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Mayotte placée en vigilance orange fortes pluies et orages

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Forte pluie orage

Mayotte est placée en vigilance orange fortes pluies et orages depuis ce jeudi à 16h28 par Météo-France. “Une activité orageuse intense abordera l’île par l’Est et la traversera jusqu’à 19h”, indique le communiqué de la préfecture de Mayotte. Des averses orageuses sont à prévoir pour le reste de la soirée. 

Plusieurs recommandations de la préfecture

Les services de l’État recommandent de se tenir informé de l’évolution de la situation, de mettre à l’abri les biens qui pourraient être touchés par une montée des eaux et de se préparer à l’évacuation de son domicile. Il ne faut se déplacer qu’en cas de nécessité, avertir des proches de sa trajectoire, ne pas franchir les ravines et rivières qui peuvent être soudainement en crue ou encore tenir les enfants à distance des caniveaux. Il est aussi recommandé de prévoir des moyens d’éclairage de secours et de faire des réserves d’eau potable, ainsi que d’éviter l’utilisation de téléphones fixes et des appareils électriques. Il ne faut pas s’abriter sous les arbres en raison de la possibilité que la foudre les tape et préférer rester dans son véhicule qui assure une bonne protection. Enfin, il est demandé de ranger ou sécuriser les objets qui pourraient s’envoler avec le vent et de signaler tout départ de feu.

Cyclone Chido : l’aide s’organise du côté des organisations non gouvernementales

Une cinquantaine de volontaires de la Croix-Rouge français sont arrivés à Mayotte, le samedi 21 décembre, une semaine après le passage du cyclone Chido.

Le passage du cyclone Chido à Mayotte, le samedi 14 décembre, a entraîné la mobilisation des organisations non gouvernementales (ONG). Les dons qu’elles ont reçu jusqu’alors ont permis l’acheminement de matériel et de volontaires.

Plus de 22 millions d’euros ont été collectés par la Fondation de France pour venir en aide à Mayotte. Pour organiser le soutien qu’elle peut apporter au territoire, elle est en train de constituer un comité « Solidarité Mayotte” qui doit se réunir au moins une fois par semaine afin d’évaluer les besoins de la population. Ce dimanche, des experts bénévoles du comité “Se préparer et répondre aux crises et aux catastrophes” se sont réunis pour valider des premiers soutiens demandés par des associations locales et nationales. La fondation a ainsi décidé de soutenir un collectif de plusieurs associations pour organiser la distribution de kits d’hygiène, de filtres pour décontaminer l’eau ou encore du matériel pour abriter la population précaire.

Les organisations non gouvernementales (ONG) s’organisent pour apporter de l’aide après les dégâts causés par le cyclone Chido.

“Un soutien à Médecins du monde a également été décidé pour répondre, dans un premier temps, aux besoins d’urgence”, précise l’organisme sur son site. L’association Likoli Dago va également être soutenue par la fondation afin de réaliser un diagnostic de l’habitat des bidonvilles à Majicavo-Koropa, dans la commune de Koungou. Viendra ensuite le temps de la reconstruction : l’organisme a ainsi commencé à discuter avec des professionnels et des associations dans le domaine du bâtiment, comme les Compagnons Bâtisseurs, afin d’organiser l’aide à la construction. En attendant, des représentants de l’organisme doivent venir à Mayotte cette semaine pour organiser l’aide avec les associations locales partenaires.

Cinquante volontaires de la Croix-Rouge envoyés

Du côté de la Croix-Rouge française (CRF), l’aide se mobilise également. Sa plate-forme d’intervention régionale de l’océan Indien (Piroi) est à l’œuvre depuis le début de la crise. Cinq de ses experts, notamment logisticiens, avaient été envoyés à Mayotte avant le cyclone afin de pouvoir agir rapidement. Après le passage de la tempête, un premier envoi de matériel incluant des bâches pour abriter 5.000 personnes a été organisé. Depuis, cent tonnes de matériel, comprenant des kits de reconstruction et d’hygiène, des lampes solaires, ou encore des générateurs ont été acheminées en huit envois, via les ponts aériens organisés par les services de l’Etat entre Mayotte, La Réunion et l’Hexagone. Trois unités de traitement d’eau en capacité de fournir 40.000 litres d’eau potable par jour chacune ont également été livrées.

Le samedi 21 décembre, cinquante volontaires de la CRF ont rejoint le sol mahorais pour apporter leurs compétences techniques ou médicales, s’ajoutant au 250 bénévoles et salariés habituellement présents à Mayotte. Les équipes locales arpentent notamment les centres d’hébergement d’urgence et les quartiers informels qui ont subi beaucoup de dégâts. “La CRF a également renforcé ses équipes avec 80 volontaires supplémentaires, incluant des spécialistes de la logistique et de la distribution de biens essentiels”, déclare l’ONG sur son site.

Cyclone Chido : la feuille de route du Département pour éviter une crise généralisée

Alors que le nouveau gouvernement est désormais connu, le Département de Mayotte a écrit une feuille de route pour l'après-Chido.

Le 24 décembre, le conseil départemental de Mayotte a énuméré les multiples urgences pour relever le territoire à différents niveaux, celui de la population, des entreprises et la reconstruction à la suite du passage du cyclone Chido, le samedi 14 décembre.

A la suite de la nomination du nouveau gouvernement, le conseil départemental de Mayotte a détaillé ses « attentes » vis-à-vis de celui-ci et en particulier de Manuel Valls, le nouveau ministre des Outre-mer, qui a promis de se rendre à Mayotte « le plus vite possible ». Pour le président de la collectivité locale, Ben Issa Ousséni, trois crises majeures menacent l’île dans cette période post-cyclonique : « une crise sanitaire ; une crise alimentaire et une crise sécuritaire ».

La première urgence consiste à « protéger et soutenir la population » selon le conseil départemental. Pour cela, il faut mobiliser tous les moyens nécessaires pour répondre en urgence aux besoins vitaux (nourriture, eau, électricité, téléphonie) ; renforcer les équipes médicales et fournir des équipements adaptés pour prévenir une crise sanitaire ; reloger les familles sinistrées, communiquer un plan logistique clair pour la distribution des aides, en précisant le rôle de toutes les forces locales et en prenant en compte les moyens mobilisés par le Département (mobilisation des PMI, CMS et agents départementaux).

Sur le plan administratif et juridique, il s’agit de déclarer l’état de catastrophe naturelle et d’activer les dispositifs de soutien nationaux et européens; couvrir les factures des collectivités locales, identifiées sur Chorus, afin de libérer des fonds pour les opérations d’urgence ; coordonner, avec le Département, l’afflux des aides nationales et internationales et l’acheminement de celles-ci vers Mayotte ; maintenir le couvre-feu aussi longtemps que nécessaire pour assurer la sécurité des biens et des personnes.

L’autre urgence selon le Département est « de relancer et accompagner les acteurs locaux ». Pour la population, il s’agit d’organiser une opération massive de nettoyage de l’île et d’évacuer les déchets non traitables sur l’île vers les pays ou territoires en capacité de les prendre en charge ; de suspendre les échéances des crédits immobiliers pour les propriétaires ayant perdu leurs biens (intervention auprès des établissements bancaires).

Pour les entreprises, il s’agit de mettre en place des dispositifs de sauvegarde des entreprises et des emplois (chômage partiel, suppression ou gel des charges sociales et fiscales) ; de garantir la continuité des soutiens fiscaux existants pour l’économie (CICE, zone franche, etc.), de fournir des dispositifs de trésorerie (prêts d’honneur, avances remboursables) ; d’indemniser les secteurs sinistrés (agriculture, pêche, artisanat) et accompagner leur reconstruction.

Pour les collectivités locales, il s’agit d’accompagner la maîtrise du foncier et d’encadrer la reconstruction pour éviter la réapparition des bidonvilles ; de prendre en charge les pertes financières liées aux marchés publics affectés par la catastrophe ; de mettre en place un plan « urgence retour à l’école » pour garantir une reprise rapide de l’Éducation.

Un plan national de reconstruction

Ensuite, le conseil départemental estime que viendra le temps de la reconstruction durable pour bâtir un territoire plus résilient. Pour la population, il s’agit de soutenir la reconstruction des logements privés et accélérer celle des logements sociaux. Pour les collectivités locales, il s’agit de lancer un plan national de reconstruction, sur trois ans, pour renforcer la résilience de l’île ; de mobiliser des architectes, ingénieurs et grandes entreprises pour repenser les infrastructures ; d’élaborer un nouveau contrat d’engagement État-Région pour planifier les grands projets structurants (port, aéroport, fibre optique, mobilité, énergie), sur cinq ans.

L’objectif est « de sortir de la phase d’urgence pour entrer dans la phase de stabilisation, évoquée par le président de la République, dans sa feuille de route pour Mayotte », explique le Département. « Nous attendons du ministre des Outre-mer qu’il s’empare rapidement du plan d’actions annoncé et qu’il engage une collaboration étroite avec nous pour le construire et le concrétiser ensemble. Il est essentiel d’éviter les erreurs du passé et de transformer notre vision de développement pour Mayotte en une réalité concrète, en mobilisant les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif », affirme le conseil départemental.

Manuel Valls, « un Chido 2 pour Mayotte »

Il est loin d’être un grand fan de l’ex-Premier ministre, Manuel Valls. Mansour Kamardine, désormais député honoraire de Mayotte, se fait très critique de l’arrivée de l’ex-socialiste au ministère de l’Outremer et n’hésite pas à le comparer à « un Chido 2 pour Mayotte ». Il y voit une menace pour la suppression du droit du sol qu’il défend depuis des années. « Nous, Français de Mayotte, exigeons le droit à la continuité historique. Nous refusons le remplacement de population (en vingt ans, les Mahorais sont passés de 80% de la population de l’île à seulement 30% des habitants). Nous nous opposons à la poursuite des politiques publiques qui se concentrent sur le traitement de l’échec, par manque de volonté, de la maîtrise nos de frontières », défend l’avocat, qui espère que la loi d’urgence pour Mayotte actuellement en préparation comprendra aussi un volet sur la lutte contre l’immigration clandestine. « Cette loi devra traiter la nécessaire maîtrise de l’immigration car il ne peut y avoir de reconstruction de Mayotte sans traiter le nœud gordien de nos difficultés, origine également de l’effroyable situation humanitaire consécutive au passage du cyclone Chido », estime-t-il.

À Kahani, dix jours après le passage du cyclone Chido, « on aide avec les moyens du bord »

Aïda nettoie la plaie d’une habitante d’un bidonville à Kahani.
Plus d’une semaine après le passage du cyclone Chido, les habitants du quartier informel de Kahani n’ont toujours vu personne. Face à cette détresse, un petit groupe de citoyens s’est formé pour les aider, en soignant notamment leurs blessures.
« On nous a oublié, personne n’est venu nous voir », déplore Assad*, qui habite un quartier informel à Kahani, derrière la caserne de pompiers. Face à cette détresse, Aïda, une habitante de Mangajou, dans la commune de Sada, a décidé de réagir. Avec plusieurs amis, elle a commencé la semaine dernière à se rendre dans les bidonvilles de la zone avec de quoi panser les petites blessures des sinistrés. Avec désinfectants, compresses et bandages, elle est revenue ce lundi dans la commune de Ouangani. « On aide au maximum comme on peut, avec les moyens du bord », explique l’étudiante dans le domaine du social, qui en profite aussi pour distribuer de l’eau en bouteille.
Si en début de matinée, les personnes arrivent timidement à la voiture de la jeune femme, dont le coffre a été transformé en pharmacie de fortune, le bruit que des pansements sont disponibles se répend peu à peu. « Je me suis coupé en réparant ma case », indique un habitant avec une coupure à la jambe. Des blessures comme celle-ci, Aïda les constate depuis une semaine : « Il y a beaucoup de gens qui se blessent en voulant reconstruire leurs maisons, mais aussi des enfants qui se coupent avec les morceaux de tôles qui ont été déplacés par le cyclone ». Sans qualification dans le domaine de la santé, elle a néanmoins voulu apporter cette aide, voyant que plusieurs habitants avaient des plaies non soignées. « Certains ne vont pas au dispensaire parce qu’ils sont occupés à reconstruire, d’autres pensent que leur blessure n’est pas assez importante », analyse celle qui vient tous les deux jours dans le quartier. Elle revoit ainsi un des hommes qu’elle a soigné, et sa plaie, qui va beaucoup mieux. « C’est propre maintenant », se réjouit-elle.
« On montre qu’on est là pour eux »
De nombreux enfants viennent en effet à sa rencontre, avec des doigts ou des pieds à désinfecter. Aïda et les autres volontaires s’occupent des contusions qui ne motivent pas les blessés à se rendre au dispensaire de Kahani. Mais pour les plus plaies plus graves, ils encouragent vivement à consulter un médecin. C’est le réflexe qu’a Julien en voyant le pied d’un homme venu les voir, dont la blessure est visiblement infectée. « Il faut aller au dispensaire, ils reçoivent les patients », insiste le jeune homme, professeur en temps normal.
Les enfants sont de plus en plus nombreux autour de la voiture. « On s’occupe aussi de ceux qui ont de tout petits bobos. Même s’ils n’ont pas vraiment besoin de nos soins, on montre qu’on est là pour eux, et ils peuvent faire passer le mot à ceux qui sont vraiment blessés », fait remarquer le professeur. Un geste apprécié par Kamaria, qui habite une case en tôle dans le quartier informel. « Personne d’autre n’est venu nous voir pour savoir si on allait bien », regrette celle à qui le petit groupe est venu donner de l’eau potable. Si les habitants arrivent à trouver de l’eau grâce une rampe à proximité, lorsqu’elle est ouverte, c’est surtout la nourriture qui fait défaut. « En ce moment, chaque voisin qui cuisine partage un peu avec les autres, mais c’est compliqué », raconte la jeune femme, qui n’a pas eu vent des distributions de denrées effectuées dans le village.

Les centres d’hébergement d’urgence de Mamoudzou fermés à partir du 31 décembre

Au 31 décembre, la mairie de Mamoudzou souhaite fermer ses centres d'hébergement d'urgence, comme ici au lycée de Lumières, à Kawéni.
Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a tenu une conférence de presse, ce lundi 23 décembre. Plus d’une semaine après le cyclone Chido, il annonce que les établissements scolaires n’accueilleront plus de sinistrés au 31 décembre.
« Maintenant, il faut gérer l’après-crise », estime dorénavant Ambdilwahedou Soumaïla, à la mairie de Mamoudzou, plus une semaine après le passage du cyclone Chido, lors d’une conférence de presse, ce lundi. Le maire du chef-lieu de Mayotte a d’abord défendu les moyens mis en place par la municipalité pour protéger les habitants. « Jusqu’à 19h, la veille du cyclone (N.D.L.R. le vendredi 13 décembre), 3.500 personnes avaient rejoint les centres d’hébergement sur les 10.000 places. » Tous les habitants avaient connaissance de l’ouverture de ces centres selon lui. « L’information a été diffusée dans les mosquées et les hauts-parleurs. »
« 43 % des écoles très endommagées »
Depuis le cyclone, la Ville a laissé les centres d’hébergement d’urgence ouverts, ils sont au nombre de vingt dans la commune. Des collations sont distribuées à la population (50,000) et 30.000 bouteilles d’eau depuis le samedi 14 décembre. Les distributions d’eau et de nourriture dans l’espace public ont aussi débuté avec sept lieux sont référencés. Mais le 31 décembre, la population va devoir quitter ces centres qui sont installés dans des établissements scolaires. « Ils seront mis à disposition des services techniques. » Le but est ensuite d’amorcer les travaux pour permettre une réouverture des écoles. « 43 % des écoles sont très endommagées et 41 % le sont moyennement », a-t-il annoncé.

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La mairie de Mamoudzou a organisé une conférence de presse, ce lundi après-midi. De gauche à droite, Nourainya Loutoufi, adjointe au maire de Mamoudzou en charge de l’état-civil, Dhinouraine Mcolo Mainty, premier adjoint, Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou, et Philippe Ramon, directeur général des services de la municipalité.
Actuellement, les bâtiments connaissent aussi d’autres dégâts causés par les « voyous », selon le premier magistrat. La nuit, ils viennent piller les salles à la recherche de matériel informatique notamment. Des vols facilités par « l’absence d’éclairage public » dans les villages reculés comme à Vahibé. Alors que 12.500 personnes sont hébergées dans les centres, la question de savoir où iront ces gens se pose. « Il y aura de la place à l’hôpital de campagne installé à Cavani et des tentes vont arriver par conteneurs », déclare-t-il.
Une motion contre les bidonvilles
Alors que beaucoup de cases en tôles ont refait leur apparition dans les villages, le conseil municipal de Mamoudzou s’est réuni ce dimanche et a adopté une motion pour interdire la construction des bidonvilles. « Il serait irresponsable de laisser des bidonvilles se construire à nouveau. Nous ne pouvons pas faire la même erreur, reconstruire signifie continuer à tuer des gens », affirme le maire, expliquant que presque tous les morts recensés à l’heure actuelle habitaient dans les quartiers informels et alors que « le dérèglement climatique ne fait que commencer », la méthode doit changer selon lui. La construction de bidonville sera donc un délit. Les élus demandent donc au gouvernement que des « mesures soient prises » pour que cette interdiction soit mise en place.
Actuellement, cent volontaires se sont mobilisés pour aider. Un nombre encore insuffisant pour une municipalité qui n’a pas récupéré tous ses agents. Face au choc de l’événement, une cellule psychologique est ouverte au centre hospitalier de Mayotte (CHM), elle est ouverte à tous.
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Manuel Valls rentre au gouvernement, Thani Mohamed Soilihi y reste

L'ex-Premier ministre Manuel Valls a hérité du portefeuille de l'Outremer dans le gouvernement de François Bayrou.

La composition du premier gouvernement dirigé par François Bayrou a été donnée, ce lundi soir. Alors qu’il faut gérer l’après-Chido à Mayotte, l’ex-Premier ministre Manuel Valls est le nouvel homme en charge de l’Outremer.

Élisabeth Borne, Manuel Valls, Gérald Darmanin, il y a comme un air de déjà-vu quand on regarde les nominations respectives à l’Education nationale, l’Outremer et la Justice. À défaut de l’ouverture voulue, le gouvernement annoncé ce lundi soir mise sur l’expérience puisqu’on y retrouve deux ex-Premiers ministres. Ils seront particulièrement attendus dans la gestion post-cyclone Chido, qui a ravagé Mayotte, le samedi 14 décembre. Ils ont l’avantage de connaître le territoire pour y avoir fait chacun des déplacements. La première était sur le territoire, il y a un an, au plus fort de la crise de l’eau, tandis que l’autre était venu, par exemple, en juin 2015 pour la première pierre de l’hôpital de Petite-Terre. À l’époque, il avait redit son opposition à la modification du droit du sol (qui a connu une modification finalement en 2018 avec l’amendement de Thani Mohamed Soilihi dans la loi Asile et Immigration). Ex-figure de la gauche, François Rebsamen quitte la présidence de la métropole dijonnaise pour le ministère de l’Aménagement du territoire, lui qui a été ministre du Travail de 2014 à 2015.
 
Thani toujours là
L’équipe n’a pas été complètement bouleversée non plus. Premier Mahorais à rentrer au gouvernement, Thani Mohamed Soilihi est aussi le premier natif de l’île aux parfums à survivre à un remaniement. Passant de secrétaire d’Etat à ministre délégué, il conserve le portefeuille de la Francophonie et des partenariats internationaux, toujours rattaché au ministère des Affaires étrangères de Jean-Noël Barrot. Issus tous les trois du parti Les Républicains, Bruno Retailleau, Sébastien Lecornu et Rachida Dati conservent l’Intérieur, les Armées et la Culture. Le premier a du renfort puisque François-Noël Buffet, qui quitte l’Outremer, lui est désormais rattaché.
Parmi les petits nouveaux, le cardiologue de formation Yannick Neuder s’occupera de la Santé, l’ex-directeur de la Caisse des dépôts et des consignations, Eric Lombard, de l’Economie et des Finances, tandis que Marie Barsacq arrive au ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative.’ex-PreoU

« Nous sommes au tout début de la phase de stabilisation »

Un point-presse a été organisé, ce lundi, dans les locaux de la préfecture de Mayotte, à Mamoudzou.

La préfecture de Mayotte, les services de l’Etat, Électricité de Mayotte et la Société mahoraise des eaux (SMAE) ont fait un point, ce lundi soir, sur le retour de l’eau, de l’électricité, la rentrée, huit jours après le passage du cyclone Chido. Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, a démenti l’existence de charniers (voir encadré).

23.000m3 par jour
Il ne reste que quatre villages qui ne sont pas alimentés en eau, ce lundi. Il s’agit d’Acoua, Dapani, Choungui et Hamjago. « C’est dû à des problèmes techniques et électriques », confirme Françoise Fournial, la directrice de la Société mahoraise des eaux (SMAE), lors d’un point-presse organisé dans les locaux à Mamoudzou de la préfecture de Mayotte, ce lundi. La filiale de Vinci produit actuellement 23.000m3 par jour contre 40.000m3 en temps normal. Ce qui nécessite de limiter la distribution d’eau, de 10h à 18h, deux jours sur trois.
20.000 foyers alimentés
Du côté de l’électricité, il y a aussi du progrès. 20.000 foyers sont ainsi alimentés, soit 37% des abonnés, indique Raphaël Ruat, le directeur d’Electricité de Mayotte (EDM). L’équipe locale a pu compter sur le renforts de 16 collègues Enedis de La Réunion. Ils seront relayés dès ce mardi par 45 personnes venues de métropole, qui seront installées sur une base vie à Longoni.
Base vie à l’hôpital
À l’hôpital aussi, une base vie va être installée pour des soignants qui ont perdu leur domicile et continuent de travailler. Sergio Albarello, directeur de l’Agence régionale de la santé (ARS) de Mayotte, précise que des renforts nationaux sont arrivés et que le centre hospitalier de Mayotte (CHM) va bénéficier du soutien de l’hôpital de campagne de Cavani dès ce mardi. Sur les risques épidémiques, les indicateurs ne montrent pas de choses alarmantes pour le moment.
100.000 litres par jour
Concernant la distribution de nourriture et d’eau, « le stock est suffisant », selon Gilles Cantal. Deux portes-conteneurs sont arrivés coup sur coup, dimanche et ce lundi. L’ex-préfet de l’eau évalue à 100.000 litres par jour la quantité d’eau distribuée.
La question des dons doit être abordée lors de la cellule interministérielle, confirme François-Xavier Bieuville, étant donné que l’aide viendra en premier lieu de la zone. « Tout ce qui peut permette d’avoir des ressources supplémentaires est la bienvenue », ajoute le préfet de Mayotte, qui a estimé que « nous sommes au tout début de la phase de stabilisation ».
Interrogé sur des municipalités où des distributions ont d’abord profité aux agents, il a promis de faire le point avec les maires, ce mardi, rappelant « qu’une vie est une vie » et « l’eau et la nourriture ne sont pas conditionnées ».
12.000 à 15.000 hébergés
Selon le préfet, il y aurait « 12.000 à 15.000 personnes hébergées ». Étant donné que ces hébergements d’urgence sont le plus souvent des établissements scolaires et vu les dégâts sur une partie d’entre eux, François-Xavier Bieuville a demandé au rectorat de lui « soumettre des solutions » en matière de rentrée scolaire.
Zones-tampon
La question des déchets a aussi été abordée. Quatre types de déchets nécessitent un traitement différent. Les ordures ménagères représentent le plus gros défi. Alors que le Sidevam (syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte) aurait bien aimé une intervention de l’armée, la collecte se fait pour l’instant au niveau local. Pour la faciliter, les communes sont invitées à créer des zones-tampon. Pour le bois, le préfet estime « qu’il convient de stocker » pour pouvoir l’utiliser ensuite comme énergie. Il a aussi demandé à la Dealm (direction de l’équipement, de l’aménagement, du logement et de la mer) de voir comment traiter les déchets lourds. Ceux en lien avec le milieu médical sont davantage du ressort de l’ARS et des hôpitaux.
Les charniers, « une fausse information »
 poLe nombre de décès reste officiellement à 35, ce lundi. Évidemment, le préfet reconnaît que ce bilan ne prend pas en compte ceux qui peuvent avoir trouvé la mort dans les quartiers jusqu’alors inaccessibles et où la tradition musulmane consiste à enterrer rapidement ses défunts. Toutefois, le préfet indique « qu’il y a très peu de sépultures » et que les charniers sont « une fausse information », les vols en drone n’ayant rien révélé.

L’hôpital de campagne de Cavani accueillera ses premiers patients ce mardi

Un hôpital de campagne, avec une capacité d'une quarantaine de lits, est en train d'être monté à Cavani.

Afin de suppléer le centre hospitalier de Mayotte (CHM),  dans la gestion post-cyclone Chido, un hôpital de campagne est en cours d’installation sur le stade de Cavani. Il devrait accueillir ses premiers patients dès ce mardi 24 décembre et être pleinement opérationnel dès le lendemain.

« Cet hôpital aura toutes les fonctionnalités d’un hôpital classique avec des capacités chirurgicales, de prise en charge de maternité, de soins traumatiques, un laboratoire », explique François-Xavier Bieuville, le préfet de Mayotte, lors de la visite, ce lundi matin. Les tentes déjà montées, les 90 pompiers et membres de la Sécurité civile (dont une cinquantaine de soignants) doivent désormais installer tout l’équipement. L’Escrim (Elément de Sécurité civile rapide d’intervention médicale) doit commencer à suppléer le centre hospitalier de Mayotte (CHM), qui fonctionne « à 25-30% » selon le préfet, dès ce mardi 24 décembre. Une quarantaine de lits y seront installés, avec la possibilité d’augmenter en fonction des besoins. « Il a vocation à accueillir tous les blessés liés aux cyclones », précise Sergio Albarello. Le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, ainsi que le préfet, espèrent ainsi que le CHM récupère « son flux habituel » de patients.

4.000 cartes SIM Orange distribuées par La Croix Rouge

L’opérateur Orange annonce avoir fait un don de 4.000 cartes SIM. Celles-ci seront distribuées par la Croix-Rouge française depuis ce lundi 23 décembre. « Cette initiative vise à soutenir les populations les plus démunies en leur offrant un accès à la communication à l’information », indique l’opérateur. Son directeur général pour l’entité La Réunion-Mayotte, André Martin, déclare : « Nous sommes profondément touchés par la catastrophe qu’a subi le département de Mayotte et nous souhaitons apporter notre aide à ceux qui en ont le plus besoin. Ce don facilitera les échanges entre la population de Mayotte et leurs proches. Toutes nos équipes sont fortement mobilisées pour rétablir notre réseau mobile le plus rapidement possible ». Avec ces cartes, les bénéficiaires pourront passer gratuitement leurs appels (hors international et numéros spéciaux), envoyer leurs SMS de façon illimitée et profiter de 5 Go d’internet, jusqu’au 19 janvier 2025.
Une campagne de dons a aussi été lancée auprès des salariés du groupe. Ils s’ajouteront aux 350.000 euros que versera la Fondation Orange.

 

EDM  et EDF coopèrent pour reconstruire le réseau électrique

Jeudi 19 décembre, une convention entre Electricité de Mayotte (EDM) et Electricité de France (EDF) groupe a été signée pour entériner le partenariat entre les deux entités dans le cadre de la reconstruction du réseau électrique post Chido.
Pour soutenir les agents EDM dans la reconstruction du réseau électrique de Mayotte, le groupe EDF a déclenché la Force d’Intervention Rapide de l’Electricité (FIRE), experte des aléas climatiques et de la réparation du réseau de distribution. Depuis mercredi 18 décembre, trois agents ont atterri à Mayotte. Ce lundi, 45 autres spécialistes arrivent sur le territoire. L’objectif : renforcer les équipes EDM pour faire face aux conséquences du cyclone sur le réseau.
Pour Samir El Hadi, responsable du service Réseau : « Aux compétences techniques des agents EDM et à leur connaissance du terrain, vient s’ajouter l’expertise de la Force d’Intervention Rapide de l’Electricité autour des aléas climatiques. Cette complémentarité nous permet de poursuivre plus efficacement la phase de diagnostic.»

Des architectes se mobilisent pour diagnostiquer les centres d’hébergements

Dans la direction de la rénovation urbaine, les architectes organisent leur visite dans chaque centre d’hébergement.

Depuis le début de la semaine dernière, une trentaine d’architectes s’activent de façon bénévole pour analyser les risques sur les bâtiments des centres d’hébergement d’urgence et faire remonter les informations aux pouvoirs publics.

La routine est désormais bien établie. Ce samedi, à 9h, comme chaque matin, les architectes se retrouvent à la direction de la rénovation urbaine de la municipalité de Mamoudzou, place Mariage, à Mamoudzou. C’est ici qu’ils ont installé leur cellule de crise. Ici, s’organisent les missions du jour. « Nous, on va à Tsoundzou, deux voitures partent maintenant, une va à l’école élémentaire, une autre à la maternelle », détaille Camille Panaye, architecte. Une trentaine de ses confrères de Mayotte ont créé un groupe pour réaliser des études de diagnostic du bâti des écoles de Mamoudzou où sont réfugiés des victimes du cyclone Chido. « À la Ville, on m’a parlé du besoin de diagnostiquer le bâti, je me suis dit que ça rentrait dans mes cordes et que je pouvais réunir une équipe autour de moi », contextualise Kévan Fatih, directeur adjoint de la rénovation urbaine de Mamoudzou et architecte.

Carte des établissements à la main, grilles d’analyse, l’équipe du jour prépare la prochaine visite. Le lieu où ils se regroupent n’a lui même pas été diagnostiqué comme l’atteste le plafond qui tombe et menace de s’effondrer par endroit. « On regarde les conditions de couchage des personnes hébergées , les risques sur les structures auquel ils sont exposés, mais aussi les risques sanitaires », présente Camille Panaye.
Gilets jaunes sur le dos, trois architectes se rendent à l’école élémentaire de Tsoundzou. Ici, la toiture a bien tenu. Entre 120 et 150 personnes y vivent dont une centaine d’enfants. Le trio d’architectes se renseignent sur les conditions de vie. « Les enfants ont le droit à plusieurs collations par jour, compotes, pain au chocolat, sardines », explique Moinouroi Abdouraquib, personne ressource du centre, agente de la mairie, normalement rattachée au service des finances. Une à deux grandes bouteilles d’eau par jour sont distribuées par famille. « Les toilettes sont bouchées. Les gens vont à la rivière pour faire leurs besoins. La crainte c’est les prochaines épidémies. » « On va demander à faire livrer un bac à eau pour la récupérer et l’utiliser pour les toilettes », leur fait savoir Rémi Noulin, architecte. La communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) donne aux écoles des cuves d’un mètre-cube. « Cette école a bien tenu, ce n’est pas représentatif des centres. Les autres qu’on a visité, il y a bien plus de dégâts », poursuit le professionnel.

Transmettre les besoins

En plus de diagnostiquer les bâtiments, les architectes font remonter les besoins en termes de santé à l’Agenre régionale de santé (l’ARS) et la Croix Rouge.« Si une personne a une maladie chronique, par exemple une maman diabétique, mais qu’elle n’a plus son traitement, on transmet l’information. » Les architectes aident les associations de santé, ces dernières n’ont pas assez de personnel pour aller maintenant dans tous les centres. Dans l’école élémentaire, une petite fille a mal au ventre, « on va faire remonter l’information. Nous n’avons pas le droit de donner des médicaments », précise Kévan Fatih.
Alors que l’équipe a pour l’instant visité onze centres d’hébergement, celui de Tsoundzou 2 est le mieux tenu. «Parce qu’il y a moins de gens, la toiture est restée et c’est propre », détaille Camille Panaye. Sur d’autres sites qui peuvent accueillir jusqu’à 2.000 personnes, des familles ont le droit qu’à une bouteille d’eau par jour et par famille. En même temps que de notifier « le poteau tombé là », les vérifications serviront aussi au rectorat de savoir les moyens à mettre en œuvre pour les travaux.
Une fois le tour du bâtiment terminé, les architectes reviennent dans les locaux de la direction urbaine pour faire la synthèse de leur évaluation. « Nous l’envoyons ensuite au rectorat, à l’ARS, à La Croix Rouge. »

Ben Issa Ousseni exprime “sa gratitude” à toutes les personnes qui aident Mayotte

Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte, remercie tous ceux qui apportent leur aide à son territoire, depuis les passage du cyclone Chido.
Le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, a remercié toutes les personnes qui viennent en aide à son territoire, après le passage du cyclone Chido, le 14 décembre.
À la suite du passage dévastateur du cyclone Chido qui a frappé Mayotte, “je tiens, au nom de l’ensemble de la population mahoraise, à exprimer ma gratitude sincère et émue”, écrit-il.
Il remercie : “les présidents des départements et des régions de France, les maires et les municipalités qui ont, très rapidement, apporté leur soutien institutionnel et parfois financier ». Mais aussi “toutes les personnes, qu’elles soient des citoyens, des associations ou des entreprises, qui ont manifesté leur solidarité par des dons ou des messages de soutien.”
“Votre aide précieuse, représente une source d’espoir pour notre population qui fait face à des pertes considérables, tant humaines que matérielles. Cela illustre les liens forts qui unissent Mayotte à la République et au reste de la France”, remercie-t-il.
“L’une des crises les plus graves de son histoire »
“Mayotte traverse l’une des crises les plus graves de son histoire”, a relaté lliBen Ben Issa Ousseni, dans une lettre adressée au Premier ministre François Bayrou, le 16 décembre. “Les conséquences du passage du cyclone Chido sur notre territoire sont d’une gravité inédite et exceptionnelle”, face à cette situation alarmante, il sollicite le “déclenchement rapide de l’état d’urgence. pour garantir la sécurité des personnes et des biens et renforcer les moyens des secours locaux et ceux dépêchés sur place, et d’assurer la coordination des interventions.” Ben Issa Ousseni demandait aussi la reconnaissance de l’état de “catastrophe naturelle indispensable pour activer les dispositifs d’aide d’urgence et engager la reconstruction du territoire de manière durable.”  Entre temps, l’état de calamité naturelle exceptionnelle a été décrété à Mayotte le 18 décembre.
Il évoque la réouverture récente de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, cinq ans après l’incendie qui l’a ravagé. “C’est avec une énergie comparable, et peut-être supérieure, que Mayotte devra être reconstruite après ce cyclone dévastateur”, a-t-il écrit au Premier ministre. Cela suppose selon lui de mettre en place des dispositifs législatifs et réglementaires spécifiques.

Cyclone Chido : dans le nord de Mayotte, la sensation d’être délaissés

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Une citerne d’eau potable a été installée dans le centre d’Acoua, ce vendredi.C’est
Le nord de Mayotte porte les stigmates du passage de Chido, qui a ravagé l’archipel, le samedi 14 décembre. Six jours après, le moral est touché, alors que l’eau, la nourriture, l’électricité et le réseau de téléphonie manquent toujours.
« On est les plus touchés et on s’occupera de nous en dernier », regrette Zouhourya Mouayad Ben. Devant dormir sur la terrasse de sa voisine, la quatrième vice-présidente du conseil départemental de Mayotte, sillonne de long en large son canton de M’tsamboro depuis le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, pour y connaître les besoins. Et ils sont nombreux dans cette partie de Grande-Terre d’autant plus isolée du reste que les communications y sont quasiment impossibles, ces six derniers jours. Sur les hauteurs, quelques abonnés Orange y captent des brides de réseau. Comme le reste de Mayotte, on y trouve un paysage désolé, une végétation autrefois luxuriante comme passée à la tondeuse, des toits en tôles jetés par terre par la force du vent. Parmi les communes de ce secteur, Acoua et Bandraboua présentent les plus gros dégâts. Le lycée du Nord, par exemple, dans le village de M’tsangadoua, a plusieurs de ses bâtiments éventrés, des morceaux de bois jonchent le sol. Les sapeurs-pompiers de Paris s’activent pour reboucher les toits, non pas pour la rentrée, mais pour accueillir des militaires. Ce sont les seuls, avec l’équipe qui déblaye le chemin vers la station de pompage de M’tsangamouji, que nous verrons, ce vendredi.
Car le sentiment qui prédomine de ce côté-ci de Grande-Terre, c’est l’abandon. « Il n’y a pas assez de nourriture », s’inquiète la vice-présidente du Département, qui a été un peu rassurée d’apprendre qu’une citerne d’eau potable a été apportée dans le centre du village d’Acoua. Tous les habitants croisés disent craindre d’arriver au bout de leurs provisions, quand une partie a déjà dû être jetée faute de réfrigérateur alimenté en électricité. Ahamadi Boura, qui tient un commerce et un restaurant à Handréma, montre des rayons vides dans l’un et les dégâts dans le deuxième. Du fait du manque s’informations et d’essence (la station-service de Dzoumogné était ouverte ce vendredi), les habitants du Nord ne savent s’il faut prendre la route pour faire leurs courses.
Pour ceux qui n’arrivent pas avoir de leurs proches dans le Nord, le mot d’ordre est d’aller au Coco Beach. Le restaurant d’Hamjago fait, en effet, fonctionner son groupe électrogène plusieurs fois par jour, et dispose de deux antennes Starlink pour une connexion Internet par satellite. 500 connexions sont assurées ainsi chaque jour. Un tableau sert même d’avis de recherche pour les familles inquiètes. « On a vu personne. Il n’y a pas assez de gendarmes, pas de pompiers. Heureusement qu’on a de la cohésion », fait remarquer Ronan Michanoud, l’un des cogérants et professeur d’EPS au lycée de Dzoumogné.

L’eau des rivières et des puits

Plus au sud, la commune de Tsingoni vit elle aussi l’isolement. Les habitants sans eau trouvent la parade en se rendant à la rivière Soulou, faisant remonter des souvenirs d’autrefois aux plus anciens. Alors que pour d’autres, c’est une vraie nouveauté. « C’est la première fois que je fais ça », concède Ilias, devant sa compagne Nathalie. Les jeunes époux nettoient leurs vêtements directement dans la rivière, les deux pieds dans l’eau. Bacari Soulaimana, 54 ans, a décidé lui aussi d’aller à la rivière pour y remplir des bidons. Comme beaucoup d’habitants de ce qui est considéré comme le grenier mahorais, il cultive son champ et possède quelques bœufs (une partie sont morts pendant le cyclone). « Il ne reste rien. Heureusement que j’y ai mis une voiture rouge, sinon, on ne pourrait même pas distinguer mon terrain de celui du voisin », explique le cinquantenaire. Dans d’autres communes, le problème de l’eau se règle avec les puits, c’est le cas dans le centre de M’Tsangamouji ou à Handréma. Dans ce dernier, la pompe du puits de la mosquée fonctionne à plein régime. Particulièrement touché, ce village a vu beaucoup de toits en tôles tombés ou des vieilles maisons SIM en briques s’écrouler en partie.
Sur la route de Mamoudzou, il y a un autre village qui partage ce sentiment d’abandon, c’est Vahibé. La partie la plus excentrée du chef-lieu n’a vu personne, même dans l’école primaire Vahibé 2 qui servait d’hébergement d’urgence et qui a été ravagée par le cyclone. Livrés à eux-mêmes, les réfugiés ont donc entrepris de retourner dans les bidonvilles où les cases sont réapparues, ces derniers jours. « Les gens ont peur. Des portes ont été forcées par des délinquants. Ils n’ont ni à manger ni à boire », raconte Bounyamine. Le lycéen de 17 ans a lui aussi rejoint le bidonville avec sa famille. Il vient rendre visite à ses amis restés à l’école. Ce sera l’un des seuls à le faire ce jour-là.

Peu de morts selon les habitants

Avec moins d’habitat précaire par rapport aux communes plus peuplées, les villages du nord comptent peu de décès, racontent ses habitants. Tout le monde a en tête la mort d’une fillette à Bouyouni. Pour Zouhourya Mouayad Ben, il y a eu deux morts dans le village d’Acoua. À Hamjago, l’un des gardiens de la mosquée confirme qu’il n’y a pas eu de cérémonie d’enterrement depuis deux semaines. Même à Vahibé, les habitants du bidonville disent qu’il n’y a pas eu de morts à leur connaissance.

L’hôpital fortement endommagé, fonctionne en mode degradé

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Des machines se sont retrouvées expulsés par les vents du cyclone

Durement éprouvé par le cyclone, le Centre hospitalier de Mayotte  fonctionne de manière dégradée depuis le passage du cyclone Chido. Endommagés, plusieurs parties de l’hôpital sont fermées. 

Une semaine après le cyclone, les séquelles du CHM sont encore bien visibles, bâtiments aux toits soufflés dont il ne reste que la charpente, préfabriqués éventrés, amas de bois au sol. Aussitôt après la catastrophe, il a fallu tout mettre en oeuvre pour assurer un service minimum. Un groupe électrogène de secours a rapidement été branché pour alimenter l’hôpital. Les informaticiens ont tout de suite été mobilisés pour rétablir les logiciels. L’informatique tient un rôle indispensable “pour gérer les évacuations sanitaires, les entrées aux urgences. Si les systèmes informatiques ne fonctionnent pas, c’est tout l’hôpital qui ne fonctionne pas”, renseigne Rodrigue informaticien aux infrastructures réseaux de l’établissement. Alors que le data center de Mayotte où sont stockées les données du Centre hospitalier de Mayotte a pris l’eau ,  les équipes des services informatiques s’activent nuit et jour pour permettre de retrouver le fonctionnement pré cyclone. “Une cellule de crise a été montée, nous dormons sur place”, explique-t-il.  

Dans la maternité, l’aile qui accueillait les femmes enceintes hospitalisées a été fermée car il n’y a plus d’électricité. Les sage-femmes utilisent la lampe torche de leur portable pour étudier les dossiers. “Entre 40 et 50 % du service n’est pas fonctionnel, les chambres sont endommagées”, détaille Roger Serhal, chef du service de chirurgie obstétrique. Quinze lits sont actuellement disponibles au lieu de 35 habituellement. Conséquence, le personnel peut prendre en charge moins de patientes. Une situation problématique alors que le CHM est la plus importante maternité d’Europe, en 2023 elle a enregistré 10.200 naissances. 

Au-delà des services de traumatologie, des urgences ou encore de chirurgie, celui de médecine polyvalente est aussi débordé. “Nous avons doublé le nombre de lits”, souligne Dimitri Kornblum, médecin du service. Une situation qui est le résultat d’un manque d’accès de soins, la plupart des dispensaires ont été fermés pendant plusieurs jours. “Désormais sans toit, des personnes ne peuvent pas être soignées chez elles”. 

Un risque d’épidémie

Surtout, le médecin craint les prochaines semaines : “Nous allons voir des décompensations de personnes avec des maladies chroniques car elles n’auront plus accès aux soins et à leurs médicaments”. Plus inquiétant, après le saccage du cyclone, le “risque d’une épidémie se pose”, selon le soignant. En cas de famine ou de dénutrition, la population est plus susceptible de “faire des infections sévères”, le manque d’eau potable présente également une menace, la population se retrouve à consommer des eaux stagnantes. “Le choléra pourrait revenir”, craint-il. Pour soulager le CHM, un hôpital de campagne vient de s’installer au centre de Mamoudzou, il compte 90 soignants qui assureront des soins en en traumatologie, réanimation et néonatologie. 

Au dispensaire de Kahani, on soigne les patients dans le noir

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Le dispensaire de Kahani ne fonctionne actuellement que grâce à deux petits groupes électrogènes en attendant d’avoir un générateur de secours fonctionnel.

Ce n’est que quatre jours après le passage du cyclone Chido que le personnel du dispensaire de Kahani, à Ouangani, ont enfin pu accéder à des groupes électrogènes. L’établissement subit également des coupures d’eau et des pénuries de médicaments.  

“Le soir, on s’occupe des patients avec les frontales pendant deux heures, puis on doit coincer des lampes de poches entre notre cou et notre épaule pour continuer quand elles n’ont plus de batterie”. Cette scène ubuesque, c’est une infirmière du dispensaire de Kahani qui nous la décrit, ce vendredi matin. Là-bas, le générateur de secours est tombé en panne le jour du cyclone, samedi dernier. “On chargeait les lampes frontales avec les ordinateurs portables qui avaient encore de la batterie”, décrit Sarah*, une autre infirmière de l’établissement de santé situé dans la commune de Ouangani. Ce n’est que mercredi, soit quatre jours après le passage de Chido, que deux petits groupes électrogènes ont été amenés. Si cela a pu permettre de brancher des lampes et des appareils médicaux, ce n’est pas suffisant pour les besoins de l’établissement, qui a mis en place des cycles d’alimentation en attendant que le véritable générateur adapté soit fini d’installer.  

Le dispensaire n’est pas non plus alimenté continuellement en eau, subissant de nombreuses coupures. Les soignants s’en sont résolus à récupérer de l’eau de pluie, et font des réserves dès qu’elle revient un peu au robinet. Pendant ce temps, la citerne d’eau potable fuit depuis la tempête. Un médecin a même tenté de la reboucher avec un fruit à pain, illustration du manque profond de moyens dont le dispensaire dispose.  

“30 secondes d’autonomie” 

Côté communication, le personnel n’a pu véritablement établir le contact avec le Centre Hospitalier de Mayotte que mardi soir, ne possédant qu’un téléphone satellite avec “30 secondes d’autonomie”, nous indique-t-on. Ce vendredi matin, les membres du personnel ayant du réseau avec Orange s’occupent de faire le lien. “La police municipale n’est toujours pas venue nous voir”, indique Adrien Cussac, médecin chef du dispensaire, ce vendredi matin.  

Un véritable isolement ressenti par l’ensemble de l’équipe, dont la plupart travaille chaque jour depuis le passage du cyclone. Ce jour-là, la permanence de soin transformée en accueil d’urgence a immédiatement été inondée au moment de la tempête. “Le premier patient arrivé était un père qui s’est profondément blessé au pied en allant chercher ses enfants. Il s’est effondré devant nous. À peine pris en charge, il est reparti à la recherche de ses enfants”, raconte le médecin chef, présent chaque jour à son poste depuis la catastrophe. “Nous n’avons pas eu de mort ici. Nous avons pu assurer la médecine aiguë. Désormais, la médecine classique reprend, mais nous avons beaucoup de personnes qui se blessent en reconstruisant leur case avec les tôles ou les clous”, ajoute celui qui a réorganisé le service en suivant les protocoles de gestion de flux de Médecins Sans Frontière. Pour l’heure, il n’y a pas de cadre administratif pour l’épauler et le dispensaire n’a pas assez de médicaments pour tout le monde, notamment d’antibiotiques.  

Une cellule de crise le jeudi avant Chido

Adrien Cussac affirme que c’est grâce à une cellule de crise organisée par des urgentistes le jeudi pendant la nuit, avant le cyclone, qui permet encore au dispensaire de tourner. “Du matériel, des médicaments, un urgentiste et un réanimateur ont été envoyés dans chaque dispensaire la veille du cyclone”, indique celui qui attend une première livraison de médicaments depuis le passage de Chido ce vendredi. Le stockage de pharmacie générale à Longoni ayant subi des dégâts, ils n’ont pas pu être ravitaillés avant. 

Si le flux n’est pas si important que cela au dispensaire, les conditions actuelles de travail rendent la mission du personnel extrêmement difficile. Certains patients ont dû être renvoyés à domicile, faute de matériel, même si un suivi reste assuré.  

Dans l’Ouest, des habitants s’organisent pour offrir du réseau internet à la population

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Thomas Jacinto entre le mot de passe pour se connecter à son antenne Starlink dans les téléphones des habitants.

Alors que le réseau mobile ne revient qu’au compte goutte dans l’ouest de l’île, des habitants partagent leur antenne Starlink avec la population, pour leur permettre de donner des nouvelles et rester informés.  

« Ça c’est mon quotidien depuis dimanche », décrit Thomas Jacinto, en désignant l’attroupement présent sur la place Sicotram, à Chiconi, à côté du front de mer. Ce jeudi, une centaine de personnes est présente pour profiter d’une connexion internet. Car Thomas Jacinto et Amandine Aubert ont Starlink, un dispositif créé par Elon Musk permettant d’accéder à internet directement avec une connexion satellite. « On a pensé à rentrer l’antenne pendant le cyclone, puis elle a dû résister à la pluie », indique son propriétaire, qui n’a plus de toit. Ce jeudi, installé sur le toit de leur voiture, l’antenne est alimentée par le groupe électrogène de l’épicerie Amboirou-Market, qui en retour peut faire payer ses clients par carte. 

L’idée de partager gratuitement leur accès à internet est venue dès dimanche à ces habitants, voyant que l’ouest de l’île restait sans communication. Cet après-midi-là, Thomas Jacinto a noté 200 connexions de personnes venues pour rassurer leurs proches restés sans nouvelle depuis le passage de Chido. « C’était un moment intense, on était coupé du monde depuis plus de 24 heures », explique-t-il. « C’était un déluge de larmes et de rires, la place était chargée en émotion », raconte Amandine Aubert, qui a eu la sensation que les minutes duraient des heures pendant cette coupure. 

Jusqu’à 400 connexions mardi

Le couple a décidé de revenir chaque après-midi. 300 connexions ce lundi, 400 le mardi, de gens parfois venus de Combani pour se connecter. « Maintenant ça permet aux gens de s’informer et de moins rester dans le brouillard », explique Thomas Jacinto. Pour éviter que le réseau sature et les mouvements de foule, il a néanmoins instauré un système de rationnement à environ 100 connexions par sessions. Les bienfaiteurs restant tout l’après-midi sur place, chacun peut profiter du réseau sur une session de une heure, puis le mot de passe change pour permettre aux autres d’en bénéficier. Une logistique qui fonctionne bien pour l’instant, chacun respectant cette routine. Ce jeudi après-midi, Safia* est venue de Mangajou : « Je voulais donner des nouvelles à mes proches ». Une autre habitante vient aussi pallier le manque de réseau. « J’ai un peu de connexion avec Orange maintenant, mais ça ne marche pas très bien, alors je suis venue ici », indique-t-elle. Thomas Jacinto est heureux de voir la place Sicotram occupée : « Ça met un peu de vie, les gens sont rassemblés. » 

Le même type d’initiative s’est lancé à Sada. Etienne Mouillet, détenteur également d’une antenne Stralink tourne dans la zone depuis lundi pour en faire profiter la population. “C’est nécessaire pour tout le monde. Surtout les premiers jours, il n’y avait rien pour pouvoir avertir les familles”, explique-t-il. Le problème était de pouvoir l’alimenter en électricité. Il l’a d’abord installé à Mangajou, mais depuis, il la laisse dans les locaux de l’entreprise Electro Rapide. “Ici l’électricité est stable, il y a des locaux pour se poser”, décrit-il, le remerciant de mettre à disposition leurs locaux. En effet, moins de monde qu’à Chiconi, mais une salle de réunion calme, où naviguent une vingtaine de personnes. Pour Etienne Mouillet, même si les proches sont maintenant prévenus, il est important de maintenir la communication avec l’extérieur : “On espère pouvoir favoriser la coordination, car pour l’instant on a l’impression que c’est compliqué.” 

À Mavadzani, « personne n’est venu nous voir »

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Le quartier informel de Mavadzani, à Majicavo-Koropa, commence à se reconstruire.
Ce mercredi, quatre jours après le passage du cyclone Chido, les habitants du bidonville de Mavadzani, à Majicavo-Koropa, dans la commune de Koungou, n’ont toujours pas vu d’autorité venir s’enquérir de leur état. Des maisons détruites, pas d’eau, pas de nourriture… Les besoins sont grands.
À l’entrée du bidonville de Mavadzani, au niveau de Massimoni, la résidence où ont été relogés provisoirement les habitants du quartier récemment décasé n’a tenu qu’en partie. Un des appartements n’a plus de murs. Mais une bonne partie des cases détruites par le cyclone Chido samedi dernier se dresse de nouveau. « On récupère des tôles par-ci par-là », raconte Fayad, ajoutant que certains puisent dans leurs économies pour en acheter des nouvelles à une vingtaine d’euros la pièce.
Dans le quartier informel du village de Majicavo Koropa, la problématique du toit sur la tête se résorbe légèrement, pendant que l’accès à l’eau inquiète l’ensemble des habitants. “Il y a l’eau du puits à Massimoni, mais il y a de la boue dedans, on ne peut pas la boire”, répète une petite fille, qui se tient d’appliquer la consigne donnée par ses parents qui craignent qu’elle tombe malade. Quatre jours après le passage de Chido, ils attendent la distribution d’eau. “C’est très dur avec ma grossesse”, indique une femme enceinte. La nourriture manque aussi, surtout aux enfants qui ont faim. “Je n’ai plus de lait pour mon bébé”, déplore une mère, son enfant de deux mois dans les bras.

« On a faim »

Les enfants, qui ont pour la plupart passés le cyclone sous les tôles, s’amusent un peu avec notre appareil photo. Quelques sourires, mais le manque de nourriture ne se fait pas oublier. “On a faim”, disent-ils régulièrement. « Je n’ai plus de vêtements, ils se sont tous envolés. Mon papa est en train de réparer notre maison », décrit Naïssa. Une autre fillette de 14 ans raconte qu’elle n’a pas d’endroit pour dormir pour l’instant. « Notre maison est détruite », regrette celle qui est inquiète de ne plus avoir de cahier pour aller à l’école.
Fayad est désabusé. Depuis le cyclone, il n’a toujours pas vu un pompier, ce mercredi : « Personne n’est venu nous voir ». Plusieurs riverains confirment que depuis samedi, ils n’ont pas vu d’autorité venir s’enquérir du sort des habitants. Un homme nous indique néanmoins avoir aperçu quelques gendarmes le mardi. Une absence qui leur fait redouter d’être laissés de côté. « Il faut que l’aide arrive jusqu’ici, on est des êtres humains quand même », demande le jeune homme. Pas de tension pour l’instant, ni de pillage entre les habitants. Si chacun se concentre sur la réparation de sa propre maison, il y a quand même de l’entraide. « Mais ce n’est pas assez », tranche Assani, qui, comme d’autres riverains ayant une maison en dur, a ouvert sa porte à des habitants du bidonville, le temps qu’on vienne s’occuper d’eux.

Cyclone Chido : la population de Mayotte invitée à ne pas converger vers Mamoudzou

Avec la possibilité de prendre jusqu'à 30 litres d’essence, ce mercredi, la station-service de Kaweni a vu de nombreux automobilistes ou de scootéristes affluer.

Dans son dernier point, ce mercredi midi, la préfecture de Mayotte alerte sur les problèmes de circulation à Mamoudzou, qui perturbent le travail des secours.

Essence, réseau téléphonique, supermarchés ouverts, la tentation est grande pour les sinistrés du cyclone Chido d’aller jusqu’au chef-lieu de Mayotte, Mamoudzou. Pourtant, François-Xavier Bieuville, qui a vu ses prérogatives renforcées, demande à la population de limiter ses déplacements. « Le préfet attend de la population qu’elle limite ses déplacements au strict nécessaire, et qu’elle ne se relende notamment pas à Mamoudzou. L’engorgement des voies de communication empêche la bonne circulation des forces de l’ordre, de secours et des services concourant à la gestion de crise », rappelle-t-il. Depuis la station-service de Kawéni, une file d’attente de plusieurs heures s’est formée, ce mercredi, bloquant une partie du village au nord de Mayotte. En effet, les stations essence de Petite-Terre et de Kawéni étaient partiellement ouvertes au public de 7h à 17h. Deux consignes étaient à respecter. « Les usagers sont limités à un plein de trente litres », tandis que « le remplissage des bidons et jerricans est interdit ».

Le service des barges a été très partiellement rétabli pour permettre d’acheminer les secours et les personnels essentiels entre Grande-Terre et Petite-Terre. « Les barges ne transportent pas de passagers pour l’instant », est-il toutefois précisé.

L’eau pour 50% de la population

Sur les deux îles, les réseaux d’eau, d’électricité et de téléphonie sont en train d’être progressivement remis. Pour le premier, « la SMAE (Société mahoraise des eaux) a prévu de pouvoir approvisionner en eau 50% de la population d’ici ce mercredi soir ». Ce sera « 75% de la population d’ici la fin de la semaine ». Pour éliminer la présence potentielle de bactéries, l’Agence régionale de santé (ARS) recommande de faire bouillir l’eau pendant trois minutes avant de la consommer. Ce mercredi, des premières distributions de bouteilles d’eau ont également débuté. Concernant l’électricité, « les dégâts sont immenses. Les renforts reçus comportent en priorité du matériel destiné à la réparation électrique et les experts capable de la mener », fait remarquer la préfecture de Mayotte. Les quartiers alimentés en sous-terrain ont été les premiers à recevoir le courant, comme récemment le quartier de Cavani sud, dans la commune de Mamoudzou.

Enfin, le réseau de téléphonie est toujours. « Les efforts des techniciens ont permis de rétablir plusieurs infrastructures de l’opérateur Orange. C’est le réseau qui fonctionne le mieux à ce stade. Le réseau SFR est très endommagé, notamment le câble sous-marin entre Petite-Terre et Grande-Terre, 95% du réseau mobile est impacté et 5% des clients seulement sont couverts », est-il détaillé.

Une cellule d’urgence médico-psychologique

La préfecture de Mayotte annonce « qu’une cellule d’urgence médico-psychologique est ouverte et peut être contactée par toutes celles et ceux qui en ressentent le besoin », depuis ce mercredi. Elle est joignable au +331 44 49 24 30, de 10h à 22h, en français et en shimaoré. La création de cette cellule s’ajoute celle déjà existante d’information au public (CIP). Elle reste « activée pour répondre aux interrogations de la population, en dehors de toutes urgences ». Il faut appeler le 09 70 80 90 40.

Le président Macron à Mayotte ce jeudi

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L’Élysée a annoncé mardi soir la venue du président de la République Emmanuel Macron ce jeudi à Mayotte. Une fois le gouvernement formé, le nouveau Premier ministre, François Bayrou, viendra également sur place.

 

 

Des cagnottes lancées pour aider Mayotte

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De nombreuses associations se mobilisent pour récolter des fonds.

Depuis ce lundi, la solidarité s’organise pour aider Mayotte dévastée depuis le cyclone. Plusieurs ONG et associations ont lancé des cagnottes pour venir en aide aux habitants, ont voici quelques-unes.

Le Secours Populaire

Le Secours populaire français a lancé un appel aux dons financiers et à la mobilisation de tous pour venir en aide aux populations. Une aide financière de 100 000 euros a déjà été débloquée et l’association travaille avec des partenaires mahorais afin d’apporter un soutien d’urgence aux sinistrés, qui s’inscrira dans la durée.

La Croix Rouge

La Croix-Rouge française a également  lancé un appel aux dons. Sur le territoire mahorais, elle compte 300 bénévoles et 130 salariés.

La Fondation de France

La Fondation de France se mobilise également. Forte de son expérience dans les Antilles en 2017 (cyclones Irma, José et Maria) et en s’appuyant sur ses partenaires locaux dans l’Océan Indien, la Fondation déploie des actions de première nécessité pour venir en aide aux victimes (mise à l’abri, soutien psychologique, …). Son directeur Alexandre Giraud a déclaré lundi à La Provence avoir déjà « 700.000 euros ont déjà été collectés »

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes