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La revue Gecko sort son troisième numéro : “Espèces exotiques envahissantes : Alerte rouge”

L’équipe de la revue Gecko publie son troisième numéro semestriel avec un dossier intitulé “Espèces exotiques envahissantes : Alerte rougequi, explore les défis liés à la prolifération despèces introduites dans les îles du sud-ouest de locéan Indien. 

Cette édition explore en profondeur les impacts de ces espèces sur la biodiversité locale et les solutions mises en œuvre pour les gérer, de l’îlot Mbouzi à Mayotte jusquaux forêts dAnjouan, en passant par les plages dAldabra, aux Seychelles et le ciel de Maurice.

Ce nouveau numéro, comme les précédents, met en lumière des personnalités locales et internationales, mobilisées en faveur de la protection du vivant. Parmi eux, le photographe Greg Lecoeur, dont les clichés révèlent la splendeur et la fragilité de la vie marine, ou la scientifique mauricienne Prishnee Bissessur, animée par la conservation de la flore locale.

Gecko fait également la part belle aux études récentes et aux initiatives vertueuses qui ont vu le jour dans la région, comme le recours aux vers de terre pour développer une agriculture durable à Madagascar, ou au suivi des populations de Roussettes de Livingstone aux Comores.

Saïd Omar Oili interpelle sur l’utilisation des fonds de pêche UE-Seychelles

Le sénateur de Mayotte, Saïd Omar Oili, a adressé un courrier le 14 octobre 2024 au ministre délégué chargé de la Mer et de la Pêche, Patrice Loher, pour demander un bilan sur laccord de pêche signé le 14 avril 2014 entre lUnion européenne et les Seychelles. Le sénateur affirme que cette demande est restée sans réponse, malgré plusieurs relances. Il indique avoir écrit à la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, le 6 janvier 2025, pour réitérer sa demande. Face à labsence de retour, il aurait adressé un courrier au Directeur général des affaires maritimes, de la pêche et de laquaculture pour demander ce bilan. Daprès le sénateur, cet accord, reconduit pour six ans en janvier 2023, permet à la France de collecter des redevances payées par les pêcheurs seychellois. Ces fonds étaient censés contribuer au développement de la pêche à Mayotte. Cependant, les professionnels du secteur estiment ne pas avoir vu de bénéfices issus de ces redevances. Le sénateur évoque aussi lurgence de la situation suite au cyclone Chido, qui a touché larchipel le 14 décembre 2024, nécessitant des financements pour la reconstruction. Il souligne que le plan « Mayotte Debout », présenté par le Premier ministre, prévoit un soutien aux filières agriculture et pêche, notamment en utilisant une partie des redevances. Pour lui, obtenir un bilan précis de cet accord, avec des détails sur les montants collectés et leur utilisation, est essentiel pour mobiliser des fonds supplémentaires. Il questionne le manque de transparence autour de ces données. Le sénateur Saïd Omar Oili déclare quil se rendra le jeudi 23 janvier 2025 à la Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de laquaculture afin dobtenir ces documents.

Collège de Kwalé : « On n’a fait que déplacer le problème »

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Plusieurs centaines de réfugiés et demandeurs d’asile sont hébergés désormais dans le collège de Kwalé, à Tsoundzou 1.

Lundi, les sinistrés encore présents au lycée Younoussa-Bamana, à Mamoudzou, et au collège Zéna Mdéré, à Pamandzi, ont été déplacés au collège de Kwalé, à Tsoundzou 1. Depuis, des parents d’élèves bloquent laccès à l’établissement.

Ce mercredi 22 janvier, plusieurs parents d’élèves bloquaient toujours le portail du collège de Kwalé, à Tsoundzou 1, dans la commune de Mamoudzou, pour protester contre linstallation de sinistrés dans l’établissement. Ce lundi, celles et ceux qui étaient encore hébergés au lycée Younoussa-Bamana, à Mamoudzou, et au collège Zéna Mdéré, à Pamandzi, ont en effet été déplacés dans ce nouvel endroit par les services de l’État. Une situation qui a éveillé la colère des parents, qui font blocage depuis. « On na rien contre les réfugiés, mais pas ici, alors que nos enfants sont sensés reprendre les cours lundi », déplore une des mères venues mettre une chaîne au portail. « Comment voulez-vous que nos enfants aient cours dans ces conditions ? Avec un campement dans l’établissement ? », interroge une autre.

Plusieurs professeurs attendent devant l’établissement ce mercredi matin, comme ils lont fait la veille. Lassés de ne pas pouvoir se mettre au travail et préparer larrivée des élèves, la plupart comprend néanmoins l’énervement des parents. «On n’a fait que déplacer le problème », indique un enseignant, qui explique que cela vient éprouver davantage le moral de l’équipe pédagogique. « Personne na été prévenu, on dirait que ça sest fait à la dernière minute », dit un de ses collègues, à propos du transfert des sinistrés dans l’établissement.

Le soir de lopération de transfert, sur le plateau de nos confrères de Mayotte la 1ère, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville a assuré quil ne sagissait pas dune « opération en catimini » et que le sujet avait été évoqué « avec tous les élus, notamment le maire de Mamoudzou et les élus départementaux ». Il a rappelé lobjectif des services de l’État daboutir à une solution durable, rappelant que le collège de Kwalé nen était quune temporaire.

« On ne sait pas combien de temps on doit rester »

À lintérieur, dans lenceinte du gymnase, des centaines dhommes, femmes et enfants se marchent presque les uns sur les autres. Des lits de camps ont été mis à leur disposition, ainsi que des sanitaires. « On ne sait pas combien de temps on doit rester là », explique Annette, originaire de la République Démocratique du Congo et arrivée à Mayotte après le passage du cyclone Chido. Elle nest pas seule dans ce cas. Un autre demandeur dasile, Azim, explique être arrivé dans le département après la tempête. « La police mavait dit daller au lycée Bamana », indique le ressortissant somalien. Si de la nourriture leur a été distribuée à leur arrivée et chaque jour depuis, les rations sont partagées entre les plus de 500 occupants. « De nouvelles personnes sont arrivées mardi », explique Annette.

Lorène, qui est arrivée à Mayotte un mois avant le cyclone, explique que des délinquants sont venus sen prendre à eux à plusieurs reprises. « Ils nous lancent des pierres », décrit-elle. Des tensions qui sont redoutées par les parents d’élèves bloquant le collège ainsi que par les enseignants présents ce mercredi. Ils craignent en effet que cette situation augmente linsécurité. Face à cela et à la quantité de nourriture insuffisante, Azim affirme que sil le pouvait, il ne resterait pas là.

Pour la rentrée de l’après-Chido, un dispositif de sécurité renforcé

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À quelques jours de la rentrée des élèves, la gendarmerie de Mayotte, renforcée avant et peu après le cyclone Chido, est prête à élargir le dispositif pour assurer la sécurité autour des établissements scolaires dégradés. Le point avec le général Lucien Barth, commandant de la gendarmerie de larchipel.

Flash Infos : A peine le cyclone Chido passé, le samedi 14 décembre, quels étaient les ordres transmis aux gendarmes présents sur larchipel ?

Lucien Barth : Les premiers ordres ne sont pas venus après, mais avant. Rapidement, on avait préparé notre manœuvre. Ce nest pas la première fois que nous avons ce type d’événement climatique en outre-mer et notre première mission est de porter secours. On avait donc fait le plein de carburant, protéger les véhicules, vérifier que les groupes électrogènes fonctionnaient. Il fallait quon garde notre capacité de mobilité dès la fin de lalerte violette (N.D.L.R. les véhicules ont autorisation de circuler pendant une alerte rouge).

F.I. : A quelles difficultés avez-vous été confrontées aux premiers jours ?

L.B. : Nous savions que nous allions perdre la liaison. Toutes les unités ont quand même travaillé en autonomie. On a formé des colonnes pour dégager les axes avec la direction de lenvironnement, de laménagement, du logement et de la mer (Dealm), puis la Formisc (N.D.L.R. Formations militaires de la Sécurité civile). Le plus compliqué a été de ne pas pouvoir faire de bilan. On sest rendu compte de lampleur des dégâts par un survol en hélicoptère.

Comme la population mahoraise, on a subi le cyclone. On a trois unités qui ont été détruites, la brigade de Koungou, la brigade nautique et celle de Combani-Tsingoni. Cette dernière a dailleurs été transférée à la Maison France Service pour assurer laccueil. Elle ne pourra pas regagner ses locaux avant cinq à six mois. On a aussi 70 gendarmes qui ont tout perdu. Une partie à pu être relogée, mais une trentaine nont toujours pas dhébergement.

F.I. : Des pillages ont eu lieu rapidement dans les maisons dévastées et sans surveillance. Où en est-on de ce phénomène aujourdhui ?

L.B. : Quil y ait eu de la récupération illicite de matériaux, cest indéniable. Je rappelle que notre but absolu était le secours aux personnes et le rétablissement des axes routiers (voir encadré). On a eu une cinquantaine de colonnes pour faire de la reconnaissance en tous lieux pour aller au contact des personnes. Ensuite, on a augmenté la sécurisation en multipliant les patrouilles avec les renforts. On a retrouvé un dispositif opérationnel que lon connaît pour lutter contre lultraviolence. Il y a eu des cambriolages, mais sans violences. On na pas vu de phénomène de pillage de magasin quon peut connaître généralement après ce type d’événement climatique.

F.I. : Même dans laprès-Chido, est-ce quil y a des secteurs où les troubles à lordre public ont repris ?

L.B. : On nest plus tout à fait dans la même situation que lannée dernière (N.D.L.R. le camp de migrants installé au stade de Cavani et plusieurs faits-divers avaient déclenché des barrages montés par la population en janvier 2023). Pendant le cyclone, on a eu des tentatives dintrusion dans les magasins et des groupes qui se sont opposés aux forces de lordre. Mais dans lensemble, on a plutôt une phase de sidération, avant un retour timide de la délinquance que lon connaît bien. Notre curseur, cest le nombre de grenades lacrymogènes. Doctobre à janvier, on a eu deux-tiers de grenades en moins par rapport à la période précédente, il y a également eu un nombre de gendarmes blessés réduit de deux-tiers.

F.I. : Vous avez obtenu des renforts rapidement. Combien de gendarmes comptez-vous sur larchipel aujourdhui ? Et pour combien de temps ?

L.B. : Avant le cyclone Chido, on avait obtenu deux escadrons de gendarmes mobiles supplémentaires pour lopération de Mavadzani. On avait atteint le nombre de 800 gendarmes. Je note dailleurs que celle-ci a eu lieu sans les violences que lon nous promettait. La semaine suivant Chido, on a eu 350 renforts en plus. Avec 1.200 gendarmes, dont une partie qui assure la logistique, on arrive au chiffre de lopération Wuambushu (N.D.L.R. entre avril et juillet 2023). Ces renforts seront sur place durant toute la phase de stabilisation qui pourrait durer plusieurs mois.

F.I. : La rentrée des élèves commence le lundi 27 janvier. La sécurisation des établissements étant déjà une de vos missions importantes, de quelle manière va-t-elle être effectuée sachant que des collèges et lycées sont rendus plus vulnérables par les dégâts du cyclone ?

L.B. : En effet, on a un dispositif adapté à la rentrée scolaire. Il est plus large que le périmètre autour des établissements, puisquil comprend les trajets en bus. Il est évident quavec laffaiblissement de la sécurité passive des établissements, on va devoir le renforcer pour éviter les failles. On va faire un gros effort pour assurer la sécurité des enfants et de la population.

« 325 sécurisations » des distributions

Un mois après le cyclone Chido, la gendarmerie de Mayotte a établi un bilan de ses actions. Elle fait état de « 14.000 personnes contactées » pour rassurer la population et « 325 sécurisations »de distribution de vivres et deau. Outre le respect du couvre-feu à 22h qui est toujours en vigueur, les gendarmes nont pas laissé de côté la lutte contre limmigration clandestine (une mission quelle partage avec la police), puisque 352 étrangers en situation irrégulière ont été appréhendés, ces dernières semaines.

 

Deux barges seychelloises à Mayotte : « Ce sont des moyens qui permettront de nous soulager »

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L’amphidrome La Chatouilleuse a résisté au cyclone Chido.

Suite au cyclone Chido, survenu le 14 décembre dernier, le service des barges reste encore fortement impacté. Saïd Moussa Kassim, à la tête de la Direction des transports maritimes de Mayotte, a accepté de revenir sur la situation et larrivée de deux barges depuis les Seychelles pour Flash Infos.

Flash Infos : Combien de barges sont actuellement en service ?

Saïd Moussa Kassim : Nous disposons de deux amphidromes : La Chatouilleuse et lImane. Le Polé est actuellement pris en charge à l’île Maurice, avec une réparation estimée à un maximum de deux mois et demi.

Nous avons cinq barges : le Georges Nahouda, La Chatouilleuse, Imane, Le Polé et Le Karihani. Les quatre dernières étaient utilisées durant la journée, tandis que Georges Nahouda n’était mise en service que pour les opérations de nuit.

F.I. : Quel a été l’impact du cyclone Chido et de la tempête tropicale Dikeledi sur les barges à Mayotte ?

S.M.K. : Cet impact fait que nous n’avons qu’une seule barge fonctionnelle, à raison d’une barge par heure. L’idée, cependant, est d’avoir une barge toutes les demi-heures sur le quai. Actuellement, aucune tarification nest envisageable. Nous ne pouvons pas faire payer, car le matériel est endommagé. Nous opérons toujours sous la réquisition du préfet, ce qui explique pourquoi la priorité est donnée à la police, à la gendarmerie, aux pompiers et aux équipes de secours. Les traversées en véhicule sont fortement déconseillées pour le moment. Nos barges ont été endommagées pendant le cyclone Chido, rendant leur amarrage particulièrement difficile. De plus, il nous est impossible dorganiser un service de nuit. Nos opérations se limitent à un fonctionnement jusqu’à 21h, ce qui compromet gravement notre capacité à assurer un service nocturne.

F.I. : Les Seychelles ayant mis à disposition deux bargesà Mayotte, ces moyens suffiront-ils à répondre aux besoins ?

S.M.K. : Ce sont des moyens qui permettront de nous soulager, il faut simplement mettre en place trois agents. Ça peut permettre dencore aider la population à circuler dans de bonnes conditions. On est toujours en train de chercher des barges de location, mais celles fournies par l’État des Seychelles ne suffisent pas encore pour soulager le service.

La loi d’urgence pour la reconstruction de Mayotte adoptée par l’Assemblée nationale

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Le texte a été adopté en première lecture à l'Assemblée nationale.

La loi d’urgence pour la reconstruction de Mayotte a été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale ce mercredi après-midi par 446 voix contre 2. Il doit maintenant être examiné par le Sénat.

Chez les enseignants, on se prépare à accueillir les élèves

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Les infrastructures scolaires endommagées et les incertitudes liées au suivi des élèves suscitent des inquiétudes chez les professeurs.

À Mayotte, les enseignants qui ont fait leur rentrée ce lundi se préparent à accueillir les élèves le 27 janvier, six semaines après le cyclone Chido. Les infrastructures scolaires endommagées et les incertitudes liées au suivi des élèves suscitent des inquiétudes. Pourtant, malgré les défis logistiques et psychologiques, la solidarité et les efforts locaux restent au cœur des préparatifs.

« Je ne sais pas comment je vais retrouver mes élèves », sinterroge Asheka*, enseignante au collège des Ylangs-Ylangs, à Kani-Kéli. À moins dune semaine de la rentrée des élèves, les professeurs, rentrés pour la plupart ce lundi, se préparent à affronter une situation inédite après Chido, exacerbée par le passage de la tempête tropicale Dikeledi, qui a durement touché le sud de l’île le 12 janvier.

Soutien entre membres du personnel

Dès la fin des épisodes cycloniques, certains chefs d’établissement ont cherché à maintenir le lien avec leurs équipes éducatives. Au collège des Ylangs-Ylangs, la principale a créé une communauté WhatsApp organisée en deux sections : une pour relayer les annonces officielles de l’Éducation nationale et du rectorat, et une autre dédiée aux discussions informelles. « Dans la partie discussion, elle prenait régulièrement des nouvelles pour voir si tout le monde allait bien », raconte un enseignant. Cette initiative a permis de garder le contact jusqu’à la pré-rentrée des professeurs de l’établissement, fixée au 16 janvier.

De son côté, Abdou Boina, professeur en BTS Économie-Gestion au lycée de Chirongui, a participé à la rentrée administrative dès le début de la semaine. « Je sais que ce nest pas lavis de tout le monde, mais il était important quon fasse un état des lieux ensemble. C’était loccasion de découvrir l’état des classes en dehors des réseaux sociaux, de se synchroniser et d’évaluer ce quil est possible de faire», explique le professeur.

Dialogue et recueil des doléances

Les enseignants ont également repris contact avec leurs élèves dès que les réseaux de communication ont été rétablis. « Après le cyclone, j’étais préoccupé par ma famille et ma propre situation. Par exemple, mon véhicule a été endommagé. Mais progressivement, jai commencé à contacter mes étudiants, dabord par mail, puis par téléphone», explique Abdou Boina, qui a pu obtenir des nouvelles de 19 de ses 24 élèves.

Asheka, qui a auparavant enseigné au collège de Doujani, a également pris contact avec ses anciens élèves, notamment via mail et Instagram. « Dès le lendemain du cyclone, quand jai vu les dégâts à Mamoudzou, jai tout de suite pensé à eux», confie-t-elle.

Cependant, la rentrée reste une source dinquiétude pour Abdou Boina : « Est-ce que je vais réussir à revoir tous mes étudiants ? Je pense que cest une question qui angoisse tous les collègues. » Il fait partie des enseignants qui assisteront à une formation organisée par le rectorat pour recueillir la parole des élèves dans ce contexte de crise. Les premiers jours de classe seront consacrés à des échanges avec les élèves, avant une reprise progressive des cours. Mais Abdou Boina ladmet : « On ne sait pas dans quel état psychologique nous retrouverons nos élèves, ni comment combler le retard pris dans le programme. » Un défi quil faudra également surmonter en vue des examens nationaux à venir.

Malgré tout, Asheka se réjouit de retrouver ses élèves : « Jai quand même hâte de reprendre plaisir à enseigner, surtout avec ma petite classe de 5ᵉ. »

*Le nom a été modifié

Au marché de Chirongui, fruits et légumes locaux se font rares

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Les brèdes mafane, un des rares produits locaux encore vendus au marché de Chirongui, manquent de plus en plus.

Depuis le passage du cyclone Chido sur l’île aux parfums le 14 décembre, ravageant les différentes cultures, il devient de plus en plus compliqué pour les habitants de trouver des fruits et légumes frais. Au marché de Chirongui, il n’y a presque plus que des produits importés. Reportage.

Sur les étals du marché de Chirongui, les produits locaux ne sont plus qu’un souvenir. À part quelques brèdes mafane et concombres qui restent après les passages successifs du cyclone Chido et de la tempête tropicale Dikeledi, le reste a poussé ailleurs. Ça, ça vient de Madagascar, indique une vendeuse depuis son stand, en désignant le gingembre et le tamarin. Les pommes, les poires, les carottes, les oignons viennent aussi de l’extérieur, mais la vendeuse et sa sœur, qui les rachètent à d’autres vendeurs, ne savent pas d’où exactement. Les affaires sont rudes pour elles en ce moment. La semaine dernière, elles ont dû acheter 20 kilos d’oignons à 70 euros au lieu des 35 euros habituels avant le cyclone. Une augmentation qu’elles ont dû répercuter sur leurs prix de vente, qui ont tous augmenté d’un euro. C’est comme cela que Velou s’est retrouvé à acheter son kilo d’oignons à cinq euros au lieu de quatre.

“Pour l’instant, il n’y a rien”

Pour lui, la situation n’est pas trop grave, car il ne mange pas trop de légumes. Il reconnaît néanmoins que ne plus trouver de bananes, alors que sa famille en avait quelques plants avant la tempête, va être compliqué, surtout avec le ramadan qui arrive, prévu vers la fin du mois de février. On ne trouve plus de manioc non plus, déplore-t-il. Une vendeuse qui tient un stand de vêtements sur le marché, s’inquiète davantage. Celle qui ne se nourrit elle et ses enfants que de féculents depuis le passage de Chido, redoute de ne plus trouver de fruits et légumes locaux ou abordables financièrement. Pour l’instant, il n’y a rien, constate-t-elle.

Davantage de tentatives de ramener des fruits de voyage

La préfecture a pris un arrêté le 23 décembre 2024 pour faciliter l’importation de végétaux, afin d’apporter une solution à cette situation. Des contrôles de qualité ont toujours lieu, mais le renouvellement des permis d’importation a par exemple été facilité. La mesure semble néanmoins tarder à porter ses fruits : Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF), indique que depuis la tempête, les douanes saisissent davantage de plantes que des passagers tentent de ramener de La Réunion et de l’Union des Comores. “Cela risque d’amener des insectes ravageurs sur le territoire”, prévient-il, avant de rappeler que l’arrêté du 23 décembre ne concerne pas les voyageurs particuliers et que les restrictions restent les mêmes aux aéroports.

Yves Kocher, nouvel expert de haut niveau chargé du « plan eau »

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Un nouvel expert de haut niveau, Yves Kocher, a pris la charge du « plan eau de Mayotte » la semaine dernière. Spécialisé depuis de nombreuses années dans les métiers de leau, ce dernier est présent pour trois ans et doit permettre que l’île retrouve un service deau potable de qualité.

Il était attendu depuis la fin du mois de février 2024 et le départ du dernier préfet délégué en charge de leau à Mayotte. « Un expert de haut niveau » avait en effet été annoncé à l’époque, qui devait prendre la suite de la mission courte de sortie de crise de leau de Christophe Lotigié. Ce 14 janvier 2025, Yves Kocher a pris ses fonctions dexpert de haut niveau en charge du « plan eau de Mayotte », auprès du préfet François-Xavier Bieuville, après avoir été nommé par arrêté du Premier ministre, du ministre de l’Intérieur et du ministre chargé des Outre-mer, le 13 décembre 2024.

En poste pour trois ans

Yves Kocher a dores et déjà échangé avec le préfet de Mayotte sur ses missions et les différents enjeux qui lattendent sur le territoire. « Son objectif sera de renforcer les capacités d’expertise et de mise en synergie des services compétents en matière de gestion de l’eau, d’identifier les leviers et mobiliser ainsi les moyens humains, financiers pour le rétablissement dun service deau potable de qualité dans le département », indique la préfecture dans un communiqué publié le 21 janvier. Il est prévu quil demeure à ce poste pour une durée de trois ans.

Spécialisé dans les métiers de leau, Yves Kocher est ingénieur en chef et a travaillé pendant plus de neuf ans au poste de directeur général des services du syndicat des Eaux de Vienne. Son parcours est déjà passé par les Outre-mer. Il a ainsi été directeur des services techniques de la ville de Papeete, en Polynésie française, et était notamment chargé de la mise en place de lassainissement collectif. Il a également été directeur de lenvironnement dans la province du sud de la Nouvelle-Calédonie.

Une panne au niveau de l’usine de dessalement provoque un retard d’ouverture de l’eau en Petite-Terre

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coupure eau petite terre

La SMAE – Société Mahoraise des Eaux informe que la réouverture de l’eau initialement prévue ce mardi 21 janvier à 18h en Petite Terre, dans les secteurs de Labattoir Centre, Pamandzi Est et Pamandzi La Vigie, est reportée au mercredi 22 janvier à 6h du matin. Ce dysfonctionnement résulte d’une panne sur les pompes d’eaux brutes d’une partie de l’usine de dessalement. La production est en baisse et provoque un déséquilibre au niveau de la distribution. Les réparations sont en cours, cependant le déséquilibre est tel qu’il n’est pas possible de procéder aux ouvertures initialement prévues.

Choléra : “L’analyse des risques est rassurante”

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FI - Cholera 1
Le directeur général par intérim de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, Sébastien Delescluse, a présenté un des deux véhicules équipés pour intervenir en cas de détection d’un nouveau cas.

Alors qu’un cas de choléra a été identifié ce samedi 18 janvier, la préfecture et l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte ont tenu une conférence de presse ce lundi dans les locaux de l’ARS afin de présenter les actions mises en place. 

Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, ainsi que le directeur général par intérim de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, Sébastien Delescluse, ont tenu une conférence de presse ce lundi relative au premier cas de choléra détecté sur l’île depuis la fin de l’épidémie qui avait sévi sur l’île jusqu’en juillet 2024. Ce samedi 18 janvier 2025, un patient a été pris en charge pour cette maladie au Centre hospitalier de Mayotte, alors qu’il venait d’arriver sur l’île par avion en provenance de la Tanzanie. Un seul cas importé donc, confirmé par l’enquête épidémiologique et environnementale qui ont été réalisées par les équipes de l’ARS au lieu de résidence du malade. “L’analyse des risques est rassurante. […] Il n’y a pas de circulation active de la maladie sur le territoire mahorais”, a appuyé à plusieurs reprises Sébastien Delescluse, depuis les locaux de l’ARS, à Mamoudzou. 

“On est préparés”

La capacité de vigilance a été renforcée, et au CHM, le circuit de prises en charge du choléra a été activé. Pas de campagne de vaccination pour l’heure, mais le directeur par intérim se veut rassurant, en affirmant qu’il y a plusieurs centaines de doses à disposition dans le département et que 10.000 sont également prépositionnées à La Réunion. Deux véhicules ont également été équipés au cas où de nouveaux cas seraient détectés, avec notamment du matériel pour désinfecter les lieux contaminés et traiter les potentiels malades.

“On est préparés”, assure le préfet, ajoutant que les services de l’État ont “une capacité de montée en puissance” si une épidémie survenait sur le territoire. “Nous savons faire face, désormais, à des phénomènes de cette nature”, ajoute-t-il. 

Quelques consignes ont été rappelées, à savoir observer un lavage des mains réguliers. En cas de diarrhées, et notamment après un voyage dans une zone de circulation du choléra, il faut s’isoler, s’hydrater avec de l’eau potable et appeler le 15.

Un barrage pour protester contre le projet de camp à Kawéni

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FI - Photo du jour barrage Kaweni
Une quinzaine de manifestants ont érigé un barrage ce lundi pour protester contre le projet de camp à Kawéni.

Ce lundi matin, à Mamoudzou, une quinzaine d’habitants de Kawéni, rassemblés en collectif, ont bloqué la route nationale au niveau du rond-point SFR afin de protester contre l’installation d’un camp à proximité du lycée des Lumières, destiné à accueillir les sinistrés demeurant encore dans les centres d’hébergement et n’ayant nulle part ou aller. “On en veut pas ici, c’est trop”, déclare Marie Abdallah, une des manifestantes. D’autres tiennent les sinistrés restant, en grande partie réfugiés ou demandeurs d’asile venus d’Afrique continentale, comme responsables d’avoir dégradé les établissements et redoutent qu’ils n’abîment le chantier de renouvellement urbain dans le périmètre duquel le camp doit être installé. “Ça va freiner le développement de Kawéni”, suppose un de ceux qui bloquent la route. Les manifestants maintiennent que le barrage sera dressé tant qu’ils n’obtiendront pas ce qu’ils veulent.   

Plus tôt dans la matinée, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, est allé à leur rencontre pour leur assurer qu’il ne s’agissait que d’une solution temporaire. Ce même jour, une partie des sinistrés encore présents dans les locaux du lycée Younoussa-Bamana a commencé à être évacuée par la police.

Rentrée scolaire : “Les modalités seront adaptées à chaque école et à chaque établissement”

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FI - Rentrée admin

Repoussée une nouvelle fois par la tempête Dikeledi, la rentrée scolaire est effective à Mayotte, ce lundi, pour le personnel administratif et les enseignants. Pour les élèves, il faudra attendre le lundi 27 janvier, voire davantage, car les établissements gardent une latitude pour organiser une reprise progressive.

 Un retour des professeurs

Une semaine après la rentrée initiale, le personnel administratif et les enseignants sont revenus dans leur établissement scolaire, ce lundi matin. Dans un communiqué, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui se dit “pleinement mobilisé pour apporter le soutien nécessaire à l’ensemble du personnel éducatif et préparer activement le retour des élèves”, précise qu’ils devront “élaborer un plan de reprise des activités scolaires qui sera communiqué aux familles au plus tard le 24 janvier”.

 Sécurisation des écoles

Tous les établissements n’ont pas été touchés de la même manière par le passage du cyclone Chido, le samedi 14 décembre, ou la tempête Dikeledi qui été plus forte dans le sud de Grande-Terre, le dimanche 12 janvier. Avant le deuxième événement climatique, le 9 janvier, “71% des établissements étaient disponibles, soit 1.123 classes capables d’accueillir des élèves”. Le rectorat de Mayotte et les autres services de l’État continuent donc les visites de prévention pour s’assurer que les établissements soient prêts entièrement ou au moins partiellement. “66 équipiers mobiles de sécurité, recrutés en renfort des 72 déjà positionnés dans l’académie, assureront la sécurisation des collèges et des lycées. 300 agents de prévention recrutés en parcours emploi compétences (PEC), formés par la Sécurité civile, veilleront à la sécurité des écoles”, comptabilise le ministère dédié.

 Reprise progressive

En raison de ces contraintes matérielles, “les modalités seront adaptées à chaque école et à chaque établissement afin de garantir la continuité pédagogique”. Déjà en vigueur dans beaucoup d’établissements du premier degré, la rotation des classes va de nouveau être utilisée. “Des ressources pédagogiques mises à disposition par le ministère, le Cned, Réseau Canopé et Lumni Enseignement. Des cours diffusés sur la chaîne Mayotte La Première. Les élèves bénéficieront également d’un soutien psychologique afin d’être accompagnés dans leur retour aux apprentissages”, ajoute le ministère.

 Cellule d’écoute

Un service d’écoute téléphonique (0 805 500 005) est mise en place en lien avec la MGEN et est accessible gratuitement 24h/24 et 7j/7 pour l’ensemble des agents du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et du ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. “Ce service peut être contacté depuis les écoles et les établissements, dans lesquels un espace téléphonique a été installé.”

En outre, trois permanences vont être installées dans les établissements scolaires pour accueillir les personnels pour leur proposer une écoute et un soutien psychologique. “Ces permanences seront renforcées par le déploiement de trois cellules d’urgence médico-psychologique (CUMP) de l’Agence régionale de santé (ARS) dans le centre, le nord et le sud de l’île”, précise le ministère.

Matériel

“Plusieurs tonnes” de fournitures scolaires ont été collectées via une “mobilisation solidaire du ministère, d’entreprises et d’associations”. Elles serviront à remplacer le matériel endommagé par les deux événements climatiques, voire saccagé et pillé dans les jours qui ont suivi. “Ces dons sont en cours d’acheminement dans les établissements scolaires de l’île.” Alors qu’il y a 117.000 élèves recensés sur l’archipel, 5.000 kits de fournitures scolaires vont être distribués aux élèves mahorais. Ils sont composés de sacs à dos, de cahiers, de stylos, de crayons à papier, de crayons de couleur, de taille-crayons et de tubes de colle. Il y a également 900 unités de mobilier scolaire. “Le Groupement Mousquetaires, via son partenaire Baobab à Mayotte et les fabricants d’articles scolaires Bic, Hamelin, Maped et Vicbag Group, ont fait don de kits scolaires composés de 235.000 cahiers, 117.000 stylos, 234.000 crayons à papier, 58.000 crayons de couleur, 117.000 tubes de colle, 54.000 gommes, 40.468 taille-crayons et 64.000 surligneurs. L’association Bibliothèques Sans Frontières (BSF), en lien avec l’entreprise et la Fondation d’entreprise Cultura, le groupe Hachette et la société Stabilo International, ont également fait don de deux tonnes de matériel scolaire permettant d’apporter un premier équipement à 1.000 élèves”, comptabilise le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, avant d’annoncer que sa représentante, Élisabeth Borne, viendra à nouveau à Mayotte, la semaine prochaine.

Des réunions publiques à Mamoudzou

La municipalité de Mamoudzou organise une série de réunions publiques à destination des parents d’élèves, cette semaine, en lien avec la rentrée scolaire dans les établissements du premier degré. “Suite aux dégradations causées par le cyclone Chido, la Ville de Mamoudzou a entrepris des travaux de réparation afin de permettre aux écoles du premier degré d’accueillir les élèves dans les meilleures conditions, pour les établissements scolaires le permettant”, précisent les services de la mairie.

– Mardi 21 janvier, à 16h, à la MJC de Vahibé

– Mercredi 22 janvier, à 16h, à la médiathèque Rama M’sa à Passamaïnty

– Jeudi 23 janvier, à 16h, à la MJC de Kawéni

– Vendredi 24 janvier, à 16h, à l’école élémentaire Madi Halidi (Cavani stade) à Cavani

– Samedi 25 janvier, à 9h, à l’école maternelle FoundiBazouroudja à Tsoundzou 1

Le sud de Mayotte privé d’eau à cause d’une casse sur le réseau ce lundi

Ce lundi matin, les villages au sud de Grande-Terre ne sont pas alimentés en eau en raison d’une coupure générale. Une casse a été constatée sur une conduction entre les villages de Malamani et M’ramadoudou, dans la commune de Chirongui. Sont ainsi concernés Poroani, Miréréni (Chirongui), Malamani, M’ramadoudou, Chirongui, Tsimkoura, Choungui, M’zouazia, Moinatrindri, Hagnoundrou, N’gouja, Bouéni, Bambo ouest, M’bouanasta, Kani-Kéli, Kani Bé, Bambo est et Bandrélé. “La réparation est en cours. Après réparation, la remise de l’eau se fera progressivement suivant le secteur et en fonction du planning des tours d’eau. Cependant, il n’est pas possible de préciser l’heure de la remise en eau car une évaluation précise de l’état des stocks d’eau résiduels dans les réservoirs secondaires est à réaliser”, indique la Société mahoraise des eaux (SMAE).

L’après Chido et Dikeledi : entre épreuves à surmonter et craintes

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En l’espace d’un mois, la population de Mayotte a vécu successivement le passage, le 14 décembre 2024, d’un cyclone dévastateur dénommé « Chido », qui au-delà des puissances déchainées des vents, des dégâts sur la végétation, les habitats et les écosystèmes, a entrainé au minimum 39 décès et plus de 6.000 blessés, suivi le 12 janvier 2025, d’une forte tempête tropicale appelée Dikeledi, accompagné des fortes pluies. Cette eau qui est source de vie est devenue en quelques heures, source de danger par ses crues et ses inondations. Heureusement et contrairement à Chido, aucun décès n’est à déplorer. L’eau a toujours été responsable de nombreuses crises à Mayotte, soit par manque de ressource en eau ou par l’incapacité des infrastructures en eau à satisfaire les besoins de la population dans les différentes crises vécues : 1997, 2017, 2023 et 2024. En ce premier tiers du mois de janvier 2025, cette eau en furie a emporté tout sur son passage et notamment dans le Sud de l’île.

S’il faut remonter l’histoire de ce territoire, en dehors, des épidémies récurrentes de variole à la fin du 19 ème siècle qui ont touché Mayotte en 1875, 1886 et surtout celle de 1898 qui a fait 2.300 victimes et qui a rayé de la carte le village de Caroni, et des naufrages des (kwassa – kwassa), présentant ainsi le lagon comme l’un des plus grands cimetières de la région. Les cyclones font partie les fléaux qui ont le plus marqués les Mahorais. J’en veux comme exemple Kamisy en1984 et FELIKSA 1985. Ils peuvent de façon soudaine ou prévisible, transformer l’image paradisiaque et la richesse de la nature terrestre et maritime de Mayotte en supplice, en désolation et en désespoir.

Une vie quotidienne désarticulée

Chido avec des rafales de vent de plus de 200 km/h, a eu d’importantes répercussions sur la vie quotidienne des habitants de l’île. Il a démoli des nombreuses structures bâties privées (commerces), publiques (écoles, hôpital), des logements et surtout de nombreux bidonvilles. Et ce n’est pas la fin du phénomène qui a permis un fonctionnement normal, mais générant au contraire une dégradation continuelle des services. Il a compliqué jusqu’à ce jour, les approvisionnements en eau, en électricité, en téléphonie, en voies de communication et surtout en nourriture. La question aujourd’hui posée aux Mahorais et aux autorités politiques et administratives de l’île est de savoir : où trouver du manioc, du fruit à pain, des songes et de la banane pour ce mois de Ramadan qui se profile devant nous ? Alors que le régime alimentaire pendant ce mois sacré est essentiellement orienté vers la consommation de ces fruits et légumes accompagnés de poissons, de volailles et de viandes bovines, dans les temps de restaurations succédant aux périodes journalières de jeûnes qui rythment le temps du Ramadan.

Chido a complexifié les déplacements à cause des quantités astronomiques des déchets des bâtiments effondrés, des toitures arrachées, des arbres déracinés, des ordures ménagères et des cadavres d’animaux en décomposition, sources de puanteur insoutenable et de risques sanitaires. Dikeledi, quant à lui, a détruit certaines routes en les rendant ainsi impratiquables.

La santé a été particulièrement impactée par l’ampleur de Chido.L’hôpital de Mayotte, unique établissement hospitalier de l’île, a été endommagé, d’où cet engagement pris par le Président de la République, Emmanuel Macron, lors de sa visite à Mayotte, les 19 et 20 décembre 2024, de mettre en place dans l’urgence un hôpital de campagne.

Les difficultés constatées pour s’approvisionner surtout en eau, ont éprouvé physiquement et moralement les communautés présentes sur l’île. Ces dernières sont quotidiennement préoccupées par la recherche de l’eau. Pour exemple, les corvées quotidiennes, notamment par moi-même qui devait parcourir du 15 au 25 décembre, des centaines des mètres par jour et deux fois matin et soir, des jerricanes à la main, aux puits de Passamaïnty Cavani à la recherche d’eau même non potable pour les besoins d’hygiène et des installations sanitaires, illustrent parfaitement ces difficultés. Il fallait aller à la recherche de l’eau vers des points d’eau (puits, rivières, rampes de robinets). Les quantités ramenées restaient très limitées et souvent insuffisantes. D’où les longues marches, des pertes de temps et d’énergie des personnes qui consacraient environ (10 %) de leur temps à s’approvisionner (en eau).

Tous ces dysfonctionnements ont eu certainement un impact direct et/ou indirect sur la santé de la population. Et si une épidémie de plus grande ampleur comme celle du Chikungunya de 2006 ou de la Covid-19 de 2020 ou du choléra de 2024 survenait en même moment, les investigations et la gestion auraient été difficiles.

Un environnement complétement défiguré

Dans un territoire comme Mayotte, où le sous-développement économique et les inégalités sociales sont patentes, la richesse de la nature, terrestre (faune et flore) ou maritime (mangrove, espèces et coraux) constitue : un atout pour le développement économique et social, pour l’essor du tourisme, un laboratoire pour la recherche scientifique, un outil essentiel pour la formation et une réserve pour la création d’emplois.

Encore faut-il que cette richesse naturelle soit préréservée dans un milieu, une île et un lagon particulièrement fragiles. Et Chido comme Dikeledi sont venus impacter fortement Mayotte à différents niveaux, notamment en affectant les écosystèmes et la biodiversité marine et terrestre, l’agriculture, l’alimentation, l’approvisionnement en eau (quantité et qualité), en fragilisant les populations sur le plan économique et social (alimentation, logement…), en augmentant les risques liés à certaines maladies à transmission vectorielle, étroitement dépendantes de la salubrité publique et des conditions particulièrement favorables à l’émergence de maladies à transmission vectorielle notamment, par le développement et l’abondance des gîtes larvaires des moustiques vecteurs des maladies.

Ces risques sont majorés du fait, d’une part, du retard important d’équipement en infrastructures d’assainissement des eaux usées, d’accès à l’eau potable, du fait de l’habitat insalubre notamment dans la plupart de bidonvilles et d’une collecte et d’un traitement des déchets insuffisants.

Augmentation d’actes anti-sociaux

Même s’il a été très difficile de convaincre certaines personnes d’évacuer leurs habitations situées souvent dans une zone caractérisée par une forte pente où les secours pouvaient difficilement accéder, et concernée par l’urbanisme illégal, à rejoindre les centres d’hébergements mis en place par les collectivités territoriales, un semblant de générosité et de renforcement du tissu social a existé et a permis de surmonter les deux phénomènes. Ces derniers avaient fait disparaître les préoccupations divergentes quotidiennes en faveur d’un consensus à se protéger. La question de nouveau posée ici est de comprendre, pourquoi les occupants des territoires dangereux se sont-ils acharnés à y retourner vivre dès le lendemain du passage de Chido ? Peut-on expliquer cette problématique par le fatalisme, le contrôle de l’environnement social etc.. ?

En revanche dès la mise en place des secours et surtout en ce qui concerne les distributions d’eau et de nourriture, le naturel est revenu au galop. Les désaccords habituels connus sur le territoire entre les deux principales communautés (nationaux et étrangers notamment en situation irrégulière) ont fait leur apparition dès la mise en place des secours.

Et les plus anti-sociaux sont que certaines personnes déclenchent des gestes destructeurs tels que les actes de vandalisme, de pillage et de braquage sur une population déjà sinistrée et impuissante. Ainsi pour illustrer cette assertion, alors que moi-même, je tentais de remonter difficilement les dégâts matériels de son domicile et psychologiques causés par Chido, ma famille a été agressée lundi 6 janvier 2025, à midi, par 3 individus très menaçants, cagoulés, armés de machettes, couteaux, marteaux et venus pour piller notre domicile. Ils ont tout emporté ou presque. Au-delà de ces pertes matérielles indéniables, le traumatisme psychologique de la population mahoraise et de ma famille en particulier, est actuellement amplifié par ces actes de prédation. Il est urgent d’y remédier !

Salim MOUHOUTAR

Auteur et conférencier

Thierry Marx au chevet d’un secteur totalement sinistré

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Charles-Henri Mandallaz (Président de l’Umih Mayotte) et Thierry Marx.

Les professionnels du tourisme et de la restauration emboîtent le pas aux ministres et parlementaires qui se succèdent à Mayotte depuis le cyclone Chido. Le célèbre chef français, Thierry Marx, est actuellement sur l’île, sur invitation de ses collègues syndiqués de l’Umih. Il sera, à Paris, le porte voix de l’intersyndicale du patronat mahorais qui vient de voir le jour.

Lui aussi a fait le déplacement sur l’île pour se faire une idée personnelle de l’ampleur des dégâts causés par le cyclone Chido. Chef cuisinier de renommée internationale, Thierry Marx est aussi le président national de l’Union des Métiers et de l’Industrie Hôtelière (Umih). Il est venu témoigner de sa solidarité et de son soutien à ses collègues mahorais, adhérents de son syndicat. « Je suis venu voir physiquement l’état de Mayotte, il était important que je vienne regarder avec mes confrères, ce qui est possible de faire pour faire remonter au plus vite les besoins au niveau des hautes autorités à Paris« , a déclaré Thierry Marx lors d’une conférence de presse tenue au restaurant Le tour du monde à Dzaoudzi vendredi 17 janvier . « J’ai compris qu’il y a un sujet humanitaire qui est nécessaire de travailler, mais je suis tout à fait en harmonie avec ce qui est dit (par mes confrères), reconstruisons au plus vite un moteur économique pour que Mayotte redémarre dans de bonnes conditions « , a déclaré Thierry Marx dans son intervention.

Le chef veut que l’on arrête avec l’expression « reconstruction de Mayotte « . Pour lui, la situation de crise que vivent les Mahorais est évidemment très dur, néanmoins, il estime qu’il faut profiter de l’opportunité (post Chido) difficile, brutale, violente pour construire une Mayotte avec une vision plus sereine, économique, dans une prospérité partagée par tous.Thierry Marx assure que tel sera son combat et qu’il attend une relation extrêmement étroite, avec une véritable cellule à Paris pour remonter à chaque fois, au plus près des plus hautes autorités françaises, une réaction active sur les solutions à apporter à Mayotte.

Une intersyndicale pour parler d’une seule voix

« Je crois en l’île, elle peut être une destination touristique extrêmement intéressante. Tout est à construire à Mayotte, ensemble », a déclaré Thierry Marx, lequel a tenu à rappeler que l’activité touristique est “une industrie qui a un impact social et environnemental. » Le président du syndicat estime qu’en sa qualité de citoyen, il ne saurait se contenter de dire qu’on va « re reconstruire » quelque chose qui, déjà, avant n’avait pas de fondations suffisamment solides pour pouvoir aller plus loin. Il promet de retranscrire, tout ce qui lui sera rapporté au cours de ce déplacement dans le département, et le rapporter aux plus près des hautes autorités de façon constante, « parce que je pense qu’il faut faire régulièrement le point avec elles pour qu’elles comprennent que oui, il faut accélérer les choses au niveau de l’humanitaire, de la santé publique, de l’assistance au logement, mais qu’il est aussi impératif de relancer partiellement et rapidement un modèle économique« . Il prend pour exemple le fait qu’un salarié à Mayotte fait vivre à lui seul 8 personnes pour justifier l’impérieuse nécessité d’une relance économique.

Selon Marcel Renaldi, un opérateur économique très connu de l’île, à la demande de ses adhérents de Mayotte, Thierry Marx entend se faire également le porte voix de l’intersyndicale patronale dans le département (constituée de la CCI, la CMA, la CAPEB, la CGPME, l’UDP les Jeunes agriculteurs, les formateurs) mise en place avec la cellule de gestion de crise. Une intersyndicale qui a essayé de regrouper un maximum d’acteurs dans le but de porter des revendications communes, notamment sur les aides d’urgence qualifiées d’insuffisantes et de construction durable du territoire.

Charles-Henri Mandallaz, président local de l’Umih, a dressé un état des lieux de la profession sur le territoire après le passage du cyclone Chido. Un bilan apocalyptique : « l’ensemble des établissements sont partiellement ou totalement détruits, 70 % de la capacité hôtelière est impactée, 90 % des restaurateurs ont fermé à ce jour, nous rentrons dans une phase de résilience. Comme d’habitude à Mayotte, nous avons cette ultra capacité à faire le dos rond, à absorber les problèmes et essayer de ressurgir plus fort qu’avant« . L’Umih souhaite être intégré dans le mécanisme de préparation de la future loi « Mayotte debout » et entend dans cette optique présenter , 19 amendements portant sur des aspects de la situation économique locale non pris en compte selon eux dans le projet de texte rendu public. En outre, le syndicat défend la mise en place de formations qualifiantes assurées par des professionnels du secteur de l’hôtellerie et de la restauration, seul à pouvoir déterminer les embauches prochaines et les besoins concrets de la profession.

Choléra : un cas identifié à Mayotte

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Un cas de choléra importé à été identifié à Mayotte ce samedi.

Samedi 18 janvier, l’Agence régionale de santé de Mayotte a identifié un cas de choléra importé. “Le plan d’action élaboré et mis en œuvre en 2024 a immédiatement été redéployé, afin de limiter les risques de diffusion de la maladie sur le territoire”, annonce la préfecture et l’ARS de Mayotte. “Le patient a été pris en charge rapidement et de manière sécurisée au Centre hospitalier de Mayotte (CHM) quelques heures après son arrivée à Mayotte afin de stabiliser son état de santé. Un circuit de prise en charge spécifique au choléra est mis en place au sein du CHM.”

Dès réception du résultat positif et afin d’éviter toute diffusion de la maladie, l’ARS de Mayotte a mis en place des actions permettant d’interrompre une potentielle transmission de la bactérie et son implantation sur le territoire. Une première équipe d’investigation médicale a interrogé le cas samedi soir afin de mener une investigation en recherche des causes, des cas contacts et co-exposés. Dimanche matin, une équipe a été déployée sur la zone d’habitation du cas afin de poursuivre les investigations épidémiologiques, procéder à la désinfection du foyer, conduire des analyses environnementales et diffuser les recommandations sanitaires aux personnes du voisinage. Une action de vaccination préventive a été conduite autour de la zone d’habitation du cas.

Les premières investigations concluent à un cas de choléra importé dans le cadre d’un vol en provenance d’Afrique continentale.Les autorités locales de Mayotte appellent la population à observer les mesures d’hygiène (consommation d’une eau contrôlée, lavage des mains) devant permettre d’éviter toute acquisition ou transmission de la maladie.

Conduite à tenir : “Vous souffrez de diarrhées aqueuses aiguës et avez voyagé dans une zone de circulation du choléra, isolez-vous, hydratez-vous avec de l’eau potable et appelez immédiatement le 15”, indiquent les autorités.

 

Des citoyens s’introduisent dans le lycée Bamana pour déloger les migrants

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Le collectif citoyen Mayotte 2018 s’est introduit dans le lycée pour déloger les occupants.

Après plusieurs semaines de tension face à l’installation de migrants au sein du lycée Younoussa Bamana à Mamoudzou, le collectif citoyen Mayotte 2018 s’est rendu dans l’établissement ce vendredi avec la volonté de les évacuer.

D’un côté du lycée, le collectif citoyen Mayotte 2018, de l’autre, les occupants de l’établissement scolaire. Deux groupes qui se font face avec hostilité, séparés par de nombreuses barrières installées par les policiers. La tension est encore monté d’un cran au lycée Younoussa Bamana ce vendredi midi. Alors qu’il est occupé par des sinistrés depuis le cyclone Chido, le collectif citoyen Mayotte   2018 s’agace de cette situation et dénonce « l’inaction de la préfecture ». Ils ont donc décidé d’entrer par la force dans l’établissement ce vendredi matin pour les déloger. Un acte qui intervient à quelques jours de la rentrée administrative, prévue ce lundi 20 janvier.

« L’Etat cède aux caprices des migrants»

« La rentrée a lieu bientôt. Nous avons déjà perdu deux semaines par rapport au national. Le lycée ne peut pas rouvrir car l’Etat cède aux caprices des migrants », critique Safina Soula, la présidente du collectif. « Le droit d’asile n’est pas supérieur à celui d’être éduqué », estime-t-elle.

La militante considère que la population à Mayotte « a tout perdu avec Chido et qu’elle n’a pas la capacité d’accueillir plus de monde , il faut qu’ils rentrent dans leur pays ». Le collectif a appelé les élus ce vendredi pour qu’ils se saisissent de la situation et qu’ils « mettent la pression au préfet ». Hélène Pollozec, conseillère départementale du canton de Mamoudzou, est venue sur place. « Je savais qu’il y aurait des tensions , mon rôle est d’être au côté de la population, j’entends qu’il faut respecter le droit international mais il faut aussi comprendre que les élèves doivent reprendre le chemin de l’école », déclare-t-elle. Selon elle, « les conditions sanitaires ne sont aujourd’hui pas réunies pour une réouverture dans les prochains jours ».

« Nous n’avons aucun autre endroit où aller »

De l’autre côté du bâtiment, dont les toits sont percés par le cyclone, une centaine de sinistrés observent avec inquiétude, les policiers installer des barrières pour les empêcher d’accéder à tout l’établissement. « Ils veulent qu’on parte mais nous n’avons aucun autre endroit où aller », raconte Mohamed, un Somalien. Parmi les occupants du lycée, beaucoup ont fui la Somalie ou des pays de l’Afrique des Grands lacs. « On veut libérer l’établissement mais on va où », questionne Gracia, une femme qui a fui la République démocratique du Congo. « J’ai perdu ma maison par le cyclone ». Elle demande de la compréhension, « à la fin on est tous les mêmes, on est humains ».

La préfecture entend vider tous les établissements qui ont servi de centres d’hébergement d’urgence au cours des dernières semaines. «Tous les centres doivent être libérés avant la rentrée scolaire », a affirmé le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. La préfecture est en revanche confrontée au manque de structures pour reloger ces personnes.

Le conflit au lycée a été évoqué jusqu’à l’Assemblée nationale. La députée Rassemblement national, Anchya Bamana l’a abordé ce mercredi lors d’une question au gouvernement et a vivement dénoncé cette occupation « par des migrants sans papiers […] .A ce jour, le squat du lycée Bamana est devenu une source d’indignation et d’inquiétude profonde pour les habitants. ».

“Créer les conditions d’un rapport de force avec les Comores”

Manuel Valls, ici à Chiconi, le mardi 31 décembre, avec le maire Mohamadi Madi Ousseni, se dit prêt à durcir les relations avec les Comores au sujet de l’immigration à Mayotte.

Avant que le projet de loi d’urgence pour Mayotte ne soit discuté dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le 20 janvier, le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, a rencontré le ministre de l’Outremer, Manuel Valls, ce jeudi 16 janvier, à Paris. Au micro de nos confrères d’Outremers360, ce dernier n’a pas caché vouloir un discours plus ferme avec l’archipel voisin de Mayotte au sujet du volet migratoire.

Immigration

C’était le sujet absent du projet de loi d’urgence, mais sur lequel les élus mahorais insistent. Ils veulent des mesures rapides pour endiguer l’immigration illégale sur leur territoire. Jugés pourtant irrecevables par le Conseil constitutionnel, les amendements liés à la lutte contre l’habitat insalubre et l’immigration clandestine trouveront une autre réponse avec la loi-programme actuellement en discussion et même dans une proposition de loi faite par le groupe Les Républicains (celle-ci demande un allongement de la durée légale de résidence à Mayotte de parents étrangers à un an avant la naissance, contre trois mois aujourd’hui pour l’un des deux parents).

Toujours sur le volet immigration, Manuel Valls, ministre de l’Outremer, s’est déclaré prêt à aller plus loin aussi dans le nombre d’expulsions de ressortissants étrangers (22.000 de janvier à début décembre 2023 par exemple). Il a réitéré cette volonté au sortir d’un entretien, ce jeudi soir, avec Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte. Et peu importe que le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, ait déclaré “qu’il ne peut pas accueillir les Comoriens expulsés par la force” à la chaîne France 24. “Il faut créer les conditions d’un rapport de force”, lui répond justement l’ex-Premier ministre, à nos confrères d’Outremers360.

Bidonvilles

Dans les jours qui ont suivi le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, une bonne partie des cases en tôles ont été reconstruites. En plus de l’accélération des procédures pour la construction, la loi d’urgence doit servir “à empêcher la reconstruction des bidonvilles”, estime toujours le ministre de l’Outremer, avant de reconnaître que “bien sûr, ils se sont reconstitués. Ce n’est pas une loi qui l’empêchera. Il faut les moyens de la force publique pour en finir avec cet habitat illégal”.

Économie

L’intérêt du président du conseil départemental dans cette rencontre de ce jeudi a été de pouvoir avoir “des précisions” sur la zone franche globale promise par le Premier ministre François Bayrou, le lundi 30 décembre. Le dispositif, qui ne figure pas dans la loi d’urgence, doit être effectif pendant “cinq ans” à Mayotte et permettre de nouvelles exonérations pour les entreprises. “Un accompagnement” a aussi été demandé par Ben Issa Ousseni aux collectivités mahoraises. “Vous savez que nos collectivités ont été aussi fortement touchées. On souhaiterait qu’elles puissent être accompagnées rapidement pour reconstruire leurs locaux pour pouvoir assurer leurs missions de service public”, défend l’élu mahorais, qui a souhaité parler en outre de la convergence des droits sociaux et de l’environnement (“nettoyage des rivières et reboisement”).

Établissement public

Créé par l’article premier de la loi d’urgence, l’Établissement public de la refondation de Mayotte suit le modèle de ce qui a été fait pour la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris. Dans cette structure qui sera dirigée par le général Pascal Facon, la moitié des sièges du conseil d’administration devrait revenir aux collectivités locales. Manuel Valls a tenté de rassurer l’élu mahorais en disant “qu’il est notre interlocuteur pour la reconstruction. On veut s’appuyer sur lui. C’est très important que les élus, les maires soient associés à ce travail”.

A Petite-Terre, le chemin de croix pour obtenir du gaz

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Un alignement de bonbonnes de gaz sous le soleil pour des mères de famille excédées d'atteindre des heures.

A Petite-Terre,  acheter une bouteille de gaz tourne au cauchemar. Depuis le cyclone Chido, les habitants font la queue pendant des heures dans l’espoir d’en obtenir une, souvent sans succès.

Des longues files d’attente sous le soleil ardent de la saison des pluies, juste pour espérer acheter une recharge de gaz butane, c’est le quotidien de beaucoup de personnes à Petite-Terre. Si la manœuvre n’a rien d’exceptionnel pour les habitants de Mayotte, projetée dans le contexte de l’après cyclone Chido, des voix s’élèvent pour dénoncer le rationnement auquel est soumis la Petite-Terre.

« Vraiment, je n’en peux plus, je suis exténuée, mais je ne bougerai pas d’ici tant que je n’aurai pas obtenu du gaz ce matin. Le traitement qu’on nous inflige depuis un mois est inhumain, exprime Soiyarta Abdoulhadi, une habitante de Labattoir. Mère de trois enfants en bas âge, elle explique qu’elle ne cuisine plus depuis plus de trois semaines faute d’avoir du gaz. Voilà plus de 20 jours qu’elle court partout à la recherche du précieux combustible et qu’elle revient sans cesse bredouille à la maison. Après le cyclone Chido, elle a fait tourner sa cuisine avec une bonbonne de gaz dont il ne restait plus que 1/8 e de sa contenance. Par malchance, celle-ci ne lui aura profité que 3 jours, la laissant sans autre recours que des boîtes de conserve et du riz cuit au feu de bois. « Dans la nuit, une personne est venue me la subtiliser sans que je ne m’en rende compte. Sûrement quelqu’un du voisinage qui connaît bien ma maison. », rapporte-elle. Depuis, elle ne cuisine plus et n’a toujours pas réussi à se fournir à nouveau. « Il y a à peine une quinzaine de jours que la Petite-Terre est à nouveau réalimentée en gaz, dans une désorganisation absolue, sans calendrier précis. Une semaine, on vous dit le mardi vous en aurez, finalement rien au bout de 2 jours. On vous dit ensuite revenez samedi et ce jour-là, vous apprenez que vous avez raté le coche et que la distribution a finalement eu lieu la veille vendredi », s’agace-t-elle.

Faire la queue dès le lever du jour

La mère de famille n’est pas la seule à dénoncer une telle situation, changeante d’une semaine à l’autre, obligeant nombre d’individus à patienter des heures durant sous un soleil de plomb, devant les boutiques et les doukas revendeurs de gaz. Certains s’y installent dès le lever du jour dans le mince espoir de figurer parmi les heureux bénéficiaires du jour.  Si le gaz donne lieu à autant de colère et d’impatience en Petite-Terre, c’est que l’offre est plus que jamais en dessous de la demande depuis le passage du cyclone Chido. Contre toute attente, ce jeudi janvier 2025, plusieurs camions ont été autorisés à faire la traversée pour alimenter les boutiques de Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi. Plus de peur donc que de mal pour les usagers alignés en fil indienne sous le soleil de 10 à 11 heures.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes