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Le sud de Mayotte privé d’eau à cause d’une casse sur le réseau ce lundi

Ce lundi matin, les villages au sud de Grande-Terre ne sont pas alimentés en eau en raison d’une coupure générale. Une casse a été constatée sur une conduction entre les villages de Malamani et M’ramadoudou, dans la commune de Chirongui. Sont ainsi concernés Poroani, Miréréni (Chirongui), Malamani, M’ramadoudou, Chirongui, Tsimkoura, Choungui, M’zouazia, Moinatrindri, Hagnoundrou, N’gouja, Bouéni, Bambo ouest, M’bouanasta, Kani-Kéli, Kani Bé, Bambo est et Bandrélé. “La réparation est en cours. Après réparation, la remise de l’eau se fera progressivement suivant le secteur et en fonction du planning des tours d’eau. Cependant, il n’est pas possible de préciser l’heure de la remise en eau car une évaluation précise de l’état des stocks d’eau résiduels dans les réservoirs secondaires est à réaliser”, indique la Société mahoraise des eaux (SMAE).

L’après Chido et Dikeledi : entre épreuves à surmonter et craintes

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En l’espace d’un mois, la population de Mayotte a vécu successivement le passage, le 14 décembre 2024, d’un cyclone dévastateur dénommé « Chido », qui au-delà des puissances déchainées des vents, des dégâts sur la végétation, les habitats et les écosystèmes, a entrainé au minimum 39 décès et plus de 6.000 blessés, suivi le 12 janvier 2025, d’une forte tempête tropicale appelée Dikeledi, accompagné des fortes pluies. Cette eau qui est source de vie est devenue en quelques heures, source de danger par ses crues et ses inondations. Heureusement et contrairement à Chido, aucun décès n’est à déplorer. L’eau a toujours été responsable de nombreuses crises à Mayotte, soit par manque de ressource en eau ou par l’incapacité des infrastructures en eau à satisfaire les besoins de la population dans les différentes crises vécues : 1997, 2017, 2023 et 2024. En ce premier tiers du mois de janvier 2025, cette eau en furie a emporté tout sur son passage et notamment dans le Sud de l’île.

S’il faut remonter l’histoire de ce territoire, en dehors, des épidémies récurrentes de variole à la fin du 19 ème siècle qui ont touché Mayotte en 1875, 1886 et surtout celle de 1898 qui a fait 2.300 victimes et qui a rayé de la carte le village de Caroni, et des naufrages des (kwassa – kwassa), présentant ainsi le lagon comme l’un des plus grands cimetières de la région. Les cyclones font partie les fléaux qui ont le plus marqués les Mahorais. J’en veux comme exemple Kamisy en1984 et FELIKSA 1985. Ils peuvent de façon soudaine ou prévisible, transformer l’image paradisiaque et la richesse de la nature terrestre et maritime de Mayotte en supplice, en désolation et en désespoir.

Une vie quotidienne désarticulée

Chido avec des rafales de vent de plus de 200 km/h, a eu d’importantes répercussions sur la vie quotidienne des habitants de l’île. Il a démoli des nombreuses structures bâties privées (commerces), publiques (écoles, hôpital), des logements et surtout de nombreux bidonvilles. Et ce n’est pas la fin du phénomène qui a permis un fonctionnement normal, mais générant au contraire une dégradation continuelle des services. Il a compliqué jusqu’à ce jour, les approvisionnements en eau, en électricité, en téléphonie, en voies de communication et surtout en nourriture. La question aujourd’hui posée aux Mahorais et aux autorités politiques et administratives de l’île est de savoir : où trouver du manioc, du fruit à pain, des songes et de la banane pour ce mois de Ramadan qui se profile devant nous ? Alors que le régime alimentaire pendant ce mois sacré est essentiellement orienté vers la consommation de ces fruits et légumes accompagnés de poissons, de volailles et de viandes bovines, dans les temps de restaurations succédant aux périodes journalières de jeûnes qui rythment le temps du Ramadan.

Chido a complexifié les déplacements à cause des quantités astronomiques des déchets des bâtiments effondrés, des toitures arrachées, des arbres déracinés, des ordures ménagères et des cadavres d’animaux en décomposition, sources de puanteur insoutenable et de risques sanitaires. Dikeledi, quant à lui, a détruit certaines routes en les rendant ainsi impratiquables.

La santé a été particulièrement impactée par l’ampleur de Chido.L’hôpital de Mayotte, unique établissement hospitalier de l’île, a été endommagé, d’où cet engagement pris par le Président de la République, Emmanuel Macron, lors de sa visite à Mayotte, les 19 et 20 décembre 2024, de mettre en place dans l’urgence un hôpital de campagne.

Les difficultés constatées pour s’approvisionner surtout en eau, ont éprouvé physiquement et moralement les communautés présentes sur l’île. Ces dernières sont quotidiennement préoccupées par la recherche de l’eau. Pour exemple, les corvées quotidiennes, notamment par moi-même qui devait parcourir du 15 au 25 décembre, des centaines des mètres par jour et deux fois matin et soir, des jerricanes à la main, aux puits de Passamaïnty Cavani à la recherche d’eau même non potable pour les besoins d’hygiène et des installations sanitaires, illustrent parfaitement ces difficultés. Il fallait aller à la recherche de l’eau vers des points d’eau (puits, rivières, rampes de robinets). Les quantités ramenées restaient très limitées et souvent insuffisantes. D’où les longues marches, des pertes de temps et d’énergie des personnes qui consacraient environ (10 %) de leur temps à s’approvisionner (en eau).

Tous ces dysfonctionnements ont eu certainement un impact direct et/ou indirect sur la santé de la population. Et si une épidémie de plus grande ampleur comme celle du Chikungunya de 2006 ou de la Covid-19 de 2020 ou du choléra de 2024 survenait en même moment, les investigations et la gestion auraient été difficiles.

Un environnement complétement défiguré

Dans un territoire comme Mayotte, où le sous-développement économique et les inégalités sociales sont patentes, la richesse de la nature, terrestre (faune et flore) ou maritime (mangrove, espèces et coraux) constitue : un atout pour le développement économique et social, pour l’essor du tourisme, un laboratoire pour la recherche scientifique, un outil essentiel pour la formation et une réserve pour la création d’emplois.

Encore faut-il que cette richesse naturelle soit préréservée dans un milieu, une île et un lagon particulièrement fragiles. Et Chido comme Dikeledi sont venus impacter fortement Mayotte à différents niveaux, notamment en affectant les écosystèmes et la biodiversité marine et terrestre, l’agriculture, l’alimentation, l’approvisionnement en eau (quantité et qualité), en fragilisant les populations sur le plan économique et social (alimentation, logement…), en augmentant les risques liés à certaines maladies à transmission vectorielle, étroitement dépendantes de la salubrité publique et des conditions particulièrement favorables à l’émergence de maladies à transmission vectorielle notamment, par le développement et l’abondance des gîtes larvaires des moustiques vecteurs des maladies.

Ces risques sont majorés du fait, d’une part, du retard important d’équipement en infrastructures d’assainissement des eaux usées, d’accès à l’eau potable, du fait de l’habitat insalubre notamment dans la plupart de bidonvilles et d’une collecte et d’un traitement des déchets insuffisants.

Augmentation d’actes anti-sociaux

Même s’il a été très difficile de convaincre certaines personnes d’évacuer leurs habitations situées souvent dans une zone caractérisée par une forte pente où les secours pouvaient difficilement accéder, et concernée par l’urbanisme illégal, à rejoindre les centres d’hébergements mis en place par les collectivités territoriales, un semblant de générosité et de renforcement du tissu social a existé et a permis de surmonter les deux phénomènes. Ces derniers avaient fait disparaître les préoccupations divergentes quotidiennes en faveur d’un consensus à se protéger. La question de nouveau posée ici est de comprendre, pourquoi les occupants des territoires dangereux se sont-ils acharnés à y retourner vivre dès le lendemain du passage de Chido ? Peut-on expliquer cette problématique par le fatalisme, le contrôle de l’environnement social etc.. ?

En revanche dès la mise en place des secours et surtout en ce qui concerne les distributions d’eau et de nourriture, le naturel est revenu au galop. Les désaccords habituels connus sur le territoire entre les deux principales communautés (nationaux et étrangers notamment en situation irrégulière) ont fait leur apparition dès la mise en place des secours.

Et les plus anti-sociaux sont que certaines personnes déclenchent des gestes destructeurs tels que les actes de vandalisme, de pillage et de braquage sur une population déjà sinistrée et impuissante. Ainsi pour illustrer cette assertion, alors que moi-même, je tentais de remonter difficilement les dégâts matériels de son domicile et psychologiques causés par Chido, ma famille a été agressée lundi 6 janvier 2025, à midi, par 3 individus très menaçants, cagoulés, armés de machettes, couteaux, marteaux et venus pour piller notre domicile. Ils ont tout emporté ou presque. Au-delà de ces pertes matérielles indéniables, le traumatisme psychologique de la population mahoraise et de ma famille en particulier, est actuellement amplifié par ces actes de prédation. Il est urgent d’y remédier !

Salim MOUHOUTAR

Auteur et conférencier

Thierry Marx au chevet d’un secteur totalement sinistré

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Charles-Henri Mandallaz (Président de l’Umih Mayotte) et Thierry Marx.

Les professionnels du tourisme et de la restauration emboîtent le pas aux ministres et parlementaires qui se succèdent à Mayotte depuis le cyclone Chido. Le célèbre chef français, Thierry Marx, est actuellement sur l’île, sur invitation de ses collègues syndiqués de l’Umih. Il sera, à Paris, le porte voix de l’intersyndicale du patronat mahorais qui vient de voir le jour.

Lui aussi a fait le déplacement sur l’île pour se faire une idée personnelle de l’ampleur des dégâts causés par le cyclone Chido. Chef cuisinier de renommée internationale, Thierry Marx est aussi le président national de l’Union des Métiers et de l’Industrie Hôtelière (Umih). Il est venu témoigner de sa solidarité et de son soutien à ses collègues mahorais, adhérents de son syndicat. « Je suis venu voir physiquement l’état de Mayotte, il était important que je vienne regarder avec mes confrères, ce qui est possible de faire pour faire remonter au plus vite les besoins au niveau des hautes autorités à Paris« , a déclaré Thierry Marx lors d’une conférence de presse tenue au restaurant Le tour du monde à Dzaoudzi vendredi 17 janvier . « J’ai compris qu’il y a un sujet humanitaire qui est nécessaire de travailler, mais je suis tout à fait en harmonie avec ce qui est dit (par mes confrères), reconstruisons au plus vite un moteur économique pour que Mayotte redémarre dans de bonnes conditions « , a déclaré Thierry Marx dans son intervention.

Le chef veut que l’on arrête avec l’expression « reconstruction de Mayotte « . Pour lui, la situation de crise que vivent les Mahorais est évidemment très dur, néanmoins, il estime qu’il faut profiter de l’opportunité (post Chido) difficile, brutale, violente pour construire une Mayotte avec une vision plus sereine, économique, dans une prospérité partagée par tous.Thierry Marx assure que tel sera son combat et qu’il attend une relation extrêmement étroite, avec une véritable cellule à Paris pour remonter à chaque fois, au plus près des plus hautes autorités françaises, une réaction active sur les solutions à apporter à Mayotte.

Une intersyndicale pour parler d’une seule voix

« Je crois en l’île, elle peut être une destination touristique extrêmement intéressante. Tout est à construire à Mayotte, ensemble », a déclaré Thierry Marx, lequel a tenu à rappeler que l’activité touristique est “une industrie qui a un impact social et environnemental. » Le président du syndicat estime qu’en sa qualité de citoyen, il ne saurait se contenter de dire qu’on va « re reconstruire » quelque chose qui, déjà, avant n’avait pas de fondations suffisamment solides pour pouvoir aller plus loin. Il promet de retranscrire, tout ce qui lui sera rapporté au cours de ce déplacement dans le département, et le rapporter aux plus près des hautes autorités de façon constante, « parce que je pense qu’il faut faire régulièrement le point avec elles pour qu’elles comprennent que oui, il faut accélérer les choses au niveau de l’humanitaire, de la santé publique, de l’assistance au logement, mais qu’il est aussi impératif de relancer partiellement et rapidement un modèle économique« . Il prend pour exemple le fait qu’un salarié à Mayotte fait vivre à lui seul 8 personnes pour justifier l’impérieuse nécessité d’une relance économique.

Selon Marcel Renaldi, un opérateur économique très connu de l’île, à la demande de ses adhérents de Mayotte, Thierry Marx entend se faire également le porte voix de l’intersyndicale patronale dans le département (constituée de la CCI, la CMA, la CAPEB, la CGPME, l’UDP les Jeunes agriculteurs, les formateurs) mise en place avec la cellule de gestion de crise. Une intersyndicale qui a essayé de regrouper un maximum d’acteurs dans le but de porter des revendications communes, notamment sur les aides d’urgence qualifiées d’insuffisantes et de construction durable du territoire.

Charles-Henri Mandallaz, président local de l’Umih, a dressé un état des lieux de la profession sur le territoire après le passage du cyclone Chido. Un bilan apocalyptique : « l’ensemble des établissements sont partiellement ou totalement détruits, 70 % de la capacité hôtelière est impactée, 90 % des restaurateurs ont fermé à ce jour, nous rentrons dans une phase de résilience. Comme d’habitude à Mayotte, nous avons cette ultra capacité à faire le dos rond, à absorber les problèmes et essayer de ressurgir plus fort qu’avant« . L’Umih souhaite être intégré dans le mécanisme de préparation de la future loi « Mayotte debout » et entend dans cette optique présenter , 19 amendements portant sur des aspects de la situation économique locale non pris en compte selon eux dans le projet de texte rendu public. En outre, le syndicat défend la mise en place de formations qualifiantes assurées par des professionnels du secteur de l’hôtellerie et de la restauration, seul à pouvoir déterminer les embauches prochaines et les besoins concrets de la profession.

Choléra : un cas identifié à Mayotte

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Un cas de choléra importé à été identifié à Mayotte ce samedi.

Samedi 18 janvier, l’Agence régionale de santé de Mayotte a identifié un cas de choléra importé. “Le plan d’action élaboré et mis en œuvre en 2024 a immédiatement été redéployé, afin de limiter les risques de diffusion de la maladie sur le territoire”, annonce la préfecture et l’ARS de Mayotte. “Le patient a été pris en charge rapidement et de manière sécurisée au Centre hospitalier de Mayotte (CHM) quelques heures après son arrivée à Mayotte afin de stabiliser son état de santé. Un circuit de prise en charge spécifique au choléra est mis en place au sein du CHM.”

Dès réception du résultat positif et afin d’éviter toute diffusion de la maladie, l’ARS de Mayotte a mis en place des actions permettant d’interrompre une potentielle transmission de la bactérie et son implantation sur le territoire. Une première équipe d’investigation médicale a interrogé le cas samedi soir afin de mener une investigation en recherche des causes, des cas contacts et co-exposés. Dimanche matin, une équipe a été déployée sur la zone d’habitation du cas afin de poursuivre les investigations épidémiologiques, procéder à la désinfection du foyer, conduire des analyses environnementales et diffuser les recommandations sanitaires aux personnes du voisinage. Une action de vaccination préventive a été conduite autour de la zone d’habitation du cas.

Les premières investigations concluent à un cas de choléra importé dans le cadre d’un vol en provenance d’Afrique continentale.Les autorités locales de Mayotte appellent la population à observer les mesures d’hygiène (consommation d’une eau contrôlée, lavage des mains) devant permettre d’éviter toute acquisition ou transmission de la maladie.

Conduite à tenir : “Vous souffrez de diarrhées aqueuses aiguës et avez voyagé dans une zone de circulation du choléra, isolez-vous, hydratez-vous avec de l’eau potable et appelez immédiatement le 15”, indiquent les autorités.

 

Des citoyens s’introduisent dans le lycée Bamana pour déloger les migrants

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Le collectif citoyen Mayotte 2018 s’est introduit dans le lycée pour déloger les occupants.

Après plusieurs semaines de tension face à l’installation de migrants au sein du lycée Younoussa Bamana à Mamoudzou, le collectif citoyen Mayotte 2018 s’est rendu dans l’établissement ce vendredi avec la volonté de les évacuer.

D’un côté du lycée, le collectif citoyen Mayotte 2018, de l’autre, les occupants de l’établissement scolaire. Deux groupes qui se font face avec hostilité, séparés par de nombreuses barrières installées par les policiers. La tension est encore monté d’un cran au lycée Younoussa Bamana ce vendredi midi. Alors qu’il est occupé par des sinistrés depuis le cyclone Chido, le collectif citoyen Mayotte   2018 s’agace de cette situation et dénonce « l’inaction de la préfecture ». Ils ont donc décidé d’entrer par la force dans l’établissement ce vendredi matin pour les déloger. Un acte qui intervient à quelques jours de la rentrée administrative, prévue ce lundi 20 janvier.

« L’Etat cède aux caprices des migrants»

« La rentrée a lieu bientôt. Nous avons déjà perdu deux semaines par rapport au national. Le lycée ne peut pas rouvrir car l’Etat cède aux caprices des migrants », critique Safina Soula, la présidente du collectif. « Le droit d’asile n’est pas supérieur à celui d’être éduqué », estime-t-elle.

La militante considère que la population à Mayotte « a tout perdu avec Chido et qu’elle n’a pas la capacité d’accueillir plus de monde , il faut qu’ils rentrent dans leur pays ». Le collectif a appelé les élus ce vendredi pour qu’ils se saisissent de la situation et qu’ils « mettent la pression au préfet ». Hélène Pollozec, conseillère départementale du canton de Mamoudzou, est venue sur place. « Je savais qu’il y aurait des tensions , mon rôle est d’être au côté de la population, j’entends qu’il faut respecter le droit international mais il faut aussi comprendre que les élèves doivent reprendre le chemin de l’école », déclare-t-elle. Selon elle, « les conditions sanitaires ne sont aujourd’hui pas réunies pour une réouverture dans les prochains jours ».

« Nous n’avons aucun autre endroit où aller »

De l’autre côté du bâtiment, dont les toits sont percés par le cyclone, une centaine de sinistrés observent avec inquiétude, les policiers installer des barrières pour les empêcher d’accéder à tout l’établissement. « Ils veulent qu’on parte mais nous n’avons aucun autre endroit où aller », raconte Mohamed, un Somalien. Parmi les occupants du lycée, beaucoup ont fui la Somalie ou des pays de l’Afrique des Grands lacs. « On veut libérer l’établissement mais on va où », questionne Gracia, une femme qui a fui la République démocratique du Congo. « J’ai perdu ma maison par le cyclone ». Elle demande de la compréhension, « à la fin on est tous les mêmes, on est humains ».

La préfecture entend vider tous les établissements qui ont servi de centres d’hébergement d’urgence au cours des dernières semaines. «Tous les centres doivent être libérés avant la rentrée scolaire », a affirmé le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. La préfecture est en revanche confrontée au manque de structures pour reloger ces personnes.

Le conflit au lycée a été évoqué jusqu’à l’Assemblée nationale. La députée Rassemblement national, Anchya Bamana l’a abordé ce mercredi lors d’une question au gouvernement et a vivement dénoncé cette occupation « par des migrants sans papiers […] .A ce jour, le squat du lycée Bamana est devenu une source d’indignation et d’inquiétude profonde pour les habitants. ».

“Créer les conditions d’un rapport de force avec les Comores”

Manuel Valls, ici à Chiconi, le mardi 31 décembre, avec le maire Mohamadi Madi Ousseni, se dit prêt à durcir les relations avec les Comores au sujet de l’immigration à Mayotte.

Avant que le projet de loi d’urgence pour Mayotte ne soit discuté dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le 20 janvier, le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, a rencontré le ministre de l’Outremer, Manuel Valls, ce jeudi 16 janvier, à Paris. Au micro de nos confrères d’Outremers360, ce dernier n’a pas caché vouloir un discours plus ferme avec l’archipel voisin de Mayotte au sujet du volet migratoire.

Immigration

C’était le sujet absent du projet de loi d’urgence, mais sur lequel les élus mahorais insistent. Ils veulent des mesures rapides pour endiguer l’immigration illégale sur leur territoire. Jugés pourtant irrecevables par le Conseil constitutionnel, les amendements liés à la lutte contre l’habitat insalubre et l’immigration clandestine trouveront une autre réponse avec la loi-programme actuellement en discussion et même dans une proposition de loi faite par le groupe Les Républicains (celle-ci demande un allongement de la durée légale de résidence à Mayotte de parents étrangers à un an avant la naissance, contre trois mois aujourd’hui pour l’un des deux parents).

Toujours sur le volet immigration, Manuel Valls, ministre de l’Outremer, s’est déclaré prêt à aller plus loin aussi dans le nombre d’expulsions de ressortissants étrangers (22.000 de janvier à début décembre 2023 par exemple). Il a réitéré cette volonté au sortir d’un entretien, ce jeudi soir, avec Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte. Et peu importe que le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, ait déclaré “qu’il ne peut pas accueillir les Comoriens expulsés par la force” à la chaîne France 24. “Il faut créer les conditions d’un rapport de force”, lui répond justement l’ex-Premier ministre, à nos confrères d’Outremers360.

Bidonvilles

Dans les jours qui ont suivi le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, une bonne partie des cases en tôles ont été reconstruites. En plus de l’accélération des procédures pour la construction, la loi d’urgence doit servir “à empêcher la reconstruction des bidonvilles”, estime toujours le ministre de l’Outremer, avant de reconnaître que “bien sûr, ils se sont reconstitués. Ce n’est pas une loi qui l’empêchera. Il faut les moyens de la force publique pour en finir avec cet habitat illégal”.

Économie

L’intérêt du président du conseil départemental dans cette rencontre de ce jeudi a été de pouvoir avoir “des précisions” sur la zone franche globale promise par le Premier ministre François Bayrou, le lundi 30 décembre. Le dispositif, qui ne figure pas dans la loi d’urgence, doit être effectif pendant “cinq ans” à Mayotte et permettre de nouvelles exonérations pour les entreprises. “Un accompagnement” a aussi été demandé par Ben Issa Ousseni aux collectivités mahoraises. “Vous savez que nos collectivités ont été aussi fortement touchées. On souhaiterait qu’elles puissent être accompagnées rapidement pour reconstruire leurs locaux pour pouvoir assurer leurs missions de service public”, défend l’élu mahorais, qui a souhaité parler en outre de la convergence des droits sociaux et de l’environnement (“nettoyage des rivières et reboisement”).

Établissement public

Créé par l’article premier de la loi d’urgence, l’Établissement public de la refondation de Mayotte suit le modèle de ce qui a été fait pour la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris. Dans cette structure qui sera dirigée par le général Pascal Facon, la moitié des sièges du conseil d’administration devrait revenir aux collectivités locales. Manuel Valls a tenté de rassurer l’élu mahorais en disant “qu’il est notre interlocuteur pour la reconstruction. On veut s’appuyer sur lui. C’est très important que les élus, les maires soient associés à ce travail”.

A Petite-Terre, le chemin de croix pour obtenir du gaz

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Un alignement de bonbonnes de gaz sous le soleil pour des mères de famille excédées d'atteindre des heures.

A Petite-Terre,  acheter une bouteille de gaz tourne au cauchemar. Depuis le cyclone Chido, les habitants font la queue pendant des heures dans l’espoir d’en obtenir une, souvent sans succès.

Des longues files d’attente sous le soleil ardent de la saison des pluies, juste pour espérer acheter une recharge de gaz butane, c’est le quotidien de beaucoup de personnes à Petite-Terre. Si la manœuvre n’a rien d’exceptionnel pour les habitants de Mayotte, projetée dans le contexte de l’après cyclone Chido, des voix s’élèvent pour dénoncer le rationnement auquel est soumis la Petite-Terre.

« Vraiment, je n’en peux plus, je suis exténuée, mais je ne bougerai pas d’ici tant que je n’aurai pas obtenu du gaz ce matin. Le traitement qu’on nous inflige depuis un mois est inhumain, exprime Soiyarta Abdoulhadi, une habitante de Labattoir. Mère de trois enfants en bas âge, elle explique qu’elle ne cuisine plus depuis plus de trois semaines faute d’avoir du gaz. Voilà plus de 20 jours qu’elle court partout à la recherche du précieux combustible et qu’elle revient sans cesse bredouille à la maison. Après le cyclone Chido, elle a fait tourner sa cuisine avec une bonbonne de gaz dont il ne restait plus que 1/8 e de sa contenance. Par malchance, celle-ci ne lui aura profité que 3 jours, la laissant sans autre recours que des boîtes de conserve et du riz cuit au feu de bois. « Dans la nuit, une personne est venue me la subtiliser sans que je ne m’en rende compte. Sûrement quelqu’un du voisinage qui connaît bien ma maison. », rapporte-elle. Depuis, elle ne cuisine plus et n’a toujours pas réussi à se fournir à nouveau. « Il y a à peine une quinzaine de jours que la Petite-Terre est à nouveau réalimentée en gaz, dans une désorganisation absolue, sans calendrier précis. Une semaine, on vous dit le mardi vous en aurez, finalement rien au bout de 2 jours. On vous dit ensuite revenez samedi et ce jour-là, vous apprenez que vous avez raté le coche et que la distribution a finalement eu lieu la veille vendredi », s’agace-t-elle.

Faire la queue dès le lever du jour

La mère de famille n’est pas la seule à dénoncer une telle situation, changeante d’une semaine à l’autre, obligeant nombre d’individus à patienter des heures durant sous un soleil de plomb, devant les boutiques et les doukas revendeurs de gaz. Certains s’y installent dès le lever du jour dans le mince espoir de figurer parmi les heureux bénéficiaires du jour.  Si le gaz donne lieu à autant de colère et d’impatience en Petite-Terre, c’est que l’offre est plus que jamais en dessous de la demande depuis le passage du cyclone Chido. Contre toute attente, ce jeudi janvier 2025, plusieurs camions ont été autorisés à faire la traversée pour alimenter les boutiques de Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi. Plus de peur donc que de mal pour les usagers alignés en fil indienne sous le soleil de 10 à 11 heures.

« Les personnes remplacent la tôle par le béton », les quincailleries prises d’assaut depuis Chido

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Les camions qui repartent d'Oté matériaux sont principalement chargés de gravier et du sable pour faire du béton.

Depuis les passages du cyclone Chido et de la tempête Dikeledi, les quincailleries sont débordées. Les clients viennent en priorité acheter de quoi refaire leur toit. Reportage dans les magasins du centre de Mayotte.

Prise électrique à la main, Amada quitte la quincaillerie Super Bois de Sada ce jeudi. Depuis que « tout a été cassé » chez lui après le cyclone Chido, il vient se fournir dans la boutique. «  Je répare l’électricité pour qu’on puisse être alimenté. C’est pour essayer de retrouver une vie normale », ironise-t-il. Depuis le passage du cyclone, le magasin Super Bois n’a pas connu de répit, il a rouvert seulement trois jours après. La demande était forte. «  Les clients cherchaient des bâches pour fermer leur toit qui s’est arraché et des clous », raconte Dounia Farsi, caissière et conseillère dans le magasin. Aujourd’hui, ces deux produits sont en rupture de stock. « Désormais, on a une grosse demande pour trouver du contreplaqué », indique-t-elle.

A Combani, à la quincaillerie Oté matériaux, c’est la cohue ce jeudi matin. Des camions défilent en continu pour s’approvisionner en gravier ou en sable. « Depuis 7 h, ça ne s’arrête pas. Depuis deux jours c’est très intense », commente le directeur Michel Ndong. Le magasin est la grande quincaillerie du centre de Mayotte. « Ici on vend du sable, du gravier, du parpaing, du fer, du bois, nous vendons peu de petite quincaillerie contrairement à d’autres magasins ». Particuliers comme professionnels viennent sur place. Faika, habitante de Ouangani est venue acheter du sable pour faire du carrelage dans sa maison. La demande en sable et gravier pour faire du béton a explosé. « Après ce qu’il s’est passé, les personnes remplacent la tôle par le béton », observe le directeur de l’entreprise de neuf salariés.

Pénurie de tôles

Néanmoins, la tôle trouve toujours preneur, elle est d’ailleurs en rupture de stock à Oté matériaux. Ces deux derniers jours, la fréquentation dans son magasin est particulièrement importante, elle peut s’expliquer par plusieurs raisons selon lui. « Avant, il y avait moins de monde, car il était encore difficile de trouver de l’essence, les clients attendaient aussi le retour des assurances ». Malgré l’affluence, l’équipe connaît toujours des difficultés pour travailler convenablement, car l’électricité n’a pas été rétablie dans les locaux. « Nous avons un groupe électrogène, mais il ne fonctionne pas en continu, pour la facturation et suivre les commandes, c’est difficile, nous n’avons pas de visibilité », s’impatiente Michel Ndong.

Mamoudzou se mobilise pour les makis après le cyclone Chido

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Les associations environnementales insistent sur le fait qu'il ne faut pas nourrir les makis.

Le mercredi 15 janvier, la Ville de Mamoudzou a organisé une réunion de sensibilisation consacrée à la situation des makis. Depuis le passage du cyclone Chido, qui a frappé l’île le 14 décembre, de nombreux makis errent dans les villages, exposés aux attaques de chiens ou aux dangers des routes.

« C’est un animal emblématique de l’île », rappelle Saïd Mohamed Djanfar, adjoint au maire chargé de l’économie. Face à la situation critique, des acteurs locaux tels que Mayotte Nature Environnement et les Naturalistes de Mayotte se sont réunis pour dresser un état des lieux et réfléchir à des mesures de préservation.

Le cyclone a dévasté les ressources alimentaires des makis, déblayant les fruits et la végétation sur son passage. En conséquence, ces lémuriens frugivores, dont la population est estimée à 20.000 individus sur l’île, peinent à se nourrir. « Ils s’adaptent en mangeant des pousses, des bourgeons ou des fleurs, mais ce n’est pas suffisant », alerte Michel Charpentier, président des Naturalistes de Mayotte.

Ces animaux sociaux, organisés en groupes de six à douze individus, souffrent également d’une perte de repères physiques et sociaux. Leur déplacement, d’ordinaire de branche en branche, est rendu difficile par les dégâts causés aux arbres par le cyclone.

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Alors qu’il n’y a plus de fruits sur les arbres, les makis n’ont presque plus de nourriture depuis le cyclone.

Ne pas nourrir les makis

Lors de cette réunion, les experts ont unanimement recommandé de ne pas nourrir les makis. « Cela risque de provoquer une surpopulation incontrôlée, comme cela a été observé sur l’îlot Mbouzi », explique Ibouroi Mohamed Thani, conservateur de la Réserve naturelle nationale de l’îlot Mbouzi. « Nourrir les makis peut aussi favoriser la transmission de maladies entre eux et les humains, car ces lémuriens sont des réservoirs pathogènes », ajoute le président des Naturalistes de Mayotte. De plus, les habituer à recevoir de la nourriture rend difficile tout retour à l’autonomie, au risque d’engendrer un comportement agressif, s’ils n’obtiennent pas ce qu’ils attendent.

Quelles solutions pour préserver les makis ?

Face à l’urgence, plusieurs pistes ont été évoquées pour préserver les makis : notamment celle de laisser la nature suivre son cours pour permettre aux écosystèmes de se rééquilibrer naturellement, réaliser des études diagnostiques afin d’évaluer les taux de mortalité et de déterminer si la population actuelle est viable ou encore sensibiliser les Mahorais, notamment les automobilistes, aux dangers auxquels sont confrontés les makis.

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les makis sont déjà considérés comme une espèce quasi menacée. « Même si la population peut s’adapter, cela nécessitera du temps », conclut Ibouroi Mohamed Than.

Un stage de danse au pôle culturel de Chirongui

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L’association HIP HOP Evolution propose des ateliers de danse hip-hop dans le but de créer une « crew sud » pour la STREET DANCERS SHOW qui aura lieu ce dimanche 19 janvier au Pôle Culturel de Chirongui. Les ateliers auront lieu ce jeudi 16 et vendredi 17 janvier de 10h à 12h, à partir de 8 ans. La participation est gratuite sur inscription obligatoire par mail à poleculturel@chirongui.yt ou au 0639 72.25.67

La Poste reprend ses activités après Dikeledi

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Après la tempête tropicale Dikeledi, la Poste est aujourd’hui en mesure de reprendre une partie de ses activités postales et bancaires. Après une réouverture progressive début janvier, ce sont désormais neuf bureaux de poste qui sont accessibles aux clients chaque jour, de 8h à 14h : Combani, Dzaoudi-Labattoir, Kaweni, Dzoumogné, Sada, Passamaïnty, Chirongui, Dembéni et M’tsamboro. Les clients peuvent également rencontrer leur conseiller bancaire dans ces bureaux, ou contacter le 36 39 pour toute question relative à leurs comptes. De même, deux centres d’examen du permis auto et moto ont rouvert leurs portes et accueillent les candidats le mardi à Dzaoudzi-Labattoir et le mercredi à Combani. Les candidats peuvent s’inscrire en ligne sur le site www.lecode.laposte.fr. Enfin, La Poste a également remis en service et réapprovisionné quinze de ses distributeurs automatiques de billets La Banque Postale.

Quelques consignes pour prendre soin des makis

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Le réseau EEDD 976 a publié des recommandations concernant le comportement à adopter avec la faune éprouvée par Chido, avec l’appui du primatologue Laurent Tarnaud. Le passage du cyclone Chido a fortement impacté la végétation de Mayotte, privant les makis de leurs sources naturelles de nourriture. Ces primates, frugivores-folivores, s’adaptent en consommant des feuilles lorsque les fruits se font rares. Cependant, il est essentiel de bien comprendre comment les aider sans leur nuire. Il ne faut pas les nourrir de façon désorganisée et rassembler des fruits en un seul endroit peut provoquer de la compétition et du stress entre les makis, déjà affaiblis. Il ne faut pas donner des aliments inadaptés en évitant absolument les gâteaux, le pain ou tout autre aliment transformé. Leur système digestif n’est pas adapté et cela pourrait les affaiblir davantage. Il vaut mieux laisser la nature suivre son cours. La végétation devrait progressivement reverdir. Les makis sont capables de s’adapter en consommant des feuilles en attendant. Si vous décidez quand même de les nourrir, il faut proposer uniquement des fruits frais, installer plusieurs points de nourrissage espacés pour éviter la promiscuité et le stress, placez les fruits en hauteur pour les protéger des autres animaux. Un maki mange environ 300 g de nourriture par jour. “En résumé, le meilleur geste est souvent de ne rien faire. La nature, bien que parfois cruelle, est résiliente. Donnons-lui le temps de restaurer l’équilibre de cet écosystème unique”, écrit le réseau dans son communiqué.

La loi d’urgence adoptée en commission

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Premier grand rouage législatif du plan « Mayotte Debout », le projet de loi d’urgence a passé son premier cap à l’Assemblée nationale via deux réunions de la commission des affaires économiques, ces lundi et mardi. Centré sur la reconstruction ou des mesures économiques et sociales, le texte présenté par Manuel Valls, le ministre de l’Outremer, et rapporté par Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte, a vu ses 22 articles amendés. En effet, les députés des différents groupes politiques ont surtout poussé pour davantage d’exigence pour ce dispositif qui doit répondre aux conséquences du cyclone Chido. L’établissement public dédié à la reconstruction de Mayotte par exemple, dont cette loi entérine la création, devra fournir un rapport annuel sur ses activités suite à un amendement déposé par la parlementaire mahoraise. Un autre de Dominique Voynet, la députée Écologistes et ancienne directrice de l’Agence régionale de santé de Mayotte, doit permettre de dresser un bilan humain de la catastrophe du samedi 14 décembre, celui provisoire des autorités (39 morts et des dizaines de disparus) suscitant la méfiance. Philippe Gosselin, député Les Républicains, a également fait adopter un amendement exigeant un rapport sur l’impact des écarts de prestations sociales sur le niveau de vie des Mahorais et « propose un calendrier d’alignement sur celles de l’Hexagone ».

Plusieurs fois abordée, l’immigration ne figure pas dans ce projet de loi qui arrive à l’hémicycle, le lundi 20 janvier, le conseil constitutionnel ayant déclaré irrecevables la plupart des amendements y faisant référence. Mais le sujet devrait rapidement revenir dans la loi-programme promise « dans les trois mois » dans le plan « Mayotte Debout ».

« Le cyclone n’a épargné aucune culture »

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Toutes les exploitations agricoles ont souffert du passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024.

Au lendemain de Chido, les agriculteurs ont découvert avec effroi les ravages causés sur leurs exploitations. Ange Dusom, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA) Outre-mer, fait le point sur la réponse de l’État qui tarde à venir et sur les besoins du secteur.

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Ange Dusom est président du syndicat des Jeunes Agriculteurs.

Flash Infos : Les exploitations agricoles ont été ravagées durant le cyclone Chido, le 14 décembre dernier. Est-ce-que votre syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA) a pu dresser un bilan des pertes ?

Ange Dusom : Le cyclone n’a épargné aucune culture. J’ai été dans la commune de Dembéni, chez Corinne Avice, tous les régimes de bananes étaient au sol. Plus une culture est haute, plus elle a été impactée. Donc ce qui a été le plus épargné ce sont les cultures relativement basses ou celles qui étaient à un stade de production relativement bas. Le manioc, les boutures sont cassés, mais les racines sont restées, donc on peut peut-être les récupérer. Il aurait fallu néanmoins avoir dans l’urgence l’importation de certaines boutures pour replanter assez rapidement. 

F. I. : Est-ce qu’on sait déjà si la tempête tropicale Dikeledi a aggravé la situation ?

A. D. : Pour l’instant, c’est compliqué de faire un bilan. On sait déjà que des agriculteurs ont perdu leurs animaux avec des glissements de terrain. Avec les toits abîmés, l’eau a pu rentrer et les animaux ont été plus exposés. Il y a eu des morts aussi bien chez les petits animaux que chez les bovins. 

F. I. : Quelle aide ont reçu les agriculteurs concrètement pour l’instant ?

A. D. : Pour l’instant, concrètement, le seul matériel que les agriculteurs ont reçu est du matériel qui a permis de déblayer les pistes. C’est du matériel que le syndicat a négocié avec le syndicat JA-FNSEA. Cent tronçonneuses ont été mises à disposition des groupements, à des agents du conseil départemental et à des sapeurs pompiers pour déblayer les pistes. Ce n’est pas une aide de l’État, je le précise. En effet les tronçonneuses étaient un besoin d’urgence, car on ne pouvait pas avoir accès aux exploitations. Depuis, au moment où je vous parle, jusqu’à aujourd’hui, les agriculteurs n’ont pas reçu une aide liée au cyclone Chido. Pour l’instant ce ne sont que des réunions et des réunions. Le bilan économique global n’a pas encore été fait un mois après. C’est à la Chambre d’Agriculture de le faire.

F. I. : Quelles sont les priorités actuellement selon votre syndicat ?

A. D. : Les agriculteurs n’attendent pas pour rebâtir, ils le font déjà avec les moyens du bord. Ce qui est urgent est que les aides qui étaient déjà dues avant Chido soient payées. Ce sont des aides, qui certaines devaient être payées l’année dernière, qui ne sont toujours pas payées. Ça devrait être la première chose à faire. Les infrastructures, il faut les retaper, or il n’y a pas assez de matériel sur le territoire. Il nous faut donc des bâches pour les serres et les bâtiments.

F. I. : Est-ce que selon vous, le projet de loi d’urgence pour Mayotte apporte une réponse satisfaisante aux problématiques des agriculteurs ?

A. D. : J’ai lu les vingt-deux articles du projet de loi d’urgence pour Mayotte. Sur ces vingt-deux articles, il n’y a pas grand chose pour le monde agricole, pour ne pas dire rien. Maintenant, c’est à la Chambre d’agriculture, au conseil départemental, aux organismes professionnels de faire des amendements pour les envoyer aux parlementaires. 

F. I. : Dans quel état d’esprit sont les agriculteurs aujourd’hui, un mois après le passage du cyclone ?

A. D. : Pour certains, ce qu’ils ont mis quinze ans à construire est tombé au sol en seulement quelques heures. Ça casse le moral, c’est sûr, surtout pour ceux qui venaient de finir de payer leur emprunt et qui avaient des salariés. Il y a eu le choc de perdre son outil de travail. Comment repartir ? Après l’état de choc, il y a eu l’impatience face aux réponses de l’État, qu’on attend encore aujourd’hui. 

Au musée de Mayotte, 98% du patrimoine sous l’eau s’en est sorti

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Abdul-Karim Ben Saïd est le directeur du musée de Mayotte.

Abdul-Karim Ben Saïd, directeur du musée de Mayotte, témoigne des dégâts subis par les monuments historiques après le passage du cyclone Chido et de la tempête tropicale Dikeledi.

Flash Infos : Le cyclone Chido, puis la tempête tropicale Dikeledi, ont frappé Mayotte en moins d’un mois. Quel est l’état actuel du musée et des infrastructures qui l’entourent ?

Abdul-Karim Ben Saïd : Sur la question des infrastructures, il y a deux choses à évoquer. Deux bâtiments classés monuments historiques sont mobilisés pour le projet musée, l’ancienne caserne de Dzaoudzi et la résidence des gouverneurs. Ensuite, deux bâtis nous accueillent administrativement et accueillent nos conservations. Les deux monuments historiques ont perdu leurs toits comme bon nombre à Mayotte. Il s’agit de bâtiments anciens qui n’étaient sans doute pas conçus pour affronter ces deux tempêtes. La perte de ces toits fragilise les deux bâtiments qui sont anciens, l’un datant de 1844 pour la résidence des gouverneurs et l’autre de 1845 pour l’ancienne caserne.

FI. : Le bâtiment principal a été fragilisé par les tremblements de terre liés au volcan Fani Maoré il y a plusieurs années. L’a-t-il été davantage après le cyclone

A.-K. B. S. : Les bâtiments n’étaient pas construits pour recevoir autant d’intempéries. Il y a fort à parier qu’il y a des effets, mais je ne saurais dire à quel point. Une expertise, qui se fera prochainement, nous dira ce qu’il en est de la caserne et de la résidence des gouverneurs à Dzaoudzi. Pour la caserne, des travaux de mise aux normes devaient commencer ce mois de janvier, pour rouvrir d’ici un an. Mais suite au cyclone Chido, on doit attendre une expertise. Le toit, qui n’était pas concerné par les travaux, s’est envolé. Le bâtiment est soumis à la pluie. Ce sont des bâtiments faits de chaux. Nous sommes donc en train de le couvrir d’une bâche. Malheureusement, la bâche n’a pas tenu lors de Dikeledi. L’entreprise choisie pour couvrir les monuments de bâche travaille encore là-dessus, au moins pour éviter que les bâtiments historiques ne soient exposés à l’eau. En attendant une expertise qui doit arriver la semaine prochaine, eux aussi sont bloqués à La Réunion du fait du contexte actuel. Ce n’est qu’à partir de cette expertise que nous saurons comment prendre en compte ces éléments nouveaux.

F.I. : Comment ces bâtiments ont pu tenir face à ces deux tempêtes cycloniques ?

A.-K. B. S. : Disons que ce sont des bâtiments “costauds” parce qu’ils ont pu résister à deux phénomènes auxquels ils n’étaient pas du tout habitués. Je pense qu’ils ont plutôt bien résisté. Maintenant, il faudrait ne pas laisser ces bâtiments à découvert

F.I. : Y a-t-il des parties du patrimoine culturel qui sont définitivement perdues ?

A.-K. B. S. : Pour le patrimoine du musée, le lendemain de la tempête Chido, j’étais à Dzaoudzi pour constater l’état des collections. Tout de suite, nous avons enclenché une opération de sauvetage de ces dernières. Une partie était dans l’eau, pas entièrement, mais en partie. Nous avons donc effectué une opération de mise hors d’eau. Il reste deux opérations pour finaliser l’ensemble du sauvetage. Mais 98% du patrimoine qui était sous l’eau s’en est sorti. Dans la caserne, une partie de notre réserve a été victime de Chido. Sauvées et transportées dans nos bureaux. Aujourd’hui, tous nos bureaux sont transformés en réserves. On n’a plus de bureaux aujourd’hui. C’est ce choix qu’on a effectué pour sauver nos collections. Actuellement, nous avons aussi le Bouclier Bleu, une association qui notifie les dégâts et qui aide les collectivités à sauver leur patrimoine. Ils sont venus nous prêter main-forte pour la mise hors d’eau. Nous procédons maintenant à la phase de sauvegarde.

F.I. : Est-ce que des fonds spécifiques vont être débloqués pour soutenir la reconstruction du musée et protéger son patrimoine ?

A.-K. B. S. : Il n’y a pas de fonds particuliers qui ont été débloqués. Des missions de l’UNICEF vont aussi venir observer l’état du bâtiment et peut-être nous aider. Je l’espère en tout cas. En tout état de cause, il y a déjà une convention qui existe entre nous et l’État. J’espère aussi que la Fondation de France pourra nous soutenir. Mais pour l’instant, on sait qu’ils ont récolté 34 millions d’euros. Je ne sais pas non plus comment le département va répartir ces aides. Mais j’ose espérer qu’on puisse nous aider à restaurer la résidence des gouverneurs, par exemple. Mais j’attends que le département se positionne. J’en ai fait la demande, mais on verra bien par rapport aussi aux urgences du territoire.

F.I. : Au vu de ce que vous observez, pensez-vous qu’une date de réouverture du musée soit envisageable ?

A.-K. B. S. : Je ne serais pas en mesure de le dire parce que ça dépend du maître d’œuvre. À l’issue des expertises, il y aura sans doute des observations. Une mise aux normes est déjà en cours, mais avec l’absence de toit, le chantier doit être totalement ré-évalué. Aujourd’hui, on ne peut plus construire sans prendre en compte les normes anticycloniques et antisismiques. On a connu Feliksa en 1995, Chido va nous pousser à penser autrement.

Propos recueillis par Nadhuir Mohamady

Manque d’eau potable : “Tout le monde est vulnérable”

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Le mardi 7 janvier, avait lieu la quatrième distribution de bouteilles d’eau dans le village de Chirongui depuis le cyclone Chido.

Depuis le passage du cyclone Chido, trouver de l’eau en bouteille dans les magasins est devenu compliqué, comme dans la commune de Chirongui, où la semaine dernière, les habitants se sont rendus au nouveau bâtiment de la police municipale pour une distribution de bouteilles. La population déplore une quantité d’eau distribuée insuffisante.

 

Tribune : « Des réponses à la hauteur » souhaite le maire de Mamoudzou

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Au premier jour de l’examen du projet de loi d’urgence en commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, ce lundi, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, fait « une demande solennelle de réponses à la hauteur du rendez-vous historique».

« Mesdames et Messieurs les président(e)s,

C’est avec gravité et un sens de responsabilité élevé que je m’adresse à vous par cette présente, en qualité de maire de Mamoudzou, ville chef-lieu de Mayotte, et témoin privilégié d’une réalité humaine et sociale qui interpelle notre conscience collective.
Mayotte n’est pas seulement le plus GRAND BIDONVILLE de France et d’Europe; elle est aujourd’hui devenue, sous nos yeux impuissants, avec un nombre de décès cruellement sous-estimé, le plus GRAND CIMETIERE à ciel ouvert (N.D.L.R. la préfecture de Mayotte fait état d’une quarantaine de morts et des dizaines de disparus). Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido a balayé notre territoire, arrachant des vies, pulvérisant des foyers et laissant derrière lui un paysage de désolation. Ce désastre climatique, par sa violence inouïe, a révélé dans toute leur cruauté les failles structurelles de notre territoire. Face à cette tragédie sans précédent et aux risques multiples de déstabilisation de la société, l’urgence est totale et pour ne plus jamais revivre cela, les Mahorais attendent des actes concrets, pas des promesses. Comme l’a dit Albert Einstein, « la folie, c’est de refaire toujours la même chose, et s’attendre à ce que les résultats soient différents ». Cette maxime résonne particulièrement ici. Nous ne pouvons plus nous contenter des mêmes solutions partielles et insuffisantes face à des défis d’une telle ampleur.

“Une opportunité unique”

Vous allez prochainement examiner le projet de loi d’urgence pour Mayotte. Ce texte doit être bien plus qu’une réponse législative à la crise sans précédent que nous traversons. lI est un rendez-vous avec l’Histoire, une opportunité unique de transformer durablement le territoire, une occasion de redonner espoir et dignité au peuple mahorais, à ses enfants et aux générations futures. lI doit réconforter Mayotte au cœur de La République, réparer l’errance du passé et prévenir les crises qui s’annoncent, notamment sanitaire. Or ce projet de texte né incomplet est certes un premier pas important, mais je le dis sans détours : il est loin d’être à la hauteur de nos besoins réels et urgents. Si nous voulons sauver des vies, (re)construire l’île, et offrir un avenir à la population, il faut inscrire dans ce projet de loi des mesures fortes. Vouloir « Mayotte debout », c’est rompre enfin avec des décennies de demi-mesures et oser des amendements ambitieux fondés sur des décisions politiques courageuses.

Aussi, au nom d’une île meurtrie mais pas vaincue, je vous communique les mesures essentielles que nous vous demandons d’intégrer au texte à l’occasion de son examen au Parlement :
1. Sécuriser les habitants et sauver des vies : une priorité absolue
Mayotte, déjà fragilisée, ne peut plus supporter l’insupportable. lI faut des mesures immédiates pour sécuriser les habitants : des abris solides, des infrastructures adaptées aux risques climatiques, et des moyens accrus pour les secours. L’urgence, c’est maintenant. Chaque retard coûte des vies.
2. Assurer un habitat digne pour une île debout
Comme le rappelle la motion adoptée par le conseil municipal de Mamoudzou le 23 décembre dernier, il est grand temps de sortir de l’illusion que les bidonvilles seraient des abris et d’ouvrir les yeux sur ce qu’ils sont en réalité : des pièges mortels. Laisser le cercle vicieux des reconstructions précaires se perpétuer serait CONDAMNER A MORT les milliers de familles qui s’y installeront. Ce projet de loi doit interdire strictement et surtout empêcher avec des moyens humains dédiés, leur reconstruction. L’État français a le devoir de ne pas rebâtir son 101eme département sur des fondations en tôles et d’engager un grand chantier pour des logements durables, adaptés au changement climatique.
3. Investir dans l’éducation, pierre angulaire de la reconstruction
À Mamoudzou, des milliers d’élèves n’ont plus de salle de classe. Si l’éducation est bel et bien l’avenir de Mayotte, alors cet avenir est aujourd’hui purement et simplement compromis. Nous demandons la mise en place d’un fonds d’urgence pour réhabiliter les écoles et en construire de nouvelles, ainsi qu’un soutien actif pour inventer des solutions temporaires, innovantes et efficaces. Un enfant sans école, c’est une République qui vacille.
4. Relancer une économie en ruines
Nos entreprises, déjà fragiles, ne peuvent se relever seules. Le texte doit inclure des dispositifs concrets pour alléger la dette et relancer l’activité économique. Sans cela, Mayotte risque de devenir un désert économique, au détriment de la résilience locale. Donnons à notre territoire les moyens de réussir et de s’affirmer dans notre zone sud de l’océan Indien où les enjeux géopolitiques hautement stratégiques sont nombreux et divers.
5. Favoriser une gouvernance locale ancrée dans le réel
L’établissement public chargé de la (re)construction doit inclure des élus locaux (les maires, les présidents des intercommunalités – en plus des conseillers départementaux) – et des représentants de la société civile mahoraise qui connaissent les besoins et les réalités du territoire. On ne reconstruit pas Mayotte depuis des bureaux parisiens. C’est sur le terrain, avec ceux qui vivent et travaillent ici que se bâtira une île debout.
6. Un cadre législatif clair et agile
L’efficacité et la simplification doivent primer sur la lourdeur administrative. Ce projet de loi doit inclure des dérogations pour accélérer les projets essentiels et permettre des réponses rapides et adaptées. L’heure n’est pas à la bureaucratie, mais à l’action.
7. Un soutien financier exceptionnel aux collectivités locales
Placées en première ligne au plus près des sinistrés, et devant elles-mêmes faire face aux nombreux dégâts causés par Chido, nos collectivités ont besoin d’être accompagnées par l’Étatsous la forme de dotations exceptionnelles afin de participer immédiatement à la (re)construction et à la (re)mise en l’état de nos territoires respectifs.

“Des moyens à la hauteur des attentes”

L’urgence est humaine, le courage est politique.Mesdames, Messieurs, vous avez entre vos mains un texte de loi qui peut changer le destin de Mayotte et contribuer à bâtir un nouvel avenir pour la République au-delà de l’Hexagone. Mais pour cela, il faut du courage, de l’audace, une ambition et des moyens à la hauteur des attentes.
Céder aux compromis tièdes, c’est laisser Mayotte sombrer et enfermer une partie de la République dans l’insoutenable. Oser des mesures d’envergure, c’est relever Mayotte et redonner de la dignité à sa population.
Mesdames et Messieurs les président(e)s, au moment d’engager le débat parlementaire, souvenez-vous que derrière chaque chiffre il y a des vies humaines et que derrière chaque décision, il y a des destins. Les regards de toute la population mahoraise, mais aussi de l’ensemble de nos concitoyens, sont tournés vers vous. Nous
ne demandons pas l’impossible, encore moins un passe-droit. Nous exigeons l’essentiel : des toits pour s’abriter, des écoles pour apprendre, des lois pour protéger, une République pour vivre.
Soyez au rendez-vous de l’Histoire, transformez l’urgence en espoir, sauvez des vies, et devenez les bâtisseurs d’un avenir résilient et durable pour Mayotte et ses enfants. Car sauver Mayotte, c’est sauver la République.
Avec toute la solennité qu’exige cette heure, je vous adresse, Mesdames et Messieurs les président(e)s, l’expression de ma haute considération.”

Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou

Loi d’urgence : Le sujet de l’immigration prend le pas sur la reconstruction de Mayotte

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Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte, est rapporteure du texte. Ici avec Manuel Valls, le ministre de l’Outremer, le 1er janvier, au port de M’tsapéré.

Abordée en commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, ce lundi, la loi d’urgence, censée répondre aux conséquences du cyclone Chido, a vite tourné au débat d’idées sur l’immigration.

Dès le départ, le gouvernement avait laissé entendre que le texte pourrait être amendé sur le sujet de l’immigration qui lui était alors complétement étranger. Car la loi d’urgence, rouage du plan “Mayotte debout” dévoilé par François Bayrou le 30 décembre, porte en grande majorité sur les règles assouplies pour accélérer les constructions sur un territoire traversé par le cyclone Chido, le 14 décembre, et avant la tempête tropicale Dikeledi qui a frappé plus durement le sud, dimanche 12 janvier. Mais, ce lundi, c’est davantage le thème qui passionne, ces derniers jours, la politique qui est vite remonté. Aux côtés de Manuel Valls, ministre de l’Outremer, Estelle Youssouffa a été la première à regretter un texte “muet” sur l’immigration. Notre île n’est pas en capacité d’assurer les besoins vitaux et les droits fondamentaux de tous les ressortissants français de Mayotte. Elle ne peut pas non plus accueillir davantage d’étrangers”, considère la députée de la première circonscription de Mayotte, qui a rappelé quelques minutes plus tôtl’extrême dénouement et la précarité dans laquelle est plongée la quasi-totalité des foyers à Mayotte”.“Le plan “Mayotte Debout” ne résout pas à résoudre l’équation ancienne des populations installées illégalement”, renchérit sa collègue de la deuxième circonscription, AnchyaBamana. L’immigration illégale pèse sur tous les aspects de la vie quotidienne de nos compatriotes mahorais”, convient Manuel Valls. Outre la question migratoire en elle-même, l’absence des mesures pour empêcher la reconstruction de bidonvilles (qui s’est effectuée rapidement) a aussi été pointée.Philippe Gosselin, député Les Républicains de la Manche, regrettait aussi qu’il n’y ait rien contre la construction de cases en tôles.

A gauche, Aurélien Taché (La France insoumise) a évoqué le rapport avec les Comores d’où la majorité des immigrés à Mayotte. C’est en mettant en place des voies d’immigration légales vers l’Hexagone, une vraie politique d’aide au développement pour les Comores que nous pouvons aborder la question migratoire”, déclare-t-il, provoquant la colère d’Estelle Youssouffa. On n’a pas d’eau, pas d’électricité, rien à bouffer, et vous trouvez le moyen de justifier l’immigration clandestine”, lui répond la parlementaire mahoraise.

Un bilan annuel de l’Établissement public

Mais il a été aussi question de construction au cours de l’audition. Suscitant la méfiance des élus locaux, plusieurs amendements ont visé la création de l’Établissement public chargé de la reconstruction de Mayotte. Le premier qui a été adopté, déposé par le gouvernement, entérine d’ailleurs le fait qu’il s’agisse d’une nouvelle entité qui, outre les missions aujourd’hui exercées par l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM), se verra investie d’une mission globale de coordination et de réalisation des travaux de reconstruction de Mayotte”. Un autre déposé par la rapporteure instaure la publication annuelle d’un rapport d’activité qui rend compte de la nature, du coût et des modalités de financement des opérations réalisées dans le cadre de ses missions. Une autre disposition instaure une parité dans la représentation entre le gouvernement et les collectivités mahoraises.

Concernant les écoles mahoraises, Dominique Voynet, l’ancienne directrice de l’Agence régionale de santé de Mayotte, a fait passer un amendement visant àconstruire mieux : plus solide certes, mais également plus durable et résilient face au réchauffement climatique et aux catastrophes à venir qui se répèteront”. Et si les règles de construction sont simplifiées, un amendement à l’article 4 prévoit toutefois que la gestion parcellaire des eaux de pluie est intégrée aux nouvelles règles techniques auxquelles sont soumis les nouvelles constructions et travaux pour répondre à la crise de l’eau. Alors que sept articles (sur 22) ont été discutés, lundi, la commission devait reprendre son travail, ce mardi soir.

Après son examen en commission, le texte sera débattu dans l’hémicycle dès le lundi 20 janvier. Ce sera dès le 3 février au Sénat.

Dans ses vœux, ce mardi matin, le groupe de La France insoumise (LFI) a fait part de son intention de demander une commission d’enquête sur “l’impréparation de Mayotte face aux risques naturels majeurs et aux conséquences du délaissement de ce département par l’État pour non seulement le bilan réel du cyclone Chido, pas seulement humain, mais aussi matériel”. Celle-ci pourrait aussi s’attacher à analyser les réponses apportées par l’État. “Tirer des leçons de ce qui se passe à Mayotte est évidemment très important pour les Mahorais, mais c’est très important pour les territoires dits d’“outremer””, justifie Mathilde Panot, la présidente du groupe.

Le 27 décembre, le sénateur mahorais Saïd Omar Oili avait également souhaité la création d’une commission similaire.

Après le report de « Huka 2 », un spectacle de jeunes danseurs pour animer Chirongui

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En raison des contraintes et des dégâts causés par le cyclone Chido et la tempête tropicale Dikeledi, le concert « Huka 2 » de Loya, prévu initialement le samedi 18 janvier 2025 au Pôle Culturel de Chirongui, est reporté à avril 2025.
Pour compenser ce report, une semaine cinéma et un nouvel événement culturel sont proposés. Le Street Dancers Show, organisé par l’association Hip Hop Evolution, se tiendra le dimanche 19 janvier 2025 à 14h au Pôle Culturel de Chirongui. Ce spectacle, dédié à la danse sous toutes ses formes, réunira une centaine de jeunes amateurs pour des performances chorégraphiques de 3 à 5 minutes, évaluées par un jury de professionnels.

L’événement, gratuit sur réservation, encourage la créativité et soutient les jeunes talents artistiques. Hip Hop Evolution propose des parcours d’accompagnement en lien avec le centre de développement artistique « Le Paradis des Makis » à Iloni. Soutenu par la direction des affaires culturelles de Mayotte, la direction régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (Drajes), la Politique de la Ville et le pôle culturel de Chirongui, ce projet reflète le dynamisme culturel local.
Lien de réservation : https://billetterie-poleculturel-chirongui.mapado.com/event/475095-street-dancers-show-hip-hop-evolution.

Les barges ont repris depuis le quai Ballou à Dzaoudzi

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Comme à l’aéroport de Pamandzi, l’activité a repris pour les liaisons maritimes entre Petite-Terre et Grande-Terre, ce mardi. Il y a cependant un changement de lieu de départ à Dzaoudzi puisque le quai Issoufali est bloqué par le déplacement de l’ancienne barge Salama. “Le départ et l’arrivée des barges en Petite Terre se font quai Ballou jusqu’à nouvel ordre”, confirme la préfecture de Mayotte, qui rappelle que la circulation et le stationnement sont interdits sur le Rocher, “à l’exception des résidents. Les passagers et les véhicules autorisés à emprunter la barge doivent patienter quai Issoufali : ils seront invités par un agent de la DTM (ex-STM) à se rendre quai Ballou à chaque arrivée de la barge pour ne pas bloquer les axes routiers”, expliquent les services de l’État. Pour fluidifier la circulation, les autorisations de se déplacer se limitent aux piétons, véhicules des forces de secours, de sécurité et d’intervention, des services publics ou des opérateurs des fluides et télécommunications, ainsi que pour le transport alimentaire ou la collecte des déchets.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes