Accueil Blog Page 401

Le réseau d’éducation à l’environnement et au développement durable en passe de devenir une structure indépendante

-

Les 30 novembre, 1er et 6 décembre 2021 à Dembéni ont eu lieu les assises du réseau d’éducation à l’environnement et au développement durable 976 (EEDD) de Mayotte. Société civile, collectivités, secteur privé, services de l’État, qu’ils soient locaux, régionaux ou nationaux, se sont réunis pour échanger et proposer des solutions pour l’avenir de l’éducation à l’environnement, à travers des ateliers. Au programme de ces journées : des ateliers et une feuille de route pour les cinq prochaines années. Pour rappel, la mission principale de ce réseau est d’être au service des acteurs et de dynamiser le réseau local en faveur du renforcement et du développement d’actions EEDD sur le territoire, à travers notamment : la mutualisation des moyens et des compétences ; la diffusion des informations ; l’accompagnement des acteurs de terrain ; le développement de projets collectifs expérimentaux. Sa finalité est le changement des comportements et des pratiques favorisant la préservation de l’environnement et un développement local et global durable.

Les ateliers organisés durant les assises ont été riches en débats et échanges constructifs. Ce qui a conduit à la rédaction de 25 actions concrètes à mener sur cinq ans. Les participants ont pu en prendre connaissance et désigner celles qu’ils jugaient prioritaires. Cela a permis aussi aux acteurs de mieux se connaître et créer une dynamique commune et une cohésion qui sera bénéfique à l’évolution du réseau. Cependant, le fait marquant de ces assises est la décision unanime de transformer le réseau EEDD en une structure indépendante, qui ne sera plus portée par Mayotte Nature Environnement. Ce processus est déjà en cours et des réunions ont eu lieu pour déterminer le fonctionnement de la structure, afin qu’elle soit opérationnelle en 2023 avec ses propres locaux et son équipe.

Opération de recensement et ramassage d’ossements de tortues sur les plages de Petite-Terre

-

Le réseau échouage mahorais des mammifères marins et tortues marines assure la prévention, le suivi et la gestion des échouages de tortues marines et de mammifères marins à Mayotte. Depuis sa création en 2010, ce réseau a recensé plus de 600 tortues mortes en Petite-Terre (les causes de mortalité sont liées au braconnage dans 83% des cas en moyenne). Au fil des années, les ossements de tortues s’accumulent sur les plages, posant des problématiques sanitaires, sécuritaires et esthétiques vis-à-vis des usagers balnéaires. Pour limiter ces enjeux et faciliter les recensements ultérieurs de tortues mortes sur ces sites, une cinquantaine de membres du REMMAT se retrouveront la matinée du samedi 16 avril 2022 pour une opération de ramassage puis d’évacuation d’ossements de tortues sur les plages de Papani, Poudjou, Moya 1, Moya 2 et Titi Moya.

Organisée dans le cadre des rencontres du REMMAT qui ont pour objectif de fédérer les membres du réseau, cette opération permettra aussi de sensibiliser les décideurs et le grand public au braconnage, véritable menace pour les tortues marines à Mayotte. L’après-midi, ceux-ci participeront à des ateliers et mini-conférences pour améliorer leurs connaissances sur les tortues marines, sur les chiffres et sur les actions du REMMAT. Cette mobilisation du réseau échouage mahorais permettra d’améliorer la remontée d’alertes sur le territoire et de fluidifier les interventions sur des tortues en détresse ou mortes.

1.865 kg d’encombrants et 7.867 sacs de déchets ramassés par Nayma en mars

-

Nayma poursuit ses actions de nettoyage aux quatre coins de l’île. Du 7 au 18 mars dernier, une quarantaine de salariés de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou et de l’intercommunalité du Sud ont nettoyé la rivière de M’Tsamoudou, sur la commune de Bandrélé. Bilan du chantier : 2.185 sacs de 100 litres de déchets ramassés (dont 60 recyclables) et 330 kg d’encombrants en six jours.

Présente sur le site de la Vigie depuis décembre dernier, l’association environnementale mobilise 36 salariés en Petite-Terre où les déchets sont enfouis jusqu’à quatre mètres de profondeur. Sur le seul mois de mars, pas moins de 1.244 sacs de déchets, 185 kg d’encombrants et une dizaine de pneus ont été collectés.

Une opération similaire est également en cours du côté de la communauté de communes du Centre-Ouest. Les 24 nouveaux employés ont notamment enlevé 3.598 sacs de 100 litres de déchets (dont une vingtaine de recyclables), une vingtaine de pneus et une tonne d’encombrants sur les plages et les rivières de Sada.

Nouveauté le 21 mars avec le lancement de l’unité du Grand Nord. La vingtaine de salariés en insertion sont intervenus sur la zone prioritaire de la mangrove entre Majicavo Lamir et Majicavo Koropa. Ce site compte une majorité de déchets recyclables, drainés par la ravine qui longe la route nationale en direction de Bandrajou. Sur les trois premiers d’intervention, l’équipe y a ramassé 840 sacs de déchets ménagers et 350 kg d’encombrants métalliques.

Trois adolescents enlevés dimanche soir à Vahibé

-

La délinquance s’organise à Mayotte et les malfaiteurs usent désormais de techniques quasi jamais vues sur le territoire. Dimanche soir, aux alentours de 19h, un groupe d’adolescents jouait au football sur un terrain de Vahibé quand ils ont été attaqués par une vingtaine d’individus cagoulés et armés de machettes. La bande organisée a alors kidnappé jeunes, âgés de 13 à 15 ans, et les a emmenés dans la forêt située entre Vahibé et Passamaïnty.

Usant du téléphone de l’une des victimes, l’un des individus a appelé sa sœur pour indiquer aux familles qu’elle ne relâcherait les trois jeunes qu’en échange d’une rançon de 1.000 euros par tête. Les délinquants leur ont transmis des consignes bien particulière telles que « ne pas être plus de deux par voiture » ou encore « rouler avec tous les feux allumés » et leur ont signalé un endroit précis de la forêt pour la remise du butin sous peine de « couper la tête aux enfants ».

Entre temps, la police avait néanmoins déjà été alertée et plusieurs brigades se sont rendues sur le terrain pour retrouver les adolescents. Les policiers ont alors entendu un bruit de sonnette : un guetteur avait été placé pour avertir la bande. Cette dernière s’est finalement enfuie en abandonnant les trois adolescents sur place, en grave état de choc et blessés à coups de poing et de machette. Ils ont été immédiatement emmenés au centre hospitalier de Mayotte où aucune blessure grave n’a été constatée. Enlevés vers 19h, les adolescents ont été retrouvés vers minuit. Dans la débandade, l’un des malfaiteurs a laissé tomber son téléphone, ce qui va grandement faciliter le travail des enquêteurs.

Une métamorphose du quartier Cavani-Stade sous deux ans

-
metamorphose-quartier-cavani-stade-deux-ans
La présidente de la SIM, Zaounaki Saindou, et le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, ont posé ensemble la première pierre de ce projet.

Ce mardi matin s’est déroulée la pause de la première pierre des travaux du nouveau quartier de Cavani-Stade. Initié par la société immobilière de Mayotte (SIM), ce projet implique la construction de 12 bâtiments, dont 510 logements, mais aussi de bureaux et de galeries commerciales. Le tout dans le respect des normes écologiques en vigueur. D’ici 24 à 30 mois selon les estimations, c’est un quartier flambant neuf qui va naître pour les habitants de Cavani.

Propriétaire majoritaire des parcelles longeant les boulevards Marcel Henry et Younoussa Bamana (quartier dit « Cavani-Stade »), la société immobilière de Mayotte a décidé d’agir pour renouveler le visage de Mamoudzou. Elle a investi 120 millions d’euros dans un grand projet de réaménagement urbain qui comprendra 510 habitations neuves, dont la moitié de logements sociaux de plusieurs catégories, et 3.000 mètres carrés de commerces-bureaux-activités.

La cérémonie de la pose de la première pierre s’est déroulée ce mardi matin en présence des dirigeants de la SIM, d’Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou, mais également du sénateur Thani Mohamed Soihili et de la député Ramlati Ali qui, présents en ce moment sur le territoire, sont venus soutenir le projet. Ce dernier a été conçu dans le respect des normes environnementales, notamment sismiques sur lesquelles Mayotte ne peut désormais plus faire l’impasse au vu de la naissance du nouveau volcan sous-marin en 2018. De nombreux espaces verts ont également été intégrés afin de faire respirer le quartier de Cavani qui en manque cruellement.

Loger décemment les familles et créer de la mixité sociale

« En tant qu’opérateur reconnu dans le logement social et l’aménagement urbain, l’une de nos missions est de participer pleinement au développement économique et social de Mayotte », affirme Zaounaki Saindou, la présidente du conseil d’administration de la SIM, lors du discours qu’elle a prononcé avant la pose de la première pierre. Elle a en outre précisé que sa structure a l’intention de tripler le parc immobilier tous les dix ans et ainsi d’arriver à 1.400 logements dans ce quartier d’ici 2035. Pour le moment, 12 bâtiments sont déjà prévus. Pour arriver à ses fins, la SIM collabore avec l’État via la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL), avec la caisse des dépôts et des consignations et, bien entendu, avec les banques et les entreprises de BTP de l’île.

Pour sa part, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a estimé que ce projet « apporte un véritable optimisme pour Mayotte après ces deux années de crises sanitaires ». « Il y a bien trop de logements insalubres dans la commune. Ils sont dangereux en termes de santé et de sécurité. C’est donc une très bonne chose que la SIM se soit lancée dans la construction de ces logements qui vont permettre de loger dignement un grand nombre de familles mahoraises », a-t-il affirmé au cours de son allocution en révélant d’ailleurs qu’il a fait de la question du logement le « cheval de bataille » de sa mandature. En bref, les bidonvilles n’ont qu’à bien se tenir car ce projet a notamment pour ambition, à terme, de les éradiquer.

Un quartier où il fait bon vivre

La SIM a également pensé son projet de manière à ce qu’il fasse bon vivre dans ce futur quartier. Une galerie couverte longeant les bâtiments est notamment prévue sur ces deux boulevards qui offrira aux usagers une liberté de circulation au regard du contexte routier de la rue. Un jeu de jardinières sculptées est prévu pour mettre le piéton à distance des voitures et lui offrir un environnement esthétique et agréable. Les abords des bâtiments ont également été particulièrement bien soignés et conçus de manière à offrir aux habitants de réels lieux de vie, d’échange et de sociabilisation. En bref, ce projet promet de changer radicalement le visage de Cavani-stade d’ici les 24 à 30 mois à venir.

Pour une querelle de terrains à Koungou, un homme se retrouve avec le doigt arraché

-
querelle-terrains-koungou-homme-doigt-arrache
La victime, défendue par Maître Djaldi Zoubert, a perdu une phalange au cours de la dispute.

Un habitant de Koungou a été condamné, ce mardi, à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Il a été reconnu coupable d’avoir arraché, avec les dents, la phalange d’un propriétaire d’un terrain voisin avec qui il se battait, le 31 décembre 2021.

La présidente du tribunal, Liselotte Poizat, leur rappelle à plusieurs reprises. Les griefs entre les deux propriétaires de maisons à Koungou au sujet de la construction d’un mur, ça ne l’intéresse pas. Seuls les faits du vendredi 31 décembre 2021 valent à cette querelle de voisinage de se retrouver au tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi. Car, malgré l’intervention à plusieurs reprises de la police municipale, la haine que se voue les deux protagonistes n’avait jamais atteint un tel niveau.

En ce dernier jour de l’année 2021, un habitant de Koungou, âgé de 38 ans, voit deux ouvriers s’affairer chez son voisin. Il leur demande de s’arrêter et prévient de nouveau la police, qui ne peut pas faire grand-chose, tant que le propriétaire, qui habite Mamoudzou, n’est pas sur place. Le temps qu’il arrive, les policiers repartent, en signifiant qu’il faut les rappeler quand tout le monde est présent. À peine arrivé, le ton monte entre les deux voisins qui ne s’apprécient guère. Les insultes et les reproches fusent des deux côtés, jusqu’à même échanger des coups. “C’est lui qui vient me menacer. Il tape sur la main avec laquelle je tiens mon portable pour le faire tomber”, se défend le prévenu, qui exerce la profession de sapeur-pompier. Le beau-fils de la victime tente de séparer les deux hommes tandis que son fils s’implique davantage dans le règlement de compte selon le prévenu. “[Il] essayait de m’étrangler”, raconte-il. C’est au cours de la lutte que le majeur de la main gauche se retrouve dans la bouche du prévenu. Par réflexe, ce dernier mord la phalange jusqu’à l’arracher.

Seuls les membres des familles ont témoigné

Pour le fils de la victime, c’est clair, il a voulu simplement défendre son père âgé de 44 ans avec “l’intention de l’extraire”, avait-il dit lors de son audition par les gendarmes. “Son doigt était déjà coupé quand je suis arrivé.” Et c’est là le problème pour juger cette affaire. “Il n’y a que les membres des deux familles qui ont témoigné”, admet le substitut du procureur, Tarik Belamiri. Celui-ci requiert une peine de six mois de prison avec sursis envers le prévenu. Le sapeur-pompier tente en vain de dire au tribunal que c’est le fils lui-même qui a mordu son père. Mais dans sa première déclaration, le soir-même, il avait reconnu les faits. Maître Djaldi Zoubert, qui défend la victime, insiste sur le fait que son client souffre toujours des conséquences de la dispute. “Ce n’est toujours pas guéri », confirme dans ses réponses son client. “Je ne travaille plus du tout.” Le substitut du procureur, s’il requiert la culpabilité, n’oublie pas de préciser que « la violence est des deux côtés ».

Dans sa plaidoirie, côté prévenu, maître Abdel-Lattuf Ibrahim veut instiller le doute. “La vraie question est : Qui a sectionné la phalange du plaignant ?” demande-t-il. Il rappelle cependant que si le tribunal condamne son client, il souhaite que soit pris en compte “sa vie de famille avec sept enfants à nourrir”. N’ayant aucun antécédent avec la justice, l’homme de 38 ans ressort avec une peine de six mois de prison avec sursis et une amende de 3.000 euros à verser à la victime, en attendant une nouvelle audience sur les intérêts civils. Pour cela, une nouvelle expertise médicale doit déterminer le degré d’infirmité.

La pelouse synthétique du stade de Cavani bichonnée par deux agents de la société SEN

-
pelouse-synthetique-stade-cavani-bichonnee-agents-societe-sen

Consciente que les équipements se développent de plus en plus à Mayotte, la société spécialisée SEN a anticipé en se dotant d’une machine spécialement conçue pour l’entretien des sols sportifs de toute nature : la Caremax, fabriquée par SMG. Le dirigeant, Djadid Abdourraquib, a donc fait venir Philippe Christie, un formateur spécialisé, pour apprendre les secrets de son utilisation à deux agents de l’entreprise.

Ce mardi matin au stade de Cavani, deux agents de la société d’entretien des équipements sportifs SEN apprennent le maniement de la Caremax. Le tout sous le regard de leur patron Djadid Abdourraquib et sous les instructions de Philippe Christie, un formateur spécialisé missionné pour l’occasion depuis la métropole. Ici, c’est surtout l’entretien de la pelouse synthétique dont il est question, et qui nécessite de facto l’emploi de la fameuse Rolls-Royce.

pelouse-synthetique-stade-cavani-bichonnee-agents-societe-sen

Inédite sur le territoire, elle va assurer son bon état. « L’objectif est d’apprendre aux agents comment utiliser cette machine qui est assez complexe puisqu’elle possède plusieurs brosses destinées aux différents types de sols », explique Philippe Christie. Car oui, le nettoyage des sols obéit à plusieurs étapes : le nettoyage superficiel, le nettoyage profond et le décompactage dans le but d’entretenir les granulas de caoutchouc. Ces derniers garantissent le bon amortissement des sols sous les pieds des sportifs. « La pelouse doit rester bien droite, tant pour des raisons esthétiques que techniques », insiste le spécialiste.

Un stade occupé 12 heures par jour

Durant deux jours, les deux agents de SEN bénéficient d’une formation express. « Ce n’est pas évident pour eux car ils ont beaucoup d’informations à intégrer en peu de temps », confie le formateur. Mais le jeu en vaut la chandelle : « Le gazon synthétique ne demande ni arrosage ni engrais, son bilan carbone est donc plus avantageux. » Tout l’inverse du gazon naturel, défini comme moins écologique et surtout moins résistant. En effet, il ne supporte pas plus de 8 heures d’activités par semaine alors que le stade de Cavani voit déambuler des athlètes la moitié de la journée.

Désormais, « dans l’idéal, le nettoyage doit s’effectuer toutes les 50 heures de jeu », affirme Philippe Christie, conscient que cela ne sera pas forcément possible étant donné le contexte mahorais. En tout cas, il s’agit néanmoins d’un investissement important pour la société SEN puisque l’achat de la machine – transport inclus – lui a coûté près de 35 000 euros. Une belle avancée pour l’entretien des sols sportifs à Mayotte !

La mutinerie à la maison d’arrêt de Majicavo, les conséquences d’une surpopulation carcérale

-
mutinerie-maison-arret-majicavo-consequences-surpopulation-carcerale

Les délégués du personnel FO (Force Ouvrière) ainsi que des témoins ont rapporté un épisode de violence particulièrement intense dans le centre pénitentiaire de Majicavo ce dimanche. Plusieurs surveillants ont essuyé des jets de projectiles de la part d’un groupe de détenus. De quoi susciter l’indignation au sein de cette institution dépassée par la surpopulation carcérale.

« J’ai vu ma vie défiler devant mes yeux. » Malgré une dizaine d’année d’expérience dans le monde carcérale, Achim* n’avait jamais vu un tel déchaînement de violence. Dimanche dernier, l’homme a été témoin d’un affrontement particulièrement intense au sein du centre pénitentiaire de Majicavo. Tout commence vers 14h. « Un objet a été projeté dans une des cours de promenade du CDH (centre de détention des hommes) », introduit-il. Pas de quoi surprendre dans cette prison construite à flanc de colline depuis laquelle de nombreux colis sont catapultés.

Selon le protocole, des fouilles doivent être réalisées avant de raccompagner les détenus en cellule. Problème : « Trois ou quatre personnes ont manifesté leur refus. » Conscient que le risque d’émeute n’est jamais loin, une majeure partie des prisonniers en promenade est d’abord évacuée dans le calme. « Au final, il restait vingt personnes qui refusaient encore de retourner dans leur cellule. Les collègues se sont donc équipés pour intervenir. »

Face à l’équipe d’intervention de huit surveillants, Achim décrit des hommes « torse nu, prêts à partir en guerre ». « Ils avaient fabriqué des pieux avec des manches à balais jetés par les fenêtres des cellules alentour. Ça pouvait transpercer les gilets par balle. Ils ont également cassé une bordure en béton pour récupérer des palets et s’en servir de projectile. Un collègue s’en est pris un sur la jambe. Sans le casque, il aurait pu se faire casser la mâchoire. » Grâce à l’intervention de la gendarmerie, la situation se stabilise progressivement jusqu’à aboutir à un retour au calme vers 18h. Hormis des hématomes, aucun blessé n’a été signalé auprès du syndicat Force Ouvrière.

Surpopulation à risque

« Cela confirme ce que nous dénonçons depuis longtemps en termes de promiscuité et de montée de la violence. » Pour le délégué du personnel FO, Abdou Rahamane Souf, l’événement de ce dimanche fait échos à ses nombreux cris d’alerte, notamment en matière de surpopulation carcérale. Selon les chiffres communiqués par Force Ouvrière, 494 individus sont actuellement incarcérés dans cette prison initialement prévue pour en accueillir 278. Fort d’une surpopulation estimée à 156% de sa capacité, l’établissement confirme année après année sa sinistre réputation en termes de densité de population. Un an après sa construction, le contrôleur général des lieux de privation de liberté indiquait déjà dans un rapport de visite du 21 juin 2016 que le droit à l’encellulement individuel n’est pas respecté pour près de la moitié des personnes incarcérées. Depuis, cette dynamique se poursuit, entraînant avec elle son lot de violences. Début 2021, FO alertait déjà sur le risque d’affrontement que représente l’incarcération de jeunes issus de bandes rivales. Un sentiment qui se confirme aujourd’hui. « On fait en sorte que certains jeunes ne se croisent pas, mais c’est difficile », explique Salimou Assani, lui aussi délégué du personnel pour le compte de l’organisation syndicale.

Dans ce climat de tension, le bâtiment lui-même montre des signes de fatigue. En cause : la surpopulation. Encore. « Sa structure n’est pas faite pour accueillir autant de personnes. Cela génère des dysfonctionnements à plusieurs niveaux. Les systèmes d’évacuation des eaux usées sont saturés. Le personnel doit faire des rotations car l’odeur est insoutenable à certains endroits. Les chasses d’eau sont quotidiennement en panne. Les cuisines aussi. Ça va péter si on continue ainsi », s’insurge Salimou Assani. Une inquiétude revigorée par les événements du weekend qui font craindre une réaction de défiance de la part des détenus. Lesquels semblent conscients des limites du personnel pénitentiaire et de ses capacités d’action. « Nous devions placer les leaders de cette émeute en prévention, mais le quartier disciplinaire était déjà plein. Il fallait donc le vider, puis le remplacer par les nouveaux venus. Ceux qui étaient censés purger une peine disciplinaire sont donc retournés en détention normale en narguant les collègues. Il y a un sentiment d’impunité », regrette-t-il.

Un manque d’alternative

Face à la délinquance du département, sa précarité et ses propositions limitées en termes de structures socio-éducatives, Majicavo croule sous les délaissés du territoire. Si la récente annonce d’un nouveau centre pénitentiaire satisfait Salimou Assani, celui-ci insiste sur « l’urgence en cours ». Au coeur de son inquiétude : les détenus sans papiers qui constituent selon le syndicaliste « une majorité ». Tenue à l’écart du marché du travail et des formations, cette population est condamnée à une longue attente jusqu’à son expulsion dans un pays que certains n’ont parfois connu qu’à leur naissance. Une situation susceptible de créer des tensions, malgré des solutions envisageables. « Il y a un certain temps, je me rappelle que des exceptions étaient faites pour certains étrangers qui ont pu travailler en prison et constituer un capital. Ils sont rentrés aux Comores pour construire une boutique et ne sont plus jamais revenus. Aujourd’hui, on peine à diminuer la population en les répartissant entre La Réunion et la métropole. »

Surpopulation, manque d’alternatives, effectifs précaires… Le centre pénitentiaire accumule les dangers. Conséquence : le personnel semble aujourd’hui à bout. « On ne sait jamais à quoi s’attendre. On va au boulot l’esprit serein, mais en état d’alerte permanent », s’inquiète Abdou Rahamane Souf. Une exaspération partagée par son collègue Salimou Assani. « J’ai connu des collègues qui demandent un droit de retrait, mais cela n’est pas possible. Nous sommes régis par un statut spécial qui ne l’autorise pas. Il faut garder ces personnes toute la journée. Quand on voit ce qui peut se passer, on n’est pas serein. »

*Le prénom a été modifié

Du bonheur dans votre maison à Mayotte avec Bien chez soi

-
bonheur-maison-mayotte-bien-chez-soi

Au cœur du village de Sada, Sulimen Attoumani et ses associés ont ouvert samedi 26 mars leur boutique Bien chez soi. Le concept ? Un magasin qui propose du linge de maison, mais aussi de la vaisselle de qualité et design à un prix abordable pour tous les Mahorais.

“J’aime le beau et je pense que tout le monde mérite de se sentir bien chez soi”, sourit Sulimen Attoumani, assis à la caisse de sa boutique. Vaisselles, couverts, casseroles, poêles, mais aussi parures de lit, nappes ou encore plaids et peignoirs, Bien chez soi offre à sa clientèle un large choix d’accessoires pour la maison. “Je suis dans le commerce depuis 2015. Auparavant, j’assurais des prestations dans les mariages, mais avec la crise Covid il a fallu se réinventer”, explique le directeur général de l’entreprise. Avec ses associés, tous Sadois, ils constatent qu’il s’avère difficile sur l’île de se procurer des objets de qualité à un prix raisonnable pour décorer. “Nous avions tous l’idée de nous lancer dans les domaines de l’art de la table et du linge de maison. Nous avons alors fait le choix de nous associer et de créer Bien chez soi”, souligne l’ancien banquier.

Situé dans la rue du commerce en plein centre de la commune de Sada, le magasin qui a ouvert il y a trois jours seulement connaît un lancement sur les chapeaux de roues. “Il y a un réel engouement pour les produits que nous proposons. Nous avons communiqué avec nos proches et sur les réseaux sociaux et le bouche à oreille a fait le reste”, se réjouit le gérant de la boutique. Autour de lui, des pièces en stock limité trônent dans un showroom au style épuré et contemporain où le bruit des vagues vient caresser l’oreille des visiteurs.

Un service haut de gamme

“Nous nous déplaçons directement chez les fournisseurs pour sélectionner les produits que nous voulons vendre dans notre boutique”, détaille Sulimen Attoumani. Soucieux de vendre des articles de qualité et qui sortent de l’ordinaire, la petite équipe travaille de concert pour présenter à ses clients des pièces uniques à Mayotte. “Notre objectif n’est pas d’avoir de très grandes quantités et que tout le monde ait la même décoration chez soi, nous voulons proposer de l’originalité, des styles et des tarifs adaptés à chacun.” Lassés de devoir dépenser une fortune pour des objets de mauvaise facture, les commerçants veulent promouvoir un “service complet”. “Nous voulons que les gens ressortent de notre boutique avec le sourire, peu importe s’ils ont acheté ou pas”, affirme le propriétaire.

Dans quelques mois, un salon lounge devrait également voir le jour au rez-de-chaussée du bâtiment. Les pieds dans le sable, face à l’îlot de Sada, les clients pourront venir profiter d’une ambiance calme dans un cadre idyllique. En attendant, la petite boutique tend à se structurer et devrait recevoir d’ici peu sa toute nouvelle enseigne. De quoi mettre en avant le magasin qui recrute actuellement une vendeuse ou un vendeur. Alors envie d’être bien chez vous ou de rejoindre l’équipe de vente ? Rendez-vous Chez bien soi.

Murène, le nouvel intercepteur de l’unité nautique de la police aux frontières

-

Réceptionné ce mercredi 23 mars au port de Longoni et livré à l’unité nautique du service territorial de la police aux frontières de Mayotte, Murène est le nom du nouvel intercepteur des fonctionnaires de cette brigade. Ce navire nouvelle génération vient étoffer la flotte déjà constituée de quatre autres intercepteurs.

Il s’agit d’un bateau de marque française, long de 12 mètres et propulsé par deux moteurs de 300CV, ainsi qu’une capacité accrue en termes de réservoir, et doté de toutes dernières technologies, lui permettant une meilleure efficacité dans la lutte contre l’immigration clandestine. Deux techniciens envoyés par la société Sillinger, concepteur du bateau sont chargés de former les effectifs de la brigade nautique aux nouvelles spécificités de ce navire.

Un nourrisson d’un mois abandonné par ses parents chez le voisin

-

Ce samedi 26 mars 2022, un requérant, affolé, contactait la police nationale de Mayotte. Il relatait à l’opérateur radio du 17 police secours une histoire bien singulière. En effet, l’un de ses voisins lui avait confié son nourrisson, d’à peine un mois, après le départ précipité de la maman pour cause de séparation. Il expliquait avoir rappeler le père, quelque temps après, pour qu’il vienne récupérer son enfant. Tandis que ce dernier refusait, la mère, quant à elle, était injoignable.

Les enquêteurs de la police judiciaire se déplaçaient immédiatement sur place et récupéraient le bébé. Examiné au centre hospitalier de Mayotte, il paraissait ne pas avoir été maltraité et était confié à la cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP) en famille d’accueil. Les investigations menées sur place permettaient de localiser le logement insalubre dans lequel vivait la famille et d’identifier les parents.

Contactés et invités à se rendre au commissariat, ils se présentaient et étaient placés en garde à vue pour des faits de délaissement de mineur de moins de 15 ans. Entendus, ils auront à répondre des faits devant la justice.

Une semaine de mobilisation sur l’arrêt cardio-respiratoire

-

Pour sensibiliser le plus grand nombre, la préfecture, l’agence régionale de santé, le conseil départemental et la caisse de sécurité sociale de Mayotte, en collaboration avec l’association Sauv Life, organisent une semaine de mobilisation sur l’arrêt cardio-respiratoire du 28 mars au 1er avril. Une semaine citoyenne pour sensibiliser les Mahorais aux premiers secours, à l’utilisation d’un défibrillateur, et pour expliquer l’organisation de la chaîne de secours grâce à des animations, des ateliers de formation, des conférences-débats etc.

En 2018, le territoire recensait 310 personnes victimes d’arrêts cardio-respiratoires, dont un tiers seulement a pu bénéficier des gestes de premiers secours. La prise en charge de ces accidents est encore faible, compte tenu notamment de l’absence de formation aux gestes de premiers secours et du manque d’accès aux défibrillateurs automatique extérieur (Mayotte n’en compte que six déclarés et validés sur l’ensemble du territoire). Avoir les bons réflexes est crucial : le simple fait de composer le 15 ou le 18 permet d’avoir en ligne un professionnel qui pourra guider sur les gestes à réaliser dans l’attente de l’intervention des secours et augmenter les risques de survie de la victime.

Offrir la possibilité de se former, faire prendre conscience de cette nécessité et démontrer que c’est à la portée de tous, y compris des jeunes : là est tout l’enjeu de cette semaine de mobilisation durant laquelle de nombreux événements, rencontres et formations seront organisées pour sensibiliser la population mahoraise à ces enjeux. À noter tout particulièrement l’organisation de trois formations et démonstrations aux gestes de premiers secours : le jeudi 31 mars (de 9h30 à 11h30) au collège de Mgombani, le jeudi 31 mars (de 15h30 à 18h30) au sein de la galerie marchande de Jumbo (Grande-Terre) et le vendredi 1er avril (de 9h30 à 11h30) dans les locaux de la société EDM.

Un appel à contribution pour la 2ème édition du concours d’écriture « Nouvelles de l’île au lagon »

-

La délégation de Mayotte à Paris (DMP), service du conseil départemental, a mené la première édition – de novembre 2020 à octobre 2021 – du concours d’écriture intitulé « Nouvelles de l’île aux lagon ». Le dispositif s’inscrit dans une politique plus globale de la collectivité. La finalité de ce projet est de susciter des vocations et identifier des pépites en matière de littérature dans le milieu des étudiants mahorais. Cinq cagnottes étaient alors décernées aux cinq meilleures productions à l’occasion d’une animation en ligne de promotion de la littérature mahoraise sur les réseaux sociaux.

Cette année 2022, la délégation envisage de lancer la deuxième édition d’ici le mois de mai avec comme attente, l’augmentation du nombre de participants. Aussi, a-t-elle estimé judicieux de faire appel à ses « parrains », afin d’encourager les étudiants en multipliant, voire en diversifiant les prix grâce aux différentes contributions.

Attention au risque d’erreur sur les données relatives aux apprentis

-

Le 22 mars 2022, l’Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales a alerté les employeurs quant au risque d’erreur sur les données relatives aux apprentis dans leur déclaration sociale nominative. En effet, lorsque les entreprises emploient un apprenti, elles peuvent bénéficier d’une réduction générale de cotisations, à condition de bien remplir leur DSN. Toutefois, plusieurs anomalies sont régulièrement constatées lors de la déclaration des contrats d’apprentissage. Pour cela, Il est nécessaire que l’équilibre et la cohérence des données déclarées en DSN soient respectés afin d’assurer les droits sociaux des apprentis et sécuriser le respect des obligations. Il est donc important d’apporter une grande vigilance à la déclaration en DSN des données relatives aux apprentis. L’Urssaf donne un exemple de déclaration pour une entreprise de moins de 11 salariés et liste les erreurs communément commises par les employeurs (type d’exonération, montant de l’assiette, dispositif de politique publique déclaré…) sur ce lien https://www.urssaf.fr/portail/home/employeur/declarer-et-payer/comment/la-declaration-sociale-nominativ/les-points-de-vigilance-pour-reu/contrat-dapprentissage–fiabilis.html.

Une petite fille nommée Maria est née à bord du Maria Galanta Express

-

Dimanche, Djamila Oussene, une habitante de Mpage, a donné naissance à 18h15 à une petite fille nommée Maria, à bord du Maria Galanta Express, pendant le voyage entre Moroni et Mutsamudu. La jeune mère a été assistée lors de l’accouchement par Fatima Boina Mlindre, l’infirmière du navire, et plusieurs membres d’équipage. Sa prise en charge a pu être réalisée au sein du local infirmerie à bord. Tous ont fait preuve d’un sang-froid remarquable face à cet évènement aussi exceptionnel qu’inattendu.

Prévenus, les services de secours ont évacué la maman et le bébé à leur arrivée au Port de Mutsamudu. C’est la première fois qu’une naissance a lieu dans l’un des navires de la compagnie maritime, qui a souhaité participer au trousseau du nouveau-né, en remettant une enveloppe de 150.000 francs comoriens à la famille. Le commandant de l’embarcation, Youssouf Elmi, et le représentant local de la compagnie, Mohamed Jaffar, lui ont rendu visite ce lundi.

Une vingtaine de prisonniers se rebellent à Majicavo, la gendarmerie obligée d’intervenir

-
vingtaine-prisonniers-rebellent-majicavo-gendarmerie-obligee-intervenir

Alors qu’ils se trouvaient dans la cour, dimanche après-midi, des prisonniers ont refusé de réintégrer les locaux de la prison de Majicavo-Koropa, alors qu’un paquet a été lancé depuis l’extérieur. Pire, ils se sont armés de pierres en démontant un muret. La gendarmerie a dû intervenir pour rétablir l’ordre.

L’atterrissage d’un objet, au beau milieu de la cour, a mis la pagaille, dimanche en début d’après-midi, à la maison d’arrêt de Majicavo-Koropa.”Les agents pénitentiaires ont pris la bonne décision de faire rentrer les 31 prisonniers dans la cour à ce moment-là”, raconte Muriel Guégan, la directrice interrégionale des services pénitentiaires de l’Outre-mer. Une douzaine de détenus ont obtempéré, alors que les autres se sont concertés et ont refusé de revenir. “Il y a alors eu une phase de négociations”, continue la directrice, décrivant des individus “très déterminés”. De source interne, les réfractaires ont décidé de s’armer en démontant les pierres d’un muret. Ce qui a empêché les agents pénitentiaires d’aller les chercher.

vingtaine-prisonniers-rebellent-majicavo-gendarmerie-obligee-intervenir

La direction a alors prévenu la préfecture de Mayotte pour demander que les gendarmes interviennent, sous la supervision du procureur de la République. “C’est le protocole en Outre-mer”, indique Muriel Guégan. En lançant des fumigènes, la gendarmerie a délogé les fauteurs de troubles de la cour “sans difficultés majeures”. Au total, la mutinerie a duré plus de trois heures.

Quatre “provocations directes à un attroupement armé

“Ce [lundi] matin, l’établissement fonctionne normalement”, assure la directrice interrégionale. La cour a toutefois été condamnée tant que les dégâts sont encore visibles. Aucun paquet n’a été retrouvé durant les fouilles. Selon un surveillant, il pourrait contenir de la drogue consommée par les détenus avant l’intervention des gendarmes. Des sanctions ont été prises en interne avec des placements dans les cellules du quartier disciplinaire. Elles devraient se poursuivre au niveau judiciaire maintenant. Les prisonniers vont être auditionnés par le parquet de Mamoudzou. Plusieurs infractions ont été relevées, notamment pour des violences et des dégradations. Quatre des dix-neuf mis en cause, qui font figure de leaders, vont devoir répondre de “provocation directe à un attroupement armé”. Des comparutions immédiates interviendront ensuite.

L’état des écoles primaires de Dembéni provoque la colère des parents et des enseignants

-
etat-ecoles-primaires-dembeni-provoque-colere-parents-enseignants
À Tsararano ce lundi matin, les enseignants ont exercé leur droit de retrait pour protester contre l’état des locaux.

Deux écoles de la commune de Dembéni étaient fermées ce lundi matin. À l’école T7 de Tsararano, les enseignants ont exercé leur droit de retrait tandis qu’à Iloni, ce sont les parents eux-mêmes qui ont bloqué l’école. Le tout sensiblement pour les mêmes raisons : l’état de vétusté des locaux ainsi que leurs manques d’hygiène et de sécurité ne permettant pas aux élèves et aux professeurs de travailler dans de bonnes conditions.

Lundi matin dès 7h, un groupe de parents d’élèves campe devant l’école primaire d’Iloni. Les deux portails cadenassés et enchaînés empêchent quiconque d’y entrer. Leurs raisons ? Protester contre l’état de délabrement des locaux de l’école qui n’a même pas l’électricité. « Par temps de pluie, nos enfants n’arrivent même pas à voir ce qui est écrit au tableau ou dans leurs livres », explique Halim, le papa de deux petits scolarisés dans cet établissement. « Nous avions déjà alerté la mairie à ce sujet avant les vacances de mars, mais malgré les promesses, rien n’a été fait alors ça suffit ! » D’autant plus qu’à ce problème d’électricité viennent s’ajouter des soucis de sécurité. L’un des murs barrant l’accès de l’école s’est effondré, facilitant ainsi les intrusions. « La dernière fois, un délinquant a pénétré dans l’enceinte et a poursuivi l’un des enfants. Heureusement que le directeur s’en est aperçu et a pu lui porter secours », raconte encore Halim. Par ailleurs, cet effondrement a pour conséquence que les barbelés, censés éviter justement ces déconvenues, se trouvent désormais au sol, risquant de blesser les enfants.

etat-ecoles-primaires-dembeni-provoque-colere-parents-enseignants
Les parents d’élèves de l’école d’Iloni ont posé une lourde chaîne sur le portail de l’école pour empêcher
quiconque d’y entrer.

L’hygiène dans les toilettes, régulièrement inondées, est également problématique et l’école ne bénéficie même pas de photocopieur pour permettre aux professeurs de travailler correctement. Les parents pointent aussi du doigt le manque de sûreté aux abords de l’école. « La route est dangereuse, il faudrait que la mairie mette des agents pour garantir la sécurité de nos enfants », poursuit Halim. Toujours à Dembéni, l’école de Tsararano souffre peu ou prou des mêmes problématiques, d’où le droit de retrait de ses enseignants ce lundi. Toutefois, le directeur ne peut s’exprimer plus largement sur ce sujet polémique, faute d’autorisation de la part de sa hiérarchie.

Quelques réponses apportées aux parents

Face à cette grogne, Moudjibou Saïdi, le maire de la commune, décide de se rendre dans la matinée à l’école d’Iloni pour tenter de calmer les esprits des parents contestataires. « Il va engager les travaux électriques dès ce mardi et fournir un photocopieur », relate le porte-parole. Autre promesse : l’installation dans les plus brefs délais des nouveaux sanitaires déjà réceptionnés. En revanche, aucune annonce relative aux problèmes sécuritaires ! Les parents restent donc sur le qui-vive. « Nous lui laissons jusqu’à la fin de la semaine pour trouver une solution, sinon nous recommencerons nos opérations de blocage », indique Halim.

etat-ecoles-primaires-dembeni-provoque-colere-parents-enseignants
L’un des murs extérieurs de l’école d’Iloni s’est effondré depuis longtemps, menaçant la sécurité des enfants.

Si l’état des locaux des écoles du premier degré est une compétence qui relève de la commune, le recteur Gilles Halbout accorde son soutien aux enseignants de Tsararano, qui exigent des conditions de travail dignes. « Je suis solidaire de leur cause, mais pas de leur façon de faire. Je condamne en effet la fermeture des écoles en l’absence de danger imminent », déclare-t-il. Il confie en outre qu’une partie des fonds européens pouvait être transférée aux collectivités pour réaliser des travaux dans les établissements scolaires, mais que très peu de mairies en avaient fait la demande. « C’est déplorable, car nous allons devoir rendre cet argent à l’Europe », regrette Gilles Halbout, tout en précisant par la même occasion que Dembéni fait partie des bons élèves dans ce domaine. « Le dossier a enfin été remonté, mais à cause des nombreux changements de personnels et autres tracas administratifs, cela a pris beaucoup de temps », précise le responsable de l’académie. Une manne financière qui pourrait permettre d’atténuer les tensions dans un avenir plus ou moins proche.

“Si j’avais le film sur mon téléphone, je voudrais le revoir tous les jours”

-
si-javais-le-film-sur-mon-telephone-je-voudrais-le-revoir-tous-les-jours
Jeune acteur de "Tropique de la violence", Fazal Bacar-Moilim est actuellement au RSMA de Combani.

Tourné à Mayotte, “Tropique de la violence” est arrivé sur les écrans de métropole, la semaine dernière. Un événement important pour Fazal Bacar-Moilim à qui le réalisateur Manuel Shapira a confié le rôle important de Bruce, le caïd. Rencontre avec le jeune homme de 20 ans, aujourd’hui au régiment du service militaire adapté (RSMA) à Combani.

À travers l’écran, il joue Bruce, un garçon plein d’assurance, autoritaire et manipulateur. Un méchant qui prend un malin plaisir à entraîner Moïse, le personnage principal de “Tropique de la violence”, dans le milieu difficile des bandes de Kawéni. Dans la vraie vie, Fazal Bacar-Moilim est davantage un jeune timide de 20 ans, encore hésitant face aux questions. “C’est un faux timide, prévient toutefois Chakri, son ami, lui aussi acteur dans l’adaptation du livre de Natacha Appanah, projetée dorénavant en métropole. Il n’a pas l’habitude de parler avec des étrangers. Il ne se comporte pas comme ça avec ses copains. Il est même plutôt rigolo.”

si-javais-le-film-sur-mon-telephone-je-voudrais-le-revoir-tous-les-jours
L’acteur joue Bruce, le caïd qui accueille le jeune Moïse dans sa bande de Kawéni.

Confirmant l’analyse de son copain, Fazal a beau répondre “rien du tout” quand on lui demande ce qui a changé dans sa vie avec ce film, il ne cesse d’esquisser un sourire quand on en parle. Faire un film, il ne l’avait jamais imaginé avant de rencontrer le réalisateur Manuel Shapira alors qu’il traînait à Kawéni, là où il vit toujours avec sa mère. “Je me suis dit que ça serait bien de le faire. C’est quand même le premier film fait à Mayotte”, se souvient-il. Épaté par la façon dont il a joué pendant les essais au lycée des Lumières, Manuel Shapira lui a confié le rôle du chef de bande. Le comédien Dali Benssalah, qui sortait pourtant du tournage du dernier James Bond, s’est dit aussi “bluffé” par le garçon. Un compliment qui arrache à nouveau un sourire à ce dernier.

“Ça me rappelle quand on faisait du business”

Avec sa voix grave, son vécu, son accent marqué et hésitant, Fazal s’est approprié facilement son personnage. La drogue, les vols, les bandes, il a connu ça lui-même. “Il y a des scènes qui me rappellent quand on faisait du business”, admet-il. Le tournage à Mayotte et à La Réunion n’a pas été pourtant une colonie de vacances avec ses copains. Il a dû apprendre son texte, des répliques souvent beaucoup plus longues eu égard de l’importance de son personnage. Une vraie difficulté pour celui qui a arrêté l’école en cinquième sans savoir lire et écrire. Alors que le réalisateur lui a proposé le rôle de Bruce, le garçon avait alors demandé à pouvoir apprendre le temps du tournage.

si-javais-le-film-sur-mon-telephone-je-voudrais-le-revoir-tous-les-jours
Fazal partage l’affiche avec Dali Benssalah, l’un des méchants du dernier James Bond.

Pudique, cette aventure l’a beaucoup marquée. Il voit d’ailleurs ou discute souvent avec les autres acteurs du film. “On est resté amis. Ça m’a permis de connaître de nouvelles personnes, les producteurs, les acteurs, des gens de métropole, de La Réunion”, fait-il remarquer. Le résultat de son travail aussi, il en est très fier. Même après avoir vu plusieurs avant-premières, il ne s’est pas lassé et attend la première occasion pour se le repasser. “Si j’avais le film sur mon téléphone, je le regarderais tous les jours’, explique-t-il.

Un nouveau statut dans son quartier

Et chez lui, à Kawéni, il a vu la différence avec le regard que lui portent les autres. En effet, l’équipe du film avait organisé une séance en plein air dans son village, le vendredi 4 février. Sa famille, ses amis ont pu voir ce dont il parlait depuis un an et demi. “Depuis, les gens me demandent des photos”, raconte-il, sourire aux lèvres. “Dès qu’on me reconnaît dans la rue, on me dit : “ça va la star ?””

Aujourd’hui au régiment du service militaire du service adapté (RSMA) de Combani, le jeune homme vient de commencer une formation de maçon-carreleur, qu’il doit terminer en fin d’année. Une autre vie bien cadrée et loin de la rue, mais aussi loin des plateaux de cinéma. Pourtant, si on lui proposait, “j’en referais”, assure-t-il, avant de reprendre le chemin de la caserne.

Philippe Martinez : « Nous sommes toujours dans un département de la République qui n’a pas les mêmes lois que les autres »

-
philippe-martinez-departement-republique-pas-memes-lois-autres

Arrivé dimanche 27 mars à Dzaoudzi, le secrétaire général de la confédération générale du travail profite de son déplacement de deux jours à Mayotte pour rencontrer les travailleurs et les institutions de l’île. En poste depuis sept ans, le syndicaliste s’était déjà rendu dans le 101ème département français en 2018.

Flash Infos : Quel est l’objectif de votre venue à Mayotte ?

Philippe Martinez : Je suis venue sur l’île il y a trois ans et demi, aujourd’hui je me rends à nouveau dans ce territoire afin de voir les évolutions et me rendre compte par moi-même de la situation. Ce qui pour moi est tout naturel pour un syndicaliste qui s’intéresse à ceux qui travaillent.

FI : Comme vous l’avez rappelé, vous êtes venus rencontrer les travailleurs mahorais il y a un peu plus de trois ans, quels constats pouvez-vous faire aujourd’hui ? Qu’est-ce qui a changé ?

P.M. : Je n’ai noté pratiquement aucune avancée. Il y a toujours autant de discriminations à Mayotte. Que ce soit en termes de droit social, de salaire ou encore concernant les retraites. Nous sommes toujours dans un département de la République qui n’a pas les mêmes lois que les autres. La principale avancée que nous pouvons souligner concerne la mise en place du conseil des prud’hommes en début d’année, mais qui a encore quelques difficultés à se mettre en place.

philippe-martinez-departement-republique-pas-memes-lois-autres

FI : Vous avez rencontré ce lundi le préfet de Mayotte, délégué du gouvernement, Thierry Suquet. Quelle a été la teneur de vos échanges ?

P.M. : Mon entretien avec Thierry Suquet a été l’occasion de réaffirmer certaines choses, notamment le fait que nous n’avons pas besoin d’une loi Mayotte pour réaffirmer le code du travail sur le territoire. Une loi qui traite des problématiques locales a un sens, en revanche le droit devrait s’appliquer dans le 101ème département français comme partout ailleurs et avec lui les conventions collectives ou encore le montant du salaire minimum. Nous avons eu un débat très intéressant.

FI : Alors que nous sommes en pleine période électorale, votre venue a-t-elle un lien avec le calendrier présidentiel ?

P.M. : Ma présence à Mayotte n’a rien à voir avec les élections. Des rencontres avec les différents syndicats ont lieu régulièrement à Paris. Nous sommes en lien constant avec les représentants de la CGT au niveau local afin de porter leur voix. Plus nous nous voyons, plus nous progressons. Comme les départements d’Outre-mer sont très loins, parfois ceux qui nous gouvernent les oublient et nous devons faire remonter les problèmes jusqu’à la capitale.

FI : Globalement, vous tirez un bilan assez pessimiste de votre visite au sein du 101ème département, qu’espérez-vous pour l’avenir des travailleurs mahorais ?

 P.M. : J’espère que les choses vont bouger et que les conventions collectives vont pouvoir être appliquées comme elles devraient déjà l’être. J’ai rencontré un échantillon représentatif de travailleurs : dans l’éducation, la santé, à la prison, au conseil départemental, au port de Longoni, mais aussi dans le privé. Les mêmes problèmes liés aux salaires, aux retraites et à une forme d’autoritarisme patronal dans le privé reviennent toujours. J’ai eu des échanges très intéressants avec mes interlocuteurs qui montrent la réalité du monde du travail ici.

Retour sur terre pour les nageurs de l’hippocampe tour

-

Les athlètes de l’hippocampe tour ont terminé leur épopée aquatique dimanche 27 mars. Partis de la plage de N’Gouja le 25 mars à 17h15, les sportifs ont relié ce même rivage deux jours plus tard à 14h30 après pas moins de 127 km autour de l’île. Dans un lagon pas toujours turquoise ce week-end, les quatre nageurs, trois femmes et un homme, ont marqué l’histoire du territoire en étant les premiers à se lancer dans une telle aventure. Pour que le rêve devienne réalité, ils ont été accompagnés et soutenus par trois kayakistes, quatre logisticiens et des équipages du service départemental d’incendie et de secours mais aussi de la société nationale de sauvetage en mer. Une belle mise en valeur pour le lagon et la nage en eau libre, qui continuera à couler des jours heureux à Mayotte.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes