en justice et l’obliger à prendre ses responsabilités. « Nous allons porter plainte pour non-assistance à peuple en danger. On est en train de nous tuer et ils ne font rien pour arrêter cela. Alors nous mobilisons nos avocats sur ça, nous nous y préparons », assure Said Mouhoudhoiri. Reste à voir maintenant si la procédure ira jusqu’au bout…

Quoi qu’il en soit, le sentiment de ras-le-bol est bien présent auprès de ces Mahorais qui ne croient plus en rien ! « Nous sommes méprisés par l’État, il nous a abandonnés », déplore Safina Soula. Et les différentes visites ministérielles programmées depuis le mois d’août jusqu’à la fin de l’année ne font pas baisser la colère, bien au contraire. « La venue de ces ministres est une mascarade. Nous sommes en période électorale et nous savons tous pourquoi ils viennent ici. Les préoccupations des Mahorais ne les intéressent pas. Ils ne veulent même pas rencontrer la population ni échanger avec elle », relève Safina Soula. Les élus aussi en prennent pour leur grade, eux « que l’on voit chez nous lors des campagnes, mais qui disparaissent une fois qu’ils sont élus », critique la présidente du collectif des citoyens 2018. « Ils passent leurs temps à aller à Paris, mais où sont les résultats ? La relation avec les élus est rompue », continue-t-elle très en colère. Les échanges et prises de paroles se poursuivent, mais les participants sont réalistes : ils sa-vent que leur réunion n’aura pas d’influence sur les décisions de l’État. « Cela n’aura probablement pas d’impact, mais le jour où les Mahorais vont se réveiller ça va faire très mal », conclut Said Mouhoudhoiri. Alors à quand le réveil ?

Handicap : Immersion dans les ateliers Enzo Technic Recyclage pour le Duoday

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Jeudi 18 novembre, l’entreprise Enzo Technic Recyclage accueillait des personnes en situation de handicap à l’occasion du Duoday. Pendant cette journée, un professionnel et une personne handicapée ont formé un duo afin que l’actif lui fasse découvrir son poste, ses missions et son environnement de travail. L’objectif ? Faciliter l’insertion dans l’emploi des personnes en situation de handicap encore trop souvent mises à l’écart du monde du travail.

Le tri des déchets, je veux en faire mon métier !” Pour Ismaël, 21 ans, cette journée est une révélation. Si le jeune homme se désole de passer le plus clair de son temps chez lui à ne rien faire, ici, il se sent utile et a tout de suite mis la main à la pâte. Casquette, tenue fluorescente et chaussures de chantier, il possède déjà la panoplie des employés de Enzo Technic Recyclage.

Notre objectif avec cette journée est de faire découvrir notre activité. Voir comment se passe l’intégration de personnes en situation de handicap avec nos équipes et pourquoi pas à la suite de cette journée les embaucher”, explique Andrian Toilibo, le directeur général de l’entreprise. Au milieu des machines de tri, Ismaël est déjà comme un poisson dans l’eau. Si pour cette première journée, la communication avec les autres membres de l’équipe se fait par l’intermédiaire d’une traductrice, le courant passe bien avec les autres employés et une fois lancé, rien ne semble arrêter le jeune homme atteint de surdité. Au milieu des engins de chantier, il affirme qu’il espère pouvoir intégrer l’équipe prochainement.

Dans les bureaux, Ramdati, atteinte d’épilepsie, suit quant à elle une formation d’assistante administrative. Savoir comment accueillir les clients, apprendre à utiliser les logiciels… Autant de compétences qu’elle se doit d’acquérir si elle veut pouvoir intégrer la société. Durant cette journée, elle aura le loisir de découvrir ce nouveau métier et de voir si elle arrive à s’y projeter.

Des employés motivés et des équipes adaptées

Comme en témoigne son directeur, l’entreprise de tri affirme aujourd’hui sa volonté d’employer du personnel reconnu handicapé. “Nous avons déjà des employés qui souffrent de handicap, mais qui n’ont pas la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Nous avons adapté leurs postes et si nous prenons la décision d’embaucher Ismaël et Ramdati, nous devrons également nous adapter à leur besoin pour qu’ils se sentent à l’aise dans nos équipes”, explique Andrian Toilibo. En effet, en intégrant Ismaël et Ramdati à leurs équipes, l’ensemble de leurs collègues devront être formés au geste de premier secours afin de savoir gérer une crise d’épilepsie mais aussi à quelques rudiments de langue des signes pour communiquer avec le jeune agent de tri. Une nouvelle accueillie avec beaucoup de bienveillance par les membres de l’entreprise comme Ismaila Assani, chef d’équipe qui se dit prêt à se former aux prérequis essentiels pour assurer une bonne cohésion d’équipe.

Une journée nationale

En France, 12 millions de personnes sont touchées par le handicap et 80 % de ceux-ci sont invisibles. Déployé depuis 2018 sur l’intégralité du territoire français, le DuoDay vise à lever les préjugés du monde du travail sur le handicap. À Mayotte pour la 4ème édition du Duoday, dix employeurs ont joué le jeu et ont reçu des personnes en situation de handicap dans leurs locaux. Un bon moyen de mettre le pied à l’étrier des travailleurs handicapés, mais aussi de montrer à tous que le handicap n’est pas un frein à l’employabilité.

Le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte perquisitionné par le parquet financier

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Ouverte depuis la fin de l’année 2019, une enquête du parquet national financier a débouché sur une perquisition au siège du syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte ce mercredi matin. L’opération en cours vise l’ancienne mandature pour délit de favoritisme, détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts.

Stupeur ce mercredi matin au siège du syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte. Des dizaines de cartons jonchent le long des préfabriqués installés dans la cour de l’établissement public. La conséquence d’une enquête préliminaire ouverte fin 2019 par le parquet national financier. « Nous avons été destinataires de signalements de la part de la cour des comptes de Mayotte », indique Emmanuelle Fraysse, la secrétaire générale de l’institution judiciaire française, en charge du dossier depuis Paris.

« S’ils sont là, c’est parce qu’ils ont déjà des informations, c’est pas tombé du ciel », lâche un employé du SMEAM, pas forcément malheureux de voir la section de gendarmerie de Paris, dépêchée sur place, s’activer, avec l’appui de la section de recherche de Mamoudzou. Il faut dire que la nouvelle équipe en place depuis le 31 juillet 2020 a du pain sur la planche pour redresser la situation économique dramatique du syndicat laissée par l’ancienne mandature.

Entre deux et dix ans d’emprisonnement

Et c’est là tout l’enjeu des recherches puisque les signalements évoquent plusieurs chefs d’accusation : délit de favoritisme, détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts. Des délits qui peuvent respectivement faire encourir jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 200.000 euros d’amende, dix ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende, et cinq ans d’emprisonnement et 500.000 euros d’amende. « Les enquêteurs font les actes d’enquête nécessaires à la manifestation de vérité », tient toutefois à rappeler Emmanuelle Fraysse. En d’autres termes, ils s’emploient à apporter les preuves ou non des infractions citées précédemment. Aucun nom n’a pour l’heure filtré.

Concernant les rumeurs faisant état de perquisition aux domiciles de l’ancien président du SMEAM, Moussa Mouhamadi Bavi, et l’ancien directeur de cabinet, Camille Abdillahi, la secrétaire générale du parquet national financier préfère botter en touche. Une affaire qui risque de faire énormément de bruit à une période de l’année où les tours d’eau se multiplient…

Avec le cycle de « savoir-nager », les élèves de 6ème de Majicavo se jettent à l’eau

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Depuis la dernière semaine du mois d’août, les élèves de 6ème Turrell du collège de Majicavo ont débuté leur cycle de “savoir-nager”. Encadrés par leur professeur d’éducation physique et sportive Jérôme Dufour, ils se rendent pendant dix séances à la piscine de Majicavo Koropa. L’objectif ? Familiariser les jeunes mahorais avec le milieu aquatique et se jeter à l’eau.

Tout le monde a son maillot ? Allez, on est partis !” À 7h20, les collégiens grimpent dans le bus direction la piscine. Le programme du jour : perfectionner leurs acquis en vue de la dernière séance de natation qui aura lieu mercredi prochain. Après une rapide explication des consignes et le rappel des modalités d’évaluation du “savoir-nager”, les élèves se trouvent d’attaque pour le grand bain. Sous l’œil attentif de leur professeur, Jérôme Dufour, ils réalisent pendant 45 minutes divers exercices adaptés à leur niveau pour éliminer toute appréhension dans l’eau.

Moi je nage” ; “Moi je flotte” ; “Moi je fais la planche”, racontent avec enthousiasme Zarouki, Lyana et Sayra, fiers de leurs exploits aquatiques. Sur le ventre, sur le dos ou seulement au bord en plongeant ponctuellement la tête dans l’eau, chacun avance à son rythme… “Notre objectif est de nous adapter aux différents profils d’élèves et à leurs besoins. Lors de la première séance, ils ont été répartis en trois groupes : ceux qui ont peur et refusent de rentrer dans l’eau, ceux qui acceptent de s’immerger et ceux qui ont déjà des compétences aquatiques”, détaille leur enseignant. L’idée première n’est pas d’en faire des tritons prêts à enchaîner les longueurs, mais bien d’assurer leur sécurité, de ne pas paniquer dans ce nouvel environnement et surtout d’éviter la noyade.

Des progrès non négligeables

En effet, le “savoir-nager” correspond à une maîtrise du milieu aquatique enseignée aux classes de 6ème et mise en place par l’Éducation nationale depuis la rentrée 2015. Ce certificat reconnaît la compétence à nager en toute quiétude, dans un espace surveillé et ne doit pas être confondu avec les activités de natation fixées par les programmes d’enseignement. Un enjeu pour l’île au lagon où une majorité de la population ne sait pas nager.

Si lors des premières séances, certains élèves refusaient de glisser un orteil dans la piscine, tous plongent désormais sans appréhension dans l’eau chlorée du Koropa. “C’est très important de savoir nager”, affirme d’une petite voix Charafoudine. Comme lui, ses camarades sont convaincus de l’importance et de la priorité d’évoluer en milieu aquatique en sûreté. Mais le but de ces sessions d’initiation est aussi et avant tout de s’amuser : certains rêvent d’éclabousser leurs camarades, d’autres veulent apprendre à faire la course tels des poissons dans l’eau. “C’est un comble d’habiter sur une île et de ne pas savoir nager”, se désole Jérôme Dufour. Une première étape avant de perfectionner leur technique et ainsi de découvrir ce fabuleux terrain de jeu qu’est le lagon.

Une bande dessinée pour mieux comprendre la projection judiciaire de la jeunesse

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« Les enfants du Lagon – protection et justice », c’est le titre de la bande dessinée initiée par la protection judiciaire de la jeunesse, publiée aux éditions du Signe. Le scénario raconte l’histoire de trois mineurs qui grandissent dans un milieu propice à la délinquance. Les tentations sont trop fortes pour ces enfants qui commettent des crimes et délits et qui sont pris en charge par la PJJ. On y découvre des unités souvent méconnues du grand public et qui pourtant permettent à certains jeunes de s’en sortir. Hugues Makengo, le directeur territorial de la protection judiciaire de la jeunesse, nous raconte les coulisses de la création de la bande dessinée et de la réalité du terrain.

Flash Infos : Comment est né le projet de la bande dessinée pour présenter la protection judiciaire de la jeunesse ?

Hugues Makengo : Ce projet est né d’une préoccupation à faire connaître les métiers éducatifs, plus précisément ceux de la protection judiciaire de la jeunesse à Mayotte parce que nous avons constaté que nos métiers étaient méconnus… Donc il fallait trouver un outil qui serait accessible à tous, notamment aux jeunes. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer les éditions du Signe lors d’un passage à Mayotte et de cette rencontre va naître une collaboration. Nous avons mis en place une équipe d’éducateurs, pilotée par une directrice de service et ce sont eux qui ont contribué au scénario. Ils ont aussi encadré les jeunes, sous la main de la justice, qui ont participé à cet ouvrage.

FI : De quelles manière ces jeunes ont-ils participé à la création de la bande dessinée ?

H. M. : Ils ont réalisé quelques planches avec le dessinateur lors des ateliers bande dessinée. Le but était de montrer les parcours des mineurs pris en charge par la PJJ. Nous avons le principe d’individualisation, il faut traiter chaque jeune individuellement selon sa problématique. L’histoire parle de trois mineurs qui sont amis, mais qui ont des parcours très différents, ce qui permet de les individualiser. Selon leurs profils, ils vont dans des structures très différentes. Certains jeunes ont pu modifier les dialogues pour les rendre plus tropicalisés et plus compréhensibles pour les jeunes mahorais. Ils ont aussi participé à la couverture, même si évidemment nous avons apporté quelques corrections.

FI : Pourquoi avez-vous choisi le titre « Les enfants du Lagon – protection et justice » ?

H. M. : Nous l(‘avons choisi pour mettre en avant l’enfance et pour bien expliquer que notre action est protectrice. Mais il y a aussi la sanction de la justice qui vient toujours à un moment donné. Et les éducateurs sont là pour accompagner les jeunes à aller vers cette sanction et à réparer leurs fautes.

FI : Pourtant à Mayotte, beaucoup ont l’impression que les mineurs délinquants restent impunis…

H. M. : Il est important pour nous de faire comprendre que contrairement à ce qu’il se dit, la justice des mineurs n’est pas laxiste. Elle est peut-être un peu trop longue dans ses décisions, ce qui fait que le jeune peut récidiver et avoir un sentiment d’impunité. Mais souvent, une fois que la sanction est tombée, elle est toujours mesurable et correspond à la faute. Avant la décision, il y a des mesures de protection qui peuvent être prises du type le placement judiciaire comme dans la BD. C’est-à-dire que ce sont des jeunes qui ne sont pas condamnés mais que nous enlevons de chez eux pour les protéger. Le nouveau code de justice pénal est entré en vigueur en septembre, donc il y aura une accélération des procédures qui fera que les jeunes seront plus vite condamnés.

FI : Pourquoi la justice des mineurs prend plus de temps ?

H. M. : Nous prenons en compte d’abord l’enfant et nous voulons mieux connaître sa personnalité. Les juges des enfants prennent ce temps là pour bien comprendre ce profil et sanctionner en fonction de cela. Selon la catégorisation du délit ou du crime, s’il faut de l’emprisonnement il y en aura, la peine est adaptée il n’y a pas de peine d’excuse. Quand nous nous attardons au profil du mineur c’est pour donner une autre alternative qui lui permettra de sortir de la spirale de la délinquance. Cela prend du temps parfois parce que c’est un individu qui a tout un langage culturel, éducatif… Il a des carences affectives souvent et pour le réparer les équipes disciplinaire (psychologues, assistantes sociales) vont faire tout un travail pour permettre à chacun des mineurs de sortir de la délinquance. Nous y arrivons globalement à 75% sur le territoire national.

FI : Dans la bande dessinée, il est annoncé que la PJJ suivait en 2019 143.356 jeunes au niveau national, qu’en est-il à Mayotte ?

H. M. : Il faut savoir que dans les territoires ultramarins, Mayotte est celui où les chiffres sont en train d’augmenter. En 2013-2014, nous avions entre 300 et 400 mineurs à l’année, en 2020 nous étions à 950. Depuis 2014, il y a une augmentation vertigineuse qui ne s’arrête pas. Nous pensons que vu la démographie et tous les problèmes de société, ce n’est pas près de s’arrêter. Il faut savoir qu’au bout d’un an, 70% des jeunes sortent de nos registres, ce qui veut dire que tous les ans, nous rencontrons de nouveaux jeunes de tous les milieux sociaux, des primo-délinquants. Les 30% restent en général de 13 à 18 ans.

Je rappelle que les jeunes qui sont suivis par la PJJ sont passés devant le juge, ce qui veut dire que certains délinquants restent inconnus car personne ne porte plainte et ils continuent à faire ce qu’ils font et ils ne sont pas suivis. Il y a une sous-évaluation de la délinquance.

FI : Selon vous, quelle portée aura cette bande dessinée sur l’opinion publique et les jeunes mahorais ?

H. M. : Sur l’opinion publique, je ne peux qu’espérer que les gens auront une meilleure connaissance, qu’ils comprendront quel est notre rôle. Nous sommes là pour éduquer les mineurs et les accompagner. Et quand nous prenons soin d’eux, nous les préparons à être des citoyens ordinaires. J’espère que les lecteurs comprendront cela. Concernant les jeunes mahorais, aujourd’hui nos métiers ne sont plus attractifs parce qu’ils sont méconnus. Avec cette BD, nous voulons mettre en lumière les métiers éducatifs en priorité : il est possible de travailler à Mayotte et d’accompagner ces jeunes. Mais aussi ceux avec qui nous travaillons comme les magistrats, la police et les agents pénitentiaires ! En 2022, nous allons faire le tour des établissements scolaires et organiser des opérations tous les ans auprès des étudiants de sciences sociales pour montrer qu’il y a des débouchés à la PJJ.

FI : Quels sont les futurs projets de la PJJ à Mayotte ?

H. M. : Nous avons pour projet de créer une unité en Petite-Terre et d’en délocaliser une autre dans le Sud parce que tout est concentré sur Mamoudzou pour l’instant. Nous voulons aussi ouvrir un service d’investigation pour mieux répondre aux besoins des magistrats lors des enquêtes sur les mineurs. C’est nécessaire pour mieux connaître l’histoire du jeune et dans ce cas-là, il faut aller interroger l’entourage, la famille…
Et en janvier, des jeunes avec des éducateurs vont présenter la BD au festival d’Angoulême ! Moi-même, je vais la dévoiler à la clôture d’un festival international qui s’appelle Bulles en fureur.

Djemilah Hassani, un patchwork plein de vie

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Il y a encore quatre ans, son blog, The Patchwork Life, était exclusivement tourné vers la cuisine végétarienne. Mais, depuis son retour à Mayotte, Djemilah Hassani n’hésite plus à y aborder ses réflexions sur la société mahoraise, et notamment sur son aspect traditionnel. Par sa créativité, la jeune femme pousse à s’interroger sur la place que chacun y occupe et la façon dont chacun est perçu et accepté.

Elle dépeint les différentes facettes, “les différentes réalités” de la vie mahoraise et de ceux qui la rythment à la façon d’un patchwork. Sur son blog, naturellement intitulé The Patchwork Life, Djemilah Hassani partage ses réflexions, ses inspirations, ses anecdotes et ses idées. Voyage, musique, gastronomie… Un contenu que certains pourraient qualifier de “lifestyle” ou “feel good”, mais où légèreté et divertissement riment aussi avec militantisme et engagement.

djemilah-hassani-patchwork-plein-de-vieEn 2017, la jeune femme, végétarienne et gourmande, crée son blog depuis la métropole, où elle vit alors, afin d’y partager ses recettes végétales, et conseiller ceux qui voudraient à leur tour franchir le pas du végétarisme. Puis, elle décide d’ouvrir sa chaîne YouTube afin d’ajouter de la vidéo à son contenu. En 2018, Djemilah rentre à Mayotte, où elle n’a pas posé le pied depuis 15 ans. “J’ai voulu parler de l’île,de mes impressions lorsque je suis arrivée.” Dès lors, son blog s’ouvre à une nouvelle dimension.

Je me suis vite rendu compte qu’en termes de représentation en ligne, c’était très limité.” Car en ligne, justement, Mayotte est systématiquement associée à l’insécurité ou à la beauté de son lagon. “Mais c’est tellement plus que ça !”, fait-elle remarquer. Concernant la représentation de la femme, le constat apparaît, là encore, bien manichéen : “il y a d’un côté l’image de la femme très traditionnelle, et de l’autre, celle de la Mahoraise qui a quitté le territoire pour découvrir autre chose au point de devenir une ‘bounty”, s’exclame la blogueuse pleine de vie. De quoi lui inspirer un nouveau contenu sur la place de la femme, des femmes, quel que soit leur parcours, dans la société mahoraise.

Montrer Mayotte “sous un autre prisme

Au départ, il y a eu pas mal de résistance, comme à chaque fois qu’on essaie d’apporter du changement, un nouveau point de vue”, retrace Djemilah. À propos du végétarisme qu’elle dévoile et développe sur son blog, d’autres réticences émergent. “On me disait que c’était impossible d’être Mahoraise sans manger de viande, que je rejetais ma culture, que je ne l’aimais pas”, s’indigne-t-elle. “Mais justement, l’idée est d’explorer de nouvelles recettes avec ce que l’île peut offrir”, comme une allégorie de son contenu et de sa philosophie.

Puis vient une nouvelle vidéo, celle “qui a vraiment changé les choses” : un vlog sur le quotidien à M’tsapéré, dans son quartier. “Elle a reçu un gros écho à Mayotte comme à l’extérieur.” Au Nord, au Sud, Djemilah est invitée à venir filmer un contenu similaire dans d’autres localités mahoraises. “C’est là que j’ai réalisé que les gens, surtout ici, avaient besoin d’être vus pour ce qu’ils étaient. Pour une fois, on montrait Mayotte sous un autre prisme, on était vu pour autre chose !

Montrer Mayotte à l’extérieur, oui, mais aussi à ceux qui y sont déjà, comme une invitation à ouvrir son horizon culturel, questionner la tradition. “Même s’il y a un côté hyper fun et ludique dans ce que je crée, il y a quand même quelque chose de très engagé derrière”, défend la chef de projet dans le milieu associatif. Preuve en est, sa prochaine vidéo devrait aborder l’épineux sujet du retour au pays des jeunes mahoraises ayant quitté le territoire. “Est-ce qu’on peut se réhabituer à Mayotte, à cette société traditionnelle ?”, interroge Djemilah. Bien consciente du fait de son “statut” de jeune femme mahoraise, nombre de pressions pèsent encore sur ses épaules. Une problématique abordée par la nouvelle série Colocs !, dont la sortie n’a pas manqué de faire éclater une petite polémique. “Cette série montre bien que beaucoup de challenges s’imposent à nous lorsqu’on rentre, mais aussi que l’on peut apporter une nouvelle identité au paysage. Il était temps que l’on puisse enfin en parler !” Parler, parler pour briser les tabous, et surtout, pour que toutes les individualités puissent être représentées, de façon juste et équitable. Parler pour exister, se rendre visible et se faire accepter.

Djiha, chanteur de Miréréni au clip provocateur, sort du silence

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Le clip intitulé « deuxième acte » sorti il y a dix jours fait couler beaucoup d’encre. On y voit des jeunes hommes et des femmes d’un certain âge arborer fièrement des armes blanches. Si certains dénoncent un appel à la haine, l’interprète de la chanson réfute ces accusations et ne comprend pas le manque d’indulgence de l’opinion publique.

Il avait fait parler de lui lors de la sortie de son premier clip il y a sept mois, qui comptabilise à ce jour près de 200.000 vues. Djiha revient sur le devant de la scène avec son nouveau clip, encore plus provocateur. Sorti il y a dix jours, « Deuxième acte », qui dépasse les 45.000 vues, est le nouveau projet musical du chanteur en herbe originaire de Miréréni.

Depuis, le clip essuie les critiques négatives puisqu’il met en scène des jeunes tenant fièrement des couteaux, haches, et autres armes blanches. Mais ce qui interloque particulièrement est la présence des femmes qui jouent le jeu et imitent les jeunes avec des armes blanches. Selon Djiha, il s’agit de mères en colère qui ont voulu participer au tournage. « Je sais que beaucoup de gens veulent donner une mauvaise image de ces mamans alors qu’ils ignorent la réalité. L‘une d’entre elles a une douleur immense, son fils a été blessé au pied à Combani. Il est devenu handicapé à cause de ça et ça l’attriste. Cette mère est en colère et c’est sa manière de le montrer, mais elle ne ferait jamais de mal à une mouche », assure le jeune homme.

Ce nouveau clip se veut en réalité une réponse pour les jeunes de Combani qui en auraient aussi tourné un, visant ceux de Miréréni. Djiha l’assume pleinement, il s’agit d’une riposte qu’il veut menaçante. « Ils ont fait une chanson pour nous provoquer, donc je devais répondre. Ce n’est pas du tout pour faire la paix, c’est pour sauver notre honneur », lance-t-il. Ce dernier refuse cependant d’être catalogué comme un délinquant. « J’ai mis des chombos dans mon clip parce que c’est la mode en ce moment à Mayotte, non ?! Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis pas comme ça, je ne fais de mal à personne. On a juste fait ça pour s’amuser », rétorque le jeune chanteur. Le rameau d’olivier ne sera pas pour maintenant visiblement…

« À Miréréni, on est discriminés »

Djiha est parfaitement conscient des vives critiques à son encontre, mais il les essuie d’un revers de la main. « Chacun est libre de dire ce qu’il veut, mais je me fiche de ces commentaires. Je ne veux même pas répondre à ces gens », indique-t-il avec nonchalance. Il ne veut pas non plus entendre parler de réconciliation lorsqu’il s’agit des deux villages de la commune de Tsingoni. « Certains veulent la paix entre nous deux, mais c’est une grande ambition ! Je ne pense pas que ça arrivera un jour. »

Pour qu’il y ait une entente entre les deux camps, encore faudrait-il connaître l’origine du problème… Et à l’image de nombreux jeunes de Miréréni et de Combani, Djiha ignore pour quelles raisons ils se battent depuis des années. Il est seulement persuadé que son village est délaissé par les autorités. « À Miréréni, on est discriminés. Il n’y a rien, aucun projet n’est fait chez nous. Pour acheter la moindre chose, on doit aller jusqu’à Vahibé. On ne peut pas aller à Combani parce qu’on se fait agresser, on est fatigués », admet-il dans un moment d’émotion. Les affrontements à répétition entre les deux villages seraient-ils un appel au secours ? L’hypothèse n’est pas exclue, mais elle mérite que les autorités compétentes se penchent réellement dessus puisque certains jeunes ne demandent qu’à s’en sortir, à l’exemple de Djiha. « Je suis allé à l’école et j’ai eu mon bac, mais ensuite je ne savais pas quoi faire », raconte-t-il. À 20 ans, il est aujourd’hui sans formation ni emploi et met tous ses espoirs dans la musique. « J’espère en faire mon métier parce que je ne me vois pas faire autre chose. Malheureusement, je n’ai personne pour m’encadrer, je me débrouille tout seul », dit-il. L’avenir nous dira si Djiha fera tout pour réussir dans ce domaine ou si cela ne restera qu’un rêve.

Le lycée de Kahani mué en champ de bataille

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Ce lundi 15 novembre, le lycée de Kahani a connu un épisode d’une violence inédite. Dès 6h30, les rixes entre élèves ont commencé, se transformant en véritables émeutes. Peu avant 8h, les forces de l’ordre sont intervenues et près de 80 gendarmes ont été déployés pour sécuriser l’établissement et tenter d’apaiser les tensions.

« Ça a été la pire journée dans l’établissement depuis que j’y travaille”, se désole Jérémie Saiseau, enseignant de Français au lycée polyvalent Gustave Eiffel de Kahani et secrétaire CGT, pour évoquer son premier jour de la semaine. Une fois de plus, l’enceinte a été le théâtre de terribles scènes de violences. Loin du calme nécessaire à l’apprentissage, les cours ont été une nouvelle fois perturbés par des bagarres et des actes de vandalisme à répétition. Des événements qui ont provoqué la fermeture des grilles par le rectorat pour deux jours et une réunion d’urgence du corps enseignant ce mardi 16 novembre. Conséquence : le retour des élèves, en jauge réduite à 50%, n’est prévu que ce jeudi.

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Confinement dans les classes

Des mesures drastiques en réponse à ce lundi noir. À peine le soleil s’était levé sur la malavoune que déjà les grenades lacrymogènes claquaient dans la cour du lycée de Kahani. “Les pierres pleuvaient de toute part, les jeunes sortaient des tiges en métal et chumbo de leur sac, c’était le KO total”, affirme le professeur, encore sous le choc. Un sentiment partagé par un collègue de mathématiques et sciences. “Dès lors qu’on entend la sonnerie de confinement, un sentiment de panique envahit les élèves. J’étais en classe avec dix élèves de seconde qui étaient terrifiées et m’ont demandé paniquées de les protéger et de ne pas quitter la classe.

Un climat de tension insoutenable pour les lycéens, les professeurs, mais aussi les parents d’élèves qui s’inquiètent chaque matin de laisser leurs progénitures prendre le chemin de l’école. “Tout le monde a le droit à l’éducation et à cause d’événements comme ceux-ci, celle de nos enfants est en péril« , s’insurge Rafza Youssouf Ali. La présidente de l’union départementale de la confédération syndicale des familles demande un dialogue entre les différentes institutions de l’île et une table ronde afin de penser ensemble à un avenir meilleur pour les jeunes du 101ème département français.

Des effectifs renforcés

Sur ce véritable champ de bataille, la gendarmerie nationale a déployé ses équipes ainsi qu’un hélicoptère. “Nous avons calmé la situation et sécurisé la zone afin que les élèves enfermés dans les classes depuis le début de matinée puissent regagner les bus et leurs domiciles à midi”, témoigne un officier de gendarmerie, sur le terrain au moment des faits. Des forces de l’ordre présentes quotidiennement devant l’enceinte de l’établissement comme le rappelle le recteur, Gilles Halbout. “Notre objectif à présent est de renforcer les équipes mobiles de sécurité, mais aussi le nombre de personnels scolaires, comme les assistants d’éducation et les assistants de conseiller principal d’éducation.

Malgré ces renforts, le responsable de l’académie privilégie avant tout un travail de fond avec les élèves dans le but d’éviter que les querelles extrascolaires ne se cristallisent au sein du lycée. “Lorsque les jeunes reprendront les cours jeudi, des professeurs et des professionnels habilités réaliseront un travail avec eux. Ainsi, ceux qui ont été choqués auront un espace de discussion et ces temps d’échanges permettront de rappeler les règles du vivre ensemble et les valeurs de la République.” En effet, la seule multiplication des forces de sécurité ne permet plus d’enrayer la violence à Mayotte. À ce stade, une véritable mobilisation des associations de parents d’élèves et de quartiers semble pouvoir inverser la tendance et aider à déconstruire ce modèle de réponse à toutes les situations par la violence… Qui n’est, on le sait, jamais la solution.

Les enfants prématurés, l’autre enjeu des 10.000 naissances annuelles

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Chaque année, quelque 1.000 prématurés naissent au centre hospitalier de Mayotte. Si ce chiffre est semblable aux autres territoires d’Outre-mer, il met surtout en lumière les multiples facteurs de risque, le difficile suivi de grossesse et les conséquences néfastes pour les nouveau-nés. Un enjeu de santé publique rappelé à l’occasion de la journée mondiale de la prématurité, qui repose sur la nécessaire coordination des actions.

« Il s’agit d’un enjeu de santé publique. » Président du réseau périnatal de Mayotte (Répéma) depuis quatre ans, le docteur Soumeth Abasse ne cache pas son inquiétude au moment d’évoquer les quelque 1.000 prématurés annuels du 101ème département. « Dans les Outre-mer en général, ici comme en Guyane ou chez nos voisins de La Réunion, nous sommes aux alentours de 10 ou 11% contre 7% en métropole… C’est énorme ! » Un pourcentage qui se justifie notamment par la présence plus nombreuse de maladies maternelles, telles que le diabète et l’hypertension artérielle, mais aussi d’infections utérines ou urinaires dans les territoires ultramarins.

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Des facteurs qui s’ajoutent à un suivi de grossesse local moins complet qu’ailleurs… « Il est conseillé que les femmes enceintes puissent voir mensuellement leur sage-femme, leur gynécologue ou leur médecin pour faire le point et prendre part aux trois échographies », poursuit le professionnel de santé à l’occasion de la journée mondiale de la prématurité qui se déroule ce 17 novembre. Or, bien souvent, ce quota est loin d’être respecté. Pour une raison principalement socio-économique : un accès à la santé limité pour certaines, une arrivée à la dernière minute sur le territoire pour d’autres. Sans oublier l’âge puisque celles qui ont moins de 18 ans ou plus de 35 ans multiplient les risques.

Des altérations sur le développement psycho-moteur

Si les bébés proches du terme – après la 33ème semaine d’aménorrhée – présentent des complications mineures après la naissance, c’est une autre paire de manche pour les extrêmes prématurés (nés à partir de 25 semaines ou avec un poids de 500 grammes), susceptibles de subir des séquelles et des altérations sur le développement psycho-moteur, telles qu’une paralysie cérébrale, des troubles d’apprentissage et de langage, etc. Selon les données présentées lors du colloque sur la grande prématurité de 2016, leur durée d’hospitalisation en néonatologie varie d’un à quatre mois. Pour un coût annuel de prise en charge dans le service de l’ordre de cinq millions d’euros.

Une fois sorti du système hospitalier, il est indispensable qu’il y ait « un suivi médical et éducationnel jusqu’à 7, 8 ou 9 ans », insiste le docteur Soumeth Abasse. Et sur ce point, les réponses apportées restent encore en-dessous des attentes… Heureusement, le réseau périnatal de Mayotte peut toutefois compter sur le centre d’action médico-sociale précoce pour assurer, par exemple, le dépistage. « Nous partions de loin lors de mon arrivée il y a dix ans. Désormais, il faut que tout le monde, pas seulement le centre hospitalier de Mayotte, tire dans le même sens pour suivre l’évolution de ces enfants vulnérables et avoir une homogénéité. »

Un long chemin reste donc à parcourir, notamment en termes de ressources humaines, de concertation et de coordination. « Il faut faire en sorte que les PMI (protections maternelles et infantiles) puissent recevoir sans difficultés les femmes enceintes et que les médecins libéraux apportent les bons conseils », martèle le praticien en néonatologie, tout en évoquant les tournées du camion mobile du Répéma aux quatre coins de l’île pour se rendre dans les quartiers reculés et rencontrer une population de plus en plus précaire. « Il n’y a que de cette manière que nous arriverons à lutter contre ce taux élevé. Certes, nous avons l’impression qu’il y a un petit mieux depuis 2010, mais nous pouvons faire beaucoup plus ! »

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes