Des cinq condamnés en mai 2022, trois ont choisi de faire appel et sont jugés, jusqu’au vendredi 14 avril, par la cour d’assises d’appel des mineurs. Agés de 16 et 17 ans à l’époque, ils doivent répondre de faits de vols et de viols avec arme et en réunion datant des mois d’avril et juillet 2016, dans le quartier des Hauts-Vallons, à Mamoudzou.
Quand le terre-plein des Hauts-Vallons n’était pas encore le grand bâtiment de Mayotte la 1ère, le lieu était la cible en 2016 d’une bande particulièrement violente. « A cette époque, vous saviez qu’une bande sévissait », demande justement Cyril Ozoux, le président de la cour d’assises, ce mardi 11 avril. « Oui, bien sûr. On entendait souvent parler d’agressions », répond le premier témoin de ce procès d’assises qui doit durer quatre jours au total. L’homme grand et solidement bâti fait partie des victimes de la meute qui lui est tombé dessus un soir, alors qu’il discutait avec son amie à l’extérieur du véhicule. « Une dizaine d’individus cagoulés et armés nous ont entouré. Ils m’ont demandé de passer à l’arrière », se souvient-il. Profitant d’un moment d’inattention, il est parvenu à s’enfuir. Tous n’ont pas eu cette chance. Dans plusieurs cas, sur les trois soirs visés par la prévention, les 19 et 24 avril, ainsi que le 7 juillet, des viols ont été commis. Avec, comme le décrit le témoin, un mode opératoire similaire. A quelques exceptions près, le même groupe profitait de l’obscurité pour s’en prendre aux automobilistes ou scootéristes sur ce lieu isolé. Certains portaient des masques, des cagoules, voire un bonnet de père Noël. Agés de 16 et 17 ans, ils opéraient à la lueur de torches armés de pierres, de machettes, de bâtons et de couteaux. Et s’ils dérobaient souvent ce qu’il y a dans les véhicules, ils n’hésitaient pas à s’attaquer sexuellement à leur victime. Le 19 avril par exemple, c’est une prostituée qui sous la contrainte a dû avoir des relations sexuelles avec plusieurs d’entre eux. D’autres fois, des jeunes femmes de 16 et 17 ans étaient mises à l’écart pour subir le même rituel. C’est d’ailleurs le sperme retrouvé sur les victimes qui a permis de confondre au fur et à mesure les auteurs habitant à Kawéni ou Majicavo. Les témoignages des uns et des autres ont permis à cinq accusés d’être condamnés par la cour d’assises, le 25 mai 2022.
La minorité écartée en première instance
Ainsi, les trois hommes de 23 et 24 ans, sur le banc des accusés ce mardi, sont en détention depuis. Le plus jeune a écopé de douze ans de prison, les deux autres, respectivement à huit et quatorze ans. Natifs de Mamoudzou ou Koungou, ils ont fait appel et espèrent diminuer leurs peines, ce vendredi, au dernier jour du procès. Le premier, 23 ans aujourd’hui et natif de Koungou, doit répondre des faits de vol et viol pour les trois soirs. Le deuxième, âge de 24 ans et de Mamoudzou, fait face aux mêmes accusations, mais pour les 24 avril et 7 juillet. Enfin, celui qui a eu la peine la plus lourde a été désigné comme un leader du groupe par les co-accusés. Présent les trois soirs, le jeune homme de 24 ans est accusé aussi de vols et viols, sauf pour le 24 avril, où c’est la complicité de viol qui a été retenue.
Comme lors du procès de 2022, la question de la minorité va être remise sur la table. En première instance, celle-ci n’avait pas été retenue. Si c’est à nouveau le cas, les trois risquent une peine maximale de vingt ans, ce vendredi.
Suite de notre longue interview de Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental, ce mercredi 12 avril. Cette fois-ci, il aborde les questions liées au transport, un sujet majeur sur l’île. Objet de nombreuses critiques, il plaide pour la réorganisation du STM (service des transports maritimes).
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Flash Infos : Comment voyez-vous la réorganisation du STM (service des transports maritimes) ? Quid des projets de cale sèche, de l’entretien des navires et les autorisations ?
Ben Issa Ousseni : Merci d’avoir posé cette question. Depuis notre arrivée à la tête du conseil départemental de Mayotte, nous avons décidé de revoir le fonctionnement global de la structure STM. Les barges Polé et Karihani étaient parties en carénage et nous sont revenues en bon état. Nous espérons pouvoir les remettre très prochainement dans les circuits avec les agréments des autorités compétentes. Il nous faut reconnaître que cette étape peut être très longue, certaines barges datent, même si de temps en temps, nous les utilisons pour un dépannage. Nous sommes en train de réorganiser tout le STM, de réimaginer le modèle de transport maritime à Mayotte, peut-être en changeant complètementle statut actuel de cette structure qui est un service, une régie, pour passer directement à une direction de la collectivité départementale, ou même créer une entreprise publique locale dédiée à la gestion de tous les problèmes de mobilité à Mayotte. Pour le moment, on est plutôt sur la trajectoire d’une création d’une entreprise publique locale qui se chargerait de tous les problèmes de mobilité à Mayotte et non pas uniquement la liaison entre Petite-Terre et Grande-Terre. Cela pourrait concerner notamment les nouvelles lignes maritimes que nous souhaitons créer pour desservir l’ensemble de l’île. Elle pourrait également intégrer les problèmes de transport aérien, de transport par câbles et donc l’ensemble des problématiques liées aux transports. Les derniers échanges que nous avons eus à Paris avec les ministères concernés nous laissent passer que l’État abonde dans ce sens. Les changements au sein du STM se feront progressivement. Nous avançons sur le système de la billetterie qui passe du papier à la carte électronique dès ce mois d’avril. Enfin, nous préparons le chantier de réparation des quais Issoufali et Ballou en coordination avec les services de l’Etat pour le second semestre. Vous le voyez, nous avons pris ce dossier à bras-le-corps, et je veux au passage saluer les agents du STM qui assurent un service indispensable de continuité territoriale sans véritable équivalent.
F.I. : Il est beaucoup question de trafic de tickets de transports dans les barges, qui sont réutilisés jusqu’à trois fois parfois. Comment envisagez-vous de mettre un terme à cela ?
B.I.O. : Cette affaire fait l’objet d’une double enquête en ce moment, l’une administrative menée en interne par nos services, une autre au pénale puisque ces faits ont été dénoncé publiquement par l’ancien directeur technique du STM. Avec la fin des tickets papiers, nous allons bientôt installer une barrière et obliger l’usager à scanner lui-même sa carte avant de passer dans un sas qui lui permettra d’accéder à la salle d’attente. Tous ces changements vont intervenir dans une échéance de six mois, ce qui nous amène vers septembre 2023. Cette restructuration du STM est très compliquée parce que nous sommes confrontés à la difficulté de convaincre les agents de la nécessité du changement. J’ai bon espoir que l’organisme réussira à se mettre en place dans les délais impartis. Vous savez j’y crois fortement à cette réorganisation et à ses retombées positives au point que j’ai fait inscrire six millions d’euros de recettes cette année.
F.I. : Vous avez évoqué publiquement la possibilité d’une gratuité de la barge pour les piétons, est-ce toujours d’actualité ou est-ce une promesse politique qui n’aura pas d’effets ?
B.I.O. : Je m’inscris toujours dans cette logique de gratuité pour les piétons, comme je l’ai toujours dit, ce n’est pas sur ce point que le département fera de vraies économies. Ce que je voudrais à travers cette mesure, c’est que le jeune Mahorais ne soit pas freiné dans sa recherche d’emploi, selon qu’il soit d’un côté ou de l’autre de notre archipel. S’il estime avoir des chances d’embauche dans le sud alors qu’il vient de Labattoir qu’il puisse s’y rendre sans difficulté, de même qu’un jeune de Kani-Kéli qui veut aller à Pamandzi pour trouver du travail. Lorsque j’étais jeune en métropole, la région Picardie nous facilitait la mobilité pour aller rechercher un emploi. J’ai bénéficié de beaucoup de facilités pour faire mes recherches d’emploi et de formation. C’est ce modèle dont j’ai pu profiter que je souhaite voir s’instaurer à Mayotte dès que possible au profit des Mahoraises et des Mahorais. Je rappelle ici que plusieurs délibérations ont été prises par l’assemblée départementale autorisant les étudiants à prendre gratuitement la barge, et c’est la même chose pour les toutes les associations, y compris sportives ou culturelles devant se rendre en compétition ou représentation en Petite-Terre comme en Grande-Terre. Cependant, il est important de retenir que le Département ne pourra pas autoriser la gratuité des barges pour les piétons sans l’aval des deux maires de Petite-Terre, du préfet et du commandant de la gendarmerie. J’ai déjà eu plusieurs réunions de travail et des échanges avec les maires en question et la gendarmerie. Pour le moment, je suis confronté à une absence de consensus sur le sujet, certains estimant que cette gratuité de la traversée par barge est de nature à favoriser l’exportation et l’accentuation de la délinquance en Petite-Terre. Mais nous poursuivons nos échanges et dès que j’obtiendrai le consensus souhaité, le Département autorisera cette mesure.
B.I.O. : Le coût du transport scolaire est exorbitant. Notre priorité en 2023, c’est d’assurer la continuité du service pour éviter de se trouver dans la contrainte de laisser les enfants à la maison. Oui, nous avons enclenché un travail avec les intercommunalités parce qu’elles perçoivent une cotisation patronale sur la mobilité depuis trois ans, notamment la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou), qui perçoit à elle seule environ un 1% de cet impôt. L’objectif visé est que ces institutions assument leur compétence sur le transport scolaire le plus rapidement possible. Certaines de ces entités ont déjà délibéré en faveur de la récupération de leurs compétences en la matière. Outre la Cadema, c’est aussi le cas de la Petite-Terre et de la communauté de communes du Centre-Ouest (3CO), me semble-t-il. Mais je dirais que nous connaissons très bien nos amis qui ne manqueront pas de demander un accompagnement du Département dans la prise en charge de cette responsabilité.
F.I. : Quelle position avez-vous sur la question de la piste longue, notamment son lieu d’implantation, Pamandzi ou M’tsangamouji ?
B.I.O. : Vous posez la question au conseiller départemental ou au président du Département ? Plus sérieusement, ma réponse est simple : les Mahorais ont suffisamment attendu ce projet pour dire aujourd’hui que le plus important est qu’il aboutisse dans les meilleurs délais. Je ne pense pas que relancer le débat sur la localisation soit la priorité, l’enjeu étant d’abord et avant tout d’aboutir. Qu’il faille tout étudier oui, mais pas à n’importe quel prix ni dans n’importe quel délai !
F.I. : Face à la cherté des billets d’avion, l’opposition vous presse, ainsi qu’une partie de la population, de prendre part au projet de Zena Airlines. N’avez-vous pas peur de louper le train ?
B.I.O. : Mettons-nous d’accord sur une chose, le Département n’accompagne pas des personnes ni des idées, il accompagne seulement des projets travaillés et structurés. C’est ce que j’attends des promoteurs de Zena Airlines. J’ai entendu beaucoup de choses là-dessus, mais à l’heure où nous sommes, je n’ai encore jamais reçu de dossier relatif à ce projet sur mon bureau. Certes, j’ai rencontré les porteurs de projet, ils m’ont fait une démonstration du bienfondé de cette compagnie, mais cela s’arrête là. Personnellement, je suis convaincu que Mayotte a besoin de disposer de sa propre compagnie aérienne, c’est une réelle nécessité. Nous sommes en train de travailler sur la mise en place d’une société publique locale pour gérer toutes ces problématiques de transport, j’ai moi-même commencé à prospecter pour avoir un spécialiste de l’aérien ici dans l’île afin de travailler sur une création de compagnie aérienne locale. Est-ce que ce sera Zena ou une autre ? Je ne saurai le dire pour le moment. J’estime que les jeunes à l’origine de ce projet sont très dynamiques, mais ils n’ont pas encore réussi à lui donner suffisamment de maturité pour qu’il soit choisi par le Département. En revanche, si tout est fait en ce sens, il va de soi que nous les épaulerons. Toutefois, je ne pourrai pas attendre indéfiniment car cela fait presque quatre années que j’entends parler de leur projet. En 2021, le collectif des femmes leaders est même venu perturber une réunion de travail que nous avions à l’hôtel de ville de Mamoudzou. Ce qui m’importe actuellement, c’est que Mayotte puisse se doter d’une compagnie aérienne avant la fin de ma mandature. C’est dans cette optique que je suis déjà entré en contact avec certains porteurs de projets. C’est la maturité du projet retenu qui déterminera le statut juridique final.
F.I. : Avez-vous eu l’occasion d’en discuter avec la direction générale d’Air France ?
B.I.O. : Non, pas directement au niveau d’Air France, nous travaillons plutôt avec différents ministères dont Bercy, le ministère des Transports et celui des Outre-mer. En novembre dernier, j’ai soumis la problématique au chef de l’État que j’ai rencontré à Paris. Des navettes de courriers ont déjà eu lieu et nous mettons une pression maximale pour l’ouverture d’une ligne sur Mayotte. Maintenant, nous pouvons nous atteler à ouvrir des discussions avec la compagnie nationale.
F.I. : Monsieur le président, pour clore ce chapitre des transports, quand est-ce que Mayotte pourra disposer de navettes maritimes ou un téléphérique pour réduire les problèmes de circulation ?
B.I.O. : Les déplacements sont notre priorité. Nous disposerons des navettes maritimes dans ce mandat en 2026 (N.D.L.R. alors que la Cadema souhaite les lancer début 2024). Je préfère annoncer des dates que l’on sait tenables que de devoir, tous les ans, repousser l’échéance d’un dossier qui est complexe. Notre avant-projet sur les gares maritimes d’Illoni et de Longoni est en cours de finalisation avec les services de l’État. Les autorisations réglementaires seront obtenues d’ici un an et s’ensuivront les travaux. Simultanément, nous allons lancer l’appel d’offres du futur opérateur qui devra, lui, investir dans une flotte de navettes, adaptées à notre lagon et aux contraintes de nombres de passagers. En parallèle, nous étudions la mise en place d’un service de transport maritime du fret en provenance de Longoni pour désengorger du trafic poids lourds les traversées de Koungou et Kawéni. Bien sûr, il existe un travail en vue d’implanter le téléphérique à Mayotte. À mon grand étonnement, cela coûte très cher, en tout cas bien au-delà de l’idée que je me faisais au départ. Pour seulement 45 kilomètres de câble, les estimations de financement atteignent déjà 1,2 milliards d’euros d’investissement. Vous comprenez bien que lorsque le Département est engagé dans le financement de la piste longue, ma réaction a été immédiatement de solliciter l’accompagnement de nos partenaires de l’État une fois que ce sujet a été posé sur la table.
Le gouvernement comorien appelle les autorités françaises à privilégier plutôt le dialogue multilatéral avec les pays dont les concitoyens se trouvent en situation irrégulière à Mayotte, au lieu de maintenir son projet d’expulsions massives. Celui-ci risque de déstabiliser la région selon lui.
C’est la première réaction officielle du gouvernement des Comores sur l’opération Wuambushu. Après plus d’un mois de tergiversations, Beit-Salam s’est exprimé, ce lundi 10 avril, sur ce projet chapeauté par le ministre français de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, visant à détruire les bidonvilles et à chasser les sans-papiers résidant à Mayotte. Jusqu’à présent, tout porte à croire que l’État français compte bien respecter son calendrier. Les gendarmes attendus sur l’île devraient commencer les expulsions à partir du 21 avril prochain. « Ainsi, soucieux d’entretenir la bonne qualité des liens séculaires qui unissent les Comores et la France, et de contribuer à la préservation de la paix, la stabilité dans la région de l’océan Indien et sur le continent africain, le gouvernement comorien interpelle sur le danger d’une telle opération et demande aux autorités françaises d’y renoncer », demande toutefois un communiqué de la présidence comorienne, publié en début de soirée. Depuis que la presse a révélé la préparation de cette opération de décasage de masse, porté par Gérald Darmanin, seule la société civile comorienne était montée au créneau pour la dénoncer, en raison surtout des conséquences humanitaires qu’elle risque d’engendrer.
Visite annulée du ministre des Armées
Le président Azali Assoumani, qui depuis février dernier a pris la tête de l’Union Africaine, ne souhaitait pas s’exprimer en se basant sur des informations relayées uniquement par voie de presse soutenait il y a un mois, le porte-parole du gouvernement comorien, Houmed Msaidie. Ce dernier, disait attendre d’abord des actions sur place avant de se prononcer car les deux pays n’avaient à l’époque pas discuté du sujet. Est-ce désormais chose faite ? Peut-être, puisque le 18 mars, soit quelques jours après cette déclaration des autorités comoriennes, le président français, Emmanuel Macron s’était entretenu avec son homologue comorien et a avait exprimé son inquiétude sur « la situation sécuritaire et sociale à Mayotte », rapportait un communiqué de l’Elysée. Aussi, pas plus tard que le 6 avril, une délégation conjointe française de haut niveau conduite par les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, a effectué à Moroni une visite de plusieurs jours. Selon les quelques informations laconiques publiées à l’issue d’une rencontre qui a eu lieu au ministère comorien des Affaires étrangères, les discussions portaient sur la sécurité maritime, les migrations régionales et les liens avec Mayotte. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, devait lui aussi se déplacer aux Comores, le 9 avril, avant que sa visite ne soit annulée à la dernière minute, sans explications.
Le dialogue d’abord
Il faut dire qu’à trois semaines du début de Wuambushu, ce ballet diplomatique ne fait que renforcer la thèse selon laquelle Paris et Moroni échangent sur ce projet d’envergure qui divise encore les différents collectifs citoyens à Mayotte dont certains s’affrontent par des communiqués interposés. « Depuis l’annonce de cette opération, les associations de la société civile aussi bien comoriennes que françaises pour ne citer que celles-là ont, dans leur diversité manifesté leur opposition à ce projet, dénonçant non seulement les conditions de sa préparation mais aussi les séquelles qu’elle laissera et le précédant qu’elle créera », souligne, la présidence comorienne qui suggère aux autorités françaises de privilégier le dialogue et la concertation, non seulement avec l’Union des Comores , mais aussi avec les autres pays dont les concitoyens se trouveraient illégalement à Mayotte. Tout cela, dans le but de « trouver ensemble, les réponses humanitaires de relogement et de formation nécessaires, mais aussi celles de régularisation, pour ceux dont le statut le nécessite ».
Dans son communiqué de deux pages, Beit-Salam estime par ailleurs qu’une telle « action spectaculaire », pour paraphraser Gérald Darmanin,basée sur des destructions de bidonvilles et d’expulsions d’habitants de Mayotte jugés en situation irrégulière ne doit pas aller dans le sens de la déstabilisation de toute une région à un moment où la communauté internationale s’emploie à consolider la paix et la stabilité. Devons-nous nous attendre à une rupture des relations diplomatiques ? Les chances d’arriver à un tel stade sont minces, temporisent certains observateurs. Ceux-ci, restent convaincus que si Azali Assoumani a bel et bien bénéficié du soutien de Paris pour accéder à l’Union Africaine, il ne prendra jamais une décision qui risquerait de fâcher les autorités françaises.
Du côté de la société civile, l’on invite à présent le gouvernement à durcir le ton en refusant par exemple d’accueillir les reconduites qui souvent sont débarqués à Anjouan, comme ce fut le cas en 2018. Si le comité Maore envisage de saisir les Nations Unies, le collectif « Stop opération Wuambushu », lui, a annoncé une série de manifestations prévues courant avril dans plusieurs villes françaises et à l’île de la Réunion. A Moroni, un rassemblement citoyen aura lieu samedi prochain.
Seul département à mettre en place la nomenclature M57, Mayotte a été choisie pour « ses mouvements financiers raisonnables ».
Au 1er janvier 2024, toutes les collectivités locales auront l’obligation de s’aligner sur une nouvelle norme comptable : la nomenclature M57. Un véritable défi, que le centre de gestion de la fonction publique de Mayotte (CDG976) est le premier à avoir relevé dans le département ! Rakibou Mahamoudou, chef de service finances du CDG976, nous éclaire sur le sujet.
Rakibou Mahamoudou, chef de service finances du CDG976, est en charge de ce projet important pour faciliter la vie des collectivités locales.
Flash Infos : Qu’est-ce que la nomenclature M57 ?
Rakibou Mahamoudou : Il s’agit de la nouvelle nomenclature budgétaire – c’est à dire le guide des imputations des comptes en fonction de la nature des dépenses – qui doit s’appliquer à l’ensemble des collectivités locales à compter du 1er janvier 2024. Aujourd’hui, différentes nomenclatures sont utilisées : la M14 pour les communes, la M52 pour le département, la M71 pour les régions… La M57 les fusionne, avec pour objectif d’arriver à un compte financier unique (CFU), en lieu et place des deux comptes – administratif et de gestion – actuels. L’objectif : une meilleure qualité comptable et plus de transparence. Au CDG976, nous avons décidé de faire cette transition dès le 1er janvier 2023. Nous sommes les premiers à Mayotte !
F.I. : Pourquoi cette anticipation ?
R.M. : Le choix est à la fois politique et pragmatique. Au CDG, nos mouvements financiers sont plutôt raisonnables, donc c’était idéal pour expérimenter. L’idée était d’identifier les difficultés du processus de transition, pour ensuite être en mesure d’accompagner les collectivités mahoraises avant le passage obligatoire l’année prochaine.
F.I. : Comment cette transition s’est-elle opérée pour le CDG976 ?
R.M. : La première étape a été de travailler sur le règlement budgétaire et financier. C’est un document nécessaire pour passer à la M57 – une sorte de guide de la collectivité sur toute la comptabilité. Ce règlement a été adopté par l’assemblée délibérante. Deuxièmement, nous avons dû procéder à la transposition de nos comptes, pour passer de notre nomenclature M832 – propre aux centres de gestion – à la M57. Ce travail consiste à nettoyer les comptes qui ne sont pas réglementaires par rapport à la nouvelle nomenclature. En parallèle, tout ce processus a dû être validé par le comptable public – en l’occurrence le payeur départemental – qui nous a activement accompagnés dans notre démarche. Enfin, le troisième chantier était celui de la transpositions des immobilisations. Comme nous n’avons pas beaucoup de biens au CDG976, cela s’est fait plutôt rapidement. En revanche, comme vous pouvez l’imaginer, ce sera un gros morceau pour les communes ! Pour nos agents du CDG, habitués aux comptes simplifiés de la M832, cette transition est un défi, mais que nous relevons avec brio !
F.I. : Quels avantages présentent ces nouvelles règles ?
R.M. : Au niveau de la maquette budgétaire, elles rendent les informations accessibles, de manière claire et précise – aussi bien pour les élus que les administrés. Deuxième avantage : le fait d’avoir un seul compte financier apporte de la souplesse, pour l’ordonnateur mais aussi pour le comptable public. Enfin, la nécessité de constituer un règlement financier et budgétaire pour passer à la M57 est un gage de qualité comptable.
F.I. : Vous êtes donc fins prêts pour accompagner les collectivités mahoraises dans leur transition obligatoire à compter du 1er janvier 2024 ?
R.M. : Oui ! Nous allons pouvoir apporter aux collectivités affiliées demandeuses toute l’expertise que nous avons gagnée cette année. Nous serons en appui sur la constitution de leur règlement budgétaire et financier, ou sur la transposition de leurs immobilisations. Nous jouerons pleinement notre rôle d’organisme accompagnateur !
La couveuse d’entreprise, représentée par sa présidente Farrah Hafidou et le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic ont signé une convention, ce mardi matin, dans le cadre du concours « jeunes entrepreneurs ».
Dans le cadre de l’organisation du concours « jeunes entrepreneurs », la couveuse d’entreprises Oudjérébou, le Rotary Club de Mamoudzou Hippocampe et le rectorat de Mayotte ont acté l’union de leurs compétences, au travers de la signature d’une convention tripartite, ce mardi matin. Ce concours, qui a pour ambition d’initier les jeunes de l’île à la création d’entreprise, connaît un vif succès.
L’édition 2023 du concours a eu lieu en ce début d’année. L’équipe du projet CeRCL a été primée dans la catégorie « étudiants » (photo d’archives).
Réunis dans le cabinet du rectorat ce mardi matin, la présidente de la couveuse d’entreprises Oudjérébou, Farrah Hafidou et le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic – le Rotary n’étant pas présent – ont signé une convention tripartite dans le cadre du concours « jeunes entrepreneurs », avec comme objectif de pérenniser ce projet novateur. Accompagner les porteurs de projets est le cœur de métier d’Oudjérébou. « Depuis quelques années, nous avons l’ambition de pouvoir aussi accompagner les jeunes », explique Farrah Hafidou. C’est de cette envie qu’est né le projet du concours « jeunes entrepreneurs », pour « transmettre un petit peu cette fibre entrepreneuriale », ajoute-t-elle. Pour le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, ce projet permet « le développement et le rayonnement de Mayotte et en même temps, de trouver des perspectives pour nos jeunes sur le territoire ».
Faire preuve d’originalité
Le défi principal pour les participants de ce concours est de créer un modèle entrepreneurial fictif et qui participe au développement économique de l’île. Chaque équipe a dû faire preuve d’originalité afin de remporter le concours. En 2022, lors de la première édition, deux lauréats avaient été primés, dont Kokos expériences, ce projet d’étudiants du CUFR est une entreprise désormais active. Cette année, la finale et remise des prix a eu lieu dernièrement. Ce sont également deux lauréats qui ont été primés et ont remporté 4.000 € chacun. « La différence entre les deux années, c’est que lors de la deuxième édition, plus de lycées ont voulu participer, je pense que ça a créé un engouement », note la présidente de la couveuse. L’occasion donc pour les organisateurs de continuer sur leur lancée et au fur et à mesure, « ajouter des spécificités pour apporter une plus-value », confie-t-elle.
Un accompagnement d’un an
En amont du concours, les participants « sont accompagnés et formés sur les divers items de la création d’entreprise », argumente Farrah Hafidou. Aidés par des référents, nommés dans chaque établissement scolaire, les élèves sont initiés à la gestion d’entreprise, au business plan ou encore à la communication. Une fois primés par le concours, les jeunes porteurs de projets sont accompagnés pendant un an, « s’il le souhaite, car ça reste leur projet », admet-elle. Pour Jacques Mikulovic, ce projet « s’inscrit dans la complémentarité des initiatives prises par le CUFR et le rectorat de Mayotte ». Les contenus de formation contiennent des modules sur le thème de la création d’entreprise. « Il serait intéressant qu’on renforce les modules d’entrepreneuriat, pour donner plus d’initiatives », admet le recteur. Entreprendre n’est pas simple, pour un jeune encore moins. « On dit toujours qu’ils sont trop jeunes pour commencer, il faut leur mettre le pied à l’étrier et il n’y a pas de raison que les choses n’aillent pas en s’améliorant », confie-t-il.
A Mayotte, notamment sur la formation initiale, « on a trop d’élèves qui sont en difficulté, on génère encore trop de décrochage scolaire », constate Jacques Mikulovic. Pour changer ces résultats, « il faut prendre des risques, ce que font également les entrepreneurs, on doit essayer de changer nos paradigmes », lance-t-il. C’est ce que le projet académique « essaiera de traduire du mieux possible », note le recteur de Mayotte. Un projet académique qui devrait voir le jour d’ici la rentrée scolaire.
Abdoul Kamardine, conseiller départemental de M’tsamboro -
Un millier de cases en tôle doivent être détruites dans les mois à venir selon l’objectif fixé par l’État.
Le conseiller départemental du canton de M’tsamboro est, comme nombre d’élus mahorais, favorable à l’opération Wuambushu. Le président du Sdis (Service départemental d’incendie et de secours) espère que l’île retrouvera ainsi « son mode de vie d’antan ».
« A quelques jours du déploiement de l’opération Wuambushu, certaines voix qui ne connaissent rien de Mayotte, de la souffrance de la population de Mayotte s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles qualifient d’une opération de rafles des ressortissants de l’Union des Comores résidant illégalement à Mayotte et qui plus est dans des taudis aux conditions de vie loin de satisfaire toute personne de bonne constitution au XXIe siècle. Mayotte souffre et est gangrenée par un phénomène de violence quotidienne d’un rare intensité, orchestré en grande partie par des bandes de voyou issue de cette population d’origine étrangère et clandestine. Nous ne les entendons pas si souvent ces donneurs de leçons, vis-à-vis de ce qu’endure la population de Mayotte. Il y a dans leur raisonnement une sorte de parti pris de cette population qu’elles estiment défavorisée et victime de la haine de la population autochtone.
Maintenant que le gouvernement après tant et tant de cris de la population et de des élus envisage une opération de remise en ordre des choses baptisé Wuambushu, c’est là que nous les attendons, à coup de communication pour obtenir du gouvernement de la République l’annulation de l’opération qui consiste à assurer une vaste campagne d’expulsion des étrangers en situation irrégulières sur l’île française de Mayotte, la destruction des bidonvilles les abritant et qui dénaturent le paysage de notre si belle île et enfin la reconquête des terres occupées illégalement. Il doit être entendu que l’immigration irrégulière est la première cause de tous les maux de la société mahoraise et de la quasi-saturation de tous les services publics de l’île. Aucun pays au monde n’accepterait ce qui se passe à Mayotte et aucun département de France ne peut supporter ce que vit au quotidien la population de Mayotte.
« Que Mayotte retrouve son mode de vie d’antan »
Pour ma part et en tant qu’à la fois habitant et élu de cette île, je soutiens et encourage la tenue de cette opération qui est à mes yeux essentielle pour garantir à Mayotte une vie harmonieuse et qu’elle retrouve son mode de vie d’antan. Le gouvernement ne doit ni faiblir ni céder aux voix perdues des organismes droit-de-l’hommiste, aux appels empreints d’hypocrisie de la diaspora comorienne et encore moins aux discours mensongers des autorités comoriennes. Ces dernières appellent en effet au dialogue et à la concertation et ce alors qu’elles ne sont même pas fichues de respecter leur engagement maintes fois exprimées de contrôler les sorties et les entrées de leurs frontières. Il s’agit ici de leur part de l’enfumage pur et dur pour détourner l’attention de notre gouvernement.
L’opération Wuambushu doit être menée à son terme pour permettre aux Mahorais de reprendre possession de leurs terres illégalement occupées, de retrouver les conditions d’une vie paisible et de s’engager enfin dans la voie du développement tant espéré et attendu. Il est temps que les choses changent et que le gouvernement comprenne que Mayotte ne pourra avancer dans son développement que par un appui fort de l’État dans tous les domaines, et ce, à commencer par une lutte forte et efficace contre l’immigration irrégulière.
Mayotte, c’est la France, et la France se doit de préserver Mayotte du sous-développement. »
Le député Les Républicains Mansour Kamardine et Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, à Bouéni, le 1er janvier 2023.
Député de la deuxième circonscription de Mayotte, le Sadois soutient l’opération Wuambushu, qui doit débuter le 22 avril. Comme les différents collectifs locaux, il se montre très critique des organisations appelant à l’arrêt de ce dispositif annoncé de grand ampleur dans la lutte contre l’immigration illégale.
« Depuis l’annonce par la presse nationale de l’opération de police destinée à reconquérir les territoires perdus de la république à Mayotte, l’on voit fleurir, ici et là, des pétitions orchestrées par des artificiers du chaos, qui s’émeuvent que l’État engage une reprise en main (« Wuambushu » en langue mahoraise). Qui, un syndicat de magistrats, qui, un collectif de soignants, qui, une association d’avocats, qui, une organisation non gouvernementale d’aide aux migrants, qui, un groupe d’enseignants, tous, de concert, protestent contre l’érection de l’État de droit à Mayotte ! Bien évidemment, les pétitionnaires ne représentent qu’eux-mêmes, c’est-à-dire une petite minorité des corps dont ils sont issus, la majorité demeurant loyale à l’égard de la République et parfois même courageux, comme ce professeur qui s’est récemment interposé en classe, au mépris sa vie, face à un criminel armé d’un coupe-coupe et décidé à massacrer certains de ses élèves.
Avec des clandestins étrangers représentant environ un tiers de la population (les Français ne représentent plus eux-mêmes qu’un tiers des habitants, le 3ème tiers étant composé d’étrangers en situation régulière), des logements insalubres représentant 54% de l’habitat, des dizaines de bidonvilles implantés sans droit ni titre dans des zones à forts risques naturels, avec une insécurité galopante et barbare ayant transformée, en quelques années, la paisible Mayotte en la région au plus fort taux d’homicide d’Europe, il faudrait donner la priorité, encore et avant tout, aux respect dû aux délinquants, aux trafiquants d’êtres humains, aux marchands de sommeil et aux criminels. Nos enfants devraient accepter d’aller à l’école la boule au ventre et se voir dispenser une instruction publique fortement dégradée pour faire place au droit des étrangers.
« Font-ils preuve d’un cynisme qui encourage le chaos ? »
Comment ceux-là même qui depuis des semaines, des mois et des années ont multiplié le recours au droit de retrait et de grève pour dénoncer, à juste titre, les violences qui frappent indistinctement et partout dans les villages, dans les quartiers et dans les services publics, peuvent-ils trahir, aujourd’hui, la volonté du retour de l’État de droit à Mayotte ! Combien de personnels des fonctions publiques de l’État ont refusé de rejoindre un poste à Mayotte, combien sont repartis aussitôt leur arrivée parce qu’ils ont eu peur pour leur vie, celle de leurs enfants ou celle d’un proche ? Combien d’affrontements inter-communautaires ou inter-quartiers ont paralysé la vie économique, sociale, professionnelle et culturelle de l’île ? En signant les différentes pétitions, pour faire pression sur le gouvernement, afin qu’il renonce à cette opération de reconquête des territoires perdus, leurs auteurs ont-ils oublié ces réalités ou alors font-ils preuve d’un cynisme qui consiste à encourager le développement du chaos, parce qu’ils ne se considèrent pas d’ici et savent qu’en cas de péril grave, pour cause de guerre civile, ils auront toujours le temps de fuir, possibilité que n’auraient point les enfants de Mayotte ! En outre, comme en atteste le communiqué des autorités comoriennes du 10 avril, ils se rendent complice d’intelligence avec une puissance étrangère, qui, sans vergogne, prétend coloniser les Mahorais et s’accaparer Mayotte.
Les droit-de-l’hommistes ne sont pas des humanistes ! Ils se comportent tel des Narcisses qui se donnent bonne conscience, à la commisération sélective, au mépris des masses populaires mahoraises qui souffrent d’un système de santé sous-développé, d’une éducation nationale dégradée, d’une protection de leurs droits défaillante et d’une insécurité qui les plonge dans un climat de terreur. Alors je veux espérer que cette opération ira jusqu’au bout, car au final, c’est la paix civile qui est en jeu. Nous l’avons vu dans les affrontements entre Combani et Miréréni, deux villages de la commune de Tsingoni : le jour où l’État a montré que force doit rester à la loi, en interpellant toute la bande de racaille qui terrorisait les populations, la paix est revenue de façon durable. C’est ce résultat qui est attendu avec l’opération Wuambushu. Les populations résidant à Mayotte aspirent, elles aussi, à la sécurité dans leurs maisons, la paix sociale dans leurs quartiers et leurs villages, à la mise en bon ordre et au développement des services publics. Or, il est acquis que ceux qui caillassent les forces de l’ordre et les bus, qui agressent nos enfants à la machette, qui tuent et qui mutilent, trouvent refuge dans les bidonvilles qui bordent nos quartiers. C’est bien ces abcès que nous devons crever, pour des raisons de sécurité, pour que l’instruction publique puisse faire son œuvre au sein d’établissements aux périmètres sacralisés, mais également pour des raisons sanitaires et sociales.
Pour paraphraser le philosophe Marcel Gauchet, je veux dire aux pétitionnaires que le droit-de-l’hommisme n’est pas une politique. Force doit rester à la loi. A Mayotte, non plus, l’État de droit ne se négocie pas ! »
Partie ce vendredi 7 avril, la seconde promotion de l’école Vatel Mayotte va entamer ses cinq mois de stage dans plusieurs destinations du monde. « Placés dans des hôtels allant du quatre au cinq étoiles, on peut mentionner en exemple le Pearl Beach by Sansi au Zanzibar, le restaurant d’application de Vatel Kigali au Rwanda, le château d’Urspel au Luxembourg, le Westminster du groupe Barrière au Touquet ou encore le Tiara Yaksa, un magnifique Relais et Châteaux situé sur la Côte d’Azur », précise l’école hôtelière située aux Hauts-Vallons. Les élèves mettront en pratique ce qu’elles ont appris dans les domaines de la réception, le housekeeping (service du ménage), la cuisine ou encore la salle côté restaurant. Marqué par la pandémie, le secteur de l’hôtellerie ne manque pas d’opportunités pour ces Mahoraises prêtes à partir « à la découverte du monde ».
« Leurs différents parcours peuvent être suivis sur tous les réseaux sociaux de Vatel Mayotte. Toute l’équipe de Vatel Mayotte leur souhaite bonne chance dans leurs aventures professionnelles », fait valoir leur établissement.
Le Crédit Agricole mutuel de La Réunion-Mayotte est heureux d’annoncer la nomination d’Aktar Djoma aux fonctions de vice-président de la Caisse régionale aux côtés du président réélu, Pascal Quineau. Celui-ci avait rejoint la Caisse locale de Mayotte en 2009 en devenant administrateur, puis président de la Caisse locale de Mayotte, administrateur de la Caisse régionale depuis 2011, et membre du bureau de la Caisse régionale depuis 2020. Le 30 mars 2023, Aktar DJOMA, acteur engagé et connu sur le territoire mahorais, est devenu le vice-président de la Caisse régionale de Crédit Agricole mutuel de La Réunion-Mayotte.
Avec ses nouvelles fonctions, il porte la responsabilité de la stratégie du développement du Crédit Agricole de La Réunion-Mayotte. En tant que représentant mahorais, il estime que l’île aux parfums a un potentiel de développement important. Il souhaite d’ailleurs mettre en place rapidement des solutions innovantes pour soutenir son expansion. Votre nouveau vice-président s’engage également à renforcer les liens avec les acteurs du territoire de Mayotte pour favoriser l’inclusion financière de l’ensemble de la population. Il est convaincu que son développement va engendrer une amélioration de la qualité de vie de ses habitants
Présent depuis plus de 30 ans à Mayotte, le Crédit Agricole a toujours été un acteur engagé dans le rayonnement de Mayotte. Sa nomination est la preuve des liens qui unissent les deux territoires.
Le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer a autorisé l’intervention du fonds de secours pour indemniser les pertes agricoles engendrées par la sécheresse qui a touché La Réunion en 2022. Le préfet de La Réunion a pris un arrêté, le 3 avril 2023, reconnaissant l’état de calamité agricole sur l’ensemble des communes de l’île et pour toutes les productions agricoles.
Pour la canne, les pertes seront prise en compte après la fin de la prochaine campagne sucrière. Peuvent bénéficier d’une indemnisation au titre du fonds de secours, les agriculteurs qui ont avoir perdu plus de 13 % du chiffre d’affaires total de l’exploitation et plus de 25 % de la production concernée. Ils doivent être à jour de leurs cotisations sociales et fiscales et avoir déposé une déclaration de surface au titre de la politique agricole commune (PAC).
Les dossiers de demande d’indemnisation sont à retirer, à compter de ce vendredi 7 avril, dans les mairies, les points verts de la Chambre d’agriculture, ou auprès des organisations de producteurs. Complétés, ils devront être retournés au plus tard le mercredi 10 mai auprès des mêmes organisations. La direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) instruira ensuite les demandes.
Mayotte in Tech va organiser les 24H BY WEBCUP, son concours de création de site internet qui aura lieu du 6 au 7 mai 2023 dans les locaux de la CCI Mayotte. Les inscriptions des équipes seront ouvertes avant la fin avril 2023 (équipes de quatre personnes maximum). Mayotte in Tech prend en charge les frais d’inscription « Aussi, nous vous proposons, d’ores et déjà, de constituer vos équipes et de bloquer la date pour ce challenge ! », prévient ce collectif d’entreprises mahoraises spécialisées dans l’information et la communication.
La Nuit du Livre célèbre les livres, ces chefs-d’œuvre qui révèlent deux talents : celui de l’auteur, qu’il soit écrivain, photographe ou illustrateur, et aussi celui du fabricant. Mettez en lumière votre ouvrage et candidatez à La Nuit du Livre 2023. Dans un premier temps, présentez vos ouvrages en remplissant le formulaire en ligne (https://www.creativbook.fr/fr/la-nuit-du-livre) et en envoyant par voie postale votre ouvrage. La clôture des candidatures aura lieu le 20 juin 2023 et la cérémonie de remise des Trophées le 25 septembre 2023. Les catégories pour l’édition 2023 sont : littérature générale, livres de poche, bandes dessinées, mangas, jeunesse, livres scolaires, livres éducatifs, livres animés, beaux livres, livres d’art, encyclopédies, annuaires, livres pratiques, livres audios, nouveaux formats et personnalité du livre.
Au cours des cinq rendez-vous intercommunaux du championnat de la course de pneus, des ateliers ODC (Orange digital center) seront organisés par trois partenaires d’Orange : le bus numérique de la cité des métiers du GIP Carif Oref de Mayotte initiera aux nouveaux outils numériques, le park numérique et Kaza. Le grand public, petits et grands, pourra participer à la découverte de ses outils numériques innovants. Tableau bavard, Easi-Scope microscope autonome Sans-Fi, application de la course de pneus et robot Thymio II, chacun pourra réaliser une course de pneus sous différentes formes, avec ces outils, soit en jouant à l’application « Course de pneus » ou en programmant un robot pour effectuer un parcours donné.
Le championnat de la course de pneus débarque dans les cinq intercommunalités de Mayotte. C’est l’heure de préparer le savon, de tailler vos bâtons et de faire chauffer les pneus. Les enfants âgés de 8 à 12 ans peuvent s’inscrire pour participer auprès de leur mairie. Les rendez-vous pour cette édition 2023 sont : le mercredi 26 avril à Hamjago (Stade de foot), le vendredi 28 à Dzaoudzi-Labattoir (stade de foot), le mardi 2 mai à Chiconi (stade de foot), le mercredi 3 mai à Dembéni (stade de foot) et le jeudi 4 mai à Bandrélé (stade de foot). A chaque date, le rendez-vous est fixé à 8h pour encourager les petits Bao qui prendront le départ.
Le mardi 4 avril 2023 à 8h30, un équipage de la police aux frontières (PAF), présent en mer dans le cadre de la mission de lutte contre l’immigration clandestine (LIC), était dirigé par le poste de commandement de l’action de l’État en mer (PCAEM), sur un écho suspect au large de Mayotte. Les conditions de navigation étaient rendues difficiles en raison de la météo dégradée par des pluies diluviennes. Le PCAEM perdait le contact radar à près de 0,5 nautiques des côtes.
A 9h sur zone, l’intercepteur de la PAF découvrait un nombre important de personnes à la mer ainsi qu’une barque de type kwassa, chavirée et à la dérive. Devant la multitude de naufragés, le vecteur intervenant déclenchait l’alerte auprès du CROSS Réunion et sollicitait l’assistance immédiate d’autres moyens de recherche et de secours. L’hélicoptère de la gendarmerie nationale était ainsi dépêché sur place pour effectuer des repérages aériens, quand le second intercepteur de la PAF, engagé initialement dans la mission LIC, arrivait en renfort. Un policier du premier intercepteur PAF s’est jeté à l’eau pour porter assistance aux naufragés en difficulté, le reste de l’équipage se chargeant de fournir des moyens de flottabilité et de remonter les passagers immédiatement accessibles. Seize passagers à la dérive étaient ainsi secourus.
Des premiers éléments recueillis, trois passagers étaient manquants et quatre auraient rejoint à la nage l’îlot Mtsamboro, dont le passeur présumé. Un naufragé, devant être médicalisé, a été transporté à l’hôpital tandis que les quinze autres, tous Comoriens en situation irrégulière, étaient conduits au CRA pour se voir délivrer des obligations de quitter le territoire Français (OQTF). L’enquête judiciaire relative au chavirage et aux disparitions était confiée à la gendarmerie maritime de Mayotte. Les recherches concernant d’éventuels survivants étaient suspendues à 13h45. Sur les quinze rescapés, treize ont d’ores et déjà fait l’objet d’une reconduite à la frontière.
Le ministre délégué chargé des Outre-mer a réuni à Paris, ce jeudi 6 avril, les éco-organismes chargés par l’État de financer et d’organiser la collecte et le recyclage des déchets concernés par une filière à responsabilité élargie du producteur (REP), tels que les produits électroniques, les meubles, les piles, ou encore les emballages. En présence du cabinet de la secrétaire d’État à l’Ecologie, Bérangère Couillard, du Directeur Général de la Prévention des Risques (DGPR), des représentants de l’Ademe (dont une délégation nationale était récemment à Mayotte) et des préfectures des territoires concernés, cette rencontre a permis de dresser un état des lieux de la gestion des déchets concernés par une filière REP en outre-mer.
A l’occasion de cette réunion, Jean-François Carenco a constaté que la majorité des projets de plans d’action préparés par les éco-organismes sont d’une qualité insuffisante et que la concertation avec les collectivités territoriale d’outre-mer mérite d’être renforcée. C’est pourquoi le ministre délégué chargé des Outre-mer et la secrétaire d’État à l’Écologie ont demandé aux éco-organismes de réviser d’ici cet été l’ambition de leurs plans d’action en concertation avec les collectivités d’outre-mer. Les ministres ont également annoncé la publication d’un nouveau guide de l’Ademe pour accompagner cette démarche.
Plusieurs députés de gauche viennent de déposer une proposition de loi visant à faciliter l’emploi de fonctionnaires dans les territoires d’Outre-mer dont ils sont originaires. « La nécessité de cette proposition de loi émerge d’un constat alarmant. Dans nos territoires d’Outre‑mer, les ultramarins sont minoritaires à occuper des postes d’encadrement dans la fonction publique d’État. En effet, les enquêtes Emploi réalisées par l’Insee sur des données recueillies de 2014 à 2019 estiment qu’il y a une surreprésentation des cadres « hexagonaux ». Ainsi, seuls 11 % de fonctionnaires sont réunionnais contre 45 % d’hexagonaux. La situation est similaire pour la Martinique (10 % contre 40 %), la Guadeloupe (10 % contre 34 %) et la Guyane (6 % contre 25 %). De plus, comme l’avait mentionné le Sénat dans un rapport d’information datant de 2009, un paradoxe « domien » existe ; les jeunes diplômes locaux peinent à accéder aux emplois qualifiés offerts localement. La question de l’emploi en Outre‑mer perdure, ce qui rend nécessaire cette proposition de loi », expliquent en premier lieu les parlementaires. Ils pointent un départ vers l’Hexagone qui « est trop souvent un choix contraint en raison d’un manque d’offres de formations mais aussi d’opportunités ». Cela pose plusieurs problèmes à leurs yeux, un sentiment d’éloignement que la continuité territoriale peine à combler, « une fuite des cerveaux », « des cas de marginalisation et de discrimination de la population locale au profit de cadres hexagonaux », sans compter les dispositifs de retour encore trop défaillants. « Les centres des intérêts moraux et matériels (CIMM) doivent permettre aux fonctionnaires originaires des Outre‑mer de faciliter leur demande de mutation, l’application de leur prise en compte reste aléatoire et contestable, comme le prouvent encore les inégalités de traitement dans les demandes d’indemnités temporaires de retraite (ITR) », rappelle le texte présenté. Si Mayotte n’est pas évoquée, les parlementaires disent s’appuyer sur les expériences tirées d’un dispositif existant en Nouvelle‑Calédonie qui vise à promouvoir et à protéger l’emploi local adopté en 2010. Quatre articles sont donc proposés dans cette loi renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale. « L’article 1er instaure un observatoire des emplois locaux en Outre‑mer qui définit son objet et ses obligations. Les articles 2 et 3 visent à favoriser l’emploi et le retour des fonctionnaires d’État ultramarins dans leur territoire et donnent aux centres d’intérêts moraux et matériels une assise légale. L’article 4 prévoit que pour les fonctionnaires d’État ultramarins, le stage peut être effectué dans leur territoire, comme c’était d’ailleurs le cas jusqu’en 2022 », exposent la vingtaine de députés qui la présente, dont la Réunionnaise Emeline K/Bidi, les Martiniquais Marcellin Nadeau, Jiovanny William, et les Guyanais Jean-Victor Castor et Davy Rimane.
La Commission nationale de débat public (CNDP) a auditionné, ce mercredi 5 avril, le premier vice-président du conseil départemental, Salime Mdéré, et les équipes du chargé de mission dédié au boulevard urbain, Jean-Michel Lehay. Ils ont défendu le projet de boulevard urbain reliant le sud de la commune de Mamoudzou à Majicavo-Koropa. Le tracé d’environ 11,5 km de longueur et budgétisé à 900 millions d’euros pourrait commencer à se dessiner en 2025, avec une ouverture en 2030. Contrairement à une déviation classique, ce boulevard doit prendre en compte la construction de futures infrastructures essentielles au territoire et comportera des voies de raccordement.
Dans sa décision en date du 5 avril, la Commission note que « le dossier de concertation proposé par le maître d’ouvrage est suffisamment complet pour informer le public et engager la concertation. Les modalités de la concertation préalable proposées par le maître d’ouvrage (Conseil Départemental) sont validées. La concertation se déroulera du 3 mai au 3 juillet 2023. Daniel Guérin est désigné garant de la concertation préalable sur ce projet, en binôme avec Renée Aupetit, précédemment désignée garante sur ce projet ». « Le processus de concertation qui débutera donc le 3 mai permettra, le moment venu, de savoir si la population partage le choix du boulevard urbain à large emprise. Les formes et modalités de cette concertation seront précisées rapidement », rappelle le Département.
Son président, Ben Issa Ousseni, salue « cette décision, appuyée sur un dossier de qualité et complet, qui va nous permettre d’engager une vaste concertation pour rendre concret ce vaste projet attendu de longue date par les usagers des transports ».
Élu président du conseil départemental de Mayotte en juin 2021, Ben Issa Ousseni a accepté de répondre aux questions de Flash Infos.
Après une longue période de silence et des critiques formulées sur le fonctionnement des services du Département de Mayotte, Ben Issa Ousséni a accepté de briser la glace cette semaine. Dans une longue interview accordée à Flash Infos, il aborde les questions liées à l’économique, au transport, aux sports, à la politique et au social. Elle a été déclinée en plusieurs volets, le premier s’intéressant à l’économie et notamment le budget de la collectivité.
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Rencontre avec les acteurs de la grande distribution, en juin 2022, au sujet de l’inflation. Ceux-ci dénonçaient des prix de transport devenus trop élevés.
Flash Infos : Le budget 2023 du Département inquiète certains de vos collègues. Qu’en est-il exactement ?
Ben Issa Ousseni : La réalité sur ce sujet est que nous clôturons l’année 2022 avec un excédent budgétaire. J’ai beaucoup de mal à comprendre ceux qui affirment que nous avons dilapidé l’argent du contribuable, en particulier, nos propres collègues conseillers départementaux. J’ai à ma disposition une délibération qui acte un excédent de dix millions d’euros au moment du vote du budget 2022 et de la décision modificative. Et je signale au passage qu’il y a eu une unanimité lors de ce vote (N.D.L.R. les conseillers départementaux ont voté la tenue d’un débat sur le budget, pas son approbation). Les chiffres réels nous indiquent que nous clôturons l’année 2022 avec un excédent de l’ordre de 17 millions d’euros. Donc vous voyez, nous avons amélioré la situation par rapport à ce qui était annoncé. Et ce ne sont pas que des recettes nouvelles, nous avons fait d’importants efforts en matière de maîtrise de dépenses. Le budget général du département pour 2023 est aussi excédentaire, certes pas à un niveau exorbitant, mais cela se situe aux alentours de 15 millions d’euros. Le véritable problème qui se pose aujourd’hui, c’est ce fameux budget annexe Aide sociale à l’enfance-Petite enfance. Il nous inquiète réellement car nous ne savons pas comment faire pour le résoudre.
Flash Infos : Comment procéder pour corriger le tir ?
B.I.O. : J’ai cru lire dans un article que « l’heure du choix est arrivée », et je confirme qu’effectivement c’est le cas au niveau du département. Qu’allons-nous faire pour que ce budget action sociale dont le montant dépasse actuellement les 65 millions d’euros alors que les dotations sont de 24 millions seulement ? Si le conseil départemental devait compenser cet écart, ça se matérialisera par du transport scolaire en moins, des bourses en moins, de même que le soutien aux associations. Oui, on se rapproche de certaines difficultés dues essentiellement à ce budget annexe. Je ne dis pas ici qu’il n’y a pas des difficultés ou des expansions dans le budget général. Le transport scolaire a débordé avec, je ne le cache pas, 46 millions d’euros cette année, contre 28 millions en 2019. Le nombre d’élèves a explosé. On est le seul territoire de la République où on rectifie constamment les chiffres au cours de l’année. Il y a tout le temps de nouvelles arrivées. Les factures évoluent à la hausse d’un mois à un autre parce qu’on va inscrire 20, 30, voir 200 élèves de plus chaque mois sur ce territoire. Donc cette forte démographie a eu raison de ce budget. Il n’y a pas que cela, nous avons fait le choix de l’allotissement (N.D.L.R. les transporteurs se partagent le territoire) sur ce marché pour faire travailler le plus grand nombre et renforcer la paix sociale. Tout le monde constate qu’il y a moins de grèves maintenant dans ce secteur d’activité, mais derrière, il y a eu aussi un coût.
F.I. : Avez-vous eu un retour sur votre demande de prise en charge de l’État concernant les PMI et l’aide sociale à l’enfance ?
B.I.O. : Je rappelle que 91% du public qui fréquente nos PMI (Protection maternelle et infantile) se constitue de non assurés sociaux. Ils sont en totalité à la charge directe du Conseil départemental de Mayotte. Et l’aide médicalisée d’État (AME) n’existe pas dans l’île. Aujourd’hui, cela devient très compliqué pour nous du fait que cette population n’arrête pas de sans cesse augmenter, idem pour les charges, de sorte que nous nous retrouvons dans des difficultés importantes en raison de ce budget social. Les enfants non accompagnés sur ce territoire se constituent à 82 % d’origine étrangère. Nous avons prévenu l’État qu’à défaut d’être accompagnés, nous allons nous retrouver dans d’importantes difficultés. Malgré nos demandes, rendez-vous répétés et nos alertes, nous n’avons aucune suite positive à ce jour. Nous poursuivons donc les discussions pour le budget 2024 et pour la suite. Après presque deux ans de mandats, six rapports de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) et de la Chambre régionale des comptes, on nous fait comprendre qu’une nouvelle mission inter-inspections arrive prochainement… Nous sommes donc dans l’incertitude même si le préfet de Mayotte, avec qui nous travaillons en bonne intelligence, continue à relayer nos analyses et nos propositions. Cela étant, nous tendons, par la force des choses, vers une décision douloureuse mais réaliste : celle de ne plus accueillir les non-affiliés de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM), les mineurs sans titre ni identité, dès juillet 2023. Comme je le dis souvent, nous ne pouvons garantir des solidarités à un même niveau sans que l’État ne mette la main à la poche !
F.I. : Vous avez laissé entendre qu’il y aurait une réorganisation des effectifs.
B.I.O. : A eux seuls, nos agents représentent une masse salariale mensuelle de 15,5 millions d’euros, tous budgets confondus. Nous nous concentrons sur les départs à la retraite, mais aussi sur l’inaptitude au travail qui caractérise parfois un certain nombre de salariés du département. Ils représentent un poids très important sur la masse salariale. A présent, nous essayons d’améliorer la qualité de nos recrutements, avec des cadres de niveau attaché. Les seuls agents de catégories C que nous recrutons, sans le cacher, sont les médiateurs qui sont passés de 70 à 140 à la fin de l’année dernière. Nous ne voyons pas le bout du tunnel parce-que les problèmes de violence continuent d’augmenter. En matière de sécurité, nous sommes contraints d’avoir des agents de sécurité en nombre ou des assistants familiaux. Je reconnais que dans un département classique, on n’aurait pas eu tous ces postes-là.
F.I. : Que pensez-vous des critiques sur le train de vie du Département ?
B.I.O. : J’en ai beaucoup entendu au sujet des déplacements des élus, messieurs les journalistes. Je vous avoue ma grande surprise à ce niveau-là. Je vous donne juste quelques chiffres. En 2014, notre assemblée comptait 19 élus et nous étions à un million d’euros de frais de déplacement. En 2019, ce chiffre est passé à 1,2 millions d’euros, je passerai sur les deux années suivantes marquées par les restrictions du Covid-19, mais nous sommes encore à 1,2 millions en 2022. Concernant 2023, nous envisageons de poursuivre nos efforts pour obtenir un budget équilibré.
F.I. : Y aura-t-il des conséquences sur les investissements ? Et dans quelle mesure, avez-vous eu des remboursements de l’État et de l’Europe ?
B.I.O. : Il est certain que pour la période 2023-2024, le Département sera amené à faire des choix. Nous avons lancé des projets très ambitieux, je citerai en particulier l’Hôtel du département qui est à refaire et la cité administrative à Coconi. Ce sont des projets phares qui suivent leur cours. Ils sont financièrement supportés par notre institution, sans bénéfice d’un co-financement, parce qu’ils ne sont pas éligibles aux fonds européens. Ces derniers n’interviennent pas dans ce domaine de la construction de bâtiments propres au département, nous le faisons donc en autofinancement, voire même à ne pas exclure dans l’avenir, avec des prêts que nous serons amenés à négocier. Pour les autres projets, tels que les équipements sportifs, les PMI et autres, nous sommes en train de nous « bagarrer » pour les inscrire dans le plan de convergence ou dans les fonds européens. S’ils ne sont pas éligibles, nous serons obligés de faire des choix. Je pose aussi des questions que d’aucuns ne voudraient entendre, sur le rythme de construction des PMI. Certaines sont co-financées, d’autres pas. Nous allons sans doute devoir ralentir le rythme dans la mesure où nous avons des difficultés pour les faire fonctionner.
Il est vrai que la question commence à se poser pour les équipements sportifs, alors que nous voulons accueillir les Jeux des îles de l’océan Indien en 2027. On parle ici d’équipements qui sont d’emblée déficitaires dans leur fonctionnement. Il faut savoir qu’une piscine olympique n’est jamais à l’équilibre, il faut à peu près un million d’euros par an pour la faire fonctionner. Donc, notre objectif est d’avoir le maximum de co-financements pour tous ces projets. Nous avons mis en place une cellule constituée en partie des directions des finances et de l’aménagement, exclusivement dédiée à la recherche de co-financements pour des projets d’investissement et faire en sorte que les fonds que nous obtenons soient complètement levés. Le GIP « L’Europe à Mayotte », organisme intermédiaire mis en place en partenariat avec la Préfecture, s’est activé dès sa création à rattraper le retard de traitement des dossiers. Une partie du financement des nouveaux amphidromes est, ainsi, subventionné par le Feder (Fonds européen de développement régional) et le remboursement interviendra après la livraison de celles-ci et la remontée des dépenses (factures) des amphidromes auprès du GIP. C’est la même chose pour les travaux du quai numéro 1 et prochainement lorsque nous lancerons les travaux du troisième quai. Ce concept peut être élargi au fonctionnement d’un certain nombre d’équipements et à la maîtrise des dépenses. Je pousse d’ailleurs mes équipes à aller vers le FSE (Fonds social européen) pour nous accompagner sur l’ensemble de nos projets.
F.I. : Le Département a renoncé à taxer certains produits de grande consommation, est-ce que cela a réellement eu impact sur les prix dans le commerce et la grande distribution ?
B.I.O. : S’agissant du carburant, le dispositif que nous avons mis en place a très bien fonctionné, il a profité à tout le monde et Total a bien joué le jeu. Sur l’octroi de mer, la mesure a permis d’atténuer le coût de l’inflation car il allait être beaucoup plus important du côté des distributeurs. Il est vrai qu’il y a eu un gros travail réalisé en arrière-plan, et des contrôles ont été conduits par les services de l’État. Ce qui n’avait pas été le cas précédemment sur les articles d’électroménager qui avaient été déclarés produits de première nécessité. Si nous n’avions pas mis ces mesures en place, il est certain que le prix à l’étalage aurait été beaucoup plus important que ce que connaît actuellement le consommateur mahorais. D’ailleurs, ce travail se poursuit encore.
F.I. : Il a été question d’une diminution sensible des aides et subventions allouées aux associations pour maîtriser les dépenses. Est-ce une mesure temporaire ou s’achemine-t-on vers quelque chose de permanent ?
B.I.O. : Pour 2023, la baisse de ces aides est une réalité. Il n’y a pas que les associations qui subiront cette situation, le monde économique va également être impacté à ce niveau puisque je disais précédemment que nous rencontrons des soucis en matière d’investissement, nous ne dégageons plus de marges. Par contre, avant de poursuivre plus loin, je voudrais répondre à certaines questions posées dans les médias, à savoir, ce que nous avons fait des 50 millions d’euros d’excédent de 2021. Je rappelle que les excédents sont inscrits en investissement dans le budget de l’année suivante. Les gens ont tendance à croire que 2021 n’a concerné que notre prédécesseur, or, ce n’est pas le cas. Dès notre arrivée, nous avons fait l’année et donc avons contribué à dégager cet excédent de 50 millions d’euros. Leur inscription en investissement nous a permis d’accompagner très fortement nos collectivités locales. Nous affectons six millions d’euros au Sdis (service départemental d’incendie et de secours) tous les ans pour construire des casernes un peu partout sur le territoire. Il est extrêmement important que le Sdis se déconcentre sur les territoires éloignés des centres urbains. En matière d’aides économiques, j’ai besoin de disposer du bilan de ce qui ce qui a été réalisé jusque-là, sachant que ces aides ont été accordées sans que nous ayons une connaissance réelle de leur impact sur le système. Cette année, j’ai demandé qu’un travail de vérification soit réalisé en partant de 2018 afin que nous ayons une vision des retombées des 15 millions d’euros qui ont été accordés au monde économique local.
F.I. : Vous parlez souvent du développement économique. Quels domaines souhaitez-vous justement développer ?
B.I.O. : Mayotte a besoin plus qu’ailleurs de développer son économie, surtout dans un contexte de crise économique qui touche les départements et régions d’outre-mer qui connaissent une inflation galopante. Les raisons en sont bien identifiées : crises sanitaire et économique dues à l’épidémie de Covid-19, bouleversement des routes maritimes, multiples conséquences de la guerre en Ukraine,… Mayotte possède des atouts considérables que nous envient nos voisins de la région : des atouts liés à un dynamisme et à une croissance de tous les possibles ; des atouts liés à ses capacités de résilience qui lui ont permis de faire face aux crises économiques successives et à des évènements lourds en se relevant toujours ; des atouts liés aux projets d’infrastructures d’envergure amenés à concerner Mayotte comme la future piste longue, le futur quai n°1 en lien avec les engagements ministériels sur le port, ou bien sûr l’accueil souhaité à Mayotte des Jeux des Iles 2027. Des atouts enfin liés au positionnement géographique de Mayotte : celui d’une région ultrapériphérique de l’Union européenne située stratégiquement au cœur de l’Océan Indien, dans le canal du Mozambique, entre Madagascar et l’Afrique de l’Est. Mayotte peut jouer, mais plus encore doit jouer un rôle moteur pour assurer la stabilité et le développement économique dans cette zone du Canal du Mozambique. Un rôle stratégique, que ce soit pour ses routes maritimes ou pour ses projets énergétiques essentiels à l’approvisionnement des pays d’Afrique de l’Est et dans lesquels de nombreuses entreprises européennes investissent. Mais ces potentialités incontestables de Mayotte ne sauraient trouver de débouchés si nous ne trouvons pas collectivement des réponses à un certain nombre de défis majeurs pour notre île : le défi de l’insécurité des déplacements à optimisés, le défi de la sécurité des biens et des personnes, le défi de la jeunesse à laquelle nous nous devons d’apporter des solutions rapides… Ces solutions donneront de la crédibilité à tout ce que nous mettrons en œuvre, je sais trop combien ces préoccupations de vie quotidienne ont leur importance quand il s’agit de l’image et de l’attractivité de Mayotte et de son devenir.
F.I. : Comptez-vous relancer l’aquaculture ? Le Département va-t-il aider la filière pêche à se professionnaliser ?
B.I.O. : La relance de l’aquaculture va avec l’objectif que nous portons, dans notre projet pour Mayotte (2021-2028), de faire de l’économie bleue un levier solide de la croissance de notre territoire. Parmi les enjeux majeurs qui en découlent, il y a l’aménagement du littoral et l’accès à la mer, aux activités productives (pêche et aquaculture), aux transports maritimes, et à la formation aux métiers de la mer. Il existe, dans les années à venir, un fort potentiel pour orienter l’économie mahoraise davantage vers les côtes et l’océan. Les enjeux de limiter la dépendance alimentaire par la structuration des filières de la pêche et de l’aquaculture ou la sécurisation des sites de production et de stockage pour lutter contre les vols en font pleinement partie.
Un protocole spécial coupures d’eau se met en place dans les établissements mahorais.
A la fin du ramadan, de nouvelles mesures vont être mises en œuvre pour gérer la ressource en eau qui risque de manquer cruellement à Mayotte. Si la préfecture de Mayotte n’a encore rien annoncé, le rectorat a d’ores et déjà indiqué quel protocole il faut suivre « en fonction des situations ».
Première année mouvementée pour Jacques Mikulovic, le nouveau recteur de l’académie de Mayotte (à gauche). Avec Thierry Denoyelle, le directeur académique, ils doivent assurer la continuité pédagogique en dépit du manque d’eau.
C’est par un courrier daté du lundi 3 avril que Jacques Mikulovic a choisi de prévenir les élus locaux. Le recteur de l’académie de Mayotte depuis le mois de janvier notifie les maires des dispositions à prendre dans les écoles à cause « d’une actualité météorologique qui devient préoccupante pour tous, notamment la gestion de la pénurie d’eau et les incidences qui en découlent ». Premièrement, en ce qui concerne la communication. « Nous proposons au niveau des services du rectorat la mise en place d’une démarche qui se développerait comme suit : les avis de coupures sont transmis dès que possible par la directrice de cabinet du rectorat et/ou le service communication aux inspecteurs de circonscription. En retour, l’inspecteur signale à la directrice de cabinet toute situation particulière », informe le recteur.
Deux dispositifs seront mis en place en fonction des degrés d’enseignement. Pour les écoles et classes maternelles, du ressort des communes, « la décision de suspendre les cours suite à une coupure d’eau peut être immédiate ». Dans les collèges et les lycées, la procédure est légèrement différente. « Le principe est de préserver au moins la demi-journée de travail complète », informe l’académie. C’est-à-dire qu’en cas de coupure intervenant dans la matinée, les élèves sont renvoyés chez eux vers midi (pour l’instant cela se fait en fonction des établissements). Il y aura toutefois une variante. « Avant de renvoyer les élèves, il est nécessaire de s’informer auprès de la SMAE (N.D.L.R. Société mahoraise des eaux), afin de connaître l’horaire de remise en service de la distribution d’eau, et de tout faire pour préserver la totalité de la journée de travail », est-il écrit. La décision contraire au renvoi d’élèves interviendra « après concertation entre l’inspecteur et la directrice de cabinet ».
« Satisfaire ses besoins avant l’accès à l’école »
Il n’y a pas que les établissements qui devront faire un effort. Les parents sont invités à s’habituer à fournir une bouteille d’eau à leurs enfants. En outre, il est demandé « à ce que chaque élève puisse satisfaire ses besoins avant l’accès à l’école ». Afin de préserver les ressources en eau et assurer le fonctionnement des sanitaires (une obligation légale), les mairies ne sont pas en reste. Comme ce que font des particuliers ou des entreprises actuellement, elles sont invitées « à construire des solutions d’attente plus pérennes, notamment par la mise en service de récupérateurs d’eau ».
Pour rappel, il ne reste que deux semaines avant les vacances d’avril. Ensuite, il faudra en tenir neuf de plus avant les grandes vacances, un véritable casse-tête pour les élèves, leurs parents, les enseignants et bien entendu les collectivités destinataires de ce courrier.
Une coupure imprévue dans le sud de l’île
En ce lundi de Pâques, les usagers du réseau d’eau potable du sud de Mayotte (Chirongui, Kani-Kéli et Bouéni) ont eu la mauvaise surprise de trouver les robinets vides le matin. La Société mahoraise des eaux (SMAE) indique qu’une coupure électrique provenant du réseau public a empêché le fonctionnement normal de la station de pompage de Chirongui. « Devant le risque de perdre le réservoir de tête de ces secteurs, nous avons dû procéder à une coupure d’urgence de la distribution d’eau et sans préavis », reconnaît le délégataire du syndicat des Eaux de Mayotte. Alors qu’une remise en eau était prévue vers 14h, celle-ci est intervenue une heure plus tôt. Les communes du secteur concernées par les tours d’eau hebdomadaires le lundi soir ont vu la coupure de 17 h repoussée à 22h, « en compensation ».