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Logement : plafonds et locataires pleurent

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Avec la saison des pluies s’accumulent les infiltrations d’eau dans les logements mahorais, qui manquent bien souvent aux normes de construction en vigueur. Les risques de moisissures et d’incidents électriques se démultiplient alors, sans que les gestionnaires ne s’en préoccupent cependant. C’est le cas d’Aïda* et de ses enfants, en danger à chaque fois qu’il pleut.

Son fils s’est fait électriser en allumant la lumière, et a failli mourir d’une crise d’asthme due à l’humidité. Voilà les pires étapes du calvaire d’Aïda, locataire d’un appartement SIM (Société immobilière de Mayotte) dans la commune de Mamoudzou. Voilà deux ans qu’elle vit là, dans un logement qui aurait tout de charmant si le plafond ne s’émiettait pas à chaque épisode de pluie. Et, en plein kashkazi, autant dire que le quotidien n’est pas de tout repos, comme le rappelle Nizar Assani Hanaffi, président d’Action Logement à Mayotte : « La saison des pluies est assez compliquée pour les Mahorais dans leur habitation. Le logement mahorais est souvent le produit de l’autoconstruction, peu de normes sont suivies. Il subit donc les intempéries, du fait de l’insalubrité ». Les bâtiments publics ne sont pas épargnés : les bureaux de la Cadema étaient impraticables l’année dernière, la mairie de Pamandzi, inondée, a fermé en janvier, et certaines pièces du Centre hospitalier de Mayotte ont également été victimes des eaux.

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Chez Aïda, des morceaux de plafond tombent à chaque fois qu’il pleut.

« Maman, j’ai senti du courant dans mes doigts »

Mais ce sont bien les particuliers qui vivent les situations les plus critiques. Chez Aïda, en saison des pluies, la rigueur est de mise. Devant sa douche, un pan entier du plafond tombe morceau par morceau, laissant l’eau s’écouler dans la bassine placée là par la mère de deux enfants, mais aussi le long du mur, jusqu’à tomber directement sur l’interrupteur de la salle de bain. Il y a quelques jours, son fils s’est électrifié en tentant d’allumer la lumière. « La dernière fois, j’ai entendu mon fils crier, donc je lui demandé ce qu’il se passait, témoigne-t-elle. Il m’a dit « Maman, j’ai senti du courant dans mes doigts ». Ce jour-là, on a été obligés de prendre un balai pour allumer la lumière, ce n’est pas normal ! » Autre problème, de taille : les difficultés respiratoires de son fils, qu’elle a bien failli perdre. « J’en ai ras-le-bol, se désespère Aïda. Mon fils est asthmatique, l’humidité est vraiment dangereuse pour lui. Un soir, j’ai été obligée d’appeler le SAMU, qui a contacté le CHM pour qu’il soit pris en urgence. Là-bas, on m’a dit que j’avais eu de la chance de venir à temps ! » Le personnel soignant a en effet dû administrer une centaine de bouffées de ventoline au jeune garçon, qui continue néanmoins de souffrir à chaque ondée.

Se sentant concerné par la situation, un voisin alerte même la SIM pour mise en danger. Interrogé sur les dégâts des eaux provoqués par la saison des pluies, Ahmed Ali Mondroha, directeur de la Société immobilière de Mayotte, affirme que ses équipes « essaient d’intervenir » en cas de sinistre. « De toute façon on n’a pas le choix », ajoute-t-il. Et pourtant. « J’ai envoyé des mails, des courriers en recommandé avec accusé de réception, expliquant la situation, enrage Aïda. Ils n’ont jamais envoyé qui que ce soit. Je leur ai demandé de me trouver un autre logement, même plus petit, ça n’a jamais été fait. Ils se foutent vraiment de moi. J’ai fait des vidéos. On m’a dit « Madame, on est au courant de votre situation mais on n’a pas de solution ». »

La SIM également débordée

La locataire, éligible aux logements sociaux, a même submergé de demandes la société lorsque celle-ci construisait de nouvelles résidences près du stade de Cavani. « Du jour au lendemain, tous les bâtiments étaient occupés, déclare-t-elle. On m’a dit qu’ils étaient réservés ! J’occupe un de leurs logements et je suis en difficulté, je suppose que je suis prioritaire, non ? » L’incompréhension est totale chez la mère de famille, qui est épuisée de ces déboires : « Ils me laissent pourrir ici avec mes enfants ». Si Olivier Gauttron, directeur du patrimoine et de la gestion locative au sein de la SIM, pondère en abordant les difficultés de gestion causées par les copropriétés, le lot d’appartements dans lequel réside Aïda n’en est pas une. « C’est sûr, on a quelques trous dans la raquette », avoue-t-il néanmoins, conscient que la société immobilière ne peut faire face à toutes les demandes.

« Les remplacements de toitures sont compris dans nos investissements, explique-t-il.  On essaie d’anticiper, ce qui n’est pas toujours facile, car certaines toitures se dégradent beaucoup plus vite que prévu. Ça perturbe les prévisions, et modifie la programmation de travaux. » Les équipes de la SIM vient ainsi au gré des urgences, courant après les délais, laissant les locataires dans l’attente, voire dans la détresse. « Pour les infiltrations dans les toitures, nous avons des contrats de travaux avec des artisans de Mayotte, et nous pouvons envoyer un couvreur en urgence, en attendant que l’on remplace la toiture, continue Olivier Gauttron. Aïda, quant à elle, attend depuis deux ans cette intervention d’urgence. Comme tant d’autres Mahorais, « trous dans la raquette » vivant au quotidien avec des trous dans les murs ou les plafonds.

*Le prénom a été modifié.

« Ils me laissent pourrir ici avec mes enfants »

Le dispositif Cadres d’avenir pour Mayotte recrute sa promotion 2022-2023

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Le dispositif Cadres d’avenir pour Mayotte vise à promouvoir la formation de cadres locaux pour soutenir le développement de Mayotte. Des étudiants et des professionnels à fort potentiel sont sélectionnés pour effectuer une formation universitaire dans l’Hexagone ou à La Réunion dans un secteur jugé prioritaire, pour une durée maximale de cinq ans et avec une obligation de revenir exercer à Mayotte.

Les personnes pouvant postuler sont les bacheliers ayant obtenu une mention Très bien, les étudiants de L3 du centre universitaire de formation et de recherche ayant obtenu une admission en master, les étudiants de L2 du CUFR ayant un projet professionnel réel et sérieux, les étudiants déjà en mobilité et les professionnels du secteur public, privé ou associatif souhaitant reprendre des études.

Les personnes sélectionnées bénéficieront d’une formation au départ, d’un accompagnement renforcé et personnalisé durant leur parcours de formation. Elles pourront bénéficier d’aides financières prenant la forme d’une prime d’installation d’un montant maximal de 800 euros, du financement d’une partie des titres de transports, d’une allocation mensuelle d’une durée de cinq ans destinée à compléter les ressources financières des bénéficiaires. Le total cumulé des aides financières ne peut dépasser la somme de 808 euros mensuels pour les étudiants et 1.433 euros pour les professionnels.

À l’issue de la formation, les personnes sélectionnées bénéficieront d’un accompagnement afin de faciliter leur emploi dans des postes d’encadrement dans les entreprises, les collectivités publiques et les établissements publics de Mayotte. Les candidats doivent postuler exclusivement en ligne sur la démarche suivante : https://www.demarches-simplifiees.fr/commencer/cadre-d-avenir-mayotte-candidature. La date limite de dépôt des candidatures est fixée au lundi 8 mai 2022 à minuit (heure de Mayotte). Les résultats seront publiés à compter du 6 juillet 2022.

Le président adresse un message de soutien à La Réunion frappée par un cyclone

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Alors que le cyclone tropical intense Batsirai sévit près des côtes de La Réunion occasionnant des pluies intenses et des vents violents, et alors que la population est confinée, le président du Département Ben Issa Ousseni adresse un message de solidarité aux habitants de l’île sœur, en incitant « chacun à ne courir aucun risque en suivant les consignes de prudence des autorités locales ». « Je formule le vœu que cet épisode météorologique important ne soit vite qu’un mauvais souvenir aux conséquences matérielles et humaines les moins lourdes possibles », indique le président, qui suit la situation en temps réel.

Combani accueillera le second hôpital de Mayotte

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C’était dans l’air du temps, c’est désormais officiel. Le second hôpital sera bel et bien construit sur Combani, comme l’a annoncé le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, ce mardi. Ce choix fait suite à des travaux d’expertise mandatés par l’agence régionale de santé de Mayotte. C’est dans ce cadre qu’on été analysés les critères techniques conduisant à l’implantation d’un hôpital de grande dimension permettant de répondre aux besoins en santé du territoire. Mais alors pourquoi ce choix ? Le site de Combani présente des intérêts géographiques et morphologiques. Une aide de 172 millions d’euros du fonds pour la modernisation et l’investissement en santé est d’ores et déjà prévue. La mise en œuvre se poursuit donc dans le cadre notamment d’une task-force spécifiquement dédiée entre l’ARS et le CHM. Ce projet d’envergure bénéficie de l’appui du comité national de l’investissement en santé. Des experts nationaux se rendront à Mayotte dans les toutes prochaines semaines afin de pouvoir engager les prochaines étapes.

Fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation : un nouveau portail pour les subventions

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Le portail des aides du ministère de l’Intérieur est une plateforme en ligne de dépôt, d’instruction et de traitement des demandes de subvention, au titre des programmes D (délinquance) et R (radicalisation), spécifique au fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (FIPD-R).

Ce nouveau site Internet permettra de fluidifier et de simplifier le processus d’instruction et les échanges entre les porteurs de projet et l’administration. Pour accéder au portail des aides du ministère de l’Intérieur et soumettre votre demande de financement au titre des programmes D et R du FIPD-R, cliquez sur le lien https://subventions.fipd.interieur.gouv.fr/. Choisissez le téléservice « intervention », relatif aux programmes D (délinquance) et R (radicalisation). Le téléservice est un formulaire à remplir en ligne. Le dépôt du dossier intervient, après complétude du dossier, lorsque vous avez cliqué sur « transmettre ». Une fois vos demandes déposées, le portail des aides vous permettra de suivre leur état d’avancement et d’échanger avec l’administration. Vous pouvez déposer vos dossiers jusqu’au 15 avril 2022 inclus.

Un guide a été conçu pour accompagner les porteurs de projet. Il est téléchargeable sur le site de la préfecture à l’adresse https://bit.ly/3usyf90. Vous le trouverez également sur le site du portail des aides du ministère de l’Intérieur, dans le préambule. En cas de difficulté, contactez votre interlocuteur habituel à l’adresse appel-projet-cabinet@mayotte.gouv.fr ou pref-fipd@mayotte.gouv.fr.

Un séminaire autour des métiers du BTP organisé par le RSMA

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Avec pas moins de neuf formations relevant des métiers du bâtiment (maçons-carreleurs, voiries réseaux divers, peintres-plaquistes, agents d’entretien du bâtiment, électriciens, installateurs sanitaires thermiques-plombiers, agents d’entretien et maintenances, menuisiers, métalliers), le régiment du service militaire adapté de Mayotte organise un séminaire autour des métiers du BTP, rassemblant ainsi les acteurs du secteur à l’échelle mahoraise, le jeudi 24 février de 9h30 à 16h.

L’objectif ? Rencontre entre les entreprises du secteur et des stagiaires du RSMA par la démonstration des savoir-faire des différentes filières, mise en relation des acteurs et des jeunes avec des recruteurs potentiels dans le cadre de la mission d’insertion de de l’organisme situé à Combani.

Cette deuxième édition a vocation à se pérenniser et à se répéter chaque année tant les enjeux du secteur sont importants pour le développement du 101ème département. Les jeunes volontaires stagiaires pourront ainsi discuter directement avec les représentants des entreprises qui viennent à leur rencontre en délégation d’une à cinq personnes. Les filières déploieront leur matériel et présenteront leurs plateaux techniques ou ateliers.

“Un tiers des peines prononcées sont des peines de prison”

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Le procureur de la République, Yann Le Bris, et le président du tribunal, Laurent Ben Kemoun, ont fait le point sur l'activité du tribunal en 2021.

Privés d’audience solennelle de rentrée pour cause sanitaire, le président du tribunal, Laurent Ben Kemoun, et le procureur de la République, Yann Le Bris, ont tenu une conférence de presse, jeudi matin. S’ils mettent en avant une hausse significative du nombre d’affaires traitées et de condamnations, ils se défendent de faire du triomphalisme”.

De quelle façon évolue l’activité du tribunal ?

Les chiffres présentés ce jeudi montrent une hausse de beaucoup d’indicateurs. ”Notre premier constat est que l’activité pénale suit l’évolution de la délinquance sur l’île”, explique le procureur de  la République, Yann Le Bris. ”Nous avons eu 50% de saisies en plus entre 2020 et 2021.”  La croissance est même significative pour les affaires criminelles avec 25% de saisies en plus. Parmi les procédures, on peut noter que celle de la comparution immédiate est de plus en plus utilisée. Déclenchée si le mis en cause reconnaît sa culpabilité, elle permet un jugement quelques heures seulement après la garde à vue. 646 procédures de ce type ont été réalisées en 2021, contre 231 l’année précédente. S’il dit “qu’il ne faut pas rougir de notre activité judiciaire”, le représentant du ministère public se défend de faire “du triomphalisme”.

Il y a eu plus de saisies certes, mais concernant les suites ?

Elles sont aussi en augmentation fait remarquer le procureur. Les poursuites ont été plus souvent engagées en 2021, puisque le taux de réponse pénale est passé de 68.42% à 81.19%. En outre, le nombre de condamnations est en hausse de 26.80%, toujours entre 2020 et 2021. Les peines d’emprisonnement ferme suivent avec une augmentation de 35% (396 en 2020 contre 536 l’année dernière). “Un tiers des peines prononcées sont des peines de prison”, relève le procureur. Et elles sont plus lourdes aussi, avec une moyenne de 7.6 mois en 2019 passée à 12.8 mois en 2021.

Comment l’activité carcérale arrive à suivre ?

Yann Le Bris est ferme sur cette question. Les condamnations ne sont pas décidées en fonction de la surpopulation carcérale, même si le taux d’occupation de Majicavo atteint 160% aujourd’hui. “Ce n’est pas ce qu’attend la population”, rappelle le procureur. Outre le transfert de prisonniers en métropole et à La Réunion, le recours au bracelet à domicile est de plus en plus fréquent. Une deuxième prison pourrait voir le jour selon Laurent Ben Kemoun, le président du tribunal, tout comme l’extension de Majicavo. “Un terrain est déjà identifié”, précise-t-il.

La justice va-t-elle plus vite ?

Les délais sont stables, la cour d’assises restant un point noir pour le tribunal de Mamoudzou. Une cinquantaine d’affaires attendent toujours d’être jugées. En réponse, les sessions d’assises sont de plus en plus nombreuses. Il y en a eu neuf en 2021 par exemple, contre sept l’année précédente et trois en 2019. Mais selon Laurent Ben Kemoun, les procès d’assises pourraient se tenir tous les jours de l’année tant les dossiers s’accumulent. Côté bonne nouvelle, le procureur est enthousiaste quant au développement de la médecine légale sur Mayotte “à moyen terme” avec deux millions d’euros injectés dans l’hôpital.

Malgré tout ce travail judiciaire, pourquoi le sentiment d’insécurité est-il toujours aussi présent à Mayotte ?

Le procureur l’admet, “la réponse pénale n’arrête pas la délinquance. Nous le voyons, le nombre d’affaires criminelles est de plus en important”. Confirmant “une réalité statistiques”, il promet “que nous essayons de la traiter”. Face à cette injustice, le sentiment des Mahorais peut parfois être de vouloir se faire justice soi-même. Le meurtre de Kaweni, la semaine dernière, qui trouve son origine dans un vol de vélo en est un exemple. Yann Le Bris rappelle qu’il ne faut pas “se mettre en danger soi-même. Combien de ces justiciers deviennent des victimes ?” 

 

Un tribunal en manque de greffiers

Après avoir remercié l’ensemble des personnes travaillant au tribunal de Mamoudzou, son président Laurent Ben Kemoun le reconnaît, il n’y a pas assez de monde. “Nous sommes 16 magistrats sur 17”, fait-il remarquer. Mais nous devrions connaître une importante baisse avec le départ d’un tiers d’entre eux cette année.” Il compte donc sur les mutations et les magistrats sortis d’école pour compenser. Plus inquiétant, il estime qu’il faudrait “une dizaine de greffiers” pour assurer le bon fonctionnement du tribunal. Alors que ces derniers sont chargés d’envoyer les convocations et la rédaction des compte-rendus d’audience, il arrive que des audiences ne puissent être organisées faute de greffier disponible. Au parquet, où un poste est vacant depuis l’an dernier, ils sont six aujourd’hui. Un départ est déjà acté pour la fin du mois d’avril. Ce sous-effectif a pesé particulièrement sur le tribunal lors de la vague de Covid-19 en janvier 2021. “Une trentaine de personnes sur une centaine l’ont attrapé”, indique le président. Mais même avec un nombre important d’arrêts de travail, il se félicite “d’avoir fait fonctionner le tribunal sans supprimer d’audience. Ce n’est pas le cas dans toutes les juridictions”.

Le maire de Mamoudzou adresse une demande d’audience au Garde des Sceaux

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Alors que Mamoudzou a connu une nouvelle semaine noire avec deux agressions mortelles à Kawéni et à Cavani, le maire de la ville chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaïla, a adressé un courrier au Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, ce mardi 1er février, dans lequel il sollicite une demande d’audience dans les plus brefs délais.

En l’espace de quatre jours, Mamoudzou a été le théâtre de deux nouvelles agressions mortelles. L’une à Kawéni le jeudi 27 janvier, l’autre à Cavani le lundi 31 janvier. Si les circonstances sont distinctes selon les premiers éléments de l’enquête, ces affaires tragiques confirment l’enlisement, mainte fois dénoncé par une population désormais apeurée, d’une violence devenue incontrôlable. Face à cette série noire, le maire de la ville chef-lieu Ambdilwahedou Soumaïla a adressé ce mardi 1er février un courrier, que nous nous sommes procuré, au Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti dans lequel il sollicite une audience dans les plus brefs délais. Son but : évoquer « les réponses judiciaires circonstanciées qui permettraient aux Mahorais de ne pas se sentir abandonnés par la République ».

En préambule, l’élu a ainsi rappelé que sa commune « vit une situation qui ne saurait durer sans risquer de dégénérer en guerre civile ». Un climat devenu étouffant malgré la mobilisation sans discontinuer des forces de l’ordre, qui « paient ainsi un lourd tribut pour faire face ». En témoigne l’hospitalisation en seulement une semaine de 15 policiers et gendarmes pour des blessures à l’occasion d’interventions. « Aucune amélioration n’est perceptible, et c’est aussi en cela que cette délinquance est hors norme. » Une délinquance principalement composée d’adolescents et d’enfants prêts à tout pour en découdre. À tel point que, selon le premier magistrat, « 40% des interpellations de l’année 2021 ont été faites sur des mineurs ».

Interpellés puis relâchés

Un point qui n’est pas anodin puisque l’ordonnance de 1945 et l’absence de structure d’accueil en centre éducatif fermé sur le 101ème département ne permettent pas d’apporter – systématiquement – de réponses pénales adaptées. En clair, cela a plutôt tendance à « renforcer le sentiment d’impunité de ces jeunes relâchés quelques heures plus tard ». D’autant plus que les magistrats se déclarent eux-mêmes « impuissants » face aux vagues incessantes de mineurs qui leur sont déférés.

Ce constat, Aldric Jamey, délégué départemental pour Alternative Police, le partage amèrement. « Il faudrait une vraie volonté de l’État ! Il faudrait enfin mettre les moyens humains pour éradiquer le problème de ces bandes qui sévissent un peu partout. » En ce sens, le gardien de la paix réclame, à l’instar de son organisation syndicale, des opérations SLIC – structure légère d’intervention coordonnée – pour faire face aux différentes attaques dans les quartiers délaissés et ainsi faire en sorte d’affirmer la présence policière sur le terrain.

Quoi qu’il en soit, la tension palpable de ce début d’année ne risque pas de s’atténuer avec le temps. Le maire de Mamoudzou a ainsi partagé l’une de ses craintes à court terme au ministre de la Justice. « Si une partie des habitants se terre et ne sort de chez elle que pour aller travailler, une autre s’arme et prépare une riposte. » L’essence même de la loi du Talion qui tente de plus en plus une population à bout de nerf…

 

Meurtre de Cavani : six individus déférés devant le juge des mineurs

Après le meurtre de Maoulida Boinaidi ce lundi soir dans la rue Selemani à Cavani, l’enquête s’est accélérée au cours de ces dernières 48 heures. Pas moins de sept interpellations ont eu lieu dès le lendemain. Bien connus des services de police, six individus, un majeur et cinq jeunes âgés de 13 à 17 ans, ont été immédiatement placés en garde à vue. Selon nos informations, les interrogatoires menés par la police judiciaire auraient permis d’identifier celui qui aurait porté les coups mortels sur la défunte victime. Ce jeudi 3 février à midi, le groupe a été déféré devant le juge des mineurs pour être entendu individuellement.

Le pont de Mangajou, une affaire qui roule

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Débutée en août 2021, la construction du nouveau pont de Mangajou devrait bientôt tirer à sa fin. Si les travaux auraient dû se terminer au mois de février 2022, la mise en service de l’ouvrage aura finalement lieu fin mars. Un léger retard dû à des problèmes météorologiques et d’approvisionnement qui ont ralenti le chantier.

Six mètres de chaussée, un trottoir sécurisé de deux mètres, 1.5 million d’euros d’investissement… Le tant entendu nouveau pont de Mangajou accueillera très prochainement ses premiers usagers. Financé grâce au Plan France relance, cet aménagement est scruté par tous. Lors d’un point presse ce jeudi 3 février, le directeur de la direction de l’environnement de l’aménagement et du logement (DEAL) de Mayotte, Olivier Kremer, et le maire de Sada, Houssamoudine Abdalllah, ont affirmé vouloir jouer la carte de la transparence.

“Il est important pour nous de communiquer sur ce projet car beaucoup sont impatients de le voir aboutir”, affirme l’élu de la commune du centre-ouest. En effet, si le début des travaux a entraîné des épisodes de ralentissement interminables, la principale problématique demeure le contournement obligatoire de l’ouvrage actuel par les véhicules de plus de 3.5 tonnes. Un détour par le sud de l’île qui pénalise l’économie locale et l’avancement de travaux, notamment à Sada.

Mise en circulation mi-mars

Début janvier, les ouvriers de la société SMTPC ont coulé la dalle de béton qui sert de base à l’ouvrage. Ralenti par les intempéries, des pénuries de matériaux et des temps de séchage incompressibles, le chantier a pris du retard. Mais les services compétents restent optimistes ! “Cette semaine, nous avons débuté le coffrage du tablier du pont et la semaine prochaine, nous devrions couler la dalle sur la future route”, se réjouit Olivier Kremer.

Une fois cette étape terminée, des travaux de remblai seront effectués afin de le relier à la route nationale 2. “Mi-mars, les premiers véhicules pourront traverser le pont sur une seule voie d’abord avec la reprise du trafic des poids lourds. Fin-mars, les deux voies seront mises en service ainsi que le cheminement piéton sur l’ouvrage”, détaille le directeur de la DEAL. Et à compter du mois d’avril, quelques travaux d’aménagement dans la ravine prendront le relais.

Inauguration reportée

Après un an d’études et de travaux, les Sadois auront bientôt leur nouvelle infrastructure routière. “Il me tarde d’inaugurer cet ouvrage”, affirme Houssamoudine Abdalllah. Bien que sa mise en fonction soit prévue le mois prochain, il faudra être patient pour fêter cela dans les règles de l’art. À l’approche de l’élection présidentielle, la période de réserve électorale obligera les agents publics à ronger leur frein avant de danser sur le pont de Mangajou…

Ulalusa : un projet fondant pour redonner vie aux canettes recyclées

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Après avoir créé un atelier prototype en 2021, le projet l’Ulalusa souhaite voir plus grand en 2022 et développer une fonderie industrielle. À partir de canettes recyclées et de pin, Ulalusa a fabriqué un banc made in Mayotte pour habiller les espaces publics de l’île.

Coca-Cola, Oasis, Fanta ou encore Dodo, les canettes vides peuplent les espaces naturels mahorais. Au bord des routes, puis dans la mangrove et enfin dans le lagon, ces déchets, pourtant recyclables, ne sont pas valorisés sur l’île aux parfums. Partant de ce constat, Laurent Pinel, gérant de la société Mayotte Développement Eco’solutions, et Pedro Garcia, ingénieur, ont voulu donner une seconde vie à ces contenants esseulés.

Un moule et une équerre sur mesure

1.800 canettes, 18 kilos d’aluminium, 700 degrés celsius, un peu de savoir-faire, un soupçon d’ingéniosité et beaucoup de passion ! Voilà comment a été réalisé le tout premier banc Ulalusa. Au fourneau, Chaambane Zirari, forgeron de formation, n’a pas hésité une seule seconde à se lancer dans l’aventure. “Auparavant, je travaillais à la forge de Combani. Je n’avais jamais appris à faire fondre de l’aluminium, mais grâce à Pedro Garcia, je me suis formé et aujourd’hui, je suis ravi de prendre part à ce projet”, affirme l’ouvrier, le sourire aux lèvres. Minutieux et inventif, il est à l’origine de nombreux outils nécessaires à la production du fameux banc public. “Là, j’ai produit un moule pour fondre la structure du banc… Ici, j’ai réalisé un équerre pour toujours percer les montants à équidistance”, détaille-t-il, mais ce qui fait sa fierté c’est bien sa machine à compresser “30 canettes d’un seul coup !”.

Trois litres d’aluminium liquide

Récoltées auprès de l’association Yes We Can Nette et le restaurant O’lolo, les canettes sont d’abord triées, nettoyées puis écrasées afin de rentrer dans le four pouvant contenir jusqu’à trois litres d’aluminium liquide. “Cette matière première est vingt fois plus énergivore à produire à partir de minéraux qu’à recycler », assure Laurent Pinel. Si la petite équipe ne compte pas devenir riche et célèbre grâce à ses lingots de métal argenté, ce projet s’affirme comme un moyen de valoriser, à l’échelle locale, des déchets et créer de l’emploi. “Nous nous sommes demandés comment est-ce que nous pourrions réutiliser tous ces déchets sur l’île et l’idée de les retransformer en mobilier urbain nous a paru pertinente.”

Un projet d’avenir

Au beau milieu de l’entrée des locaux de Mayotte Développement Eco’solutions trône fièrement le premier banc de l’Ulalusa. Son prix ? 1.200 euros. Un tarif qui permet de faire vivre le projet et de continuer à le développer. Bientôt, quatre nouveaux bancs commandés par une entreprise verront le jour et un prototype de table pourrait lui aussi naître au cours de l’année. Un envol prometteur pour le programme expérimental et un premier banc public qui a un objectif bien sympathique…

Pamandzi devient une cité éducative

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Parmi les 74 nouvelles cités éducatives annoncées samedi dernier par le Premier ministre Jean Castex, Pamandzi est la seule commune mahoraise à en faire partie. Tout le système scolaire de celle-ci devrait bénéficier de ce dispositif qui vient d’avoir trois ans. « [Les cités éducatives] visent à intensifier les prises en charges éducatives des enfants à partir de 3 ans et des jeunes jusqu’à 25 ans, avant, pendant, autour et après le cadre scolaire. Le label « Cité éducative » résulte de la co-construction de la feuille de route gouvernementale pour les quartiers prioritaires menée par le ministère de la Cohésion des territoires », explique le Ministère de l’Éducation nationale.

À Mayotte, deux cités de ce genre ont déjà vu le jour. Kawéni l’est devenue en 2020, tandis que Dzoumogné a obtenu le label l’année suivante. Dans les faits, elles bénéficient d’une aide financière du Ministère de la Ville puisqu’elles sont toutes rattachées à des quartiers prioritaires. Selon les projets cependant, elles peuvent également recevoir des subsides des autres ministères concernés.

Top départ pour le recensement 2022

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Le recensement 2022 débute ce jeudi 3 février à Mayotte. Il court jusqu’au 5 mars pour Chiconi et Kani-Kéli et jusqu’au 12 mars pour Bandraboua, Bandrélé, Dzaoudzi-Labattoir, Koungou, Mamoudzou, Ouangani, Pamandzi, Sada et Tsingoni.

L’enquête de recensement de la population, menée en partenariat avec les communes, permet de compter toutes les personnes qui habitent sur le territoire français, quelles que soient leur nationalité et leur situation administrative.

Cela permet d’étudier les caractéristiques de la population (âge, profession, moyens de transport utilisés, conditions de logement…), mais aussi de prévoir des équipements adaptés à la population qui réside sur le territoire (écoles, hôpitaux, transports…). Autre importance, cette enquête permet de publier la population officielle de chaque commune (population légale). En effet, ces populations sont utilisées dans le calcul de la dotation globale de fonctionnement (DGF) versée aux communes par l’État. Plus une commune est peuplée, plus la dotation est importante ! Par ailleurs, plus de 350 dispositions législatives et réglementaires basées sur les chiffres : par exemple, le nombre d’élus au conseil municipal, le mode de scrutin…

Les horodateurs de nouveau opérationnels

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La ville de Mamoudzou informe la population que les horodateurs, temporairement hors-services, sont à nouveau en état de marche. De ce fait, le stationnement payant est à nouveau pratiqué dans les zones équipées. Pour rappel, les zones de stationnement payant sont indiquées par des panneaux de signalisation, des marquages au sol et des horodateurs. Le dispositif fonctionne du lundi au vendredi de 8h à 18h et le samedi de 9h à 12h. Le stationnement est gratuit le samedi après-midi, le dimanche et les jours fériés.

La science participative au cœur du projet Narisome Muhoko

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Financé par le fonds européen Life4best et piloté par les Naturaliste et le centre universitaire de formation et de recherche, le projet Narisome Muhoko a pour ambition de co-construire une gestion durable des mangroves de Dembéni et de Bandrélé, via un programme de science participative. Celui-ci vise à mettre en relation des observateurs (citoyens) et des scientifiques afin d’observer ou d’étudier un phénomène dans le cadre d’un protocole bien défini.

L’étude sur l’état de santé de la mangrove de Bandrélé a été rendue possible grâce au recrutement d’une trentaine de bénévoles par l’association environnementale. Une rencontre est d’ailleurs prévue ce samedi 5 février de 8h30 à 10h avec Claire Gollety, maître de conférence en écologie marine, et d’Esméralda Longepee, maître de conférence en géographie, pour leur faire comprendre l’intérêt de collecter des données scientifiques.

Une matinée dans la mangrove de Poroani pour la journée mondiale des zones humides

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À l’occasion de la journée mondiale des zones humides 2022, la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), en compagnie de l’association solidarité et environnementale de Poroani Mnadzini et en partenariat avec le comité français de l’union internationale pour la conservation de la nature, la mairie de Chirongui et la communauté de communes du Sud, vous invite ce samedi 5 février à une matinée d’excursion dans la mangrove de Poroani. L’objectif : mettre en lumière la mobilisation citoyenne face à ces enjeux majeurs et réfléchir à de nouvelles actions en faveur de la protection de cet écosystème.

Accueil et petit déjeuner à Antana bé de 8h30 à 9h, visite de la mangrove, échanges et discussions de 9h à 11h30. « Nous comptons grandement sur votre présence à cette matinée concourant à une meilleure reconnaissance et une meilleure protection des mangroves de Mayotte, et plus largement des zones humides mahoraises. » En raison de la situation sanitaire, veuillez vous inscrire par téléphone au 06.39.10.83.18 ou en remplissant le formulaire (https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScdWzKTSFiESKEeD0CtZXdYcr43sjpEavhJrzZXKvLll8K5eQ/viewform?usp=pp_url) pour participer à l’événement. Pour plus de renseignements, contactez Latufa Msa par email fmae.latufa@gmail.com ou au 06.93.87.36.67.

299.350 habitants au 1er janvier 2022

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Après un ralentissement en 2020, les naissances sont reparties à la hausse à partir de février 2021 : 10.560 bébés de mères domiciliées sur l’île sont nés en 2021, soit 790 de plus qu’en 2019 (+ 8%). Cette croissance de la natalité a été davantage marquée en fin d’année.

En lien avec l’épidémie de Covid-19, les décès ont également fortement augmenté à Mayotte en 2021 par rapport à 2019. Ainsi, 1.140 personnes résidant sur l’île sont décédées en 2021, soit 350 de plus qu’en 2019 (+ 45%). Cette hausse de la mortalité a particulièrement touché les personnes âgées de 65 ans ou plus, comme à La Réunion et en France métropolitaine. Mais contrairement à ailleurs, elle a aussi concerné les 50-64 ans. La hausse des décès a été particulièrement prononcée au premier trimestre.

Le surcroît de naissances par rapport aux années précédentes étant plus élevé que celui des décès, le solde naturel a atteint un niveau record et s’est élevé à + 9.420 en 2021. En prenant pour hypothèse le maintien des caractéristiques des migrations résidentielles constatées entre 2012 et 2017, la population de Mayotte est ainsi estimée à 299.350 personnes au 1er janvier 2022.

Deux hommes condamnés pour avoir ligoté et cambriolé un couple à Bouéni

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Deux détenus d’origine comorienne ont été jugés, mercredi matin, pour des vols aggravés à Bouéni, le 12 janvier 2021. Ils avaient attaché un couple de professeurs pour le cambrioler. Le tribunal de Mamoudzou les a condamnés à trois et quatre ans de prison.

Le 11 janvier 2021, plusieurs indices mettent la puce à l’oreille du locataire du rez-de-chaussée d’une maison à Bouéni. Le moteur du bateau situé à proximité, appartenant à un locataire du premier étage, semble être forcé. Un coupe-boulon se trouve même sur place. Tout indique l’intrusion de voleurs dans la propriété sans réussir à avoir ce qu’ils veulent. Il ne s’agit que d’une question de temps puisqu’ils choisissent de revenir le lendemain, avec cette fois une disqueuse et une rallonge. “Je suis sorti fumer une cigarette sur la terrasse vers 2h du matin. J’ai entendu du bruit”, raconte le professeur de 61 ans, sur place ce soir-là, comme son épouse. S’approchant alors du navire de son voisin, il tombe sur un premier intrus, puis deux autres qui se dirigent vers lui et l’attrapent avant qu’il n’atteigne la maison. Traîné et encouragé à se taire, il aperçoit un quatrième cambrioleur.

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Sa femme sort alors de la chambre. Attrapée par l’un des quatre hommes, elle se retrouve ligotée par terre avec son mari à l’aide d’un fil de lampe. Les voleurs leur mettent ensuite un linge sur la tête. En neutralisant les deux professeurs de collège, ils se donnent le temps de faire le tour, surtout que le voisin du dessus est en vacances en métropole. Ordinateur, montre, vêtements, ils ne prennent que des petites choses, sans oublier le moteur de bateau (d’un montant estimé à 7.800 euros) qu’ils arrivent enfin à démonter. Voulant la moto du voisin, ils iront jusqu’à placer un chombo sur la gorge de l’épouse pour les clés. Peu après le départ du groupe, le mari et sa compagne réussissent à se défaire l’un et l’autre de leurs liens. Une libération synonyme de fin de calvaire.

Un retour anticipé en métropole

Un cambriolage non sans conséquences pour ce couple installé à Mayotte depuis 2014. Victime d’insomnie, la professeure d’EPS se fait muter en Creuse l’été suivant, tandis que son époux attend son départ en retraite du collège de Chirongui à la fin de l’année scolaire pour la rejoindre. Il est donc le seul, ce mercredi, à assister à l’audience, à donner la version du couple et à faire part des demandes de réparation. Ils souhaitent 5.000 euros pour compléter le dédommagement de l’assurance.

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Du côté des prévenus, les explications agacent la présidente du tribunal, Liselotte Poizat. « On était que deux”, clament les seuls reliés à l’affaire, deux Comoriens de 25 et 19 ans. Toutefois, une autre trace ADN confirme la présence d’au moins un troisième individu pas encore identifié, tandis que le professeur estime qu’ils étaient “quatre voire cinq”. S’ils reconnaissent le vol, ils tentent de minimiser leurs rôles dans la séquestration. ”J’étais là uniquement pour voler”, dit Soifaoui Issouf, le plus âgé et condamné plusieurs fois pour des vols avec violence. Son acolyte, Biaydine Houmadi, admet avoir surveillé que le couple ne s’échappe pas, mais nie le port d’armes, alors qu’une pierre portant ses empreintes a été découverte dans la chambre du couple. Le tribunal de Mamoudzou les condamne à respectivement quatre et trois ans de prison, ainsi que d’une interdiction de porter une arme. La condamnation de Soifaoui Issouf a été assortie d’une interdiction du territoire français de dix ans.

 

Soifaoui Issouf lié à une autre affaire à Kani-Kéli

Un autre prévenu était jugé en parallèle de cette affaire. Issoufi Bacar Siaka fait partie de la même bande. Grâce à son ADN retrouvé dans une voiture volée, tout comme la présence de celui de Soifaoui Issouf, la gendarmerie fait le lien avec un vol à Kani-Kéli survenu un an auparavant, le 4 février 2020. Avec un troisième complice, ce jour-là, ils dérobent un vélo, un téléphone portable et une enceinte à un homme dans la rue en le menaçant d’un chombo. En se rendant sur place, les forces de l’ordre tombent sur le véhicule dérobé quelques jours plus tôt. Même s’ils fuient rapidement à pied, le téléphone portable de Soifaoui Issouf et les empreintes d’Issoufi Bacar Siaka sur le chombo permettent aux enquêteurs d’établir le lien.

Présentant de multiples vols dans son casier judiciaire, le deuxième a été condamné à trois ans de prison, une interdiction de porter une arme pendant cinq ans et une interdiction du territoire français de dix ans.

La Vigie fait peau neuve grâce à Nayma

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Au mois de janvier, les équipes de l’association Nayma ont débuté un chantier d’envergure avec le nettoyage des ravines du quartier de la Vigie en Petite-Terre. Durant deux semaines, une vingtaine de salariés ont travaillé sans relâche pour évacuer des tonnes de déchets accumulés le long des pentes.

500 sacs de déchets ménagers ! Voilà le butin récolté par les employés en insertion de l’association Nayma en seulement deux jours de travail. “Nous avons commencé à nettoyer cet endroit pendant une semaine à l’issue de laquelle nous avions quasiment terminé. Puis la pluie nous a obligés à arrêter nos manœuvres pendant une autre semaine. Quand nous sommes revenus, c’était un retour à la case départ”, témoigne Kassime Harib, chef d’équipe au sein de la structure Nayma. Un constat décourageant mais qui n’a pas atteint le moral des troupes. Plus déterminés que jamais, les salariés ont redoublé d’efforts et sept jours plus tard le chantier touche à sa fin.

Évacuer et sensibiliser

Alors que la saison des pluies bat son plein, la saison des déchets à la mer suit son cours. Bouteilles, cannettes, couches, encombrants… Jour après jour, les habitants des quartiers isolés jettent leurs déchets au beau milieu de la nature. Souvent éloignées des points de collecte, ces populations ne prennent pas la peine de déposer leurs détritus aux endroits dédiés. “C’est par l’éducation que nous pourrons faire évoluer les choses”, affirme Kassime Harib. En effet, si les opérations de nettoyage se multiplient autour de l’île tant que les riverains continueront à se débarrasser de leurs déchets où bon leur semble, rien ne changera.

“Il y a des gens qui sont heureux que nous venions nettoyer leur quartier et d’autres qui jettent leurs déchets devant nous en disant que ça nous fait du travail”, s’insurge Maoudjoudi, salarié en insertion. Grâce à leur formation, les employés en contrat à durée déterminée d’insertion de Nayma ont opéré une véritable prise de conscience. “Avant, je n’avais jamais travaillé dans l’environnement et surtout, je ne savais pas qu’il existait des lieux aussi insalubres que ceux-ci”, explique Sikina. Avant d’ajouter : “Il faut absolument remédier à ce problème qui favorise le développement de nombreuses maladies.”

Un enjeu sanitaire et humain

Dengue, hépatites, staphylocoques… Un cocktail détonnant dans lequel baigne une grande partie de la population mahoraise. Au-delà de la pollution visuelle, les déchets ont des conséquences non négligeables sur tous les organismes vivants de l’île. “Lorsque nous sommes face à des monticules de déchets comme ici, nous avons un sentiment de désolation”, affirme Djamilou. Mais dès lors que le chantier commence, les employés se retroussent les manches et plus rien ne les arrête ! “À la fin de chaque chantier, nous sommes fiers”, sourient les membres de l’équipe. Une profession d’utilité publique qui valorise ces salariés autrefois éloignés du monde du travail et offre une bouffée d’air frais à l’environnement mahorais.

Rappel à l’ordre, travaux non rémunérés : la justice de proximité entre les mains des maires de Petite-Terre

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                                                                                                                                                                                                                                               Les maires de Pamandzi et de Dzaoudzi-Labattoir et le procureur de la République ont signé ce mercredi 2 février deux conventions – de rappel à l’ordre et de transaction – permettant aux premiers magistrats d’apporter une réponse de 1er niveau aux infractions dites « légères » constatées dans leurs communes. Une démarche qui a pour but d’écarter le sentiment d’impunité et de rapprocher la justice de la population.

De l’aveu même du procureur de la République, Yann Le Bris, mieux vaut savoir prendre son mal en patience en matière de justice. « L’efficacité de la réponse pénale est longue, cela perd de son sens quand elle arrive des mois, voire des années, plus tard. » C’est ainsi tout l’intérêt de la signature ce mercredi 1er février de deux conventions avec les maires de Dzaoudzi-Labattoir et de Pamandzi dont le but est de permettre aux élus, sous l’encadrement du parquet pour garder une uniformité, de pouvoir « dans un délai bref » juger les infractions dites « légères » sans passer par la case tribunal !

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La première consiste à la mise en œuvre d’un rappel à l’ordre par l’édile. « Sa voix est plus entendue et acceptée », admet le représentant du ministère public. Ce procédé permet ainsi d’intervenir rapidement en cas de conflit de voisinage, d’absentéisme scolaire, de présence de mineurs non accompagné dans les lieux publics à des heures tardives, d’atteinte légère à la propriété publique, d’incident aux abords des établissements scolaires, de bruit et tapage injurieux ou nocturne, de divagation d’animaux dangereux ou encore d’abandon d’ordures. « Nous remarquons par la suite que les infractions ne sont pas réitérées. »

Écarter le sentiment d’impunité

rappel-ordre-travaux-non-remuneres-justice-proximite-maires-petite-terreLa seconde concerne la mise en place de la procédure de transaction lorsque le degré de gravité s’avère plus important. Celle-ci offre la possibilité au mis en cause de réparer son incivilité commise à l’encontre de la collectivité en échange d’un travail non rémunéré. « La sanction est négociée entre la mairie et les parents si nous avons affaire à un mineur. » À noter que la non-réalisation d’un TNR transactionnel peut donner lieu à une poursuite du parquet ! En d’autres termes, un seul faux pas peut mener à des mesures répressives, à savoir une incarcération à Majicavo. « Les collectivités ne doivent pas se laisser faire face à ceux qui doivent exécuter une peine. »

Dans les deux cas de figure, cette démarche de proximité a pour ambition d’apporter « une réponse immédiate pour écarter le sentiment d’impunité », mais aussi d’offrir « un temps d’échange pour démontrer l’intérêt du collectif » et « un moment privilégié pour celui qui commence à être en marge ». Une nouvelle qui ravit les deux protagonistes signataires. « C’est un outil de plus pour alléger tous les dossiers que vous avez sur votre bureau », lâche avec malice Madi Madi Souf, le maire de Pamandzi, en se tournant vers Yann Le Bris. Avant de concéder plus sérieusement que « la population doit s’intégrer dans cette initiative ». Tandis que son homologue de Dzaoudzi-Labattoir, Saïd Omar Oili, insiste sur sa joie d’offrir la possibilité de « ramener [cette] jeunesse mondialisée dans le droit chemin ».

Dans ces conditions, ces réponses pénales intermédiaires renforcent « la crédibilité » et « la visibilité » des polices municipales des deux communes. Toutefois, gare aux abus. « Je porte une vigilance sur l’efficacité et l’équité de votre travail. Je suis intransigeant sur les débordements », prévient le procureur de la République. Si Yann Le Bris envisage une amélioration de la situation sur Petite-Terre sur le moyen et le long terme, il ne veut pas non plus mettre la charrue avant les bœufs… « Nous ne nous disons pas que tout cela va éradiquer la violence. Mais il faut que chacun se saisisse des instruments, même minimes, pour la limiter. » Et à ses yeux, réprimander un ou deux mineurs par une figure paternaliste telle que le premier magistrat, « c’est déjà ça de gagné ».

Présidentielle : les soutiens de Mélenchon espèrent dépasser les 10% à Mayotte

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Alhamidi Aboubacar et Omar Simba réitèrent leur soutien à Jean-Luc Mélenchon en vue de l'élection présidentielle.

Afin de soutenir Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle en avril, un comité de campagne a vu le jour sur l’île aux parfums. Il a pour but d’assurer la promotion du candidat arrivé quatrième sur Mayotte au premier tour en 2017 avec 8.39% des voix.

La multiplication des candidatures à gauche ne leur fait pas peur. Omar Simba et Ahlamidi Aboubacar sont convaincus que Jean-Luc Mélenchon sera le meilleur. Les deux coordinateurs du comité de campagne de l’Union populaire, lancé samedi dernier en compagnie de Rivomalala Rakotondravelo, ont trois mois pour persuader les Mahorais de choisir leur candidat à l’élection présidentielle des 10 et 24 avril. Tous les deux n’en sont pas à leur premier coup d’essai puisqu’ils ont déjà soutenu le leader de la France insoumise en 2017. “C’était le seul candidat avec un programme collaboratif. Ce n’est pas un homme qui l’a construit seul”, indique Omar Simba. À l’époque, le candidat était arrivé quatrième à Mayotte avec 8.39% des voix.

Mais surtout, il avait moins de concurrence qu’aujourd’hui, puisque seul Benoît Hamon se présentait pour le Parti socialiste avec le soutien d’Europe Ecologie-Les Verts. Ce qui n’est pas le cas cette année avec les candidatures de Yannick Jadot (EELV), Anne Hidalgo (Parti socialiste) et Christiane Taubira. ”Les autres candidats sont à la rescousse d’Emmanuel Macron en divisant la gauche”, estime Alhamidi Aboubacar. ”En 2022, ce sera un choix de société. On vient de vivre deux ans de pandémie et les plus riches ne se sont jamais autant enrichis.”

“L’égalité des droits tout de suite”

Sur le fond, les deux hommes défendent plusieurs idées qui, pour eux, devraient plaire aux Mahorais. Alhamidi Aboubacar voit dans le Référendum d’initiative citoyenne (RIC) l’occasion de “pouvoir discuter de projets importants”. Prôné par les Gilets jaunes et Jean-Luc Mélenchon, ce dispositif permet d’organiser un vote dès lors qu’il est défendu par assez de citoyens. Omar Simba pense également que l’élection de Jean-Luc Mélenchon permettrait “d’avoir l’égalité des droits [entre Mahorais et métropolitains] tout de suite. On sait qu’ici tous les mouvements sociaux partent de là”. L’environnement aussi est importante à leurs yeux. “On a un programme qui traite plus d’écologie que Yannick Jadot”, continue le coordinateur. Se référant à “L’Avenir en commun”, le livre-programme écrit par son candidat, il rappelle que le chapitre sur “l’économie bleue” pourrait être transposé à Mayotte et son lagon par exemple. Outre le programme à défendre, les coordinateurs se sont donnés pour mission de rassembler aussi large que possible en “parlant avec des gens de droite, des gens de gauche”.  Une condition il est vrai nécessaire s’ils veulent atteindre “la barre des 10% à Mayotte”, leur objectif pour avril 2022.

 

Trois coordinateurs désignés

Les rôles sont déjà bien établis dans le comité. Omar Simba, Ahamidi Aboubacar et Rivomalala Rakotondravelo, secrétaire départemental SNUipp/FSU Mayotte, sont les coordinateurs. Candidat aux dernières élections départementales dans le canton de Mtsamboro, Mikidadi Abdallah partage la fonction de porte-parole avec Saïd Ahamadi, président du Parti social mahorais et ancien maire de Koungou. Ce rôle est aussi dévolu à Ahamada Salime. McLand Mikidadi et Zaïdou Abdourahamane sont chargés de la communication.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes