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Cyclone Chido : après les annonces gouvernementales, la difficile mission de terrain de Manuel Valls

: Manuel Valls, ministre de l’Outremer, multiplie les rencontres sur le territoire mahorais pour tenter de rassurer sur l'implication de l'Etat. Ce mardi midi, il était à Chiconi, avec les maires du secteur.

Resté après la visite du Premier ministre François Bayrou, Manuel Valls assure le service après les annonces gouvernementales en arpentant le département mahorais. Ce mardi midi, par exemple, c’était au tour des maires de l’ouest qu’il fallait convaincre, eux qui disent se sentir démunis face aux besoins de leur population.

Dix-sept jours après le passage du cyclone, le centre de commandement de la mairie de Chiconi continue de tourner pour assurer l’après-Chido. Sinistre, besoin alimentaire, eau, les requêtes sont nombreuses dans la commune de l’ouest, qui elle aussi s’est retrouvée comme déplumée par les rafales de vent. Ce mardi midi, à la tête d’un cortège de voitures de la préfecture et de forces de l’ordre, on pourrait croire que ce n’est pas quelqu’un dans le besoin qui s’est déplacé jusqu’à eux. Ou plutôt si, car sitôt le Premier ministre François Bayrou parti lundi, l’ex-occupant du poste, Manuel Valls, tente de convaincre du bien-fondé de l’action dans l’État face à des municipalités circonspectes. Il faut dire que les villages du nord de Grande-Terre, où le nouveau ministre de l’Outremer était plus tôt, et ceux de l’ouest continuent de faire face aux problèmes de réseaux électrique ou téléphonique. Seule l’eau semble y être revenue, mais dans les limites fixées par la production déficitaire (avec une alternance entre un jour avec eau (6h à 18h), une nuit le lendemain (de 18h à 6h), puis une coupure de 24 heures (6h à 6h)) et sans compter le manque de pression parfois au robinet. « 50% du bâti scolaire est endommagé. On compte, pour l’instant, 1.500 sinistres sur les 3.000 foyers recensés dans la commune », liste ainsi Mohamadi Madi Ousseni. Le maire de Chiconi insiste sur les charges supplémentaires générées pour des communes mahoraises qui ne roulent pas sur l’or. « De quelle manière la solidarité nationale peut compenser ? On est en attente de mesures fortes et d’une volonté d’y être associés », rappelle-t-il, alors qu’une partie des annonces de la veille concernent justement les municipalités, comme les travaux dans les écoles qui seront normalement à la charge de l’État.

Trois autres maires, tous de la communauté de communes du centre-ouest de Mayotte (3CO), étaient également présents dans le centre névralgique de Chiconi. Houssamoudine Abdallah, Issilamou Ahamada, Youssouf Ambdi, édiles respectifs de Sada, Tsingoni et Ouangani acquiescent. Eux aussi aimeraient un fonds exceptionnel pour leur mobilisation, ainsi que pour amorcer des travaux sur les bâtiments publics, dont les écoles pour moitié sont « hors d’usage » dans ce secteur de l’île aux parfums. Ils ont signifié leur volonté de réparer celles avec les dégâts les plus légers pour répondre à l’urgence de la rentrée dans deux semaines. Le premier fait remarquer qu’en période de saison des pluies, il « faut bâcher le plus rapidement possible ». Et quand Manuel Valls leur demande s’ils sont au courant que des bâches ont déjà été distribuées, ses interlocuteurs opinent, mais assurent qu’ils n’en ont pas vu la couleur. Comme le maire de Sada, celui de Tsingoni rapporte la difficulté de traiter les déchets, qui s’accumulent faute de ramassage, voire qui sont dus aux gravats, branchages ou aux équipements perdus pendant le cyclone. « On y passe beaucoup de temps, on mobilise des privés. Et quand on repasse à des endroits, on a l’impression qu’on n’a rien ramassé tellement il y a encore », regrette Issilamou Ahamada. « On vit un cauchemar depuis vingt jours », ajoute Youssouf Ambdi, arguant que si les administrés mahorais viennent souvent régler leurs problèmes en faisant appel à leur maire, les demandes sont décuplées avec la crise post-cyclone.

« Je pèserai de tout mon poids »

Écoutant avec attention, l’ex-Premier ministre (les élus ou les citoyens rencontrés confondent souvent ses fonctions anciennes et actuelles) a tenté de rassurer les représentants des collectivités locales en les remerciant et en félicitant Chiconi pour son exemplarité. « Pour que les choses bougent, il faut comme outils les maires et les services de l’État », promeut le ministre d’État en charge de l’Outremer. Il cite la loi d’urgence, qui serait décalée au conseil des ministres du 8 janvier et non plus le 3 janvier, qui serait une première réponse aux difficultés. Voulant montrer qu’il s’implique personnellement sur le sujet, il promet un retour « peut-être dans un mois » pour des concertations sur la loi programme qui suivra. « Je pèserai de tout mon poids pour que Mayotte soit majoritaire », promet-il au sujet de futurs arbitrages financiers. « On est conscients de la situation de l’école. Il faut que vos enfants soient accueillis dans les meilleures conditions possibles », continue-t-il, affirmant que le fonds d’urgence pour l’aide à l’habitat servira essentiellement aux maisons en dur. Sur l’électrification, il annonce l’arrivée au 10 janvier de 250 électriciens EDF pour accélérer les raccordements. L’enjeu est de taille, seulement 17% de Tsingoni a récupéré le courant par exemple, et c’est pire dans le nord-ouest de Grande-Terre.

Autre sujet de discorde, les vivres et les bouteilles d’eau sont trop rares pour aider les habitants. « A chaque distribution, il y a des déçus », note ainsi le maire de Sada. Un système d’inscription a donc été mis en place pour que ceux qui n’ont pas pu avoir ce qu’il faut lors des distributions précédentes. A Chiconi, il n’y a pas eu de ravitaillement en bouteilles d’eau depuis une semaine. En tout, 14.000 ont été distribuées…sur deux semaines et à destination des 12.000 habitants de la commune. Alors quand le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, fait remarquer que « les magasins sont ouverts », dans les rangs des employés municipaux, on pouffe.

En effet, depuis le passage de Chido, le 14 décembre, les supérettes du coin ne prennent pas la carte bancaire faute de pouvoir connecter leurs terminaux et aucun distributeur automatique de billets de banque n’existe dans la commune pour que les habitants puissent retirer du liquide.

Les acteurs du monde agricole à Coconi

A peine avoir quitté PC de Chiconi, l’ex-Premier ministre est monté en voiture pour s’aventurer sur les pistes récemment déblayées de la commune de Ouangani. Il y a constaté les nombreux dégâts provoqués par le cyclone sur l’agriculture locale. Cultures arrachées par la force des ventes, arbres fruitiers tombés, serres détruites, poulaillers à terre, la liste est longue pour des exploitants mahorais qui ont l’impression de repartir à zéro. A 14h, la délégation ministérielle avait ainsi rendez-vous pour une rencontre avec plusieurs acteurs du monde agricole au pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi. Outre des indemnisations pour les pertes, la plupart demandent des simplifications administratives pour faire repartir les différentes filières. « La leçon de Chido, c’est qu’il faut des bâtiments en dur », donne comme exemple Guillaume Rubin. Le président et fondateur du groupe Ekwali-AVM compte remonter la filière volaille, en même temps qu’il espère réparer le site de production de Kahani. Car de nombreux producteurs de volaille, qui fournissent pour la marque « Mon Pouleti », ont perdu une partie ou la totalité de leur cheptel. La réunion, commencée avec une heure et demie de retard, s’est déroulée à huis clos.

Les recommandations du Cesem pour gérer l’après-Chido

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Le Cesem estime que "la crise actuelle est une opportunité pour rompre avec l'habitat informel."

A la suite du cyclone Chido qui a dévasté Mayotte, le Conseil économique social et environnemental émet plusieurs recommandations pour aider l’archipel à se relever. 

Selon l’institution “ce drame met en lumière les vulnérabilités structurelles et institutionnelles d’un territoire déjà confronté à de multiples défis. La population mahoraise, la plus pauvre de France, est particulièrement éprouvée”. Le rôle du Cesem est d’émettre des avis (saisines) et contributions (auto saisines) pour éclairer les choix des décideurs.

  • La nécessité d’une “réponse immédiate pour gérer l’urgence”

Alors que la construction de l’habitat informel a rapidement repris, “la crise actuelle offre une opportunité de rompre avec des pratiques qui ont exposé des milliers de familles à des risques mortels”, estime le Cesem qui préconise des “solutions d’hébergement sécurisées à mettre en place en place très rapidement pour stopper la spirale d’un retour massif à des constructions informelles et dangereuses.”

L’hôpital  de campagne installé à Cavani doit être renforcé par “le déploiement d’unités sanitaires mobiles, notamment au Nord et au Sud de Mayotte.” Une solution à maintenir  jusqu’à la totale réhabilitation du Centre hospitalier de Mayotte (CHM).

Le Cesem juge également “essentielle” la remise en service rapide des réseaux de télécommunications, pour assurer une gestion efficace de la crise.

  • L’importance d’une coordination centralisée

Les membres du Cesem plaident pour une coordination centralisée des différents acteurs pour maximiser l’efficacité des actions. “Un centre opérationnel unique, regroupant la préfecture, les collectivités locales, la sécurité civile et l’armée, permettrait une gestion harmonisée des efforts. Inspirée de l’expérience de Saint-Martin après l’ouragan Irma, la nomination d’un représentant spécial chargé de superviser l’ensemble des opérations pourrait éviter les chevauchements et garantir une mobilisation optimale des ressources”.

  • Assurer les bases d’une reconstruction durable

Le Cesem considère que “la reconstruction doit s’appuyer sur un diagnostic complet et précis, village par village, des dégâts causés par Chido”. Suivra alors une planification rigoureuse, qui commencerait par un audit approfondi des zones les plus exposées pour mieux organiser les travaux. L’institution souhaite “prévenir à tout prix la réinstallation dans des zones inappropriées ou la reprise de constructions précaires.” Cela se ferait par une régulation stricte et une surveillance accrue des chantiers de reconstruction.

En parallèle, il faut “promouvoir des normes de construction adaptées aux risques cycloniques et sismiques, tout en facilitant l’accès à des matériaux de qualité à des coûts raisonnables.”

  • Accompagner la population, les entreprises

“L’accès au prêt à taux zéro est indispensable pour faciliter les besoins de réhabilitation et de mise aux normes des habitations”, juge le Conseil. En parallèle, il demande à L’Etat d’accompagner les personnes n’ayant pas souscrit une assurance catastrophe naturelle par la mobilisation d’un fond spécial. Pour limiter les impacts économiques de la catastrophe, “il est indispensable de créer un fonds d’urgence dédié et de mettre en place une cellule de soutien aux entreprises sinistrées”, affirme-t-il également. Inspirés des dispositifs de Saint-Martin, ces mécanismes permettront d’assurer la survie et la reprise des activités économiques locales.

  • Renforcer la résilience à long terme

Au-delà de la reconstruction, pour l’institution, il est impératif “d’investir dans le renforcement de la résilience du territoire. La sensibilisation et la formation des habitants aux gestes à adopter avant, pendant et après un cyclone sont des priorités, de même que la formation des équipes locales pour mieux gérer les interventions en cas de catastrophe.” L’installation d’un système d’alerte précoce moderne, basé sur des technologies comme les applications mobiles, permettrait une meilleure anticipation des événements climatiques extrêmes.

  • L’impact sur la biodiversité

Le cyclone Chido est également “une catastrophe environnementale, les écosystèmes naturels de Mayotte ont été fortement impactés”, déclare le Cesem. “Il convient d’engager une grande campagne de reboisement pour reconstituer au plus vite le couvert forestier indispensable au cycle de l’eau, ainsi que la replantation à très court terme d’essences d’arbres fruitiers à court cycle de production pour répondre aux besoins alimentaires des animaux et des hommes”, souligne-t-il.

  • Une mobilisation nationale et internationale 

La gestion de cette crise dépasse selon le Conseil “les capacités locales et requiert une mobilisation renforcée à l’échelle nationale et internationale”. L’État doit apporter un soutien logistique financier immédiat, tandis que des partenariats internationaux pourraient fournir des ressources et expertises supplémentaires. Le Cesem estime aussi qu’il est “essentiel d’aborder les problématiques migratoires pour réduire la pression sur des infrastructures déjà fragilisées.”

Réouverture de l’aéroport à partir du 1er janvier

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Les vols commerciaux vont reprendre progressivement à partir de ce mercredi 1er janvier.

Le cyclone Chido a fortement endommagé l’aéroport Marcel Henry, la tour de contrôle a été totalement détruite. Les conditions n’étaient alors pas réunies pour continuer les vols commerciaux.

Désormais, “les travaux de réhabilitation sont achevés”, annonce la préfecture de Mayotte. “Les vols commerciaux vont reprendre progressivement à partir du 1er janvier 2025 sous conditions impératives, gages de réussites”.

La préfecture précise qu’il est impossible d’acheter ses billets directement à l’aéroport ou dans l’agence Issoufali de Dzaoudzi. Les achats peuvent se faire en ligne ou en physique seulement dans les agences situées à Mamoudzou. Pour toute question liée à l’achat de billet, il faut se rapprocher de la compagnie aérienne concernée.

Pour accéder à l’aéroport depuis la Grande-Terre, la traversée de la barge s’effectue uniquement par voie piétonne. Des taxis sont disponibles à la sortie de la barge pour acheminer les passagers.

Anticiper sa venue au moins 4 h avant

L’ accès à la zone aéroportuaire se fait uniquement sur présentation du billet d’avion à la date du jour. Les accompagnants ne pourront pas entrer dans l’aéroport. Les services de l’Etat “recommandent fortement d’anticiper les temps de trajet compte tenu des contraintes logistiques, soit 4 heures avant au minimum.”

François Bayrou promet “des engagements concrets et précis” pour Mayotte

Le plan "Mayotte Debout" a été donné dans ses grandes lignes, ce lundi soir, par le Premier ministre François Bayrou.

C’est par une série d’annonces que le Premier ministre François Bayrou a clos sa visite de ce lundi, seize jours après le cyclone Chido.

Ce lundi soir, François Bayrou a pris la parole au siège du conseil départemental de Mayotte, à Mamoudzou. Il a annoncé des “engagements concrets et précis” pour répondre à l’après-Chido, à la suite d’une visite concentrée sur Petite-Terre et Mamoudzou. Ce “Mayotte debout” comprend des mesures de l’électricité, l’eau, la communication, les déchets, les écoles ou même des financements sous la forme de prêts garantis par l’État. Interrogé sur la prise tardive de certaines d’entre elles, le Premier ministre a répondu que “pour faire venir des groupes électrogènes, il faut quinze jours, il faut aller chercher, les embarquer, donc oui, ça prend du temps. Une catastrophe de cette ampleur, c’est sans précédent. Je ne connais pas de catastrophe aussi grave depuis la Seconde Guerre mondiale. Tout est à reconstruire. Donc pour moi, quinze jours, c’est le temps nécessaire pour mobiliser les moyens”.

Il promet également “une loi dans les trois mois” et une mission de recensement pour “sortir des ambiguïtés et des incohérences”.

Électricité

Le Premier ministre impose un délai d’un mois pour rétablir le courant pour l’ensemble du territoire (54% ce lundi). Cela nécessitera des renforts en accompagnement des artisans locaux. 200 groupes électrogènes vont être fournis par EDF avec une moyenne de dix par commune. Des “commandos” vont voir le jour dans chaque commune sous l’autorité des maires et avec des employés d’Électricité de Mayotte. C’est une vingtaine d’agents EDF qui seront chargés “dans la semaine d’organiser ces commandos”.

Eau

Le même délai est demandé aux acteurs de l’eau pour rétablir l’eau dans les foyers, qui bénéficiera d’une intervention de l’armée dès la semaine prochaine. Un objectif de 40.000m3 par jour est fixé pour “le 30 juin 2025”, soit la production jusqu’alors habituelle, avant “une mise à niveau”. Il confirme l’investissement de soixante millions d’euros dans le cadre du plan eau, la construction prochaine de l’usine de dessalement et des avancées pour la retenue collinaire d’Ourovéni.

Communication

Alors que le réseau téléphonique enregistre toujours des difficultés, 200 antennes de Starlink vont être déployées sur l’île. Le gouvernement veut aussi “qu’une solution 5G d’ici fin juin à faire”. Pareil pour la fibre optique, alors que son déploiement vers les particuliers se fait attendre, l’État espère qu’il soit fait dans les deux ans.

Bâtiment

“140 tonnes de bâches dans la semaine” sont annoncées, en plus des 100 tonnes déjà livrées pour couvrir les toitures abîmées par le cyclone. François Bayrou annonce l’acheminement de charpente métallique en urgence avec des prix bloqués et des ateliers pour assembler sur place.

Aéroport

Les vols commerciaux sont suspendus jusqu’à ce mardi 31 décembre. Selon le Premier ministre, ils pourront bien reprendre dès ce 1er janvier. En parallèle, les personnes bloquées hors Mayotte, notamment au Kenya, pourront être rapatriés dès ce mardi.

Financement

Un prêt garanti par l’État (PGE) et octroyé par la Banque des territoires à destination des familles mahoraises va être créé. Son taux d’intérêt sera maintenu à 0% pendant les cinq premières années.

Activité économique

Plusieurs dispositifs sont déjà prévus. Il n’y a pas de cotisations pour les entreprises jusqu’au 31 mars 2025. Une aide exceptionnelle va être accordée, tandis que l’activité partielle va pouvoir être mise en place avec “un traitement en 72 heures”. Une zone franche globale va être créée pendant cinq ans pour faire redémarrer l’économie.

Pour les exploitations agricoles, des bâches vont être données pour protéger les cultures, tandis que des fonds européens serviront à l’indemnisation. La Mutualité sociale agricole (MSA) promet déjà une aide de 1.000 euros par agriculteur.

Urbanisme

Une révision de la politique de la ville est promise pour y intégrer tout Mayotte. Alors que le sujet a été plusieurs fois abordé avec les élus, le gouvernement a affirmé vouloir “empêcher la construction des bidonvilles”, même si celle-ci est déjà bien entamée.

Un nouvel établissement public va voir le jour avec à sa tête une personnalité à partir du 3 janvier. Celui-ci “absorbera” l’établissement public foncier déjà existant (Epfam). Une évaluation des dégâts est prévue jusqu’à la fin janvier.

Écoles

La rentrée scolaire se fera “établissement par établissement”, sachant que l’état de dégradation des bâtiments scolaires est variable. Dans le secondaire, la priorité sera donnée aux élèves qui passent des examens. Une “scolarité temporaire est possible dans l’Hexagone” sera accordée à des parents qui en feront le souhait. Au rectorat de Mayotte, des demandes sont déjà faites en ce sens. “La réparation des écoles du premier degré sera entièrement pris en charge par l’État”, assure le Premier ministre, qui ajoute que des tentes-écoles peuvent être fournies dès cette semaine.

Il en appelle à la solidarité pour des dons de matériel. Côté enseignants, un plan pour attirer des volontaires va être mis en place et sera ouvert aux étudiants et retraités.

Sécurité

300 gendarmes et policiers auxiliaires mahorais vont être formés pour renforcer la présence des forces de l’ordre sur l’île. Des brigades sont annoncées à Bandrélé et Dzoumogné. Pour lutter contre l’immigration illégale, un renforcement des brigades nautiques avec des drones et des bases avancées est promis. Pour sécuriser les établissements scolaires qui sont actuellement pillés, “un plan de vigilance” sera élaboré avec l’armée et la gendarmerie.

Santé

L’hôpital de campagne de Cavani est prévu pour “un mois” en attendant que l’hôpital de Mamoudzou soit remis sur pied. Outre un nouvel appel à la réserve sanitaire, l’État espère développer des parrainages avec d’autres centres médicaux. “Une soixantaine d’équipes santé secours” va être mise sur pied pour faire du aller vers. Un plan d’attractivité doit permettre de recruter médecins, sages-femmes et d’autres spécialités manquantes aujourd’hui au centre hospitalier de Mayotte. Un deuxième institut de formation aux soins infirmiers (Ifsi) est aussi promis.

Déchets

Pour ce sujet, le gouvernement s’en tient au plan de la préfecture de Mayotte. Les déchets ménagers devront être traités “en un mois”, des déchets lourds comme la ferraille feront l’objet de tri. Et quant aux arbres tombés, un plan de valorisation par la biomasse pourrait être mis en place.

“Pourquoi je dois continuer à faire de la garderie ?”

Voulant récupérer ses écoles et stopper l’aide aux sinistrés, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a assumé son choix face au Premier ministre, faisant le lien avec l’incendie de l’école primaire à Kawéni, ce lundi. Pourquoi je dois continuer à faire une garderie ? On a distribué 50.000 repas, 30.000 bouteilles d’eau. La République doit nous protéger, sanctuariser les écoles”, estime le premier magistrat de la commune chef-lieu.

Questionné après sa prise de parole sur le sort des sinistrés, le Premier ministre répond qu’il faudra “ouvrir des centres d’accueil. On va les mettre en place avec des ONG. On ne peut pas laisser reconstituer les bidonvilles”. Quelques minutes avant, face aux élus, il avait dit qu’une mise à l’abri pouvait être suivie d’une reconduite à la frontière.

Une école maternelle de Kawéni victime d’un incendie

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1 - L’école maternelle T6 à Kawéni, dans la commune de Mamoudzou, a été victime d’un incendie qui a touché entre autres des sanitaires.

Aux alentours de 17h30, ce lundi, les sapeurs-pompiers ont été appelés pour un incendie à l’école maternelle T6 à Kawéni, dans la commune de Mamoudzou, déjà abîmée par le passage du cyclone Chido. Deux salles de classe sont parties en fumée ainsi que les toilettes et le bureau du directeur. À 18h30, le feu n’était pas encore totalement maîtrisé et l’établissement fumait encore. Vingt sapeurs-pompiers étaient mobilisés, accompagnés par plusieurs agents de la police municipale.

« A cette heure, nous ne pouvons pas dire s’il est d’origine criminelle ou accidentelle », déclare Anfane M’Dogo, brigadier chef à la police municipale. Un pompier souligne que le bâtiment n’était pas alimenté en électricité.

Les débris, en particulier le bois, qui jonche les différents sites de l’île depuis le passage du cyclone Chido « pourraient favoriser la propagation des feux » selon Anfane M’Dogo.

Centres d’hébergement : « On nous dit de rentrer chez nous, mais on n’a plus de chez nous »

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Le lycée des Lumières, à Kawéni, dans la commune de Mamoudzou, accueille environ 600 personnes.

Alors que les centres d’hébergement d’urgence mis en place à Mamoudzou pour accueillir des sinistrés du cyclone Chido devaient fermer le 31 décembre, plusieurs ont été vidés avec un jour d’avance. Leurs résidents temporaires, pris au dépourvu, n’ont pour la plupart nulle part où aller. 

Alors qu’il avait été annoncé la semaine dernière par le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, que les sinistrés présents dans les 20 centres d’hébergement de la commune allaient devoir quitter les lieux le 31 décembre, il a déjà été demandé à plusieurs dès ce lundi 30 décembre. C’est le cas à l’école du Manguier, dans le centre-ville du chef-lieu, où Asma* a appris ce lundi matin qu’elle devait plier bagages pour 14h. “On apprend ça soudainement, je ne sais pas où aller avec mes enfants”, déplore celle qui a perdu sa maison et toutes ses affaires avec le passage du cyclone Chido, le 14 décembre. “Où est-ce qu’on peut bien aller ? On a tout perdu, on n’a pas d’argent. On ne peut pas nous laisser sur la route comme des poubelles”, poursuit-elle. Si personne n’est sur place pour nous donner le nombre de personnes hébergées, le linge en train de sécher témoigne de lui-même que de nombreuses familles ont trouvé un abri en ces lieux. “On nous prévient du jour au lendemain. Moi toute seule, je pourrais trouver quelqu’un pour m’héberger. Mais avec mes cinq enfants, je vais devoir me débrouiller toute seule”, regrette une femme qui dort dans la même salle de classe qu’Asma. Cette dernière ne comprend pas qu’on ne leur propose pas d’autre solution en attendant qu’elles puissent trouver une nouvelle case. “Ils disent qu’ils veulent rouvrir les écoles, mais ce sont nos enfants qui vont à l’école. Comment ils vont faire s’ils n’ont nulle part où dormir ?”, questionne-t-elle.

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À l’école du Manguier, à Mamoudzou, les sinistrés ont étendu leur linge sous un des préaux du bâtiment.

À l’école Kawéni T17, il a également été demandé aux hébergés de quitter l’endroit avec un jour d’avance. “On nous a prévenu hier soir”, explique Ibrahim*, ce lundi matin. En train de faire ses affaires, comme les autres sinistrés, il ne comprend pas la situation : “On ne va pas faire d’histoire, on nous dit de partir, on part. Mais où est-ce qu’on va aller ?” Une question qui revient sans cesse et à laquelle, faute de retour des pouvoirs publics, seuls eux finissent par répondre. “On va retourner dans les bidonvilles”, se résout Ibrahim. Yasmina*, elle, aimerait que sa case en tôle soit reconstruite. “Mais mon mari est allé voir, les morceaux de bois et les tôles de notre maison ont été volés, on ne peut pas la réparer”, raconte-t-elle. “On nous dit d’un coup de rentrer chez nous, mais on n’a plus de chez nous.”

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À l’école T17, à Kawéni, on a demandé aux sinistrés de quitter les lieux avec un jour d’avance.

« On voit des gens repartir vers les bangas »

Si, au lycée voisin des Lumières, le délai accordé va être respecté, ses résidents temporaires n’en sont pas moins inquiets. “On va devoir aller dans la forêt ou retourner dans les bidonvilles”, s’inquiète une adolescente. “Mais on a même pas de matelas pour s’allonger sur le sol”, ajoute sa maman. Une situation qui attriste Arnaud, un riverain qui vient prêter main forte au centre d’hébergement et aux 600 personnes qu’il accueille depuis le début de la crise. “Depuis deux ou trois jours, on voit des gens repartir vers les bangas”, constate celui qui se désole de voir le peu d’investissement des pouvoirs publics sur les lieux, à part un agent dont il souligne l’implication. Avec une petite dizaine de bénévoles, ils ont pris sur leurs propres fonds pour apporter des vivres aux sinistrés dans le lycée, avant de finir par se faire épauler par l’association hexagonale Solibad. “Demain, on va être là quand ils devront partir, pour au moins les rassurer si les forces de l’ordre viennent”, assure le bénévole. 

Interrogé sur la fin de l’hébergement d’urgence, le maire de Mamoudzou répond que la Ville fait comme les autres communes : “On a ouvert des centres d’hébergement d’urgence pour sauver des vies par rapport au cyclone. Maintenant, on doit refaire les écoles.”

 

*Les prénoms ont été modifiés.

Pas de date de départ à Majicavo-Lamir

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Le collège de Majicavo-Lamir accueille environ 400 sinistrés.

Au collège de Majicavo-Lamir, dans la commune de Koungou, ils sont encore environ 400 à être abrités dans l’enceinte de l’établissement. Pour l’instant, pour le principal, il n’y a pas de date de départ. “Je n’ai pas eu de consignes pour l’instant”, explique Damien Henry, qui est présent aux côtés des sinistrés depuis que les établissements scolaires ont été réquisitionnés, la veille du cyclone. “Si je n’ai pas d’ordre, je ne mets pas les gens dehors.” Parmi les habitants temporaires, personne n’a non plus entendu parler d’une date de départ. Pour l’instant, ils continuent à vivre sur les stocks d’eau, de nourriture et de soins de l’établissement, dans lequel la sécurité civile n’est arrivée qu’il y a deux jours. 

 

La Poste rouvre un premier bureau à Combani

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La Poste, dont les infrastructures ont également été touchées par le cyclone Chido, annonce ce lundi qu’elle est désormais en mesure de rouvrir un premier bureau de poste à Combani, dans la commune de Tsingoni. Cinq autres bureaux de poste doivent rouvrir à compter de ce vendredi 3 janvier : Dzaoudzi-Labattoir, Kawéni, Chirongui, Dzoumogné et Sada. La Poste a également remis en service et réapprovisionné neuf distributeurs automatiques de billets à l’aéroport de Pamandzi, dans les bureaux de poste de Dzaoudzi-Labattoir, de M’tsapéré, de Combani, de Dzoumogné et de Sada sur les 25 qu’elle détient.

La Poste rappelle également les mesures qu’elle a prises pour les clients de La Banque Postale ou assurés auprès de CNP Assurances, comme l’allongement de la déclaration de sinistres à 45 jours ou encore des reports d’échéance des prêts immobiliers jusqu’à six mois. Elle va également proposer un prêt personnel accessible dès 1.500 euros au taux de 1%, sans frais de dossier, pour tous les clients et postiers résidents à Mayotte souhaitant racheter un véhicule, réaliser des travaux de réparation ou financer tout autre projet.

Orange rétablit la connectivité pour 75 % de la population de Mayotte

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L'opérateur a rétabli la connexion pour 75 % de la population.

L’opérateur Orange annonce ce lundi 30 décembre que 75 % de la population est désormais connectée à leur réseau mobile. Les principales villes concernées sont Pamandzi, Dzaoudzi, Mamoudzou, Koungou, Dembéni, Bandrele, Ouangani, Sada, Tsingoni, Chiconi, Boueni, Chirongui, Kani Keli, Longoni (Koungou).

Orange rappelle que la qualité du service dépend aussi du nombre de téléphones connecté. Les techniciens renforcent encore le réseau mobile, malgré les risques de saturation qui persistent en raison du nombre élevé de connexions.

La gratuité des abonnements est prolongée jusqu’au 15 janvier 2025. Des cartes SIM sont également distribuées avec le soutien de la Croix-Rouge française.

Le collectif Ré-Maa lance une mobilisation citoyenne illimitée

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Amina Djoumoi, porte-parole du collectif Re-MaA (« Résistance Réunion / Mayotte en Action »)

Le collectif Résistance Réunion-Mayotte en Action (Ré-MaA) se mobilise de façon illimitée pour demander des mesures à la hauteur de la situation de Mayotte.

Cette mobilisation «  pacifique et déterminée » a pour but de dire STOP « aux promesses creuses et à l’inaction de l’État et à exiger des mesures concrètes et immédiates pour répondre aux urgences de Mayotte », explique ses membres. « Mayotte traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire. Alors que les discours politiques et les annonces médiatiques s’enchaînent sans véritable impact, les conséquences dévastatrices du cyclone Chido, qui a frappé notre île, aggravent encore la situation ».

Le mouvement vise à « soutenir les victimes du cyclone Chido et à réclamer un plan d’urgence pour répondre aux besoins essentiels des familles, exiger des actions concrètes pour reconstruire les infrastructures détruites et prévenir de nouvelles catastrophes à travers des politiques de développement adaptées aux spécificités de Mayotte et la lutte contre les habitats précaires». Le collectif a choisi cette date alors que le Premier ministre et cinq autres sont sur le territoire ce lundi, « c’est une opportunité cruciale pour rappeler au Gouvernement que Mayotte ne peut plus attendre », affirment les membres.

Une manifestation à Saint-Denis

Ils appellent « les associations, collectifs et acteurs de la société civile soucieux de notre cause à se joindre à nous. Ce rassemblement sera un symbole de notre unité, de notre détermination et de notre volonté de faire entendre la voix de nos compatriotes mahorais. »

Ce lundi, le collectif Ré-Maa a organisé une mobilisation devant la Préfecture de Saint-Denis à partir de 9h pour une durée illimitée.

Cyclone Chido : Allègement des règles d’importation de végétaux

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Suite au cyclone, les règles d'importation des légumes racines ont été allégés.

Pour faire face à la destruction de la production agricole causée par le cyclone Chido survenu le 14 décembre, des mesures exceptionnelles ont été prises par la préfecture de Mayotte. Un arrêté a été publié pour faciliter l’importation des produits végétaux (destinés à l’alimentation humaine, animale, et aux semences).

Les principales mesures adoptées sont :

  • Allègement des contrôles pour les végétaux destinés à l’alimentation humaine et animale, ainsi que pour les semences disposant déjà d’un permis d’importation.
  • Reconduction automatique de six mois des permis d’importation en cours de validité.
  • Importations simplifiées de végétaux et semences en provenance de La Réunion, sans besoin de permis préalable, accompagnées d’un allègement des contrôles.
  • Simplification des importations pour les légumes-racines (manioc, songes, dachine, patates douces, pommes de terre, racines de flèche, carottes), conformément à une liste détaillée.

Ces mesures sont valables pour une durée initiale de deux mois, renouvelable en fonction de l’évolution de la situation. Elles doivent répondre à plusieurs conditions obligatoires :

  • Tous les végétaux doivent être pré-notifiés via la plateforme TRACES-NT et accompagnés d’un certificat phytosanitaire d’origine.
  • Les produits alimentaires transformés (surgelés, conserves) ne sont pas concernés par ces restrictions et les denrées animales nécessitent une inspection spécifique.

Un hommage rendu au gendarme décédé au mont Combani le 20 décembre

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Un hommage a été rendu au gendarme Florian Monnier décedé le 20 décembre.
Moment de recueillement au milieu de cette journée de visite ministérielle, un hommage a été rendu au capitaine Florian Monnier, ce lundi, à 13h, place Zakia-Madi à Mamoudzou. Âgé de cinquante ans, le gendarme était en opération au mont Combani quand il a eu un malaise, le vendredi 20 décembre. Au centre national des opérations de la direction générale de la gendarmerie nationale à Issy-les-Moulineaux (92), il était en mission opérationnelle de rétablissement des réseaux de communication. Malgré la prise en charge par ses collègues et son évacuation vers le centre hospitalier de Mamoudzou, il n’a pas survécu. Une minute de silence et une Marseillaise chantée a capella ont été respectées en son honneur, lors de la cérémonie de ce lundi. Avant de faire le point avec les élus, au cours de l’après-midi, les ministres ont salué les gendarmes, policiers et pompiers mobilisés depuis le 14 décembre.

Reconstruire Mayotte en deux ans, « c’est un défi qui mérite d’être relevé » selon François Bayrou

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Le Premier ministre François Bayrou arrive au stade de Cavani transformé en hôpital de campagne, ce lundi matin. Il est accompagné du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, le ministre de l’Outre-mer, Manuel Valls, et le directeur de l’Agence régionale de santé de Mayotte, Sergio Albarello.

Seize jours après le passage du cyclone Chido, le Premier ministre François Bayrou entreprend une visite d’une journée sur une Mayotte qui panse encore ses plaies, ce lundi. Il a déjà annoncé qu’un plan « Mayotte Debout » va être mis en œuvre et pourrait en donner les grandes lignes, dès ce soir, lors d’une prise de parole.

En promouvant son « Mayotte Debout » dès ses premières heures sur le territoire mahorais, François Bayrou veut défendre l’idée que l’État est aux côtés des Mahorais. Selon le Premier ministre, le plan serait en adéquation avec les visites réalisées, ce lundi, soit l’approvisionnement en eau (l’usine de dessalement de Petite-Terre), la rentrée scolaire (collège de Kawéni 2) ou les secours et la santé (hôpital de campagne de Cavani). « La responsabilité qui est celle de l’État, c’est 1) de l’urgence, 2) de la préparation de la reconstruction, 3) de la reconstruction et 4) penser Mayotte du futur », déclare-t-il, après avoir visité les tentes de l’hôpital géré par les pompiers et la Sécurité civile où 300 patients sont accueillis chaque jour alors qu’il est calibré pour 100. « Parce que personne ne peut souhaiter de revenir à Mayotte d’avant le cyclone. » Il se donne comme objectif une reconstruction de l’île en « deux ans ». « C’est tellement énorme, tellement grave. Il y a tellement de problèmes à traiter en même temps, la santé, les blessures, mais aussi la société mahoraise qui est très déstabilisée. C’est un défi qui mérite d’être relevé », estime-t-il, avant de faire des annonces, ce soir, lors d’une prise de parole prévue vers 18h30.

Ex-Premiers ministres, Elisabeth Borne et Manuel Valls, l’accompagnent comme son ombre. La première, venue à Mayotte en décembre 2023, doit s’occuper du vaste chantier de reprise de l’école depuis son arrivée à l’Education nationale. Au 13 janvier pour la rentrée administrative, elle est reportée au lundi 20 janvier pour les élèves. Mais la configuration reste encore à déterminer puisque les établissements n’ont pas été touchés de la même manière par le cyclone Chido. Un point a été fait au rectorat de Mayotte en fin de matinée. Trois autres ministres sont également présents. Le Mahorais Thani Mohamed Soilihi, à la Francophonie et aux partenariats internationaux, Valérie Létard, au Logement, et Yannick Neuder, à la Santé, complètent le casting.

Une impression d’être délaissés

Si le gouvernement compte montrer qu’il est mobilisé, sur le terrain, les secours restent encore peu visibles aux yeux de la population. En marge de la visite, élus ou simples citoyens déplorent des populations livrées à elle-même. C’est le cas, par exemple, des professeurs des collèges de Kawéni 2 et du lycée des Lumières. Dans le deuxième, les sinistrés sont là à quelques heures du délai imparti fixé par la mairie de Mamoudzou pour quitter les lieux. Ce sont des enseignants restés à Mayotte pendant cette période de fêtes qui sont venus s’occuper des habitants pour la plupart des bidonvilles de Kawéni. L’un d’eux nous dit n’avoir vu une distribution alimentaire de l’ONG World Central Kitchen, il y a quelques jours seulement. Des questions de sécurité sont posées aussi pour ces établissements endommagés. Selon Valentin Moustar, un professeur d’EPS du collège K1, son établissement a été pillé au cours des derniers jours, alors que les dégâts y étaient minimes jusqu’ alors. Celui-ci a pu alerter Elisabeth Borne sur cette situation en l’interpellant directement. « Elle a répondu que les forces étaient là. C’est quelque chose qu’on a déjà entendu, donc je n’ai pas l’impression d’avoir une réelle réponse », regrette-il.

Cette impression de délaissement revient aussi pour les élus. Elyassir Manroufou, conseiller départemental, n’a toujours pas vu les secours dans son canton de Mamoudzou 2. Avec les services de la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou), il participe au déblaiement des déchets dans les villages de M’tsapéré et Cavani, qui continuent de s’accumuler chaque jour, qu’ils soient des ordures ménagères, des gravats ou des déchets végétaux. Rare consolation pour l’élu de Mamoudzou, la présence de l’hôpital de campagne depuis moins d’une semaine au milieu de sa population à Cavani.

« Les rumeurs de milliers de morts ne sont pas fondées »

C’est l’objet de nombreuses spéculations depuis le jour du cyclone. Combien de personnes ont perdu la vie ? Des chiffres fantaisistes ont été rapidement avancés dans les premiers jours comme celui de « 60.000 morts », à la vue des bidonvilles soufflés par le vent ou de l’absence de communication possible. D’après les témoignages sur place, si quelques décès étaient mentionnés, le nombre est plus restreint qu’annoncé, notamment parce que les glissements de terrain qui auraient pu entraîner un bilan beaucoup plus lourd n’ont pas eu lieu.
Ce lundi, sur le terrain de foot de Cavani transformé en hôpital, François Bayrou a confirmé que « les rumeurs de milliers de morts ne sont pas fondées ». Il avance un chiffre plus proche de « plusieurs dizaines » ou « deux centaines ». Il dit « ne pas renoncer à dresser un bilan définitif » de la catastrophe.

De nouveaux renforts d’EDF sont arrivés

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Seize techniciens corses du groupe EDF sont arrivés à Mayotte.

Seize techniciens corses du groupe EDF Systèmes Énergétiques Insulaires sont arrivés le 28 décembre pour soutenir les équipes d’Électricité De Mayotte (EDM). Ces renforts viennent s’ajouter aux 48 agents de la Force d’Intervention Rapide de l’Électricité (FIRE) et aux 10 membres de la Force d’Action Rapide du Nucléaire, spécialisés dans la gestion de crise et la construction de bases de vie.

EDM rappelle qu’il est important de respecter les consignes suivantes :

  • Ne jamais toucher des fils tombés au sol.
  • Ne jamais toucher un objet en contact avec une ligne électrique.
  • Ne jamais intervenir sur les installations du réseau électrique.
  • Respecter les zones de danger balisées.

Signaler toute situation dangereuse au 02 69 62 50 05.

Une distribution de vivres dans toutes les communes ce lundi

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Une distribution de vivres va se dérouler dans toutes les communes de Mayotte ce lundi.

Toutes les communes de Mayotte seront alimentées en eau et nourriture ce lundi. Carburant, recherche des disparus, électricité, les informations à retenir du dernier point de la préfecture daté de ce dimanche à 20 h.

  • Distribution de vivres et d’eau

Des distributions d’urgence d’eau et de vivres effectuées par la terre, la mer et les airs ont eu lieu ce dimanche dans les communes de Vahibé (Mamoudzou), M’tsamboro, Mtsangamouji (dont Mliha), Tsingoni et Acoua. À compter de ce lundi, la préfecture de Mayotte annonce que « ces distributions auront lieu chaque jour dans toutes les communes ». Se rapprocher de sa mairie pour connaître le lieu de la livraison.

  • Recherche des disparus

Le bilan officiel des décès s’élève aujourd’hui à 39 personnes. La mission d’identification des victimes du cyclone poursuit son travail, en lien avec les maires et les associations de Mayotte. Aujourd’hui, les opérations de contact et de secours de ce jour ont permis de relever 265 urgences relatives. Toutes ont été soignées sur place ou évacuation vers un centre de soin.

  • Santé

L’hôpital de campagne de l’ESCRIM est fonctionnel depuis le 24 décembre matin, et peut accueillir des patients. Il est installé sur le stade de Cavani, à Mamoudzou. Les urgences du CHM et de Petite-Terre sont ouvertes et peuvent accueillir du public. Les CMR sont aussi tous ouverts. En cas d’urgence, contactez le SAMU Centre 15 qui vous orientera sur la conduite à tenir.

  • Électricité

Electricité de Mayotte rétablit progressivement le réseau électrique. Les renforts reçus comportent en priorité du matériel destiné à la réparation électrique et les experts capable de la mener. Aujourd’hui, 51,6 % des clients sont rétablis, soit plus de 27 000 foyers.

  • Réseau

Le réseau Orange et SFR ont été très touchés par le cyclone. Aujourd’hui, 63% du réseau Orange est rétabli, sur 43 % du territoire.

  • Carburant

Les stocks de carburant de Mayotte sont élevés. 6 stations-services sont à ce jour ouvertes au grand public de 7h à 17h : Majicavo , Petite-Terre, Dzoumogné, Passamaïnty, Chirongui et Combani. Dans chacune de ces stations, une file est réservée aux véhicules qui participent aux opérations de secours et à la gestion de crise. La station de Kawéni est réservée pour les services de secours (pompiers, police, SMAE…). Les usagers peuvent faire leur plein dans les stations à proximité. Il est important de ne pas faire de file d’attente devant la station de Kawéni, car les véhicules bloquent la route et empêchent la circulation des secours et de l’approvisionnement en eau embouteillée.

  • Supermarchés et distributeurs bancaires

La grande majorité des supermarchés de l’archipel sont ouverts et la liste des distributeurs d’argents liquides.

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Tous les distributeurs bancaires ouverts actuellement.
  • Un numéro vert à disposition des entreprises

Face aux conséquences économiques du passage du cyclone Chido à Mayotte, l’État met en place un premier ensemble de mesures de soutien à destination des entreprises touchées par cette catastrophe naturelle. Les mesures d’accompagnement disponibles sur ce lien : https://www.economie.gouv.fr/actualites/cyclone-chido-mayotte-faq-sur-les-mesures-de- soutien-economique #

Un numéro vert unique est par ailleurs mis en place au 0 805 320 011 par la Chambre de Commerce et d’Industrie France ainsi que par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat France afin de permettre aux chefs d’entreprises de bénéficier d’un accompagnement dédié (aides et mesures existantes, formalités administratives, mise en place d’une cellule d’accompagnement psychologique, etc.).

  • Barges

Le service des barges a été rétabli pour les piétons. La prise en charge de véhicules est toujours réservée aux secours et aux personnels essentiels entre Grande-Terre et Petite[1]Terre. D’ici là, l’accès au boulevard des Crabes est interdit aux véhicules légers pour garder l’axe libre pour tous les moyens de gestion de crise.

– Au départ de Petite-Terre : la première barge est à 6h du matin et la dernière à 18h

– Au départ de Grande-Terre : la première barge est à 6h30 et la dernière à 18h30.

  • Cellule d’urgence médico-psychologique

Une cellule d’urgence médico-psychologique est ouverte et peut être contactée par toutes celles et ceux qui en ressentent le besoin. Elle est joignable au + 33 1 44 49 24 30 de 10h à 22h en français et en shimaoré.

  • Cellule d’information au public (CIP)

Pour répondre aux différentes interrogations de la population, la cellule d’information du public (CIP) reste activée pour répondre aux interrogations de la population, en dehors de toutes urgences. Contactez le 09 70 80 90 40

Un plan « Mayotte Debout » annoncé par le Premier ministre François Bayrou

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Dès sa première visite à Mayotte, à l’usine de dessalement de Petite-Terre, ce lundi matin, le Premier ministre François Bayrou a annoncé un plan « Mayotte Debout », qui touchera les différents abordés domaines durant cette journée. Il s’agit « d’apporter des réponses dès le début »,selon le chef du gouvernement qui fait pour la première fois le déplacement sur l’île aux parfums, depuis le passage du cyclone Chido, le samedi 14 décembre. Un autre plan devrait suivre « d’ici quelques mois ». Son objectif sera de « décider de l’avenir de Mayotte ».

Le premier ministre François Bayrou et cinq autres ministres en visite à Mayotte dimanche et lundi

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François Bayrou a été nommé premier ministre la veille du passage du cyclone Chido à Mayotte.

Le nouveau Premier ministre, François Bayrou, est attendu sur l’île ce dimanche 29 et lundi 30 décembre. Il sera accompagné de plusieurs membres de son gouvernement récemment formé. Manuel Valls, désormais ministre des Outre-mer sera présent, ainsi qu’Élisabeth Borne, dont le dernier séjour à Mayotte remonte à un peu plus d’un an en tant que Première ministre à l’époque, qui vient cette fois en tant que ministre de l’Éducation nationale. Valérie Létard, ministre du Logement, Yannick Neuder, ministre de la Santé viennent également à Mayotte durant ces deux jours. Enfin, le secrétaire d’État chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Thani Mohamed Soilihi, sera également présent. 

Cette visite survient une semaine après celle du président de la République Emmanuel Macron, vivement critiqué pour les remarques qu’il a pu faire lors de ses échanges avec les Mahorais qu’il a rencontrés. François Bayrou a également essuyé de vives critiques pour avoir assisté en visioconférence à la cellule de crise consacrée à la situation de Mayotte qui se tenait à Paris le lundi 16 décembre, afin d’être en présentiel au conseil municipal de Pau (Pyrénées-Atlantiques), dont il est maire.

Saïd Omar Oili demande une commission d’enquête sur la gestion du cyclone Chido

Selon le sénateur mahorais, Saïd Omar Oili, le passage du cyclone Chido "a révélé des lacunes dans la préparation et la réponse des autorités, avec une coordination insuffisante et des ressources inadaptées pour faire face à l'urgence".

“Compte tenu des graves manquements observés lors de la gestion de ce cyclone à Mayotte, la création de cette commission d’enquête est indispensable”, n’y va pas par quatre chemins le sénateur mahorais Saïd Omar Oili, ce vendredi 27 décembre, treize jours après le passage du cyclone Chido à Mayotte. Celui-ci sollicite la création de cette instance auprès du président de son groupe au Sénat, le RDPI (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants). Dans son courrier à François Patriat, il dit vouloir évaluer les dispositifs de prévention et d’alerte avant l’arrivée du cyclone, la coordination des secours et des moyens déployés par l’Etat et les acteurs humanitaires, ainsi que la prise en charge des blessés, des sinistrés et des personnes décédées. Dans son dernier bilan, jeudi soir, la préfecture de Mayotte fait état de 39 décès, mais qu’une mission d’identification des victimes “poursuit son travail, en lien avec les maires et les associations de Mayotte”.

“L’ampleur de la catastrophe a révélé des lacunes dans la préparation et la réponse des autorités, avec une coordination insuffisante et des ressources inadaptées pour faire face à l’urgence. Il est ainsi crucial de faire la lumière sur ces dysfonctionnements et de formuler des recommandations concrètes pour améliorer les dispositifs d’anticipation et de réponses face aux risques climatiques, afin d’éviter que de telles erreurs ne se reproduisent dans un territoire aussi vulnérable”, estime le parlementaire dans son communiqué joint au courrier.

Orange déploie des “safety cases” pour (re) connecter Mayotte

Les communications restent difficiles sur une bonne partie de Mayotte. Pour renforcer les moyens de communication essentiels dans le cadre de la gestion post-cyclone, le groupe Orange a acheminé et déployé en urgence des SafetyCase à Mayotte. Ces solutions télécoms compactes et autonomes garantissent une connectivité en situation de crise, créant ainsi une bulle Wi-Fi dans des zones spécifiques.
Le SafetyCase permet d’établir immédiatement une connexion internet haut débit via satellite, tout en offrant un Wi-Fi sécurisé, il se déploie en trente minutes. “Avec des équipements pré-configurés, une batterie haute performance et une connexion satellite adaptée aux zones isolées, le SafetyCase assure des communications fiables, même en l’absence de réseau ou d’énergie. Ce matériel fonctionne sur réseau électrique, groupe électrogène ou en totale autonomie durant huit à douze heures”, indique l’opérateur. L’hôpital de campagne installé à Cavani bénéficie depuis le 24 décembre de la mise à disposition de cet équipement. Un autre kit est installé à Longoni, au service d’Electricité de Mayotte (EDM). La société de transport maritime MSC (Mediterranean Shipping Company France) basée à Koungou bénéficie également de l’installation du troisième disposif SafetyCase.
Par ailleurs, depuis le 25 décembre, la Croix Rouge, en partenariat avec Orange opère la distribution de 4.000 cartes SIM permettant de passer des appels, envoyer des SMS et accéder à 5Go d’internet mobile. Les équipes techniques restent mobilisées pour le rétablissement du réseau à Mayotte. A ce jour, les zones des villes listées ci-dessous sont partiellement à totalement couvertes en réseau mobile, ce qui représente une couverture pour 70 % de la population. L’opérateur rappelle que la qualité du service dépend du nombre de téléphones connectés compte tenu de l’état du réseau, avec des risques de saturation : Pamandzi , Dzaoudzi, Mamoudzou, Koungou, Dembéni, Bandrélé, Ouangani, Sada, Tsingoni, Chiconi, Bouéni, Chirongui et Kani-Kéli. La carte de l’état des réseaux est régulièrement actualisée sur ce lien : https://mayotte.orange.fr/reseaux/actu

La Mutualité sociale agricole solidaire envers les agriculteurs mahorais

La végétation et les cultures ont été balayées par les vents, comme ici à Kwalé, au sud de Mamoudzou, le dimanche 15 décembre.
Au cours du conseil d’administration de la Caisse centrale de la mutuelle sociale agricole (CCMSA) qui s’est tenu récemment, ses membres ont exprimé “la solidarité du régime agricole envers ses ressortissants de Mayotte ainsi qu’avec l’ensemble des habitants de l’archipel”, durement frappés par les conséquences dramatiques du cyclone Chido. Pour l’heure, les priorités demeurent le secours aux victimes, en lien avec les pouvoirs publics et les instances interministérielles, ainsi que l’identification des besoins des habitants.
La MSA travaille dans le cadre de la coordination inter-organismes de sécurité sociale à un dispositif exceptionnel pour renforcer les moyens d’intervention en faveur des ressortissants mahorais, porté par la MSA d’Armorique, gestionnaire de la protection sociale agricole mahoraise.
La MSA d’Armorique assure la gestion de la population agricole mahoraise, en ce qui concerne la santé, la retraite, les cotisations, la prévention santé, la santé sécurité au travail et l’action sanitaire et sociale, et ce, depuis 2015, date de création de la protection sociale agricole à Mayotte. Elle gère près de 1.357 exploitants agricoles au titre des cotisations, et plus de 2.700 personnes au titre des droits maladie. En 2023, la MSA d’Armorique a ainsi versé 3,5 millions d’euros de prestations maladie.

Le syndicat d’enseignants SNES-FSU critique la gestion post-Chido

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Le syndicat critique la gestion de la communication du rectorat.
Le syndicat national des enseignements du second degré (SNES-FSU) salue dans un communiqué “l’énergie et l’empathie déployées par les agent·es du rectorat pour faire face aux très nombreuses questions et situations, alors même qu’ils sont eux-mêmes touchés, humainement et matériellement par les conséquences du cyclone.” Toutefois, selon ce dernier, “les promesses du Premier ministre sont loin d’être tenues : des collègues, dont certains avec des enfants en bas-âge sont encore dans une situation de détresse absolue, sans eau ni électricité, n’ayant rien vu de l’arrivée de bouteilles d’eau ou de nourriture sur l’île”. Il juge la communication du rectorat calamiteuse : “Quant aux possibilités d’évacuation de collègues dans des situations très précaires, dans la semaine qui a suivi le passage du cyclone, les informations ont varié d’une journée à l’autre, d’un endroit à l’autre, d’un interlocuteur à un autre selon qu’il soit de la préfecture ou de l’Education nationale, entraînant incompréhension, colère et ressentiment.” et critique le fait que la mise en place d’un numéro vert pourrait être considérée comme “LA solution”.

Il demande « des réponses » au ministère

Il demande au ministère que “des réponses soient rapidement apportées aux personnels qu’ils soient présents à Mayotte ou en métropole sur les échéances à venir.” Le syndicat déclare que le recensement des élèves doit rapidement commencer et estime qu’”une rentrée normale le 13 janvier semble complètement illusoire : les collèges et lycées sont dévastés et en grande partie détruits. La reprise des cours doit être concertée avec les représentants des personnels, en prenant en compte à la fois la réalité du terrain (état du bâti scolaire, état psychologique des élèves et des personnels,) et l’importance de l’Ecole pour la jeunesse mahoraise”.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes