Dans le cadre du projet d’échange inter CMJ intitulé « Échanges croisés entre jeunes engagés », le conseil municipal des jeunes de Mamoudzou accueille ceux de Bouéni et de Tsingoni le mardi 18 octobre autour des valeurs du partage et du vivre-ensemble.
Encadrée par les services jeunesse et excellence sportive ainsi que par des encadrants des deux communes invitées, une course d’orientation sera organisée au parc Mahabou de 8h à 16h afin de faire découvrir le patrimoine de la ville chef-lieu. Cette action réunira 49 conseillers jeunes de Mamoudzou, âgés de 12 à 15 ans, 23 de Bouéni, âgés de 13 à 20 ans, et autant de Tsingoni âgés de 12 à 20 ans.
À Mayotte, en 2019, 33.000 personnes déclarent être parties en vacances au cours des 12 derniers mois, soit 21% de la population de 15 ans ou plus. C’est nettement moins que les habitants de l’Hexagone (66%) et que ceux de La Réunion (39%). Bénéficiant le plus souvent d’une plus grande aisance financière, les personnes diplômées et celles natives de France hors Mayotte partent davantage en vacances.
Les habitants de l’île aux parfums sont un peu plus nombreux à être partis en week-end : c’est le cas de 40.500 personnes, soit 26% des 15 ans ou plus. Parmi les habitants du 101ème département partis en vacances ou week-end, près de la moitié ont séjourné hors du territoire, principalement dans l’Hexagone, aux Comores et à La Réunion. Par ailleurs, près de la moitié des habitants ont visité en 2019 un site patrimonial, situé à Mayotte, à La Réunion ou dans l’Hexagone.
L’association Souboutou Ouhédzé Jilaho – Ose libérer ta parole annonce officiellement la publication du premier livre de sa présidente Saïrati Assimakou intitulé « Ose et ça ira ». Depuis le 24 janvier 2019, elle marque d’une encre indélébile son combat pour la libération de la parole, la prise de conscience et l’implication de tous pour vaincre les violences sexuelles. Que du chemin parcouru
depuis avec la création de l’association SOJ, le lancement de la campagne, la reprise des études universitaires et sa vie de jeune maman.
À la suite de la sortie de son ouvrage, la présidente organise présentation de celui-ci le samedi 29 octobre au restaurant le Mermoz (Mamoudzou) de 9h à 11h suivi d’une après-midi d’échange de 14h à 18h. L’occasion d’écouter l’autrice conter son parcours de combattante, pour ne plus survivre, mais bien pour vivre, et expliquer pourquoi la plume lui est apparue comme un choix évident contre le mutisme imposé par la société.
Les délais de paiements des bourses allouées aux étudiants-infirmiers partis en métropole (voir Flash Infos du lundi 3 octobre) posent toujours autant de problèmes. Une somme de 900 euros par mois et billets d’avion sont censés être réglés par le Département de Mayotte, tandis que les élèves « expatriés » promettent de revenir travailler au moins neuf ans à Mayotte. Cependant, les virements tardifs mettent ces derniers régulièrement en difficulté financière. Loyers, transports, nourriture, ils arrivent au bout de leurs réserves au cours des premiers mois et sont donc souvent dans l’attente que le Département fasse sa part économiquement. Selon nos informations, des élèves en seconde année dans les Ifsi partenaires ont bien reçu le premier virement de l’année, le 5 octobre. Par contre, ceux de première année sont toujours en attente des subsides. Les quinze étudiants mahorais de l’Ifsi de Quétigny (Côte-d’Or) le confirment. Pire, la prime d’installation de 900 euros, qui devait pallier ce problème récurrent, se fait également toujours attendre.
L’association RéDiab Ylang 976 met en place un dépistage gratuit dès le 19 octobre. Chaque mercredi, de 8h à 10h, toutes les personnes de plus de 30 ans, pourront se faire dépister dans les locaux situés Impasse Saïd Hassani M’Nagnochi, quartier Boboko, à Mamoudzou. Tous les habitants de l’île pourront venir réaliser un dépistage par glycémie capillaire et anonyme.
Le diabète une maladie chronique caractérisée par la présence d’un excès de sucre dans le sang, appelé hyperglycémie. Celui de type 2 est le plus fréquent et en forte progression. Son augmentation est liée à l’évolution des modes de vie, surtout l’alimentation et l’activité physique.
Aujourd’hui, le risque de développer un diabète de type 2 est plus important qu’auparavant. Sans diagnostic ou prise en charge précoce, les conséquences peuvent être graves. En France, en 2019, près de quatre millions de personnes étaient identifiées comme diabétiques par l’assurance maladie. À Mayotte, selon l’étude « Unono Wa Maoré », 17.7% des 30-69 ans étaient atteints de diabète en 2019. Parmi ces personnes, environ la moitié était malade sans le savoir.
2.400 cocos et bacocos peu habitués aux sorties touristiques vont profiter, cette année, du dispositif Séjours seniors.
Lancé en novembre 2021, le plan Destination France doit relancer le tourisme dans notre pays. Il inclut l’opération « 10.000 départs en vacances outre-mer » que Mayotte a décliné à destination des seniors grâce aux centres communaux d’action sociale locaux. 2.400 cocos et bacocos peu habitués ont pu ou vont profiter des journées en catamaran, sur les îlots, au cœur de l’île, des restaurants ou des hôtels.
À la mi-novembre, les sorties 2022 prendront fin pour les 2.400 Mahorais qui bénéficient des séjours seniors, un tout nouveau dispositif qui se rattache à l’opération « 10.000 départs en vacances outre-mer ».
Maxime Ahrweiller, secrétaire générale pour les affaires régionales de la préfecture de Mayotte, Bibi Chanfi, vice-présidente du conseil départemental, Zaounaki Saindou, présidente de l’AaDTM, et Michel Madi, directeur de l’AaDTM.
Dans quels buts sont organisés les séjours ?
Deux objectifs sont visés. Le premier est d’ordre économique puisque ces sorties sont planifiées à chaque fois sur deux jours et doivent aider un secteur touristique mis à mal par la crise sanitaire. L’autre motif est de permettre à un public qui n’en a pas l’habitude de pouvoir partir le temps de courtes vacances. À l’Agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte (AaDTM), le choix s’est rapidement fait sur les personnes âgées. « On connaît les difficultés des retraites qui sont basses. C’est destiné aussi à des personnes qui vivent là depuis longtemps, mais ne connaissent pas si bien que ça le territoire », fait remarquer Maxime Ahrweiller, la secrétaire générale pour les affaires régionales de la préfecture de Mayotte.
Qui a le droit aux sorties ?
Les 17 CCAS (centres communaux d’action sociale) ont eu la charge de trouver quels bacocos ou cocos peuvent quitter leurs foyers familiaux pendant deux jours. « Ce n’est pas toujours évident. Il faut parfois convaincre les familles », assure Michel Madi, directeur de l’AaDTM. Les critères à remplir sont d’avoir plus de 55 ans, d’avoir un faible revenu, d’être sans emploi ou en retraite. 2.400 cocos et bacocos sont ainsi concernés, dont plus de 1.000 ont déjà pris part aux sorties. L’Agence n’exclut pas non plus d’adapter l’idée à un public plus jeune à l’avenir.
Quelles activités sont proposées ?
Elles sont réunies sous la forme de cinq offres comprenant des activités réparties sur toute l’île. Journées en catamaran, sur les îlots, petites balades au cœur de l’île ou en Petite-Terre, soirées dans les restaurants et nuits à l’hôtel, des groupes de 18 à 30 personnes en profitent. Selon le retour des bénéficiaires eux-mêmes, les activités s’avèrent adaptées à leurs âges.
Les prestataires y trouvent aussi leur compte avec les dates proposées, souvent en semaine et pas forcément en périodes de vacances. « On a évité le mois d’août », prend comme exemple le directeur de l’AaDTM.
Quels sont les financeurs ?
Ils sont cinq à mettre la main à la poche. L’ensemble des sorties a été financé à hauteur de 668.400 euros. Le Département en subventionne un quart. L’Agence nationale des chèques vacances participe à hauteur de 400.000 euros et la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) pour 80.000 euros. Le ministère des Outre-mer fournit, de son côté, de quoi faire fonctionner le dispositif (28.400 euros), notamment par l’emploi d’un personnel dédié.
Est-ce que les prestataires y trouvent leurs comptes ?
Une vingtaine de prestataires organisant des sorties, restaurateurs, hôteliers ou transporteurs ont accompagné le dispositif. Au niveau des retours, tous sont prêts à recommencer. « Ils ont eu un public qu’ils ne connaissent pas », poursuit le directeur. Et la moitié a même vu des familles faire des réservations chez eux à la suite des sorties des anciens.
Le dispositif sera-t-il reconduit ?
C’est en tout cas le souhait des organisateurs. « On espère faire pareil, voire beaucoup mieux », promet Bibi Chanfi, la cinquième vice-présidente du conseil départemental. Du côté des bacocos et cocos, l’envie est également là, surtout que les sorties n’ont pas été sans conséquences. « On appris qu’une semaine après une sortie, deux personnes qui dépendent du CCAS de Ouangani se sont mariées », relève Michel Madi.
Benyamine M’sa et Saïd Rachidi, capitaines du Rosador et des Diables noirs, espèrent prolonger l’aventure Coupe de France en métropole après la finale de ce samedi.
Auteurs d’un parcours sans faute jusque-là, l’AS Rosador de Passamaïnty et les Diables noirs de Combani se retrouvent en finale de Coupe régionale de France, ce samedi, à 14h30. Les capitaines respectifs, Benyamine M’sa et Saïd Rachidi, jouent d’abord la rencontre dans nos colonnes.
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Flash Infos : Est-que la Coupe est un objectif ?
Saïd Rachidi : Oui, clairement. C’est ce que veut notre président. On respecte pour l’instant l’objectif.
Benyamine M’sa : Pas forcément, elle l’est devenue au fil du temps. On est revanchards par rapport à l’année dernière. On a perdu 4-0 contre les Jumeaux de M’zouazia, il faut effacer ça.
FI : Quelle saveur particulière revêt cette Coupe de France ?
S.R. : À Mayotte, c’est la compétition la plus valorisante. Le vainqueur du championnat gagne 600 euros. Alors que là, le gagnant va représenter l’île en métropole. On a gagné deux fois de suite la Coupe il y a quelques années. On a envie d’y retourner.
B.M. : Ce n’est pas la même motivation. J’ai pu gagner deux finales quand je jouais au FC M’tsapéré. Donc j’essaie de faire comprendre aux autres ce que ça fait et je tente de les faire passer en mode Coupe de France. Des moments comme ça, on s’en souvient toute sa vie. La photo de la victoire, ils la regarderont tout le temps.
FI : Le fait qu’il n’y ait pas de Coupe de Mayotte cette année, est-ce une motivation supplémentaire ?
S.R. : Pas forcément. Ce n’est pas en supprimant une compétition que ça va en favoriser une autre.
B.M. : Non, je ne pense pas. Depuis que je suis au Rosador, on prend toutes les compétitions de la même manière. Ça fait partie de l’ADN du club.
FI : Vous n’êtes pas forcément des favoris en championnat et vous êtes en finale. Comment vous l’expliquer ?
S.R. : Il y a une nouvelle équipe. On a un effectif pléthorique, mais ce n’est pas évident de concurrencer les meilleurs chaque week-end.
B.M. : C’est vrai que l’on n’est pas bien classés. C’est dû à plein de paramètres différents. Mais comme je l’ai dit, la motivation n’est pas la même en coupe. Il y a déjà le parcours. On a éliminé le FC M’tsapéré au premier tour pendant la séance des tirs aux buts, alors qu’on sait qu’une rencontre entre les deux équipes, c’est déjà un grand match tout court. La Coupe de France, ça se gagne avec les tripes.
FI : Sur quelles forces reposent l’équipe ?
S.R. : Il y a bonnes individualités. On a un gros recrutement, chacun nous a boosté. Il y a « Chamou » par exemple qui est le buteur de la sélection mahoraise. Il nous a fait gagner quelques matchs. Sinon, on a gagné aussi sur le plan mental. On est capables d’aller chercher le but ou les points dont on a besoin.
B.M. : On a une équipe dirigeante qui nous pousse. On sent que les joueurs ne sont pas délaissés. Il ne nous faut pas grand-chose, je pense même que cette finale peut être un déclic.
FI : Vous vous êtes déjà affrontés cette saison (Combani a gagné 2-1 en ouverture de saison). À quoi vous attendez-vous ?
S.R. : Ça fait partie des équipes phares du championnat. Même s’ils sont derniers, ça va se jouer dans la motivation.
B.M. : Ils sont bien structurés. Ils ont un coach qui a de l’expérience (N.D.R.L. Djamaldine « Djamal » Ali, ex-coach des Jumeaux). Pour moi, ils sont plus forts que nous. Mais ce n’est qu’un match.
FI : Combani a failli descendre en Régionale 2 la saison dernière en jouant Rosador lors de la dernière journée (les Diables noirs ont gagné 3-2 dans les dernières minutes). Est-ce que ce passif est toujours présent ?
S.R. : (il sourit) C’est sûr, ce sont des mauvais souvenirs. Mais je pense que cette victoire à l’arrachée nous a forgés.
B.M. : Ça promet une belle finale. C’est vrai que quand on regarde notre passif, on q toujours eu des matchs équilibrés.
Samedi 15 octobre, à 14h30, au stade Cavani à Mamoudzou, finale de Coupe régionale de France AS Rosador contre les Diables noirs de Combani.
Après une première édition à Musical plage, début juillet, le festival Yes Ko Green est déjà de retour à M’zouazia.
Après avoir accueilli près de 700 personnes en juillet dernier, l’éco-festival Yes Ko Green lance sa deuxième édition le 15 octobre, sur la plage de Mastara, à M’zouazia. L’objectif : sensibiliser à la dégradation de la biodiversité, la gestion des déchets et la pollution. Entretien avec Gilles Chauvanaud, président de l’association Yes We Can nette, qui organise l’événement.
Flash Infos : Quel est l’objectif de ce festival ?
Gilles Chavanaud, le président de l’association Yes We Can nette, est l’organisateur de l’événement.
Gilles Chauvanaud : Nous avons voulu créer une fête ludique et familiale pour montrer que le développement durable n’est pas forcément une contrainte. Ce n’est pas le retour à l’âge de pierre, nous ne sommes pas obligés de nous faire mal. Le festival se concentre sur plusieurs thématiques : l’écologie, la gestion des déchets, la solidarité, mais aussi la musique. L’idée est de rassembler toutes les associations et les acteurs du territoire pour les faire connaître, mais aussi pour sensibiliser la population. L’objectif est que les habitants prennent conscience des problématiques environnementales : la gestion des déchets, les différentes formes de pollution, la dégradation de la biodiversité ou les modes de consommation, notamment issus de l’importation.
FI : Comment se déroulera cet événement ?
G.C. : Il y aura dix artistes et des concerts l’après-midi, 22 stands ainsi qu’un village de l’artisanat local représenté par les maisons de l’artisanat de Sada et Bouéni. Des sculpteurs sur bois, des peintres ou des créateurs de bijoux seront présents. À leurs côtés, les associations qui tiennent un stand feront participer les visiteurs. À titre d’exemple, notre association Yes We Can nette, qui propose d’acheter des produits de première nécessité à prix réduit en échange de cannettes recyclables, lancera un défi. Le but sera de construire un château à partir de cannettes usagées et la plus belle réalisation sera récompensée. Le festival proposera également plusieurs actions comme la construction de mobilier à partir d’objets en fin de vie, un atelier sur les plantes médicinales ou encore des actions de sensibilisation au compostage et au tri des déchets.
Outre des stands tenus par les associations environnementales présentes à Mayotte et des débats, une animation musicale est proposée lors de cette journée.
En parallèle, nous organiserons des tables rondes. Le festival est gratuit, mais nous demanderons une compensation aux participants : ils devront poser une question en lien avec le développement durable. Ces interrogations permettront ensuite d’alimenter les débats, animées par les associations.
FI : La première édition a eu lieu le 2 juillet, pourquoi organiser une deuxième édition dès maintenant ?
G.C. : Si nous voulons faire du développement durable, il faut une certaine récurrence. Nous sommes très satisfaits de la première édition, nous avons accueilli 700 visiteurs, c’est à peu près ce que nous attendions. Cette fois, nous devrions en accueillir davantage. Et cette deuxième édition sera également l’occasion pour nous de présenter le prototype du jeu vidéo que nous sommes en train de créer sur la gestion des déchets.
Samedi 15 octobre, à partir de 10h, plage de Mastara, M’zouazia.
Entrée gratuite.
Le festival est soutenu par la communauté de communes du Sud et par la direction des affaires culturelles (Dac), mais aussi par des dons. Son budget est de 12.000 euros par édition.
Diane Hardy, chargée de mission nationale à la Ligue de l’enseignement sur la pause méridienne et la restauration scolaire, et Michel Le Jeune, membre du groupe national du conseil national de l’alimentation (CNA) au titre de la Ligue de l’enseignement, sont revenus sur les enjeux éducatifs et sociaux de la pause méridienne.
La Ligue de l’enseignement de Mayotte organisait, ce jeudi 13 octobre, au collège de Kwalé à Tsoundzou 1, une conférence-débat sur les enjeux de l’éducation à l’alimentation pendant les différents temps scolaires et périscolaires. Membre du groupe national du conseil national de l’alimentation (CNA) au titre de la Ligue de l’enseignement, Michel Le Jeune est intervenu pour insister sur l’importance de la qualité de la restauration collective des jeunes. Entretien.
Flash Infos : Le 101ème département accuse un retard prégnant en termes de restauration scolaire. Quel est votre premier constat sur ce point-là ?
Michel Le Jeune : J’ai rencontré la même problématique lorsque je travaillais en Guyane il y a 25 ans. Vous êtes en train de vivre en accéléré ce que la métropole a progressivement vécu en 50 ans. Par exemple, il y a des départements où nous avons connu la création du dernier restaurant scolaire en 1974… Il ne faut pas croire que cela s’est fait de manière majestueuse et rapide ! Cela a mis du temps à s’installer. Après, nous pouvons naturellement comprendre l’impatience des parents à Mayotte. Mais toutes ces infrastructures ne peuvent sortir de terre en un claquement de doigts.
FI : Une enquête menée en 2018-2019 par l’agence régionale de santé (ARS) de Mayotte sur les jeunes de 10-12 ans scolarisés en 6ème met en lumière les problèmes de poids chez cette tranche d’âge et fait le lien avec la consommation alimentaire et la situation sociale (voir Flash Infos n°5311 du lundi 3 octobre).
LJ. : Il faut relativiser la place de la restauration scolaire, sans pour autant la minimiser. Une année représente 140 déjeuners, ce qui équivaut à 12% de l’alimentation annuelle d’un enfant. Certes, ce n’est pas important en volume consommé, mais sur le plan éducatif, c’est énorme dans la mesure où l’école est quasiment le seul endroit où les élèves apprennent à manger ensemble, hors du domaine familial. Cela ouvre la réflexion sur ce qu’est une alimentation saine et équilibrée parce que nous préparons des futurs adultes qui seront des futurs parents et qui peut-être auront d’autres réflexes et habitudes ! Avec l’ensemble des partenaires, il faut nous projeter à long terme, penser à une approche globale et cohérente (temps scolaire, périscolaire, accueils de loisir), et ne pas nous focaliser sur un seul point si nous voulons éviter les dérives alimentaires, la malbouffe, l’obésité, etc.
FI : Quelles sont les alternatives possibles pour faire en sorte que les élèves puissent manger à leur faim, en attendant la construction des cuisines centrales et des réfectoires ?
LJ. : Il n’y a pas de solutions miracles. Il faut bien évidemment un investissement sans faille de tous les partenaires et des engagements financiers forts pour enclencher une dynamique et avancer au plus vite. Pour un certain nombre d’enfants, la collation est le fondamental du repas quotidien. Quand nous sommes venus l’an dernier, nous avons même vu de nos propres yeux des enfants la prendre et la ramener chez eux pour la donner à leur famille. Cela démontre bien que la précarité alimentaire est bel et bien présente à Mayotte ! Alors oui, elle existe aussi en métropole, notamment dans certains quartiers urbains et milieux ruraux, mais elle est moins exacerbée et dans des proportions bien moindres.
FI : Par quels moyens pouvez-vous faire pression pour que ce dossier devienne une priorité ?
LJ. : Il faut que les politiques prennent leur part de responsabilité et que les acteurs jouent le jeu. Nous, à la Ligue de l’enseignement, nous sommes là pour accompagner le développement des compétences. Ce n’est pas la peine de faire de belles cuisines tout neuves, si le personnel n’est pas formé et à la hauteur des enjeux. Et vice-versa. En résumé, alerter reste notre meilleur moyen de pression !
Soirifa-Moinaid Soumaila est une Mahoraise qui n’a pas peur de s’essayer à tout. Elle est aujourd’hui inspectrice de l’Éducation nationale dans la circonscription de Tsingoni. Mais, avant d’en arriver là, elle a multiplié les postes dans des domaines divers et variés. Cette nouvelle fonction est une fierté pour celle qui a commencé tout en bas de l’échelle.
Les langues sont le premier amour de Soirifa-Moinaid Soumaila. Pendant ses études au début des années 2000, elle suit une carrière LLCE (Langues, littératures et civilisations étrangères) en anglais. Voulant pratiquer la langue de Shakespeare, elle entame un BTS en tourisme, ce qui lui permet de travailler dans les grandes chaînes d’hôtels en métropole. Mais l’amour du pays la rattrape et la jeune femme qu’elle était décide de rentrer à Mayotte en 2007. Si elle continue un temps à travailler dans le tourisme, elle déchante rapidement et fait le choix de se réorienter dans un domaine dont elle ignore toutes les ficelles : l’enseignement.
Comme beaucoup, elle débute en tant que contractuelle dans une école primaire. Cette acharnée du travail ne se contente pas du poste qu’elle a et souhaite bien faire. Elle prépare alors le concours des professeurs des écoles et obtient sa titularisation. Il s’agit de son premier sacre. Soirifa-Moinaid Soumaila se passionne réellement pour ce métier qu’elle ignorait, elle se dévoue corps et âme, et ses efforts finissent par payer. « L’inspecteur qui est venu m’inspecter la première fois a vu ma pratique, a aimé ma façon de travailler et m’a suggéré de prendre la direction de l’école. Cela me paraissait trop gros, mais je me suis lancée », raconte-t-elle.
Tout va très vite, mais l’enseignante s’accroche. Elle passe la liste d’aptitudes qui lui permet de devenir directrice d’école et prend la direction d’un établissement du premier degré dans son village natal de Chembenyoumba. Au fil des années, elle multiplie les formations et monte de grade car elle estime qu’ « il est important de s’auto-former, surtout dans ce milieu ». Jusqu’en 2019, lorsque le rectorat de Mayotte, à l’époque vice-rectorat, lui propose de devenir CPD, conseillère pédagogique départementale, chargée de la mission LVE, langues vivantes étrangères. « Je reviens donc à mon premier amour, les langues ! », sourit-elle.
Sa fonction consiste à travailler avec les conseillers pédagogiques de circonscriptions dans les établissements du second degré, dans le cadre de l’apprentissage des langues. Elle coordonne également la conception et la lecture des sujets pour le recrutement des professeurs des écoles. Faisant preuve de bonne volonté et de professionnalisme, l’académie décide de lui confier d’autres responsabilités. « Depuis deux semaines, je suis devenue inspectrice de l’Éducation nationale », dit-elle fièrement. Une consécration pour celle qui a commencé sa carrière en tant que simple contractuelle.
« Je suis l’exemple que quand on veut, on peut »
Aujourd’hui, la quadragénaire poursuit ce qu’elle a initié puisqu’en plus d’être inspectrice, elle continue à gérer l’apprentissage des langues vivantes étrangères, et cette fois-ci, elle a souhaité y inclure le shimaoré et le kibushi. La professionnelle ne le nie pas, son métier n’est pas de tout repos. « Le contexte de travail n’est pas facile, les partenaires non plus. On doit gérer les parents, les syndicalistes, certains professeurs qui ne sont pas motivés. Mais quand on aime ce que l’on fait, on trouve toujours une bonne harmonie », assure-t-elle. Il faut reconnaître qu’elle a un avantage non négligeable puisqu’elle est passée par différents corps de métiers avant de devenir inspectrice de l’Éducation nationale. « Je suis consciente des difficultés qu’on a à trouver des enseignants, je connais les conditions de travail d’un directeur d’école et les difficultés du CPD. Mes expériences me permettent de mieux me retrouver dans mes nouvelles fonctions. »
Elle est complètement investie dans son travail et ses journées sont bien chargées. Il lui arrive même de travailler le week-end. Des moments en famille sacrifiés, mais son entourage ne le lui reproche pas. « J’ai cette chance d’avoir un équilibre familial parce que si la famille ne comprend pas, cela peut être violent. Je suis mère de quatre enfants, je suis mariée et mon mari me soutient dans ma démarche. » Celle-ci consiste à s’engager pleinement pour les enfants de Mayotte. Soirifa-Moinaid Soumaila ne s’arrêtera pas là. Elle a à cœur de réussir la mission qui lui a été confiée par le recteur, mais elle vise déjà des postes à hautes responsabilités. « Il faut les convoiter parce qu’aujourd’hui on a la possibilité d’y accéder », rappelle-t-elle. Et pour ceux qui auraient un quelconque doute sur ses capacités, elle n’a qu’une réponse à leur donner. « Je suis l’exemple de quand on veut on peut. Tout est possible, il suffit d’aimer son travail et le faire avec le cœur. »
Une femme engagée
Soirifa-Moinaid Soumaila est une femme engagée dans différents domaines. Elle est la présidente de l’équipe de foot masculine du village de Chembenyoumba, l’ASJC Alakarabu. « Je prévois aussi de créer une équipe féminine pour inciter nos filles à aimer le sport, elles ont aussi leur place sur un stade de foot », indique-t-elle. Elle est également connue dans le monde de la politique puisqu’elle était adjointe au maire de M’Tsangamouji, chargée des affaires scolaires. Elle s’était aussi présentée aux élections départementales en 2020 dans le canton de Tsingoni, « mais pour l’instant je laisse de côté ma carrière politique car elle n’est pas compatible avec mes fonctions d’inspectrice de l’Éducation nationale ».
Organisé au plateau sportif du lycée de M’Tsangadoua, le séminaire sur l’excellence éducative du nord s’est tenu ce lundi 10 octobre. L’objectif : décliner dans trois ateliers les besoins des jeunes en infrastructures, les modèles de plans pédagogiques adéquats et un meilleur développement économique et social du nord, pour in fine arriver à construire des projets d’excellence avec les élèves des 22 collèges et des onze lycées de Mayotte.
Il s’agit pour la fédération du conseil des parents d’élèves, soutenue par l’expertise de l’institut mahorais d’aide à la décision, de décliner avec l’autorité territoriale qu’est le conseil départemental des fiches à projet en direction des associations travaillant aussi pour l’excellence dans le nord, y compris les écoles associatives de la 2ème chance, en définissant les priorités et en établissant un agenda pour ce faire.
Ont été débattues quelques propositions telles que la continuité éducative, la construction de nouveaux collèges et lycées à l’avenir et d’une université de plein exercice en 2024, l’installation d’un Centre régional des œuvres universitaires et scolaires sur le territoire pour faciliter les démarches sur place et permettre une meilleure instruction des dossiers des étudiants mahorais.
Depuis leur création en 2015, les journées nationales de l’architecture sont une belle occasion de visiter pendant tout un week-end des lieux insolites et historiques, mais aussi de participer à des ateliers et des rencontres avec des architectes.
Organisées à l’initiative du ministère de la Culture, elles durent tout un week-end, du 14 au 16 octobre. L’objectif est de développer la connaissance architecturale du grand public et de susciter le désir d’architecture. Elles proposent de dévoiler les richesses de l’architecture contemporaine remarquable partout où elle se trouve, de raconter l’histoire du bâti qui nous entoure, d’éveiller les curiosités et les sensibilités artistiques et de valoriser l’apport culturel, scientifique, technique et social de l’architecture.
Les plus jeunes et les curieux pourront en profiter pour en savoir plus sur le métier d’architecte, grâce à la présence de nombreux intervenants et de l’architecte Ibrahime Zoubert. Découvrez le programme de la 7ème édition partout sur le 101ème département en téléchargeant le lien suivant https://we.tl/t-JMZFrzEV4B.
L’association des étudiants d’Outre-Mer de Saint-Étienne présente sa deuxième édition de la journée d’intégration et d’orientation destinées aux étudiants mahorais et ultramarins primo-arrivants dans le bassin lyonnais.
Cette action se tient ce samedi 15 octobre de 9h30 à 17h au 96 boulevard Alexandre de Fraissinette à Saint-Étienne. Pour y accéder, il faut prendre le bus M6, M4 ou M2 et descendre à l’arrêt lycée B. Fourneyron.
Au programme : une présentation de l’association et de ses partenaires, un temps d’échange entre les nouveaux et les anciens étudiants, un point sur les démarches administratives ainsi que les activités scolaires et extra-scolaires organisées tout au long de l’année. « Nous profiterons de cette journée aussi pour présenter tous les outils qui peuvent aider les étudiants à mieux réussir (institutions, dispositifs, actions, etc. » Plus d’informations sur la page AEOM Saint-Étienne, par mail à contact.aeom42@gmail.com ou par téléphone au 06.83.71.34.88.
Les présidents des associations des maires de La Réunion, Serge Hoareau, de Mayotte, Madi Madi Souf, de la Guyane, Michel-Ange Jérémie, de la Guadeloupe, Jocelyn Sapotille, et de la Martinique, Justin Pamphile, et le président d’Interco’ Outre-mer et de l’ACCDOM (association des communes et collectivités d’Outre-mer), Maurice Gironcel, se félicitent de l’union des élus ultramarins autour de la question de l’habitat pour endiguer la crise du logement Outre-mer.
Le colloque initié et organisé au Palais du Luxembourg par l’Union sociale pour l’habitat Outre-mer, sous l’égide des sénateurs Teva Rohfritsch et Georges Patient, a été l’occasion de faire le constat partagé des marges de progression pour rendre efficace les politiques de l’habitat.
À l’heure où il est établi par consensus que les territoires d’Outre-mer doivent faire l’objet d’un traitement adapté à leurs réalités, bien éloignées des standards hexagonaux, la verticalité des normes et le fonctionnement de certains outils des politiques de l’habitat constituent un frein à l’efficacité de l’action publique.
L’USHOM est chargée d’élaborer un livre blanc qui intégrera l’ensemble des propositions et réflexions, qui ont émergé des séminaires coconstruits avec les élus et acteurs des territoires, et fera l’objet d’une présentation en fin d’année.
Dans la continuité de l’installation du Conseil national de la refondation par le président de la République le 8 septembre à Marcoussis, et du lancement de son volet « santé » par le ministre de la Santé et de la Prévention le 3 octobre au Mans, l’agence régionale de santé organise samedi 29 octobre prochain, à la MJC de Combani (8h-12h), un grand débat sur la santé. Seront abordées notamment les questions liées à l’accès aux soins, la prévention et l’attractivité.
Ouverte à tous, cette rencontre permettre d’identifier les difficultés rencontrées par les habitants de Mayotte, et d’imaginer collectivement des solutions concrètes permettant notamment d’améliorer la santé des Mahorais et de réduire les inégalités.
L’ARS a initié depuis début septembre plusieurs débats publics sur l’ensemble du territoire pour aborder les grandes problématiques en santé auxquelles est confrontée l’île aujourd’hui. Ces temps d’échanges ont permis de rassembler de nombreuses personnes et ont déjà permis de déterminer des actions très concrètes qui alimenteront le plan d’action de l’ARS au cours des cinq prochaines années. En attendant, un autre débat sur la santé des femmes-mères-enfants est prévu à Chirongui (place de la mairie) le 22 octobre de 8h à 12h.
Dans le cadre du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a déposé un amendement prévoyant une attention particulière dans le choix d’implantation de nouvelles brigades de gendarmerie en Outre-mer. Une modification approuvée au Sénat par Gérald Darmanin qui en a profité pour déjà faire des annonces spécifiques dans le 101ème département.
Dans la continuité du Livre blanc de la sécurité intérieure en 2020 et du Beauvau de la sécurité en 2021, le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur pour la période 2023-2027 est en cours d’examen au Sénat depuis ce mardi 11 octobre. Celui-ci consacre une revalorisation budgétaire de 15 milliards d’euros destinés entre autres au recrutement de 8.500 policiers et gendarmes supplémentaires sur cinq ans, à la formation, à la réouverture de sous-préfectures dans les zones rurales ou à fort essor démographique, à la transformation numérique et à la création de 200 nouvelles brigades de gendarmerie.
Sur ce dernier point, le sénateur Thani Mohamed Soilihi compte bien en faire profiter les Outre-mer, et plus particulièrement Mayotte. D’où son amendement 215 pour prévoir « une attention particulière dans [leur] choix d’implantation » dans les territoires ultramarins « au regard de la dégradation inédite du climat sécuritaire et de nos spécificités ».
« Les faits divers tragiques se multiplient en Outre-mer »
Une modification du texte nécessaire à ses yeux tant « les faits divers tragiques se multiplient et endeuillent les familles en Outre-mer ». Ainsi, pour étayer ses propos, le parlementaire évoque l’augmentation « record » des homicides par armes à feu et armes blanches, la recrudescence des braquages, mais aussi les violences liées aux trafics de drogue et contre les forces de l’ordre. « L’insécurité grandissante gagne toutes les catégories sociales. »
Et justement, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, conçoit la singularité des départements et territoires ultramarins, où la délinquance est « plus forte » qu’en métropole. Face à ce constat, Gérald Darmanin annonce pour le cas de Mayotte, en attendant sa prochaine visite officielle, l’installation de quatre nouvelles brigades de gendarmerie, qu’il espère rendre opérationnelles « dès l’été prochain », sans préciser si elles seront fixes ou mobiles. « Une mesure rassurante pour restaurer l’ordre républicain » selon le sénateur Thani Mohamed Soilihi. Toutefois, leur future localisation reste encore à déterminer… Des communes comme Bandrélé, Chirongui, Bandraboua ou encore Tsingoni pourraient tout naturellement postuler tant elles sont régulièrement et négativement sous le feu des projecteurs !
Une ordonnance pour adapter les mesures du projet de loi aux Outre-mer
Seize articles de la Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur traitent notamment de la modernisation des moyens de lutte contre la cybercriminalité, de l’amélioration de l’accueil des victimes et de la réponse pénale par l’extension de l’amende forfaitaire délictuelle, l’affermissent de la lutte contre les violences sexistes, le renforcement des moyens humains et juridiques d’investigation ainsi que des pouvoirs du préfet en cas de crise.
À noter qu’une ordonnance doit venir adapter les mesures du projet de loi aux Outre-mer. Les projets d’investissement du ministère sont un effort de remise à niveau de l’architecture des réseaux de communication, de nouveaux outils technologiques pour lutter contre les trafics aux frontières (stupéfiants, immigration), un pré-positionnement des moyens de la sécurité civile pour fournir une première réponse en cas de risque naturel (comme les cyclones ou séismes), des plans des risques spécifiques à chaque territoire ultramarin… Quelques exemples de ce qui attend Mayotte, si la loi est adoptée par le Parlement.
À l'occasion du Forum jeunesse mobile et engagée, organisé mercredi au Centre universitaire de Dembeni, Delayde Hassani, l'animatrice, a énuméré les dispositifs permettant aux jeunes de partir à l'étranger
Erasmus +, Initiatives pour la solidarité internationale, Corps européen de solidarité… Ce mercredi, le Forum jeunesse mobile et engagée présentait les dispositifs favorisant la mobilité des jeunes sur le territoire. Pour certains, c’est l’opportunité de partir à l’étranger avant de lancer une société. Pour d’autres, l’occasion d’aller à la rencontre d’une autre culture ou de réaliser un service volontaire.
Le 14 décembre prochain, Tayina Daou, en classe préparatoire scientifique aux écoles d’ingénieurs, partira avec 14 de ses camarades en Tanzanie. Le but : rencontrer des étudiants sur place et surtout, organiser une visite de l’orphelinat. « On fera à manger aux enfants et on va leur ramener des jeux de Mayotte pour leur permettre de mieux vivre », lance la jeune femme de 18 ans, qui chapeaute ce séjour de 15 jours depuis le mois de mai avec Mayotte entraide étudiants. L’association pour la jeunesse s’est tournée vers le dispositif Initiatives pour la solidarité internationale (ISI), qui verse des subventions aux projets d’éducation à la solidarité internationale, à l’interculturalité et à l’engagement citoyen pour les jeunes jusqu’à 30 ans.
Des stages dans des entreprises étrangères
Ce mercredi 12 octobre, le Forum jeunesse mobile et engagée était l’occasion de présenter les différents dispositifs du territoire permettant aux jeunes mahorais d’avoir une expérience à l’étranger. « Favoriser l’insertion et la citoyenneté des jeunes à travers le service civique, le service national universel ou les programmes de mobilité internationale », c’est le but de la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (Drajes), qui orchestrait l’événement.
À côté du dispositif ISI, le programme Erasmus + propose notamment aux porteurs de projets accompagnés par la couveuse d’entreprise Oudjrebou de réaliser un stage dans une entreprise du même secteur économique. C’est notamment ce qu’a fait Sidi Djouma Youssouf. « Je suis parti en Roumanie pour travailler dans une société en tant que mécanicien automobile. C’était super enrichissant et ça m’a permis d’apprendre l’anglais », témoigne le jeune homme qui a depuis créé sa propre société de mécanique à Mayotte. « L’idée pour les porteurs de projets est de favoriser la pérennité de leur entreprise en allant voir ce qu’il se passe ailleurs », souligne Delayde Hassani, animatrice de l’événement.
Tayina Daou, étudiante en classe préparatoire, partira 15 jours en Tanzanie, pour visiter un orphelinat et apporter des jouets aux enfants.
Un volontariat en Espagne
En parallèle, les jeunes mahorais peuvent également profiter du dispositif Corps européen de solidarité, un programme de l’Union européenne qui leur offre la possibilité de s’engager sur une activité de solidarité en France et en Europe. Originaire de La Réunion, Jordan est notamment parti en Espagne, près de Madrid, en service volontaire pour une mission d’éducation au sein d’une association. « Je proposais des activités à des jeunes pendant sept mois, et je m’occupais de la partie graphique des supports de communication de la structure », raconte-t-il. Un engagement accessible aux personnes âgés de 18 à 30 ans. « C’est une opportunité pour pouvoir voyager, pour découvrir le monde », insiste Delayde Hassani. « Et profitez-en, parce qu’après 30 ans, il n’y a plus d’avantages comme ceux-là. »
Avant les élections interprofessionnelles (lire encadré), les 1er et 8 décembre, une délégation de l’Unité SGP-Force ouvrière était en visite à Mayotte pendant trois jours. Outre la campagne électorale, le secrétaire général adjoint Unité SGP Police FO, Jérôme Moisan, a pu se rendre compte quelles sont les conditions de travail des policiers locaux.
Flash Infos : Quelle est la raison de votre présence à Mayotte, ces jours-ci ?
Jérôme Moisan : On voulait venir au contact des responsables de nos structures dans les territoires, des agents, faire le point sur leurs appréciations de notre action, leur expliquer nos ambitions et les écouter surtout. On a un maillage de délégués, mais c’est important de venir écouter les collègues nous expliquer leur quotidien avec leurs émotions, leur prisme. En période électorale, pour nous qui sommes en responsabilité nationale, on n’a pas de commissions, de comités ou de réunions, ça nous libère du temps pour nous déplacer en Outre-mer. Ça nous permet de nous imprégner des problématiques pour qu’on ne soit pas en décalage quand on porte la parole des collègues à l’échelon central.
FI : Vous avez pu rencontrer les différents services ?
J.M. : Oui, on est allés à la Paf (Police aux frontières) le premier jour, au commissariat hier (ce mardi 12 octobre). On a rencontré le directeur territorial de la police nationale (N.D.L.R. le commissaire Laurent Simonin). On y retourne ce mercredi matin pour boucler notre séjour avant de repartir pour La Réunion.
FI : Qu’est-ce qui ressort de vos échanges ?
J.M. : Beaucoup de collègues parlent de l’ultraviolence à laquelle ils sont confrontés, particulièrement en lien avec le fléau de l’immigration. C’est le quotidien des collègues. La plupart des unités pourchassent les clandestins pour les mettre à disposition des autorités. C’est une action de police qui commence à être très tendue, compliquée, avec une exposition aux risques. Beaucoup de collègues ont l’expérience de cités en métropole où il y a parfois des situations qui s’assimilent à une situation insurrectionnelle avec de la guérilla urbaine. Là, ils nous disent que c’est autre chose.
FI : Les conditions d’exercice varient selon les territoires. Est-ce que Mayotte est un territoire d’exception ?
J.M. : On avait un éclairage. Mais dès qu’on touche du doigt, forcément l’impression est différente. C’est vrai qu’il y a une situation extraordinaire, inquiétante même. Il y a une vraie hostilité. Malgré les moyens déployés, nautiques, aériens, c’est compliqué d’éviter les afflux de migrants. C’est une population qui est amenée à augmenter. Plus de monde et plus d’hostilité, c’est un cocktail dangereux pour les forces de l’ordre.
FI : L’un des plus gros problèmes ici, c’est le phénomène de bandes. L’avez-vous vu ailleurs ?
J.M. : Oui, cet ancrage de territoire et sa défense existent particulièrement dans les banlieues françaises. On a l’impression que les bandes s’approprient une portion de territoire et le défendent becs et ongles. Effectivement, on ne s’attendait pas à retrouver ce phénomène à Mayotte. On voit ça plutôt dans des zones très denses comme les cités.
FI : Les policiers ont également la sensation d’être attaqués beaucoup très facilement.
J.M. : Nous, de toute manière, on a eu une exigence particulière au niveau de la justice, d’avoir une réponse forte à l’endroit de ceux qui sont auteurs d’infractions envers les policiers. Ces derniers s’engagent dans la sécurité des concitoyens, c’est la collaboration de la justice et de la police qui peut y parvenir. On protège tout le monde sans distinguo, on attend que la justice ait une approche toute particulière des affaires dans lesquelles les policiers sont victimes.
FI : Quel type de demandes est justement remonté ?
J.M. : Les policiers demandent qu’il y ait comme préoccupation principale leur intégrité physique. Donc les demandes tournent autour d’éléments matériels, les véhicules sont très vite endommagés. Il y a un vrai besoin technique pour que le parc roulant reste en état. On a parlé aussi de protections individuelles. Quand les collègues mettent le pied à terre, ils doivent se sentir protéger avec des pare-cous, des casques, des boucliers en cas d’affrontement. On a un petit souci aussi sur le gilet tactique modulaire qui permet de porter des plaques pare-balles visibles et porter toutes sortes d’équipement sans contraindre le bassin. Ça existe en métropole et c’est parvenu ici de manière sporadique. On a refait une demande pour que toutes les équipes qui luttent contre l’immigration en soient équipées. Et on a un souci de radio. Dans la police, c’est pourtant essentiel. Le matériel est vieillissant et il y a un gros problème de couverture réseau. Il reste des zones d’ombre et cela crée des situations où les collègues peuvent être coupés du reste.
FI : Qu’est-ce que vous pensez des moyens alloués à Mayotte ? Il y a quand même des avancées avec du renfort arrivé en septembre.
J.M. : La situation de Mayotte semble être prise en considération. L’allocation d’effectifs en témoigne. C’est compliqué d’allouer sur un département 90 collègues par an comme c’est le cas récemment. Après, il va falloir peut-être travailler sur l’aspect qualitatif. Il va falloir penser à spécialiser les agents sur certaines formes de délinquance. Évidemment, sur un terreau comme celui-là, on va avoir de la criminalité, des bandes organisées. Alors qu’il n’y a pas de police judiciaire à Mayotte, il va falloir développer des groupes d’enquête qu’on déconnectera un peu de la délinquance de masse.
FI : Pourtant, la réforme annoncée de la police judiciaire ne va pas forcément dans ce sens.
J.M. : Oui, c’est plutôt l’effet inverse. Mais ce qui conduit aussi à biner l’outil police judiciaire en métropole, c’est cette obstination à vouloir tout départementaliser. En métropole, la PJ est souvent une compétence territoriale qui va bien au-delà des départements. Et c’est aussi parce que les champs d’action sont aussi vastes qu’on peut avoir des effectifs spécialisés en fonction des délinquances. Sur Mayotte, on ne parviendra jamais à ça. Mais ce qu’il faut, ce sont des groupes d’enquêteurs parce que les bandes organisées, ça demande des temps d’enquête plus longs.
Un choix entre deux blocs syndicaux
La particularité de ces élections interprofessionnelles dans le corps policier, les 1er et 8 décembre 2022, tient au nombre de listes présentées. Il n’y en a que deux, cette année. En effet, treize organisations syndicales, dont les chefs de file sont l’Unsa et Alliance, ont décidé de s’allier autour d’un seul bloc. Cette manœuvre vise à contrer la majorité formée par l’Unité SGP Police-Force Ouvrière aux dernières élections. « Ils ont peur de nous. Ils ont fait ça pour la première fois alors qu’ils ne s’entendent pas d’habitude », indique Jérôme Moisan, le secrétaire général adjoint Unité SGP Police FO. Celui-ci ne semble pas inquiet puisque si le bloc de treize obtient la majorité, il assure qu’il se délitera ensuite.
Bientôt des munitions intermédiaires pour les policiers
Promises par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors de sa dernière visite à Mayotte, des munitions intermédiaires comme celles utilisées par le Raid seront bientôt allouées aux policiers de Mamoudzou. La dérogation étant en vigueur, ne restent que l’équipement à acquérir et les formations à suivre pour les membres de la brigade anticriminalité (Bac). Selon une source policière, ces munitions pourraient rejoindre l’équipement policier « d’ici la fin de l’année ». Elles s’ajouteront ainsi aux grenades lacrymogènes et lanceurs de balle de défense employées aujourd’hui dans les affrontements avec les bandes. Quant aux drones en cours d’acheminement, des négociations sont en cours avec le Département de Mayotte concernant l’octroi de mer.
Avec Mayotte et La Réunion, le département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation du ministère de la Culture poursuit son exploration des pratiques culturelles dans les Outre-mer.
Les cultures locales, notamment la musique et les langues régionales comme le créole, avaient été plébiscitées dans l’enquête réalisée en 2021 par le département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation du ministère de la Culture sur les pratiques culturelles en Guadeloupe, Martinique et Guyane.
C’est également un attachement très fort aux cultures locales, en particulier les langues régionales, qui ressort des deux nouvelles études sur les pratiques culturelles dans les Outre-mer, qui nous conduisent aujourd’hui à la rencontre de deux îles de l’océan Indien : La Réunion et Mayotte. Décryptage avec Amandine Louguet, leur co-auteure avec Maryse Dehon.
Quelles sont les pratiques culturelles qui rapprochent les deux îles ?
Dans ces deux territoires ultramarins, on constate une très forte pratique des langues locales, c’est l’un des seuls points communs, très fort certes, entre ces deux îles. Il s’agit en effet de territoires très différents, d’abord en termes d’expression culturelle, mais aussi en termes d’équipements. À La Réunion, ceux-ci témoignent de l’antériorité de la présence de l’État français. Pour mémoire, Mayotte n’est un département français que depuis 2011.
Comment peut-on expliquer que les langues locales soient si bien implantées ?
À Mayotte, une grande part de la population est étrangère. Le shimaoré, l’une des deux principales langues parlées, est la langue véhiculaire qui ressemble le plus au comorien. On peut donc émettre l’hypothèse que les personnes qui arrivent de l’étranger passent par une phase de shimaoré. Par ailleurs, cette langue, comme le kibushi, l’autre langue principale de l’île, se transmet au sein de la famille. Si on constate une indéniable progression du français en raison de la mise en place des écoles, le shimaoré et le kibushi restent les langues du quotidien. Quant à La Réunion, en raison d’un mode de transmission familial, le créole est en effet très présent.
On constate un écart s’agissant des équipements culturels, dites-vous. Cette donnée ne doit-elle pas être corrélée avec le fait que 77% des mahorais vivent en dessous du seuil de pauvreté ?
Une grande majorité de Mahorais est dans une situation socio-économique difficile. Si des politiques culturelles se mettent progressivement en place, la culture, pour des raisons évidentes, n’apparaît pas comme une priorité. Malgré tout, un certain nombre d’équipements culturels s’installe progressivement.
À La Réunion, la problématique est différente : ce n’est pas un déficit d’équipements culturels qu’on constate, c’est plutôt une question de distribution de ces équipements sur le territoire : ceux-ci sont concentrés autour de Saint-Denis, mais aussi dans l’ouest, et le sud de l’île. En revanche, le centre de la région est moins doté. Conséquence : les pratiques de type cinéma ou théâtre sont moins intenses que dans le reste du territoire.
En termes de pratiques culturelles, quels sont les faits saillants pour chacune des deux îles ?
À La Réunion, l’omniprésence du créole se répercute sur les autres pratiques : on écoute de la musique en créole, on parle en créole au quotidien… Par ailleurs, les pratiques autour de la télévision, de la radio et de l’écoute de la musique sont assez proches de ce qu’on observe en France métropolitaine. Sur la question de la lecture, en revanche, les résultats sont légèrement inférieurs. Idem pour la fréquentation des bibliothèques. L’illettrisme en langue française est encore relativement présent à La Réunion.
On constate en revanche un très fort tropisme des Réunionnais pour les pratiques musicales, notamment les concerts. C’est également vrai à Mayotte. Écouter de la musique est aussi l’occasion de se retrouver. De grands artistes locaux tournent sur l’île et sont extrêmement suivis. Les pratiques locales autour du fonnkér, la poésie réunionnaise, sont notamment extrêmement prisées. La sociabilité est beaucoup plus forte qu’en France métropolitaine.
Depuis sa première implantation en 2021, l’association laïque pour l’éducation, la formation, la prévention et l’autonomie (ALEFPA) a déployé le 20 juin dernier à Bandrélé un service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés de 16 places, cofinancé par le conseil départemental et l’agence régionale de santé, et est sur le point d’ouvrir à Chirongui une maison relais pour un public féminin en insertion et orienté par le service d’intégration, d’accueil et d’orientation.
Depuis le 1er octobre, l’équipe mobile dédiée au polyhandicap Sayidiwa composée de 12 professionnels administratifs, éducatifs, paramédicaux et rééducatifs est opérationnelle. Ce dispositif innovant accompagne aujourd’hui à domicile 41 enfants ou adultes polyhandicapés orientés par la maison départementale des personnes handicapées.
Le personnel réalise des évaluations situationnelles, des bilans paramédicaux (psychomotricien, ergothérapie, etc.), des accompagnements éducatifs, des soutiens aux familles, et surtout un projet personnalisé en partenariat avec les services du centre hospitalier de Mayotte et les associations partenaires. Cette équipe préfigure ainsi la construction d’un établissement pour enfants et adolescents polyhandicapés qui doit voir le jour début 2025.
Le polyhandicap se définit comme un handicap grave à expressions multiples qui limite fortement les capacités d’autonomie et d’expression de la personne atteinte. Elle associe toujours une déficience motrice à une déficience intellectuelle sévère à profonde, et a besoin de l’assistance constante d’une tierce personne pour tous les actes de la vie quotidienne.
Qui dit polyhandicap et équipe mobile, dit appareillage, équipements spécifiques divers, véhicules, moyens techniques et informatiques. Autant d’investissements qui ont été financés par conseil départemental dans le cadre d’une subvention du fonds de développement social.