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La pré-alerte cyclonique déclenchée pour le passage de Chido

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La préfecture de Mayotte a déclenché ce mercredi à 15 h la pré-alerte cyclonique pour le passage du cyclone tropical Chido. Il pourrait atteindre Mayotte dans la nuit de vendredi à samedi.

La préfecture de Mayotte a déclenché la pré-alerte cyclonique à 15 h. Une décision prise alors que Météo France Océan Indien surveille un système dépressionnaire baptisé Chido qui était situé à 9 h locale ce mercredi matin à 1.460 km à l’est-nord-est de Mayotte.

Au cours des prochaines 24 heures, le cyclone tropical Chido pourrait « continuer à s’intensifier jusqu’au stade de cyclone tropical intense avant de s’affaiblir lentement par la suite », précise la préfecture.

Selon les prévisions actuelles, Chido devrait atteindre la pointe nord de Madagascar le vendredi 13 décembre puis se diriger vers le sud-ouest avant de transiter à proximité de Mayotte samedi 14 décembre. Sur ce scénario, « une dégradation significative des conditions météorologiques (pluies importantes, fortes rafales de vent, houle et risque de submersion) est probable à compter de la nuit de vendredi à samedi et la journée de samedi », annonce la préfecture qui souhaite également se préparer à toute éventualité. « Le scénario plus défavorable d’un passage de Chido au plus près de Mayotte n’est pas exclu», indique les services de l’Etat qui enjoignent donc la population à prendre les précautions nécessaires et de suivre l’évolution de la situation à travers la radio et le site officiel de Météo France : https://meteofrance.yt/fr/cyclone .

Des mesures de précaution

Des mesures de précaution et de prudence sont mises en œuvre en lien avec les services de l’Etat, les collectivités et les acteurs de la sécurité civile. Pour la population , il convient de suivre les mesure suivantes : reporter les sorties extérieures sur le rivage, le lagon et dans les hauteurs à compter de la nuit du vendredi 13 au samedi 14 et jusqu’au dimanche 15 décembre, s’assurer de la disponibilité d’une réserve d’eau, de nourriture et d’un kit de secours, rentrer à l’intérieur ou fixer les obstacles et objets susceptibles de constituer des dangers ou des projectiles en cas de fortes rafales de vent et faciliter l’évacuation de l’eau, notamment en nettoyant les gouttières et les caniveaux.

La préfecture fera un nouveau point de la situation ce jeudi à destination de la population. Il sera disponible sur les réseaux sociaux.

Mohamed Zoubert est le nouveau président de Mlezi Maore  

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Mohamed Zoubert a été nommé président de Mlezi Maore. Il succède à Fahoullia Mohamadi, qui a décidé de prendre en juin ses distances avec la structure mahoraise du groupe SOS.
Actuellement directeur du cabinet au centre hospitalier de Mayotte (CHM), Mohamed Zoubert a été officiellement nommé nouveau président de Mlezi Maore, annonce l’association dans un communiqué daté de ce mercredi. L’intronisation intervient après la démission surprise de Fahoullia Mohamadi en juin dernier, qui occupait cette fonction depuis juillet 2023. Elle reprochait à la direction de ne pas être associée suffisamment au fonctionnement de cette structure qui œuvre dans les domaines du social et de la santé via une multitude des services. Avant elle, Hanima « Roukia » Ibrahima avait assuré la présidence, succédant à Thani Mohamed Soilihi en 2017.
Le timing de cette nomination de Mohamed Zoubert correspond avec la visite à Mayotte de Jean-Marc Borello, président et fondateur du Groupe SOS, auquel appartient Mlezi Maore. « Cette nomination marque une nouvelle étape dans l’engagement de Mlezi Maore pour les Mahorais. Avec Mohamed Zoubert, l’association renforcera sa capacité à répondre aux défis et à déployer des solutions durables pour le territoire », souligne le président du Groupe SOS.
« Prendre soin de Mayotte en travaillant ensemble dans un esprit de coopération et d’entraide, et répondant aux besoins des individus ou des communautés en difficulté, tout en favorisant le lien social », a ajouté le nouveau président de Mlezi lors de son discours auprès des salariés de l’association.

Mayotte n’a pas encore la pêche

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Toute la flottille de kwassa-kwassa utilisée actuellement par les pêcheurs est à remplacer par de nouvelles embarcations d'ici le 31 décembre 2025.

Naufragé depuis plusieurs décennies, le secteur de la pêche à Mayotte n’est pas assuré d’un avenir radieux et serein. A un an de la fin du moratoire accordé aux pêcheurs locaux pour devenir des professionnels répondant aux standards européens, la métamorphose souhaitée par les autorités n’est pas encore au rendez-vous. La pêche est plutôt maigre pour atteindre le chiffre magique et arbitraire de 100 pêcheurs mahorais normés aux standards européens (voir encadré). Pas sûr qu’une nouvelle grogne dans ce secteur réussisse à faire bouger les lignes durant 2025.

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Tantôt pêcheurs, tantôt marchands, les revendeurs de poissons fixent le prix du kilo à leur guise malgré une prime d’équilibre qui leur est versée par les pouvoirs publics

S’il y en a une bizarrerie qui tient le haut du pavé à Mayotte par les temps qui courent, c’est bien celui du secteur de la pêche (après le destin funeste de l’aquaculture marine il y a quelques années) qui vacille entre le rêve d’une exploitation hauturière, jugée plus rentable et plus rapide, et la pêche côtière qui n’intéresse quasiment plus personne, tant les charges à assumer sont à présents importantes. Depuis 2023, la question récurrente porte sur comment transformer des pêcheurs traditionnels locaux en entrepreneurs vertueux capable de répondre à une demande sans cesse croissante en raison de la démographique exponentielle sur l’île. La situation de la pêche à Mayotte est illustratrice du paradoxe dans lequel les institutions locales ont le chic de se fourvoyer, sans craindre d’être mal perçues par des consommateurs médusés.

En effet, le département est le seul territoire ultramarin de l’Union européenne où le poisson est une denrée rare dans l’assiette du citoyen lambda, le seul produit de grande consommation où l’augmentation du prix au kilogramme se fait selon le bon vouloir des pêcheurs et ne repose sur aucun critère technique (dans la composition classique des prix) alors même qu’il bénéficie d’une prime compensatoire sensée atténuer le portefeuille du citoyen. « Sans qu’aucun élément ne le justifie, hausse de carburant, augmentation du Smic, condition météorologique particulière, le poisson est devenu comme l’or sur le marché mondial, son prix grimpe sans cesse sans distinction de qualité ni de race. Ce qui fait le bonheur des restaurateurs ne l’est pas forcément pour la ménagère mahoraise que la grande distribution contraint à consommer du poisson surgelé d’Alaska et de Scandinavie. Quelle époque, mes aïeux ! », commente avec une pointe d’humour Rachid Abdallah, fils et petit-fils de pêcheur dans la commune de Bandrélé dans le sud de l’île.

Des nouvelles règles

« Ce qui est affligeant dans cette affaire, c’est que l’ensemble des protagonistes engagés dans ce dossier pêche, autorités diverses et variés, artisans pêcheurs, syndicat et chambre consulaire, ne se rendent pas compte du ridicule dont ils se couvrent aux yeux des consommateurs locaux. Nous avons compris depuis un bon moment que ce gâteau-là est trop juteux et que la tentation de le refiler à de gros poissons venus d’ailleurs est trop forte » balance Kamardine Abdallah Abdourahamane, attablé à la terrasse du Monaco, au Four-à-chaux, à Labattoir. De là, il observe le ballet des scooters, depuis les quartiers proches, ravitaillant en poisson congelé les glacières et étals alignés sous des parasols le long de l’ancien beaching de Colas (créer au moment de la prolongation de la piste aéroportuaire de Pamandzi pour alimenter le chantier en matériaux importés de Grande-Terre). Marché au poisson à ciel ouvert, c’est aussi le haut lieu de la contestation contre les mesures de contrôle que les services de l’État tentent d’imposer vaille que vaille à la profession.  « Vous allez voir l’hypocrisie du système, on va encore nous ressortir le coup du manque d’ingénierie pour pêcher le poisson de nos eaux et justifier l’arrivée en masse de pêcheurs bretons ou du Finistère », assène Kadhafi, un restaurateur du coin.

Qu’en est-il exactement de cette professionnalisation annoncée depuis trois ans de la pêche mahoraise ? Du côté du conseil départemental, les services en charge du dossier admettent que la cadence est loin d’être satisfaisante (voir encadré), malgré les efforts déployés vers la profession. Selon Ali Robert, de la direction des ressources terrestres et maritimes, « l’incompréhension domine. Discussions, consultations et concertations entre les différentes parties en présence avaient abouti sur un compromis d’un total de cent pêcheurs professionnels à Mayotte en fin 2025 ». En contrepartie de cette reconnaissance, il faut respecter les nouvelles normes imposées par l’administration de tutelle, à savoir disposer d’un bateau et d’un équipage diplômé sachant que le capitaine doit impérativement être de nationalité française et disposer d’un certificat d’aptitude au commandement d’un petit navire (CACP). Cet équipage peut varier d’une à trois personnes, la moyenne étant de deux individus. A défaut, il est permis de devenir « armateur de bateau de pêche », sous réserve de pouvoir joindre à sa demande de subvention une promesse d’embauche à un jeune diplômé.

Une enveloppe de 30.000 euros

« Curieusement, à ce jour, seules trois femmes pêcheurs ont entamé une telle démarche auprès des services du Département », note Ali Robert. Pour éviter les suspicions et les accusations de collusion d’intérêts avec les vendeurs de bateau, une liberté est laissée aux pêcheurs de choisir le type d’embarcation dont ils ont besoin sans restriction de pays d’origine (Europe, Madagascar, Maurice ou autres). Trois types d’embarcations sont possibles selon des distances de pêche autorisées au-delà de la barrière de corail. Il est même possible d’acquérir un bateau de neuf à douze mètres, pour qui dispose d’un diplôme de « capitaine 200 » et autres pêches. Ce qu’il importe de retenir dans cette démarche de professionnalisation de la pêche à Mayotte, c’est que les pouvoirs publics acceptent de mettre la main à la poche pour aider à l’acquisition de bateaux de pêche à travers une enveloppe de 30.000 euros. Il s’agit d’une mesure exceptionnelle visant à pallier le manque de capitaux de la part des pêcheurs locaux.

Pour percevoir cette subvention versée en deux parties, le pêcheur remplissant les critères d’éligibilité doit être en mesure de présenter une commande ferme de bateau, à ce moment-là, 80 % des 30.000 euros lui sont versés, les 20 % restants le seront sur présentation de service fait. A retenir que le pêcheur devra impérativement prendre attache auprès des services des Affaires maritimes (AffMar) avant toute commande de bateau, ces dernières étant chargées d’homologuer lesdites embarcations. Sur la base de cette enveloppe standard de 30.000 euros, une participation de 4.000 euros est demandée au pêcheur professionnel, lequel peut investir jusqu’à 70.000 euros s’il le souhaite dès l’instant qu’il est en situation d’apporter une quote-part de 47% de la valeur du navire qu’il souhaite acquérir.

La situation actuelle interroge fortement quant à l’avenir de la pêche à Mayotte, dès lors qu’un centre de formation maritime existe à Dzaoudzi et qu’il en sort une promotion chaque année, et qu’un lycée des métiers de la mer est appelé à sortir de terre aux Badamiers dans un avenir proche. Dès lors, la limitation à 100 pêcheurs ne représente-elle pour le développement de la filière. Sur les quais, on fait état à ce jour de 120 bateaux déjà homologués par les autorités compétentes, mais qui ne disposeraient pas d’un équipage français.

22 dossiers validés en 2024

Le comité régional de programmation de la pêche (instance composée des services des Affaires maritimes, du département de Mayotte, de la Capam et du syndicat des pêcheurs de Mayotte) était appelé à se prononcer sur 36 demandes de subvention pour l’achat de bateaux de pêche, le 26 novembre. A l’issue de ses travaux, il a émis un avis favorable pour 22 dossiers, en a ajourné neuf et déclaré cinq inéligibles, ses porteurs ne disposant pas de la nationalité française. A ses 22 dossiers validés, il convient d’en rajouter onze au titre de 2023, soit un total de 33 dossiers validés à ce jour contre les 100 souhaités. Et le temps presse, le comité a fixé au 31 décembre 2025, la date butoir de dépôt de demande d’aides à l’achat de bateaux de pêche à Mayotte.

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L’Institut médico-professionnel de Mayotte, « une première pierre »

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L’inauguration a eu lieu dans les locaux de l’Institut médico-professionnel (IMPro) à Doujani, dans la commune de Mamoudzou.

L’Institut médico-professionnel (IMPro), qui accueille des jeunes depuis août, a été inauguré mardi 10 décembre en présence de plusieurs officiels, à Doujani. S’il prend en charge douze jeunes, le chemin est encore long pour permettre l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap mental.

Avec des grands sourires et des « bonjour » chantants, les jeunes de l’Institut médico-professionnel (IMPro) accueillent chaleureusement ceux venus assister à l’inauguration de l’établissement. Ils sont douze porteurs de handicap mental à être pris en charge, depuis le mois d’août, par la structure de l’association Mlezi Maore, dans le quartier de Doujani, à M’tsapéré dans la commune de Mamoudzou. Et, ce mardi 10 décembre, l’inauguration a fait se déplacer le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, l’adjointe au maire en charge des politiques sociales et du handicap, Zoulfati Madi, le directeur général de l’association, Hugues Makengo, le président du Groupe SOS (dont elle dépend), Jean-Marc Borello, et Sergio Albarello, le directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte, qui finance l’IMPro. Car c’est un événement dans l’univers de la prise en charge des personnes porteuses de handicap : il s’agit du premier IMPro de l’île. Si les jeunes sont très fiers de présenter leur quotidien, tous ceux présents se félicitent de l’ouverture de l’établissement. L’occasion pour les représentants et officiels de (re)découvrir le fonctionnement de la structure, divisée en trois pôles : pôle entretien, géré par Hermine Le Corff, le pôle cuisine encadré par Ludovic Boilet et le pôle jardinage avec Justin Plaideau. Le but, favoriser l’insertion professionnelle de ces jeunes, porteurs d’une déficience intellectuelle moyenne à sévère.

« Ça ne peut pas être suffisant »

Lors de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées mi-novembre, l’institut avait déjà ouvert ses portes aux curieux. Il compte toujours 100 % de taux d’occupation, mais aussi de présence. Au compteur, déjà quatre stages pour ce semestre et deux à venir pour 2025. Si ses bénéficiaires apprennent des compétences purement techniques, comme passer le balai ou confectionner des gâteaux, « ce n’est pas que de la technicité », tient à souligner Barbara Denjean, à la tête du pôle Handicap de Mlezi. « Il faut travailler la transversalité pour qu’ils puissent être dans n’importe quel environnement et se comporter comme tout travailleur. « J’arrive à l’heure, je remplis mes engagements. Je suis capable d’être dans l’échange, je déjeune le midi et je nettoie ma table ». » Une opportunité pour ces douze jeunes qui, pour la plupart, viennent d’instituts médico-éducatif (IME). « C’est vraiment une innovation sur le territoire », se félicite Hugues Makengo. Oui, mais « ça ne peut pas être suffisant […] les besoins sont dix fois supérieurs, si ce n’est plus », déplore le directeur général de l’association. Il se veut tout de même optimiste, et estime « qu’une fois que tous les acteurs publics se mettront d’accord sur la question du handicap, plus globalement, pour nous autres, opérateurs, ça sera plus simple ». Une vision que partage Sergio Albarello, « on construit. Il y a beaucoup de choses à mettre en place, c’est une première pierre. Un effort collectif doit être porté. C’est aussi à travers les entreprises que le projet va vivre. Demain, elles vont proposer de plus en plus de temps de stages et en proposant de plus en plus de stages, nous allons pouvoir prendre de plus en plus d’enfants et de jeunes adultes ». Mais pour ce faire, le volet sensibilisation est primordial, « c’est aussi à travers ces stages que les regards vont changer ».

« Mais on n’en est pas encore là, on démarre », précise la chargée du pôle handicap de l’association. Néanmoins, des perspectives d’évolution se dessinent.  Le Cap emploi, un réseau de spécialistes de la relation handicap-emploi, devrait arriver à France-Travail Mayotte au premier trimestre 2025. De même, l’ARS a voté son budget ce matin « avec la trajectoire qui avait été prévue initialement », annonce Sergio Albarello. Un appel à projet a été émis par l’agence pour la construction d’établissements et services d’accompagnement par le travail (ESAT), qui permet à une personne handicapée de travailler dans un milieu fermé.

Le projet de restauration de la rivière de Bouyouni commence

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Les ripisylves de la rivière de Bouyouni vont être restaurées par la Communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte (CAGNM).

Face à la perte de la biodiversité aux abords de la rivière Bouyouni et à la dégradation de la qualité de l’eau, la communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte (CAGNM) a lancé un projet de restauration du cours d’eau ce mardi.

Ce mardi, le projet de restauration de la rivière Bouyouni, dans la commune de Bandraboua, a été officiellement lancé par la communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte (CAGNM) dans ses locaux, avant une visite du site. Ce corridor écologique, qui permet naturellement aux espèces de plantes et d’animaux de se déplacer et de se reproduire, est actuellement dégradé, de par la pollution ou encore par la présence d’espèces exotiques envahissantes (EEE). “Cela entraîne une perte de la biodiversité et nuit à la qualité de l’eau”, explique Fayda Youssouf, directrice du cycle de l’eau à la CAGNM. Un enjeu d’autant plus grand qu’il y a un point de captage et une usine de potabilisation dans le village. Sur plus d’un kilomètre, du pont jusqu’au niveau de ce point de captage, l’intercommunalité va travailler à restaurer les ripisylves (ensemble des formations boisées sur les rives d’un cours d’eau) pendant 30 mois, avec l’aide de partenaires comme la Ville de Bandraboua, le Département, les porteurs du programme Leselam (Lutte contre l’érosion des sols et l’envasement du lagon à Mayotte) ou encore les associations locales.

Dès maintenant et jusqu’au début de l’année 2025, la première étape consiste à récolter les semences de neufs plantes indigènes directement sur le site, pour préserver leur origine génétique et s’assurer de leur adaptation au terrain. Les graines récoltées seront ensuite cultivées dans des pépinières dans l’objectif de produire 2.500 plants. Les années 2026 et 2027 marqueront la phase de plantation. “En parallèle, nous allons également faire de l’arrachage d’espèces exotiques envahissantes”, ajoute Fayda Youssouf en désignant plusieurs buissons aux abords de la rivière. Tout le long du projet, un travail de communication sera effectué, pour impliquer la population et la sensibiliser à la nécessité de restaurer le cours d’eau.

Lauréat du programme Bestlife2030

Lauréat de l’appel à projets du programme européen Bestlife2030, dédié à la restauration des écosystèmes naturels dans les Outre-mers européens, le chantier est financé à 95% par ce dispositif porté par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), sur les 91.287 euros qu’il va coûter. L’Office français de la biodiversité (OFB), qui subventionne l’UICN pour ce programme, va également accompagner la CAGNM en termes de méthodes et de conseils. “C’est bien que les collectivités se saisissent de ce type de projets habituellement portés par les associations. Cela va permettre de mettre en valeur la rivière de Bouyouni”, déclare Jean-Michel Zammite, directeur des Outremers au sein de l’OFB.

“On espère que ce premier projet pourra se faire sur d’autres rivières, comme celles de Dzoumogné, de Longoni ou encore de Koungou”, avance Fayda Youssouf. Le directeur général des services de la Ville de Bandraboua alerte néanmoins sur la nécessité de prendre en compte les problématiques urbaines. “On a des maisons construites sur les bords de la rivière qui sont à un mètre de tomber dans les ravines à cause de l’érosion, il va falloir plus de travaux que de replanter des végétaux”, annonce Soibirdine Hachime, présent pour le lancement.

La tempête « Chido » annoncée près de Mayotte en fin de semaine

« Concernant Mayotte, il est encore trop tôt pour estimer l’éventuelle influence que pourrait avoir ce système en cours de week-end, du fait de l’incertitude sur la prévision de trajectoire qui est de l’ordre de 300 kilomètres à ces échéances », prévient Météo-France, dans son bulletin de 15h, ce mardi. La tempête tropicale « Chido » traverse actuellement l’océan Indien en se déplaçant vers l’ouest et devrait passer, dès mercredi, au stade de cyclone. Il devrait entraîner des vents forts et une mer dangereuse dans l’archipel d’Agaléga, puis sur la pointe nord de Madagascar dans les jours à venir. Son intensité pourrait ensuite baisser quand « Chido » traversera le Canal du Mozambique en passant au sud de Mayotte, ce samedi.

L’élection de Miss Salouva se tiendra ce samedi 14 décembre

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L’élection de Miss Salouva Mayotte se tiendra au lycée des lumières de Kawéni, à partir de 18h30, ce samedi 14 décembre. Les six candidates avaient été dévoilées le 26 octobre dernier. Le concours met à l’honneur la tenue traditionnelle de la femme mahoraise, le salouva et le kishali. « Pour l’élection, il n’y a pas de critères physiques. On peut être ronde, fine, de petite taille, peu importe. Ce qui compte c’est d’aimer sa culture et être fier de porter la tenue traditionnelle », avait expliqué Charfati Hanafi, présidente du comité Miss Salouva Mayotte. La gagnante sera élue par les votes du jury qui comptent à 50 % et le reste par le public, basé entre autres sur le nombre de « likes » sur les réseaux sociaux.

Grève dans l’enseignement : la CGT Éduc’action Mayotte veut poursuivre ce jeudi

Malgré l’absence de gouvernement à cause de la motion de censure votée la veille, les syndicats de l’Éducation nationale avaient maintenu la grève, le jeudi 5 décembre. Une semaine après, la CGT Éduc’action Mayotte souhaite poursuivre à nouveau le mouvement, ce jeudi 12 décembre. Celle-ci veut « l’abrogation de la réforme des retraites », « le retrait de toutes les mesures visant à faire payer la dette aux travailleurs et aux travailleuses et à détruire les services publics », « l’augmentation des salaires de tous les personnels notamment les plus précaires (AED, AESH…) », « la création des postes et l’attribution des moyens nécessaires à notre service public de l’éducation à Mayotte » et « la mise en place de l’Ircantec à Mayotte (retraite complémentaire pour les contractuel.les) ».

Le Revosima auditionné par le Sénat concernant la piste longue

Le sénateur Saïd Omar Oili a reçu au Sénat, ce lundi, les scientifiques du Réseau de surveillance volcanologique et sismologique (Revosima). Alors qu’il est envisagé de transférer piste longue sur Grande-Terre, le parlementaire mahorais y est résolument opposé. Lors du temps d’échange, l’ancien maire de Dzaoudzi-Labattoir a rappelé qu’il a appris, le 8 mai 2024, au cours d’une réunion avec le ministre des Transports, Patrice Vergriete, deux informations importantes. « La première c’est qu’en 2035, la piste actuelle sera indisponible plusieurs mois de l’année avec les conséquences de la montée des eaux due aux changements climatiques. En clair, sans nouvelle piste Mayotte serait coupé du monde pendant plusieurs mois. Les conclusions de l’étude comparative entre le site actuel et un site au nord de Grande-Terre, écartaient le projet de piste convergente sur Petite-Terre en raison des études scientifiques sur le volcan Fani Maoré », a-t-il déclaré. Il a donc souhaité auditionner les scientifiques pour en savoir plus sur les études qui ont pu influencer les services de l’État pour proposer ce transfert.

Police : le chef de la mission outre-mer en visite à Mayotte

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La direction de la police nationale à Mayotte a accueilli Jean-Baptiste Dulion, le contrôleur général chef de la mission outre-mer auprès du nouveau directeur général de la police nationale, Louis Laugier. Ancien patron du Raid, il a rencontré les unités de terrain de la police nationale afin de mesurer la difficulté du travail au quotidien.

Associations : la campagne de subventions lancée à Mamoudzou

La campagne de subventions 2025 de la Ville de Mamoudzou pour les associations est ouverte depuis ce mercredi au 31 janvier 2025. La municipalité rappelle qu’elle apporte un soutien financier aux associations de la commune afin de développer les activités de proximité dans le domaine de la jeunesse, des sports, de la culture, de la citoyenneté, de l’environnement, du socio-éducatif ou encore de l’insertion. Ces subventions peuvent servir aussi bien pour les activités courantes que pour les projets spécifiques et les opérations exceptionnelles. Les associations sont appelées à effectuer leurs demandes sur le site www.mamoudzou.yt. Les dossiers papiers ne sont pas recevables.

Un manzaraka aux plats équilibrés à Sada

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Ce week-end, la Ville de Sada a organisé le premier nutri-manzaraka. Ce projet a pour but de faire vivre les traditions mahoraises tout en proposant des modes de consommation et des repas plus équilibrés. La commune a organisé une dizaine d’ateliers pour préparer l’événement, comme sur les bases de l’alimentation durable, la consommation des fruits locaux, les recettes de jus et plats équilibrés. Une initiative qui a lieu dans le cadre de l’appel à projets “Bien manger et bien bouger à Mayotte”.

Le cône de mer, un coquillage aux 1.000 vertus

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Grâce à son venin, le cône peut anesthésier sa proie.

Les trésors du lagon mahorais nourrissent la recherche scientifique. C’est le cas des cônes marins, un coquillage des fonds qui a des pouvoirs thérapeutiques et cosmétologiques importants. Des chercheurs du centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe) et de l’Institut de Biomolécules Max Mousseron (IBMM) les étudient.

Enterré au fond de la mer, le cône marin attend tranquillement le passage de sa proie pour lui injecter son venin. « Elle est alors paralysée et le mollusque peut l’ingérer », explique Nicolas Inguimbert, professeur de chimie à l’université de Perpignan, au sujet de ces cônes de quatre à dix centimètres qui se nourrissent de vers, mollusques et poissons.

Le chercheur est membre du Criobe, le centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement. Implanté à Perpignan, celui-ci a aussi une antenne en Polynésie française et depuis 2023 à Mayotte au sein du Pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi. Ce coquillage, dispersé dans tous les océans chauds du globe, se retrouve notamment dans l’océan Indien et le Pacifique, et existe sous plus de 1.000 espèces différentes.

Un pouvoir anesthésiant

Concernant les cônes marins, ce qui intéresse les scientifiques, c’est son venin. Celui-ci est composé de peptides, dont les constituants sont des acides aminés. « Ce sont des molécules de communication ou des hormones qui permettent la régulation des fonctions physiologiques comme la régulation de la pression artérielle et peuvent servir dans certains cas de médicaments », explique le chercheur. Il cite l’insuline comme exemple de peptide.

Alors qu’ils ramassaient ces mollusques, des humains ont pu être piqués. « Lorsqu’ils sont piqués par le Conus magus, un type de cône marin, on observe une anesthésie de la zone piquée, les gens disent par exemple, je ne sens plus ma main », relate Nicolas Inguimbert. Des chercheurs ont isolé de façon individuelle chaque peptide du venin et les ont testés, un cône peut en produire jusqu’à 100. « Parmi eux, un a été mis en évidence pour provoquer cette anesthésie, c’est le prialt. » Pour traiter les douleurs très violentes, ce peptide est 1.000 fois plus puissant que la morphine. « Il est utilisé pour les douleurs réfractaires à la morphine et contrairement à celle-ci il ne provoque pas d’accoutumance. »

Deux doctorants mahorais sur ces travaux

Désormais, la recherche continue à étudier à quoi servent tous les peptides contenus dans le venin et à comprendre lesquels pourraient être intéressants pour la santé humaine. Deux doctorants mahorais travaillent au sein du Criobe avec Nicolas Inguimbert et Sébastien Dutertre*, Yazid Souf et Zarmina Ratibou. Le premier est chargé de la synthèse des peptides et la deuxième étudie la composition du venin.

Ce dernier peut aussi être utilisé à des fins cosmétologiques, un type de peptide est notamment utilisé dans les formulations cosmétiques pour prévenir l’apparition des rides. Les peptides des venins de cônes pourraient également avoir des applications dans le traitement de certaines maladies neurodégénératives.

Créer l’institut venomique de l’océan Indien

Depuis la création d’une antenne du Criobe à Mayotte, des missions de terrain ont lieu sur l’archipel, puis les cônes sont ramenés en métropole pour les étudier. Une fois en laboratoire, les coquillages sont stimulés pour qu’ils piquent afin d’avoir accès à leur venin. Mais le voyage en avion est dangereux pour les cônes, 50% d’entre eux en meurent. « Nous aimerions avoir un lieu à Mayotte pour les mettre dans des aquariums après les avoir ramassés. Puis après avoir prélevé le venin, les relâcher dans l’océan », explique Nicolas Inguimbert qui aimerait créer au sein du PER, l’institut venomique de l’océan Indien. « L’idée, c’est d’attirer des chercheurs de La Réunion, de Madagascar, du détroit de Mozambique pour qu’on partage les connaissances et les ressources biologiques sur les cônes. »

L’institut n’étudierait pas seulement les venins de ces mollusques, mais également ceux de certains coraux ou encore celui des scolopendres. Le Criobe a d’ailleurs déposé un projet au Département qui est en cours d’examen.

* Biologiste à l’Institut des Biomolécules Max Mousseron (IBMM).

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Les gendarmes ont procédé à l’expulsion de Youssouf Adinani ce mardi

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Youssouf Adinani a été expulsé, menottes aux poignets, de sa maison de Miréréni, village de la commune de Tsingoni, ce mardi matin. L’huissier et les gendarmes sont présents sur place. Cette situation fait suite à un conflit autour du terrain familial que la justice a reconnu comme appartenant à son demi-frère, qui vit 100 mètres plus loin. Le cinquantenaire se retrouve donc à l’extérieur de chez lui avec son baluchon. Il dénonce des pratiques corrompues sur le foncier à Mayotte. « Ce que je vis est vécu par beaucoup d’autres Mahorais », déclare-t-il. L’histoire est à retrouver dans le Flash Infos de ce mardi.

Mouslim Abdourahaman déchu de son mandat de maire de Bouéni

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Mouslim Abdourahaman a été condamné à trois ans de prison dont un an avec sursis, ce mardi 10 décembre.

Le tribunal correctionnel de Mamoudzou a tranché, ce mardi 10 décembre. Le maire de Bouéni, Mouslim Abdourahaman, va devoir laisser son siège en raison de l’exécution provisoire qui accompagne sa condamnation pour des délits de favoritisme et de prise illégale d’intérêts entre 2018 et 2022. En effet, il a écopé d’une peine de trois ans de prison dont un an avec sursis, de dix ans d’inéligibilité et d’une interdiction définitive d’exercer dans la fonction publique.

A un an et demi des élections municipales, Bouéni doit se trouver un maire. Mouslim Abdourahaman, qui occupait la fonction depuis 2014, va perdre son mandat suite à la décision de justice du tribunal correctionnel de Mamoudzou de ce mardi 10 décembre. Il a été reconnu coupable de délits de favoritisme et de prise illégale d’intérêts. Ceux-ci ont été exposés, lors d’une audience fleuve, le mardi 26 novembre. Il y avait d’abord ces marchés publics attribués à des entrepreneurs sans mise en concurrence (19 chefs d’entreprise ont déjà été condamnés lors de comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité). Certains étaient même « saucissonnés », ont constaté les magistrats de la Chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte (qui a sorti un rapport salé en 2023) et les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie. C’est-à-dire que le marché était découpé pour que les tranches ne dépassent pas les montants exigeant un appel d’offres. 

Élagage, curage des caniveaux, déchets, informatique, bureau de maîtrise d’œuvre, location de camionnettes, les domaines sont multiples. « Certains voient la mairie de la Bouéni comme un jackpot ! », s’était exclamé Ludovic Duprey. Le président du tribunal correctionnel s’était étonné de retrouver des marchés qui avaient parfois le même objet comme ceux de l’élagage, mais qui étaient attribués à des sociétés différentes (le gérant restait toutefois le même). « Il y avait beaucoup de turnover aux services techniques, c’était compliqué d’avoir une vision générale », avait répondu celui qui est chargé de développement au conseil départemental de Mayotte. Celui-ci, quand il ne plaidait pas « la méconnaissance », a reporté plusieurs fois la responsabilité sur ses collaborateurs. Les bons de commande, comme les délibérations, portent pourtant sa signature.

Des prises illégales d’intérêts aussi

Outre les marchés publics, la situation des sœurs a attiré également l’attention de la justice pour des prises illégales d’intérêts. Deux d’entre elles ont ainsi pu obtenir un poste à la mairie au cours du mandat, quand d’autres ont bénéficié d’avancement. A chaque fois, le maire était à la signature. Jugé également le 26 novembre pour recel de prise illégale d’intérêts, le beau-frère avait tenté de défendre la légitimité de son parcours pour expliquer en quoi son travail de directeur administratif et financier de la commune de Bouéni était dû à ses compétences et non sa proximité avec le donneur d’ordre, qui était en plus présent lors de l’entretien d’embauche. Ce dernier a été condamné ce mardi à un an de prison avec sursis, à une peine d’inéligibilité de dix ans avec exécution provisoire et d’une amende de 15.000 euros.

Lors de son réquisitoire, le 26 novembre, Yann Le Bris s’était attardé sur le devoir d’exemplarité demandé aux élus. « Le maire, ça doit être l’exemplarité. Un maire qui respecte son mandat doit être intransigeant avec la probité. Il n’a pas à se cacher derrière l’incompétence de ses services. C’est un système non seulement organisé, mais à votre main, Monsieur le maire », avait-il déclaré. Il avait demandé trois ans de prison dont un an avec sursis, une amende de 100.000 euros, une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire et une interdiction d’exercer dans la fonction publique pendant trois ans à l’encontre de Mouslim Abdourahaman. L’avocat du maire, maître Jean-Jacques Morel, n’a pas nié les faits de favoritisme, mais a fait remarquer que l’enrichissement personnel n’a pas été prouvé. Le conseil avait surtout trouvé les réquisitions « très lourdes ». « Vous ne pouvez pas le condamner à une mort sociale, à une mort politique, à une mort économique », avait-il plaidé.

Les juges du tribunal correctionnel ont condamné le maire à trois ans de prison dont un an avec sursis. Le mandat de dépôt différé est assorti d’une exécution provisoire : Mouslim Abdourahaman doit donc se présenter au centre pénitentiaire de Majicavo pour purger sa peine. Il a également été condamné à une peine d’inéligibilité de dix ans, d’une interdiction définitive d’exercer dans la fonction publique et à une amende de 50.000. Assorties d’une exécution provisoire, ces peines d’inéligibilité et d’interdiction d’exercer dans la fonction publique ne vont pas avoir que des conséquences à Bouéni ou au Département (où il travaille), où il perd respectivement son mandat et son poste. Mouslim Abdourahaman est également premier vice-président de la communauté de communes du sud de Mayotte et président du Smiam (syndicat mixte d’investissement pour l’aménagement de Mayotte).

Aussitôt évacué, le camp de Tsoundzou se déplace juste à côté

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Les migrants d’Afrique continentale vivent dans des conditions précaires à Tsoundzou 2.

A la suite de l’évacuation du camp en face de Coallia à Tsoundzou 2, les migrants originaires d’Afrique continentale se sont installés de l’autre côté de la route nationale 2, faute de lieu où aller. Parmi eux des enfants, et des femmes enceintes. Reportage

« Il faudra me mettre les menottes, il est hors de question que je parte »

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Youssouf Adinani, qui occupe actuellement une maison de Miréréni, fait l’objet d’une procédure d’expulsion qu’il conteste.

La régularisation foncière fait parfois des heureux et des malheureux dans les familles mahoraises. Celle de Youssouf Adinani en fait partie. Ce dernier se retrouve menacé d’expulsion de sa propre maison à Miréréni, après une procédure lancée par son demi-frère*.

« Si on vient m’expulser, il faudra me mettre les menottes, il est hors de question que je parte », affirme Youssouf Adinani. L’homme le sait, cela pourrait arriver très vite. L’enseignant vient à nouveau de recevoir un courrier de la préfecture de Mayotte, daté du 3 décembre, l’informant qu’un commissaire de justice avait demandé le concours des forces de l’ordre, « faute de libération des lieux de votre propre chef dans les délais impartis ». Cette maison, le quinquagénaire l’a construite en 2004 sur le terrain familial situé sur une parcelle entre les villages de Combani et Miréréni, dans la commune de Tsingoni. Celui-ci a été acquis par sa mère et son beau-père en 1988 auprès de la société Bambao pour 43.430 francs. Les deux ont toutefois divorcé, dix ans plus tard, et selon le fils, sa mère disait souvent que la propriété avait été divisée en deux, deux hectares au mari et les trois autres à elle.

Une reconnaissance en 2015

Youssouf Adinani, qui a alterné entre des périodes où il enseignait en métropole et celles où il vivait à Mayotte, envisageait de pouvoir s’installer durablement à Miréréni. Sauf que la suite ne s’est pas passée comme prévu. Il a découvert que l’enquête cadastrale (à laquelle il a participé en 2005) a fait de son beau-père le seul propriétaire des lieux finalement. En outre, il a constaté que son demi-frère* (qui vit à une centaine de mètres) a, de son côté, des vues sur le terrain sur lequel il a un projet immobilier et s’est fait reconnaître comme propriétaire en 2015 par le conseil départemental de Mayotte, qui avait récupéré le Domaine de Combani à la dissolution de Bambao en 1991. La collectivité s’était alors fiée à une attestation de renonciation signée unilatéralement par le beau-père, deux ans auparavant. « Il y a que sa signature, il n’y a ni celle de sa mère ni les nôtres », fait pourtant remarquer Youssouf Adinani, qui voit dans cette régularisation des coups de pouce de l’administration locale dans laquelle son frère a plusieurs proches.

L’homme a bien tenté de contester son expulsion en justice, mais le jugement en référé de 2021 ne lui a pas donné raison. « Le juge a rendu son avis que sur du sable, il n’y a jamais eu d’enquête », regrette-il aujourd’hui. Il a également essayé de plaider son cas auprès de la préfecture, mais il n’a jamais eu de réponse, hormis cette nouvelle lettre d’expulsion datée du 3 décembre. S’il souhaite encore contester cette éviction, il sait qu’elle se fait de plus en plus proche. Une tractopelle est déjà chez son demi-frère depuis ce lundi.

*Contacté, son demi-frère ne souhaite pas s’exprimer et s’appuie sur la décision de justice qui lui a été favorable en 2021.

« Ce n’est pas normal de nous laisser comme ça »

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Les syndicats appellent tous les salariés de La Poste à se joindre à la grève de jeudi 12 décembre. Photo d’archives

Les syndicats CGT-May Poste et Sud PTT ont déposé un préavis de grève à partir du 12 décembre. Ils réclament notamment une garantie de toucher la prime contre la vie chère et de meilleures conditions de travail. Les mêmes revendications que l’été dernier, durant la grève qui avait duré près de trois semaines.

Comme un air de déjà vu, le rendez-vous est donné au centre de tri de Kawéni, par les organisations syndicales CGT-May Poste et Sud PTT, jeudi prochain. Un préavis de grève a été déposé par ces dernières, à partir du 12 décembre. Les revendications sont les mêmes qu’en juin et juillet dernier, lorsque plusieurs salariés de La Poste s’étaient mis en grève durant trois semaines. Mais cette fois-ci, elle va avoir lieu lors d’une période particulièrement chargée, alors que les colis et les lettres s’échangent par milliers à l’approche des fêtes.

Les revendications portaient, cet été, sur les pensions de retraite, car certains ne les auraient pas perçus depuis deux ans, la prime de la vie chère inexistante à Mayotte, l’organisation des salariés et les conditions de travail. À la suite de cette grève, deux points bloquaient encore « sur la prime de vie chère et les conditions de travail », explique Anli Saïd, secrétaire départemental de la CGT-May Poste. Une étude a été menée par la direction pour tenter de proposer des solutions et devait notamment porter sur les conditions et le montant d’attribution de la prime. Elle a été présentée en octobre, mais là, les syndicalistes ont mis le holà, « parce qu’elle ne nous convenait pas ». Ils demandent « un engagement ferme sur la prime de 150 euros par mois, la rétroactivité et une certification pour une clause de revoyure annuelle », car pour l’instant, aucun document officiel n’atteste des promesses tenues par la direction lors des protocoles de fin de grèves. « Ce n’est pas normal de nous laisser comme ça », estime Anli Saïd. Si Catherine Garnier-Amouroux, directrice du réseau Outre-mer et déléguée régionale du groupe La Poste, a échangé avec les salariés lors de sa venue en novembre, elle n’a pas convaincu les syndicats.

Une situation vécue comme injuste, « on nous dit que c’est en négociation au niveau national alors que ça ne s’est jamais passé comme dans les DOM », s’agace le syndicaliste. « Pourquoi il y a deux traitements entre les DOM ? On est tous des postiers. Il n’y a pas de raison. » D’autant que cette prime contre la vie chère est bien effective dans les autres départements d’Outre-mer et qu’elle est réclamée à Mayotte depuis de nombreuses années, en vain.

Une mauvaise communication

Mais elle ne concentre pas toutes les revendications : « Après, il y a la partie conditions de travail. Il devait y avoir un facteur référent pour voir les difficultés et comment améliorer les tournées, un point sur les projets immobiliers à Mayotte qui devait se tenir tous les trois mois dont on n’a pas vu la couleur. Et aussi, un plan de renouvellement du parc automobile dont on n’a pas entendu parler », déplore la CGT-May Poste.  D’autres cas, plus particuliers, sont également compris dans les doléances, comme celui d’une salariée qui travaille depuis plus d’une décennie dans l’entreprise et qui n’a toujours pas été cdisée. Néanmoins, un point commun se dessine, un manque de communication avec la direction, « pas un syndicat n’est satisfait de ses relations avec elle », considère la CGT- May Poste.

Des adolescents mahorais s’appliquent à promouvoir la laïcité

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Les élèves ambassadeurs de la laïcité du lycée polyvalent de la Cité du Nord ont rencontré le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, à l’occasion de la journée de la laïcité.

A l’occasion de la Journée de la laïcité, le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, s’est rendu au lycée polyvalent du Nord à Acoua, ce lundi. Il y a rencontré des élèves ambassadeurs de la laïcité, une initiative éducative visant à promouvoir ce principe fondamental de la République auprès de leurs camarades.

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Bel Hadji et Faoura Abdallah, âgés de 17 ans, sont tous deux ambassadeurs de la laïcité au lycée polyvalent de la Cité du Nord, à Acoua.

« La laïcité n’est pas une opinion, c’est ce qui permet à chacun d’en avoir une », affirme Noël Sanchez, principal du lycée polyvalent de la cité du Nord, lors de la journée de la laïcité, ce lundi 9 décembre, au sein de la salle de conférence. En présence du recteur Jacques Mikulovic, une quarantaine d’élèves sont devenus ambassadeurs de la laïcité grâce à un projet mis en place par Arnaud Issler, enseignant en histoire-géographie. « J’ai constaté que les élèves n’étaient pas très informés sur cette notion. Pour eux, c’était quelque chose qui allait contre la religion. Je me suis rendu compte, en leur expliquant le fonctionnement réel de la laïcité, que pour eux, c’était désormais clair. »

Un projet pour démystifier la laïcité

Parmi ces élèves ambassadeurs se trouvent Bel-Hadji Matchani, 17 ans, élève de terminale originaire de M’tsamboro. Il est devenu ambassadeur de la laïcité malgré les préjugés qu’il pouvait avoir sur cette notion. « Dans ma tête, la laïcité, c’était pour empêcher les gens de pratiquer leur religion, mais j’ai compris que la laïcité aide à protéger les croyants et les non-croyants », explique-t-il.

Inscrite dans la Constitution du 4 octobre 1958, la laïcité est un principe qui garantit la séparation des institutions publiques et des religions, tout en préservant la liberté de conscience et l’égalité devant la loi. Un concept que Bel-Hadji et ses camarades ambassadeurs ont pu approfondir lors d’une sortie scolaire à l’Université de Mayotte, grâce à un cours dispensé par Frantz Thille, historien spécialiste du Moyen-Orient. « La laïcité n’attaque aucunement les religions, bien au contraire. Ces élèves doivent forger leur propre personnalité, posséder leur libre arbitre et être capables, grâce à la neutralité de leur espace scolaire, de s’épanouir. Ils ont compris que c’était un élément fondamental de notre République. » Le cours s’est poursuivi, avec des études de cas et un quiz que la grande majorité des élèves ont réussi.

Les élèves ambassadeurs de la laïcité sont désormais chargés de transmettre cette notion à leurs camarades. Arnaud Issler souhaite maintenant organiser un concours d’écriture et un concours d’éloquence sur ce thème.

Le rectorat de Mayotte dément les dangers liés aux travaux du collège d’Iloni

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Sollicité avant la publication d’une tribune portant sur l’organisation au sein du collège Zakia-Madi, à Iloni, le rectorat de Mayotte avait émis le souhait d’attendre que le texte signé par Adidja Fatihoussoundi, coprésidente de la FCPE 976, soit connu avant de réagir. Il le fait par un droit de réponse publié ce mardi. Répondant sur six points, le recteur Jacques Mikulovic veut mettre « aux polémiques inutiles et les attaques personnelles qui ne font que détourner l’attention des véritables enjeux éducatifs ».

« Suite à la tribune publiée dans Mayotte Hebdo, le 25 novembre 2024, sous la plume de Madame Adidja Fatihoussoundi, coprésidente de la FCPE 976, portant des accusations graves voire diffamatoires à l’encontre de la cheffe d’établissement du collège Zakia Madi, situé à Iloni – Dembéni, le rectorat de Mayotte souhaite apporter quelques éléments :

  1. Une gestion responsable et concertée au service des élèves : Les décisions prises au sein de cet établissement sont le fruit d’une réflexion approfondie, concertée et validée par les instances compétentes, dont le conseil d’administration. Pour exemple, les groupes de besoins cohabitent avec de nombreuses classes à projets ce qui démontre le dynamisme pédagogique de cet établissement et surtout l’implication des équipes sous le management d’une équipe de direction, elle aussi investie et bienveillante.
  2. Sécurité et conformité des travaux : Le projet de réhabilitation des espaces éducatifs vise à réhabiliter les anciennes salles condamnées lors des séismes de 2018. Les allégations sur les dangers physiques et sanitaires des travaux sont aujourd’hui totalement erronées. La mise en service des espaces concernés a été validée par le service technique du rectorat et le cabinet d’étude mandaté pour le suivi des travaux. Pour pallier aux nuisances sonores et poussières évoquées, la rentrée a été différée pour cet établissement et du personnel intérimaire a été mandaté pour accompagner l’équipe des agents et faire en sorte que la rentrée puisse se faire dans les meilleures conditions, tant pour les élèves que les personnels, dès le lundi 26 août 2024.
  3. Effectifs et conditions d’accueil : Le Rectorat reconnait que la croissance rapide des effectifs scolaires à Mayotte constitue un défi majeur. Cependant, il est inexact de prétendre que 2.000 élèves sont entassés dans un bâtiment prévu pour 700. Les infrastructures actuelles, bien que contraintes, répondent à une organisation optimisée dans l’utilisation des salles afin d’assurer une continuité pédagogique de qualité. Et c’est ce qu’on peut constater pour une grande majorité des établissements de ce territoire.
  4. Respect de la vie scolaire et des droits des élèves : Les accusations concernant les sanitaires, la ventilation et l’organisation des récréations sont caricaturales et ne reflètent pas la réalité. Les travaux en cours incluent la réhabilitation des toilettes et la création de nouveaux espaces adaptés. L’intérêt supérieur des élèves demeure au cœur des décisions prises par la cheffe d’établissement et le Rectorat.
  5. Une attaque injustifiée et inadmissible envers la cheffe d’établissement : Le Rectorat condamne fermement les propos accusatoires voire diffamatoires et injurieux à l’égard de la cheffe d’établissement, qui agit avec dévouement et professionnalisme dans des conditions parfois complexes. La volonté de remettre en cause son intégrité et ses compétences, relève de la malveillance à d’autres fins et est inacceptable. À cet effet, le Rectorat a immédiatement accordé la protection fonctionnelle à la cheffe d’établissement afin de défendre ses droits face à ces attaques infondées.
  6. Engagement du Rectorat pour l’avenir : Le Rectorat, conscient des défis structurels auxquels fait face le système éducatif mahorais, continue de travailler sans relâche pour garantir des conditions d’accueil et d’apprentissage dignes pour tous les élèves de Mayotte. L’ouverture d’un second collège pour répondre aux besoins des élèves de la commune de Dembéni est maintenant une réalité, tout comme celui de Vahibé et d’autres projets à venir.

Enfin, nous appelons toutes les parties prenantes à un dialogue constructif et respectueux, au service de l’éducation et de la réussite des élèves. Les polémiques inutiles et les attaques personnelles ne font que détourner l’attention des véritables enjeux éducatifs. »

Jacques Mikulovic, le recteur de Mayotte

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes