Défi sportif de haut niveau du 25 au 27 mars avec l’Hippocampe Tour qui rassemblera quatre nageurs de Mayotte pour un défi de 130 kilomètres en relais sans escale dans les eaux du lagon. Une première sur l’île qui avait accueilli l’année dernière le petit Hippocampe Tour de 40 kilomètres “seulement” entre la plage du Faré à celle de N’Gouja.
Quatre nageurs, deux jours, deux nuits et 130 kilomètres, voilà ce que promet l’Hippocampe Tour. Le 25 mars prochain, les participants prendront le départ depuis la plage de N’Gouja pour une boucle autour de l’île aux parfums. “Nous partirons dans le sens des aiguilles d’une montre en direction de Sada si les conditions météorologiques le permettent”, explique Philippe Fort, nageur et organisateur de l’événement. L’objectif de cette première édition sera de dédiaboliser le lagon et de montrer que la pratique de la natation y est possible de jour comme de nuit. “Cette année, l’Hippocampe Tour sera un défi. Nous espérons que dès l’année prochaine il pourra être démocratisé et devenir une course populaire”, affirme celui qui a traversé la Manche à la nage.
Un travail d’équipe
Au total, onze personnes se relaieront pour mener à bien ce tout premier tour de l’île en eau libre. Trois nageuses, un nageur, trois kayakistes, deux accompagnantes et deux skippers se sont lancés dans cette aventure. “Notre équipe est majoritairement féminine et se compose de membres entre 15 et 57 ans”, détaille Philippe Fort. Du lever au coucher du soleil, les sportifs pourront compter sur les kayakistes pour les encadrer et assurer leur sécurité. “La nuit, les nageurs et les kayaks seront équipés de lumières pour pouvoir être repérés”, poursuit le maître-nageur. Matériel de premier secours, infirmière à bord, bracelet anti-requins et demande d’autorisation aux affaires maritimes, les nageurs sont parés à toutes éventualités et pourront compter sur le soutien de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) en cas de besoin.
Sport, mental et environnement
Ce défi sportif et humain se veut également environnemental. En effet, en lien avec le parc naturel marin, les membres de l’équipe qui accompagnent les athlètes s’engagent à ramasser les déchets qu’ils croiseront à la surface de l’océan. Une belle initiative pour mettre en avant la beauté du lagon et la pratique de la natation en eau libre qui se terminera par un événement sur la plage de N’Gouja dimanche 27 mars. Au programme : tombola, repas et moment convivial.
En déplacement toute la semaine à Mayotte, la présidente de l’union régionale des professionnels de santé infirmiers océan Indien, Anne-Laure Albisetti, a rencontré les forces de l’ordre, le directeur général de l’agence régionale de santé et le préfet pour balayer les sujets majeurs qui préoccupent les soignants libéraux, à l’instar de l’insécurité et de la continuité des soins.
« Cela m’insupporte de voir toute cette violence, c’est insupportable à vivre au quotidien. » En déplacement à Mayotte, la présidente de l’union régionale des professionnels de santé (URPS) infirmiers océan Indien, Anne-Laure Albisetti, monte au créneau face à l’insécurité chronique qui empêche les quelque 160 soignants libéraux du 101ème département d’exercer leur métier dans de bonnes conditions. « Quatre infirmières ont déjà rendu leur tablier depuis mon élection en juin dernier », confie la quadragénaire pour appuyer ses propos. « L’une d’elle se faisait même accompagner par son mari lors de ses tournées. »
1 de 3
Dénoncer ce malaise profond, c’est tout l’objet de sa visite la semaine dernière. Si le Code pénal punit plus sévèrement les auteurs de violences à l’encontre des professionnels de santé, « la moitié des infirmiers victimes d’agression ne porte pas plainte ou ne dépose pas de main courante, car ils ont le sentiment que leur démarche n’aboutira à rien ». Un manque de confiance envers les forces de l’ordre qui les pousse tout simplement à ne plus réaliser de sortie de nuit depuis maintenant un an. Conséquence : les patients ayant besoin d’une perfusion intraveineuse ou de soins palliatifs se trouvent lésés !
Pour remédier à ce statu quo, plusieurs pistes sont en cours de réflexion à la suite d’une rencontre avec le préfet, Thierry Suquet. La mise en place d’un dispositif de surveillance adapté qui déclencherait une géolocalisation est, à titre d’exemple, l’une des solutions envisagées. Cependant, il n’est pas envisageable de déployer des patrouilles pour les escorter sur leurs lieux d’intervention, comme cela peut être le cas pour les ambulanciers sur certaines zones de l’île aux parfums.
Développer l’offre ambulatoire
« Mon rôle n’est pas de créer la polémique, mais bien d’améliorer le système de santé », insiste Anne-Laure Albisetti. D’où sa réunion mercredi dernier avec Olivier Brahic, le directeur général de l’agence régionale de santé. Problématique des coupures d’eau et d’accès aux habitations, manque de médecins traitants et de spécialistes… Autant d’enjeux évoqués avec le successeur de Dominique Voynet, qui souhaite augmenter le nombre de maisons de santé pluridisciplinaire dans le but d’éviter la sédentarisation des libéraux. Toutefois, des carences persistent ! Si la première des cinq communautés professionnelles territoriales de santé prévues est actuellement en construction, le dispositif d’appui à la coordination n’est toujours pas à l’ordre du jour « alors qu’il y a une obligation au 1er juillet ».
En conclusion, l’accès et la continuité des soins se résument à un long chemin semé d’embûches. Si les différents échanges poussent à l’optimisme, la sécurité de l’exercice d’infirmier risque de prendre du temps. Or, le temps presse selon Anne-Laure Albisetti. « Nous sommes la seule profession à mailler tout le territoire sept jours sur sept », rappelle-t-elle, avant de mettre en garde sur l’épuisement professionnel…
« Les soignants face à la violence », un podcast de 15 épisodes
À l’initiative de l’union régionale des professionnels de santé (URPS) infirmiers océan Indien, un podcast intitulé de 15 épisodes intitulé « Les soignants face à la violence » est en cours de sortie, dont le sixième épisode sera spécialement consacré à Mayotte. « Nous avons eu l’accord du centre d’information sur les droits des femmes et des familles pour les traduire en shimaoré et en kibushi pour faire de la prévention primaire et secondaire », se réjouit Anne-Laure Albisetti. La première version locale devrait être prochainement disponible. Il est possible de réécouter les émissions sur SoundCloud ou Spotify.
Organisée par l’association Zangoma, l’exposition « Les artistes s’exposent » a débuté jeudi dernier à la MJC de Kawéni. Entièrement nettoyée pour l’occasion, sa façade a été décorée par les deux artistes des autres îles invités : les grapheurs Socrome et Mégot venus respectivement de Grande-Comores et de La Réunion. Leurs œuvres sont venues s’ajouter à celles des 16 artistes de Mayotte mis à l’honneur au cours de cette exposition.
En arrivant devant la MJC de Kawéni, il est désormais impossible de manquer l’immense tag du grapheur grand-comorien Socrome. Représentant un petit garçon aux airs boudeurs, l’artiste l’a réalisé spécialement pour l’exposition de l’association Zangoma. Portée par le duo Fatima Ousseni, avocate à Mayotte, et Denis Balthazar, un artiste plasticien bien connu sur l’île, l’association s’attache à mettre en lumière les artistes du 101ème département tout en développant les échanges avec leurs compères des îles alentours.
1 de 4
Les artistes organisent des ateliers pour les scolaires en parallèle de l’exposition.
L’artiste grand-comorien Socrome a réalisé un tag géant sur la façade de la MJC de Kawéni.
L’artiste Boaz utilise une technique de marouflage qui rendent ses toiles uniques.
Denis Balthazar, directeur de Zangoma, expose plusieurs de ses peintures.
Socrome partage la façade de la MJC avec Mégot, un grapheur réunionnais davantage dans une veine abstraite. Ses motifs en noir et blanc viennent faire élégamment contraste avec l’hyper-réalisme de l’artiste grand-comorien. « L’un des objectifs de cette exposition est justement de montrer aux jeunes de Mayotte que les graphs, réalisés dans un certain cadre, peuvent constituer une véritable forme d’art », déclare Denis Balthazar. Ce dernier ajoute que beaucoup de jeunes artistes locaux vivent de leur art sans pour autant être connus du grand public.
Des œuvres d’une grande variété
L’exposition présente des œuvres extrêmement variées puisque Zangoma souhaite mettre en valeur l’ensemble des arts visuels, à l’instar de la peinture, de la photographie, de la vidéo et de la sculpture, dans des styles très différents. De la même manière, l’association place côte à côte des artistes déjà bien connus sur l’île comme Denis Balthazar, Papajan ou le sculpteur Conflit avec de jeunes prometteurs comme Ahmed Adaïne. Ce dernier réalise des portraits photographiques quand Saïd Ali Sola peint les siens à la main, mais en imitant les pixels, créant un effet proche du pointillisme.
D’autres artistes sont dans une démarche davantage conceptuelle en évoquant dans leurs œuvres les drames que connaît Mayotte. Présente sur le territoire depuis 1994, Béatrice Edouard expose ainsi une toile racontant le drame des naufrages de kwassa dans un style figuratif comportant des éléments abstraits qu’elle laisse à l’interprétation du public. Boaz quant à lui évoque les drames générés par la délinquance dans certaines de ses toiles qui, travaillées avec une technique de marouflage très particulière, lui confèrent une signature unique.
Si certains artistes de cette exposition restent dans un figuratif assez classique, d’autres font preuve de beaucoup de créativité dans leurs techniques ou leurs thématiques, démontrant que l’art de l’île aux parfums est véritablement en train de se développer. Pour accélérer encore son épanouissement, les artistes exposés réalisent des ateliers avec les scolaires afin de les initier à l’art et, pourquoi pas, faire naître de nouveaux talents ! L’exposition « Les artistes s’exposent » est à découvrir jusqu’au 27 mars.
Dans le cadre du plan global transports et déplacements de Mayotte (PGTD), le 1er vice-président du conseil départemental, Salime Mdéré, chargé de l’aménagement du territoire, des infrastructures et du foncier, le 7ème vice-président, Madi Moussa Velou, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, la secrétaire générale pour les affaires régionales (SGAR), Maxime Ahrweiller Adousso, ainsi que le président de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, Rachadi Saindou se sont réunis ce jeudi 17 mars à l’Hôtel de Ville de Mamoudzou.
Pour rappel, le « PGTD » est un document cadre élaboré en partenariat entre l’État, le Département et l’intercommunalité. L’objectif de ce plan est de doter le territoire d’un outil visant à avoir une lisibilité sur les 15 prochaines années, en matière de services et infrastructures de transports et de déplacements à l’échelle de l’île. Cette vision permet une mobilisation des dispositifs de financements et une adaptation des capacités financières des collectivités locales. L’élaboration du PGTD a prévu la mise en place d’un système de transport collectif ambitieux et efficace, ainsi que des aménagements de voirie sécurisés et confortables pour tous les types de véhicules et les piétons. Cette stratégie, qui s’appuie sur le développement d’une politique de l’intermodalité, vise à baisser la congestion automobile. La présentation des projets pour chacun des axes du PGTD et de leur état d’avancement, un point sur les financements CCT (contrat de convergence et de transformation) et FEDER (fonds européen de développement régional), des échanges avec les élus, la feuille de route ainsi que les prochaines échéances étaient à l’ordre du jour.
Un appel à projet (accessible sur www.cg976.fr) consiste à attribuer à titre onéreux des parcelles précisément cadastrées à des porteurs de projets qui s’engagent à y réaliser des projets ambitieux, viables, créateurs d’emplois et de valeur ajoutée pour le territoire. Les parcelles à attribuer peuvent accueillir des projets relevant des productions artisanales et industrielles. Ainsi, les types de constructions autorisées sont à usage industriel ou artisanal destinées à la fabrication, la transformation, le montage, la conservation, la maintenance ; des aménagements spéciaux destinés aux mêmes usages ; des bureaux liés à une activité artisanale et industrielle. Les porteurs de projets doivent aller sur le site du CD et cliquer sur la rubrique « appels à projets », puis « création de compte » pour déposer leur demande. Des critères d’éligibilité et de sélection figurent dans l’appel à projet. La date limite de réception des dossiers est fixée au vendredi 8 avril 2022 à minuit.
Un séminaire sur le projet d’organisme de foncier solidaire pour s’est tenu mardi à l’initiative de l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte à l’Hôtel de ville de Mamoudzou en présence du préfet, Thierry Suquet, du conseiller départemental de Mtsamboro et président du SDIS Abdoul Kamardine, des communes et des intercommunalités. L’objectif de cette démarche visait à présenter aux élus locaux les grands principes du dispositif. Cet outil à gouvernance partagée entre l’État, les collectivités territoriales et les acteurs du logement doit faciliter l’accès au logement en offrant aux familles une alternative à la propriété privée du sol.
En 2021, 180 cas de leptospirose ont été confirmés, contre 117 cas annuels en moyenne sur la période 2008-2021. Avec 67 cas rapportés, le mois d’avril a concentré le maximum de cas, trois mois après le pic de précipitations enregistré en janvier. L’essentiel des cas se concentrent sur la période allant de mars à mai. Le sex-ratio (H/F) des cas rapportés en 2021 était de 2.7 (49 femmes et 131 hommes). L’âge médian était de 26 ans. Deux tiers des cas (67.2%) avaient entre 15 et 64 ans et 30% avaient moins de 14 ans. Le prélèvement a été réalisé au cours d’une hospitalisation pour près d’un tiers des cas confirmés (30.9%).
Parmi les 52 personnes ayant pu être contactées, au moins une activité ou exposition à risque avait été retrouvée chez 44 des cas, soit 84.6%. Il s’agissait notamment d’activité agricole (le plus souvent sans port de botte et de gant) pour 20 cas, d’activité de rivière type baignade ou lessive pour 14 cas ou de présence de rats dans ou à proximité du domicile pour 27 cas.
La leptospirose est une zoonose bactérienne de répartition mondiale (plus fréquente en zone tropicale) causée par Leptospira spp. Ces bactéries sont susceptibles d’infecter un grand nombre de mammifères sauvages (rats, tangues, musaraignes, etc.) et domestiques (bovins, ovins, caprins, porcs, chiens) qui les excrètent dans leur urine. L’infection chez l’homme survient par contact direct avec l’urine des animaux infectés ou par contact avec un environnement contaminé par de l’urine, tels que de l’eau de surface ou le sol. Les leptospires peuvent pénétrer par des effractions cutanées et par les muqueuses.
Les manifestations cliniques vont du syndrome grippal bénin jusqu’à une défaillance multi-viscérale potentiellement létale. Des formes asymptomatiques sont couramment décrites au cours d’enquêtes épidémiologiques. Dans son expression typique, la leptospirose débute après une incubation de 4 à 19 jours, par l’apparition brutale d’une fièvre avec frissons, myalgies, céphalées, troubles digestifs et peut évoluer en septicémie avec atteintes viscérales : hépatique, rénale, méningée, pulmonaire…
À Mayotte, la deuxième édition de la semaine nationale de la petite enfance est portée par le pôle santé, famille et enfance du conseil départemental – en partenariat avec Pôle Emploi – qui œuvre à créer des passerelles entre familles et professionnels de la petite enfance. La semaine se déroule directement dans les lieux d’accueil participants qui mettent en place des conférences, des ateliers, des portes-ouvertes autour de divers thèmes.
Outre la journée portes-ouvertes des PMI (Bandrélé, Combani, Kawéni, M’Tsangamouji) du 22 mars et le forum des métiers de la petite enfance le 23 mars, cette semaine sera l’occasion d’échanger sur les modes de garde et notamment le manque de structure d’accueil collectif sur notre territoire (14 crèches seulement proposent un total de 285 places) et la quasi-inexistence de l’offre d’accueil individuel (33 assistantes maternelles agrées, dont seulement 8 en exercice). Pour pallier ce déficit et dans le cadre du schéma départemental des services aux familles 2020-2022, la PMI s’est engagée à agréer et à former 1.500 assistantes maternelles. Une première session de formation va débuter dans les jours à venir. Par ailleurs, les nouveaux projets de crèches se multiplient sur le département et traduisent une orientation claire des communes en faveur des modes d’accueil de la petite enfance. Un premier lieu d’accueil enfant parent sera inauguré le 21 mars au sein de la nouvelle PMI de Bandrélé, un deuxième ouvrira à Kani-Kéli puis, l’ensemble des centres de consultations dont les locaux s’y prêteront, intégreront ces espaces d’accueil.
Cette semaine sera aussi l’occasion de débattre autour du vaste sujet de la parentalité à Mayotte, à travers notamment des 1.000 premiers jours. Dans un contexte de croissance démographique hors norme et de changements rapides et en profondeur des structures familiales et des normes sociales, les parents, qu’ils soient seuls ou non à élever leurs enfants (1/3 familles avec enfant(s) mineur(s) sont monoparentales), sont souvent désemparés et démunis. Ils sont de moins en moins aidés dans ce rôle par les grands- parents ou la famille et doivent donc, encore plus qu’ailleurs, être soutenus dans leur rôle de premiers éducateurs de leurs enfants.
Après cinq éditions réservées aux lycéens réunionnais, l’association JAD (Jeunes d’aujourd’hui pour demain) a souhaité élargir ses horizons en proposant le concours régional d’éloquence océan Indien.
Le Département de Mayotte, à travers sa délégation à La Réunion, est partenaire et co-organisateur de cette première édition qui réunit 25 élèves de 1ère issus de Mayotte, Maurice, Madagascar, des Comores et La Réunion. À la suite des auditions menées par le biais des établissements scolaires mahorais, six jeunes ont été retenus et intègrent l’aventure en grâce au soutien et à la collaboration des rectorats de Mayotte et La Réunion. L’ensemble des candidats se sont retrouvés ce mercredi 16 mars 2022 à La Réunion pour participer à un stage de préparation et de coaching. En immersion complète au Lycée Jean Hinglo (Le Port), les lycéens étaient encadrés par des professionnels de la scène et de la joute oratoire.
La délégation de Mayotte à La Réunion et le rectorat de Mayotte prendront part à la demi-finale qui aura lieu à huis-clos devant un jury samedi 19 mars. À l’issue de cette épreuve, 12 candidats seront sélectionnés pour la finale. Celle-ci aura lieu le mercredi 22 mars lors d’une grande soirée de l’éloquence organisée au Teat Plein air de Saint-Gilles. Au cours de cet événement, les deux meilleurs orateurs seront élus et récompensés.
Très peu d'élèves étaient au lycée, ce jeudi. Les parents en ont dissuadé certains de ne pas y aller.
Les menaces reçues à la fin des vacances scolaires et les affrontements de mercredi ont poussé des parents d’élèves à dissuader leurs enfants d’aller au lycée professionnel de Chirongui, ce jeudi. Ils comptent d’ailleurs bloquer l’établissement, demandant davantage de sécurité. Un mouvement déploré par les autorités, la gendarmerie et le rectorat qui appellent la population au calme.
“On avait donné trois semaines, lundi. Et deux jours après, c’est le bordel”, s’emporte Andhum Imrane, une mère de famille. Ce jeudi, plusieurs habitants restent aux abords de l’Hôtel de ville de Chirongui. Ils viennent de donner “une liste de priorités” à la municipalité (voir ci-dessous). Des revendications nées alors que la commune a connu ces derniers jours des menaces pesant sur les riverains, engendrant son flot de rumeurs. La mort, le 10 mars, d’un lycéen originaire de Tsoundzou, a mis le feu aux poudres. Des menaces de représailles sur les réseaux sociaux mettent les nerfs de la population locale à rude épreuve.
Plusieurs mères d’élèves se sont rendus à la mairie pour que celle-ci prenne des mesures pour garantir la sécurité des élèves.
Lundi, le lycée Tani Malandi s’est retrouvé pour la première fois avec une poignée d’élèves. Il l’a été à nouveau ce jeudi et le sera vraisemblablement ce vendredi. Entretemps, mercredi matin, des bandes s’en sont pris aux élèves en leur lançant des pierres. Ces derniers ont pu se réfugier à l’intérieur de l’établissement. Mais le mal était fait selon une partie des parents qui appellent “au blocage des écoles”. La gendarmerie suit ça très sérieusement, même si elle souhaite calmer le jeu et rappelle que “des forces sont déployées de façon pérenne près de tous les grands établissements”. “On n’a pas eu de plaintes”, confirme le colonel Olivier Castries, commandant de gendarmerie, au sujet des événements de ce milieu de semaine.
“Il y a une volonté d’instrumentaliser, ça me révolte”
Alors que les rares élèves quittent l’école au fur et à mesure, ce jeudi, la municipalité, la gendarmerie et le rectorat déplorent que “des gens de l’extérieur” empêchent la bonne reprise des cours. “Le lycée n’est pas fermé”, répète le recteur Gilles Halbout, qui ne cache pas sa colère. “Les parents d’élèves que j’ai au téléphone, au contraire, appellent à ne pas bloquer le lycée. Il y a une volonté d’instrumentaliser ce qui se passe à Chirongui, ça me révolte.” Il rappelle au contraire que le lycée “prône le vivre ensemble”, accepte les élèves “peu importe leurs villages” et que “nous sanctionnons tous les mauvais comportements”.
Regrettant la propagation de “fausses informations”, le commandant de gendarmerie suit l’avis de l’académie. “C’est extrêmement pénible. Beaucoup de gens y croient et on voit les effets dans le milieu scolaire”, déplore-t-il, avant de demander “de laisser la gendarmerie faire son travail”.
La commune de Chirongui, qui a rencontré les habitants, s’est également fendu d’un communiqué pour demander aussi “le calme”, jeudi soir. “Nous rappelons que nos enfants ont besoin d’apprendre et d’être ensemble. C’est pourquoi, le maire Andhanouni Saïd tient à vous informer que les établissements scolaires accueillent leurs élèves normalement. Pensons à leur avenir”, est-il écrit.
Plusieurs revendications apportées à la mairie
Outre la sécurité, les habitants ont fait remonter, jeudi matin, une série de “priorités” à la municipalité. Si certaines sont concrètes comme des travaux d’évacuations des eaux pluviales ou le réaménagement de la route entre Chirongui et Malamani, d’autres sont beaucoup plus larges. La population demande par exemple de mettre fin à la vente à la sauvette ou un meilleur éclairage public. Pour les questions relatives à la sécurité, Cédric Maleysson, le chef de la police municipale, a déjà fait le tour des mesures. “Sur le problème des chiens errants par exemple. Nous n’avons pas de moyens ni de personnes formées. Nous faisons appel à l’association Gueule d’amour, mais tout ceci à un coût”, explique-t-il. Celui-ci souhaite toujours renforcer ses effectifs, conformément à la volonté de la municipalité. “J’ai beaucoup de candidatures. Mais pour être policier municipal, il faut passer un concours”, rappelle-t-il.
Ce jeudi soir, Charafina Ali Bacari a reçu la médaille de l’enfance et de la famille des mains d’Adrien Taquet, secrétaire d’État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, en présence de Brigitte et Emmanuel Macron. Une fierté pour cette mère de six enfants, déjà décorée par le préfet, Jean-François Colombet, en 2019.
Jeudi, 18h30. Palais de l’Élysée. Charafina Ali Bacari reçoit la médaille de l’enfance et de la famille des mains du secrétaire d’État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, Adrien Taquet.
« J’étais la première sur la liste quand on a commencé à nous appeler… Peut-être parce que c’était par ordre alphabétique », sourit la quinquagénaire. Piquée par l’émotion, elle redescend doucement de son petit nuage et peine à trouver les mots pour synthétiser cette cérémonie vécue en présence, excusez du peu, du président de la République, Emmanuel Macron, et de son épouse, Brigitte.
Une soirée marquante au cours de laquelle l’habitante de M’Tsangamouji parvient à échanger brièvement avec le chef de l’État : « Il m’a dit que les femmes mahoraises sont très dynamiques et qu’elles ne se laissent pas faire. C’est la phrase que j’ai enregistrée dans ma tête. » Autre souvenir indélébile ? Ces quelques minutes avec la première dame de France, à qui elle offre même une jasminade venue tout droit du jardin de l’une de ses filles. « Elle ne pouvait pas l’accrocher sur sa veste, mais elle m’a promis de la garder précieusement chez elle. »
Choisie par l’union départementale des affaires familiales
Et ce privilège solennel, Charafina Ali Bacari le doit à l’union départementale des affaires familiales, qui l’a choisie pour représenter le 101ème département et recevoir cette distinction nationale décernée aux parents qui ont élevé au moins quatre enfants en leur apportant leur dévouement et des soins attentifs. « J’étais très émue quand j’ai su que je devais aller à Paris », confie la maman de trois garçons et trois filles, âgés aujourd’hui entre 18 et 32 ans. « Nous sommes tous ravis pour elle, même si tous mes frères et sœurs n’ont pas pu faire le déplacement », s’émeut Arfaoui, le petit dernier de la fratie, qui a quitté sa terre natale en septembre dernier pour débuter une licence AES (administration économique et sociale) à l’université de Pessac.
Dévouée corps et âme à l’éducation de sa progéniture, la retraitée du service social à la mairie de M’Tsangamouji se dit fière de la réussite de chacun. En plus d’Arfaoui, deux autres de ses enfants se trouvent actuellement en métropole. L’un travaille comme ambulancier à Bordeaux et l’autre dans la restauration scolaire à Lyon. L’autre moitié – une infirmière libérale, une enseignante de gestion management et un responsable dans la grande distribution – vit quant à elle sur l’île aux parfums. « Ils ont tous fait des études », se réjouit Charafina Ali Bacari, à quelques heures de son retour après une semaine tout simplement mémorable.
À l’aube de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril prochains, Flash Infos et Mayotte Hebdo vous proposent chaque semaine un tour d’horizon des programmes des candidats à l’Élysée. Durant ce mois seront ainsi abordés la représentation nationale, l’éducation, l’économie, la sécurité et la santé. Si certains candidats bénéficient de comités de soutien sur Mayotte pour faire campagne, d’autres n’ont pas cette chance. Malgré cela, elles et ils proposent nombre de mesures pour perfectionner le système éducatif français.
Si le président sortant a annoncé un dégel du point d’indice des enseignants d’ici cet été, c’est parce que ses concurrents à l’Élysée le proposent presque tous. C’est le cas de Fabien Roussel (Parti communiste français), qui vise une augmentation de salaire de 30%, comme Jean-Luc Mélenchon (France insoumise). Yannick Jadot (Europe-écologie Les Verts), Jean Lassalle (Résistons !), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) et Valérie Pécresse (Les Républicains) visent quant à eux une hausse de 20%, synonyme d’alignement sur la moyenne de l’OCDE. Éric Zemmour (Reconquête) n’évoque que des « primes », alors que Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) veut embaucher plus. Anne Hidalgo (Parti socialiste), quant à elle, a fait des enseignants ses cibles privilégiées, en leur promettant un salaire de 2,300 euros en début de carrière.
Il faut dire que le vote enseignant est très recherché. Comme les autres fonctionnaires du service public, les profs pensent plus facilement à l’intérêt général, valeur habituellement véhiculée par les partis de gauche, même si cette tendance se vérifie de moins en moins. De plus, le corps enseignant est encore plus politisé que le reste des fonctionnaires, assurant une très faible abstention de leur part. À noter que cet électorat reste traditionnellement réfractaire à l’extrême-droite. Cette dernière ne manque pourtant pas de propositions. Éric Zemmour promet en effet un accès à la voie professionnelle dès 14 ans, quand Yannick Jadot veut « construire des ponts » entre les filières professionnelle, générale et technologique. Fabien Roussel, comme Jean-Luc Mélenchon, veut refaire passer le bac pro sur quatre ans.
Dans la filière générale, la suppression du très contesté Parcoursup est au programme de Philippe Poutou, Nathalie Arthaud et Fabien Roussel, qui veulent également mettre fin à la réforme du baccalauréat. Yannick Jadot et Anne Hidalgo veulent améliorer cette dernière, tout en supprimant Parcoursup. Éric Zemmour, comme Emmanuel Macron (La République en Marche) et Valérie Pécresse, ambitionne de le « perfectionner ». D’autres mesures de facilitation des études existent : Fabien Roussel propose une hausse de 45% du budget de l’Éducation nationale, Jean Lassalle, un prêt étudiant pouvant aller jusqu’à 20.000 euros à taux zéro, Nicolas Dupont-Aignan, de « rétablir la gratuité » des universités. Anne Hidalgo et Yannick Jadot se portent sur des plans de mixité sociale, le candidat écologiste proposant des ensembles locaux de lycées « favorisés » et « défavorisés ».
Enfin, le contenu pédagogique est au cœur des débats. Éric Zemmour défend un retour aux bases du « lire-écrire-compter », un apprentissage accru du latin et du grec, la fin de prétendues « propagandes idéologiques », ainsi que le retour du certificat d’études à la fin de la primaire, comme Valérie Pécresse. Yannick Jadot et Fabien Roussel, quant à eux, veulent réorganiser les horaires scolaires, le premier souhaitant accorder plus de temps et d’importance aux exercices oraux, le second visant 27 heures hebdomadaires en primaire et 32 heures au lycée, pouvant grimper à 36 avec les options.
Marine Le Pen (Rassemblement national)
Tous les Mahorais se disent très inquiet pour l’avenir de leurs enfants. En effet, il faut reconnaître, que ces dernières années, l’éducation de nos enfants a été massacrée par la massification de la scolarisation au détriment de la qualité de l’enseignement. C’est la raison laquelle, dans le cadre de l’élection présidentielle, Marine Le Pen a tenu à présenter un programme éducatif concret, ambitieux et applicable à court terme.
Soucieuse de rétablir l’excellence éducative à la française, élue Présidente, la première mesure de Marine Le Pen sera de définir par la loi les contenus des enseignements. Le Ministre de l’Éducation nationale pourra ainsi valider les programmes scolaires après consultation de la représentation nationale.
La restauration de l’efficacité du système éducatif passera par la création d’internats pour les collégiens et les lycéens qui offriront de meilleures conditions d’étude aux élèves pour qui cette solution est la meilleure, voire la seule, chance de réussir. De la même manière, les élèves et les étudiants qui poursuivent leur scolarité ou leurs études en métropole sans leurs parents, auront la garantie de pouvoir être hébergés dans un internat ou dans le parc de résidences universitaires.
Pour remédier aux handicaps propres à notre 101ème département, Marine Le Pen diminuera les effectifs des classes de primaires et augmentera les heures de français à l’école primaire et au collège. Enfin, un plan de construction d’écoles et de collèges soutenu sera élaboré en début de mandat qui nécessitera en parallèle de renforcer les recrutements à l’aide notamment des concours locaux des enseignants du premier degré.
Daniel Zaïdani, président du comité de soutien à Mayotte de la candidate Marine Le Pen.
Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise/Union populaire)
Candidat de l’Union populaire et défenseur d’une harmonie entre les êtres humains et avec la nature, Jean-Luc Mélenchon prévoit de remodeler le système éducatif pour le rendre plus performant. Une garantie d’autonomie de 1.063 euros par mois sera versée à chaque étudiant de plus de 18 ans et à chaque lycéen professionnel de plus de 16 ans, ce qui leur permettra de se consacrer pleinement à leurs études. Une fois élu, le futur président de la République mettra fin aux réformes du lycée et du baccalauréat, ainsi qu’à Parcoursup, plateforme discriminant et laissant trop de jeunes sur le côté.
La pédagogie devra être la même partout, pour tous. Ainsi sera mis en place un cadrage national des horaires scolaires. Une réduction d’effectifs sera opérée dans les classes, pour ne pas qu’elles dépassent 19 élèves. À Mayotte, cela implique la construction de plus d’un millier de salles de classe, en plus de la rénovation du bâti et de l’équipement de celles-ci (informatique). Les cours de soutien scolaire deviendront gratuits, pour que toutes et tous aient les mêmes chances. Favoriser et développer les formations agricoles et intégrer de l’écologie dans les programmes scolaires sont d’autres mesures de Jean-Luc Mélenchon.
Enfin, les enseignants ne seront pas en reste, puisque le gouvernement de l’Union populaire, dès son arrivée au pouvoir, procèdera à une hausse immédiate du point d’indice, équivalant à une hausse de salaire de 15%. Une seconde hausse du même ordre sera discutée avec les syndicats, afin de porter cette revalorisation à 30% sur l’intégralité du quinquennat. Il ne faut faire aucune concession sur le bien-être et l’éducation des jeunes français et mahorais, qui constituent la pierre angulaire de notre Avenir en commun.
Comité de soutien mahorais de Jean-Luc Mélenchon
Emmanuel Macron (la République en Marche)
En raison de la jeunesse de sa population et de son dynamisme démographique, notamment à Mayotte, les Outre-mer constituent l’avenir de la France. À ce titre, l’éducation et la formation sontdes enjeux absolument essentiels pour préparer le monde de demain. Des efforts inédits ont étéréalisés lors de ce quinquennat. La totalité des classes de CP et de CE1 a été dédoublée en éducation prioritaire dès 2020. Plus de 37.000 élèves ont bénéficié de l’opération « petits déjeuners » depuis mars 2020 dans l’ensemble des écoles REP et REP +, 682 emplois d’enseignants ont été créés dans le 1er et 2nd degré depuis 2018. Sans oublier le plan de 500 millions d’euros sur cinq ans, mis en œuvre à Mayotte pour rattraper les retards en matière de constructions scolaires.
L’école est une première marche, elle doit être tournée vers l’avenir des élèves et leur donner les clefs de leur réussite à la fois sur le plan des compétences, de la santé, de la confiance en soi et en la société. C’est pourquoi, il nous faut rebâtir une école de la confiance, un système social rénové pour mieux protéger les Français et réduire les inégalités à la racine.
Pour les cinq ans à venir, Emmanuel Macron veut donner plus de marge de manœuvre aux équipes pédagogiques. Plus de moyens, de rémunération, de liberté pédagogique, dans un dialogue avec les familles, les associations et les communes. Faire une grande réforme du lycée professionnel sur le modèle de notre réforme de l’apprentissage : partenariat plus étroit avec les entreprises, rémunération des stages en entreprise et ouverture de places dans les filières qui correspondent aux besoins de la nation et une initiation au codage et à l’informatique. Mettre en place une demi- journée « Avenirs » par semaine au collège dès la 5ème, consacrée à la découverte des métiers et des entreprises et au numérique avec un enseignement au codage notamment, pour améliorer l’orientation en associant les entreprises.
Visite d'exploitation et rencontres avec les médias à Combani, Jean Lassalle fait un séjour express en pleine campagne.
Absent du débat sur TF1, lundi dernier, Jean Lassalle avait le moral dans les chaussettes ces derniers jours. Il aura fallu une visite à La Réunion et un passage à Mayotte, ce jeudi, pour que le candidat à la présidence de la République oublie son envie de renoncer à cette campagne dans laquelle il dit vouloir “mettre un coup de boule”.
Blagueur, déterminé, Jean Lassalle a changé en quelques jours. “Moi, j’ai la baraka [la chance, ndlr.], Macron a la scoumoune [malchance]”, se plaît-il à répéter, oubliant de dire qu’il avait une heure de retard à cause de son vol depuis La Réunion. Le candidat du parti Résistons ! est enthousiaste, ce jeudi soir. “Venir dans les îles, ça m’a dopé. Les gens ici me donnent des vitamines. À Paris, tout le monde est mou”, déclare-t-il. Cet engouement n’était pourtant pas de mise ces derniers jours.
Le président des Jeunes Agriculteurs, Soumaila Anwar Moeva, a retrouvé le candidat qu’il a croisé il y a quelques semaines au salon de l’agriculture à Paris.
Le candidat lui-même laissait entendre qu’il n’irait peut-être pas au bout, mardi. La faute à un débat, la veille, sans “les petits candidats”. Une non invitation qu’il vit comme une injustice dans une campagne présidentielle dans laquelle il rêve de “mettre un coup de boule”. Son hésitation, son équipe a dû jongler avec. Son passage à Mayotte s’est d’ailleurs fait à la dernière minute, le programme étant donné le matin-même. Une visite d’exploitation à Combani, un point-presse au stade de Combani, tout s’organise un peu à la va-vite autour du député en poste, notamment grâce à son neveu, professeur à Tsararano.
Attentif au sort des agriculteurs mahorais
Ce côté improvisé n’est pas pour déplaire à Jean Lassalle, lui qui aime parler du dernier match du Paris-Saint-Germain avec les jeunes footballeurs ou demander aux journalistes qui l’accompagnent d’où ils viennent pour leur chanter une chanson. À ses côtés, Soumaila Anwar Moeva, le président des Jeunes agriculteurs, invite les spectateurs du show Lassalle à voter pour le Béarnais. « Ca me rajeunit beaucoup. Chez nous, il n’y avait pas de piste, on allait aux champs à pied. On travaillait à la main. Dis-donc, tu m’as fait une sacré cure de jeunesse”, confie Jean Lassalle à son interlocuteur.
La visite de l’exploitation d’ylang-ylang lui permet aussi d’aborder un sujet avec lequel il se sent à l’aise : l’agriculture. Difficulté d’accès au foncier, vol des cultures, le candidat a bien compris les problématiques des exploitations sur Mayotte. “Je mettrai quatre milliards d’euros par an dans un grand projet agricole érigé en grande cause nationale. Il sera défini selon les territoires et leurs particularités”, promet-il.
Moins au fait des autres sujets, il utilise sa verve pour répondre aux questions. Sur l’immigration, il dit “qu’il va gérer le problème”, mais ne se lance pas dans la manière dont il compte le faire. Et à l’inverse, des mesures sortent parfois du lot. “Je veux que des bourses soient données aux étudiants en médecine. En échange, ils iront six ans là où la France a besoin d’eux”, défend-il comme idée.
Content d’avoir rencontré Réunionnais et Mahorais, Jean Lassalle repart dès ce vendredi. Une détermination de nouveau intacte.
Claire Veysset lors de son retour à Mayotte il y a un an.
L’auteure-documentariste Claire Veysset, qui a passé une partie de son enfance à Mayotte, a réalisé récemment un documentaire de création sur l’île et sa population. Mêlant souvenirs, réalité contemporaine et fantasmes, cet ouvrage radiophonique fait parler différents habitants, dans leur environnement, dressant un portrait sonore du territoire. Diffusé le 4 mars dernier sur les ondes de la RTBF (Radio et télévision belge), « L’île et ses enfants volcans » est à réécouter en podcast pendant un an sur rtbf.be.
« J’ai vécu à Mayotte de 1996 à 2000 c’est-à-dire de mes 6 à mes 10 ans et j’ai toujours eu envie d’y retourner un jour », affirme Claire Veysset, une jeune auteure-documentariste de 32 ans qui habite actuellement à Saint-Nazaire. Profitant de son métier, elle décide donc de réaliser un documentaire de création radiophonique sur l’île aux parfums. Revenue pour son projet il y a environ un an, elle dort chez des personnes issues de différents milieux culturels et sociaux et sillonne le territoire pour recueillir des témoignages. « Je n’avais de Mayotte qu’un souvenir d’enfance figé dans le temps et je voulais savoir ce qu’était devenue ce bout de la France qui m’avait profondément marqué », raconte la jeune femme.
L’auteure a passé quatre ans sur l’île lorsqu’elle était enfant et y est restée très attachée.
Évidemment, comme toute personne vivant en métropole, elle n’entend que du négatif sur le 101ème département, concernant l’insécurité notamment, ce qui a tendance à la blesser étant donné l’attachement qu’elle ressent pour ce lieu. « J’étais inquiète à l’idée de revenir et de ne rien reconnaître. Mais cela n’a pas été le cas. Certes, Mayotte a beaucoup changé en 22 ans, mais j’y ai quand même retrouvé une certaine atmosphère que j’avais connue dans mon enfance », partage-t-elle. « L’air, les odeurs, les sensations sont restées les mêmes. On sent néanmoins que l’île est sous pression, l’environnement est saturé de beaucoup de choses, mais… cela tient quand même ! »
Des témoignages très divers
Pour réaliser son documentaire, Claire Veysset s’appuie alors sur certains acteurs culturels ou scientifiques locaux. Ainsi, le célèbre linguiste Mlaïli Condro contribue à l’œuvre ainsi que le jeune auteur Nadjim Mchangama. Elle réside également quelques temps dans les locaux de l’association Kazyadance, située en Petite-Terre. Ces contacts lui permettent de rencontrer des sociotypes très divers et de les interroger sur le rapport qu’ils entretiennent avec Mayotte. Collégiens, jeunes artistes, métropolitains de passage, Naturalistes ou vieux sages, tous s’expriment sur la manière dont ils voient cette île et leurs ressentis vis-à-vis d’elle.
Et tout naturellemment, elle ne peut échapper à la naissance du nouveau volcan situé à seulement une cinquantaine de kilomètres. « Dans le choix du titre de mon documentaire, j’ai voulu faire un parallèle poétique entre ce phénomène naturel et l’état émotionnel de beaucoup d’enfants de l’île », explique Claire Veysset. Si elle évoque – avec parcimonie – l’insécurité qui gangrène l’île, la jeune femme se concentre avant tout sur le positif. « En métropole, on ne parle presque que de ça quand on évoque Mayotte. Or, c’est tellement d’autres choses ! Je voulais en montrer toute la richesse et évoquer l’attachement qu’on peut ressentir pour elle », défend l’auteure qui mêle également ses souvenirs personnels, entre les témoignages, sous une forme narrative. « C’est aussi un documentaire sur l’enfance. La mienne, mais également celle de cette île qui, à mon sens, vit en ce moment une forme de « crise d’adolescence » », conclut-elle.
Alors que l’inflation atteint près de 4% en France, le gouvernement a annoncé le dégel du point d’indice des fonctionnaires. Une revendication portée depuis des années par les syndicats d’enseignants qui appelaient jeudi 17 mars à une grève nationale. L’objectif ? Entamer dès à présent les dialogues autour de cette revalorisation salariale.
“L’inflation s’envole et le dégel du point d’indice devient une urgence.” Réunis dans leurs locaux de Kawéni, le secrétaire et co-secrétaire de la fédération syndicale unitaire (FSU) de Mayotte, Henri Nouri et Anssiffoudine Port Saïd évoquent les différentes problématiques auxquelles les enseignants se retrouvent confrontés au sein du 101ème département. Partageant les revendications nationales, les syndicalistes ajoutent à celles-ci les difficultés liées à l’insécurité, les sureffectifs, le manque d’attractivité ou encore la stabilisation des personnels éducatifs. “Chirongui, Combani, le Nord… Aucun endroit n’est épargné et nos collègues doivent composer avec ces problématiques affectant la qualité de l’enseignement et la scolarité des élèves”, se désole Henri Nouri.
Salaires et conditions de travail
Si le dégel des salaires des fonctionnaires se pose comme une évidence pour les syndicats, ceux-ci craignent d’être encore une fois lésés. “Nous voulons une revalorisation à hauteur de l’inflation a minima. C’est-à-dire 4%”, affirme Henri Nouri. Évoquant quant à lui une mesure “urgente”, Bruno Dezile, représentant de la CGT Éduc’action à Mayotte souhaite également redorer le blason du métier d’enseignant sur l’île en “améliorant leurs conditions de travail.” Si tous semblent s’accorder sur les changements à apporter au système éducatif au niveau national et local, le rectorat affirme accomplir sa part du travail. “Nous sommes en dialogue constant avec les organisations syndicales », rappelle le recteur de l’académie, Gilles Halbout. À l’écoute des personnels et sur le terrain, les représentants locaux de l’Éducation nationale ont établi une feuille de route de projets à venir et “y travaillent”.
Retraite et droits
Particularité mahoraise, beaucoup d’enseignants ne possèdent pas de certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES) ou de Master métier de l’enseignement, de l’éducation (MEEF). Ces professeurs contractuels ne sont alors pas soumis au même régime que leurs collègues titulaires. Parmi les doléances de la SNUIPP-FSU, un plan de titularisation et l’instauration de la cotisation à la retraite complémentaire publique (IRCANTEC) pour les contractuels se posent comme des priorités. “Nous attendons des mesures fortes pour stabiliser les professeurs à Mayotte”, détaille Anssiffoudine Port Saïd. Des revendications qui viennent s’ajouter à l’indexation pour tous les agents de la fonction publique à 53 % comme sur l’île de la Réunion. Des demandes qui devraient, période électorale oblige, être étudiées d’ici la fin du quinquennat.
La Fondation du patrimoine a dévoilé ce lundi soir la liste des 18 nouveaux monuments en péril retenus en priorité pour le Loto du Patrimoine, dont l’ancienne usine sucrière de Hajangoua à Dembéni.
Les restes bâtis de l’usine souffrent d’une végétalisation rapide, qui déstabilise les maçonneries, notamment les cheminées. Certains pans de murs sont affaiblis par la dégradation des joints et le déchaussement des moellons ou par la perte de leur revêtement. Différents travaux sont nécessaires : débroussaillage, décapage et remblais ; mise en sécurité des secteurs dangereux à risque de chute ; taille de sécurisation et préservation des vestiges ; étaiement et confortement des ouvrages de l’ancienne usine ; déplacement des pièces de l’usine.
Des travaux d’aménagement et d’accessibilité du site seront également réalisés (hors Mission Patrimoine) : réhabilitation de la voie d’accès, cheminement piéton, point de vue avec belvédère sur le Mro Wa Hajangoua (ruisseau), mise en lumière des vestiges, traitements paysagers, mobilier, signalétique, clôture, périphérique, etc.
Ce domaine sucrier de 702 hectares, créé en 1870 à Hajangoua, est l’un des plus anciens de Mayotte. À l’époque, le site possédait 95 hectares cultivés en canne à sucre. L’ancienne usine présentait un ensemble imposant, encore visible, de trois chaudières, un moteur à vapeur, une batterie de Gimart, des hydroextracteurs, trois cheminées et les vestiges d’une installation plus ancienne. La maison de maître, visible et en ruine, témoigne de la grandeur de l’exploitation industrielle de l’époque.
L’abandon des lieux par les propriétaires après le cyclone de 1898 mit fin à son exploitation et la propriété fut mise en vente en 1902, ce qui impacta fortement l’économie locale et les producteurs. Le site arborait en 1952 une cocoteraie et une bambouseraie. Cette dernière subsiste aujourd’hui, tandis que la cocoteraie fut remplacée par une plantation de bananes. Le site est inscrit au titre des monuments historiques.
La communauté d’agglomération s’engage dans un projet d’aménagement et de préservation du site, visant à valoriser à la fois les ruines de l’usine et la flore alentour. L’ancienne usine accueillera un musée qui permettra de comprendre le lieu. Un cheminement piétonnier sera aménagé autour des vestiges, ainsi que dans le verger et la bambouseraie. Ce nouvel équipement culturel et touristique du territoire permettra d’attirer les visiteurs, notamment ceux du village voisin de Bandrélé. L’objectif est aussi d’associer les habitants du village et de valoriser l’artisanat local. Des projets d’hébergement et de petite restauration, portés par des villageois, sont à l’étude.
Ce mardi 15 mars, l’office français de la biodiversité a lancé la seconde édition de l’appel à projets Biodiv’Eco pour les territoires de Mayotte et de La Réunion. Destiné aux entreprises, associations ou collectivités territoriales, il est doté d’une enveloppe de 400.000 euros.
L’appel à projets Biodiv’Eco a un triple objectif : identifier, faire émerger et accompagner des projets économiques favorables à la biodiversité, sur un grand nombre de filières ; initier une dynamique territoriale en créant un écosystème de partenaires dans le domaine du développement économique et de la biodiversité dans chacun des territoires concernés ; promouvoir et communiquer sur ces projets afin de montrer que les initiatives entrepreneuriales et de développement économique durable peuvent contribuer à la protection de nos écosystèmes.
En effet, la biodiversité exceptionnelle des territoires d’Outre-Mer, et notamment dans les îles de l’océan Indien, offre des opportunités de développement économique importantes, pouvant répondre aux enjeux de développement durable de ces territoires.
L’office français de la biodiversité a donc pour ambition de soutenir, financièrement et/ou techniquement, une dizaine de projets économiques favorables à la biodiversité locale, portés par des entreprises, des associations ou des collectivités. Un comité territorial aura pour mission d’évaluer et de classer les projets éligibles sur leur haut niveau d’ambition en termes de respect et de protection de la biodiversité, tandis qu’un comité national effectuera le choix final des lauréats en prenant en compte les évaluations faites à l’échelle des deux territoires.
Les porteurs de projets lauréats bénéficieront d’un accompagnement en ingénierie de projet (intégration des enjeux de respect de la biodiversité, appui au montage de projet et à la recherche de financements, conseils pour la réalisation d’études, mise en relation avec un réseau d’experts, …) et/ou d’une subvention pour le financement des différentes étapes de création ou de développement du projet.
Le dossier de candidature est à remplir et déposer en ligne uniquement sur la plateforme démarches simplifiées jusqu’au 15 mai. Règlement de l’AAP sur https://bit.ly/345tTtM. L’annonce des lauréats aura lieu à la rentrée 2022.
Aux alentours de 18h30 mardi 15 mars, un incendie s’est déclaré en plein cœur du quartier Bambao dans la commune de Dzaoudzi-Labattoir. Si les autorités ne dénombrent aucun blessé, les flammes ont emporté huit habitations précaires sur leur passage. Les faits auraient été commis par un homme connu pour ses séjours réguliers en hôpital psychiatrique. Sorti il y a quelques jours, le suspect a été admis en urgence au sein de l’unité qui l’accueillait jusqu’à lors. Le procureur de la République, Yann Le Bris, a affirmé qu’une enquête est en cours. La responsabilité de l’auteur des faits et les poursuites encourues reste à déterminer au vu de ses antécédents médicaux. La situation ayant été gérée en urgence afin de protéger à la fois la population, mais aussi le suspect de lui-même.
Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, le maire de Koungou, Assani Saindou Bamcolo, et Echati Issa, la conseillère départementale du canton, ont paraphé ce mercredi 16 mars un avenant à la convention du nouveau projet national de renouvellement urbain de Majicavo-Koropa. Cette signature doit permettre de lancer les financements et les modalités opérationnelles de la deuxième phase du projet, qui est réalisée dans la continuité du chantier en cours.
Si la réalisation de la voirie de Bandrajou d’1.7 kilomètre est déjà sur les rails depuis le mois de mai 2021, les travaux risquent de se prolonger au-delà de courant 2023 après la signature, ce mercredi 16 mars, de l’avenant à la convention du nouveau projet national de renouvellement urbain de Majicavo-Koropa. Une deuxième phase qui s’inscrit « dans la continuité » de la première, assure Véronique Girard, la chargée territoriale pour l’océan Indien de l’établissement en charge de financer et d’accompagner la transformation de quartiers de la politique de la ville. « Ce chantier marque le démarrage d’une collaboration qui remonte à 2017. Après quelques années de doute, nos partenaires nous ont fait confiance », se félicite Assani Saindou Bamcolo, le maire de Koungou.
1 de 3
Il faut le dire, le projet s’annonce colossal dans cette localité de la deuxième ville la plus peuplée du 101ème département. D’où l’importance de partir d’ores et déjà à la pêche aux financements et de lancer toutes les modalités opérationnelles, à l’instar des consultations d’entreprises, pour « rentrer dans le concret », « travailler sur des zones supplémentaires », et « finaliser certaines opérations », comme l’indique Olivier Kremer, le responsable de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal). Les travaux doivent par exemple s’étendre sur les secteurs de Mavadzani et Hamarachi.
250 logements neufs et 300 réhabilités
En plus de l’installation de l’eau potable et de l’assainissement, mais aussi de la construction d’équipements publics tels qu’une nouvelle maire annexe, une PMI (protection maternelle et infantile), un centre de santé ou encore un groupe scolaire, la résorption de l’habitat insalubre demeure prioritaire. Les autorités compétentes prévoient ainsi la sortie de terre de 250 logements « sur les différentes poches foncières » et la réhabilitation « étendue avec des créations d’étages » de plus de 300 autres. « Il y a tout un travail d’accompagnement à réaliser auprès des propriétaires pour améliorer leur habitat et les connecter », confie Véronique Girard.
« L’idée est de recréer du lien naturel par les routes, par les commerces ou par tout type d’aménagements entre ces zones prioritaires et le reste de Majicavo-Koropa », résume Oliver Kremer. En d’autres termes, il faut « réussir à intégrer toute cette opération d’envergure par rapport à l’existant » et « offrir à la population un réseau digne de ce nom ». Le tout pour un budget évalué à 117 millions d’euros selon Assani Saindou Bamcolo, dont 28 millions pour la seule agence nationale pour la rénovation urbaine. Concernant l’apport financier apporté par le Département, il faudra attendre une nouvelle délibération à la suite du vote du budget prévu le 7 avril prochain. À entendre la conseillère départementale du canton de Koungou, Echati Issa, la collectivité compte bien mettre la main au pot tant ce développement présente « un intérêt général pour le territoire » et impulse « de nouveaux leviers pour l’emploi ».
Tous les interlocuteurs réunis ce mercredi sont unanimes sur la nécessité de cette deuxième phase opérationnelle qui devrait courir jusqu’en 2026. « Il s’agit ici d’un projet important de désenclavement », avoue Thierry Suquet, le préfet, ravi de cette « construction de la ville sur la ville ». « Vous pourrez compter sur le soutien de l’État et de l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) sur Koungou », promet-t-il au maire. Et par la même occasion tirer un trait définitif sur la réputation qui lui colle à la peau ?
Neuf accusés sont actuellement jugés devant la cour d'assises des mineurs. Ils doivent tous répondre de "vol en
réunion avec arme" ou "tentative de vol en réunion avec arme
Six des neuf accusés comparaissent jusqu’à mardi devant la cour d’assises des mineurs, au tribunal de Mamoudzou. Il leur est reproché d’avoir monté des barrages, volé et agressé des automobilistes à Ongojou, le 8 juin 2016, et à Ironi Bé, le 16 juin 2016. Dès le premier jour, ce mercredi, les juges ont essayé de déterminer un organigramme du groupe.
Les témoins, qu’ils soient à la barre ou en visioconférence, ont un souvenir très précis du matin du 8 juin 2016. Le temps et l’envie de passer à autre chose n’effacent en rien leur mémoire respective, ce qui leur permet de facilement raconter leur déconvenue avec les neuf accusés âgés de 22 à 29 ans, dont six comparaissent ce mercredi. Répartis sur les bancs du tribunal, ces derniers écoutent sans se regarder. D’origine comorienne, ils sont jugés à la fois pour le barrage du matin du 8 juin 2016 à Ongojou, et celui une semaine plus tard à Ironi Bé. Un procédé similaire, détaille l’adjudant de gendarmerie à la tête de la commission rogatoire créée en août de la même année. Sur place la veille, les coupeurs de route se cachent dans la végétation pour dormir. Tôt le matin, ils découpent et placent les troncs d’arbres et les branches à la sortie d’un virage en profitant de l’obscurité. Ainsi, cagoulés et armés de couteaux, battes de baseball, de chombos et même d’un fusil et d’un pistolet, ils interceptent tous les travailleurs matinaux. Ils les sortent des véhicules, les dépouillent, parfois brûlent leurs véhicules et disparaissent avant l’arrivée des gendarmes.
Ils passent devant la cour d’assises des mineurs puisque deux des coupeurs de route l’étaient au moment des faits.
“Les victimes sont traumatisées, apeurées. Elles ne comprennent pas ce qui vient de leur arriver”, poursuit le gendarme, en visioconférence depuis Lorient (Morbihan). Dans l’après-midi, un témoin, aujourd’hui en métropole, confirme son calvaire. “J’avais tellement peur que ce sont eux qui ont pris mon portefeuille et mes deux cartes bancaires. C’est là qu’ils ont idée que je leur donne mes codes”, raconte ce surveillant de prison. “Ils m’ont attaché les mains avec les lacets de mes chaussures de sécurité et m’ont emmené dans un chemin.” Sous la menace d’une arme, un pistolet ou un fusil, il le ligote également au niveau des pieds. Occupés à aider leurs comparses, ses deux “gardiens” le laissent seul. Ce qui lui permet de se libérer. “Je suis passé à travers la végétation et je suis remonté vers Ongojou. […] À un moment, j’ai dû me cacher, je ne sais pas combien de minutes, je les entendais me chercher. En remontant la route ensuite, j’ai essayé d’arrêter des voitures, mais en me voyant ligoté, elles ont fait demi-tour. Trois hommes sont venus à ma rencontre, et j’ai reconnu un habitant de mon village”, continue-t-il.
Une réponse violente aux décasages et aux expulsions
Outre l’appât du gain, puisque des téléphones et de l’argent ont été volés, les coupeurs de route avancent une autre raison, lors de leurs interrogatoires en 2018 et 2019, pour expliquer leurs attaques. “C’était une réponse à l’expulsion et au décasage de la maison [du chef supposé du groupe]”, expliquent les premiers, avec qui les gendarmes font le rapprochement à partir de 2018 grâce aux empreintes digitales. Sous contrôle judiciaire et donc le seul comparaissant libre, celui que tout le monde désigne comme le meneur est au premier rang de la salle avec sa chemise couleur saumon. Plus âgé, il avait 23 ans au moment des faits et avait été expulsé de Tsoundzou quelques mois avant. Si lui nie toute participation, les autres confirment que la vengeance était l’une de leurs motivations. “Ils ont dit que c’était pour se venger des Mahorais”, confirme l’une des victimes, âgée de 62 ans. Organisé et soudé à l’époque, le groupe semble plus divisé dorénavant. Les accusés se contredisent dans leurs déclarations et même devant les jurés. Pour ces derniers, ils leur restent quatre jours pour démêler tout ça.