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Une serre d’urgence en bambou au lycée agricole de Coconi

Le lycée agricole de Coconi, dans la commune de Ouangani, est désormais doté d’une serre de 100 mètres-carré en bambou.

Comme la plupart de celles de l’île, les serres du lycée agricole de Coconi ont été détruites par le cyclone Chido. Afin de pouvoir replanter rapidement, l’établissement a profité d’une formation pour construire une serre d’urgence en bambou.

Sur les sept serres du lycée agricole de Coconi, seules deux ont tenu debout pendant le passage du cyclone Chido, le 14 décembre. Deux semaines après, une partie d’une nouvelle en bambou se tient fièrement debout, dans l’entrée de l’enceinte de l’établissement. Alors que le centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) rattaché au lycée avait prévu un stage autour de la construction en bambou la semaine du 16 décembre, les plans ont été adaptés pour faire construire aux apprentis cette structure vouée à sauver les plans de maraîchage. « On a voulu lier cette opportunité à l’utile », indique Eugénie Pelletier, responsable des formations courtes au CFPPA.

Pour ce faire, plusieurs stagiaires pilotés par des membres de Lilo Bambou et l’architecte Tibaut Fung Kwok Chine ont construit au sol la charpente de la serre avant de commencer à l’ériger ce mardi, après avoir travaillé cinq journées dessus. « On a voulu montrer qu’on pouvait être réactifs et construire rapidement », explique Louis Dossal, co-gérant de Lilo Bambou, et travaillant également pour Agrikania, une entreprise de construction agricole. Le lycée agricole a ainsi 100 mètres-carré de serre neuve, qui va lui permettre de replanter salades, concombres et autres produits du maraîchage qui profiteront du reste de la saison des pluies.

Des structures résistantes

Louis Dossal explique que le bambou peut également être utilisé pour des modules urbains et espère pouvoir ainsi participer à la reconstruction de l’île. « On est allé voir les structures qu’on avait construites avant le cyclone, au lycée de Chirongui par exemple, et elles ont tenu », met en avant le co-gérant pour illustrer la résistance du bambou.

Ici, ils ont utilisé ce qui leur restait de bambou traité. Mais Lilo Bambou projette aussi d’utiliser celui tombé pendant le cyclone, sans traitement, pour d’autres structures agricoles d’urgence. « Ce ne sera pas pérenne, mais cela permettra à des serres de durer deux ans, le temps de construire quelque chose de plus solide », ajoute-t-il. Une démarche à laquelle compte participer Tibaut Fung Kwok Chine, venu initialement à Mayotte depuis La Réunion deux semaines pour animer la formation. « La semaine prochaine, on compte aller évaluer le bambou tombé, pour vérifier qu’il est exploitable et quels seraient les moyens humains, techniques et financiers pour le récupérer », prévoit celui qui a décidé de prolonger son séjour sur l’île pour participer à sa reconstruction, via son entreprise Architecture Métissée.

Dans la reconstruction

De l’initiative de Lilo Bambou et de l’architecte est également née une cagnotte, qui a permis de financer le matériel pour la construction de la serre durant la formation et a financé en partie par des fonds européens. Le reste de l’argent récolté doit servir au diagnostic du bambou et aux intervenants d’aller former agriculteurs et constructeurs agricoles, mais aussi les équiper, pour que d’autres constructions en cette matière voient le jour. Pour cela, Thibaut Fung Kwok Chine travaille sur des plans simplifiés, rapides à mettre en œuvre, comme pour la serre du lycée agricole, où bambou, mais aussi bois et métal des anciennes serres détruites, ont été réutilisés. Avec Lilo Bambou, il espère pouvoir aider à structurer la filière, qu’il estime nécessaire à la reconstruction de l’île : « le bambou est un vecteur de résilience ».

 

La municipalité de Koungou organise des ramassages de déchets dans ses villages ce samedi

Des collectes de déchets sont prévues dans les six villages de la commune de Koungou.

Au travers de son maire, Assani Saindou Bamcolo, et en collaboration avec les associations communales, la municipalité de Koungou invite ses habitants à une matinée de nettoyage et de solidarité, ce samedi 4 janvier.

Coordonnée par les agents municipaux, cette opération de déblaiement aura lieu dans les six villages de la commune. Le départ se fera sur la place publique principale du village à partir de 7h.

« Certains n’ont jamais vu de médecin », des pompiers soignent la population des bidonvilles

Fatima Mouhoussini, qui est très impliquée dans la vie associative de Kahani, joue le rôle d’interprète entre les habitants des cases en tôle et les sapeurs-pompiers.
Une trentaine de sapeurs-pompiers venus de métropole se rendent dans différents lieux du centre de Grande-Terre pour apporter les premiers soins à la population. Ce jeudi, ils étaient à Kahani, dans des quartiers où se soigner n’est pas la priorité puisqu’il faut d’abord songer à trouver de la nourriture et de l’eau.
« Salam alikoum, un docteur est là, on va s’installer sur la place publique, si vous souhaitez venir. » Ce jeudi, Fatima Mouhoussini, une habitante de Kahani investie dans l’association de quartier Malezi-Ya, s’arrête à l’entrée des cases des bidonvilles du village pour faire passer le message. « Moi, j’ai mon enfant qui vomit tout le temps, je vais venir », répond une maman. Depuis quelques jours, la militante associative accompagne les pompiers secouristes venus de métropole. Installés au dispensaire de Kahani, ils se rendent dans plusieurs localités du centre et de l’ouest de Grande-Terre pour faire du « soutien d’urgence et du soutien sanitaire », explique le docteur Philippe Poinot. Spécialistes en poste médical avancé (PMA), ils font les premiers soins. Généralement, ils installent une grande tente siglée « Poste médical avancé », mais ils ne l’ont pas amenée à Mayotte. « On nous a dit que cela pouvait dissuader le public de venir, ils peuvent avoir peur de se faire contrôler par la police aux frontières », raconte le lieutenant José Navarro, pompier de l’Hérault, dans le service départemental d’incendie et de secours de ce département, des pompiers sont spécialisés dans le PMA. A la place, les sapeurs-pompiers vont vers la population. Depuis leur arrivée, ils se rendent dans les villages où la population est la plus vulnérable, notamment à Tsararano, Combani et Kahani. Des actions coordonnées avec la police municipale. A chaque fois, ils sont accompagnés d’un interprète comme c’est le cas avec Fatima Mouhoussini.

 

Ce jeudi après-midi, les sapeurs-pompiers installent leur équipement sous un faré près du city-stade du village. En deux ou trois mouvements, une salle de consultation est mise en place avec des chaises et tables d’écoliers. Quelques habitants défilent. « Nous soignons beaucoup de plaies infectées à cause d’une blessure avec une tôle », raconte Marion Remeur, pompier venue de Toulouse. « Nous nous occupons de personnes qui parfois n’ont jamais vu de médecin », explique le docteur. Souvent, les plaies n’ont pas été soignées. « La priorité est de trouver à manger plutôt que de se soigner », évoque Fatima Mouhoussini. Alors que les habitants de ce bidonville de Kahani ont souvent tout perdu, rechercher de la nourriture et de l’eau est prioritaire, se faire soigner vient après.
« Essayer d’oublier le moins de personnes possibles »
Souraya* est venue se faire consulter avec ses deux enfants, elle souffre d’une bronchite et d’hypertension. Mère célibataire, elle ne se rend pas au dispensaire. « Je ne peux pas attendre pendant des heures là-bas, je n’ai personne pour garder mes deux petits-enfants. Là c’est juste à côté de chez moi, c’est pratique. »
Depuis leur arrivée, les sapeurs-pompiers ont consulté 540 personnes, parfois jusqu’à 80 dans la même journée à Tsararano notamment. Alors que l’absence des secours dans les quartiers informel a été beaucoup critiquée, selon le docteur Philippe Poinot, leur action vise également à « montrer que le système essaie d’oublier le moins de personnes possibles ». Cependant, il reconnaît aussi que leur travail est « une goutte d’eau » à l’échelle des besoins de la population.
 * le prénom a été modifié.
Une polyvalence bénéfique
Parmi les 27 pompiers venus de métropole à Kahani, 80 % d’entre eux sont des sapeurs-pompiers volontaires. Ce statut offre des avantages car, de par leur métier, chacun apporte des compétences qui sont utiles pour aider Mayotte. Dans le groupe, quatre d’entre eux sont par exemple infirmiers, l’un est spécialisé dans les plaies et cicatrices, un autre infirmier anesthésiste, une autre infirmière aux urgences. Une complémentarité de spécialités utiles sur le terrain.
Dans une partie de la maternité de Kahani où ils ont installé leur base, le groupe a remis le courant et l’eau rapidement. « Parmi nous, il y a des électriciens, plombiers. Ces différents savoir-faire permettent de déplacer des montagnes », s’amuse le lieutenant José Navarro.

L’eau est coupée dans plusieurs villages de Mamoudzou après une inondation à Kawéni

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A la suite d'une inondation à Kawéni, la canalisation qui dessert plusieurs villages de Mamoudzou est désormais hors service.

La Société Mahoraise des Eaux (SMAE) informe les usagers du secteur Kawéni, Mtsapéré, Doujani, Passamainty Ngambo Titi que suite aux intempéries de ce vendredi  matin sur la zone industrielle de Kawéni provoquant une inondation, la canalisation de transport alimentant ces villages est actuellement hors service.

“Les travaux de réparation de la canalisation auront lieu au plus vite dès la fin de l’inondation.”, annonce la société. L’eau sera remise en service à l’issue de ces travaux et en fonction du niveau d’eau dans les réservoirs.

Le cinéma du Pôle culturel rouvre ses portes, les films à l’affiche

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Le programme du cinéma est disponible sur le site internet et les réseaux sociaux.

Le Pôle culturel de Chirongui rouvre au public. “Suite au passage du cyclone Chido sur notre territoire, nous espérons de tout cœur que vous et vos proches êtes en sécurité et n’avez pas subi de dégâts majeurs. Ensemble dans ce contexte particulier, toute l’équipe du Pôle Culturel de Chirongui vous souhaite une très belle année 2025”, écrit l’équipe du site dans un communiqué. Le cinéma est de nouveau ouvert. A l’affiche : « Vaiana 2 », « Sonic 3 », « Mufasa – le roi lion », « Gladiator II », « Kraven the hunter ».

Le programme complet est à retrouver sur le site internet du Pôle Culturel (lien direct ci-contre) : Cinéma | Pôle Culturel (polecultureldechirongui.com),  la page Facebook et Instagram : « Pôle Culturel de Chirongui » ou directement sur place au Pôle Culturel de Chirongui. Il est possible de réserver ses places en ligne à cette adresse.

Déchets : « on espère une collecte classique à la mi-janvier »

La mini-déchetterie expérimentale de Sada sert de zone tampon pour les ordures ménagères.

La collecte des déchets est fortement ralentie par les dégâts causés par le cyclone Chido sur les infrastructures de traitement. Si elle reprend petit à petit, des zones tampon ont été mises en place dans chaque commune pour faciliter la reprise.

Une montagne de sacs-poubelles : c’est ce qu’on peut voir à la mini-déchetterie expérimentale de Sada, après avoir dépassé Tahiti plage. Ce jeudi, on peut y observer un camion d’un sous-traitant de la commune déverser des détritus qu’il a ramassé plus tôt dans les rues du village. Il s’agit d’une des zones tampon mise en place depuis le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, afin d’organiser l’acheminement des déchets vers le centre d’enfouissement de Dzoumogné. « On a mis en place ces zones pour que le ramassage puisse aller plus vite », explique Chanoor Cassam, directeur du syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam), qui gère la collecte sur l’ensemble de l’île hors communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) et le traitement des déchets.

Le centre d’enfouissement endommagé

Car le rythme de la collecte, ces deux dernières semaines, a été fortement ralenti, en témoignent les nombreux tas de sacs-poubelles aux abords des bacs de l’ensemble de l’île. Le centre d’enfouissement n’a pu rouvrir qu’une semaine et demie après le passage de Chido, qui a grandement abîmé les deux casiers destinés à recevoir les ordures. Le premier, opérationnel depuis 2014, prend la forme d’un massif de déchets renforcé par de la terre. La grande quantité de pluie tombée le 14 décembre a fragilisé ce massif et rendu impossible pendant un temps que des engins puissent se rendre dessus pour broyer les déchets. Il a alors fallu pomper le lixiviat (eau de poubelle), pour que ce casier soit à nouveau opérationnel. Le deuxième casier lui, qui devait commencer à recevoir des déchets en 2025, n’a pas pu prendre le relais, le géotextile le tapissant devant empêcher l’infiltration des détritus ayant été déchiré par les vents au moment du cyclone. Depuis la semaine dernière, le centre est de nouveau opérationnel, mais avec un système de quota pour les quantités de déchets enfouis. Le syndicat projette une ouverture entière la semaine prochaine.

Si les quais de transfert, où sont apportés les déchets collectés avant d’être acheminés vers le centre d’enfouissement, ont été plutôt épargnés dans l’ensemble, celui d’Hamaha à Mamoudzou et de Badamiers en Petite-Terre ont été fortement endommagés. Si ce dernier est opérationnel depuis lundi, l’installation d’Hamaha devrait de nouveau être opérationnelle ce vendredi. Du côté de la déchetterie de Malamani, à Chirongui, pas de dégâts notoires. « On est ouvert pour les petits dépôts, mais c’est vrai qu’avec les zones tampon, on reçoit moins d’encombrants que d’habitude », explique un agent sur place.

Une collecte freinée

L’ensemble de ces dégâts a fortement freiné la collecte, également ralentie par la difficulté des communications, l’obstruction des voiries et le difficile accès au carburant la première semaine. « On avait prévu avant le cyclone en remplissant les réservoirs des camions, mais cela permettait seulement de tenir deux jours », explique Chanoor Cassam. « C’est une gestion de crise inédite : le bouleversement de tous les réseaux d’un coup, c’est du jamais vu. Il y a eu un temps de reconstruction de nos ressources qui ne nous a pas permis de déployer la collecte immédiatement », ajoute-il.

La collecte a ainsi pu reprendre petit à petit la deuxième semaine, après que les communes ont commencé à rassembler les déchets dans les zones tampon, comme au terrain de pétanque de Sada, où un tas de tôles et d’encombrants accueille celles et ceux qui entrent dans le village. « On a donné comme consigne que les déchets soient triés en trois tas : un pour les ordures ménagères, un pour les encombrants comme la ferraille, le plastique, le bois, et un autre pour les déchets verts », explique le directeur du Sidevam, qui ajoute que ses agents feront un autre tri après.

200 agents de la Cadema mobilisés

Sur le territoire de la Cadema, où l’intercommunalité gère elle-même la collecte, l’action est coordonnée avec celle du Sidevam. Là aussi, six zones tampon ont été mises en place, comme au terre-plein de M’tsapéré. « Depuis le 19 décembre, la Cadema a été divisée en treize secteurs, et dans chacun, on travaille avec des engins lourds comme des camions, camions-plateau, grappin, afin de dégager la voirie », explique Fabien Trifol, directeur aménagement et environnement de la Cadema, qui affirme qu’environ 200 agents sont mobilisés chaque jour depuis cette date. Ce dernier reconnaît que deux secteurs sont plus difficiles à déblayer que les autres : Bonovo-Mandzarsoa et Kawéni. Des opérations spécifiques y sont prévues dans les jours qui viennent. « On va pouvoir reprendre une collecte dégradée à partir du lundi 6 janvier, et on espère une collecte classique, de l’ordre de 60% à 70% de la capacité habituelle, à la mi-janvier », précise le cadre de la Cadema.

Pour les deux acteurs, la priorité est donnée aux ordures ménagères, afin d’éviter la prolifération des rats et le développement de maladies. « Tous les déchets qui pourrissent peuvent attirer les nuisibles et les rongeurs, c’est pour cela qu’il faut les mettre en tas bien à part », donne comme consigne Chanoor Cassam, qui ajoute que s’il est possible pour les particuliers de conserver quelques jours leurs encombrants, cela faciliterait le travail de collecte. Du côté de la Cadema, le besoin de procéder à de la dératisation ne s’est pas encore fait sentir. « On n’a pas de grosse prolifération, on est sur une situation qu’on maîtrise », affirme Fabien Trifol.

L’inquiétude dans un secteur de la pêche déjà dans le creux de la vague

Pierre Baubet, le gérant de la coopérative des pêcheurs de Mayotte (Copemay), montre le port de M’tsapéré, à Manuel Valls, le ministre de l’Outremer, mercredi matin. Il s’agit ici que de petites embarcations.

Clôturant une visite de trois jours, le ministre de l’Outremer a rencontré les pêcheurs de M’tsapéré, ce mercredi 1er janvier. Face à un secteur qui peine toujours à se structurer en plus des conséquences du cyclone Chido, Manuel Valls n’a pas souhaité faire de promesses, mais a assuré “d’être attentif à ce que l’on ne les oublie pas”.

“Si vous nous dites que vous voulez refaire des barques, c’est gentil. Si vous nous faites des pontons, c’est sympa aussi. Mais il faut surtout nous aider à structurer la filière”, résume Régis Masséaux, le gérant de la SARL Capt’ain Alandor, ce mercredi 1er janvier, quelques heures seulement après le changement d’année. Au milieu d’une cinquantaine de pêcheurs et des élus, à cent mètres du port de pêche de M’tsapéré, Manuel Valls relit ses notes. Aidé de François Garcia, son conseiller en charge de la mer, de la pêche, de la biodiversité et de la transition écologique (qui était encore récemment en charge des Affaires maritimes à Mayotte), le ministre de l’Outremer peaufine ses réponses en attendant que les représentants du secteur terminent leurs discours. Charif Abdallah, le président de la coopérative de pêche de M’tsapéré, Pierre Baubet, qui gère la coopérative des pêcheurs de Mayotte (Copemay), et donc le gérant de Capt’ain Alandor rappellent tour à tour les difficultés d’une filière qui essaye tant bien que mal de se structurer, ces dernières années, en plus des conséquences du cyclone Chido qui a abîmé nombre de bateaux, le samedi 14 décembre. Ce matin-là, par exemple, la halle de pêche présente encore les stigmates avec une absence totale d’électricité. D’autres ont perdu leur bateau et donc leur seul moyen de travailler.

Plusieurs font part de leur envie de voir “un plan Marshal de la pêche”, incluant un renouvellement de la flotte, des équipements adaptés dont des pontons ou des DCP (dispositifs de concentration de poissons) en remplacement de ceux perdus, en plus de fonds pour compenser les pertes. A la Copemay, par exemple, celle-ci est estimée à 39.000 euros pour la marchandise. Les deux députées, Anchya Bamana et Estelle Youssouffa, poussent également plusieurs revendications. La première milite pour le retour de l’aquaculture, “qui a déjà marché sur le territoire”, tandis que la parlementaire de la circonscription du nord de Mayotte demande de quoi encourager la transformation à Mayotte et assurer l’autosuffisance alimentaire. Celle-ci déplore qu’au niveau national, les services dédiés à la pêche “ne sont pas mobilisés pour les pêcheurs mahorais”. Dans le même genre, Régis Masséaux demande aussi un renforcement des services préfectoraux dans ce domaine. “On n’a pas d’interlocuteurs à la préfecture et aux Affaires maritimes parce qu’ils sont surbookés”, regrette-il.

Flotte et redevance

A Mayotte pour trois jours, l’ex-Premier ministre rappelle les mesures déjà annoncées, aides d’urgence, création d’une zone franche globale et accélération des procédures. “Je vais demander au préfet un recensement des dégâts”, ajoute-il. Il tempère toutefois les attentes en indiquant qu’il est aussi présent pour préparer la loi programme prévu dans trois mois. “Je serai attentif à ce qu’on ne vous oublie pas. Je ne vais pas m’attarder sur des mesures particulières tout de suite, parce que ce serait vous mentir”, répond-il. Sur la structuration de la filière, il dit avoir compris les difficultés liées aux infrastructures, à la flotte ou même la gouvernance. Pour la deuxième, il indique que 21 dossiers d’achat ont été traités en 2024 et une cinquantaine sont attendus en 2025. Il a émis le souhait aussi que la jeunesse ne soit pas oubliée, l’activité pouvant être un moyen d’insertion. Les représentants de la pêche rappellent que le secteur, qui engage de nombreux Comoriens, est parfois confronté à la problématique des papiers, même si la plupart ont été formés à Mayotte.

Parmi les dispositifs annoncés, deux jours avant, par le Premier ministre François Bayrou, le versement de la redevance des quotas accordés aux bateaux étrangers pour pêcher dans les eaux mahoraises a forcément retenu l’attention. Il s’agit ici pour l’État français d’appliquer (enfin) la disposition obtenue auprès de l’Union européenne dans le cadre des négociations sur la pêche dans l’océan Indien. Jusqu’à maintenant, les pêcheurs mahorais n’ont jamais vu la couleur des rétributions promises pour les tonnes de thons prélevées dans les eaux mahoraises. Le sénateur mahorais Saïd Omar Oili a d’ailleurs plusieurs fois tenté de savoir où allait cet argent, en vain.

Dans l’après-Chido, ce serait déjà un changement positif de voir la pêche mahoraise commencer à se structurer grâce à ses ressources halieutiques.

Dans le nord de Mayotte, une situation toujours compliquée, deux semaines après le cyclone Chido

Les aides alimentaires ont bien été reçues par les habitants, mais ils espèrent encore obtenir davantage de soutien de la part des autorités.

Deux semaines après le passage du cyclone Chido, les habitants du nord de Mayotte se sentent abandonnés par l’État. Bien que des aides alimentaires arrivent progressivement dans la commune, les habitants espèrent encore obtenir davantage de soutien. Ils l’ont d’ailleurs rappelé lors de la venue de Manuel Valls, le ministre de l’Outremer, mardi 31 décembre.

« Pourquoi sommes-nous toujours les derniers à recevoir de l’aide ? », s’impatiente un habitant de la commune d’Acoua, l’une des plus touchées par la catastrophe naturelle du samedi 14 décembre. Plus de deux semaines après le passage du cyclone, la situation reste préoccupante dans les deux villages, Acoua et M’tsangadoua. L’eau est rationnée, avec un tour d’eau réduit, l’électricité est sporadique et les réseaux de communication sont défaillants.

Un sentiment d’abandon

À M’tsangadoua, c’est au sein de l’école élémentaire que l’aide alimentaire est distribuée, ce mardi 31 décembre. Un pack de bouteilles d’eau et de la nourriture pour bébé peuvent être obtenus sur présentation d’une pièce d’identité. « Nous nous sommes servis de la précédente crise de l’eau pour fournir ces bouteilles », explique un agent municipal. La distribution d’eau est organisée par Maoudjoudi Hamidi, responsable du service technique de la commune. Il témoigne : « lors de la distribution d’eau, j’ai été témoin de scènes que je n’aurais jamais imaginées. C’était comme à Gaza : des enfants tendent la main non seulement pour de la nourriture, mais aussi pour de l’eau. Les gens se battaient presque pour en avoir. Les puits ont été pris d’assaut. Heureusement, nous avons une rivière ».

Le ministre des Outre-Mer, Manuel Valls, a reconnu : « la situation d’Acoua est l’une des plus difficiles de Mayotte ».

Tous les agents de la commune d’Acoua sont mobilisés pour faire face aux conséquences du cyclone, même si un sentiment d’abandon émane du directeur du service technique. « Nous avons d’abord dégagé les voies, la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm) est arrivée, mais vraiment trop tard, au quatrième jour. C’est déplorable », raconte le cadre communal. Un sentiment largement partagé par les habitants. « Nous recevons des aides, mais elles sont insuffisantes. Nous n’avons pas besoin de paroles, mais d’actes. Ce dont nous avons besoin, c’est d’eau, de nourriture et d’électricité », se désole un habitant, surnommé « Monsieur Web ».

« Une des situations les plus difficiles »

Devant l’hôtel de ville, le ministre des Outre-Mer, Manuel Valls, a reconnu : « la situation de cette commune est l’une des plus difficiles de Mayotte ». Face à ses mots, Soulaimana exprime sa déception : « on sait que depuis le cyclone, il y a des personnes nourries et logées, mais il y a des personnes vulnérables à domicile qu’on a complètement oubliées, mises de côté ». Les problématiques sont multiples. Après le cyclone, d’autres habitants évoquent également les ordures ménagères laissées sur le bord des routes.

Maoudjoudi Hamidi souhaite, quant à lui, prioriser l’éducation. « Pour développer un territoire, on a besoin d’éducation. Ce que j’attends de l’État, c’est un plan d’urgence pour les écoles. Il faut que les chantiers commencent tout de suite. »

“On a voulu faire des distributions dans les villages les plus éloignés”

Grâce à sa cagnotte, Mayotte Presta a pu acheter assez d'œufs pour en distribuer à 250 familles.

L’association Mayotte Presta a décidé de récolter des fonds afin d’apporter de la nourriture dans les villages les plus excentrés, où l’aide alimentaire organisée par l’État et les communes peine à venir.

De l’aide par les Mahorais, pour les Mahorais. C’est le slogan que s’est donné l’association Mayotte Presta qui, face au manque de confiance de la population envers l’organisation des distributions alimentaires par l’État et les communes, a décidé de lancer une cagnotte le 22 décembre pour venir en aide aux personnes les plus isolées. “Comme l’aide semble se concentrer sur Mamoudzou, on a voulu faire des distributions dans les villages plus éloignés au Sud et au Nord, pour ne pas distribuer aux mêmes endroits”, explique Djénade Thestina, président de l’association. Kani-Kéli, M’ronabeja (Kani-Kéli), M’liha (M’tsangamouji), Chembenyoumba (M’tsangamouji) ou encore Handréma (Bandraboua) sont autant de villages au sein desquels les 250 personnes rassemblées sous cette initiative ont recensé des familles dans le besoin.

250 familles aidées

Grâce à la cagnotte, qui a récolté plus de 12.000 euros en une semaine, et à la coopération de Carrefour qui a accepté de leur vendre des denrées en gros, les bénévoles ont pu acheter de quoi nourrir 250 familles pendant quatre à cinq jours. “Chaque sac contient entre autres cinq kilos de riz, huit boîtes de sardines, de l’huile, du sucre, des œufs, des tomates pelées et du savon pour l’hygiène”, détaille Djénade Thestina. Depuis lundi, ces sacs sont distribués dans les villages ciblés, directement chez les personnes identifiées au préalable par un référent.

L’action peut être suivie presque en direct sur les réseaux sociaux de Mayotte Presta qui publie chaque jour ses avancées et détaille l’utilisation de l’argent récolté. “Nous on insiste sur la transparence, c’est important pour les gens”, appuie le président de l’association.

Plan “Mayotte Debout” : des mesures “à clarifier” et “renforcer” pour le monde économique

Déjà fragilisées par les barrages de janvier, les entreprises comptent sur l'Etat pour passer l'après-Chido.

La litanie de mesures annoncées par le Premier ministre François Bayrou, le 30 décembre, comprend une partie à destination du monde économique. Ses représentants ont répondu au gouvernement par une lettre en demandant à ce qu’il aille plus loin encore.

“Un pas important vers la reconnaissance des défis pour relever notre territoire.” C’est comme ça que les dirigeants des organisations interprofessionnelles et chambres consulaires décrivent le plan “Mayotte Debout” dévoilé le lundi 30 décembre. Diverses mesures avaient déjà été préalablement évoquées, comme le recours à l’activité partielle ou la suspension des cotisations sociales. D’autres ont été toutefois sorties du chapeau comme la mise en place d’une zone franche globale pour cinq ans. Une proposition déjà faite auparavant et qui est particulièrement bien accueillie. “Nous considérons les annonces de Matignon comme un bon début de travail vers une étape essentielle pour relever l’économie de l’archipel fragilisé par des crises successives antérieures et dévasté par le cyclone”, ont réagi Bourahima Ali Oussen, président de la CPME (confédération des petites et moyennes entreprises), et Madi Fahar, président de la CMA (Chambre des métiers et de l’artisanat).

S’ils se satisfont de ce qu’ils ont entendu, les acteurs du monde économique aimeraient que les mesures soient “clarifiées et renforcées”. Concernant la zone franche globale, par exemple, ils demandent que celle-ci s’accompagne de “la prorogation du CICE avec un taux porté à 20 % et d’un crédit d’impôt sur investissement (réalisés) de 30 % comme celui alloué à la Corse”. Lors de la prise de parole, François Bayrou avait évoqué “des aides financières d’urgence pour toutes les entreprises par compensation de la perte de chiffre d’affaires à hauteur de 20 % du chiffre d’affaires moyen”, avec un plafond de 20.000 euros. “Le fond d’urgence s’avère indispensable, toutefois le plafond est irréaliste donc insatisfaisant”, regrettent les organisations interprofessionnelles, saluant tout de même “la mobilisation d’un prêt – catastrophe naturelle (CatNat) – et d’un fonds d’épargne dédié à la refondation de Mayotte…”. Dans leurs doléances, ils aimeraient que “l’État apporte sa garantie et préfinance le volet des fonds européens relatifs aux dommages.” “L’Histoire jugera l’engagement du gouvernement à répondre aux attentes d’un territoire qui ne demande qu’à se relever”, a souligné Marcel Rinaldy, président du service développement économique de la CCI Mayotte et gérant de 3M.

Les représentants du monde économique concluent leur communiqué en souhaitant “des jours meilleurs en 2025, à l’ensemble des Mahorais, des habitants du territoire de Mayotte et de leurs proches”.

Carburant : des prix qui restent stables en janvier

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Les prix des carburants demeurent stables au mois de janvier.

Pour ce mois de janvier 2025, malgré une baisse des cours moyens des produits pétroliers ( -1,16 % pour l’essence et -0,96 %  pour le gazole), les prix des carburants sont stables en raison d’une poursuite de la dépréciation de l’euro par rapport au dollar (+1,67 %). Ainsi, le prix du litre de supercarburant sans plomb augmente d’un centime ( 1,75 euros en janvier contre 1,74 en décembre), même augmentation pour le prix du gazole ( 1,49 euros en janvier contre 1,48 en décembre). Pour le reste, les prix des carburants demeurent similaires à ceux de décembre, 1,26 euros le litre de pétrole lampant, 1,20 le litre de mélange détaxé et 1,08 le litre de gazole marin. Le prix de la bouteille de gaz de 12 kg est de 24,5 euros.

Réouverture des vols commerciaux : « Je n’y croirai que quand je serai dans l’avion »

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FI - Reprise vols commerciaux 1
Des centaines de passagers étaient présents à l’aéroport Marcel Henry à Pamandzi ce mercredi 1er janvier, pour la réouverture des vols commerciaux.

Après plus de deux semaines d’interruption, les vols commerciaux ont repris ce mercredi 1er janvier depuis l’aéroport Marcel Henry, à Pamandzi. Un soulagement pour celles et ceux qui attendent de retrouver leurs proches dans l’Hexagone.

“Je n’y croirai que quand je serai dans l’avion”. En ce premier jour de l’année 2025, l’aéroport Marcel Henry, à Pamandzi, est rempli. Sarah*, comme des centaines d’autres passagers, est présente ce mercredi matin pour la réouverture des vols commerciaux, interrompus depuis le passage du cyclone Chido. “Normalement je devais aller en métropole le 18 décembre, pour les fêtes. J’ai réussi à modifier mon vol pour aujourd’hui”, explique celle qui se dirige vers la Bretagne, à bord du vol commercial pour l’Hexagone d’Air Austral, qui a bien décollé à 9h55. Si cette enseignante attend de voir comment s’organise la rentrée pour prendre son billet retour, elle compte bel et bien revenir à Mayotte pour terminer l’année scolaire.

C’est également le cas de Patrick*, qui se languit de revoir ses proches avec qui il devait passer Noël avant de reprendre le travail. Ce dernier n’a pas attendu qu’Air Austral le rappelle pour modifier son billet : dès qu’il a vu que les ventes avaient rouvert pour le 1er janvier, il en a acheté un nouveau. “Ces derniers jours l’attente était un peu longue, mais on est contents que l’aéroport rouvre pour rentrer voir la famille”, indique-t-il. Pour Amine, c’est le soulagement également : jusqu’à la veille de son départ, il s’inquiétait de voir son vol annulé. “J’avais pris mes billets il y a quatre mois pour partir en vacances en Poitou-Charentes ce 1er janvier”, explique celui qui n’a donc pas eu de nouvel achat à faire. Pour d’autres personnes présentes à l’aéroport, la place dans un avion est plus incertaine. “J’essaye d’avoir un billet depuis plusieurs jours, je suis venu voir si je pouvais embarquer aujourd’hui”, raconte un homme attendant sur un des bancs de l’aéroport.  

“Il y a des contrôles partout”

Sur le point de passer la sécurité, Amine raconte que le chemin pour venir ici a été compliqué : “À la barge depuis Mamoudzou, il y avait beaucoup de monde, ce n’était pas très organisé. Puis il y a des contrôles partout”. Ce mercredi matin, sur le quai pour prendre l’amphidrome en direction de Petite-Terre, la foule et ses valises étaient agglutinées vers 7h. Si les forces de l’ordre indiquaient dans un premier temps que seuls les détenteurs de billets d’avion pouvaient embarquer, elles ont finalement laissé tomber les contrôles devant les remarques exaspérées de plusieurs habitants de Petite-Terre et le nombre de personnes voulant entrer. Pour plusieurs passagers, la suite du trajet n’a pas été de tout repos. À l’arrivée de cet amphidrome vers 7h30 au quai Issoufali, pas de taxi, tous déjà mobilisés pour les transportés de la barge précédente. Plusieurs ont alors entamé le trajet à pied.

Si les vols Air Austral pour La Réunion de 9h10 (132 places) et pour Paris de 9h55 (262 places) étaient complets, selon le chef d’escale, celui pour l’Hexagone n’était pas plein au décollage. “Il y a quelques sièges vides”, indique Patrick avant le passage de son téléphone en mode avion. Pareil du côté de la compagnie Ewa Air. Sur son premier vol au départ de Mayotte ce jour-là, celui de 9h pour Moroni aux Comores, seuls 29 passagers sont prévus à bord de l’avion pouvant transporter 64 personnes. Le directeur général de la compagnie, Amine Tadjadit, indique que certains ont pu avoir des obstacles sur le chemin pour l’aéroport, ou qu’encore les problèmes de réseaux sur l’île ont pu jouer un rôle sur ces absences. “Certains clients ne nous ont pas répondu au téléphone quand on a voulu leur annoncer que leur vol pouvait être déplacé à aujourd’hui”, souligne-t-il. En revanche, il affirme que les vols vers Mayotte depuis les destinations assurées par Ewa Air vont être pleins, ramenant les personnes bloquées en vacances aux Comores ou à Madagascar jusque-là. “Demain j’ai tout un groupe scolaire coincé à Diego, à Madagascar, qui va enfin pouvoir revenir”, donne comme exemple celui qui, ce mercredi matin, s’arrange avec plusieurs passagers pour leur trouver une place dans ses vols de la journée. 

L’option du rapatriement

Des passagers commerciaux qui s’ajoutent à ceux des rapatriements. Dans une ligne séparée, des noms sont appelés suivant une liste. C’est ce qu’ont vécu Baptiste et Anne-Sophie vendredi dernier. Ayant perdu leur maison pendant le cyclone et n’ayant pas de proches pouvant les accueillir durablement avec leur chat et leur chien, le couple a décidé d’aller quelques semaines dans l’Hexagone, le temps de se reposer et de retrouver un logement. “On a envoyé un mail à l’adresse mise en place par la préfecture pour les demandes de rapatriement”, explique Baptiste, qui a renvoyé ce même mail chaque matin à la même heure jusqu’à avoir une réponse au bout de trois jours. Encore trois jours après, on leur indique qu’ils vont pouvoir prendre l’avion le lendemain. Un soulagement pour le couple traumatisé d’avoir vu son toit s’effondrer. “On a été assez bien pris en charge par les gendarmes. On était 180 personnes dans notre vol pour La Réunion”, se souvient-il. Une fois arrivés à l’aéroport de Saint-Denis, si une cellule psychologique accueille celles et ceux qui viennent de Mayotte, les rapatriés sur l’île Bourbon doivent ensuite se débrouiller pour la suite. “Nous on a ensuite pris un vol avec Corsair pour la métropole”, indique le couple, qui compte revenir dans le département pour travailler à la reconstruction de l’île. 

Élise* elle aussi a pu bénéficier d’un rapatriement, mis en place par la préfecture de La Réunion. Cette dernière ne cache pas que c’est grâce à des amis d’amis de personnes travaillant à la préfecture de Mayotte que son nom s’est retrouvé sur la liste des appelés samedi dernier. “En parlant avec les autres passagers autour de moi, j’ai l’impression que ça fonctionnait beaucoup par réseau”, relate celle qui, une fois dans un avion pour La Réunion, déplore de voir un grand nombre de sièges vides : “On n’était seulement 62 sur notre vol.” Comme Baptiste et Anne-Sophie, Élise compte rentrer à Mayotte prochainement après avoir soufflé un peu pour réattaquer le travail de manière plus efficace : “Cela fait plusieurs années que je vis ici, je suis attachée à cette île, je ne me vois pas partir pour de bon comme ça, du jour au lendemain.”

* Les prénoms ont été modifiés.

Rebâtir Mayotte aujourd’hui et préparer celle qui nous attend

Dans un archipel mahorais dévasté par Chido, comme ici à Acoua, le temps est à la reconstruction en 2025.

Toute la rédaction vous souhaite nos meilleurs vœux pour cette année 2025. On souhaite qu’elle soit la plus belle possible à tous ceux qui ont pu fêter le réveillon cette nuit (même en bravant le couvre-feu), à ceux qui s’apprêtent à reconstruire leurs maisons, à réparer leurs voitures ou remettre sur pied leur entreprise, à tous les corps des métiers comme les agriculteurs qui doivent repartir de zéro, aux familles qui manquent encore d’électricité, d’eau et de réseau téléphonique, à celles obligées de vivre loin de chez elles en raison des dégâts, et à d’autres hors Mayotte qui ont attendu des jours durant d’avoir des nouvelles de leurs proches. Nous souhaitons remercier toutes celles et ceux qui étaient déjà là ou sont venus de loin pour porter secours à la population depuis le 14 décembre, tout comme les personnes qui ont fait des dons pour aider une population dans le besoin. La mission est loin d’être finie, l’urgence est encore là.

On a évidemment une pensée à tous ceux qui ont été blessés, qui ont perdu tous leurs biens, parfois jusqu’à leurs vies au milieu des vents dévastateurs. Les deux îles et les îlots seront marqués indubitablement par ce désastre. La priorité doit être maintenant de rebâtir Mayotte aujourd’hui et préparer celle qui nous attend. On le sait, ce cyclone a et aura des conséquences sociales, économiques, environnementales pour les années à venir. Il y a déjà un avant et un après-Chido. Ne pas refaire les erreurs du passé semble essentiel. Et les différentes autorités étatiques promettent déjà de rebâtir, “en mieux”. Dont acte, nous serons très vigilants si la parole donnée sera suivie d’une véritable amélioration. Le 101e département, le plus bel archipel du territoire français, et sa population le méritent.

Cyclone Chido : après les annonces gouvernementales, la difficile mission de terrain de Manuel Valls

: Manuel Valls, ministre de l’Outremer, multiplie les rencontres sur le territoire mahorais pour tenter de rassurer sur l'implication de l'Etat. Ce mardi midi, il était à Chiconi, avec les maires du secteur.

Resté après la visite du Premier ministre François Bayrou, Manuel Valls assure le service après les annonces gouvernementales en arpentant le département mahorais. Ce mardi midi, par exemple, c’était au tour des maires de l’ouest qu’il fallait convaincre, eux qui disent se sentir démunis face aux besoins de leur population.

Dix-sept jours après le passage du cyclone, le centre de commandement de la mairie de Chiconi continue de tourner pour assurer l’après-Chido. Sinistre, besoin alimentaire, eau, les requêtes sont nombreuses dans la commune de l’ouest, qui elle aussi s’est retrouvée comme déplumée par les rafales de vent. Ce mardi midi, à la tête d’un cortège de voitures de la préfecture et de forces de l’ordre, on pourrait croire que ce n’est pas quelqu’un dans le besoin qui s’est déplacé jusqu’à eux. Ou plutôt si, car sitôt le Premier ministre François Bayrou parti lundi, l’ex-occupant du poste, Manuel Valls, tente de convaincre du bien-fondé de l’action dans l’État face à des municipalités circonspectes. Il faut dire que les villages du nord de Grande-Terre, où le nouveau ministre de l’Outremer était plus tôt, et ceux de l’ouest continuent de faire face aux problèmes de réseaux électrique ou téléphonique. Seule l’eau semble y être revenue, mais dans les limites fixées par la production déficitaire (avec une alternance entre un jour avec eau (6h à 18h), une nuit le lendemain (de 18h à 6h), puis une coupure de 24 heures (6h à 6h)) et sans compter le manque de pression parfois au robinet. « 50% du bâti scolaire est endommagé. On compte, pour l’instant, 1.500 sinistres sur les 3.000 foyers recensés dans la commune », liste ainsi Mohamadi Madi Ousseni. Le maire de Chiconi insiste sur les charges supplémentaires générées pour des communes mahoraises qui ne roulent pas sur l’or. « De quelle manière la solidarité nationale peut compenser ? On est en attente de mesures fortes et d’une volonté d’y être associés », rappelle-t-il, alors qu’une partie des annonces de la veille concernent justement les municipalités, comme les travaux dans les écoles qui seront normalement à la charge de l’État.

Trois autres maires, tous de la communauté de communes du centre-ouest de Mayotte (3CO), étaient également présents dans le centre névralgique de Chiconi. Houssamoudine Abdallah, Issilamou Ahamada, Youssouf Ambdi, édiles respectifs de Sada, Tsingoni et Ouangani acquiescent. Eux aussi aimeraient un fonds exceptionnel pour leur mobilisation, ainsi que pour amorcer des travaux sur les bâtiments publics, dont les écoles pour moitié sont « hors d’usage » dans ce secteur de l’île aux parfums. Ils ont signifié leur volonté de réparer celles avec les dégâts les plus légers pour répondre à l’urgence de la rentrée dans deux semaines. Le premier fait remarquer qu’en période de saison des pluies, il « faut bâcher le plus rapidement possible ». Et quand Manuel Valls leur demande s’ils sont au courant que des bâches ont déjà été distribuées, ses interlocuteurs opinent, mais assurent qu’ils n’en ont pas vu la couleur. Comme le maire de Sada, celui de Tsingoni rapporte la difficulté de traiter les déchets, qui s’accumulent faute de ramassage, voire qui sont dus aux gravats, branchages ou aux équipements perdus pendant le cyclone. « On y passe beaucoup de temps, on mobilise des privés. Et quand on repasse à des endroits, on a l’impression qu’on n’a rien ramassé tellement il y a encore », regrette Issilamou Ahamada. « On vit un cauchemar depuis vingt jours », ajoute Youssouf Ambdi, arguant que si les administrés mahorais viennent souvent régler leurs problèmes en faisant appel à leur maire, les demandes sont décuplées avec la crise post-cyclone.

« Je pèserai de tout mon poids »

Écoutant avec attention, l’ex-Premier ministre (les élus ou les citoyens rencontrés confondent souvent ses fonctions anciennes et actuelles) a tenté de rassurer les représentants des collectivités locales en les remerciant et en félicitant Chiconi pour son exemplarité. « Pour que les choses bougent, il faut comme outils les maires et les services de l’État », promeut le ministre d’État en charge de l’Outremer. Il cite la loi d’urgence, qui serait décalée au conseil des ministres du 8 janvier et non plus le 3 janvier, qui serait une première réponse aux difficultés. Voulant montrer qu’il s’implique personnellement sur le sujet, il promet un retour « peut-être dans un mois » pour des concertations sur la loi programme qui suivra. « Je pèserai de tout mon poids pour que Mayotte soit majoritaire », promet-il au sujet de futurs arbitrages financiers. « On est conscients de la situation de l’école. Il faut que vos enfants soient accueillis dans les meilleures conditions possibles », continue-t-il, affirmant que le fonds d’urgence pour l’aide à l’habitat servira essentiellement aux maisons en dur. Sur l’électrification, il annonce l’arrivée au 10 janvier de 250 électriciens EDF pour accélérer les raccordements. L’enjeu est de taille, seulement 17% de Tsingoni a récupéré le courant par exemple, et c’est pire dans le nord-ouest de Grande-Terre.

Autre sujet de discorde, les vivres et les bouteilles d’eau sont trop rares pour aider les habitants. « A chaque distribution, il y a des déçus », note ainsi le maire de Sada. Un système d’inscription a donc été mis en place pour que ceux qui n’ont pas pu avoir ce qu’il faut lors des distributions précédentes. A Chiconi, il n’y a pas eu de ravitaillement en bouteilles d’eau depuis une semaine. En tout, 14.000 ont été distribuées…sur deux semaines et à destination des 12.000 habitants de la commune. Alors quand le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, fait remarquer que « les magasins sont ouverts », dans les rangs des employés municipaux, on pouffe.

En effet, depuis le passage de Chido, le 14 décembre, les supérettes du coin ne prennent pas la carte bancaire faute de pouvoir connecter leurs terminaux et aucun distributeur automatique de billets de banque n’existe dans la commune pour que les habitants puissent retirer du liquide.

Les acteurs du monde agricole à Coconi

A peine avoir quitté PC de Chiconi, l’ex-Premier ministre est monté en voiture pour s’aventurer sur les pistes récemment déblayées de la commune de Ouangani. Il y a constaté les nombreux dégâts provoqués par le cyclone sur l’agriculture locale. Cultures arrachées par la force des ventes, arbres fruitiers tombés, serres détruites, poulaillers à terre, la liste est longue pour des exploitants mahorais qui ont l’impression de repartir à zéro. A 14h, la délégation ministérielle avait ainsi rendez-vous pour une rencontre avec plusieurs acteurs du monde agricole au pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi. Outre des indemnisations pour les pertes, la plupart demandent des simplifications administratives pour faire repartir les différentes filières. « La leçon de Chido, c’est qu’il faut des bâtiments en dur », donne comme exemple Guillaume Rubin. Le président et fondateur du groupe Ekwali-AVM compte remonter la filière volaille, en même temps qu’il espère réparer le site de production de Kahani. Car de nombreux producteurs de volaille, qui fournissent pour la marque « Mon Pouleti », ont perdu une partie ou la totalité de leur cheptel. La réunion, commencée avec une heure et demie de retard, s’est déroulée à huis clos.

Les recommandations du Cesem pour gérer l’après-Chido

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Le Cesem estime que "la crise actuelle est une opportunité pour rompre avec l'habitat informel."

A la suite du cyclone Chido qui a dévasté Mayotte, le Conseil économique social et environnemental émet plusieurs recommandations pour aider l’archipel à se relever. 

Selon l’institution “ce drame met en lumière les vulnérabilités structurelles et institutionnelles d’un territoire déjà confronté à de multiples défis. La population mahoraise, la plus pauvre de France, est particulièrement éprouvée”. Le rôle du Cesem est d’émettre des avis (saisines) et contributions (auto saisines) pour éclairer les choix des décideurs.

  • La nécessité d’une “réponse immédiate pour gérer l’urgence”

Alors que la construction de l’habitat informel a rapidement repris, “la crise actuelle offre une opportunité de rompre avec des pratiques qui ont exposé des milliers de familles à des risques mortels”, estime le Cesem qui préconise des “solutions d’hébergement sécurisées à mettre en place en place très rapidement pour stopper la spirale d’un retour massif à des constructions informelles et dangereuses.”

L’hôpital  de campagne installé à Cavani doit être renforcé par “le déploiement d’unités sanitaires mobiles, notamment au Nord et au Sud de Mayotte.” Une solution à maintenir  jusqu’à la totale réhabilitation du Centre hospitalier de Mayotte (CHM).

Le Cesem juge également “essentielle” la remise en service rapide des réseaux de télécommunications, pour assurer une gestion efficace de la crise.

  • L’importance d’une coordination centralisée

Les membres du Cesem plaident pour une coordination centralisée des différents acteurs pour maximiser l’efficacité des actions. “Un centre opérationnel unique, regroupant la préfecture, les collectivités locales, la sécurité civile et l’armée, permettrait une gestion harmonisée des efforts. Inspirée de l’expérience de Saint-Martin après l’ouragan Irma, la nomination d’un représentant spécial chargé de superviser l’ensemble des opérations pourrait éviter les chevauchements et garantir une mobilisation optimale des ressources”.

  • Assurer les bases d’une reconstruction durable

Le Cesem considère que “la reconstruction doit s’appuyer sur un diagnostic complet et précis, village par village, des dégâts causés par Chido”. Suivra alors une planification rigoureuse, qui commencerait par un audit approfondi des zones les plus exposées pour mieux organiser les travaux. L’institution souhaite “prévenir à tout prix la réinstallation dans des zones inappropriées ou la reprise de constructions précaires.” Cela se ferait par une régulation stricte et une surveillance accrue des chantiers de reconstruction.

En parallèle, il faut “promouvoir des normes de construction adaptées aux risques cycloniques et sismiques, tout en facilitant l’accès à des matériaux de qualité à des coûts raisonnables.”

  • Accompagner la population, les entreprises

“L’accès au prêt à taux zéro est indispensable pour faciliter les besoins de réhabilitation et de mise aux normes des habitations”, juge le Conseil. En parallèle, il demande à L’Etat d’accompagner les personnes n’ayant pas souscrit une assurance catastrophe naturelle par la mobilisation d’un fond spécial. Pour limiter les impacts économiques de la catastrophe, “il est indispensable de créer un fonds d’urgence dédié et de mettre en place une cellule de soutien aux entreprises sinistrées”, affirme-t-il également. Inspirés des dispositifs de Saint-Martin, ces mécanismes permettront d’assurer la survie et la reprise des activités économiques locales.

  • Renforcer la résilience à long terme

Au-delà de la reconstruction, pour l’institution, il est impératif “d’investir dans le renforcement de la résilience du territoire. La sensibilisation et la formation des habitants aux gestes à adopter avant, pendant et après un cyclone sont des priorités, de même que la formation des équipes locales pour mieux gérer les interventions en cas de catastrophe.” L’installation d’un système d’alerte précoce moderne, basé sur des technologies comme les applications mobiles, permettrait une meilleure anticipation des événements climatiques extrêmes.

  • L’impact sur la biodiversité

Le cyclone Chido est également “une catastrophe environnementale, les écosystèmes naturels de Mayotte ont été fortement impactés”, déclare le Cesem. “Il convient d’engager une grande campagne de reboisement pour reconstituer au plus vite le couvert forestier indispensable au cycle de l’eau, ainsi que la replantation à très court terme d’essences d’arbres fruitiers à court cycle de production pour répondre aux besoins alimentaires des animaux et des hommes”, souligne-t-il.

  • Une mobilisation nationale et internationale 

La gestion de cette crise dépasse selon le Conseil “les capacités locales et requiert une mobilisation renforcée à l’échelle nationale et internationale”. L’État doit apporter un soutien logistique financier immédiat, tandis que des partenariats internationaux pourraient fournir des ressources et expertises supplémentaires. Le Cesem estime aussi qu’il est “essentiel d’aborder les problématiques migratoires pour réduire la pression sur des infrastructures déjà fragilisées.”

Réouverture de l’aéroport à partir du 1er janvier

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Les vols commerciaux vont reprendre progressivement à partir de ce mercredi 1er janvier.

Le cyclone Chido a fortement endommagé l’aéroport Marcel Henry, la tour de contrôle a été totalement détruite. Les conditions n’étaient alors pas réunies pour continuer les vols commerciaux.

Désormais, “les travaux de réhabilitation sont achevés”, annonce la préfecture de Mayotte. “Les vols commerciaux vont reprendre progressivement à partir du 1er janvier 2025 sous conditions impératives, gages de réussites”.

La préfecture précise qu’il est impossible d’acheter ses billets directement à l’aéroport ou dans l’agence Issoufali de Dzaoudzi. Les achats peuvent se faire en ligne ou en physique seulement dans les agences situées à Mamoudzou. Pour toute question liée à l’achat de billet, il faut se rapprocher de la compagnie aérienne concernée.

Pour accéder à l’aéroport depuis la Grande-Terre, la traversée de la barge s’effectue uniquement par voie piétonne. Des taxis sont disponibles à la sortie de la barge pour acheminer les passagers.

Anticiper sa venue au moins 4 h avant

L’ accès à la zone aéroportuaire se fait uniquement sur présentation du billet d’avion à la date du jour. Les accompagnants ne pourront pas entrer dans l’aéroport. Les services de l’Etat “recommandent fortement d’anticiper les temps de trajet compte tenu des contraintes logistiques, soit 4 heures avant au minimum.”

François Bayrou promet “des engagements concrets et précis” pour Mayotte

Le plan "Mayotte Debout" a été donné dans ses grandes lignes, ce lundi soir, par le Premier ministre François Bayrou.

C’est par une série d’annonces que le Premier ministre François Bayrou a clos sa visite de ce lundi, seize jours après le cyclone Chido.

Ce lundi soir, François Bayrou a pris la parole au siège du conseil départemental de Mayotte, à Mamoudzou. Il a annoncé des “engagements concrets et précis” pour répondre à l’après-Chido, à la suite d’une visite concentrée sur Petite-Terre et Mamoudzou. Ce “Mayotte debout” comprend des mesures de l’électricité, l’eau, la communication, les déchets, les écoles ou même des financements sous la forme de prêts garantis par l’État. Interrogé sur la prise tardive de certaines d’entre elles, le Premier ministre a répondu que “pour faire venir des groupes électrogènes, il faut quinze jours, il faut aller chercher, les embarquer, donc oui, ça prend du temps. Une catastrophe de cette ampleur, c’est sans précédent. Je ne connais pas de catastrophe aussi grave depuis la Seconde Guerre mondiale. Tout est à reconstruire. Donc pour moi, quinze jours, c’est le temps nécessaire pour mobiliser les moyens”.

Il promet également “une loi dans les trois mois” et une mission de recensement pour “sortir des ambiguïtés et des incohérences”.

Électricité

Le Premier ministre impose un délai d’un mois pour rétablir le courant pour l’ensemble du territoire (54% ce lundi). Cela nécessitera des renforts en accompagnement des artisans locaux. 200 groupes électrogènes vont être fournis par EDF avec une moyenne de dix par commune. Des “commandos” vont voir le jour dans chaque commune sous l’autorité des maires et avec des employés d’Électricité de Mayotte. C’est une vingtaine d’agents EDF qui seront chargés “dans la semaine d’organiser ces commandos”.

Eau

Le même délai est demandé aux acteurs de l’eau pour rétablir l’eau dans les foyers, qui bénéficiera d’une intervention de l’armée dès la semaine prochaine. Un objectif de 40.000m3 par jour est fixé pour “le 30 juin 2025”, soit la production jusqu’alors habituelle, avant “une mise à niveau”. Il confirme l’investissement de soixante millions d’euros dans le cadre du plan eau, la construction prochaine de l’usine de dessalement et des avancées pour la retenue collinaire d’Ourovéni.

Communication

Alors que le réseau téléphonique enregistre toujours des difficultés, 200 antennes de Starlink vont être déployées sur l’île. Le gouvernement veut aussi “qu’une solution 5G d’ici fin juin à faire”. Pareil pour la fibre optique, alors que son déploiement vers les particuliers se fait attendre, l’État espère qu’il soit fait dans les deux ans.

Bâtiment

“140 tonnes de bâches dans la semaine” sont annoncées, en plus des 100 tonnes déjà livrées pour couvrir les toitures abîmées par le cyclone. François Bayrou annonce l’acheminement de charpente métallique en urgence avec des prix bloqués et des ateliers pour assembler sur place.

Aéroport

Les vols commerciaux sont suspendus jusqu’à ce mardi 31 décembre. Selon le Premier ministre, ils pourront bien reprendre dès ce 1er janvier. En parallèle, les personnes bloquées hors Mayotte, notamment au Kenya, pourront être rapatriés dès ce mardi.

Financement

Un prêt garanti par l’État (PGE) et octroyé par la Banque des territoires à destination des familles mahoraises va être créé. Son taux d’intérêt sera maintenu à 0% pendant les cinq premières années.

Activité économique

Plusieurs dispositifs sont déjà prévus. Il n’y a pas de cotisations pour les entreprises jusqu’au 31 mars 2025. Une aide exceptionnelle va être accordée, tandis que l’activité partielle va pouvoir être mise en place avec “un traitement en 72 heures”. Une zone franche globale va être créée pendant cinq ans pour faire redémarrer l’économie.

Pour les exploitations agricoles, des bâches vont être données pour protéger les cultures, tandis que des fonds européens serviront à l’indemnisation. La Mutualité sociale agricole (MSA) promet déjà une aide de 1.000 euros par agriculteur.

Urbanisme

Une révision de la politique de la ville est promise pour y intégrer tout Mayotte. Alors que le sujet a été plusieurs fois abordé avec les élus, le gouvernement a affirmé vouloir “empêcher la construction des bidonvilles”, même si celle-ci est déjà bien entamée.

Un nouvel établissement public va voir le jour avec à sa tête une personnalité à partir du 3 janvier. Celui-ci “absorbera” l’établissement public foncier déjà existant (Epfam). Une évaluation des dégâts est prévue jusqu’à la fin janvier.

Écoles

La rentrée scolaire se fera “établissement par établissement”, sachant que l’état de dégradation des bâtiments scolaires est variable. Dans le secondaire, la priorité sera donnée aux élèves qui passent des examens. Une “scolarité temporaire est possible dans l’Hexagone” sera accordée à des parents qui en feront le souhait. Au rectorat de Mayotte, des demandes sont déjà faites en ce sens. “La réparation des écoles du premier degré sera entièrement pris en charge par l’État”, assure le Premier ministre, qui ajoute que des tentes-écoles peuvent être fournies dès cette semaine.

Il en appelle à la solidarité pour des dons de matériel. Côté enseignants, un plan pour attirer des volontaires va être mis en place et sera ouvert aux étudiants et retraités.

Sécurité

300 gendarmes et policiers auxiliaires mahorais vont être formés pour renforcer la présence des forces de l’ordre sur l’île. Des brigades sont annoncées à Bandrélé et Dzoumogné. Pour lutter contre l’immigration illégale, un renforcement des brigades nautiques avec des drones et des bases avancées est promis. Pour sécuriser les établissements scolaires qui sont actuellement pillés, “un plan de vigilance” sera élaboré avec l’armée et la gendarmerie.

Santé

L’hôpital de campagne de Cavani est prévu pour “un mois” en attendant que l’hôpital de Mamoudzou soit remis sur pied. Outre un nouvel appel à la réserve sanitaire, l’État espère développer des parrainages avec d’autres centres médicaux. “Une soixantaine d’équipes santé secours” va être mise sur pied pour faire du aller vers. Un plan d’attractivité doit permettre de recruter médecins, sages-femmes et d’autres spécialités manquantes aujourd’hui au centre hospitalier de Mayotte. Un deuxième institut de formation aux soins infirmiers (Ifsi) est aussi promis.

Déchets

Pour ce sujet, le gouvernement s’en tient au plan de la préfecture de Mayotte. Les déchets ménagers devront être traités “en un mois”, des déchets lourds comme la ferraille feront l’objet de tri. Et quant aux arbres tombés, un plan de valorisation par la biomasse pourrait être mis en place.

“Pourquoi je dois continuer à faire de la garderie ?”

Voulant récupérer ses écoles et stopper l’aide aux sinistrés, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a assumé son choix face au Premier ministre, faisant le lien avec l’incendie de l’école primaire à Kawéni, ce lundi. Pourquoi je dois continuer à faire une garderie ? On a distribué 50.000 repas, 30.000 bouteilles d’eau. La République doit nous protéger, sanctuariser les écoles”, estime le premier magistrat de la commune chef-lieu.

Questionné après sa prise de parole sur le sort des sinistrés, le Premier ministre répond qu’il faudra “ouvrir des centres d’accueil. On va les mettre en place avec des ONG. On ne peut pas laisser reconstituer les bidonvilles”. Quelques minutes avant, face aux élus, il avait dit qu’une mise à l’abri pouvait être suivie d’une reconduite à la frontière.

Une école maternelle de Kawéni victime d’un incendie

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1 - L’école maternelle T6 à Kawéni, dans la commune de Mamoudzou, a été victime d’un incendie qui a touché entre autres des sanitaires.

Aux alentours de 17h30, ce lundi, les sapeurs-pompiers ont été appelés pour un incendie à l’école maternelle T6 à Kawéni, dans la commune de Mamoudzou, déjà abîmée par le passage du cyclone Chido. Deux salles de classe sont parties en fumée ainsi que les toilettes et le bureau du directeur. À 18h30, le feu n’était pas encore totalement maîtrisé et l’établissement fumait encore. Vingt sapeurs-pompiers étaient mobilisés, accompagnés par plusieurs agents de la police municipale.

« A cette heure, nous ne pouvons pas dire s’il est d’origine criminelle ou accidentelle », déclare Anfane M’Dogo, brigadier chef à la police municipale. Un pompier souligne que le bâtiment n’était pas alimenté en électricité.

Les débris, en particulier le bois, qui jonche les différents sites de l’île depuis le passage du cyclone Chido « pourraient favoriser la propagation des feux » selon Anfane M’Dogo.

Centres d’hébergement : « On nous dit de rentrer chez nous, mais on n’a plus de chez nous »

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Le lycée des Lumières, à Kawéni, dans la commune de Mamoudzou, accueille environ 600 personnes.

Alors que les centres d’hébergement d’urgence mis en place à Mamoudzou pour accueillir des sinistrés du cyclone Chido devaient fermer le 31 décembre, plusieurs ont été vidés avec un jour d’avance. Leurs résidents temporaires, pris au dépourvu, n’ont pour la plupart nulle part où aller. 

Alors qu’il avait été annoncé la semaine dernière par le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, que les sinistrés présents dans les 20 centres d’hébergement de la commune allaient devoir quitter les lieux le 31 décembre, il a déjà été demandé à plusieurs dès ce lundi 30 décembre. C’est le cas à l’école du Manguier, dans le centre-ville du chef-lieu, où Asma* a appris ce lundi matin qu’elle devait plier bagages pour 14h. “On apprend ça soudainement, je ne sais pas où aller avec mes enfants”, déplore celle qui a perdu sa maison et toutes ses affaires avec le passage du cyclone Chido, le 14 décembre. “Où est-ce qu’on peut bien aller ? On a tout perdu, on n’a pas d’argent. On ne peut pas nous laisser sur la route comme des poubelles”, poursuit-elle. Si personne n’est sur place pour nous donner le nombre de personnes hébergées, le linge en train de sécher témoigne de lui-même que de nombreuses familles ont trouvé un abri en ces lieux. “On nous prévient du jour au lendemain. Moi toute seule, je pourrais trouver quelqu’un pour m’héberger. Mais avec mes cinq enfants, je vais devoir me débrouiller toute seule”, regrette une femme qui dort dans la même salle de classe qu’Asma. Cette dernière ne comprend pas qu’on ne leur propose pas d’autre solution en attendant qu’elles puissent trouver une nouvelle case. “Ils disent qu’ils veulent rouvrir les écoles, mais ce sont nos enfants qui vont à l’école. Comment ils vont faire s’ils n’ont nulle part où dormir ?”, questionne-t-elle.

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À l’école du Manguier, à Mamoudzou, les sinistrés ont étendu leur linge sous un des préaux du bâtiment.

À l’école Kawéni T17, il a également été demandé aux hébergés de quitter l’endroit avec un jour d’avance. “On nous a prévenu hier soir”, explique Ibrahim*, ce lundi matin. En train de faire ses affaires, comme les autres sinistrés, il ne comprend pas la situation : “On ne va pas faire d’histoire, on nous dit de partir, on part. Mais où est-ce qu’on va aller ?” Une question qui revient sans cesse et à laquelle, faute de retour des pouvoirs publics, seuls eux finissent par répondre. “On va retourner dans les bidonvilles”, se résout Ibrahim. Yasmina*, elle, aimerait que sa case en tôle soit reconstruite. “Mais mon mari est allé voir, les morceaux de bois et les tôles de notre maison ont été volés, on ne peut pas la réparer”, raconte-t-elle. “On nous dit d’un coup de rentrer chez nous, mais on n’a plus de chez nous.”

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À l’école T17, à Kawéni, on a demandé aux sinistrés de quitter les lieux avec un jour d’avance.

« On voit des gens repartir vers les bangas »

Si, au lycée voisin des Lumières, le délai accordé va être respecté, ses résidents temporaires n’en sont pas moins inquiets. “On va devoir aller dans la forêt ou retourner dans les bidonvilles”, s’inquiète une adolescente. “Mais on a même pas de matelas pour s’allonger sur le sol”, ajoute sa maman. Une situation qui attriste Arnaud, un riverain qui vient prêter main forte au centre d’hébergement et aux 600 personnes qu’il accueille depuis le début de la crise. “Depuis deux ou trois jours, on voit des gens repartir vers les bangas”, constate celui qui se désole de voir le peu d’investissement des pouvoirs publics sur les lieux, à part un agent dont il souligne l’implication. Avec une petite dizaine de bénévoles, ils ont pris sur leurs propres fonds pour apporter des vivres aux sinistrés dans le lycée, avant de finir par se faire épauler par l’association hexagonale Solibad. “Demain, on va être là quand ils devront partir, pour au moins les rassurer si les forces de l’ordre viennent”, assure le bénévole. 

Interrogé sur la fin de l’hébergement d’urgence, le maire de Mamoudzou répond que la Ville fait comme les autres communes : “On a ouvert des centres d’hébergement d’urgence pour sauver des vies par rapport au cyclone. Maintenant, on doit refaire les écoles.”

 

*Les prénoms ont été modifiés.

Pas de date de départ à Majicavo-Lamir

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Le collège de Majicavo-Lamir accueille environ 400 sinistrés.

Au collège de Majicavo-Lamir, dans la commune de Koungou, ils sont encore environ 400 à être abrités dans l’enceinte de l’établissement. Pour l’instant, pour le principal, il n’y a pas de date de départ. “Je n’ai pas eu de consignes pour l’instant”, explique Damien Henry, qui est présent aux côtés des sinistrés depuis que les établissements scolaires ont été réquisitionnés, la veille du cyclone. “Si je n’ai pas d’ordre, je ne mets pas les gens dehors.” Parmi les habitants temporaires, personne n’a non plus entendu parler d’une date de départ. Pour l’instant, ils continuent à vivre sur les stocks d’eau, de nourriture et de soins de l’établissement, dans lequel la sécurité civile n’est arrivée qu’il y a deux jours. 

 

La Poste rouvre un premier bureau à Combani

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La Poste, dont les infrastructures ont également été touchées par le cyclone Chido, annonce ce lundi qu’elle est désormais en mesure de rouvrir un premier bureau de poste à Combani, dans la commune de Tsingoni. Cinq autres bureaux de poste doivent rouvrir à compter de ce vendredi 3 janvier : Dzaoudzi-Labattoir, Kawéni, Chirongui, Dzoumogné et Sada. La Poste a également remis en service et réapprovisionné neuf distributeurs automatiques de billets à l’aéroport de Pamandzi, dans les bureaux de poste de Dzaoudzi-Labattoir, de M’tsapéré, de Combani, de Dzoumogné et de Sada sur les 25 qu’elle détient.

La Poste rappelle également les mesures qu’elle a prises pour les clients de La Banque Postale ou assurés auprès de CNP Assurances, comme l’allongement de la déclaration de sinistres à 45 jours ou encore des reports d’échéance des prêts immobiliers jusqu’à six mois. Elle va également proposer un prêt personnel accessible dès 1.500 euros au taux de 1%, sans frais de dossier, pour tous les clients et postiers résidents à Mayotte souhaitant racheter un véhicule, réaliser des travaux de réparation ou financer tout autre projet.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes