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Une équipe de sept sportifs du collège de Koungou qualifiés pour le championnat de France

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Qualifiée pour le championnat de France d’UNSS, une équipe de sept jeunes du collège de Koungou doit se rendre en métropole fin juin pour disputer des épreuves d’athlétisme et de handball. Si l’union nationale du sport scolaire prend en charge le déplacement, les enseignants récoltent des fonds pour offrir une tenue digne de ce nom aux sportifs.

C’est une belle aventure qui attend Bichara, Mayra, Warithou, Echat, Bahédja, Ben-Nayoune et Nasri ! Élèves de 6ème et de 5ème au collège de Koungou, ils doivent s’envoler le 19 juin prochain pour participer au championnat de France de l’union nationale du sport scolaire qui se déroule à Montargis. Une expérience « inattendue », comme le souligne Nina, l’une des deux accompagnatrices.

Tout remonte au mois de février avec la phase de repérage des jeunes sportifs organisée par les professeurs d’éducation physique et sportive (EPS). S’ensuit la constitution de l’équipe de sept jeunes et le début des entraînements réguliers sous la houlette de Yann, puis la rencontre district nord le 23 mars avec des épreuves d’athlétisme (50 mètres, saut en longueur, lancer de vortex) et de handball (match en 4 contre 4 mixte pour promouvoir l’égalité homme-femme) au cours de laquelle, elle glane son billet pour le championnat académique du 6 avril. Deuxième derrière Tsimkoura avec 271 points, la bande de copains obtient finalement sa qualification nationale à la suite d’une demande de repêchage. « Ils avaient été annoncés vainqueurs dans un premier temps à cause d’une erreur informatique. »

Objectif : récolter 2.000 euros minimum

Reste à préparer le grand voyage vers la métropole. Si l’UNSS prend en charge le déplacement, l’hébergement et les repas durant les quatre jours de compétition, Nina et Yann souhaitent récupérer des fonds pour financer les à-côtés et surtout offrir aux adolescents âgés de 12 et 13 ans « une tenue sportive complète » digne de ce nom. « Nous toquons à toutes les portes ! Des personnes qui ne nous connaissaient pas nous ont aidés à divulguer l’information [publiée sur les réseaux sociaux vendredi dernier, ndlr.]. Pour le moment, nous avons eu un retour d’un donateur anonyme », dévoile l’enseignante. L’objectif de cette bouteille à la mer lancée auprès du grand public et des entreprises mahoraises ? Recueillir au minimum 2.000 euros.

En attendant, à un peu plus d’un mois du départ, tous se mettent à rêver de ramener la coupe à la maison ! À commencer par leurs deux entraîneurs. « Je ne vous cache pas que ce serait super de remporter le championnat de France », glisse Yann, fier des progrès réalisés en handball au cours des dernières semaines. « Leurs performances en athlétisme sont très bonnes, mais il va falloir que la préparation mentale soit au rendez-vous », poursuit Nina. L’autre inconnue repose sur les infrastructures. « Cela se passera sur une piste en dur et dans une salle, pas sur la plage, ce qui est spécifique chez nous… »

Dans tous les cas, quel que soit le résultat, Bichara, Mayra, Warithou, Echat, Bahédja, Ben-Nayoune et Nasri s’apprêtent à vivre une semaine des plus stimulantes. « Nous espérons que des recruteurs seront là pour superviser nos élèves. Ce serait une chance pour eux », conclut Nina, impatiente de voir ses sportifs en devenir faire briller Mayotte aux yeux de tous !

Les Mahorais ont célébré l’aïd-el-fitr ce mardi

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A l’occasion de l’aïd-el-fitr, certains fidèles vont se recueillir sur la tombe de leurs proches.

L’aïd-el-fitr (=la fête de la rupture en arabe) s’est déroulée ce mardi 3 mai à Mayotte. Marquant la fin du ramadan, cette fête est l’occasion pour les musulmans de se réunir en famille et de faire des activités avec les enfants. Cette année, certaines MJC de la ville de Mamoudzou ont même organisé de petites kermesses pour donner l’occasion aux enfants de s’amuser entre amis.

« Cette année, l’aïd est plutôt calme car les gens ont un peu « perdu la main » à cause de la crise sanitaire », révèle Yssouf, un croyant d’un certain âge venu discuter avec un ami devant la grande mosquée du vendredi à M’Tsapéré. Les fidèles n’ont évidemment pas manqué la grande prière du matin, marquant la fin officielle du ramadan. Mais il est vrai que ce mardi, les rues de Mamoudzou étaient plutôt calmes, la fête se déroulant essentiellement en famille à l’intérieur des maisons. Après la prière, les fidèles se réunissent pour manger vêtus de leurs plus beaux atours. « L’aïd-el-fitr est l’occasion d’acheter de nouveaux vêtements aux enfants et de refaire la décoration des maisons », précise Yssouf. D’ailleurs, le week-end dernier et le lundi précédant la fête, les magasins ont été pris d’assaut ! Les habitants de l’île aux parfums ne lésinent pas sur les dépenses pour cette fête particulièrement importante dans la religion musulmane !

Après le repas en famille, place aux sorties ! Les MJC de M’Gombani et de Kaweni ont organisé de petites kermesses sur leur parvis pour amuser les enfants. Châteaux gonflables et autres activités ludiques ont fait leur bonheur, accordant ainsi un peu de répit aux mamans, déjà bien fatiguées par les préparatifs des gâteaux, samoussas et autres mets de fête dont elles ont régalé leurs familles. Le mardi soir, pour conclure cette journée de festivité, plusieurs concerts ont été organisés dans les rues et dans les MJC.

La médaille de l’engagement ultramarin pour le délégué de Mayotte à Paris

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Dernière née des distinctions honorifiques spécifiques aux Outre-Mer, la médaille de l’engagement ultramarin a vocation à distinguer celles et ceux qui servent au quotidien ces territoires. La promotion ministérielle du 22 mars inclut tout particulièrement le délégué de Mayotte à Paris Mohamed Zoubert. Le président du conseil départemental Ben Issa Ousseni salue cette « belle distinction qui récompense un engagement multiforme au service de l’attractivité du territoire et de la communauté mahoraise de métropole. À travers cette distinction, c’est aussi le Département de Mayotte (dont la délégation parisienne est un service emblématique) se trouve salué et reconnu ».

Course de pneus : les sélections se déroulent du 2 au 12 mai

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Durant les vacances scolaires de mai, la ville de Mamoudzou organise les sélections communales de la Course de pneus du 2 au 13 mai 2022 de 9h à 12h, sur les différentes infrastructures sportives de la commune : du 2 au 4 mai sur le parvis de MJC de Mgombani et sur le terrain de foot de Kawéni, du 5 au 9 mai au plateau de Doujani et sur le terrain de foot du Baobab, du 10 au 12 mai sur les terrains de foot de Vahibé, Passamaïnty et Tsoundzou. Les lauréats des sélections auront l’honneur de participer à la grande Course de pneus qui aura lieu en juin prochain. Pour participer, rendez-vous directement sur place pour vous inscrire. Vous pouvez également venir en vous munissant du dossier d’inscription disponible sur https://bit.ly/3EYFJny.

Un jumelage entre Mamoudzou et deux villes togolaises

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La convention de jumelage entre la ville de Mamoudzou et les villes togolaises d’Agoe-Nyeve 2 et de Kloto 1 a été signée ce jeudi 28 avril par le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, et les maires d’Agoe-Nyeve 2 et de Kloto 1, Djabakou Koffi Bolor et Winny Dogbatse, en présence de son excellence le ministre d’État, Payadowa Boukpessi, de son excellence le ministre délégué chargé de développement des territoires, Edjeba Essomanam, et du premier conseiller de l’ambassade de France au Togo.

En se jumelant avec des villes étrangères, Mamoudzou s’ouvre à l’international et dynamise ses perspectives de développement. Cette convention permettra notamment la création d’échanges sportifs, scolaires ou culturels, favorisant l’excellence pour la jeunesse de Mamoudzou au-delà de ses frontières communales.

Voitures d’élus incendiés à Ouangani : deux mis en cause incarcérés

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Le 28 septembre 2021, le 14 octobre 2021 et le 16 octobre 2021, trois véhicules sont détruits par le feu. En égard aux constatations et à la nature des victimes qui ont tous un lien avec la municipalité de Ouangani, le maire lui-même étant concerné, l’hypothèse d’une origine criminelle des faits est rapidement privilégiée et l’enquête est confiée à la section de recherche (SR) de Mamoudzou.

Entamée en flagrant délit, l’enquête a été poursuivie sous la forme d’une commission rogatoire et a permis, en l’absence de témoignage, de mettre en œuvre des investigations hautement techniques et d’identifier le commanditaire ainsi que l’incendiaire. Ils sont tous les deux incarcérés à la maison d’arrêt de Majicavo dans l’attente de leur jugement prochain en audience correctionnelle au tribunal de Mamoudzou.

Dix jeunes ambassadeurs de Mayotte en voyage à Bruxelles, Strasbourg et Paris

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En 2020, le concours « Deviens ambassadeur de Mayotte » était lancé pour sélectionner des jeunes ambassadeurs, scolarisés de la 3ème à la terminale ou en cursus universitaire afin de représenter le territoire lors d’un voyage en Europe et aussi pour témoigner de cette expérience à leur retour.

180 jeunes mahorais y ont participé et 21 lauréats ont été distingués au terme de multiples épreuves. Du fait de la crise covid en 2021, le voyage a dû être reporté… Ils se sont finalement envolés le samedi 30 avril dans le but de découvrir Bruxelles, Strasbourg et Paris.

À Bruxelles, ils se rendront au Conseil européen, à la maison de l’histoire européenne ainsi qu’à la Commission européenne. À Strasbourg, ils prendront part à une séance plénière du Parlement européen et rencontreront Marie Fontanel, ambassadrice de France auprès du Conseil de l’Europe. L’histoire de l’Europe sera aussi abordée, avec la visite de deux mémoriaux illustrant les fractures des Première et Seconde Guerres mondiales : le mémorial d’Alsace-Moselle et celui du Struthof-Natzwiller. La dernière étape du voyage les conduira à Paris, où ils pourront célébrer la journée de l’Europe sur le parvis de l’Hôtel de ville, organisée par la maison de l’Europe et la mairie. Ils assisteront également à une pièce de théâtre intitulée « Nous l’Europe, banquet des peuples ».

Les aventures des ambassadeurs peuvent être suivies sur la page Facebook dédiée « Deviens ambassadeur de Mayotte » jusqu’au 10 mai. Ce voyage se déroule dans le cadre de la programmation du Joli mois de l’Europe et est labellisé comme un événement organisé dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne.

Fermeture de la route départementale 1 entre le carrefour de Soulou et le rond-point de Tsingoni

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L’affaissement de chaussée sur un secteur de la route départementale 1 situé entre les PR 12+600 à 12+800 (entre le carrefour de Soulou et le rond-point de Tsingoni) fait l’objet depuis le jeudi 28 avril de mesures renforcées de suivi, accompagnées de restrictions de circulation dont l’objectif est de garantir la sécurité des usagers.

Selon les premiers éléments d’analyse du phénomène, remis par le bureau de recherche géologique et minière (BRGM), l’évolution rapide des désordres pouvait être amplifiée par les épisodes pluvieux des derniers jours, pouvant accentuer le risque de glissement de terrain déjà constaté.

Suivant les préconisations du bureau d’étude, la RD1 doit être interdite à la circulation de tous les véhicules jusqu’au jeudi 5 mai 5h30 afin d’assurer la sécurité des usagers de la route, la conservation du domaine public routier départemental et de mener les investigations nécessaires à la compréhension du phénomène et aux mesures qui peuvent être envisagées. La déviation mise en place est maintenue et renforcée conformément au plan de gestion du trafic de Mayotte. La déviation emprunte l’itinéraire alternatif passant par les RD2, RN1, RN2 et RD3.

Augmentation du SMIC à Mayotte depuis le 1er mai

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Conformément à l’arrêté du ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion du 19 avril 2022 relatif au relèvement du salaire minimum de croissance (SMIC), à partir du 1er mai 2022, le montant du SMIC horaire brut à Mayotte a été revalorisé à 8.19 euros, soit 1.242,15 euros brut mensuels sur la base de la durée légale de 35 heures hebdomadaire. Cela correspond à une augmentation de 2.65%.

Depuis le 1er janvier 2015, la revalorisation du SMIC à Mayotte est indexée sur le seul taux d’évolution du SMIC national. Le SMIC est un salaire horaire en dessous duquel il est interdit de rémunérer un salarié et ce quelle que soit la forme de sa rémunération (au temps, au rendement, à la tâche, à la pièce, à la commission ou au pourboire).

Estelle Youssouffa : « Pour être audible à Paris, Mayotte doit parler d’une seule voix ! »

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Connue pour son activisme social et ses « prises de bec » avec les autorités lors de certaines manifestations, y compris la visite officielle d’Emmanuel Macron à Mayotte, Estelle Youssouffa a été désignée par les membres de son collectif pour briguer le fauteuil de député de la circonscription du Nord de Mayotte. L’ancienne journaliste d’Al Jazeera, devenue depuis consultante, dévoile ses priorités et sa stratégie de combat dans l’éventualité où elle serait choisie par les électeurs mahorais, les 12 et 19 juins prochains.

Flash Infos : Qu’est-ce qui a motivé votre candidature à la députation dans la première circonscription de Mayotte ?

Estelle Youssouffa : Ce qui a motivé ma candidature à la députation, c’est de voir que depuis le mouvement de 2018, à chacune de nos revendications et nos prises de parole dans l’espace public, la préfecture comme les élus locaux nous ont dit que nous n’étions pas légitimes, et que je n’étais pas légitime comme présidente du collectif des citoyens de Mayotte, à essayer de peser sur la discussion publique parce que je n’étais pas élue. Depuis 2018, on a vu la situation qui a empiré à Mayotte, aucune des promesses faites par le gouvernement n’a été tenue, aucune des revendications que toute la population a porté n’a abouti. Comme il n’y a pas eu de politiques pour prendre le relais de notre combat, nous avons décidé d’y aller nous-mêmes. J’essaie donc d’aller à l’Assemblée nationale pour porter nos combats à Paris.

FI : Vous faisiez allusion au procès que le collectif a fait aux services de l’Etat à Mayotte durant la crise du Covid-19, comme une autre raison de votre candidature ?

E.Y. : Effectivement, une des motivations à la candidature, c’est aussi le traitement de Mayotte pendant la crise sanitaire. Il a fallu que notre collectif aille au conseil d’Etat pour que le protocole national de lutte contre le Covid-19 s’applique au CHM qui était le principal cluster de Mayotte et pour protéger les services funéraires de Mayotte qui étaient très exposés au virus. Et nous avons constaté que l’Agence régionale de santé (ARS) et la préfecture ont bloqué les 4,2 tonnes d’aide humanitaire mobilisées par le collectif. Et puis, quand en juillet, il y a eu le Ségur de la Santé et Mayotte a eu la plus petite enveloppe d’aide nationale alors qu’on a été diagnostiqué « désert médical » par le défenseur des droits avant même la pandémie. On a constaté que 90 % des 67 millions d’euros qui ont été alloués à Mayotte ont été affectés à la santé périnatale alors que l’on dispose de seulement onze lits de réanimation pour notre île. Lors de la pandémie, on a subi dans notre chair tout l’échec de la politique « d’evasan », qui est la politique sanitaire mise en place par Dominique Voynet [N.D.L.R. l’ex-directrice de l’ARS].

FI : Si vous êtes prochainement élue députée de Mayotte, qu’est-ce qui vous fait penser que vous réussirez à faire bouger les lignes ?

E.Y. : Je pense que de par notre activisme depuis 2018, j’ai déjà fait bouger les lignes et que je gêne considérablement parce que j’ai les réseaux, parce que j’ai la compréhension des enjeux qui sont à l’œuvre à Mayotte, parce que j’ai aussi l’ambition et l’amour de mon île au cœur de mon engagement, que je n’ai pas les conflits d’intérêts qu’ont certains…c’est tout cela qui ferait que je serais une député différente si je suis élue. Parce que ce mandat serait également un vote de confiance de la population contre le harcèlement de l’Etat dont je suis l’objet. Je me présente sans étiquette pour pouvoir travailler avec tout le monde et aller à Paris dans un esprit de négociation permanente pour faire avancer les dossiers qui sont très concrets pour les Mahoraises et les Mahorais surtout dans la première circonscription. Je parle de la piste longue, d’un pont à Dzoumogné, de la production d’eau potable, l’adduction d’eau et l’assainissement… Nous à Mayotte, nous avons des défis qui sont très concrets qui ne sont pas du tout l’abstraction, qui ne sont pas conceptuels. Les investissements n’ont pas besoin d’être colossaux mais on doit faire avancer la machine étatique pour obtenir les fonds nécessaires à Mayotte. C’est à dire, que l’on doit cesser de trouver des excuses à l’Etat quand il ne répond pas à ses obligations, ses devoirs envers les Mahoraises et les Mahorais.

FI : Dans la suite de ce que vous venez développer, la population a l’impression qu’il n’y a pas assez de moyens financiers mis à la disposition de l’île pour assurer son développement, or à entendre les gouvernants, il existerait bien des fonds importants alloués à Mayotte, mais que ce seraient les autorités locales qui n’arriveraient pas à les consommer.

E.Y. : Avant de débattre de ce que font ou ne font pas les élus locaux, parlons de la question de l’insécurité et de la protection des frontières qui est une prérogative purement régalienne, celle de l’Etat. La réalité, c’est que nous avons des droits et des devoirs et que l’administration nationale ne remplit pas ses obligations à Mayotte. Donc pour moi le retard du développement ici relève de la mauvaise volonté politique. Et avec une nouvelle redistribution de cartes, on y verra un peu plus clair. Je pense qu’il y a là deux sujets. Il y a d’abord de l’hypocrisie de la part de l’Etat, c’est-à-dire que quand il parle de 1,6 milliards d’euros pour Mayotte, ce ne sont pas 1,6 milliards de l’Etat Français mais en grande partie de fonds européens. Quand Paris dit je vous mets sur les fonds européens, elle nous met sur la route la plus encombrée et la plus difficile pour obtenir le décaissage des fonds. De plus, on se retrouve pour nous à Mayotte, avec une espèce de  ping-pong  entre la préfecture, le conseil départemental et La Réunion, où on change à chaque fois d’interlocuteur en cours de route. Par conséquent, si les fonds ne sont pas décaissés ce sont quand même un peu des amnésiques d’aller expliquer que ce sont les élus locaux qui sont responsables. Là en l’occurrence, ce n’était pas, ni la « pseudo » incompétence et le manque d’ingénierie au conseil départemental, ni les mairies, c’était à la préfecture qui nous a dit et juré les grands dieux qu’elle était capable de gérer les Fonds européens. Eh bien nous y sommes : toujours pas un sou de dépensé.

FI : L’insécurité croissante est un sujet préoccupant pour tout le monde sur l’île. Vous qui aspirez à représenter Mayotte à l’Assemblée nationale, que pensez-vous de la situation actuelle ?

E.Y. : Je pense que les questions de l’insécurité et de l’immigration sont indubitablement liées à Mayotte. C’est le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, qui a expliqué qu’il y avait 80 % de Comoriens en situation irrégulière à la prison de Majicavo. Donc voilà, il faut quand même regarder les choses en face. Par ailleurs, effectivement, l’incapacité de l’Etat à sécuriser 375 km² interroge, au bas mot. Nous sommes spectateurs des discussions sur la sécurité qui tournent en rond, sur les responsabilités de la police, la gendarmerie, c’est-à-dire, une dizaine de personnes qui sont incapables de travailler ensemble avec un bonhomme au Rocher qui est quand même sensé les coordonner. Tout ce beau monde qui n’arrive pas à trouver les quelques crapules qui se filment sur les réseaux sociaux en train de terroriser toute la population. Soit on a un problème d’ingénierie au niveau des forces de sécurité à Mayotte, ce dont je doute, soit on a de la mauvaise volonté politique au plus haut niveau. L’idée étant de transformer Mayotte en enfer que les Mahorais fuient. C’est cela mon combat, essayer de stopper l’hémorragie dans tous les sens du terme pour faire en sorte que Mayotte redevienne vivable et que nul n’ait besoin de s’expatrier pour aller se soigner, étudier ou vivre normalement. Aucun territoire ne peut supporter la pression migratoire que subit Mayotte.

FI : Cette question de la pression migratoire comorienne sur Mayotte oppose depuis longtemps deux visions, celle du ministère de l’Intérieur en charge de la sécurité intérieure des Français et celle du ministère des Affaires Etrangères qui gère les relations avec l’Union des Comores.

E.Y. : Moi, ma position est très claire, limpide et tout le monde la connait. Je refuse que Mayotte soit l’otage de la politique intérieure comorienne comme de la politique étrangère de la France vis-à-vis des Comores. C’est-à-dire que Mayotte ne peut plus continuer à être le ballon de football entre ces deux pays. L’un, la France, est le nôtre, qui ne se bat pas pour son propre territoire, et l’autre, les Comores, un pays étranger qui réclame sa souveraineté et qui envoie toute sa population pour nous coloniser. Nous on est au milieu, avec un visa d’exception concocté par les services des Affaires Etrangères pour fixer la population comorienne à Mayotte. Donc le sujet n’est pas de savoir ce que Moroni souhaite ou comment elle vit ou ne vit pas, ou quelle est la situation politique à Moroni … Moi, à Paris, ce qui se passe en Belgique ou en Suisse ne me touche que de manière secondaire. Je ne vois pas pourquoi à Mayotte on doit faire des Comores « l’Alpha et l’Oméga » de ce qui se passe chez nous. Je refuse de lier mon destin à un pays qui a pris son indépendance. « Chacun chez soi et Dieu pour tous ! », comme disait Younoussa Bamana [N.D.L.R. président du conseil général de Mayotte de 1977 à 2004].

FI : Les problèmes du traitement et de la distribution de l’eau à Mayotte deviennent des sujets majeurs. Comment y remédier ?

E.Y. : Je constate, et c’est l’avis général, qu’on est à l’évidence à Mayotte en sous-capacité de production d’eau potable par rapport aux besoins de la population. On a effectivement une hausse complètement délirante de la consommation. Autre phénomène, on a depuis de nombreuses années une inertie au niveau de la production d’eau potable. Donc, on a d’un côté plus de demandes, et de l’autre, une stagnation avec zéro investissement au niveau non seulement de la production mais aussi de l’acheminement puisque maintenant on nous explique que c’est le réseau qui est trop ancien et qu’il fuit, et blablabla. Face à cette situation, l’urgence est d’abord d’arriver à débloquer les investissements nécessaires pour la production d’eau potable, tant au niveau d’une nouvelle retenue collinaire que du fonctionnement de l’usine de désalinisation qui n’est toujours pas réparée et qui n’est pas fonctionnelle à hauteur de ce que le contribuable a payé. Par la suite, d’avoir, si ce n’est une libéralisation, casser le monopole de la distribution d’eau. Il y a aussi une question qui se pose sur le syndicat des eaux à Mayotte puisqu’il y a quand même des dizaines de millions d’euros qui se sont évaporés et comme ce n’est pas un phénomène très naturel avec l’argent, cela veut dire que des sommes ont été empochées par certains au lieu d’être investies pour l’adduction d’eau potable à Mayotte qui, je le rappelle, est un droit fondamental. Donc à un moment, l’Etat s’expose à des poursuites par rapport au fait que notre droit fondamental à l’eau potable n’est pas assuré.

FI : Est-ce que vous voyez d’autres secteurs dans une situation semblable ?

E.Y. : Cette absence d’investissement structurels ne concerne pas que l’eau, il y a aussi les routes, l’Etat a même inscrit les routes nationales de Mayotte sur son programme de privatisation, là on marche sur la tête … C’est la même chose au niveau de la piste longue ; si l’on n’a pas de désenclavement par l’aérien on ne peut pas avancer, il en de même au port de Longoni où il n’y a pas d’investissements structurels transparents. Vous voyez, ça hypothèque tout notre développement. Ce n’est pas seulement l’enfer qu’on vit aujourd’hui, c’est aussi l’enfer qu’on se prépare à vivre demain. Le diagnostic que je pose n’est pas partagé par tous les autres candidats. Si déjà Mayotte était d’accord pour partager ce diagnostic, nous ne partirons pas en ordre dispersé à Paris, avec des élus qui avalent n’importe quelle couleuvre pour obtenir des miettes. Si nous tous, Mahorais, ne sommes pas capables d’avoir un seul discours face à l’Etat, nous ne pourrons pas sortir vainqueurs de ce bras de fer. Je ne dis pas ça de manière hostile, je souligne simplement que la culture politique française s’inscrit dans le bras de fer et le rapport de force, qu’on doit nous aussi revenir à ces méthodes. Si nous ne sommes pas capables de nous muscler, si nous ne sommes pas d’accord sur le diagnostic, alors nous ne pourrons pas avancer.

FI : Le logement est un des problèmes majeurs auxquels sont confrontés les Mahoraises et les Mahorais aujourd’hui, l’industrie du bâtiment implique différents paramètres qui ne vous échappent pas. Quel est votre regard sur ce sujet ?

E.Y. : La question de l’immobilier donne lieu à deux dynamiques différentes, il faut distinguer la construction de logements à travers une commande publique, différente de celle initiée par le secteur privé. Le fond du sujet que vous abordez, c’est le foncier. Le colonisateur comorien avait aussi mis la main sur le foncier et cela fait l’objet de batailles homériques sur le territoire depuis des décennies. Ici, le foncier fait l’objet de toutes les convoitises : quand on voit l’appropriation de terrains privés par des clandestins qui prennent des terrains agricoles ou les terres de la forêt domaniale, voir même du littoral, ça interroge sur l’inertie des propriétaires que sont l’Etat et le conseil départemental face à ces occupations sauvages. Il y a plusieurs mécanismes pour casser la propriété des Mahorais. Par la départementalisation, il y a toute la fiscalité liée à l’héritage qui est extrêmement lourde et qui casse complètement les propriétaires mahorais, il y a l’occupation sauvage par les clandestins qui est légalisée petit à petit, et puis il y a aussi la volonté de l’Etat de faciliter l’expropriation des Mahorais. Cette dernière mesure était contenue dans le « projet de loi Mayotte » que j’ai combattu.

Les acteurs privés de l’extérieur font également un lobbying extrêmement important auprès des autorités pour dire qu’il faut du foncier pour investir. Et les élus, qui sont à l’affut du moindre gisement d’emplois, sont tentés de mettre du foncier public à la disposition de ces privés pour construire tel projet magnifique ou complexe incroyable pour créer des emplois. Le foncier n’étant pas extensible sur notre territoire, une telle politique ne pourra pas perdurer. Nous connaissons tous des terrains qui ont plusieurs titres de propriété et toutes les affaires de corruption qu’il y a autour. La deuxième chose  qu’on ne dit pas et toute l’industrie du bâtiment le sait, c’est que ce secteur est pourvoyeur d’emplois illégaux. Rares sont les Mahorais qui travaillent dans le bâtiment, la plupart des embauches concernent des étrangers, soit en situation régulière, soit des clandestins. Donc on est en train de construire sur les terres mahoraises des bâtiments construits par des travailleurs comoriens avec des capitaux venus de l’extérieur et l’île perd progressivement la maitrise de son foncier et de ses logements.

Harcèlement scolaire : “J’ai fait cette affiche pour dire qu’on peut repeindre le monde en quelque chose de plus heureux”

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À l’occasion du prix national “Non au harcèlement”, vendredi 29 avril 2022, le rectorat de Mayotte a récompensé les cinq établissements lauréats de l’académie. Collégiens de Kawéni, de Dembéni, de Passamaïnty et de Sada mais aussi lycéens de Tsararano, les jeunes ambassadeurs ont redoublé d’imagination pour dénoncer ce phénomène de société qui touche entre 5 et 10% des élèves français.

“J’ai fait cette affiche pour dire qu’on peut repeindre le monde en quelque chose de plus heureux”, explique Asma*, élève au sein du collège Zakia Madi de Dembéni, avant d’ajouter courageusement : “J’ai moi-même vécu un harcèlement et la peinture m’aide à y voir plus clair.” Coup de cœur du jury et lauréats ex aequo avec K2, les élèves, encadrés par leur enseignante d’arts plastiques Nathalie Gyatso, ont mêlé dessin et photographie pour créer un hymne visuel à la non-violence. “Notre projet était de nous réunir tous contre la violence, de montrer que l’éducation est plus forte que le harcèlement”, détaille la collégienne en classe de 4ème.

6.000 élèves sensibilisés

“Ce concours a pour but de donner la parole aux jeunes des différents établissements scolaires, d’éclairer et de dénoncer ce phénomène qui existe partout et qui ne devrait pas exister”, affirme le recteur, Gilles Halbout. Un bon moyen d’expression et un travail collectif qui a amené les collégiens et lycéens à créer divers supports de communication. Affiches ou vidéos, les objectifs sont les mêmes : avertir sur les risques liés au harcèlement et au cyber harcèlement, favoriser le respect d’autrui, promouvoir “l’école de la confiance”.

Avec pas moins de 6.000 élèves sensibilisés au harcèlement à Mayotte, le rectorat espère endiguer rapidement ce phénomène sur le territoire. “Chaque élève doit être un ambassadeur dans sa classe. Élèves, parents, personnels éducatifs… Tout le monde doit participer à ces actions de prévention”, s’exclame le responsable de l’académie.

“Il y en a marre”

Bien conscient des risques et des problématiques liés à cette thématique, les élèves donnent de la voix, à peine leur prix en main ! “Nous devons dire non au harcèlement”, lance Samda, élève en 3ème au collège K2. “Il faut trouver une solution pour arrêter cela”, complète Naelie-Anna, en classe de 5ème au collège Mariama Salim de Sada. “Il y en a marre du harcèlement, si aujourd’hui il touche quelqu’un, peut-être demain ce sera nous”, conclut fermement Chani en seconde au lycée de Tsararano.

Le vieillissement de la population, un enjeu à anticiper dès maintenant

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Avec 112 établissements et services aux quatre coins de la France, le groupe SOS Seniors réfléchit à s’implanter dans les Outre-mer. Sa directrice, Maryse Duval, s’est rendue la semaine dernière à Mayotte en compagnie de Maxime Zennou, le directeur du groupe SOS Jeunesse, pour connaître les dispositifs d’accompagnement des personnes âgées. Ils mènent également une réflexion autour de l’implantation d’Ehpad sur le territoire.

Flash Infos : Quel état des lieux pouvez-vous donner sur la prise en charge et l’accompagnement des personnes âgées dans le 101ème département ?

vieillissement-population-enjeu-anticiper-maintenantMaryse Duval : Aujourd’hui, la problématique des séniors n’est pas forcément prioritaire à Mayotte, car la population âgée fragile représente 6% des habitants de l’île. Toutefois, il faut savoir se projeter avec l’augmentation du niveau de vie et le réel phénomène du travail des femmes. Cette émancipation professionnelle empêche de pouvoir garder les grands-parents à la maison, qui peuvent connaître des soucis de transfert, de mobilité… S’ils restent dix heures tout seuls, qui va s’en occuper ? Une réflexion est actuellement engagée par le Département sur les services de soins et d’aides à domicile. Mais dans toute réponse logique de parcours gérontologique et gériatrique, il faut peut-être envisager d’autres solutions. Il existe déjà les accueillants familiaux, mais ils ne sont pas en capacité de prendre en charge les personnes âgées grabataires. Ce ne sont pas des soignants…

FI : En plus des cinq futures unités de vie qui doivent voir le jour, une réflexion est actuellement menée par les autorités pour ouvrir une structure médicalisée. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Maryse Duval : Nous avons répondu à un appel à projets sur la constitution de cinq petites unités de vie, pouvant accueillir entre trois et cinq personnes. Cela correspond à une petite maison en colocation au sein de laquelle nous greffons des services d’aides et de soins à domicile. Ce qui correspond à une réponse plus structurée, mais relativement limitée. Ainsi, le Département et l’Agence régionale de santé (ARS) se posent la question à terme de lancer un appel à projets pour un établissement médico-social de type Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) pour répondre à une certaine demande de la population. Mais il faut compter à peu près quatre ans entre son lancement et la remise des clés… Il faut se projeter sur le vieillissement de la population. Ce sont des sujets à la main des institutions. Notre volonté est d’apporter notre expertise de l’accompagnement des séniors, avec l’ancrage territorial et l’assise que représente Mlézi Maoré pour pouvoir structurer ces projets. Nous sommes là pour offrir d’autres alternatives et participer au changement culturel de ces sujets.

FI : Pour une fois, les autorités compétentes semblent faire preuve d’une certaine anticipation…

vieillissement-population-enjeu-anticiper-maintenantMaxime Zennou : Les autorités ont conscience des évolutions sociologiques. Ainsi, la question du vieillissement est bien présente dans la réflexion. C’est bien qu’il y ait cette anticipation à travers les groupes de travail déjà formés. Au Département, le directeur du pôle autonomie est lui aussi dans une analyse assez fine des enjeux du territoire. Nous nous sommes accordés, d’un côté comme de l’autre, sur l’idée d’apporter une pluralité de réponses dans les logiques de parcours. Et surtout, il ne faut pas plaquer les modèles métropolitains d’il y a vingt ans, ce n’est ni envisageable ni souhaitable. Il faut prendre en compte les spécificités de l’île et se projeter dans les approches modernes : la robotique, la télémédecine… Sans oublier l’alimentation, la mobilité, l’animation !

Maryse Duval : Après, le projet d’Ehpad n’est pas encore dans les cartons. C’est plutôt une vision du Département et de l’ARS. Nous commençons à trouver quelques personnes âgées isolées. De facto, des problèmes liés au vieillissement émergent. À terme, la structure médicalisée sera sans doute la solution la plus adaptée.

FI : Par contre, il va falloir réussir à trouver du personnel compétent dans les domaines du social et du médico-social, qui subissent une crise sans précédent en termes de recrutement… Preuve en est, Mlézi Maoré a actuellement 170 postes vacants…

Maxime Zennou : Les compétences ne sont pas toujours à la hauteur des besoins. Il faudrait largement amplifier les volumes d’étudiants stagiaires à nos métiers au sein de l’institut régional du travail social (IRTS). Le dispositif de formation doit suivre les évolutions en termes de développement des politiques publiques. En parallèle de la réflexion sur les équipements nécessaires sur le département, il faut anticiper le recrutement des professionnels de santé de demain.

Comores : le kofia, un patrimoine en danger ?

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L’apparition sur le marché de kofia « made in china » en ce mois de ramadan a relancé le débat sur la place de ce bonnet traditionnel qui a toujours fait partie du patrimoine  de l’archipel. Si certains rejettent la faute aux autorités les appelant  à labéliser le plus vite possible ce produit, dont la confection fait vivre des familles entières, d’autres pointent plutôt du doigt les commerçants qui les commandent et les services douaniers qui  laissent ces kofias contrefaits rentrer dans le pays.

Tout a commencé par une publication faite sur le réseau social Facebook. Il y a une semaine, un internaute a posté une photo d’un kofia qui à première vue n’a rien d’anormal. C’est en lisant la légende qui a accompagné l’image  que l’on se rend compte qu’il s’agit en fait d’un bonnet contrefait :   »  les chinois améliorent leur technique d’imitation de notre kofia national. Il serait peut-être temps  de créer un label autour de ce patrimoine « , a écrit l’auteur du post. il n’en fallu pas plus pour que l’opinion s’empare du sujet. Depuis, il ne se passe pas un jour sans qu’un débat ne s’invite sur la toile opposant les défenseurs de ce patrimoine national et ceux qui se réjouissent qu’un kofia moins onéreux puisse être accessible sur le marché.  C’est d’ailleurs auprès de cette classe sociale  que le kofia chinois trouve écho. Considéré comme un produit de luxe coûteux par certains, le kofia traditionnel comorien a vu son prix s’envoler au cours de ces dix dernières années. Seuls les hommes nouvellement mariés ont droit à des kofia, offerts par l’épouse. Sinon pour s’en acheter un actuellement,  il faut avoir au moins 200 euros et cela dépend aussi de la qualité. Profitant de cette situation, des commerçants n’hésitent pas à en faire des commandes surtout en cette période de ramadan. Il suffit de se rendre dans les marchés de Moroni ces derniers jours pour constater cela. Les acheteurs rencontrés sur place ( la plupart sont des jeunes ) reconnaissent l’importance de préserver ce patrimoine mais arguent-ils dépenser 200 euros pour un kofia est une « aberration » tenant compte de leurs train de vie .

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Onéreux

Anfane Mourdi, est de ceux-là et il a avancé ses raisons.  » Que voulez-vous que je fasse. Avec 15 euros, je peux m’acheter ce kofia. Ils sont beaux et moins chers. J’en profite. On connaît le salaire de base aux Comores. 200 euros c’est beaucoup d’argent pour un comorien. Comment une personne qui gagne 150 euros va-t-elle se procurer  un kofia traditionnel « , s’est justifié ce jeune juriste  assistant dans un cabinet de notaires.

Si nous sommes arrivés jusque-là, c’est aussi parce que les autorités ont failli.  » Il n’ y a jamais eu vraiment de politique culturelle dans le pays et beaucoup de gens y compris au ministère réduisent la culture aux musiques et danses traditionnelles« , déplore, Abdremane Wadjih, docteur en anthropologie.  Ce défenseur du patrimoine culturel national estime que ce manque de politique sectorielle ne date pas d’aujourd’hui hélas. « Depuis des années, le patrimoine culturel matériel et immatériel est en déliquescence sans que cela n’alerte les autorités compétentes. L’illustration la plus parfaite est la disparition des boutres« ,  complètera cet enseignant avant de conclure que le kofia chinois constitue une menace pour le kofia traditionnel dont l’aura avait dépassé les frontières.  » C’est tout un travail qui est prend un coup. Inonder le marché avec ces bonnets contrefaits ne nous rend pas service. Moi je ne gagne l’argent qu’en confectionnant des kofias. Je me prend en charge grâce à ce travail. J’espère que les autorités vont réagir« , lance, Mariama Ismael, la trentaine.

Labélisation, responsabilités partagées

Mistoihi Abdillahi lui tance un peu les artisans qui proposent des kofias non accessibles par plus de la moitié de la population.  » Pour quelqu’un u qui gagne 100 euros, il cherchera un raccourci car il n’a pas les moyens de débourser 300 euros pour un kofia« , résume ce docteur en sociologie qui invite tout le monde à protéger malgré tout notre patrimoine. A la question de savoir comment stopper l’hémorragie. Certains proposent d’entamer le processus de labélisation en inscrivant le kofia à l’Unesco comme l’ont fait de nombreux pays pour préserver leurs patrimoines.  Car s’il le pays avait réagi depuis 2010 , on en serait pas arrivés jusque-là pense Hissane Guy. Il y a douze ans, cette entrepreneure avait plaidé  pour la labélisation du Kofia. Malheureusement son cri d’alarme n’a jamais été entendu. Les conséquences se font donc ressentir aujourd’hui.  » Comme Oman protège son Kandu, l’Éthiopie son képi traditionnel,  le pays aurait pu en faire autant avec le kofia, à condition que l’État et la chambre de commerce s’impliquent« , croit savoir, Faridy Norbert , professeur d’histoire géographie, au lycée Said Mohamed Cheikh. A l’en croire, le kofia a été importé  de Zanzibar ( anciennement appelé Ungudja ) comme certains vêtements qui font désormais partie de notre patrimoine.  » Selon certains manuscrits et les tradition orales, il y a des habits traditionnels et des vêtements arrivés aux Comores après l’avènement de l’islam. Notre tradition vestimentaire est influencée donc par la culture islamique de la région, des pays du Golf persique et de l’Afrique de l’Est. Pour le kofia il a juste été amélioré avec une méthodologie propre des Comores  » a relevé, Faridy Norbert. S’agissant de situer les responsabilités par rapport à ces kofias « made in china », le professeur d’Histoire géographie citera d’une part les autorités, incapables selon lui de protéger la propriété intellectuelle et d’autre part les commerçants, qui veulent faire fortune rapidement en ayant recours à la reproduction industrielle car il n’y a pas que le kofia qui a été reproduit. Nous avons essayé d’avoir la réaction de la direction nationale de la culture sans succès. Le ministère ne s’est pas exprimé non plus jusqu’à présent.

145 étrangers en situation irrégulière renvoyés en une seule journée

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Lors de la journée du mardi 26 avril 2022, le service territorial de la police aux frontières était particulièrement mobilisé dans la gestion de la forte activité de ses unités opérationnelles à savoir l’interception en mer, dans la nuit, de trois kwassas kwassas par l’unité nautique, et des 55 interpellations de la journée en LIC terre par les policiers du GAO (groupe d’appui opérationnel) sur l’ensemble du territoire mahorais.

À cela s’ajoutait le traitement des interpellations effectuées la veille par la police nationale et la gendarmerie s’élevant à près de 80 étrangers en situation irrégulière dont la plupart n’avait pas pu être éloignée en raison des différents recours auprès des instances judiciaires et administratives. En définitive, ce sont donc 145 ESI qui étaient reconduits par voie maritime vers les Comores.

Pour mémoire, la police nationale de Mayotte n’avait pas réalisé un volume d’éloignement aussi élevé, sur une seule journée, depuis la mise en place des tests PCR rendus obligatoires sur décision du gouvernement de l’Union des Comores le 20 mai 2021.

Social : signature d’une convention relative à la constitution de l’ODPE

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La convention constitutive de l’observatoire départemental de la protection de l’enfance (ODPE) a été signée ce jeudi 28 avril au conseil départemental, en présence notamment du président Ben Issa Ousséni, du vice-président chargé de l’action sociale, de la solidarité et de la santé, Madi Velou, des 3ème et 4ème vice-présidents Ali Omar et Zouhourya Mouayad Ben, du conseiller départemental Mansour Kamardine, du préfet, Thierry Suquet, et du sous-préfet en charge de la cohésion sociale, Jérôme Millet.

Pour rappel, l’ODPE est une instance partenariale, regroupant les institutions et acteurs œuvrant dans la protection de l’enfance. Il joue un rôle d’analyse et d’animation de ce réseau sur le territoire. Il s’agit d’un outil à la fois essentiel dans la mise en œuvre de la mission aide sociale à l’enfance, et stratégique dans la définition et le suivi des politiques publiques locales de protection de l’enfance. Après un comité de pilotage le 8 février dernier, et l’adoption d’un rapport relatif à cette convention constitutive de l’ODPE 976 en commission permanente de l’assemblée départementale le 29 mars, la signature collective a donc eu lieu ce jour, dans la continuité de ces mois de travail et de démarches pour co-construire cette instance.

Le vice-président en charge de l’action sociale a tenu à remercier la présence de tous : « L’aide sociale à l’enfance est cruciale pour ce territoire compte tenu du contexte local. Il a été primordial d’associer le maximum d’acteurs dans cette démarche. Le combat pour offrir un avenir meilleur à tous les enfants de Mayotte est un défi immense, et l’affaire de tous. »

Les signataires de la convention sont le président du conseil départemental, le préfet, la cour d’appel de Saint-Denis, le président du tribunal judiciaire de Mamoudzou, le procureur de la République, les juges des enfants, le recteur, la direction territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse, la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS), l’agence régionale de la santé (ARS), la caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM), le centre hospitalier de Mayotte (CHM), la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), l’union départementale des associations familiales (UDAF), l’union départementale des centres communaux d’action sociale (UDCCAS976), la fédération des acteurs de la protection de l’enfance (CNAPE), l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), l’observatoire régional de la santé (ORS), l’association des maires, les services, les établissements et les organismes concourant à la protection de l’enfance (tels que la Croix Rouge, Mlézi Maoré, Les Apprentis d’Auteuil, Maecha Na Ounono, Messo, Banga Na Mlezi, Le Village d’Eva, entres autres).

Nouvelle identité visuelle pour la délégation de Mayotte à La Réunion

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Afin d’accroitre sa visibilité, une réflexion a été engagée sur l’identité visuelle de la délégation de Mayotte à La Réunion. Le choix d’internaliser ce travail paraissait évident : une connaissance des missions, de l’historique et des projets du service étaient importants pour imaginer une identité qui rassemble. Le cahier des charges était le suivant : une identité visuelle reconnaissable au premier coup d’œil, qui rappelle à la fois l’identité mahoraise tout en imposant sa présence à La Réunion.

Le choix de styliser le bâtiment a été fait : il fait partie du patrimoine de Saint-Denis, chef-lieu de La Réunion, sa façade est emblématique et c’est un clin d’œil à la « Maison de Mayotte », à laquelle les usagers, notamment les plus anciens, restent attachés. Après des travaux de réfection et de modernisation des locaux en 2017, la réorganisation et l’inauguration officielle en 2019, « cette identité visuelle, qui permettra de gagner en visibilité auprès des usagers et des partenaires, répond à la volonté de faire de la délégation de Mayotte, un trait d’union entre les deux départements », souligne le délégué Mohamed Elanrif Bamcolo.

Kick-boxing : première édition du gala jeunes Réunion versus Mayotte

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La ligue mahoraise de kick-boxing, muaythaï et disciplines associées (LMKMDA) et le boxing club Bas-de-La-Rivière (BCBLR) de Saint-Denis s’associent pour développer des projets de boxe pieds-poings au nom de l’éducation populaire. Fondateur et coach du BCBLR, Soulaïmana Said était en déplacement sur l’île en décembre dernier, afin de détecter des jeunes combattants des catégories pré-poussins (nés entre 2014 et 2015) à cadets (nés entre 2006 et 2007) en vue d’un projet d’échanges Réunion-Mayotte : le premier du genre.

Le projet se concrétise cette semaine. En effet, l’éducateur mahorais fait son retour à Mayotte du jeudi 28 au samedi 30 avril 2022, et il ne revient pas les mains vides, puisqu’il remettra aux 12 jeunes combattants détectés (cinq filles et sept garçons) une enveloppe contenant leur billet d’avion, actant ainsi l’organisation du gala jeunes Réunion versus Mayotte, première édition !

L’événement est programmé le samedi 11 juin prochain au gymnase Bellepierre, à Saint-Denis. Les jeunes combattants mahorais, leurs coachs et leurs proches sont attendus ce vendredi 29 avril 2022 à la MJC de M’roalé, à partir de 15h. L’après-midi débutera par une présentation du projet, se poursuivra à 16h par une séance d’entrainement des jeunes sélectionnés, et s’achèvera à 18h par la remise des billets d’avion et une rupture du jeûne commune.

Des opérations de contrôle effectuées par la DEETS en cette période de Ramadan

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Les services de l’État poursuivent les actions de contrôle ciblées à l’occasion de ce mois de Ramadan 2022, période particulière de la vie des Mahoraises et Mahorais. Le 14 avril dernier à Kawéni, quatre agents du pôle concurrence, consommation et répression des fraudes de la DEETS ont procédé au contrôle d’un conteneur transportant des produits alimentaires et cosmétiques en provenance de Madagascar.

Des prélèvements ont été réalisés sur des épices particulièrement surveillées en cette période de Ramadan, mais aussi sur de la confiture et du miel, produits alimentaires régulièrement falsifiés (teneurs excessives en sucre). Les échantillons font l’objet d’analyses en laboratoire d’État, afin de s’assurer de la qualité et de la sécurité de ces produits pour le consommateur mahorais.

Le contrôle a également révélé la présence de produits cosmétiques non conformes à la réglementation : des savons entièrement fabriqués à Madagascar, étiquetés sous la dénomination « senteur de Mayotte » et gravés au dos avec la mention « Mayotte », sans aucune information sur la véritable origine du produit. Il s’agit d’une pratique trompeuse qui engage la responsabilité de l’importateur, en délivrant une fausse l’indication sur l’origine du produit et induisant le consommateur en erreur.

En l’absence d’évaluation de la sécurité sur ces cosmétiques, il représente un risque pour la sécurité des consommateurs. C’est pourquoi le lot incriminé, qui comprenait 3.200 savons pour un poids total de 360 kg et une valeur d’achat de 2.530 euros a été retiré de la circulation. Des suites répressives seront engagées.

Enfin, 1.320 fioles d’huiles essentielles mentionnant des allégations thérapeutiques interdites devront être ré-étiquetées aux frais de l’importateur pour pouvoir être commercialisées. Au travers de cette opération, la DEETS poursuit sa mobilisation continue autour de trois grands enjeux : la qualité et la sécurité des produits importés à Mayotte, en lien avec les douanes et la DAAF ; la loyauté des pratiques commerciales entre les professionnels et les consommateurs mahorais ; le développement de filières locales, au travers d’une veille concurrentielle indispensable.

Les actions de contrôle des services de l’État sont réalisées à tous les stades de la fabrication ou l’importation à la commercialisation. Les manquements constatés engagent la responsabilité des professionnels : ils doivent se renseigner en amont sur les réglementations applicables à leurs activités. Les consommateurs peuvent signaler un problème à une entreprise en toute transparence avec la répression des fraudes sur le site Signalconso.fr.

Religion : les non-jeûneurs sont-ils encore mal perçus à Mayotte ?

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Il n’y a pas si longtemps à Mayotte, ne pas jeûner pendant le mois de Ramadan était extrêmement mal perçu. Les quelques rebelles qui s’y risquaient étaient obligés de se cacher pour manger sous peine de s’attirer des remarques désobligeantes voire des insultes. Or depuis quelques années, avec l’évolution des mœurs, on constate un nombre croissant de non-jeûneurs sur l’île. Flash Info est parti à la rencontre de certains d’entre eux afin qu’ils nous livrent la façon dont ils vivent la situation.

« Ne pas jeûner reste très tabou dans la société mahoraise. Moi je n’ose pas aller au restaurant le midi par exemple, de peur de me faire insulter », nous confie Yasmina, 43 ans. En poste dans une école primaire de Mamoudzou, cette Mahoraise nous révèle ne plus faire le Ramadan depuis déjà une dizaine d’années. « Arrivée à un moment de ma vie, je me suis posée beaucoup de questions concernant la religion et j’en suis arrivée à la conclusion que je n’étais pas vraiment croyante donc que ça n’avait pas de sens pour moi de faire le Ramadan », explique-t-elle. Étant de santé fragile, elle utilise ce prétexte pour faire accepter sa décision à sa famille. « Je ne peux pas leur dire que je ne suis pas croyante, ça ne passerait pas ! », se désole-t-elle. Elle se dit d’ailleurs choquée de constater que dans l’école publique où elle travaille, la religion occupe une place illégitimement importante. « Les enseignants prient dans les classes et incitent les enfants à faire le Ramadan, ce qui n’est pas normal au sein d’une école laïque », déclare-t-elle. Elle se souvient d’ailleurs qu’en écoutant la matinale de Mayotte la Première au début du mois sacré, beaucoup de gens appelaient en direct la présentatrice pour dénoncer des proches ou voisins qui ne jeûnaient pas. Yasmina ne voit donc aucune évolution de mentalité au sein de la société.

Une opinion que ne partage pas Afidou, 50 ans, non-jeûneur depuis le début de l’âge adulte. « Avant j’étais effectivement obligé de me cacher, mais plus maintenant. J’assume. Quand les gens me font des remarques, je leur explique mon point de vue. Le Ramadan est le 4ème pilier de l’islam et puisque je ne respecte pas les autres, je ne vois pas l’intérêt de respecter celui-là. Je refuse d’être hypocrite ! », lance-t-il fièrement. Contrairement à Yasmina, Afidou ne se fait que rarement sermonner pour son choix. « C’est vrai qu’on attaque davantage les femmes sur ce sujet, mais les hommes on les laisse tranquilles », souligne-t-il. Ayant passé toute sa vie à Mayotte et travaillant en entreprise, il a pu s’apercevoir que de plus en plus de Mahorais assumaient leur choix de ne pas jeûner. « Autrefois, nos aînés nous frappaient quand ils nous surprenaient à manger pendant le Ramadan. Maintenant, cela n’arrive quasiment plus jamais. Ce sont surtout les personnes venues des Comores qui restent très à cheval sur le sujet », indique-t-il.

Une jeunesse qui jeûne de moins en moins

Sans aucun doute, les mentalités diffèrent en fonction des milieux socio-culturels et des sexes. Et qu’en est-il des personnes plus jeunes ? Nadia, 28 ans, ne jeûne plus depuis l’âge de 13 ans. Un choix que sa mère a eu du mal à accepter. « Elle m’a même menacé de fermer le frigo avec un cadenas », se souvient la jeune femme qui s’est fait taxer de « mécréante ». Ne souhaitant pas faire l’hypocrite, elle n’a jamais pris la peine de se cacher. « Je continue de me prendre des réflexions dans les rues de mon quartier parfois, mais je trouve quand même qu’au fil des années, c’est de moins en moins fréquent », précise-t-elle. « De toute façon, de plus en plus de gens ne le font plus à Mayotte. ». Chez les lycéens, même constat. Sur le parvis du lycée des Lumières à Kaweni, où nous nous sommes rendus pour notre enquête, certains jeunes mangeaient sans complexe leur sandwich devant ceux qui jeûnaient sans que cela ne cause de problème particulier. Saïda, 16 ans, est l’une des lycéennes non-jeûneuse que nous avons rencontrée. Si elle assume son choix, elle essaie néanmoins de rester discrète par simple respect de ceux qui jeûnent. « Par contre, je n’ai aucun problème avec ma famille par rapport à ça. Ils sont très cools et ont accepté ma décision », révèle-t-elle.

Il semblerait donc que les 11 ans de départementalisation aient assoupli les mentalités mahoraises concernant le respect du 4ème pilier de l’islam. Les échanges culturels avec la métropole et La Réunion y sont sans doute pour beaucoup dans cette plus grande tolérance concernant la liberté de croyance de chacun. Mais tout dépend des familles et des milieux sociaux ! Certaines sphères professionnelles se montrent plus rigides que d’autres concernant le respect du Ramadan. Sans surprise, les plus jeunes, davantage exposés à d’autres cultures, sont quant à eux les plus souples.

Immobilier : « nous avons un objectif d’engagement de 5.000 logements sur dix ans »

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Créée ce mardi 26 avril, la société anonyme d’habitation à loyer modéré, AL’MA Action Logement, au capital de dix millions d’euros, compte venir apporter sa pierre à l’édifice dans le 101ème département. Delphine Sangodeyi, la directrice générale, détaille la stratégie de l’entreprise qui ambitionne de construire 5.000 logements au cours des dix prochaines années.

Flash Infos : Comment est né le projet d’AL’MA Action Logement ?

Delphine Sangodeyi : Dans le cadre du plan logement Outre-mer de 2019-2022, il a été question de créer une nouvelle société, en plus de la société immobilière de Mayotte, pour construire de nouveaux logements abordables. Action Logement a alors lancé une mission de préfiguration en octobre 2021, que j’ai menée afin de faire un point approfondi sur l’écosystème immobilier de l’île et de prévoir un business plan. Le rapport a été validé par le conseil d’administration du groupe le 3 février dernier avec un objectif d’engagement de 5.000 logements sur dix ans. Désormais, nous sommes dans l’attente d’un retour du ministère du Logement quant à notre demande d’agrément.

FI : Dans l’avis de constitution, on s’aperçoit que la communauté d’agglomération du Grand Nord fait partie des administrateurs. Cela sous-entend-il que vous allez principalement vous concentrer sur cette partie du territoire ?

D.S. : Pas du tout ! Dans le contexte de Mayotte, nous avons décidé de nous associer avec les grandes collectivités de l’île, à savoir le Département, la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou et la communauté d’agglomération du Grand Nord. Mais nous allons intervenir partout où nous le jugerons utiles. Nous allons être amenés à développer de nouveaux quartiers et ainsi participer au désengorgement de la ville chef-lieu qui concentre une trop grande partie des emplois. Ce n’est pas une vie de se retrouver constamment dans les embouteillages. Notre objectif est d’accompagner la meilleure offre à l’échelle du territoire.

FI : Comment comptez-vous vous y prendre, sachant la problématique foncière qui existe sur Mayotte ?

D.S. : Le groupe Action Logement finance à 70% la politique de rénovation urbaine. Dans le cadre de cette politique publique, il reçoit des contreparties foncières pour un euro symbolique. Ainsi, nous pouvons acquérir très rapidement et facilement des terrains sur Kawéni, notamment sur la zone scolaire, entre la PMI et le collège. Il s’agit d’un emplacement stratégique car il faut une diversification de l’offre. C’est pourquoi nous allons servir les différents publics, aussi bien les salariés que ceux ayant droit au logement social. Nous comptons proposer du locatif, de l’accession sociale à la propriété, mais aussi du logement intermédiaire.

FI : Si nous prenons l’exemple de Kawéni, à qui va s’adresser votre offre et quand pouvons-nous espérer le début des travaux ?

D.S. : Nous allons construire une résidence pour les jeunes actifs, qui sont très demandeurs. Ils pourront ainsi bénéficier d’habitations à proximité de leur lieu de travail. Les études architecturales sont en cours. Dès que la société aura reçu l’agrément, nous pourrons adresser une demande de financement. Nous souhaitons lancer cette opération dès 2023. Comme nous sommes lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt « Engager pour la qualité du logement de demain », nous allons mener tout un travail de concertation avec le public ciblé pour mieux comprendre ses attentes. Toute cette démarche va nous permettre de sortir de terre des produits ad hoc.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes