La délégation sénatoriale aux outre-mer organise le jeudi 23 mars une table ronde sur la situation à Mayotte, dans le cadre du rapport d’information de la Délégation sur le foncier agricole dans les outre-mer. Lors de ces échanges, seront présents Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte, aux côtés de représentants de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Mayotte (DAAF), de l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM), de la chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (CAPAM), de la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), du syndicat des jeunes agriculteurs de Mayotte et de la Mutualité sociale agricole (MSA) d’Armorique.
Les gagnants du concours « jeunes entrepreneurs » dévoilés
Du 23 janvier au 18 mars, Oudjerebou, la couveuse d’entreprises en partenariat avec le Rotary Club Hippocampe Mamoudzou a organisé un concours « Jeunes entrepreneurs ». Ce challenge dédié à la jeunesse mahoraise est arrivé à son terme ce samedi avec la remise des prix et l’annonce des grands vainqueurs. Pour cette édition 2023, l’équipe gagnante dans la catégorie « étudiant » est le lycée des Lumières avec le projet CeRCL. Dans la catégorie « lycée », c’est le projet Charconut du lycée Younoussa-Bamana qui est lauréat. Les deux gagnants ont remporté chacun 4.000 euros.
Réforme des retraites : Mansour Kamardine n’a pas voté la motion de censure
La motion de censure transpartisane déposée par le Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) devait sanctionner le gouvernement d’Élisabeth Borne, qui vient de faire passer sa loi de réforme des retraites en utilisant l’article 49.3 de l’Assemblée nationale. De nombreux groupes politiques ont soutenu la démarche du groupe politique d’Estelle Youssouffa, qui l’a défendue sur les plateaux de télévision. L’interrogation restait du côté des élus Les Républicains qui semblaient diviser sur le sujet. Coprésident du groupe, Éric Ciotti avait indiqué ne pas suivre les autres formations politiques. Mansour Kamardine, député de la deuxième circonscription de Mayotte, a fait le même choix. « Dans le cadre de la réforme des retraites, alors que la marche vers l’égalité sociale de nos bacocos était bloquée depuis des années, j’ai obtenu, de haute lutte, avec le soutien total du groupe LR, une augmentation du minimum retraite à Mayotte de 150 euros. J’ai obtenu, également, l’engagement du gouvernement que la retraite complémentaire des agents contractuels du secteur public (Ircantec) soit ouverte à Mayotte, avant la fin de l’année. Cela fait 21 ans qu’ils l’attendent ! », fait valoir le parlementaire. Il craignait que les amendements votés ne soient oubliés si cette motion, dont le vote était prévu ce lundi soir, arrivait à ses fins.
« Voter la motion de censure contre le gouvernement, c’est mettre à terre les importantes avancées concernant nos bacocos et reporter, à des dates inconnues, l’urgente opération Wuambushu du mois d’avril et la loi de sécurisation de Mayotte du mois de juin. Je ne vote donc pas la motion de censure, car nous n’avons plus de temps à perdre pour Mayotte au moment où l’action publique se déploie enfin avec force », a-t-il annoncé.
Elle est là ! La Coupe du monde de rugby à Mayotte !

Le mythique trophée Webb Ellis – récompense décernée à l’équipe vainqueur de la Coupe du monde de rugby à XV, organisée en France en octobre prochain – est arrivé ce lundi à Mayotte. La coupe a été présentée au lycée des Lumières de Kawéni, où étaient rassemblés des élèves des sections rugby de plusieurs établissements scolaires.
« C’est la vraie coupe ? », interroge l’un des élèves de l’assemblée. Et bien oui ! 48 centimètres de haut, 4,5 kilos d’argent massif – plaqué en or 24 carats – façonnés et entretenus par « le même joaillier qui s’occupe de la couronne de la reine d’Angleterre », nous précise-t-on… Le trophée Webb Ellis trône, clinquant, sur l’estrade de l’amphithéâtre du lycée des Lumières de Kaweni, ce lundi après-midi. Plusieurs centaines d’élèves des sections rugby de plusieurs établissements scolaires du département étaient rassemblés pour avoir la chance d’observer la relique de leurs propres yeux, et de prendre quelques photos-souvenirs. « Profitez-en, c’est quelque chose que vous ne vivrez sans doute qu’une fois dans votre vie… sauf si vous rejoignez le XV de France et que vous la gagnez ! », prévient l’une des enseignantes. « Inchallah ! », répondent les élèves en chœur.
« Mettre en lumière la pratique du rugby »
Et pourtant, qui sait ? La balle ovale gagne du terrain à Mayotte, nous informe Éric Landmann, le président du comité local, fort de près de 700 licenciés. « Faire venir le trophée nous permet de mettre en lumière la pratique du rugby sur l’île », indique-t-il. Le trophée poursuit sa tournée mahoraise ce mardi au RSMA (voir encadré), au Carrefour des Hauts-Vallons (anciennement Jumbo Score), puis à l’hôtel Caribou pour une soirée de gala organisée pour l’occasion. L’opération est portée par le comité de rugby de Mayotte et permise par l’organisme international World Rugby – propriétaire du trophée – et le comité d’organisation de la Coupe du monde de rugby à XV France 2023.
Entourée d’un important dispositif de sécurité, la coupe est manipulée fort précautionneusement : un seul agent du comité national, muni de gants de protection spéciaux, est autorisé à la déplacer et à la sortir de sa caisse de sécurité. Les enfants sont prévenus : « Il y a une superstition qui dit que si on touche le trophée, alors notre pays ne gagne pas la Coupe du monde. Donc, s’il vous plaît, ne la touchez pas ! », demande Ottman Zair, le secrétaire général de France 2023, en riant. Sages, les élèves ont respecté la consigne… On peut donc espérer que l’équipe de France soulève le fameux trophée Webb-Ellis, le 28 octobre prochain.
Le trophée fait un tour au RSMA
Pour la venue du trophée au régiment du service militaire adapté (RSMA), ce mardi matin, des ateliers autour du rugby seront proposés à des élèves de collèges du secteur et un mini-terrain de rugby permettra de disputer un tournoi entre cadres et volontaires du régiment.
Au programme :
- 8h00 à 9h30 : ateliers autour du rugby pour les élèves de collèges du secteur.
- 9h00 : arrivée du comité de la Coupe du monde de rugby 2023 avec le trophée.
- 9h30 : accueil et discours du chef de corps sur la place d’armes du régiment.
- 10h00 : début du tournoi de rugby pour les cadres et volontaires du RSMA de Mayotte.
- 11h30 : fin du tournoi et remise des récompenses
Meurtre de Christophe : les auteurs présumés passent aux Assises

Attendu par la famille de Christophe Brousset, le procès d’assises des auteurs présumés du meurtre du restaurateur en 2016 commence, ce mercredi 22 mars, au tribunal judiciaire de Mayotte. Trois mineurs (à l’époque) sont accusés d’avoir donné ou d’être complices des coups de couteau à l’homme qui allait chercher son fils au judo, devant le collège K1, à Kawéni. Deux jeunes hommes de 23 et 24 ans seront sur le banc des accusés (le troisième, plus jeune, a déjà été jugé en 2019 par un juge pour enfants).
Il y a des faits divers marquants pour un territoire. La mort de Christophe Brousset, le vendredi 15 avril 2016, en fait partie. Devant le collège K1, à Kawéni, le restaurateur de 38 ans a perdu la vie pour une banale sacoche. Ce soir-là, il venait chercher son fils de 13 ans, licencié au judo, quand une bande de jeunes du quartier s’en sont pris à lui. Sous la menace d’un couteau, le père de famille avait refusé de leur remettre ses affaires. L’un des agresseurs a alors planté son couteau au niveau du cœur, avant de s’enfuir sous les yeux de la compagne de la victime.
Trois mineurs ont été rapidement interpellés, dont l’un dès le lendemain des faits. Le plus jeune, âgé de 13 ans, avait été livré au commissariat par son père, le mercredi 20 avril 2016. Dans la même journée, un autre, celui qui aurait porté le coup de couteau, a été immobilisé par la foule à Kawéni, en attendant l’intervention de la police. Tous les trois étaient connus des services de police.
Une marche blanche
Le crime crapuleux avait déclenché une vive émotion sur l’île. Les jours qui ont suivi les faits, une marche blanche a été organisée et un appel (déjà) à mettre fin à l’insécurité avait été lancé. Le procès devant la cour d’assises des mineurs, qui doit avoir lieu de ce mercredi à vendredi, doit permettre de savoir lequel des deux accusés de 23 et 24 ans est l’auteur du coup fatal (selon nos informations, le plus jeune des trois a déjà été condamné par un juge des enfants en 2019).
Ils devront répondre du chef de vol avec violence ayant entraîné la mort, avec la réunion en tant que circonstance aggravante. En cas de condamnation, ils encourent la réclusion à perpétuité, ou vingt ans de prison si l’excuse de minorité est retenue.
Des assistants de régulation médicale fraîchement diplômés

Les premiers diplômes de formation aux assistants de régulation médicale ont été remis, ce lundi matin, au Centre hospitalier de Mayotte (CHM). Quatorze agents ont reçu le précieux sésame attestant d’une professionnalisation du service.

Ce lundi matin, au cours d’une cérémonie dans l’enceinte de l’établissement hospitalier à Mamoudzou, les quatorze assistants de régulation médicale (ARM), ayant récemment suivi la formation, ont reçu leur diplôme en présence de la direction, des chefs de pôles, collègues et familles. Au travers de cette formation, « l’idée est de reconnaitre les compétences des agents et de professionnaliser les services du CHM », reconnait Jean-Mathieu Dufour, directeur général du centre hospitalier. Après un an d’apprentissage « très difficile » en métropole, les agents du centre hospitalier de Mayotte « ont fait l’effort de la faire. Maintenant qu’ils sont diplômés, cela assure une sécurité complémentaire pour les patients et pour les personnes qui appellent le Samu », explique le directeur. Chacun à leur tour, les diplômés ont réaffirmé leur « fierté d’être diplômé » et d’exercer cette profession « peu connue et pourtant essentielle ».
« Vous êtes en première ligne »
L’assistant de régulation médicale (ARM) est l’un maillon de la chaîne de secours. Il est le premier interlocuteur de tout appelant en cas d’urgence médicale. Doté d’une maîtrise des situations de stress, d’un bon relationnel, c’est un métier possédant beaucoup de responsabilités, « car ils ont la vie des personnes qui appellent entre leurs mains », note le directeur du CHM. Une fois les informations récupérées et selon l’urgence, l’ARM peut transmettre au médecin régulateur ou déclencher un envoi d’un Smur et de secours adaptés. De son côté, le Dr Nora Oulehri, directrice médicale Samu 976, a tenu a rappelé aux diplômés, « vous êtes le premier maillon, vous êtes en première ligne ! »
Le service d’aide médicale urgente (Samu) Mayotte est le plus jeune de France. L’ambition, au travers de cette première vague de diplômés, est de « faire du Samu 976, un Samu d’excellence au même rang que tous les autres de métropole », confie le Dr Nora Oulehri. Aussi, l’un des objectifs de cette professionnalisation est d’agrandir le service. Dans cette optique, d’autres formations auront lieu en vue de compléter l’équipe actuelle.
Théophane Narayanin veut lancer sa propre compagnie maritime

Le chef d’entreprise Théophane « Guito » Narayanin est connu pour son franc-parler. Il annonce la création de sa compagnie maritime pour relier Mayotte aux autres grands ports régionaux. Au passage, il assène des coups à certains. Il y en a pour tout le monde : politiques, magistrats et grosses sociétés concurrentes à la sienne, IBS.

Flash Infos : Vous avez lancé un coup de gueule à la radio contre les exclusions massives d’étrangers annoncées par les autorités. Qu’est-ce qui vous fait tant réagir ?
« Guito » : Je conçois qu’il ne soit pas possible de garder tout le monde sur ce territoire de 375 kilomètres carrés et que Mayotte n’a pas vocation à récupérer toute la misère du monde. Ce que je refuse en revanche c’est que les expulsions se fassent dans le non-respect des droits humains. Il y a quelques jours, j’ai embarqué sur un navire à destination d’Anjouan, qui est parti avec une heure de retard parce qu’un jeune homme avait réussi à fuir les agents de la police aux frontières. Ce jeune m’a expliqué son geste, il est né à Mayotte et n’a plus d’attaches aux Comores, il ne savait pas où aller. Ces personnes qui prennent le risque de traverser le bras de mer en kwassa ne le font pas par plaisir. Ils viennent pour se soigner, pour étudier ou pour trouver du travail afin de nourrir leurs familles. Je comprends le côté humain de ses jeunes qui veulent en découdre avec les forces de l’ordre. Lorsqu’on voit le traitement qui leur est infligé, le flot de haine et de méchanceté dont ils sont la cible, je dis qu’il faut cesser l’escalade. L’histoire nous rattrape toujours. Certes, il y a la politique qui veut cela mais l’intérêt des peuples prévaut. L’Union européenne l’a comprise et c’est pour cela qu’elle a mis en place le dispositif Interreg pour financer la coopération régionale. De quel droit, nous, Français, devrions avoir tous les droits et nous estimer supérieurs aux autres dans la région, avec un regard de colon et un esprit dominateur ? En réalité, dans cette affaire de coopération régionale, on nous envoie au goulag. Estelle Youssouffa (N.D.L.R. députée de la première circonscription de Mayotte et concurrente de Guito lors des dernières législatives) ne sait pas d’où elle vient, par contre, son père est Comorien. C’est pareil pour Mansour Kamardine (N.D.L.R. député de la deuxième circonscription) qui a de la famille à Anjouan. Qu’ils arrêtent d’attiser la haine à Paris. Nous sommes une société multiethnique qui a toujours vécu dans la tolérance. Les valeurs culturelles, cultuelles et culinaires nous sont communes et nous devons les partager dans un esprit de bon vivre ensemble, et les exploiter dans l’apaisement. Ce sont des richesses dont Mayotte a besoin pour se développer. Nos voisins ont des atouts et des compétences que nous n’avons pas. Avec nos moyens, nous devons les aider à les exploiter et en tirer profit. Avec cette affaire de lutte contre l’immigration clandestine, plus personne ne s’occupe des autres sujets nécessaires au développement de cette île.
F.I. : Il semble que vous allez vous lancer dans un autre défi, une compagnie maritime cette fois-ci.
« Guito » : Mon groupe est en train de mettre en place une compagnie maritime avec deux navires. C’est pour nous une mission de salut public dans la région. En effet, nous sommes partis de calculs faisant apparaître que dans cinq ans le prix du caillou aura doublé à Mayotte. Une situation qui va devenir très rapidement ingérable. La réflexion nous a conduit à obtenir des concessions à Madagascar et à Anjouan, avec une matière première traitée sur place et des retombées sur l’emploi local. Ces navires vont nous permettre de transporter à Mayotte du caillou, du granulat, des agrégats et du sable qui sont à la base de notre profession. En retour, nous pourrons également embarquer des colis spéciaux, des conteneurs sur les queues de chargement en provenance des ports de La Réunion, Maurice, Madagascar et Tanzanie vers Mayotte et les Comores. On tire ainsi les leçons de la crise du Covid-19 et des pénuries que nous continuons à subir depuis, y compris sur le ciment. Nous prévoyons également des opérations de cabotage entre Petite-Terre et Grande-Terre avec un débarquement sur site propre pour un investissement global de quarante millions d’euros. Nos navires ont une capacité d’emport de 3.000 tonnes navigant à douze nœuds. Il s’agit d’un projet qui générera 300 emplois directs et indirects dans toute la zone. Il a pris un peu de retard à cause de la crise du Covid-19, mais les choses sont maintenant en bonne voie.
F.I. : Pourquoi revenez-vous à nouveau sur le marché attribué à la Colas par l’Éducation nationale ?
« Guito » : Ma société et d’autres avions postulé pour un marché lancé par l’Éducation nationale pour un montant de 12,5 millions d’euros (N.D.L.R. concernant le lycée des métiers du bâtiment à Longoni). Suite à un recours que nous avons intenté devant le tribunal, ce marché qui avait été attribué à la Colas dans des conditions fort contestables (N.D.L.R. l’appel d’offres initial ne correspondait plus au projet modifié) avait été annulé. Sauf que l’Éducation nationale a refait la même chose dans la relance de ce marché. J’estime pour ma part qu’un service public de cette importance n’a pas à rentrer dans ce phénomène de réseau mafieux, raison pour laquelle, nous demandons que cette procédure qui porte sur 15 à 20 millions d’euros soit cassée à nouveau. Il convient de démasquer ces réseaux qui œuvrent dans l’ombre. Personnellement, je demande à être entendu par le procureur de la République pour lui apporter mes connaissances sur Mayotte dans ce domaine.
F.I. : Vous avez été candidat malheureux aux dernières élections législatives. Quelle leçon tirez-vous avec cet échec ?
« Guito » : On m’a harcelé pour aller aux législatives l’année dernière. Je suis fier du score que j’ai réalisé (N.D.L.R. il a fait 33,4% au deuxième tour) contre des politiques de tous bords confondus comme Ramlati Ali (candidate sortante) qui se sont ligués contre moi au deuxième tour au seul motif que je suis Réunionnais. Il faut le savoir, selon certains hommes politiques, on naît Mahorais et on ne le deviendra jamais malgré quarante ans passés sur cette île. Il y a 2.000 personnes qui vivent indirectement de nos activités et on a 350 employés dans nos entreprises. Mayotte, c’est un fief pour les seuls mahorais et je comprends aisément la situation vécue par les Anjouanais ici. Je retiens que les Mahorais ont perdu sur tous les plans car avec moi comme député, cela aurait été du gagnant-gagnant et sans corruption. Je ne me serai pas acharné sur ces pauvres anjouanais comme le font Estelle Youssouffa, Mansour Kamardine et Tani Mohamed, lorsqu’il y a mieux à faire pour ce département comme le fonctionnement du port de Longoni qu’ils trouvent normal, tout comme le marché de l’eau.
F.I. : On sait que vous ne portez pas les parlementaires dans votre cœur.
« Guito » : Les habitants de Mayotte se font voler depuis très longtemps et c’en est assez. L’eau est un élément indispensable dans le développement de Mayotte. Le groupe Vinci a mis en place un système qui lui permet de vendre le mètre cube d’eau à 4,20 euros, soit au double de son coût à La Réunion à 2,35 euros où la qualité est très nettement supérieure à ce qui est proposé à Mayotte et la production à 100%. Là-bas, il y a eu des condamnations et des consommateurs lésés ont été remboursés. Ici, le groupe augmente ses prix comme bon lui semble sans que personne ne trouve un mot à dire. Il s’agit pourtant d’une délégation de service public que le syndicat Les Eaux de Mayotte (ex-SMEAM) a consenti à la Sogéa, laquelle a créé la SMAE il y a peu, pour commercialiser cette denrée. Autrement dit, tout se passe dans l’opacité totale entre trois sociétés du même groupe. La SMAE et Vinci sont des brigands qui bénéficient de beaucoup de complicités, les élus regardent avec des yeux de chimère sans rien dire. L’État a investi 12,5 millions d’euros dans une usine de dessalement qui ne fonctionne pas, alors qu’elle devrait produire 5.000 m3 par jour. Cette usine, qui a coûté huit millions d’euros, n’arrive pas à produire 3.000 m3 par jour, au motif que des algues avaient embourbé les tuyaux de pompage de l’eau de mer. La SMAE a obtenu de l’État une rallonge de quatre millions d’euros et le système ne fonctionne pas mieux. Il y a pire, et les consommateurs doivent savoir, il n’y a jamais eu de réception de ces travaux. Un fait qui doit contraindre la SMAE à verser 4,5 millions d’euros de pénalité par an au syndicat.
F.I. : Alors que préconisez-vous pour mettre un terme aux dérives que vous dénoncez ?
« Guito » : Il faut savoir que ce dépassement de délai de réception des travaux doit se solder par un remboursement au syndicat Les Eaux de Mayotte des 3.000 m3 d’eau non produite. Afin d’éviter des souffrances inutiles à la population, ce système mafieux doit être démantelé. Ce qui est d’autant plus scandaleux dans cette affaire, c’est que le donneur d’ordre se fait payer ses frais de fonctionnement par son chargé de mission. Pour un m3 d’eau payé par le consommateur à 4,2 €, la SMAE se verse 2,02 euros contre 1,42 euros au syndicat des eaux. Alors que le groupe Vinci est incapable de produire les 50 % de quantité d’eau qui fait défaut à l’île, il réalise chaque année sur place un chiffre d’affaires net de deux millions d’euros, avec des marchés passés de gré à gré à ses filiales locales, sans consultation aucune, ce qui est hors la loi. Cette DSP aurait dû prendre fin en 2023, le préfet Jean-François Colombet l’a prorogé jusqu’en 2027. J’estime que tous les complices de ces forfaits doivent être entendus par la justice. En ma qualité de chef d’entreprise, je suis pénalisé sur mes chantiers par le manque d’eau et je m’interroge sur le fait que toutes mes plaintes à ce sujet n’ont pas été suivies des faits.
Dix Mahorais au cross national des sapeurs-pompiers

Dix athlètes ont été sélectionnés pour représenter le Service départemental d’incendie et de secours de Mayotte (Sdis 976) au cross national des sapeurs-pompiers de France le 25 mars prochain à Reims. Ce mardi, au siège du Sdis 976, situé au centre Kinga de Kawéni, chacun s’est vu remettre un ensemble d’équipements sportifs : sacs et maillots pour représenter dignement les couleurs locales. « Soyez fiers de ce que vous représentez, et ramenez-nous une coupe ! », s’est exclamé le colonel Olivier Neis, le directeur du Sdis 976, pour motiver les troupes. La délégation s’envolera pour l’Hexagone ce mercredi.
IEDOM : Une semaine dédiée à l’éducation financière du 20 mars au 26 mars
Pour la onzième édition de la Global Money Week organisée par l’OCDE, du lundi 20 mars au dimanche 26 mars sur le thème « Plan your money, plant your future », « Planifiez votre argent, semez votre avenir », l’IEDOM (Institut d’émission des départements d’outre-mer), la Banque de France et les partenaires de la stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière (EDUCFI) se mobilisent dans l’objectif de transmettre aux plus jeunes et aux populations les plus fragiles les bases nécessaires à la gestion d’un budget, des finances personnelles ou professionnelles. Établir un budget et essayer de le respecter, connaître et sécuriser ses moyens de paiement, mesurer le coût d’un crédit, choisir une assurance adaptée à ses besoins, épargner pour faire face à des imprévus et financer des projets, savoir vers qui se tourner en cas de difficultés financières, reconnaître et éviter les arnaques : autant de sujets essentiels à appréhender pour devenir des citoyens autonomes et des entrepreneurs avertis. À Mayotte, plusieurs actions de sensibilisation seront ainsi menées par l’IEDOM : Lundi 20 mars à la mission locale, antenne de Cavani, de 8h30 à 11h : atelier ludo-pédagogique avec des jeunes suivis par la mission locale sur la gestion d’un budget et l’utilisation des différents moyens de paiement ; Mercredi 22 mars à la MJC de Tsoundzou II, de 9h à 12h : atelier ludo-pédagogique sur l’analyse financière auprès de chefs d’entreprises en test à la Couveuse d’entreprises Oudjerebou ; Jeudi 23 mars 2022 au RSMA, à Combani, de 15h30 à 17h30, atelier ludo-pédagogique avec des jeunes en formation sur la gestion d’un budget et l’utilisation des différents moyens de paiement. Les partenaires de l’IEDOM, la mission locale de Mayotte, le RSMA, la couveuse Oudjerebou et l’institut invitent le public « à assister à ces actions lors desquelles nous serons à votre disposition pour répondre à vos questions portant sur le rôle et missions de l’IEDOM en matière d’éducation budgétaire, économique et financière ».
La Fondation Orange lance un appel à projets Maisons Digitales 2023
Depuis 2018, la Fondation Orange accompagne les Maisons Digitales à La Réunion et à Mayotte et a permis à 300 femmes de bénéficier de formations au numérique. Les résultats de cet appel à projets seront annoncés en juin 2023, après réunion d’un comité de sélection. Jusqu’au 31 mai à minuit (heure France hexagonale), les associations peuvent candidater en ligne. Toutes les informations sont disponibles sur www.fondationorange.com/fr/newsroom/actualites/2023/appel-projets-maisons-digitalesfrance-2023. Afin d’accompagner les associations désireuses de répondre à cet appel à projets, la Fondation Orange organise un webinaire le 5 avril 2023 de 16h à 17h (heure Réunion) pour présenter le programme, les modalités de candidature et répondre aux questions des participants. Vous pouvez désormais pour inscrire à la visio-conférence (lien ci-dessus) Depuis 2015, le programme « Maisons Digitales » répond au besoin de développement des compétences des femmes sans qualification, sans emploi, en reconversion professionnelle et/ou en situation précaire. Il s’appuie sur le potentiel du numérique pour favoriser leur insertion sociale et professionnelle. Les formations numériques dispensées dans les Maisons Digitales sont de longue durée (six mois à un an) et représentent un tournant vers l’indépendance économique des femmes. Elles peuvent s’initier ou se perfectionner à la bureautique et l’utilisation de logiciels, apprendre à rédiger un CV, une lettre de motivation, utiliser les services publics dématérialisés, ou encore suivre une formation en lien avec leur projet professionnel. Le programme est déployé dans 23 pays, à travers 415 Maisons Digitales, dont 8 à la Réunion et à Mayotte, où plus d’une centaine de femmes ont été formées.
Dans le cadre de cet engagement, la Fondation Orange lance un nouvel appel à projets « Maisons Digitales France 2023 », afin de renforcer les Maisons Digitales existantes et d’en créer de nouvelles. Les associations participantes pourront bénéficier d’un soutien financier pour compléter les équipements numériques, prendre en charge une partie des frais de transport des participantes, créer de nouvelles Maisons Digitales mobiles ou sur un site distant et développer des ressources pédagogiques spécifiques et utiles pour le réseau des Maisons Digitales.
Une étude sur le bien-être et la santé des jeunes de 10-12 ans
Le service études et statistiques de l’agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, en partenariat avec le Rectorat de Mayotte diffuser une publication intitulée « Santé des jeunes de 10-12 ans : Bien-être ».
L’enquête explore de nombreuses thématiques telles que les dépistages infirmiers : bucco-dentaire, staturo-pondérale, auditif, visuel ainsi que les habitudes alimentaires, les comportements addictifs, l’hygiène, le temps passé devant les écrans, la couverture vaccinale, les accidents de la vie courantes, le bien-être et l’accès aux soins. L’enquête est téléchargeable par ce lien : www.mayotte.ars.sante.fr/sante-des-jeunes-10-12-ans-bien-etre
Réforme des retraites : FSU Mayotte sollicite les députés mahorais
La Fédération syndicale unitaire (FSU) Mayotte demande aux députés mahorais, Estelle Youssouffa et Mansour Kamardine, de voter la motion de censure transpartisane déposée par le Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), le groupe politique de la première. Le texte, cosigné par la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale), pourrait mettre à mal le gouvernement d’Élisabeth Borne, qui vient de faire passer sa loi de réforme des retraites en utilisant l’article 49.3 de l’Assemblée nationale, ce jeudi 16 mars. Cette disposition, qui permet qu’une mesure soit retoquée par le vote des députés, provoque la fronde dans la rue et dans les rangs des parlementaires. Ceux du Rassemblement national étant prêts à ratifier la motion, le choix des Républicains dont fait partie Mansour Kamardine sera donc déterminant pour obtenir la majorité. Éric Ciotti, co-président du groupe LR, a déjà annoncé ne pas suivre la motion, mais des députés de son camp pourraient quand même le faire. « Sous prétexte de faire des économies nécessaires à la survie du système, le projet de loi sur la réforme des retraites prévoit un recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisation. De nombreux économistes dénoncent l’explication donnée par le gouvernement au sujet de la situation déficitaire des caisses de retraites : notre système de retraites n’est pas en danger. Même le Conseil d’Orientation des Retraites, dans son dernier rapport, affirme qu’il n’y a pas de déséquilibre à long terme et que le système n’est pas menacé. Une nouvelle réforme n’est donc pas financièrement nécessaire », estime le syndicat.
Il préconise plutôt de « s’attaquer à la fraude fiscale, taxer les superprofits, créer des emplois et augmenter ». « Le gouvernement oublie sciemment que plus de la moitié des salarié-es du privé sont déjà privé-es d’emploi, en maladie ou en invalidité avant 62 ans. Grâce à notre système de retraite basé sur des principes d’universalité (tout le monde est concerné) et de solidarité (entre les générations) l’ensemble de la population a pu voir augmenter son espérance de vie en bonne santé. C’est ce système de retraites, qui a fait ses preuves, que nous voulons préserver. Repousser cet âge de départ conduirait à l’augmentation de précarité des actifs et actives les plus âgé-es », poursuit l’organisation syndicale, qui évoque la situation de Mayotte, qui ne bénéficie pas du même régime de retraites. « S’agissant des travailleurs et des travailleuses du département qui relèvent de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte, devons-nous vous rappeler qu’il est question de convergence sociale (en 2031) et que de fait ces agents seront concernés par cette obligation, sachant que l’espérance de vie est inférieure dans l’île ? Les syndicats locaux et nationaux demandent de façon unanime le retrait du projet de loi portant réforme des retraites. »
STM : Fin de la validité des tickets papiers au 1er avril
Le Conseil départemental de Mayotte informe les usagers du Service des transports maritimes (STM) que les tickets papiers ne seront plus acceptés dans les gares maritimes du STM à compter du 1e avril 2023, date à laquelle le paiement par carte bancaire sera aussi disponible au quai Colas.
Il est ainsi demandé, depuis le 15 mars 2023, à tous détendeurs de titres de transport papiers de se rapprocher du STM afin de procéder à un échange contre des cartes magnétiques, selon les modalités définies par ledit service. « Cette démarche amorcée le 1er septembre 2022, par la possibilité de paiement des titres de transport par carte bancaire s’inscrit dans la volonté du Département de simplifier les procédures, de sécuriser et de faciliter le paiement, notamment pour les tickets véhicules afin de rendre les opérations d’embarquement plus fluides », note Ali Omar, le troisième vice-président, chargé de l’Administration générale, Transport et Transition écologique.
Emmanuel Macron « inquiet » pour Mayotte
L’Élysée a livré quelques échos de la conversation du président de la République française, Emmanuel Macron, et son homologue comorien, Azali Assoumani, ce samedi 18 mars. Selon l’Élysée, le représentant de l’État français a fait part de « son inquiétude s’agissant de la situation sociale et sécuritaire à Mayotte ». Ils ont « convenu de poursuivre la coopération en matière de lutte contre l’immigration illégale, à la fois en matière de reconduite et de prévention des départs ».
Cet entretien a lieu un mois avant une grande manœuvre de décasage appelée « Opération Wuambushu ». Consistant à détruire un millier de cases en tôle, selon Le Canard enchaîné, celle-ci devrait s’accompagner de nombreuses interpellations de clandestins. La coopération avec les Comores est donc essentielle pour l’État français dans le cadre de reconduites à la frontière. Si aux Comores, il y a peu de réactions, hormis celles d’opposants politiques, l’arrivée du président comorien à la tête de l’Union africaine ne serait pas étrangère à ce silence. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs « félicité » pour cela. « Les deux présidents ont insisté sur leur volonté commune de poursuivre la mise en œuvre de l’agenda issu du sommet Europe-Afrique de février 2022 », a fait savoir la présidence française.
Le BC M’tsapéré élimine une Étoile bleue qui a brillé trop tard

La tension était palpable et les fautes multiples, ce samedi après-midi, au cours de la victoire de M’tsapéré contre Kawéni (69-70), en match retour des demi-finales de play-offs du championnat. Les deux équipes ont proposé un bien meilleur basket au quatrième quart-temps, mais l’écart du match aller (19 points) était trop compliqué à rattraper pour les locaux. A Labattoir, le match retour a été reporté à mardi.
Réaction de Naouirou « Papana » Issoufali, coach du BC M’tsapéré : « On gagne ici, c’est ce que j’avais demandé aux joueurs. Il ne fallait pas se reposer sur les 19 points d’avance du match aller. C’est de très bon augure pour la suite. On a maintenant tous le mois de ramadan pour se préparer pour la finale (N.D.L.R. contre le Vautour club de Labattoir ou les Rapides Éclairs de Pamandzi). On va soigner un peu les bobos pendant cette mini-trêve. Donc voilà, je suis très heureux. Je pense que l’expérience a joué, le BCM est à ce niveau depuis plusieurs années. Kawéni ne nous a jamais sorti en play-offs. J’étais très confiant. Quelque soit l’adversaire en finales, le championnat est très difficile à gagner à Mayotte. Mais on va se préparer pour. »
Ibrahim « Ibou » Abdallah, coach de l’EB Kawéni : « On en avait discuté. On voulait mettre l’intensité qu’on a mis au quatrième quart-temps depuis le début. Mais on n’arrivait pas à mettre le feu. On a eu quelques séquences et on revenait ensuite à un rythme normal. C’était difficile, on avait travaillé pour remonter les 19 points chez nous. L’adresse à 3-points nous a manqué aujourd’hui. Il y avait des tirs ouverts, mais la réussite n’était pas là. Si on en avait eu plus, la flamme aurait pu nous pousser à remonter l’écart. On va continuer à travailler, il nous reste la coupe de Mayotte à jouer. On va rester compétitifs. »
Reportée à cause de la pluie, l’autre demi-finale retour entre le Vautour club de Labattoir et les Rapides éclairs de Pamandzi se jouera ce mardi. En féminines, c’est un remake de la finale l’an passé qui est déjà programmé le 23 avril, soit après le ramadan. Le Fuz’ellips de Cavani recevra le Basket club de M’tsapéré, à 15h30.
L’Étoile bleue de #Kaweni s’incline (69-70) en demi-finale retour des play-offs du championnat de #basket. Le Basket club de #Mtsapere affrontera en finale le Vautour Club de #Labattoir ou les Rapides éclairs de #Pamandzi (le match retour a été reporté). ? #Mayotte #sport pic.twitter.com/fQS7CI8kAu
— Mayotte Hebdo (@MayotteHebdo) March 18, 2023
Le délégué Christophe Masson face aux patrons mahorais

A l’initiative du Medef (Mouvement des entreprises de France), un temps d’échanges a été organisé avec Christophe Masson, le délégué à la piste longue, jeudi après-midi. Les chefs d’entreprise étaient curieux de connaître les tenants et aboutissants du projet, et surtout le lieu où les travaux commenceront en 2026. Alors Pamandzi ou Bouyouni/M’tsangamouji ?
« Je me souviens d’un président de la République qui avait dit : « les études, c’est terminé ! » », taquine Carla Baltus, la présidente du Medef 976. « Il l’a surtout dit pour les études qui déterminaient si le projet se ferait ou non », rétorque quelques minutes plus tard, un Christophe Masson avec le sourire aux lèvres. L’échange cordial va durer près de deux heures. Ce jeudi après-midi, l’organisation patronale a sollicité le « Monsieur piste longue » pour faire le point sur ce dossier vieux de plus de quarante ans. « C’est une arlésienne », note Théophane « Guito » Narayanin, le patron d’IBS et présent pour la première fois à ce type de rencontres organisées par le Medef local.
Fidèle à sa ligne de conduite, le cadre de la direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a rappelé l’historique du projet, son actualité récente et a accepté de répondre aux questions. Il a insisté sur le fait que la construction de la piste et le calendrier ne changeront pas. La piste longue se fera bel et bien, tandis que les travaux commenceront en 2026. Pourtant, les chefs d’entreprise s’interrogent encore sur son utilité avec les progrès technologiques. « On a rencontré les compagnies aériennes, pas forcément que celles présentes ici, les fabricants d’avions pour connaître les évolutions. Et on est arrivé à la conclusion que la longueur de piste idéale ne changera pas dans le futur. Il faut 2.510 mètres minimum (N.D.L.R. l’actuelle fait 1.930 mètres) », prévient le délégué.
« A vous entendre, on a l’impression que c’est M’tsangamouji »
Évidemment, le choix du lieu, Pamandzi ou Bouyouni/M’tsangamouji, en a fait réagir plus d’un. Le délégué n’a pas fait mystère des difficultés que pose l’aéroport de Pamandzi. Le chantier, évalué entre 550 et 700 millions d’euros dorénavant, serait titanesque. L’acheminement des matériaux, l’incidence sur la piste actuelle, l’affaissement de Petite-Terre due à la proximité du volcan Fani Maore, la présence des tortues, l’érosion sont autant d’obstacles qu’il faudra surmonter si Pamandzi est retenu. « Il faudrait une route parallèle à la Nationale. A la colline du four à chaux, l’acheminement des matériaux signifie un camion toutes les trente secondes », précise le délégué. « Guito » a, lui, déjà choisi son camp. « Tout ce qui concerne la construction en milieu sous-marin, c’est toujours la catastrophe », prévient-il, citant l’exemple de la nouvelle route du littoral à La Réunion, un projet qu’il a vu de près en tant qu’élu de la Chambre de commerce et d’industrie de l’île Bourbon. Ce tronçon, pas encore terminé, va coûter plus de deux milliards d’euros. « Je vous invite à garder les pieds sur terre », poursuit-il, en donnant un sens plus littéral à l’expression.
Dans le nord de l’île, le projet « sur terre » justement, a suscité l’intérêt des chefs d’entreprise. Et pour certains installés en Grande-Terre, le lieu situé sur l’actuelle route Bouyouni/M’tsangamouji est une aubaine. Christophe Masson, sans toutefois vouloir chiffrer cette alternative, « ce sera peut-être moins que Petite-Terre, peut-être plus », en a listé les avantages. Le fait de ne plus dépendre de la mer, « un volume de terrassement faisable », un aspect environnement moins contraignant et la possibilité de travaux plus rapides sont autant d’arguments appréciés. « Il faut sept ans au maximum pour ce site, sept minimums pour Pamandzi », compare-t-il. Un membre du Medef l’interpelle alors : « A vous entendre, on a l’impression que c’est déjà M’tsangamouji ». Le délégué sourit, mais rappelle qu’une étude attendue en fin d’année doit permettre de confirmer si le site peut être retenu ou non. « Il y a surtout l’aspect géologique à vérifier. Il ne faut pas de glissement de terrains », tempère-t-il, devant un patronat qui a sa tête déjà tournée vers le nord.
Car même sur le développement économique, chose qui intéresse forcément ses interlocuteurs du jour, « il n’y a pas de comparaison possible », concède le « Monsieur piste longue ». Le cœur économique situé au nord de Mamoudzou et sur la commune de Koungou, notamment avec le port de Longoni, semble déjà battre pour le site alternatif.
Et Petite-Terre dans tout ça ?
Carla Baltus a demandé au délégué à la piste longue s’il avait rencontré les élus attachés au site de Pamandzi. En effet, les quatre conseillers départementaux de Petite-Terre et le maire de Dzaoudzi-Labattoir, Saïd Omar Oili, ont écrit au ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, pour défendre leur île. Le maire de Pamandzi, Madi Madi Souf, ne s’est pas joint à l’initiative. « Le site alternatif est généralement bien accueilli en Grande-Terre. C’est plus partagé en Petite-Terre, mais ce n’est pas aussi unanime qu’on pourrait le croire », révèle Christophe Masson, en s’appuyant sur un questionnaire rempli par les habitants. La possibilité que des avions toujours plus gros volent au-dessus des habitations et les temps d’attente aux barges quand une partie des 400.000 passagers aériens se joignent aux flux ne sont sans doute pas étrangers à ce ressenti.
Vie chère en outre-mer : « si rien n’est fait de radical, ce problème va subsister »

La commission d’enquête relative au coût de la vie dans les collectivités territoriales d’outre-mer, nouvellement installée, et dont la députée Estelle Youssouffa est vice-présidente, s’est réunie ce jeudi 16 mars. Deux experts ont été auditionnés, pour poser les bases de cinq mois de travaux qui devront aboutir à la publication d’un rapport d’enquête.
Étudier les mécanismes et causes de la vie chère en outre-mer, et établir un diagnostic complet pour faire émerger des solutions afin de faire baisser les prix dans les territoires ultramarins. Tels sont les deux grands objectifs de la commission d’enquête relative au coût de la vie dans les collectivités territoriales d’outre-mer, créée en février dernier et dont nos deux députés – Mansour Kamardine et Estelle Youssouffa – font partie, la dernière en tant que vice-présidente. Une première réunion s’est tenue ce jeudi 16 mars, au cours de laquelle ont été auditionnées deux experts en la matière : Michaël Goujon – maître de conférences en économie et directeur adjoint du Centre d’études et de recherches sur le développement international (CERDI) de l’Université Clermont Auvergne – et Françoise Rivière – docteur en sciences économiques et responsable de la cellule Économie et Stratégie, au département Afrique de l’Agence française de développement (AFD).
« Les inégalités sont des freins au développement »
Le professeur Michael Goujon a essuyé les plâtres de la commission. Son travail repose notamment sur le calcul et l’étude d’indicateurs classiques des Nations Unies – tels que l’indice de développement humain (IDH) – appliqués aux territoires non-membres non couverts initialement par leurs travaux onusiens, dont les collectivités d’outre-mer. « Les inégalités génèrent des inefficacités économiques, et sont donc des freins au développement », résume-t-il. « Lorsqu’une partie de la population est maintenue dans une situation de pauvreté, l’on se prive d’un potentiel d’entreprenariat », explique-t-il à titre d’exemple. Son expertise macro-économique n’a pu satisfaire toutes les questions des députés présents, parfois extrêmement pointues et spécifiques à leurs territoires respectifs. « Nous n’avons pas le désir de vous mettre en difficulté, mais nous attendons beaucoup de ces auditions ! », admet Elie Califer, député de la quatrième circonscription de Guadeloupe. « Quels sont les secteurs à fort potentiel d’exportation ? » ; « La rente monopolistique ou oligopolistique en outre-mer est-elle mesurée ? » ; « Y a-t-il des normes qui n’ont pas lieu d’être dans nos territoires ? » ; « Le levier de l’innovation est-il à privilégier ? » Dans la salle, tous sont avides d’un éclairage technique, et de pistes pour lutter contre le problème de la cherté de la vie en outre-mer. « Dans les conditions actuelles, et si rien n’est fait de radical, ce problème va subsister et s’amplifier dans les décennies à venir. Vous devrez donc, dans vos recommandations, anticiper et réfléchir à traiter les défis futurs. Ce sont les problématiques d’inégalités et de changement climatique qui sont à prendre en compte, inévitablement », analyse le professeur en guise de conclusion.
« Des créneaux de niche »
Les échanges avec Françoise Rivière ont permis de s’intéresser aux questions du mal-développement, des effets délétères de la crise du Covid-19 et du conflit russo-ukrainien sur le pouvoir d’achat, ou encore de la coopération régionale – à la lumière des travaux universitaires que l’économiste a pu réaliser sur les économies de l’océan Indien, notamment. « Au-delà de la vie chère, se pose la question des revenus. La question est : comment créer de l’activité ? », interroge Françoise Rivière. « En répondant aux nouveaux besoins intérieurs – tels que le vieillissement de la population observé ou prévu dans la plupart des Dom – et en s’adressant aux économies extérieures sur des créneaux de niche », préconise-t-elle. « Pendant longtemps, on a cru que le Graal, c’était la coopération régionale. Force est de constater que c’est plus compliqué que cela », argue l’économiste. « Qu’échanger quand on produit un certain nombre de choses similaires ? Il faut trouver des complémentarités », plaide-t-elle.
Les deux experts ont été invités à compléter leurs interventions par des réponses écrites aux questions soumises par les différents députés. Une prochaine réunion de la commission est prévue ce vendredi 24 mars. Leurs travaux doivent déboucher sur la publication d’un rapport d’enquête avant le 8 août prochain.
Utiliser le bambou dans la construction, ils y croient !
L’association Likoli Dago organisait les Journées de rencontres sur le bambou et ses usages possibles, les vendredi 17 et samedi 18 mars. L’occasion de valoriser ce matériau respectueux de l’environnement.

« Mon grand-père m’a appris le tressage du bambou. Mais à ce moment-là, je pensais qu’artisan n’était pas un bon métier. Il y a pleins de choses que je n’ai pas appris, que je ne lui ai pas demandées. Et aujourd’hui, je regrette. » A 19 ans, Mohamed Mdere perpétue finalement l’héritage familial. Il y a encore quelques mois, le jeune homme fabriquait tout seul, dans son coin, des lampes, des abats-jour, des maquettes en bambou et même des cadres de vélo. Entre-temps, l’artisan s’est fait son petit réseau dans le milieu du bambou. A tel point qu’il manque désormais de temps pour créer. « Je fabrique à la main, je fais tout au chombo, je n’ai pas de machine, alors ça prend du temps », précise le jeune créateur qui souhaite réaliser notamment une lampe en forme de verre à pied ou bien une maison miniature en forme de hibou. Mohamed Mdere fait partie des intervenants qui présentaient leurs créations au Pôle d’excellence rural de Coconi à l’occasion d’une matinée de conférences réservées à la présentation de projets mahorais et internationaux. L’objectif : comprendre les emplois et les usages du bambou. Vendredi 17 et samedi 18 mars, l’association Likoli Dago, qui a vocation à « former et sensibiliser aux enjeux d’une construction plus durable pour Mayotte », organisait en effet les Journées de rencontres sur le bambou et ses usages possibles.
« Une ressource intéressante »
Deux journées de conférences et d’ateliers qui s’inscrivaient dans le cadre du projet Soma. « Un programme d’échanges de savoir-faire à Mayotte, grâce aux financements d’Action logement, qui vise à répondre à la transformation de quartiers précaires », précise Adélaïde Papay, animatrice de l’événement et membre de l’association Likoli Dago. Au sein de ce programme, l’une des thématiques abordées est donc la construction responsable. « L’idée est d’utiliser des matériaux plus respectueux de l’environnement. On part du constat qu’à Mayotte, on a du bambou et qu’il s’agit donc d’une ressource intéressante », poursuit l’animatrice de l’événement.
Pendant deux jours, l’association a donc présenté les pratiques ancestrales du bambou et les manières dont il est utilisé ailleurs. « On se rend compte qu’il est notamment très utilisé dans le luxe, que ça peut être un matériau noble, alors qu’à Mayotte, il est souvent assimilé à un retour en arrière », indique Adélaïde Papay. Jean-Luc Kouyoumji, chercheur au centre technologique FBCA et expert international du bambou, a notamment animé une conférence sur la valorisation du patrimoine local grâce à ce matériau. L’occasion de rappeler également les connaissances accumulées autour de cette ressource mais aussi le cadre dans lequel elle peut permettre de développer l’économie locale.
Et au-delà de ces avantages, le bambou peut également limiter le phénomène d’érosion. « Il retient notamment les sols grâce à ses racines et permet également de filtrer l’eau et d’absorber certaines toxines », indique l’animatrice de l’événement, qui a également organisé ateliers de fabrication en bambou pour initier les habitants aux savoir-faire artisanaux.
« Être parents à Mayotte est dix fois plus difficile qu’en métropole ! »

Dans le cadre du rapport d’information sur la parentalité dans les Outre-mer, la délégation sénatoriale aux Outre-mer et celle aux droits des femmes ont organisé une table-ronde dédiée à la situation à Mayotte, ce jeudi. A cette occasion, différents acteurs impliqués dans le soutien aux familles ont pris la parole pour livrer leur analyse des spécificités de la situation mahoraise.
Si certains constats sur la parentalité sont communs aux différents territoires d’Outre-mer, chacun présente ces spécificités. Ce jeudi matin, les deux délégations se sont intéressées à la situation « très particulière de Mayotte, qui est à la fois le plus jeune et le plus pauvre des départements français », souligne en ouverture Victoire Jasmin, rapporteur sur ce dossier.
Le rapport à la parentalité à Mayotte est, depuis ces dernières années, impactée par l’évolution démographique que connait le département. Pour le président de l’association Espoir et réussite, Mohamed Tony, « plus de 34 % d’immigrés sont des femmes de 15 à 34 ans ». Il ajoute qu’il s’agit de femmes « qui entrent sur le marché matrimonial et qui sont en âge de procréer ». Un deuxième point à prendre en compte dans cette thématique de la parentalité, c’est qu’aujourd’hui les modes de vie changent et l’île « se calque au modèle de vie européenne » selon le président de l’association.
« Savoir jongler entre deux systèmes éducatifs »
« Être parents à Mayotte est dix fois plus difficile qu’en métropole ! », lance Mohamed Tony. D’après lui, les parents mahorais subissent les conséquences d’un territoire peu développé dans plusieurs domaines notamment économiques avec un taux de chômage élevé, un nombre de naissances grandissant ou encore un taux d’illettrisme important. En effet, à Mayotte, 58 % des habitants en âge de travailler ne maîtrisent pas les compétences de base à l’écrit en langue française. Un avis partagé par Zaïnaba Ahmed Haroussi, directrice territoriale des Ceméa (Centres d’entrainement aux méthodes d’éducation active) de Mayotte, qui ajoute que « l’alphabétisation contribue de façon indéniable à l’autonomisation et au développement socio-culturel, qui permet d’améliorer conditions de vie et de travail ».
L’une des évolutions majeures dans la parentalité à Mayotte aujourd’hui, c’est de « savoir jongler entre deux systèmes éducatifs, entre le système traditionnel et le système dit républicain », explique Ambouharia Abdou, administratrice à l’Udaf (Union départemental des associations familiales) de Mayotte. En adéquation à cette affirmation, l’accompagnement des parents est l’une des réponses proposées comme solution. « Il y a un besoin de responsabiliser les parents face à cette éducation, car il y en a beaucoup qui se retrouvent démunis face à cette évolution », affirme Enrafati Djihadi, directrice de l’Udaf. En complément, Moissoukari Madi, responsable du secteur action sociale à la CSSM (Caisse de sécurité sociale de Mayotte), est intervenue sur l’importance d’un accompagnement à « la professionnalisation des différents partenaires », qui pour le moment engendre « un gros turn-over » et « empêche nos structures d’êtres pérennes pour réalisation l’accompagnement envers les familles ». L’enjeu majeur étant de réussir à coordonner les acteurs intervenant sur le champ de la parentalité.
Aligner les prestations sociales ?
En métropole ou dans les autres territoires ultramarins, des dispositifs administratifs de soutien à la parentalité et de modes de gardes existent. A Mayotte, tous ne sont pas déployés, notamment les crèches – avec un taux de couverture aux alentours de 4%, les périscolaires ou à l’inverse, une forte présence de l’école en rotation. « Le manque de ces dispositifs peut causer des difficultés », note Rémy Posteau, directeur des prestations familiales à la CSSM. En outre, la question sur l’alignement des prestations sociales entre Mayotte et l’Hexagone est abordée. Pour Philippe Féry, nouveau directeur de la CSSM, Mayotte est un territoire « en développement, en rattrapage ». La mise en place de l’alignement sur les droits sociaux, ne créera pas « d’appel d’air » selon Enrafati Djihadi. Car selon elle, « nous savons qu’il y a des conditions d’éligibilité, mais cela aidera beaucoup de familles tout de même ».
Au moment de son intervention, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a tenu à rappeler l’importance « de répondre à tout le questionnaire en donnant le plus de précisions possibles ». En effet, un formulaire a été fourni à chaque intervenant dans le but de rendre ce rapport le plus complet possible. « On a compris qu’il y avait urgence et vos témoignages sont importants », confie Annick Billon, présidente de la délégation aux droits des femmes, en clôture de l’audition.
Comores : Les agents de l’aéroport de Moroni sont en grève depuis vendredi

Les employés des aéroports des Comores (ADC) décrient les méthodes de gestion de leur directeur général, nommé au mois de mai dernier et réclament son départ. Depuis ce samedi 18 mars, trois des leaders du mouvement ont été placés en détention provisoire. Le ministère des Transports n’a toujours pas réagi.
Rien ne va plus entre le personnel et la direction des aéroports des Comores (ADC). Signe de ce malaise, les employés ont déclenché un mouvement de grève depuis vendredi dernier. C’est aux environs de 9h du matin, que les médias présents sur les réseaux sociaux ont commencé à publier les premières images des grévistes, rassemblés devant le siège, ce 17 mars. Les agents ne réclament qu’une seule chose : le départ du directeur général, Maamoune Chakira. Nommé à la tête de la société depuis mai 2022, ce dernier est régulièrement en désaccord avec ses employés qui ne digèrent pas les méthodes de gouvernance du nouveau maître des lieux. Déterminé à redresser l’entreprise publique plombée par un effectif pléthorique d’après lui, ce technicien en aviation civile s’attire parfois les foudres d’une partie de ses agents, aujourd’hui vent debout contre lui. Ces derniers, l’accusent de diriger les ADC tel un « dictateur » allant jusqu’à lui donner le sobriquet de « Vladimir Poutine », le président russe. La goutte d’eau qui a fait déborder la vase est la suspension il y a moins d’une semaine du président des délégués du personnel à en croire les grévistes qui se disent prêts à battre le pavé tant que le directeur sera maintenu. « Nous sommes là pour dénoncer le traitement réservé aux employés de l’aéroport. Entre suspensions et licenciements abusifs, le personnel en a le ras-le-bol. Notre directeur n’est pas un gestionnaire. Il ne se préoccupe pas des conditions de de vie des agents oubliant qu’il n’y aurait pas d’ADC sans personnel », déplorait un des contestataires, devant les caméras des médias présents, vendredi, pour couvrir la grève.
Suspensions en cascade
Selon ce dernier, malgré ce climat morose, le patron des aéroports refuserait toute discussion avec les représentants du personnel. Pourtant à son arrivée, il a milité pour la mise en place de toutes les structures de défense des droits des agents. Le mouvement qui devait durer seulement 48 heures dans un premier temps, se poursuivra jusqu’à ce lundi. La liste des griefs reprochés au directeur des ADC est longue. Mais ce sont surtout, les suspensions en cascade qui ont exacerbé les tensions. « Maamoune Chakira, depuis sa nomination, a fait de l’agent son pire ennemi. Chez lui, tout est motif de sanctions, d’humiliations et de brimades. A l’aéroport de Moroni prince Saïd Ibrahim, la maltraitance est érigée en démarche de gestion. Et le salarié, s’il ne subit pas de licenciement, a le choix entre jeter l’éponge et partir ou la fermer et continuer de trimer comme un esclave priant pour un lendemain meilleur », ont dénoncé les employés dans un communiqué au vitriol, publié vendredi, soir. Le secrétaire général du délégué du personnel a révélé que même le bus qui transportait les agents est tombé en panne depuis maintenant deux mois. Le directeur général aurait aussi fait fermer la cantine. L’autre doléance, non pas des moindres, concerne les salaires toujours amputés de 30%, jusqu’à ce jour. Alors que dans la plupart des sociétés d’État contraintes pendant la pandémie de baisser les salaires, tous les employés touchent l’intégralité de leurs rémunérations. Conjuguées, toutes ces revendications sont à l’origine de la grève déclenchée vendredi. Pendant qu’ils réclamaient leurs droits, les frondeurs s’étaient en revanche engagés à ne pas perturber les activités de l’aéroport. Malgré la tenue de cette promesse, plus de sept employés ont passé la journée du samedi entre la gendarmerie nationale et le tribunal de Moroni.
Mandat de dépôt
Trois des principaux pionniers du mouvement ont été placés en mandat de dépôt, à la prison de Moroni. Les charges retenues contre eux sont les suivantes : atteinte au libre exercice du travail, violence et voie de fait, menace verbale et séquestration. Une convocation qui interpelle puisqu’aucun acte de vandalisme n’avait été signalé. Le directeur avait seulement été empêché d’accéder à son bureau, ce samedi. Mais, grâce à l’aide des gendarmes, il y est parvenu. En tout cas, ces emprisonnements n’entameront en aucun moment la fronde, assurent les agents venus au palais de justice témoigner de leur solidarité aux collègues inculpés. « Le combat ne fait que commencer et nous continuerons la grève », a promis Omar Ousseine, qui a rappelé qu’il revient au gouvernement de faire un choix entre Maamoune Chakira et les employés. Nommé pour remplacer Yasser Ali Assoumani, condamné dans une affaire de trafic d’or, ce technicien reconnu dans le domaine de l’aviation civile a fait du redressement de l’aéroport son cheval de bataille. Dans les rares entretiens accordés à la presse locale, ce diplômé de l’école nationale de l’aviation civile de Toulouse ne cache pas ses ambitions de procéder à des dégraissages via des licenciements économiques. Une note en date du 15 décembre 2022, rendue publique en début d’année, dévoilait les contours de son plan dont la principale étape est le détachement de 300 agents qui seront mis à la disposition de la fonction publique. L’objectif visé est d’atteindre un effectif global de 400 agents d’ici 2026. Actuellement, la société compte près de 780 employés avec une masse salariale annuelle s’élevant à 1.154 milliards de francs comoriens (3.130.000 euros). Maamoune Chakira dit vouloir également instaurer de la discipline. Toutefois ses suspensions suscitent des grincements de dents.
Pas plus tard que le 4 février, le tribunal du travail a exigé la réintégration de 21 agents licenciés abusivement. Une décision que la direction des ADC n’a toujours pas exécutée. Jusqu’à dimanche, le ministère des Transports n’avait toujours pas réagi.